Mreda Sidjidane est tétraplégique depuis un accident en 2003. Grâce à beaucoup de kinésithérapie et le travail des « transferts », il est autonome pour se transférer à la force de ses bras dans son fauteuil roulant.
Mreda Sidjidane est tétraplégique. Rencontré la semaine du 30 avril, durant laquelle se déroulait la journée mondiale des mobilités et de l’accessibilité, il explique que ni les aides, ni l’aménagement urbain ne sont à la hauteur à Mayotte pour pouvoir vivre ou circuler librement.
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Son fauteuil roulant a un problème de moteur, il doit remplir un dossier à amener à la Maison départementale des personnes handicapées. Mais en chemin, il devra rouler sur la route.
À côté de lui, une machine à café sur la table de chevet, et plus loin, dans son champ de vision, se trouvent deux cadres photo. Sur la première, c’est lui plus jeune. Derrière, l’un de ses fils qui travaille dans la Marine.
« Ah oui c’est Déreck (un surnom, N.D.L.R) », reconnaît une habitante de Passamaïnty pour indiquer où vit Mreda Sidjidane. Passé un trottoir en forme de rampe d’accès pour arriver dans la maison qu’il s’est construite, l’homme de 49 ans nous reçoit, ce vendredi 3 mai, couché sur son lit, le coude placé sur l’oreiller pour se redresser. Tétraplégique depuis un accident de voiture en 2003, il dépend d’une infirmière (soins pris en charge) qui vient chez lui tous les jours. Il ne se déplace qu’en fauteuil roulant électrique, actuellement en panne. Pour en avoir un neuf, il devra aller déposer des papiers à la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) où on lui a dit de passer au lieu de les envoyer par mail.
« À Mayotte il n’y a pas de trottoir, je dois circuler sur la route. C’est très dangereux, mais au quotidien je n’ai pas le choix », livre ce père de famille qui était bien obligé d’aller faire les courses lorsque ses six enfants vivaient encore au domicile. « Il y a des années, une voiture m’a percuté par derrière entre M’Tsapéré et Baobab. Je suis tombé par terre. Les pompiers sont venus me chercher », raconte celui que l’on peut croiser jusqu’à Kawéni, sur un tronçon de la route nationale, où les voitures ne peuvent pas le dépasser.
À Mamoudzou, « il commence à y avoir des trottoirs », mais les voitures mal garées le condamnent souvent à rebrousser tout un chemin pour en descendre et pouvoir avancer. « Chaque sortie peut me prendre une demi-journée », déplore celui qui attend avec hâte l’arrivée du Caribus, censé être déployé en septembre de cette année.
« J’aimerais que l’Etat voit ce qui se passe à Mayotte »
Mais c’est sans compter le manque d’établissements accessibles aux personnes en situation de handicap ou dont les rampes d’accès sont trop pentues pour son fauteuil. « À Only Mamoudzou, je ne peux pas rentrer, il y a des escaliers. Je dois attendre que quelqu’un passe pour me pousser », commence-t-il à lister. Le même scénario se produisait lorsqu’il souhaitait se rendre à la Caisse de sécurité sociale de Mayotte avant qu’elle déménage. « Une fois, je devais déposer des papiers à la Cadema (communauté d’agglomération Dembéni – Mamoudzou), mais c’est à l’étage et il n’y a pas d’ascenseur. Alors que c’est un bureau administratif », s’offusque-t-il. « J’aimerais tellement que l’Etat voit ce qui se passe à Mayotte pour nous les handicapés. On est là, on n’est pas comme des meubles. On est des êtres humains. »
Pour cet ex-grutier reconverti en agent d’accueil à l’association Ouazissa Zifeli Maoré (OZM) qui accompagne les personnes handicapées, aucune aide à domicile ne lui est attribuée par le conseil départemental (au bureau de la direction de la solidarité et du développement social) car il faudrait gagner moins de 4.000 euros par an. « Déjà que des aides il n’y en a pas beaucoup, mais quand on travaille, il n’y a pas d’aide », commente-t-il. « Je gagne un peu d’argent mais à Mayotte tout est cher. Même celui qui touche 2.000 euros le dit. Alors payer une aide à domicile tous les jours… » Heureusement, l’homme « combatif » et qui « garde toujours le moral » est connu du quartier et a une amie qu’il peut appeler en cas de besoin.
À Mayotte, où au moins 22.000 personnes étaient en situation de handicap en 2021 selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), l’allocation aux adultes handicapés (AAH), délivrée par la Caf, à formuler auprès de la MDPH, est plafonnée à 506 euros par mois. Dans l’Hexagone, ce plafond monte à plus de 900 euros. Le dossier a une date limite et est donc à renouveler. « Quand c’est périmé, on peut attendre jusqu’à six mois avant de la recevoir », livre celui qui gagne un petit peu moins d’un Smic. Même si c’est rétroactif, « pendant cette période, il n’y a rien. Aujourd’hui je travaille mais je parle pour tous ceux qui sont dans cette situation parce que j’ai connu ça.À la télévision j’entends ceci, cela, mais nous les handicapés on ne voit pas de changement. »
Le dernier bilan de l'ARS fait état de 58 cas de choléra à Mayotte.
Selon le dernier bulletin de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, le nombre de cas de choléra grimpe désormais à 58, contre 39 vendredi (chiffre de Santé publique France), depuis le 18 mars. Parmi eux, six sont actifs. 380 contacts proches ont été traités et 4.058 contacts vaccinés. Aucun décès n’est à déplorer. Il est rappelé de se laver les mains régulièrement, notamment après être allé aux toilettes et avant de cuisiner. Il faut exclusivement boire de l’eau potable et éviter les aliments ayant été manipulés par des personnes malades. Les symptômes principaux de la maladie sont la diarrhée et les vomissements. En cas de symptômes, il faut s’isoler, appeler immédiatement le 15 et surtout veiller à s’hydrater abondamment.
Des coupures d'eau vont avoir lieu dans le Sud mardi en raison de travaux.
Le Sud va connaître des coupures d’eau ce mardi 7 mai, comme l’annonce la SMAE, en raison de travaux visant à renforcer l’adduction du Sud. Il y aura donc une coupure anticipée à 11h pour les villages du Sud du secteur 1, sauf à M’ramadoudou pour garantir le fonctionnement de l’hôpital. Une coupure technique aura cours de 11h à 17h dans les villages de Kani-Bé, Miréréni, Moinatrindri Bas et Mzouazia.
Depuis 4h ce lundi matin, une petite vingtaine de personnes bloquent l’accès au bureau des étrangers de la préfecture, à Mamoudzou.
Alors que depuis plus d’un mois, des réfugiés et demandeurs d’asile dorment à même le sol aux abords du stade de Cavani, des riverains ont décidé de bloquer le bureau des étrangers de la préfecture, à Mamoudzou, depuis 4h ce lundi. Ils réclament l’évacuation de la rue qui longe le stade, accompagnés par le collectif des habitants de Cavani et celui des citoyens de Mayotte 2018.
“J’attends ici depuis 6h, je ne sais pas ce qu’il se passe.” Aïda*, comme les dizaines de personnes présentes vers 10h30, ne peut pas honorer son rendez-vous au bureau des étrangers de la préfecture, à Mamoudzou, ce lundi. Depuis 4h du matin, une petite vingtaine d’habitants de Cavani bloquent l’entrée avec des barrières, coiffées de toiles portant leurs revendications, non sans rappeler le début des barrages fin janvier, lancés entre autres par le blocage de cette entrée par le collectif des citoyens de Mayotte 2018. “On veut l’évacuation des abords du stade de Cavani. La population est excédée, on n’en peut plus.” Toana Abdallah.
Des barrières ont été érigées autour de l’entrée du bureau des étrangers pour empêcher le public de passer.
Depuis le 22 mars et la fin du démantèlement du camp de réfugiés et de demandeurs d’asile venus de la région des Grands Lacs, qui s’était implanté dans l’enceinte du stade de Cavani, environ 300 personnes sont sans solution dans la rue aux abords de l’infrastructure. Si la préfecture a réussi à en reloger en urgence 110 la semaine dernière, cela ne satisfait pas les riverains. “On sait que dans trois mois, ils vont devoir quitter ces logements et reviendront. Et puis on en voit d’autres arriver, c’est un cercle vicieux”, constate Toana Abdallah. Safina Soula, présidente du collectif citoyen de Mayotte 2018, qui accompagne celui des habitants de Cavani pour cette action, souhaite que l’Etat trouve une solution pour évacuer le camp dans les plus brefs délais. Le blocage est donc pour une durée illimitée, tant que des discussions concrètes ne seront pas entamées avec la préfecture pour trouver une solution.
Toana Abdallah affirme que ce ne sont pas les migrants qui sont visés directement par les collectifs, mais bien l’Etat, qui doit prendre ses responsabilités selon elle. “On ne peut plus voir ces gens dans cette situation misérable. Puisqu’on ne peut pas les accueillir dans de bonnes conditions, il ne faut plus les accueillir”, affirme celle qui pense qu’ils devraient être envoyés dans l’Hexagone ou bien avoir la possibilité de faire leur demande d’asile depuis leur pays d’origine. “Il n’y a déjà pas assez d’hébergement pour nous”, surenchérit André Perse, un autre habitant présent devant la préfecture. “On va attendre les lois prévues pour Mayotte sur l’immigration, on comprend qu’il y a un calendrier. Mais on veut le nettoyage immédiat de la rue où se trouve le camp”, ajoute-t-il.
La crainte d’un foyer de choléra
Avec le développement des cas de choléra sur l’île, les riverains craignent qu’un foyer ne se développe dans le quartier, où les conditions d’hygiène sont très rudes pour les immigrés qui dorment à même le sol, avec un accès presque inexistant à l’eau potable. Sur ce point, Safina Soula et d’autres membres des collectifs espèrent pouvoir s’entretenir avec le ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, lors de sa visite à Mayotte ces jeudi et vendredi.
L’action est menée par le collectif des habitants de Cavani, accompagné par celui des citoyens de Mayotte 2018.
Plus que les migrants de Cavani, c’est l’immigration dans son ensemble qui est au cœur des dénonciations des collectifs. “Tant qu’on bloque, il n’y a pas de nouveau titre de séjour émis. Car tant que la loi abrogeant le titre de séjour territorialisé ne sera pas passée, des personnes vont continuer à être régularisées, et parfois frauduleusement”, estime Safina Soula. Cette action s’inscrit dans la stratégie qu’avait annoncée les Forces vives à la fin des barrages, au début du mois de mars : le mouvement continue, sous une autre forme. Pour l’instant, il n’y a pas d’autre blocage de prévu. Vers 11h, un des membres du personnel de la préfecture prend le micro à l’adresse de celles et ceux qui attendent depuis tôt ce matin de pouvoir entrer au bureau des étrangers : “On ne pourra pas vous recevoir aujourd’hui. Ceux qui avaient rendez-vous seront re-convoqués.” La rue se vide alors, sous le regard des manifestants, qui comptent bien rester là.
Un préavis de grève a été déposé par le syndicat national des personnels navigants commerciaux – Force ouvrière (SNPNC-FO) de la compagnie aérienne Air Austral pour un mouvement social annoncé du 10 au 15 mai, à La Réunion. Air Austral informe ce vendredi 3 mai « qu’aucune perturbation n’est à envisager à ce jour », concernant les vols, et que « les négociations se poursuivent ». Une réunion devait avoir lieu ce vendredi « pour trouver les voies et moyens de sortir de cette situation », indique Josep Bréma, président du directoire de la société.
Les finales de zone de Nationale 3 de basket ont eu lieu ce dimanche. Les joueuses du Magic Basket de Passamaïnty ont représenté Mayotte aux finales ZONE océan Indien, à Saint-Pierre, à La Réunion. Mais les Tamponnaises de La Réunion les ont battues 90 à 64. De son côté, le Basket Club de M’tsapéré a perdu face au Basket Club Dyonisien, qui a gagné avec le score serré de 80 à 78. “Lors de leur match face aux Tamponnaises, les joueuses de Passamainty ont fait preuve de grande détermination. De même, l’équipe masculine a livré un match palpitant jusqu’aux dernières secondes du temps réglementaire”, a néanmoins félicité la mairie de Mamoudzou sur son compte Facebook.
Le Régiment du service militaire adapté de Mayotte (RSMA) a tenu ses journées portes ouvertes ce week-end à Combani, après cinq ans d’absence. Plusieurs concerts, démonstrations, animations et jeux ont été organisés, comme un parcours commando, un stand de tireur d’élite.
Pour maîtriser la communication de leurs associations, différents membres adhérents à la fédération Mayotte Nature Environnement (MNE) ont suivi une formation gratuite ce samedi 4 mai. Ce moment a permis à tous les membres présents de suivre différents ateliers pour une montée en compétence dans le domaine de la communication. Suite à cette journée, les participants ont différents outils et méthodes leur permettant de communiquer en interne et en externe. Des échanges, des brainstormings, des ateliers ont permis la réussite de cette formation. MNE propose d’autres formations qui permettront aux participants d’acquérir des nouvelles compétences ou les consolider. Les prochaines seront le 1er juin, sur le droit de l’environnement, et le 15 juin, sur la gestion des mangroves.
Ce jeudi, le Centre régional information jeunesse (Crij) de Mayotte organise sa matinée des volontaires en service civique de 8h30 à 10h30 à la bibliothèque de Passamaïnty. Une cérémonie qui permettra de présenter les nouveaux ambassadeurs et nouvelles ambassadrices Information Jeunesse.
Le service de Lutte contre les Violences Sexistes et Sexuelles de Profession sport loisir (PSL) Mayotte organise une Course contre les Discriminations LGBTQ+ le samedi 18 mai 2024. Deux boucles (2km / 5km) autour de la Réserve de Karihani sont prévues. En partenariat avec l’association Régie de Territoire de Tsingoni, un concours de ramassage de déchets est prévu. Toute la journée, sur le terrain de Football (départ de la course), des stands de prévention concernant les questions liées aux orientations sexuelles et identités de genre seront aussi au rendez-vous. Ouverture des inscriptions à 8h le jour-même, pour le public de 14 ans et plus. Départ de la course de 5km à 9h, de cette de 2km à 9h15. Les récompenses seront distribuées à 11h et une mini course de pneu est prévue pour les moins de 14 ans à 12h.
Un nouveau diplôme en « Ingénierie de projets européens dans les Outre-mer (IPEDOM) » s’ouvre à l’Université de La Réunion en septembre 2024, dans le but de former les étudiants et professionnels à la gestion des fonds européens. Cofinancé par l’État, ce diplôme vient enrichir l’offre de formation de l’Université de La Réunion, où de nombreux jeunes Mahorais et Mahoraises partent étudier, dans le but de former davantage d’étudiants et de professionnels à la gestion des fonds européens.
Le centre de dépistage du choléra de Koungou a fermé mercredi soir.
Le 26 avril, les premiers cas autochtones de choléra étaient diagnostiqués à Koungou. S’en est suivie l’ouverture d’un centre de dépistage et d’un centre de vaccination mobile. Des opérations qui semblent avoir porté leurs fruits, puisqu’elles s’arrêtent.
Une trentaine de personnes avaient fait le déplacement au tribunal administratif de Mamoudzou pour suivre le recours en annulation du marché du Caribus attribué au groupement conduit par Optimum.
Pari tenu pour le groupement d’intérêt économique « Tama ya leo na messo », qui avait annoncé le 30 avril contester devant la justice les modalités d’attribution du marché du Caribus par la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou au groupement conduit par Optimum. L’audience s’est déroulée ce vendredi 3 mai. Décision du tribunal administratif dans quinze jours.
Deux des trois avocats des parties plaignantes qui ont plaidé pour l’annulation du marché Caribus.
Deux semaines déjà que le marché du Caribus a été attribué par la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) à la société Optimum, sœur de Matis, qui règne sur le marché des transports scolaires à Mayotte depuis plusieurs décennies. Cette affaire a continué à faire couler de l’encre, ce mardi 30 avril, avec la tenue d’une conférence de presse par Mahamoud Azihary, conseiller du groupement d’intérêt économique (GIE) Tama ya leo na messo, au siège de sa société de conseil à Passamaïnty. Une conférence de presse qui avait pour objet de dénoncer les conditions d’attribution de ce marché (à son détriment) mais également la décision de porter l’affaire en justice au pénal et au tribunal administratif en précontractuel ou en contractuel, dans l’espoir d’annuler ce marché. C’est donc dans une salle quasiment pleine que l’audience s’est tenue ce vendredi 3 mai, à Mamoudzou. Le juge des référés de La Réunion et Mayotte a tenu à siéger en présentiel et non par visioconférence, ce qui est souvent le cas pour bon nombre de litiges.
D’entrée de jeu, il demande aux différentes parties comment celles-ci comptent procéder au vu des quatre dossiers présents pour une seule affaire. En effet, d’un côté, sont représentés la Cadema et le groupement baptisé Optisam (Optimum, Taxis Vanilles et Salim Transports) et de l’autre, la société Carla Mayotte Transports Baltus, le GIE « Tama ya leo na messo », de même que le groupement Transports du Nord. Ces trois derniers demandent l’annulation du marché passé et le paiement des frais de procédure par la Cadema à hauteur de 5.000 euros.
Une procédure de passation de marché qui manquerait de rigueur
Pour cette audience très technique, qui aura duré trois heures, chacune des parties a pu présenter ses arguments et débattre. Chacune d’elles avait fait appel à des cabinets d’avocats métropolitains spécialisés dans le domaine des marchés publics. En l’espèce, c’est maître Cabi, avocat au barreau de Paris, représentant du groupement « Tama », qui a ouvert la danse. Il soulève « la grande imprécision exprimée par la Cadema, le caractère erroné et parfois contradictoire des documents de la consultation et des cinq reports de la date de remise des offres« . De même : « Il est regrettable que la procédure de passation de ce marché n’ait pas été menée avec toute la rigueur qui s’imposait dans le respect des règles « , répète-t-il à plusieurs reprises.
De son côté, l’avocat de la société Carla Mayotte Transports Baltus observe que « le juge des référés a mis l’affaire en délibéré sous quinzaine parce qu’il lui faudra du temps pour lire tous les arguments soulevés lors de l’examen de cette affaire extrêmement technique dont l’enjeu est de savoir si effectivement il y a eu des irrégularités dans ce marché, et surtout, si ces irrégularités ont fait du tort aux différents candidats qui ont fait des recours contre ce marché. » S’il reconnaît le caractère prioritaire et d’intérêt public de mettre en service un réseau de transports à Mayotte pour les usagers au regard des difficultés actuelles du réseau routier, il ajoute : « Mais cela ne suppose pas qu’il faille se précipiter pour faire n’importe quoi. Le fait qu’on soit pris aujourd’hui par une vision réelle assez courte ne justifie pas pour autant que l’on néglige les règles de passation des marchés publics. »
15 jours pour étudier tous les arguments
Côté défense, l’avocat du groupement Optisam s’est catégoriquement refusé à s’exprimer devant la presse à l’issue de l’audience. À l’inverse, son confrère, maître Olivier Guérin-Garnier (du barreau de Paris), qui représentait la Cadema, admet le fait qu’il s’agit à Mayotte du premier marché d’importance, qui sort du domaine scolaire, et qu’il est « compréhensible qu’il provoque une certaine effervescence ». « Ce dont je suis content c’est que nous avons une vraie concurrence avec plusieurs opérateurs français qui se battent sur un département français et, par conséquent, que le meilleur gagne ! Il n’y a pas de Mahorais, de Réunionnais ou de métropolitains, nous sommes tous français« , digresse-t-il.
Selon ce connaisseur des marchés publics à Mayotte, ceux qui ont attrait aux transports font l’objet d’attaques systématiques devant la justice depuis quinze ans. « C’est devenu un rituel, à chaque fois on se bat et la plupart du temps le groupe Matis-Optimum gagne, parfois on perd comme en 2015 où le marché a été annulé. »
Maître Olivier Guérin-Garnier a lui aussi fait appel à sa mémoire en rappelant, qu’en 2010, le groupement « Veolia » et ses 80 sous-traitants faisaient la pluie et le beau temps sans demander l’avis à ces mêmes sous-traitants et que désormais, Mayotte compte tout un ensemble d’acteurs économiques qui se battent pour obtenir un marché. « C’est la concurrence dans un département français, et tant mieux. »
Le président du tribunal a décidé de se donner le temps d’étudier l’ensemble des arguments soulevés par les différents intervenants. Il s’est donné quinze jours pour rendre sa décision.
Le choléra se transmet par le port à la bouche d’eau, aliments ou objets contaminés par la bactérie à cause des matières fécales.
Ma précédente publication du mois de mars alertait que du fait de sa situation géographique en zone tropicale et de l’influence des échanges avec les pays voisins, Mayotte, reste un territoire fragile, confrontée à des risques sanitaires spécifiques. Depuis le 4 février 2024, une épidémie de choléra sévit dans l’Union des Comores. Cette maladie qui se traduit par des fortes diarrhées sans fièvre et des vomissements, se contracte exclusivement par l’ingestion (par la bouche) d’eau ou d’aliments contaminés par des matières fécales contenant le microbe du choléra (Vibrio cholerae) et se propage très facilement avec l’insalubrité. Ce microbe du Choléra est invisible à nos yeux, peut survivre longtemps dans certains milieux ambiants : sols, vêtements… Il peut aussi se trouver sur nos mains sales et objets souillés portés à la bouche. Il s’agit d’une maladie du péril fécal. Et n’importe qui peut être contaminé par ce microbe.
Le communiqué du Ministère de la santé de l’Union des Comores indiquait au 3 mai 2024, 87 décès aux Comores pour 3.964 cas répertoriés. Le nombre de cas de choléra à Mayotte s’élève désormais à 37, d’après un nouveau bilan des autorités sanitaires de Mayotte communiqué à l’AFP le 3 mai 2024 (39 selon Santé publique France à la même date, N.D.L.R.), nécessitant la venue du Ministre de la santé à Mayotte les 9 et 10 mai prochains. Au-delà du plan de riposte coordonné par les services de l’Etat, un dispositif particulier de prise en charge au Centre Hospitalier de Mayotte est mis en place par les autorités préfectorales et sanitaires de l’île. Cependant, il faut savoir que le choléra peut être évité par des mesures simples d’hygiène.
Point d’histoire sur le Choléra à Mayotte
S’il faut remonter les cinquante dernières années, les épidémies récurrentes de choléra dans la région ont marqué les esprits. L’île de Mayotte a été touchée en 1974 et en 2001. Pour rappel, l’épidémie de 1974 a été gérée par deux Mahorais. Il s’agit de Monsieur Youssouf Said, Ministre de la Santé du Gouvernement Territorial (Territoire Français des Comores) et du Docteur Martial Henry, lui aussi, ancien Ministre de la Santé du Gouvernement Territorial (1970-1973) et Médecin chef de l’hôpital de Dzaoudzi. Cette collaboration soutenue entre le pouvoir politique et l’autorité sanitaire a permis de mieux gérer cette épidémie. En revanche, l’épidémie de 2000 qui a enregistré à Mayotte un décès et 4 cas sans notion de voyage, a nécessité la mise en place d’une campagne générale de vaccination de toute la population, et réaliser le premier test grandeur nature de ce territoire à population musulmane, d’une dérogation aux obligations cultuelles d’inhumation. La proximité avec les Comores, Madagascar et de l’Afrique de l’Est a toujours imposé une grande vigilance vis-à-vis des poussées épidémiques dans ces pays. C’est ainsi que des mesures de prévention d’une épidémie de Choléra ont été activées entre mai et octobre 2007, période durant laquelle le choléra sévissait à la Grande Comores et à Mohéli.
Ces évènements sanitaires ont contribué à construire un discours sur les épidémies en général et sur le choléra en particulier ainsi que les comportements à adopter. Il a été constaté que les grands rassemblements et les partages de repas collectivement sont des facteurs propices à l’extension de l’épidémie. De plus les pénuries d’eau, l’accumulation des déchets et les difficultés d’approvisionnement en denrées alimentaires ont été identifiés comme des facteurs favorisant la dissémination de la maladie.
Entre le profane et le sacré quelle place pour la prévention à Mayotte ?
Même si le terme choléra est bien connu de la population mahoraise, il n’est pas traduit dans les langues locales. Exceptée la jeune génération, la connaissance locale sur la maladie ne renvoie pas au savoir médical tant en ce qui concerne les symptômes que les moyens de la prévenir. Seul le risque létal de la maladie est souvent évoqué. Les mémoires des épidémies vécues par les Mahorais, ont permis d’accéder à certaines connaissances et pratiques pour faire face à cette maladie transmissible, considérée le plus souvent avec la lèpre comme une affection pestilentielle, maladie de la honte et de la peur, qui paraît appartenir à l’histoire. D’ailleurs, Mayotte reste le département français le plus concerné par le choléra.
Dans un contexte épidémique, chaque geste doit en principe être effectué dans le respect des mesures d’hygiène et des recommandations sanitaires émises. Cependant, la honte qui est ressentie chez les personnes socialement considérées comme des élites, lorsqu’elles sont atteintes du choléra, puisque la saleté est souvent liée à la précarité et à la pauvreté matérielle, devient source de honte chez les nanties, car considérée comme une défaillance dans le rang social de la personne concernée. Le patient peut devenir la risée de son entourage.
La question de l’hygiène qui réfère aux règles que l’on doit respecter pour éliminer les microbes, ne renvoie pas systématiquement à la conception culturelle du propre et du sale. En effet, contrairement à la définition de l’eau potable, l’eau est perçue traditionnellement impropre à la consommation lorsque celle-ci est souillée par des selles, des urines (najis) et attestée par le regard, la présence de débris et par l’odeur. Ce qui indique une bonne sensibilisation contre l’eau contenue dans les bassins d’ablution des mosquées (birika), et l’usage de l’eau des puits et des rivières souillées.
Par ailleurs, le regard de la communauté paraît plus fort que les recommandations sanitaires qui ne peuvent pas prendre en compte le contexte social concernant les rites funéraires des personnes décédées du choléra. En cas de décès de choléra, les rites funéraires traditionnellement accomplis vont être mis à l’épreuve. Les procédures spécifiques qui seront mises en place, notamment, l’abstention totale de tout soin du corps du défunt, la mise en bière immédiate, l’interdiction de contact direct du défunt à la terre et d’attroupement sur le lieu du décès, seront complétement en déphasage avec les rites funéraires traditionnellement accomplis. Ce bouleversement des normes sociales dans la gestion funéraire du choléra, fait de ce dernier, une maladie particulière. Comme les pratiques funéraires, les rassemblements et les repas commensaux communautaires sont en jeu dans les voies de transmission de la maladie, une bonne sensibilisation est nécessaire pour accompagner cette mesure.
En matière d’actions de prévention à promouvoir pour réduire les risques d’expansion du choléra, l’accès à l’eau potable pour la consommation, pour les ablutions, pour le lavage régulier des mains avec du savon avant de préparer le repas, de manger, d’alimenter les nourrissons ou les enfants, seront très utiles. Il en est de même de rappeler les règles d’hygiène de lavage des mains et des ongles après avoir été aux toilettes, avant et après les soins de propreté d’un enfant. D’autres règles d’hygiène devront également est fortement promues comme, le brossage des dents avec de l’eau potable ou bouillie, la non-consommation de desserts glacés ou de glaçons, des aliments crus, exceptés les fruits et légumes qui doivent être pelés ou épluchés. L’essentiel de la règle de base réside en la consommation d’aliments bien cuits, dans des récipients propres et avec mains et ustensiles propres.
Ce corpus de démarche de prévention rassemble des mesures simples d’hygiène qui pourront éviter une épidémie de choléra à Mayotte.
Au-delà de cette hygiène individuelle indispensable, l’élimination des déchets solides et liquides et l’utilisation de toilettes bien protégées pour que les matières fécales ne soient pas rejetées dans le lagon, permettront de limiter considérablement les risques d’extension du choléra et d’autres pathologies liées à l’hygiène et à l’assainissement. La question aujourd’hui posée à la société mahoraise est précisément de savoir comment conduire des actions de prévention au choléra, alors que le 101ème département de France, offre encore aujourd’hui en 2024, des conditions insuffisantes de logement, d’hygiène publique, d’accès à l’eau potable, de gestion des déchets solides et d’assainissement des eaux usées.
Le Choléra, comme révélateur de politiques publiques défaillantes
Pour rappel, il convient ici de préciser que 30 % des ménages mahorais sont sans eau courante dans leurs logements, 5% ont un accès à l’eau potable à la borne fontaine et 6% s’approvisionnent dans les rivières, les ruisseaux ou les puits (souvent pollués par les eaux usées et les déchets). Les autres ont recours à un tiers, un voisin, un parent. Ces conditions d’accès à l’eau nécessitent un transport et un stockage d’eau entrainant un risque élevé de maladies pour la population. Par ailleurs, la politique de salubrité publique est un échec et la population souffre de son exposition à des risques sanitaires majeurs, notamment aux maladies vectorielles transmises par les moustiques ou par les rats et aux maladies infectieuses liées aux eaux stagnantes (typhoïdes, choléra…). Et enfin, Mayotte affiche toujours d’importants retards en termes d’infrastructures d’assainissement des eaux usées. Au recensement (Insee 2017), il apparaît que seulement 38% des logements sont équipés d’un puisard ou d’une fosse septique et 42% rejettent leurs eaux usées directement au sol sans aucun moyen d’assainissement.
Il reste à espérer que la loi Mayotte en cours d’élaboration porte rapidement ses fruits. Ceci est une vraie gageure pour les mahorais et pour la France.
Le crash du Fokker-50 de la compagnie R Komor a fait, selon les derniers bilans, cinq blessés dont un blessé grave.
Les causes de cet accident restent à déterminer, mais les dégâts subis par l’appareil sont importants si l’on en croit les images publiées sur internet. Le 25 avril, l’agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie avait exigé une révision supplémentaire de cet appareil avant de se raviser le lendemain.
Plus de peur que de mal. C’est du moins ce que se dit la cinquantaine de passagers qui étaient à bord du vol de R Komor, lequel a dû se poser en urgence dimanche matin après avoir décollé de Mohéli, alors qu’il voulait se rendre à Moroni. Ce dimanche 5 mai, vers 9h18, le Fokker-50 de la compagnie comorienne a fait un accident à l’aéroport de Bandar es Salam, sur l’île de Mohéli. L’avion qui a repris du service début avril, après des travaux de maintenance à Nairobi, a essayé de décoller avant de se poser en urgence. Une manœuvre qui n’a pas du tout été facile dans la mesure où l’aéronef a fait une sortie de piste et s’est retrouvé coincé dans les buissons.
À 17h ce dimanche, on déplorait seulement cinq blessés, dont un grave mais sans que son pronostic vital ne soit engagé, d’après le gendarme comorien de l’aviation civile. Il y avait au total 51 passagers, dont deux bébés, cinq membres d’équipage et une vingtaine de passagers de nationalités étrangères. Une heure après l’accident, le PDG de la compagnie, Shemir Kamoula, avait fait une brève déclaration sans mentionner les causes. Selon lui, il était trop tôt pour s’hasarder là-dessus. L’homme d’affaires a surtout exprimé sa compassion envers les passagers et leur a promis son soutien. « Cela a dû être dur psychologiquement. Normal qu’ils soient choqués, je le comprends« , a déclaré, le PDG de R Komor, qui a annoncé avoir appelé la Gouverneure nouvellement élue de Mohéli pour mettre en place une cellule de crise.
“Après avoir foulé la piste, le vol balbutiait”
Se trouvant à bord, l’ancien maire de Fomboni, capitale de Mohéli, a livré son témoignage sur les réseaux sociaux. » L’avion a essayé d’entamer le décollage mais il n’a pas réussi à prendre la vitesse optimale. À un moment, je pense que le pilote s’est rendu compte qu’il n’allait pas y parvenir. Il a donc commencé à amorcer la descente. Dès que l’appareil a commencé à toucher le sol, j’ai entendu un bruit assourdissant qui doit coïncider avec la crevaison des pneus. Après avoir foulé la piste, le vol balbutiait, comme si nous marchions sur un chemin caillouteux« , a relaté dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, Ali Mbaraka Aboul-Kheir, qui a confirmé que le Fokker-50 avait fini sa course dans les buissons à plus de 30 mètres de la piste.
Tout au long de ces évènements, l’ex-édile de Fomboni, qui remercie Dieu de les avoir sauvés, était assis tout près de la portière. » J’entendais les cris des passagers. Dès lors que l’appareil s’est arrêté, j’étais le premier à descendre. Je peux assurer qu’il n’y a pas de morts. Toutefois je lance un appel aux autorités étatiques et aux compagnies qui nous desservent, qu’on nous ramène des vols capables de nous garantir une sécurité. Car, moi-même j’avais peur de prendre ce vol« , a martelé, Ali Mbaraka Aboul-Kheir.
Dans son communiqué publié dimanche vers 16h, l’agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacm), a rassuré que les services de l’aéroport, la sécurité civile, la gendarmerie, la police nationale et les services de santé ont pris les dispositions nécessaires afin de maîtriser la situation et la prise en charge des passagers, des membres d’équipage et les familles des passagers. D’après le secrétaire général de l’Anacm, Ali Mohamed Abdallah, qui lisait le communiqué, une cellule d’assistance psychologique a été mise en place par le ministère des transports auprès de la compagnie R Komor. « Le ministère des transports maritime et aérien a mis en place une cellule de crise pour déterminer les besoins d’urgence, notamment la désignation de l’enquêteur principal de l’accident et l’évacuation sanitaire éventuelle du blessé grave pour des soins appropriés« , a-t-il ajouté.
Trois crevaisons de pneus depuis septembre
Une déclaration qui n’a pas suffi pour taire les interrogations de l’opinion, puisque le 25 avril dernier, la direction de l’Anacm avait interdit à ce Fokker-50 de reprendre les vols, le temps de subir de nouveaux travaux de maintenance. Mais à la surprise générale, l’Anacm s’est rétractée le lendemain en levant la suspension qu’elle a publiée, la veille. Retournement d’autant plus étonnant que le gendarme de l’aviation civile avait cité des recommandations du constructeur de l’avion pour appuyer sa décision. Un autre fabricant d’aéronefs avait conseillé un examen approfondi du moteur. Mais les responsables de R Komor ont très vite crié à l’abus de pouvoir et assuré qu’ils avaient bel et bien procédé aux travaux auxquels le constructeur de l’avion faisait allusion. Voilà que lors de l’accident de ce dimanche, on voit le moteur de l’hélice endommagé.
Des photos montrent des pièces étalées par terre. Depuis septembre 2023, ce Fokker-50 a subi au moins trois crevaisons de pneus pendant l’atterrissage aussi bien à Mohéli qu’à Anjouan. Le dernier incident en date remonte au 19 février à l’aéroport de Ouani, à Anjouan. L’aéronef s’était retrouvé dans les buissons mais l’on ne déplorait aucun blessé. L’Anacm exigea alors des contrôles qui seront réalisés au Kenya, du 27 mars au 6 avril. Un certificat avait été délivré par le centre de maintenance. L’avion ne commencera ses rotations régionales que le 18 avril. Dix-huit jours plus tard, il peine à décoller et frôle le pire. Certains espèrent que cet incident réveillera les consciences des autorités.
Marie Guévenoux aux abords d’une des embarcations interceptées dans le cadre de l’opération « Mayotte place nette ».
La ministre déléguée chargée des Outre-mer a clôturé sa quatrième visite à Mayotte par un tour d’horizon des moyens en place pour lutter contre l’immigration irrégulière. Sur le site du STM d’abord, puis au centre de rétention administrative, Marie Guévenoux s’est félicitée de la célérité de l’Etat.
Sur le site du Service des transports maritimes (STM), en Petite-Terre, Marie Guévenoux, est enthousiaste à la vue d’un des kwassas interceptés depuis le début de l’opération « Mayotte place nette ». La ministre déléguée chargée des Outre-mer, accompagnée d’une délégation de trois députés, a tenu à se rendre sur cet emplacement prêté par le Conseil départemental aux forces de l’ordre pour la préparation des « intercepteurs » de kwassa-kwassa de la police et de la gendarmerie nationale. L’endroit idéal pour signer un autosatisfecit en règle au sujet de la lutte contre l’immigration irrégulière.
Depuis le début de l’opération « Mayotte place nette », dix-sept kwassa auraient été interceptés. Au cours d’une déclaration sur le site du STM, la ministre déléguée a fait fi du principe de présomption d’innocence en déclarant que cinq des passeurs interpellés « seront jugés et condamnés ». Outre cette prédiction, ces derniers sont-ils considérés comme des « chefs de bande », le gouvernement ayant promis d’en interpeller 60 tout rond d’ici à la fin du mois de juin ? Nous n’avons pas obtenu de réponse à cette interrogation. Marie Guévenoux a en tout état de cause déclaré sur X (ex-twitter) que vingt-trois chefs de bande avaient été arrêtés depuis le 16 avril.
« On a un sentiment d’impuissance »
Guidée par Frédéric Sautron, sous-préfet chargé de la lutte contre l’immigration clandestine, la ministre déléguée a aussi eu l’occasion de voir de plus près les moyens numériques et humains mobilisés dans le cadre de l’opération « place nette ». Sur les neuf embarcations mises à disposition des forces de l’ordre, trois sont mobilisées « 360 jours par an », a-t-elle rappelé au cours d’un point presse. A l’heure actuelle, les intercepteurs complètent les missions de surveillance réalisées dans le canal du Mozambique par le Champlain, un bâtiment de la Marine français. Un avion est également mobilisé pour des missions de surveillance, tout comme deux vedettes côtières de surveillance maritime de la gendarmerie. Un arsenal nécessaire pour contrer des organisations structurées.
La députée mahoraise Estelle Youssouffa a notamment souligné que les embarcations non déclarées arrivaient « par groupe », dans l’objectif de « saturer » le dispositif de détection de kwassas composé de quatre radars maritimes. « On a un sentiment d’impuissance parce que plus on monte en gamme plus en face ça monte en gamme », a déploré la parlementaire du groupe LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires). Pour la ministre déléguée, les moyens sont là et il ne faudrait pas « sous-estimer les bons résultats obtenus sur le travail en mer ».
Un centre de rétention administrative sur-sollicité
La délégation s’est ensuite rendue, sur les coups de 12h, au centre de rétention administrative (CRA) à Dzaoudzi, lieu d’enfermement ouvert en 2015 au sein duquel des personnes en situation irrégulières peuvent faire l’objet d’une décision d’éloignement. C’est très souvent le cas, selon le Cimade, qui souligne dans son dernier rapport annuel que les placements en rétention sont en nombre « très important » à Mayotte. En 2023, année marquée par la première opération « Wuambushu », 28.180 personnes ont été enfermées dans le CRA de Petite-Terre qui dispose de 136 places (26 chambres) pour 24.467 reconduites à la frontière (dans un délai inférieur à 24 heures). Ce qui représente plus de 90% du nombre de personnes enfermées cette année-là dans les CRA d’Outre-mer (60% à l’échelle nationale), et incarne une « célérité » qui rend difficile les démarches de contestation. L’association s’émeut par ailleurs du nombre d’enfants envoyés au CRA de Dzaoudzi au cours de cette même année.
« Les enfants représentent plus de 11 % des personnes enfermées à Mayotte. Si l’enfermement des familles avec enfants doit être spécialement motivé et utilisé de manière exceptionnelle, cette pratique demeure une possibilité légale dont la préfecture de Mayotte use quotidiennement alors même que les critères de la loi sont largement détournés. Pour expulser toujours plus, l’administration n’hésite pas à enfermer des enfants avec leurs parents, mais aussi les mineurs isolés, souvent après la modification de leur date de naissance par la préfecture, les faisant apparaître comme majeurs », écrit la Cimade dans son rapport. Et cette pratique pourrait perdurer. Comme l’a rappelé Frédéric Sautron lors de la visite du LRA, si la loi asile et immigration du 26 janvier 2024 interdit l’enfermement d’enfants en rétention, cette disposition entrera en vigueur le 1er janvier 2027 à Mayotte. « Cette disparité législative permet aux autorités de poursuivre durant quelques années supplémentaires leurs pratiques illégales graves à l’encontre d’enfants », déplore la Cimade.
Suite à un contentieux porté par des associations, la préfecture a été obligée de pérenniser des locaux de rétention administrative (LRA) qu’elle avait l’habitude de créer de manière temporaire quotidiennement, rapporte également la Cimade. Pour la visite de Marie Guévenoux, les autorités préfectorales ont préféré montrer le centre d’évaluation sanitaire au sein duquel les personnes interceptées en mer sont placées et examinées en raison de l’épidémie de choléra en cours aux Comores. Ce site aurait pu être implanté à proximité du centre hospitalier de Mayotte (CHM) dès 2019, mais un problème de « maîtrise foncière » a obligé la préfecture de revoir ses plans, selon Frédéric Sautron. Ce dernier a rappelé à la ministre que Gérald Darmanin avait annoncé la création d’un deuxième CRA de 140 places en Grande-Terre, ce qui porterait la capacité d’enfermement théorique à plus de 300 places à Mayotte.
Le Collectif 2018 formule trois exigences pour « écarter les barrages »
« Les braises ne sont pas encore éteintes », rapporte, dans un communiqué envoyé à la presse, Safina Soula, une des leadeuses des Forces vives, présidente du collectif Mayotte 2018, en réaction à la visite de la ministre déléguée chargée des Outremer Marie Guévenoux ces jeudi 2 et vendredi 3 mai, dans le cadre des travaux des deux projets de loi Mayotte (constitutionnel et ordinaire). « Le collectif formule trois exigences de nature à écarter les velléités de reprise des barrages », écrit-elle, au-delà de l’abrogation des titres de séjour territorialisé : un moratoire sur la délivrance des titres de séjour par la préfecture sur une période de six mois, la fermeture des bureaux de l’Ofpra (office français de protection des réfugiés et apatrides), ainsi que le rapatriement en métropole de l’examen des demandes concernant le droit d’asile et leur traitement dans les ambassades et consulats des pays d’origine. Pour rappel, les deux projets de loi seront présentés le 17 mai par le président de la République aux élus du territoire à Paris. Le président du conseil départemental, après concertation avec les élus, rendra leur avis au gouvernement le 22 juin.
Le CHM a ouvert une unité médicalisée pour prendre en charge les cas de choléra.
Mayotte a désormais connu 39 cas de choléra depuis le 18 mars, d’après Santé publique France (dont 36 confirmés par test PCR, les trois autres l’ayant été par test de diagnostic rapide – TDR). Parmi les cas confirmés par PCR, 27 ont été contractés localement et 9 ont été importés des pays voisins. Quatre cas ont nécessité des soins de réanimation au sein de l’unité choléra du CHM, disposant de 15 lits. Santé publique France précise qu’aucun décès n’a été enregistré pour l’instant.
Il est rappelé de se laver les mains régulièrement, notamment après être allé aux toilettes et avant de cuisiner. Il faut éviter de boire de l’eau non contrôlée, les aliments ayant été manipulés par des personnes malades. Les symptômes principaux de la maladie sont la diarrhée et les vomissements. En cas de symptômes, il faut s’isoler, appeler le 15 et surtout veiller à s’hydrater abondamment, car c’est la déshydratation sévère que peut causer la maladie qui peut être mortelle.
La ministre Marie Guévenoux a visité le Centre Hospitalier de Mayotte avec trois députés.
La ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, accompagnée de plusieurs députés, s’est rendue au Centre Hospitalier de Mayotte puis au service des titres de la mairie de Mamoudzou. Des visites ayant pour but de montrer les problématiques de l’île aux parlementaires, qui devront bientôt plancher sur les différents projets de loi pour Mayotte.
Ce vendredi matin, la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, a visité le Centre Hospitalier de Mayotte (CHM) accompagnée de Sylvain Maillard, député et président du groupe Renaissance, Christophe Naegelen, député et président du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoire (Liot) et Blandine Brocard, députée et représentante du groupe Mouvement Démocrate, afin que ces derniers prennent « la mesure de la réalité de ce qui se passe ici à Mayotte », selon la ministre. Une étape qu’elle juge nécessaire au vu du travail qui attend les parlementaires sur les différents projets de loi pour Mayotte. Ils se sont d’abord rendus à la maternité. « Il y a 11.000 naissances par an à Mayotte, dont 7.500 prises en charge directement au CHM. C’était important pour les parlementaires de voir comment fonctionne ce service, voir que parfois, les couloirs se transforment en chambre d’accouchement », déclare la ministre.
Ils ont ensuite visité l’unité médicalisée de prise en charge des cas de choléra, qui comprend 15 lits, guidés par le docteur Alimata Gravaillac, cheffe du pôle Usec (Urgences, SAMU/SMUR, Evacuation sanitaire, Caisson hyperbare). « J’ai actuellement 5,3 équivalents temps plein sur les 44 nécessaires », indique cette dernière, en répondant aux questions sur les effectifs de la députée de la 1ere circonscription de Mayotte, Estelle Youssouffa, également de la visite. Le directeur de l’Agence Régionale de Santé, Olivier Brahic, a pu expliquer comment fonctionnait l’unité, à savoir que chaque cas positif est isolé pour être traité. Du gel hydroalcoolique et des pastilles de chlore pour désinfecter l’eau sont également distribués. La ministre a également indiqué la venue de 19 réservistes pour prêter main forte.
« C’est autre chose quand on y met les pieds »
Le cortège s’est ensuite rendu à la mairie de Mamoudzou, au service des titres. « Nous devons traiter 500 demandes d’acte d’état civil par jour », explique aux visiteurs Anliati Demou, directrice du service. Cette dernière a présenté différentes problématiques à la ministre et aux parlementaires, notamment les reconnaissances frauduleuses de paternité et de maternité, mais aussi les unions frauduleuses. « Sur les 15.000 titres de séjour délivrés annuellement à Mayotte, 85% sont liés à la naissance d’un enfant reconnu comme français, puisque né à Mayotte », délivre la ministre à l’issue, avant de préciser que ce nombre est de 38% dans l’Hexagone. Une visite qui lui a permis de défendre le projet d’abrogation du droit du sol à Mayotte.
« Il était important pour moi de venir pour constater réellement ce qui se passe sur place, qu’on puisse prendre des décisions fortes à l’assemblée pour venir en soutien aux Mahoraises, aux Mahorais, qui vivent une situation extrêmement compliquée », commente Christophe Naegelen durant la matinée. « Vu de l’Hexagone, Mayotte, on en connaît un certain nombre de choses. Mais c’est autre chose quand on y met les pieds et qu’on constate dans plusieurs domaines ce qui se passe », dit de son côté Blandine Brocard, qui a vu en l’île « un concentré de toutes les crises », auxquelles il faut apporter des solutions.
L’opération “Mayotte place nette” suit son cours à Mayotte. Cette semaine, les douanes, la police nationale et la préfecture ont mené une opération à la gare maritime de Dzaoudzi afin de contrôler les valeurs détenues par les voyageurs en direction d’Anjouan, dans l’Union des Comores. Ceux qui ne pouvaient pas justifier l’origine des fonds qu’ils détenaient, parfois de plus de 10.000 euros, ont été sanctionnés et se sont vus confisquer leur argent en attendant qu’une décision de justice soit rendue. Un type d’opération voué à se répéter afin de lutter contre les trafics et les activités illicites.
Une délégation de l’union nationale des centres permanents d’initiatives pour l’environnement (CPIE), un réseau d’associations à vocation environnementale, s’est rendue à Mayotte cette semaine. La direction de la fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) demande, depuis 2021, le label de la CPIE pour bénéficier d’une reconnaissance au niveau national. Un gage de crédibilité. Après une première visite sur le site de la retenue collinaire de Combani le lundi 30 mai, c’est en mairie de Bandrélé que les échanges autour de cette labellisation se sont poursuivis, mercredi 1er mai. Les parties prenantes s’étaient au préalable rendues sur le front de mer et à l’écomusée. La FMAE, qui œuvre de longue date pour préserver le littoral de la commune ainsi que l’îlot de Bandrélé, a bénéficié d’un soutien appuyé du maire, Ali Moussa Moussa Ben. « Bien qu’il soit très difficile de savoir comment va évoluer le secteur environnemental dans les années à venir, nous imaginons que les évolutions du secteur sont très liées à l’écho que trouve la préoccupation environnementale dans la société », rappelle ce dernier dans une lettre adressée à la CPIE. Et d’ajouter : « ces notions doivent être vulgarisées afin qu’elles intéressent non seulement un public “d’écolos” convaincus mais qu’elles soient aussi dans les préoccupations des jeunes qui sont les bénévoles de demain ». Le premier magistrat de Bandrélé conclut en estimant « nécessaire » la labellisation de la FMAE.