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Il tente de voler son téléphone et lui assène 36 coups de tournevis

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L’accusé avait fait appel des 15 ans de prison qu’il avait reçus lors de son procès en première instance, en 2019.

Ce jeudi 22 et vendredi 23 juin un homme de 27 ans comparaît en appel aux Assises de Mamoudzou. Il est jugé pour tentative de meurtre envers un individu à qui il a assené une trentaine de coups de tournevis dans la zone cervicale. Ce premier jour de procès a donné la parole aux principaux intéressés, aux témoins de la scène ainsi qu’aux experts. Ces derniers vont pouvoir faire la lumière sur la personnalité déroutante du jeune accusé et tenter d’apporter au Président, Cyril Ozoux, et aux six jurés les pièces manquantes du puzzle.

L’homme de 27 ans est assis, stoïque. Il fixe les jurés et écoute les échanges tout en se grattant la tête, de temps à autre. Mais plus le procès avance, plus l’accusé montre des signes d’agitation, en se grattant avec nervosité. Ce geste justement est un signe d’angoisse qu’Harouna A. réalise lorsqu’il se trouve dans une situation qui lui est inconfortable. C’est le même geste qu’il aurait effectué de manière compulsive dans la nuit du 15 au 16 mai 2016, alors qu’il venait de commettre une tentative de meurtre sur Halidi A. Si l’accusé a reconnu les faits au moment de son interpellation par la gendarmerie, les raisons de son passage à l’acte restent floues, même sept ans après les faits. La personnalité du jeune homme intrigue et laisse la cour dubitative.

D’un vol à une tentative de meurtre

« Prends mon téléphone mais ne me tue pas ». C’est avec une voix tremblante qu’Halidi A. témoigne et retranscrit la scène qui a changé sa vie devant la cour. L’homme, en pleurs, peine à expliquer avec précision les faits qui se sont déroulés au cours de cette nuit du 16 mai 2016. « Je me rappelle les deux coups de tournevis que j’ai reçus dans le cou mais après je suis tombé par terre et je n’ai plus aucun souvenir », explique-t-il devant la cour. Les deux hommes se trouvaient alors à Kangani, le village où ils vivaient sans vraiment se connaître. « Il arrivait qu’on se croise et qu’on se salue mais c’est tout ».

Ce soir de mai, les deux hommes auraient fait un bout de chemin ensemble. Il était alors minuit quand Harouna A. arrive chez lui et qu’Halidi A. fait demi-tour pour rentrer chez lui à son tour. La scène aurait pu s’arrêter là si Harouna A. n’avait pas tenté de dérober le téléphone d’Halidi A. en le saisissant par derrière, au niveau du cou et en lui bâillonnant la bouche. Si les causes et les circonstances du vol restent encore floues, il semble tout de même clair qu’Halidi A. n’a pas lutté et aurait rapidement cédé son téléphone à son agresseur. Cette réaction n’a pas empêché Harouna A. d’attaquer l’homme d’une « cinquantaine de coups sur le corps dont une trentaine avec le tournevis dans des zones vitales », d’après les rapports médicaux.

Alors qu’Harouna A. a déclaré ne « rien avoir à dire » devant la Cour, le Président a tout de même tenté d’obtenir des informations de la part de l’accusé – notamment au sujet de l’arme blanche utilisée qui n’a jamais été retrouvée par les enquêteurs. L’accusé n’a également pas su expliquer les raisons pour lesquelles il était en possession d’un tournevis. Si d’après l’adjudant-chef de la gendarmerie, la tentative de meurtre ne semblait pas préméditée, Harouna A. a tout de même assené deux coups de tournevis qui auraient pu être mortels.

L’un des coups portés a d’ailleurs causé un œdème pulmonaire à Halidi A. qui a reçu 30 jours d’ITT après avoir été en réanimation pendant une dizaine de jours.

Un homme dont la personnalité divise et intrigue

« Il est rappelé aux jurés que l’accusé est présumé innocent et que le doute doit lui profiter ». Difficile pour les jurés de se tenir à cette phrase procédurale du Président en début d’audience alors que l’homme qui est assis en face d’eux a un passif de meurtrier. Harouna A. a tué l’un de ses codétenus en prison seulement un mois après la tentative de meurtre pour laquelle il comparaît aujourd’hui. L’homme, alors âgé de 21 ans au moment des faits, a étranglé son camarade de cellule. Le Président a rappelé à plusieurs reprises que l’analyse psychiatrique faite après ce meurtre avait déclaré que Harouna A. était atteint de schizophrénie indifférenciée à tendance hallucinatoires.

De son côté, Sami Hamidi – expert psychologue qui a analysé sa personnalité lors de la tentative de meurtre – a déclaré qu’il avait un « niveau intellectuel inférieur à la moyenne » et ne faisait preuve « ni de regrets, ni d’introspection ». L’enquête de personnalité menée à la suite de cette tentative d’homicide révèle qu’Harouna A. n’a visiblement pas vécu de traumatisme dans sa vie mais a sans doute manqué de repères et d’encadrement.

L’audition de ce jeudi aura également été l’occasion d’écouter les témoignages des proches de l’accusé. Il est décrit comme « une personne calme et sans histoires », d’après son neveu et qui « n’a jamais fait de mal à personne ». Ce dernier avoue même avoir été surpris d’apprendre les faits et a déclaré devant la cour qu’il ne pense pas que son « tonton » – comme il l’appelle – ait pu commettre de telles choses. Le Président, Cyril Ozoux, s’est empressé de reprendre l’homme en lui rappelant que plusieurs experts avaient analysé les faits et qu’un témoin avait vu la scène.

Les auditions se sont enchaînées tout au long de la journée et doivent se poursuivre ce vendredi 23 juin. La cour doit encore éclaircir quelques points sur la personnalité de l’accusé grâce à l’intervention de l’expert psychiatre. Si aucun trouble psychologique n’est reconnu chez l’accusé, ce dernier risque la peine maximale de réclusion criminelle à 30 ans d’emprisonnement.

Des convaincues dans la communauté mahoraise en métropole

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De gauche à droite, Fatima Djanfar Abdou, Siti Soidiki et Amina Haribou défendent à Marseille une position proche des collectifs locaux mahorais, en total soutien avec l’opération Wuambushu en cours sur leur île natale.

Alors que les ministres Gérald Darmanin et Jean-François Carenco seront à Mayotte, ces samedi 24 et dimanche 25 juin, d’autres suivent de près l’évolution de l’opération Wuambushu, commencée officiellement le 24 avril. Il s’agit des Mahoraises installées en métropole. Rencontre avec le collectif MEM (Mayotte en mouvement), qui a la particularité de défendre un point de vue mahorais dans une ville où s’est fortement implantée la communauté comorienne.

Parties adolescentes de leur île, Amina Haribou, Fatima Djanfar Abdou et Siti Soidiki n’en gardent pas moins un œil attentif sur ce qu’il se passe dans l’océan Indien. Les trois mères de familles, désormais à Marseille, font partie du collectif MEM, un réseau de Mahorais qui n’hésite pas à battre le pavé pour alerter les pouvoirs publics sur les crises que traversent l’île aux parfums. Évidemment, l’actualité de ces dernières semaines fait que leur dernier combat est de soutenir l’opération Wuambushu en cours, car celle-ci suscite à la fois l’intérêt et l’adhésion de ces marseillo-mahoraises. Elles viennent d’ailleurs de participer à une manifestation pro-Wuambushu à Toulouse. « Nos élus ont été entendus. Ça fait dix ans que la situation s’est dégradée. Que les Mahorais se font tuer, que les enfants se font agresser », estiment les trois femmes rencontrées dans le parc de Font Obscur, dans les quartiers nord de Marseille, ce mercredi après-midi. Pour des raisons financières, elles font peu le trajet vers leur île natale, mais ont régulièrement des nouvelles de leurs proches aux quatre coins de l’île et constatent la montée de l’insécurité. « Quand je suis chez moi, à Labattoir, j’ai peur de sortir. Ce n’est pas une vie », considère Fatima.

Comme les membres des collectifs que l’on peut croiser à Mayotte, elles défendent une fermeture plus stricte de la frontière entre leur île natale et ses voisines, ainsi qu’une expulsion massive des Comoriens. A l’instar de beaucoup de pro-Wuambushu, elles se défendent elles aussi d’être « xénophobes ». « Avant, on vivait en harmonie avec les autres communautés », fait remarquer Amina. Faisant très vite le rapport entre l’insécurité et l’immigration importante, elles expriment des attentes pas seulement envers l’État, mais également à l’attention des élus pour qu’ils empêchent des occupations illégales de terrains et des marchands de sommeil. « Il faut que tout le monde fasse le ménage », poursuit la même avec l’accent chantant.

