L’auteur des faits était absent à l’audience, ce mardi 12 mars. Le tribunal a décerné un mandat d’arrêt.
Âgé de 18 ans au moment des faits, un homme qui en a dix ans de plus aujourd’hui écope de cinq ans d’emprisonnement ferme dont un an avec sursis pour des faits de viols requalifiés en « agressions sexuelles » et commis entre 2013 et 2014 sur une jeune fille de cinq ans, dans la commune de Tsingoni. Il n’était pas présent à l’audience. Le tribunal de Mamoudzou a donc assorti cette décision d’un mandat d’arrêt.
« On juge des faits plus de dix ans après, des faits particulièrement graves et d’une complexité quasi nulle. Il ne s’est rien passé pendant neuf ans ! », gronde l’avocate en charge de la défense de la jeune fille, qui vit désormais en métropole. La voix de la robe noire résonne, mais demeurera sans écho. Tout le monde est d’accord pour dire que dix ans d’attente, c’est beaucoup trop long. La mère de famille qui a déposé plainte en janvier 2014 aurait probablement acquiescé. Elle n’a cependant pas fait le déplacement, tout comme l’auteur des faits, placé sous contrôle judiciaire après une année en détention provisoire.
Le jeune homme était jugé en son absence pour trois faits distincts commis sur la commune de Tsingoni. Outre des fellations, il avait imposé une pénétration à la jeune fille de 5 ans à l’époque. Les dix années d’instruction de l’affaire qui ont suivi auraient pu faire prendre « une tout autre direction » au dossier, assène encore l’avocate. Pour « viols sur mineur », Omar Chindra, qui avait quelques années plus tôt fait l’objet d’un signalement pour une autre agression sexuelle, encourait vingt ans de réclusion criminelle. Deux fois plus que ce qu’il risquait, ce mardi, à l’audience du tribunal correctionnel présidée par Virginie Benech.
Pour l’avocate des parties civiles, les trois faits reprochés au prévenu ne sont pourtant rien d’autres que des viols. « Le juge d’instruction le dit lui-même, c’est une correctionnalisation en opportunité ! ». Le tribunal a suivi de près les réquisitions du parquet, condamnant par défaut l’homme de 28 ans à cinq ans d’emprisonnement fermes dont un an avec sursis. Par ailleurs, il devra dédommager la jeune fille à hauteur de 20.000 euros au titre des dommages et intérêts. Il fait désormais l’objet d’un mandat d’arrêt.
La convention de partenariat entre l’État et le Département de Mayotte a été signée, ce lundi 11 mars, à Paris, entre Dominique Faure, ministre déléguée aux collectivités territoriales, Stéphane Séjourné, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, et Ben Issa Ousseni, président du conseil départemental de Mayotte.
C’est un ministère qui suscite parfois des interrogations chez les Mahorais. Le Quai d’Orsay, siège des Affaires étrangères et européennes, a l’habitude de ménager la chèvre et le chou dans l’océan Indien, quitte à laisser Mayotte esseulée face aux revendications comoriennes. Cela devrait changer, espère le Département de Mayotte, qui vient de signer une convention à Paris, ce lundi.
Est-ce en raison de l’arrivée de Stéphane Séjourné, venu à Mayotte en 2023 en tant que patron du parti Renaissance (ex-La République en marche), qu’un avenir plus lumineux est entrevu pour l’archipel mahorais ? Celui qui est devenu ministre de l’Europe et des Affaires étrangères en janvier (avec la formation du premier gouvernement de Gabriel Attal) a reçu, ce lundi après-midi, le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni, en marge des Assises de la diplomatie parlementaire et de la coopération décentralisée. Accompagné des conseillères Soihirat El Hadad (canton de Pamandzi) et Hélène Pollozec (Mamoudzou 3), ce dernier a décroché la signature d’une convention liant la collectivité à la diplomatie française, réalisant un vœu du comité interministériel des Outremer en juillet 2023, à savoir « associer les territoires ultramarins à la politique étrangère de la France » (mesure n°54). Le document signé a plusieurs volets. Il doit renforcer le dialogue entre les deux parties, avec la création « d’un comité d’intégration régionale de Mayotte », qui inclut aussi le ministère de l’Intérieur et des Outremer, ainsi que faciliter les échanges avec le corps diplomatique en poste dans la région sud-ouest de l’océan Indien.
Côté conseil départemental de Mayotte, on réalise ainsi un rêve en mettant en place le cadre stratégique de coopération d’action internationale, qui a vu le jour lors de la mandature précédente. Celui-ci avait deux objectifs, « promouvoir l’insertion du territoire dans son environnement régional » et « la reconnaissance internationale de l’île en tant que collectivité française et européenne ».Difficile de ne pas penser aux revendications territoriales venant régulièrement des Comores et qui plombent les relations diplomatiques dans la région. Le rapprochement avec le Quai d’Orsay est donc une aubaine pour Mayotte et Ben Issa Ousseni, qui y voit même un échange donnant-donnant. « Monsieur le ministre, nous sommes également convaincus que le réseau diplomatique aurait beaucoup à gagner à davantage s’appuyer sur Mayotte dans le cadre de ses interactions régionales. Les Mahorais sont au croisement de la culture française et de la culture swahéli, malgache et bantou. Nous développons des liens de coopération, des liens humains et économiques avec nos voisins malgaches, comoriens, tanzaniens, mozambicains et kenyans », fait valoir le président de la collectivité mahoraise.
Des ambassadeurs régionaux
Une deuxième convention doit permettre aux membres du conseil départemental de faire valoir les intérêts de Mayotte dans les officines diplomatiques de la région, tandis que trois représentants du Département prendront place respectivement à Maurice, Madagascar et au Mozambique. Pour ce dernier pays, par exemple, c’est le dramaturge et directeur de la bibliothèque départementale de Cavani, Alain Kamal Martial, qui est déjà nommé.
Un travail diplomatique régional devrait connaître son premier grand test, cette année. Le président du conseil départemental le rappelle d’ailleurs. Mayotte devrait accueillir la prochaine conférence de coopération régionale de l’océan Indien. « Je profite d’ailleurs pour vous remercier Monsieur le Ministre (N.D.L.R. le choix était fait avant la nomination de Stéphane Séjourné), avec vos services, de l’honneur que vous nous faites en organisant ce sommet de notre diplomatie à Mayotte ».Les canaux pour se parler étant officiellement ouverts, il faut désormais arriver à se comprendre.
En attendant les Nations unies ?
Ce n’est pas la première fois que le ministère des Affaires étrangères se montre plus enclin à aider Mayotte face aux revendications du pays voisin. Le 30 novembre 2023, Catherine Colonna, l’ancienne occupante du Quai d’Orsay, avait accepté l’idée d’une délégation mahoraise pour se rendre aux Nations unies.Dans une lettre envoyée aux élus mahorais, elle indiquait avoir demandé« à la Représentation permanente de la France auprès de l’Organisation des Nations unies à New York de vous apporter tout l’appui nécessaire à son organisation ». Régulièrement demandeur d’une telle initiative, le député mahorais Mansour Kamardine« s’en félicitait ».
L'aide exceptionnelle mise en place par l'Etat pour les entreprises mahoraises est prolongée.
« Au regard de la situation particulièrement difficile dans laquelle se trouvent les entreprises, l’arrêté du 8 mars 2024 prolonge et fait évoluer l’aide sur le mois de février 2024 », indique la préfecture de Mayotte ce mardi, concernant cette aide étatique mise en place avec la crise de l’eau.
Le versement sera réalisé par la direction générale des finances publiques pour les entreprises ayant déjà perçu le premier versement de l’aide pour la période de septembre à novembre 2023. Sans besoin d’aucune démarche complémentaire.
Le critère de prise en compte selon lequel les entreprises doivent avoir des dettes fiscales inférieures ou égales à un montant total de 1.500 euros est supprimé. « Au regard de la fragilisation financière que rencontrent les entreprises mahoraises », lit-on comme explication dans le communiqué de la préfecture.
Les entreprises concernées appartenant aux secteurs définis par l’arrêté du 25 octobre 2023 peuvent, dès ce 12 mars et jusqu’au 30 avril, déposer une demande d’aide pour la période de septembre à novembre, sur leur espace particulier numérique. « Les aides complémentaires leur seront versées automatiquement. »
Le réseau orange a été rétabli lundi, à 20 heures.
« Normalement tout est revenu à la normale. Le service est revenu lundi, à 20 heures », informe le service presse de l’opérateur Orange. Selon les explications apportées, les perturbations sur le réseau, sur les numéros courts, sont liées à une panne d’énergie. Celle-ci aurait entraîné des pannes successives des groupes électrogènes présents à Mayotte. « C’était exceptionnel mais on a solutionné le problème avec la mise en place d’un nouveau groupe électrogène », renseigne-t-il.
Lundi, une liste d’autres numéros avait été fournie afin de pouvoir pallier le problème et appeler les secours.
Une opération « massive de sécurité, conformément aux directives du préfet », François-Xavier-Bieuville, a eu lieu dimanche, à Iloni (commune de Dembéni), a communiqué la préfecture sur son compte Facebook. Ces opérations doivent avoir lieu chaque semaine afin de « sécuriser les quartiers », « identifier les délinquants » et « interpeller ». Pas de communication en revanche sur de possibles interpellations réalisées le jour-même.
Une panne est à l’origine de nombreuses perturbations téléphoniques ce lundi 11 mars, y compris sur les numéros d’urgence : 15 (police), 18 (pompiers) et 112 (urgences). Les différents services ont mis en ligne d’autres numéros de téléphone à composer : depuis un mobile SFR ou Only, le 06.39.69.41.78, et depuis un mobile Orange, le 06.39.55.70.44. Pour contacter le Samu, veuillez tenter ces numéros : 06.39.69.90.45, 06.39.68.21.01 ainsi que le 06.39.69.90.46.
Le réseau de transports scolaires, Halo’, géré par la société Transdev, a lancé, avec la rentrée des classes ce lundi, son concours Respect Halo’. À gagner pour les deux classes gagnantes, 1.500 euros. Une en catégorie collège, l’autre en catégorie lycée. Les inscriptions sont ouvertes du 11 mars au 8 avril, pour des groupes de minimum de six personnes ou en classe entière, et encadrés par un référent pédagogique. Le principe est de proposer une création sur le thème du respect et de la non-violence sur le réseau de bus, par le biais de la chanson, de la danse, des graffitis, un clip, un sketch etc. Les créations sont à déposer jusqu’au 24 mai. La remise des prix aura lieu le 25 juin. Les deux classes lauréates recevront les 1.500 euros pour un projet éducatif. Plus d’informations ici.
La Fédération Les Républicains de Mayotte prévoit de renouveler ses bureaux de section communale par un vote, le dimanche 14 avril. Ces nouveaux responsables auront « la charge de représenter nos valeurs, de défendre les intérêts de notre mouvement et décliner notre politique au niveau local », décrit le parti politique dans un communiqué de presse. Les postes de présidents, secrétaires et référents jeunes sont à pourvoir. Seuls les adhérents à jour de leur cotisation avant le 30 mars auront le droit de voter ou de se porter candidats. Plus de renseignements, par tél. au 06 39 69 76 32.
Et vous exposiez vos produits au palais de l’Elysée ? La Grande exposition du fabriqué en France revient cette année pour une mise à l’honneur de deux jours, à la fin du mois de juin. Entreprises, artisans, associations, producteurs et industriels engagés dans la fabrication française peuvent participer à cette quatrième édition. Les dossiers de candidature sont à déposer ici, jusqu’au 17 mars.
Une pré-sélection sera établie par les préfectures et un comité de sélection aura pour mission d’établir la liste des produits exposés. Ceux-ci « devront s’inscrire dans une démarche de production respectueuse de l’environnement, socialement innovante et utile au maintien d’un des savoir-faire régionaux et au développement économique local », lit-on sur le site internet de l’Elysée.
En 2023, plus de 9.000 visiteurs ont pu découvrir plus de 120 produits exposés, issus de tous les territoires français.
Ali Omar, le troisième vice-président du conseil départemental de Mayotte, en charge de l'administration générale, des transports, et de la transition écologique, a réceptionné ce lundi les travaux de la première phase du chantier de Dzaoudzi.
Un parking flambant neuf est désormais en service quai Issoufali à Dzaoudzi. Il permet un basculement des véhicules utilitaires et des taxis pour libérer les pourtours immédiats de la gare maritime et le démarrage de la deuxième phase du chantier démarré en octobre 2023. Malgré cinq semaines de mouvements sociaux sur l’île, l’entreprise Colas a été capable de respecter les délais de réalisation. Près de cent places de parking sont disponibles depuis ce lundi.
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Un total de cent places de parking sont désormais disponibles sur le front de mer de Dzaoudzi.
Une nouvelle gare maritime est programmée sur le quai Issoufali.
Ali Omar avait le sourire ce lundi matin. Flanqué de son principal collaborateur, Anli Maandhui, d’Ahmed Soilihi (chargé d’études ingénierie à la direction de l’aménagement au département), et de plusieurs journalistes, le troisième vice-président du conseil départemental de Mayotte, en charge de l’administration générale, des transports, et de la transition écologique est venu sur place, à Dzaoudzi, constater l’état d’avancement de ce chantier prévu pour durer un an et relever d’éventuelles observations. « Nous réceptionnons la première phase de ce chantier et sommes satisfaits de constater que les travaux sont menés à bien malgré la crise sociale et les difficultés que l’île a connu récemment », a déclaré l’élu du canton de Dzaoudzi-Labattoir.
Il a annoncé le démarrage immédiat de la seconde tranche des travaux et s’est dit content pour la population locale qui va pouvoir bénéficier d’un service public gratuit et d’un grand parking à la hauteur de ses attentes. Outre la physionomie des lieux, l’achèvement de ces premiers travaux permet en effet aux usagers de disposer de 70 places de parking pour les véhicules de tourisme et utilitaires et 30 places dédiés aux taxis-villes, dans un parfait ordonnancement, une maîtrise des écoulements d’eaux pluviales, un éclairage dernier cri et un système de sécurité inédit via un réseau de caméras de surveillance (sous gestion communale). « C’est cela l’avantage dont va pouvoir bénéficier aujourd’hui la population, le nouveau service est incontestablement de meilleure qualité que ce qui a existé avant. L’enrobé remplace une chaussée trouée partout et non éclairée », a renchéri Ali Omar.
Davantage de sécurité pour les usagers
Élément nouveau et remarquable dans ce nouveau dispositif en place quai Issoufali, une voie spécifique (depuis la route nationale) pour les véhicules devant emprunter les barges. En d’autres mots, c’est l’équivalent en véhicules du contenu de deux barges qui sont soustraits du trafic habituel sur la nationale, offrant ainsi davantage de sécurité aux usagers de la route en direction du quai Ballou et de la gare maritime. Dans la foulée, la deuxième phase du chantier a tout naturellement démarré dès réception des premiers travaux. Elle va porter sur une amélioration de l’ancien emplacement réservé aux taxis avec des équipements réservés au profit de la gendarmerie, de la CCI (Chambre de commerce et d’industrie), la DTM (direction des des transports maritimes, ex-STM). Il est également programmé un accès particulier pour les véhicules citernes de Total qui ravitaillent le réservoir de carburant à destination des plaisanciers, des barges et autres embarcations.
Une fois ces nouveaux travaux achevés, le chantier se poursuivra avec la réfection de l’embarcadère afin de sécuriser le stationnement des barges et des amphidromes. « Des emplacements sont prévus du côté de centre de formation maritime pour les bus, sachant qu’en parallèle, nous travaillons sur un grand projet à Foungoujou pour les lignes de bus interurbains. Cette phase 2 est à considérer comme provisoire, aux seules fins de favoriser la réalisation prochaine de ce grand projet d’une enveloppe budgétaire de quarante millions d’euros », a précisé le vice-président du Département.
« Éviter le stationnement ici »
Par ces travaux, la collectivité départementale ambitionne de décongestionner le trafic routier sur le Rocher de Dzaoudzi en incitant la population à recourir au maximum au transport collectif. À terme, Dzaoudzi ne sera plus traversable que par les véhicules en direction ou en provenance de la Grande-Terre via le quai Ballou. « Il est impératif d’éviter le stationnement ici, nous savons que le parc automobile de Mayotte augmente chaque année de 10%, ça fait beaucoup et nous n’avons pas les équipements suffisants étant donné que le transport collectif n’est pas encore en place. Je suis en charge de ce dossier et nous y travaillons activement, dans l’espoir de pouvoir le matérialiser dans un délai de trois ans. »
Ali Omar insiste sur la gratuité du stationnement sur ce nouveau parking de Dzaoudzi dont la gestion sera ultérieurement cédée à la commune. « Il appartiendra bien sûr à cette dernière de suivre l’esprit du Département en continuant à offrir un service gratuit à la population. » Il a évoqué les navettes gratuites (au profit des usagers des barges qui ne peuvent plus stationner leurs voitures sur place) mis en place par le Département en octobre 2023 au moment du démarrage des travaux, celles-ci ont vocation à cesser aussitôt que le chantier sera terminé.
Il a également souligné que l’enveloppe budgétaire de huit millions d’euros initialement affecté à ses travaux ne devrait pas (ou très peu) être dépassée.
Le quai Issoufali fermé pour six mois à partir de mai
D’un point de vue technique, l’ensemble de ces travaux prévus à Dzaoudzi portent sur un marché de réhabilitation des deux quais gérés par la DTM, Issoufali et Ballou. Pour se faire, les services du département ont dû réfléchir sur la manière d’accéder à ces infrastructures. Une voie d’accès spécifique aux barges a émergé de cette réflexion. Bien que mise en service également ce lundi matin, celle-ci n’est pas complètement achevée, la chaussée devant être rehaussée. Les longues files d’attente le long de la route nationale ont disparu, de même que les embouteillages, les conducteurs font la queue à l’intérieur du périmètre de ce nouveau parking. Autrefois soumis continuellement aux effets des marées, ce parking a vu son niveau rehaussé pour empêcher une détérioration rapidement. Des enrochements ont été apportés et un nouveau mur de rehaussement protège désormais le parking des effets des marées. La route d’accès aux barges sera prolongée dans un délai supérieur à un mois. Vers la fin du mois de mai, les travaux en cours quai Ballou devraient également s’achever pour permettre la réouverture de cet équipement à la circulation des personnes et des véhicules. Inversement, c’est le quai Issoufali qui sera, à son tour, complètement fermé pour six mois. Des interventions similaires à celles menées en ce moment quai Ballou y seront menées.
L’association l’Arche d’Hélios regroupe plusieurs chiens par cage lorsque cela est possible.
Face à la recrudescence des chiens errants à Mayotte, l’association l’Arche d’Hélios s’évertue à les sortir de la rue en les faisant adopter, notamment dans l’Hexagone. Alors que la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, a annoncé que des arrêtés seraient pris pour euthanasier ceux élevés par les délinquants, l’association affirme qu’elle peut offrir une alternative, si on lui en donne les moyens.
Jappements et miaulements se font entendre sur le parking de l’aéroport Marcel-Henry, à Pamandzi, ce jeudi. Ils sont cinq chiens et cinq chats prêts à prendre l’avion pour l’Hexagone. Alors qu’ils erraient il y a encore quelques temps dans la rue, l’association l’Arche d’Hélios les a recueillis et a organisé leur départ vers leurs familles d’adoption. « On les identifie, on les puce, on les soigne, on les stérilise et on les vaccine avant d’organiser leur voyage », liste la présidente de l’association, Sandrine Klein, qui attend les animaux à Paris avec les familles adoptantes. Chez elles, à Mayotte, il lui est déjà arrivé d’avoir plus de vingt chiens et chats chez elle, sauvés de la rue ou de l’abandon.
Généralement, les animaux sont envoyés chez des familles d’accueil ou adoptives dans l’Hexagone. Cette fois-ci, presque tous les animaux ont déjà été adoptés.
Pour ce départ, c’est Katya Julvez qui coordonne l’opération depuis Mayotte. « C’est une grosse organisation car on a des familles d’accueil qui viennent de Grande-Terre et d’autres de Petite-Terre », décrit-elle. Ce jeudi, un peu moins de dix familles d’accueil sont réunies pour dire au revoir aux animaux qu’elles ont accueilli chez elles, parfois depuis plusieurs semaines, voire mois.
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L’association a droit à cinq cages par avion. Chaque billet par cage coûte 200 euros.
La présidente de l’association l’Arche d’Hélios, Sandrine Klein, à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, à Paris, à l’arrivée des animaux partis la veille de Mayotte.
Coralie a accueilli vingt chiens et vingt chats depuis un an et demi.
Les chiens sont identifiés, vaccinés et stérilisés, s’ils sont en âge de l’être, avant leur départ.
Ils sont un peu moins de dix bénévoles à accompagner les animaux à l’aéroport.
« Des chiens coincés dans des barbelés »
De leur côté, Alex et Coralie en sont à vingt chiens et vingt chats accueillis depuis qu’ils sont arrivés à Mayotte, il y a un an et demi. « On en retrouve pendus à des grillages, d’autres coincés dans des barbelés », relate Alex. « Pour certains, je n’ai jamais vu un état de maigreur pareil, ça fait mal au cœur », décrit Coralie. L’organisme est également appelé par des personnes souhaitant se débarrasser d’animaux qu’ils ont recueillis un temps.
Depuis le 1er janvier 2024, la structure, créé en 2022, a procédé au sauvetage de 104 animaux, contre 30 sur la même période l’année dernière. « Cela montre que les gens ont compris qu’on était efficaces », affirme la présidente de l’association, dont le réseau compte une cinquantaine de familles d’accueil.
Et en effet, l’organisation est bien rodée. Les bénévoles à peine arrivés à l’aéroport, les animaux sont dispatchés dans les cages et regroupés selon leur caractère. « On n’a droit à cinq cages par avion, mais on peut mettre plusieurs animaux par cage », explique Katya Julvez. L’association y a tout intérêt : si jusqu’à la fin de l’année dernière le billet d’avion par cage était de 75 euros, il est récemment passé à 200 euros.
60.000 euros dépensés en 2023
Des coûts qui s’ajoutent à ceux déjà supporté par l’organisme pour les soins et l’accueil. « L’année dernière, les dépenses se sont élevées à 60.000 euros, dont la moitié en apport personnel de ma part », explique Sandrine Klein. Jusque-là, l’Arche d’Hélios ne perçoit que 5.000 euros de subvention par an pour les stérilisations. « Chaque commune doit normalement avoir une fourrière. Or, il n’y en a qu’une seule sur Mayotte. On fait donc le travail qui devrait être fait par ces dernières. Si chaque commune dans lesquelles nous récupérons des animaux nous aidait à hauteur de 5.000 euros, ce serait suffisant pour que nous ayons un local », détaille la présidente de la structure qui repose sur le temps et les dons des familles d’accueil.
De son côté, la présidente de l’Arche d’Hélios juge cette mesure « inadmissible ». « Au lieu d’aider les associations, on fait ça. Nous on arrive à placer tous les chiens qu’on recueille. Dernièrement, j’en ai eu deux qui ont été arrachés à des délinquants qui mènent maintenant une belle vie en métropole », dénonce celle qui aimerait pouvoir éduquer les jeunes à s’occuper et élever correctement des chiens dans un grand projet de centre dédié à l’accueil d’animaux. « On ne demande pas à ce qu’on nous paye tout, mais qu’on nous aide, ne serait-ce qu’à trouver un local. » Pour l’heure, après plusieurs vérifications, aucun arrêté préfectoral n’a encore été pris pour autoriser l’euthanasie des chiens errants utilisés comme armes par les délinquants.
Avant le grand départ, tous les passeports des animaux sont rassemblés. Pour Coralie et Alex il est temps de dire au revoir aux compagnons à quatre pattes qu’ils ont amenés jusqu’ici. Le vendredi matin, Sandrine Klein les attends à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, à Paris, avec des familles d’accueil et adoptives venues des quatre coins de France pour leur offrir une nouvelle vie, loin des rues de Mayotte.
Abchi Ben et Abel patrouillent quotidiennement au sein des quatre communes dans lesquelles la brigade de gendarmerie de Sada intervient. Certaines sont très éloignées les unes des autres. Il faut par exemple une quinzaine de minutes en voiture pour rejoindre le village de Combani depuis Sada.
Sécurité routière, patrouilles de proximité, interventions, prises de renseignement… Les missions des gendarmes départementaux sont nombreuses à Mayotte. Nous avons pu suivre pendant une matinée deux militaires affectés à la brigade de gendarmerie de Sada. Reportage.
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La sécurité routière fait partie des missions des militaires, fréquemment appelés pour des constatations sur les lieux des accidents.
Les gendarmes, aux côtés des sapeurs-pompiers, récupèrent la moto accidentée afin qu’elle soit embarquée par une dépanneuse.
Le portail de l’école maternelle du village Barakani, dans la commune de Ouangani, a été dégradé, vendredi dernier.
Il est un peu plus de 7h, ce vendredi matin, à la gendarmerie de Sada. Le major Franck Martinelli, commandant des 24 militaires affectés à la brigade locale, est en bout de table, dans le réfectoire. Le ton est amical et l’ambiance plutôt familiale au petit-déjeuner. A la tête de la brigade depuis décembre 2022, le commandant est fier de nous présenter les hommes et femmes chargés du maintien de l’ordre dans cette brigade qui rayonne sur quatre communes : Tsingoni, Ouangani, Chiconi et Sada, pour une superficie cumulée évaluée à 72 km2. Ce vendredi matin, nous embarquerons avec deux gendarmes locaux. Abdel, neuf ans de gendarmerie dans les jambes et un concours d’officier de police judiciaire passé avec succès il y a un an, et Abchi Ben, affecté à Mayotte après trois années en tant que gendarme mobile dans l’Île-de-France, nous emmènent sur une de leur patrouille de prévention quotidienne.
Pas de « train-train »
8h10. Le talkie-walkie d’Abdel grésille pour la deuxième fois. Alors que les deux gendarmes s’apprêtaient à partir en direction du village de Barakani, dans la commune de Ouangani, leur présence est sollicitée quelques kilomètres plus loin sur un accident de la route entre Miréréni et Vahibé. Il s’agirait d’un « choc frontal » entre un véhicule léger et un deux-roues, selon les premiers éléments communiqués. En parallèle à la sécurisation nécessaire des lieux sur cette route très fréquentée le matin, les deux gendarmes veulent arriver au plus vite sur place pour faire souffler le conducteur. Les accidents sont fréquents, et souvent imputables à la consommation d’alcool, dans le secteur. Mais, même pied au plancher, quinze longues minutes de trajet seront nécessaires pour rejoindre la scène, où le Smur (Structure mobile d’urgence et de réanimation) et les pompiers sont déjà présents.
Au beau milieu de la route, un homme gît au sol. Sur place, un témoin interpelle les gendarmes et raconte des brides de circonstances : la voiture impliquée aurait dévié de sa trajectoire et le pilote du deux-roues n’a pu l’éviter. Le jeune homme, en arrêt cardiaque dans un premier temps, s’en sortira : un pompier volontaire est parvenu à la réanimer avant l’arrivée des secours. L’écart qui a conduit à la collision n’est pas dû l’alcool, comme le révèlent les résultats de son éthylotest. Sous le choc, l’homme, qui se rendait au travail, fournit ses documents d’identité aux deux gendarmes. Après ces constatations et pendant une heure environ, les militaires et la police municipale de Tsingoni se chargeront de réguler la circulation afin de faciliter le départ des secours et l’arrivée de la dépanneuse pour emmener le scooter.
Une fois la voie dégagée, Abdel et Abchi Ben prennent la direction de Barakani afin de constater des dégradations sur le portail de l’école maternelle. Si l’établissement est équipé d’un dispositif de vidéosurveillance, le parvis et l’équipement sportif extérieur – un complexe presque neuf avec un terrain de basket et un autre de football – échappent aux caméras. Difficile de comprendre le sens des quelques mots et abréviations « graffés » en noir sur le portail. Abchi Ben demande à un jeune présent à proximité s’il a vu les auteurs. On n’en saura pas plus sur le modus operandi. L’œuvre illicite est prise en photo et le cap est mis sur la plage de Sohoa, à Chiconi, un autre « point sensible » où les gendarmes sont fréquemment appelés.
On passe de l’accident aux dégradations, puis à la patrouille plus classique. Il n’y a pas de « train-train ». C’est ce qui plaît à Abchi Ben. Le jeune gendarme affectionne ces patrouilles et le contact avec la population. Comme Abdel, sa maîtrise du shimaore et du shibushi lui permet d’échanger facilement avec les habitants et donc de prendre des renseignements utiles pour les enquêtes. Il faut dire que l’omerta fait parfois obstacle à la manifestation de la vérité. « Pendant un moment, j’ai beaucoup ressenti cette culture du silence à Miréréni », souligne-t-il. Depuis une dizaine d’années, un conflit perpétuel oppose les bandes de jeunes à des groupes du village voisin, Combani. L’unique motif rationnel qui permettrait d’expliquer les causes de ce divorce inter-villages repose sur des explications géographiques. Les habitants de Miréréni viennent dans leur grande majorité de l’île d’Anjouan, quand ceux de Combani sont originaires de Grande Comore. Dans leur discorde, les assaillants trouvent toutefois des projets communs : ils parviennent très souvent à créer un semblant d’union pour caillasser les gendarmes appelés pour les séparer.
« Il y a toujours un meneur »
Pour Abdel et Abchi Ben, ces bandes disposent d’une hiérarchie clairement établie. « Dans tous les villages où on est « emmerdé », il y a toujours un meneur », décrit le premier. En communiquant sur les réseaux via des groupes, l’adversaire se réarticule et fait même appel à des renforts pour mettre en difficulté les gendarmes. « Ils ont l’avantage du terrain et sont très mobiles », rajoute Abchi Ben. Dans les autres communes chapeautées par la brigade, la plupart des caillassage signalés prennent pour racine des motifs plus futiles les uns que les autres. « Ça peut partir d’un regard de travers dans une cour d’école », prend pour exemple Abdel. Récemment, des affrontements violents ont opposé des jeunes collégiens de Kahani à d’autres élèves de Ouangani.
Les enquêtes déclenchées après coup sont souvent semées d’embûches. Les gendarmes doivent par exemple composer avec le silence des témoins qui ont peur des représailles. « S’il y a une agression à Miréréni et que personne n’appelle la gendarmerie ou vient déposer plainte, on ne peut pas être au courant. Quand on passe sur place, des gens nous interpellent parfois, sans savoir que nous n’avons pas été informés », illustre Abdel. Pourtant, des boucliers juridiques existent. « Les gens peuvent, par exemple, témoigner anonymement, c’est-à-dire sans que leur identité soit dévoilée dans la procédure », souligne Abchi Ben.
Cette année, en plus des enquêtes autour des vols et des violences qui prennent lieu et place dans son rayon d’intervention, la brigade de gendarmerie de Sada va poursuivre la lutte contre « les complicités locales » de l’immigration irrégulière. « Toute une économie souterraine est mise en place », déplore Franck Martinelli.
Pour cela, l’arrivée prochaine d’une brigade de gendarmerie à Combani (tandis qu’une autre sera à Dzoumogné), prévue en mai, devrait permettre aux gendarmes affectés à Sada de se pencher davantage sur ces enquêtes plus complexes.
La relance économique mahoraise passe par de grands projets d’infrastructures, estime la mairie de Mamoudzou, qui a rédigé un dossier sur le sujet.
Crise de l’eau, barrages, insécurité, plusieurs facteurs ont des conséquences sur l’économie mahoraise. Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a écrit un courrier à la ministre déléguée aux Outremer, pour lui faire part de plusieurs idées de relance économique… qui impliquent que l’État mette la main à la poche.
Ambdilwahedou Soumaïla, maire de Mamoudzou, propose une série de mesures pour relancer l’économie mahoraise.
D’abord le diagnostic. « Mayotte se caractérise par l’absence d’atouts économiques significatifs, la faiblesse de la qualification de sa main d’œuvre, une immigration illégale insupportable, une délinquance violente juvénile massive, une dépendance de son économie à la dépense publique, à l’importation, à la consommation tirée par l’emploi public », constate la mairie de Mamoudzou dans un document intitulé : « Relancer l’économie à Mayotte : propositions d’un train de mesures économiques en marge du Ciom (N.D.L.R. comité interministériel des Outremer) ». Le texte, « nourri par des échanges avec des chefs d’entreprises installés dans la commune de Mamoudzou, les instances œuvrant pour le développement économique (Medef, CPME, Umih, CCIM, etc…) », a été envoyé à Marie Guévenoux, ministre chargée des Outremer. « Je suis convaincu que la mise en œuvre de ces recommandations contribuera de manière significative à la relance économique de Mayotte tout en renforçant sa compétitivité et sa résilience à long terme », espère Ambdilwahedou Soumaïla, le maire du chef-lieu mahorais, dans le courrier accompagnant le document transmis au gouvernement. Ce dernier met en exergue la dépendance des collectivités locales à l’octroi de mer, tout comme le poids de l’économie informelle (deux entreprises sur trois à Mayotte) ou les nombreuses sociétés qui ne s’acquittent pas de leurs cotisations sociales.
Développer la zone franche
Six axes sont retenus pour aider le tissu économique local. La plupart sont des propositions déjà existantes. Comme faire de Mayotte une zone franche. En réalité, et comme le rappelle le texte, le département l’est déjà en partie, avec un défaut relevé : « une série de secteurs d’activités dont notamment les secteurs du commerce, des cafés, débits de tabac, de boisson, de la restauration, la navigation de croisière, la réparation automobile, les activités de loisirs, sportives et culturelles, etc. continuent à être expressément écartées du dispositif de faveur fiscale ». La mairie milite donc pour que tout le monde soit sur le même pied d’égalité, avec en plus une zone franche globale de l’activité où il n’y aurait ni cotisations ni contributions sociales. Au moins pour un temps, car le texte milite pour une exonération totale de 2024 à 2027, puis un abattement dégressif (80% en 2028, 60% en 2029 et 40% en 2030). Cela permettrait « d’améliorer la compétitivité des entreprises », réduire le secteur informel, ne pas pénaliser le secteur privé qui peine à se montrer attractif avec les crises successives, et même de rehausser le Smic mahorais au niveau du métropolitain. « L’instauration de la zone franche globale neutralisera en effet la charge financière supplémentaire que l’augmentation désirable et nécessaire du Smic provoque », expliquent les rédacteurs.
L’État à la rescousse
Pas de cotisations, ni contributions sociales, un Smic similaire à la métropole, qui paierait alors ? C’est la troisième recommandation qui nous donne la réponse. Les auteurs du document voient dans le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) la solution pour éviter que ce soient les entreprises qui paient l’addition. « Le taux du CICE, en regard de la situation de Mayotte, pourrait donc être provisoirement et significativement remonté à Mayotte, par exemple à 12%, en complément du dispositif quinquennal d’exonération des charges sociales, qu’il viendrait ainsi utilement doper », estiment-ils, relevant que le CICE ne coûte à Mayotte que « huit millions d’euros seulement ». Le dispositif suivrait un destin parallèle à l’abattement mentionné précédemment puisqu’il serait prorogé « jusqu’en 2020 ». Autre idée lancée pour aider les entreprises locales, résorber les délais de paiement des acheteurs publics. En clair, éviter que les collectivités locales ou l’État ne prennent trop de temps à payer des entreprises déjà fragilisées. « Le Medef milite en faveur de la subrogation des créances publiques », rappelle le texte, le système permettant à une institution de jouer les intermédiaires pour régler les entreprises d’un côté et attendre le financement public de l’autre. « Les créances (y) seraient garanties par l’État ». Pareil pour résorber la vie chère en diminuant l’octroi de mer (sixième recommandation). Cela ne pourrait se faire sans accompagnement « d’une subvention de l’État pour compenser la perte de revenus du Département (N.D.L.R. qui récupère un quart de l’octroi de mer habituellement) ».
Un grand programme d’infrastructures
On retrouve deux priorités de la Ville de Mamoudzou dans la quatrième recommandation, le sport et l’environnement. Sur un territoire où un habitant sur deux a moins de 18 ans, le manque criant d’équipements sportifs est ainsi préjudiciable. Mayotte serait ainsi « le territoire de la République le moins doté en installations sportives ». Là aussi, l’État serait amené à financer les investissements, tout comme les grandes infrastructures du territoire dans différents secteurs (transport, santé, environnement). « Relancer l’économie par la commande publique en investissant dans des équipements prioritaires est essentiel », défend la mairie de Mamoudzou.
Pas sûr que Bercy, qui cherche en ce moment à faire des économies, soit du même avis.
Au total, l’association a rencontré une dizaine de femmes qui se livrent à la prostitution à Mamoudzou. Une dizaine au lieu de la trentaine minimum qu’elle a l’habitude de croiser.
Discuter la nuit avec les prostituées pour espérer les aider le jour, c’est ce que fait l’association Man océan Indien dans ses maraudes nocturnes pour la préfecture. Mais ce jeudi 29 février, leur peur de se faire interpeler par la police complexifie la mission.
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Les membres distribuent gratuitement des préservatifs.
Des tables, des chaises, du café, du thé à disposition, et des personnes volontaires, mais quasiment pas de prostituées à l’horizon pour venir discuter. « Elles connaissent les heures de la police aux frontières », relève vers 22 heures, Christine Raharijaona, présidente du Mouvement pour une alternative non violente de l’océan Indien (Man océan Indien), comme l’auront aussi répété les autres membres de l’association toute la soirée du jeudi 29 février. Dimanche dernier, « des filles » auraient été « raflées » par la police aux frontières (Paf). Conséquence, le public visé, encore présent ce soir à Mamoudzou, est plus dur à appréhender, comme l’avaient pressenti ces ambassadeurs de l’opération Luciole. Une mission pourtant mandatée par la préfecture de Mayotte via un appel à projets afin d’aller au contact et l’accompagner.
Qu’importe, une cinquantaine de maraudes de jour (pour détecter les plus jeunes, voire mineures qui rentreraient ensuite à la maison) et de nuits à son actif depuis l’année passée, l’équipe s’installe aux alentours de 18 h 30, ses deux camions garés le long de la rocade (route nationale), près du Rocade café. Après un point sur l’organisation de la soirée et distribution de questionnaires, comme inscrit dans le projet de mission et demandé par le service de l’État qui subventionne, la dizaine de volontaires se répartit en trois groupes. Avec « au moins une femme », rappelle Ashmita Fournier, gestionnaire chargée du projet et animatrice sur le terrain 50 % du temps. Une façon de mettre en confiance les bénéficiaires qui peuvent être plus méfiantes envers les hommes.
Une partie reste sur le point fixe, prête à accueillir les femmes qui, à force, ont « identifié le lieu ». Une boîte en cartons remplie de préservatifs féminins – enlevés de leur contenant par les prostituées – et masculins est posée sur la table. Deux autres groupes partent sur le front de mer, la BFC, la place du Marché et l’avenue Madame Foucault, où il est possible d’y croiser au moins une trentaine de visages familiers. Les Malgaches sur le secteur de la rocade et des Comoriennes plus loin, nous apprennent ces actifs.
« Un suivi de jour plus difficile avec la police »
Une jeune femme aux cheveux bouclés, vêtue d’une robe rose, semble attendre, discrète, sur le muret, le long de la route nationale. Ashmita ne la connaît pas, mais elle a visé juste. Un client un petit peu trop insistant est écarté d’un ton ferme, contrairement à l’habitude de laisser les femmes travailler lorsqu’elles sont avec un client, quitte à venir leur parler plus tard. « Est-ce que tu connais les risques d’un rapport ? », demande l’animatrice, assise près d’elle. La Malgache sans papiers liste quelques infections sexuellement transmissibles (IST). La salariée lui indique qu’elle peut se rendre au Cegidd (centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic), c’est-à-dire le dispensaire de Jacaranda ; aux camions de la Croix rouge ou encore au local de l’association Nariké M’sada. Mais elle lui explique aussi qu’il est possible de venir à leur local, à Kawéni, pour discuter. Même si, « le suivi de jour est plus difficile avec encore la présence de la police. On va parfois les chercher directement. », note Idrisse, coordinateur.
« Est-ce qu’il t’arrive d’être triste après un rapport ? », poursuit Ashmita. « Oui, quand quelqu’un est agressif et que je me force », répond celle qui dit avoir cessé de se prostituer pendant un an, mais avoir repris après son divorce. « Parfois, des personnes sont méchantes, violentes. Ils voient qu’on est des putes et en profitent. J’espère que je vais arrêter », confie l’interrogée, qui explique que sa situation administrative est en train d’être réglée.
Ashmita écrit ses coordonnées (voir encadré). « On leur dit qu’elles peuvent refuser [l’acte sexuel] mais elles disent direct que sinon, elles se font agresser », raconte Idrisse, évoquant le cas où une femme a justement refusé, mais s’est fait suivre jusqu’au stade de Cavani avant de revenir vers la rocade, près des membres de l’association, et eux, de tenter de « résonner le mec ». Ces femmes seraient aussi confrontées, selon lui et ce qu’elles leur rapportent, à des clients alcoolisés ou qui prennent des médicaments pour « tenir plus longtemps », voire ne pas réussir à éjaculer, pour ainsi demander, après la passe, un remboursement. « C’est le problème aussi, avec la police, elles se cachent… », mais s’exposent aussi à plus de risques, sous-entend Idrisse, qui remarque une augmentation des passages de policiers, là où, auparavant, les agents municipaux demandaient seulement de s’écarter de la place du Marché.
« Elles n’étaient pas tranquilles les filles »
Elle et une autre femme déjà connue de l’association seront les seules rencontrées par ce groupe. En tout, seulement une dizaine sont appréhendées ce soir, dont quelques-unes, malgaches, qui ne se sentent pas à l’aise de parler français et espèreraient pouvoir parler à une « traductrice ». Ce dont l’association ne dispose pas encore. « D’habitude, il y en a vraiment beaucoup et on a du mal à gérer », commente Samir, un bénévole. La présidente restée près des camions a néanmoins pu discuter avec quelques-unes, qui confirment la peur d’être vues par la Paf.
« Elles disent être logées dans des cases en tôle et doivent de l’argent à une passeuse. C’est à cette dame qui les loge qu’elles donnent l’argent », relate celle qui décrit une prostitution subie. « Elles sentent la violence, économique, et verbale, physique », réagit une bénévole. Le questionnaire, demandé par la préfecture mais écrit par l’association, est trop « difficile » et « elles n’ont pas le temps », poursuit la présidente. « La Paf est passée trois fois sur la rocade en une heure. Elles n’étaient pas tranquilles les filles. »
L’équipe tente, vers 20 heures, un autre endroit, près du bar Mamou. « Là, c’est de l’impro. Normalement les filles sont là mais c’est une soirée particulière », insiste l’animatrice. Les membres font chou blanc. Ils remballent tout vers 22 heures. « Il faut changer », tranche la présidente qui plaide pour des horaires plus tardifs, comme cela a déjà été fait, pour les quatre prochaines et dernières sorties nocturnes prévues, afin de s’adapter aux horaires de leurs bénéficiaires.
« J’ai envie de dire tant mieux qu’avec les interventions de la police, il y ait moins de prostituées sur le terrain, mais il y en a encore », développe celle qui essaie de programmer une intervention à Madagascar, à Nosy Bé, pour faire de la prévention directement sur place auprès des femmes qui pourraient vouloir rejoindre Mayotte et des consommateurs qui partiraient là-bas pour ce genre de « tourisme ». « Mais il y aura d’autres modes de prostitution. Ça peut être du racolage sur les réseaux sociaux, faire du stop… Et ce sera certainement plus compliqué de les accompagner. Ça ne fera pas cesser la prostitution, ce sera plus caché. »
Après les maraudes, la suite au local
L’opération Luciole est un projet sur 18 mois lancé en juin dernier après un appel à projets de la direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité (DRDFE). La première phase consistait en trente maraudes de jour, aux abords des collèges et lycées, pour sensibiliser les jeunes filles. Dont plusieurs qui utiliseraient la technique de faire du stop pour se prostituer. La deuxième phase du projet est ces maraudes nocturnes, sur six mois, à raison d’une à deux sorties par mois. Des sorties qui ont continué malgré les barrages, précise l’association. Les membres allant au plus près de chez eux, comme à Tsoundzou, vers Kwalé, où il y aurait un genre de « maison close ».
Les membres sur le terrain récupèrent le contact de ces femmes afin de les recontacter lorsque l’association entrera dans sa troisième phase : réaliser un suivi « bienveillant » au local de l’antenne de Mayotte, à Kawéni, 17, rue Wastoi. Pour y parler, via des ateliers, santé (« beaucoup connaissent le sida mais ne savent pas que c’est le stade avancé du virus (VIH) qui peut être traité », souligne une bénévole), travailler le français, aider ces femmes dans leurs démarches comme pour faire une demande de titre de séjour et leur proposer un accompagnement psychologique en visio à l’aide d’une psychologue basée en métropole. Et, parallèlement, détecter les racolages sur les réseaux sociaux qui viseraient, selon l’association, à avoir des rapports sexuels avec des hommes influents, dans des chambres d’hôtel.
Le mouvement réfléchit à des partenariats, comme avec la Croix rouge, afin de pouvoir distribuer des kits d’hygiène dont des protections hygiéniques.
Marie Guévenoux, ministre déléguée aux Outremer, est à Mayotte, ce mardi, pour faire un point d’étape sur la loi Mayotte et constater que le mouvement social n’est pas terminé.
La ministre déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux a foulé le sol de la Guyane ce dimanche. Sa visite sur le territoire français d’Amazonie précède celle, annoncée à la fin du mois, du président de la République Emmanuel Macron.
Marie Guévenoux prendra part ce lundi matin à une cérémonie d’hommage national aux victimes du terrorisme sur la Place des Palmistes à Cayenne. Elle rencontrera ensuite Sandra Trochimara, l’édile de Cayenne, le président de la Collectivité territoriale de Guyane, Gabriel Serville, puis Sophie Charles, maire de Saint-Laurent du Maroni. En début d’après-midi, la ministre déléguée inaugurera depuis la commune de l’Ouest Guyanais un centre de supervision urbain. Elle participera aussi à l’installation de la brigade fluviale de la gendarmerie sur le Maroni. Il s’agit d’une des quatre brigades qui voit le jour en Guyane.
Sur place, depuis près d’une semaine, les forces de l’ordre s’attèlent à démanteler les différents trafics illicites installés dans les principales communes du département. Demain, mardi 12 mars, Marie Guévenoux dressera un premier bilan de l’opération nommée « Place nette », depuis Rémire-Montjoly. La ministre déléguée s’entretiendra ensuite avec les représentants des services de la sécurité et de la justice.
Mercredi 13 mars, Marie Guévenoux assistera au Centre hospitalier de Cayenne à une présentation de la prise en charge des patients infectés par la dengue. Le département est actuellement en proie à la plus importante épidémie de dengue depuis vingt ans. La ministre déléguée prendra ensuite l’avion pour rejoindre Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, aux Antilles (ils seront en Guadeloupe du 13 au 14 mars, puis en Martinique, du 14 au 15 mars).
Jean-Hugues Ratenon demande notamment "l’arrêt immédiat de la venue des enfants de Mayotte dans des familles sur notre territoire [La Réunion] sans contrôle et qui se retrouvent à la rue"
Dans un courrier adressé au préfet de La Réunion le 7 mars 2024, le député La France Insoumise (LFI) Jean-Hugues Ratenon réagit aux affrontements déplorés dans le courant de la semaine dernière à Saint-Denis et Saint-André. Selon l’élu de la 5e circonscription de La Réunion, des mesures radicales s’imposent. Dans celles qu’il propose, le député cible directement Mayotte.
« Aussi, je demande l’organisation et dans les meilleurs délais d’une large concertation pour analyser le phénomène afin d’élaborer des propositions d’actions concrètes à mettre en œuvre rapidement. Mais aussi se mettre d’accord sur des recommandations au gouvernement et aux institutions Réunionnaises, telles que l’expulsion du territoire des violents, l’arrêt de transfert de détenu de Mayotte vers La Réunion, l’arrêt immédiat de la venue des enfants de Mayotte dans des familles sur notre territoire sans contrôle et qui se retrouvent à la rue », propose l’élu au préfet Jérôme Filippini. Jean-Hugues Ratenon grossit le trait et conclut avec cette phrase : « On ne peut pas laisser La Réunion devenir le Mayotte bis en matière de violence ».
Ces propos n’ont pas manqué de faire réagir les Forces vives de Mayotte. Dans un communiqué en réponse, le collectif rappelle que le député réunionnais avait préalablement pris position contre l’opération Wuambushu. Un engagement notamment marqué par des « accusations virulentes », au cours desquelles il était allé « jusqu’à qualifier cette initiative de « honte pour la France » ». Pour les Forces vives, Jean-Hugues Ratenon est un paradoxe : « Vous [le collectif interpelle directement l’élu réunionnais] acculez l’île de Mayotte, un territoire en souffrance depuis plusieurs décennies par manque de solidarité de la nation et de son voisin le plus proche. Dans votre courrier, vous indexez le territoire comme un territoire de violence, oubliant que celle-ci est importée et surtout cantonnée à Mayotte depuis des décennies, dans l’indifférence générale en dépit des cris d’alertes répétés de la population mahoraise. Il est déplorable de constater qu’en tant qu’élu de gauche, votre solidarité semble conditionnée par des intérêts politiques plutôt que guidée par les valeurs d’équité et de justice. »
Les Forces vives conseillent ensuite le député : « Votre rôle en tant qu’élu et représentant de la nation ne se limite pas à défendre uniquement votre circonscription ; il vous incombe également de promouvoir les valeurs de solidarité et d’égalité sur l’ensemble du territoire national, y compris à Mayotte. Nous attendons de vous une prise de position claire en faveur d’une répartition équitable des ressources et d’un soutien inconditionnel aux efforts visant à améliorer la qualité de vie de tous les citoyens français, sans distinction de territoire ; à défaut d’excuses publiques pour tout un peuple mahorais et français que vous stigmatisez alors même qu’il est victime, à minima, d’un silence complice des difficultés qu’il traverse depuis des décennies. »
La Ville de Mamoudzou invite la population à participer à une réunion publique, vendredi 15 mars, à partir de 13h30, à la MJC de Mamoudzou. Cette réunion publique marquera une seconde étape dans le processus de co-construction du projet de réaménagement du front de mer de Mamoudzou. La première consultation citoyenne, du 26 décembre 2023 au 26 janvier 2024, a permis de recueillir les attentes et les ambitions de la population pour le réaménagement du front de mer. Ces premiers résultats ont enrichi la réflexion sur le projet et sont retranscrits dans les orientations générales d’aménagement retenues pour la façade maritime.
Cette réunion publique, véritable temps d’échange avec la population, a pour objectifs de présenter l’avancement du projet, de répondre aux interrogations, d’orienter le choix définitif des élus pour le réaménagement du front de mer qui devra être arrêté en avril 2024. A l’occasion de cette réunion, la Ville présentera les conclusions de la première étape de co-construction, les orientations générales d’aménagement de la façade maritime qui en découlent, et enfin les deux scénarios d’aménagement proposés. Habitants, professionnels, associations ou encore porteurs de projets sont invités à venir nourrir le débat autour des scénarios du projet pour la promenade du front de mer de demain.
Depuis la fin des circonscriptions, les partis politiques n’ont plus besoin de trouver des candidats dans toute la France pour les élections européennes, dont les prochaines sont programmées le 9 juin. Dans les faits, ils s’attachent toujours à présenter des profils de tout le pays. En sixième position en 2019 sur la liste de La France insoumise, le Réunionnais Younous Omarjee était alors le seul député européen des Outremer français (il a été rejoint en 2022 par le Martiniquais Max Orville). Il devrait rester au parlement européen encore cinq ans, puisque son parti l’a placé en seconde position sur la liste de 79 candidats (soit autant d’eurodéputés français) qui sera présentée aux militants LFI, qui ont jusqu’au 15 mars pour se prononcer. Portée par Manon Aubry, celle-ci compte des ex-eurodéputés européens. La 28ème place, donc avec peu de chance réussite, a été confiée à un autre ultramarin, l’agriculteur martiniquais Kévin Capron.
« A Mayotte où la baisse de recrutement va encore s’accélérer suite aux différentes crises et mouvements sociaux, il est urgent d’activer la clause de revoyure pour augmenter le taux de majoration des salaires d’au moins vingt points et /ou de mettre en place une prime ou un avantage spécifique d’ancienneté eu égard aux problèmes d’insécurité qui empoisonnent la vie sur l’île », font valoir les secrétaires départementaux de la FSU. L’un des principaux syndicats d’enseignants à Mayotte ajoute ici une revendication avant la mobilisation nationale du 19 mars, qui se fait sous l’impulsion des organisations syndicales de la fonction publique CFDT, CFE-CGC, CGT, FA, FO, FSU, Solidaires et UNSA.
Celles-ci « constatent et condamnent l’absence de toute perspective de mesures générales d’augmentation des rémunérations dans la fonction publique dans un contexte d’inflation encore soutenue. Il est urgent d’ouvrir sans délai des négociations pour améliorer les carrières et prendre des mesures générales pour les salaires, notamment en revalorisant le point d’indice, dans une situation d’effondrement du niveau des rémunérations des agent·es publics ». Elles s’offusquent des dernières annonces du président de la République, qui une prévoit une loi pour la fonction publique « visant selon lui à mieux reconnaître le « mérite » », tout comme elles s’opposent aux dix milliards d’économie prévues dans le prochain projet de loi de finances. « Pour mettre un terme à la spirale de stigmatisation et de dévalorisation de l’ensemble des personnels de la fonction publique et refuser de subir une année blanche en matière salariale, les organisations syndicales décident d’une journée de mobilisation le 19 mars prochain et les appellent à se mobiliser par tous moyens y compris la grève », annoncent les syndicats.
Des agents de la police nationale ont interpellé au niveau du quai Colas à Mamoudzou, un mineur de 17 ans qui avait en sa possession une longue arme blanche artisanale ressemblant à une machette. Le jeune homme connu des services de police pour des vols avec violence a été placé en garde à vue, ce mardi 5 mars, pour « port sans motif légitime d’arme blanche de catégorie D ». Ces types d’armes utilisés par les délinquants pour se battre où agresser une personne, poussent les agents à être vigilants. Le jeune homme s’est dédouané en expliquant qu’il rendait service. Le lendemain du placement en garde à vue, le tribunal judiciaire de Mamoudzou l’a placé en foyer d’accueil.