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Ambdilwahedou Soumaila : “Le projet Caribus a commencé sans la Cadema, il peut finir sans”

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Insécurité, scolarisation, aménagement de la commune… Pour mener à bien les projets structurants de la commune chef-lieu, le nouveau maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, qui a multiplié les rendez-vous depuis sa prise de fonctions en juillet, entend bien travailler “main dans la main” avec tous les partenaires. Seule épine dans son pied : Dembéni, avec qui le dialogue depuis l’élection de l’intercommunalité semble définitivement rompu… Entretien.

Flash Infos : Voilà un peu plus de six mois que vous êtes arrivé à la tête de la municipalité de Mamoudzou : quel premier bilan faites-vous de ces nouvelles fonctions ?

Ambdilwahedou Soumaïla : Des premiers mois chargés ! Vous savez, quand vous êtes confronté à des premiers déferlements de violences, à peine une semaine après votre entrée en fonction, c’est le genre de début de mandat qui ne laisse pas vraiment indifférent. En tant que fonctionnaire de la collectivité, j’ai bien sûr dû prendre une disposition pour être à 100% dans mes fonctions. Surtout pour un début de mandat, où il faut avoir un bon départ. Donc, j’ai fait ce choix d’être pleinement impliqué. Déjà, pour poser les bases, et notamment réorganiser les services et permettre à la nouvelle équipe, dont peut-être 80 ou 90% sont des primo-élus qui n’avaient pas eu de mandat politique auparavant, de s’installer et de tracer la feuille de route. De quoi arriver à notre vitesse de croisière, comme on dit ! Ensuite, nous avons décidé de rencontrer l’ensemble des partenaires, car il faut poser cette nouvelle gouvernance. Or Mamoudzou, c’est la ville centre, la ville chef-lieu, qui concentre les activités économiques et administratives. C’était essentiel de poser les bases avec tous ces acteurs, et relever le défi que nous souhaitons voir dans cette mandature, de faire de Mamoudzou cette ville ouverte sur l’océan Indien et sur le monde.

FI : D’où aussi vos déplacements à Paris, où vous avez pu rencontrer d’autres institutions justement prêtes à s’investir à Mayotte et à Mamoudzou ?

A.S. : L’objectif de ce déplacement était double. D’abord faire acte en tant que nouvel élu, et en tant que citoyen de cette commune des difficultés que nous connaissons. Mais aussi, ensuite, livrer nos ambitions et demander aux partenaires de nous accompagner. Car accompagner Mamoudzou, c’est accompagner Mayotte. Le quart de notre population vit ici, sur ce territoire communal. Dans la semaine, nous concentrons le double de la population. Donc résoudre les problématiques que nous connaissons, de violences, de scolarisation, par exemple, passe nécessairement par nos quelques kilomètres carrés. Sur la scolarisation justement : beaucoup d’employés viennent travailler à Mamoudzou et aimeraient placer leurs enfants dans les écoles de la commune, déjà confrontée au manque de places. Je souhaite justement inscrire Mamoudzou dans l’excellence éducative. Je ne veux plus d’une logique de rattrapage. Il faut créer les conditions pour l’excellence et c’est pourquoi j’ai demandé à passer à des classes de 25 à 28 ; ou à ce que nous enseignons, demain, l’anglais dès la maternelle, pour que les jeunes de Mayotte et de Mamoudzou puissent travailler partout. Il faut aussi améliorer la restauration scolaire car encore trop d’enfants arrivent malheureusement à l’école le ventre vide et se voient proposer une simple collation. À la rentrée 2021, nous allons commencer une expérimentation sur trois écoles avec une vraie restauration scolaire. Et pas question de s’arrêter là ! Nous avons 36 groupes scolaires ici à Mamoudzou : chaque année, nous monterons en gamme. Même stratégie pour le numérique à l’école. Je veux qu’il devienne une réalité à Mamoudzou. Le Covid-19 est passé par là, nous savons que nous ne pouvons pas nous passer du numérique et Mamoudzou doit s’inscrire dans ce mouvement du XXIème siècle. Enfin, sur le développement durable : c’est un sujet indispensable pour notre île, et son lagon, l’un des plus beaux du monde. J’ai demandé au recteur, et il est d’accord, que nous intégrions dans les programmes scolaires comme matière à part entière le développement durable, au même titre que les mathématiques ou le français. Nous le devons aux générations futures.

FI : Vos débuts en tant que maire ont été marqués par deux événements importants : les Assises de la sécurité, tant attendues ; et cette décision symbolique que vous avez prise avec l’arrêté pour interdire la vente à la sauvette au niveau de la barge. Pourquoi était-il important que ces deux événements surviennent aussi tôt dans votre mandature ?

A.S. : Il ne s’agit pas tant de symbole, mais plutôt d’une volonté d’agir. Nous avons pris cet arrêté car nous considérons que cet endroit, c’est là où convergent tous les Mahorais, du sud, du nord, de Petite-Terre. C’est aussi là que les visiteurs posent les pieds quand ils débarquent à Mamoudzou pour la première fois. Quand ils ne doivent pas enjamber des tas de sandwiche ou se faire poursuivre par des vendeurs un peu trop zélés. Donc c’est un travail sur l’image avant même de parler de l’insalubrité autour du marché. Il s’agit de la place de la République, le statu quo n’était pas acceptable. Par ailleurs, j’avais reçu les commerçants du marché couvert qui m’avaient fait part de leur situation très difficile : sur les 250 box à l’intérieur, une centaine avait déjà fermé, à cause de la concurrence déloyale qui s’étalait devant la structure, sans avoir à payer ni charge ni loyer, rien. Or ces commerçants eux aussi ont des familles, et des bouches à nourrir. Enfin, il m’avait été rapporté par les renseignements généraux que cette place faisait aussi la part belle aux trafics de faux papiers ou faux billets. En tant que maire de Mamoudzou, je ne pouvais pas laisser la situation perdurer. Mais j’ai quand même pris le soin d’inviter tous les premiers concernés pour leur expliquer et pour tâcher de trouver ensemble des solutions. Nous ne nous sommes d’ailleurs pas arrêtés aux vendeurs du marché, mais nous sommes allés voir toutes les dames qui vendent au bord de la route, nous avons fait des réunions à Kawéni, Doujani, Cavani… À chaque fois pour leur expliquer que nous avions tous besoin que Mamoudzou change de visage, et aussi pour respecter des enjeux sanitaires et sécuritaires. Nous avons fait en sorte d’accompagner les vendeurs sur les parties réglementaire et administrative. Avec ce travail nous pourrons délimiter des espaces, avec des personnes autorisées à vendre, dans de meilleures conditions. Sans prétendre être fixé sur la date, je pense que d’ici début juin ou début juillet, tout cela sera mis en place de telle sorte que nous ne tolérerons plus des vendeurs à la sauvette qui ne seraient pas en règle.

FI : Et au sujet des Assises ? Vous parliez justement de ces violences qui avaient chamboulé votre début de mandature… Comment appréhendez-vous ces événements, qui nous le savons, interviennent de manière cyclique ? Quelle stratégie portez-vous ?

A.S. : La meilleure stratégie résulte des Assises, qui permettent d’impliquer tout à la fois les parents, les associations, les représentants religieux et l’ensemble des partenaires institutionnels et économiques. Il y a aussi le pacte de sécurité signé avec le préfet qui nous permet de travailler main dans la main pour enrayer cette problématique de l’insécurité. Tous les mois, nous faisons un point étape sur les engagements des uns et des autres ce qui permet de réajuster ce qui doit l’être. Nous travaillons aussi pour détruire les constructions insalubres, nous avons réalisé une opération en ce sens à Kawéni Poste récemment, dans des espaces non habités mais que des jeunes pouvaient fréquenter avec leurs chiens. Sans parler de la situation très difficile vécue à Cavani, notamment par des Africains qui vivaient à même le sol sur des matelas, ce qui a pu poser des problèmes dans le quartier. Nous avons fait le choix de les déloger, et tout cela s’inscrit dans la traduction concrète du pacte. C’est aussi notre engagement de notre côté à augmenter chaque année nos effectifs de police municipale. D’ici le début de l’année, nous devrions recruter 5 agents pour compléter nos équipes et nous sommes en train de réorganiser nos services pour être au plus près de nos habitants. Dans le pacte, nous nous sommes engagés à créer deux annexes, deux postes avancés, l’un au niveau de Passamaïnty et un autre vers Kaweni. Ce qui permettra à la police municipale d’intervenir très rapidement.

FI : Vous parlez de l’opération de nettoyage à Kawéni Poste, où un gros chantier se prépare avec l’ANRU, 150 millions d’euros sont sur la table… Mais trop souvent à Mayotte, les habitants ont le sentiment que nettoyer ne suffit pas, et que les projets ne sortent pas de terre à temps. Comment faire pour éviter que cette zone ne redevienne justement une zone de non-droit ?

A.S. : Vous avez raison. Et quand on parle de rénovation urbaine, surtout dans des quartiers comme Kawéni, dans des poumons économiques tels, nous ne pouvons agir seuls. C’est notamment pourquoi, dans le cadre de ma mission à Paris, j’ai rencontré le directeur de l’agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) avec qui nous avons parlé de ce sentiment d’exaspération qu’ont les Mahorais à voir des projets qui traînent des pieds. Donc je le dis aujourd’hui : dès l’année prochaine, nous allons commencer les premiers travaux dans la rue SPPM et nous allons enchaîner avec tous les autres chantiers. Et oui, il faut aller vite. D’où l’importance d’associer très en amont tous les partenaires : je pense à l’assainissement avec le SMEAM, à l’électricité avec EDM, mais aussi aux services de l’État et à la SIM. C’est cette nouvelle gouvernance que j’essaie de mettre en place. Nous ne construirons pas le Mamoudzou de demain en restant chacun de notre côté.

FI : Il y a pourtant un autre sujet, où là, ça coince. La rumeur disait que vous souhaitiez la dissolution de la Cadema… Vous parlez d’aller vite, mais quid du Caribus, un projet vieux de plus de dix ans, et comment survivra-t-il d’une dissolution de l’intercommunalité qui le porte ?

A.S. : Oui, la ville de Mamoudzou a écrit officiellement au préfet le 19 novembre dernier pour demander la dissolution de l’entité Cadema sur ses limites actuelles. Comprenez-bien : en vous parlant de ce sujet, je distingue présidence et gouvernance. Qui, aujourd’hui, peut comprendre que la commune chef-lieu de Mayotte et ses 71.000 habitants, qui apporte la plus grosse part dans les finances de la Cadema, soit écartée de fait de la gouvernance de l’intercommunalité ? Je l’ai aussi rappelé dans mon courrier envoyé au préfet : en raison d’une décision de l’ancienne gouvernance, Mamoudzou concentre toutes les réunions, c’est même, ici, à l’Hôtel de ville, que le siège de la Cadema a été officiellement fixé. C’est aussi Mamoudzou qui apporte la plus grosse part financière je le redis : tous les salaires des agents de la Cadema sont faits par notre direction des ressources humaines. Quant à l’aspect informatique, rien ne fonctionnerait à la Cadema sans notre service informatique ici, qui fait fonctionner tous les réseaux. Le président de la Cadema a été élu, ce n’était pas mon choix. Mais cela ne m’a pas empêché deux semaines plus tard de l’inviter pour lui dire de manière très ouverte “vous êtes mon président, la seule chose que je vous demande c’est de sortir de l’idée que vous voulez prendre votre revanche sur Mamoudzou”. On ne peut pas me reprocher le bilan de l’ancien maire Majani. Donc j’ai exprimé mon souhait de travailler intelligemment, et de ne pas écarter la majorité municipale de la gouvernance, car cela ferait courir un risque à la Cadema. J’arrive un jour à une réunion du conseil communautaire, la deuxième après l’installation de la présidence et des conseillers, et j’entends le président demander à “l’opposition” – donc la majorité municipale – de déposer sa liste des membres qui vont siéger dans les commissions thématiques au secrétariat. Mais une intercommunalité ne peut pas se réduire à une opposition et une majorité, c’est une entité qui doit travailler au service des deux communes. J’ai regretté cette décision, surtout que Mamoudzou, en tant que premier financeur de la Cadema, ne pouvait pas être ainsi exclue de sa gouvernance. Surtout au vu des enjeux. Vous parliez du Caribus ? En 2012, il s’agissait du transport en commun urbain (TCU). Ce projet n’a pas commencé avec la Cadema, et il peut finir sans. Ma réponse est claire : ce n’est pas parce que la Cadema n’existera pas sous sa forme actuelle que le Caribus ne sera pas maintenu. Mais nous ne pouvons pas laisser perdurer cette entité avec deux communes aussi disparates. Ne serait-ce que pour préparer l’avenir. La décision que je prends aujourd’hui est le gage d’un meilleur avenir de développement pour l’ensemble de notre territoire. Donc oui, j’ai envoyé le courrier au préfet et le 22 janvier prochain, je réitérerai cette demande devant le conseil municipal, pour dissoudre la structure et en changer le périmètre. Car préparer l’avenir de ceux qui viendront prendre ma place, c’est la mission qui m’a été confiée par les électeurs et la population de Mamoudzou.

FI : Vous avez donné rendez-vous aux Mahorais lors d’un live Facebook ce jour. Pourquoi le besoin de s’adresser ainsi à la population ?

A.S. : Parmi les engagements que j’avais pris figurent celui d’être un élu de proximité, un élu qui s’adresse chaque fois que c’est utile à ses administrés. Et ce, à travers tous les canaux qui existent. J’estime qu’il s’agit là d’un devoir d’élu, de rendre compte de son action. Et l’idée de ce live c’est aussi de permettre à tous de s’adresser directement et sans filtre au maire de Mamoudzou. Nous sommes en fin d’année, après six mois rendus difficiles par cette crise sanitaire. J’aurais aimé faire un grand rassemblement pour fêter l’année 2021, mais la situation ne le permet pas. Nous faisons donc ces vœux numériques avec l’ensemble de nos concitoyens.

Meeting de La Réunion : retour gagnant pour les Mahorais

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Nasrane Bacar en égérie de l’athlétisme mahorais a remporté les 100 et 200 mètres du meeting de La Réunion d’épreuves combinées : événement majeur de la saison de la FFHB, où concourait la star mondiale du décathlon, le Français Kévin Mayer. Une première sortie remarquée pour le CDAM et son nouveau président Sébastien Synave.

Le comité départemental d’athlétisme de Mayotte (CDAM) était invité au meeting de La Réunion d’épreuves combinées, organisé par la Ligue réunionnaise d’athlétisme le week-end dernier. Un meeting au retentissement médiatique national, d’autant plus qu’une qualification pour les Jeux Olympiques était en jeu pour l’une des étoiles de l’athlétisme français.

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Au stade olympique Paul-Julius Bénard de Saint-Paul, Kévin Mayer a réalisé les minimas des JO. Le recordman du monde de décathlon sera bien de la partie avec les Bleus, en juillet et août 2021 à Tokyo. Cet événement sportif, la délégation de Mayotte l’a donc vécu au plus près. Djassim Ahamada, Johan Andrade, Kamel Zoubert et consorts ont côtoyé la star française tout au long du rendez-vous réunionnais. « Kévin Mayer et Gaël Quérin, autre membre de l’équipe de France qui faisait son dernier décathlon de sa carrière, n’ont pas la grosse tête. Au contraire, ils se sont montrés hyper accessibles avec nos athlètes. Ils ont passé la soirée d’après meeting avec tout le monde, à s’amuser et à faire les idiots », se souvient Sébastien Synave, président du CDAM.

Si le Valdoisien vice-champion olympique en 2016 à Rio était la tête d’affiche du meeting, Mayotte n’était pas en reste. En effet, la délégation de l’île au lagon comptait elle aussi une internationale française dans ses rangs : la Chironguienne Nasrane Bacar, championne de France en salle 2019 du 60 mètres dames et membre de l’équipe de France d’athlétisme au championnat d’Europe en salle, la même année à Glascow.

 

Nasrane Bacar, une valeur sûre pour Mayotte

 

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Licenciée à l’Union Sportive Talence, celle qui a été élue Mahopolitaine 2019 (meilleure sportive mahoraise évoluant hors du territoire) aux derniers trophées du Sportif de l’année a répondu à l’appel du comité départemental mahorais pour représenter son territoire lors de ce rendez-vous régional. Et la sprinteuse mahoraise a été à la hauteur de son rang, en remportant les finales du 100 mètres et du 200 mètres dames du meeting. « Nous devions au départ participer à un match « océan Indien ». Au vu de la situation sanitaire, les îles concurrentes n’ont pu faire le déplacement. Ce qui ne m’a pas empêché de pouvoir représenter ma petite île et gagner les épreuves régionales prévues. Merci à la ligue réunionnaise d’athlétisme pour l’invitation et le super accueil. Un très grand merci au comité départemental d’athlétisme de Mayotte pour l’initiative », a publié l’athlète sur sa page officielle Facebook. Une initiative que le CDAM ne manquera pas de rééditer. « Pour qu’il y ait un minimum de visibilité de l’athlétisme mahorais, autant faire appel à des valeurs sûres », affirme Sébastien Synave. « Si on était concerné demain par une invitation sur une épreuve de triple saut ou de longueur, j’entreprendrais probablement la même démarche avec Jeanine (Assani Issouf, multiple championne de France du triple saut féminin, originaire de Hamjago, ndlr). D’ailleurs, l’une des discussions, l’une des idées qu’on a pu avoir avec Nasrane et Djassim, était de lancer rapidement un recensement des athlètes mahorais de métropole : des athlètes performants. »

 

« Un travail de fond à mener sur les athlètes locaux »

 

Certes, le CDAM souhaite s’appuyer sur des valeurs sûres basées dans l’hexagone, mais il sait pertinemment que l’essentiel se trouve ailleurs. « Au-delà du fait de procéder à ce recensement des athlètes de l’extérieur, il y a surtout un travail de fond à mener sur les athlètes locaux. Un travail de fond qui va être clairement de la détection (…). Il y a des idées à valider avec le comité directeur, mais ça pourrait être par exemple inviter le plus souvent possible les athlètes de l’UNSS sur les compétitions fédérales », souligne le président du Comité.

L’UNSS et son vivier de jeunes athlètes, qui avait notamment révélé Myriam M’lazahahé, ancienne sprinteuse du Racing Club de Mamoudzou, formée par Sébastien Synave et sélectionnée en équipe de France junior pour le championnat d’Europe au début des années 2010. « Aujourd’hui, quand je regarde la composition de l’équipe de France dans le 4X400, il y a deux filles qui couraient avec elle. Et Myriam les battait… Il va falloir repasser par cette étape d’aller chercher les petits. De ces petits, naturellement, certains sortiront du lot. Et c’est là qu’il faudra qu’on soit bon, en leur donnant goût à la pratique. »

Mais la réussite du CDAM passera également par la formation « à tous les niveaux », l’acquisition de nouveaux matériels dont un chronomètre électronique, ou encore la création d’infrastructures dont une piste en Grande Terre, « urgence absolue pour pouvoir faire pratiquer les jeunes qu’on aura détecté », estime le dirigeant. Un ensemble de défis que le comité départemental se dit prêt à relever pour, une bonne fois pour toute, redresser l’athlétisme mahorais.

Mayotte : l’heure de regarder dans le rétro de l’année 2020 (3/3)

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Chaque fin d’année, le rituel est le même. Chacun jette un œil derrière son épaule, pour regarder le chemin parcouru, les résolutions tenues. Pourtant, cette année, ce chemin n’a ressemblé à aucun autre. Nos résolutions ? Le confinement les a souvent mises à mal. Nos projets ? Reportés pour raisons sanitaires. Alors une dernière fois, regardons les événements qui, depuis presque 365 jours, ont marqué nos vies. Et demandons-nous comment chacun, à son échelle, peut faire de 2021 une année meilleure.

 

Septembre : de drame en drame

 

Le mois de septembre s’ouvre sur les chapeaux de roue. Dès le 1er, les quatre parlementaires, le président de l’association des maires et deux représentants du conseil départemental rencontrent pour la première fois, le nouveau ministre des outre-mer né du remaniement, Sébastien Lecornu, à Paris. Insécurité, contrôle aux frontières, compétences régionales, fonds européens… De nombreux sujets sont balayés, et les figures mahoraises estiment avoir rencontré un ministre investi et à l’écoute.

Mais le climat d’insécurité ne faiblit pas pour autant. Pendant plusieurs jours, Combani et Miréréni deviennent la scène de violences inouïes. Des affrontements éclatent, une dizaine de voitures et quelques maisons sont incendiées, contraignant les habitants à s’enfermer chez eux. La situation apaisée, le préfet convoque un point presse à Combani. Mais les violences reprennent, et la réunion se tient finalement à Tsingoni. Là, Jean-François Colombet fera une annonce inédite : le délégué du gouvernement envisage de déchoir de leur titre de séjour les parents de jeunes condamnés pour des faits de violences sur la voie publique. « Je réunirai la Commission des titres de séjour, la loi m’y autorise, pour regarder si nous suspendons ou si nous supprimons les titres de séjour de ceux qui n’auront pas rempli leurs devoirs à l’égard de leurs enfants« , a ainsi déclaré Jean-François Colombet. Mais d’un point de vue constitutionnel, un tel dispositif apparaît rapidement difficile, si ce n’est impossible, à mettre en œuvre. Les jours suivants, plusieurs personnes sont arrêtées puis placées en détention provisoire ou sous contrôle judiciaire pour leur implication dans les événements de Combani.

De leurs côtés, les pompiers poursuivent leur mouvement de grève sans relâche. Mais en pleine pénurie d’eau, et alors que les coupures s’intensifient à raison de 24h par semaine et par localité, les soldats du feu inondent la façade du conseil départemental. L’image choque, au point que le préfet décide d’intervenir. Une réunion de sortie de crise est immédiatement organisée. Le 12 septembre, un protocole de fin de conflit est signé. Peu de temps après, la nouvelle tombe : le tant controversé colonel Terrien, directeur du centre départemental d’incendie et de secours, quitte l’île aux parfums. Un soulagement pour ceux qui des semaines durant ont tenu le piquet de grève. Pourtant, cela n’empêchera pas les pompiers de l’aéroport de déposer un préavis de grève illimité, craignant le non-renouvellement de leur contrat.

Mi-septembre, l’état d’urgence sanitaire, alors encore en vigueur en Guyane et à Mayotte et prévu jusqu’au 31 octobre, est levé. Signe que l’épidémie, bien que toujours active, est en perte de vitesse sur le territoire depuis le pic du mois de mai. Mais certaines restrictions demeurent toujours de mise, notamment concernant les rassemblements. Toutefois, les voyageurs à destination de La Réunion ne sont plus, pour la première fois depuis des mois, soumis au dépistage obligatoire, pendant que la reprise progressive des vols vers Madagascar s’organise petit à petit. Aussi, après six mois de suspension, les activités sportives scolaires peuvent enfin reprendre elles aussi. Fin septembre, 3.714 cas de Covid étaient confirmés à Mayotte depuis le début de l’épidémie, pour 82 passages en réanimation et 41 décès.

Le 25 septembre, un kwassa en provenance d’Anjouan chavire au nord de Mayotte. 10 des 24 passagers de l’embarcation de fortune trouvent ainsi la mort, emportés par les marées alors particulièrement fortes. Parmi eux, un enfant de sept ans. Dès le lendemain, cinq personnes sont placées en détention provisoire pour aide à l’entrée, au séjour et à la circulation d’étrangers commise en bande organisée et pour homicide involontaire.

Octobre : les violences continuent, l’état d’urgence sanitaire revient

 

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Le 9 octobre en plein après-midi, des bandes rivales de Doujani et Passamaïnty décident d’en découdre. Les pierres pleuvent, deux bangas sont incendiés. Au collège, le principal fait interrompre la dernière heure de classe pour évacuer quelque 1.000 élèves à la hâte. Au même moment, des individus armés de pierres et de couteaux déboulent depuis les rues de Cavani, poussant le supermarché Baobab à baisser les rideaux de fer pour mettre en sécurité les clients encore présents dans le bâtiment. Devant les yeux apeurés de quelques témoins qui ont pu filmer la scène, un jeune est alors pris à partie. La vidéo, qui a largement circulé sur les réseaux sociaux pendant le week-end, montre au moins cinq individus le mettre à terre, le rouer de coups et le laisser pour mort. Il sera évacué au CHM dans un état critique. Au total, quatre personnes seront hospitalisées, dont trois en réanimation. La nuit suivante, tous les effectifs du commissariat sont mobilisés, Entre 1h30 et 4h30 du matin, aucune ambulance, SMUR ou camion de pompiers ne peut partir en intervention, tant la situation est tendue. Aux portes du CHM, des jeunes font irruption, contraignant la police à intervenir. Une scène inédite.

Moins d’un mois après avoir été levé, l’état d’urgence sanitaire fait son grand retour à Mayotte, avec toutefois moins de restrictions. Quelques semaines plus tard, alors que le gouvernement annonce un second confinement en France, l’île, où l’épidémie de Covid continue sa perte de vitesse, y échappe. Le port du masque devient toutefois obligatoire dans l’espace public. Au 28 octobre, 151 nouveaux cas de Covid étaient enregistrés à Mayotte en une semaine, portant à 4.321 le nombre total de cas.

Alors que la grève des employés du laboratoire privé vient à peine de se terminer afin de ne pas gêner davantage les patients, ce sont cette fois les effectifs de l’agence régionale de santé qui, en pleine crise sanitaire, décident d’entamer un mouvement illimité. Parmi les revendications, le départ du directeur de la santé publique, l’élaboration d’un organigramme et l’application de la charte des valeurs rédigée par les agents. La grève durera jusqu’au début du mois suivant.

Puis, Mayotte prépare l’arrivée d’Adrien Taquet, représentant ministériel de la protection de l’enfance et des familles, en visite pour quelques jours. Il y rencontrera l’ensemble des acteurs institutionnels et associatifs impliqués dans ce volet de l’action sociale, et annoncera une enveloppe de deux millions d’euros dédiés à leur développement.

Fin octobre, des centaines de demandeurs d’asile, essentiellement originaires de la région africaine des Grands Lacs, manifestent à Cavani. Ils dénoncent les inégalités de traitement qui subsistent entre Mayotte et la métropole, contraignant nombre d’hommes, femmes et enfants, à dormir chaque nuit dans la rue, sous la pluie, sans abri, argent, ou considération. Une situation exacerbée par l’arrêté municipal pris quelques semaines plus tôt à Mamoudzou, interdisant la vente à la sauvette dans le chef-lieu, source principale de revenus pour la plupart d’entre eux. Ils sont alors nombreux à avoir été mis à la porte de leur logement, souvent vétuste, pour loyer impayé. En amont, les opérations de destruction de l’habitat illégal orchestrées par la préfecture se multiplient aux quatre coins de l’île.

 

Novembre : le bruit des vagues

 

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Le mois s’ouvre avec un événement inédit, demandé depuis des années par le député Mansour Kamardine : les assises de la sécurité organisée par la municipalité de Mamoudzou. A travers une série de rencontres et d’ateliers, politiques, associations et même écoliers prennent la parole pour faire émerger les actions à mettre en œuvre. Quelques jours plus tôt, une vaste étude préalable à l’installation de l’observatoire de la violence à Mayotte était dévoilée. Sociologues et auteurs y retracent les origines du phénomène, l’impact du changement de statut de l’île et des traditions locales. Une première.

Quelques jours plus tôt, une centaine de jeunes terrorisaient la commune de Koungou, pendant qu’un homme atteint de troubles psychiatriques menaçait, chumbo en main, les passants. En réponse et pour éviter tout danger, un gendarme a tiré sur l’individu au niveau de l’épaule. Il a ensuite été conduit au CHM puis placé en garde à vue. De nombreuses dégradations, agressions et incendies ont été recensées dans la nuit.

Alors que Sébastien Lecornu, ministre des outre-mer, et Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, étaient attendu à la fin du mois pour leur première visite à Mayotte, le rendez-vous est repoussé, pour une question d’agenda, au début du mois suivant. Avant d’être une nouvelle fois annulé. Une visite d’un autre genre a toutefois bel et bien eu lieu au début du mois, celle du député européen LR François-Xavier Bellamy. Il a notamment rencontré le Grand Cadi, Hamada Mahamoud Sanda, pour échanger sur la laïcité et le projet de loi contre les séparatismes, au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’Histoire-Géographie, décapité à Conflans-Sainte-Honorine, après avoir donné un cours sur la liberté d’expression illustré par des caricatures de Charlie Hebdo.

Le 25 novembre, le GIGN intervient à Dzoumogné. Devant le collège et le lycée, des bandes rivales se font face depuis plusieurs heures. Mais rapidement, personnel pédagogique et élèves doivent se réfugier dans les salles de classe. La situation dégénère au point que les forces de l’ordre demandent aux commerçants de fermer boutique. Plusieurs tentatives d’évacuation des élèves par bus sont avortées. Alors que les premiers heurts ont démarré à six heures, les derniers jeunes seront évacués à 19h30. Le lendemain, les professeurs décident d’exercer leur droit de retrait.

A la fin du mois, un kwassa sanitaire dépose un homme blessé sur une plage de Bouéni. Victime d’un accident à Anjouan, il a été transféré au CHM, avant de signaler la présence de trois autres embarcations dans la zone, transportant une vingtaine de personnes au total. Quelques semaines plus tôt, un jeune étudiant en médecine dévoile un moyen métrage amateur, dans lequel il filme la traversée qu’il a lui-même réalisée en kwassa, avec plusieurs clandestins. Un témoignage mal reçu par une partie de la population.

Bien que plus discrète, l’épidémie de Covid demeure bien présente. Au 30 novembre, un bilan fait état de 5.181 cas confirmés, pour 554 hospitalisations totales et 97 passages en réanimation depuis le mois de mars et 49 décès.

 

Décembre : entre espoir et désillusion

 

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Le 1er décembre, Yann Le Bris prend ses fonctions de nouveau procureur de la République et succède ainsi à Camille Miansoni. Dans le même temps, le Département inaugure le pôle d’excellence rural de Coconi, un projet vieux de 15 ans sur lequel pourront s’appuyer les quelque 200 producteurs d’ylang-ylang de l’île aux parfums.

Cette bonne nouvelle n’est d’ailleurs pas la seule. Après deux ans d’absence, la compagnie Corsair se pose à nouveau à Mayotte, d’où elle opère désormais deux vols hebdomadaires, et jusqu’au double dès le mois de juin prochain. Quelques jours plus tôt, les conseillers départementaux votaient à l’unanimité une enveloppe de 80 millions d’euros pour la réalisation de la piste longue, dont le coût total de la réalisation est estimé à 250 millions. Une partie de ces fonds devraient être financés par l’État et l’Europe.

Autre combat de longue haleine, une proposition de loi déposée par le sénateur mahorais Hassani Abdallah, en faveur de l’apprentissage « des langues et cultures régionales appartenant au patrimoine de la France« . En clair, le texte, encore en discussion, pourrait permettre l’apprentissage du kibushi et du shimaoré à l’école.

Le 6 décembre, à l’issue d’un match de football organisé en Petite-Terre, alors que les joueurs regagnent leur bus, ils sont victimes de jets de pierres lancées par une cinquantaine d’individus. 13 jeunes sont blessés, dont quatre dans un état grave. L’un des auteurs est interpellé et déféré. Le lendemain matin, d’autres jeunes ont pris à partie, cette fois, la barge, la contraignant à faire demi-tour. Une jeune fille qui s’apprêtait à en sortir a alors été blessée.

Trois jours plus tard, des émeutes éclatent à Kahani, où une cinquantaine de jeunes tentent de s’introduire dans le lycée, armés de pierres, couteaux et barres de fer. Habitants et lycéens se barricadent, en attendant l’arrivée des forces de l’ordre. Plusieurs heures plus tard, le calme reviendra dans la commune. Moins d’une semaine après, c’est cette fois Combani qui est assiégée. Ses magasins sont cambriolés, incendiés, ses habitants caillassés et agressés. Les jours suivants seront marqués par de nombreuses ripostes.

Puis, samedi dernier, les habitants de Koungou se réveillent en découvrant les barrages fraîchement installés. La gendarmerie, face aux bandes de jeunes, boucle le périmètre. Aux origines de ce nouveau chaos, le décès de Mhamadi Mroivili, dit Raoul, bousculé par des jeunes alors qu’il roulait en scooter. Père de famille et médiateur, il était aussi un ancien élu de la commune.

Mayotte : L’heure de regarder dans le rétro de l’année 2020 (2/3)

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Chaque fin d’année, le rituel est le même. Chacun jette un œil derrière son épaule, pour regarder le chemin parcouru, les résolutions tenues. Pourtant, cette année, ce chemin n’a ressemblé à aucun autre. Nos résolutions ? Le confinement les a souvent mises à mal. Nos projets ? Reportés pour raisons sanitaires. Alors une dernière fois, regardons les événements qui, depuis presque 365 jours, ont marqué nos vies. Et demandons-nous comment chacun, à son échelle, peut faire de 2021 une année meilleure.

 

Mai : ministre, déconfinement et séquestration

 

Dès le début du mois, de nouveaux affrontements sont perpétrés en marge de mourengués, notamment à Mamoudzou, en dépit des mesures de confinement. Le 4 mai, Abdourahamane Ben Omar, le grand imam de la grande mosquée de Mamoudzou et figure religieuse emblématique de l’île, décède.

Le même jour, le premier ministre Édouard Philippe annonce le report du déconfinement à Mayotte, où le virus circule encore très activement. Le lendemain, dans le plus grand secret, Annick Girardin, alors ministre des Outre-mer, atterrit à Mayotte avec l’avion présidentiel venu apporter des masques, des respirateurs et un automate permettant de réaliser plus de tests PCR, alors que le laboratoire privé pointait du doigt les manques de réactifs. Une visite décidée à la dernière minute et marquée notamment par la visite du CHM. Au programme, pas d’annonce fracassante, mais une volonté de l’État de montrer son soutien aux Mahorais.

En parallèle, la caserne de Kahani, dont les pompiers dénonçaient depuis des mois l’état de délabrement menaçant leur sécurité, est attaquée par une cinquantaine d’individus. Les véhicules sont pillés, vandalisés, des groupes électrogènes volés. Quelques semaines plus tard, une personne tente de s’introduire en pleine nuit dans le dispensaire de Kahani, particulièrement exposé à l’insécurité. Son personnel décide alors de faire valoir son droit de retrait.

À la fin du mois, deux Petits-Terriens sont mis en examen et incarcérés pour des faits de violence, enlèvement et séquestration commis sur un jeune homme de 23 ans, alors encore disparu, soupçonné par les habitants de Labattoir d’actes de délinquance. Au lendemain de sa disparition, deux personnes s’étaient alors spontanément présentées à la gendarmerie, expliquant leur geste par l’inefficacité de la réponse judiciaire. Or, la décision de leur condamnation a déclenché plusieurs manifestations, parfois jusqu’aux portes du tribunal. Le procureur de la République d’alors, Camille Miansioni, est devenu la cible de critiques et injures, une partie de la population ayant jugé la détention des deux hommes être en inadéquation avec l’intérêt des Mahorais.

Le 27 mai, un kwassa sanitaire, en provenance des Comores, débarque de nuit à Bandrélé. À son bord, deux pilotes, deux jeunes adolescents et leur père, dans un état critique. L’homme de 60 ans décédera quelques minutes plus tard, devant un arrêt de bus. À ce stade, nul ne sait si sa mort est imputable au Covid, alors que l’union comorienne prétend n’avoir encore eu aucun cas sur son sol.

À Mayotte, le dernier bilan du mois fait état de 1.871 cas confirmés pour 23 décès. Faute de réactifs, aucun test n’a été réalisé pendant plusieurs jours.

 

Juin : la mer, la mort, les maires

 

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Dès le 2 juin, le déconfinement s’organise à Mayotte, 20 jours après sa première phase en métropole. Sous certaines conditions, bars, cafés et restaurants sont partiellement autorisés à rouvrir. Les hôtels, restés ouverts, déplorent toutefois encore l’absence totale de clients. La réouverture de l’aéroport est quant à elle repoussée. Alors que seule une quinzaine d’établissements du premier degré avaient déjà rouvert leurs portes la semaine précédente, toutes les écoles ont désormais l’obligation d’accueillir les élèves de façon progressive, si les gestes barrières peuvent y être respectés. À l’instar du territoire national, l’oral du bac de français est annulé sur l’île.

Alors que les dépistages massifs de Covid-19 se poursuivent au centre pénitentiaire, les représentants du personnel dénoncent un manque d’anticipation de la direction et de l’ARS, potentiellement dangereux pour les détenues et les employés. Dans le même temps, le personnel du dispensaire de Kahani durcit son droit de retrait et décide de l’exercer totalement.

Mi-juin, le corps d’une femme âgée d’une soixantaine d’années est découvert sur une plage du Sud. En réaction, le collectif des citoyens décide d’organiser des rondes pour s’opposer à la prise en charge médicale des malades évacués en kwassa depuis les Comores.

Le 14 juin, Mayotte pleure Khams, ou Kamardine Hassani, l’un de ses humoriste et comédien les plus talentueux. La veille, l’homme avait disparu en mer lors d’une sortie en jet-ski. De nombreuses embarcations étaient alors parties à sa recherche. Le corps sera finalement retrouvé par des pêcheurs le lendemain matin, sous les larmes des Mahorais qui ont multiplié les hommages.

Le 16 juin, un homme de 59 ans est retrouvé mort près de son domicile à Chiconi. Rapidement, la piste de l’homicide est privilégiée. Une semaine après les faits, une première personne est placée en garde à vue puis mise hors de cause. Elle permettra toutefois de confirmer l’implication d’un autre suspect, par la suite mise en examen et placé en détention provisoire.

À la fin du mois, un corps sans vie est découvert aux Badamiers, en Petite-Terre. Immédiatement, les enquêteurs pensent qu’il s’agit du jeune homme disparu et séquestré un mois plus tôt. Courant juillet, la dépouille sera formellement identifiée comme étant la sienne. En faisant état d’un corps « de race négroïde », le procureur Camille Miansoni déclenchera malgré lui une nouvelle polémique. Quelques semaines plus tôt, Mayotte apprenait la nouvelle de sa mutation à Brest.

Le second des tours des élections municipales se tient à la fin du mois. Alors que la métropole brille par son abstentionnisme, le scrutin mobilise fortement les Mahorais, puisque 72% des électeurs ont fait le déplacement jusqu’aux urnes. Sur les 16 communes candidates au second tour, sept d’entre elles ont vu les candidats se départager avec seulement 100 voix ou moins d’écart. Dans l’ensemble, les candidats centristes ont siphonné ceux de la gauche. Aucune femme ne ressortira victorieuses de ces élections, où, à plusieurs reprises, le non-respect des gestes barrières a été pointé du doigt.

Au 27 juin, Mayotte enregistrait 2.540 cas de Covid-19 pour 35 décès. À ce stade, 34 patients étaient hospitalisés, dont cinq en réanimation.

 

Juillet : les violences repartent, les grèves aussi

 

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Le coronavirus fait son entrée au centre de rétention administrative, rouvert le mois précédent. Associations et syndicats de police montent alors au créneau pour dénoncer un protocole sanitaire « tardif et insuffisant » entre les murs de l’enceinte et une certaine rétention d’informations concernant les cas positifs. Dans le même temps, le gouvernement envisage de mener en Guyane et à Mayotte des essais thérapeutiques pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Mais face à la grogne de la population, le projet est avorté.

À la suite d’un regain de violences entre bandes rivales à Hamjago, la riposte s’est organisée en plein jour. Un événement qui, selon les habitants, aurait provoqué la crise cardiaque d’une commerçante, décédée en tentant de sauver un jeune en train de se faire agresser.

Du côté des pompiers, le torchon brûle. Après avoir déposé un préavis de grève le 30 juin, les soldats du feu enclenchent leur mouvement, espérant enfin faire entendre leurs revendications à leur direction. Parmi elles, la sécurisation des casernes, notamment celle de Kahani, et la fin de la discrimination raciale dont les pompiers s’estiment être victimes. Pour le laboratoire privé de l’île, l’heure est aussi à la grève, les employés considérant qu’un précédent protocole de fin de conflit n’était pas respecté. Au cœur de la grogne, les salaires, restés les mêmes, alors qu’une revalorisation avait été promise par la direction.

Pour l’enseigne Jumbo, l’heure est aussi à la grève, là aussi, majoritairement pour des raisons salariales et de mauvais traitement. Sur le parking du supermarché de Kawéni, les employés tiennent le piquet nuit et jour, et accusent régulièrement la direction de violences et discriminations à leur égard. La grève durera au total 71 jours, et sera marquée par le suicide de l’un des salariés.

Puis, l’insécurité revient. Trévani s’embrase dans un incendie volontairement déclenché par une bande de jeunes. Aucun blessé n’est alors à déplorer, mais plusieurs domiciles ont été détruits par les flammes. Une soixantaine d’occupants ont ainsi été évacués et deux familles relogées. Un scénario similaire s’était joué à Labattoir quelques semaines plus tôt.

Moins d’un mois après le meurtre d’un retraité à Chiconi, un père de famille perd la vie à M’tsapéré mi-juillet, en marge d’émeutes déclenchés par des dizaines de jeunes. Les premières auditions permettront d’identifier l’un des meneurs, un jeune majeur déjà enfermé à Majicavo pour des faits similaires.

Fin juillet, l’île affiche 2.824 cas de Covid, pour 38 décès, dont trois à La Réunion, faisant suite à des évacuations sanitaires. La commune de M’tsamboro, où le virus circule particulièrement, est provisoirement reconfinée.

 

Août : sur le chemin de l’école

 

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Au début du mois, un restaurant de Combani se fait attaquer par une vingtaine de jeunes en soirée, alors que l’établissement s’apprêtait à fermer ses portes. Gendarmes, pompiers et secours dépêchés sur place sont contraints de s’y barricader, laissant la voie libre aux agresseurs pour piller leurs véhicules d’intervention. Quelques jours plus tôt, un transport sanitaire avait été pris à partie à Dzoumogné. Dès lors, forces de l’ordre et services médicaux mobiles décident de travailler main dans la main pour sécuriser le transfert des malades, particulièrement sensible lorsque celui-ci fait suite à un beachage de kwassa.

Alors que la pleine reprise des cours est prévue le 24 août, les transporteurs scolaires menacent de ne pas être au rendez-vous. En cause : les termes de l’appel d’offres de marché public de transport scolaire, fraîchement lancé par le conseil départemental. Jusqu’alors, la collectivité stipulait qu’en cas de changement de délégataire, le transfert des employés de Matis vers la nouvelle société serait automatique, garantissant de fait le maintien des avantages acquis depuis le début de l’exploitation de Matis, en 2010. Une clause en vigueur depuis la même année mais qui ne figure plus dans le nouvel appel d’offres, selon lequel la reprise des contrats de l’entreprise sortante demeure, certes, possible, mais plus obligatoire. Finalement, un accord sera trouvé in extremis avec le Département.

Nouveau drame le 9 août : une enfant de cinq ans se noie sur la plage de Trévani, après avoir échappé à la vigilance de sa tante. Malgré de longues recherches menées notamment par les clients de l’hôtel adjacent, la marée recrachera le corps inanimé de la petite.

La semaine du 15 août aura marqué les esprits, particulièrement du côté de Koungou et Mamoudzou. Des jours durant, des barrages sont érigés, des habitants agressés, une case en tôle criminellement incendiée. Appelés sur place, les pompiers sont contraints de faire demi-tour face à la pluie de pierres qui s’abattent sur eux. En marge des affrontements, le corps d’un jeune homme est découvert à Kawéni. Quatre blessés graves sont évacués au CHM. Peu de temps après, bloqués par un barrage à Passamaïnty, des automobilistes décident de prendre les pierres à leur tour face aux jeunes émeutiers venus manifester contre le manque de bus. Une nouvelle fois, les Mahorais décident de prendre eux-mêmes les choses en main face à l’insécurité grandissante.

Le 24 août, tous les élèves de l’île reprennent le chemin de l’école, dans des conditions particulières, bien que le protocole sanitaire ait été allégé en milieu scolaire. Face à l’impossibilité de faire respecter les gestes barrières, certains établissements repoussent la date de retour des élèves, pendant que les syndicats dénoncent une prise de risque généralisée à toute l’île.

Autre situation qui ne tardera pas, elle aussi, à concerner l’ensemble de l’île : la pénurie d’eau qui guette. Fin août, la préfecture ordonne les premiers tours d’eau, alors nocturnes uniquement, afin de faire face au manque de remplissage des deux retenues collinaires, principale source d’eau pour les Mahorais. Mais alors que les prévisions météorologiques concernant l’arrivée de la prochaine saison des pluies ne sont pas favorables, le préfet envisage déjà de durcir les restrictions dès les prochaines semaines.

Au 25 août, l’île comptait 3.301 cas de Covid-19, dont 82 en une semaine, pour six personnes hospitalisées et une en réanimation. Le nombre de morts s’élève désormais à 40.

Handball : les Mahorais du Creps Réunion s’illustrent encore

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Le dispositif Jeunes Talents Mahorais initié en 2012 par la DJSCS État continue de porter ses fruits. Cette fois, ce sont deux jeunes handballeurs qui ont été détectés sur le plan national. En 2021, Hamil et Karim, pensionnaires du Creps Réunion devraient côtoyer les équipes de France jeunes en métropole.

« Chaque année, Mayotte révèle de nouveaux talents qui « performent » dans les différentes sélections nationales (basket-ball, handball…) ou clubs professionnels (rugby et football). Aujourd’hui et grâce à vous, les fédérations des sports collectifs reconnaissent Mayotte pour son fort potentiel de jeunes talents sportifs. Merci à ceux qui nous ont fait confiance au début. » Thierry Montheil, à l’origine du dispositif Jeunes Talents Mahorais, savoure. De Poitiers où il exerce désormais, l’ancien fonctionnaire à la direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DJSCS) État a récemment appris que deux nouveaux jeunes sportifs mahorais détectés à Mayotte dans le cadre des JTM participeront prochainement à des rassemblements organisés par la Fédération française de handball (FFHB). Il s’agit des handballeurs Hamil Maliki, 16 ans, et Karim Bourahima, 15 ans, tous deux évoluant actuellement au pôle espoir handball de La Réunion.

Le dispositif Jeunes Talents Mahorais a rendu possible la détection des jeunes sportives mahoraises et sportifs mahorais sur l’île, par les techniciens et dirigeants du Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive (CREPS) de l’île Bourbon. Chaque année, une bourse est octroyée aux jeunes mahorais détectés pour intégrer l’institution durant deux saisons. Une période durant laquelle ils sont formés au sport de haut niveau, et à l’issue de laquelle ils peuvent être repérés par des centres de formation métropolitains. En sept ans d’existence, le dispositif a vu éclore de nombreux talents qui ont confirmé des années plus tard et même servi la cause mahoraise.

 

Hamil dans le top 50 France de sa catégorie

 

À l’instar des judokas Samuel Bertin Bamcolo et Manon Séguier, médaillés de bronze aux Jeux des îles de l’océan Indien 2019 à Maurice avec la délégation de Mayotte, du rugbyman Mouslimou Ali, élu meilleur espoir mahorais à l’élection du Sportif de l’année 2019 et présent également aux derniers JIOI, ou encore du basketteur Austin Rosolonjatovo, meneur de jeu de la sélection mahoraise masculine de basket-ball médaillée d’argent à Maurice.  À ce jour, la plus belle perle issue du dispositif Jeunes Talents Mahorais est la basketteuse Fayzat Djoumoi, devenue championne d’Europe U16F en 2017 puis vice-championne du Monde U17F en 2018 avec les équipes de France Jeunes, aujourd’hui, à 19 ans, joueuse professionnelle à la SIG Strasbourg – sous contrat et prêtée par Villeneuve d’Ascq.

Cette fois, c’est donc au tour de Hamil et Karim de s’illustrer. Le premier, arrière gauche formé au HC Sélect 976 de Tsingoni, a été intégré dans la liste des 50 meilleurs handballeurs de France nés en 2005. Fin janvier 2021, le Tsingonien devait rejoindre le groupe France. « Il s’est blessé mercredi dernier : une fracture au poignet, et n’effectuera finalement pas le déplacement »¸ se désole Pascal Bourgeais, conseil technique national de la FFHB, qui rassure aussitôt. « Hamil ne perd pas sa place. Une fois guéri, il sera intégré dans le groupe des U17 France. On l’espère pour les échéances d’avril 2021. »

 

Une semaine avec Karaboué, « icône du handball français »

 

De son côté, Karim, gardien de but formé lui à l’AJH Tsimkoura, sera en stage d’immersion au pôle d’Aix-en-Provence, du 16 au 22 janvier 2021. Il y travaillera durant toute une semaine avec Daouda Karaboué, ex-gardien des Bleus (double champion olympique en 2008 et en 2012, double champion du Monde en 2009 et en 2011, double champion d’Europe en 2006 et en 2010, neuf fois champion de France, sept fois vainqueur de la Coupe de France), aujourd’hui chargé de la formation des gardiens de l’équipe de France U19. « Karim va rencontrer une icône du handball français, qui évoluait à son poste et à qui il pourra poser toutes les questions », relève Pascal Bourgeais. Le coordonateur Projet de performance fédéral masculin devrait se rendre à Mayotte au printemps 2021 pour évoquer les pistes de développement du handball mahorais.

Toutes ces nouvelles réjouissent le nouveau président de la Ligue régionale de handball de Mayotte, Haïroudine Anzizi, fraîchement réélu après un premier mandat couronné de succès entre 2012 et 2016. « La détection de Hamil et Karim est le résultat du travail mené toutes ces années par la ligue, en étroite collaboration avec ses partenaires, le Creps Réunion, la FFHB, la Jeunesse et sports État et le Département. J’accompagnerai Karim en janvier prochain : une manière de confirmer le soutien de la ligue vis-à-vis de ses jeunes talents, mais ce sera aussi l’occasion d’échanger avec les acteurs de la fédération et du pôle espoir d’Aix-en-Provence. »

Mayni : un e-shop pour s’habiller en un clic à Mayotte

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Derrière la nouvelle boutique en ligne, il y a Nahida, une jeune mère de 28 ans, qui a lancé son projet pour permettre aux femmes de l’île et d’ailleurs de faire du shopping à moindre coût. Et en toute simplicité.

Des robes amples et légères, des motifs fleuris et colorés… C’est la sélection proposée aujourd’hui par Mayni, un tout nouvel e-shop lancé en novembre à Mayotte. Le concept est simple : pouvoir s’habiller depuis son canapé, en quelques clics et à des prix abordables. Pour une quarantaine d’euros, les femmes de l’île aux parfums et d’ailleurs peuvent s’offrir ces quelques pièces triées sur le volet. Le petit plus : la possibilité de se faire livrer en main propre – sinon, il faut compter 5,70 euros pour une livraison par voie postale à Mayotte et quelques euros supplémentaires pour la France ou l’Europe. Les clientes de Mayni ont aussi quatorze jours pour renvoyer l’article si jamais il ne convient pas.

Et celle qui se cache derrière son smartphone, sur les photos de cette boutique en ligne, c’est Nahida. Passionnée de mode et de couture, cette entrepreneure de 28 ans arrivée à Mayotte il y a deux ans a décidé de se lancer cette année dans ce projet qui « lui tenait particulièrement à coeur ». Tout est parti de sa grossesse. « J’avais pris quelques kilos et je ne rentrais plus dans certains de mes vêtements, il était devenu nécessaire de renouveler ma garde-robe », raconte la créatrice. Mais entre les crampes, les coups de pied et de fatigue, difficile pour la jeune maman de courir les magasins pour faire du lèche-vitrine. « De là, je n’avais qu’une seule idée en tête : l’envie de faire mon shopping sur le net tout en étant livrée rapidement. »

Des créations cousues main

 

eshop Mayni

Ni une ni deux, Nahida commence à monter le projet, avec le concours précieux de son mari qui l’aide « à réaliser les photos, à gérer le site et livrer les commandes ». Et s’il n’est pas toujours facile aujourd’hui d’acheminer les produits, surtout au vu de la crise sanitaire actuelle, quatre mois plus tard, la plateforme est fonctionnelle et les premières clientes comblées. “Dès l’ouverture du site, j’ai eu de très bons retours. De nombreuses clientes se sont dites satisfaites par la qualité et le style des vêtements sélectionnés », sourit-elle. En plus des pièces achetées auprès de fournisseurs métropolitains, Nahida propose aussi quelques créations cousues main par ses soins.

Avec toujours une idée en tête : « embellir la femme mahoraise en étant à la pointe de la mode sans avoir à chercher très loin », explique-t-elle encore. Si ses vêtements s’adressent plutôt à une clientèle allant de 18 à 35 ans, « j’estime que toutes les femmes sont libres de s’habiller comme elles le souhaitent », insiste Nahida. Contraction de “Mayotte” et « NI » « pour les deux premières lettre du prénom de mon fils, ma source d’inspiration », la marque renvoie l’image de la femme simple et naturelle. Bien dans son corps et les pieds dans le sable.

Retrouvez Mayni sur son site et sur les réseaux :

logo-mayniSite internet : www.mayni.fr
Instagram : @mayni_boutique
Facebook : mayni_boutique

Coupe de France : La ville de Mamoudzou a accueilli ses héros

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Sur l’emblématique place Makango située au cœur du village de M’tsapéré, la ville de Mamoudzou a organisé hier un pot en l’honneur du FCM, de retour de La Réunion et du huitième tour de la Coupe de France. Les hommages se sont succédé : aux joueurs, au staff technique, aux supporters, à la LMF, à la municipalité, mais aussi aux anciens joueurs et dirigeants du club, pour saluer cet exploit « collectif » et « historique ».

De nombreuses personnalités politiques et sportives mahoraises, ayant des attaches avec M’tsapéré et/ou le club de football du village ont fait le déplacement sur la place Makango, ce lundi après-midi pour accueillir les joueurs du FCM. Des Diables rouges revenus le matin même de La Réunion après leur qualification historique en 32ème de finale de la Coupe de France. Parmi ces personnalités, le sénateur Hassani Abdallah, présent lors de la création du club en 1978. « C’est nous qui avons créé ce logo avec cette devise « Toujours plus haut ! ». Aujourd’hui, nous pouvons constater que notre devise est plus que jamais d’actualité puisque jamais un club mahorais n’avait atteint ce niveau. » Présent également, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a tenu à s’entourer de Saïd Houssène Abdourraquib et d’Amir Ali, deux anciens joueurs devenus monuments du club, avant de s’adresser aux héros du jour et leur staff technique.

« Ce succès historique du FCM ne s’est pas construit cette saison, mais depuis bien des années avec ceux qui ont construit l’histoire de l’association, dont ces hommes qui se trouvent à mes côtés », a-t-il rendu hommage. Le premier magistrat du chef-lieu de Mayotte n’a pas manqué de remercier et féliciter les joueurs m’tsapérois auteurs de l’exploit contre la Jeunesse Sportive Saint-Pierroise. Ceci au même titre que les personnalités qui l’ont précédé devant le pupitre, parmi lesquelles le maire de Pamandzi, Madi Madi Souf, ou encore le délégué officiel de la Ligue mahoraise de football, Mohamed Djanfar, qui a accompagné les champions de Mayotte tout le long de l’aventure réunionnaise.

La FFF, l’Équipe, Ouest France en parlent déjà…

C’est à cette même ligue que le trésorier général du FCM Hyoudhacar Mohamed – représentant au micro le président du club Djadid Abdourraquib resté à La Réunion – a couvert d’honneur : « La LMF a été présente à nos côtés du début à la fin, et a tout fait pour que nous abordions cette rencontre dans les meilleures conditions possibles. Et ce n’était pas gagné d’avance avec les dirigeants réunionnais qui, chez eux, nous ont posé des problèmes… » La réception était surtout le moment pour le capitaine m’tsapérois Mouhtar Madi Ali, dit Johnny, de faire part de sa reconnaissance à la Vville de Mamoudzou pour leur participation active à ce succès. « J’ai échangé avec le maire et lui ai demandé personnellement de mettre tous les moyens nécessaires pour que le FCM franchisse cette étape. Il a répondu présent. La municipalité a été présente pour nous. » L’attaquant des Diables rouges n’a pas manqué de saluer les supporters restés à Mayotte mais aussi ceux de La Réunion, venus les encourager notamment à l’hôtel.

« Merci à tous d’avoir cru en nous », a-t-il ajouté avant de rendre un dernier hommage à ses coéquipiers, sous les chants et applaudissements des supporters présents sur la place Makango. Les M’tsapérois sont donc les premiers qualifiés pour les 32ème de finale de la Coupe de France 2020/2021, les équipes métropolitaines n’ayant pas encore disputé le huitième tour. Et le fait que ce soit une première pour la petite île de Mayotte à ce stade de la compétition n’a pas échappé à certains médias nationaux. Outre le site officiel de la Fédération française de football, les médias l’Équipe et Ouest France ont mis la lumière sur la victoire aux tirs aux buts des M’tsapérois face à la JSSP. Un bel honneur déjà, mais sans doute, les premiers échos à l’échelle nationale d’une longue série en cas de qualification pour les seizièmes de finale de la Coupe de France.

La réserve de la gendarmerie, l’atout pour anticiper l’insécurité à Mayotte

Lundi se tenait la cérémonie de clôture de la préparation militaire gendarmerie au lycée de Tsararano. Les dix-huit nouveaux réservistes vont ainsi renforcer les effectifs dans le 101ème département et faire partie intégrante des troupes. Pour le lieutenant-colonel Bruno Fhima, leur statut de civil va jouer un rôle prépondérant dans la lutte contre l’insécurité et permettre de glaner des informations précieuses.

Sous une pluie battante, un chant s’évade des murs du lycée de Tsararano. Le regard droit et le menton relevé, un groupe en uniforme bleu s’avance d’un pas ferme vers le fond de la cour de récréation. Six rangs de trois enchaînent alors les « garde-à-vous » et les « repos », sous le regard fier et amusé des familles, installées au sec sous le préau. Pour dire, le moment s’avère plus que solennel… Puisqu’il s’agit de la cérémonie de clôture de la préparation militaire gendarmerie. Une première depuis 2017, en raison des crises sociales et sanitaires successives mais aussi parfois à cause d’un manque de budget.

Peu après la levée des couleurs, le rang se remet en ordre de marche pour s’éclipser avant de revenir, tambour battant. Un protocole suivi à la lettre et réglé comme du papier en musique, qui vient marquer dix jours intenses de formation. « Un réserviste fait partie intégrante des troupes, même si vous n’allez faire que quelques jours par an (entre 18 et 25 en règle générale). Dans vos têtes, considérez-vous comme gendarmes. Lorsqu’une personne se fait agresser devant vous, vous ne pouvez pas rester sans rien faire », leur souffle d’un ton sec mais fraternel le lieutenant-colonel Bruno Fhima. Face aux dix-huit petits nouveaux, le commandant en second se félicite de leur engagement.

« Vous connaissez la langue, la population et le terrain »

Une plus-value non négligeable pour un territoire comme Mayotte, qui n’en comprenait que 67 il y a encore trois ans, contre le double aujourd’hui. Mais surtout, ces quatre femmes, dont une major de promo avec une moyenne 16.74, et ces quatorze hommes, âgés de 21 à 45 ans, peuvent réellement apporter leur pierre à l’édifice dans la lutte contre l’insécurité, qui gangrène le quotidien du 101ème depuis de longs mois. Comment ? En étant les yeux et les oreilles de leurs frères d’armes. « Nous avons en priorité besoin de Mahorais car vous connaissez la langue, la population et le terrain. C’est essentiel pour la remontée d’informations. » Car oui, la gendarmerie est avant tout une arme de renseignement.

Or, les militaires sont bien trop souvent étiquetés et catalogués, ce qui fragilise leur mission première, surtout sur une île aussi petite. « Vous êtes réellement impliqués dans la vie civile et vous allez entendre plus de choses que vos camarades », insiste le lieutenant-colonel Bruno Fhima. Qui note l’importance de leur rôle. « Les renseignements permettent d’anticiper et d’envoyer les bons moyens matériels et humains. Alors que quand nous sommes dans la réaction, nous avons toujours un temps de retard sur l’adversaire. Et c’est la course à l’échalote. » Dans un coin de sa tête, les événements encore frais du week-end sur la commune de Koungou.

« Gagner en efficacité contre la délinquance »

Et à terme, le lieutenant-colonel Bruno Fhima espère bien atteindre « un terreau, un vivier » de 160 réservistes pour compléter les effectifs du commandement de gendarmerie et sur lequel « s’appuyer ». « Nous avons besoin de cette jeunesse pour gagner en efficacité contre la délinquance. » Grâce aux 45 heures de cours théoriques et pratiques reçus, comme la maîtrise tactique d’intervention et le tir, les heureux élus risquent bien d’enfiler leur bleu de chauffe très rapidement. En ligne de mire : la sécurité publique générale et la lutte contre l’immigration clandestine.

Et pourquoi pas, au fil du temps, gagner en responsabilité et susciter des vocations. « Il faudra les soutenir », indique le lieutenant-colonel Bruno Fhima à l’égard des familles. Car il sait l’ampleur de la tâche qui les attend. Mais avant cela, l’heure est encore à la remise du brevet et du traditionnel geste symbolique, à savoir une « tape » plus ou moins rigoureuse sur le torse. Histoire de les lancer dans le grand bain.

Demandeurs d’asile à Mayotte : une vingtaine de personnes dans des hébergements d’urgence

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Après plusieurs semaines d’errance, 21 personnes en attente de l’instruction de leur dossier et qui avaient installé leur campement devant les locaux de l’association Solidarité Mayotte ont obtenu un hébergement d’urgence vendredi. Mais pour le groupe initial d’une cinquantaine de demandeurs d’asile, habitué aux désillusions, cette solution reste fragile.

“Vous voyez comment on vit aussi ?”, souffle Bahiya*, en secouant sa tête enserrée dans son foulard rose. La jeune mère de famille coupe vite court à la conversation après ces quelques mots pour filer s’occuper de son bébé malade, laissé à quelques mètres de là sous les tentes de fortune installées devant les locaux de Solidarité Mayotte. Comme elles, ils étaient une cinquantaine jeudi à attendre encore une proposition de logement dans ce campement improvisé au fond de la ruelle de Cavani.

Après la débâcle à la MJC de M’Gombani, d’où ils ont été chassés fin octobre par des riverains et collectifs de citoyens remontés comme des coucous, et le sit-in devant les locaux de la Croix-Rouge à Passamaïnty en décembre, difficile aujourd’hui, de ne pas céder face aux désillusions. “Ils nous ont dit qu’ils allaient nous proposer des solutions, d’accord. Mais si moi, par malchance, je n’ai rien ?”, se désole Ayodeji*. Le jeune homme originaire de la République démocratique du Congo a déjà pu bénéficier d’un hébergement d’urgence une fois… d’où il avait finalement été chassé après un mois.

Une vingtaine de personnes envoyées au CRA

Il faut dire que le climat général n’inspire pas franchement la confiance. Mercredi, ce sont les forces de l’ordre qui sont intervenues, à la surprise générale. “Ils sont venus, ils ont vérifié les récépissés de tout le monde, et ont embarqué au CRA ceux qui n’avaient rien”, retrace Ayodeji. En tout, une vingtaine de demandeurs d’asile ont ainsi été conduits dans le centre de rétention administrative en vue d’une reconduite.

“Ils ont placé en détention de gens qui ont fui leur pays pour des raisons de sécurité, des raisons politiques !”, s’agace Maître Marjane Ghaem, rapidement dépêchée sur les lieux quand elle a appris la nouvelle. “Il faut savoir que ces personnes sont en réalité en attente de leur enregistrement à la préfecture…” En temps normal, les demandeurs d’asile doivent d’abord déposer leur demande dans une structure de premier accueil des demandeurs d’asile (SPADA) – Solidarité Mayotte, en l’occurrence – et ils reçoivent alors une convocation pour un rendez-vous avec le guichet unique dans les 3 jours, maximum 10 en cas de forte affluence. “Ici, certains attendent depuis déjà plusieurs mois !”, tempête l’avocate.

21 places d’hébergement d’urgence

Deux jours plus tard, le vendredi, retour des gendarmes et des policiers. Cette fois-ci, c’est pour honorer la promesse prononcée par la sous-préfète chargée de la lutte contre l’immigration clandestine, de proposer 21 places dans des hébergements d’urgence. Ni une ni deux, il faut donc lever le camp, débarrasser les matelas et les bassines, et filer sans protester. Difficile, quand certains se retrouvent alors laissés pour compte. “Certes, c’est une solution pour ceux qui sont pris en charge. Mais le reste, on va aller où ?”, interroge Ayodeji. “J’avais proposé qu’on installe juste quelques tentes avec des toilettes et de l’eau.” Et pour ceux envoyés au CRA ? Pas de nouvelle. “À tout prendre, ils ont été relâchés, et errent à nouveau dans la nature”, suppose Maître Ghaem.

Aucun moyen de subsistance

L’autre solution ? “Qu’on soit autorisé à travailler !”, expliquent-ils tous en chœur. Un cri d’autant plus pressant à Mayotte, où l’allocation de subsistance, ce dispositif qui octroie une vingtaine d’euros par jour aux demandeurs d’asile le temps de l’instruction du dossier, n’existe pas. Chassés du marché couvert où nombre d’entre eux vendaient quelques oignons et autres légumes à la sauvette, ils n’ont rapidement plus eu les moyens de payer un loyer. “Avant on pouvait gagner cinq ou dix euros là-bas », témoigne Ayodeji. “Si vous entendez parler de quelqu’un qui a besoin de tondre sa pelouse, ou n’importe quoi”, implore le demandeur d’asile. “Ou même d’écrire !”, murmure encore cet ancien enseignant en sociologie. Soudain nostalgique d’une vie perdue sur la route de l’exil.

* les prénoms ont été modifiés

Mayotte : L’heure de regarder dans le rétro de l’année 2020 (1/3)

Chaque fin d’année, le rituel est le même. Chacun jette un œil derrière son épaule, pour regarder le chemin parcouru, les résolutions tenues. Pourtant, cette année, ce chemin n’a ressemblé à aucun autre. Nos résolutions ? Le confinement les a souvent mises à mal. Nos projets ? Reportés pour raisons sanitaires. Alors une dernière fois, regardons les événements qui, depuis presque 365 jours, ont marqué nos vies. Et demandons-nous comment chacun, à son échelle, peut faire de 2021 une année meilleure.

Janvier : Nouvelle année, nouveau départ 

Les institutions aussi ont tenu leurs bonnes résolutions. 21 ans après sa création, le vice-rectorat devient, au 1er janvier, un rectorat de plein exercice. Désormais, l’académie ne dépend plus de celle de La Réunion et est habilitée à prendre seule les décisions qui concernent l’éducation sur le sol mahorais, comme demandé depuis plusieurs années par les syndicats d’enseignants. L’État s’engage alors à mobiliser un demi-milliard d’euros pour la construction de neuf nouveaux collèges et quatre lycées supplémentaires, pour un total de 800 classes construites ou rénovées pour 2022, ce qui devrait à terme marquer la fin du système de rotation scolaire. La transformation de Mayotte en région académique signe également l’ouverture de formations supplémentaires dans le primaire, le secondaire et même au sein du CUFR.

Dans le même temps, les services de police connaissent une profonde restructuration. Les services de la police judiciaire, de la police aux frontières, de la sécurité publique, le renseignement, le recrutement et la formation fusionnent pour mutualiser leurs hommes et leurs moyens, la direction territoriale de la police nationale est née à Mayotte, mais aussi en Guyane et en Nouvelle-Calédonie, sorte de territoires “pilotes”. Dans le 101ème département, la direction de cette nouvelle structure est confiée à Jean-Marie Cavier, épaulé par deux autres commissaires, à savoir le chef de la PAF et celui de la sécurité publique.

Dès la fin du mois, l’ARS, elle aussi devenue autonome au 1er janvier, adresse ses recommandations aux personnes voyageant à destination ou en provenance de la Chine, où depuis plusieurs semaines déjà, un mystérieux virus sévit. Alors que le Covid y a tué moins de dix personnes, les voyages ne sont encore soumis à aucune restriction, le risque de contamination à Mayotte étant à ce stade, jugé faible, mais pas totalement exclu.

Février : Après la fête, la défaite

Le 1er février, Christelle Dubos, secrétaire d’État auprès de la ministre des solidarités et de la santé arrive à Mayotte, et y amène une enveloppe de 360.000 euros pour la protection maternelle et infantile. Une bonne nouvelle, très vite chassée par de sombres faits divers. Le 7 février, un enfant d’une douzaine d’années trouve la mort, noyé, dans la retenue collinaire de Combani. Quatre jours plus tard, un garçon de neuf ans se noie à son tour dans le plan d’eau qui jouxte le remblai de M’tsapéré. Dans les deux cas, les bambins étaient venus profiter d’un bain avec leur bande de copains, et sans adulte, avant de se retrouver piégés par les eaux.

S’agissant de la sécurité publique, les nouvelles ne sont pas plus réjouissantes. Arès une accalmie relative, les lycées de Tsararano et de Kahani connaissent une recrudescence des intrusions de bandes armées dans leurs enceintes, pendant que le chemin vers l’école s’avère être de plus en plus dangereux à Kawéni, vols et agressions d’élèves s’y multipliant. En réaction, les enseignants du second degré décident d’organiser une journée île morte le 12 février. Près de la moitié des collèges et lycées sont alors fermés. Après une réunion organisée en urgence entre les différents acteurs institutionnels, le préfet annonce une poignée de nouvelles mesures, concernant notamment les transports scolaires, afin de sécuriser les élèves. Pourtant, dès la semaine suivante, Tsoundzou devient le théâtre d’un déferlement de violences. Au matin du 18 février, des élèves érigent un barrage pour réclamer des bus scolaires. La manifestation dégénère, les forces de l’ordre interviennent. Quatre policiers et un gendarme sont blessés dans les heurts. Quelques heures plus tard, une personne sera interpellée.

Le summum de la violence sera atteint le 24 février. Quelques heures plus tôt, à Kawéni, un policier abattait un homme d’une trentaine d’années, alors qu’il frappait à coup de matraques un autre homme. D’après les premiers éléments de l’enquête, l’agresseur aurait continué de frapper sa victime même après plusieurs sommations de la patrouille de la BAC qui venait de s’interposer. L’un des policiers décide alors de faire usage de son arme, touche l’homme à l’abdomen. Transporté à l’hôpital, il ne survivra pas et décédera le jour même.

Immédiatement, des barrages sont érigés à Kawéni. Les automobilistes sont agressés, et rapidement, des bandes saccages les commerces environnants. Après plusieurs heures d’intervention, les forces de l’ordre parviennent à disperser la plupart des émeutiers, mais d’autres attroupements seront observés tout au long de la nuit. Une dizaine de personnes seront interpellées.

Mars : Un parfum de Covid

Alors que la bataille des municipales fait rage, le Covid menace de plus en plus la santé publique en France. Pourtant à Mayotte, c’est d’abord l’épidémie de dengue qui inquiète et touche désormais l’ensemble de l’île. Depuis le début de l’année, plus de 2.000 cas ont été recensés, pour 175 hospitalisations et cinq décès. Mais sur l’île intense, les premiers cas de Coronavirus sont recensés, faisant craindre son arrivée proche à Mayotte. Mais sur une île où une large partie de la population n’a pas accès à l’eau courante, le respect des gestes barrières posent question. En réaction, l’ARS fait installer plusieurs rampes d’eau, accessibles à tous, gratuitement.

Le 14 mars, le premier cas insulaire est recensé. Il s’agit d’une personne ayant séjourné dans l’Oise avant de rejoindre le territoire, et qui ne présente aucun signe de gravité. Deux autres cas sont identifiés jusqu’au 17 mars, jour où l’île, à l’instar du territoire national, entre en confinement, un jour après la fermeture des écoles, ordonnée par le préfet, et celle des bars, des restaurants, et de tous les commerces considérés comme non essentiels. Dès le lendemain, les premières mesures sanitaires sont déployées à l’aéroport. 10 jours plus tard, le trafic aérien est interrompu, alors que Mayotte vient de franchir la barre des 50 cas. Le 30 mars, un premier décès est enregistré. Les distributions de bons alimentaires à destination des plus démunis s’organisent, et occasionnent parfois des scènes de cohue.

Parallèlement, le premier tour des élections municipales se tient le 15 mars, dans des conditions aménagées pour faire respecter les gestes barrières. Mayotte se hisse même en tête des scores nationaux de participation. Avec 55% des voies, Saïd Omar Oili, maire sortant de Dzaoudzi-Labattoir, est le seul candidat à être élu dès le premier tour. Alors que le second tour était initialement prévu pour la fin du mois, le gouvernement annonce son report en juin.

Avril : L’épidémie sévit

Mayotte continue de vivre au rythme du confinement. Le 1er avril, l’île enregistre 100 cas de Covid-19. Le 8, un nouveau décès est annoncé. Déjà les premières difficultés se font sentir par le monde économique, pendant que quelques commerces subissent une recrudescence des cambriolages. Premières denrées volées : les produits alimentaires.

Le 4 avril, le porte-hélicoptère Mistral et des dizaines de militaires débarquent à Mamoudzou dans le cadre de l’opération Résilience, avant de reprendre la mer pour La Réunion, pour y récupérer plusieurs centaines de fret à acheminer jusqu’à Mayotte. Un pont aérien est rapidement mis en place pour approvisionner l’ile en matériel médical ou de prévention, produits pharmaceutiques ou sanguins, ainsi qu’en denrées alimentaires. À la fin avril, 354 cas de Covid-19 étaient confirmés, pour 21 hospitalisations, dont quatre en réanimation, et quatre décès.

Alors que partout dans le monde, les bénéfices du confinement sur la nature offrent des perspectives enfin réjouissantes, Mayotte elle, nage à contre-courant. Sous l’effet de l’arrêt des patrouilles sur les plages, les associations environnementales dénoncent une recrudescence des braconnages de tortues. Fin avril, deux braconniers sont interpellés sur la barge alors qu’ils transportent de la viande de tortue fraîche. Ils avouent rapidement avoir abattu plusieurs animaux depuis le confinement. Jugés en comparution immédiate, ils seront toutefois relaxés pour vice de procédure, avant d’être condamnés trois mois plus tard à deux ans de prison ferme en appel. Mais ayant probablement quitté le territoire entre leurs deux procès, ils sont à ce jour introuvables.

La fin du mois est aussi marquée par le début du ramadan. Mais cette année, pas question de se rendre dans les mosquées, fermées pour raisons sanitaires. Comme chaque année, en revanche, le mois Saint a occasionné nombre de mourengués, dont certains ont fini en affrontements.

 

 

 

Coupe de France : le Football club M’tsapéré brise le mauvais sort

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Crédit photos : Foot Run 974

Les Diables Rouges du FC M’tsapéré entrent dans l’histoire du football mahorais en devenant la première équipe à se qualifier pour les 32ème de finale de la Coupe de France. Héroïques, les protégés d’Abidi Massoundi y ont cru jusqu’au bout pour créer l’exploit face à Saint-Pierre, champion de La Réunion en titre. Plus de 30 ans que les Mahorais attendaient ça !

Ce dimanche après-midi, le Football Club M’tsapéré est allé battre la Jeunesse Sportive Saint-Pierroise au huitième tour de la Coupe de France, se qualifiant ainsi pour les 32ème de finale. Un exploit retentissant réalisé sur la pelouse du champion de La Réunion et seizième de finaliste de la dernière édition. Mais surtout, un moment prégnant de l’histoire du football mahorais : en 32 ans de participation à la Coupe de France, jamais un club mahorais n’était parvenu à se hisser à ce stade de la compétition.

C’est en 1988 que l’Ouragan de Labattoir et les footballeurs mahorais d’une manière générale découvrent la Coupe de France, grâce au travail du président de la Ligue mahoraise de football d’alors, Maridachaou Attoumani, et de son équipe. Néanmoins, il leur faut passer par la case Réunion et un tour préliminaire pour entrevoir le septième tour de la Coupe de France. Ce n’est qu’en 2001 que la Fédération française de football instaure la qualification directe du représentant mahorais pour ce fameux septième tour.

Les Mahorais ont quelques fois frôlé l’exploit, comme ce match nul arraché à Rodez par le FCM (déjà) en 2016, suivi d’une cruelle défaite 3 à 2 dans les ultimes instants des prolongations. Mais ils ne l’avaient que frôlé. En 2020, la LMF était d’ores et déjà assuré d’avoir un représentant mahorais au huitième tour de Coupe de France, la FFF ayant accédé à sa demande d’organiser un tour supplémentaire à Mayotte. La véritable prouesse devait être celle de vaincre le représentant de l’île Bourbon à La Réunion au huitième tour.

Crédit photos : Foot Run 974

Michael Salim, héros des Diables Rouges

C’était mal embarqué, quand, en début de partie, Loïc Rivière se trouvait à la conclusion d’une magnifique action collective saint-pierroise (1-0, 20ème minute). Les M’tsapérois se sont accrochés et ont finalement été récompensés en fin de match grâce au coaching gagnant d’Abidi Massoundi. Entré en jeu peu avant, Ali Nokowa a remporté son face à face et permis au FCM de recoller au score (1-1, 80ème). La rencontre s’achèvera sur ce score de parité et la décision finale allait se faire lors de la séance des tirs aux buts.

D’abord tout près de sortir le premier tir de Jean-Michel Fontaine, Michael Salim se mue ensuite en héros des Diables rouges en détournant le cinquième tir de la JSSP, celui de Bertrand Bador, et en remettant les deux équipes à égalité, puis en claquant une nouvelle parade lors de la mort subite, sur le sixième et dernier tir au but exécuté par John Babas (score finale, 1-1, 4-5 aux tab). Le digne successeur d’Abdallah Halifa dans les cages du FCM qualifie M’tsapéré et Mayotte pour un 32ème de finale historique.

« C’est avant tout la victoire d’un groupe : on y a cru. On a recruté cette saison pour pouvoir passer ce palier. On l’a fait ! On a beaucoup souffert et on n’a jamais lâché. J’avais dit à la mi-temps qu’on aurait des opportunités et on a su les saisir », a déclaré le capitaine m’tsapérois Mouhtar Madi Ali « Johnny » à nos confrères de Réunion La 1ère. Les Diables Rouges affronteront au prochain un nouveau club amateur, après que la 3F a modifié la formule de la Coupe de France en fin de semaine dernière, et séparé les clubs amateurs des clubs professionnels jusqu’aux 16ème de finale. Il faudrait au FCM créer un dernier exploit pour espérer rencontrer les stars du football français en match officiel.

Réélu à la tête du CUFR de Mayotte, Aurélien Siri passera le relais dans 2 ans

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Jeudi dernier, le conseil d’administration du centre universitaire de formation et de recherche a réélu Aurélien Siri comme directeur pour les quatre prochaines années. Mais ce dernier laissera sa place à Abal-Kassim Cheik Ahamed d’ici deux ans. Retour sur cette campagne médiatique et sur les objectifs affichés par le nouveau binôme. Entretien.

Flash Infos : Durant toute la campagne électorale, on vous a peu entendu. Mais selon le recteur Gilles Halbout, la volonté d’aller vers une université de plein exercice et le rapprochement avec le territoire sont à l’origine de la candidature de Thomas M’Saidié. Expliquez-nous votre stratégie ?

Aurélien Siri : C’était la première fois que le centre universitaire de formation et de recherche avait deux candidats en interne pour le poste de direction. En 2016, cette élection était restée relativement méconnue aux yeux du grand public. Nous pouvons donc dire que le jeu de la démocratie s’est exprimé pour la première fois. Cela a permis d’aboutir à des projets de haute qualité même s’il y a eu des dérives qui ont dépassé la tradition universitaire. Il est rare de voir un candidat aller devant les médias ou un président de Département afficher son soutien à l’un d’entre eux. Puis il y a eu des propos assez virulents à mon encontre et des critiques assez contestables, comme des accusations de manigance et de malversation. C’est le regret de cette campagne. Au lieu d’avoir un débat idéologique sur le devenir du CUFR, nous sommes un peu sortis du cadre…

Cette candidature nous a permis avec mon binôme, Abal-Kassim Cheik Ahamed, d’approfondir nos idées et d’aller encore plus loin dans nos suggestions. Nous avons dressé un bilan sans concession des quatre dernières années. Nous avons organisé des réunions en interne avec les personnels pour mettre tous les sujets sur la table et ainsi mener une vraie réflexion collective.

Sur la question de l’université de plein exercice, nous l’avions en tête, mais l’élection a accéléré le calendrier. Le recteur a émis le souhait que ce vœu devienne réalité entre janvier 2022 et janvier 2023. C’était une donnée que nous n’avions pas forcément en tête au début de la rentrée universitaire.

Abal-Kassim Cheik Ahamed

FI : Comment s’est décidée la mise en place de votre binôme avec Abal-Kassim Cheik Ahamed qui prendra votre succession dans deux ans ?

S. : Ce choix remonte déjà à plusieurs mois. En tant que responsable du département science de l’éducation, nous avons eu l’occasion de travailler en partenariat et de manière coordonnée dès 2017 lors de la mise en place du master MEEF (métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation), qui est un véritable succès.

Mais c’est aussi une volonté plus personnelle de ma part. Au cours des quatre dernières années, le CUFR a connu une très forte croissance : nous avons augmenté de 30% les effectifs et doublé le nombre de personnels. Sans parler des nouvelles formations. Cette croissance a fait que les compétences se sont élargies et que l’ampleur de la tâche s’est accrue. En voulant devenir une université de plein exercice, il m’a paru naturel de travailler en équipe et de renforcer le pilotage de direction. Travailler en binôme présente donc plusieurs atouts, puisque nous conservons de la réactivité dans la prise de décision et de la disponibilité pour aller défendre les dossiers du CUFR auprès du ministère de l’enseignement supérieur à Paris.

De plus, durant mon précédent mandat, je n’avais pas de directeur adjoint. Cette absence de poste m’a obligé à réaliser énormément de gestion quotidienne de l’établissement. Et m’a ainsi empêché de me rapprocher, comme je l’aurais voulu, des acteurs du territoire. Sur ce point, il y a besoin d’en faire davantage et surtout d’impliquer davantage les collectivités et les acteurs du monde socio-économique.

Enfin, il faut rappeler qu’un directeur ne peut pas briguer plus de deux mandats, donc il y avait cette barrière fixée par le règlement. Mais cette responsabilité ne peut pas s’opérer du jour au lendemain, sans y être préparé. Sinon, nous risquons d’interrompre la continuité du service. En confiant les rennes à Abal-Kassim Cheik Ahamed, il y a cette idée de transmission, comme avait pu le faire également mon prédécesseur lors de sa dernière année. Non seulement, cela permet de prendre le relais plus facilement mais aussi de rassurer, aussi bien en interne qu’en externe. Par contre, ma mission dans deux ans n’a pas encore été dessinée. Il est encore trop tôt pour le dire. Il faudra déjà voir l’évolution du CUFR et déterminer comment je peux apporter ma pierre à l’édifice en fonction des postes pourvus et des objectifs à atteindre. En clair, cela dépendra de beaucoup de facteurs.

FI : Quelles sont les qualités d’Abal-Kassim Cheik Ahamed et que peut-il apporter pour la suite ?

 S. : Nous nous sommes très vite entendus ! Lors de la campagne, nous avons voulu éviter les clivages, pour au contraire rassembler les personnels, quelles que soient les différences. Nous avons besoin de tout le monde pour faire avancer le centre. Nous avons la même vision et partageons les mêmes idées de développement. Mais surtout, il est un exemple pour tous : il a choisi de quitter son poste d’ingénieur et de revenir comme maître de conférence en mathématiques et en informatique pour servir la jeunesse mahoraise. J’ai alors vu en lui une relève pour le CUFR, qui ne m’appartient pas et qui mérite à un moment donné de son histoire d’être dirigé par une personnalité locale.

Les coulisses de l’élection d’Aurélien Siri et d’Abal-Kassim Cheik Ahamed

Le scrutin a commencé le 30 novembre et le 1er décembre avec l’élection du renouvellement des membres du conseil d’administration. Pour éviter un report, le vote s’est déroulé par voie électronique. « Une prouesse technique et une première pour nous », confie Aurélien Siri. Sur les dix sièges à pourvoir (deux pour les professeurs d’université, deux pour les maîtres de conférence, deux pour les autres personnels enseignants, deux pour les personnels administratifs et deux pour les étudiants), quatre ont été attribués à la liste d’Aurélien Siri et d’Abal-Kassim Cheik Ahamed, quatre pour celle de Thomas M’Saidié, un pour celle des étudiants et un pour celle des personnels ingénieurs, administratifs, techniques, ouvriers et de service.

En parallèle, le recteur, chancelier des universités, a désigné six personnalités extérieures pour siéger dans ce conseil d’administration, qui représentent le monde socio-économique, à l’instar de la directrice de l’IFIS, le président du CESEM, le président de la CCI, le président de la CRESS, l’ancienne présidente du CA du CUFR et l’ancien membre du CA qui travaille à la BRED, Zainal Charafoudine. Auxquelles s’ajoutent le maire de Dembéni, le président du Département et les deux présidents des universités partenaires (Nîmes et Montpellier). « Ce sont ces vingt personnes qui se sont réunies le 17 décembre pour examiner les trois candidatures en lice pour la direction du CUFR », détaille Aurélien Siri. À l’issue d’une présentation de dix minutes et d’un échange de vingt minutes, le binôme a recueilli treize voix, contre sept pour Thomas M’Saidé et aucune pour le professeur de l’université de Clermont-Ferrand, candidat externe au CUFR.

La candidature qui arrive en tête est ensuite proposée à la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal, pour qu’un arrêté de nomination soit pris. « Mes fonctions prennent fin le 19 décembre à 23h59. » Un administrateur provisoire est alors désigné par le recteur le temps que la décision entre en vigueur pour gérer les affaires courantes de l’établissement. « J’ai pris l’engagement dans la profession de foi de faire les deux prochaines années pour qu’Abal-Kassim Cheik Ahamed s’imprègne des dossiers et rencontre les contacts au ministère. Je démissionnerai ensuite. Si sa candidature est retenue, il prendra ma place. Et je passerai alors directeur adjoint. »

Portes ouvertes : à l’école de la mode de Mayotte, le quartier et la région marchent sur le podium

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Vendredi et samedi avaient lieu les premières portes ouvertes de l’École régionale des métiers de la mode, à M’Gombani. Un baptême de feu réussi pour la toute jeune formation portée par la Chambre des métiers et de l’artisanat de Mayotte et ses 11 étudiants.

“Mon oncle, c’est un businessman”, s’amuse Halilou en lançant des regards malicieux à droite et à gauche, pour faire marrer la galerie. Et ça marche : autour de lui, Estelle, Ahamed, et Heritiana pouffent un peu, et laissent le futur couturier faire son show. Ni une ni deux, le rigolo de la bande bombe le torse, se relève de sa chaise et s’avance vers le portant, pas peu fier d’exhiber les sacs qu’il a cousus depuis le début de sa formation à l’AFI, l’École régionale des métiers de la mode « Au fil des Îles ». Sur l’un d’eux, il tend alors le tissu, pour révéler un petit logo en bas à droite. “DTR 15. C’est le quartier, quoi. C’est mon quartier. Devant le Sodicash, en bas des escaliers”, balance-t-il avec un coup de tête en direction des hauts de M’Gombani. Une tâche en forme de tête de loup se distingue des lettres soigneusement floquées sur le bas du sac. “Ouais, c’est un loup. Parce qu’on est toujours en meute”, poursuit l’étudiant, sourire en coin.

Sorti de l’école depuis trois ans, à la fin du collège, le jeune de Mamoudzou s’est lancé en octobre dans cette formation de deux ans, tout juste inaugurée par la Chambre des métiers et de l’artisanat – le top départ de la formation, repoussé à cause de la crise sanitaire, a finalement eu lieu au mois d’octobre. Poussé par son oncle, Halilou a embarqué deux potes de M’Gombani avec lui, tous les trois sortis il y a quelques années du collège situé à deux pas de là. Et si l’étudiant entend aujourd’hui suivre la trace de son aîné, et “ouvrir son entreprise”, il compte bien en profiter pour faire honneur à ses racines. “On s’est motivé ensemble tous les trois, on s’est dit que c’était le moyen de se rattraper”, raconte-t-il. Pour se repentir ou rattraper le temps perdu ?

Valoriser le travail des étudiants

Quoi qu’il en soit, comme les 11 élèves de la première promotion de l’AFI, Halilou semble avoir trouvé sa place entre les mannequins et les machines à coudre répartis au sein de deux ateliers, à cet étage du nouveau quartier de M’Gombani. C’est là qu’étudiants et professeurs ont accueilli ce vendredi leurs premières portes ouvertes. L’occasion pour eux de montrer le fruit de leur travail à leurs proches… voire de vendre quelques pièces. “Pour l’instant, tout ce que nous faisions restait un peu entre nous, en ‘‘famille’’”, explique Jean-Baptiste Matondo, professeur d’atelier. “Là, cela leur a permis de valoriser leur travail, et ils étaient très contents d’avoir des retours sur leurs premiers vêtements”, se réjouit-il.

Des étudiants venus de Mayotte, Madagascar et l’Union des Comores

Autre objectif : faire connaître la structure. “L’idée était aussi de faire parler de l’école, et de montrer aux Mahorais, aux Malgaches, et aux Comoriens que la formation a ouvert, et qu’ils peuvent venir à tout moment”, déroule encore cet ancien chef de produit de la grande distribution, reconverti dans le costume de danse et dans l’enseignement depuis 2016. Une cible qui n’est d’ailleurs pas anodine. Financé en partie par l’Europe, via le programme européen transfrontalier Interreg V, le projet a une vocation régionale, et chaque promotion doit intégrer des étudiants issus des îles voisines. Seule condition : leur motivation. “Pour moi c’est une passion, je dois coudre presque depuis mon berceau ! Et je suis née dedans, dans ma famille aussi il y a des couturiers”, expose Estelle, jeune diplômée en droit originaire du nord de Madagascar qui souhaite aujourd’hui créer sa propre marque de vêtements.

Pour cette première fournée, quatre Malgaches et quatre Comoriens ont donc rejoint l’aventure. Leur visa étudiant en poche, ils bénéficient aussi d’un accompagnement adapté, et vivent dans une maison à quelques encablures. “Tout est gratuit, et nous payons aussi le logement, le transport”, explique Jean-Baptiste Matondo. D’où l’importance de faire émerger un modèle économique viable, pour permettre à la formation de perdurer et d’accueillir une nouvelle promotion dans deux ans. “C’est aussi pour cette raison que nous nous réjouissons qu’ils puissent déjà vendre quelques pièces aujourd’hui”, souligne-t-il. Une façon aussi de faire rayonner les cultures locales dans la région et dans le monde. À quand la Fashion Week ?

À Kawéni Poste, zébus et bangas chassés à coups de tractopelle

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Jeudi, tous les services techniques de la ville de Mamoudzou se sont mobilisés pour participer à une opération de nettoyage du site de l’école Kawéni Poste, devenu une zone de non-droit ces dernières années, avec la présence de chiens errants et de jeunes délinquants, mais aussi d’un parc à bœufs. La phase opérationnelle du nouveau projet urbain doit débuter au mois de mars avec la réfection de la rue de la SSPM.

 Très tôt ce jeudi matin, les meuglements habituels sur le site de l’école Kawéni Poste s’estompent avec le vrombrissement des engins des services techniques de la ville de Mamoudzou. Envoyés en force, l’ensemble des agents municipaux n’ont qu’un objectif en tête : faire table rase de cette zone de non-droit. Trois tractopelles s’emploient pour éradiquer la vingtaine de cases en tôle. En à peine quelques heures, les monticules de ferraille s’amassent dans les camions envoyés illico presto chez Enzo Recyclage pendant que les brigades en charge de la propreté mettent les mains dans le camboui pour trier les déchets, avant de les balancer dans les bennes.

Casquette vissée sur la tête, un employé s’arme d’une barre et s’approche difficilement du tas élevé devant lui, quand un couinement s’échappe. « Il doit y avoir une trentaine de chiens errants dans le coin », baragouine l’un de ses collègues. Au fur et à mesure de l’avancée des destructions, les petits cabots s’extirpent du piège avec un sentiment de liberté. Mais le plus impressionnant reste l’explosivité des pelles excavatrices, qui broient les bangas à la vitesse de l’effondrement d’un château de cartes.

Un parc d’une cinquantaine de boeufs

Au loin, un homme armé de sa machette court pour sauver son maigre patrimoine. En l’occurence deux bananiers… Et un zébu qui tente tant bien que mal de prendre la poudre d’escampette. Les enclos disséminés à droite à gauche confirment la présence d’un parc à bœufs, d’une cinquantaine de bêtes. « Les éleveurs se sont installés ici, non pas par manque de volonté mais à cause des vols à la campagne », relate Hamidani Magoma, 2ème adjoint en charge des projets structurants. Un élevage grandeur nature qui cohabite avec « la présence de jeunes délinquants qui terrorisent les femmes et les enfants qui se rendent à l’école ».

En contrebas, la ravine de la Poste ressemble à une déchetterie à ciel ouvert. « Ici, on sautait dans le « lac » quand on était petit », se remémore un passant, prié de faire demi-tour au niveau du pont par trois policiers municipaux. Un souvenir lointain qui laisse place aujourd’hui à une triste réalité : la pollution. Le regard plongeant vers l’eau croupie depuis sa minuscule « terrasse » en béton, cette habitante du quartier, assise sur son seau retourné, en est la témoin quotidienne.

Lancement des travaux début mars

Des conditions de vie insalubres et une insécurité permanente qui poussent donc la municipalité à agir, en lien avec l’État, le rectorat et l’agence nationale pour la rénovation urbaine. « Après trois ans d’études de faisabilité, l’objectif de cette opération consiste à sécuriser cette zone dans le but de rentrer dans la phase opérationnelle début mars avec la réfection de la rue de la SPPM, puis celle autour des établissements scolaires et de la MJC avant l’aménagement d’un chemin piétonnier », détaille l’élu. À terme, le projet Kaweni Hima doit également sortir de terre avec un certain nombre de bâtiments, un parc paysager sportif et une gare routière, pour un montant total de 150 millions d’euros.

De belles promesses sur le papier… « Si rien n’est fait, je parie que nous pourrons revenir d’ici quelques mois pour tout recommencer », met en garde l’un des agents de la ville, déjà présent deux ans plus tôt lors d’une opération similaire. D’où peut-être la présence massive des forces de l’ordre ce jour-là pour démontrer que cette action n’est pas un simple coup d’épée dans l’eau. « Il faut que la population y croie ! La ville va mettre le paquet. Même si cela va prendre des années, nous allons donner de l’espoir aux habitants et montrer que nous sommes là. Nous allons passer des paroles aux actes », assure Hamidani Magoma, fort de 40 ans d’expérience professionnelle dans l’aménagement du territoire.

Coupure généralisée : un individu vandalise un câble 20.000 Volts et plonge Mayotte dans l’obscurité

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Une panne de courant a coupé l’électricité sur toute l’île dans la nuit de mercredi à jeudi. Les équipes d’EDM ont mis plusieurs heures à retrouver la cause du problème et à rétablir le courant pour les milliers de clients touchés.

Et nox fuit. Ce mercredi 16 décembre, à 22h42, les lumières s’éteignent sur Mayotte. Seules quelques ampoules alimentées par des groupes électrogènes, comme dans les supermarchés ou au CHM, font encore concurrence aux étoiles qui scintillent dans le ciel. Et encore. “Il y a eu une première coupure, et il a fallu attendre peut-être deux trois minutes avant de récupérer du courant”, témoigne une infirmière en service cette nuit-là. Une ligne du SMUR, le service mobile d’urgence et de réanimation, aurait même été indisponible… C’est dire le bazar !

Dès les premières minutes, les commentaires ne se font pas attendre sur les réseaux sociaux. Allusions sarcastiques au quotidien des voisins Comoriens, et autres coups de gueule en cascade n’ont pas manqué d’inonder la toile, tapés rageusement sur des smartphones encore chargés et chauffés à bloc. “Juste au moment du match de Marseille !”, ironise un internaute, quand une mère de famille raconte sa nuit blanche étalée sur le carrelage avec son bébé, les fenêtres grandes ouvertes.

La peur de tout perdre

“J’étais en stress, je n’ai pas dormi de la nuit !”, s’exclame quant à elle Sandy Devilaine, la gérante du Dandy’s sushis de Petite-Terre. Cette entrepreneure fraîchement installée sur l’île aux parfums a vraiment cru qu’elle allait devoir se défaire de sa marchandise, à cause de la rupture de la chaîne du froid. Bilan des courses : 1,5 kilo de poiscaille jeté par la fenêtre, – environ 20 euros – pour éviter le risque d’intoxication alimentaire. “Plus de peur que de mal ! Mais quand même, j’ai eu peur de tout perdre…”, souffle-t-elle, la voix éreintée après cette nuit d’angoisse.

Haute tension

La cause de tout ce tintouin ? Un câble souterrain de 20.000 Volts, vandalisé dans le secteur de Vahibé par “un individu qui voulait voler de l’énergie en s’alimentant directement sur le réseau haute tension”, a fini par communiquer EDM en fin de journée jeudi, plusieurs heures après le rétablissement du courant pour ses milliers de clients. Toute l’île, Grande-Terre comme Petite-Terre, aura donc fait les frais de l’incident. Plutôt rare, même pour Mayotte. Sur les coups de 6h, plus de 90% des abonnés avaient toutefois pu rebrancher leurs batteries, pour un retour à la normale à 11h30 ce jeudi.

“Des brûlures graves voire même l’électrocution”

Mais il aura fallu encore quelques heures de plus pour que les équipes d’astreinte et les renforts mobilisés depuis 23h cette nuit-là, soit une quarantaine d’agents au total, parviennent à déterminer la source du problème. De prime abord, les experts tablaient plutôt sur un défaut d’armoire électrique au départ de Passamaïnty, qui, couplé à un réseau fragilisé par des travaux de maintenance, aurait provoqué la panne. Ils étaient sûrement loin d’imaginer qu’une personne puisse volontairement tenter de se brancher sur 20.000 Volts… “Cet acte s’avère inutile et d’une absurdité totale puisqu’on ne peut utiliser de la haute tension à des fins domestiques, en plus d’être d’une extrême dangerosité”, signale encore EDM sur sa page Facebook.

Le fournisseur d’électricité va donc “déposer plainte contre X dans les prochains jours afin de déterminer l’auteur des faits”. Pas sûr toutefois de retrouver le pauvre bougre… qui n’a pas dû sortir indemne après un tel coup de jus. Le risque ? “Des brûlures graves voire même l’électrocution”. Or, d’après nos informations, aucun cas de ce genre n’a été recensé depuis mercredi à l’hôpital. Qui s’y frotte s’y pique !

Coupe de France : le FC M’tsapéré à 180 minutes d’un rêve

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Dimanche à 14h30, le FC M’tsapéré défie la JS St-Pierroise à la Réunion, pour une place en 32ème de finale de Coupe de France. En cas de qualification pour les deux prochains tours, les champions de Mayotte pourraient, selon le tirage au sort, rencontrer un club de Ligue 1…

Fermez les yeux, et imaginez un instant le Football Club M’tsapéré affronter le finaliste de la dernière Ligue des champions, le Paris Saint-Germain et ses supers stars au Parc des Princes. Imaginez les footballeurs amateurs mahorais défier le grand Olympique de Marseille des champions du Monde Steve Mandanda et Florian Thauvin dans le mythique Orange Vélodrome.

Mais encore, imaginez le club champion de Mayotte sur la pelouse du Matmut Stadium Gerland, disputer un match officiel face à l’Olympique Lyonnais des internationaux Memphis Depay, Anthony Lopez, Karl Toko-Ekambi et Houssem Aouar… Faire opposer les plus petits clubs amateurs de l’hexagone et d’Outre-mer aux plus grands clubs de France : c’est ce que propose la Coupe de France de football depuis 1917.

L’une de ses plus belles histoires a été marquée en 2000 avec l’épopée de Calais. Le club amateur qui évoluait en quatrième division avait atteint la finale et s’était incliné 2-1 au Stade de France, contre le FC Nantes de Landreau, Gillet, Carrière, Sibierski, Da Rocha ou Monterrubio. Un parcours exceptionnel avec la cerise sur le gâteau pour Réginald Becque, capitaine calésien, invité par Mickaël Landreau à soulever la Coupe de France que lui avait remise le président de la République de l’époque Jacques Chirac…

Après leur étincelant parcours en coupe régionale de France ces dernières semaines, où ils ont sorti tour à tour l’ACSJ M’liha, l’UCS Sada, l’Olympique Miréréni, la Racine du Nord Acoua, l’US Ouangani et le Pamandzi SC, les Diables Rouges m’tsapérois se sont qualifiés pour le huitième tour de la Coupe de France et étaient à 90 minutes – 120 si prolongations – d’un 32ème de finale, où entraient habituellement en lice les clubs de Ligue 1…

Mais ce jeudi, la Fédération française de football a réadapté la formule Coupe de France version 2020/2021, dont l’épilogue était menacé par la crise sanitaire. Pour espérer aller au bout de sa compétition, la 3F a décidé il y a quelques heures à peine de séparer les clubs amateurs des clubs professionnels jusqu’aux 16èmes de finale.

Une nouvelle formule de qualification qui change tout

À deux matchs d’affronter des pros… Jusqu’à présent, ce rêve était difficilement accessible aux Mahorais tant les différents clubs locaux se sont cognés sur un mur ces deux dernières décennies. Le mur du septième tour de Coupe de France face aux clubs de l’hexagone, que ni M’tsapéré (2001, 2004, 2012, 2016, 2018, 2019), ni Pamandzi (2002, 2003), ni M’zouasia (2014, 2015), ni Kani-Kéli (2005, 2013), ni Dzoumogné (2007, 2008), ni d’autres encore (M’tzamboro, Koropa, Kani-Bé, Tsingoni, Combani…), n’ont pu franchir.

Mais cette année, la donne a changé. D’abord, la 3F a accédé à une requête de la Ligue mahoraise de football d’organiser un tour de coupe régionale de France supplémentaire à Mayotte, pour ainsi qualifier le représentant mahorais, non plus pour le septième mais pour le huitième tour de la Coupe de France. Mais surtout, la FFF a modifié la formule de qualification pour les équipes ultramarines, notamment les qualifiés réunionnais et mahorais. Ceux-ci doivent s’affronter au huitième tour de la Coupe de France, et le vainqueur représentera l’Outre-mer zone océan Indien en 32ème de finale.

Le FC M’tsapéré a donc rendez-vous avec la Jeunesse Sportive Saint Pierroise, vainqueur de la Coupe régionale de France à La Réunion, ce dimanche à 14h30 à Saint-Pierre. La JSSP avait créé la sensation lors de la dernière coupe de France en atteignant les 16èmes de finale : battu par Epinal après avoir notamment éliminé Niort, club de Ligue 2 au tour précédent.

Le parcours des Réunionnais leur avait valu les plus belles louanges du football ultramarin et une exposition nationale avec la réalisation de plusieurs reportages dont celui de l’émission populaire Téléfoot. C’est cette Saint-Pierroise que défieront les M’tsapérois du FCM ce week-end. Un septième tour à Mayotte, une formule de qualification plus abordable, un adversaire régional de division identique pour le huitième tour et, depuis hier, la garantie d’affronter un nouveau club amateur en 32ème de finale…

Le rêve de tout footballeur amateur d’affronter une Ligue 2, voire une Ligue 1, n’a jamais été aussi proche pour les représentants mahorais de la Coupe de France. Reste à contrecarrer les plans de la Jeunesse sportive pour espérer l’atteindre.

Comprendre l’origine des violences à Mayotte grâce à un observatoire

C’est un partenariat tripartite (entre le rectorat, l’agence régionale de santé de Mayotte et le parquet de Mamoudzou) qui s’engage dans la lutte contre tous types de violences. À travers un observatoire, ces trois institutions, accompagnées du Département et de la préfecture, souhaitent comprendre le fond du problème en collectant des données.

Pourquoi Mayotte subit une montée des violences ? Qui en sont les auteurs ? Quelles peuvent être les solutions ? Des questions auxquelles l’observatoire des violences à Mayotte va tenter de répondre. Autour de la table : l’agence régionale de santé, le rectorat, le parquet, le Département, l’association des maires et la caisse d’allocations familiales. Chaque institution devra se pencher sur le fond du problème et collecter des données pour “appréhender scientifiquement cette situation préoccupante, aux fins de proposer des solutions de fond et des outils pragmatiques permettant d’agir efficacement sur le phénomène et sur le long terme”. Concrètement, il s’agit de récolter des témoignages, de définir l’origine des violences, d’identifier leurs auteurs, de comprendre leurs motivations, et de sensibiliser la population à ces différentes problématiques. Chaque institution aura un rôle bien précis. Tous les partis devront par la suite mettre leurs travaux en commun.

Le parquet met à disposition ses données

Le tribunal de grande instance de Mamoudzou fait partie des signataires de l’accord portant sur l’observatoire des violences. “La contribution du tribunal est de mettre à disposition des données qui sont fiables de telle sorte à pouvoir analyser l’âge des auteurs, le genre, leurs domiciles, l’endroit où ils sont nés… En bref, des éléments assez riches pour pouvoir analyser ces violences”, indique Virginie Benech, magistrate au TGI de Mamoudzou. Le tribunal possède également des éléments concernant le nombre d’infractions commises sur le territoire et devra les communiquer. Des informations transmises par la gendarmerie et la police. À ce jour, aucune analyse ne permet de tout regrouper. D’où l’importance de cette contribution du monde judiciaire.

Car la répression n’est pas l’unique solution face à la montée de la violence. “Il est souvent reproché au tribunal de ne pas prononcer des peines assez longues et sévères, mais la réponse n’est pas là, en réalité. La solution n’est pas d’enfermer et de jeter la clé du centre pénitentiaire. La question est de savoir comment ces violences sont arrivées à Mayotte afin que nous puissions tous vivre ensemble.” Et l’une des pistes pour y parvenir est de diffuser, partager et comprendre les valeurs de la République.

Le rectorat veut travailler avec les parents

 L’Éducation nationale n’est pas en reste : c’est l’une des trois institutions à l’origine de ce projet. Le rectorat de Mayotte s’est déjà penché sur la question des violences sur l’île. “Nous avons un groupe de travail qui agit et étudie les violences scolaires, les violences faites aux élèves, celles faites aux femmes et bien d’autres. Nous avons récolté des témoignages intéressants qui permettent de faire un état des lieux de cette société ainsi que des différentes formes de violences. Nous allons continuer ce travail”, affirme le recteur de Mayotte, Gilles Halbout. Il faudra par la suite enclencher le processus de sensibilisation pour permettre aux jeunes d’apprendre à s’exprimer et à mettre des mots sur leurs ressentis et leur vécu. Une étape clé pour dénoncer les violences. Quant aux parents, pas question de les laisser sur le bas-côté. Le dispositif “école des parents” doit justement les mettre à contribution. “Il y a un travail de prévention à faire avec eux sur les différents types de violences même celles qu’on ne voit pas”, poursuit Gilles Halbout. Un congrès sur la parentalité et la jeunesse devrait prochainement être organisé. Il s’agira d’un moment de recherche et d’échanges entre les différents acteurs actifs sur le terrain. Un point sera fait toutes les 6 à 7 semaines afin qu’il ne finisse pas au fond d’un tiroir dans quelques mois.

Le conseil départemental apporte 360.000 euros

Et le Département aussi va devoir mettre la main à la patte… ou plutôt au portefeuille, avec une jolie somme de 360.000 euros. La collectivité a confié la tâche au conseil de la culture, de l’environnement, et de l’éducation de Mayotte (CCEEM) qui est chargé de collecter des données sur toutes les formes de violences présentes sur l’île. “Ce travail de recherche d’informations et d’analyse est indispensable pour ensuite orienter les politiques publiques et les solutions”, estime Issa Issa Abdou, quatrième vice-président du conseil départemental. Elles devront être concrètes et efficaces pour que les Mahorais voient le résultat sur leur quotidien. “Autrement, nous aurons raté notre coup. Il faut donc que tous les maillons de la chaîne agissent ensemble”, avertit Issa Issa Abdou.

L’ARS de Mayotte pour une approche scientifique

Dernier pilier de cet observatoire : Salim Mouhoutar, le directeur adjoint de l’agence régionale de santé. “La violence conduit toujours à une mauvaise santé qu’il s’agisse de la santé psychique ou physique”, explique celui qui assume le rôle de chargé de mission. L’objectif de l’ARS est de faire valoir la science au sein de ce projet. “L’ARS n’est pas signataire mais sera dans le comité scientifique. Nous allons fournir des données de santé, notamment sur les addictions, les problèmes d’alcoolémie… Nous allons essayer de comprendre le comportement d’une personne dépendante par exemple”, précise Salim Mouhoutar.

Lutte contre le braconnage : un pacte de sauvegarde des tortues à 2.5 millions d’euros

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Mercredi, les communautés de communes du Sud et de Petite-Terre, le Département, la préfecture et les associations Oulanga Na Nyamba et les Naturalistes ont signé un pacte de sauvegarde des tortues, qui engage six axes prioritaires pour l’année 2021. Renforcement des effectifs et moyens matériels sont au cœur de ce partenariat qui doit permettre de lutter efficacement contre le braconnage.

Bien connue pour être un vivier de pontes de tortues marines, Mayotte subit avec effarement le braconnage de ces espèces. Quelques semaines après avoir dévoilé sur la plage de Grand Moya en Petite-Terre leur nouveau plan d’actions pour lutter efficacement contre ce fléau, les parties prenantes viennent de signer ce mercredi 16 décembre le fameux pacte de sauvegarde. « En un mois, j’ai déjà l’impression que nous avons un peu fait bouger les lignes », se félicite Jean-François Colombet, le préfet, au moment de parapher cet engagement avec les communautés de communes du Sud et de Petite-Terre, le Département, Oulanga Na Nyamba et les Naturalistes.

Un engagement évalué à 2.5 millions d’euros, dont la moitié à la charge de l’État, qui doit permettre d’afficher des résultats concrets. Comment ? En poursuivant un certain nombre d’objectifs durant l’année 2021. En premier lieu, il apparaît primordial de mieux connaître les raisons qui poussent à la consommation. D’où le financement d’une étude sur ces pratiques socio-culturelles réalisée par l’institut de recherche pour le développement de Nouvelle-Calédonie. Mais aussi d’accroître les recensements de braconnage et de les remonter systématiquement au réseau d’échouage mahorais de mammifères marins et de tortues marines (REMMAT).

Pour cela, les associations vont toutes les deux recevoir un chèque de 30.000 euros et bénéficier de 5 parcours emploi compétences et de 12 services civiques, formés par l’office français de la biodiversité. « Il ne s’agit pas d’installer des brigades qui vont verbaliser et se substituer aux polices environnementales déjà existantes », rassure le délégué du gouvernement. L’idée est d’intensifier les rondes la nuit sur les plages les plus exposées. « Les experts nous disent que la présence humaine dissuade les actes de braconnage. » Le tout sous la coupe de deux employés Fonjep (fonds jeunesses et éducation populaire), qui auront la lourde tâche d’assurer l’organisation des patrouilles. D’ailleurs, ces dernières seront mixtes dans le but de créer une synergie entre les différents partenaires.

La PAF au secours des tortues

Pour animer ce groupe de coordination opérationnelle, ce pacte prévoit l’arrivée au mois de mars prochain d’un nouvel élément à la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement, dans le cadre d’une mission inter-services de l’eau et de la nature (MISEN). Mais la préservation des tortues marines ne se joue pas seulement sur les plages. D’où la mise en place d’une cohérence entre la terre et la mer. « Le poste de commandement de l’action de l’État en mer, qui est beaucoup mobilisé sur la lutte contre l’immigration clandestine, pourra conduire quelque fois lors d’une opération Shikandra des actions de lutte contre le braconnage, lorsque les braconniers arrivent par voie maritime », complète Jean-François Colombet.

Pour mener à bien ces missions communes, des investissements vont suivre pour rassurer les patrouilleurs. À l’instar des agents du Département qui vont recevoir de nouveaux véhicules mais aussi des jumelles à vision nocturne. « Nous pourrons le cas échéant [les] autoriser à se doter d’armes de forces intermédiaires », ajoute le préfet. Des bombes à gaz pour être précis. « Les équiper de matériel de protection un peu plus militaire était l’une de leurs demandes », rappelle Raïssa Andhum, vice-présidente de la collectivité. Toujours dans la même lignée, le conservatoire du littoral et la communauté de communes du Sud réfléchissent à la construction d’un abri à Charifou et poursuivent la rénovation de la maison de Saziley.

Un arrêté pour interdire l’accès aux plages

Par ailleurs, le point fort de ce pacte est le renforcement de la protection réglementaire des sites les plus sensibles, grâce à la future adoption d’un arrêté de biotope pour Moya et Saziley. « C’est un acte assez fréquent en métropole, qui manque ici, c’est incontestable », souligne le préfet de Mayotte. Et ainsi interdire l’accès aux plages, comme le fait déjà l’intercommunalité de Petite-Terre.

Enfin, il est essentiel de communiquer le plus largement possible auprès du grand public sur la protection des tortues. Mais aussi de sensibiliser les scolaires grâce à la signature d’une convention avec le rectorat. Cerise sur le gâteau avec l’ouverture d’un centre de soins pour les tortues marines au début de l’année 2022, dont le montant de l’opération s’élève à 1.873.000 euros.

Aujourd’hui, les associations et les autorités ont toutes les cartes en main pour faire de ce vœu une réussite sans précédent. « Ce pacte a une approche globale, partenariale et cohérente. Et surtout, nous y mettons notre volonté et notre détermination », résume Jean-François Colombet. Qui donne rendez-vous le mois prochain pour tirer un premier bilan de ces engagements.

Quelle réponse pénale face au braconnage des tortues ?

Le préfet de Mayotte l’assure : « Ce plan ne se substitue pas à l’autorité judiciaire qui joue son rôle. » Un rôle rappelé par Sarah M’Buta, substitut du procureur en charge de l’environnement. « La politique pénale du parquet est ferme concernant le braconnage des tortues. Nous avons un déféremment systématique devant le procureur de la République et un envoi en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel avec des peines fermes d’emprisonnement et un mandat de dépôt. »

Agression sexuelle : l’homme qui murmurait à l’oreille du zébu devant le juge

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Un prévenu comparaissait ce mercredi au tribunal pour une tentative d’atteinte sexuelle sur mineure de moins de quinze ans. Atteints de troubles psychiatriques, il écopera de dix-huit mois de prison avec sursis. Une affaire qui rappelle surtout l’insuffisante prise en charge des cas psychiatriques à Mayotte, faute de structure.

Il lève ses yeux ronds comme des billes et demande avec une naïveté sans feinte : “J’ai une maladie ? Ça fait partie de mon sang ?” Plus d’une fois, c’est cette même interrogation qui revient dans la bouche du prévenu, entendu ce mercredi au tribunal pour une tentative d’agression sexuelle sur une mineure de 14 ans. “J’ai quelque chose dans la tête ?”, répond-t-il encore en éludant sans le vouloir les questions du juge. Face à cet homme en quasi guenilles qui marmonne tantôt en shimaoré, tantôt dans un français approximatif, les robes noires ont tout le mal du monde à obtenir un discours à peu près cohérent sur les faits reprochés.

L’homme de la rivière

Ce jour de mai 2020, une fillette s’affaire à la rivière avec sa vaisselle, du côté de Bandraboua. Un homme s’approche. Il est torse nu, vêtu d’un simple caleçon gris. « Ça va bien ?”, l’alpague-t-il avant de la questionner sur son âge. Tout à coup, il l’agrippe, lui dit qu’il va la violer, et commence à soulever sa jupe. La jeune fille parvient à s’extirper et à courir vers sa mère un peu plus loin. Ouf ! Une voisine, qui l’a entendue crier et l’a vue s’échapper, confirmera aux gendarmes avoir elle aussi aperçu le prévenu. “Elle vous a croisé, vêtu de ce short gris. Elle dit que vous avez sollicité une relation sexuelle avec elle, et qu’elle pouvait constater que vous étiez en érection”, déroule le président à l’audience.

La nuit, tous les zébus sont gris

Pour le prévenu, en revanche, c’est le trou noir. Tout ce qu’il sait ? Il se rendait au magasin pour aller acheter de l’eau, et à son retour, il a remarqué son érection. “Je ne sais pas si c’est parce que j’avais mis des plantes dans ma bouche”, ânonne-t-il l’air éteint. Visiblement, le problème remonte à loin. Et ce n’est pas la première fois que cet individu tente de s’obtenir quelques faveurs. Sa famille, ses sœurs, sa mère… et un zébu, malencontreusement rencontré la nuit aux champs, en auront fait les frais. Manque de pot pour le dernier, il n’aura pas eu l’opportunité de dire non.

La responsabilité pénale en question

On l’aura compris, le bougre n’a pas vraiment toute sa tête. C’est d’ailleurs à cause de ses problèmes mentaux que sa mère l’a isolé du reste de la famille pour s’épargner ces avances répétées. Suivi par un psychiatre, l’homme a déjà été interné quelques fois, pour de courts séjours. “Une fois, j’ai été interné parce que j’avais une machette”, confirme-t-il à la barre. Des troubles attestés par l’expertise psychiatrique jointe à la procédure. Sujet à des visions qui “l’empêchent de se reposer”, le prévenu entend des voix, souffre de psychoses, de symptômes dépressifs, de tristesse et d’oublis réguliers. Et une consommation occasionnelle de chimique, qu’il nie, n’a pas dû arranger ce joli cocktail… Diagnostic : l’homme est sans doute schizophrène. Et il n’est que partiellement responsable au pénal des faits qui l’ont amené devant le tribunal.

Mayotte face au manque de structure psychiatrique

La bonne nouvelle ? Son cas n’est pas désespéré. “Sous traitement ou avec prise en charge, c’est curable”, résume en substance l’expertise. Mais c’est là que le bât blesse : car cette prise en charge a plutôt fait défaut, comme souvent à Mayotte, faute de structure psychiatrique adaptée. Avec seulement dix lits dans le service dédié au CHM, la capacité d’hospitalisation reste très insuffisante au regard des besoins. Et “son fonctionnement est pensé comme celui d’une unité de crise et impose une pratique médicale de durées de séjour courtes avec parfois des sorties précoces de patients encore très symptomatiques”, peut-on ainsi lire dans un rapport de visite du contrôleur général des lieux de privation de liberté, réalisée en 2016.

Et si le tribunal a pris le temps d’examiner dans les détails cette expertise et la personnalité du prévenu, c’est que tout cela pèse lourd dans la balance. “S’il avait la pleine possession de ses moyens, j’aurais demandé la prison ferme”, justifie le procureur. Dans ses réquisitions, il demandera ainsi une peine de 18 mois de prison avec sursis probatoire et deux obligations : celle de se faire soigner et l’interdiction de voir la victime. Les juges iront dans le sens du ministère public, et le prévenu écopera donc de cette peine. À condition de ne pas l’oublier…

 

À Passamaïnty stade, le dispositif « école ouverte » fait sa rentrée

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Pour la première fois, l’établissement scolaire de Passamaïnty stade met en place le dispositif « école ouverte » durant les vacances et accueille pendant 3 semaines 45 élèves de l’élémentaire pour leur proposer des cours pédagogiques le matin et des activités ludiques l’après-midi. Le directeur, Ali Hafarou Ahamada, s’en réjouit et espère pérenniser l’action sur le long terme.

Si le brouahah quotidien des quelque 800 élèves de Passamaïnty stade s’estompe avec les vacances, l’établissement scolaire n’en reste pas moins vivant pour autant puisqu’il accueille pour la première fois le dispositif « école ouverte » au cours des trois prochaines semaines. Au total, 45 enfants de CE1, CE2 et CM1 participent tous les matins à un renforcement pédagogique en français et en mathématiques de 8h à 11h, sous le regard avisé de leurs professeurs. Le choix des heureux élus repose sur différents critères : le volontariat des élèves mais aussi ceux qui ont des problèmes d’apprentissage et de comportement. Le tout avec l’accord des parents, « qui ont signé une autorisation », souligne le directeur Ali Hafarou Ahamada.

L’après-midi, place aux activités ludiques avec les animatrices de la ville de Mamoudzou. « Chaque semaine, nous organisons deux sorties extérieures pour leur faire découvrir un endroit où ils ne sont jamais allés, comme Saziley, le lac Dziani ou le Choungui », souligne l’une d’elles au recteur, Gilles Halbout, venu prendre la température ce mardi 15 décembre. Un programme alléchant salué d’un « super » par le responsable académique, qui s’efforce, tout au long de l’année, de visiter un maximum de groupes scolaires aux quatre coins de l’île pour recueillir les doléances de ses collaborateurs de l’Éducation nationale.

Un souci électrique de plus de 30 ans

L’occasion pour Ali Harafou Ahamada de pointer du doigt quelques dysfonctionnements repérés à l’intérieur de son enceinte. À l’instar de l’installation électrique défectueuse. « Lorsque j’étais moi-même CP, je connaissais déjà ce problème », rembobine-t-il pour démontrer l’urgence de la mise en place d’un nouveau système aux normes. Un souci qui donne également du fil à retordre à l’inspectrice, Mariama Abdou Kaphet, qui doit faire régulièrement face à des mouvements de crispation de la part des parents et des enseignants. « Il faudrait également remplacer le plafond à l’étage car la chaleur y est insoutenable et réaliser une extension pour supprimer la rotation », ajoute le directeur, en poste depuis cinq ans.

Concernant le sujet du jour, Ali Harafou Ahamada plaide pour un prolongement de cette action, ô combien bénéfique après les retards accumulés durant le confinement, mais aussi primordiale pour la continuité pédagogique. Seul hic, cela ne dépend pas que de lui… « Si la mairie acceptait d’augmenter le nombre de collations, nous pourrions prendre plus d’élèves », résume-t-il. Et précise même avoir reçu plus de 100 demandes pour participer à ce dispositif. Toutefois, il garde confiance en l’avenir. « Les enfants qui sont ici, nous les aurions retrouvés dehors en train de traîner dans la rue à cette période. Là, ils sont encadrés, c’est le point de départ. » Un message partagé par Gilles Halbout, qui a pour habitude de ressasser inlassablement le même discours. « Merci pour votre engagement », lâche-t-il, avant de prendre la direction de Tsoundzou 1, dans le cadre de sa tournée des popotes.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes