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Haro sur les machettes

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Dans la continuité des annonces faites par la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, un arrêté préfectoral encadre désormais la vente et le transport de machettes à Mayotte. Afin de lutter contre les violences, la vente, le port, le transport et l’utilisation sans motif légitime de machettes, chombos et objets assimilés sont interdits sur l’ensemble du département, et ce du jeudi 14 mars au lundi 15 avril 2024.

Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le préfet de Mayotte François-Xavier Bieuville confirme que « les magasins ne pourront plus vendre ces machettes à des mineurs ou à des personnes qui ne les utiliseraient pas à des fins professionnelles ».

Jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende

L’arrêté précise que les contrevenants s’exposent à une peine d’un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende, contre deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende si le transport de ces armes est effectué par au moins deux personnes ou si deux personnes au moins sont trouvées ensemble porteuses de ces armes.

Lors des interpellations, « l’objet sera immédiatement saisi en cas de transport sans motif légitime », souligne l’arrêté préfectoral. Concernant les établissements qui vendent des machettes, ils risquent une fermeture administrative en cas de manquement à la réglementation. D’ailleurs, les commerces concernés doivent désormais apposer de manière visible et lisible le présent arrêté, au format minimal de 21*29,7 cm.

Le 5 mars, un jeune homme de 17 ans a été placé sous contrôle judiciaire en foyer d’accueil après avoir été trouvé porteur d’une machette artisanale au niveau du Quai Colas, à Mamoudzou.

 

VIDEO. Le traitement des carcasses passe à la vitesse supérieure

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Caza Pièces Auto a quatre camions à sa disposition pour enlever les véhicules hors d’usage (VHU) des routes ou de la nature.

Les véhicules laissés à l’abandon sur le bord des routes mahoraises sont une réelle source de pollution. Mais se débarrasser de ces déchets particulièrement dangereux est loin d’être facile. Grâce à une nouvelle machine, Caza Pièces Auto accélère le rythme de traitement depuis novembre.

Capots rouillés, pneus crevés, pare brises brisés, pare-chocs décrochés : c’est le spectacle qu’offrent les carcasses de voitures abandonnées sur le bord des routes de Mayotte. « Sur l’ensemble de l’île, on estime qu’il y a à peu près 3.000 véhicules hors d’usage (VHU) actuellement, sachant que chaque année, entre 1.500 et 2.000 s’ajoutent », estime Moos Boina, dirigeant de Caza Pièces Auto. Ces véhicules hors d’usage (VHU), sont des déchets particulièrement dangereux et compliqués à traiter. « Les différents fluides (huiles, essence, N.D.L.R.) se déversent dans le sol et peuvent aller jusqu’à la nappe phréatique contaminer l’eau », explique-t-il, depuis le cimetière de carcasses caché à proximité du rond-point de Dzoumogné, dans la commune de Bandraboua.

Mais il n’est pas possible d’enlever ces véhicules de la voie publique sans autorisation. Les VHU font partie des seuls déchets qui sont la propriété de quelqu’un. Si la plaque d’immatriculation est toujours sur le véhicule, la police municipale doit d’abord identifier le propriétaire. « On fait d’abord une verbalisation si le véhicule est abandonné quelque part, puis on va envoyer un courrier au propriétaire en lui donnant un délai pour enlever ce véhicule. Si ce n’est toujours pas enlevé, on envoie une mise en demeure, et au bout de la troisième fois, on enlève le VHU », liste Minihadji Mourtadhoi, directeur général adjoint à la mairie de Bandraboua et chargé de coordination de la police municipale.

Vingt voitures compactées en une heure

Caza Pièces Auto est le seul centre VHU agréé de l’île. L’entreprise se charge d’aller récupérer les véhicules à bord de camions dédiés, puis les emmène dans son centre, situé à Longoni. C’est là que les voitures abandonnées sont dépolluées, à coup d’extractions de moteur, de batterie et de siphonnages d’essence, de gasoil, d’huile, de liquide de refroidissement. « On passe en moyenne trente minutes à dépolluer une voiture », précise Moos Boina. Sans ça, les carcasses ne pourraient pas être exportées. En effet, ces matières étant inflammables, leur transport est très délicat. Elles partent plutôt chez différents exécutoires qui les traitent spécifiquement.

Avant novembre, l’entreprise devait également séparer toute la ferraille du reste pour envoyer le métal chez Enzo Recyclage, qui s’occupait alors de le compacter. Mais depuis novembre dernier, Caza Pièces Auto s’est dotée d’une presse qui lui permet de sauter cette étape, avec l’accompagnement de l’État. « On met la voiture dépolluée dans la presse, qui compacte tout : métal, plastique et autre », décrit le gérant qui ajoute que cette nouvelle machine peut former environ une vingtaine de cubes de voitures par heure. Avec ce nouveau rythme, Moos Boina espère pouvoir endiguer le problème de la présence des VHU sur le territoire.

Tout traiter localement à l’avenir

Les cubes sont ensuite disposés dans des conteneurs, qui partent en direction de La Réunion, la plupart du temps, ou de l’Hexagone. Car, pour l’instant, les dernières étapes du traitement ne se font pas à Mayotte, mais plutôt dans ces territoires, dotés de broyeurs. Il s’agit d’une machine qui, avec un système d’aimants, arrive à séparer le métal et les différentes matières. Ce tri pointu permet ensuite de réutiliser et revendre les matériaux.

Pour l’instant, le sol mahorais ne dispose pas encore de broyeur, d’où l’exportation des VHU. Mais cela est dans les projets à court terme de Caza Pièces Auto et de son gérant, qui ont obtenu l’aide de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) pour l’achat et de la Direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer de Mayotte (Dealm) pour le volet administratif : « Aujourd’hui, on est soumis à la convention de Bâle assurant le contrôle des mouvements transfrontaliers des déchets dangereux, ce qui fait qu’on doit demander des autorisations aux différents pays sur lesquels les navires transporteurs seront susceptibles de passer, et ces démarches prennent énormément de temps. Heureusement, les services de l’État nous ont assoupli ces démarches en attendant qu’on ait le broyeur. Avec cette machine, cela nous permettra de tout traiter localement. »

Hip hop : Trois crews décrochent leurs tickets pour la finale des académies

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Plusieurs établissements scolaires se sont rencontrés lors d’une compétition de hip-hop au collège de Majicavo, organisée par l’Union nationale de sport scolaire (UNSS).

Les collèges de Kawéni 1 et Majicavo-Lamir, ainsi que le lycée Bamana sortent vainqueurs d’une compétition de danse hip-hop, ce mercredi, au collège de Majicavo. Les gagnants pourront concourir au championnat de France de l’Union nationale de sport scolaire à Marseille, en mai.

« Ils sont chauds ! », perce au micro Sarah Huguet, référente de danse hip-hop, sous les huées et les applaudissements des élèves autour. « Il me faut une main innocente ! », lance cette organisatrice de l’événement dont la compétition est gérée par l’Union nationale de sport scolaire (UNSS), pour tirer au sort l’ordre de passage des compétiteurs.

Tout y est : un sol encadré de tapis en guise de piste de danse, des crews (équipes) pour les battles (affrontements), des postures et attitudes de défi après quelques premiers passages hésitants, de la danse et surtout des sourires et des accolades. Ce mercredi, l’enceinte du gymnase du collège de Majicavo-Lamir s’est transformée en véritable ring pour laisser s’affronter, en danse, des élèves des quatre coins de Mayotte plus que motivés. Objectif de cette rencontre académique : décrocher sa place pour le championnat de France de danse battle hip-hop de l’UNSS, du 14 au 17 mai. Comme l’an passé, mais cette fois-ci à Marseille.

Une cinquantaine d’élèves de huit établissements différents s’affrontent : les collèges de Ouangani, Kwalé, Kawéni 1, Sada, Pamandzi, Tsingoni, Majicavo, ainsi que le lycée de Bamana. Les élèves de deux autres lycées et du collège de Dembéni devaient également participer à la compétition mais ont préféré ne pas danser, faute d’entraînements à cause des barrages. Qu’importe, ils sont présents dans le public pour applaudir leurs camarades.

« Tout le monde peut laisser parler son imagination »

« Je voudrais montrer à quel point la danse c’est mon point fort », évoque Danielle Soumaya, 13 ans, pendant la pause. « On a travaillé dur, les samedis, les dimanches… », poursuit celle qui se voit déjà devenir danseuse professionnelle. Elle apprend depuis deux ans le hip-hop dans son collège de Majicavo, déjà sélectionné pour concourir à Marseille dans la catégorie section d’excellence. « Je connaissais l’afro puis le hip-hop m’a intrigué. Tout le monde peut laisser parler son imagination, sa danse. On s’en fout du physique, de ce à quoi on ressemble », déroule la jeune fille.

Derrière elle, les équipes s’entraînent, dans la cour, avant leurs prochains passages. « On donne des consignes théoriques mais ce sont les élèves qui pratiquent le battle, car il y a une part énorme d’improvisation », explique Lamine Fournier, professeur d’EPS, qui les encourage. « Si l’élève n’est pas connecté avec l’énergie du public, avec la musicalité, il ne pourra pas faire un bon passage. Même si le professeur lui a appris une chorégraphie»

« Apprendre le respect de l’autre »

Et justement, les élèves inscrits en début d’année pour la compétition en ont à revendre de l’énergie. Sous des rythmes de pop lock, new school, break danse et de house, diffusés par un autre professeur devenu DJ le temps de la compétition, les danseurs jouent amicalement de leurs corps et de leurs regards avec leurs adversaires et le public, sans connaître à l’avance la musique de leurs quatre passages. Les plus téméraires s’essaient à des pirouettes en l’air et des cascades, sans aucune mauvaise réception au sol. Et surtout, le passage terminé, ils se serrent la main et se félicitent.

« On a la chance d’avoir des rencontres paisibles, bien encadrées. Les élèves sont respectueux », détaille Philippe Versaud, directeur régional de l’UNSS à Mayottte. « Au-delà de la pratique sportive, ça permet d’apprendre le respect de l’autre, que ce soit une jeune fille ou un jeune garçon, d’un village ou d’un autre» Cela étant, les rencontres ne sont pas ouvertes au public, ni annoncées, justement pour éviter les désagréments. Pour l’un des trois danseurs professionnels, membres du jury, également composé d’autres élèves formés à juger, « B.Boy Sasuké » : « Ces battles de danse montrent qu’on peut s’affronter différemment que de se lancer des cailloux. » C’est d’ailleurs ce à quoi aspire Sarah Huguet qui invite aux micro les jeunes à rejoindre, en-dehors de l’école, comme aux origines de la danse hip-hop, des crews dans la rue, et peut-être, « faire des battles hors établissements ».

Vers 15 heures, le flot ininterrompu des enceintes s’arrête enfin. La compétition terminée, les vainqueurs sont désignés dans une liesse générale : le collège de Kawéni 1 obtient la médaille d’or des collèges ; le collège de Majicavo, sa médaille de section excellence ; et le lycée Bamana sa propre médaille également. « On va partir à Marseille ! », lance, toute en joie, Anissa, 17 ans, élève de terminale de Bamana, dont le lycée doit encore trouver les financements pour le départ, nous apprend l’UNSS.

Les sourires et les larmes s’invitent sur les visages. Mais le boulot n’est pas terminé, les mouvements restent à répéter avant de concourir à Marseille et du contenu à produire pour les élèves métamorphosés en petits reporters lors de cette rencontre.

Les financements assurés pour les collèges

Cette année, la fédération qui compte 8.600 licenciés à Mayotte (47 % de filles), subventionne d’autres sports. Il revient donc aux établissements de s’occuper de la charge financière. C’est chose faite pour les collèges de Majicavo et Kawéni 1. Le conseil départemental de Mayotte, représenté par la cheffe de service jeunesse, Soraya Soibri, lors de cet événement, a déjà versé 100.000 euros pour aider à l’organisation et le transport de tous les jeunes aux rencontres (rencontres de « districts », avant celle académique déroulée ce mercredi). Les prochains budgets doivent être votés en avril, peu avant la compétition à Marseille.

« C’est comme après un incendie, le feu couve toujours »

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Le sénateur mahorais Thani Mohamed Soilihi a expliqué le contexte social de Mayotte lors de la dernière réunion de la délégation aux Outremer et en présence des représentants des maires ultramarins.