Deux visions dans une même ville

Ce discours n’est pas forcément celui qu’on entend le plus souvent à Marseille. D’ailleurs, leur soutien à l’opération Wuambushu ne passe pas toujours dans cette ville où la communauté comorienne est très présente et a déjà organisé elle aussi des manifestations pour clamer cette fois leur opposition à l’action de l’État français. « On est des débutants de la manifestation par rapport à eux », reconnaît Siti Soidiki, arguant que les Comoriens installés en France se font souvent entendre dans les grandes villes pour dénoncer le régime autoritaire d’Azali Assoumani. Alors comment se passe la cohabitation dans les quartiers où les deux communautés se retrouvent ? « Elle est plus difficile, surtout depuis l’opération. J’étais souvent avec des Comoriens, mais j’ai vu leurs vrais visages », admet Amina Haribou, qui se pare avec fierté du drapeau d’ylangs-ylangs, même si elle suscite le regard insistant d’autres voyageurs dans le bus. Impliquée localement, notamment dans l’association des parents d’élèves de l’école de ses enfants, elle se retrouvait souvent aux côtés de membres de la diaspora comorienne. « Beaucoup ont appris que j’étais Mahoraise avec l’opération », indique-t-elle.

« Certaines Comoriennes comprennent, j’en connais deux ou trois. Mais c’est compliqué de le dire vis-à-vis de leur communauté », complète Siti. « Ce sont des hypocrites », renchérit Amina, qui n’a pas l’habitude de garder sa langue dans sa poche. « Certains sont là parce qu’ils sont passés par Mayotte. » La question de la souveraineté de Mayotte y est bien sûr pour quelque chose dans leur colère, car les manifestations locales anti-Wuambushu servent souvent de porte-voix aux défenseurs « d’une Mayotte comorienne ». « Ils mélangent ça avec la loi Immigration de Gérald Darmanin », pestent les trois mères de famille.

Alors que le président de la République, Emmanuel Macron, vient bientôt au chevet des écoles marseillaises, c’est davantage envers son ministre de l’Intérieur et des Outre-mer que va désormais leur confiance. « On voudrait le remercier pour ce qu’il fait à Mayotte et l’inviter à venir nous voir, parce que nous aussi, on a des choses à dire », fait remarquer Amina.

À Mamoudzou, tous acteurs de la propreté

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Ambdilwahedou Soumaïla, maire de Mamoudzou et Dhinouraine M’colo Mainty, premier adjoint présentant la nouvelle mascotte et le nouveau slogan de la campagne de sensibilisation et de communication du Plan propreté Mamoudzou 2030.

Dans le cadre de son Plan de propreté 2030, la Ville de Mamoudzou lance un programme de sensibilisation afin de lutter contre l’insalubrité, avec un plan de communication dédié à ce projet. Ce jeudi matin, Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de la commune et son adjoint, Dhinouraine M’colo Mainty ont présenté les grandes lignes de cette campagne, lors d’une conférence de presse.

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Ce jeudi matin, lors d’une conférence de presse dans les locaux de l’hôtel de ville de Mamoudzou, les grandes lignes de la campagne de sensibilisation ont été présentées.

La propreté urbaine est « un enjeu de territoire, au-delà même de Mamoudzou », affirme le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla. Elle a donc été décrétée cause communale pour les dix prochaines années. Pour lutter contre les déchets jetés au sol, les dépôts sauvages ou encore les véhicules hors d’usage abandonnés, la Ville de Mamoudzou a décidé, en septembre 2021, de lancer son Plan propreté 2030. Dans la continuité des actions menées, a été officiellement lancée une campagne de sensibilisation de lutte contre l’insalubrité. Ce jeudi matin, lors d’une conférence de presse, le slogan « J’aime Mamoudzou, Ville propre » a été présenté, tout comme la nouvelle mascotte pour ce plan de communication, qui est un jeune garçon et « saura mieux transmettre les messages aux petits et grands », précise Dhinouraine M’colo Mainty, premier adjoint de Mamoudzou.

Changer les mentalités sur le long terme

Les objectifs principaux de cette campagne sont d’ancrer des réflexes de propreté, tels que les premiers gestes à adopter, le respect du rythme des collectes. Le but est également d’informer les habitants sur les dispositifs accessibles et de responsabiliser le citoyen, en rappelant les bonnes pratiques et la réglementation. « On sait que pour changer les mentalités, cela mettra beaucoup de temps, nous ne sommes pas dupes, mais en réalité, si nous ne commençons pas aujourd’hui, alors dans dix ans, on se retrouvera avec un territoire jonché de déchets », admet le premier magistrat de la commune. Sur la même longueur d’onde, le premier adjoint ajoute que « si on ne les change pas, on n’y arrivera pas ».

Cette campagne de grande envergure, consiste à sensibiliser sur les comportements éco-responsables, faire changer les mentalités ou encore de rendre les habitants acteurs de la propreté urbaine. Des actions de sensibilisation médiatiques comme la mise en place d’un véhicule ambulant – en lien avec la communauté d’agglomération Dembéni – Mamoudzou – et l’organisation de concours inter-écoles et inter-quartiers. En effet, de nombreuses associations seront mobilisées pour une meilleure transmission des messages. Un guide des bonnes pratiques sera lui-aussi diffusé.

Une tournée pour une sensibilisation renforcée

Il a été décidé de mettre en place une tournée de sensibilisation, intitulée « Nariparane ». Débutée ce mercredi 21 juin, elle sillonnera les villages et quartiers de la commune, « pour aller prêcher la bonne parole », soutient Dhinouraine M’colo Mainty. À la fin de cette tournée, qui se clôturera le 22 juillet, l’élu prévient qu’il y aura des sanctions. Mais à Mayotte, cela est rendu difficile, car pour pouvoir verbaliser une personne, « il faut connaitre son identité ». C’est donc pour cela que la sensibilisation est renforcée. Néanmoins, des amendes pourront être appliquées en cas de non-respect, avec un montant minimal de 38 euros. « On va donner des instructions très fortes à la police municipale et aux agents de la brigade de propreté, afin qu’il puisse doucement, mais sûrement, faire comprendre à la population qu’il y aura des sanctions », abonde l’adjoint. Actuellement, pour compléter le projet, la Ville travaille avec la préfecture afin de pouvoir lancer la vidéoverbalisation.

Sans aucun doute, cette campagne s’adresse aux habitants de Mamoudzou, mais aussi aux associations, acteurs économiques et plus généralement, à toute la population de Mayotte.

« Mamoudzou est l’une des communes de France où l’on fait le plus de collectes de déchets », regrette-t-il. Au global, ce sont 86 agents de la commune dédiés à la propreté urbaine. La ville prévoit d’investir plus de 1,2 million d’euros sur la propreté et d’augmenter en moyenne son budget annuel de fonctionnement de 500.000 €.

« Il faut sécuriser vos activités et vos données »

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Carla Baltus, présidente du MEDEF de Mayotte et Sulliman Omarjee, avocat qui animait la conférence. L’initiative venait du MEDEF, qui pense que cette problématique de sécurité numérique ne cessait d’être repoussée.

Apprendre à gérer et protéger ses données, c’est ce que veut développer l’avocat en propriété intellectuelle et droit du numérique, Sulliman Omarjee. Au siège du MEDEF (Mouvement des entreprises de France) de Mayotte à Kawéni, des représentants d’entreprises se sont réunis pour apprendre à se protéger numériquement.

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Les représentants d’entreprises étaient assidus et curieux. Les questions ont fusé, beaucoup n’étaient pas au courant de la protection qu’ils peuvent avoir.

Rassemblés autour de tables, les entrepreneurs mahorais étaient venus en apprendre plus sur la cybersécurité et comment préserver leurs données. Une inquiétude plane dans la salle : « Ça fait peur tout ça, on ne maîtrise pas nos données, sans s’en rendre compte, on partage nos données et après on ne peut pas les récupérer », déclare Carla Baltus, présidente du MEDEF de Mayotte. « Il faut sécuriser vos activités et vos données », affirme Sulliman Omarjee, avocat de propriété intellectuelle et données personnelles et droit du numérique.

« Nous sommes à des années-lumière de tout ça nous à Mayotte. L’illettrisme, le manque d’éducation l’économie informelle, beaucoup ne sont pas informés. Ne peut-on pas sensibiliser plus les entreprises ? », réplique la présidente. La cybersécurité à Mayotte n’est pas la priorité pour le moment. Beaucoup de petites entreprises ne se sentent pas concernées par la défense de leurs données. Equipée d’un green data center, Mayotte va commencer à être vulnérable à la question des cyber-attaques et à la défense de ses données. « Développer des futurs techniciens et des futurs ingénieurs devient essentiel, il faut encourager cela », affirme Mouhamadil Andjilani, directeur adjoint d’Etic Services. Avec le développement numérique de Mayotte, le directeur craint un manque de personnel qualifié dans ce domaine.

Malgré tout, les attaques numériques sont présentes sur l’île. « Nous, à Etic Services, nous n’avons eu que deux clients victimes d’attaques. Mais ça arrive quand même, par exemple avec le Centre hospitalier de Mayotte. C’est un sujet un peu tabou, les personnes ciblées ne veulent pas que cela se sache », confie le directeur adjoint. En effet, en 2021, environ 400 cyber-attaques avaient ciblé le CHM. Il ajoute que la meilleure chose à faire est de s’emparer des solutions proposées.

Quelles solutions contre ses cyber-attaques ?

Les solutions possibles sont les chartres informatiques ou encore engager un délégué à la protection des données (DPO). Le rôle de ce délégué est de surveiller ses données et vérifier comment, et à qui elles sont partagées. La charte juridique, c’est le document juridique qui sert de référence au niveau de l’utilisation des données, ce qui protège donc les utilisateurs. « Il est essentiel de mettre en place des chartres informatiques, malheureusement, peu de gens sont au courant », déplore l’avocat. Il ne partage pas l’avis de la présidente au sujet de l’inaccessibilité à ses solutions protectrices. « Je ne pense pas que Mayotte n’ait pas d’accès à ces solutions-là, ni qu’elle soit en retard. La mise en œuvre de tout ça dépend du développement des entreprises qui s’installent, leurs besoins en connectivité, et plus elles vont avoir besoin d’échanger des données, plus elles vont avoir besoin d’acteurs qui vont sécuriser leurs flux », soutient Sulliman Omarjee. « Il faut adapter ses solutions à l’environnement numérique mahorais », ajoute-t-il.

« Il n’y a pas de solutions territoriales contre ses attaques, Simplement, la première chose à faire c’est surtout de la sensibilisation », explique Mouhamadil Andjilani. La sensibilisation à la cybersécurité est en train de s’imposer comme nécessaire sur le territoire mahorais. Selon lui, il faudrait apprendre aux salariés d’une entreprise et les sensibiliser à comment gérer les données. Ne pas répondre aux mails suspects, ne pas cliquer sur n’importe quel lien et créer des formations pour ces personnes. Il ajoute que « les entreprises pourront être équipées des antivirus les plus puissants, nous ne pouvons pas être tout le temps derrière les personnes pour leur expliquer où cliquer et où ne pas cliquer ».

Des points de contrôles routiers renforcés

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Ce jeudi matin, quinze points de contrôle, menés par la gendarmerie, ont eu lieu en simultané sur l’île.

La gendarmerie a réalisé une vaste opération de contrôles routiers sur quinze points de l’île, ce jeudi matin. Au total, 150 gendarmes étaient engagés sur l’ensemble du dispositif et contrôlaient les usagers de la route sur Grande et Petite-Terre. A Tsararano, cette opération a mobilisé une quarantaine de gendarmes.

Cette opération de contrôle routier est réalisée dans l’optique d’une stratégie de zone à l’échelle du département. « Notre objectif, c’est d’aller réellement sur un renfort de notre présence pour lutter efficacement contre l’immigration clandestine », affirme le général Olivier Capelle, commandant la gendarmerie de Mayotte. Ce jeudi matin, dès 5h30, la trentaine de gendarmes s’affairaient à contrôler les véhicules provenant des différents axes routiers au niveau du rond-point de Tsararano. Lors d’un contrôle comme celui de ce jeudi matin, les forces de l’ordre sont appuyées par une structure spécifique de pôle OQTF (obligation de quitter le territoire français), « qui permet donc de prendre en charge des étrangers en situation irrégulière, qui sont interpellés », complète le préfet de Mayotte, Thierry Suquet.

« On remplit deux objectifs majeurs »

En plus du contrôle fixe, deux unités mobiles de gendarmes circulent et renforcent le dispositif. « Elle permettent de faire le lien entre deux postes de contrôle », explique le colonel Jonathan Voisin, commandant de la brigade d’Orléans. Si un automobiliste venait à refuser de coopérer, ces patrouilles sont alors les primo intervenantes. « Elles sont également là pour faire de la sécurité publique, que ce soit en véhicule ou à pied », complète-t-il. Lors de ces contrôles actuellement renforcés, « on remplit deux objectifs majeurs, à la fois de présence de sécurité publique générale et également de recherche en vue d’interpeller des étrangers en situation irrégulière », admet le général.

Les contrôles matinaux montrent un renfort de la présence des gendarmes pour lutter efficacement contre l’immigration clandestine. « On sait qu’on a énormément de mouvements tôt le matin et dans l’après-midi d’étrangers en situation irrégulière, qui peuvent aller à des activités professionnelles particulières », reconnait le général. C’est là, où les forces de l’ordre doivent effectuer les contrôles. La répétition de ces derniers marque une présence sur le terrain des forces de l’ordre. Le passage est obligatoire par l’un des points, avec un réseau d’axes routiers relativement contraint. « D’une façon où d’une autre, pour quelqu’un qui doit embaucher, il tombera sur un élément de contrôle de la gendarmerie », confirme-t-il. Installés sur la journée, les points de contrôle deviennent alors inévitables.

Des dispositifs complémentaires

Ces contrôles se déroulent à quelques jours avant l’arrivée du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, qui sera ce week-end à Mayotte. L’opération Wuambushu, débuté il y a deux mois, devait permettre d’accélérer les opérations de lutte contre la délinquance, les démolitions d’habitats insalubres et la lutte contre l’immigration clandestine. « On a obtenu beaucoup de renforts pour le faire », concède le délégué du gouvernement. Le ministre va « venir effectivement tirer les bilans. Mais je crois surtout que dans l’esprit du ministre […], c’est comment on va continuer », note le préfet. En effet, l’objectif serait de poursuivre ce qui est déjà déployé et « de considérer que ce qu’on a mis en place ces dernières semaines, doit perdurer ».

Une lutte contre l’immigration clandestine menée sur terre, mais qui continue également en mer. « Les dispositifs sont complémentaires », affirme Thierry Suquet. Des navires se trouvent en mer en permanence, notamment une vedette de la gendarmerie maritime et deux intercepteurs qui permettent d’aller au-devant des embarcations arrivant des Comores. En parallèle, une couverture aérienne est également assurée avec des rotations quotidiennes d’avions qui complètent le dispositif. Sans pour autant valider l’arrêt des arrivées des navires clandestins, le délégué du gouvernement assure que « une partie des kwassas interceptés étaient beaucoup moins remplis ».

« Je suis libre, je le paye cher mais c’est ce qui me permet d’avancer »

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Le 19 juin 2022, Estelle Youssouffa accédait pour la première fois au poste de députée. Une nouvelle étape pour cette ancienne journaliste qui a fait le choix de défendre Mayotte envers et contre tous. Il s’agit d’une suite logique après plus de quatre ans de militantisme dans le collectif qu’elle a créé en 2018. Depuis un an, la parlementaire s’attèle à faire connaître les problématiques du 101ème département au niveau national, en multipliant les prises de paroles à l’Assemblée Nationale et dans les médias. Et si elle est déterminée à tirer le territoire vers le haut, elle doit parfois se plier aux exigences et au rythme du gouvernement qui ne va pas toujours dans son sens.

Mayotte Hebdo : Vous faites l’actualité avec ce rapport parlementaire sur les pressions migratoires, notamment à Mayotte. Il a fait beaucoup de bruit, y compris en dehors de la commission. Est-ce que cela vous fait plaisir ?

Estelle Youssouffa : Je ne travaille pas pour faire plaisir, je travaille pour avoir un impact. Et oui, je suis heureuse qu’il y ait des échos parce que cela fait connaître au plus grand nombre la situation dans laquelle on est à Mayotte, notre réalité. Ce rapport permet de mettre chacun face à ses responsabilités, en ayant un diagnostic partagé. Et ce rapport sera appelé à nourrir le débat sur la loi Asile et Immigration qui devrait être présentée au Parlement dans les prochains mois.

M.H : L’autre actualité c’est l’opération Wuambushu avec des débuts compliqués même s’il y a eu des arrestations. Quel est votre sentiment en ce moment ?

E.Y : Wambushu est axée sur 3 piliers : les arrestations des criminels et délinquants pour ramener la paix à Mayotte, la destruction des bidonvilles et les reconduites à la frontière. Les forces de l’ordre ont été déployées en masse et ont agi avec des interpellations qui nous ont permis de retrouver une vie normale, c’est notable. Cela vient contredire les défaitistes qui estimaient que la situation à Mayotte est impossible à régler, inextricable. Wambushu prouve que si on met les moyens, on peut agir et que la violence n’est pas une fatalité. Mais je suis consternée de voir que des recours en justice ont empêché le volet de la destruction des bidonvilles qui n’a absolument pas pris l’ampleur dont l’île a besoin. Je suis aussi consternée de voir que le blocage au niveau des Comores et l’inertie du Quai d’Orsay ont empêché les reconduites à la frontière. Le ministère de l’intérieur a tenu son engagement en augmentant les effectifs des forces de l’ordre qui ont ramené le calme dans l’île, mais le volet de reconduite et des destructions des bidonvilles ont été empêchés. C’est regrettable : l’opération étant appelée à continuer, on peut corriger le tir. Je pense que Wambushu aura aussi permis de mettre les projecteurs sur Mayotte et le reste du pays a pris conscience de la gravité de la situation. Cela a permis d’informer l’ensemble des acteurs politiques, médiatiques et finalement, cela nous a donné une plateforme importante pour lancer notre appel à l’aide et sortir de l’isolement dans lequel nous étions. Cette opération aura au moins permis cela et c’est très important politiquement pour faire avancer Mayotte.

M.H : Mayotte souffre également de manque d’eau. Nous sommes à quatre coupures d’eau par semaine et nous serons bientôt à 5. À la rentrée scolaire il n’y aura peut-être plus d’eau…

E.Y : Ce n’est pas peut-être, c’est certain. Le préfet annonce des coupures d’eau d’ici août, septembre à hauteur de 6 jours par semaine.

M.H : Et malgré tout cela, on ne voit pas poindre la deuxième usine de dessalement, ni la troisième retenue collinaire. Comment pouvez-vous faire avancer les choses au Parlement ?

E.Y : Pour ma part ce n’est pas faute d’avoir alerté, poussé, crié dans l’hémicycle et en réunion avec le gouvernement, mais on ne peut que constater la surdité des services de Paris et de la préfecture sur le sujet. Je pense que vous avez tout l’historique de mes interventions. Je ne suis pas dans l’Exécutif. Nous avons un préfet et le cabinet de la première ministre qui regardent les bras ballants la sécheresse avancer. Ils organisent un “plan eau” national sans inclure Mayotte…. Je ne peux pas faire davantage pour alerter.

Retrouvez l’intégralité de l’interview dans le Mayotte Hebdo (n°1049)

Le ras-le-bol des chauffeurs de taxi

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L'accès au parking du quai Issoufali à Dzaoudzi est l'une des raisons de la grogne des conducteurs de taxi.

Grogne chez les chauffeurs de taxi en Petite-Terre. Face à l’augmentation importante des contrôles de passagers en situation irrégulière sur le territoire, ils enregistrent un grand manque à gagner. Ils lancent un appel au préfet pour obtenir une mesure compensatoire.

« Si ça continue comme ça nous allons faire une grève illimitée et le préfet requestionnera les véhicules de gendarmerie pour faire taxi à notre place ! ». Le moins qu’on puisse dire c’est que les conducteurs de taxi de Petite-Terre sont lassés des conséquences pécuniaires pour leur profession consécutives à l’opération « Wuambushu », initiée par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Ils affirment n’avoir absolument rien contre cette mesure sécuritaire pour l’île, mais ils mettent en avant le manque à gagner qu’elle engendre pour leur activité. Ils sont très nombreux à dénoncer une absence de considération de leur profession par le préfet de Mayotte.

Dans la quasi-impossibilité de travailler

« Parfois nous avons l’impression qu’on nous prend pour des passeurs comoriens de kwassas-kwassas, ce que nous ne sommes pas, que nous n’avons jamais été et que nous ne serons jamais ! Nous sommes des artisans chauffeurs de taxi, des chefs d’entreprises et des contribuables comme d’autres. Nous payons nos impôts et nous n’acceptons pas le traitement qu’on nous inflige », lance Bilal, résidant à Pamandzi. Par traitement infligé, il faut comprendre un manque à gagner qui ne cesse de prendre de l’installation dans la durée de l’opération « Wuambushu ». Il se déclarent dans la quasi-impossibilité de travailler, tant ils se considèrent les premières victimes des contrôles de gendarmerie opérés sur le boulevard des crabes, entre le rond point du Four-à- chaux, à Labattoir et le rocher de Dzaoudzi, le lieu de départ et d’arrivée des barges. À l’approche de la visite de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, ils ont décidé de hausser la voix pour réclamer des mesures compensatoires face au manque à gagner qu’ils subissent.

« Si ça continue comme ça, nous allons tous un jour déposer le bilan. Par jour nous sommes contrôlés plusieurs fois sur ce tronçon de route par les mêmes patrouilles de gendarmerie, à l’aller comme au retour. Ça commence à Four-à- chaux, ensuite à Dzaoudzi, ensuite sur le parking de la jetée Issoufali devant la barge. Au retour c’est le même rituel à Foungoujou devant l’entrée du STM ». Sims, un autre chauffeur de taxi explique qu’ils n’ont rien contre le travail des forces de l’ordre, mais s’inquiète devant le nombre de clients qu’ils perdent au cours de ces contrôles avant même qu’ils n’aient le temps de payer leur course.

Une mesure qui se répète 3 fois par jour aux mêmes endroits

Il accuse les représentants syndicaux de leur profession, de ne rien faire, alors qu’ils sont au courant de cette situation qui s’aggrave. « Il y en a un qui est fort en gueule mais qui n’agit jamais, les autres se planquent en Grande-Terre et feignent de ne rien savoir. Si cette situation perdure, nous n’excluons pas de faire une grève illimitée, le préfet devra alors faire appel aux forces de l’ordre pour faire le taxi à notre place. Les autorités ne se rendent pas compte que certains d’entre nous ont des crédits bancaires à payer pour leur activité et que la situation actuelle ne concoure pas à cela ». Au cœur de cette grogne, les passagers ne disposant pas de titre de séjour qui se font embarquer par les forces de l’ordre au cours des dits contrôles. Les artisans chauffeurs de taxi estiment qu’il n’est pas de leur ressort de vérifier la régularité de leur situation avant qu’ils ne montent à bord de leur véhicule. Pour eux, un contrat moral est établi entre eux et leurs clients pour les conduire d’un point A à un point B à raison de 2 € la course par personne. Par conséquent, ils souhaiteraient des gendarmes que les contrôles s’effectuent au bout de leur trajet et non pendant, de sorte que les passagers s’acquittent de leurs frais. À défaut, qu’ils suivent le taxi jusqu’au point d’arrivée du client reconnu sans papiers, afin que ce dernier soit contraint de payer sa course. Cette revendication ne serait pas nouvelle, selon certains chauffeurs de taxi, elle reviendrait sans cesse sur la table à chaque fois qu’ils ont à négocier avec l’autorité préfectorale. « C’était déjà le cas lors des trois dernières grèves que nous avons observé pour demander une revalorisation du coût de la course », indique Mohamed, un autre chauffeur de taxi. Mais ce n’est pas la seule entrave à l’exercice de leur métier qu’ils pointent du doigt. Ils soutiennent avoir obtenu des pouvoirs publics que les véhicules de gendarmerie ne soient pas stationnés sur les emplacements réservés sur le parking du quai Issoufali lors des contrôles d’identité à la sortie des barges. « Cette mesure a été respectée pendant quelques temps avant d’être systématiquement ignorée depuis cette affaire de Wuambushu. Trois fois par jour c’est exactement le même rituel, comment voulez-vous qu’on gagne notre vie, qu’on paie nos impôts et qu’on s’occupe de nos familles ? ». Ils se défendent tous d’être en opposition avec l’opération Wuambushu, ils veulent juste une juste compensation devant l’explosion de leur manque à gagner.

La digitalisation pour le développement des entreprises locales 

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Haouthani Massoundi au salon VivaTech 2023 à Paris.

Mayotte In Tech, le GEMTOUR et la Chambre de commerce et d’industrie organisent le premier atelier d’accompagnement à la digitalisation gratuit pour les petites et moyennes entreprises, ce samedi 24 juin, à Pamandzi. Dans cet article, Haouthani Massoundi, directrice de Mayotte In Tech, revient sur la nécessité de cet événement, et fait le point sur le programme de la journée. 

Flash Infos : Pourquoi cet atelier d’accompagnement à la digitalisation est-il nécessaire à Mayotte ?

Haouthani Massoundi : Cet événement a été organisé à l’initiative de Mayotte In Tech, avec l’aide du GEMTOUR que nous avons sollicité, car nous sommes une petite équipe. C’est un projet que nous avions depuis le début de l’année. On souhaite sensibiliser le territoire, parce que l’on s’est rendu compte qu’aujourd’hui, sur Mayotte, il y a beaucoup de petites et moyennes entreprises qui ne suivent pas le développement numérique et la digitalisation. Le risque, c’est que si ces entreprises n’arrivent à se faire connaître, elles ne puissent plus vendre, contrairement aux autres qui suivent la digitalisation et que l’on voit se développer. Tous les acteurs économiques sont concernés. Même les agriculteurs, même les artisans. L’adaptation aux outils digitaux est une nécessité pour Mayotte, et c’est pareil aux alentours.

F.I. : Pourquoi un grand nombre d’acteurs économiques mahorais ne maîtrisent-ils pas la digitalisation ? 

