Remis en ligne ce vendredi après une période de maintenance au chantier naval de l’océan Indien à Maurice, l’amphidrome Polé subit ses premiers désagréments. En cause : les pupitres électroniques, dont la révision n’était pas prévue dans le cahier des charges. Le directeur d’exploitation assure tout de même que le bateau navigue dans des conditions de sécurité optimum.
Revenu tout droit du chantier naval de l’océan Indien à Maurice ce jeudi 26 mai après une période de maintenance, l’amphidrome Polé connaît une remise en ligne pour le moins poussive… Après une première rotation réalisée sans accro dès le vendredi, à 14h30, une immobilisation intervient dès ce dimanche, en milieu de matinée ! Plus de peur que de mal puisque tout finit par rentrer dans l’ordre aux alentours de 16h.
À en croire l’un des agents techniques du service des transports maritimes (STM), ce type d’interruption fait partie des réajustements nécessaires dans la mesure où « les quatre moteurs sont complétement neufs ». « Il faut compter une semaine d’essai. Si nous n’en faisons pas, nous ne pouvons pas procéder aux réglages. Pour cela, nous avons besoin des aléas du « direct » et d’avoir des personnes à bord. »
Aucun défaut recensé à Maurice
Pour le directeur d’exploitation, Rémi Chatagnon, « c’est [surtout] la faute à pas de chance ». « Avant de le remorquer à Mayotte, nous avons contraint le Polé à des tests très stricts pendant plus de huit heures en lien avec Bureau Veritas et nous n’avons recensé aucun défaut. » Ce n’est qu’une fois dans les eaux mahoraises, que le navire commence à faire des siennes… La cause de ce désagrément ? Les pupitres électroniques, dont la révision n’était pas prévue dans le cahier des charges. « C’est ce qui génèrent la rotation et la puissance de la propulsion. Et malheureusement, ce n’est pas juste une question de paramétrage. »
Là où le bat blesse, c’est que la société Schottel est la seule à pouvoir intervenir sur ce matériel. « Comme beaucoup d’entreprises germaniques, elles gardent la main mise sur les brevets. Quand vous naviguez sur la côte Atlantique ou dans la mer du Nord, vous êtes proche d’un intervenant. Quand vous êtes à l’autre bout du monde, c’est plus problématique. » Le STM privilégie pour le moment une assistance à distance. « Nous sommes plutôt optimistes. Le bateau navigue dans des conditions de sécurité optimum. Nous avons retrouvé 85% de la manœuvre au sujet de la rapidité ! »
Tôles utilisées dans la construction d'habitats informels.
À Bandrélé, la préfecture poursuit son objectif de résorption de l’habitat indigne au sein du 101ème département français. Conformément à la loi Elan, les bidonvilles et autres cases en tôles du lieu-dit Mgnambani, dans la commune de Bandrélé, ont été réduites à néant ce lundi 30 mai. Une opération qui laisse encore une fois des femmes et des hommes sur le bord de la route…
Il est 6h ce lundi matin lorsque Laika, 13 ans, se réveille. Pas de douce mélodie pour tirer la jeune fille des bras de morphée. Sur le perron de sa case en tôle, des hommes en uniforme lui demandent de ne prendre que le strict nécessaire et de quitter les lieux. Derrière eux, des camions et engins de chantier font vrombir leurs moteurs prêts à débuter le “décasage”.
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Tôles utilisées dans la construction d'habitats informels.
Tas de tôles, planches, nattes et autres éléments constituant des habitations informelles.
“C’est la première fois qu’on vient détruire notre maison”, affirme Oijida la sœur cadette, assise au bord de la Nationale 3. Après plus de deux heures de démolition, plus rien ne subsiste des habitats illégaux. Partout, du bois et des tôles se massent en tas informes avant de rejoindre les bennes des camions qui les conduiront à la déchèterie. Alors que le second appel à la prière de la journée retentit, difficile de croire que sans eau, ni électricité, des dizaines de famille vivaient ici à flanc de colline.
Un accès à l’éducation compromis
À l’ombre d’un arrêt de transport en commun, Laika accompagnée de ses six frères et sœurs déplorent ne pas avoir pu se rendre à l’école aujourd’hui. “Ce matin le bus n’est pas passé”, confie la collégienne. Tous nés à Mayotte, les enfants ont toujours été scolarisés dans la commune de Bandrélé. “J’essaie de bien travailler. On ne veut pas tomber dans la délinquance”, lance Oijida, du haut de ses dix ans.
Non loin de là, à l’ombre d’un arbre, leur maman reste sans voix face à ce spectacle. “On m’a expliqué que je ne pouvais pas rester là. Je ne reviendrai plus, mais les logements que l’on me propose sont dans le Nord de l’île, je n’ai pas les moyens de payer le taxi à mes enfants pour qu’ils se rendent en cours”, déplore la mère de famille.
“Ça nous fait peur de dormir dehors, mais on n’a pas le choix.”
“Je ne sais pas où nous allons aller ce soir”, se désole Ranilati, son cadet dans les bras. Toujours sans solution, son inquiétude croît à mesure que le soleil poursuit sa course. Son seul espoir ? Un téléphone à clavier qu’elle ne quitte pas des mains. Et lorsqu’on lui demande si un membre de sa famille peut l’héberger, sa réponse est sans appel. “Ma famille ? Elle est ici”, sourit la maman en montrant sa progéniture. Des bambins qu’un sentiment d’impuissance vient également gagner. “Ça nous fait peur de dormir dehors, mais on n’a pas le choix”, conclut froidement Laika.
Attoumani, adulte-relais au sein de Musique à Mayotte, a appris à fabriquer le N’dzumari au cours de la mission menée à Zanzibar.
Il y a quelques semaines, Musique à Mayotte a mené une mission d’ethnomusicologie sur les îles de Zanzibar sur le thème du N’Dzumari. Instrument traditionnel d’Afrique de l’Est de la famille des aérophones, celui-ci a disparu du territoire pour des raisons religieuses depuis une quarantaine d’années. Constatant un certain assouplissement des dogmes actuellement, l’association tente de le réintroduire afin d’enrichir le panel des instruments traditionnels du département.
Sorte de bombarde au son extrêmement particulier, le N’Dzumari n’est pas un instrument comme les autres. « Il sert notamment à appeler les esprits », confie Cécile Brucker, la directrice de Musique à Mayotte et initiatrice de la mission partie l’étudier à Zanzibar. S’il rythme aussi les moments festifs comme les mariages, les circoncisions et les compétitions sportives, c’est cette fonction animiste qui lui a valu d’être interdit de séjour sur l’île aux parfums. Introduit dans les années 1940 par des Africains, il s’adaptait particulièrement bien aux musiques et danses mahoraises. La légende dit toutefois qu’il réveillait tant de djinns que les veillées ne s’arrêtaient plus, que les femmes en laissaient brûler leurs marmites et que les hommes n’allaient plus à la mosquée. Conséquence : une fatwa a été prise contre cet instrument dans les années 1980. « Le son du N’Dzumari réveille les cœurs par sa fulgurance, il a trait au plaisir, à l’inspiration et à l’ivresse, autant d’aspect qui vont à l’encontre des valeurs de l’islam traditionnel d’où la fatwa prise contre lui », explique Cécile Brucker. Lors de son enquête sur le terrain à Mayotte, la directrice a d’ailleurs constaté que « personne n’osait en parler ».
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Les ateliers de fabrication d’instruments traditionnels se sont vus enrichis par l’art de fabriquer le N’dzumari.
Les ateliers de fabrication d’instruments traditionnels se sont vus enrichis par l’art de fabriquer le N’dzumari.
À Zanzibar, où la lecture du coran est moins rigoriste, il continue d’être largement utilisé. C’est la raison pour laquelle Musique à Mayotte a décidé d’aller l’étudier là-bas en collaboration avec le Musée de Mayotte (Muma) et le ministère de la culture de Zanzibar. L’objectif ? Apprendre à le fabriquer afin de pouvoir le réintroduire à Mayotte. Pour cela, l’association possédait un membre clé qui a été essentiel dans sa mission : le musicien tanzanien Matona. Spécialiste des musiques du monde et créateur de l’académie de musique de Zanzibar, il était le seul membre de la mission à déjà savoir fabriquer et jouer de cet instrument.
Une fabrication obéissant à un rituel précis
Pour étudier le N’Dzumari, les membres de Musique à Mayotte ont obéi à un protocole d’ethnomusicologie précis qui passait au crible tant la fabrication que les utilisations et les techniques de souffle spécifiques à cet instrument. Composé de trois parties, il est traditionnellement conçu à partir de laiton et de deux sortes de bois différents : le cocotier et une variété particulière de palmier. Les facteurs obéissaient jadis à un rituel bien précis pour le fabriquer puisqu’il s’agit d’un instrument sacré. Ainsi, avant de commencer, ils devaient se frotter les mains avec une feuille de bangi puis attacher trois coqs dans la maison : un rouge, un blanc et un noir. Ces derniers étaient par la suite sacrifiés, le sang allant aux esprits et la viande étant cuisinée et distribuée aux villageois.
Étant donné le caractère ambigüe et sacré de l’instrument et la fatwa lancée contre lui, l’École de Musique ne craint-elle pas de s’attirer quelques foudres en le réintroduisant à Mayotte ? « Non, car les mœurs ont beaucoup évolué à Mayotte », assure la directrice qui vit sur l’île depuis la fin des années 90. « En 2008, je ne pouvais même pas faire monter les filles sur la scène. Aujourd’hui, tout cela est terminé. Les Mahorais ont une pratique plus souple de la religion et se réjouissent au contraire que l’on continue à faire vivre leurs traditions. » En effet, l’association a pour principale ambition la transmission et l’art de fabriquer des N’Dzumaris est venu enrichir les ateliers de fabrication d’instruments traditionnels destinés aux élèves. Par ailleurs, cette mission a également été l’occasion de faire quelques acquisitions pour le Muma, les instruments de Zanzibars étant très similaires à ceux de Mayotte. Ainsi, outre les N’Dzumaris, les musiciens sont revenus sur l’île avec des N’gomas, des doufs, des taris (tambours traditionnels) et plusieurs paires de mashévés (percussions que l’on attache aux chevilles).
Candidate aux prochaines élections législatives dans la première circonscription de Mayotte, dirigeante d’un club de l’élite du football mahorais et spécialiste du droit européen et international, Yasmina Aouny porte plusieurs casquettes qui font d’elle une femme engagée dans tous les sens du terme. Féministe à part entière, elle est l’auteure du roman « Les Chatouilleuses », qui retranscrit l’ambiance à l’époque du combat pour la départementalisation de Mayotte, menée par de véritables héroïnes politiques, dont Mme Aouny se veut l’héritière.
En cette matinée ensoleillée, c’est en bord de mer de Mamoudzou que la nordiste Yasmina Aouny nous reçoit, coupe afro soignée et verre de jus de gingembre – mangue à la main, afin de nous conter son histoire. « J’ai vécu la plupart du temps dans la nature, plus particulièrement aux champs. J’ai grandi avec une mère célibataire originaire de M’tsamboro et au chômage. La vie n’a pas été de tout repos et je n’ai pas honte de dire que j’ai grandi dans une situation très précaire. Ce que j’assume pleinement. Cela montre que le parcours que j’ai eu a été très difficile et compliqué », assume-t-elle fièrement.
Comme beaucoup de Mahorais, quitter l’île est une alternative pour avoir une meilleure vie. « C’est une mère qui, malgré la précarité, nous a très bien encadrés. Cependant, difficile de joindre les deux bouts, nous avons dû quitter l’île à deux reprises. Une première fois pour La Réunion où j’y ai effectué le CM1 et le CM2. Ensuite, nous sommes retournés sur Mayotte où j’ai fait ma sixième et ma cinquième. Enfin, nous sommes partis pour la métropole où j’ai poursuivi le reste de ma scolarité », nous confie la Phocéenne d’adoption.
Malgré les préjugés que les gens peuvent avoir sur Marseille, où elle tenait un meeting le week-end dernier (voir encadré), Yasmina Aouny a décidé de se battre et de ne pas abandonner. « Marseille regroupe une forte communauté mahoraise. Beaucoup de familles emmènent leurs enfants là-bas dans l’espoir qu’ils réussissent leurs études et souvent cela se passe mal. J’ai eu la chance de faire partie de l’exception parce que j’ai fait la fin de mon collège à Marseille, la fin de mon lycée ainsi que mes deux premières années de droit en Aix-en-Provence et il n’y a pas eu de souci », dévoile Yasmina Aouny.
Enfance modeste et mère modèle
Déterminée, elle obtient son baccalauréat haut la main. « Ce qui a fait la différence dans mon parcours, c’est que j’ai eu l’opportunité d’avoir une bourse d’étude qui m’a permis de partir une année au Brésil, à Sao Paulo. Cela a été très enrichissant de se rendre sur un territoire où des personnes ne parlent pas la même langue que nous. J’ai eu face à moi une culture différente qui m’a permis d’avoir une meilleure ouverture d’esprit, d’être tolérante et d’avoir un rapport à l’autre plus humain et rationnel », confesse l’auteure et dirigeante sportive.
Cette expérience nourrit ses ambitions, et, à son retour, elle poursuit ses études dans le sud de la France, sans que sa volonté ne s’épuise. « La plupart des jeunes disent que la première année est une grande épreuve et que très souvent on est obligé de la repasser plusieurs fois. Moi, j’ai adoré mes années de droit et j’ai tout validé d’un trait avec des mentions en plus. J’ai un Bac +5 en droit européen et international », souligne Yasmina Aouny. Dans la vie, nous sommes responsables de ce que l’on devient, et la mentalité de la jeune femme le prouve. « Avec tout ce que j’ai pu apprendre, j’ai compris qu’en réalité, on ne peut pas être esclave de ses origines sociales et le départ d’une vie ne présage rien de la fin. Ce n’est pas parce qu’on a eu un début difficile qu’on est condamné à avoir une fin difficile et compliquée. Vu mon départ, je pense que personne ne m’attendait là », déclare-t-elle avec émotion.
Engagée pour les droits des femmes, Yasmina l’est aussi et surtout grâce à sa mère, « très certainement, l’une des raisons de mon engagement féministe très prononcé sur ce territoire. C’est une dame qui a tout fait et qui aurait pu réussir, largement mieux que moi si elle en avait eu l’occasion. Elle a malheureusement vécu à une époque où l’examen d’entrée en sixième était très sélectif et il n’y avait pas assez de places. Les places étaient chères. Mais, je sais que toute sa vie elle a nourri un profond regret face à cette soif de savoir restée inassouvie. Elle serait née à la même époque que moi, je pense qu’elle aurait cassé la baraque ! ».
Tombée amoureuse de l’enseignement
Néanmoins, comme chez la majorité des mères de Mayotte, le mariage coutumier est important et une fierté pour les familles. « Les relations mère-fille sont toujours compliquées à la base, indique la candidate aux législatives. Arrivée à ma deuxième année de licence, les demandes en mariage ont commencé à tomber, et l’une d’entre elles l’avait particulièrement emballée, ce qui a créé une dispute. Elle m’a dit que je ne devais pas rester trop longtemps sur les bancs de la fac et qu’il fallait que je pense à me marier et à fonder un foyer. Cela m’a beaucoup vexé. Mon père a rajouté par la suite que je devais faire attention car les études, ça rend fou ! À la fin de ma licence, ils ont commencé à ne plus me comprendre puisqu’à l’époque, après le bac, on pouvait devenir instituteur à Mayotte. Ils s’imaginaient donc qu’avec le bac en poche, j’envisagerais éventuellement de rentrer pour venir enseigner. »
« on ne peut pas être esclave de ses origines sociales »
Déterminée, c’est seulement à la fin de ses études, après un master en droit européen et international, qu’elle rentre enfin à Mayotte. « Arrivée au Bac +5, je me suis dit que je vais arrêter de stresser cette pauvre dame, plaisante Yasmina Aouny. Je suis donc rentrée à Mayotte, je me suis mariée, j’ai eu une petite fille et j’ai commencé à enseigner les Sciences Économiques et Sociales au lycée de Kahani. Étant juriste de formation, j’ai commencé à enseigner comme ça et sans forcément me dire que j’allais y rester longtemps, puisque j’avais envisagé de passer des concours, notamment le barreau pour devenir avocate. »
Toutefois, elle prend goût à l’enseignement et abandonne ce projet, se concentrant sur le CAPES, qu’elle a obtenue. « Aujourd’hui, cela fait 10 ans que j’enseigne. Une expérience passionnante contrairement à tous les préjugés. J’ai découvert quelque chose d’incroyable dans l’enseignement. Nous avons des élèves hyper motivés qui ne se démobilisent pas, qui ont soif de connaissance et qui veulent avoir leur bac. En tant qu’enseignante, cela oblige d’être à la hauteur de cette détermination », nous confie l’écrivaine.
Première femme à présider un club de l’élite à Mayotte
Motivée par ses convictions, Yasmina Aouny est une femme engagée dans la société mahoraise. « Depuis 2015, je suis la porte-parole des femmes leaders et je suis devenue leur secrétaire en 2018. Jusqu’à ce jour, j’occupe ces deux fonctions. Par ailleurs, depuis 2019, je suis la première femme à présider un club de foot de l’élite ici à Mayotte [l’ASC Abeilles de Mtsamboro, NDLR]. Ce qui est une expérience passionnante mais insolite, dans la mesure où je ne suis pas une grande footeuse. Je pense qu’on m’a demandé d’occuper ce poste par rapport à mon caractère et à mon leadership. J’étais tranquillement dans mon coin, avec mon féminisme et mes femmes leaders, et puis un jour des dirigeants sont venus me voir pour me proposer la présidence. Pour moi c’était une blague, puisque je n’y connaissais rien. Ils sont revenus à la charge à plusieurs reprises et c’est à ce moment-là que j’ai compris que c’était sérieux. C’est surprenant qu’ils soient venus chercher une femme, mais ça m’honore au plus haut point », affirme la présidente des Abeilles.
Mais ce nouveau poste n’est pas tout rose : la première saison, le club bat de l’aile. « On a enchaîné les défaites, je ne dormais pas, je pleurais tout le temps, explique-t-elle. Et beaucoup ont remis en question le choix de ceux qui sont venus me chercher et certains ont commencé à dire, depuis quand une femme peut diriger une prière ? Depuis quand une femme peut-elle être Imam ? Une femme ne peut pas mener des hommes. Ce qui est bien, c’est qu’ils se sont lâchés, et l’année qui a suivi on a redécollé. Nous sommes allés jusqu’à la finale de la coupe de Mayotte, et nous avons terminés premiers de notre championnat. » Résultat, les Abeilles de Mtsamboro réintègrent cette saison le Régional 1, l’élite du football mahorais, ce qui évoque une grande fierté chez la dirigeante.
« Les Chatouilleuses« , un travail d’écriture nécessaire
Mais, parce que l’hyperactive nordiste ne s’arrête jamais, elle sort il y a quelques semaines son roman, intitulé « Les Chatouilleuses ». « J’ai une arrière-grand-mère qui était Chatouilleuse, qui nous a quittés en 2002, un an avant mon départ de Mayotte pour la métropole. J’ai toujours été frustrée parce que c’était une personne inspirante et passionnante. J’ai vraiment regretté la façon dont elle est partie et, jusqu’à aujourd’hui, je ne suis jamais allée dans cette maison où elle vivait puisque je refuse d’accepter son départ. Au fil des années, je me suis dis que son histoire individuelle ainsi que celle de ses camarades était tellement passionnante qu’il ne fallait pas la laisser tomber, qu’il fallait l’écrire », explique Yasmina Aouny.
Convaincue de l’importance des « Sorodas wa Maore et des Chatouilleuses », elle veut laisser une trace de cette époque pour qu’elle puisse être transmise aux générations futures. « Les Chatouilleuses représentent une génération tellement exceptionnelle que le monde entier, la planète tout entière doit avoir la possibilité d’accéder à l’état d’esprit qui animait ce groupe de femmes, révèle la porte-parole des femmes leaders. « La jeune génération ne connait rien du parcours des Chatouilleuses. Elle est capable de dire que Zéna M’déré était une Chatouilleuse et peut aller jusqu’à affirmer que Younoussa Bamana était un « Soroda » mais ça s’arrête là. Cela reste très superficiel. Je pense donc que le travail d’écriture était nécessaire. » À travers son roman, Mme Aouny atteint son objectif, celui de restaurer « l’ambiance des Chatouilleuses et leur univers ».
Très au fait de l’histoire de sa région, la jeune femme rappelle que la coutume mahoraise est semblable à la coutume Makoua. Cette dernière veut que le dirigeant soit un homme mais épaulé, guidé et conseillé par des femmes. La femme est la gardienne du grenier, celle qui « joue un rôle socialement important, mais en politique le leader doit être un homme qui sera choisi parmi les jeunes hommes les plus brillants. Quand on analyse la constitution du groupe des Chatouilleuses et des Sorodas, on voit clairement que ce schéma était en place. On est partis chercher de jeunes hommes brillants, comme Younoussa Bamana et Marcel Henry, qui ont été épaulés et conseillés par ce groupe de femmes », affirme Yasmina Aouny.
Seulement, malgré ces épisodes glorieux où les femmes ont été au centre d’une lutte politique, aujourd’hui, il y a très peu de femmes au pouvoir à Mayotte, bien qu’elles soient plus instruites qu’auparavant. « Ce qu’il s’est passé, c’est qu’on a considéré pendant très longtemps que l’école était le lieu de la perversion, et que la femme n’avait pas à y mettre les pieds. Il fallait plutôt la préparer à s’occuper de son foyer et de son mari. Dans les premières années de l’école à Mayotte, les enfants n’y allaient pas, et quand ils ont commencé à y aller, seuls les garçons s’y rendaient », déplore Yasmina Aouny.
Non, les mandats ne sont pas ouverts qu’aux hommes
À Mayotte, en effet, ils sont encore beaucoup pour qui laisser une femme prendre les devants en politique est inconcevable, ou du moins dérangeant. « Il y a beaucoup d’ambigüités dans la manière dont est perçue la femme dans la sphère politique mahoraise, continue-t-elle. Pourtant, les portes des mandats électoraux ne sont pas fermées aux femmes. » La descendante de Chatouilleuse souligne cependant que « le parcours problématique des femmes en politique n’est pas du tout spécifique à Mayotte. Au niveau national, des femmes rencontrent beaucoup de difficultés comme par exemple Valérie Pécresse, Anne Hidalgo… Parfois je me demande si elles auraient subi le même sort en ayant été des hommes ».
Bien que l’égalité des femmes et des hommes dans le monde de la politique ne soit pas encore réelle à Mayotte, beaucoup d’être elles ne se démontent pas, à l’image Maymounati Moussa Ahamadi, conseillère départementale de Dzaoudzi-Labattoir qui a failli prendre la présidence du CD l’année dernière. « Je pense qu’elle est brillante et qu’elle peut servir l’île, déclare Yasmina Aouny. C’est une personne qui a tout mon soutien, mais il n’y a pas qu’elle bien évidemment. On a des conseillères départementales qui sont motivées et qui essaient de faire de leur mieux malgré les différents obstacles. »
Ce sera le rôle de Mme Aouny, si elle parvient à gagner la première circonscription lors des élections législatives. « J’ai été sensibilisée à la vie politique très tôt, explique-t-elle. Le MDM est un mouvement politique historique dans lequel j’ai toujours baigné. C’est réellement depuis 2014, 2015 que je me suis activement engagée dans le parti. En 2017 aux législatives, je me suis mobilisée pour soutenir le candidat du MDM, en 2020 aux municipales je me suis mobilisée activement et en 2021 j’avais envisagé de candidater aux élections départementales, mais pour des raisons personnelles cela n’a pas été fait. Et je pense qu’aujourd’hui c’est le moment. Toutes les conditions sont réunies et je me lance ! »
De Mtsamboro à l’Assemblée nationale
Séduite par la figure de Jean-Luc Mélenchon en tant que leader de la nouvelle gauche et de son programme « L’avenir en commun », Yasmina « pense qu’aujourd’hui, notre territoire a besoin de ce genre d’orientation sociale, environnementale et moins centrée sur le libéralisme sauvage. Je me suis positionnée », annonce-t-elle avec beaucoup d’enthousiasme.
Toutefois, la majorité des Mahorais ont voté Marine Le Pen à la présidentielle. « Le vote du Rassemblement National était vraiment un vote de colère, j’ai échangé avec certains de mes proches qui ont fait ce choix et c’était pour eux la meilleure façon d’exprimer leur ras-le-bol face au système qui a été mis en place depuis le quinquennat de Hollande et qui a été poursuivi par le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, analyse la candidate. Pour faire basculer tout cela du côté gauche, je pense qu’il faut présenter le programme de Jean-Luc Mélenchon et vulgariser davantage les idées portées par la Nouvelle union populaire écologique et sociale. Je suis convaincue qu’après cela, on cessera de voter pour protester, mais pour adhérer à une nouvelle vision. »
Si elle est élue députée, Yasmina Aouny devra naturellement se rendre à l’Assemblée nationale. « Oui, à M’tsamboro, je me régénère, avoue-t-elle. J’ai besoin d’y être régulièrement. Mais en tant que députée, je ferai le job et je ne devrai pas être absente à l’Assemblée nationale. Je siègerai autant de fois que mes obligations l’exigent. Ma priorité est d’être au service de l’île et d’améliorer les conditions de vie du plus grand nombre de Mahorais. »
Soucieuse et pleine d’ambition pour le territoire, elle l’est aussi pour elle-même. « Dans cinq ans, je me vois finir mon mandat à l’Assemblée Nationale. J’ose également espérer que j’aurais sorti au moins cinq romans. Ma carrière d’écrivaine est importante mais je serai toujours au service de mon peuple, c’est une certitude », conclut Yasmina Aouny, qui s’attarde déjà à serrer les mains des passants qui l’entourent.
Un meeting à Marseille
Yasmina Aouny et Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise
Portant la voix de Mayotte au-delà de ses frontières, Yasmina Aouny tenait le week-end dernier un meeting à Marseille. Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise et négociateur des accords entre les différents partis de gauche pour les législatives, était notamment présent afin de lui apporter son soutien. Ce rendez-vous politique a ainsi pu faire fleurir les salouvas dans les rues de la cité phocéenne, témoignant d’une forte communauté mahoraise.
À seulement 48 heures de la date limite de dépôt de candidatures aux élections législatives 2022, Ismaïla Djaza crée la surprise auprès de ses proches en se jetant lui aussi dans la bataille pour le fauteuil de député. Il apporte un coup de jeunesse dans cette cohorte de 10 prétendants à la défense des intérêts de notre département à Paris. Il prône la mise en place concrète d’une Région Mayotte, la concrétisation des innombrables projets annoncés dans le passé mais qui n’ont toujours pas encore vu le jour, ou encore la création d’un comité de sécurité sur la délinquance et l’immigration clandestine.
Mayotte Hebdo : Votre candidature en a surpris plus d’un compte tenu de votre jeune âge et du fait que vous ne vous êtes jamais intéressé à la politique auparavant. Comment expliquez-vous une telle décision ?
Ismaïla Djaza : Vous avez parfaitement raison, jusque là je n’avais pas d’antécédents politiques et beaucoup de mes proches n’avaient pas connaissance de ma décision. Ce qui m’a poussé vers cette candidature, c’est avant tout mon amour pour Mayotte et ses habitants, les nombreux défis qui attendent d’être relevés tels que l’économie, l’innovation, le social, notamment la mise en place de nouvelles prestations comme le Complément de Libre Choix de Mode de Garde (CMG) qui et une aide destinée aux individus souhaitant faire garder leurs enfants. C’est aussi la conviction que les grands projets structurants que sont le port et la piste longue, le nouvel hôpital, l’université de plein exercice sont des enjeux vitaux pour notre territoire qu’il convient de planifier et réaliser dans les meilleurs délais. C’est également, le besoin de voir se réaliser un jour prochain la tenue des jeux des îles de l’Océan Indien ici à Mayotte, sans contrainte aucune, juste dans un esprit fraternel, convivial et sportif, avec le drapeau français et la Marseillaise, notre hymne national, raisonnant au moment du passage et des victoires de la délégation mahoraise. À ce sujet, je constate que cette fois-ci nous avons du temps et cinq ans pour tout mettre en place, et que nous n’avons absolument aucun droit à l’erreur cette fois-ci.
M.H. : Quel projet politique portez-vous pour ces législatives de 2022 ? Quel en est son socle ?
I.D. : Mon projet politique se veut à la fois ambitieux et pragmatique, il repose sur 8 points essentiels : économie et pouvoir d’achat, innovation, institutions (avec un accompagnement de la mise en place d’une vraie Région ultramarine de Mayotte), insécurité et immigration clandestine, éducation et eau, etc…
M.H. : Pour être concrets Monsieur Djaza, c’est quoi exactement votre projet économique pour cette législature qui s’annonce ?
I.D. : En tant que député de Mayotte, mes efforts se porteront en priorité sur la construction de la piste longue. Désormais, il faudra parler de la nouvelle piste convergente. Voyez-vous, le temps, trop long, passé sur cette piste longue a fait apparaître au grand jour de problèmes nouveaux, les nuisances consécutives à l’usage de la première piste d’aviation. Il faut savoir que les familles vivant aux abords de l’aéroport de Pamandzi connaissent un cauchemar quotidien inhérent aux effets produits par les aéronefs à leur arrivée et décollage, qu’ils soient sonores, environnementaux ou sanitaires. Il y a également le port de Longoni, le 2ème levier du développement économique de l’île. J’entends par là qu’il va falloir revoir la DSP (Délégation de Service Public) en cours, non pas pour l’interrompre mais plutôt faire le point pour savoir avec exactitude ce qui en résulte en termes d’avantages et d’inconvénients. Il va également falloir assainir les relations au sein de cet outil car le nombre élevé de conflits sociaux dans l’année nuit considérablement à son efficacité, de même que la politique de fixation des prix pratiqués sur le port. Cet assainissement est très important car il conditionne le bon fonctionnement et la compétitivité de l’infrastructure.
Mon projet économique c’est également la relocalisation de la zone industrielle de Kawéni, justement vers le port de Longoni. Actuellement elle se trouve englobée dans une zone résidentielle dense qui ne fait pas suffisamment la part aux habitations et les riverains n’arrivent plus à profiter suffisamment de leur ville.
« Je ne partage pas du tout l’idée de transformer l’ensemble de notre île en une zone franche globale »
M.H. : La quasi-totalité de vos concurrents à ce scrutin s’accorde sur la nécessité de transformer Mayotte en une zone franche globale pour favoriser le plein emploi et l’investissement, partagez-vous cette vision ?
I.D. : Pas du tout. À l’inverse de certains de mes challengers, je ne partage pas du tout l’idée de transformer l’ensemble de notre île en une zone franche globale. Avant que nous puissions parvenir à ce stade, je m’inquiète pour ma part des conséquences connexes de cette transformation et leurs impactes sur notre société. En effet, qui dit zones franches d’activités parle forcément de d’exonération de charges patronales et sociales. Donc le risque de voir une telle mesure déviée de son objectif initial est très élevé, ce qui constituera un manque à gagner conséquent pour l’ensemble de la population avec, à la clé, des lendemains qui déchantent. Je plaide donc pour la création de zones franches d’activités dans des endroits choisis, par exemple en raison de leur taux élevé d’insécurité pour justement favoriser la création d’emplois et attirer suffisamment d’investissements pour permettre de financer le développement d’infrastructures et la revitalisation dans ces quartiers. C’est dans ces zones choisies qu’il faudra donner une assise au principe de « l’Excellence » mahoraise profitable à l’ensemble de Mayotte.
M.H. : Vous avez évoqué la nécessité de mettre en place la Région Mayotte sur le plan institutionnel, pouvez-vous nous apporter un éclaircissement à ce sujet ?
I.D. : Au niveau juridique Mayotte est à la fois un Département d’Outre-mer et une Région même si elle est dotée d’une assemblée unique. Dans la pratique, on constate que l’aspect régional est complètement absent et qu’il peine à s’assoir dans les mentalités. L’absence d’une administration et services propres se fait très fortement sentir, aucun projet à portée régional n’émerge. Résultat, le côté département stagne depuis un moment et l’activité qu’aurait dû générer la Région n’est pas au rendez-vous. Cela est visible tant au niveau de l’économique, que des emplois et des formations. Si je suis élu député je vais m’employer à faire évoluer cette situation pour le plus grand bénéfice des Mahoraises et des Mahorais. En plus de générer de nouveaux gisements d’emplois, la Région Mayotte permettra également de décentraliser la formation professionnelle, avec des pôles dans différents endroits de l’île.
M.H. : L’immigration clandestine est omniprésente dans les débats en raison de l’insécurité inédite qui frappe notre territoire ces dernières années, quel est votre avis sur ce sujet ? Quelles sont vos solutions à vous pour endiguer ce fléau ?
I.D. : Sans détour, je dirai qu’une situation exceptionnelle exige de mesures exceptionnelles. Si j’obtiens la confiance des Mahoraises et des Mahorais à l’issue de ce scrutin, la principale mesure de ma mandature sera de faire voter une loi migratoire. Celle-ci permettra de donner au préfet et aux maires un cadre juridique officiel pour prendre des mesures spécifiques à notre département afin de lutter efficacement contre l’immigration clandestine, en utilisant leurs polices municipales. De même, le préfet pourrait être autorisé à refuser l’attribution de titres de séjours d’exception, simplifier les mesures de reconduites aux frontières, légalement, mais en dehors du champ actuel d’application de la loi.
De la même manière, il faudra permettre à nos forces de police, toutes catégories confondues, de reconquérir l’espace public grignoté par les délinquants pour devenir des polices de proximité qui dialoguent avec nos jeunes, y compris les délinquants juvéniles souvent abandonnés par leurs familles et livrés à eux-mêmes dans la rue. Ceux-ci devraient bénéficier d’un encadrement spécifique dispensé par des éducateurs spécialisés. Bien entendu il faut les distinguer des « vrais délinquants », ceux dont les actes relèvent des compétences des tribunaux, ceux qui jettent des cailloux aux forces de l’ordre, aux bus des transports scolaires et ceux qui agressent les gens avec des armes blanches. Je préconise même la mise en place d’un « Comité de sécurité » qui regroupera certaines autorités dans le but de statuer sur les mesures les plus adéquates qu’il faut prendre à chaque fois que des actes de ce type seront constatés. Il faut en finir avec le sentiment d’impunité qui prévaut chez ces voyous.
M.H. : Passons au social, un autre sujet dominant dans ces législatives 2022, comment envisagez-vous redonner du pouvoir d’achat aux Mahorais ?
I.D. : Je constate que tout est absolument cher à Mayotte, que nous nous trouvions ou pas en période de crise. À l’inverse de la métropole, ici, il n’y a pas une culture de la marque, ce qui fait que quand on entre dans un magasin, on a ce sentiment que les prix des produits sont les mêmes. Pour redonner du pouvoir d’achat aux ménages locaux, il faut lutter contre les situations de monopole et rehausser le smic horaire. Sur ce dernier point, nous manquons de visibilité depuis de nombreuses années faute d’un calendrier clair de rattrapage vis-à-vis de l’hexagone. Si je suis élu député, l’une de premières mesures que je défendrai sera d’obtenir des autorités compétentes un agenda clair pour redonner de l’espoir aux travailleurs Mahorais. Les retraites dispensées sur le territoire sont tellement modiques qu’il nous faut tirer la sonnette d’alarme car, paradoxalement, les caisses sont excédentaires. Il est donc normal que l’on demande un rehaussement du seuil minimal de retraite et que l’on revoie les paramètres de calcul de la retraite à Mayotte pour les aligner avec ceux de la métropole. Il y a une autre réalité à corriger rapidement, ce sont les personnes qui continuent à travailler après l’âge légal de la retraite. Il importe de leur ouvrir une carrière pour leur éviter de continuer à se faire prélever des cotisations obligatoires sans qu’ils ne puissent, à nouveau, prétendre à des droits. Ce système de carrière est en lien direct avec le smic horaire.
M.H. : Quel est votre opinion sur le niveau et la qualité de l’enseignement dispensé dans notre Département actuellement ?
I.D. : Il faut ouvrir un vrai débat sur l’enseignement à Mayotte, autrement nous n’arriverons pas à relever les défis qui se présentent, notamment, la nécessité de scolariser les enfants dès l’âge de 3 ans. Il est nécessaire de rénover le parc d’écoles primaires existant, dans le cadre d’une vraie politique de long terme et non du coup par coup. L’impact du flux migratoire est réel dans ce domaine, les établissements débordent à tous les niveaux, malgré la mise en place d’un système de rotation. Il y a une obligation légale de scolarisation de tous les enfants présents sur ce territoire jusqu’à l’âge de 16 ans, la loi doit être respectée, mais il faut que nous nous donnions les moyens de le faire en tenant compte des vrais chiffres des personnes présentent dans l’île. Autrement, le résultat sera toujours faussé et le problème jamais résolu de façon pérenne. De passage dans le Département, le Président Emmanuel Macron a promis des classes comptant un maximum de 12 élèves. Nous sommes encore très loin de ce compte avec 30 élèves par classe et le risque de déboucher à un enseignement à plusieurs échelles.
Le camion médicalisé (répémobile) du réseau périnatal de Mayotte propose des consultations itinérantes médicales (gynécologiques et obstétriques) et sociales d’information et d’orientation. Chaque semaine, une sage-femme et une intervenante sociale sillonnent les routes et les villages du 101ème département pour aller à la rencontre des femmes en âge de procréer et de leur conjoint. Ce mois-ci l’équipe de la Répémobile sera présente le mardi 31 mai de 8h30 à 15h au quartier Manga télé, dans le village Kawéni et le jeudi 2 juin de 8h30 à 15h à la MJC de Cavani sud.
La diphtérie une maladie hautement contagieuse, due à la bactérie Corynebacterium diphtheriae et qui se transmet d‘homme à homme. Ses conséquences les plus graves proviennent de la toxine qu’elle peut sécréter lorsque la bactérie est porteuse du gène codant la toxine (tox+). Le tableau classique est une angine peu fébrile, plus ou moins dysphagique avec pâleur et adénopathies sous-maxillaires. Les amygdales sont recouvertes de fausses membranes blanchâtres, de couleur crème ou grisâtre, très adhérentes, plus ou moins extensives dans le pharynx. Elle peut se compliquer d’atteintes cardiaques ou neurologiques et entraîner le décès. La diphtérie cutanée se repère par la présence de fausses membranes sur une plaie ou d’une ulcération cutanée préexistante, alors volontiers poly microbienne. Grâce à une couverture vaccinale très élevée, la diphtérie due à C. diphtheriae a disparu en France métropolitaine. Depuis 2002, à l’exception d’un cas, tous les cas déclarés en métropole étaient importés.
Depuis une dizaine d’année, la moitié des cas de diphtérie à C. diphtheriae déclarés en France, étaient localisés à Mayotte. Depuis 2012, en lien avec l’identification régulière de cas sur le territoire, le centre hospitalier de Mayotte dispose d’une procédure de diagnostic rapide de portage de C. diphtheriae et mise en évidence du gène tox. Avant 2019, zéro à deux cas par an étaient signalés dans le 101ème département. Il s’agit majoritairement de cas de diphtérie cutanée, dont la moitié importée des Comores.
Depuis le 1er semestre, six cas de diphtérie, dont trois cas groupés tox+ survenus au mois de mai, ont été recensés sur l’île aux parfums : trois cas groupés en avril-mai (un enfant d’un an, diphtérie cutanée, tox+, un enfant de 14 ans, asymptomatique, tox+ et un adulte de 25 ans, asymptomatique, tox+), un cas de diphtérie cutanée (tox+) en mars chez un enfant de 13 ans, un cas de diphtérie cutanée en mars chez un adulte de 49 ans (résultat PCR non connu) et un cas de diphtérie cutanée tox+ en février chez un nourrisson de sept mois, n’ayant jamais reçu de vaccinations. L’enfant a été évacué à la Réunion et est décédé.
Le centre universitaire de recherche et de formation organise la restitution publique du projet de recherche intitulé « La place de la coutume à Mayotte » porté notamment par Aurélien Siri, le directeur du CUFR et maître de conférences en droit privé, qui se déroulera le mercredi 1er juin à l’amphithéâtre du CUFR de Dembéni.
Entre octobre 2018 et décembre 2021, un groupe de chercheurs réunissant plusieurs laboratoires et 24 contributeurs a entrepris une recherche collective sur le thème de la coutume à Mayotte, financée par le ministère de la Justice (GIP Mission de recherche Droit et Justice – devenu Institut des études et de la recherche sur le droit et la justice) et dont le rapport final vient d’être remis.
Les objectifs de cette recherche étaient les suivants : appréhender comment ces différentes mutations du droit applicable à Mayotte sont vécues par la population ; vérifier comment la coutume est mise en pratique, à la fois par les justiciables et par les praticiens du droit ; permettre une meilleure compréhension d’une République qui se veut laïque, dans un jeune département français ultramarin complexe, marqué par de fortes tensions sociales, et où 95% de la population est de confession musulmane ; mieux comprendre quels rôles doivent ici jouer les représentants de l’État, mais aussi certaines associations et certains représentants de la société civile.
Étant donné l’importance pratique et politique de cette recherche collective et l’implication de tous ces acteurs, il a été décidé d’effectuer, en présence de l’équipe, une restitution publique des résultats de ces travaux. Cette présentation se déroulera en plusieurs temps de discussion et d’échanges entre les différents participants et avec le public, pour permettre d’enrichir la réflexion et de susciter les propositions. L’entrée à cette manifestation scientifique est gratuite. Inscription obligatoire à l’adresse http://t.univ-reunion.fr/2801.
Le 14 mai dernier, le jury du prix du livre d’histoire des Outre-mer s’est réuni afin de délibérer autour d’une pré-sélection de sept ouvrages qui signalent tous la vivacité et la qualité de l’édition française. Les votes ont rapidement mis en lumière la publication de l’historien Éric Jennings, professeur à l’université de Toronto. « Les bateaux de l’espoir » aborde le départ de presque 5.000 hommes, femmes et enfants qui, en une année et demie à partir de mai-juin 1940, quittent Marseille pour les Antilles. Juifs, républicains espagnols ou antinazis, les visages anonymes se mêlent à d’autres plus connus tels le cinéaste Jacques Remy ou la romancière Anna Seghers. L’historien transforme le récit d’une fuite en un examen des rencontres entre plusieurs mondes, les liens créés et les peurs ou craintes qui en naissent.
Le jury a relevé un sujet parfaitement original, des chapitres audacieux et fondamentaux (négritude et surréalisme). Sous la plume de l’auteur, les Outre-mer sont traitées dans une vision centrale et non marginale de l’histoire.
Depuis 1972, l’organisation des Nations Unies promeut la préservation de l’environnement le 5 juin. Partout dans le monde, des manifestations mettent en avant la protection et l’amélioration de l’environnement en vue d’approfondir la prise de conscience des problématiques environnementales.
À Mayotte, l’office national des forêts propose dans le cadre de la journée mondiale de l’environnement 2022 une randonnée guidée d’ascension du Mont Bénara par la forêt domaniale de Voundzé le samedi 4 juin. Difficulté : intermédiaire. Durée : 4h30. Le rendez-vous est fixé au début de la piste forestière de Mavingoni.
À cette occasion, les randonneurs pourront découvrir les forêts publiques mahoraises ainsi que les actions de gestion en faveur de la protection et la restauration des milieux forestiers. Les réservations sont obligatoires et sont gratuites. Attention, les places sont limitées.
Recommandations : se munir de chaussures de marche, d’un pantalon long, d’anti-moustiques, d’un chapeau, de crème solaire, d’eau et d’une collation.
Après une dernière édition en 2019, le festival Kariboom signe son grand retour les 4 et 5 juin prochains à M’Tsangabeach, dans la commune de Sada. Organisatrice de l’événement, l’association Atomix promet une révolution musicale et artistique, mais aussi de grandes nouveautés. Entretien avec le président, Jean-Philippe Moya.
Flash Infos : Après deux années d’absence, le festival Kariboom revient pour une 7ème édition les 4 et 5 juin prochains. Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous à moins d’une semaine de l’événement ?
Jean-Philippe Moya : Effectivement, 2020 et 2021 ont été annulés à cause de la pandémie… Pourtant, nous avions prévu de faire venir des artistes belges et métropolitains. Nous étions sur les rails !
À la différence des précédentes éditions qui se déroulaient seulement sur une après-midi et une nuit, l’édition de cette année se tient sur deux jours. Nous avons mobilisé davantage de moyens techniques et humains, notamment en termes de bénévoles qui sont au nombre de 70. Raison pour laquelle, cela aurait été dommageable de ne pas exploiter et optimiser tous nos efforts dans l’organisation d’un « grand » festival sur l’ensemble d’un week-end ! Cette date des 4 et 5 juin est tombée sous le sens dès le mois d’octobre. Pour ce grand retour, nous avons voulu faire venir un gros plateau d’artistes : à titre d’exemple, nous payons plus de 14 billets d’avion.
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À l’approche de l’échéance, c’est un mélange d’excitation, bien évidemment, mais aussi de stress parce que l’événement prend une tout autre ampleur au niveau organisationnel. Heureusement, nous pouvons compter sur une équipe soudée et efficace avec différents postes stratégiques (logistique, administration, décoration, etc.) pour se dispatcher les tâches. Nous sommes prêts !
FI : À la lecture de votre programmation, nous avons le sentiment qu’il s’agit d’une petite entreprise familiale… Comment vous organisez-vous en termes de préparatif au cours des mois précédents ?
J-P. M. : Au départ, ce sont surtout des entrevues en comité restreint entre les membres du bureau directeur… Un noyau dur de six personnes avec lequel nous commençons par choisir une date et réfléchir à la ligne artistique. Au bout de quelques mois de préparation, nous élargissons ce cercle en intégrant un staff composé d’une vingtaine de fidèles à Atomix qui prennent des responsabilités en amont. Puis nous continuons à procéder aux réajustements. Et au fur et à mesure que l’événement approche, nous peaufinons les derniers détails à raison d’une réunion hebdomadaire, voire tous les trois jours…
FI : L’ADN du Kariboom, c’est aussi l’aspect familial. De nombreuses animations se déroulent les journées pour que les parents puissent en profiter avec leurs enfants. En quoi ce volet-là est-il si important à vos yeux ?
J-P. M. : Historiquement, Atomix était une association d’art circassien. Puis la musique s’est greffée à partir de 2017. Dès le début, nous avons voulu associer les animations pour enfants afin de démocratiser l’accès à la musique électronique et de nous ouvrir au public familial et mahorais.
Le samedi après-midi reste consacré aux ateliers d’initiation aux percussions et aux instruments de la fanfare, de jonglage et de DJ ainsi qu’aux spectacles de danse africaine, de tissu aérien, de breakdance, de capoeira… L’idée aussi est de promouvoir des artistes locaux avec une musique plus éclectique. Une autre que ce que nous proposons. Ce moment plus « calme » permet aux visiteurs de venir s’amuser même s’ils n’apprécient pas forcément la Bass Music. Après, si derrière nous arrivons à les sensibiliser, c’est jackpot !
FI : Effectivement, dès la tombée de la nuit, la musique plus « engagée », marque de fabrique d’Atomix, fait son entrée sur scène. En tant que DJ, que pouvez-vous nous dire sur les artistes présents cette année ? Sur quels critères reposent vos choix de sélection ?
J-P. M. : La ligne directrice artistique reste l’électronique, et plus spécialement la bass house, la drum’n’bass, ou encore la techno, représenté par BADJOKES, Vici, BRK, Bellecour, Crystal Distorsion… Nous avons contacté leurs boîtes de production dès novembre 2021. Tous nos guest internationaux ont accepté de diviser par deux leur cachet par rapport à ce qu’ils touchent habituellement en métropole. Nous avons réussi à vendre la destination « Mayotte » avec des sorties en mer, des immersions avec les tortues, un hébergement paradisiaque avec piscine… Nous avons joué sur cette corde sensible !
Vous avez, dans ce milieu, le bouche à oreille fonctionne à merveille. Hélas, nous n’avons pas pu forcément répondre positivement à toutes les sollicitations, mais nous les gardons sous le coude pour les prochaines éditions. Aujourd’hui, plein de monde veut venir jouer ici !
FI : Quelles sont les nouveautés pour cette 7ème édition ? Aussi bien en termes de scénographie que d’activités ?
J-P. M. : C’est la toute première fois que nous aurons trois scènes en simultanée. La première spécifique pour le reggae, active de 14h au petit matin, s’appelle Doujah Sound, la seconde réservée à notre sound system (NeoM42, JP, Lili, Tchang Lanone) et la troisième, la main stage de huit mètres de haut et douze mètres de large, avec un effort non négligeable sur la décoration. Nous aurons une canopée avec un arbre artificiel de vingt mètres de diamètre en lycra tendu… Pour cela, trois techniciens du festival Hadra, la référence européenne sur ce type de structure, vient spécialement pour l’occasion avec leur matériel ! Ils vont même nous faire des formations sous forme de workshop pour renforcer les compétences de notre équipe déco.
En ce qui concerne les nouveautés du côté des activités, nous aurons deux châteaux gonflables en accès libre ainsi que des initiations à la voile grâce à un partenariat avec May Voile.
FI : Alors que le rendez-vous approche à grand pas, de quelle manière vous projetez-vous sur 2023 ?
J-P. M. : Nous allons déjà voir si nous serons capables de tenir la route sur les deux jours. Si tout se passe comme prévu, nous en reparlerons dès le lendemain ! D’ici là, nous sommes focus à 100% sur la 7ème édition. Nous serrons les fesses (rires) !
FI : Pour le mot de la fin, que diriez-vous à ceux qui n’ont pas encore pris leur place ?
J-P. M. : Que cela va être un festival totalement inédit sur la durée et sur l’ambiance pendant 48 heures ! Les festivaliers auront la possibilité de camper sur site avec des douches et des sanitaires. Le site est immense donc le but est de pouvoir profiter de toutes les animations qu’elles soient musicales, artistiques ou visuelles. Notre jauge est à 1.000 personnes, voilà pourquoi les gens doivent prendre leur place maintenant… Alors n’attendez plus !
Un espace extérieur est en construction pour accueillir prochainement des conférences et spectacles.
Voici plus d’un an et demi que la direction du livre et de la lecture publique, plus communément appelée « bibliothèque de Cavani » a fermé ses portes pour travaux. Intrigués par la longueur de ces derniers, Flash Infos s’est rendu sur les lieux pour comprendre ce qui retardait tant la réouverture de l’un des rares havres de culture de Mayotte.
C’est fin 2020 que la bibliothèque de Cavani a fermé ses portes. Construit il y a environ 20 ans, alors que Mayotte n’était pas encore département, le bâtiment ne répondait pas du tout aux normes de construction en vigueur en France. En proie à des infiltrations d’eau menaçant des circuits électriques vétustes, il était urgent de le rénover. Le conseil départemental a pensé que cette interruption obligatoire serait également l’occasion de moderniser les lieux afin d’en faire un espace numérique. Pour cela, il a investi 660.000 euros.
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La grande salle de lecture est encore pour le moment envahie de cartons.
Les agents de la bibliothèque oeuvrent pour que tout soit prêt le jour de la réouverture.
Une bibliothèque moderne et accueillante
Toutes les salles ont été intégralement refaites et la climatisation a été installée afin d’accueillir le public dans les meilleures conditions possibles. L’espace numérique a été agrandi et largement modernisé pour en faire une véritable salle multimédias. L’ambition de la collectivité est de rapprocher en termes de services des bibliothèques de l’Hexagone. Un espace extérieur a été ajouté pour accueillir des conférences, des séminaires et des spectacles en tout genre qui seront par ailleurs relayés en ligne. L’objectif est de faire de la bibliothèque un lieu de culture de proximité et de rencontres. La diffusion de films et l’organisation d’expositions seront également au programme de cette nouvelle bibliothèque.
Pour l’instant, les employés de la structure sont en train de trier et de plastifier les livres, dont un grand nombre sont encore dans leurs cartons. Le mobilier a été commandé, mais la livraison tarde à arriver. La connexion Internet est toutefois déjà opérationnelle, les bureaux des agents entièrement rénovés, repeints et munis de nouveaux équipements. Au vu de l’avancée du chantier, les responsables de la bibliothèque espèrent que cette dernière pourra rouvrir d’ici la fin de l’année 2022.
Un quartier en projet
Cette rénovation s’inscrit dans le programme « quartier en projet » du Département. Outre l’amélioration des services à la population, un gros travail a également été consenti avec les associations afin d’intégrer les jeunes à la vie du quartier. Le parvis de la bibliothèque était en effet souvent squatté par des bandes mal intentionnées. Selon les responsables, la situation se serait nettement améliorée, en tout cas en journée. Pour le moment, les horaires d’ouverture n’ont pas encore été choisis, mais les agents continuent de bûcher pour que tout soit prêt le jour de la réouverture. De nouveaux postes ont été créés pour améliorer la communication avec le public et faire en sorte qu’il soit au courant des évènements prochainement proposés.
Les m’biwis ont résonné ce jeudi soir à La Croisette pour fêter dignement le lancement de la marque Marcel Séjour.
Près d’un an après la signature du contrat liant l’artiste Marcel Séjour au commerçant Marcel Rinaldy, la marque utilisant le nom du célèbre artiste de l’île a été officiellement lancée jeudi 26 mai dernier. Un cocktail pour fêter l’évènement a été organisé au restaurant La Croisette en présence de nombreux officiels.
Qui à Mayotte ne connaît pas les œuvres de l’artiste peintre Marcel Séjour ? Ses tableaux représentant avec justesse et talent la réalité mahoraise ornent les murs de nombreux bâtiments publics et des expositions étaient régulièrement organisées lors de son passage de 30 ans sur l’île aux parfums. Reparti dans sa Vendée natale depuis près d’un an, il est spécialement revenu sur sa terre d’adoption pour le lancement de sa marque. Un événement au cours duquel Marcel Séjour a confié que Mayotte lui manquait et qu’il envisageait de revenir y vivre six mois par an. Une bonne nouvelle pour les afficionados de l’artiste !
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L’artiste Marcel Séjour (assis à gauche) pose à côté du chef d’entreprise Marcel Rinaldy, à l’origine de la création de sa marque.
Les personnes au petit budget pourront désormais acheter des reproductions sur toile des œuvres du peintre.
Les produits de la marque comportent entre autres des mugs.
Une marque née de la rencontre entre deux Marcel
C’est il y a quatre ans que Marcel Rinaldy, président du groupe 3M, a eu l’idée de commercialiser des reproductions de l’artiste sur divers objets de la vie quotidienne. « Les tableaux de Marcel ont un fort potentiel commercial, ils donnent à voir une belle identité de Mayotte et le coup de crayon est remarquable ! », estime le chef d’entreprise. « J’ai dû mûrir le projet et surtout [le] convaincre, lui amener ma vision de commerçant. » Challenge officiellement réussi depuis ce jeudi 26 mai ! « Je suis content, car les produits dérivés permettent d’assurer la réputation de Mayotte à l’extérieur et pour moi, c’est un début de retraite », assure l’artiste.
Mugs, éventails, parapluies, livres de coloriage ou toile… Les tableaux de Marcel Séjour sont désormais imprimés sur différents types de produits dérivés. Une « vente-test » a été faite à la boutique de souvenirs de l’aéroport (Safara) et c’est à la suite de ce succès que Marcel Rinaldy est passé à la vitesse supérieure. La Maison des Livres sera peut-être un autre lieu où trouver les objets portant la marque Marcel Séjour (le contrat est en cours de discussion), mais le président du groupe 3M cherche d’autres distributeurs afin d’étendre le plus possible ses lieux de vente. In fine, il a le projet d’ouvrir une boutique Marcel Séjour à Mayotte. Les produits seront également distribués en ligne via un site Internet qui ouvrira d’ici un mois. « J’aimerais que chaque foyer mahorais puisse posséder une image de Marcel Séjour représentant un petit morceau de Mayotte », déclare le commerçant qui, par ailleurs, vise également le national, voire l’international.
Une fabrication en local d’ici deux ans
Si les objets sont pour le moment fabriqués en Chine pour les grandes séries et à Loudéac pour les petites, Marcel Rinaldy a pour ambition de les fabriquer en local d’ici un délai de deux ans. « L’idée est d’installer un atelier de marquage et d’impression à Mayotte », prévient-il. Une idée qui contribuerait à enrichir l’économie mahoraise.
Le cahier de coloriage Marcel Séjour est également vu comme un outil pédagogique pour les élèves. Une version au dessin simplifié a été créé à cet effet, bien qu’une version avec la reproduction fidèle des tableaux soit également disponible. Marcel Rinaldy et Marcel Séjour ont signé une convention avec le rectorat pour que ces supports soient largement diffusés dans les écoles. Une victoire pour l’artiste qui confie être de plus en plus attiré par l’enseignement. « À présent, j’ai envie de transmettre ce que j’ai appris et notamment la technique du dessin à l’ombre », affirme-t-il. Ses cours de dessin seront organisés sous la forme de masterclass. Toutefois, pour le moment, l’artiste prépare une grande exposition qui aura lieu à la Maison de Mayotte à Paris en 2025. Une véritable consécration pour ce peintre autodidacte qui a voué quasi toute sa carrière à représenter l’île aux parfums sous toutes ses coutures !
Oudjerebou, couveuse d’entreprises de Mayotte, encourage de jeunes entreprises ou porteuses de projet à se développer par un concept de « marrainage ». Ce réseau 100 % féminin favorise l’égalité des chances grâce à un accompagnement. Ces néo cheffes d’entreprise sont guidées par des personnes expérimentées, dans le but d’accroître leur ascension.
Lancée officiellement en 2021, « Marraine et moi » regroupe des femmes d’entreprises. Plus particulièrement des cadres expérimentés qui marrainent des porteuses de projet et des jeunes créatrices d’entreprises de moins de trois ans. « Ces porteuses de projet vont être marrainées, accompagnées pendant douze mois et aiguillées pour pouvoir se développer personnellement et professionnellement. Elles apprendront notamment comment se positionner par rapport à leurs collègues au travail, comment se défendre en entreprise ou comment lancer leur activité », détaille Mariama Ibouroi Mze, la chargée de communication, dans les locaux de la couveuse à Cavani Sud.
Si beaucoup prennent goût à l’entreprenariat, la pérennité sur le marché est importante. Pour ce faire, les jeunes cheffes d’entreprises sont orientées sur comment avancer malgré les obstacles qui peuvent surgir. En effet, « l’idée du réseau a été développée dans un premier temps par ‘’entreprendre au féminin’’, une association qui n’existe plus. Elle avait pour projet de parrainer les lycéens par des cheffes d’entreprises ou des cadres. Par la suite, elle a demandé main forte à Oudjerebou », avance la chargée de communication.
Trouvant l’idée intéressante, la couveuse a décidé d’implanter le dispositif en interne. « Nous avions des femmes porteuses de projet qui rencontraient des difficultés. Nous avons donc sollicité des marraines cheffes d’entreprises encore en activité, qui sont passées par différentes étapes pour les aider, en partageant leurs expériences et leurs expertises », affirme-t-elle.
Dans ses premiers pas au sein de la couveuse, « Marraine et moi » attribuait à chaque filleule une marraine. Cependant, cela n’a pas très bien fonctionné. « Les filleules avaient peur de contacter leur marraine attitrée, de peur de déranger la cheffe d’entreprise. Il a donc été nécessaire de relancer le concept et de faire en sorte qu’une filleule n’ait pas une seule marraine mais plusieurs. Dans le but d’élargir les contacts et qu’ils puissent prendre attache avec la marraine à tout moment », déclare la membre de la couveuse.
Le 3 juin sera lancé officiellement « Marraine et moi » en réunissant les marraines, les filleules ainsi que les partenaires pour faire connaître les deux premiers groupes constitués. « Nous allons avant cet événement rencontrer les filleuls et recueillir leurs besoins afin de prévoir ce que nous pourrons mettre en place dans le but de les aider et vice-versa pour les marraines », souligne Kalathoumi Attoumani, la responsable.
« Pas de profil type » pour intégrer le réseau 100% féminin
Jusqu’à vendredi, le réseau incluant différentes structures telles que la BGE (boutique de gestion pour entreprendre), Créa Pépite, la Cress (chambre régionale de l’économie sociale et solidaire) et Pôle emploi, est en plein recrutement de marraines et de filleules. Quatre structures, en plus d’Oudjerebou, qui souhaitent résoudre la même problématique. « À nous cinq, nous nous sommes réunis pour aider ces femmes à se développer et à dépasser ces trois années de création d’entreprise et au-delà de ça, à se créer un réseau », souligne Mariama Ibouroi Mze.
La notion de groupe pour ces organisations accompagnatrices est très importante dans la mesure où le choix des marraines nécessite l’accord de chacune. Dans le cadre du recrutement, la marraine doit être disponible et ne doit en aucun cas lors de son intégration à « Marraine et moi » mettre en évidence toute forme de position politique. Pour cela, une charte est signée avant l’intégration. « Il n’y a pas de profil type. On a des commerçantes, des avocates… »
Travailler en réseau est essentiel pour le cheminement d’une entreprise. L’isolement des femmes entrepreneurs est très répandu pour la simple et bonne raison que le réseau de femmes d’affaires à Mayotte est très restreint ou n’existe quasiment pas. « Un tel réseau à Mayotte est très difficile à constituer, du fait que les femmes ne se font pas confiance entre elles. C’est sûrement dû à la mentalité mahoraise mais pas que. Voilà pourquoi, nous visons particulièrement les femmes. En revanche, chez les hommes, constituer un réseau est quelque chose d’assez naturel », évoque-t-elle avec beaucoup de regrets. Actuellement, « Marraine et moi » regroupe 50 membres, mais Oudjerebou souhaite au fil du temps devenir un gros réseau au niveau départemental.
Une rencontre, un échange
Pour que ces femmes se côtoient, « Marraine et moi » envisage d’organiser des échanges deux fois par mois. « Pour obliger les groupes à se rencontrer le plus possible et à créer des connexions. Cela va d’autant plus servir aux femmes porteuses de projet mais également aux femmes entrepreneurs expérimentées », annonce la communicante. En effet, ces évènements seront sous forme de masterclass, de workshop, d’ateliers de formation et également de visites d’entreprises. Ainsi, est prévu de travailler avec des acteurs tels que des psychologues du travail ainsi que des journalistes.
Pour la toute première fois sur le territoire, le pôle culturel de Chirongui, en partenariat avec l’office national de la diffusion artistique et les membres du collectif Les Arts Confondus de Mayotte, participe à l’accueil des rencontres interrégionales et internationales de diffusion artistique (RIDA) 2022.
Au programme ce dimanche 29 mai : à 14h avec le spectacle « (Un) bateau Ivre », de la compagnie LadaTou. Théâtre, chant, musique et conte avec Guylaine Cosseron, Bruno Noël, Loutouffi Bouchourane et Anssafi Madi Vitta. D’après le poème d’Arthur Rimbaud « Le Bateau ivre » ; et à 16h le spectacle « En Finir avec Bob » de la Compagnie Stratagème. « Combo a décidé d’en finir ce soir. Ce jeune homme de 35 ans vient crier son irrésistible envie d’en finir avec Bob ! Bob le malfrat, le truand, l’usurpateur, celui qui répand la terreur… Combo veut mettre fin à cette violence légitime afin de libérer les siens et de rendre un peu d’humanité. » Entrée libre sur réservation : https://yurplan.com/event/UN-BATEAU-IVRE/85008 et https://yurplan.com/event/Cie-Stratageme-En-finir-avec-Bob/85010.
Son excellence le ministre de la culture et de la communication du Sénégal, Abdoulaye Diop, a reçu le maire Ambdilwahedou Soumaïla ce mercredi. Le premier magistrat de Mamoudzou a profité de cette rencontre pour présenter au ministre l’importance de développer l’excellence culturelle et d’utiliser la culture comme vecteur d’internationalisation et a expliqué que « le développement de la culture est une chance que nous devons donner à la jeunesse de nos territoires ».
Le Ministre a rappelé que la biennale des arts de Dakar qui se tient du 19 mai au 21 juin, dont le ministère est co-organisateur, est la 3ème plus grande biennale au classement mondial. Il a notamment souligné l’importance de la culture comme premier pôle d’exportation au Sénégal, symbole de générosité pour rapprocher les communautés. Cette vision politique fait écho à la volonté du maire d’organiser une journée du vivre ensemble afin de rassembler les communautés vivant à Mamoudzou sous le signe du partage.
Tous les projets de coopération qui découleront de ces rencontres permettront de créer des opportunités pour exporter la culture mahoraise et nous enrichir de celle des autres. À l’occasion de cette rencontre, le ministre, également maire de Sedhiou, a proposé à son homologue Ambdilwahedou Soumaïla de jumeler Mamoudzou à Sedhiou et développer la coopération entre les deux villes.
Entre le 1er janvier et le 25 mai 2022, 54 cas de fièvre typhoïde confirmés par hémoculture et/ou coproculture ont été signalés par le laboratoire du centre hospitalier de Mayotte au service de veille et de sécurité sanitaire de l’agence régionale de santé, soit en cinq mois, 15 cas de plus par rapport à la moyenne annuelle de 39 cas enregistrée au cours des six dernières années (de 2016 à 2021). Aucun cas de fièvre paratyphoïde n’a été identifié. Plus de la moitié des cas (36) sont survenus au cours de la dernière semaine d’avril et du mois mai (semaines 17 à 20).
La commune de Koungou concentre toujours le plus grand nombre de cas de fièvre typhoïde déclarés chaque année (sauf en 2020). Prés de la moitié des cas déclarés en 2022 résidaient dans la commune de Koungou (27) où plusieurs cas sporadiques ont été identifiés. Les investigations sont en cours afin identifier des possibles clusters. La seconde commune la plus touchée est Dzaoudzi-Labattoir en Petite-Terre avec 14 cas (26%).
La fièvre typhoïde est causée par la bactérie Salmonella enterica sérotype Typhi, et les fièvres paratyphoïdes, sont liées aux sérotypes Paratyphus A, B ou C. La transmission est dite féco-orale, soit directe par ingestion des bactéries provenant des selles d’individus contaminés, soit le plus souvent indirecte par ingestion d’eau ou d’aliments souillés. La fièvre typhoïde est une maladie endémique à Mayotte, avec environ une quarantaine de cas en moyenne par an.
La durée d’incubation est le plus souvent de sept à quatorze jours, mais peut varier de trois jours à un mois. Les fièvres typhoïdes et paratyphoïdes se manifestent classiquement par une fièvre prolongée, des maux de tête, une anorexie, une splénomégalie, une éruption, une somnolence (voire une obnubilation), des diarrhées ou plus fréquemment une constipation chez les adultes. Le retard de prise en charge adaptée est à l’origine de formes sévères.
François Duclos, représentant du collège salarié du bureau pour la présidence de l’opérateur de compétence AKTO, et Laurent Barthélémy, vice-président, ainsi que Valérie Sort, directrice générale, viennent à la rencontre des équipes d’AKTO à Mayotte du 30 mai au 1er juin. Au programme : échange avec El-Yamine Zakouana, directeur régional d’AKTO, et son équipe, installation du conseil d’orientation paritaire, rencontres avec les prescripteurs de l’emploi sur place, dont Pôle emploi, et le régiment du service militaire adapté (RSMA). Ils se rendront également dans le centre de formation d’apprentis (CFA) historique de l’île aux parfums afin d’y visiter les plateaux techniques et d’échanger sur les réalités du terrain. Enfin, une rencontre est prévue avec la préfecture et la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DEETS), pour évoquer la mise en place des trois projets d’engagement et développement de l’emploi et des compétences (EDEC) lancés au bénéfice des entreprises et des salariés des secteurs de la sécurité privée, du BTP et de l’interprofessionnel et avec le conseil départemental pour partager les enjeux du territoire et signer une convention de partenariat pour le développement de l’apprentissage à Mayotte.
À Mayotte, AKTO accompagne 1.300 entreprises tous secteurs confondus, employant près de 60.000 salariés. Acteur-clé du développement de la formation et de l’emploi du territoire, AKTO a pour mission d’y développer la qualification et l’emploi notamment grâce à l’alternance, avec 542 contrats signés en 2021, parmi lesquels une majorité de contrats d’apprentissage (349). L’an dernier, plus de 1.000 stagiaires ont été formés dans le cadre du plan de développement des compétences et des cofinancements. L’OPCO contribue également à sécuriser l’emploi des salariés en poste avec la réalisation de diagnostics externes, afin d’identifier les besoins en compétences dans chaque secteur stratégique. Enfin, AKTO attache une attention particulière à accompagner les publics spécifiques, notamment les personnes en situation de handicap, d’illettrisme ou les publics éloignés de l’emploi.
Vendredi matin dernier a eu lieu l’inauguration des locaux du conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CUAE) à Dembéni. La structure est présidée par Salime Mdéré, 1er vice-président du conseil départemental, pour un mandat de trois ans. Houzainoudine Moustoifa (Pamandzi) en est le vice-président et Ali Abdou, adjoint au maire de Tsingoni, le trésorier. Ce nouveau bureau a pris ses fonctions depuis le 25 août dernier, à la suite d’une réunion des membres du conseil d’administration.
La création du CAUE date du 13 janvier 2021, date à laquelle Mayotte se dotait d’une structure de conseil, d’éducation, de sensibilisation et de formation au bénéfice des acteurs locaux et du public mahorais, après un premier contact en août 2019 établi entre le ministère de la transition écologique et les élus pour engager une réflexion pour ce faire.
Le CAUE est une structure associative régie par le décret de la loi de 1977 sur l’architecture. Il est destiné à intervenir gratuitement auprès des particuliers et des collectivités porteuses de projet de construction pour les accompagner avec des conseils et des informations. Il les oriente sur la manière de construire par rapport aux réglementations à respecter sur le territoire ainsi que sur l’élaboration du plan local d’urbanisme de l’habitat.
Lors de cette cérémonie inaugurale, le constat est clair que les enjeux sont de taille : dans un premier temps, Mayotte est le plus jeune département français où plus de la moitié de la population a moins de 18 ans et les questions de logement et d’environnement y sont centrales ; ensuite la lutte contre l’insalubrité et l’amélioration des conditions de vie des habitants, l’amélioration de l’organisation urbaine et des modes de déplacement… Les défis sont ainsi nombreux à relever. D’ailleurs le président Salime Mdéré n’a pas omis pas de rappeler qu’« il y a beaucoup à faire et ces nouveaux locaux que nous inaugurons nous permettent désormais de travailler dans d’excellentes conditions au service des Mahorais, avec la volonté de traduire notre projet pour Mayotte de façon concrète et visible ».
Parents ou acteurs de l’éducation, l’amphithéâtre de Dembeni était plein pour assister aux Assises de la parentalité, sujet particulièrement sensible à Mayotte !
Les Assises de la parentalité se sont déroulées du 23 au 25 mai dernier au centre universitaire de formation et de recherche de Dembéni. Organisées par les Céméa de Mayotte (centres d’entraînement aux méthodes d’éducation actives), elles ont notamment eu pour but de restituer les ateliers menés depuis plusieurs années avec les parents pour redéfinir judicieusement leur rôle.
« Parents démissionnaires », « perte des repères culturels », « absence fréquente des pères », « parents renvoyés aux Comores » : les hypothèses vont bon train depuis plusieurs années pour expliquer la hausse alarmante des actes de délinquance juvéniles sur le territoire. Face à cette situation en réalité multi-causale, les Céméa de Mayotte (centres d’entraînement aux méthodes d’éducation actives) se sont mobilisées pour redéfinir le rôle de parent et le réinventer en fonction de l’évolution de la société mahoraise afin d’éviter que tant d’enfants ne sortent désormais « du droit chemin ».
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La conférence de Philippe Meirieu a été intégralement traduite en shimaoré par Issa de Nguizijou.
Philippe Meirieu, pédagogue reconnu, est venu donner une conférence le mardi 25 mai pour enrichir la réflexion des parents.
Archimède Saïd Ravoay, ancien président des Céméa, est à l’origine de l’organisation de ces Assises.
Cette association éducative complémentaire de l’enseignement public (reconnue d’utilité publique depuis 1966) a donc convié tous les parents qui le souhaitaient à assister à des ateliers sur le sujet de la parentalité depuis plusieurs années dans différents endroits de Mayotte. Les grandes idées qui en ont émergé ont été synthétisées par des bénévoles de l’association et Archimède Saïd Ravoay, ancien président des Céméa, toujours très engagé sur la question de l’éducation, a pris l’initiative d’organiser des Assises de la parentalité du 23 au 25 mai au centre universitaire de formation et de recherche de Dembéni afin de les restituer. Les parents et autres acteurs de l’éducation, venus en grand nombre pour y assister, ont également eu la chance d’entendre une conférence de Philippe Meirieu intitulée « Que peuvent les adultes face aux problèmes de violences chez les enfants et les adolescents ? ». L’opinion de ce pédagogue reconnu a donc pu apporter une vision plus « scientifique » et ainsi compléter et enrichir les idées des parents.
La collaboration et la solidarité : deux valeurs phares pour bien éduquer les enfants
Contrairement au discours sécuritaire que l’on entend beaucoup à Mayotte, les idées des parents ayant assisté aux ateliers prônaient davantage la collaboration et la solidarité. « Il n’est pas normal que les gendarmes accueillent nos enfants à la sortie des établissements scolaires », a-t-on notamment pu entendre dans la bouche de certains parents visiblement offusqués par cette situation. De même, nombreux se sont dit choqués par l’emploi fréquent du terme de « parents démissionnaires ». « La plupart sont très engagés, ils ont compris leur responsabilité, mais se retrouvent dépassés par le comportement de leurs enfants », a insisté Archimède Saïd Ravoay. « Ils ont donc besoin d’être accompagnés par les institutions. Il faut engager la responsabilité des mairies pour créer des lieux de rencontre, des centres de loisirs », a-t-il donné comme proposition de solution.
L’extrême précarité et les reconduites fréquentes à la frontière de parents sont également l’une des explications de ce trouble du rôle parental à Mayotte. Face à cette situation, beaucoup d’entre eux revendiquent la co-construction et militent pour intégrer les parents des quartiers informels à leur réflexion. « S’ils sont poursuivis par la PAF (police aux frontières) aux abords des écoles maternelles, comment peuvent-ils éduquer correctement leurs enfants ? », s’est interrogé Archimède Saïd Ravoay qui estime qu’il faut au contraire « aller vers ces parents car c’est en les chassant de la sorte que leurs enfants risquent de devenir délinquants ».
Le problème de la perte des repères culturels s’est évidemment également posé. Naviguant entre une éducation parentale mahoraise musulmane et une éducation scolaire venue de l’Hexagone basée sur le principe de laïcité, les enfants ont souvent du mal à s’y retrouver. Des valeurs parfois opposées leur sont en effet données et un « conflit d’autorité » peut naître. Pour éviter cela, le pédagogue Philippe Meirieu a proposé qu’une collaboration active s’engage entre les différents éducateurs de l’enfant. « La solution doit venir d’une solidarité et d’une estime mutuelle entre ces différentes instances éducatives. Les communautarismes ne créent que des conflits », a-t-il déclaré. Il est vrai que dans le contexte de mondialisation, il est de toute façon impossible que les enfants ne reçoivent pas les influences venues d’autres cultures. Pour résumer, si les parents tiennent à ce que leurs enfants continuent de recevoir une éducation ancrée dans leurs traditions phares, celles-ci doivent être ouvertes et se combiner de la manière la plus harmonieuse possible avec les influences venues d’ailleurs auxquels leurs progénitures n’échapperont pas de toute façon.
Archimède Saïd Ravoay s’est montré très optimiste à l’issue de ces Assises. « Il nous faut encore quatre ans pour avoir une bonne évaluation du problème et continuer à trouver des solutions. Mais je suis certain que ce problème de délinquance juvénile massif finira par s’arrêter sur l’île », a-t-il conclu.