Au cours d’une table ronde, ce mardi soir, la délégation sénatoriale aux Outremer s’est penchée sur la réforme de l’octroi de mer (voir encadré), la situation de Mayotte et l’allègement des règlementations dans les territoires ultramarins. Thani Mohamed Soilihi, le sénateur mahorais, a été le principal intervenant pour expliquer aux participants le contexte social de l’île aux parfums.

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Le mouvement social de janvier-février a fait l’objet d’une rapide mise au point, au Sénat, ce mardi soir.

Reprenant la parole après plus d’une heure de débats sur l’octroi de mer, mardi soir, la présidente de la délégation sénatoriale aux Outremer, Micheline Jacques, a ouvert les échanges sur la situation à Mayotte en promettant « un déplacement d’une mission dans les mois prochains », le dernier ayant été reporté à cause des barrages. Sur ce sujet, c’est Thani Mohamed Soilihi qui s’est retrouvé le premier et finalement le seul à expliquer le contexte aux autres élus, dont la plupart issus de l’Outremer. « Aujourd’hui, le calme est en train petit à petit de revenir, les barrages ont été levés. Mais c’est comme un incendie, on est sûrs que le feu est toujours en train de couver. Tant qu’on ne sera pas attaqué aux racines du mal, on risque de revenir à un cycle de violences et de barrages », prédit le sénateur mahorais.

Comme le député (La France insoumise) Jean-Hugues Ratenon dont il ne partage pas les termes toutefois, il reconnaît que ce qui se passe à Mayotte entraîne des répercussions à La Réunion. Il cite l’exemple du centre éducatif fermé qui relâche sur l’île Bourbon des délinquants venus de Mayotte sitôt leur placement arrivé à terme (le préfet de Mayotte François-Xavier Bieuville annonçait récemment qu’un terrain était trouvé pour le premier CEF mahorais). Il rappelle aussi que « beaucoup de Mahorais vont en métropole et à La Réunion » parce que les mêmes droits sociaux ne sont pas en vigueur à Mayotte. « La problématique de la convergence des droits ne pourra pas être ajournée. Il faut avoir le courage de dire ces choses-là », considère-t-il.

« Un rattrapage éducatif »

« Pendant deux décennies, on ne s’est pas occupé de la jeunesse comme il fallait. Localement, on pointe les jeunes d’origine étrangère. Il n’y a pas que ça. Beaucoup de ces jeunes sont des Français », fait-il remarquer, appelant à « un rattrapage » en matière éducatif et à de nouvelles propositions. Contrairement aux députés Estelle Youssouffa et Mansour Kamardine, il émet des doutes sur les bénéfices d’une suppression du droit du sol. « Qu’est-ce qu’on fait du stock ? Ce n’est pas en supprimant le droit du sol qu’on va régler le problème de ceux qui ont déjà acquis la nationalité », estime celui qui est à l’origine de l’amendement de 2018 limitant le droit aux enfants dont l’un des parents était légalement sur le territoire trois mois avant la naissance. Concernant l’actualité récente, il félicite le nouveau préfet pour avoir insufflé « un changement doctrine » en allant davantage sur le terrain. Pareil pour les forces de l’ordre, il note que les dernières opérations permettent « d’aller dénicher les criminels là où ils sont, où ils préparent leurs méfaits ». Tout n’est pas rose pour autant. « Les gens continuent d’aller au travail avec la peur au ventre, des jeunes risquent leur vie en allant à l’école », raconte-il.

La présidente de la délégation l’a remercié et a invité les autres participants à remonter des solutions. Elle rappelle que le calendrier législatif mettra à nouveau le sujet de Mayotte sur la table, notamment dès que la loi « d’urgence » sera présentée au conseil des ministres du 22 mai.

Les commanditaires présumés de violences restent en prison

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Deux des prévenus, un jeune homme de 18 ans et un homme de 47 ans, devront préparer leur défense en détention provisoire à la prison de Majicavo. 

Trois habitants de Tsoundzou 1 sont suspectés d’avoir commandité les violences sur la voie publique du 5 mars qui ont entraîné le déploiement d’un important dispositif policier. Leur audience au tribunal correctionnel, prévue ce mercredi, a été renvoyée au 19 avril. Deux d’entre eux attendront le procès dans leur cellule.

« Ce qu’on leur reproche est tout l’inverse de ce dont ils se réclament. » Les mots tranchants de la vice-procureure, Françoise Toillon, viennent rappeler l’antinomie entre le profil des prévenus et les faits qui leur sont reprochés. Comme dans l’affaire de l’attaque de la brigade de gendarmerie de Sada, on se rend compte que parfois, derrière les caillassages et les attaques à main armée déplorées sur l’île, se cachent des donneurs d’ordre aux intérêts très particuliers. L’exemple des troubles à l’ordre public enregistrés à Tsoundzou 1 le 5 mars vient s’ajouter à cette liste noire. En interpellant vendredi dernier quatre mineurs, soupçonnés d’avoir participé à une série de vols et de violences commises à l’encontre de citoyens puis de policiers appelés sur les lieux, les enquêteurs du service territorial de la police judiciaire ont vogué de surprises en surprises au fil des auditions.

Rapidement, trois noms sont revenus avec insistance. Des personnes qui encadraient les jeunes impliqués, dans le cadre d’activités associatives, leur auraient mis la pression pour qu’ils passent à l’acte. Sans attendre, après recoupement de l’information, trois hommes de 47 ans, 34 ans et 18 ans ont été placés en garde à vue. Une fois dans les locaux du commissariat de Mamoudzou, le plus âgé aurait trouvé le moyen de mettre une pression supplémentaire sur un des mineurs impliqués en lui demandant de revenir sur ses déclarations, « une connotation assez déplaisante dans ce dossier », souligne la vice-procureur.

Déférés puis placés en détention provisoire lundi, le trio devait être jugé ce mercredi 13 mars en comparution immédiate. Sur conseil de leurs avocats, les trois prévenus ont sollicité un délai pour préparer leur défense. L’enjeu de l’audience était donc de savoir si les trois commanditaires présumés seraient maintenus en détention provisoire en attente de l’audience, renvoyée au 19 avril. Afin d’éviter « les représailles envers ceux qui ont parlé », mais aussi dans l’objectif de prévenir un renouvellement des faits, la représentante du parquet de Mamoudzou a demandé leur maintien en détention provisoire. Trois personnes, dont deux policiers, se sont constituées partie civile dans cette affaire. Un des fonctionnaires, blessé au bras, s’est vu prescrire une ITT de quinze jours qui pourrait être allongée, selon son avocat, maître Erick Hesler.

Direction la prison pour deux prévenus

A la barre, par l’intermédiaire de leurs avocats respectifs, deux des prévenus n’ont pas convaincu les juges au sujet de leurs garanties de représentation. Même si leurs casiers judiciaires ne portent trace d’aucune condamnation, ces derniers, des habitants de Tsoundzou 1, originaires des Comores, n’ont pas de titre de séjour. Le quinquagénaire qui prend part bénévolement au dispositif « Parents-relais » dans le village enchaînait les petits-boulots non déclarés sur des parcelles agricoles, tandis que le jeune majeur faisait plutôt dans l’oisiveté après avoir obtenu son CAP (certificat d’aptitude professionnelle).

« On dirait un dossier Instagram », s’est ému maître Soumetui Andjilani, avocat du plus âgé. « On a plus de photos que de textes. On a entendu des enfants parfaitement malléables. Il faut qu’on vérifie dans quelles conditions ces enfants ont été entendus. » Le trentenaire, père de famille, sort un peu du lot parce qu’il travaille en tant que maçon dans une entreprise basée à Mamoudzou. « Mon client travaille en face de mon cabinet. C’est un père de famille qui doit aller travailler pour subvenir aux besoins de ces enfants », a plaidé son avocat maître Zaïnaliambidina Nizari. Le tribunal l’a entendu et a accepté de placer le maçon sous contrôle judiciaire en attendant l’audience. Ses deux comparses sont quant à eux repartis en direction de la prison de Majicavo.

L’ex-recteur de Mayotte Gilles Halbout rejoint Matignon

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Gilles Halbout (ici avec l’ancien préfet de Mayotte, Thierry Suquet), recteur de l’académie mahoraise de juillet 2019 à décembre 2022, passe au cabinet ministériel du Premier ministre. Sa nomination a été officialisé en conseil des ministres, ce mercredi 13 mars. Le doctorant en mathématiques avait quitté l’île aux parfums pour l’académie Orléans-Tours. Plus proche de Paris, il avait intégré ensuite le comité de pilotage en charge d’une mission sur « l’exigence des savoirs » sur décision du ministre de l’Éducation nationale d’alors, Gabriel Attal. Ce dernier avait qualifié de « référence », dans une interview accordée au Monde, les travaux conduits par Gilles Halbout sur les fondamentaux à Mayotte. Visiblement, la confiance est réciproque puisque l’ex-recteur mahorais suit le chef du gouvernement à Matignon en tant que conseiller et chef du pôle éducation, enseignement supérieur, jeunesse et sports. Un poste qui était laissé vacant depuis un mois et la nomination de Bénédicte Durand à la présidence du Cnous (Centre national des œuvres universitaires et scolaires).

Les taxis moto illégaux dans le viseur de la police

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Mardi, une trentaine de scootéristes identifiés comme étant des « taxis moto » ont été contrôlés par les effectifs du service territorial de la police judiciaire. Dans le lot, huit individus ont été interpellés pour « travail dissimulé » et « exercice illégal de la profession de taxi », annonce la police nationale de Mayotte. Les pilotes n’ont pas présenté dans l’immédiat un brevet de sécurité routière ou une assurance, nécessaires pour convoyer des passagers. L’un d’entre eux a été conduit au centre de rétention administrative. Les huit engins ont par ailleurs été saisis. « Ce type d’opération a vocation à être renouvelé », prévient la police.

Jean-Hugues Ratenon atténue ses propos sur Mayotte

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Le député de la cinquième circonscription de La Réunion, étiqueté La France Insoumise, s’était ému, dans un courrier adressé au préfet Jérôme Filippini, des récents faits de violence à Saint-André et Saint-Denis. Dans cette missive, le parlementaire déclarait notamment qu’il ne fallait pas que « La Réunion devienne un Mayotte bis », suscitant une vive polémique. En réaction, le collectif des Forces vives a pointé du doigt un « manque de solidarité » de l’élu vis-à-vis de Mayotte. Sur Mayotte la 1ère, ce mercredi, la balle était de nouveau dans le camp du député. En expliquant qu’en « aucun cas » il ne fallait « tomber dans le piège d’opposer nos deux îles », Jean-Hugues Ratenon a réclamé que la lecture (voire l’interprétation) de son courrier soit réalisée avec plus de parcimonie. « Je suis le député qui est intervenu le plus souvent en faveur de Mayotte ! », a estimé le Bénédictin, tout en invitant le peuple mahorais à s’en remettre au gouvernement français qui « a fait le choix de délaisser votre territoire ».

Le spectacle de danse « Sian » au pôle de Chirongui

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La danseuse Tatiana Gueria Nade présente « Sian » (décharger la marmite qui crame au feu depuis toujours) au pôle culturel de Chirongui, le mercredi 20 mars, à 19h30 (tout public). « Il y a le long fleuve des blessures, plus vives en certains endroits qu’en d’autres, et parfois plus aiguës lorsque s’en mêlent teinte de peau, identité sexuelle, et mille autres discriminations plus ou moins avouées. Il y a le cours de la vie, avec ses bonheurs et ses déboires. Face aux « coups de la vie », comme dit Tatiana Gueria Nade, grandir est un exercice, se tenir debout en dignité combative est un art. Jeune danseuse chorégraphe ivoirienne tout récemment issue de l’école de danse d’Irène Tassembédo à Ouagadougou (Burkina-Faso), Tatiana Gueria Nade signe avec le solo « Sian » sa première chorégraphie : un geste qui vient de loin, traversé par tout ce qu’elle a vécu, et qui, déjà, va loin, à l’orée des combats qui restent à mener, libertés à affirmer par les veines du mouvement et les chemins du corps. Sian ne tient pas du slogan. Sian signifie cicatrice en langue wobé. Dans un mouvement retenu, composé, rythmé même si à fleur de peau, Tatiana Gueria Nade affirme farouchement le droit à l’indépendance, y compris par rapport à certains clichés d’une « danse africaine ». Elle jette son corps dans la bataille, en Amazone contemporaine, et cette liberté d’être qui s’affirme là est peut-être la plus belle réponse possible aux cicatrices du passé.

Lien de réservation : https://yurplan.com/events/Sian-Tatiana-Gueria-Nade/109884

Les spectacles sont sur réservation obligatoire en vue de la jauge en salle. Vous pouvez retrouvez toutes les informations sur le site internet du pôle culturel (polecultureldechirongui.com/saison), les pages Facebook/Instagram du pôle ou directement sur place sur les horaires d’ouverture.

Front de mer de Mamoudzou : les habitants invités à s’exprimer vendredi

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La Ville de Mamoudzou invite la population à participer à une réunion publique, ce vendredi 15 mars, à partir de 13h30 à la MJC de Mamoudzou. Cette réunion publique marquera une seconde étape dans le processus de co-construction du projet de réaménagement du front de mer de Mamoudzou. La première consultation citoyenne, du 26 décembre 2023 au 26 janvier 2024, a permis de recueillir les attentes et les ambitions de la population pour le réaménagement du front de mer. Ces premiers résultats ont enrichi la réflexion sur le projet et sont retranscrits dans les orientations générales d’aménagement retenues pour la façade maritime.

Cette réunion publique, véritable temps d’échange avec la population, a pour objectifs de présenter l’avancement du projet, de répondre aux interrogations, d’orienter le choix définitif des élus pour le réaménagement du front de mer qui devra être arrêté en avril 2024.

A l’occasion de cette réunion publique, la Ville présentera les conclusions de la première étape de co-construction, les orientations générales d’aménagement de la façade maritime qui en découlent, et enfin les deux scénarios d’aménagement proposés. Habitants, professionnels, associations ou encore porteurs de projets sont invités à venir nourrir le débat autour des scénarios du projet pour la promenade du front de mer de demain.

« Venez nombreux apporter votre contribution à la réussite de ce projet d’envergure pour Mamoudzou », annonce la municipalité.

Crise de l’eau : Citeo lance un jeu-concours pour recycler les bouteilles en plastique

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Jusqu'au 13 avril, des bons d'achat pourront être donnés en échange de bouteilles en plastique.

L’organisme Citeo lance l’opération « NISI Hifdahui Chisiwa Yangu » pour récupérer un maximum de bouteilles en plastique à Mayottedu lundi 18 mars au samedi 13 avril. Des bons d’achats d’une valeur de 150 euros à 300 euros à valoir en magasin sur des produits alimentaires, du petit électroménager et de la décoration viendront récompenser les meilleurs trieurs.  

Pendant toute la durée de l’opération, un camion de collecte passera dans 24 villages, répartis sur toute l’île, pour collecter les bouteilles en plastique vides. Les Mahorais sont invités à apporter leurs bouteilles en plastique en quantité pour maximiser leur chance de gagner : chaque lot de vingt bouteilles apporté donne droit à un bon de participation au jeu. Retrouvez la carte interactive et les dates de passage aux 24 points de collecte sur le site internet de l’opération (hifadhuichisiwa.zievent.yt).

Crise de l’eau : dernières distributions de bouteilles à Bouéni et Chirongui

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La commune de Bouéni organise sa toute dernière distribution de bouteilles d’eau, sur présentation de la carte de distribution d’eau, en plusieurs endroits cette semaine. Mercredi, au centre communal et d’action sociale (CCAS) de Bouéni, de 8 heures à midi. Samedi, à la maison de la jeunesse et de la culture (MJC) de Moinatrindri, au foyer de Mzouasia et au CCAS de Bouéni, de 9 heures à midi.

La commune de Chirongui informe également sur son compte Facebook que la municipalité distribuera des bouteilles d’eau « jusqu’à épuisement du stock ». Selon ce planning : ce mercredi, de 7 h 15 à 14 h 15 à l’école maternelle pour le village de Tsimkoura ainsi que jeudi, mêmes horaires, sur la place Manzaraka, pour les villages de Malamani et Mramadoudou. Et samedi, aussi de 7 h 15 à 14 h 15, à la MVVA pour les villages de Poroani et Mirereni.

La fin des distributions avait été annoncée par la préfecture pour le 29 février afin de rentrer dans une phase, dès ce mois de mars, de constitution de stock stratégique au sein des communes, institutions et de locaux associatifs.

Ramadan : le jeûne déconseillé pour les femmes enceintes

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« Le corps médical recommande aux femmes enceintes et allaitantes de ne pas pratiquer le jeûne, et le Coran le déconseille également en cas de risque pour la santé de la mère et de l’enfant », communique ce mardi, en ce premier jour de ramadan, le réseau périnatal de Mayotte (Répéma) sur son compte Facebook. Il expose ainsi les risques : déshydratation, carences alimentaires, accouchement prématuré, retard de croissance pour le fœtus, diminution du liquide amniotique, etc.

Le réseau conseille de bien s’hydrater, adopter un rythme de trois repas par jour, privilégier des aliments riches en vitamines et éviter ceux trop sucrés, se reposer et prendre le temps de manger. Pour plus d’informations, contactez le Répéma par tél. au 02 69 62 28 15, ou bien allez sur son site internet (www.reseaux-sante-mayotte.fr/repema).

Ramadan : un appel à modérer les prix

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« Il faut endiguer les dérives spéculatives et l’envolée des prix », lit-on dans une publication sur le compte Facebook du préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, ce mardi. En plein début de mois de ramadan, le représentant de l’État appelle l’ensemble des opérateurs économiques à la modération dans la fixation des prix, notamment ceux de première nécessité, fortement consommés pendant ce mois. Il aurait chargé la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités d’y travailler avec les acteurs économiques.

L’an dernier, les prix étaient restés stables pendant la période du ramadan. Seuls quelques produits étaient devenus plus rares vers la fin du mois sacré.

L’unité médico-judiciaire se déplace

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C’était ce que voulait mettre en place le seul médecin légiste de l’île, Thierry Lahalle, après la levée des barrages : la possibilité de se faire prélever à d’autres endroits de l’île, après une agression. Depuis, c’est chose faite. Avec une infirmière, le directeur de l’unité médico-judiciaire (UMJ) basée à Mamoudzou, propose des consultations tous les mercredis au dispensaire de M’ramadoudou (commune de Chirongui), de 7 heures à 15 h, et le vendredi, à celui de Kahani (commune d’Ouangani), mêmes horaires.

« Les victimes de tout type d’agressions peuvent venir sur rendez-vous, sans rendez-vous, sur réquisition c’est-à-dire après avoir déposé plainte et même sans », détaille le professionnel. Le reste du temps, et même les jours où le médecin légiste n’est pas sur place, l’UMJ présente au centre hospitalier de Mamoudzou continue d’accueillir le public. Cette nouvelle présence sur le territoire permet de « si une jeune fille par exemple se fait violer mardi soir dans le sud, on peut demander à la garder au dispensaire et je peux aller la voir le lendemain. C’est mieux que de l’amener à Mamoudzou, mélangée à d’autres patients, aux urgences… »

Pour cela, Thierry Lahalle est en lien avec le seul psychologue, à Mamoudzou, avec lequel l’UMJ travaille, pour permettre d’assurer également des soins psychologiques. « On va voir si ce dispositif fonctionne mais l’idée c’est de le rendre pérenne », appuie le directeur, qui aimerait néanmoins pouvoir compter sur des collègues médecins légistes et d’autres psychologues. Les prélèvements réalisés servent de preuves en cas de poursuites judiciaires.

FISM : le concours des clubs de Mayotte jusqu’au 7 avril

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Le festival de l’image sous-marine (FISM) de Mayotte propose, pour la deuxième fois, un concours de photographies sous-marines : c’est le concours des clubs de Mayotte. La photo doit être prise lors d’une sortie plongée dans le lagon mahorais, avec l’un des clubs de l’île et sous réserve de remplir un bulletin d’inscription. Une récompense sera attribuée au photographe et au club de plongée. Fin des inscriptions, le 7 avril.

Avant le festival du 23 au 26 mai prochain, d’autres concours sont ouverts aux inscriptions ici, gratuitement, jusqu’au 14 avril : le concours de dessin Jack Passe, réservé aux jeunes sur l’univers de la barrière de corail ; le concours d’images fixes dont fait partie le concours des clubs de Mayotte évoqué plus haut, et le concours de films.

La 29ème édition du festival vous donnera rendez-vous place de la République, à Mamoudzou, pour d’autres festivités. Dans le but toujours de sensibiliser le public à la beauté et la richesse de l’environnement marin et de sa préservation.

Le Grand nord de Mayotte cherche un directeur

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La communauté d’agglomération du Grand nord de Mayotte recherche son nouveau directeur général de collectivité ou d’établissement public pour une prise de poste au siège, le 1er mai, à Bouyouni, village de Bandraboua. Pour davantage d’informations sur le descriptif de l’emploi, les missions et le profil recherché, ainsi que pour candidater, il faut se rendre sur emploi-territorial.fr.

Crise de l’eau : Les maires plaident pour que les factures restent prises en charge

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Le paiement des factures d’eau doit reprendre pour le mois de mars.

Au 1er mars, la prise en charge des factures, comme la distribution généralisée des bouteilles d’eau, ont été arrêtées. Dans un courrier à Gabriel Attal, le Premier ministre, l’association des maires de Mayotte (AMM) a fait part de son souhait que la première mesure soit prolongée.

Depuis le mois de septembre 2023, les factures envoyées par la Société mahoraise des eaux (SMAE) sont payées directement par l’État. « Cette mesure qui visait principalement à soulager le portefeuille des ménages contraints de se ravitailler en packs d’eau en raison des coupures prolongées et de la non-potabilité de l’eau du robinet (N.D.L.R. il n’y a pas eu d’interdiction de consommer de l’eau au robinet depuis le mois de janvier et la pollution au plomb dans les communes de Dembéni et Bandrélé) était reconduite en janvier puis en février 2024 », rappelle l’association des maires, dans une lettre adressée au Premier ministre Gabriel Attal, ce lundi. Le choix du destinataire n’est pas neutre, c’était Matignon qui avait acté la mesure en octobre 2023. Celle-ci s’était imposée avec le passage à des coupures d’eau de 48 heures, le 4 septembre, portées rapidement à 54 heures. Le gouvernement avait décrété que le service n’était plus assuré et que les Mahorais n’avaient donc plus à payer, tout en insistant sur le fait que l’eau n’était pas de son ressort. La compétence est communale, les municipalités de Mayotte s’étant regroupées dans le syndicat des Eaux de Mayotte.

Celui-ci a délégué sa mission à la SMAE, qui a pu augmenter dernièrement sa production grâce aux travaux et à la faveur d’une météo idéale remplissant les rivières, les nappes phréatiques et les retenues collinaires (toutes les deux à 100% de leurs capacités aujourd’hui). Cependant, « je tiens à vous informer que malgré cette évolution positive, la population reste tout de même privée d’eau un jour sur deux et se trouve toujours dans l’obligation de se ravitailler en bouteilles d’eau car l’eau du robinet reste impropre à la consommation », assure l’association des maires de Mayotte (AMM), présidée par Madi Madi Souf. En réalité, les différents secteurs (hormis la zone industrielle de Kawéni qui ne connaît que des coupures nocturnes) sont passés à un rythme de deux jours d’eau sur trois. Des soucis de production aux usines de Bouyouni et Ourovéni ont entraîné, il est vrai, de nombreuses coupures techniques sur le réseau, ces dernières semaines.

Des coupures jusqu’en 2025

Ce service qui n’est pas assuré complètement, et qui ne devrait pas l’être avant l’entrée en production de l’usine de dessalement d’Ironi Bé en 2025, nécessite de prolonger le paiement des factures par l’État, estiment les maires, et même si les prix des bouteilles d’eau demeurent gelés jusqu’au 15 avril. « L’État qui s’était, par ailleurs, engagé à prolonger le dispositif de prise en charge en fonction de la situation et tant que l’eau ne reviendrait pas de façon courante et continue dans les robinets doit tenir sa parole et faire preuve de solidarité envers les Mahorais en continuant à prendre en charge les factures d’eau jusqu’à la fin effective des coupures et tours d’eau et au retour avéré de sa potabilité », est-il écrit dans le courrier.

Le même jour, l’État a décidé de faire un geste en direction des entreprises (voir encadré). Pas sûr qu’il souhaite faire de même pour les factures, surtout pour une crise dont la responsabilité revient aussi aux collectivités locales. « Ce sont les collectivités qui sont responsables de l’eau », tenait souvent à rappeler Philippe Vigier, l’ex-ministre délégué aux Outremer « et à la crise de l’eau mahoraise ».

L’aide aux entreprises prolongée

« Au regard de la situation particulièrement difficile dans laquelle se trouvent les entreprises, l’arrêté du 8 mars 2024 prolonge et fait évoluer l’aide sur le mois de février 2024 », indique la préfecture de Mayotte ce mardi, concernant cette aide étatique mise en place avec la crise de l’eau. Le versement sera réalisé par la direction générale des finances publiques pour les entreprises ayant déjà perçu le premier versement de l’aide pour la période de septembre à novembre 2023. Sans besoin d’aucune démarche complémentaire. Le critère de prise en compte selon lequel les entreprises doivent avoir des dettes fiscales inférieures ou égales à un montant total de 1.500 euros est supprimé. « Au regard de la fragilisation financière que rencontrent les entreprises mahoraises », lit-on comme explication dans le communiqué de la préfecture.

Les entreprises concernées appartenant aux secteurs définis par l’arrêté du 25 octobre 2023 peuvent, dès ce 12 mars et jusqu’au 30 avril, déposer une demande d’aide pour la période de septembre à novembre, sur leur espace particulier numérique. « Les aides complémentaires leur seront versées automatiquement. »

Un jeu-concours pour recycler les bouteilles

L’organisme Citeo lance l’opération « NISI Hifdahui Chisiwa Yangu » pour récupérer un maximum de bouteilles en plastique à Mayotte, du lundi 18 mars au samedi 13 avril. Des bons d’achats d’une valeur de 150 euros à 300 euros à valoir en magasin sur des produits alimentaires, du petit électroménager et de la décoration viendront récompenser les meilleurs trieurs.  

Pendant toute la durée de l’opération, un camion de collecte passera dans 24 villages, répartis sur toute l’île, pour collecter les bouteilles en plastique vides. Les Mahorais sont invités à apporter leurs bouteilles en plastique en quantité pour maximiser leur chance de gagner : chaque lot de vingt bouteilles apporté donne droit à un bon de participation au jeu. Retrouvez la carte interactive et les dates de passage aux 24 points de collecte sur le site internet de l’opération (hifadhuichisiwa.zievent.yt).

Fly-Li, une nouvelle compagnie tombée du ciel

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Fly-Li devrait déployer ses ailes à l’aéroport Marcel-Henry dans le courant du mois d’avril.

La filiale réunionnaise d’une compagnie aérienne croate promet deux avions pour rejoindre La Réunion et Madagascar plus rapidement depuis Mayotte. Les contours de cette arrivée inattendue dans le ciel mahorais seront dévoilés au cours d’une conférence de presse au conseil départemental.

Fly-Li, une des deux filiales ultra-marines de la compagnie aérienne croate ETF Airways, devrait proposer, à partir du mois d’avril, des vols régionaux au départ de Mayotte. La concrétisation d’un an et demi de travail main dans la main avec le conseil départemental, souligne Ali Omar, troisième vice-président de la collectivité en charge des transports.

Les destinations en ligne de mire de la compagnie, qui dispose également d’une filiale aux Antilles nommée Fly-Wi, sont dans un premier temps Mayotte, La Réunion et Madagascar. Fly-Li, dont le siège est implanté à La Réunion, deviendrait donc un concurrent direct d’Air Austral entre Mayotte et La Réunion tout en empiétant sur les plantes bandes d’Ewa Air en ce qui concerne la liaison entre Mayotte et Majunga, à Madagascar. Aucune information n’a pour l’heure filtré au sujet des prix d’appel des places au départ de l’aéroport Marcel-Henry. Sur son site, Fly-Wi promet « le juste prix ».

Mayotte-Majunga en vingt minutes

Si son programme de vols n’a rien d’un grand changement, la compagnie aérienne croate promet un gain de temps certain. Pour cause, Fly-Li s’apprête à déployer deux Saab 2000, des avions à turbopropulseurs aussi rapides que des jets. « Il sera possible de rejoindre Majunga depuis Dzaoudzi en à peine plus de 20 minutes », illustre Ali Omar.

La compagnie annonce aussi de nouvelles filières dans l’import-export via l’exploitation en parallèle d’un autre avion, le Saab 340B, capable d’embarquer jusqu’à trois tonnes de fret et plus de 35m3 de volume. Des précisions au sujet de ce nouvel arrivant dans le ciel mahorais devraient être apportées prochainement par Samuel Vivares, président de Fly-Li et ancien directeur régional Caraïbes et Amérique de Corsair, au cours d’une conférence de presse au conseil départemental.

Un partenariat public-privé a été acté entre le département et ETF Airways. Le conseil départemental a proposé d’entrer au capital de la compagnie aérienne en prenant 52% des parts. L’institution fait montre de bonne volonté dans ce dossier. Rappelons que les négociations entre le conseil départemental et Ewa-air avaient fini par faire « pschitt » au début de l’année 2023.

Le « flop » de Fly-Wi aux Antilles-Guyane

Avant de se positionner sur l’océan Indien, ETF Airways avait tenté de jouer ses cartes aux Antilles et en Guyane, où les liaisons aériennes sont l’apanage d’Air Caraïbes (Groupe Dubreuil) et d’Air France. En septembre 2022, la compagnie aérienne annonçait qu’elle allait lancer avant la fin de l’année des vols « réguliers » dans la Caraïbe mais aussi entre la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane française. Mais les négociations avec la direction générale de l’aviation civile (DGAC), le gendarme de l’aérien, n’ont pas abouti. Fly-Wi est donc resté sur le tarmac. Il a fallu attendre plus d’un an pour qu’une autre compagnie aérienne, Sky High (basée en République dominicaine), bénéficie d’une autorisation exceptionnelle de la DGAC pour relier la Guyane depuis la Martinique et la Guadeloupe. Notons que, cette fois, ETF Airways a pris les devants. L’annonce du lancement des lignes dans l’océan Indien intervient après délivrance du certificat de transport aérien.

Air Austral pas encore tiré d’affaire

Air Austral, compagnie mère d’Ewa Air, a récemment dû revoir ses plans et esquisser des coupes dans ses budgets. Une baisse des salaires d’environ 10% (le double pour les plus gros revenus) et un gel du 13e mois font partie des propositions formulées par les investisseurs auprès des salariés. Objectif : économiser 24 millions d’euros, alors que la compagnie réunionnaise a déjà contracté 80 millions d’euros de prêts garantis par l’État et bénéficié de 45 millions d’euros d’apports en compte courant de la Région Réunion, son actionnaire principal. Selon le Journal de l’Île de La Réunion, les actionnaires privés et publics ont récemment décidé d’effectuer un nouvel apport financier de dix millions d’euros « pour donner de l’oxygène » à Air Austral. Des discussions vont donc s’engager avec les syndicats de salariés. Les dirigeants prévoient de sortir l’entreprise du rouge financier dès l’exercice 2024-2025,

Assises de l’Industrie : Un écosystème territorial préconisé par Nadine Levratto

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Pour Nadine Levretto, Mayotte va devoir former sa jeunesse à moyen terme pour assurer les besoins de son développement économique.

Ambiance studieuse dans l’hémicycle Younoussa-Bamana au conseil départemental de Mayotte, ce mardi 12 mars. Élus locaux et consulaires, opérateurs économiques, cadres d’administratifs et des particuliers avaient répondu à l’invitation de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) pour la restitution du livre blanc des assises de l’Industrie à Mayotte (30 novembre et 1er décembre 2023). Une restitution assurée par Nadine Levratto, directrice de recherches au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et directrice du laboratoire Économix à l’université Paris-Nanterre.

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Le financement de l’industrialisation de Mayotte se fera en partie par des aides économiques publiques.

Flash Info : Où en sommes-nous avec le projet de labellisation de Mayotte en territoire d’industrie ?

Nadine Levratto : Mayotte vient d’obtenir la labellisation « territoire d’industrie ». Pour faire simple, il s’agit d’un principe qui impose un binôme entreprises-collectivités locales. Le cas de votre île est un peu spécifique, en l’occurrence cinq intercommunalités qui ont choisi d’être représentées par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI). Cela signifie que le comité de sélection de la labellisation a considéré que le dossier mahorais était robuste, sachant qu’il y a toute une série de fiches actions formulées dans le cadre du dossier. Celles-ci portent sur différents secteurs dont l’énergie et l’agroalimentaire, qui sont viables localement puisque les ressources sont normalement nécessaires pour que le projet soit labellisé dans sa globalité. Maintenant, tout n’est pas fait, certains projets sont déjà mûrs tandis que d’autres sont encore à l’état d’idées. Il va falloir mobilier des ressources financières, humaines et productives pour mener à bien tous ces projets. Et j’espère que le livre blanc que nous sommes en train d’élaborer va contribuer à le faire.

F.I. : Comment pallier le manque de compétences locales dans un secteur aussi exigeant que l’industrie ? 

N.L. : Chercher des compétences à l’extérieur est un palliatif à court terme, on manque de compétences et de main d’œuvre disponible pour des métiers dont on a besoin. Mais à moyen terme, il faut aussi former cette jeunesse mahoraise qui est très importante pour qu’elle puisse répondre aux besoins de développement du territoire. Cela passe par deux choses, d’abord la question des compétences de bases nécessaires pour s’adapter aux changements de métiers. On appelle cela les apprentissages fondamentaux. Et puis après les apprentissages de spécialités qui peuvent faire l’objet d’une formation initiale et aussi d’une en continu. Tout ce système de formation à multiples étages peut faire partie de l’affranchissement des entreprises locales à la main d’œuvre extérieure.

F.I : Quel est selon vous la meilleure manière de parvenir aux objectifs recherchés à travers ce livre blanc ?

N.L. : Je préconise que tout soit fait en même temps, car si on doit commencer par formaliser ce qui existe déjà et, après, une fois bien installée l’entreprise cherche à passer à une production plus écologique, ça va non seulement prendre du temps, mais finalement coûter plus cher avec plusieurs jeux d’adaptation à faire. La proposition que je fais est de tirer parti du fait que beaucoup de choses sont à construire pour les faire en suivant les règles d’une économie écologique en optimisant les flux de matières, en réduisant les consommations intermédiaires, en réalisant des économies d’eau et d’énergie de façon à ce que le coût de ces changements soit en partie absorbé par les économies qu’il permet de réaliser. Et puis après, il y a la responsabilité des acteurs publics (État, Département et collectivités locales) pour financer la transformation des entreprises au lieu de faire des financements qui parfois contribuent juste à la survie à l’identique de l’entreprise.

Je préconise la constitution d’un écosystème territorial. Il n’y a pas d’entité industrielle suffisamment grosse pour créer autour d’elle un réseau suffisant de sous-traitants, de co-traitants, dans un cadre de relations d’achats/ventes. À Mayotte, on est sur un territoire où de petites entreprises et des PME qui n’ont pour unique solution d’exister par la création de synergies, de complémentarités entre les entreprises existantes. Soit parce que justement l’un va fournir à l’autre les intrants dont il a besoin, et on va trouver un client pour assurer des débouchés, soit parce qu’on va se retrouver, à l’image d’un cluster, pour satisfaire ensemble une demande qui ne serait pas possible de servir pour une seule entreprise. Pour les petits territoires insulaires (ou pas), il faut renforcer les interrelations entre les entreprises au sein du territoire pour avoir un système productif plus cohérent, plus cohésif, et plus solidaire possible dans le but de se positionner sur des marchés en groupe plutôt que de se lancer dans des forces individuelles qui peuvent embarquer derrière d’autres entreprises. Là, il faut tisser des solidarités d’abord, d’où la notion d’écosystème productif pour ensuite pouvoir servir des marchés.

F.I. : Comment faire pour assurer un réel décollage d’une économie industrielle locale en ayant connaissance des handicaps propres à Mayotte ?

N.L. : Les handicaps listés sont structurels, on ne peut pas faire comme si l’étroitesse et l’insularité n’existent pas. Non seulement ça existe, mais c’est très prégnant, c’est très fort. Il y a là comme une conjonction astrale avec les assises, le fait qu’il y ait ce projet de reconquête industrielle à la fois au niveau national et européen et le livre blanc. Nous pouvons dire que les objectifs sont alignés, il y a une fenêtre de tir qui s’ouvre et qui finalement constitue une chance, il me semble qu’une telle convergence d’intérêts ne s’est présenté à aucun moment de l’histoire de Mayotte, le macro-européen, le portage local à travers le territoire d’industrie et le livre blanc qu’on est en train de faire pour peut-être essayer de saisir cette opportunité pour que dans dix ans, nous ne soyons pas là encore à dire que ça fait cinquante ans que rien de concret n’a bougé.

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