H.M. : Mayotte est un petit territoire, on a eu accès au haut débit en 2012, 10 ans après, on commence à déployer la fibre. Nous ne sommes pas en retard en soi, nous avons juste besoin des moyens nécessaires pour suivre cette évolution, afin que les acteurs économiques locaux puissent s’approprier les outils qui leur sont proposés sur le territoire. Par exemple, à Mayotte, beaucoup de Doukas (petits commerces) sont détenus par des personnes âgées, qui parlent peu français. Pour les aider à se développer, il y a plusieurs start-ups qui sont en train de créer des applications adaptées spécialement pour eux, mais elles sont méconnues par ces acteurs. 

F.I. : Qui peut participer à cet atelier ? 

H.M. : Tous les acteurs économiques de Mayotte qui sont des TPE (très petites entreprises) ou des PME (petites et moyennes entreprises) et qui ont à minimum deux ans d’activités peuvent y participer, comme les artisans ou les commerçants. On considère qu’en dessous de ces deux ans d’activité, les entreprises sont au stade de démarrage, ces ateliers-là ne leur sont pas destinés. Samedi, on répartira les participants en trois groupes : les novices, les moyens, et les avancés. Chaque groupe sera accompagné par un prestataire, adhérent à Mayotte In Tech.

F.I. : Quels sont les grands objectifs de cet événement ? 

H.M. : Pour les novices, l’atelier va leur permettre de faire leurs premiers pas, de s’approprier les différents outils informatiques digitaux qui existent. Par exemple, ils pourront repartir en ayant créé une page Instagram, pour donner de la visibilité à leur entreprise. Le groupe des moyens, c’est-à-dire ceux qui ont déjà commencé à vendre sur internet, mais qui ne savent pas trop comment faire, apprendront à faire le bon choix pour leur stratégie de communication. Enfin, pour les avancés, qui maîtrisent déjà ces aspects, on les aidera au niveau du référencement.  L’objectif est de montrer aux acteurs économiques mahorais comment faire pour s’approprier les différents dispositifs qui sont mis en place sur le territoire. Nous voulons recueillir leurs besoins, pour pouvoir leur proposer des solutions adaptées.

F. I. : Comment va se dérouler la journée de samedi ?

H.M. : Après avoir accueilli les acteurs économiques présents, on les divisera en trois groupes de niveau, chacun mené par un prestataire. Ces derniers mèneront différents ateliers. Tout d’abord, il y aura une formation de 2H30 avec de la pratique, c’est pourquoi nous demandons aux participants de venir avec un téléphone ou une tablette. Afin d’avoir de la connexion, nous avons réquisitionné un bus numérique de la cité des métiers. Après chaque atelier, des start-ups présenteront leur activité, et les solutions qui existent sur le territoire pour suivre la digitalisation. À la fin de cette journée, les acteurs économiques présents auront la possibilité d’être par la suite suivi par petits groupes de 6 à 8 personnes s’ils veulent. D’autres ateliers seront aussi organisés, comme à Vahibé le 15 juillet. On va circuler un peu partout sur Mayotte, toujours en partenariat avec les communes. 

Si vous travaillez dans une TME ou Une PME et que vous souhaitez en savoir plus sur l’événement, contactez Mayotte In Tech à l’adresse mail suivante : contact@mayotteintech.yt

Mayotte représentée au salon VivaTech

Mayotte In Tech s’est rendue la semaine dernière à la 7ème édition du salon de l’innovation technologique VivaTech à Paris. Créé en 2016, cet événement annuel a pour objectif de rassembler toutes les start-ups du monde entier, afin de valoriser l’innovation technologique. Cette année, l’événement a duré quatre jours, et a rassemblé pas moins de 150 000 visiteurs, dont 2 400 start-ups.

Étude de potentiel commercial à Koungou

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La ville de Koungou, en partenariat avec l’ANCT et la préfecture de Mayotte a lancé une étude sur le potentiel commercial de Koungou afin d’établir un état des lieux de l’offre économique des six villages, de connaitre les habitudes de consommation des habitants et de comprendre leurs besoins. La ville enquête ses habitants et commerçants pour connaitre leurs besoins et idées sur le commerce. Les données récoltées alimenteront directement les futurs projets de la ville. Vous souhaitez participer et avoir un impact sur le développement économique de vos villages ? Vous avez jusqu’au 9 juillet pour répondre au questionnaire en ligne sur ce lien : https://s.pointerpro.com/consokoungou2023 . Pour les commerçants qui n’ont pas pu participer aux temps d’échanges et de concertations qui se sont tenus dans les villages, vous pouvez transmettre vos retours à l’adresse : urbanismefoncier@koungou.fr

La communauté de communes de Petite-Terre au défi de la mobilité durable

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La communauté de communes de Petite-Terre, qui ne possède pas la compétence d’autorité organisatrice de la mobilité sur son territoire, mène tout de même des projets de mobilité durable, dans une politique menée en partenariat avec le conseil départemental de Mayotte. L’ambition de l’intercommunalité est de faire de Petite-Terre un modèle de territoire durable dans le secteur de transport et de la mobilité, à l’horizon 2026. « Relever le défi de la mobilité durable en Petite Terre est essentiel pour le développement du territoire, son attractivité et la création d’emplois. Le dynamisme du territoire dépend donc largement de son accessibilité, via tous les modes mais surtout les transports en commun, la marche et le vélo », informe la communauté de communes de Petite-Terre.

Le 2 juin 2023, le conseil communautaire de la communauté de communes de Petite Terre a arrêté par délibération son projet de plan de mobilité simplifié dont l’objectif est de préciser sa stratégie de mobilité et de définir un plan d’actions pour améliorer la mobilité de son territoire, tout en contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cette ambition a été affirmée dans le Plan Climat-Air-Energie Territorial de la communauté de communes approuvé en janvier 2021.

Elaboré dans le cadre de l’appel à projets TENMOD de France Mobilités, opéré par l’ADEME, la stratégie de mobilité proposée dans le plan de mobilité repose sur 4 grandes orientations pour 25 actions visant à développer l’écomobilité dans le territoire : planification urbaine, mobilités actives et partagées, gestion du stationnement, apaisement des vitesses, modes d’organisation innovants, nouveaux services de mobilité, management de la mobilité, numérique, transports plus efficients… Et bien sûr, le déploiement de toutes ces solutions contribue à dynamiser Petite Terre.

Ainsi, l’intercommunalité de Petite Terre s’est engagée à œuvrer pour une mobilité plus durable en tenant compte de la diversité de son territoire, des besoins des publics variés (habitants, actifs, jeunes, retraités, publics fragiles…) et des liens stratégiques avec le plan global de transports et de déplacements de Mayotte.

Le jeudi 15 juin 2023, la communauté de communes de Petite-Terre a démarré son projet de déploiement d’une offre de mobilité multimodale à l’horizon 2025-2026, en complémentarité avec l’offre de transport interurbain du Conseil départemental de Mayotte (autorité organisatrice de la mobilité sur le territoire de Petite-Terre). Soutenu par l’Agence française de développement, ce projet de mobilité durable a pour objectif de faciliter les déplacements des Petiterriens et d’agir en faveur d’une meilleure qualité de vie du territoire. Il s’agit notamment de la création d’une ligne régulière de transport en commun et de développement des mobilités actives et partagées.

En cohérence avec l’Accord de Paris pour le climat et de la Loi d’Orientation des Mobilités, l’intercommunalité de Petite-Terre s’est engagée à réduire son empreinte carbone et à contribuer activement à la neutralité carbone dans le secteur des transports. Dans cet objectif, l’intercommunalité s’apprête à lancer la mission de maitrise d’œuvre pour réalisation de cinq stations de charge photovoltaïque de véhicules électriques à l’horizon 2025. Ce projet est soutenu par de nombreux partenaires comme l’État et l’ADEME.

Nouvel atelier du GIP l’Europe à Mayotte ce vendredi

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Le GIP l’Europe à Mayotte organise un nouvel atelier d’information consacré au financement des opérations de développement économique. Cet atelier est organisé en collaboration avec l’Agence de développement et d’innovation de Mayotte (ADIM). Il se déroulera le vendredi 23 juin 2023, de 9h à 11h, dans les locaux du GIP l’Europe à Mayotte à Tsingoni.

Agriculteurs mahorais, des réunions d’information sur vos droits

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Depuis le 1er janvier 2015, la Mutualité Sociale Agricole (MSA) d’Armorique – Mayotte assure la protection sociale des agriculteurs de Mayotte ainsi que de l’ensemble de leur famille, comme sur le territoire français également. Depuis le 19 juin et jusqu’au 6 juillet 2023, la MSA d’Armorique / Mayotte invite les agriculteurs à des réunions d’information sur leurs droits. A cette occasion les agriculteurs pourront faire le point sur leur situation individuelle et des cartes vitales seront également remises. Les prochaines réunions auront lieu le jeudi 22 juin, à la mairie de Bouéni de 8h à 12h et à la mairie de Chirongui, de 13h30 à 16h30 ; le vendredi 23 juin, au CCAS de Kani-Kéli, de 8h30 à 11h ; le lundi 26 juin, au centre de service social de Hamjago, de 8h à 14h ; le mardi 27 juin, au GVA à Bandraboua, de 8h à 12h ; le mercredi 28 juin, à la mairie de Acoua, de 8h à 12h et à la mairie de M’tsangamouji, de 13h30 à 16h30 ; le jeudi 29 juin, à la mairie de Koungou, de 8h30 à 12h ; le vendredi 30 juin, à l’école primaire de M’tsahara, de 8h à 12h ; le lundi 3 juillet, à la mairie de Dembéni, de 8h30 à 12h et à la MJC de Mangajou, de 14h à 17h ; le mercredi 5 juillet, à la MJC de Tsingoni, de 8h30 à 12h30 ; le jeudi 6 juillet, à la mairie de Dzaoudzi-Labattoir, de 8h à 11h.

Nouveau en station-service : la vente de magazines

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A Mayotte, TotalEnergies vous présente, en station-service, la vente de magazines tout public ! Science & vie, le monde diplomatique, philosophie, mode, Picsou, Hello Kitty, Mickey Mouse….Il y en a pour tous les goûts.

La fête de l’Aïd El Kabir célébrée le jeudi 29 juin 2023

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Le croissant de lune a été observé au soir du lundi 19 juin 2023 à Mayotte. Le mois de Dhoul Hidjah (douzième mois du calendrier lunaire) a débuté, mardi 20 juin 2023. Par conséquent, la date de célébration de la fête de l’Aïd El Kabir est fixée au jeudi 29 juin 2023. Le Grand Cadi de Mayotte, Mahamoudou Hamada Saanda, présente « ses vœux les plus chaleureux et souhaite une bonne et heureuse fête à toute la communauté musulmane de Mayotte ».

Le centre hospitalier de Mayotte étoffe son offre de soins et réalise des coroscanners

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Depuis fin 2022, le service de cardiologie du CHM et le service de radiologie collaborent pour prendre en charge en première intention les patients présentant des pathologies cardiologiques.

Alors que la coronarographie est l’examen de référence en cardiologie, elle est aujourd’hui uniquement réalisable à la Réunion et indispensable en cas d’infarctus du myocarde. Dans le but de poser un premier diagnostic pour les pathologies cardiaques, le CHM a mis en place un nouveau protocole avec une méthode alternative qui se développe : le coroscanner ou scanner coronaire.

Ce scanner des artères du coeur permet d’obtenir des images en coupe fine du coeur et de ses artères mais également des parois et des valves cardiaques. L’acquisition d’un scanner spectral au sein du CHM participe à la mise en oeuvre de ce nouveau protocole. Ainsi, depuis novembre 2022, le service de cardiologie a permis la réalisation de 50 coroscanners à Mayotte et la détection rapide de 4 cas urgents nécessitant une EVASAN vers La Réunion. L’ambition du Centre Hospitalier est d’avoir un service de cardiologie, à court terme, un service de cardiologie capable de prendre en charge l’ensemble des patients, et ainsi, diminuer le recours aux évacuations sanitaires, de manière significative.

Le CHM a formé 4 manipulateurs en radiologie capable de faire ces imageries. La mise en service prochaine d’un nouveau scanner au sein du Centre Hospitalier de Mayotte affinera la réalisation des résultats et consentira à un nombre de coroscanners plus conséquents.

Gérald Darmanin à Mayotte ce week-end

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Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer est attendu à Mayotte ce samedi 24 juin et devrait repartir dimanche. Pour l’heure, ni son ministère ni la préfecture n’ont confirmé sa venue mais nos confrères de France Info ont recueilli l’information auprès « de l’entourage du ministre ». En effet, cela fait plusieurs semaines que la rumeur circule et elle semble se confirmer. Gérald Darmanin devrait faire un premier bilan, deux mois après le début de l’opération Wuambushu. Parmi les sujets qui devraient être abordés, il sera également question de la crise de l’eau dont souffre Mayotte depuis plusieurs mois.

Top départ imminent pour la Course de pneus

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De gauche à droite, Ahmada Mohamed Tostao - directeur de l’excellence sportive, Toiyifou Ridjali - adjoint au maire, Ambdilwahedou Soumaila - maire de Mamoudzou, Laurent Mounier - gérant de l’agence Angalia et Naoilou Yahaya - représentante d’UFOLEP

La Course de pneus revient cette année, pour une 39e édition haute en couleur. Placé sous le thème « bouquet tropical », l’événement se déroulera ce dimanche 25 juin. Le parcours partira du rond-point Baobab pour mener jusqu’à la place Zakia Madi. En tout, 1,8 kilomètres attendent les 61 équipes adultes et les 400 enfants.

C’est une première en 39 ans d’existence, la traditionnelle Course de pneus se déroulera un dimanche. Lors d’une conférence de presse, organisée ce mercredi 21 juin à l’hôtel de ville de Mamoudzou, Laurent Mounier, gérant de l’agence Angalia et organisateur de l’évènement aux côtés de la ville, affirme que « nous souhaitons que la course se déroule dans les meilleures conditions possibles. Les années passées, la circulation était compliquée, il y avait des bouchons conséquents. On avait limite dû fermer la route au forceps ». Pour faciliter les déplacements, mais aussi pour la sécurité des participants, la course se déroulera donc le dimanche 25 juin. Il avoue de plus avoir été sceptique de faire la course un dimanche mais finalement, le public sera aussi au rendez-vous, il en est convaincu.

Les fleurs sont mises à l’honneur cette année grâce au thème « bouquet tropical ». Tous les coureurs sont appelés à porter avec des vêtements à fleurs, salouva fleuris ou encore colliers de fleurs. Mais le gérant espère inciter à « la créativité et l’inventivité » à travers cette thématique. Des broches de jasmin seront distribuées à tous les coureurs adultes.

Les inscriptions, c’est fini !

Il n’y aura pas d’inscription le jour même, ni adulte, ni enfant. Le gérant d’Angalia explique qu’auparavant les enfants sélectionnés étaient les premiers arrivés, ceux qui habitaient dans Mamoudzou et les alentours et qui se présentaient dès 5h du matin. Il ajoute que, depuis 2016 « nous avons besoin de documentation au préalable comme une autorisation parentale par exemple ». Naoilou Yahaya, représentante d’UFOLEP souligne que comme les coureurs sont assurés, les organisateurs ont besoin d’avoir les papiers avant et de savoir qui va participer. En avril et mai derniers, avait eu lieu le championnat de la Course de pneus. Après les cinq rendez-vous intercommunaux, ce sont 200 enfants qui ont été sélectionnés pour participer à cette grande course. Au total, avec les sélectionnés de la ville de Mamoudzou, ce sont 400 enfants qui vont prendre le départ ce dimanche.

Cette année, cinq catégories d’adultes sont mises en place : mixtes, homme, femme, gros pneus et mama. Cette année, ce sont 61 équipes (représentant 305 participants), dont 23 équipes mixtes qui vont concourir. Deux équipes de personnes en situation de handicap participeront également, mais sur un parcours aménagé. Pour les équipes adultes, des pneus seront mis à disposition au terrain de foot par la ville de Mamoudzou. Prenez cependant vos propres bâtons, le savon sera également fourni. Les dossards des équipes doivent être impérativement récupérés à Douka Pro, à Kaweni. Ils sont disponibles jusqu’à ce vendredi 23 juin. Sur place, le jour de la course, aucune récupération de dossard ne sera possible.

Une organisation à la minute près

L’événement débutera par les courses des catégories enfants, dès 14h, pour les garçons et 14h30 pour les filles. Puis ça sera au tour des adultes d’entrer en piste à 15h. Les équipes, contrairement aux enfants, seront lancées au compte-gouttes, chaque minute. À 16h30, top départ pour les volontaires qui veulent courir entre amis, famille ou juste pour le plaisir. Cette « course des amis » est ouverte à tous, dans les mêmes conditions que la vraie course, sans chronomètre.

Logistique et sécurité

« Des moyens exceptionnels ont été mis en place », soutient Laurent Mounier. Seront présentes, des équipes de la Police nationale, de la Police municipale, de la Gendarmerie et 80 agents du RSMA (Régiment du Service Militaire Adapté). Les forces de l’ordre seront présentes tout le long du parcours pour assurer la sécurité du public et des participants. Les routes seront sécurisées et barrées. Le jour J, de 13h à 19h30, il sera interdit de circuler sur l’itinéraire de la course et dans les rues autour, du rond-point Baobab jusqu’à la place Zakia Madi. Un parcours d’1,8 km qui sera très bien surveillé. De plus, stationner sur les parkings à proximité sera interdit. Une déviation sera cependant mise en place pour contourner la Course.

Deux nouveaux rapports du Césem s’attaquent au logement et à l’agriculture

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Le directeur, Nabilou Ali Bacar (à gauche) et le président du Césem, Abdou Dahanani (à droite) ont dirigé la séance plénière du Césem au sein de l'hémicycle Younoussa Bamana.

Les problématiques de l’agriculture mahoraise et le mal logement étaient au centre des discussions de la séance plénière du Conseil Économique, Social et Environnemental de Mayotte (Césem). Cette réunion était encadrée par le président du Césem, Abdou Dahanani, et son directeur, Nabilou Ali Bacar. Deux rapports ont été étudiés et approuvés à l’unanimité par l’hémicycle malgré quelques distensions en fin de séance.

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Hamidou Madi M’colo, rapporteur de la commission n°3 du Césem, en charge de la question du logement à Mayotte.

 « L’île de Mayotte a été victime de plusieurs séismes au cours des dernières semaines qui ont eu d’énormes conséquences sur les habitations des Mahorais, mais ces derniers n’ont encore reçu aucune solution ». Ces quelques mots de Haoussi Boinahedja, donnent le ton de la séance plénière du Conseil Économique, Social et Environnemental de Mayotte qui s’est tenue ce mardi 20 juin au sein de l’hémicycle Younoussa Bamana. Au menu de ces deux heures de discussion : les difficultés chroniques de l’agriculture mahoraise et les problématiques posées par le mal logement et l’insalubrité à Mayotte.

L’agriculture mahoraise soumise à plusieurs défis

Le premier rapport présenté lors de cette séance plénière traitait de « l’agriculture mahoraise dans la dynamique de l’autosuffisance alimentaire ». Ce rapport a été porté par la Commission n°2 du Césem et traite de l’agriculture sur l’île. Parmi les grandes problématiques détaillées par le rapporteur de la commission, Anthoumani Said : le foncier agricole qui n’est pas disponible ou qui est inadéquat. Il y aurait à Mayotte 9.000 exploitations agricoles recensées en 2020 (source DAAF), mais les cultures sont de petites surfaces, 0,45 hectares en moyenne. Le deuxième gros problème présenté par le rapporteur concerne le manque d’outils pour les exploitations, dont les systèmes de production sont d’ailleurs très précaires. Enfin, la pression démographique et migratoire perturbe fortement le secteur agricole qui ne suit pas la demande en alimentation. D’après le rapport du Césem, 80% des exploitations de l’île sont des micro-exploitations qui offrent une production agricole totale insuffisante face à la demande. D’autant plus que, malgré cette hausse démographique, « la population agricole est âgée et peu formée » précise le rapporteur.

Afin de remédier à l’ensemble de ces problèmes, la commission a dû plancher sur une liste de solutions. De ce travail sont ressortis treize axes de progression présentés lors de la séance plénière et qui doivent permettre de développer une agriculture saine, durable et prospère sur l’île. Parmi ces axes, l’une des grandes préconisations consiste à assurer la maîtrise foncière et l’aménagement des terres agricoles en octroyant des aides aux agriculteurs pour qu’ils puissent investir. Un autre point clé vise à renforcer la politique territoriale en matière d’agriculture et d’agro-agriculture, ainsi qu’informer les agriculteurs des démarches à suivre pour tendre vers une agriculture pérenne. Le président du Césem a également rappelé l’importance de la diversification des circuits de distribution et des modes de commercialisation. Même si Mayotte propose une formation agricole aux plus jeunes à travers le lycée agricole de Coconi, le rapporteur a rappelé la nécessité qu’il y a de « garantir la pérennité des métiers agricoles en menant une politique de valorisation et de facilitation d’accès à ces métiers ». Enfin, la commission a insisté sur l’appui essentiel du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) qui est encore manquant, mais pourtant important pour développer l’industrie agroalimentaire de l’île.

Le logement, talon d’Achille du développement de Mayotte

Après quelques brefs échanges, le rapporteur de la commission n°3 s’est attelé à la lecture du rapport sur le logement à Mayotte qui s’articule en quelques grands points. Le premier obstacle au logement à Mayotte reste sa situation géographique insulaire contraignante (étroitesse du territoire, aléas naturels, relief accidenté…) qui peut donc difficilement s’adapter à la poussée démographique. Le rapporteur de la commission, Hamidou Madi Mcolo, a rappelé qu’en 2022, « la population est estimée à plus de 300.000 habitants mais en 2050 on devrait atteindre les 750.000 habitants, ce qui est insoutenable ». Le deuxième gros bémol au logement mahorais concerne les acteurs institutionnels, les opérateurs comme la Société Immobilière de Mayotte (SIM) et les quelques grands propriétaires. Hamidou Madi M’colo a précisé que « l’État est le principal financeur du logement social » et « impose ses règles aux différentes parties prenantes quitte à enlever aux autorités territoriales leur politique de logement ». Quant à la SIM – principal opérateur de logements à Mayotte – la commission a rapporté qu’il serait « nécessaire de faire appel à d’autres promoteurs pour multiplier les offres ».

De manière générale, les responsables de cette Commission ont tous soutenu le fait que les conditions de construction de logements ne sont pas toujours réunies à Mayotte (manque de matériaux de construction, propriétés foncières qui ne sont pas clairement identifiées ni maîtrisées…). Enfin, le dernier point sur lequel est revenu le rapporteur concerne « les modalités de financement du logement » qui sont quasiment inexistantes dans certains cas. La commission a pointé du doigt une offre de financement bancaire « difficilement accessible aux classes sociales moyennes » ou essentiellement réservée à des logements sociaux « en faveur des personnes démunies ». Face à ce constat, les membres de la commission ont exposé une liste de préconisations comme la mise en place d’une police d’urbanisme pour prévenir la construction d’habitat illégal et insalubre, l’accompagnement des propriétaires pour sécuriser leur propriété foncière, le développement d’une offre de résidences universitaires, l’aide dans l’accompagnement financier des jeunes propriétaires, l’installation de nouveaux opérateurs promoteurs ou encore la mise en place d’un observatoire de la construction pour une meilleure maîtrise des prix.

Un manque de médiatisation

La séance plénière de la Césem était également l’occasion pour l’ensemble des membres du Conseil d’exprimer leur regret quant au manque de médiatisation de leurs actions. Haoussi Boinahedja a conclu cette réunion en affirmant qu’il ira « dans les médias pour demander à ce que les institutions comme la Césem soient considérées et écoutées ». Ce à quoi son collègue, Said Hachim Houssni Mogne a ajouté que « les institutions arriveront à se faire respecter quand les élus comprendront le rôle qui leur est incombé ». Face à cette légère vague de protestation, le président a souhaité tempérer en affirmant que les « institutions mahoraises ne sont pas traitées de la même façon que leurs homologues en métropole mais que cela changera ».

La pêche mahoraise, un serpent qui s’est mordu la queue

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En état critique, la pêche mahoraise réussira-t-elle à renaître de ses cendres tel le mythique phénix ? Règlementations inadaptées aux réalités locales et féroces appétits de certains opérateurs de la filière font que le secteur de la pêche à Mayotte est un concentré de petites luttes intestines et de contradictions de toutes sortes. Quant à l’aquaculture marine, jadis fleuron d’un avenir économique hypothétique de Mayotte, elle est devenue le serpent qui s’est mordu la queue, victime trop rapide de sa renommée naissante.

Il y a de cela quelques mois, la presse locale fut conviée à couvrir un évènement important, une formation au profit des pêcheurs de la communauté de communes du sud, diligentée par le centre de formation maritime à Dzaoudzi, sous l’impulsion des services de l’État. Le vocable alors employé était « accompagnement des pêcheurs mahorais vers la modernisation de la flotte de pêche ». Il s’est avéré pour beaucoup de participants que cette formation sifflait la fin de la partie pour bon nombre des capitaines de navires de pêche opérant sur le territoire. Précision importante, ceux-ci sont presque tous étrangers, Comoriens en situation régulière à Mayotte depuis des décennies, disposant de qualifications faisant défaut aux « armateurs mahorais ». En d’autres mots, les sommes très importantes englouties depuis des décennies dans la formation des jeunes Mahorais aux différents métiers de la mer n’auraient débouché sur rien de concret, si ce n’est de tromper les statistiques locales sur l’emploi et le chômage. Et visiblement, le mot d’ordre actuel est de mettre fin à cette réalité en s’appuyant sur les nouvelles réglementations nationales et européennes, malheureusement sans dérogation aucune pour se coller aux réalités locales.

De Charybde à Sylla

Ce changement de paradigme pourrait ainsi coûter très cher aux pêcheurs mahorais dans un avenir proche, s’ils n’y prennent garde. La politique sélective de quotas de licences de pêche qui va leur être imposée est destinée à faire la part belle à d’autres pêcheurs, réunionnais pour l’essentiel et probablement nationaux ensuite, avec au final des conséquences évidentes sur le marché de l’emploi, mais aussi dans l’assiette du consommateur mahorais. Une assiette qui pourrait se remplir davantage de poissons surgelés – ce qui est déjà en partie le cas – que de produits halieutiques frais pêchés dans et hors du lagon. Cette sélection entamée pour désigner lesquels de nos pêcheurs auront le droit de pratiquer le métier s’opère sur fond de rivalités entre les petits pêcheurs traditionnels et les quelques patrons pêcheurs de taille moyenne. Coutumiers de stratagèmes divers pour conserver la représentation officielle de la filière, ces derniers ambitionneraient de capter encore plus de subventions publiques, d’après des acteurs du secteur.

« C’est après tout plus rentable que de pêcher réellement du poisson pour nourrir le Mahorais », observe le candide sur le marché aux poissons de Four-à-chaux, à Dzaoudzi-Labattoir. Et avec l’accroissement des aides européennes à Mayotte, le phénomène ne pourra que s’amplifier, sous le regard passif d’élus locaux de tous bords incapables de proposer des alternatives au drame qui se profile à l’horizon. Même si, dans un entretien fleuve accordé à notre journal, le président du Conseil départemental, Ben Issa Ousseni, a expliqué avoir pris ce dossier à bras le corps, et guerroyer avec Bruxelles pour faire prendre en compte les besoins réels de notre département. Mais le naufrage de la pêche mahoraise est avant tout l’histoire du « serpent qui se mord la queue », l’histoire d’une filière trop longtemps laissée en léthargie parce que son développement optimal pourrait faire le bonheur d’un grand nombre d’acteurs locaux. Ce qui, visiblement, n’est malheureusement pas le désir d’un petit groupe au bras long.

Aquaculture marine, du mirage au naufrage

D’ici que des jeunes Mahorais soient réellement formés et s’installent durablement dans ce secteur, il y aura plus d’une étape à franchir. Il faudra, en plus de se montrer patient, une volonté politique très forte pour réussir à franchir le passage qui mène de Charybde à Sylla. En effet, la pêche mahoraise paie le prix d’une absence de politique publique en la matière, notamment s’agissant de formations professionnelles diplômantes et qualifiantes, de l’incompétence de ceux ou celles qui ont la charge de veiller sur son développement dans les chambres consulaires, et du manque d’implication des collectivités locales dans un domaine pourtant crucial de la vie de tout habitant de l’île. Une île qui connaît l’ubuesque paradoxe d’être entouré d’un immense lagon en plein océan Indien, mais où le poisson est une denrée rare dans les assiettes, parce que l’offre n’arrive pas à satisfaire la demande.

Les pêcheurs eux-mêmes ne sont pas exempts de tout reproche dans le naufrage de leur profession. Minés par des oppositions complexes, ils n’ont jamais su s’organiser véritablement, se mettant très souvent des bâtons dans les roues. Des accusations graves de corruption sont portées ici et là à l’encontre de personnes constituant des maillons essentiels de la profession. Et pour couronner le tout, le gâteau serait trop gros et trop bon pour que certains ne veuillent le partager avec des acteurs de longue date de la filière pêche. Plus dramatique encore est le sort funeste de l’aquaculture marine, présentée des années durant, à grand renfort de subventions publiques, comme l’une des bases du développement économique de Mayotte et de son rayonnement en Europe et ailleurs. Qu’est devenue la nurserie à poissons de Trévani financée par l’Europe ? Comment le matériel qu’elle contenait a-t-il disparu dans la nature sans faire réagir personne ? Y a-t-il encore une possibilité réelle de renaissance de ce secteur à court ou moyen terme ? Autant de questions auxquelles ce dossier entend contribuer à y apporter des réponses, ou du moins un éclairage.

Des contes pour émerveiller les scolaires

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Le tchandaroua ou l'art de raconter une histoire à travers des images et des symboles brodés à la main sur de larges pans de tissus.

Des danses traditionnelles, des contes, des slams et des broderies réalisées par des enfants issus des écoles primaires, ça sent comme un air de vacances avant l’heure. La médiathèque de Bandrélé réédite le mois du conte et associe toutes les autres bibliothèques de l’île constituées en réseau.

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Chants et danses traditionnelles ont ponctué les récits de contes et légendes.

Pour la troisième année consécutive, la médiathèque de la commune de Bandrélé organise le mois du conte tout au long du mois de juin. Un événement culturel au succès grandissant qui s’est étendu cette année à l’ensemble de l’île, au travers de toutes les bibliothèques et médiathèques, fédérées en réseau. Débutées à Bandrélé la semaine dernière, les manifestations s’enchaînent, Pamandzi, Dzaoudzi-Labattoir et à Chirongui. Différents artistes et associations interviennent au cours de cette manifestation itinérante, avec un programme spécifique chaque fois.

Deux classes de CM2 mobilisées

A Pamandzi, deux classes de CM2 se sont mobilisées pour accueillir deux conteurs-slameurs venus de Toulouse, autour d’un public très passionné et de nombreux parents d’élèves. Hier, c’était au tour de la médiathèque de Dzaoudzi-Labattoir d’accueillir l’événement culturel avec la participation de la troupe de conteurs « Wababoufou » (littéralement les bavards en shimaoré). Au programme, la mise en scène de deux spectacles. Le premier est tiré d’un livre de contes et le second est un pur produit de l’imagination créative de l’association « Wababoufou », dans la pure tradition mahoraise et africaine du conte. En face d’eux, un public de scolaire ravi et émerveillé, très réceptifs aux danses traditionnelles et aux contes qui leur étaient destinés. En particulier le conte du « mzévé », un matériau traditionnel de construction à base de feuilles de cocotier tressées de manière très serrée.

Il s’agit de l’histoire d’une fille dénommée Warda qui était exigeante dans sa quête du fiancé idéal. Un djinn (esprit malveillant de la forêt) qui rôdait aux alentours de son visage à la recherche de chaire humaine à consommer entendit les villageois parler d’elle des semaines durant. Il comprit qu’il tenait là une proie inattendue. Alors, il alla passer un accord avec un baobab dans la forêt, symbole de grâce et de majesté et d’un éloquent corbeau à la voix très portante. À force de trop choisir parmi les plus beaux jeunes hommes de sa région, Warda finit par tomber un jour en chemin sur un magnifique garçon qui chevauchait un cheval blanc et pour lequel elle eut le coup de foudre. Elle alla le présenter aussitôt à sa famille et en fit son époux. Une fois les festivités terminées, l’heureux époux fit part de son intention de partir vivre en forêt avec sa dulcinée. Un gros hic au passage au fur et à mesure que le couple s’enfonçait dans la forêt, des transformations importantes se produisaient sur le corps de l’époux. Et au final l’exigeante Warda se retrouva avec un gigantesque serpent, un boa pour être précis, en lieu et place de son mari. Ce dernier lui conta tout et lui expliqua qu’il avait exactement obtenu de son pacte avec le lisse baobab et le tonitruant corbeau, un délai de trois jours au terme duquel la magie de sa transformation n’allait plus opérer. Bien entendu, les enfants présents ont eu droit à la morale de cette histoire, « à trop exiger l’on finit par accepter le contraire de ce que l’on désire ardemment » !

Spécialiste des contes et histoires

La médiathèque de Bandrélé s’est spécialisée dans le spectacle de contes et histoires mises en scène. Un volet culturel qu’elle partage toute l’année avec les autres bibliothèques de Mayotte à travers des tournées de spectacles tirés de livres de contes pour enfants. Pour ce faire, elle s’appuie sur son réseau et un ensemble d’associations telles que Wababoufou, la troupe de théâtre Ariari (« il paraît que » en shimaoré) et Nimbé animation. Après Petite-Terre, le spectacle se poursuit ce jeudi à Chirongui. À Labattoir, ce spectacle a été l’occasion de remettre au goût du jour le « Tchandaroua », l’art de raconter une histoire, un événement, de passer un message important à travers des images brodées sur de grands pans de tissus.  Ces broderies qui servent à décorer des lieux de réception et manifestations diverses tendaient à disparaitre au cours de ces dernières décennies. Une des animatrices de la médiathèque de Dzaoudzi a eu l’ingénieuse idée d’initier des scolaires à cette technique artistique à travers des activités de broderies traditionnelles durant les périodes de vacances scolaires. Pour le mois du conte, les enfants de l’école T.17 ont choisi de reproduire en images qu’ils ont brodé avec leurs petites mains, des fresques issues d’un livre de contes sur Mayotte et le lagon, de coccinelle et du petit chaperon rouge. Des merveilles qui seront exposées au grand public le samedi 24 juin dans l’après-midi dans la cour de l’hôtel de ville de Dzaoudzi, après un enregistrement de l’émission « Radio village ».

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes