La quatorzième édition du forum économique des îles de l’océan Indien prendra place au technopole, à Dembeni, à Mayotte, du 5 au 7 novembre. C’est la deuxième fois en quinze ans que que celui-ci se déroule dans l’archipel. L’événement a connu deux reports successifs : initialement prévu en novembre 2023 puis en avril 2024, la crise de l’eau et les problématiques sécuritaires avaient eu raison de lui. Les organisateurs, l’Agence de développement et d’innovation de Mayotte (Adim), la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM), l’association Mayotte technopole et Cap business océan Indien, accueilleront 200 opérateurs économiques.
Au programme, trois jours de conférences autour de la production régionale avec neuf tables rondes et neuf ateliers de travail. Pour 2024, de nouveaux outils seront disponibles tels que : une plateforme B2B (Business to business) en ligne pour organiser en amont des rendez-vous dans des espaces dédiés lors de ces trois jours, des ateliers de fresque de la biodiversité pour sensibiliser aux enjeux de préservation des écosystèmes marins et terrestres des îles, ainsi que des pauses cafés/déjeuners pour favoriser les prises de contacts.
Quinze élèves du collège de Kawéni 1 et du lycée Bamana, à Mamoudzou, concourront à Marseille du mardi 14 au vendredi 17 mai lors des championnats de France de danse battle Hip-hop. Photo fournie par Alban Rizzitelli.
Deux équipes du collège Kawéni 1 et du lycée Bamana, à Mamoudzou, participeront aux championnats de France de danse battle hip-hop à Marseille, de l’Union nationale du sport scolaire. Pour ces finalistes du tournoi régional, l’avion a décollé ce jeudi et la compétition s’étalera du mardi 14 au vendredi 17 mai.
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Arbitre féminine de l’année
Fatima Boudoury – Kick-Boxing – LMKMDA
En 2023, Fatima Boudoury a été hyper active au sein de la commission d’arbitrage de la Ligue Mahoraise de Kick-Boxing, Muaythaï et Disciplines Associées. La Sadoise a participé à toutes les sessions de recyclage et tous les challenges de clubs, mais surtout a officié dans les plus grandes compétitions territoriales de l’année. Elle était ainsi de l’équipe des juges arbitres lors des Trophées de la Ligue, qui a opposé combattants Mahorais, Mauriciens et Réunionnais en avril au Baobab, ou encore lors du Super Fight 976, autre gala international qui a vu se confronter des adversaires de France métropolitaine, d’Italie, de Guinée, de la Réunion et de Mayotte, en juillet au gymnase Jean-François Hory de M’gombani.
Marion Defrene – Rugby – CTRM
Capitaine de l’équipe féminine de rugby du Despérados M’Tsapéré, Marion Defrene est en parallèle arbitre depuis janvier 2023. Une orientation prise à la suite d’une rupture des ligaments croisés. « Je me disais que c’était une bonne alternative si je ne pouvais pas rejouer. » Sur l’année écoulé, la femme de 30 ans a pris part à une dizaine de tournois aussi bien chez les jeunes que chez les séniors féminines. Cette double casquette s’avère être fort utile pour la kiné tant « les règles de rugby sont nombreuses et complexes ». Mais surtout, « cela m’a énormément apporté en tant que joueuse, j’ai encore plus de respect pour l’arbitre aujourd’hui ».
Rachmia Kari – Football – LMF
Joueuse polyvalente de l’ASC de Kawéni, Rachmia Kari découvre le monde de l’arbitrage il y a de cela trois ans. Immédiatement séduite, la jeune femme de 22 ans décide alors de se consacrer exclusivement à son nouveau maillot noir. Depuis, la native de Mamoudzou enchaîne les prestations de haut vol dans des rencontres à enjeux. À son actif en 2023 : la finale féminine U13 de la coupe de Mayotte (Devils de Pamandzi face à Unicornis), la finale masculine U19 de la coupe de Mayotte (Ecole de foot de Kawéni contre USC Labattoir), ou encore le match électrique entre les Enfants de Mayotte et le FCM 2 pour le compte de la 21ème journée du championnat R3 Nord. « Je veux m’imposer dans ce monde très masculin et prouver que les filles sont en capacité de tenir les acteurs. » Son prochain objectif : faire son trou en Régionale 2.
Roihama Saindou – Basket-Ball – LRBBM
Roihama Saindou signe son grand retour en 2023 après avoir connu une nomination lors de la dixième cérémonie des Trophées Mayotte Hebdo du Sportif de l’année. Un beau clin d’oeil pour l’une des seules arbitres féminines de l’île, mais aussi une juste récompense puisqu’elle a fait partie du contingent envoyé à Madagascar à l’occasion des JIOI. La gendarme de 25 ans a notamment pris part aux rencontres de 3×3. Habituée à arpenter les parquets du territoire, la coach du BCM est une figure incontournable de l’arbitrage mahoraise depuis 2011. Elle a d’ailleurs géré d’une main de maître la demie-finale de la coupe de Mayotte entre Fuz’Ellipse et Iloni avant de commenter la finale à la télé pour apporter son expertise.
Souraya Madanga et Salya Soulaimana – Ligue Régionale de Handball de Mayotte – Handball
Le jeune binôme originaire de Kani-Kéli a débuté l’arbitrage lors de la saison 2021/2022 et poursuivi dans cette voie, avec une certaine soif d’apprentissage. « J’apprécie lorsque les personnes qui nous encadrent nous expliquent nos erreurs lorsque nous en faisons, car cela nous permet d’évoluer », soutient Souraya Madanga, 17 ans. Avec son acolyte Salya Soulaimana, 18 ans, outre les rencontres de championnat féminin de jeunes, les deux arbitres ont dirigé la finale de la coupe de Mayotte des moins de 16 ans 2022/2023, en juin dernier au gymnase de M’gombani.
Arbitre masculin de l’année
Andhuime Attoumani et Nassime Soumaila – Ligue Régionale de Handball de Mayotte – Handball
Voilà plus d’une décennie que le binôme Andhuime Attoumani/Nassime Soumaila s’est formé et officie de pair pour le handball territorial, régional et national. Le dernier grand rendez-vous en date remonte à juin 2023, et cette finale Métro/Ultramarins du championnat de France Nationales Masculine 2 entre la Case Cressonnière et le Grenoble SMH Métropole Isère, que les deux arbitres les plus hauts gradés de l’île ont mené d’une main de maître. Sans oublier évidemment les grandes affiches du handball mahorais qu’Andhuime et Nassime ont dirigé tout au long de l’année… Un binôme de choc qui fait la fierté de la LRHM.
Erwan Bourhis Humbert – Kick-Boxing – LMKMDA
Un temps retiré de l’arbitrage mahorais pour des raisons professionnels, Erwan Bourhis Humbert a fait son retour dans la fonction en 2022 et celui-ci était bienvenu. « C’est une valeur sure de l’arbitrage kick-boxing. Il est discipliné, rigoureux, il fait partie des meilleurs », salue M’bayé Bakar Ahamada, le président de la Ligue. Au-delà de participer aux compétitions territoriales, Erwan Bourhis Humbert a officié en championnat de France, en février à Cusset, puis a participé à la formation nationale d’arbitrage, en mai à Ajaccio, et obtenu son diplôme, devenant ainsi le premier officiel mahorais détenteur du Brevet Juge Arbitre National (BJAN).
Gaba Mourtadhoi – Basket-Ball – LRBBM
Figure de l’arbitrage depuis 1997, Gaba Mourtadhoi est connu comme le loup blanc. En 2023, il a participé à ses deuxièmes JIOI à Madagascar, après l’édition de 2019. Compétition au cours de laquelle il a notamment arbitré trois rencontres, dont la prestigieuse finale masculine entre Madagascar et La Réunion. « C’était exceptionnel ! » Son autre fait d’armes : la finale tant attendue de la Coupe de France le 11 novembre entre le BC M’Tsapéré et l’Étoile bleue de Kawéni. Autant de matchs à enjeux que l’homme de 42 ans gère d’une main de maître. « Depuis toutes ces années, je sais comment fonctionner avec untel ou untel et canaliser les esprits. J’aime le jeu donc je ne refuse jamais le dialogue. » Un self-control qui lui vaut cette nomination parmi les arbitres de l’année.
Wildane Mpeleke – Football – LMF
Déjà nommé en 2022, Wildane Mpeleke confirme son statut de meilleur arbitre de football avec une nouvelle présence en 2023. « Cette saison a été un pur bonheur pour moi. » L’officiel de 36 ans licencié à l’Olympique de Miréréni a notamment parfaitement tenu son rang lors de la finale de la Coupe de France régionale entre l’ACJS de M’Liha et l’AS Rosador le 14 octobre. Et la qualification au 7ème tour du club de Passamaïnty lui a permis d’être désigné par la ligue mahoraise pour arbitrer un mois plus tard la rencontre entre Le Mée Sports et St-Brice FC en Île-de France. « C’était une grande première ! »
Dirigeants de clubs de l’année
Ahamed Ben-Abdillahi – Zamfi Club M’tzamboro – Volley-Ball
Après avoir fait les beaux jours de l’équipe de football des Abeilles de M’tzamboro, notamment au début des années 2010 en ayant remporté un championnat et une coupe régionale de France, Ahamed Ben-Abdillahi s’est tourné vers le volley-ball et le Zamfi Club M’tzamboro, où il a impulsé une nouvelle dynamique. Celle-là même qui a replacé le club au premier rang de l’échiquier. En effet, après plusieurs saisons sans titre, Zamfi a réalisé le doublé championnat-coupe de Mayotte en 2023, aussi bien chez les hommes que chez les dames ! Une performance historique pour les volleyeuses m’tzamboroises, qui ont remporté leurs deux premiers titres majeurs.
Bounou Anli – ASC Tsingoni – Handball
Le sens du management. Voilà une qualité qui définit parfaitement Bounou Anli, le président de l’ASC Tsingoni depuis 2018. Son retour à la tête du club, après un premier passage aux débuts des années 2000, sonne comme un renouveau. L’ancien trésorier de la ligue de handball fédère autour d’un projet de mandature commun et s’entoure de techniciens et de cadres compétents. « Nous avons mis les moyens sportifs et administratifs pour restructurer le club à tous les niveaux. » Conséquence directe : toutes les catégories ont eu des résultats, à l’image des filles qui marchent sur l’eau. Autre satisfaction ? L’augmentation de 150% du nombre de licenciés, passés de 80 à plus de 200. Un bâtisseur dans l’âme.
Cléa Lecoq – Club Gymnique Passamaïnty – Gymnastique
Cléa Lecoq préside le Club Gymnique de Passamaïnty depuis qu’elle l’a fondé en 2021. L’association compte une quinzaine d’encadrants et près d’une centaine de licenciés dont 96% de filles. Proposant jusqu’à présent ses séances de gymnastique artistique, gymnastique rythmique et baby-gym au collège de Passamaïnty, le CGP a, cette saison 2023/2024, étendu son activité à Vahibé, au plateau polyvalent où il encadre une fois par semaine, jusqu’à une quarantaine de jeunes apprenties gymnastes par séance. De plus, Cléa Lecoq impulse la dynamique territoriale avec l’ambition de voir apparaître de nouveaux clubs de gymnastique sur l’île.
Mohamed Boina – RCSSM Bouéni – Rugby
Féru de rugby depuis son enfance, Mohamed Boina alias Black Momo se démène pour faire de son sport de cœur une référence sur le territoire. L’aficionados de 41 ans devient joueur-président du Racing Club de Bouéni en 2017 et enchaîne les belles performances avec pas moins de trois championnats remportés à XV, à X et à VII depuis sa prise de fonction. Mais sa plus belle victoire s’avère être le retour au premier plan de l’équipe féminine et de l’école de rugby ainsi que le lancement d’une section sportive. « Au départ, c’était super compliqué, mais il faut toujours croire en son projet et ne pas hésiter à faire confiance à son équipe dirigeante. »
Nicolas Fraisse – Tennis Club Ascugre de Koropa
Nicolas Fraisse est à la tête du Tennis Club Ascugre de Koropa, dont les licenciés se comptent par centaine chaque année et représentent jusqu’à 80% des licenciés de Mayotte, tous clubs de tennis mahorais confondus ! Le TCK a et continue de former de nombreux jeunes, notamment ceux issus de quartiers prioritaires, pour lesquels les frais d’inscription sont pris en charge par le club. Il était représenté aux Jeux des îles d’août et septembre derniers par l’un de ses talents formés au club, Shayan Saboor, auteur d’un bon tournoi à Tana. Avec les nombreuses activités mises en place au TCK (cours, open, sport scolaire, beach tennis…), Nicolas Fraisse n’a pas fini de contribuer au développement du sport mahorais, du tennis en particulier.
Dirigeant(e) de ligue-comité de l’année
Fahar Madi – CDPM – Pétanque
Après les six médailles aux Jeux de la Commission de la jeunesse et des sports de l’océan Indien et la victoire de la doublette hommes à la coupe DOM-TOM en 2022, les deux breloques de bronze obtenues aux JIOI à Madagascar en 2023 confirment la bonne santé des boulistes mahorais. « C’était l’objectif de notre mandature », se réjouit Fahar Madi, le président du comité départemental de pétanque. Des performances signées Katiza Zafitody Michon (tirs de précision) et Asmina Attoumani (tête-à-tête). « Ce n’est pas rien pour une première participation. » Ces résultats doivent permettre de continuer à développer l’activité sur le territoire, notamment chez les jeunes.
Jean Marie Tasta – Comité Territorial de Rugby de Mayotte – Rugby
57 ans d’expérience du rugby au service de l’ovalie mahoraise : voici la contribution de Jean Marie Tasta. Depuis son arrivée il y a un à Mayotte, l’originaire du Lot-et-Garonne âgé de 67 ans consacre une partie de son temps libre au développement de sa discipline de cœur. Le dirigeant bénévole coordonne par exemple les actions d’initiation au rugby menées par le comité au sein des écoles primaires, notamment dans les zones Mamoudzou, Dembéni ou encore dans le Nord, ou auprès des associations locales à l’instar de celle de la protection de l’enfance basée à Longoni.
Louis Soubrouillard – LRHMM – Haltérophilie
Le président de la ligue régionale d’haltéropholie et de musculation est un homme heureux. Sa discipline est celle qui a récolté le plus de médailles (9) lors des derniers JIOI à Madagascar. Un sacré coup de projecteur pour celui qui s’éverture à développer son sport depuis seulement deux ans. « C’est une grande fierté », indique Louis Soubrouillard, qui propose des séances aux lycéens de Kahani deux fois par semaine et une session pour les adultes le mercredi soir. Ne lui reste plus qu’à surfer sur cette dynamique pour définitivement démocratiser la pratique. « Il ya énormément de potentiel ! »
M’bayé Bakar Ahamada
Le président de la Ligue Mahoraise de Kick-Boxing, Muaythaï et Disciplines Associées (LMKMDA) a porté haut sa discipline en 2023. Les sélections de Mayotte qu’il a conduit en Coupe de France de kick-boxing Low Kick, Kick Light et K1 ont remporté de multiples médailles nationales dont un titre de vainqueur de Coupe de France. Celle qu’il a mené aux Jeux des Îles de l’Océan Indien, en août et septembre dernier à Tana est revenu avec trois médailles sur quatre combattants, dont un titre de vice-champion des JIOI 2023. M’bayé Bakar a par ailleurs envoyé deux officiels en formation en métropole, leur permettant de de devenir juge arbitre nationaux. Sans parler des nombreuses formations (officiels, grades, cadres) organisés sur l’île et dont ont bénéficié plusieurs dizaines de licenciés mahorais… Une année 2023 aboutie pour le dirigeant.
Soazara Sulleman – LRBBM – Basket-Ball
Joueuse, arbitre et dirigeante au BCM, Soazara Sulleman est aussi à la tête de la commission Basket Vivre Ensemble à la ligue régionale de basket-ball depuis octobre 2020. Sa mission ? Promouvoir la discipline le plus largement possible, notamment auprès des vétérans et des personnes âgées. Deux équipes féminines et masculines se sont par exemple rendus à Diego Suarez, mais aussi à Rodrigues et à Maurice en 2023 pour participer à des rencontres régionales. « Le but de ces déplacements est de partager le vivre-ensemble dans l’océan Indien. » Un rôle cher à la quadragénaire, qui milite pour le développement d’une pratique loisirs de son sport de cœur.
En avril, l’Union des Comores a subi de nombreuses intempéries, ayant provoqué des inondations.
Un rapport transmis aux partenaires du pays, révèle que 68 835 personnes, dont 26 545 uniquement sur l’île d’Anjouan, ont été touchées par les inondations de ces deux dernières semaines. On compte 149 familles déplacées et une personne portée disparue depuis le 29 avril.
149 familles ont dû être déplacées en raison des dégâts causés par les intempéries aux Comores.
Du 26 avril au 3 mai, les Comores ont connu une météo très agitée, caractérisée par des fortes pluies et des vents plus ou moins violents, dont les traces sont encore visibles dans certaines zones du pays. En plus des tempêtes, la dernière en date s’appelait Hidaya, les îles indépendantes avaient été lourdement touchées par des inondations pas meurtrières comme au Kenya, mais dévastatrices. Le document d’évaluation rapide disponible, présenté en début de semaine aux partenaires extérieurs et au corps diplomatique, accrédité en Union des Comores, révèle un besoin urgent de près de 2,5 millions d’euros soit 1.235 milliards de francs comoriens. Cette somme devrait permettre à l’État comorien de mettre à exécution son plan de réponse multisectoriel. Car selon la documentation élaborée par le ministère de l’Intérieur par le biais de la Direction générale de la sécurité civile (DGSC), toutes les îles sont touchées par les intempéries des semaines précédentes.
Le directeur de la sécurité civile, le Colonel Soilihi Abdallah Rafick a énuméré parmi les dégâts liés aux pluies torrentielles des inondations, des débordements de lits de rivières, des glissements de terrains mais pas seulement. “Des habitations, des citernes, des installations sanitaires, des centres de santé ont été inondés tandis que des cultures vivrières, maraîchères, de rentes, fruitières ainsi que des infrastructures n’ont pas été épargnées« , révèle le rapport d’une vingtaine de pages auquel, Flash Info a eu accès.
3 décès, 14 blessés, 149 familles déplacées
L’objectif de ce rapport présenté devant la communauté internationale mardi était d’identifier le nombre de personnes affectées mais aussi de connaître les besoins urgents des secteurs impactés par les intempéries du mois d’avril : eau hygiène, santé nutrition, sécurité alimentaire, éducation, infrastructures habitats enfin protection et sécurité. Le document, rédigé avec l’appui de partenaires comme Médecins sans frontières et les agences des Nations Unies, nous apprend que 66.835 personnes ont été touchées directement et indirectement. La répartition entre les trois îles est la suivante : 26.554 à Anjouan, 23.848 à la Grande Comore et 16.433 à Mohéli, où l’aérogare et le centre hospitalier de Fomboni avaient été inondés dès les premiers jours des pluies.
Pour le bilan humain, le pays déplore hélas 3 décès, 14 blessés, 149 familles déplacées et une personne portée disparue. Depuis le 29 avril, un père de famille, âgé d’une soixantaine d’années n’a toujours pas donné signe de vie. Sa famille de Mitsoudjé, sa ville natale, où 15 maisons sont inondées, pense qu’il s’est rendu au champ, mais les habitants ont fait le tour dans toutes les zones champêtres de la ville sans le retrouver. Au total, les services de secours disent avoir comptabilisé 30 localités affectées sur le plan national. Ces dégâts incluent 1.117 habitations submergées, 27 citernes contaminées, 16 maisons couchées. Dans le secteur agricole, 70% des cultures sont détruites (vivrières, fruitières, maraîchères et rentes), sans compter les 59 cheptels décimés. Les établissements scolaires ne sont pas non plus épargnés (15 écoles inondées) tout comme les infrastructures routières où, dans certaines régions, trois ponts ont cédé. A cela s’ajoutent l’effondrement des murs de soutènement sur la Route RN23 (Anjouan), les éboulements et l’ouverture de faussées dans d’autres lignes routières dans les autres îles. Au niveau du secteur des télécommunications, seule l’entreprise Telco Sa a perdu un site qui est hors service. Notons que les autorités et les partenaires ont essayé, selon leurs moyens, de distribuer quelques kits d’urgence à l’instar de matelas à des localités très affectées.
Un risque sanitaire élevé
Dans leur rapport, les auteurs dévoilent donc les actions en cours et formulent des recommandations dans presque chaque secteur. Pour y parvenir, les neuf équipes se sont déplacées sur le terrain pour recueillir les données auprès des chefs des villages, entre autres. Il faut dire que le plan de riposte s’annonce titanesque et coûteux. A titre d’illustration, parmi les actions à entreprendre en urgence, il y a le nettoyage et la désinfection des 1.117 maisons inondées et les 15 établissements scolaires, un travail évalué à 37 millions de francs comoriens (75 000 euros). « Avec l’entassement des ordures, la contamination des cours d’eau, le risque de propagation du choléra et des maladies hydriques telles la typhoïde ou la dengue est très élevé« , ont alerté les enquêteurs. Toujours pour le secteur de l’eau et de l’hygiène, le rapport a rappelé à quel point il est important de ne pas négliger les 27 citernes et les 893 latrines inondées. D’où le besoin de subvenir aux besoins de la population affectée en eau potable, c’est-à-dire les 149 familles. Rien que pour une période de 15 jours, le budget chiffré s’élève à 419 millions de francs comoriens, soit près d’un million d’euros. Comme toujours, il revient à présent aux partenaires d’aller réfléchir avant de se prononcer sur le secteur où ils vont apporter leurs contributions. Ce qui est sûr, c’est que certains ne vont pas tarder à réagir étant donné la situation sanitaire du pays, où jusqu’à ce jeudi, on déplorait 82 morts du choléra, rien qu’à Anjouan.
Sur le même créneau que le ministre chargé de la Santé et de la Prévention, Frédéric Valletoux, la tête de liste Les Républicains (LR) pour les élections européennes, François-Xavier Bellamy, est en visite à Mayotte ces jeudi et vendredi. Entre visite de terrain (dès sa descente d’avion), rencontre avec des professionnels de différents secteurs, des élus locaux et des citoyens, l’homme politique a eu un agenda plutôt rempli pour cette première journée de visite, qui doit continuer ce vendredi. Il a tenu à voir de plus près les problèmes récurrents du territoire que sont l’insécurité et l’immigration clandestine avec leurs multiples conséquences sur le fonctionnement quotidien de la société locale.
Anzamia Houmadi, une conseillère municipale de Mamoudzou, figure désormais sur la liste conduite par François-Xavier Bellamy (à ses côtés) aux européennes du 9 juin 2024.
Des thèmes majeurs de sa campagne, auxquels s’additionnent la crise de l’eau et ses conséquences sanitaires, dont le choléra, l’insuffisante consommation des fonds européens sur le territoire, les secteurs de la pêche et de l’agriculture. François-Xavier Bellamy a tenu son premier meeting politique en fin d’après-midi à la Maison des jeunes et de la Culture (MJC) de M’gombani à Mamoudzou, en présence de Mansour Kamardine, député de la 2nde circonscription de Mayotte, d’Abdoul Kamardine, conseiller départemental de M’tsamboro et nouveau secrétaire départemental des LR, ainsi que de nombreux maires et personnalités locales apparenté (ou proches) à son mouvement politique. La tête de liste du parti Les Républicains aux élections européennes du mois prochain a annoncé publiquement la présence d’une mahoraise dans ses rangs en la personne d’Anzamia Houmadi, une conseillère municipale de Mamoudzou en charge de la caisse des écoles dans la commune chef-lieu.
Frédéric Valletoux, ministre chargé de la Santé, s’est rendu dans un quartier informel de Koungou, où de nombreux cas de choléra ont été recensé.
Frédéric Valletoux, ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention, a visité un bidonville de Koungou et l’unité choléra du centre hospitalier de Mayotte, ce jeudi. Si la « poussée des cas » risque de continuer, à ses dires, l’épidémie est « contrôlée ».
C’était un hasard du calendrier et une coïncidence malencontreuse. De passage à Mayotte deux jours durant, Frédéric Valletoux, ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention, avait programmé la première séquence de sa visite à l’entrée du bidonville rue de la Carrière, à Koungou, ce jeudi 9 mai. Un quartier d’habitats spontanés au sein duquel le premier décès des suites du choléra (un enfant âgé de trois ans selon l’Agence régionale de santé) a été déploré la veille, le mercredi 8 mai. Déclarée depuis la mi-mars, l’épidémie enregistre un début de « flambée des cas » avec 58 personnes prises en charge, principalement depuis Koungou, où un foyer de cas autochtones a été identifié.
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Frédéric Valletoux, le maire de Koungou Assani Saindou Bamcolo, le directeur général de l’ARS Mayotte Olivier Brahic et le préfet François-Xavier Bieuville aux abords d’un des rares points d’eau en fonction dans le quartier informel.
L’eau insalubre de la rivière est soupçonnée d’être à l’origine de la prolifération de la maladie dans ce quartier.
Sur les coups de 12h, le ministre délégué a ainsi rencontré des salariés de la Croix-Rouge mobilisés sur site, ainsi que quelques-uns des 86 professionnels de santé de la réserve sanitaire déployés à Mayotte pour épauler l’Agence régionale de santé de Mayotte (ARS) dans sa stratégie de prévention et de vaccination. Forcément, le problème de l’approvisionnement en eau des habitants du bidonville a été mis sur la table. Le maire de la commune, Assani Saindou Bamcolo, a ainsi rappelé que seuls « deux à trois » points d’eau sont disponibles et fonctionnels. Selon l’édile, il est nécessaire d’en créer d’autres et de les accompagner de rampes d’eau.
Et pour cause, le principal foyer identifié à Koungou a été localisé de part et d’autre d’un même cours d’eau, situé au sein de ce bidonville. « Nos enquêtes ont montré qu’il y avait un usage très fréquent de l’eau de rivière par les personnes contaminées », confirme le docteur Maxime Ransay-Colle, conseiller médical du directeur général de l’ARS Mayotte. Et d’ajouter : « la majorité [des cas] se sont contaminés en buvant ou en utilisant l’eau de la rivière pour des usages quotidiens ».
Le système de santé publique est-il paré au pire ?
Dans la continuité de cette première visite de terrain, le ministre délégué s’est rendu au centre hospitalier de Mayotte, où une unité choléra pouvant accueillir une quinzaine de personnes a été mise en place en mars, avant d’être complétée par une autre unité au centre médical de Dzoumogné. Un rapide tour du propriétaire et une visite au service de la maternité ont précédé une rencontre programmée entre le ministre délégué, son cabinet, et les syndicats représentant le personnel hospitalier. L’occasion d’aborder le sujet épineux du manque de personnel et celui, connexe, de l’attractivité du centre hospitalier de Mayotte (CHM). « Je ne connais pas aujourd’hui d’hôpitaux qui ne sont pas soumis partout en France à des contraintes de personnel et de tension sur le personnel », répond le ministre délégué, concédant que des services du CHM « sont sous tension ». Ce dernier estime cependant « nécessaires » les « moyens pour conforter les carrières » des personnels dans l’optique d’un second site hospitalier à Combani.
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Le ministre s’est rendu au Centre hospitalier de Mayotte dans l’après-midi de jeudi pour échanger avec le personnel soignant et leurs syndicats.
Le ministre a visité les urgences, l’unité choléra, la maternité et le laboratoire du CHM.
Au sujet du choléra, son discours, à l’instar de celui tenu par le directeur général de l’agence régionale de santé de Mayotte, Olivier Brahic, et du préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, est construit pour rassurer : « C’est une situation que l’on suit de près pour lequel on intervient très en amont, en mettant des moyens importants », assure-t-il.
Le ministre délégué martèle qu’il « n’y a pas d’explosion des cas », mais qu’il faut s’attendre à ce que « cette poussée continue ». « Ce qu’il est important de garder en tête, c’est que depuis l’apparition du premier cas ici à Mayotte, il y a eu une intervention à la fois rapide, à la fois coordonnée, à la fois proportionnée des services », estime-t-il. Ce vendredi, au cours de son deuxième et dernier jour sur l’île aux parfums, Frédéric Valletoux signera à Bandrélé une lettre d’engagement, un avenant au contrat local de santé intercommunal de la Communauté de Communes du Sud de Mayotte, avant de visiter la maison de santé pluridisciplinaire sortie de terre à Ouangani.
La jeune victime habitait le quartier de Koungou à proximité duquel un centre de dépistage avait été installé.
La préfecture a annoncé ce mercredi soir un premier décès lié au choléra. Il s’agit d’un enfant de trois ans qui habitait à Koungou, dans le quartier au sein duquel plusieurs cas de choléra avaient été identifiés ces dernières semaines. Une campagne de vaccination y avait été notamment menée et un centre de dépistage installé à proximité par l’Agence régionale de Santé (ARS). L’entourage de l’enfant a été traité par les équipes d’intervention.
Ce premier décès survient alors que le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, doit se rendre ce jeudi à Koungou pour rencontrer les équipes sanitaires, pour son premier jour de déplacement à Mayotte. Le dernier bilan de l’ARS fait état de 58 cas confirmés de choléra sur le territoire.
Le projet de piste convergente de 2.600 mètres pour étendre celle actuelle de l’aéroport de Pamandzi ne verra pas le jour.
Ce mardi matin, l’entourage du ministre délégué aux Transports, Patrice Vergriete, et de la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, ont détaillé les conclusions des études de faisabilité des deux projets de piste longue : l’option Bouyouni-M’tsangamouji l’emporte sur celle initialement prévue à Pamandzi. Les risques naturels mis en avant ne convainquent pas les élus de Petite-Terre, qui n’ont plus beaucoup d’espoir de voir une piste longue un jour sur le territoire.
“On pressent qu’il n’est pas raisonnable de réaliser la piste convergente à Pamandzi”. Ce mardi matin, c’est en choisissant bien ses mots que Pierre Bastard annonce à la presse que la piste longue à Pamandzi ne verra pas le jour, après cinq ans d’études de faisabilité ayant mobilisé une centaine de personnes. Le conseiller transport aérien, ports et transport maritime, transport fluvial au cabinet de Patrice Vergriete, ministre délégué chargé des Transports, a présenté les résultats de ces études concernant les deux projets candidats à la piste longue : l’allongement de la piste actuelle de l’aéroport de Pamandzi (avec une piste convergente) et la construction d’un nouvel aéroport à Bouyouni – M’tsangamouji.
La première option a été jugée trop à risque par la Direction générale à l’aviation civile (DGAC), qui a mandaté des bureaux d’ingénierie pour réaliser différentes études depuis 2019, achevées à la fin de l’année 2023. La montée des eaux de 2,2 mètres prévue sur 100 ans en raison du dérèglement climatique rend caduque la possibilité d’exploiter durablement la piste actuellement à 3 mètres au-dessus du niveau de la mer, et à qui il arrive déjà d’être couverte d’eau pendant les grandes marées. L’aéroport Marcel Henry est pour ainsi dire condamné à une “inexploitabilité graduelle à partir de 2035”, avec des inondations de plus en plus fréquentes.
Il faudrait surélever la piste actuelle de 5 mètres sans garantie de pouvoir la protéger des risques sismo volcaniques.
À cela s’ajoute le risque sismo volcanique identifié en 2018 avec l’apparition du volcan Fani Maore, à l’origine de nombreux tremblements de terre cette année-là. La piste convergente de 2.600 mètres envisagée aurait dû être construite sur le platier. “S’il est constitué de matériaux qui paraissent solides, il s’agit de sable qui peut se déliter avec les séismes”, nous précise Christophe Masson, délégué de la direction du transport aérien de la DGAC.
Le “statu quo” n’est “pas envisageable”
Le ministère des Transports précise qu’en prenant en compte ces risques identifiés, le projet de piste longue en Petite-Terre nécessiterait neuf ans de travaux pour surélever le tout à 8 mètres au dessus du niveau de la mer avec des blocs de béton de 40 tonnes, sans garantie d’être “capable techniquement de protéger l’infrastructure” en cas d’événement sismo volcanique. “Ce serait une infrastructure à risque”, tranche Pierre Bastard. Le tout pour 1,1 milliard d’euros, contre les 200 millions prévus au départ.
Néanmoins, une piste longue doit bien voir le jour à Mayotte. Le membre du cabinet du ministre des Transports l’affirme : son existence est nécessaire pour désenclaver l’île et améliorer la continuité territoriale, actuellement une des moins bonnes expérimentées par un département d’Outre-mer. Le “statu quo” n’est donc “pasenvisageable” pour le gouvernement. Il faudrait de toute façon cinq ans de travaux pour réhausser la piste actuelle de 5 mètres, chantier durant lequel il faudrait la fermer pendant 18 mois.
Si le cabinet du ministre délégué aux Transports ne souhaite pas utiliser le terme de “décision”, mais plutôt de “prise d’acte” des conclusions des études, l’alternative d’un nouvel aéroport en Grande-Terre, à Bouyouni – M’tsangamouji, est de loin privilégiée. “Les études confirment la faisabilité technique du projet”, expose sobrement Pierre Bastard, à propos de cette option apparue en 2022. De son côté, Christophe Masson confirme qu’il n’y a pas de risque naturel notoire concernant celle-ci. Il écarte le risque de submersion, le projet étant prévu à 100 mètres d’altitude ; les risques de glissement de terrain ont été vérifiés ; l’infrastructure ne serait pas touchée en cas de rupture de la digue de la retenue collinaire de Dzoumogné et enfin, en cas de risque cyclonique, l’aéroport serait de toute façon fermé le temps de l’aléa.
Les élus de Petite-Terre réagissent
Ces résultats, présentés aux élus mahorais lors d’une réunion autour du ministre délégué aux Transports et de la ministre chargée des Outre-mer, Marie Guévenoux, ce mardi matin, sont un coup dur pour les élus de Petite-Terre. Accrochés à la promesse du président de la République Emmanuel Macron en 2019 de rallonger la piste de l’aéroport actuel, la déception est forte. “Lorsqu’on promet, on crée de l’espoir. Quand on réalise, on crée de la confiance. Les Mahorais ne feront plus confiance”, réagit Mikidache Houmadi, maire de Dzaoudzi-Labattoir, qui n’hésite pas à parler de “mensonge” de la part du chef de l’Etat.
Maymounati Moussa Ahamadi, conseillère départementale du canton de Dzaoudzi-Labattoir, se dit, elle, “abasourdie par cette nouvelle”. Sur ses réseaux sociaux, le sénateur Saïd Omar Oili, qui a assisté à la réunion avec les ministres, ne comprend pas non plus ces conclusions et dit attendre la finalisation des études concernant le coût ou encore le calendrier pour se prononcer. “Je me battrai pour que la piste convergente se fasse en Petite-Terre”, assure celui qui était, il y a encore moins d’un an, maire de Dzaoudzi-Labattoir et président de la Communauté de Communes de Petite-Terre.
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Maymounati Moussa Ahamadi, conseillère départementale du canton de Dzaoudzi-Labattoir, se dit “abassourdie” par ces conclusions.
Mikidache Houmadi, maire de Dzaoudzi-Labattoir, tient la promesse d’une piste longue en Petite-Terre prononcée par Emmanuel Macron en 2019 comme rompue.
Le sénateur Saïd Omar Oili compte défendre le projet de piste convergente en Petite-Terre.
Le maire de M’tsangamouji, Saïd Maanrifa Ibrahima, “attend de voir une décision définitive”.
Son successeur au poste de premier magistrat, Mikidache Houmadi, redoute l’impact économique de l’abandon de l’aéroport petit-terrien, pensant notamment à l’activité des chauffeurs de taxi, qui repose principalement sur les trajets des voyageurs. “On a réalisé des investissements en vue de ce projet”, regrette, pour sa part, Maymounati Moussa Ahamadi, faisant référence à l’agrandissement de l’aérogare, à la section des métiers de l’aérien au lycée de Petite-Terre, puis encore au Pôle des métiers de l’aérien.
“On nous parle d’un corridor de 2.200 volcans dans le canal du Mozambique. S’ils entrent en éruption, c’est tout le territoire qui sera concerné, pas seulement Petite-Terre”, argumente la conseillère départementale. Le délégué de la direction du transport aérien de la DGAC explique que ce ne sont pas tant les éruptions qui sont à l’origine du risque, mais la présence de la chambre magmatique à 10 kilomètres de Petite-Terre, qui provoque de nombreux séismes concentrés dans cette zone, dite du Fer à Cheval (même s’ils ne sont pas tous perceptibles). Une activité sismo volcanique dont les conséquences sont logiquement vouées à être plus importantes qu’à Bouyouni et M’tsangamouji, par exemple avec l’effritement du platier de sable à proximité de Pamandzi.
L’aboutissement d’une piste longue mise en doute
Si le sénateur Saïd Omar Oili dit avoir retenu de la réunion “que la piste longue doit se faire”, pour les deux élus petits-terriens, ce revirement de projet annonce la fin d’une quelconque espérance de voir un chantier de piste longue commencer sur le territoire. L’enjeu de la récupération du foncier nécessaire pour le projet de 300 hectares est notamment pointé du doigt. “On manque déjà de terres pour l’agriculture, pour l’industrialisation du territoire, pour construire de nouvelles infrastructures”, souligne Maymounati Moussa Ahamadi. “Les agriculteurs vont perdre beaucoup”, emboîte le pas le maire de Dzaoudzi-Labattoir, qui ajoute craindre pour les conséquences environnementales du projet à Bouyouni – M’tsangamouji, qui implique la déforestation de plusieurs terrains. De son côté, Christophe Masson explique que la problématique du foncier se serait également présentée pour le projet de Pamandzi, afin de puiser la terre et les sédiments nécessaires au chantier dont on ne verra vraisemblablement pas le bout à l’endroit initialement prévu.
Il n’y a pas que les élus de Petite-Terre qui restent dubitatifs sur l’existence d’une piste longue à Mayotte un jour. Le maire de M’tsangamouji, Saïd Maanrifa Ibrahima, “attend de voir une décision définitive” et reste “sceptique et réservé”. “Entre les annonces et la mobilisation des moyens, il y a du chemin”, s’aventure-t-il prudemment. Comme il nous l’affirmait en décembre dernier, il a toujours maintenu que la priorité était que Mayotte soit dotée d’une piste longue, peu importe le site. “Les Mahorais en ont besoin”, insiste-t-il.
Les élus et l’État vont devoir maintenant continuer d’étudier les résultats des comptes-rendus, afin d’adopter une “vision partagée”, selon la formule de Pierre Bastard, et de préciser le coût ainsi que le futur calendrier, pour voir enfin le bout de cette piste.
Hélène Pollozec est conseillère départementale du canton de Mamoudzou 3.
Hélène Pollozec, conseillère départementale (MoDem) du canton de Mamoudzou 3, a été inscrite sur la liste Besoin d’Europe, celle du parti présidentiel menée par Valérie Hayer, pour les élections européennes. “C’est un honneur pour moi d’être la toute première Mahoraise à être candidate aux élections européennes”, écrit-elle ce mardi en fin de journée sur X (ex-Twitter). La ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, a félicité la candidate, également sur les réseaux sociaux, qualifiant sa présence sur la liste d’un “formidable signal pour la jeunesse et les femmes mahoraises”.
Occupant la 31ème place sur cette liste et la majorité présidentielle étant donnée à entre 15% et 17% selon les sondages, Hélène Pollozec a néanmoins très peu de chances d’occuper un siège au Parlement européen à l’issue des votes le 9 juin 2024.
Un autre Mahorais avait été déclaré candidat aux élections européennes. En effet, lors de sa visite à Mayotte en avril, Marine Le Pen avait annoncé l’inscription de Saidali Boina Hamissi sur la liste du Rassemblement national, avant que sa candidature ne soit retirée suite à des prises de positions controversées concernant les femmes et Vladimir Poutine.
Le projet de piste longue en Petite-Terre n'est pas un choix raisonnable, si on s'appuie sur les résultats des études de faisabilité.
Les études de faisabilité sur le projet de piste longue à Mayotte ont rendu leur verdict : une piste convergente en Petite-Terre présente trop de risques. Un nouvel aéroport à Bouyouni – M’tsangamouji est présenté comme la meilleure option. Ces résultats ont été présentés aux élus mahorais ce matin par les cabinets du ministre délégué au Transport et de la ministre déléguée aux Outre-mer.
Les études l’affirment : le projet de piste longue en Petite-Terre n’est pas viable. Ce mardi matin, les élus mahorais ont été informés des résultats des études de faisabilité entamées en 2019, lors d’une réunion avec plusieurs membres du ministère des Transports et celui des Outre-mer. Le risque de submersion marine, qui se profile avec la montée des eaux induites par le dérèglement climatique et aggravé par le volcan Fani Maore, qui a fait irruption dans le tableau en 2018, est ce qui donne le coup de grâce au projet de piste convergente à Pamandzi.
Mais le “statu-quo” n’est pas envisageable, selon Pierre Bastard, conseiller transport aérien, ports et transport maritime, transport fluvial au cabinet du ministre délégué chargé des Transports, Patrice Vergriete. L’aéroport actuel est lui-même menacé par ces facteurs environnementaux et sismo volcaniques, et nécessiterait des travaux de cinq ans pour la réhausser de 5 mètres et une fermeture de la piste pendant 18 mois. De plus, le projet d’une piste longue est jugée comme nécessaire pour le désenclavement du territoire ultramarin.
Le projet de piste longue n’est pas abandonné, mais c’est donc l’option de voir naître un nouvel aéroport à Bouyouni-M’tsangamouji (option apparue en 2022), en Grande-Terre, qui devrait être privilégiée. “Ce n’est pas tant une prise de décision, mais nous avons pris acte des résultats des études”, déclare Pierre Bastard à la presse ce mardi matin, précisant qu’il ne serait “pas raisonnable” d’investir dans une piste longue à Pamandzi. Les discussions avec les élus doivent continuer pour établir une solution viable et établir un calendrier de la poursuite du projet. Des échanges qui s’annoncent tendus, la promesse d’Emmanuel Macron en 2019 d’une piste longue ayant été formulée en direction d’une piste longue en Petite-Terre.
La semaine dernière, dans le cadre de Mayotte Place Nette, plusieurs opérations de police des pêches conduites par les Affaires Maritimes et la Gendarmerie nationale ont eu lieu. Elles se sont concentrées sur le secteur Est de Grande-Terre. Un contrôle des commerces de détail locaux de la ville de Dembéni a été effectué, conduisant à la saisie de 15 kilos de produits de la pêche non déclarés et à un travail de sensibilisation auprès des commerçants. La mangrove de Dembéni a également été inspectée, ce qui a permis de saisir un filet illégal de 50 mètres de long. Un contrôle des commerces de détail locaux ou informels vendant des produits de la pêche à Nyambadao a aussi été réalisé. Ainsi, 235 kilos de produits non déclarés ont été saisis. Une pirogue non réglementaire contenant un filet de 500 mètres a été saisie à Passamaïnty. Les forces de l’ordre ont aussi réalisé un nouveau contrôle éclair du port de M’tsapéré à Mamoudzou, conduisant à la saisie de 250 kilos de produits non déclarés. Enfin, une visite de sensibilisation a été réalisée auprès d’une nouvelle poissonnerie ouverte récemment à Kawéni. Au total, ces contrôles, voués à se répéter, ont entraîné la saisie d’une demie tonne de produits de la pêche non déclarés. “Ces opérations sont essentielles au développement de la filière de la pêche à Mayotte car elles s’attaquent à des activités illicites et faussant la concurrence”, exprime la préfecture dans un communiqué. “Elles ont également pour objectif la lutte approfondie contre l’immigration clandestine en stoppant des sources de revenus pour les étrangers en situation irrégulière.”
Une vingtaine des jeunes des villages de Dapani, Bambo-Est, Nyambadao et Hamouro bloquent la mairie de Bandrélé depuis 6 heures du matin ce lundi, et ce afin de réclamer une meilleure gestion des infrastructures sportives, en ce qui concerne par exemple le partage de terrain ou bien l’éclairage du terrain de football de Dapani. “Nous avons reçu une dizaine de ces jeunes pour discuter de leurs revendications”, indique Abdoul Aziz, directeur de cabinet de la mairie de Bandrélé. Dans l’après-midi, la mairie était toujours cadenassée, tandis que son personnel s’affairait à rédiger un protocole de sortie de crise.
Le parquet de Nanterre a ouvert une enquête préliminaire pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger contre TotalEnergies, suite à une plainte pénale déposée en octobre 2023 par des victimes et familles de victimes de l’attaque djihadiste du 24 mars 2021 à Palma, au Mozambique. L’entreprise, qui menait alors le méga projet gazier Mozambique LNG, est pointée du doigt pour négligences et pour avoir minimisé les risques. L’attaque revendiquée par l’Etat Islamique, a fait officiellement une trentaine de morts, tandis que le journaliste indépendant Alexander Perry fait état de 1.402 victimes, dont des sous-traitants de TotalEnergies, selon l’Agence France Presse. Cette attaque dans le Nord du Mozambique avait conduit à la suspension du projet gazier, sur lequel de nombreux Mahorais comptent, espérant voir Mayotte devenir une base arrière de Total, qui pourrait entre autres envoyer ses salariés vivant aux Mozambique vers le Centre Hospitalier de Mayotte en cas de nécessité de soins.
Après l’ouverture cette année du nouveau groupe de scouts en Petite Terre, les deux groupes scouts de Mayotte (Petite-Terre et Mamoudzou) se sont retrouvés pour un week-end ensemble au Paradis des Makis, à Iloni, dans la commune de Dembéni. Les jeunes et leurs animateurs se retrouvent une fois par mois pour des activités d’une journée ou d’un week-end dans des lieux sécurisés et agréés, dans la nature et sur les plages. Ils organisent aussi des activités avec des partenaires pour sensibiliser à la protection de l’environnement. Cinq représentants des scouts de Mayotte étaient ce week-end à l’Assemblée Générale des Scouts et Guides de France qui a rassemblé près de 2.000 personnes à Jambville en région parisienne pour partager leurs expériences avec les autres groupes de France.
Hannah Dominique, co-fondatrice d’Habit’Âme, entreprise sociale et solidaire voulant réemployer le plastique usagé dans la construction, a été sélectionnée par Orange dans le cadre de la sixième édition du programme Femmes Entrepreneuses lancé nationalement. Le jury composé d’acteurs de l’écosystème de l’innovation et de l’entreprenariat locaux et de représentants d’Orange Réunion Mayotte, ont décidé de la sélectionner pour suivre pendant dix mois le programme d’accompagnement Femmes Entrepreneuses, rejoignant quatre cheffes d’entreprises réunionnaises également sélectionnées. Ce programme gratuit permet d’accompagner l’entrepreneuse dans son business model, le développement de sa structure, son leadership, ou encore d’accéder au réseau des lauréates.
A l’occasion de leur déplacement respectif en Guadeloupe, Thibaut Guilluy, Directeur Général de France Travail (la nouvelle dénomination de Pole Emploi) et Saïd Ahamada, Directeur Général de l’Agence de l’outre-mer pour la mobilité (LADOM), ont annoncé le renouvellement de leur partenariat visant à accompagner l’insertion professionnelle des demandeurs d’emploi résidant en Outre-mer. Un accord-cadre signé en 2021 posait les premières bases de cette collaboration. Il s’agissait alors de mieux répartir les tâches des deux opérateurs autour de leurs compétences respectives. « L’accord-cadre 2024 / 2026 entérine un changement de modèle profond visant à améliorer l’offre de service en faveur des demandeurs d’emploi ultramarins et positionne clairement ce partenariat au profit du développement économique et social des territoires ultramarins », rapporte LADOM dans un communiqué.
Les actionnaires d’Air Austral ont réclamé une économie de 12,5 millions d’euros en deux ans.
Les actionnaires d’Air Austral réclament des efforts financiers aux salariés pour économiser 12,5 millions d’euros en deux ans. Exposé à une baisse conséquente des salaires, le syndicat du personnel navigant commercial a menacé de faire grève du 10 au 15 mai. Ultime rebondissement : le préavis de grève ainsi déposé a été suspendu à l’issue de négociations chapeautées par le préfet de l’île dimanche dernier.
Ce lundi 6 mai, le président de la communauté d’agglomération du grand Nord de Mayotte (CAGNM), Assani Saindou Bamcolo ; les maires de la commune d’Acoua, Marib Hanaffi, et de M’tsamboro, Laithidine Ben Saïd, ont signé une convention avec le directeur général de l’établissement public foncier et d’aménagement Mayotte (Epfam), Yves-Michel Daunar.
La communauté d’agglomération du grand Nord de Mayotte (CAGNM), Acoua et M’tsamboro ont signé ce lundi 6 mai une convention avec l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam). De quoi faciliter la maîtrise du foncier pour mettre en place les projets d’aménagements « Zac Jiva », à M’tsamboro, et « Acoua Résilience ».
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Ainsi, l’Epfam, par ses compétences, pourrait accélérer la maîtrise du foncier.
Les deux projets d’aménagements des communes, « Zac Jiva » et « Acoua Résilience » visent, notamment, à construire des logements.
Signatures et coups de tampons. Ce lundi 6 mai, la communauté d’agglomération du grand Nord de Mayotte (CAGNM), les communes d’Acoua et de M’tsamboro ont signé une convention avec l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam), dans les locaux de la CAGNM à Bouyouni (commune de Bandraboua). Une façon pour les deux communes signataires d’acquérir plus facilement du foncier afin d’y mettre en œuvre leurs projets d’aménagements. Soit en discutant avec les familles jusqu’à formuler une déclaration d’utilité publique (DUP), soit en demandant un transfert du foncier s’il relève d’une collectivité.
« Acoua Résilience »
À Acoua, il s’agit de mettre en œuvre « Acoua Résilience ». Une étude pré-opérationnelle réalisée pendant le précédent mandat « pour réfléchir à comment mettre la population à l’abri en cas d’inondation » avait eu lieu, indique le maire Marib Hanaffi (Divers centre – Mouvement pour le développement de Mayotte). « Là on a demandé à avoir une vision plus globale de l’aménagement de nos villages », dont 60 % du territoire est situé en aléa fort et 99,5 % présente un risque d’aléa naturel.
Sur les deux terrains visés, à travers le plan guide de résilience urbaine d’Acoua (PGRU), la commune entend créer des hébergements sur la partie haute (terrain qui appartient au Département) pour mettre à l’abri une partie de la population située dans la plaine « souvent inondée » (terrain qui appartient à l’Etat). Le projet, dans les Hauts d’Acoua, est d’y bâtir tout un quartier avec des commerces, services, équipements et espaces publics. Les zones inondables devraient quant à elles être renaturées, et des chemins pour des mobilités douces, aménagés. Les premiers travaux concerneront les berges et la restauration des ravines « qui débordent ». « Mais cela dépendra des études, il y aura des réalisations à court terme et à long terme, car on sait qu’à Mayotte les dossiers prennent du temps avant d’aboutir. »
« Zac Jiva »
« On n’a pas beaucoup de capacité de foncier à M’tsamboro alors le seul qu’on a, on va essayer de faire un aménagement à la hauteur des besoins.Avec l’Epfam, ça ira plus vite », appuie le maire de M’tsamboro, Laithidine Ben Saïd (Divers centre – Union pour l’avenir), concerné, lui, par le projet « Zac (zone d’aménagement concerté) Jiva ». Le secteur s’étend sur 13 hectares dont une partie appartient à une famille qui « n’a jamais été d’accord pour ne serait-ce que partager le foncier. Il y a déjà eu un projet de steppe à Jiva, les maires se sont cassé les dents. Elle devra être construite ailleurs », partage celui qui explique que l’Epfam, en tant que maître d’ouvrage, « pourra lui forcer la main » sur motif de l’intérêt général. « On est souvent amené à viabiliser des endroits où la population construit de façon anarchique, sans les autorisations. Ce sont les mêmes qui ne paient pas d’impôts qui sont tout le temps en train de nous maltraiter sur les réseaux sociaux pour dire qu’on ne fait pas grand-chose parce qu’ils n’arrivent pas à avoir de l’eau et l’électricité », juge-t-il.
Cette zone qui s’étale jusqu’à la frontière de Hamjago devrait permettre la construction d’écoles, de logements… « On a beaucoup de jeunes qui viennent taper aux portes pour [en] trouver. Il n’y en a pas, donc les gens vont ailleurs », regrette celui qui pense également y installer une station-service. « On a beaucoup de plaisanciers qui doivent amener des jerricanes pour chercher de l’essence à Dzoumogné. On en a déjà parlé avec Total, il n’y a pas de proposition dans ce sens mais il y a des prestataires qui sont prêts à mettre les finances pour faire aboutir ce projet », glisse-t-il.
Selon lui, le projet global « fera facilement deux mandatures. Mandat 2026-2032, je pense qu’on aura fini le projet. »
Premières réalisations dans les deux ans à venir
Les premières réalisations pourraient s’effectuer « avant la fin de la mandature (le mandat municipal débuté en 2020 se termine en 2026, N.D.L.R.) », insiste le président de la CAGNM, Assani Saindou Bamcolo. « Je compte sur vous pour que ce ne soit pas juste un projet de campagne [électorale] », s’adresse-t-il aux maires, leur proposant des réunions tous les deux mois pour suivre l’évolution des projets. Et pourquoi pas créer un comité de pilotage. Il souligne l’enjeu de cette signature : « S’il n’y a pas de maîtrise du foncier, il n’y a pas de financement. »
Si comme l’a remarqué Laithidine Ben Saïd, des conventions ont déjà été signées entre des communes et l’Epfam pour le centre et le sud de l’archipel mais pas encore dans le nord, Yves-Michel Daunar, directeur général de l’Epfam, explique qu’il s’agissait aussi d’attendre une « montée en compétences des agents » afin de mener ces procédures.
Pour Patrick Croissandeau, le directeur de l'Iedom, Mayotte a besoin d'attractivité pour attirer des entreprises et une main-d'œuvre qualifiée.
À l’occasion d’une conférence de presse tenue ce lundi matin dans ses locaux, le directeur de l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer (Iedom), Patrick Croissandeau, confirme les très mauvais chiffres de 2023 et la perte de confiance des ménages et des entreprises à la suite des turbulences rencontrées jusqu’à la fin du premier trimestre 2024, entre la crise de l’eau, les barrages et l’insécurité. Mais l’espoir d’un rebond lors du second trimestre est présent.
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Le secteur du bâtiment restera encore de longues années le moteur principal de l'économie à Mayotte.
La brique de terre est un exemple parmi les produits d'industrialisation de demain sur le territoire.
Flash Infos : Quel regard portez-vous sur l’économie locale en ce début d’année 2024, compte tenu des soubresauts de 2023 ?
Patrick Croissandeau : L’économie mahoraise a vécu une année 2023 difficile avec différents chocs successifs : la crise de l’eau et la montée de l’insécurité à quelques reprises. Tout cela a été difficile pour les entreprises. Notre indicateur du climat des affaires que nous publions trimestriellement a chuté de manière exceptionnelle sur le deuxième semestre de 2023 pour passer en dessous de sa moyenne de longue période. Nous n’avons pas connu cela depuis la crise du Covid-19 en 2020. Les secteurs ont été différemment et diversement impactés. En 2023, la crise de l’eau a globalement impacté le secteur de la construction. En plus de la crise de l’eau, les évènements autour de l’insécurité ont également eu des conséquences sur le secteur du commerce et le début de l’année 2024. Aujourd’hui, toute la question est de savoir si l’année qui a démarré s’est ouverte avec un nouveau choc avec le blocage de toute l’île pendant six semaines. Cela ne surprendra personne si je dis que ça a eu un impact. Comme c’était le cas en 2023, cela a impacté la confiance, celle des ménages et des chefs d’entreprises. Nous observons très clairement une baisse de la consommation avec une orientation sur les produits courants. On a une chute très étonnante des importations en 2023, des importations de bien d’équipements du foyer. Il y a de l’épargne car une perte de confiance se traduit par de l’épargne des ménages.
F.I : Quid de la suite en 2024 et bien au-delà ? Comment développer l’économie ?
P. C. : Pour la suite de 2024, ce choc du premier trimestre suivi de la période du ramadan, on a une chance à Mayotte : c’est cette demande, ce dynamisme économique avec des carnets de commandes pleins. Bien entendu, lorsqu’il n’y a pas de possibilités de travailler, les chantiers ne se réalisent pas. L’investissement des entreprises est toujours présent, ce qui montre tout de même un optimisme pour le second semestre. On a un retour à une activité, donc un retour de notre indicateur au-dessus de sa moyenne de longue période et un retour de l’investissement. Pour accompagner ce développement et ce retour à une économie qui fonctionnerait à l’identique de 2022, il y a un besoin important de projection. L’île souffre de son déficit d’attractivité mis à mal une fois encore en 2023. Je lisais dans une étude récente de France Travail que 64 % des chefs d’entreprises disent avoir des problèmes de recrutement (57,4 % des recrutements sur tout le territoire national sont jugés difficiles contre 61 % en 2023, 6 employeurs sur 10 envisagent des difficultés à recruter, selon France Travail, dont nous n’avons pas trouvé l’étude citée, N.D.L.R.). On a besoin de cette attractivité pour attirer des talents, pour attirer de la main d’œuvre qualifiée. Mais il faut aussi, et c’est un sujet majeur pour les mois et années à venir, accompagner les entreprises. On a des entreprises qui ont grandi et qui ont besoin d’être mieux structurées pour grandir encore, créer une offre productive plus importante. On a besoin d’entreprises créatrices de richesses, et pour cela, il y a ce besoin de formation de dirigeants, de formations de salariés, d’accompagnement d’une manière plus générale à la structuration des entreprises. Particularité de Mayotte, on a un déficit d’offres face à une demande qui ne cesse de croître. C’est un phénomène qui permet l’activité des entreprises mais qui ne laisse pas le temps à la structuration. Il y a peut-être des choix à faire dans le développement économique pour un développement durable. Il doit être soutenable pour les entreprises et soutenable pour les donneurs d’ordres si l’on veut un développement équilibré et source d’une concurrence normale, peut-être aussi aller vers la réduction des prix. On n’a pas de concurrence à Mayotte.
F. I. : Pourriez-vous nous donner davantage de détails concernant ce manque de concurrence ?
P. C. : Une fois encore, dans un modèle où l’offre est supérieure à la demande, on n’a pas de problématique et la concurrence va s’installer très facilement puisque le demandeur, le client, le consommateur aura la possibilité de se diriger vers une entreprise A ou B. À Mayotte, on n’est pas dans ce modèle. Ici, un consommateur ou une collectivité qui a un projet rencontre des difficultés à trouver l’entreprise pour le réaliser. L’entreprise qui n’a pas de concurrent (elles ont toutes des carnets de commandes remplis) est libre de fixer son prix comme elle l’entend. En tout cas, elle a plus de liberté pour établir ses prix. Donc, une fois encore, peu de concurrence, des prix plus élevés, la concurrence s’installe et les prix sont ramenés à la baisse. Il y a sans doute un équilibre à trouver entre l’offre et la demande, c’est pour cela que je parle d’un développement économique soutenable. Ça passe, bien sûr, par l’attractivité pour faire venir des entreprises, ça passe aussi peut-être par une demande qui doit-être ajustée pour faire correspondre au mieux l’offre à la demande. C’est le sujet de la soutenabilité du développement économique.
F .I. : Y-a-t-il un secteur spécifique pour tirer durablement cette économie vers le haut ?
P. C. : Le secteur de la construction sera pendant encore de nombreuses années un moteur important du développement de Mayotte. Je crois beaucoup au développement de l’industrie, parce qu’il y a un certain nombre de possibilités d’installations dans le domaine, en particulier agroalimentaire. C’est le premier axe le moins difficile à développer. C’est aussi l’industrie autour du domaine de la construction. La brique de terre est un bel exemple, on pourrait construire ici à Mayotte des portes et des fenêtres. Ça passe par l’installation d’entreprises industrielles. Il y en a quelques-unes dans la métallurgie mais elles sont petites. L’industrie est un secteur fortement créateur de richesses, c’est-à-dire, de valeur ajoutée produite. Et à Mayotte, celle-ci pourrait, à mon sens, devenir plus importante par le développement de ce secteur aujourd’hui peu créateur, qui participe seulement à moins de 10 % de la valeur ajoutée.
Ali Madi est le président de la Fédération mahoraise des associations environnementales (Fmae).
Du 26 avril au 3 mai, l’Union nationale des centres permanents d’initiatives pour l’environnement (UNCPIE) est venue rendre visite à la Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE), en vue d’une labellisation attendue. Le président de la Fmae, Ali Madi, revient sur les enjeux de ce changement, qui pourrait élargir le réseau de l’association.
Flash Infos : L’Union nationale des centres permanents d’initiatives pour l’environnement (UNCPIE) est venue observer les actions de la Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) du 26 avril au 3 mai dans l’optique de sa labellisation en Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE). Pouvez-vous dans un premier temps expliquer quelle est la fonction d’un CPIE ?
Ali Madi : Le label de Centre permanent d’initiatives pour l’environnement permet d’être un médiateur sur les questions environnementales. Cela revient à trouver un juste milieu entre les différents acteurs, comme les associations et les institutions, car sinon certaines actions ne se font pas et tout le monde reste frustré et ressort en ennemis. À la FMAE, on a toujours privilégié le dialogue et la co-construction, c’est pourquoi on a fait cette demande de label. Cela permet de faciliter l’action commune, car les actions dans le domaine de l’environnement appartiennent à tout le monde. Donc nous, pour les projets relatifs à l’environnement, on va chercher à se poser la question de comment faire pour que cela soit ressenti comme un projet commun. On veut pouvoir faire ça par exemple pour l’usine de dessalement ou la piste longue. On se rend compte qu’à Mayotte on s’inscrit beaucoup dans le conflit, au point de perdre les intérêts communs de vue.
F. I. : Quand-est-ce que la FMAE a effectué cette demande de labellisation ?
A. M. : On a commencé la demande en 2019. Il y avait plusieurs conditions. La première était d’avoir une structure professionnelle, c’est-à-dire avoir du personnel permanent en Contrat à Durée Indéterminée (CDI). Les autres conditions étaient d’avoir une organisation associative et un ancrage local. C’est la première condition qui nous a retardé de quelques années, jusqu’à ce qu’on parvienne à recruter en 2021. On a développé notre méthodologie de travail autour de la notion d’accompagnement des acteurs.
F. I. : Pourquoi était-il nécessaire qu’une délégation de l’UNCPIE vienne rencontrer la FMAEà Mayotte ?
A. M. : Premièrement, on s’est rendu en novembre dans l’hexagone pour rencontrer plusieurs CPIE. La venue de la délégation ici est une mission de vérification sur le terrain de la conduite de nos actions. Cela leur a également permis de vérifier que le personnel de la FMAE a bien compris comment agir dans le cadre de cette labellisation, de vérifier que les associations adhérentes sont bien portées sur la médiation plutôt que le conflit. L’UNCPIE a aussi rencontré les partenaires pour voir s’ils connaissent bien la FMAE et se rendre compte de leur position par rapport à nous. Ils ont ainsi rencontré le Département, l’Office Français de la Biodiversité (OFB), les Eaux de Mayotte (Lema), le Parc naturel marin, etc.
F. I. : Quelles sont les prochaines étapes pour obtenir cette labellisation ?
A. M. : Le 15 mai, la commission des labels de l’UNCPIE rendra son délibéré concernant l’attribution du label CPIE à la FMAE, pour une durée de dix ans. Nous sommes plutôt confiants. Les 17 et 18 juin, nous serons à Paris pour le congrès des CPIE, où la FMAE devrait être présentée. Si tout se déroule bien, la convention devrait être signée à Mayotte en novembre prochain.
F. I. : Qu’est-ce que l’obtention de ce label peut changer pour la Fmae ? Est-ce cela peut vous aider à obtenir des aides ou subventions supplémentaires ?
A. M. : De façon indirecte, oui. C’est comme toutes choses : avoir un nom, une reconnaissance nationale, ce n’est pas à négliger. De plus, cela nous intégrerait à un réseau, sur lequel on pourrait s’appuyer pour les compétences qu’il nous manque à Mayotte. On pourrait s’entraider sur des projets. C’est ça qui est intéressant, en fait. C’est un réseau d’un millier de personnels, des cadres, des docteurs… Par exemple, un CPIE à Oléron travaille sur la pêche à pied. Si le Parc marin veut développer cela, il pourra nous contacter et nous, on contactera ce CPIE. On pourra aussi être sollicités par d’autres CPIE.