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Foncier : Face aux collectivités et à l’État, ce propriétaire bataille pour garder son brochetti à Mayotte

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Ben Ayed Mohamed se trouve dans une impasse. Alors qu’il avait entamé des travaux pour installer son restaurant de brochettes, il a dû tout arrêter à cause d’une confusion liée au foncier entre le Département, la ville de Mamoudzou et l’État. Il s’explique.

C’est une histoire comme tant d’autres à Mayotte. Le foncier est souvent source de conflit et de frustration. Ajoutez à cela l’implication du Département, des communes et de l’État, et vous voilà sûr d’obtenir un cocktail explosif ! Ben Ayed Mohamed, restaurateur, propriétaire de la crêperie Saveur Crêpe, peut en témoigner. En 2018, il reprend le restaurant de brochettes que sa mère tenait à Kaweni depuis 2015, sur une parcelle appartenant à la ville de Mamoudzou. “Ma mère avait fait une demande d’AOT (autorisation temporaire d’occupation) de sol qui avait été acceptée. Mais elle a oublié de la renouveler. En 2018, alors que j’étais en train de tout rénover, l’ancien maire a fait arrêter les travaux”, soupire Ben Ayed Mohamed. Ce dernier formule alors sa reconduction mais se la voit refuser. Il propose donc à la ville et au conseil départemental de lui fournir un nouveau terrain inoccupé pour continuer son activité. Ça sonne dans le vide…

Mais pas question de lâcher son bout de gras ! L’entrepreneur acharné se met en quête de parcelles qui conviendraient à son activité. “J’ai repéré un emplacement à côté de la station Total à l’entrée de Majicavo. C’était un tronçon de terrain abandonné. En juin 2020, j’ai fait la demande d’AOT auprès du Département et de la mairie. Les deux institutions ont donné leur accord en décembre 2020.” Bingo ! “À l’issue des autorisations, j’ai alors entamé les travaux”, déroule-t-il. Mais sa joie n’est que de courte durée. Trois semaines plus tard, voilà que la DEAL pointe le bout de ses naseaux… et stoppe le chantier. Visiblement, l’institution en charge de l’aménagement n’aurait pas été informée du projet alors que la parcelle en question appartient à l’État et non aux collectivités qui ont donné le feu-vert. Et la mairie de se rétracter fissa à la suite de cette intervention. “Elle a envoyé la police municipale pour que je contresigne l’autorisation qu’ils m’avaient faite”, s’étrangle l’entrepreneur. Pour Ben Ayed Mohamed, c’est le retour à la case départ : le pauvre homme doit réaliser une nouvelle demande d’autorisation temporaire d’occupation de sol. Encore de la paperasse !

 

“Au lieu de nous guider, on nous met des freins”

 

Le restaurateur à bout de nerf est d’autant plus préoccupé qu’il a à sa charge cinq salariés. “Pour l’instant, ils bénéficient du chômage partiel mais je ne sais pas jusqu’à quand cela va durer”, craint-il. Si Ben Ayed Mohamed ose parler de son cas aujourd’hui, c’est qu’il espère “faire bouger les lignes”. Il déplore l’accompagnement et le traitement réservés aux auto-entrepreneurs. “Les jeunes entrepreneurs sont l’avenir de Mayotte. Et au lieu de nous guider et de nous conseiller quand quelque chose ne va pas, on nous met des freins.” Malgré sa colère, Ben Ayed Mohamed assure ne vouloir causer du tort à personne, ni enfreindre aucune règle. Il fera une nouvelle fois ce qui est demandé dans l’espoir d’ouvrir son restaurant de brochettes rapidement. Courage !

Les Sportifs de la Décennie 2010-2019 à Mayotte : Une élection qui sort du lot

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La crise sanitaire et l’arrêt des compétitions sportives en 2020 a contraint la Somapresse à trouver une alternative à son élection annuelle récompensant le sport et les sportifs mahorais. Et quelle alternative ! Puisque le 20 février prochain seront décernés les trophées Mayotte Hebdo du sportif de la décennie 2010-2019 ! Les nommés seront dévoilés ce jeudi en direct du JT de Mayotte La 1ère et sur le site internet www.mayottehebdo.com.

Chaque année depuis 2009, la Société Mahoraise de Presse (Somapresse) organise une cérémonie en l’honneur des sportifs mahorais ayant marqué l’année civile précédente. Mais 2020 a vu une pandémie s’abattre sur les cinq continents et ravager toutes les facettes de la vie : santé, économique, sociale, culturelle… et sportive. La maladie du coronavirus 2019 (Corona Virus Disease 19) ou Covid-19 a stoppé les compétitions professionnelles comme amateurs, des plus grands pays aux plus petits territoires du monde. La France, dont son 101ème département, Mayotte, n’y a pas échappé.

En mars et avril derniers, les saisons de basket-ball, de handball, de volley-ball, de rugby, et d’autres disciplines moins populaires ont été définitivement arrêtées, sans qu’elles puissent arriver à leur terme. Pour la saison 2019/2020, aucun club de sport collectif n’a été sacré champion de Mayotte.
Pour la saison 2019/2020, aucun trophée n’a été décerné, ou presque. Sur l’île au lagon, seule la saison de football a pu être relancée avec la coupe régionale de France et les coupes de Mayotte. Comment organiser l’élection du Sportif de l’année 2020 dans ces conditions ? Comment récompenser les sportifs mahorais sur une année civile dépourvue de – quasiment – toutes compétitions ? La question s’est longuement posée au sein de la Somapresse. « De toute évidence, nous ne pouvions maintenir l’élection dans son modèle habituel. Avec neuf mois sur douze sans sport et aussi peu de compétitions qui ont pu se terminer, cela n’aurait pas eu de sens« , soutient Nassem Zidini, chargé de l’événementiel au sein de l’entreprise.

 

« Continuer à promouvoir l’excellence sportive mahoraise » malgré la crise sanitaire

 

« Mais en même temps, nous étions tous unanimes sur le fait qu’il fallait trouver une alternative, sur le fait qu’il fallait, d’une manière ou d’une autre, continuer à promouvoir l’excellence sportive mahoraise« , poursuit-il. L’élection du Sportif de l’année ayant été créée en 2009 et la dernière édition ayant récompensé les meilleurs sportifs de l’année 2019, l’organisation a trouvé la solution idéale : récompenser les meilleurs sportifs de la décennie 2010-2019.

« La Somapresse possède des archives sport remontant aux années 1980 ! Et sur la dernière décennie, nous avons encore plus de détails sur les performances sportives des uns et des autres grâce au travail mené par nos journalistes dans le cadre de l’élection du Sportif de l’année. Nous disposions de tous les éléments pour proposer l’organisation d’un tel événement« , assure Nassem Zidini. « Cela a demandé un travail de recherches plus approfondi pour ne pas se tromper dans les nominations, mais à défaut de pouvoir organiser l’élection du Sportif de l’année 2020, organiser l’élection du Sportif de la décennie 2010-2019 coulait de source pour nous. » Ce jeudi 28 janvier, les noms des 40 nommés seront dévoilés en direct du JT de Mayotte La 1ère. Dans la foulée du JT, la Somapresse publiera leur portrait et lancera le vote en ligne pour les internautes sur son site internet www.mayottehebdo.com.

 

L’identité des nommés dévoilée jeudi soir sur Mayotte La 1ère

 

Ils seront cinq par catégorie, pour huit catégories concourantes : Le Sportif de la décennie, la Sportive de la décennie, l’Entraîneur de la décennie, le Dirigeant de la décennie, l’Équipe masculine de la décennie, l’Équipe féminine de la décennie, le Mahopolitain (sportif mahorais évoluant hors de l’île) de la décennie et enfin, la Mahopolitaine (sportive mahoraise évoluant hors de l’île) de la décennie.
Le prix spécial du jury étant indépendant des compétitions se déroulant sur l’année civile, il sera décerné encore cette année à une personnalité ayant marqué le sport mahorais. De grands noms ont honoré de leur présence lors des cérémonies précédentes et reçu ce prix, parmi lesquels Blaise Henry, Jean Claude Novou, Issouf Saïd, Saïd Houssène Abdourraquib ou encore le regretté Jack Passe.

La prochaine cérémonie, elle, se déroulera le samedi 20 février 2021 en direct des locaux de Mayotte La 1ère. Au vu de la crise sanitaire et des craintes d’une seconde vague de contaminations sur l’île, cette cérémonie ne ressemblera en rien à ce que la Somapresse avait pu proposer jusqu’à présent.
« Le public qui suit l’élection est habitué à ce que nous produisions une émission télévisée de 2h avec Mayotte La 1ère, dans une grande salle avec 300 ou 400 personnes présentes sur place pour assister à la cérémonie. Et avec diverses animations entre les remises de trophées, des artistes, des comédiens, des démonstrations de sports de combat… Cette année, pour respecter les consignes sanitaires fixées par l’ARS, il n’y aura pas de public. Tout se passera en comité extrêmement restreint, avec simplement les lauréats et les remettants sur place« , explique Nassem Zidini.

 

Une cérémonie inédite sans public

 

Dès l’annonce des nommés pour l’élection du Sportif de la décennie jeudi soir, les internautes auront deux semaines pour participer au vote et élire leurs sportifs préférés sur le site de la Somapresse. La clôture des votes du public est programmée au dimanche 14 février 2021, soit une semaine avant la cérémonie de remise des trophées aux lauréats, aux Hauts Vallons. Entre-temps, comme chaque année, un jury composé des partenaires institutionnels de l’événement (Département, État, CROS Mayotte), de la rédaction et de la direction de la Somapresse, de journalistes sportifs et de personnalités sportives mahoraises attribuera son suffrage. Celui-ci comptera pour deux tiers dans l’élection finale des sportifs de la décennie, contre un tiers du vote du public. À partir de jeudi soir, les Mahorais découvriront donc quels sportifs, quels entraineurs, quels dirigeants, quelles équipes ont marqué les dix dernières années du sport mahorais. À partir de jeudi soir, les Mahorais, en votant, pourront contribuer à faire de leurs favoris, les Sportifs de la décennie 2010-2019.

Intercommunalité : Les conseillers municipaux de Mamoudzou votent la dissolution de la Cadema

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Le maire de la commune de Mamoudzou continue son combat pour faire dissoudre la Cadema. Le vendredi 22 janvier, à l’hôtel de ville, se tenait un conseil municipal d’une importance capitale. Ambdilwahedou Soumaïla a réussi à faire voter le rapport visant à demander la dissolution de l’intercommunalité liant Mamoudzou et Dembéni. Mais le chemin est encore long et sera semé d’embûches pour le maire.

Dissoudre la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla en a fait son combat. Rien n’est encore gagné pour lui, mis à part l’avis favorable de son conseil municipal qui a voté pour la dissolution de l’intercommunalité avec 39 voix pour et 10 contre. Afin de parvenir plus subtilement à ses fins, le maire propose, en échange de la dissolution, une fusion des deux communes de la Cadema avec celles de la communauté des communes de Petite-Terre (CCPT). Une proposition qui a également obtenu un vote favorable (39 voix pour, 9 contre, 1 abstention) lors du conseil municipal du vendredi 22 janvier.

Sur le papier, le projet d’Ambdilwahedou Soumaïla semble prometteur. Son ambition ? Faire des quatre communes concernées un grand pôle urbain en les unissant toutes. “Dembéni est notre ville universitaire, et le CUFR est amené à évoluer. L’aéroport sera un vrai aéroport international. Mamoudzou est la capitale économique et administrative de Mayotte. Nous avons donc des choses à faire en commun. À quatre, on sera beaucoup plus efficaces”, essaye de convaincre le maire face à ses conseillers municipaux. Si la grande majorité d’entre eux reste silencieux, quelques-uns de l’opposition n’hésitent pas à émettre clairement leurs doutes et leurs désaccords. À l’image de Jacques Martial Henry. “Je suis favorable à l’élargissement des communes, mais je ne suis pas sûr que la méthode que vous avez choisie va nous apporter un résultat”, fustige-t-il. Avant de suggérer que la question soit soumise aux administrés pour qu’ils choisissent leur destin directement. Nassuf-Eddine Daroueche et Elyassir Manroufou, qui font également partie de l’opposition, sont beaucoup plus catégoriques. Elyassir Manroufou redoute que ce projet ne se retourne contre les habitants du chef-lieu. “Même si la dissolution pouvait se faire, cela nous engagerait sur un statu quo jusqu’en 2026. Nous allons ensemble condamner la population de Mamoudzou parce que les personnes qui composent le conseil communautaire de la Cadema n’arrêteront pas de travailler et vont nous exclure”, prévient-il. Un risque que le maire de la ville balaie d’un revers de la main : “Il y aura une autre forme d’institution qui mènera les projets.”

 

“Un projet voué à l’échec”

 

Le maire de Mamoudzou ne veut pas admettre qu’il existe un groupe d’opposition au sein de son conseil municipal, pourtant il est bien présent, et n’a pas l’intention de lui faciliter la tâche. Le groupe minoritaire s’est fait porte-parole du président de la communauté des communes de Petite-Terre lors du conseil municipal. Les éternels opposants sont partis à sa rencontre et les nouvelles ne sont pas bonnes pour l’édile. “Le président de la CCPT nous a confié la mission de vous dire qu’il ne souhaite pas de vous en Petite-Terre”, lance Nassuf-Eddine Daroueche. Une pique royalement ignorée par le premier magistrat du chef-lieu de l’île. Le conseiller municipal réitère. “Vous savez pertinemment que cette procédure est vouée à l’échec. À Pamandzi, le seuil n’a pas été atteint pour la fusion. Dzaoudzi-Labattoir ne veut pas de vous. La Cadema ne votera pas en faveur de votre projet, à Dembéni non plus. Alors pourquoi vous obstinez-vous à aller jusqu’au bout ?” Silence. Ambdilwahedou Soumaïla se doute peut-être qu’il n’obtiendra pas gain de cause aussi facilement. Pour mettre fin à la Cadema, Dembéni doit donner son accord. “Dissoudre une communauté d’agglomération nécessite un décret qui pose deux conditions. Dans notre cas, il faut l’approbation de cette dissolution par les deux communes. À 50% + 1 pour Mamoudzou et pour Dembeni à 2/3 + 1”, explique Jacques Martial Henry. Un scénario qui a peu de chances de se réaliser à Dembéni. Sauf coup de théâtre.

Pour Mansour Kamardine, « les moyens affectés sont en deçà des besoins réels »

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Face aux risques de nouvelle flambée épidémique à Mayotte, le député LR Mansour Kamardine martèle depuis plusieurs semaines l’absence de moyens déployés par le gouvernement sur le territoire. Malgré les mesures fortes prises récemment par le préfet, le parlementaire regrette le retard à l’allumage au sujet de la campagne de vaccination et exige le renforcement de la politique migratoire pour éviter de provoquer une nouvelle crise sociale majeure.

Flash Infos : Depuis le début de l’année, vous ne cessez d’alerter sur une possible reprise épidémique à Mayotte. Vos craintes se sont confirmées avec l’arrivée sur le territoire du variant sud-africain, qui a poussé le préfet à prendre des mesures drastiques, comme la mise en place du couvre-feu ce jeudi 21 janvier. Comment avez-vous accueilli ses déclarations ?

Mansour Kamardine : Je dirais qu’il y a une certaine forme d’espérance dans les décisions prises par le préfet. Je souhaite qu’il y ait maintenant un renforcement des contrôles pour lutter contre l’organisation de fêtes et de mariages qui participent à la circulation de l’épidémie et qui mettent en danger la santé collective. En métropole, des moyens importants ont été déployés pour endiguer les rassemblements, notamment à l’occasion du passage à la nouvelle année. Je ne crois pas que ce soit la fin du monde si nous demandons aux habitants de ne pas se regrouper… Nous pouvons attendre un petit peu et prendre notre mal en patience, non ?!

FI : L’une des autres mesures fortes annoncées par le délégué du gouvernement est l’appel à mobilisation des opérateurs nautiques privés pour participer à la détection en mer des kwassas. Que vous inspire cette demande ?

M. K. : Je salue le renforcement de la protection de nos frontières. Mais l’initiative de faire appel à des opérateurs nautiques privés, qui je l’espère se mobiliseront, permet de corroborer ce que nous dénonçons depuis des mois, voire même depuis des années. Les moyens affectés sont en deçà des besoins réels ! La France doit assumer la souveraineté de Mayotte, ce n’est quand même pas la mer à boire. Il apparaît essentiel que le gouvernement opère dans les plus brefs délais un calibrage vers le haut pour endiguer le phénomène migratoire des kwassas. Car il est avéré que nous trouvons de tout à bord de ces embarcations de fortune : aussi bien des personnes porteuses du virus que des cheptels et de la contrebande.

FI : Justement, n’est-ce pas un aveu d’échec de la politique migratoire pratiquée à Mayotte ? La solution ne serait-elle pas plutôt diplomatique, comme le préconise le document-cadre de partenariat franco-comorien de juillet 2019 ?

M. K. : À la question, faut-il développer une coopération sanitaire ? La réponse est oui, bien évidemment. L’agence française de développement (AFD) vient de mobiliser 1 million d’euros pour aider l’Union des Comores à faire face à l’épidémie. Il faut le faire sans condition ! En apportant notre appui aux autorités comoriennes, nous réalisons une double opération : nous l’épaulons pour soigner sa population et nous nous protégeons. Mais en contrepartie, nous pouvons être plus fermes avec ses dirigeants politiques et faire en sorte qu’elle respecte sa part du marché.

FI : Quant à la campagne de vaccination, elle s’est accélérée sur l’ensemble du territoire national et dans les Outre-mer, et Mayotte passe encore une fois pour la cinquième roue du carrosse… Ici, elle ne doit pas débuter avant le début de semaine prochaine.

M. K. : Avec mes collègues parlementaires, nous avons appelé de nos vœux à un véritable plan actif de vaccination. Malheureusement, l’agence régionale de santé se trouve seule pour faire un appel du pied à Paris dans le but qu’on lui envoie les doses nécessaires. La population mahoraise souhaite ardemment être vaccinée ! Peut-être même plus qu’ailleurs puisque nos capacités hospitalières et logistiques sont limitées, à l’image des 16 lits en réanimation. D’autant plus que nous sommes à portée du variant sud-africain.

Ce nouvel épisode démontre bien à quel point le 101ème département est totalement délaissé par le gouvernement. Ce que nous vivons actuellement, nous l’avons déjà vécu en 1981 lors de l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand, qui souhaitait purement et simplement le largage de Mayotte à l’Union des Comores. Mais c’était sans compter sur la détermination des Mahorais. Notre histoire est comparable à la fable «Le Chêne et le Roseau» de Jean de La Fontaine. Nous ne rompons pas et nous continuerons à exprimer notre souffrance.

FI : Selon vous, les Mahorais sont-ils prêts à respecter le couvre-feu, voire même à accepter un nouveau confinement si la situation sanitaire ne s’améliore pas d’ici 15 jours ?

M. K. : Les Mahorais comprennent la nécessité du couvre-feu et l’éventualité du confinement. À condition que tous les moyens soient mis à notre disposition, comme l’envoi des bâtiments de la marine nationale pour surveiller nos côtes. Si demain, des kwassas continuent de beacher, cela va provoquer une crise sociale majeure. L’opinion ne l’acceptera pas. Et nous risquons d’aller au devant de grosses difficultés, comme des affrontements avec les forces de l’ordre…

Crise sanitaire : À la mosquée de Passamaïnty, dernière prière avant le couvre-feu

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Les fidèles accueillent avec peu d’enthousiasme les nouvelles restrictions pour lutter contre la propagation du variant de Covid-19 à Mayotte. Surtout au vu des moyens déployés pour respecter les protocoles sanitaires dans les mosquées.

15h45. Le soleil darde enfin ses rayons sur les toitures encore ruisselantes après deux jours de pluies torrentielles. Au même moment, les premières notes du muezzin s’élèvent d’un minaret gris tendu vers le ciel clairsemé. Devant la mosquée de Passamaïnty, une dizaine de paires de savates traînent déjà à côté des flaques d’eau. Un groupe de quatre hommes, chaussures aux pieds, kofias sur le crâne chauve et masques sur le nez, profite tranquillement de la fin d’après-midi… et de leurs dernières heures de répit avant le couvre-feu. La petite équipe vient tout juste de finir la prière collective. La prochaine ? Ils la feront seuls sur leur tapis personnel, à la maison.

C’est fermé la mosquée, après, de 6h à 4h du matin”, soupire l’un des bonshommes, avec un haussement d’épaules résigné. À deux mètres de lui, en bas des escaliers, son comparse a un peu moins sa langue dans sa poche. “Regarde ! Là, tu as les heures de prière. Avec ce couvre-feu, on en loupe deux !”, s’agace ce fidèle en brandissant le planning sur une application de son smartphone. Effectivement, la prière du “Maghreb” est prévue pour 18h33, suivie de la “Icha” un peu plus d’une heure après. “La prière c’est quelque chose qui se fait en groupe”, bougonne encore le musulman, aussitôt approuvé par les hochements de tête énergiques de ses coreligionnaires.

 

“La barge à 21h ?”

 

Alors que l’arrêté préfectoral instaurant un couvre-feu à Mayotte, de 18h à 4h du matin et pour une durée de 15 jours, est en vigueur depuis jeudi soir, la bande partage un même sentiment d’injustice teinté d’incompréhension. “Si on arrête la barge à 21h, pourquoi ne laisse-t-on pas les fidèles se rendre à la mosquée ?”, demande par trois fois Abdallah Mohamadi, le plus virulent des quatre. Qui n’hésite pas à fustiger le premier concerné : “dites à votre préfet que Mayotte s’est construite avec les Mahorais. Lui part dans deux ans, et il calque ce qui se fait en métropole sur notre île. Il ne prend même pas en compte le décalage horaire !”, dégobille cet ancien enseignant et directeur d’école à la retraite. En agitant sa carte d’identité pour bien montrer qu’il ne se démontera pas. “Dites-lui bien que c’est Abdallah Mohamadi qui dit ça. Je n’ai peur de personne, seulement de Dieu !

 

Moquette et distanciation sociale

 

mayotte-couvre-feu-mosquee-1Le plus énervant, pour cet homme de foi ? C’est que la petite mosquée verte a tout mis en place pour respecter les protocoles sanitaires, et ce, dès le premier confinement, assure-t-il. D’un geste de la main, le soixantenaire invite à le suivre en haut des marches, pour montrer les croix scotchées sur la moquette, tel un jeu de morpion grandeur nature. À cette heure de l’après-midi, le seul homme encore agenouillé face à la Mecque a d’ailleurs toute la salle pour lui, 20/20 pour la distanciation sociale. “Depuis le Covid, l’affluence dans les mosquées a été divisée par cinq ou six”, acquiesce Anouoiri Chanfi, chef de service étude et partenariat au conseil cadial. À côté de ça, les cours de récréation bondées ou les queues de supermarché qui ne manqueront pas de s’étirer devant le Sodifram avant l’heure fatidique n’auront qu’à bien se tenir ! Et Abdallah d’asperger de gel hydroalcoolique les mains de qui veut. “On a même des masques pour ceux qui les auraient oubliés.” Le tout fourni par la mosquée grâce au concours des habitants du village, explique-t-il.

 

Le conseil cadial veille au grain

 

Jusqu’à ce jour, ce sont les fidèles qui ont contribué à financer le gel ou les masques”, confirme Anouoiri Chanfi. Certaines ont même investi dans des nouveaux tapis pour faciliter le nettoyage, voire ont eu recours à des vacataires pour apporter un maximum de garanties sanitaires. “La plupart, la grande majorité, ont toujours respecté les consignes, et pour le peu qui refusaient, le dialogue a permis de régler le problème”, déroule le responsable. Gage de cette bonne tenue : le conseil cadial, qui a d’ailleurs communiqué ce mercredi par la voix du Grand Cadi pour rappeler à tous les risques en cas de non-respect des consignes. Quiconque refuse de se plier au couvre-feu ou aux protocoles risque de devoir fermer ses portes jusqu’à nouvel ordre. “Nous sommes aussi engagés dans une démarche de lobbying auprès des élus pour fournir le matériel nécessaire, car il ne s’agit pas là de religieux, mais bien de santé publique”, argumente encore Anouoiri Chanfi. Et pour convaincre les plus réfractaires, le membre du conseil connaît déjà la parade : “l’Islam a pour fondement de sauver des vies”, rappelle-t-il.

Couvre-feu : Les commerçants mahorais obligés de se réorganiser à nouveau

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Couvre-feu oblige, les commerçants doivent revoir leur organisation. Horaires aménagés pour les salariés, baisse du chiffre d’affaires… La nouvelle mesure vient aggraver la situation des entreprises, déjà éprouvées par une année 2020 hors norme.

Ils ont tant espéré ne pas en arriver là. Mais les commerçants n’ont eu d’autre choix que de se plier au couvre-feu instauré sur l’île. Depuis hier, aucun magasin n’est autorisé à rester ouvert au-delà de 18h. Un nouveau coup de massue pour les entreprises déjà frappées par la pandémie en 2020. «Nous aimerions qu’on nous laisse travailler», réclame Marcel Rinaldy, président du groupe 3M. Le couvre-feu vient aggraver le cas déjà bien délicat de l’entreprise, lié à la montée de la violence. «Les horaires habituels sont de 8h30 à 20h, mais à cause de l’insécurité, nous étions déjà passés sur un palier de 19h pour que les collaborateurs puissent rentrer chez eux en toute sécurité. Avec le nouveau couvre-feu nous fermerons les magasins à 17h45 de manière à ce qu’ils puissent prendre la route à 18h munis de leur attestation», explique le chef d’entreprise. Même son de cloche pour la grande distribution alimentaire qui s’adaptera aux différentes situations des employés. «Nous avons mis en place une dérogation pour les salariés. Ils commenceront plus tôt pour finir plus tôt. Les gens de Petite-Terre vont rentrer un peu avant pour pouvoir attraper la barge et être chez eux vers 18h30-19h», détaille Eddy Dorla, directeur du centre commercial Baobab.

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Autre point de vigilance : la fermeture avancée des magasins et donc le besoin de vigilance renforcée sur les sites. Du pain béni pour les entreprises du secteur ! Le directeur de la société de sécurité privée 13e Parallèle, Michel Taillefer, s’en lèche déjà les babines. «Nous travaillons pratiquement avec tous les grands groupes. Ils peuvent nous demander de prendre un poste à 17h au lieu de 19h. Il y aura 2 heures de travail en plus pour l’agent de sécurité mais ce n’est pas un problème. Nous arriverons à gérer.»

Une nette baisse du chiffre d’affaire

Tirer les rideaux plus tôt aura indéniablement un impact sur le chiffre d’affaires de ces entreprises. Le centre commercial Baobab en sait quelque chose… Perdre la clientèle sur le créneau de 18h à 20h ? «C’est entre 15 et 30% de notre chiffre durant ces heures. Le couvre-feu va nous faire mal», redoute Eddy Dorla, le directeur. Le groupe 3M qui a débuté la période de soldes, craint de ne pas pouvoir rattraper son retard. «Nous pensons que les clients vont être pressés de rentrer chez eux et vont privilégier les courses alimentaires. Les commerces en parfumerie, habillement ou bijouterie vont être délaissés. Les ventes seront peut-être reportées le week-end, mais elles ne suffiront pas à rattraper la perte de chiffre d’affaires», indique Marcel Rinaldy.

Gel hydroalcoolique, nettoyages fréquents des chariots, jauges… Les commerçants ont redoublé d’efforts pour assurer la sécurité sanitaire au sein de leurs enseignes. Raison pour laquelle certains ne comprennent pas l’obligation du couvre-feu. «Nous avons mis en place des procédures très strictes. Nous estimons avoir fait suffisamment d’efforts et d’investissements pour que nous nous permettions aujourd’hui de travailler. Donc nous ne comprenons pas trop pourquoi on nous impose cette fermeture. Nous vivons cela un peu comme une injustice», avoue avec regret le président du groupe 3M.

Cordées de la réussite : permettre aux élèves mahorais de dépasser leurs limites

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Le dispositif Cordées de la réussite fait son entrée à Mayotte cette année, après plus de 12 ans d’existence sur le territoire nationale. 27 collèges et lycées, 650 élèves de l’île sont sollicités et devront travailler sur le thème de l’écoconstruction et du développement durable. Un projet mis en place par le rectorat et la Chambre de commerce et de l’industrie de Mayotte.

Favoriser l’égalité des chances dans le milieu scolaire, donner les clés pour réussir, telle est l’ambition du dispositif «Cordées de la réussite». Durant toute l’année scolaire, et à travers des ateliers, les élèves volontaires pourront plancher sur un thème défini par le monde économique et celui de l’éducation. L’écologie et le BTP sont apparus comme une évidence pour les différents acteurs du projet. Les collégiens et les lycéens devront travailler de pair sur un projet autour de cette thématique afin de le présenter à la fin de l’année scolaire.
«L’objectif est de lutter contre l’autocensure, de soutenir des projets ambitieux pour des élèves qui n’ont pas confiance en eux. Il y a un accompagnement pour qu’ils osent s’engager dans des parcours de réussite et d’excellence auxquels ils n’auraient pas pensé», explique Sylvie Malo, cheffe du service académique d’information et d’orientation. Pour ce faire, les entreprises seront également mises à contribution pour guider les jeunes. «Aujourd’hui, on parle d’écologie et de développement durable, ce sont des sujets innovants pour le territoire et les entreprises seront présentes parce qu’elles en parlent au quotidien. Travailler sur l’écoconstruction est un sujet à prendre en compte aujourd’hui», indique Sinda Ramadani Toto, responsable du service école entreprise à la CCI de Mayotte.

 

Le challenge des 24H de l’innovation

 

Dans le cadre de ce dispositif, s’inscrivent les « 24H de l’innovation ». Il s’agit d’un concours international et les élèves mahorais sont appelés à démontrer leurs prouesses en terme d’imagination. Le thème retenu cette année est « Devenir ingénieur ». Durant 24h, sans aucune pause, les participants devront élaborer un projet qu’ils présenteront devant le jury pendant 3 minutes. Le volontariat reste la norme, mais les professeurs sont priés d’inciter les élèves qui ont les capacités à se présenter.

 


 

Témoignage de Namoure Zidini, ancien participant aux 24H de l’innovation, aujourd’hui directeur de la société Maestria recrutement et location

 

namoure-zidini-cordees-de-la-reussite«Je suis diplômé de l’ESTIA (école supérieure des technologies industrielles avancées) et j’ai participé aux premières 24h de l’innovation lors de mes études supérieures en troisième année. J’en garde un très bon souvenir. On était avec des étudiants espagnols et anglais. Les entreprises proposaient des thématiques très diverses et précises. Ce que je retiens c’est que 24h ce n’est pas rien. On a passé 24h en groupe à réfléchir sur des sujets qui peuvent parfois donner des idées aux entreprises, amener un œil neuf. C’est absolument passionnant et palpitant. Je suis convaincu que les élèves de Mayotte auront des idées géniales. J’encourage tous ceux qui le souhaitent à y participer, car il s’agit d’une expérience hors-norme qu’ils ne vivront peut-être qu’une fois dans leur vie.»

Malgré la fermeture des vols internationaux, Ewa Air pense déjà à rebondir

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Éternel optimiste, le directeur général délégué de la compagnie aérienne d’Ewa Air, Ayub Ingar, ne perd ni le sourire ni ses ambitions malgré l’arrêt des vols internationaux pour les deux prochaines semaines. Après une année 2020 moribonde, il se montre toutefois moins confiant quant à la clôture de l’exercice fiscal 2021, raison pour laquelle une large majorité des employés se retrouve en chômage technique. Mais il l’assure : «nous nous battrons et nous rebondirons».

Flash Infos : En raison de l’évolution sanitaire, le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet, a décidé de suspendre dimanche dernier toutes les liaisons aériennes internationales pour une durée de 15 jours. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle désillusion alors que votre compagnie aérienne Ewa Air commençait à peine à sortir la tête de l’eau ?

Ayub Ingar : Le préfet a ses raisons. Je ne commenterai pas sa décison ! Malgré tout, je suis déçu car la compagnie a été cloué au sol une première fois entre le 19 mars et fin octobre. Mis à part quelques rapatriements (voir notre édition du 17 juin 2020), c’était le calme plat durant cette période. Puis finalement, Nosy Bé et Moroni ont décidé de rouvrir leurs frontières il y a de cela 3 mois. J’ai alors commencé à voir le bout du tunnel avant que l’aviation malgache annonce sa volonté, le 28 décembre dernier, de ne plus accueillir de passagers au départ de Mayotte. Alors qu’Ethiopan Airlines peut toujours s’y poser… Comme j’avais réalisé des vols supplémentaires durant les vacances scolaires, je ne pouvais pas, moralement, laisser en rade les voyageurs encore là-bas. L’avion est donc parti à vide 1 à 2 fois sur place pour les ramener. Avant que l’arrêté concernant la fermeture des vols internationaux ne tombe dimanche dernier et nous empêche de continuer. Depuis cette date, j’attends la suite… Je reste à la disposition des autorités pour reprendre les rapatriements, je ne peux pas le faire de mon propre chef.

FI : Vous l’avez très bien rappelé, les derniers mois ont été compliqués pour Ewa Air. Quelles seront les conséquences sur votre exercice fiscal qui doit se terminer le 31 mars prochain ?

A. I. : Effectivement, cela nous amène beaucoup de difficultés et d’incertitudes sur le plan financier. Bien évidemment, la compagnie est dans le rouge, même si je n’ai pas encore tous les indicateurs en ma possession pour pouvoir annoncer des chiffres exactes. Disons que j’essaie de limiter les frais généraux pour réduire les dépenses au jour le jour. À titre d’exemple, la trentaine de salariés était en activité partielle, à hauteur de 50%, durant la période citée précédemment. Et depuis lundi, tout le personnel est passé à 100%, sauf les mécaniciens qui restent à temps partiel pour entretenir l’avion.

FI : Si vous bénéficiez des indemnisations de l’État pour payer vos employés, vous ne pouvez pas recevoir d’aides dans le cadre de la continuité territoriale car vous n’opérez que sur des lignes internationales.

A. I. : Tout à fait, à la différence d’Air Austral, de French Bee ou d’Air France, je ne suis pas éligible à ce coup de pouce. Or, ces aides accordées par l’État aux compagnies françaises qui assurent la continuité territoriale font office de subventions. Par conséquent, j’ai sollicité l’an dernier un prêt garanti par l’État à hauteur d’1.5 million d’euros pour payer les fournisseurs et rémunérer les salariés. J’espère que d’ici 2 ou 3 semaines, les vols reprendront pour nous amener un peu d’oxygène sur notre état financier…

FI : À vous entendre, vous semblez broyer du noir. Un sentiment qui ne vous caractérise pas en temps normal. En toute objectivité, dans quel état d’esprit vous trouvez-vous actuellement ?

A. I. : J’ai déjà connu des difficultés par le passé. De manière générale, les compagnies aériennes souffrent plus que n’importe quelle activité en raison de multiples paramètres, telle qu’une guerre ou une pandémie comme c’est le cas actuellement. J’y crois, je suis de nature optimiste ! Je n’envisage pas de déposer le bilan et de mettre la clé sous la porte, cette idée ne m’effleure absolument pas l’esprit. Le personnel d’Ewa Air et moi-même nous battrons et nous rebondirons.

Cela dit, la compagnie est encore jeune, elle a pris son envol en 2013 mais n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière. Avant que cette crise ne nous tombe dessus, j’avais déjà commencé à réfléchir à l’ouverture de 2 ou 3 nouvelles lignes. Mais comme vous vous en doutez, je ne peux pas encore dévoiler mes plans (rires). Je n’en ai toujours pas discuté avec mon conseil d’administration, car je suis en train de peaufiner le dossier.

FI : Depuis le début de la crise, les autres compagnies aériennes, telles qu’Air Austral, propose des remboursements ou des avoirs à ses passagers pour qu’ils ne perdent pas leurs billets. Quelle est la stratégie d’Ewa Air de ce point de vue-là ?

A. I. : Nous serons souples avec les passagers qui sont en possession d’un billet non utilisé. Nous proposons tout naturellement des avoirs d’une durée d’un an ou des remboursements. Il suffit que les clients nous fassent la demande sur notre site internet car certains d’entre eux sont passés par des agences, donc nous n’avons pas toute la liste des voyageurs entre nos mains. Par contre, le traitement des dossiers risque de prendre un peu de temps puisque comme je vous l’ai dit, le personnel est au chômage technique. Il va leur falloir de prendre leur mal en patience.

À titre personnel, je ne souhaite qu’une chose : la reprise des vols au plus vite car nous prenons le maximum de précautions concernant le respect des consignes sanitaires. Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons débarqué 4 passagers au départ de Moroni car il y avait un doute sur leurs attestations.

Bébé abandonné sous un cocotier à Mayotte : les parents relaxés par le tribunal

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Une mère comparaissait ce mercredi devant le tribunal correctionnel pour avoir laissé son enfant sans surveillance, se soustrayant par là à ses obligations légales de parent. Le père, absent à l’audience, avait refusé de venir le garder. Malgré l’apparente irresponsabilité des deux prévenus, le tribunal a jugé que tous les éléments de l’infraction n’étaient pas constitués.

À une coco près, l’histoire pouvait finir en drame. Ce mercredi, le tribunal correctionnel de Mamoudzou entendait à la barre la mère d’un enfant d’un peu moins de deux ans. La raison de cette convocation ? La jeune femme aurait abandonné son bébé sous un cocotier, et se serait donc soustraite à ses obligations légales de parent en compromettant la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation de son enfant. Des faits, s’ils sont caractérisés, passibles de deux ans d’emprisonnement et de 30.000 euros d’amende.

La crise familiale éclate un jour de juillet 2019. À ce moment-là, le bambin, qui n’a pas encore soufflé sa première bougie, débarque en braillant à la gendarmerie de Sada, dans les bras d’un oncle visiblement remonté comme un coucou. Le bonhomme entend bien dénoncer l’abandon de son neveu, qu’il a retrouvé vers 9h chez lui, sous un cocotier.

 

“Visiblement, ses parents ne veulent plus de lui”

 

Sans nouvelle de la mère, l’oncle a bien tenté de joindre le patriarche. Lequel a “encore des choses à faire”, apparemment de la paperasse administrative au service des impôts de Mamoudzou, et ne compte pas rentrer de si tôt. Le pire ? Ce n’est pas la première fois que les parents lui font le coup. La dernière fois, l’enfant était resté quatre jours sans nouvelle de ses géniteurs ! D’où sa décision de se pointer à la gendarmerie, pour placer le petit, vu que “visiblement ses parents ne veulent plus de lui”. À noter que ce sauveur de Gavroche n’a en revanche pas pris le temps de nourrir le bébé avant de prendre cette courageuse décision…

Bref, tout ce beau monde finit par être entendu par les gendarmes, qui tâchent d’y voir un peu plus clair. En réalité, le couple ne vit pas ensemble, car le père, qui a déjà six enfants avec d’autres compagnes, est polygame. Il ne s’occupe donc pas vraiment du bébé qu’il a avec sa co-prévenue. Même si “au début, quand je venais visiter, je faisais les courses”, lit la juge dans sa déclaration, l’intéressé étant encore aux abonnés absents ce mercredi. Ce jour de juillet 2019, la mère lui passe quand même un coup de fil : elle ne compte pas garder l’enfant, et s’il ne vient pas le chercher, elle va le déposer chez sa sœur, menace-t-elle.

 

Un “casse-tête”

 

Qu’à cela ne tienne ! Le père ignore cet avertissement, comme d’ailleurs le coup de téléphone de l’oncle quelques minutes plus tard. “Considérez-vous avoir rempli votre rôle de père ?”, lui demande le gendarme. “Non, j’ai raté une étape, j’ai pas assuré”, concède-t-il. Et de conclure, d’une manière plus générale : “Je suis prêt à faire les courses mais pas à le garder, c’est un casse-tête !” Comprenez, sa femme n’accepterait pas l’enfant d’une autre…

Entendue à la barre, la mère de l’enfant livre une version sensiblement différente. Elle nie par exemple les “courses” que le prévenu a prétendu lui apporter. Et quand bien même il ramenait quelques victuailles, c’était d’abord pour “coucher avec [elle]” avant de lui donner. Dans sa déclaration au moment des faits, la jeune femme aurait expliqué avoir voulu qu’il s’occupe pour une fois de son enfant. Mais comme sa belle-sœur refusait de prendre son neveu, “avec les nerfs”, elle a posé le bambin à terre.

 

Pas le temps d’appeler

 

Voilà pour le tableau familial. Depuis ce jour, la victime a heureusement trouvé un foyer un peu plus accueillant, sous l’action de l’aide sociale à l’enfance (ASE). “Aujourd’hui, il a un an et quelques mois, il appelle sa mère d’accueil “maman”. Vu son jeune âge, il n’a pas conscience de la situation”, déroule l’administrateur ad hoc devant les juges. Et sa mère biologique, dans tout cela ? Pas de son, pas d’image. “Je n’avais pas le temps, et je n’avais pas les coordonnées”, chuchote la prévenue, la tête baissée sous son voile blanc. Avant d’ajouter d’une petite voix : “Je veux que mon enfant revienne dans mes bras.

Un discours qui ne convainc pas Me Soilihi, avocat de l’administrateur ad hoc. “Il faut s’interroger sur le préjudice de l’enfant”, insiste-t-il en rappelant un précédent, en 2015, où le tribunal avait condamné les deux parents et demandé 5.000 euros au titre du préjudice subi. Même son de cloche du côté du ministère public : “aujourd’hui le père est absent à l’audience, dire que c’est une poursuite de l’infraction serait un peu fort, mais cela traduit un état d’esprit”, avance le procureur. Quant à la mère, qui n’a pas trouvé le temps d’appeler depuis 2019, “même si l’administrateur de son côté ne fait pas beaucoup d’effort, elle n’a pas l’air d’en faire beaucoup non plus”. Il requiert donc six mois de prison avec sursis pour les deux parents afin de “marquer les esprits”, mais consent toutefois à leur “donner une chance” en ne leur retirant pas totalement leur autorité parentale. Les juges en décideront autrement : les deux prévenus ont obtenu la relaxe.

À Hajangoua, les habitants “sans solution” attendent les bulldozers

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Une nouvelle destruction de cases en tôle dans ce village de la commune de Dembéni doit avoir lieu ce mercredi 20 janvier. Si cette opération s’inscrit dans une démarche gouvernementale de lutte contre l’habitat indigne à Mayotte, elle risque surtout de déplacer le problème, faute de places d’hébergement ou de logement social dans le département. Reportage.

C’est dimanche. Bientôt l’heure du déjeuner à en croire le soleil qui tape le bitume de la rue Mwandzani, à Hajangoua. En contrebas, quelques rires d’enfants et les chocs de leurs petits pas sur les plaques de tôle s’élèvent de la colline où se dresse une cinquantaine de cases. La troupe hilare semble avoir trouvé un nouveau terrain de jeu entre les débris et les canapés éventrés. “Oh ! Ça rappelle des souvenirs, on venait jouer ici quand on avait seize ans, je me souviens, on grimpait à cet arbre”, s’exclame Ali* en désignant les bouts de ferraille plantés ici et là sur le tronc, derniers vestiges d’une époque révolue. Cinq ans plus tard, le jeune homme, qui vit ici avec sa mère, son beau-père et ses cinq frères et sœurs, redécouvre avec stupeur cette parcelle, alors que plusieurs bangas ont déjà été démolis par leurs propriétaires.

Mais la plus grande partie tient encore debout, au moins jusqu’au 20 janvier – soit ce jour -, où la préfecture doit venir finir le travail. Les visites de “gens de la DEAL, de l’ARS, de la police de l’urbanisme, de la mairie”, nous dit-on, et surtout un arrêté préfectoral pris le 7 décembre dernier ont mis tout le monde au parfum, il y un peu moins de deux mois. Sur la base de la loi Élan, “il est ordonné aux personnes occupants les locaux, sis au lieu-dit “Marvato”, rue Mwandzani, village d’Hajangua, commune de Dembéni, d’évacuer les lieux dans un délai maximum d’un mois et huit jours”.

 

Lutte contre l’habitat indigne

 

D’après l’enquête de l’agence régionale de santé jointe à la décision, la forte déclivité des terrains, l’absence de réseau d’alimentation en eau potable, hormis pour deux logements, le manque de ventilation, l’absence de système de collecte des déchets ou encore les risques d’incendie à cause des fils électriques créent sur ce morceau de terrain juché sur le village d’Hajangoua des “conditions d’habitations irrespectueuses de la dignité humaine, mais aussi dangereuses pour la santé publique”. Au vu de cette analyse, l’article 11-1 de la loi Élan, qui porte les dispositions particulières relatives aux quartiers d’habitat informel et à la lutte contre l’habitat indigne à Mayotte et en Guyane, permet donc au préfet d’ordonner l’évacuation des lieux. Conformément à la loi, la préfecture a toutefois obligation de proposer des solutions “de relogement ou d’hébergement d’urgence adaptée à chaque occupant”.

 

 

Une grande partie “sans solution

 

Et c’est là que ça coince, comme souvent d’ailleurs lors de ces opérations de destruction de cases en tôle que la préfecture a décidé de mener au pas de course. Car les offres de logements ne courent pas les rues, qui plus est à Mayotte. En fonction de l’enquête sociale conduite en amont par l’association Acfav, les personnes délogées peuvent se voir proposer soit un relogement en fonction de leur situation administrative et de leur niveau de ressources, soit un hébergement d’urgence, si elles ne répondent pas aux critères de relogement ordinaires – si elles n’ont pas de ressources ou sont en situation irrégulière, par exemple. “Le problème, dans ces opérations de lutte contre l’habitat insalubre, c’est que l’on se retrouve avec une majorité de personnes dans la deuxième catégorie”, explique une source sous couvert d’anonymat. “Ces personnes seront redirigées vers de l’hébergement d’urgence en fonction des places disponibles”. Soit guère plus d’une centaine de places, dont la moitié est déjà occupée… “Une grande partie risque de se retrouver sans solution, ou va devoir faire appel à des solutions personnelles”, poursuit cette même source.

 

Des délais trop court en hébergement d’urgence

 

Justement à Hajangoua, rares sont ceux qui avaient trouvé où poser leurs bagages, deux jours avant la date officielle. “La vérité, je ne sais pas, je n’ai aucune idée de ce qu’on va faire”, soupire Ali en triturant un Airpod entre ses longs doigts fin. “Oui, on nous a proposé un logement, mais c’était pour 21 jours, alors ma mère n’a pas trouvé cela raisonnable. Qu’est-ce qu’elle va devenir après ?”, interroge ce fan de rap qui a pris l’habitude de fuir l’ambiance pesante de la case pour se réfugier chez un cousin à lui, à Dzoumogné. Même son de cloche pour Mohamed*, croisé en haut de la butte, visiblement de retour du coiffeur. “Ce n’est pas qu’on ne veut pas accepter le logement, mais Trévani ? Mtsamboro ? C’est trop loin, on sait qu’on va galérer après. Et on est en pleine année scolaire, t’imagines ? Et t’as les champs à côté, t’es né ici, t’as grandi là !”, déblatère-t-il tout en époussetant les cheveux qui collent sur son torse.

 

1.600 logements sociaux en 2021

 

Contactée ce mardi, la préfecture livre un discours plus nuancé. “Toutes les personnes ont fait l’objet de propositions de relogement, mais il est vrai que seules quelques-unes ont accepté. Là, nous sommes encore en discussion avec six familles qui ont fait des demandes exorbitantes”, expose le sous-préfet et secrétaire général adjoint Jérôme Millet. Mais comme le laissaient entendre les témoignages recueillis ce dimanche auprès des habitants, seuls des hébergements d’urgence ont pu être proposés. “Cela peut être plus long que 21 jours, jusqu’à trois mois avec pour objectif de permettre à ceux qui ont un minimum de ressources d’accéder au logement social”, déroule-t-il. Une politique encore difficile à mener, mais qui devrait gagner en puissance en 2021, “car nous allons doubler le nombre de logements, pour atteindre 1.600 logements sociaux”.

 

Le malheur des uns, le bonheur des autres ?

 

Reste que pour l’heure, il faut encore se débrouiller avec les moyens du bord. “À mon sens, ces propositions d’hébergement ne respectent pas le cadre juridique posé par la loi Élan”, dénonce Maître Marjane Ghaem, avocate spécialisée dans le droit des étrangers qui suit ces opérations d’un mauvais œil depuis la promulgation de la loi. “À Kahani c’était la même chose, personne ne s’est vu proposer de relogement, seulement des places en hébergement d’urgence, souvent inadaptées.” Le risque ? Déplacer le problème un peu plus loin. Justement, derrière le centre équestre d’Hajangoua, un peu moins d’une dizaine de cases en tôle ont recommencé à fleurir, à deux pas de la mangrove. Et les nouveaux arrivants paient ce déménagement forcé au prix fort. “On s’est cotisé pour acheter ensemble ces terrains… On m’a proposé une solution pour 21 jours, je ne peux pas faire le tour de Mayotte avec mes cinq enfants sur les bras, juste pour 21 jours !”, souffle Salima*. D’après nos informations, la “magouille”, estimée à près de 40 euros le mètre carré, aura au moins fait les affaires du propriétaire…

*les prénoms ont été modifiés

Pour le préfet de Mayotte, un nouveau confinement serait « un constat d’échec »

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Après son intervention télévisée de lundi soir, le préfet Jean-François Colombet revient en détail pour Flash Infos sur le couvre-feu qui commence ce jeudi pour une durée de 15 jours ainsi que sur le renforcement de la lutte contre l’immigration clandestine. Dans le même temps, Dominique Voynet, la directrice générale de l’agence régionale de santé, dévoile le calendrier de la campagne de vaccination et l’envoi de futurs tests PCR qui vont permettre de détecter le variant sud-africain. Les 2 prochaines semaines s’annoncent cruciales pour éviter un nouveau confinement.

J-1 avant le couvre-feu de ce jeudi 21 janvier. Retour à la case départ ou presque. Dès 18h, et ce jusqu’à 4h du matin, «plus personne ne doit être dans la rue», prévient Jean-François Colombet, le préfet de Mayotte. Seule exception à la règle : ceux qui se rendent sur leur lieu de travail ou ceux qui en sortent et qui sont sur le trajet du retour. Mais aussi ceux qui se vont à l’hôpital pour des soins médicaux et ceux qui récupèrent leurs enfants «en tout début de soirée» à la crèche ou chez la nounou. «Ils ne seront pas verbalisés s’ils ont une attestation de déplacement», assure le délégué du gouvernement. Et à ce petit jeu-là, le représentant de l’État ne compte pas faire dans la dentelle. «La police nationale et la gendarmerie ont reçu des instructions écrites. Les forces de l’ordre seront massivement présentes.» Les amendes risquent donc de pleuvoir en cas de non-respect des consignes préfectorales.

Cette mesure restrictive, à laquelle l’île aux parfums pensait innocemment pouvoir échapper, n’est que la conséquence d’une flambée récente d’habitants positifs. Comme en témoignent les 524 nouveaux cas au cours de la dernière semaine dite glissante ainsi que la reprise des hospitalisations, dont des patients jeunes non porteurs de comorbidités. Et surtout l’apparition du variant sud-africain, «plus contagieux [de l’ordre de 50 à 75%, ndlr.] mais pas plus grave» à en croire Dominique Voynet, la directrice générale de l’agence régionale de santé. En plus des 4 cas avérés diagnostiqués sur 4 communes différentes du territoires, dont l’un d’eux se trouverait depuis à La Réunion, d’autres résultats plus ciblés doivent revenir de Paris dans les prochains jours pour «connaître l’étendue de sa propagation». Selon Jean-François Colombet, «d’autres cas se sont déclarés depuis mon intervention télévisée [de lundi soir]». Face à ce nouveau risque, le centre hospitalier de Mayotte réactive sa zone bleue.

 

3 à 4 heures en mer

 

Dans ces conditions, quels sont les moyens à disposition pour limiter la prolifération du virus ? En plus de la suspension des vols internationaux décidée dimanche dernier, le préfet souhaite renforcer la protection des frontières maritimes et ainsi contrecarrer les plans des passeurs qui «adaptent leur stratégie en permanence». «Nos radars permettent de refouler 80 à 85% des kwassas qui tentent d’approcher des côtes mahoraises.» Alors pour tenter de prendre la main dans le sac les quelques pourcentages restants, le locataire de la case Rocher compte s’appuyer sur le renfort de quelques opérateurs nautiques privés (voir encadré), et les envoyer en mer pour une durée de 3 à 4 heures au large de Mayotte entre le lever et le coucher du soleil, pour le compte de l’État. «Ils seront en lien direct avec la base navale pour donner le nombre d’embarcations. Ils n’intercepteront jamais ! Il s’agira d’un rideau de détection bien en amont des plages», dévoile Jean-François Colombet, qui compte aussi sur le soutien des services de l’État. Aussi bien des affaires maritimes, pas habituées à participer aux missions de lutte contre l’immigration clandestine, que de la gendarmerie maritime pour réaliser de l’interposition. Au total, son plan d’action prévoit un nouvel effectif marin de l’ordre de 50 à 60 personnes, contre les 9 équipages en temps normal.

 

Un vaccin contre le variant d’ici 15 jours ?

 

Sur la terre ferme, l’heure est à la remobilisation. «Nous devons retrouver l’état d’esprit d’avril dernier car je crains que ce soit plus sérieux», prône solennellement le préfet. À savoir l’application des règles initiales, comme le port systématique du masque et le lavage des mains ou encore l’interdiction des rassemblements de plus de 6 personnes. «Il va falloir mettre le paquet au cours des 2-3 prochaines semaines pour réduire l’afflux à l’hôpital», ajoute Dominique Voynet. D’autant plus que ce laps de temps coïncide avec la réception des amorces de tests PCR qui permettraient de détecter «la protéine modifiée» des variants sud-africain, britannique et brésilien. Et si la campagne de vaccination doit commencer en début de semaine prochaine – les 25 et 26 janvier prochains – pour les soignants âgés de plus de 50 ans du CHM au contact des malades et les professionnels de santé libéraux qui font du domicile, le vaccin qui intègre les souches en question ne doit, lui, pas frôler le sol mahorais avant au moins 15 jours, voire un mois.

D’où la nécessité d’établir un couvre-feu pour visiblement gagner du temps et s’accorder une respiration, sachant que la situation sanitaire actuelle en métropole ne permet pas de garantir l’envoi de moyens supplémentaires dans le 101ème département. «J’ai bon espoir que tout le monde le respecte avec rectitude», s’imagine Jean-François Colombet, qui annonce la constitution de groupes de médiation sanitaire pour vérifier l’isolement des cas contaminés. Un nouveau confinement «serait pratiquement un constat d’échec». La balle est dans le camp de chacun.

 


 

Que pensent les opérateurs nautiques privés de l’appel du préfet ?

 
Le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet, veut faire appel aux opérateurs nautiques privés pour procéder à de la détection de kwassas en mer. Une «prestation de service rémunérée», qui «ne poserait pas de difficulté à mettre en œuvre dans la situation exceptionnelle». Sauf que parmi les prestataires interrogés, la surprise est de mise. «Il ne nous en a pas encore parlé», confie l’un d’eux. Avant de se montrer plus virulent au sujet de cette proposition : «Chacun son travail, on n’est pas flics, ce n’est pas à nous de faire ce boulot.» Idem pour l’un de ses confrères qui définit cette démarche régalienne comme «étrange», même s’il se dit prêt à en discuter pour approfondir la proposition. «Pourquoi pas si cela peut faire avancer le territoire, mais cela dépend dans quel cadre.» Un autre voit cette annonce «sortie du chapeau» comme «un peu vague» et n’imagine pas mettre «son équipe en danger». Si la plupart des sondés attendent d’en savoir davantage pour se prononcer plus largement sur le sujet, l’un des prestataires aurait d’ores et déjà manifesté son intérêt, d’après la préfecture. «Ce sont les circonstances qui nous conduisent à mettre ce mode opératoire en œuvre. Si cela pose des difficultés, nous en ferons l’évaluation et nous en tirerons les conséquences», précise le préfet sur ce dispositif qui, s’il devenait effectif, serait une grande première dans le 101ème département.

Procès Magnélé à Mayotte : la fin d’un mythe

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Depuis le 11 janvier, c’est un procès hors du commun qui se tenait à la cour d’assises de Mamoudzou. Les accusés ne sont autre que la bande de jeunes qui avaient terrorisé l’île en 2017 à travers une série de vols, de rackets et de séquestrations. Ce mardi 19 janvier sonnait la fin du procès, et leurs avocats ont joué leur dernière carte.

7 jours d’audience. 12 accusés. 1 procès hors-norme. Voici en somme ce qu’il faut retenir du procès dit Magnélé. Dans son tee-shirt bleu, la tête recroquevillée, et entouré de plusieurs gendarmes, le principal accusé semble redouter le sort que lui réservent les juges de la cour d’assises. Il le sait, sa situation peut s’aggraver en l’espace de quelques heures, lui qui a déjà passé plus de trois ans au centre pénitentiaire de Majicavo.

L’avocat général accuse le groupe de jeunes délinquants d’avoir formé une bande organisée qui a sévi sur l’île en 2017. Un terme de « bande organisée » qui fait toute la différence puisqu’il s’agit d’une circonstance aggravante qui alourdit la peine encourue. Les nombreux avocats des accusés s’attellent donc à prouver le contraire, lors de leurs longues plaidoiries. «Pour parler de bande organisée, il faut qu’il y ait de la préméditation, il faut qu’il y ait un groupe structuré ayant préexisté à l’infraction. Il faut qu’il y ait un chef et un plan», rappelle Me Jean-Baptiste Konde Mbom, avocat d’Abdoulanziz Ahamad Said Ali, dit Magnélé. Mais force est de constater que le parquet et les enquêteurs n’ont pas pu rassembler tous les éléments permettant de soutenir cette thèse. «Où sont les plans ? Où est la préméditation ? Où est la hiérarchie ?», s’étonne toujours l’avocat.

 

Magnélé, le «gentil» de la bande

 

Lors de la séquestration des gardiens de la société ETPC dans la nuit du 15 janvier 2017 (l’une des accusations de l’affaire), le fameux Magnéle aurait fait preuve de bon coeur selon son avocat qui se base sur les dires de la victime. En effet, il aurait permis au gardien de respirer en libérant sa bouche. «Il décide d’être l’ange du groupe», clame Me Jean-Baptiste Konde Mbom. Ce dernier a tendance à minimiser les faits en qualifiant le groupe de «bande de gentils qui n’avaient pas la volonté de faire mal».

L’homme en robe noir essaye d’attendrir l’audience en jouant sur les sentiments. Au moment des faits, «il s’agissait d’un mineur fragile qui avait de la colère», dit-il. Ledit Magnélé aurait sombré dans la délinquance lorsqu’il a vu le banga qu’il partageait avec sa famille se faire démolir sous ses yeux. «On ne peut pas lui faire porter ces responsabilités. Sa réputation dans l’opinion publique est fausse. On dit que c’est un être dangereux, un barbare. On en fait un mythe alors que c’est un gamin», conclut Me Jean-Baptiste Konde Mbom.

 

Un procès hors-norme

 

Les faits reprochés aux 12 accusés avaient marqué les esprits des habitants de l’île. Et les actes de délinquance perpétrés sur le territoire quotidiennement ne font qu’augmenter le sentiment d’impunité. Raison pour laquelle les avocats des présumés coupables redoutent, depuis le début de l’affaire, des peines lourdes dans l’objectif d’envoyer un message fort aux voyous qui sont encore en liberté. «On essaye de faire de ce procès un symbole. On en fait un procès criminel alors que c’est un procès d’ordre correctionnel tout simplement», souligne Me Delamour Maba Dali.

L’exceptionnalité du jugement se manifeste également à travers la multitude de policiers et de gendarmes déployés pour accompagner et surveiller les prévenus dans leurs moindres faits et gestes.
Si les avocats des prévenus demandent un verdict juste, certains estiment même que leurs clients méritent l’acquittement. Pour autant, le parquet général requiert 10 ans de réclusion criminel pour Magnélé, et 6, 15 et 20 ans pour ses présumés complices. Des peines lourdes, justifiées par les faits qui leur sont reprochés ci-dessus. La cour a finalement été plus clémente puisque Magnélé écope de 6 ans d’emprisonnement. Huit de ses complices sont condamnés quant à eux entre 6 à 10 ans, tandis que trois autres sont acquittés.

Covid, relance et formation : l’équation à trois inconnues du BTP de Mayotte pour 2021

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Contre toute attente, la filière BTP de Mayotte a su relever la tête en 2020 et limiter la casse malgré deux mois de confinement. Mais la circulation du variant sud-africain fait craindre de nouvelles restrictions, alors que le plan de relance fait gonfler les carnets de commande.

C’est officiel. Au moins quatre cas du variant 501.V2. du Covid ont été détectés sur le territoire. Une nouvelle qui fait craindre aux acteurs économiques, réunis autour du préfet ce dimanche, l’application de mesures plus restrictives à Mayotte. Et c’est notamment le cas pour le BTP, qui a déjà dû mettre les bouchées doubles pour sortir la tête hors de l’eau après une année 2020 chahutée par la crise sanitaire. Tour d’horizons des attentes et des inquiétudes de la filière pour 2021 avec Julian Champiat, le président de la fédération mahoraise du bâtiment et des travaux publics (FMBTP).

Flash Infos : Alors que des cas du variant sud-africain ont été confirmés à Mayotte, les autorités ont d’ores et déjà décidé de suspendre les liaisons maritimes et aériennes internationales pour 15 jours à partir de dimanche. Cette première décision inquiète-t-elle les acteurs du BTP ?

Julian Champiat : Nous avons en effet eu une longue réunion avec les acteurs sociaux et le préfet dimanche. Sur ce sujet de la suspension des vols internationaux, nous n’avons pas forcément de conséquences immédiates. En revanche, là où nous sommes nettement plus inquiets à court terme, c’est que nous ne sommes pas à l’abri d’un couvre-feu et d’un confinement dans les mois à venir.

FI : Justement, craignez-vous de voir l’arrêt complet des chantiers, comme cela avait pu être le cas en mars dernier ? Quelles garanties vous a apportées le préfet sur ces possibles nouvelles restrictions ?

J. C. : Aucune garantie ! Pour l’instant, il a surtout été question du renforcement du contrôle des gestes barrières. Toutefois, je n’ai pas eu le sentiment que le BTP était particulièrement ciblé. Il faut d’ailleurs noter que dans la filière, nous n’avons pas attendu la deuxième vague ou une telle mutation pour maintenir nos efforts sur les gestes barrières. Et, à ma connaissance, il y a eu peu de cas sur les chantiers, et aucun cluster. Donc il s’agit davantage dans un premier temps de la sphère privée, où des contrôles plus importants pourraient être opérés afin de bloquer l’épidémie et surtout ce variant qui semble inquiéter fortement les autorités sanitaires et publiques. Quant au risque d’arrêt des chantiers, je ne pense pas que nous aurons un confinement sur le même modèle que celui que nous avons connu entre le 17 mars et le 14 avril dernier. Il y a une nécessité à maintenir l’économie, et le BTP.

FI : Quel bilan faites-vous des aides qui ont été apportées aux entreprises ?

J. C. : La quasi-totalité de nos adhérents, petits comme gros, ont eu recours au prêt garanti par l’État (PGE). Bien sûr, nous avons accueilli avec soulagement l’annonce du remboursement repoussé à 2022, car cela nous permettra d’assurer nos flux de trésorerie… lesquels nous permettent d’investir en matériel et en moyens de formation pour nos salariés, et donc de répondre à la demande importante des chantiers en cours et à venir. D’où l’enjeu, qui est de taille !

FI : Outre les aides, vous avez plus d’une fois fait remonter dans nos colonnes la question des retards de paiement des collectivités, qui pesaient sur la trésorerie des entreprises. La situation s’est-elle améliorée en ce début d’année ?

J. C. : En effet, nous avons noté à la fin de l’année une accélération des régularisations et des paiements notamment des pouvoirs publics. Certes, les délais sont toujours supérieurs aux 30 jours légaux, mais il y a du mieux. Un sujet demeure cependant : le syndicat des eaux. La situation est critique, tant sur la ressource en eau que sur la gestion des eaux usées, et il y a d’importants travaux sur les réseaux à mener, de campagnes de forage à réaliser… Pour cela, il est urgent de voir une amélioration des prestations du SMEAM. Or, en échangeant avec nos adhérents, le constat est unanime : nous sommes tous très inquiets. Nous parlons là de 25 millions d’euros de retard, rien que pour les adhérents de la FMBTP. Ce ne sont plus des retards, ce sont des impayés ! Nous ne doutons bien sûr pas de la bonne volonté de la nouvelle équipe, mais vu l’ampleur des travaux, il ne faut plus perdre de temps. Et nos derniers échanges avec la préfecture nous laissent dubitatifs sur la capacité de production du syndicat sur les six prochains mois…

FI : L’autre sujet, c’est le fameux plan de relance. Sur les 100 milliards d’euros annoncés, 10 milliards sont dédiés au BTP au niveau national. Savez-vous comment pourra en bénéficier la filière à Mayotte ?

J. C. : Pour tout vous dire, sur ce plan de relance, c’est encore un peu le flou. La Fédération des Entreprises des Outre-mer (Fedom) avait attiré notre attention fin novembre sur les crédits déjà mis à disposition, à charge pour les départements de les mobiliser. Nous avons contacté les différents intervenants, à la préfecture, à la DEAL, à la Dieccte, pour avoir un maximum d’informations, mais lors de la dernière réunion, le 11 décembre, tout n’était pas encore ficelé sur les montants ou encore le planning de mise à disposition. Aux dernières nouvelles toutefois, 86 millions d’euros de ce plan de relance seront dédiés à Mayotte, avec 15 millions d’euros pour l’assainissement et les routes. Mais nous en saurons plus au prochain comité de pilotage, qui doit se tenir à la fin du mois de janvier.

FI : L’autre enjeu de ces différents plans réside dans la capacité des acteurs mahorais à répondre à une demande croissante. Entre le petit nombre d’acteurs sur le territoire, et les besoins que nous connaissons en ingénierie et en formation, la filière est-elle aujourd’hui en mesure de tenir un tel rythme de production ?

J. C. : Bien sûr, si nous avons avons l’argent et les projets, mais que nous manquons de collaborateurs formés, nous aurons du mal à tenir nos objectifs. Nous sommes donc très attentifs à ces sujets, notamment sur la formation. D’après nos estimations, il faudrait créer 700 emplois de compagnons, d’encadrement et d’intermédiaires sur trois ans pour répondre à la commande. Il y a donc une coordination à mener entre les différents acteurs, le rectorat, les organismes de formation, pour opérer un meilleur ciblage de la formation. Sur le fléchage des subventions, c’est toutefois le conseil départemental qui est aux manettes : nous notons une amélioration, mais cela doit se poursuivre.

Malgré cela, au niveau de la FMBTP, nous considérons être en mesure de répondre à l’augmentation de l’activité, justement car nous commençons à avoir une meilleure vision tant en termes d’investissements que de formation, de recrutement ou encore de structuration de nos PME. Donc nous ne souhaitons pas d’intervenants extérieurs, nous considérons que nous sommes capables de répondre aux marchés. Et c’est le message que nous avons souhaité faire passer à la SIM, son actionnaire majoritaire la CDC Habitat, et aux différents pouvoirs publics.

FI : Au vu de cette crise sanitaire qui perdure, quelles sont les principales attentes et inquiétudes de la filière pour l’année 2021 ?

J. C. : Je tiens d’abord à relever que, contre toute attente, l’année 2020 a été plutôt bonne. Avec deux mois d’activité quasi nulle, nous pouvions nous attendre à une catastrophe, tout du moins un ralentissement important. Or cela n’a pas été le cas, en partie grâce aux aides de l’État et au fait que nous avons pu rapidement redresser la barre en termes de productivité, en mettant les moyens humains et matériels. Résultat, sur les chantiers SIM notamment, nous sommes presque à 80%, nous avons pu répondre au planning. Pour 2021, nous avons envie de continuer sur cette lancée, notamment avec le plan de convergence et le plan de relance. Le défi sera d’arriver à consommer ces crédits et pour cela, il ne faut pas perdre de temps. Dans le secteur du bâtiment, nous suivons avec attention les projets de la SIM, du rectorat et du CHM. Sur les infrastructures, nous attendons évidemment avec impatience le chantier de la piste longue, tant pour le tourisme, qui générerait de l’activité en plus pour notre secteur, que pour la facilitation des liaisons aériennes et donc du transport de fret duquel nous dépendons. Enfin, il y a le projet de transport public dont nous espérons grandement qu’il soit réalisé pour 2021.

L’autre aspect que j’aimerais évoquer concerne le dialogue social. Je souhaite que nous puissions trouver des accords rapidement avec les partenaires sociaux sur les conventions collectives et les retraites. Sans rentrer dans les détails techniques, nous avons débuté des commissions consultatives de travail depuis un an avec les partenaires sociaux, sur les niveaux de retraites et de rémunérations. Ces échanges, ralentis par l’effet du Covid, doivent reprendre rapidement en 2021, pour éviter de se retrouver dans des blocages sociaux et économiques. Avec en ligne de mire, le bien-être des salariés !

Les deux annonces fortes du préfet de Mayotte face au variant sud-africain

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Lundi soir, le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet a annoncé une nouvelle série de mesures pour endiguer la propagation du variant sud-africain au Covid-19. En tête de liste : le couvre-feu dès 18h à partir de ce jeudi pour une durée de 15 jours et le renforcement des contrôles à la frontière.

Le couperet est tombé. Interviewé sur le plateau de Mayotte la 1ère, le préfet de Mayotte Jean-François Colombet a annoncé l’instauration d’un couvre-feu « de 18h à 4h du matin », effectif dès ce jeudi et pour une durée de 15 jours. « Cela signifie que tous les commerces, tous les bars et tous les restaurants devront fermer à 18h », a insisté le délégué du gouvernement, assurant que cette mesure visait « justement à éviter un nouveau confinement ».

Cette annonce est intervenue alors que plusieurs cas du nouveau variant 501.v02, aussi appelé virus sud-africain où il a été séquencé en premier lieu, ont été détectés sur le territoire. Lundi matin, la directrice de l’ARS confirmait l’information, après analyse des prélèvements envoyés à l’institut Pasteur le 7 janvier dernier. Parmi eux, deux personnes « ont pu contracter le virus à un moment de leur voyage », signalait Dominique Voynet. Alors que la troisième personne est arrivée sur le territoire « de manière irrégulière », a confirmé le préfet dans son intervention télévisée. Ce lundi soir, c’était toujours le flou artistique autour du quatrième cas.

 

Protéger les frontières

 

Autre mesure forte : en plus des intercepteurs déjà déployés en mer, Jean-François Colombet a assuré que « des services de l’État qui traditionnellement ne participent pas à la lutte contre l’immigration clandestine seront engagés pour soit s’interposer soit détecter ». Cerise sur le gâteau, la préfecture compte même sortir l’artillerie lourde et recourir aux services d’opérateurs nautiques privés pour « qu’ils prêtent leur concours » afin de décourager un maximum de candidats à la traversée. Idem pour la surveillance aérienne.

Une décision inédite, même à Mayotte, qui va en tout cas dans le sens des demandes répétées du député (LR) Mansour Kamardine. L’élu avait dénoncé à plusieurs reprises le risque que faisaient peser les arrivées massives de kwassas-kwassas dans le 101ème département, alors que l’Union des Comores, et surtout l’île voisine de Mohéli, semble être en proie à une flambée épidémique. Concernant les étrangers en situation irrégulière interpellés sur le territoire, et envoyés au centre de rétention administrative, le préfet a confirmé la poursuite des éloignements, en lien avec l’archipel.

 

Pas encore de bis repetita au RSMA

 

La veille, dimanche 17 janvier, le préfet avait déjà pris des mesures pour fermer les liaisons maritimes et aériennes internationales. Des tests PCR sont désormais obligatoires pour voyager depuis Mayotte vers La Réunion et la métropole, et inversement. « Nous avons obtenu que les deux soient concernés, c’est très important pour protéger Mayotte et les Mahorais. » Quant à la septaine recommandée, difficile en pratique de la mettre en place sur l’île aux parfums… Le locataire de la Case Rocher ne s’est pas interdit de recourir à « l’isolement forcé, un peu comme ce que nous avions fait l’année dernière au RSMA, mais nous n’en sommes pas là aujourd’hui ».

Une décision qui pourrait s’expliquer pour la simple et bonne raison que le rapatriement des Mahorais depuis les pays voisins n’est pas encore à l’ordre du jour. « Pour l’instant, je n’en suis pas là. La situation peut devenir très très sérieuse. Ce virus est beaucoup plus contagieux que [celui] que nous avons connu, de 50 à 75%. Cela veut dire que nous avons ce variant en masse, il y aura plus de personnes contaminées. Et si nous [en] avons plus, nous aurons plus de malades, plus d’hospitalisations et probablement plus de morts. » Ambiance pour les prochains jours.

Barge : vers la fin des tickets jaunes à Mayotte

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Le projet avait été annoncé il y a plusieurs années, il voit enfin le jour en ce début 2021. Le système de billetterie de la barge passe au numérique. Désormais, les passagers devront se munir d’un ticket avec un QR code qui leur permettra de badger avant de passer. La population en est plutôt satisfaite, même si beaucoup rencontrent des difficultés.

Les fameux tickets jaunes de la barge, qui ont accompagné les Mahorais durant plusieurs décennies, tirent lentement leur révérence. Depuis le 15 janvier, ils laissent place aux nouveaux tickets 2.0 tant attendus par la population depuis des années. Le système de billetterie de la barge a complètement été remanié. Grâce à un QR code imprimé sur le ticket unitaire, les piétions doivent badger eux-mêmes sur les boitiers installés à l‘entrée des zones d’attente. Ce n’est seulement qu’après avoir validé leur ticket, qu’ils pourront passer les portiques automatiques implantés au même endroit. De nouveaux gestes à adopter qui ne sont pas évidents pour les usagers. “C’est difficile pour eux. Ils ne comprennent pas forcément cette nouvelle façon de faire, même lorsque nous leur expliquons. Beaucoup de personnes râlent”, sourit Mardhuya Ridjali, agent de sécurité à la STM. “Ils râlent surtout parce qu’ils ne peuvent plus courir pour rattraper la barge comme avant. Les portiques se bloquent quelques minutes avant son départ”, précise Soufiane également agent de sécurité.

Les usagers rencontrent quelques difficultés : ils prennent plus de temps et créent par conséquent des files devant les portiques. Certains doivent alors prendre leur mal en patience… Malgré cela, le Département et le STM vantent les mérites de cette démarche. “Cela va permettre de maîtriser le comptage conformément aux règles de la sécurité maritime. Il y aura également une meilleure transparence sur la gestion de la fréquence des barges, un affichage des horaires en temps réel, sans oublier une meilleure sécurité pour le voyageur qui détiendra son ticket”, annonce Faouzat Mli, directrice de Numérique, des Systèmes d’Information et des moyens généraux au conseil départemental de Mayotte.

 

Un système amené à évoluer

 

Cette mise en oeuvre du nouveau système de billetterie se fait à titre expérimental. Il est pour l’instant limité aux piétons en partant de Mamoudzou. “Il sera étendu à moyen terme aux véhicules. Une fois que le fonctionnement sera opérationnel en Grande-Terre et sur la base des retours d’expérience, le cas de la Petite-Terre sera étudié”, affirme Faouzat Mli. Une application devrait également voir le jour au mois de février de cette année. “Elle permettra d’acheter des tickets, de consulter les horaires de la barge en temps réel et d’envoyer des crédits-barges à d’autres utilisateurs”, ajoute l’agent du Département. Et à partir du mois de mars, les utilisateurs qui le souhaitent pourront se munir d’une carte rechargeable, et prendre un abonnement. Pour l’heure, les anciens tickets coexistent encore afin que tout le monde puisse écouler son stock.

 

MICRO-TROTTOIR : Ce qu’en pensent les usagers

 

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« Ce nouveau système est difficile à comprendre et à appliquer. J’ai essayé plusieurs fois et finalement, c’est l’agent de sécurité qui m’a aidée. Mon avis reste mitigé car je suis contente de l’évolution mais j’ai quelques réticences concernant la sécurité. On est obligé de faire la queue pour que chacun puisse passer et cela ne me rassure pas car les délinquants peuvent arriver à n’importe quel moment et nous agresser pendant qu’on attend. »


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« C’est une nouveauté, il est donc normal que les gens rencontrent des difficultés au début. J’ai moi-même eu besoin d’aide pour cette première fois, mais maintenant je sais comment cela fonctionne et dorénavant je saurai me débrouiller seul. Je reste cependant perplexe sur le fait que les portes se bloquent quelques minutes avant le départ de la barge. Lorsqu’une personne sera en retard et devra ab-solument prendre la barge, elle ne sera pas contente. »


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« Cette méthode est plus rassurante pour ceux qui attendent la barge car tout est fermé et je me sens en sécurité assise sur ces bancs. De plus, cela permet de connaître le nombre exact de personnes qu’il y a dans la barge. C’est important en cas d’incident. Certains ne sont pas contents que les portent soient bloquées quelques minutes avant le départ de la barge mais je pense au contraire que c’est une bonne chose. Ainsi peut-être, les barges partiront à l’heure. J’espère que tout cela va durer dans le temps et qu’il n’y aura pas de problème technique. »


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« Aujourd’hui, j’utilise les nouveaux tickets pour la première fois et j’en suis plutôt satisfaite même si j’ai eu du mal à comprendre le mode d’emploi. Je pense qu’en cette période de pandémie, il était nécessaire de changer de système. Désormais, chaque utilisateur garde son ticket au lieu de le donner à l’agent de sécurité. C’est un bon geste pour éviter la propagation du virus. »

Les professionnels de santé de l’académie de Mayotte formés au test antigénique

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Ce lundi, plusieurs professionnels de santé de l’Éducation nationale ont été formés à la prise en charge des tests antigéniques dans le but de se déplacer dans les établissements scolaires pour réaliser des dépistages de masse. Pour ces infirmières volontaires, ce dispositif est une manière de rappeler aux élèves et aux enseignants que la crise sanitaire est toujours d’actualité à Mayotte.

Dans la salle informatique du lycée de Tsararano se déroule un cours pour le moins inhabituel, en ce lundi 18 janvier. Pas moins de 12 infirmières de l’académie de Mayotte suivent une formation dispensée par l’agence régionale de santé sur le test antigénique. Au moment où le recteur passe la tête pour «souligner leur mobilisation», l’heure est aux exercices pratiques. Ni une ni deux, Gilles Halbout mouille la chemise et porte sa narine candidate. Coton-tige dans la main, c’est à Maddy que revient la lourde tâche de se confronter à l’épreuve. Impressionnée ? Pas vraiment. «Nous le prenons en charge comme n’importe quelle personne», souffle la jeune femme alors qu’un rictus se dessine sur le bord des lèvres de son cobaye. Un classique dans ce genre de situation.

mayotte-tests-antigeniques-rectoratLe but pour ces professionnels de santé de l’Éducation nationale : intégrer l’équipe mobile (accueil, test, saisie sur ordinateur) pour prendre part à des dépistages massifs décidés par l’institution gérée par Dominique Voynet dans les établissements scolaires, aussi bien dans le 1er que dans le 2nd degré, auprès d’un public ciblé selon les critères et les besoins. Mais aussi de réaliser du cas par cas pour isoler rapidement les élèves positifs et éviter une propagation du virus dans les classes. «C’est une instruction interministérielle qui date de fin novembre», précise Fabienne Mazeau, conseillère technique dans le domaine médical auprès du recteur.

 

«Marquer les esprits»

 

En poste au lycée professionnel de Kawéni, Nathalie s’impatiente à l’idée de rejoindre ce cercle fermé de testeurs. Elle qui se dit «toujours partante» pour apporter sa pierre à l’édifice et rendre service à la communauté éducative. Idem pour Élise qui se réjouit «de savoir où en est la situation chez les collégiens et lycéens». Pour Agnès, ces futures campagnes «peuvent aussi marquer les esprits car il existe toujours un risque». D’autant plus que, selon elle, le port du masque et le respect des gestes barrières s’avèrent de moins en moins respectés chez les jeunes comme chez les enseignants. «La prévention est notre première mission. Notre rôle ne consiste pas seulement à soigner les bobos», renchérit-elle pour mettre en garde face à un éventuel rebond, alors que le 101ème département enregistre 455 nouveaux cas sur la dernière semaine.

 

«Avoir un maximum d’autonomie»

 

Sauf que ce nouveau dispositif risque de considérablement compromettre, ou plutôt de chambouler, leur quotidien si les tests se multiplient aux quatre coins de l’île… «Tout retombe sur la vie scolaire lorsque nous ne sommes pas là, mais nous allons nous organiser», admet d’un ton plutôt rassurant Nathalie, derrière ses lunettes rondes. «Si nous ne sommes pas appelées trop souvent, cela voudra dire que nous gérons la crise

mayotte-tests-antigeniques-rectoratMalgré cet optimisme, Gilles Halbout ne voit pas d’un bon oeil de compter des établissements sans professionnels de santé. «Sur le terrain, ce sera en fonction des prescriptions locales [les discussions sont en cours pour un dépistage au CUFR]. Il faudra voir avec les principaux et les proviseurs, avec les disponibilités de chacune et le contexte», prévient-il, même s’il juge nécessaire que le rectorat puisse contribuer au même titre que les autres administrations dans la lutte contre le Covid-19 et de son variant sud-africain, désormais confirmé sur le territoire. «L’idée est que nous ayons un maximum d’autonomie !»

Et pour celles et ceux qui s’inquiètent de la réaction de leurs collègues ou de leurs camarades, le recteur garantit la confidentialité du résultat. Même pour lui ?, ose-t-on lui demander quinze minutes plus tard. Et le patient du jour de répondre : «Bon, je vous le dis, mais c’est un exemple à ne pas suivre.» Négatif ! Ouf, on a évité le cluster.

Récap’ éco : malgré la crise sanitaire à Mayotte, la SIM démarre 2021 sur les chapeaux de roue

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Alors que le Covid-19 avait un peu mis le holà sur les chantiers, la Société immobilière de Mayotte assure pouvoir tenir son carnet de route pour 2021. Et entend même dépasser son objectif de 5.000 logements d’ici 2030. Tour d’horizon des projets attendus dans les mois à venir.

Faites un pas dans le “Grand Mamoudzou”, levez la tête, tendez l’oreille. À coup sûr, vous ne manquerez pas de remarquer le ballet de grues ou l’orchestre de marteau-piqueurs qui font vibrer toute la commune chef-lieu. Et même au-delà ! Partout à Mayotte, les chantiers illustrent le développement exponentiel de ce petit caillou de l’océan Indien. Brièvement interrompu par le confinement du mois de mars, le concerto a repris de plus belle, avec des mises en chantier et des livraisons toute cette fin d’année. Et pour 2021, la Société immobilière de Mayotte, qui porte l’importante mission de construire des logements dans un département soumis à une forte pression démographique, entend bien poursuivre sur cette lancée.

 

Coup de boost

 

“Nous avons eu une année compliquée, comme tout le monde, avec une période notamment où tout s’était interrompu”, acquiesce Ahmed Ali Mondroha, le directeur général de la SIM. “Mais on a mis un coup d’accélérateur à la reprise, ce qui nous a permis d’atteindre et même de dépasser nos objectifs de mise en chantier pour 2020 !”, se réjouit l’ancien banquier.

On s’en souvient, l’année dernière à la même période, le préfet Jean-François Colombet annonçait à l’occasion de la journée professionnelle de la construction et du logement, un ambitieux projet de 30.000 logements en dix ans, dont 5.000 à la charge de la société historique de Mayotte. Soit un minimum de 500 logements par an tout de même ! Un beau projet, quand on sait que la SIM tournait plutôt aux alentours de 100 mises en chantier annuelles, il y a trois ans.

 

400 livraisons pour 2021

 

“Nous avons déjà largement atteint notre rythme de croisière avec 600 mises en chantier cette année soit un investissement total de 105 millions d’euros, et dès 2021, nous pouvons décemment tabler sur un chiffre de 750, voire 800, pour environ 150 millions d’euros d’investissements. Pour beaucoup, les financements sont bouclés. Donc l’objectif de 5.000 logements en 2030, nous l’atteindrons”, certifie un Ahmed Ali Mondroha confiant derrière ses lunettes rectangulaires. Seul bémol : les livraisons, dont certaines ont en effet pris du retard à cause de la crise sanitaire. Sur les 200 logements prévus, 140 ont effectivement été livrés en 2020. Le reste devrait recevoir les dernières finitions dans les mois qui viennent. “Si bien que cette année, nous visons les 400 livraisons.”

Mais de quoi parle-t-on exactement ? Parmi les projets emblématiques, l’on retiendra l’exemple de Marzoukou à Labattoir : 238 logements sociaux, dont la première tranche de 117 logements ne va pas tarder à accueillir ses heureux locataires. Pour cette grosse opération, la SIM a accepté une proposition de VEFA (vente en état futur d’achèvement) d’un promoteur privé, Ocidim, filiale de Vinci construction Dom-Tom. La livraison de la première tranche est prévue en juillet-août, tandis que la deuxième tranche arrivera sur le marché un an et demi plus tard.

 

“Mailler tout le territoire”

 

Côté Grande-Terre, la SIM a confié à Colas le gros-oeuvre pour “Les Terrasses”, 95 logements qui doivent commencer à sortir de terre sur ce foncier de la SIM situé à Cavani, à quelques pas des 100 villas. Non loin de là, rue du Stade, trois opérations sont programmées dont deux doivent débuter en 2021, pour un total de 300 logements. “Là c’est tout un quartier qui va voir le jour, avec du logement social, du logement libre, de l’intermédiaire et au rez-de-chaussée des commerces”, décrit le directeur du premier bailleur de l’île. Même chose avec La Renaissance dans le quartier des 16 Villas, où 64 logements – libres, ceux-là – surplomberont quelque 2.000 mètres carrés de surface commerciale. Les gros appels d’offres à guetter pour 2021 concernent donc certaines de ces opérations, comme celle de Vili Vili Manga rue du Stade, avec 60 logements et 13 commerces. Ou encore le Sphinx à Trévani, 54 logements. Car, une fois n’est pas coutume, tout ne se concentre pas à Mamoudzou. “À Tsimkoura, à Iloni, à Coconi, à Kahani, à Combani, à Tsingoni, à Chirongui… bref, un peu partout, nous allons mailler le territoire”, explique Ahmed Ali Mondroha.

 

Relogement et capacités de production

 

À chaque fois, ces opérations permettent de répondre aux enjeux de pression démographique. “Pour Les Terrasses par exemple, nous détruisons six cases pour construire 95 logements”, signale-t-il. Une politique qui va d’ailleurs de pair avec le calendrier rythmé de destructions d’habitat illégal mené par la préfecture depuis quelques mois et qui a permis à la SIM de récupérer l’un de ses terrains occupé à Passamaïnty. “Dans ces bangas, il y a des personnes éligibles au logement social classique”, note le directeur. Reste qu’il sera sans doute difficile de reloger tout ce petit monde, même avec un tel coup d’accélérateur sur les mises en chantier ! En juin dernier, André Yché, le président de la filière habitat de la Caisse des dépôts et consignation (CDC), actionnaire majoritaire de la SIM, s’inquiétait d’ailleurs que les ambitieux programmes immobiliers, reboostés par le plan de relance, ne finissent par se heurter aux capacités de production de Mayotte… Gare à la surchauffe !

 

Les chantiers 2021 de la SIM :

Martin Meyrier, nouveau bras droit de Gilles Halbout, le recteur de Mayotte

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Orphelin de son directeur de cabinet depuis le départ de Didier Cauret, le recteur de Mayotte, Gilles Halbout, vient de nommer début janvier Martin Meyrier à ce poste. Fort de son parcours politique, le trentenaire compte apporter toute son énergie dans sa nouvelle mission.

Discret, tenace, travailleur. Tels seraient les qualificatifs pour résumer le nouveau bras droit du responsable académique de Mayotte, Martin Meyrier. Derrière son bureau, le trentenaire prend sans relâche la pleine mesure de son nouveau poste, obtenu le 4 janvier dernier, en remplacement de Didier Cauret. Une opportunité saisie à la suite de la mutation récente de sa femme sur l’île aux parfums. « J’étais déjà venu en vacances pour rendre visite à des amis », sourit allégrement celui qui ne débarque donc pas en terre inconnue.

Malgré son jeune âge, le diplômé d’un master en droit des affaires obtenu à Rennes possède déjà une solide expérience professionnelle : assistant parlementaire au Sénat, directeur de cabinet de l’ancienne députée européenne Isabelle Thomas ou encore vice-président de la région Bretagne en charge de l’économie et de l’innovation de 2015 à 2020. « Je n’entends pas faire de la politique, je suis au service du recteur », précise-t-il d’emblée pour ne pas s’aventurer sur ce terrain glissant. « J’arrive avec beaucoup de modestie et l’envie de comprendre les rouages du territoire. » Pour y arriver, il compte bien décliner un adage propre à ses racines – « on ne naît pas breton, on le devient » – pour s’acclimater dans son nouvel environnement et faire ses preuves auprès de ses futurs interlocuteurs.

 

L’école et son vivier

 

Et à ses yeux, « le rectorat est une belle maison aux multiples ressources qui ont envie de faire bouger les lignes ». D’ailleurs, il compte bien apporter sa « gnac » et ne pas s’arrêter aux premières difficultés. Au contraire, il souhaite, à l’instar de Gilles Halbout, s’employer contre « l’état d’esprit de renoncement de certains ». Une priorité pas si simple à mettre en place sur un territoire où 50% de la population a moins de 18 ans. « Nous sommes l’incubateur qui va permettre le développement de demain », souligne Martin Meyrier, avant d’adresser un message d’espoir à l’égard de la jeunesse. « Nous recensons tout le vivier de celles et ceux qui vont écrire l’histoire de Mayotte. »

Pour mener à bien sa « noble » mission, le Breton d’origine peut compter sur une « équipe opérationnelle et rajeunie », avec en haut de la liste, Anli Bedja fraîchement intronisé chef de cabinet il y a de cela deux mois. « Nous formons un binôme sympa », juge-t-il d’un air convaincu, au détour d’un regard complice vers son acolyte. « Il a une merveilleuse connaissance de Mayotte. » De bons débuts, sur le papier, qui ne peuvent que faciliter son « rôle de conseil et d’accompagnement auprès du recteur dans la réussite du projet pédagogique ». Un travail de l’ombre, selon ses mots, qui ne doit en aucun cas l’enfermer dans sa tour d’ivoire autour d’une pile de dossiers.

Clap Productions : une nouvelle série TV sur le retour « choc » de 4 femmes à Mayotte

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Dès mercredi prochain commence le casting pour une nouvelle série télévisuelle made in Mayotte. À sa tête, la gérante de la société audiovisuelle, Jacqueline Guez, qui a écrit pas moins de 13 épisodes dans lesquelles elle revient sur le sort de 4 Mahoraises de retour sur leur terre natale. La diffusion est prévue au mois de septembre sur les ondes de France Télévision.

« Ce jeu de poker menteur commence à me gonfler. » Au moment d’évoquer la genèse de la nouvelle série télévisuelle écrite par ses soins, Jacqueline Guez, la gérante de la société audiovisuelle Clap Productions, en a gros sur la patate. Son ras-le-bol ? Cette double vie menée dans et en dehors de la sphère familiale. Sensible à la cause féminine, elle compte bien mettre en lumière le sort de 4 « nenettes mahoraises », âgées de 25 à 30 ans, revenues sur leur terre natale après un séjour estudantin et/ou professionnel en métropole.

Un retour synonyme de « choc » culturel pour cette génération transformée par le monde occidental. « Nous revenons sur notre île pour apporter notre expérience. Sauf que nous rencontrons les mêmes difficultés que celles éprouvées par nos mères et nos grands-mères. C’est étrange car ce sont nos parents qui nous ont envoyées étudier », s’interroge-t-elle. Avant d’étayer ses propos : « Le regard de la communauté pèse sur eux donc il faut forcément rentrer dans le rang. Par exemple, si une femme n’est pas mariée, elle n’est rien socialement… »

 

Une diffusion dans tous les DOM

 

Convaincue par le scénario, France Télévision lui commande 13 épisodes, d’une durée de 13 minutes chacun. Cerise sur le gâteau, la chaîne de télévision ambitionne de les diffuser dans toutes les départements ultramarins. D’où la volonté de tourner aux quatre coins de l’île dès février pour « montrer le charme de Mayotte ». Actuellement en repérage, Jacqueline Guez multiplie les appels auprès des collectivités et des restaurateurs car une bonne partie des scènes se jouent en extérieur. « Si cela en intéresse certains, qu’ils nous fassent signe », lance-t-elle, comme une bouteille à la mer.

Reste aussi à dénicher les talents. « Pour le bien, il faudrait que ce soient des filles qui ont vécu ces histoires », espère Jacqueline Guez, impatiente de débuter les castings à partir de mercredi prochain. Parmi les héroïnes, la réalisatrice souhaite réunir les 4 visages de la femme mahoraise : la pieuse, l’aisée, l’anarchiste et la colérique. « Nous allons traiter toutes les problématiques propres au territoire qui sont passées sous silence, comme la polygamie ou la violence faite aux femmes. »

 

Taper dans la fourmilière

 

Des sujets encore tabous et clivants dans le 101ème département, en complet décalage avec la personnalité de ces femmes diplômées. Et qui risquent peut-être de bouleverser certains codes. Peu importe pour la gérante, qui sent que le moment est venu de délier les langues. « Même si le téléspectateur ne se sent pas d’entendre ce discours, nous, nous sommes prêts à le clamer haut et fort. Je fais ce métier pour ce genre de projet », martèle-t-elle, ayant bien conscience de proposer une série de niche. « Certes, nous avons vocation à divertir, mais aussi et surtout à provoquer le débat. [Les personnages] tapent dans la fourmilière », prévient-elle, sans en dire trop. Il faut garder quelques surprises pour le mois de septembre.

Interpellation musclée à la barge : la nécessaire protection de l’identité des policiers à Mayotte

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D’après le représentant syndical, Bacar Attoumani, les individus arrêtés ce mardi à la descente de la barge à Mamoudzou tentaient d’intimider un policier hors service qu’ils avaient reconnu comme le responsable de la reconduite à la frontière de leur frère. Une situation qui rappelle pour lui la loi sur la Sécurité globale, examinée par le Sénat ce mois-ci, et la nécessaire protection des policiers. Surtout à Mayotte.

Instant buzz à la barge. Ce mardi, une interpellation musclée a eu lieu sous les yeux ahuris des passagers de la STM, en fin d’après-midi. Ni une ni deux, les voilà qui dégainent leur téléphone portable pour ne pas louper une miette de l’altercation. Alors que la sonnerie retentit et que le ponton se met en branle, à l’embarcadère de Mamoudzou, un groupe d’hommes s’amasse à la sortie du bateau. Sauf qu’un petit comité d’accueil les attend. “C’était mon groupe, nous avons été appelés pour intervenir et la barge a fait demi-tour”, raconte Bacar Attoumani, le secrétaire départemental de Alliance Police nationale à Mayotte.

Sur la vidéo, on distingue alors Jean-Marie Cavier, le directeur territorial de la police nationale “qui était par hasard sur la même barge”, déroule le fonctionnaire. Le DTPN tente de s’interposer entre le plus baraqué des trois et les deux autres individus, visiblement remontés. Mais alors qu’ils se toisent en chien de faïence, un des agents de police fonce sur le plus virulent et le met à terre. Le deuxième lascar subit le même sort. En quelques minutes, tout ce beau monde embarque bon gré mal gré dans la voiture de police, arrivée sur ces entrefaites.

 

Reconduite à la frontière et vendetta

 

Flashback. “En attendant la barge, notre collègue du groupe d’appui opérationnel (GAO) (l’homme le plus costaud sur la vidéo NDLR) a été reconnu par trois individus qui ont eu leur frère reconduit. Ils ont alors voulu se venger, ils ont commencé par l’insulter, avant que deux d’entre eux ne montent avec lui dans la barge et tentent de l’intimider”, retrace Bacar Attoumani. D’après lui, l’agent de police, alors en dehors de ses heures de service, ne riposte pas. Mais le ton s’échauffe, et la barge entame son demi-tour. “L’idée c’était de les récupérer en dehors de la barge et surtout d’éviter toute propagation”, explique encore le syndicaliste. Une opération réussie donc, même si l’arrestation musclée provoque quelques cris dans l’assistance, accoudée aux balustrades.

 

Une LIC sous tension

 

Reste que pour le représentant d’Alliance à Mayotte, syndicat qui a largement défendu la proposition de loi sur la Sécurité globale, adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale le 24 novembre 2020, cette “coïncidence” illustre les risques qui pèsent sur les policiers du 101ème département. “Nos collègues du GAO qui travaillent sur la lutte contre l’immigration clandestine sont davantage exposés, et il n’existe pas de protection particulière pour eux, malgré l’étroitesse de l’île”, martèle Bacar Attoumani. Un défi d’autant plus crucial que la fameuse LIC met plutôt les gaz ces derniers mois… “Nous sentons plus de résistance, tout cela devient compliqué, et il faut commencer à parler, qui plus est à Mayotte, de protéger le policier. Car après son service, il ne va pas continuer à traîner avec son arme ! Et à ce moment-là, comment les protège-t-on ?”, interroge-t-il.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes