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Code du travail, des précisions bienvenues

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Dominique Ledemé, chargé par le ministère de la transposition du code du travail à Mayotte, a fait preuve d’une grande pédagogie la semaine dernière pour détailler aux chefs d’entreprise les dispositions qui s’appliqueront au 1er janvier 2018. En attendant les documents reprenant les grandes lignes de ce code qui devraient être disponibles mi-décembre sur le site de la Dieccte, on revient sur les changements majeurs qui adviendront ces prochaines semaines. 

« Il y en a qui redoublent, qui reviennent pour la deuxième fois », plaisante Dominique Ledemé, chargé par le ministère de la transposition du code du travail à Mayotte, devant la cinquantaine de chefs d’entreprise venus pour tenter de comprendre les nouvelles dispositions qui s’appliqueront au 1er janvier 2018. Et pour cause : entre l’alignement du code du travail sur le droit commun à Mayotte et les réformes entamées par le gouvernement Macron, il y a de quoi se perdre. Ainsi, mercredi dernier, Dominique Ledemé a animé plusieurs réunions sur ce fameux code et certains entrepreneurs ont visiblement décidé d’assister à chacune. Car le « droit à l’erreur » également défendu par notre actuel président de la République « ne vous autorise pas à ne pas appliquer le droit du travail », prévient le chargé de mission du ministère du Travail. Et ce, même si pour les premiers mois d’application, la Dieccte a promis de privilégier l’accompagnement des chefs d’entreprise à la répression immédiate. En outre, l’intégralité du code ne s’appliquera pas de toute façon au 1er janvier 2018 puisque certaines dispositions se mettront en place progressivement, telle l’implantation du conseil de prud’hommes prévue pour 2022.

De manière générale, et dans la mesure où le code du travail de métropole et celui de Mayotte ne font plus qu’un – excepté pour certaines adaptations territoriales –, les ordonnances du gouvernement Macron s’appliqueront automatiquement à notre département, sauf mention contraire. Dans le détail, nous vous proposons de revenir sur plusieurs points-clés à savoir les 35 heures, la rupture conventionnelle du CDI, les accords d’entreprise et conventions collectives, le conseiller du salarié, la prime de précarité, etc. 

L’application délicate des 35 heures

A partir du 1er janvier 2018, les 35 heures deviennent la durée légale – et non pas obligatoire – du travail pour les entreprises de 20 salariés et plus. Pour les autres, cette durée légale s’appliquera au 1er janvier 2019. Petite précision qui a son importance concernant le calcul du nombre de salariés : il ne s’agit pas de considérer le nombre exact d’employés au 31 décembre 2017 mais de le comptabiliser sur les 36 derniers mois. Ainsi, si durant au moins 12 des 36 derniers mois, l’entreprise a employé 20 salariés ou plus, elle est assujettie aux 35 heures au 1er janvier 2018. 

Au-delà des 35 heures hebdomadaires, les heures supplémentaires sont déclenchées. Ces « heures sup » doivent donner lieu à une majoration salariale ou à un repos compensateur équivalent (dans la limite d’un contingent annuel). 

Des aides financières de l’Etat sont prévues afin d’accompagner les entreprises lors de ce passage des 39 aux 35 heures. C’est pourquoi chaque entreprise qui appliquera une durée effective de travail de 35 heures touchera 1400 euros par an et par salarié. Cependant, les entreprises restant à 39 heures en rémunérant les 4 heures supplémentaires seront exclues de l’aide, a indiqué, mécontent, le président du Medef de Mayotte. Mais les entreprises de moins de 20 salariés décidant volontairement de passer au 1er janvier 2018 aux 35 heures pourront solliciter cette aide de l’Etat.

Précisons également que le paiement se fera à terme échu, c’est-à-dire en 2019 pour une application des 35 heures en 2018. Enfin, cette aide sera dégressive, selon le barème suivant : 88,88 % de 1400 euros la 2ème année, 77,77 % de 1400 euros la 3ème année, 66,66 % de 1400 euros la 4ème année et 55,55 % de 1400 euros la 5ème année.

Rupture conventionnelle et prime de précarité

Autre nouveauté pour Mayotte : la possibilité dès le 1er janvier 2018 de recourir à une rupture conventionnelle de CDI si l’employeur et le salarié sont disposés à négocier. Ce type de rupture de contrat permet au salarié de bénéficier d’une indemnité et d’ouvrir ses droits aux allocations chômage. Durant l’entrevue obligatoire entre les deux parties, devront être définies les modalités de rupture (date de fin de contrat, montant de l’indemnité, préavis à effectuer ou non, etc.). Par la suite, la convention signée par l’employeur et le salarié devra être envoyée à la direction du travail (Dieccte). En outre, la prime de précarité – accordée à la fin d’un CDD (contrat à durée déterminée) – entre en vigueur au 1er janvier 2018 et devra être versée, même dans le cas où le CDD a été signé avant cette date.

Autre nouveauté : la possibilité de faire appel à un conseiller du salarié dont la mission est d’assister et de conseiller l’employé qui en ferait la demande auprès de la Dieccte. 

L’articulation des normes

Sous cette appellation un poil absconse se cache un point extrêmement important du code du travail. L’articulation des normes établit en effet la primauté des accords les uns sur les autres. Ainsi, désormais, les accords d’entreprise priment sur les dispositions des branches professionnelles. Et, en l’absence de celles-ci, c’est le code du travail qui prévaut. Cette nouvelle articulation exprime la volonté du gouvernement Macron de conférer à l’entreprise (employés et direction) des marges de manœuvre importantes afin d’adapter le code du travail en son sein. C’est pourquoi de vigoureuses négociations devraient avoir lieu au sein des entreprises françaises dans les prochaines semaines ; avec les représentants syndicaux quand ils sont présents dans l’entreprise ou, à défaut, avec les délégués du personnel (DP) ; ou, en l’absence de DP, avec les salariés eux-mêmes. Dans ce dernier cas de figure, les nouvelles dispositions devront être validées par référendum par plus de 50% des salariés mais les modalités de mise en application de ce mode de vote seront prochainement définies par décret.

Dernière précision, d’importance : une « clause de sauvegarde » prévoit que les accords collectifs, de branches ou d’entreprise conclus avant le 31 décembre 2017 continuent de s’appliquer.

Quand appliquer une convention collective ? 

Chaque chef d’entreprise peut décider de mettre en place une convention collective au sein de sa structure, sur la base du volontariat. Cependant, si tel était le cas, il devra se conformer à l’intégralité du texte appliqué et ne pas choisir les dispositions seulement en sa faveur. 

En outre, l’application de la convention collective devient obligatoire pour toutes les entreprises qui entrent dans le champ d’application « étendu » de ladite convention. 

Enfin, les nouvelles conventions collectives qui s’appliqueront à Mayotte feront l’objet d’un différé de 6 mois par rapport à l’Hexagone, le temps de considérer d’éventuelles adaptations territoriales.

Période de prise des congés adaptée

La période légale de prise des congés payés s’étend à Mayotte du 1er juillet au 31 décembre afin de prendre en compte la localisation de l’île et son rythme sociétal. Le calendrier des jours fériés, lui, ne bouge pas d’un iota à Mayotte, considérant quatre jours fériés et chômés – le lundi de Pâques, le 1er janvier, l’Aïd-el-Kébir et le 1er mai –, les autres restant à la discrétion de l’employeur. 

Violences inter-villageoises: une nouvelle victime

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Actuellement à l’hôpital de Mamoudzou, Badaoui, 14 ans, devrait partir à la Réunion dans les prochains jours pour y être opéré. Il souffre d’un oedème au niveau de la tête, survenu après qu’il se soit fait agresser à Sohoa, vendredi dernier. Hier, ses proches, entourés des habitants des différents villages environnants, ont marché entre Chiconi et Sohoa, pour dénoncer cette banalisation de la violence. 

“C’est un jeune garçon très calme et sans histoire”, nous glisse très émue une cousine de Badaoui, cet adolescent originaire de Chiconi, qui a été pourchassé il y a quelques jours, en pleine journée par des jeunes de Sohoa, alors qu’il se rendait à la plage avec ses amis. Après des nouvelles inquiétantes sur son état de santé, les médecins sont aujourd’hui plus rassurants. Pourtant, même si son pronostic vital n’est pas engagé, il devrait partir rapidement à La Réunion, pour diverses interventions médicales. 

Dimanche, malgré la pluie, plus de 100 personnes sont venues apporter leur soutien à la famille de Badaoui et ont tenu à dénoncer la banalisation de cette violence gratuite. “Aujourd’hui, nous voulons interpeller tout le monde”, explique Zarianti Nourdine Abdallah, l’une des organisatrices de cette marche entre Chiconi et Sohoa. “C’est grave ce qui se passe et nous sommes inquiets pour la commune de Chiconi, mais pour Mayotte aussi! Comment cela a-t-il pu arriver? Pourquoi personne n’a réagi alors qu’un enfant se faisait agresser, en pleine journée  ? Pourquoi personne ne lui est venu en aide  ? Pourquoi a-t-il fallu que ce soit quelqu’un de Chiconi qui soit appelé pour venir le chercher ?” 

Trois jours après l’agression de Badaoui, l’émotion est toujours aussi vive pour les habitants de Chiconi qui en appellent à la responsabilité de chacun. 

Parmi les marcheurs  : des résidants du village et des proches de la victime, venus de la commune où les faits se sont produits, mais également de Ouangani, village d’origine du père de Badaoui. “À l’heure où je vous parle, je ne sais pas comment se porte mon fils », indique-t-il très calmement, après avoir pris la parole devant les habitants, pour en appeler au calme et à l’apaisement. “Quand on m’a prévenu qu’il s’était passé quelque chose de grave, je suis directement allé à l’hôpital. J’ai pu parler avec mon fils. Il m’a dit qu’ils étaient nombreux sur lui , à l’avoir tapé. Ce sont des gens qu’il connaît  ; que nous connaissons tous ! Je ne comprends pas pourquoi il y a un tel acharnement. Nous devrions être ensemble, pas les uns contre les autres. Aujourd’hui, je prie pour que cette violence s’arrête là. Laissons les enquêteurs faire leur travail”. 

L’enquête est menée par la brigade de gendarmerie de Sada. De rapides interpellations devraient avoir lieu. Néanmoins, en marge du mouvement d’hier, des voix se sont élevées pour demander des actions fortes de la part de la municipalité après ces derniers événements. Ces voix pourraient décider de mettre en place certaines opérations pour se faire entendre. 


 

Le ministre de l’Intérieur à Mayotte?

« Un déplacement à Mayotte est à l’étude » : dans un communiqué envoyé ce matin, le maire d’Acoua, Ahmed Darouechi, a fait savoir qu’il avait invité le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, à Mayotte « Pour se rendre compte personnellement des difficultés de notre département. »

Cette proposition a été faite lors d’une rencontre entre les deux hommes politiques, à Paris, à l’occasion du congrès des maires, la semaine dernière. Un voyage durant lequel Ahmed Darouechi a également été reçu au ministère des Outre-mer pour évoquer les sujets de la jeunesse et du financement des équipements socioculturels d’Acoua.

 

Rixe devant le lycée de Tsararano : deux blessés

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Cet après-midi, trois jeunes originaires de Tsararano ont agressé devant le lycée du même village un groupe de jeunes originaires de Tsoundzou et Passamainty avec une barre de fer, un chombo et un marteau. Deux des victimes ont été blessées à la tête. Elles ont été transportées au CHM. Leur pronostic vital n’est pas engagé. Au moment où nous écrivions ces lignes, ni le vice-rectorat ni le procureur n’étaient en mesure de nous dire si les agresseurs ont été interpellés ou pas.

[DOSSIER – HUMOUR] Souriez, vous êtes clichés

[Cliché : Lieu commun, banalité que l’on redit souvent et dans les mêmes termes ; poncif]

[Stéréotype : caractérisation symbolique et schématique d’un groupe qui s’appuie sur des attentes et des jugements de routine] 

[Sociotype : type de personnalité du point de vue sociologique]

Vous allez reconnaître et adorer ceux des autres, mais détester et renier le vôtre. Rien de plus normal : c’est le principe des clichés et des stéréotypes. Caractéristiques collées, légitimement ou pas,  à un type de personne ou à un groupe – on parle alors de sociotype -, ils sont partout. Où que l’on aille, quoi que l’on fasse, impossible d’y échapper, qu’on le veuille ou non. Chacun à sa manière a un pied – voire les deux – dans une case, et même parfois dans plusieurs.

Mayotte n’échappe évidemment pas à la règle. Cette petite île, réputée ouverte et tolérante, use elle aussi – et parfois même abuse –  de poncifs envers les uns et les autres. Est-ce un mal ? « Pas nécessairement », répondra le sociologue, à condition toutefois que le sujet ne soit pas enfermé dans l’image dont il est affublé par l’autre, par la communauté. 

Mayotte Hebdo a donc choisi de s’intéresser à tous ces sociotypes qui font l’île aux parfums et aux idées reçues qu’ils véhiculent. Et elle n’en manque pas : de l’infirmière fêtarde au cadre fantôme des collectivités, du prof chasseur de primes au mzungu raciste, sans oublier la bouéni endormie du marché ou encore le gendarme dragueur : nous avons isolé une douzaine de groupes, et nous sommes amusés à les décrire. Vous êtes forcément dans l’un d’entre eux ou dans plusieurs, au moins un peu. Et si ce n’est pas le cas, c’est que vous manquez d’autodérision. Cela serait bien dommage car, comme le dit notre intervenant : « L’autodérision est un pas vers la tolérance. »

Souriez, vous êtes clichés : un dossier à lire avec humour et second degré. Et n’oubliez pas, on peut rigoler, mais on ne se moque pas ! 

 

⚠ N’hésitez pas à revenir régulièrement sur cet article qui sera étayé de nouveaux portraits

 

Le cadre qui travaille dans une collectivité

Sur son bureau, les piles de dossiers commencent à défier les lois de la gravité. La climatisation, en mode On depuis plusieurs jours, agite doucement les feuilles qui attendent, impavides, qu’on veuille bien les consulter. Anfouati, la secrétaire de ce directeur général adjoint d’une collectivité, a appris par cœur le message mécanique qui sauve ses journées de travail : « Ahmed H. est en déplacement. Rappelez demain ». En attendant, elle discute avec sa belle-sœur au téléphone qui, de toute façon, ne sonne guère plus. Lassés de rappeler tous les jours ce responsable aux abonnés absents, les interlocuteurs ne se pressent plus au bout du fil.

Ahmed est en déplacement depuis des mois. Quand il n’est pas à Madagascar – il fait bien partie du département Coopération régionale, non ?  –, il passe au bureau vers 10h pour demander à Anfouati  de rédiger quelques notes afin de justifier ses frais de bouche. A midi, il mange avec les vingt personnes de la délégation et évoque bruyamment ses dernières péripéties de voyage. Les convives des autres tablées ne sont même plus choqués, ils ont l’habitude.

Son père, agriculteur, lui a toujours dit qu’un homme qui réussit est un homme qui travaille dans un bureau. Ahmed a bien retenu le côté bureau, un peu moins le côté travail. Du coup, il a pris un peu de poids ces dernières années, il bedonne tranquillement. Il s’en fout, ce qu’aiment les femmes, c’est un petit ventre douillet et un portefeuille bien rempli. Avec ses chaussures faussement italiennes mais vraiment pointues, et son eau de Cologne qui embaume l’intérieur de son gros 4×4 payé cash, il trouve qu’il a réussi. Papa serait fier de lui. En tout cas, lui il l’est.

 

Le capoaï

 

Ce métropolitain qui a atteint un stade de tropicalisation très (trop ?) avancé ne pourra désormais plus se réadapter ailleurs. Le capoaï, également appelé « clochard » ailleurs – se trouve autour des épiceries – le soir en semaine, et dès le matin le week-end -, ou plus rarement attablé à un comptoir de bar. Il peut évoluer seul, mais préfère généralement trinquer en groupe de trois ou quatre capoaï. Il est facilement reconnaissable à la canette de mauvaise bière qu’il tient dans la main, et qui ne sera ni la première ni la dernière.

On l’imagine arrivé à Mayotte il y a de longues années : 10 ans, 15 ans. Peut-être 20. En tout cas, il est là depuis longtemps. Trop longtemps. Plus en tout cas que ce qu’il pouvait supporter sans sombrer. La chaleur, la mer, son divorce récent, des primes d’expatriation, des femmes plus jeunes que lui et peu regardantes, etc. : autant d’arguments qui l’ont alors convaincu que la vie était meilleure ici.

Malheureusement, le bonhomme n’a pas pris garde à la dégringolade. De mauvaise bière en mauvaise bière, d’été moite en été moite, l’ivresse l’a emporté sans qu’il ne s’en rende compte. Aujourd’hui, à cinquante ans, il a le visage rougi (et pas que par le soleil), des rides creusées, parfois un enfant qu’il a eu par accident, et la conviction qu’il mène la plus belle des vies. Il a probablement un métier, mais impossible d’imaginer lequel. En tout cas, une chose est sûre : il a des potes avec qui boire, boire, et boire encore devant des épiceries sans aucune retenue, et c’est finalement la seule chose qui lui importe.

Valable pour tout autre métropolitain célibataire qui arrive à Mayotte dans la force de l’âge, avec pour unique but de fuir quelque chose.

 

L’infirmière fêtarde

 

Le mercredi, « C’est Barak / Zen Eat ! » Ses jours de repos ? Wakeboard, plongée et sorties bateau. Sans oublier l’apéro « au Camion ». De temps en temps une sortie pêcheur et un voulé avec les collègues aides-soignants. Plus rarement, un dimanche au calme « Parce que ça fait du bien des fois. »

L’infirmière fêtarde aime Mayotte. Elle l’adore même ! Son lagon, tous les potes qu’elle s’est fait « Super rapidement », et tous ces loisirs trop cools qu’elle ne pouvait pas faire dans son Ardèche natale. Ici, elle vit en groupe, elle bronze, elle s’émerveille. Elle poste souvent des photos sur les réseaux sociaux. Le jour, ce sont les eaux turquoise et les plages blanches d’un ilot, accompagnées d’un « Trop dur la vie » ironique en commentaire. Le soir, c’est plutôt un selfie avec ses potes autour d’un verre de vin, avec là encore un « Trop crevée ! » faussement blasé comme message.
 Rapidement, ses amis de métropole vont venir la voir parce qu’elle leur donne envie, forcément. D’ailleurs, elle est « Super impatiente ! » de leur faire découvrir sa vie ici. Tellement hâtive qu’elle leur a déjà concocté un programme : Choungui au levé du soleil, wake, plongée, sortie bateau, voulé, bivouac, sortie pêcheur. Et bien sûr, « Camion, Barak’ et Zen Eat », parce qu’il « Faut trop que je les emmène au Zen Eat ! »

Quand elle repartira, elle sera triste. C’est pour ça qu’elle a déjà prévu d’aller en Nouvelle-Cal’ ou en Guyane. Mais ce n’est pas pour tout de suite : elle va prolonger son contrat pour un an. Ici, c’est trop chouette, et puis elle aimerait retourner une troisième fois à Mada, puis aller à La Run « Voir un pote », et aussi faire Maurice avant de partir.

Parfois, elle a un copain en métropole, mais elle n’est pas sûre que ça tienne entre eux. C’est normal : maintenant qu’elle a goûté à la vie au soleil, elle ne se voit pas retourner en arrière.  Lui, il veut une histoire tranquille, alors qu’elle, elle préfère « Profiter de la vie ». Elle verra bien, parce qu’elle n’a plus envie de se « Prendre la tête. »

En dehors de ses heures de travail, durant lesquelles elle est évidemment immédiatement identifiable, l’infirmière fêtarde est facilement reconnaissable : elle porte un short en jean, un débardeur, et des tongs. De retour de Madagascar, elle peut porter un sarouel et un tressage des cheveux égaye bien souvent son visage aux yeux un poil cernés.

Cette dernière caractéristique est d’ailleurs visible les lendemains de fête – particulièrement le jeudi -, mais aussi  à chaque fois qu’elle sort du CHM où elle vient de travailler 12h d’affilées, de jour ou de nuit. Car il faut bien lui reconnaître qu’elle bosse dur et consciencieusement.

Valable aussi pour les sages-femmes, les profs contractuels en première année, les salariés du privé célibataires de moins de 35 ans; etc. De manière générale, ce stéréotype peut concerner tous les métropolitains n’envisageant pas de rester plus de quelques années sur l’île.

 

La bouéni du marché

 

Il est 8h et il fait déjà chaud sous les toits du marché couvert de Mamoudzou. Ma Fatima est allongée de tout son long dans son nambawane bleu et blanc, le bras gauche replié sous elle. Son regard un peu embrumé passe sans les voir sur les ananas de saison, les papayes et les tomates plus vertes que rouges qu’elle vend aujourd’hui. Elle pense à toutes les bouteilles de poutou qu’elle ne peut plus écouler depuis que la préfecture a décrété que ce n’était pas aux normes. Depuis quand le poutou est-il illégal ? Tsssss, chipe Ma Fatima avec dédain.

Au bout de la rangée formée par les étals colorés dignes des plus belles toiles de Gauguin, une dame s’agite et marche d’un pas décidé vers elle. Une petite m’zunguette un peu fine, un peu pressée, un peu intimidée par ce milieu auquel elle n’appartient clairement pas. « Elle a de l’énergie, celle-là », pense Ma Fatima. « Ca se voit qu’elle ne s’est pas levée avant le chant du muezzin, qu’elle n’a pas levé les petits, pris le taxi brousse avec toute sa récolte. Je suis sûre qu’elle a la climatisation dans sa voiture », maugrée-t-elle encore. Qu’importe, il faut appâter la professeure en quête de légumes frais. « Madamou ! Madamou ! Papayes ? Tomates ? Ananas ? » La jeune femme frêle s’arrête devant l’étal et tente un « Gégé Bouéni » qui radoucit immédiatement Ma Fatima. « J’aimerais deux ananas, s’il vous plaît ». Mais c’est quoi leur problème, à ces wazungu ? Ils voient bien qu’on les vend par trois ! « Je n’en prends que deux, mais je vous paie les trois, ça ne me dérange pas ». Butée, Ma Fatima refuse. C’est trois, c’est trois. La mzunguette, courageuse mais pas téméraire, cède de bonne grâce. « Allez, on ne va pas se fâcher, tiens, je t’en mets un autre de plus », rigole Ma Fatima, regardant partir malicieusement cette petite chose toute perdue avec ces… quatre ananas. On a le sens du commerce, à Mayotte, on ne pourra pas nous enlever ça !

Renvoi d’une affaire de kwassa à cause d’une erreur d’interprétation

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Le tribunal correctionnel de Mamoudzou a renvoyé au 17 janvier une importante affaire de trafic de clandestins impliquant 8 passeurs remontant aux années 2015 et 2016.

Le tribunal a dit ne pas être en capacité de juger cette affaire dès aujourd’hui alors que les avocats étaient prêts à plaider. Le juge et ses assesseurs ont cru qu’il s’agissait pour cette affaire d’une audience relais,  c’est-à-dire que l’affaire devait être présentée avec rappel des faits. Puis une date d’audience devait être fixée. Or il s’agissait bien d’une comparution pour jugement ce jour. Il y a donc eu une erreur d’interprétation de la part du tribunal. Ce dernier a ainsi décidé le renvoi de l’affaire.

Les prévenus sont en détention provisoire depuis 18 mois et 12 gendarmes ont été déplacés pour l’occasion.

Mise à jour : 10h27

La décision de remettre en liberté sous controle judiciaire oui ou non, les prévenus, a été suspendue. Le juge s’est déclaré dans l’impossibilité de rendre cette décision car il a siégé en tant que juge des libertés et de la détention (JLD) dans cette affaire. « Il y a une incompatibilité. Le document à ce sujet n’a pas été mis à jour, nous nous en excusons », expliquait-il à l’issue de l’audience.  Par conséquent le délibéré sera rendu par un autre juge mais il sera dans l’obligation de reprendre la séance depuis le début pour une question de respect de la procédure. En attendant ce petit couac judiciaire risque de faire grincer des dents.

 

Violent accident de la route à Kaweni

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Cette après-midi un accident de la route impliquant un scooter et une voiture s’est produit à Kaweni au niveau du siège d’EDM. Le conducteur du deux roues et sa passagère ont percuté l’automobile côté conducteur. Ils ont été transportés à l’hôpital. Les deux victimes semblaient conscientes au moment d’être transférées dans les ambulances. Impossible au moment des faits de savoir dans quelle circonstance l’accident s’est produit, les secours et la police étant occupés à secourir les victimes et à réguler la circulation. Conséquence de l’accident, d’importants embouteillages se sont formés en provenance de Mamoudzou et de Majicavo.

Lycée de Kahani : du droit de retrait aux manifestations

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Depuis plus d’une semaine, le lycée de Kahani est en émoi en raison des violences qui émaillent son quotidien.

Hier matin, et après une semaine de droit de retrait, environ 80 personnes – professeurs, personnels, parents d’élèves et représentants syndicaux – ont défilé dans les rues de Mamoudzou, alertant la population et les autorités du « danger imminent et grave » qu’ils encourent. Une délégation a été reçue hier à 11h au vice-rectorat.

La chaleur accablante de ce lundi matin n’a pas découragé les parents d’élèves et les personnels du lycée de Kahani qui, après s’être rassemblés devant le vice-rectorat, se sont successivement rendus à la préfecture et au conseil départemental. Objectif de cette manifestation réunissant environ 80 personnes : alerter la population et les autorités du « danger imminent et grave » encouru par les élèves et le personnel, en raison de vagues de violence sévissant au lycée de Kahani depuis deux ans et qui ont atteint leur apogée le 15 novembre lorsque des bandes rivales ont commencé à caillasser à tout va, obligeant plusieurs dizaines de gendarmes à intervenir.

Les manifestants ont distribué des tracts aux passants et ont tenté d’obtenir des rendez-vous – en vain – à la préfecture et au conseil départemental afin de leur remettre un courrier explicitant « la forte dégradation du climat scolaire » constatée. Parmi les « incidents » relatés : « des bus caillassés quotidiennement », « des rixes planifiées sur le hub (échangeur de bus, ndlr) et à l’intérieur de l’établissement », l’introduction d’armes, de gaz lacrymogènes et de substances illicites au sein du lycée, le vol de matériel informatique, la destruction de caméras de surveillance, des agressions physiques et verbales récurrentes, des rackets, etc. La liste est longue. « Le jour où un drame arrivera, (…) on aura prévenu », commente un professeur de Lettres et d’Histoire au lycée de Kahani. Ces courriers, que les manifestants demandent aux parties visées de signer, ont vocation à attester de manière écrite que le personnel a bien averti des dangers en temps et en heure, dans le cas où un accident grave surviendrait.

Depuis le 20 novembre, des personnels du lycée exercent leur droit de retrait et une partie représentative d’entre eux a été reçue la semaine dernière par le directeur de cabinet du vice-rectorat, qui a promis de sécuriser l’échangeur de bus scolaires en mettant en place un grillage autour de ce « hub », a rapporté une enseignante. Insatisfaits de la proposition, les agents ont poursuivi leur mouvement, tout en indiquant qu’eux-mêmes réfléchissaient à la mise en œuvre de solutions en interne telles qu’une sortie différée pour les élèves selon leur lieu de résidence afin d’éviter que les bandes rivales de village ne se rencontrent; ou encore une rédaction plus rigoureuse des rapports destinés aux conseils de discipline ainsi que davantage de fermeté à l’égard des perturbateurs de manière générale.

Sécurisation du hub et salles supplémentaires

Hier, une délégation de cinq personnes a été entendue par le directeur de cabinet du vice-rectorat, Didier Cauret. A l’issue de l’entrevue, le vice-rectorat a indiqué que « des aménagements [allaient] être réalisés » : une clôture, munie d’un portail électrique, devrait protéger la gare routière, un éclairage de nuit devrait encore sécuriser la zone et la construction d’un sas à l’entrée du lycée est prévue. Le vice-rectorat a déclaré qu’il apporterait son expertise technique pour ces travaux mais que leur financement devait être assuré par la mairie d’Ouangani, propriétaire du foncier, censée déposer une demande de subvention auprès de la préfecture avant 2018. En outre, des équipes mobiles de sécurité (EMS) seront mobilisées toute la journée jusqu’à la fin de l’année et leur prolongation « sera étudiée selon les circonstances », en plus de la présence renforcée de la police municipale d’Ouangani, tôt le matin et l’après-midi. Enfin, le vice-rectorat a rappelé que 16 salles de classe supplémentaires allaient être livrées à la rentrée 2018.

Cependant, « ces promesses ne sont pas ancrées dans un calendrier précis », regrette le professeur au lycée de Kahani. « On risque de reprendre le travail dans les mêmes conditions », craint l’enseignant. Le collectif des personnels du lycée de Kahani demande des moyens humains supplémentaires, et notamment la création d’un troisième poste de conseiller principal d’éducation, d’un second poste de proviseur adjoint ainsi que de quatre nouveaux postes à temps plein de surveillants. C’est pourquoi l’ensemble des agents se réunit ce matin à 8h afin de s’entendre sur la poursuite ou non du droit de retrait.

 

Une décharge sauvage de produits usagés pour bébés découverte à Passamaïnty

Le président de l’association Mayotte Île Propre, Jacques-Martial Henry a découvert le weekend dernier sur les hauteurs de Passamaïnty, un tas d’ordures composées essentiellement de couches, pots de compote et boîtes de lait pour bébés. Des déchets bien ciblés qui pourraient faire croire que ce délit aurait pu être commis directement ou indirectement par une structure comme une garderie ou une crèche selon le président de l’organisme. « Cet acte ne peut pas être le fait d’une seule personne au vu de la quantité des déchets et de leur caractère récent », nous expliquait au téléphone Jacques Martial-Henry. « J’ai déjà vu des couches usagées jetées par-ci par-là, mais jamais en si grosse quantité », ajoutait-il.

Ainsi ce dernier via son association, a prévu de déposer une plainte auprès du procureur. Pour rappel, dans le cadre d’une véritable décharge sauvage, le code de l’environnement prévoit une peine maximale d’un an d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende.

Tourisme | La croisière s’amuse-t-elle ?

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Les plus observateurs l’auront remarqué : le bateau de croisière le Boudicca a fait escale toute une journée à Mayotte samedi dernier. Quelque 800 passagers ont eu l’opportunité de visiter l’Ile aux Parfums tandis que nous sommes montés à bord pour visiter ce géant des mers. Reportage.

Il est 17h à Mayotte ce samedi et nombreux sont les Britanniques du bateau de croisière le Boudicca à avoir fait l’impasse sur le sacro-saint « tea time », lui préférant une baignade dans l’un des plus grands lagons du monde. De retour sur le géant des mers qui a fait escale dans les eaux mahoraises, les touristes anglais sont extatiques : « Beautiful beaches », « Most lovely trip », « Best experience so far », « Excellent », « Very exciting », « Brilliant sights », « Fantastic ». Ces Britanniques en goguette ont fait fi de leur flegme légendaire et, enthousiastes, ont rivalisé de superlatifs pour décrire paysages, plages, coraux et poissons qui les ont émerveillés. Pourtant, ces fringants septuagénaires qui sillonnent les mers à bord du bateau de croisière norvégien ont déjà accosté le long d’autres rivages à la réputation idyllique, de l’Ile Maurice aux Seychelles.

Ainsi, preuve à l’appui, le potentiel touristique du 101ème département français sur lequel on projette, on tergiverse, on épilogue, on discourt depuis tant d’années, est bien réel et pourrait bien surpasser ceux de ses sœurs de l’océan Indien. Seul bémol émis par une vacancière francophone qui a passé sa journée à jouer l’interprète : le manque de personnel d’accueil parlant anglais sur les sites touristiques.

Plus de 400 visiteurs pris en charge

Céline, de l’opérateur touristique Baobab Tour, énumère les multiples activités des 440 touristes anglosaxons ayant choisi de se faire guider : sorties en mer avec les prestataires nautiques, excursion à Musicale plage puis à Tahiti plage avec animation foklorique au jardin botanique de Coconi, ou balade en Petite-Terre, notamment sur le site des Badamiers. D’autres vacanciers ont opté pour la visite libre, d’autres encore sont restés à bord du Boudicca pour une journée de farniente sur les multiples ponts du navire avec, en toile de fond, les différentes îles et îlots de Mayotte, bordés par un lagon placide aux eaux émeraude. 

C’est le capitaine du navire lui-même, Mikael Degerlund, qui a pris le temps de nous faire visiter son bateau de 206 mètres de long, nous guidant à travers ponts, salles de dîner, bars, parcours de mini-golf, salle de gym et spa, saluant aimablement chaque passager, occupé à bouquiner face à la mer et sous les brumisateurs ou à se baigner dans la piscine d’un pont intermédiaire. Ce Finlandais, affable et circonspect, a déjà parcouru la plupart des mers et océans du monde. Son enfance sur les rivages scandinaves le prédestinait à une vie sur les flots. « Je viens d’une famille pauvre et le seul moyen de découvrir des endroits tels que Mayotte était de travailler sur des navires », explique sereinement le capitaine, dans un anglais parfait néanmoins teinté d’un léger accent exotique. Avoir sous sa responsabilité quelque 800 passagers à la moyenne d’âge élevée et 300 membres d’équipage n’effraie guère le vieux loup de mer qui a déjà, en 17 ans de carrière, manœuvré des monstres marins avec, à leur bord, plus de 1000 membres d’équipage. « Le plus dur, c’est d’être loin de sa famille », s’ouvre le capitaine qui, sur quatre mois, en travaille deux non-stop sur le navire. « Mais si vous aimez écouter, il y a beaucoup d’histoires à entendre sur un bateau », se console-t-il, évoquant la diversité – à la fois en termes d’âge, de niveau social et de nationalité – des passagers et membres d’équipage. 

Le Boudicca a quitté nos eaux samedi soir mais devrait revenir avec de nouveaux visiteurs à son bord le 9 décembre.

 

 

Perquisition du procureur à la mairie de Mamoudzou

Hier, midi, le procureur accompagné de la gendarmerie, a perquisitionné l’hôtel de ville de Mamoudzou. Cette enquête pourrait concerner l’attribution de certains marchés par la municipalité ces dernières années. Nous avons tenté de contacter par téléphone le parquet pour avoir plus de précisions, mais celui-ci n’était pas joignable.

« Non, il n’y a pas de coupure d’eau à Sada »

Des informations, voire des rumeurs, circulent sur des coupures d’eau prévues ce jour sur la commune de Sada. La SMAE dément ces informations et confirme qu’aucune interruption de la distribution d’eau n’est prévue aujourd’hui dans cette commune, sauf incident technique pouvant intervenir à tout moment. Le service clientèle du fournisseur en eau potable se tient à la disposition des usagers au 02 69 61 11 42 pour tous renseignements complémentaires.

 

Une application à la fois directe et progressive

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Un séminaire d’information sur la mise en application du Code du travail national à Mayotte dès le 1er janvier 2018, s’est tenu hier au cinéma Alpa Joe. Il a réuni les différents acteurs économiques et sociaux autour de la Dieccte (Directions des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) et Dominique Ledemé, chargé par le ministère du Travail de la transposition du Code du travail national à Mayotte. 4 tables rondes ont abordé les divers éléments qui vont changer dès le 1er janvier prochain et ceux qui entreront progressivement en vigueur. 

« L’objectif était de marquer le coup en rassemblant les entreprises, les partenaires sociaux et l’État », réagissait  Dominique Ledemé à l’issue du séminaire. Après la publication le 26 octobre dernier de l’ordonnance sur le Code du travail national à Mayotte, cet événement avait pour but de répondre aux interrogations et inquiétudes de chacun quant à l’entrée en vigueur des nouvelles règles dès le jour de l’an.

« Le Code du travail est applicable, comment fait-on pour l’appliquer? », tel était le fil conducteur de cette rencontre. Le directeur général du travail et la déléguée à l’emploi et à l’insertion professionnelle ont adressé aux acteurs socio-économiques de l’île un message vidéo dans lequel ils appellent tout un chacun « à prendre part au processus d’application » du code. La négociation, c’est le mot sur lequel insistait Dominique Ledemé car c’est bien de cela qu’il s’agira pour prévenir tout conflit. Car Mayotte est coutumière des mouvements sociaux en série, surtout depuis la grève contre la vie chère de 2011.  

Concernant la partie formation, L’État a voulu rappeler qu’il « ne sera plus seul maître sur le sujet ». « La gouvernance se fera désormais à 4 (État, Conseil départemental,  représentants des salariés et représentants des entreprises). Les acteurs ont la responsabilité de la mise en œuvre de ce Code », précise Dominique Ledemé. « Mais l’État ne se désengage pas », tient-il à ajouter. Il continuera via la Dieccte à fournir une assistance aux acteurs économiques et sociaux sans oublier de poursuivre son rôle de contrôle et de sanction « si besoin est ».

Qu’est-ce qui entre en vigueur dès le 1er janvier ?

Si l’installation du Code du travail est imminente, la mise en place est toujours en cours et le sera au moins durant toute l’année 2018. La phase d’état des lieux de l’existant, la définition d’une stratégie pour mettre en œuvre le Code et la question des moyens financiers et humains pour le réaliser sont un processus long. 

Néanmoins, le 1er janvier certaines règles entrent en vigueur sans délai. Dominique Ledemé a cité les exemples suivants : le travail intérimaire, les ruptures conventionnelles, la mise en place d’un conseiller du salarié ou encore le temps partiel. Mais en ce qui concerne le champ de la négociation, les mesures viendront progressivement.  Il s’agit par exemple de l’aménagement du temps de travail après l’entrée en vigueur des 35h, des sujets concernant le CDI (contrats à durée indéterminée), la mise en place des instances de représentants du personnel ou encore l’installation du Crefop (Comité régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles). « Mais attention, le but n’est pas de dire que l’application de ces mesures se fera plus tard », tient à souligner Dominique Ledemé avant d’aouter : « il faut que les choses entrent en vigueur dans un temps raisonnable ».

Des réunions de suivi seront régulièrement organisées. Le Medef (syndicat patronal) a demandé à ce que tous les acteurs et l’État se rencontrent tous les 6 mois. « C’est envisageable », répond le chargé de mission du ministère du Travail avant de conclure: « reste à savoir si on sera sur des rapports de force ou de la négociation. En tout cas, les partenaires sociaux ont l’air d’accord pour dire qu’il faut éviter le conflit ».  

 

Pour en savoir plus :

Des réunions d’information se tiendront lundi 27 et mardi 28 novembre à 9h à la Dieccte. Une autre se tiendra au restaurant L’Orient express à 9h mercredi 29 du même mois. Inscription préalable vivement conseillée. Tél : 02 69 61 16 57.

 

L’ancien maire de M’tsangamouji condamné à 2 ans ferme

Issouf Madi Moula, l’ancien maire de M’tsangamouji (2009 – 2014), a été condamné ce matin par le tribunal correctionnel de Mamoudzou à 2 ans de prison ferme pour fraude électorale. Ses deux comparses qui figuraient dans sa liste électorale, ont écopé de 18 mois de prison ferme. Pour rappel ils ont été reconnus coupables d’avoir réalisé des fausses procurations lors des élections municipales de M’tsangamouji en 2015. Tous ont reçu une inéligibilité et une interdiction de voter pour les 5 ans à venir. L’un des prévenus, agent du Conseil départemental, s’est vu refuser sa demande de non-inscription de la condamnation dans son casier judiciaire. Une décision qui devrait conduire à son licenciement de la collectivité. Les trois prévenus ont 10 jours pour faire appel.

Le personnel du lycée de Kahani exerce son droit de retrait

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Afin de protester contre les violences qui ponctuent régulièrement le quotidien du lycée de Kahani depuis deux ans et qui ont encore éclaté mercredi dernier, une majorité du personnel de l’établissement a exercé hier son droit de retrait. Explications.

Ils craquent. Hier, une majorité du personnel du lycée de Kahani (136 agents sur 160 environ, selon le  syndicat CGT Educ’Action Mayotte) a exercé son droit de retrait afin de protester contre les violences régulières éclatant depuis deux ans « tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’établissement », a indiqué   par voie de communiqué le collectif des personnels du lycée de Kahani. « Ce mouvement fait suite aux graves évènements qui se sont produits mercredi [dernier] devant l’établissement lors desquels deux groupes de jeunes se sont affrontés », a expliqué le collectif. Les forces de l’ordre ont dû intervenir alors que les caillassages se multipliaient à l’intérieur comme à l’extérieur de l’établissement, selon la CGT Educ’Action Mayotte. 

« Ils [les auteurs des violences] ont bien préparé leur coup à l’avance, en cassant les caméras de surveillance dans la nuit de mardi à mercredi, et en demandant à leurs petites sœurs et petits frères de casser des cailloux la veille », témoigne une enseignante du lycée. « C’est ça qui nous donne la trouille, c’est que ce ne sont pas des flambées de violence spontanées », explique-t-elle. 

Des bandes rivales à l’intérieur de l’établissement

Situé en plein centre de l’île, le lycée de Kahani accueille des élèves d’horizons géographiques divers et variés, ce qui provoquerait en son sein des altercations entre bandes rivales, selon l’enseignante  interrogée. Un assistant de prévention et de sécurité (APS) a récemment convoqué les chefs de bandes rivales de Mamoudzou et de Dembéni et est parvenu à « calmer le jeu », rapporte encore cette même pédagogue. « Mais pour combien de temps ? », se demande-t-elle, inquiète. Des armes blanches seraient régulièrement trouvées dans les sacs des élèves, rapportent les syndicats, et « ce fort climat d’insécurité chez les élèves et le personnel » les exhorterait à demander une autre affectation, selon le collectif des personnels du lycée de Kahani. Enfin, la présence d’un échangeur important de bus scolaires « constitue un facteur aggravant des violences », selon le collectif, les élèves de tous les villages s’y mélangeant ou y attendant souvent désœuvrés. Le collectif demande donc le déplacement de ce « hub ». Deux réunions devraient se tenir mercredi entre la préfecture, le vice-rectorat et le conseil départemental sur les problématiques de sécurité liées au hub, a indiqué hier le vice-rectorat.

2 CPE pour 1600 élèves 

Quentin Sedes, secrétaire général de la CGT Educ’action à Mayotte, pointe du doigt le manque d’effectifs : en 2010, il y avait 2 conseillers principaux d’éducation (CPE) pour quelque 900 élèves et en 2017, alors que l’établissement accueille 1600 élèves, il n’y a toujours que 2 CPE. 

 « Il n’est plus possible de faire grossir les établissements comme celui-ci », tempête Quentin Sedes, liant le phénomène de surpopulation scolaire aux violences qui éclatent aux abords des établissements. « Sur ce point, Madame le Vice-recteur semble déconnectée de la réalité, considérant que le problème est extérieur à l’Education nationale. Notre analyse de ce qui se passe sur le terrain est très différente : les violences se déroulent également aujourd’hui à l’intérieur des établissements et il s’agit donc bien de violences scolaires, en lien avec la surpopulation scolaire à laquelle nous sommes confrontés. Aussi, sans moyens éducatifs renforcés (AED et CPE), la situation continuera de se dégrader », a écrit le syndicaliste dans un communiqué présentant le bilan de la journée de grève du 16 novembre dernier.

Ainsi, le collectif des personnels du lycée de Kahani demande-t-il la création d’un troisième poste de conseiller principal d’éducation, d’un second poste de proviseur adjoint ainsi que de quatre nouveaux postes à temps plein de surveillants. « Tant que [ces] revendications ne seront pas acceptées par le vice-rectorat », le droit de retrait sera reconduit, a averti le collectif. 

Impossible de virer les élèves, selon un professeur

« Le vrai problème, c’est que depuis trois ans environ, la loi nous interdit de virer les élèves », estime une enseignante du lycée de Kahani. « Nous n’avons plus de moyen de pression », regrette-t-elle encore, évoquant l’unique assistante sociale du lycée, absolument « dépassée » par la situation sociale de beaucoup d’élèves, et l’équipe pédagogique « démunie face à l’énormité du problème ». « On s’est laissés déborder », reconnaît-elle aussi, indiquant qu’une réunion allait être convoquée afin de trouver en interne des solutions pour cadrer davantage les élèves problématiques. 

 

À la rencontre de … Zaïnaliambidina Nizari Andinani, avocat

« Je suis fier de ce que Mayotte m’a apporté, aujourd’hui je veux transmettre à ma façon »

Docteur en droit,  titulaire de deux Masters 2, dont l’un en Droit bancaire et financier, ancien conseiller bancaire, et désormais avocat au barreau de Mayotte : à 39 ans, Zaïnaliambidina Nizari Andinani a déjà eu 1001 vies. Toujours en quête de mieux, le Mtsapérois ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

S’il y a des personnes qui mettent des années à trouver leur vocation, ce n’est pas le cas de  Zaïnaliambidina Nizari Andinani. À 7 ans déjà, l’homme savait qu’il deviendrait avocat. À 14 ans, il voulait être avocat, mais aussi, en plus, docteur en droit. Une ambition nourrie et encouragée dès le début par sa famille : « Ma mère est originaire de M’tsapéré M’balamanga. Mon père est de Tsingoni.  Nous étions 10. Mes parents voulaient que l’on réussisse. Mon père n’avait pas fait d’études, mais il était dans l’armée, avant. Il était âgé et fatigué, donc il ne travaillait plus, mais on allait souvent au champ ensemble. Il m’a inculqué des valeurs. »

Le premier déclic lui viendra de sa sœur, Sania Youssouf. Un nom loin d’être inconnu puisqu’il s’agit de « la première Mahoraise à avoir ouvert un cabinet de conseil sur le territoire », explique-t-il. “Elle faisait des études de droit à Bordeaux. À l’époque, c’était compliqué pour une femme de faire de longues études. Elle a dû rentrer. Mais c’est elle qui m’a donné le gout, l’envie d’aller jusqu’au bout ». 

Cette ambition a été renforcée dès son arrivée au collège de Mamoudzou, après avoir redoublé son CM2, à l’école primaire de Doujani. “J’ai été en CP1 et en CP2, puisque les écoles maternelles n’existaient pas. Enfin, il y en avait deux, je crois, mais elles étaient privées. Tout s’est bien passé jusqu’à ce que je rate mon examen d’entrée en 6ème. Je me rappelle que cela avait choqué mon instituteur, Monsieur Alexandre Dumas. Il s’était renseigné et avait découvert qu’on m’avait fait redoubler parce qu’il y avait des enfants beaucoup plus âgés que moi, et qu’il fallait les faire entrer au collège en priorité. Ce jour-là, je me suis dit que plus jamais je ne redoublerai ». 

La deuxième rencontre déterminante de sa future vie professionnelle, Maitre Nizari Andinani la fera des années plus tard, à l’ancien palais de   justice de Mayotte : « J’étais au lycée, et j’aimais bien entrer, de temps en temps, au palais de justice. Ce jour-là, je suis tombé sur un avocat qui plaidait. C’était Mansour Kamardine. J’étais admiratif devant son éloquence et sa technique. Des années plus tard, nos chemins se sont croisés. Aujourd’hui, je travaille dans son cabinet ». Sa détermination à être docteur lui vient du soutien inconditionnel de ses proches dans sa quête de réussite. Elle lui vient également d’une rencontre qui a eu lieu après avoir obtenu sa Maîtrise. « Un jour, à l’aéroport, je rencontre Mahamoud Azihary, docteur en économie, seul docteur à M’balamanga. C’est comme ça qu’on me l’a présenté. Il m’a encouragé à aller jusqu’au bout, et m’a dit qu’il espérait que je devienne le premier docteur en Droit à M’tsapéré. Je le voulais aussi et j’y suis parvenu ». Malgré son Bac littéraire, le docteur s’intéressera de près à la finance durant ses études. La thèse qu’il a soutenue en 2009 s’intitule d’ailleurs « Le financement du développement économique et durable par les systèmes financiers informels, dont le microcrédit et la tontine à Mayotte ». Une thèse qu’il a soutenue et pour laquelle il obtient une mention très honorable avec félicitations et applaudissements du jury, ainsi que le droit de publier en l’état ses recherches. Chose qu’il compte bien faire, après avoir effectué quelques mises à jour.

Son mémoire de recherche, lui, s’intitulait « Essai d’introduction d’un phénomène traditionnel dans un système bancaire moderne : la tontine – “le chicowa ” –  à Mayotte ». Cette envie de faire de la finance lui vient d’un autre homme : Ahmed Ali Mondroha. « Je ne le connaissais pas. On m’en parlait parce que c’était quelqu’un de ma famille. Il faisait des études dans la finance, et c’était le premier Mahorais à faire des études longues dans ce domaine. Il était ambitieux. Cela m’a donné envie de le faire aussi. » 

Entre temps, il passera le concours pour entrer à l’école des avocats  et sera accepté. “Je me suis dit que je n’allais pas passer le grand oral, parce que je voulais continuer mes études, et je voulais travailler. L’entreprise où j’avais effectué mon stage voulait me garder, mais finalement j’ai été débauché par la Caisse d’Épargne Midi-Pyrénées. J’y ai travaillé cinq ans, et ce, sans abandonner mes études. Son deuxième Master 2 a pour intitulé Contrats et Responsabilités des Professionnels.

Si le parcours universitaire a été couronné de succès, tout ne s’est pas fait sans mal. « À 19 ans, je partais en métropole pour la première fois, sans ma famille. Mes frères et mes sœurs m’avaient raconté comment c’était. Mais entre ce qu’on nous dit et ce qu’on vit réellement, ce n’est pas pareil. C’était un choc culturel. J’ai pu surmonter cette rupture parce que j’étais curieux de nature. Je voulais voir, découvrir cette France métropolitaine. » 

La première année se passe sans encombre : « Même si le parcours de Droit est compliqué, je voulais prouver qu’on pouvait valider son année du premier coup. Après, il y a eu le contrecoup. La deuxième année, je me suis relâché. C’était compliqué. J’ai redoublé et ça m’a fait un choc. Je n’avais jamais redoublé depuis le CM2. Je me suis remis au travail, je suis parti en 3ème année, puis je me suis relâché. Au final, j’ai mis 5 ans à valider ma licence, mais le plus important, c’est que la motivation était toujours là. J’étais arrivé en métropole avec un objectif et je voulais repartir avec cet objectif atteint. « 

Parti en 1998, l’avocat reviendra finalement s’installer définitivement à Mayotte en décembre 2015. « On se dit toujours qu’on va rentrer, mais pas tout de suite. La France, c’est ma patrie. Toulouse, c’est ma ville d’adoption. Mayotte, c’est chez moi. C’est mes entrailles. J’avais des propositions d’emploi aussi bien en Métropole qu’à l’étranger. J’ai travaillé dans le secteur bancaire, dans des cabinets de conseils aussi. Mais je me suis dit que ça serait dommage de rester en métropole alors que je pourrai transmettre tout cela chez moi. Et je voulais aussi me rapprocher de ma famille ». 

Depuis, Zaïnaliambidina Nizari Andinani est inscrit  au barreau de Mayotte. Il intervient également au Centre universitaire de Dembéni et auprès d’organismes de formation, dans l’objectif de transmettre ces connaissances que d’autres lui ont donné envie d’ acquérir.   

PORTRAIT CHINOIS

  • Si vous étiez une personnalité : Nelson Mandela
  • Si vous étiez un animal: un phénix. Je renais toujours de mes cendres.
  • Si vous étiez une couleur : le rouge, bien sûr! Je pense au FCM ( Football Club de Mtsapéré), à Tsingoni, à Monaco, etc. 
  • Si vous étiez une qualité : la persévérance. 
  • Si vous étiez un défaut: je ne suis pas modeste, car il n’y a que de la fausse modestie, et les choses fausses ne me conviennent pas. 
  • Si vous étiez une citation: c’est l’extérieur qui m’attire, mais c’est l’intérieur qui m’inspire. C’est de moi,   dans un livre pas encore publié.

 

La BFC accorde 15 millions d’euros de crédit au Sieam

La banque BFC et le syndicat des eaux ont signé vendredi dernier un accord de partenariat concernant la mise en place d’un crédit de 15 millions d’euros dans le cadre de la réalisation de grands travaux structurants.

Le Sieam va pouvoir se reposer sur une aide financière de la banque BFC pour les trois ans à venir. Avec 15 millions d’euros de crédit de trésorerie accordé par l’institut bancaire, le Sieam va pouvoir réaliser le système d’assainissement des eaux usées du centre (réseaux de collecte et centre d’épuration) ainsi que les travaux de renforcement de la chaîne de transfert des eaux usées de Mamoudzou vers la Step (station d’épuration) de Baobab. Des projets qui s’inscrivent dans le programme pluriannuel d’investissement 2015 – 2020 du Sieam. L’opération menée avec la BFC a pour but de relayer une partie des subventions Feder (fonds européens) accordées au Sieam.  

« C’est un partenariat historique. On va utiliser ce crédit de manière efficace et honnête pour faire avancer Mayotte », a déclaré le président du Sieam Moussa Mouhamadi Bavi. « Ce versement a été concrétisé le temps que les fonds européens arrivent. Cela va servir à payer les entreprises », a poursuivi le président. 

« À partir du 15 janvier, les Mahorais n’auront plus de problèmes d’eau »

En attendant, les 70 millions d’euros annoncés en 2016 par la ministre des outremers de l’époque Ericka Bareigts et la Caisse des Dépôts ont été affectés à la réalisation de 6 forages, l’agrandissement de l’usine de dessalement qui sera livrée en janvier 2018. Enfin, ils ont aussi servi à l’interconnexion des deux retenues collinaires. À noter également que la DUP (déclaration d’utilité publique) de la troisième retenue a été lancée. « À partir du 15 janvier, je pourrai dire aux Mahorais qu’ils n’auront plus de problèmes d’eau, car nous avons fait le travail qu’il fallait », a conclu Moussa Mouhamadi Bavi.

 

Le parcours santé de Mahabou a coûté 40 000 €

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Le Conseil départemental, la DJSCS (Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale) et Mayco (absent de la cérémonie à cause du mouvement social qui frappe actuellement l’entreprise) ont inauguré hier le nouveau parcours santé de la pointe Mahabou. Un projet qui a coûté environ 40 000 €.

Des jeunes et des associations étaient les premiers à officiellement inaugurer le tout nouveau parcours santé du parc de la pointe Mahabou. Après les discours des officiels et la pose de la plaque inaugurale, une démonstration a été réalisée. L’occasion de montrer la diversité des agrés installés. Tractions, abdominaux ou étirements, de nombreux exercices peuvent être réalisés grâce aux modules installés. Ces derniers ont remplacé les précédents devenus vétustes et délabrés. Une initiative qui vise à encourager tout un chacun à faire du sport pour garder la forme. 

Le projet a coûté 40 000 €. 30 000 € ont servi à l’achat des modules et l’installation de panneaux. Entre 2 000 et 3 000 € ont été consacrés à l’installation des équipements. Le tout a été financé par l’embouteilleur Mayco dans le cadre d’une campagne de « healthwashing » qui consiste pour une entreprise privée à soutenir financièrement un projet inscrit dans la promotion du sport et de la santé. Le Département quant à lui a financé l’élagage, la rénovation du portail d’entrée et de quelques panneaux de signalisations ou informations à l’intérieur du parc à hauteur de 4 000 € environ.   

Un projet d’arboretum à Coconi

Cette opération est aussi l’occasion pour le département de donner une seconde vie au parc qui trop longtemps souffert d’une mauvaise réputation en termes d’insécurité. 2 à 3 agents de sécurité effectuent des rondes de 7h à 19h, heures d’ouverture du parc, en plus des visites régulières de la police municipale. Le recrutement d’emplois aidés a aussi aidé à endiguer le phénomène des chiens errants dans le parc. « Mais des progrès restent encore à faire dans ce domaine et au niveau de la proximité avec le public », expliquait Anil Akbaraly chef de service environnement au Conseil départemental à l’issue de la cérémonie. Un projet de page Facebook consacrée au parc est par ailleurs à l’étude. « Il pourrait faire office de livre d’or. Chaque usager pourrait laisser des remarques afin de nous aider à améliorer le service », explique Anil Akbaraly. 

En attendant, cette réalisation du parcours santé en appelle d’autres puisque le service environnement réfléchit pour 2018-2019 à la création d’un arboretum au Jardin botanique de Coconi (géré par le Département au même titre que Mahabou) avec la mise en place de microhabitats représentatifs de Mayotte comme la forêt sèche ou la forêt humide. Des projets d’airs de jeux sont également dans les cartons du Département. 

Les initiatives fleurissent lentement mais sûrement malgré des budgets restreints. État, collectivités et éventuellement entreprises privées comme dans ce cas précis, doivent poursuivre leur travail de coopération afin de développer des projets. 

 

Fraude électorale | L’ancien maire de M’tsangamouji risque la prison

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Trois hommes dont l’ancien maire de M’tsangamouji Issouf Madi Moula, comparaissaient devant le tribunal correctionnel hier pour des faits de fraude électorale. Ils sont soupçonnés d’avoir réalisé plus de 80 fausses procurations lors des élections municipales de M’tsangamouji en 2015. Les prévenus risquent de la prison ferme.

En novembre 2015, sa garde à vue avait fait couler beaucoup d’encre. Après deux ans d’instruction, l’ancien secrétaire fédéral du Parti socialiste et ex-maire de M’tsangamouji était sur le banc des accusés hier au tribunal correctionnel de Mamoudzou aux côtés de deux de ses colistiers poursuivis eux aussi pour « entrave aux opérations de scrutin par manœuvres frauduleuses » autrement dit fraude électorale. Ils sont soupçonnés d’avoir en septembre 2015 falsifié 84 procurations destinées à fausser le résultat de l’élection municipale. Un scrutin qui a vu finalement la victoire d’Ibrahima Saïd Maanrifa (Les Républicains).     

Les procurations en question au moment des faits ont pu être interceptées à temps par la préfecture qui ne les a ainsi pas comptabilisées dans le dépouillage des voix. S’en est suivie une mise en examen avec interdiction de quitter le territoire de Mayotte. Mais voilà, l’ancien cadre du PS mahorais nie être impliqué dans cette affaire. Il accuse ses colistiers Assani et Issouf d’être à la manœuvre. « Il les soupçonne d’avoir fait un excès de zèle en somme pour favoriser leur candidat », explique le procureur avant de dénoncer une fable de la part de l’homme politique : « Comment peut-on croire que le secrétaire fédéral du PS à Mayotte et la tête de liste socialiste aux élections municipales à M’tsangamouji ne soit pas au courant de l’opération ».  

La fraude électorale, une habitude à Mayotte?

Les trois prévenus se sont réunis en 2015 à l’approche de l’élection municipale dont le premier scrutin en 2014 avait été annulé par décision du Conseil d’État, car le résultat du second tour avait débouché sur un écart d’une voix. Lors de cette rencontre, les candidats inscrits dans la liste Ouvoimoja (PS) avaient ainsi évoqué la question des procurations. « J’avais proposé d’aller chercher les procurations des électeurs qui ne pourront pas se déplacer aux urnes, mais pas celle de recourir à de fausses procurations », jure l’ancien candidat. Pourtant ses deux comparses qui ont reconnu les faits, affirment qu’Issouf Madi Moula était au courant. Il est même désigné comme l’instigateur de la fraude. Assani était chargé d’envoyer les procurations depuis la métropole. « Ce sont les instructions que l’on m’a données », indique-t-il. Ce dernier a même reçu une somme d’argent de 600 € de la part du secrétaire fédéral pour acheter un billet d’avion. « C’était pour qu’il se rende à Madagascar afin de réaliser des gris-gris pour nous protéger et gagner les élections », justifie l’ancien maire de M’tsangamouji. « Ça, c’était notre couverture pour que je me rende en métropole », a répondu Assani. 

Ce dernier, une fois arrivé dans l’hexagone, a envoyé les procurations depuis Toulouse et Lyon dont une vingtaine du même bureau de poste ce qui a éveillé les soupçons de la commission électorale et des enquêteurs. À cela s’ajoutent les faux tampons de la police ou de la gendarmerie et une écriture manuscrite identique sur de nombreux cerfas (formulaire administratif réglementé). Une falsification grossière accablée par des preuves irréfutables comme les scans de fausses procurations retrouvées dans le smartphone du troisième prévenu, Haidar. Face à ces nombreux éléments probants, le procureur a requis 14 mois de prison fermes pour les trois individus avec mandat de dépôt. Le juge et ses assesseurs ont mis l’affaire en délibéré au 22 novembre, 10 000 € d’amende chacun et une inégibilité de 5 ans.

Au vu des faits, les juges n’ont pas manqué de rappeler les problèmes récurrents que rencontre l’île à l’approche d’un scrutin électoral en termes de fraudes. En témoigne les récents soupçons de fausses procurations utilisées lors des dernières élections législatives dans la circonscription nord. Une affaire qui a conduit à la mise en examen en août dernier d’un gendarme qui a reconnu devant le juge d’instruction avoir utilisé de fausses procurations au profit de la candidate socialiste Ramlati Ali, gagnante du scrutin, sans que celle-ci puisse pour le moment être soupçonnée d’avoir été impliquée de près ou de loin dans ces agissements. Ces affaires sont néanmoins « symptomatiques » selon l’expression du juge Banizette, d’une vision de la politique qui sert d’abord les intérêts personnels avant l’intérêt général. Le tout agrémenté de pratiques douteuses, voire illégales comme « les porteurs de valises ou les distributions de cartons de mabawas à la fin des meetings », malheureusement très répandues à Mayotte a rappelé le magistrat. Mais au fond, ces politiques véreux ne font-ils pas que reproduire ce qui se fait ou ce qui s’est fait ailleurs, notamment en métropole à d’autres échelles et/ou avec d’autres méthodes ?

 

Des traces d’un insecticide interdit en France présentes sur des tomates de Mayotte

Des prélèvements ont été réalisés par les services de l’État (service CCRF de la DIECCTE et le service alimentation de la DAAF) sur des tomates vendues en bord de route. Un nombre significatif de ces résultats d’analyses démontre que certains producteurs à Mayotte ont recours à un insecticide, le diméthoate, dont l’utilisation est prohibée en France pour le traitement des tomates. De plus, sa mise en œuvre mal maîtrisée conduit à observer des taux de contamination très importants.

Il est rappelé que l’utilisation de ce pesticide interdit comporte des risques sanitaires importants pour la santé des consommateurs mais aussi pour celle des producteurs qui les utilisent, tout en favorisant les réseaux d’approvisionnement illégaux. Par arrêté, le préfet de Mayotte vient de prendre une mesure administrative de mise sous surveillance de la commercialisation des tomates produites à Mayotte sur la base du code de la consommation. Cette mesure entre en application à compter de ce jour, pour une durée de 150 jours, soit jusqu’au 13 avril 2018.

Quiconque propose des tomates à la vente, doit pouvoir justifier de l’origine et de la provenance du lot par une facture d’achat, un bon de livraison ou tout document permettant d’identifier la provenance du lot et l’établissement de production. En l’absence de présentation immédiate d’un document, une mesure administrative de retrait du marché et de destruction, pourra être mise en œuvre.

 

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes