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La co-fondatrice d’Habit’Âme rejoint le programme Femmes Entrepreneuses d’Orange

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Hannah Dominique, co-fondatrice d’Habit’Âme, entreprise sociale et solidaire voulant réemployer le plastique usagé dans la construction, a été sélectionnée par Orange dans le cadre de la sixième édition du programme Femmes Entrepreneuses lancé nationalement. Le jury composé d’acteurs de l’écosystème de l’innovation et de l’entreprenariat locaux et de représentants d’Orange Réunion Mayotte, ont décidé de la sélectionner pour suivre pendant dix mois le programme d’accompagnement Femmes Entrepreneuses, rejoignant quatre cheffes d’entreprises réunionnaises également sélectionnées. Ce programme gratuit permet d’accompagner l’entrepreneuse dans son business model, le développement de sa structure, son leadership, ou encore d’accéder au réseau des lauréates.

LADOM et France Travail entérinent un « changement de modèle profond »

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A l’occasion de leur déplacement respectif en Guadeloupe, Thibaut Guilluy, Directeur Général de France Travail (la nouvelle dénomination de Pole Emploi) et Saïd Ahamada, Directeur Général de l’Agence de l’outre-mer pour la mobilité (LADOM), ont annoncé le renouvellement de leur partenariat visant à accompagner l’insertion professionnelle des demandeurs d’emploi résidant en Outre-mer. Un accord-cadre signé en 2021 posait les premières bases de cette collaboration. Il s’agissait alors de mieux répartir les tâches des deux opérateurs autour de leurs compétences respectives. « L’accord-cadre 2024 / 2026 entérine un changement de modèle profond visant à améliorer l’offre de service en faveur des demandeurs d’emploi ultramarins et positionne clairement ce partenariat au profit du développement économique et social des territoires ultramarins », rapporte LADOM dans un communiqué.

Les négociations autour de l’avenir d’Air Austral avancent

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Les actionnaires d’Air Austral ont réclamé une économie de 12,5 millions d’euros en deux ans.

Les actionnaires d’Air Austral réclament des efforts financiers aux salariés pour économiser 12,5 millions d’euros en deux ans. Exposé à une baisse conséquente des salaires, le syndicat du personnel navigant commercial a menacé de faire grève du 10 au 15 mai. Ultime rebondissement : le préavis de grève ainsi déposé a été suspendu à l’issue de négociations chapeautées par le préfet de l’île dimanche dernier.

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Acoua et M’tsamboro veulent maîtriser leur foncier

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Ce lundi 6 mai, le président de la communauté d’agglomération du grand Nord de Mayotte (CAGNM), Assani Saindou Bamcolo ; les maires de la commune d’Acoua, Marib Hanaffi, et de M’tsamboro, Laithidine Ben Saïd, ont signé une convention avec le directeur général de l’établissement public foncier et d’aménagement Mayotte (Epfam), Yves-Michel Daunar.

La communauté d’agglomération du grand Nord de Mayotte (CAGNM), Acoua et M’tsamboro ont signé ce lundi 6 mai une convention avec l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam). De quoi faciliter la maîtrise du foncier pour mettre en place les projets d’aménagements « Zac Jiva », à M’tsamboro, et « Acoua Résilience ».

Signatures et coups de tampons. Ce lundi 6 mai, la communauté d’agglomération du grand Nord de Mayotte (CAGNM), les communes d’Acoua et de M’tsamboro ont signé une convention avec l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam), dans les locaux de la CAGNM à Bouyouni (commune de Bandraboua). Une façon pour les deux communes signataires d’acquérir plus facilement du foncier afin d’y mettre en œuvre leurs projets d’aménagements. Soit en discutant avec les familles jusqu’à formuler une déclaration d’utilité publique (DUP), soit en demandant un transfert du foncier s’il relève d’une collectivité.

« Acoua Résilience »

À Acoua, il s’agit de mettre en œuvre « Acoua Résilience ». Une étude pré-opérationnelle réalisée pendant le précédent mandat « pour réfléchir à comment mettre la population à l’abri en cas d’inondation » avait eu lieu, indique le maire Marib Hanaffi (Divers centre – Mouvement pour le développement de Mayotte). « Là on a demandé à avoir une vision plus globale de l’aménagement de nos villages », dont 60 % du territoire est situé en aléa fort et 99,5 % présente un risque d’aléa naturel.

Sur les deux terrains visés, à travers le plan guide de résilience urbaine d’Acoua (PGRU), la commune entend créer des hébergements sur la partie haute (terrain qui appartient au Département) pour mettre à l’abri une partie de la population située dans la plaine « souvent inondée » (terrain qui appartient à l’Etat). Le projet, dans les Hauts d’Acoua, est d’y bâtir tout un quartier avec des commerces, services, équipements et espaces publics. Les zones inondables devraient quant à elles être renaturées, et des chemins pour des mobilités douces, aménagés. Les premiers travaux concerneront les berges et la restauration des ravines « qui débordent ». « Mais cela dépendra des études, il y aura des réalisations à court terme et à long terme, car on sait qu’à Mayotte les dossiers prennent du temps avant d’aboutir. »

« Zac Jiva »

« On n’a pas beaucoup de capacité de foncier à M’tsamboro alors le seul qu’on a, on va essayer de faire un aménagement à la hauteur des besoins. Avec l’Epfam, ça ira plus vite », appuie le maire de M’tsamboro, Laithidine Ben Saïd (Divers centre – Union pour l’avenir), concerné, lui, par le projet « Zac (zone d’aménagement concerté) Jiva ». Le secteur s’étend sur 13 hectares dont une partie appartient à une famille qui « n’a jamais été d’accord pour ne serait-ce que partager le foncier. Il y a déjà eu un projet de steppe à Jiva, les maires se sont cassé les dents. Elle devra être construite ailleurs », partage celui qui explique que l’Epfam, en tant que maître d’ouvrage, « pourra lui forcer la main » sur motif de l’intérêt général. « On est souvent amené à viabiliser des endroits où la population construit de façon anarchique, sans les autorisations. Ce sont les mêmes qui ne paient pas d’impôts qui sont tout le temps en train de nous maltraiter sur les réseaux sociaux pour dire qu’on ne fait pas grand-chose parce qu’ils n’arrivent pas à avoir de l’eau et l’électricité », juge-t-il.

Cette zone qui s’étale jusqu’à la frontière de Hamjago devrait permettre la construction d’écoles, de logements… « On a beaucoup de jeunes qui viennent taper aux portes pour [en] trouver. Il n’y en a pas, donc les gens vont ailleurs », regrette celui qui pense également y installer une station-service. « On a beaucoup de plaisanciers qui doivent amener des jerricanes pour chercher de l’essence à Dzoumogné. On en a déjà parlé avec Total, il n’y a pas de proposition dans ce sens mais il y a des prestataires qui sont prêts à mettre les finances pour faire aboutir ce projet », glisse-t-il.

Selon lui, le projet global « fera facilement deux mandatures. Mandat 2026-2032, je pense qu’on aura fini le projet. »

Premières réalisations dans les deux ans à venir

Les premières réalisations pourraient s’effectuer « avant la fin de la mandature (le mandat municipal débuté en 2020 se termine en 2026, N.D.L.R.) », insiste le président de la CAGNM, Assani Saindou Bamcolo. « Je compte sur vous pour que ce ne soit pas juste un projet de campagne [électorale] », s’adresse-t-il aux maires, leur proposant des réunions tous les deux mois pour suivre l’évolution des projets. Et pourquoi pas créer un comité de pilotage. Il souligne l’enjeu de cette signature : « S’il n’y a pas de maîtrise du foncier, il n’y a pas de financement. »

Si comme l’a remarqué Laithidine Ben Saïd, des conventions ont déjà été signées entre des communes et l’Epfam pour le centre et le sud de l’archipel mais pas encore dans le nord, Yves-Michel Daunar, directeur général de l’Epfam, explique qu’il s’agissait aussi d’attendre une « montée en compétences des agents » afin de mener ces procédures.

“On a besoin d’entreprises créatrices de richesses”

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Pour Patrick Croissandeau, le directeur de l'Iedom, Mayotte a besoin d'attractivité pour attirer des entreprises et une main-d'œuvre qualifiée.

À l’occasion d’une conférence de presse tenue ce lundi matin dans ses locaux, le directeur de l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer (Iedom), Patrick Croissandeau, confirme les très mauvais chiffres de 2023 et la perte de confiance des ménages et des entreprises à la suite des turbulences rencontrées jusqu’à la fin du premier trimestre 2024, entre la crise de l’eau, les barrages et l’insécurité. Mais l’espoir d’un rebond lors du second trimestre est présent.

Flash Infos : Quel regard portez-vous sur l’économie locale en ce début d’année 2024, compte tenu des soubresauts de 2023 ?

Patrick Croissandeau : L’économie mahoraise a vécu une année 2023 difficile avec différents chocs successifs : la crise de l’eau et la montée de l’insécurité à quelques reprises. Tout cela a été difficile pour les entreprises. Notre indicateur du climat des affaires que nous publions trimestriellement a chuté de manière exceptionnelle sur le deuxième semestre de 2023 pour passer en dessous de sa moyenne de longue période. Nous n’avons pas connu cela depuis la crise du Covid-19 en 2020. Les secteurs ont été différemment et diversement impactés. En 2023, la crise de l’eau a globalement impacté le secteur de la construction. En plus de la crise de l’eau, les évènements autour de l’insécurité ont également eu des conséquences sur le secteur du commerce et le début de l’année 2024. Aujourd’hui, toute la question est de savoir si l’année qui a démarré s’est ouverte avec un nouveau choc avec le blocage de toute l’île pendant six semaines. Cela ne surprendra personne si je dis que ça a eu un impact. Comme c’était le cas en 2023, cela a impacté la confiance, celle des ménages et des chefs d’entreprises. Nous observons très clairement une baisse de la consommation avec une orientation sur les produits courants. On a une chute très étonnante des importations en 2023, des importations de bien d’équipements du foyer. Il y a de l’épargne car une perte de confiance se traduit par de l’épargne des ménages.

F.I : Quid de la suite en 2024 et bien au-delà ? Comment développer l’économie ?

P. C. : Pour la suite de 2024, ce choc du premier trimestre suivi de la période du ramadan, on a une chance à Mayotte : c’est cette demande, ce dynamisme économique avec des carnets de commandes pleins. Bien entendu, lorsqu’il n’y a pas de possibilités de travailler, les chantiers ne se réalisent pas. L’investissement des entreprises est toujours présent, ce qui montre tout de même un optimisme pour le second semestre. On a un retour à une activité, donc un retour de notre indicateur au-dessus de sa moyenne de longue période et un retour de l’investissement. Pour accompagner ce développement et ce retour à une économie qui fonctionnerait à l’identique de 2022, il y a un besoin important de projection. L’île souffre de son déficit d’attractivité mis à mal une fois encore en 2023. Je lisais dans une étude récente de France Travail que 64 % des chefs d’entreprises disent avoir des problèmes de recrutement (57,4 % des recrutements sur tout le territoire national sont jugés difficiles contre 61 % en 2023, 6 employeurs sur 10 envisagent des difficultés à recruter, selon France Travail, dont nous n’avons pas trouvé l’étude citée, N.D.L.R.). On a besoin de cette attractivité pour attirer des talents, pour attirer de la main d’œuvre qualifiée. Mais il faut aussi, et c’est un sujet majeur pour les mois et années à venir, accompagner les entreprises. On a des entreprises qui ont grandi et qui ont besoin d’être mieux structurées pour grandir encore, créer une offre productive plus importante. On a besoin d’entreprises créatrices de richesses, et pour cela, il y a ce besoin de formation de dirigeants, de formations de salariés, d’accompagnement d’une manière plus générale à la structuration des entreprises. Particularité de Mayotte, on a un déficit d’offres face à une demande qui ne cesse de croître. C’est un phénomène qui permet l’activité des entreprises mais qui ne laisse pas le temps à la structuration. Il y a peut-être des choix à faire dans le développement économique pour un développement durable. Il doit être soutenable pour les entreprises et soutenable pour les donneurs d’ordres si l’on veut un développement équilibré et source d’une concurrence normale, peut-être aussi aller vers la réduction des prix. On n’a pas de concurrence à Mayotte.

F. I. : Pourriez-vous nous donner davantage de détails concernant ce manque de concurrence ?

P. C. : Une fois encore, dans un modèle où l’offre est supérieure à la demande, on n’a pas de problématique et la concurrence va s’installer très facilement puisque le demandeur, le client, le consommateur aura la possibilité de se diriger vers une entreprise A ou B. À Mayotte, on n’est pas dans ce modèle. Ici, un consommateur ou une collectivité qui a un projet rencontre des difficultés à trouver l’entreprise pour le réaliser. L’entreprise qui n’a pas de concurrent (elles ont toutes des carnets de commandes remplis) est libre de fixer son prix comme elle l’entend. En tout cas, elle a plus de liberté pour établir ses prix. Donc, une fois encore, peu de concurrence, des prix plus élevés, la concurrence s’installe et les prix sont ramenés à la baisse. Il y a sans doute un équilibre à trouver entre l’offre et la demande, c’est pour cela que je parle d’un développement économique soutenable. Ça passe, bien sûr, par l’attractivité pour faire venir des entreprises, ça passe aussi peut-être par une demande qui doit-être ajustée pour faire correspondre au mieux l’offre à la demande. C’est le sujet de la soutenabilité du développement économique.

F .I. : Y-a-t-il un secteur spécifique pour tirer durablement cette économie vers le haut ?

P. C. : Le secteur de la construction sera pendant encore de nombreuses années un moteur important du développement de Mayotte. Je crois beaucoup au développement de l’industrie, parce qu’il y a un certain nombre de possibilités d’installations dans le domaine, en particulier agroalimentaire. C’est le premier axe le moins difficile à développer. C’est aussi l’industrie autour du domaine de la construction. La brique de terre est un bel exemple, on pourrait construire ici à Mayotte des portes et des fenêtres. Ça passe par l’installation d’entreprises industrielles. Il y en a quelques-unes dans la métallurgie mais elles sont petites. L’industrie est un secteur fortement créateur de richesses, c’est-à-dire, de valeur ajoutée produite. Et à Mayotte, celle-ci pourrait, à mon sens, devenir plus importante par le développement de ce secteur aujourd’hui peu créateur, qui participe seulement à moins de 10 % de la valeur ajoutée.

“À la FMAE, on a toujours privilégié la co-construction”

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Ali Madi est le président de la Fédération mahoraise des associations environnementales (Fmae).

Du 26 avril au 3 mai, l’Union nationale des centres permanents d’initiatives pour l’environnement (UNCPIE) est venue rendre visite à la Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE), en vue d’une labellisation attendue. Le président de la Fmae, Ali Madi, revient sur les enjeux de ce changement, qui pourrait élargir le réseau de l’association.

Flash Infos : L’Union nationale des centres permanents d’initiatives pour l’environnement (UNCPIE) est venue observer les actions de la Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) du 26 avril au 3 mai dans l’optique de sa labellisation en Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE). Pouvez-vous dans un premier temps expliquer quelle est la fonction d’un CPIE ?

Ali Madi : Le label de Centre permanent d’initiatives pour l’environnement permet d’être un médiateur sur les questions environnementales. Cela revient à trouver un juste milieu entre les différents acteurs, comme les associations et les institutions, car sinon certaines actions ne se font pas et tout le monde reste frustré et ressort en ennemis. À la FMAE, on a toujours privilégié le dialogue et la co-construction, c’est pourquoi on a fait cette demande de label. Cela permet de faciliter l’action commune, car les actions dans le domaine de l’environnement appartiennent à tout le monde. Donc nous, pour les projets relatifs à l’environnement, on va chercher à se poser la question de comment faire pour que cela soit ressenti comme un projet commun. On veut pouvoir faire ça par exemple pour l’usine de dessalement ou la piste longue. On se rend compte qu’à Mayotte on s’inscrit beaucoup dans le conflit, au point de perdre les intérêts communs de vue.

F. I. : Quand-est-ce que la FMAE a effectué cette demande de labellisation ?

A. M. : On a commencé la demande en 2019. Il y avait plusieurs conditions. La première était d’avoir une structure professionnelle, c’est-à-dire avoir du personnel permanent en Contrat à Durée Indéterminée (CDI). Les autres conditions étaient d’avoir une organisation associative et un ancrage local. C’est la première condition qui nous a retardé de quelques années, jusqu’à ce qu’on parvienne à recruter en 2021. On a développé notre méthodologie de travail autour de la notion d’accompagnement des acteurs.

F. I. : Pourquoi était-il nécessaire qu’une délégation de l’UNCPIE vienne rencontrer la FMAEà Mayotte ?

A. M. : Premièrement, on s’est rendu en novembre dans l’hexagone pour rencontrer plusieurs CPIE. La venue de la délégation ici est une mission de vérification sur le terrain de la conduite de nos actions. Cela leur a également permis de vérifier que le personnel de la FMAE a bien compris comment agir dans le cadre de cette labellisation, de vérifier que les associations adhérentes sont bien portées sur la médiation plutôt que le conflit. L’UNCPIE a aussi rencontré les partenaires pour voir s’ils connaissent bien la FMAE et se rendre compte de leur position par rapport à nous. Ils ont ainsi rencontré le Département, l’Office Français de la Biodiversité (OFB), les Eaux de Mayotte (Lema), le Parc naturel marin, etc.

F. I. : Quelles sont les prochaines étapes pour obtenir cette labellisation ?

A. M. : Le 15 mai, la commission des labels de l’UNCPIE rendra son délibéré concernant l’attribution du label CPIE à la FMAE, pour une durée de dix ans. Nous sommes plutôt confiants. Les 17 et 18 juin, nous serons à Paris pour le congrès des CPIE, où la FMAE devrait être présentée. Si tout se déroule bien, la convention devrait être signée à Mayotte en novembre prochain.

F. I. : Qu’est-ce que l’obtention de ce label peut changer pour la Fmae ? Est-ce cela peut vous aider à obtenir des aides ou subventions supplémentaires ?

A. M. : De façon indirecte, oui. C’est comme toutes choses : avoir un nom, une reconnaissance nationale, ce n’est pas à négliger. De plus, cela nous intégrerait à un réseau, sur lequel on pourrait s’appuyer pour les compétences qu’il nous manque à Mayotte. On pourrait s’entraider sur des projets. C’est ça qui est intéressant, en fait. C’est un réseau d’un millier de personnels, des cadres, des docteurs… Par exemple, un CPIE à Oléron travaille sur la pêche à pied. Si le Parc marin veut développer cela, il pourra nous contacter et nous, on contactera ce CPIE. On pourra aussi être sollicités par d’autres CPIE.

Handicap : « On n’est pas comme des meubles »

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Mreda Sidjidane est tétraplégique depuis un accident en 2003. Grâce à beaucoup de kinésithérapie et le travail des « transferts », il est autonome pour se transférer à la force de ses bras dans son fauteuil roulant.

Mreda Sidjidane est tétraplégique. Rencontré la semaine du 30 avril, durant laquelle se déroulait la journée mondiale des mobilités et de l’accessibilité, il explique que ni les aides, ni l’aménagement urbain ne sont à la hauteur à Mayotte pour pouvoir vivre ou circuler librement.

« Ah oui c’est Déreck (un surnom, N.D.L.R) », reconnaît une habitante de Passamaïnty pour indiquer où vit Mreda Sidjidane. Passé un trottoir en forme de rampe d’accès pour arriver dans la maison qu’il s’est construite, l’homme de 49 ans nous reçoit, ce vendredi 3 mai, couché sur son lit, le coude placé sur l’oreiller pour se redresser. Tétraplégique depuis un accident de voiture en 2003, il dépend d’une infirmière (soins pris en charge) qui vient chez lui tous les jours. Il ne se déplace qu’en fauteuil roulant électrique, actuellement en panne. Pour en avoir un neuf, il devra aller déposer des papiers à la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) où on lui a dit de passer au lieu de les envoyer par mail.

« À Mayotte il n’y a pas de trottoir, je dois circuler sur la route. C’est très dangereux, mais au quotidien je n’ai pas le choix », livre ce père de famille qui était bien obligé d’aller faire les courses lorsque ses six enfants vivaient encore au domicile. « Il y a des années, une voiture m’a percuté par derrière entre M’Tsapéré et Baobab. Je suis tombé par terre. Les pompiers sont venus me chercher », raconte celui que l’on peut croiser jusqu’à Kawéni, sur un tronçon de la route nationale, où les voitures ne peuvent pas le dépasser.

À Mamoudzou, « il commence à y avoir des trottoirs », mais les voitures mal garées le condamnent souvent à rebrousser tout un chemin pour en descendre et pouvoir avancer. « Chaque sortie peut me prendre une demi-journée », déplore celui qui attend avec hâte l’arrivée du Caribus, censé être déployé en septembre de cette année.

« J’aimerais que l’Etat voit ce qui se passe à Mayotte »

Mais c’est sans compter le manque d’établissements accessibles aux personnes en situation de handicap ou dont les rampes d’accès sont trop pentues pour son fauteuil. « À Only Mamoudzou, je ne peux pas rentrer, il y a des escaliers. Je dois attendre que quelqu’un passe pour me pousser », commence-t-il à lister. Le même scénario se produisait lorsqu’il souhaitait se rendre à la Caisse de sécurité sociale de Mayotte avant qu’elle déménage. « Une fois, je devais déposer des papiers à la Cadema (communauté d’agglomération Dembéni – Mamoudzou), mais c’est à l’étage et il n’y a pas d’ascenseur. Alors que c’est un bureau administratif », s’offusque-t-il. « J’aimerais tellement que l’Etat voit ce qui se passe à Mayotte pour nous les handicapés. On est là, on n’est pas comme des meubles. On est des êtres humains. »

Pour cet ex-grutier reconverti en agent d’accueil à l’association Ouazissa Zifeli Maoré (OZM) qui accompagne les personnes handicapées, aucune aide à domicile ne lui est attribuée par le conseil départemental (au bureau de la direction de la solidarité et du développement social) car il faudrait gagner moins de 4.000 euros par an. « Déjà que des aides il n’y en a pas beaucoup, mais quand on travaille, il n’y a pas d’aide », commente-t-il. « Je gagne un peu d’argent mais à Mayotte tout est cher. Même celui qui touche 2.000 euros le dit. Alors payer une aide à domicile tous les jours… » Heureusement, l’homme « combatif » et qui « garde toujours le moral » est connu du quartier et a une amie qu’il peut appeler en cas de besoin.

À Mayotte, où au moins 22.000 personnes étaient en situation de handicap en 2021 selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), l’allocation aux adultes handicapés (AAH), délivrée par la Caf, à formuler auprès de la MDPH, est plafonnée à 506 euros par mois. Dans l’Hexagone, ce plafond monte à plus de 900 euros. Le dossier a une date limite et est donc à renouveler. « Quand c’est périmé, on peut attendre jusqu’à six mois avant de la recevoir », livre celui qui gagne un petit peu moins d’un Smic. Même si c’est rétroactif, « pendant cette période, il n’y a rien. Aujourd’hui je travaille mais je parle pour tous ceux qui sont dans cette situation parce que j’ai connu ça. À la télévision j’entends ceci, cela, mais nous les handicapés on ne voit pas de changement. »

Le nombre de cas de choléra grimpe à 58

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Le dernier bilan de l'ARS fait état de 58 cas de choléra à Mayotte.
Le dernier bilan de l'ARS fait état de 58 cas de choléra à Mayotte.

Selon le dernier bulletin de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, le nombre de cas de choléra grimpe désormais à 58, contre 39 vendredi (chiffre de Santé publique France), depuis le 18 mars. Parmi eux, six sont actifs. 380 contacts proches ont été traités et 4.058 contacts vaccinés. Aucun décès n’est à déplorer. Il est rappelé de se laver les mains régulièrement, notamment après être allé aux toilettes et avant de cuisiner. Il faut exclusivement boire de l’eau potable et éviter les aliments ayant été manipulés par des personnes malades. Les symptômes principaux de la maladie sont la diarrhée et les vomissements. En cas de symptômes, il faut s’isoler, appeler immédiatement le 15 et surtout veiller à s’hydrater abondamment.

Des coupures d’eau à prévoir dans le Sud ce mardi

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Des coupures d'eau vont avoir lieu dans le Sud mardi en raison de travaux.

Le Sud va connaître des coupures d’eau ce mardi 7 mai, comme l’annonce la SMAE, en raison de travaux visant à renforcer l’adduction du Sud. Il y aura donc une coupure anticipée à 11h pour les villages du Sud du secteur 1, sauf à M’ramadoudou pour garantir le fonctionnement de l’hôpital. Une coupure technique aura cours de 11h à 17h dans les villages de Kani-Bé, Miréréni, Moinatrindri Bas et Mzouazia.

Des habitants de Cavani bloquent le bureau des étrangers de la préfecture

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Depuis 4h ce lundi matin, une petite vingtaine de personnes bloquent l’accès au bureau des étrangers de la préfecture, à Mamoudzou.

Alors que depuis plus d’un mois, des réfugiés et demandeurs d’asile dorment à même le sol aux abords du stade de Cavani, des riverains ont décidé de bloquer le bureau des étrangers de la préfecture, à Mamoudzou, depuis 4h ce lundi. Ils réclament l’évacuation de la rue qui longe le stade, accompagnés par le collectif des habitants de Cavani et celui des citoyens de Mayotte 2018. 

“J’attends ici depuis 6h, je ne sais pas ce qu’il se passe.” Aïda*, comme les dizaines de personnes présentes vers 10h30, ne peut pas honorer son rendez-vous au bureau des étrangers de la préfecture, à Mamoudzou, ce lundi. Depuis 4h du matin, une petite vingtaine d’habitants de Cavani bloquent l’entrée avec des barrières, coiffées de toiles portant leurs revendications, non sans rappeler le début des barrages fin janvier, lancés entre autres par le blocage de cette entrée par le collectif des citoyens de Mayotte 2018. “On veut l’évacuation des abords du stade de Cavani. La population est excédée, on n’en peut plus.” Toana Abdallah.

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Des barrières ont été érigées autour de l’entrée du bureau des étrangers pour empêcher le public de passer.

Depuis le 22 mars et la fin du démantèlement du camp de réfugiés et de demandeurs d’asile venus de la région des Grands Lacs, qui s’était implanté dans l’enceinte du stade de Cavani, environ 300 personnes sont sans solution dans la rue aux abords de l’infrastructure. Si la préfecture a réussi à en reloger en urgence 110 la semaine dernière, cela ne satisfait pas les riverains. “On sait que dans trois mois, ils vont devoir quitter ces logements et reviendront. Et puis on en voit d’autres arriver, c’est un cercle vicieux”, constate Toana Abdallah. Safina Soula, présidente du collectif citoyen de Mayotte 2018, qui accompagne celui des habitants de Cavani pour cette action, souhaite que l’Etat trouve une solution pour évacuer le camp dans les plus brefs délais. Le blocage est donc pour une durée illimitée, tant que des discussions concrètes ne seront pas entamées avec la préfecture pour trouver une solution. 

Toana Abdallah affirme que ce ne sont pas les migrants qui sont visés directement par les collectifs, mais bien l’Etat, qui doit prendre ses responsabilités selon elle. “On ne peut plus voir ces gens dans cette situation misérable. Puisqu’on ne peut pas les accueillir dans de bonnes conditions, il ne faut plus les accueillir”, affirme celle qui pense qu’ils devraient être envoyés dans l’Hexagone ou bien avoir la possibilité de faire leur demande d’asile depuis leur pays d’origine. “Il n’y a déjà pas assez d’hébergement pour nous”, surenchérit André Perse, un autre habitant présent devant la préfecture. “On va attendre les lois prévues pour Mayotte sur l’immigration, on comprend qu’il y a un calendrier. Mais on veut le nettoyage immédiat de la rue où se trouve le camp”, ajoute-t-il.

La crainte d’un foyer de choléra

Avec le développement des cas de choléra sur l’île, les riverains craignent qu’un foyer ne se développe dans le quartier, où les conditions d’hygiène sont très rudes pour les immigrés qui dorment à même le sol, avec un accès presque inexistant à l’eau potable. Sur ce point, Safina Soula et d’autres membres des collectifs espèrent pouvoir s’entretenir avec le ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, lors de sa visite à Mayotte ces jeudi et vendredi.  

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L’action est menée par le collectif des habitants de Cavani, accompagné par celui des citoyens de Mayotte 2018.

Plus que les migrants de Cavani, c’est l’immigration dans son ensemble qui est au cœur des dénonciations des collectifs. “Tant qu’on bloque, il n’y a pas de nouveau titre de séjour émis. Car tant que la loi abrogeant le titre de séjour territorialisé ne sera pas passée, des personnes vont continuer à être régularisées, et parfois frauduleusement”, estime Safina Soula. Cette action s’inscrit dans la stratégie qu’avait annoncée les Forces vives à la fin des barrages, au début du mois de mars : le mouvement continue, sous une autre forme. Pour l’instant, il n’y a pas d’autre blocage de prévu. Vers 11h, un des membres du personnel de la préfecture prend le micro à l’adresse de celles et ceux qui attendent depuis tôt ce matin de pouvoir entrer au bureau des étrangers : “On ne pourra pas vous recevoir aujourd’hui. Ceux qui avaient rendez-vous seront re-convoqués.” La rue se vide alors, sous le regard des manifestants, qui comptent bien rester là.

 

*Le nom a été changé.

Préavis de grève des personnels chez Air Austral

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Un préavis de grève a été déposé par le syndicat national des personnels navigants commerciaux – Force ouvrière (SNPNC-FO) de la compagnie aérienne Air Austral pour un mouvement social annoncé du 10 au 15 mai, à La Réunion. Air Austral informe ce vendredi 3 mai « qu’aucune perturbation n’est à envisager à ce jour », concernant les vols, et que « les négociations se poursuivent ». Une réunion devait avoir lieu ce vendredi « pour trouver les voies et moyens de sortir de cette situation », indique Josep Bréma, président du directoire de la société.

Mayotte perd les finales de zone océan Indien

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Les finales de zone de Nationale 3 de basket ont eu lieu ce dimanche. Les joueuses du Magic Basket de Passamaïnty ont représenté Mayotte aux finales ZONE océan Indien, à Saint-Pierre, à La Réunion. Mais les Tamponnaises de La Réunion les ont battues 90 à 64. De son côté, le Basket Club de M’tsapéré a perdu face au Basket Club Dyonisien, qui a gagné avec le score serré de 80 à 78. “Lors de leur match face aux Tamponnaises, les joueuses de Passamainty ont fait preuve de grande détermination. De même, l’équipe masculine a livré un match palpitant jusqu’aux dernières secondes du temps réglementaire”, a néanmoins félicité la mairie de Mamoudzou sur son compte Facebook.

Des journées portes ouvertes au RSMA

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Le Régiment du service militaire adapté de Mayotte (RSMA) a tenu ses journées portes ouvertes ce week-end à Combani, après cinq ans d’absence. Plusieurs concerts, démonstrations, animations et jeux ont été organisés, comme un parcours commando, un stand de tireur d’élite.

Des associations environnementales formées à la communication

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Pour maîtriser la communication de leurs associations, différents membres adhérents à la fédération Mayotte Nature Environnement (MNE) ont suivi une formation gratuite ce samedi 4 mai. Ce moment a permis à tous les membres présents de suivre différents ateliers pour une montée en compétence dans le domaine de la communication. Suite à cette journée, les participants ont différents outils et méthodes leur permettant de communiquer en interne et en externe. Des échanges, des brainstormings, des ateliers ont permis la réussite de cette formation. MNE propose d’autres formations qui permettront aux participants d’acquérir des nouvelles compétences ou les consolider. Les prochaines seront le 1er juin, sur le droit de l’environnement, et le 15 juin, sur la gestion des mangroves.

De nouveaux ambassadeurs Information et Jeunesse

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Ce jeudi, le Centre régional information jeunesse (Crij) de Mayotte organise sa matinée des volontaires en service civique de 8h30 à 10h30 à la bibliothèque de Passamaïnty. Une cérémonie qui permettra de présenter les nouveaux ambassadeurs et nouvelles ambassadrices Information Jeunesse.

Une course contre les discriminations LGBTQ+

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Le service de Lutte contre les Violences Sexistes et Sexuelles de Profession sport loisir (PSL) Mayotte organise une Course contre les Discriminations LGBTQ+ le samedi 18 mai 2024. Deux boucles (2km / 5km) autour de la Réserve de Karihani sont prévues. En partenariat avec l’association Régie de Territoire de Tsingoni, un concours de ramassage de déchets est prévu. Toute la journée, sur le terrain de Football (départ de la course), des stands de prévention concernant les questions liées aux orientations sexuelles et identités de genre seront aussi au rendez-vous. Ouverture des inscriptions à 8h le jour-même, pour le public de 14 ans et plus. Départ de la course de 5km à 9h, de cette de 2km à 9h15. Les récompenses seront distribuées à 11h et une mini course de pneu est prévue pour les moins de 14 ans à 12h.

Un nouveau diplôme à La Réunion sur la gestion des fonds européens

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Un nouveau diplôme en « Ingénierie de projets européens dans les Outre-mer (IPEDOM) » s’ouvre à l’Université de La Réunion en septembre 2024, dans le but de former les étudiants et professionnels à la gestion des fonds européens. Cofinancé par l’État, ce diplôme vient enrichir l’offre de formation de l’Université de La Réunion, où de nombreux jeunes Mahorais et Mahoraises partent étudier, dans le but de former davantage d’étudiants et de professionnels à la gestion des fonds européens.

Choléra : la pression semble redescendre à Koungou

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Le centre de dépistage du choléra de Koungou a fermé mercredi soir.

Le 26 avril, les premiers cas autochtones de choléra étaient diagnostiqués à Koungou. S’en est suivie l’ouverture d’un centre de dépistage et d’un centre de vaccination mobile. Des opérations qui semblent avoir porté leurs fruits, puisqu’elles s’arrêtent.

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La décision sur l’attribution du marché du Caribus attendue dans quinze jours

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Une trentaine de personnes avaient fait le déplacement au tribunal administratif de Mamoudzou pour suivre le recours en annulation du marché du Caribus attribué au groupement conduit par Optimum.

Pari tenu pour le groupement d’intérêt économique « Tama ya leo na messo », qui avait annoncé le 30 avril contester devant la justice les modalités d’attribution du marché du Caribus par la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou au groupement conduit par Optimum. L’audience s’est déroulée ce vendredi 3 mai. Décision du tribunal administratif dans quinze jours.

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Deux des trois avocats des parties plaignantes qui ont plaidé pour l’annulation du marché Caribus.

Deux semaines déjà que le marché du Caribus a été attribué par la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) à la société Optimum, sœur de Matis, qui règne sur le marché des transports scolaires à Mayotte depuis plusieurs décennies. Cette affaire a continué à faire couler de l’encre, ce mardi 30 avril, avec la tenue d’une conférence de presse par Mahamoud Azihary, conseiller du groupement d’intérêt économique (GIE) Tama ya leo na messo, au siège de sa société de conseil à Passamaïnty. Une conférence de presse qui avait pour objet de dénoncer les conditions d’attribution de ce marché (à son détriment) mais également la décision de porter l’affaire en justice au pénal et au tribunal administratif en précontractuel ou en contractuel, dans l’espoir d’annuler ce marché. C’est donc dans une salle quasiment pleine que l’audience s’est tenue ce vendredi 3 mai, à Mamoudzou. Le juge des référés de La Réunion et Mayotte a tenu à siéger en présentiel et non par visioconférence, ce qui est souvent le cas pour bon nombre de litiges.

D’entrée de jeu, il demande aux différentes parties comment celles-ci comptent procéder au vu des quatre dossiers présents pour une seule affaire. En effet, d’un côté, sont représentés la Cadema et le groupement baptisé Optisam (Optimum, Taxis Vanilles et Salim Transports) et de l’autre, la société Carla Mayotte Transports Baltus, le GIE « Tama ya leo na messo », de même que le groupement Transports du Nord. Ces trois derniers demandent l’annulation du marché passé et le paiement des frais de procédure par la Cadema à hauteur de 5.000 euros.

Une procédure de passation de marché qui manquerait de rigueur

Pour cette audience très technique, qui aura duré trois heures, chacune des parties a pu présenter ses arguments et débattre. Chacune d’elles avait fait appel à des cabinets d’avocats métropolitains spécialisés dans le domaine des marchés publics. En l’espèce, c’est maître Cabi, avocat au barreau de Paris, représentant du groupement « Tama », qui a ouvert la danse. Il soulève « la grande imprécision exprimée par la Cadema, le caractère erroné et parfois contradictoire des documents de la consultation et des cinq reports de la date de remise des offres« . De même : « Il est regrettable que la procédure de passation de ce marché n’ait pas été menée avec toute la rigueur qui s’imposait dans le respect des règles « , répète-t-il à plusieurs reprises.

De son côté, l’avocat de la société Carla Mayotte Transports Baltus observe que « le juge des référés a mis l’affaire en délibéré sous quinzaine parce qu’il lui faudra du temps pour lire tous les arguments soulevés lors de l’examen de cette affaire extrêmement technique dont l’enjeu est de savoir si effectivement il y a eu des irrégularités dans ce marché, et surtout, si ces irrégularités ont fait du tort aux différents candidats qui ont fait des recours contre ce marché. » S’il reconnaît le caractère prioritaire et d’intérêt public de mettre en service un réseau de transports à Mayotte pour les usagers au regard des difficultés actuelles du réseau routier, il ajoute : « Mais cela ne suppose pas qu’il faille se précipiter pour faire n’importe quoi. Le fait qu’on soit pris aujourd’hui par une vision réelle assez courte ne justifie pas pour autant que l’on néglige les règles de passation des marchés publics. »

15 jours pour étudier tous les arguments

Côté défense, l’avocat du groupement Optisam s’est catégoriquement refusé à s’exprimer devant la presse à l’issue de l’audience. À l’inverse, son confrère, maître Olivier Guérin-Garnier (du barreau de Paris), qui représentait la Cadema, admet le fait qu’il s’agit à Mayotte du premier marché d’importance, qui sort du domaine scolaire, et qu’il est « compréhensible qu’il provoque une certaine effervescence ». « Ce dont je suis content c’est que nous avons une vraie concurrence avec plusieurs opérateurs français qui se battent sur un département français et, par conséquent, que le meilleur gagne ! Il n’y a pas de Mahorais, de Réunionnais ou de métropolitains, nous sommes tous français« , digresse-t-il.

Selon ce connaisseur des marchés publics à Mayotte, ceux qui ont attrait aux transports font l’objet d’attaques systématiques devant la justice depuis quinze ans. « C’est devenu un rituel, à chaque fois on se bat et la plupart du temps le groupe Matis-Optimum gagne, parfois on perd comme en 2015 où le marché a été annulé. »

Maître Olivier Guérin-Garnier a lui aussi fait appel à sa mémoire en rappelant, qu’en 2010, le groupement « Veolia » et ses 80 sous-traitants faisaient la pluie et le beau temps sans demander l’avis à ces mêmes sous-traitants et que désormais, Mayotte compte tout un ensemble d’acteurs économiques qui se battent pour obtenir un marché. « C’est la concurrence dans un département français, et tant mieux. »

Le président du tribunal a décidé de se donner le temps d’étudier l’ensemble des arguments soulevés par les différents intervenants. Il s’est donné quinze jours pour rendre sa décision.

Tribune : Le choléra à Mayotte en 2024, des politiques publiques à revoir

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Le choléra se transmet par le port à la bouche d’eau, aliments ou objets contaminés par la bactérie à cause des matières fécales.

Ma précédente publication du mois de mars alertait que du fait de sa situation géographique en zone tropicale et de l’influence des échanges avec les pays voisins, Mayotte, reste un territoire fragile, confrontée à des risques sanitaires spécifiques. Depuis le 4 février 2024, une épidémie de choléra sévit dans l’Union des Comores. Cette maladie qui se traduit par des fortes diarrhées sans fièvre et des vomissements, se contracte exclusivement par l’ingestion (par la bouche) d’eau ou d’aliments contaminés par des matières fécales contenant le microbe du choléra (Vibrio cholerae) et se propage très facilement avec l’insalubrité. Ce microbe du Choléra est invisible à nos yeux, peut survivre longtemps dans certains milieux ambiants : sols, vêtements… Il peut aussi se trouver sur nos mains sales et objets souillés portés à la bouche. Il s’agit d’une maladie du péril fécal. Et n’importe qui peut être contaminé par ce microbe.

Le communiqué du Ministère de la santé de l’Union des Comores indiquait au 3 mai 2024, 87 décès aux Comores pour 3.964 cas répertoriés. Le nombre de cas de choléra à Mayotte s’élève désormais à 37, d’après un nouveau bilan des autorités sanitaires de Mayotte communiqué à l’AFP le 3 mai 2024 (39 selon Santé publique France à la même date, N.D.L.R.), nécessitant la venue du Ministre de la santé à Mayotte les 9 et 10 mai prochains. Au-delà du plan de riposte coordonné par les services de l’Etat, un dispositif particulier de prise en charge au Centre Hospitalier de Mayotte est mis en place par les autorités préfectorales et sanitaires de l’île. Cependant, il faut savoir que le choléra peut être évité par des mesures simples d’hygiène.

Point d’histoire sur le Choléra à Mayotte

S’il faut remonter les cinquante dernières années, les épidémies récurrentes de choléra dans la région ont marqué les esprits. L’île de Mayotte a été touchée en 1974 et en 2001. Pour rappel, l’épidémie de 1974 a été gérée par deux Mahorais. Il s’agit de Monsieur Youssouf Said, Ministre de la Santé du Gouvernement Territorial (Territoire Français des Comores) et du Docteur Martial Henry, lui aussi, ancien Ministre de la Santé du Gouvernement Territorial (1970-1973) et Médecin chef de l’hôpital de Dzaoudzi. Cette collaboration soutenue entre le pouvoir politique et l’autorité sanitaire a permis de mieux gérer cette épidémie. En revanche, l’épidémie de 2000 qui a enregistré à Mayotte un décès et 4 cas sans notion de voyage, a nécessité la mise en place d’une campagne générale de vaccination de toute la population, et réaliser le premier test grandeur nature de ce territoire à population musulmane, d’une dérogation aux obligations cultuelles d’inhumation. La proximité avec les Comores, Madagascar et de l’Afrique de l’Est a toujours imposé une grande vigilance vis-à-vis des poussées épidémiques dans ces pays. C’est ainsi que des mesures de prévention d’une épidémie de Choléra ont été activées entre mai et octobre 2007, période durant laquelle le choléra sévissait à la Grande Comores et à Mohéli.

Ces évènements sanitaires ont contribué à construire un discours sur les épidémies en général et sur le choléra en particulier ainsi que les comportements à adopter. Il a été constaté que les grands rassemblements et les partages de repas collectivement sont des facteurs propices à l’extension de l’épidémie. De plus les pénuries d’eau, l’accumulation des déchets et les difficultés d’approvisionnement en denrées alimentaires ont été identifiés comme des facteurs favorisant la dissémination de la maladie.

Entre le profane et le sacré quelle place pour la prévention à Mayotte ?

Même si le terme choléra est bien connu de la population mahoraise, il n’est pas traduit dans les langues locales. Exceptée la jeune génération, la connaissance locale sur la maladie ne renvoie pas au savoir médical tant en ce qui concerne les symptômes que les moyens de la prévenir. Seul le risque létal de la maladie est souvent évoqué. Les mémoires des épidémies vécues par les Mahorais, ont permis d’accéder à certaines connaissances et pratiques pour faire face à cette maladie transmissible, considérée le plus souvent avec la lèpre comme une affection pestilentielle, maladie de la honte et de la peur, qui paraît appartenir à l’histoire. D’ailleurs, Mayotte reste le département français le plus concerné par le choléra.

Dans un contexte épidémique, chaque geste doit en principe être effectué dans le respect des mesures d’hygiène et des recommandations sanitaires émises. Cependant, la honte qui est ressentie chez les personnes socialement considérées comme des élites, lorsqu’elles sont atteintes du choléra, puisque la saleté est souvent liée à la précarité et à la pauvreté matérielle, devient source de honte chez les nanties, car considérée comme une défaillance dans le rang social de la personne concernée. Le patient peut devenir la risée de son entourage.

La question de l’hygiène qui réfère aux règles que l’on doit respecter pour éliminer les microbes, ne renvoie pas systématiquement à la conception culturelle du propre et du sale. En effet, contrairement à la définition de l’eau potable, l’eau est perçue traditionnellement impropre à la consommation lorsque celle-ci est souillée par des selles, des urines (najis) et attestée par le regard, la présence de débris et par l’odeur. Ce qui indique une bonne sensibilisation contre l’eau contenue dans les bassins d’ablution des mosquées (birika), et l’usage de l’eau des puits et des rivières souillées.

Par ailleurs, le regard de la communauté paraît plus fort que les recommandations sanitaires qui ne peuvent pas prendre en compte le contexte social concernant les rites funéraires des personnes décédées du choléra. En cas de décès de choléra, les rites funéraires traditionnellement accomplis vont être mis à l’épreuve. Les procédures spécifiques qui seront mises en place, notamment, l’abstention totale de tout soin du corps du défunt, la mise en bière immédiate, l’interdiction de contact direct du défunt à la terre et d’attroupement sur le lieu du décès, seront complétement en déphasage avec les rites funéraires traditionnellement accomplis. Ce bouleversement des normes sociales dans la gestion funéraire du choléra, fait de ce dernier, une maladie particulière. Comme les pratiques funéraires, les rassemblements et les repas commensaux communautaires sont en jeu dans les voies de transmission de la maladie, une bonne sensibilisation est nécessaire pour accompagner cette mesure.

En matière d’actions de prévention à promouvoir pour réduire les risques d’expansion du choléra, l’accès à l’eau potable pour la consommation, pour les ablutions, pour le lavage régulier des mains avec du savon avant de préparer le repas, de manger, d’alimenter les nourrissons ou les enfants, seront très utiles. Il en est de même de rappeler les règles d’hygiène de lavage des mains et des ongles après avoir été aux toilettes, avant et après les soins de propreté d’un enfant. D’autres règles d’hygiène devront également est fortement promues comme, le brossage des dents avec de l’eau potable ou bouillie, la non-consommation de desserts glacés ou de glaçons, des aliments crus, exceptés les fruits et légumes qui doivent être pelés ou épluchés. L’essentiel de la règle de base réside en la consommation d’aliments bien cuits, dans des récipients propres et avec mains et ustensiles propres.

Ce corpus de démarche de prévention rassemble des mesures simples d’hygiène qui pourront éviter une épidémie de choléra à Mayotte.

Au-delà de cette hygiène individuelle indispensable, l’élimination des déchets solides et liquides et l’utilisation de toilettes bien protégées pour que les matières fécales ne soient pas rejetées dans le lagon, permettront de limiter considérablement les risques d’extension du choléra et d’autres pathologies liées à l’hygiène et à l’assainissement. La question aujourd’hui posée à la société mahoraise est précisément de savoir comment conduire des actions de prévention au choléra, alors que le 101ème département de France, offre encore aujourd’hui en 2024, des conditions insuffisantes de logement, d’hygiène publique, d’accès à l’eau potable, de gestion des déchets solides et d’assainissement des eaux usées.

Le Choléra, comme révélateur de politiques publiques défaillantes

Pour rappel, il convient ici de préciser que 30 % des ménages mahorais sont sans eau courante dans leurs logements, 5% ont un accès à l’eau potable à la borne fontaine et 6% s’approvisionnent dans les rivières, les ruisseaux ou les puits (souvent pollués par les eaux usées et les déchets). Les autres ont recours à un tiers, un voisin, un parent. Ces conditions d’accès à l’eau nécessitent un transport et un stockage d’eau entrainant un risque élevé de maladies pour la population. Par ailleurs, la politique de salubrité publique est un échec et la population souffre de son exposition à des risques sanitaires majeurs, notamment aux maladies vectorielles transmises par les moustiques ou par les rats et aux maladies infectieuses liées aux eaux stagnantes (typhoïdes, choléra…). Et enfin, Mayotte affiche toujours d’importants retards en termes d’infrastructures d’assainissement des eaux usées. Au recensement (Insee 2017), il apparaît que seulement 38% des logements sont équipés d’un puisard ou d’une fosse septique et 42% rejettent leurs eaux usées directement au sol sans aucun moyen d’assainissement.

Il reste à espérer que la loi Mayotte en cours d’élaboration porte rapidement ses fruits. Ceci est une vraie gageure pour les mahorais et pour la France.

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Flash infos Mayotte du Mardi 20 mai 2025
Mardi 20 mai 2025

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Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes