La semaine dernière, le Park Numérique a organisé une formation à la cité des métiers. Le but : former des ambassadeurs pour apporter du savoir à l’acculturation digitale dans le 101ème département, auprès d’un large public de bénéficiaires. Et ainsi faire monter en compétence le territoire dans l’espoir de générer de l’emploi.
« Il y a deux semaines, j’ai garé le bus dans la cour de l’école élémentaire de Majicavo. En deux jours, pas moins de 250 élèves ont été sensibilisés sur la manière dont on peut étudier avec une tablette », glisse d’un air nostalgique Fatima. Avec son bolide, la conseillère numérique à la cité des métiers sillonne les quatre coins de l’île depuis le 5 avril. « Regardez, on a cinq boîtiers 4G sur le côté et une télé interactive au fond », s’empresse de compléter Faira, sa collègue, au moment d’ouvrir les portes du « camion ». Mais encore leur fallait-il un certain bagage technique pour apporter tout leur savoir-faire à l’acculturation digitale. C’est tout l’objet de la formation dispensée à sept personnes la semaine dernière par le Park Numérique, lauréat en fin d’année dernière de l’appel à projets Innovation Mayotte 2020 lancé par le conseil départemental. Qui a dans la foulée créé son entité sur l’île aux parfums.
Son ambition : faire du numérique un levier d’apprentissage et d’insertion professionnelle pour tous les publics dans le 101ème département. Pour cela, il apparaît essentiel d’« avoir des ambassadeurs auprès des bénéficiaires », précise Grégory Guillou, le référent en Martinique, présent sur le territoire durant la session de cinq jours. « On nous a appris à mieux nous connaître et à avoir en tête un programme d’accompagnement », complète Faira, encore agréablement marquée par son coaching en neuro-éducation. Mais pas seulement. « On a approfondi nos connaissances sur la robotique et la programmation. » Essentiel sachant que celles-ci sont imposées par l’Éducation nationale depuis 2016. D’où les récentes interventions dans les établissements scolaires.
Diffuser de l’essaimage
Pour réussir le pari de la lutte contre l’illectronisme, de la continuité pédagogique ou encore de la dématérialisation, le Park Numérique a une approche dite en escalier : sensibilisation, détection, montée en compétences, formation qualifiante, pré-qualifiante et certifiante… « On a noué des partenariats avec Action Logement et Mlézi Maoré et on va intégrer le cluster numérique », confie Pascal Pierre-Louis, le président de la fédération, avant d’annoncer la signature d’une convention avec le Carif-Oref dans le but d’installer une école du numérique, comme c’est déjà le cas dans d’autres territoires métropolitains et ultramarins. « On va diffuser de l’essaimage à partir de 6 ans ! Sans oublier de faire en sorte que les parents ne soient pas trop décrochés. »
Responsable de la cité des métiers à Koungou, Abdou affiche, lui aussi, un large sourire à la sortie de cette formation. Une belle reconversion pour cet ancien militaire. « Le système Félin (fantassin à équipements et liaisons intégrés) m’a poussé vers la numérique », souligne le quadragénaire, passionné par les nouvelles technologies, qui s’attèle désormais à aider ses interlocuteurs à se réorienter et à mettre un pied dans le monde du travail. À l’instar des autres formés, il a bien conscience de la tâche qui l’attend puisque la France recherche pas moins de 100.000 développeurs. « Si on fait bien monter en compétences le territoire, on peut générer de l’emploi et de l’entrepreneuriat sur le marché africain », conclut Grégory Guillou. Et peut-être, par la même occasion, façonner les pépites de demain.
La prochaine rentrée scolaire 2021 sera marquée par l’ouverture d’un établissement hôtelier et de tourisme à Mayotte. Et ce n’est autre que la prestigieuse école Vatel qui accueillera des élèves mahorais. Le projet initié par une jeune mahoraise a pour objectif de donner un coup d’accélérateur au tourisme dans le 101ème département.
Les écoles Vatel sont implantées dans une trentaine de pays dans le monde. On en compte actuellement 55 et Mayotte accueillera la 56ème en septembre 2021. Le groupe Vatel a remporté le prix de « meilleure école hôtelière » lors de la 17ème Worldwide Hospitality Awards. Sa renommée n’est plus à prouver, sa venue dans le 101ème département est donc une chance indéniable pour ses futurs étudiants.
À l’origine de cette idée, Rania Saïd, une ancienne élève mahoraise formée dans une école Vatel à Maurice. Après avoir obtenu son master, la jeune femme a travaillé dans le domaine de l’hôtellerie sur l’île voisine, avant de rentrer à Mayotte il y a trois ans. Elle réalise alors que sur le territoire, « la qualité n’y est pas », en ce qui concerne le tourisme. Rania Saïd veut changer la donne et décide de prendre les choses en mains en s’associant avec son mari. « À Mayotte, nous avons quelques formations au tourisme et à l’hôtellerie, mais les élèves sont formés sur des postes opérationnels. Je pense qu’il faut que nous ayons plus de managers dans le tourisme à Mayotte pour booster le secteur », explique-t-elle.
Ni une ni deux, l’entrepreneure décide d’ouvrir sa propre école sous la franchise Vatel. Un gage de qualité, selon elle. « Nous allons former des cadres et dirigeants du secteur de l’hôtellerie et du tourisme qui pourront travailler partout dans le monde, puisque le diplôme est reconnu dans plusieurs pays. La formation que nous allons proposer aux Mahorais est de qualité et jusqu’à maintenant, il fallait quitter le territoire pour en bénéficier », soutient Rania Saïd. Mieux encore, la porteuse de projet entend bien inverser cette tendance, puisque des personnes qui ne résident pas à Mayotte souhaitent intégrer sa future école.
Beaucoup d’appelés, peu d’élus
Mais attention, les places sont chères. Implanté dans les Hauts-Vallons, l’établissement pourra accueillir deux classes de 15 élèves. Chacun devra donc mériter son entrée. Minimum requis : le baccalauréat. À partir de cette base commune, la sélection se fera alors en plusieurs étapes. « Il y aura des tests d’anglais, de personnalité, ou encore des tests psychotechniques que chaque candidat devra passer. Ceux qui les auront réussis pourront accéder à la phase d’entretien durant laquelle nous pourrons sonder la motivation de la personne. Celui ou celle qui passera toutes ces étapes pourra ensuite être intégré dans l’école », indique Rania Said. S’en suivront ensuite trois ans de formation pour avoir un bachelor ou cinq ans pour obtenir un master.
Tout cela, à condition d’en avoir les moyens, bien sûr ! Car l’inscription dans cette école privée revient à la coquette somme de 7.000 euros. De quoi en faire réfléchir plus d’un… Mais la gérante se veut rassurante : les élèves pourront bénéficier de certaines aides. « En deuxième année, les élèves peuvent postuler dans toutes les écoles Vatel du monde. S’ils partent, le conseil départemental peut prendre en charge l’année scolaire passée à l’étranger. Pour la troisième année, si l’étudiant trouve une entreprise qui accepte de l’embaucher après le diplôme, nous pourrons mettre un dispositif spécial pour qu’il n’ait pas à payer l’école. » L’intérêt est de rendre la formation accessible à un public qui n’aurait pas forcément les moyens de payer l’école.
Une chose est sûre, ceux qui auront la chance d’être formés dans cet établissement bénéficieront d’une immersion totale dans le monde de l’hôtellerie et du tourisme dès la première année. Les stages alternés seront obligatoires pour que les élèves soient prêts à l’embauche dès la sortie d’école. « Le principe de Vatel est d’allier la théorie et la pratique. Il y aura deux semaines de cours et deux semaines de stage pendant six mois. Et ensuite, quatre mois de stage dans un hôtel, pour la première année », précise Rania Saïd. Cette dernière a déjà signé avec des partenaires à Mayotte qui accueilleront les stagiaires. Ils ont tout intérêt à les accepter puisque ces futurs cadres sont probablement l’avenir du développement touristique à Mayotte. « Avec cette école, nous pourrons rehausser le niveau du tourisme chez nous dans cinq à dix ans », espère Rania Saïd. Et c’est bien tout le mal que l’on souhaite à l’île aux parfums.
Les inscriptions se font par mail à admissions@valet.yt ou par téléphone au 06.92.42.49.57
Menée auprès de 6.000 agents, une étude de la Mutuelle des forces de sécurité, (MGP), rappelle les difficultés quotidiennes auxquelles sont confrontés ces fonctionnaires. Plus de 1.100 policiers se sont suicidés ces 25 dernières années, soit 50% de plus que le reste de la population. Le 101ème département a ainsi perdu deux de ses agents, entre 2020 et 2021.
Depuis le 1er janvier 2021, 16 policiers se sont donnés la mort. Parmi eux, un agent du 101ème département, formateur au centre de tir dont le corps sans vie avait été découvert fin janvier par la police aux frontières (PAF), en Petite-Terre. “Il y a eu une enquête mais on ne sait pas vraiment pourquoi il s’est suicidé. Tout le monde pense que c’était lié à sa vie privée, car c’était quelqu’un de bien structuré, de sportif, il ne laissait pas transparaître de faiblesse… Mais on ne sait jamais vraiment”, soupire Bacar Attoumani, secrétaire départemental du syndicat Alliance Police Nationale.
Pour les policiers, il est toujours difficile de faire la part des choses entre vie professionnelle et vie privée. Une réalité qui vient d’être étayée par une étude de la Mutuelle des forces de sécurité (MGP), dont les résultats ont été publiés ce lundi par le site de Franceinfo et le journal Le Monde. La mutuelle, qui a interrogé 6.000 agents entre février et mars 2021 a mis en lumière les difficultés de la profession. Ainsi, un quart des policiers a des pensées suicidaires et 40% d’entre eux sont en détresse psychologique. Soit bien plus que la moyenne nationale, et ce, alors même que les policiers français sont en meilleure santé que l’ensemble de la population. Mais ils souffrent parallèlement d’hypertension et de problèmes de dos à cause de leur équipement, des “conditions d’exercice du travail” qui influent sur leur santé mentale, souligne l’étude. Les jeunes entre 30 et 35 ans sont les plus touchés, et considèrent manquer “de temps pour accomplir leurs tâches et avoir des difficultés à jongler entre vie privée et professionnelle”, rapporte Franceinfo.
La problématique propre à l’institution
Alors que la France compte plus de 150.000 policiers, le panel de 6.246 fonctionnaires qui ont répondu au questionnaire, constitué en majorité d’hommes, de plus de 45 ans, en couple et ayant plus de 20 ans d’ancienneté, donne “une photographie représentative du policier moyen”, juge Le Monde. Si les agents en poste à Mayotte ne figurent pas forcément parmi les personnes interrogées, les syndicats de police locaux que nous avons contactés confirment ces résultats. “Le risque est réel à Mayotte car cette problématique ne concerne pas que la métropole mais bien l’institution”, abonde Bacar Attoumani.
Les difficultés identifiées par l’enquête de la MGP, comme les conditions de travail, les tensions avec la population, les rapports avec les collègues et la hiérarchie qui “aggravent le phénomène” de détresse psychologique, se vérifient en effet sur l’île aux parfums. “On dit souvent que les collègues se suicident à cause de leurs problèmes persos, c’est en tout cas ce qui est déclaré par le ministère ou la hiérarchie directe, mais souvent ces problèmes rencontrés au travail finissent par être ramenés à la maison. C’est très compliqué de faire la part des choses”, confirme Aldric Jamey, délégué départemental d’Alternative Police. Selon le représentant, le manque d’effectifs et de moyens, “peu importe l’endroit”, pèse dans la balance. “Je parle par exemple d’avoir un véhicule ou du matériel adaptés. Des choses toutes simples, comme les problèmes de dos que nous pouvons avoir à cause du ceinturon et du poids de l’arme d’un côté de la hanche”, relève-t-il.
Isolement, manque de suivi psychologique
Autre constat, également partagé par l’étude : la nécessité d’un suivi psychologique, qui manque cruellement, qui plus est à Mayotte. “Nous avons une seule psychologue qui n’est pas là tout le temps, et c’est très difficile d’effectuer le suivi, face à des collègues qui n’osent pas passer le pas, il y a une peur d’exprimer son mal-être”, poursuit Aldric Jamey. Si des dispositifs comme les numéros verts, existent ou ont existé par le passé, leur efficacité semble par ailleurs limitée. “Dès qu’il est possible d’être identifié, cela constitue un frein, et ici les gens se connaissent, c’est petit”, explique Bacar Attoumani, qui souligne aussi le manque d’accompagnement pour les nouvelles recrues, dès lors qu’il s’agit de trouver un logement ou une école pour les enfants. “Il y a une problématique d’isolement, les gens peuvent avoir du mal à s’adapter à Mayotte, ce qui pousse certains collègues au départ.” Sans compter les défis sécuritaires du 101ème département, qui fait face à “une montée de la violence”.
Des effectifs sous pression
Outre ce manque d’accompagnement, des dissensions peuvent naître entre les agents et leur hiérarchie. “Nous avons des situations où le commandement se désolidarise de la base, et commande uniquement avec la politique du chiffre, qui est d’ailleurs toujours présente, quel que soit le service”, rappelle Aldric Jamey. Sans surprise à Mayotte, la lutte contre l’immigration clandestine est particulièrement exposée à cette pression. Avec des effets en cascade pour les autres services. “Quand on demande aux effectifs de la CDI (compagnie départementale d’intervention) de faire de la LIC, ce sont autant de véhicules de police et d’agents réquisitionnés, qui vont être enlevés de Mamoudzou pour aller en Petite-Terre et au centre de rétention administrative (CRA)”, poursuit le syndicaliste.
Reste une spécificité locale : “les Mahorais, ceux qui sont issus de la culture musulmane peuvent écarter la possibilité du suicide, au regard de leur éducation”, analyse Bacar Attoumani. Ce qui n’a pas empêché le 101ème département de connaître lui aussi deux suicides de policiers en moins d’un an, l’un en avril 2020, agent à la police aux frontières (PAF) et l’autre en janvier 2021, formateur aux techniques et à la sécurité en intervention (FTSI). De son côté, la MGP rappelle que plus de 1.100 policiers se sont suicidés ces 25 dernières années, soit 44 suicides par an en moyenne. C’est 50% de plus que le reste de la population. “Il faudrait qu’il y en ait zéro”, signe Aldric Jamey.
Les embouteillages font pleinement partie de la vie des habitants de Mayotte. Matin, midi ou en fin de journée, ils sont constamment présents dans certaines zones de l’île. Faute d’alternatives pour y échapper, les Mahorais s’y habituent, non sans conséquences sur leur santé mentale. Stress, épuisement émotionnel, fatigue constante… Les embouteillages ont des effets néfastes sur les automobilistes, et, par ricochet, sur toute la société.
Le constat est sans appel. « J’accompagne de plus en plus de patients qui sont victimes de la congestion routière à Mayotte. Cela a un impact sur leur santé mentale et leur vie sociale. » Il y a quelques années, le psychologue et sophro-analyste Fayum Ambdi n’aurait peut-être pas prononcé cette phrase. Aujourd’hui, impossible d’échapper à cette partie de son quotidien : c’est indéniable, Mayotte suffoque sous les embouteillages. Les communes de Mamoudzou, Koungou et Dembéni sont les principales concernées par ce fléau. Omar, habitant de Dzoumogné qui travaille à Kawéni en fait les frais. « Je me souviens qu’en 2017 les bouchons commençaient vers les Hauts-Vallons, aujourd’hui, je tombe dessus depuis Trévani », soupire-t-il. Une situation qui influe sur son organisation puisqu’il est désormais obligé de se réveiller de plus en plus tôt. « Quand j’ai des réunions à 8h ou 9h du matin, je me réveille à 3h30 et je pars de chez moi vers 4h45. Et même ainsi, je n’échappe pas aux embouteillages. Je passe 2h30 pour faire le trajet de chez moi jusqu’à Kaweni », continue-t-il. Seul avantage : Omar est son propre patron et peut aménager son emploi du temps.
Parmi ses camarades d’infortune matinale, les mains cramponnées à leur volant au milieu des files de voitures, rares sont ceux à avoir cette chance. À l’exemple de Nasrine, habitante de Mzouazia qui bosse à M’tsapéré. Sa routine du matin est chronométrée à la minute près. « Je me réveille à 3h, et pars de chez moi au plus tard à 4h15 pour espérer arriver au travail à l’heure à 7h30. Si je perds ne serait-ce que 5 minutes chez moi, je passe beaucoup plus de temps dans les embouteillages », martèle la jeune femme. Chaque matin, Nasrine passe pratiquement 3h sur la route. Difficile d’imaginer plus ? Et pourtant ! Si les embouteillages du matin sont une chose, ceux de la fin de journée se révèlent au moins aussi pénibles. « Je finis à 16h30 et je n’arrive pas chez moi avant 18h. C’est frustrant parce que quand je pars de la maison il fait nuit et quand je rentre il fait nuit », s’agace Nasrine. De son côté, Omar préfère prolonger ses journées de travail afin de ne pas subir les bouchons. « Des fois je finis à 16h ou 17h mais je reste à Kawéni jusqu’à 19h avant de rentrer pour ne pas vivre la même situation du matin. »
« Cette situation me désole, j’ai envie de crier, ça joue sur mon mental. »
Passer des heures et des heures sur la route, coincé dans les embouteillages, joue sur le moral des Mahorais. Ras-le-bol, fatigue, colère, stress, les automobilistes de Mayotte sont sujets à de nombreux maux. « Cette situation me désole, j’ai envie de crier, ça joue sur mon mental », réalise Omar. De quoi irriter particulièrement ce père de famille, qui perd un temps précieux. « Quand je rentre, je m’endors immédiatement. Je n’ai même pas le temps de jouer avec les enfants parce que je sais que je dois me réveiller à 3h du matin. » Christophe, habitant d’Ironi travaillant à Mamoudzou, a parfaitement conscience des conséquences psychologiques que provoquent les embouteillages sur lui. « C’est fatiguant psychologiquement parce qu’on sait que c’est récurrent. On sait que du lundi au vendredi, on va vivre la même chose. » Problème : cette prévisibilité, presque rassurante, a même perdu en précision. « Il y a deux à trois ans, on savait que les bouchons commençaient à une certaine heure, à des endroits précis. Maintenant ,ce n’est plus prévisible, on peut tomber dessus à n’importe quelle heure, n’importe où, c’est encore plus frustrant et je suis donc moins patient », explique-t-il.
La vie sociale n’est pas en reste. La fatigue et le stress cumulés à cause de l’engorgement des routes restreint les envies des automobilistes. « Après le travail, je n’ai pas envie d’aller boire un verre, ni de faire des rencontres ni de voir mes amis. Ma vie sociale est limitée parce qu’une grande partie de mon énergie est prise dans les bouchons », poursuit Christophe. Le week-end reste l’unique moment de répit, mais, trop fatigués, certains préfèrent récupérer les heures de sommeil perdues. Pas de grasse matinée pour Nasrine qui se réveille automatiquement à 3h du matin, réglée comme une horloge. Pour autant, celle-ci s’efforce de mener une vie saine. « En dehors du travail, je n’ai pas de vie sociale. C’est toujours voiture, boulot, dodo. Alors le week-end, même si je suis fatiguée, j’essaye de profiter de mes proches au maximum. » Un équilibre absolument nécessaire pour ne pas sombrer dans la dépression.
La santé mentale de toute la population mahoraise en danger
Car les risques existent. Le psychologue Fayum Ambdi a étudié les conséquences des embouteillages et il en a dégagé plusieurs pistes. Le stress est le premier effet néfaste sur le psychique. « Les personnes qui sont constamment dans les embouteillages stressent quotidiennement. Mentalement, elles sont sous tension et quand elles sortent des bouchons elles doivent avoir envie d’exploser », analyse le professionnel. Et plus la durée du trajet est longue, plus le stress augmente en intensité. Une fois arrivée au travail, la personne qui a subi les embouteillages est « plus susceptible de s’énerver pour la moindre chose », précise le psychologue. Le stress peut engendrer d’autres réactions, notamment physiologiques. Transpiration, tremblements, panique figurent parmi les éléments qui peuvent vous indiquer un état de stress. « J’ai eu des patients qui m’ont expliqué qu’à chaque fois qu’ils entraient dans les embouteillages, ils avaient des crispations et des picotements. Ce sont en réalité des angoisses installées au sein du corps de la personne parce qu’elle n’en peut plus », complète Fayum Ambdi.
À cela s’ajoute le phénomène d’épuisement émotionnel généré par l’épuisement du corps. Arrêter et redémarrer une voiture durant plus de deux heures est éprouvant physiquement, et le manque de sommeil chez les plupart des automobilistes n’arrange pas la situation. « Le corps ne se repose pas assez. Plus la durée du trajet augmente, plus les facteurs de détresse psychologique augmentent, c’est-à-dire, la dépression et l’épuisement. Cela s’accompagne aussi d’une réduction du bien-être mental et physique », éclaire le spécialiste.Les embouteillages ne sont pas à prendre à la légère, parce qu’ils peuvent avoir un impact considérable sur toute la société. « Cette congestion routière peut avoir des conséquences néfastes sur la santé mentale publique de tout le territoire parce que si on n’est pas bien, on n’a pas forcément envie d’aller vers les autres et cela influe sur le bien-être des familles, de la vie sociale, en bref, la santé de la société est impactée », prévient le psychologue.
Des solutions pour effacer ce mal-être existent. Fayum Ambdi préconise de consulter un psychologue qui aidera à trouver des astuces pour atténuer cette situation d’inconfort. On peut aussi faire des exercices de respiration ou écouter de la musique lorsque l’on se trouve piégé dans les bouchons. Il est également recommandé de faire le trajet avec des personnes que l’on apprécie. Mais tout cela n’est qu’un petit pansement sur une grosse plaie. « Tant que les services publics ne remédieront pas à ce fléau, il n’y aura pas de solution optimale et notre société sera de plus en plus malade. Un fléau ne se combat pas tout seul de son côté, mais de manière collective », lance le professionnel. Les prochains élus départementaux n’ont plus d’excuses pour ne pas désengorger les routes de l’île. Il en va du bien-être de toute la société mahoraise.
Ce samedi, la Somapresse a révélé le nom des Sportifs de la Décennie 2010-2019, après deux semaines de vote sur son site internet. Le basketteur Ahmed Saïd Salime alias Henri et la handballeuse Abouchirou Saïd ont été plébiscités dans les deux catégories phares. Jeanine Assani Issouf, Toifilou Maoulida, Sébastien Synave, Sébastien Rière, le Combani Handball, le BC M’tsapéré et le Centre Multisports de M’roalé sont les autres lauréats.
C’était une cérémonie tout-à-fait particulière. D’abord pour son contexte d’organisation, en ces temps de crise sanitaire. La remise des trophées du Sportif de la décennie 2010-2019 s’est déroulée en comité réduit, sans public, mais tout de même en présence des nommés et de leur accompagnant : une première depuis la création de l’événement en 2009.
Le tout dans le respect d’un protocole sanitaire strict mis en place par la Société Mahoraise de Presse, l’organisateur, et Mayotte La 1ère, l’hôte de la cérémonie. « L’espace était divisé en deux, avec les nommés sur la partie basse de la cour extérieur, et les accompagnants sur la partie haute de la cour« , détaille Nassem Zidini, chargé de l’événementiel à la Somapresse. « Avec également des chaises séparées d’1,50 mètres les unes des autres de manière à respecter la distanciation sociale. Ou encore, pour la partie buffet, des assiettes déjà confectionnés pour les invités. » C’était une cérémonie particulière, ensuite, pour la singularité de l’élection.
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En effet, depuis 2009, l’événement le Sportif de l’année récompense les meilleurs sportifs mahorais de l’année civile écoulée. Cette fois-ci, elle mettait en lumière les meilleurs sportifs mahorais de la décennie passée : la décennie 2010-2019. Les 40 nommés se sont mis sur leur 31 et ont majoritairement répondu à l’invitation de la Somapresse.
9 lauréats et 32 nommés médaillés
Ils ont pu, tour à tour, recevoir les médailles ainsi que le trophée créés par 3Découpe, artisan local reconnu sur l’île. Anli Julien le gérant, ayant notamment été retenu pour la Grande exposition du fabriqué en France, en janvier 2020 à l’Élysée. Concernant les lauréats, le Combani Handball Club, huit fois titré lors des dix derniers championnats a été élu Équipe féminine de la décennie, tandis que le Basket Club M’tsapéré, auteur de sextuplé historique en 2014 a été élu Équipe masculine de la décennie.
Sébastien Rière, président du Comité Territorial de Rugby de Mayotte de 2002 à 2020 et vice-président de la Fédération française de rugby en charge de l’Outre-mer au cours du dernier mandat, a été élu Dirigeant de la décennie. Sébastien Synave, entraîneur du Racing Club Mamoudzou est l’Entraineur de la décennie après avoir formé et coaché Jannot Bacar, sélectionné en équipe des Comores pour des championnats du monde, Myriam M’lazahahé, sélectionnée en équipe de France pour des championnats d’Europe, ou encore Hafidhou Attoumani, qualifié pour des finales de championnats de France.
Jeanine Assani Issouf, multiple championne de France et première mahoraise qualifiée et ayant participé à des Jeux Olympiques, a été élue Mahopolitaine de la décennie. Toifilou Maoulida footballeur professionnel de 1997 à 2018, est le Mahopolitain de la décennie. Abouchirou Soultoini, handballeuse tsingonienne, arbitre, entraîneuse, éducatrice sportive, un temps élue chargée des sports dans sa localité, a été élue Sportive de la décennie.
« Encore des réflexions à mener pour améliorer l’événement »
Enfin, Ahmed Saïd Salime, basketteur labattoirien, membre cadre des trois sélections pour les Jeux des îles de l’océan Indien en 2011, 2015 et 2019, pour deux médailles d’argent, a été sacré Sportif de la décennie. La cérémonie diffusée en direct à la télé et sur internet sur Mayotte La 1ère avait débuté avec la remise du prix MDPH Handisport attribué au Centre Multisports de M’roalé, pour toutes ses actions au bénéfice des personnes en situation de handicap.
La Société Mahoraise de Presse poursuit ainsi son travail de valorisation des sportifs mahorais, avec le soutien de partenaires privés, mais également celui de partenaires institutionnels tels que la Jeunesse et sport État (Drajes), le Département de Mayotte ou encore le Comité régional olympique et sportif (Cros) de Mayotte, représenté samedi soir par ses vice-présidents Hakim Ali Abdou et Mohamed Ahmada Tostao, et son président Madi Vita.
« L’événement Le Sportif de l’année est un événement que le CROS Mayotte soutient depuis la première édition en 2009. Un événement qui met en lumière le sport mahorais, les sportifs mahorais, un événement qui valorise et qui récompense tous ces bénévoles, qu’ils soient entraîneurs, dirigeants, athlètes : le mouvement sportif mahorais ne peut que le soutenir« , explique ce dernier. Pour Nassem Zidini, il ne s’agit plus véritablement de se demander si l’événement a un avenir, mais plutôt de se demander comment continuer de l’améliorer.
« Le Sportif de l’année a tellement évolué entre la première édition et cette douzième cérémonie ! Malgré cela, il y a encore des réflexions à mener pour l’améliorer et en faire un événement encore plus plaisant à suivre, notamment pour les internautes et téléspectateurs. Des idées ont déjà émergé de la part des nommés et invités même, samedi soir pendant et après la cérémonie… Nous allons y réfléchir à la Somapresse pour les prochaines éditions. Nous allons y réfléchir à la Somapresse, échanger avec nos partenaires. Nous sommes satisfaits de cette cérémonie et confiants pour la suite.«
Le lycée de Tsararano a rejoint la liste des 253 établissements français retenus lors de la campagne de labellisation “internat d’excellence”. Une fierté pour le premier internat de ce type dans le 101ème département français.
Chambre simple ou triple, cantine scolaire, salle de jeux et de détente ou encore vue sur le lagon, bienvenue à l’internat de Dembéni. Ouvert en 2018, l’établissement d’une capacité de 116 places accueille cette année un peu plus de 80 élèves. Il y a une quinzaine de jours, il a reçu sa labellisation “internat d’excellence”. Un label gage de qualité en termes d’éducation et de pédagogie, soutenu par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, lequel avait souhaité la création d’une telle structure d’excellence dans chaque département français, à destination des élèves à fort potentiel.
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Un projet académique
Le projet “internat d’excellence” est avant tout porté par l’État et l’académie. En effet, le lycée de Tsararano fait aujourd’hui partie des 253 établissements français retenus lors de cette campagne. “Aujourd’hui, nous redécouvrons les vertus de l’internat, un concept qui est longtemps tombé en désuétude”, souligne Stéphane Planchand, conseiller technique du recteur. Un idéal partagé par Gilles Halbout. “L’internat de Dembéni permet à chacun de mener à bien un parcours d’excellence dans les meilleures conditions, en sécurité et préservé des longues heures de transport scolaire. L’internat reste plus globalement un formidable outil d’égalité des chances que nous entendons développer : aux 116 places de Dembeni, s’ajouteront, dans un futur le plus proche possible, les 400 places des internats de Kawéni, de Chirongui et du futur lycée de Longoni« , assure-t-il.
“Former l’élite mahoraise de demain”
Pour Michel Toumoulin, proviseur du lycée de Dembéni, l’objectif de ce projet est avant tout la promotion des talents et la valorisation des mérites sur le plan intellectuel mais aussi collectif. “C’est un vrai projet d’équipe. Les niveaux des internes vont de la seconde à la terminale et dès la rentrée prochaine, nous accueillerons des étudiants du CUFR ou de la CPGE de Sada. C’est un public très diversifié qui s’enrichira mutuellement, à coup sûr.”
L’internat ? Les élèves en parle
L’internat d’excellence permet aux jeunes filles en classe sport de conjuguer parcours d’excellence sportif et scolaire. Des lycéens en section football en témoignent. Comme Issie, jeune habitante de Koungou en classe de seconde générale, pour qui cette possibilité de loger à proximité de son établissement constitue un gain de temps considérable. “Avant, je prenais le bus à 5h, j’arrivais souvent en retard à cause des bouchons. J’étais très fatiguée et je n’arrivais pas à suivre le rythme des cours et des entraînements. Aujourd’hui, grâce à l’internat je me couche tôt et je me lève une heure plus tard. Au début, mes proches me manquaient, mais maintenant j’ai bien vu que c’était la meilleure des solutions pour moi afin de mener de front football et études”, confie-t-elle.
Ses camarades, reconvertis en guides le temps d’une journée, rapportent les mêmes problèmes de transports qui les ont amenés à l’internat afin de retrouver un peu de sérénité au quotidien. Chaïma, étudiante de classe de première Sciences et Technologies de Laboratoire évoque quant à elle le plaisir de pouvoir se rendre à l’entraînement tous les soirs sans pour autant rogner un temps précieux sur ses études, mais encore le cadre donné par les horaires de l’internat. Plus question de traîner une fois la nuit tombée !
Des ateliers d’échanges entre parents sont organisés chaque semaine par l’association Coup de Pouce, en partenariat avec les Céméa. Tournée vers l’accompagnement des jeunes, l’association de Kawéni profite de ces moments pour aborder l’éducation des enfants et les conflits qui peuvent subvenir au sein du cocon familial. Et depuis 2016, une quinzaine de parents est présente à chaque séance.
Tous les vendredis, c’est le même rituel. Les parents de Kawéni se retrouvent dans les locaux de l’association Coup de Pouce pour échanger sur le thème de l’éducation. “Ils parlent de leur vie quotidienne, de l’éducation, de leurs méthodes”, déroule Halima Moussa Combo, membre de la structure. Installés autour de la table, une quinzaine de pères et de mères regardent des films, tournés par les Ceméa (centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active), représentant des scènes de vie familiale quotidienne. À chaque fin de projection, un débat est lancé, sur la manière dont le parent a réagi et sur comment eux-mêmes auraient réagi. Chacun donne son point de vue, sa manière de penser. “Ils sont inquiets pour la sécurité et l’éducation de leurs enfants et en venant ici, ils se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls”, souligne Halima, fière de réunir depuis 2016 des parents dans ces ateliers et de voir que les choses bougent, petit à petit.
Des échanges qui portent leur fruit
Le partenariat entre l’association Coup de Pouce et les Ceméa est né il y a bientôt cinq ans. Depuis, de réels changements ont pu être observés à Kawéni. “Beaucoup de jeunes ont lâché leurs bêtises et font maintenant des formations avec l’association”, note Amini Ousseni, formateur auprès de l’association. Initialement, cette action avait été mise en place après le constat par les médiateurs de Coup de Pouce de l’existence de nombreux conflits entre les jeunes et les parents. Pour que les participants se sentent libres de partager leurs expériences, les groupes ne devaient pas dépasser les quinze participants, avaient-ils jugé. C’est encore la configuration qui fait loi ce vendredi. Comme chaque semaine, différents parents sont présents pour aborder les questions qui les taraudent : l’autorité, les relations pères-filles… Il n’y a pas de tabou entre ces murs, et certains parents utilisent les conseils de leurs pairs pour essayer de faire changer les choses sous leur toit.
Une association proche de la population
Les ateliers du vendredi ne sont qu’une petite partie des actions menées par l’association. En plus des formations proposées aux jeunes, Coup de Pouce est très proche des habitants du quartier. Ils nettoient ensemble les rues et organisent même des brocantes, pour éviter que du matériel inutilisé s’entasse chez les habitants de Kawéni alors qu’il pourrait servir à d’autres. Les membres de l’association et les Kawéniens sont donc très proches. Un lien de confiance s’est tissé entre eux et permet aussi cette libération de la parole. Cette semaine, l’atelier se termine en chanson. Samuel, animateur de l’association mais aussi chanteur, entame des notes a capella, à destination de ces pères et mères de famille. Qui repartent le cœur léger, un sourire aux lèvres après ce spectacle inopiné. Et avant de retrouver leur foyer, des idées plein la tête.
La Chambre de commerce et d’industrie, le Département et leurs partenaires ont posé ce jeudi la première pierre de ce campus d’innovation, censé accompagner la croissance des entreprises et faire rayonner l’île au-delà de son lagon.
Casque orange vissé sur le crâne, les deux gaillards de la Colas prennent la pose, bras croisés à côté de leur muret qui fait face au lagon. “Alors il est beau, hein ?”, se targuent-ils en bombant le torse. Un parpaing bancal boude un peu le reste de la structure, se permet-on de leur signaler. “Ah, mais ça, c’était pour la photo, en dessous, la partie qui est bien, c’est nous qui l’avons faite.” Cinq minutes plus tôt, les caméras immortalisaient en effet la pose de la première pierre de la Technopole, lançant officiellement les travaux pour ce chantier d’envergure. Un projet de longue haleine, qui date au moins de 2018 avec une étude conjointe de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) et l’Agence française de développement (AFD).
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Trois ans plus tard, ce travail partenarial, qui a reçu le concours du Département, de l’État, de l’Europe, du centre universitaire de formation et de recherche (CUFR), de l’Agence de développement et d’innovation (ADIM), de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) et bien sûr de la ville de Dembéni, hôte de l’infrastructure, sort enfin de terre. “Ce projet ardemment souhaité devient une réalité. Aujourd’hui, nous faisons ensemble le pari de l’innovation et de l’avenir”, a salué le maire de la commune Moudjibou Saidi, en rappelant sa volonté de “faire de notre ville une alternative à Mamoudzou pour désengorger de manière pérenne et efficace le chef-lieu”. Après l’annonce du campus connecté et l’inauguration à quelques semaines d’intervalle du nouveau pôle de formation de la CCI, la deuxième ville de Mayotte marque une fois de plus son ambition de devenir un hub universitaire.
Future Silicon Valley de Mayotte
Il faut dire que le terrain trouvé pour accueillir la Technopole est plutôt bien choisi. Situé en haut d’une longue pente qui prend son départ à l’Hôtel de ville, le site surplombe l’île aux parfums, avec une vue imprenable sur le lagon. “Je vous invite à vous tourner vers votre droite, pour admirer ce beau paysage, cette belle vue qui probablement va inspirer toutes celles et ceux qui vont travailler ici”, a prédit le président du conseil départemental Soibahadine Ibrahim Ramadani. “Cette Technopole sera la future Silicon Valley de Mayotte.”
Il faudra sûrement quelques années pour s’en assurer, mais l’affaire semble sur de bons rails. Avec son venturelab, ses espaces de coworking et d’événementiel, ses laboratoires de recherche, l’infrastructure a pour objectif de faire de Mayotte une “terre d’industrie”, et un territoire “leader en recherche et développement et en innovation dans le canal du Mozambique”, a souligné Nadine Hafidou, secrétaire du bureau de la CCI. Avec un accent mis sur quatre domaines stratégiques : l’agro-transformation, les activités marines, les technologies de l’information et de la communication (TIC), et les services aux entreprises (stratégies d’innovation, aide dans la recherche de financements, ou l’élaboration d’un business model…).
Création de richesses et rayonnement régional
Un vrai défi pour le département, qui compte 98% d’entreprises avec moins de cinq salariés, 63% spécialisées dans le commerce qui emploient moins de un salarié et 5% dans l’industrie qui concentre 25% des salariés du privé. “Face à ce constat qui fait de Mayotte un territoire de consommation, nous avons compris que l’industrie était notre meilleur atout pour la création de richesses tout en résorbant le chômage de masse qui gangrène le territoire”, a poursuivi la cheffe d’entreprise.
Coût de l’opération : 16,3 millions d’euros, dont 12,8 millions rien que pour les travaux. Le projet a notamment bénéficié des fonds européens via le Feder et du contrat plan État-Région (CPER), ainsi que d’un coup de pouce du Département de 3 millions d’euros. Il faudra maintenant deux ou trois ans pour que les premiers entrepreneurs, étudiants ou enseignants chercheurs investissent les lieux. Et que, d’un coup d’œil au-dessus de leur écran vers l’horizon, ils fassent de cette “petite Mayotte”, la “tête de pont du rayonnement de la France et de l’Europe dans cette partie du monde”, se prend à rêver Soibahadine Ibrahim Ramadani.
Le festival est un lieu de rencontre, de partage et d’échanges pour tous les amoureux de la mer. Son objectif principal est la sensibilisation du public le plus large possible à l’environnement marin, ainsi qu’à la nécessité de sa préservation. Le FISM met en avant la sauvegarde et le respect de l’environnement, et s’articule depuis sa création, autour de plusieurs concours ouverts à tous : enfants et adultes, initiés et novices, passionnés ou simples curieux.
Malgré la crise sanitaire, les quatre concours ont bien eu lieu en 2020. Le lundi 3 mai et le samedi 29 mai, les gagnants du concours de dessin destiné aux jeunes (deux catégories : moins de 12 ans et plus de 12 ans), ont pu profiter de leur baptême de plongée. Ce sont 23 heureux gagnants qui ont exploré les fonds marins du lagon en embarquant à bord du catamaran O’Bulles Croisière et également avec les équipes du club Nautilus Plongée. Un moment particulier et inoubliable pour ces enfants qui, pour la plupart, découvrait la richesse du lagon de Mayotte.
Cette année encore, le Festival de l’image sous-marine, pour sa 27ème édition, se déroulera à Mamoudzou du 7 au 10 octobre. Pour cette nouvelle édition, quatre concours sont lancés :
un concours de dessin réservé aux jeunes (deux catégories : moins de 12 ans et plus de 12 ans) ;
un concours de photographie au sein de deux catégories « amateur et expert » ; un concours de film (grand format 52’, petit format 26’, clip de moins de 3’, scolaire) ; un concours de musique : sur le thème de la mer bien-sûr.
L’inscription aux différents concours est gratuite. Vous pouvez vous inscrire et récupérer le règlement directement sur : le site officiel du FISM soireesdelimagesousmarine.fr ou sur la page Facebook « Festival de l’image sous-marine de Mayotte ». Date limite des concours : le vendredi 20 août à 18h (photos et films) et le mardi 6 juillet à 18h (dessin et musique).
Le projet de compagnie aérienne mahoraise continue son bonhomme de chemin et les prochains mois s’annoncent rythmés et riches en bonnes nouvelles. Mais il va falloir encore prendre quelque peu son mal en patience. D’ici le lancement officiel de Zena Airlines, les frères Novou espèrent convaincre la future majorité du Département de mettre la main à la poche et font déjà face à la concurrence d’Air Austral et d’Ewa Air.
Flash Infos : En décembre dernier, vous aviez dévoilé dans nos colonnes votre intention de lancer une compagnie aérienne mahoraise. Où en est l’état d’avancement du projet Zena Airlines ?
Régis Novou : Nous allons déposer les statuts dans le courant de la semaine prochaine. La structure juridique sera créée d’ici une quinzaine de jours. Nous pourrons alors lancer la phase de certification durant l’été. Sur l’équipe de six responsables désignés, nous en avons déjà trois qui vont nous aider à porter le projet auprès de l’aviation civile. Vers la fin du mois d’août, nous serons en capacité de déposer la demande de CTA (certificat de transporteur aérien). Nous allons en parallèle rédiger nos manuels, en conformité avec la réglementation.
Dans le même temps, nous discutons avec des loueurs d’avion, qui nous ont envoyé des propositions très intéressantes. Le point concernant la location de deux appareils est bien avancé ! Le plan de flotte est prévu à moyen terme. Il pourra évoluer en fonction de la réalisation de la piste longue et du calendrier établi. Nous prévoyons de contractualiser les avions aux alentours de septembre, histoire de modifier les cabines selon notre business plan. Nous avons reçu la garantie que cette étape ne prendrait que trois mois. Pour finir, nous débuterons la campagne de recrutement des équipages vers la fin de l’année. Il faudra alors compter un peu plus de deux mois pour compléter leur cycle de formation.
Nous avons fait, entre guillemets, une pause dans nos démarches. Comme vous l’avez vu, nous sollicitons une participation du conseil départemental. Mais attention, ce n’est pas pour un financement en soi. En termes de capitalisation, nous pouvons mener à bien notre projet avec des fonds privés. Mais nous souhaitons les intégrer pour nous assurer que la stratégie de la compagnie restera à Mayotte. Même si nous sommes les gérants, nous restons avant tout les employés des actionnaires… Si la collectivité mettait la main à la poche, elle serait alors en mesure de rajouter du capital le jour où un investisseur privé voudrait détenir la majorité de Zena Airlines. Nous discuterons avec le nouveau bureau après les élections départementales pour voir si nous avancerons ensemble ou non.
FI : Mardi dernier se tenait la dernière commission permanente du Département pour cette mandature. Le collectif des citoyens de Mayotte 2018 a semé le trouble en pleine séance pour réclamer la subvention du projet Zena Airlines. Comment avez-vous vécu cet épisode ?
R. N. : Ce mouvement ne vient pas de notre fait. Nous n’en sommes en aucun cas les instigateurs. D’ailleurs, nous avons été avertis le matin-même à 9h. Les membres du collectif souhaitaient avoir l’avis des élus. Je comprends leur impatience ! Dans le cadre de réunions que nous avons pu avoir ensemble, on nous a interrogés à plusieurs reprises sur la position du conseil départemental… Pour tout vous dire, nous en sommes à la troisième demande de subvention. On nous a demandé des éléments complémentaires que nous avons fournis en début d’année. Malheureusement, quand nous voulons rencontrer les élus, tout le monde est occupé… Donc nous avançons sans le Département pour le moment. Et visiblement, c’est là que le collectif n’a pas apprécié. Et il est allé leur demander des comptes.
Je pense que les politiques n’ont pas réalisé à quel point la desserte aérienne est un sujet vital pour les Mahorais. D’une part, parce qu’une grande majorité des habitants a de la famille ailleurs. Et d’autre part parce qu’il y a aussi la question des soins médicaux. Cela concerne donc tout le monde ! Nous voyons le soutien populaire à notre égard sur les réseaux sociaux. On nous relance quotidiennement sur la volonté de nous donner un coup de pouce financier via un crowdfunding. Nous sommes en train de nous renseigner pour que cela soit possible, mais d’un point de vue légal, nous ne pouvons pas être à l’origine de cette initiative. Nous essayons de faire le nécessaire pour que ce soit réalisable, histoire que les Mahorais s’accaparent le projet. Nous sommes très attendus par la population. Ce que nous voulons faire leur parle, et cela nous galvanise. Cela nous conforte dans notre idée d’aller au bout de ce long périple !
FI : Le Journal de Mayotte a relayé ce jeudi matin une information qui risque de faire grincer des dents : Air Austral a décidé de positionner Ewa Air sur les lignes régionales que vous convoitez, comment réagissez-vous à cette tentative d’intimidation ?
R. N. : En tant que citoyen, je trouve que ce positionnement sur Pierrefonds est une très bonne chose. Cela permettrait aux voyageurs de choisir de ne pas forcément partir de Roland-Garros et ainsi d’éviter les embouteillages dans le Nord de l’île. Maintenant, si Ewa Air décide d’allier les actes à la parole, très bien. Le client sera capable de comparer les deux produits, comme les prestations à bord. Quand je travaillais pour la compagnie aérienne, elle n’avait pas l’opportunité d’en fournir. En tant que challenger, nous essaierons de tirer le service vers le haut. Et encore une fois, ce sont les habitants de Mayotte qui vont en sortir gagnants !
Mais il y a aussi l’annonce d’Air Austral de proposer des dessertes à Marseille, comme nous souhaitons le faire. C’est aussi une bonne nouvelle ! Il y aura la garantie pour les Mahorais de ne plus voyager sur une seule ligne, avec une seule compagnie aérienne. C’est un petit peu le but que nous recherchions quand nous nous sommes lancés dans cette aventure : apporter de la concurrence sur le trafic aérien et proposer une guerre d’image et de services saine.
Ce jeudi 3 juin, les directions des transports scolaires ont décidé de suspendre l’activité des bus pour manque de matériel sur le réseau. Depuis près d’une semaine, plusieurs bus subissent des caillassages à répétition, mettant en danger les élèves et les chauffeurs. Les instances représentatives du personnel ont donc été réunis à Sohoa par la direction pour exprimer leur avis sur le futur.
Des pierres visibles à travers les fenêtres… Des élèves en panique… Puis le bruit d’une vitre qui se casse, suivi d’une autre et d’une autre. Et des cris. Voilà ce à quoi doivent s’attendre chaque jour les élèves et les chauffeurs de bus sur la route des établissements scolaires. « Ça fait des années que ça dure !”, s’exaspère Yasmina Mabouroukou, membre du conseil syndical CFDT. “Les chauffeurs partent travailler avec la peur au ventre”, assure la jeune femme. Selon elle, les chauffeurs s’écrivent tous les soirs pour dire s’ils sont rentrés sains et saufs. “Ils en viennent à avoir peur de ne pas rentrer chez eux le soir.”
La situation d’insécurité dans laquelle ils se trouvent en a poussés plus d’un au burn out, voire à la reconversion. Pourtant, tous déclarent aimer leur métier et ne pas forcément avoir envie d’arrêter. Mais les dangers auxquels ils doivent faire face quotidiennement ne cessent d’augmenter. Entre les routes mal éclairées, les arrêts de bus guère plus lumineux, les nouveaux ralentisseurs dans des zones à risques comme à Vahibé et une jeunesse désoeuvrée et frustrée, les chauffeurs n’y trouvent plus leur compte.
Des actes de délinquance à répétition
Cette fois-ci, c’est un incident particulier qui a poussé la direction à suspendre l’activité des transporteurs. Après le caillassage de plusieurs bus à Kahani lundi, des représailles ont eu lieu le lendemain à Chiconi. L’une des pierres a traversé le pare-brise du véhicule et a blessé l’un des élèves. Touché à la tête, il serait toujours dans un état critique au centre hospitalier. Au grand désespoir des transporteurs, cet acte n’était malheureusement pas isolé. À la rentrée dernière, le 10 mai, une chauffeure s’est retrouvée avec un couteau sous la gorge, alors qu’un jeune homme s’était glissé à l’intérieur du bus pendant que les élèves descendaient. Ces incidents sont devenus monnaie courante pour les transporteurs, totalement dépassés par la situation.
La volonté de conduire en sécurité
“Tout ce qu’on demande, c’est plus de sécurité, pas en mettant la police partout, mais en réglant le problème sociétal qui existe à Mayotte vis-à-vis de la jeunesse”, préconise Yasmine Mabouroukou. Les transporteurs réclament de “réelles solutions” de la part de l’État. “Les professeurs et nous, sommes en contact direct avec la jeunesse mahoraise”, souligne Amir, chauffeur scolaire. Face à cette jeunesse désœuvrée, les conducteurs se veulent force de propositions. Force est de constater que l’ajout de médiateurs n’a pas arrangé cette situation périlleuse et stressante. “Ce sont les premiers à partir quand il y a un problème, et les chauffeurs se retrouvent seuls, dépassés”, se désole la membre du conseil syndical CFDT.
Leurs doléances ? Des structures pour s’occuper des jeunes et une implication réelle de l’État sur les questions de sécurité des transports. “Ce ne sont pas que des enfants d’immigrés ou des jeunes qui sont dans la précarité. Mais bel et bien l’ensemble de la jeunesse mahoraise”, analyse la jeune femme, qui se questionne sur la rentrée prochaine et les conditions de travail qui les attendent. Avant de se projeter aussi loin dans le temps, quid du présent ? À l’heure où nous écrivons ces lignes, la suspension des lignes pourrait être reconduite ce jour par les syndicats. Conséquences : de nombreux élèves pourraient à nouveau ne pas être en capacité de rejoindre leurs établissements scolaires. Le concours d’éloquence qui devait se tenir hier a lui aussi été reporté au 9 juin.
On ne le présente plus. Naftal Dylan, producteur, scénariste et réalisateur de la série FBI Mayotte, a fait un bond en avant. Parti d’une série diffusée sur les réseaux sociaux, il est aujourd’hui passé à un autre niveau. Il y aura bel et bien une saison entière de la série policière, mais Naftal Dylan n’est pas au bout de ses peines. Les partenaires financiers se multiplient, mais le Département censé soutenir la culture est aux abonnés absents.
Flash Infos : Depuis la diffusion du dernier épisode de FBI Mayotte sur les réseaux sociaux, que s’est-il passé ?
Naftal Dylan : Le projet a bien évolué. Nous avons signé avec la préfecture de Mayotte qui devient officiellement notre plus important partenaire. L’équipe du préfet m’a dit qu’ils sont contents de voir la réalisation d’un tel projet chez nous. Ils sont prêts à travailler avec moi. Ils estiment que le territoire a besoin de ce genre de projet pour encourager les jeunes talents. Je suis également en négociation avec d’autres gros partenaires, à l’exemple de Marcel Rinaldy. Il m’a dit qu’il encourage les initiatives des jeunes talents mahorais afin de développer l’île. Je dois maintenant écrire mon scénario afin de pouvoir inclure certains de ses produits. Je comprends sa démarche et c’est tout à fait possible. J’ai aussi beaucoup de partenaires qui vont m’aider sur la logistique, notamment pour la location des voitures, les scènes en hélicoptère, ou encore la prise en charge des personnes qui vont travailler avec nous. L’office du tourisme de Petite-Terre fera aussi partie des nôtres. La Cadema et la mairie de Mamoudzou, avec qui je suis en négociation, sont très intéressés. J’espère que d’autres offices de tourisme et intercommunalités suivront aussi.
FI : Tous ces financeurs seront-ils suffisants pour couvrir tous les frais de la série ?
N. D. : Pour le moment, cela ne suffira pas. J’ai fait appel au conseil départemental qui est l’instituion qui pourrait me donner le plus gros budget, mais pour l’instant, je n’ai pas eu de retour. Le cinéma est nouveau pour tout le monde, alors je prendrai le temps qu’il faut pour leur expliquer les enjeux et la positivité d’un tel projet pour l’île. Un tournage n’est pas facile, il y a plein de choses à payer, toute une logistique, chaque centime sera déboursé à bon escient. Je vais travailler avec une vingtaine de personnes, c’est conséquent ! J’ai bon espoir qu’ils reviennent vers moi et qu’ils me soutiennent sur ce projet pour le bien de Mayotte puisque finalement, je mets en avant la culture mahoraise, l’île, la gastronomie.
FI : Quelles seront vos alternatives si le conseil départemental ne revient pas sur sa décision ?
N. D. : J’espère avant tout que les élus verront l’intérêt de ce projet et tout l’engouement qu’il y a derrière. Certains candidtas aux cantonales me promettent de me soutenir s’ils sont élus… Je ne sais pas si c’est vrai ou pas, mais il y a une petite lueur d’espoir. Malgré tout, je ne suis pas naïf… Je continue à toquer aux portes de tout le monde. Je ne baisserai pas les bras et je chercherai des partenaires ailleurs. Je ferai tout pour atteindre mes objectifs. Sans la subvention du conseil départemental, cela prendra beaucoup plus de temps, mais je crois fermement à l’aboutissement de ce projet.
FI : Quel est le stade d’avancement de la série FBI Mayotte actuellement ?
N. D. : Nous sommes à la phase d’écriture du scénario, nous avons fini de rédiger l’épisode 4. Nous allons proposer une saison de 10 épisodes de 30 minutes. Et la série sera diffusée à la télé.
FI : Qu’y-aura-t’il dans cette nouvelle saison ?
N. D. : Il y aura beaucoup de rebondissements, de suspens, d’actions et surtout beaucoup de surprises. Je ne peux entrer dans les détails, mais des surprises il y en aura ! Je souhaite également tourner dans les pays de la région, notamment aux Comores et à Madgascar. Mais cela dépendra du budget que j’aurai parce que tous ces déplacements sont coûteux. Nous allons aussi voir l’arrivée de nouveaux acteurs. Je reçois pleins de messages de personnes qui veulent jouer dans la série. Je vais d’ailleurs lancer le casting dès que le scénario sera bien ficelé. Nous espérons tout finir cette année pour une diffusion courant 2022.
FI : Le secteur du cinéma est encore très peu développé à Mayotte, n’êtes-vous pas freiné par certaines contraintes sur l’île ?
N. D. : Mon associé et moi avons un rêve et nous nous disons que rien n’est impossible. Il fallait que nous nous lancions et nous l’avons fait avec notre vision, sans savoir ce qui nous attendait. Nous n’avons aucune certitude que cela va fonctionner, nous devons juste travailler et essayer d’atteindre nos objectifs. Par rapport à FBI Mayotte, nous puisons notre inspiration dans la vie de tous les jours. J’ai grandi ici, je connais le territoire, j’ai des souvenirs qui m’inspirent. Je n’invente rien, je raconte simplement la vie des Mahorais.
FI : Avez-vous d’autres projets en cours ?
N. D. : Je suis en train de préparer des émissions télé. Je prévois aussi prochainement le retour de Zana za mahorais, pour la troisième édition. Mon objectif est de faire de grosses productions de séries et d’émissions afin de développer le secteur du divertissement à Mayotte et par la même occasion créer de l’emploi. Parce que si nous faisons uniquement FBI Mayotte, mon équipe ne travaillera que de temps en temps, et ce n’est pas ce que voulons.
Du 5 au 12 juin aura lieu l’exposition « Tschiéga, Ségas : musiques et danses de l’océan Indien ». Un événement qui voit le jour dans le cadre de la création phonothèque historique de l’océan Indien (PHOI) à découvrir au comité départemental du tourisme de 8h à 17h en semaine et de 9h à 15h le samedi.
À l’origine de ce projet ? La phonothèque historique de l’océan Indien en lien avec
le conseil départemental de Mayotte mais aussi la direction des archives départementales et de la documentation scientifique. « La PHOI est un projet culturel porté par le pôle régional des musiques actuelles (PRMA) de La Réunion », dévoile la collectivité de l’île aux parfums. « Elle est montée dans le cadre des fonds européens et a pour objectif de valoriser le patrimoine musical de l’océan Indien. »
Au total, six structures, une par île partenaire, travaillent main dans la main sur ce projet, le centre de ressources des arts actuels à Madagascar, le centre national de documentation et de recherche scientifique aux Comores, la commission des arts et de la culture à Rodrigues, le conservatoire national de musique François Mitterrand à Maurice, l’école de musique (Dhow Countries Music Academy) à Zanzibar et le département de la culture aux Seychelles.
Mais au fait, le Séga qu’est-ce que c’est ?
Basé sur une tradition orale, le Séga est à la fois une musique et une danse. Il constitue une pratique traditionnelle spécifique à la région de l’océan indien et est issu d’un métissage qui lui a donné aujourd’hui son esthétique et son instrumentalisation. « Sa création répond aux besoins des communautés des îles du Sud-Ouest de l’océan Indien d’exprimer leur identité musicale et chorégraphique », précise la PHOI.
Du 5 au 12 juin, l’exposition « Tschiéga, Ségas : musiques et danses de l’océan Indien » veut mettre à l’honneur cette culture. Les habitants de Mayotte pourront venir découvrir au comité du tourisme – de 8h à 17h en semaine et de 9h à 15h le samedi – les différentes formes de Séga présente dans les Mascareignes, à Madagascar et aux Seychelles . Par ailleurs, grâce à un livret de partitions édité par la PHOI, chacun pourra retrouver les six territoires représentés par deux titres.
Une volonté d’écrire l’Histoire
À partir du 21 juin, les curieux pourront se rendre sur le site internet de la PHOI afin de consulter des articles, des expositions, des podcasts et encore des playlists, le tout en français, anglais, shibushi et malgache. Par le biais de cette plateforme d’archives numériques, la PHOI espère valoriser le patrimoine musical traditionnel des territoires de l’océan Indien. De plus, après le 12 juin, les structures qui le souhaitent pourront emprunter l’exposition en se rapprochant des archives départementales de Mayotte.
Six prévenus comparaissaient ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou pour plusieurs cambriolages en juillet 2018. Ils ont été reconnus coupables et ont écopé de quatre ans de prison ferme.
“18 ans de réclusion aux assises pour viol, vols avec violences aggravées et en réunion. Et il s’agit seulement des faits d’avril-mai 2015, il y en a d’autres antérieurs… Oui, vous, on s’est déjà vu, en tout cas moi je m’en souviens”, réalise la présidente, qui jette un regard au-dessus du dossier fourni du prévenu, au moment d’énumérer ses casseroles. C’est que l’homme qui toise l’audience en secouant la tête, n’est pas n’importe quel lascar. Connu notamment pour une escapade et une cavale rocambolesque de deux ans, le mis en cause n’est autre qu’Abderemane Nassur, dit M’Déré. Le criminel et coupeur de routes, qui avait terrorisé la population de Mayotte avec sa bande en 2015-2016, se retrouve une fois encore au tribunal. Cette fois-ci, il est flanqué d’une autre célébrité locale, le “bandit” Magnélé – lui-même déjà condamné par deux fois dans deux procédures depuis décembre 2020 – et quatre autres prévenus.
Dans cette belle brochette, il y a aussi “Kambi” (ou “DJ”), ”Sera”, ou encore “Faiz”. Au total, ils sont six, sur les neuf suspects de la bande : deux n’ont pas encore été interpellés, et l’un doit être jugé par le tribunal des enfants. Les prévenus du jour sont entendus par le tribunal correctionnel pour avoir tenté de cambrioler, munis d’une machette, une hache, un couteau et même un pistolet, deux habitations à Sada dans la nuit du 1er au 2 juillet 2018, puis le lycée professionnel de Chirongui la nuit suivante. Des faits précédés, accompagnés ou suivis de violences, ayant entraîné des incapacités temporaires de travail pour certains des occupants des logements, et commis en réunion. Ils ont échappé de peu à la cour d’assises.
Le pistolet sur la tempe
Tout commence à Sada, vers 1h du matin. Un bruit de ferraille réveille brusquement l’une des occupantes de la maison. Arrivée dans la cuisine, la grand-mère, qui garde ses deux petits enfants, comprend vite que quelque chose cloche. Les verrous sont cassés… Alors qu’elle ouvre la porte, la voilà face à cinq bonshommes, tapis dans la pénombre. Seule une grille la sépare de ses agresseurs. Alors, elle s’y cramponne, malgré “le pistolet que l’un d’entre eux à ma droite a posé sur ma tête”. À la barre, la victime semble revivre avec intensité ce moment d’angoisse. “J’ai crié à l’aide ! Youssoupha à l’aide !”, s’époumone-t-elle devant les magistrats, en agitant ses bras en l’air. “J’étais la seule personne à pouvoir leur porter secours, on m’a confié les enfants, ils sont tout pour moi”, lâche-t-elle en reprenant son souffle. Son mari, arrivé sur ces entrefaites, reçoit un coup de pilon dans le crâne qui lui vaudra trois jours d’ITT. Elle en aura gagné 13 de plus.
Les assaillants finissent malgré tout par déguerpir, affolés par l’arrivée imminente des gendarmes. Mais pas question de finir la nuit sans butin. C’est pourquoi ils s’attaquent ensuite à un autre habitat, celui d’un commerçant de téléphones. Il est entre 2h50 et 3h du matin, et cette fois-ci, ce sont les cris d’une petite fille qui alertent ses parents. Là encore, le remue-ménage fait fuir les cambrioleurs, non sans quelques coups au passage. Et le lendemain, rebelote, au lycée professionnel de Chirongui, où ils rencontrent moins de résistance. Ils piquent dans la caisse plusieurs centaines d’euros, ainsi qu’une tablette, huit ordinateurs portables, un écran d’ordinateur, mais aussi un chéquier, un passeport et un billet pour Madagascar. Bon vol !
Les prévenus brouillent les pistes
Entendus à tour de rôle, les six prévenus tentent tous à leur façon de noyer le poisson. L’un nie sa participation, l’autre avoue seulement un cambriolage. Celui-là refuse de répondre, celui-ci change de surnom en cours de route. “Madame la juge, je vous dis, la première maison, on l’a pas cambriolée”, martèle par exemple Magnélé. “Là, on est dans un endroit où chacun veut sauver sa peau, donc ils m’accusent”, balance “Sera”, le seul à complètement nier sa participation à l’ensemble des infractions. Et pourtant le plus “monstrueux” ? Son surnom, qu’il nie également à la barre, signifie “monstre” en mahorais, rappellera Maître Kamardine, conseil du deuxième couple victime. “Les Mahorais sont mauvais, ils sont racistes”, poursuit le malfrat au moment d’évoquer sa personnalité. “J’ai un champ à Majimbini.” “Il vous appartient ce champ ?”, s’étonne la présidente. “Non, parce qu’à Mayotte, on peut aller où on veut”, rétorque “Sera” sans sourciller.
“L’opinion publique nous regarde”
De quoi exaspérer les avocats des parties civiles, juste avant leur plaidoirie. “Ils disent qu’ils sont venus des Comores pour avoir une vie meilleure, mais quand on voit ces faits-là, on n’a pas l’impression. Au contraire, ils sont venus pour semer la terreur à Mayotte”, dénonce Maître Abdel Latuf Ibrahim, qui demande 3.000 euros en plus d’un renvoi sur intérêts civils pour dédommager ses clients. “Ces agressions, les Mahorais en ont marre. L’opinion publique nous regarde”, ajoute Maître Kamardine, qui avance quant à lui les sommes de 10.000 euros de dommages et intérêts pour le couple qu’il défend, et encore 6.000 et 3.500 euros respectivement pour leurs enfants. Face au “faisceau d’indices” incriminant les six prévenus, le ministère public requiert une peine de six ans chaque, plus cinq ans d’interdiction de porter une arme. Malgré les arguments de Maître Baudry, l’avocate de l’un de six prévenus, qui fera valoir l’absence de preuves dans ce dossier, et notamment de traces ADN, les juges seront à peine plus cléments. Tous les prévenus sont reconnus coupables et écopent de quatre ans de prison et cinq ans d’interdiction de porter une arme.
La bande repart donc pour Majicavo. Sans en avoir fini avec la justice pour autant. Le pistolet, brandi sur la tempe de l’une des victimes, viendrait en effet d’une autre affaire, encore en instruction. Un meurtre, dans lequel les six prévenus sont entendus sous le statut de témoins assistés.
Le mercredi 2 juin avait lieu la cérémonie de remise des prix du concours académique des Olympiades des géosciences au lycée des Lumières. Un concours national destiné aux élèves de 1ère générale auquel ont participé à Mayotte les lycéens de Bamana, de Sada, de Chirongui et de Petite-Terre.
Réunis dans l’amphithéâtre Khams du lycée de Kawéni, les lauréats du concours académique des Olympiades des géosciences se sont vus remettre un diplôme ainsi qu’un échantillon de roche du nouveau volcan sous-marin apparu au large de Mayotte en mai 2018. Des fragments venus tout droit de la mission Sismaore qui a réalisé différents prélèvements du 23 décembre 2020 au 11 février 2021 lors de son étude scientifique sur les traces de ce phénomène géologique unique au monde.
Comme l’explique Laurence Comte, inspectrice d’académie et inspectrice pédagogique régionale de SVT, l’objectif de cet exercice était avant tout pédagogique “Nous voulions susciter l’intérêt des élèves pour les géosciences, développer leur goût pour les sciences et leur culture scientifique”. Divisé en trois thématiques, le concours offrait aux lycéens un large panel de thématiques abordées en géosciences. “[Ils] ont dû répondre à trois questions à l’aide de documents. Dans la première, les candidats devaient étudier un épisode de grêle dans la région Rhône-Alpes et envisager la meilleure manière de protéger des cultures. Dans la deuxième, ils ont été confrontés à un débat de l’Histoire des sciences et ont travaillé sur le catastrophisme de Georges Cuvier et l’uniformitarisme de Charles Lyell. Enfin, la dernière question traitait des origines de gisements de cuivre à Chypre.” De quoi se gratter la tête pendant de longues heures…
Le lycée Bamana sur le podium
Les trois meilleures copies de l’académie de Mayotte ont été réalisées au lycée Bamana. Assina Youssouf, Anjara Rabe et Anedda Lucile, respectivement première, deuxième et troisième du concours, ont pu repartir avec leur diplôme, un fragment de roche mais aussi un ouvrage réalisé par le BRGM, Les curiosités géologiques de Mayotte. Très fière, Assina Youssouf arrivée sur la première marche du podium raconte son expérience et se permet même de rêver plus grand. “Grâce à ce concours, j’ai pu en apprendre davantage sur la géologie. Au mois de septembre nous aurons le classement national et si celui-ci est bon, je me rendrai à Paris pour être récompensée”, croise les doigts la lycéenne en spécialité Sciences de la Vie et de la Terre et qui espère que son prix lui permettra de réaliser son rêve, à savoir travailler dans le domaine de la biologie.
La mission Sismaore
Jocelyn Jacquot, enseignant et membre de la mission Sismaore, est également intervenu afin de présenter aux élèves les découvertes faites lors de cette expédition. 800 mètres de haut, soit l’équivalent de trois Tour Eiffel, et trois kilomètres de diamètre… Voilà en quelques chiffres les dimensions de ce tout nouveau volcan qui a fait irruption à 50 kilomètres des côtes mahoraises. Apparu à plus de 3.400 m de profondeur, ce volcan sous-marin est le quatrième actif de France. “C’est la première fois que nous observons la naissance d’un volcan”, souligne l’enseignant “Nous avons fait des découvertes considérables, qui attirent la curiosité des chercheurs jusqu’aux États-Unis, notamment l’enregistrement d’ondes de très basse fréquence qui n’ont été enregistrées qu’à trois moments de l’Histoire dans le monde. Celles-ci indiquent la résonance du magma dans une chambre magmatique très importante.” s’extasie-t-il. Une intervention riche de savoir pour ces jeunes scientifiques en herbe.
Âgée de seulement 16 ans, Nasrine Wissam, élève en première au lycée Younoussa Bamana, a été mise à l’honneur par le ministère de l’Intérieur en la personne de la ministre Marlène Schiappa. Cette dernière l’a nommée « Prodige de la République », au titre de toutes les actions sociales que mène la lycéenne dans son établissement.
Au sein de la nouvelle cafétéria du lycée Younoussa Bamana ouverte il y a de cela une semaine, Nasrine Wissam a tout d’une patronne, du haut de ses 16 ans. Non seulement, elle supervise les autres élèves qui travaillent bénévolement, mais elle effectue également les mêmes tâches qu’eux. Serveuse, gérante, cuisinière… La jeune fille est au four et au moulin ! Vice-présidente du conseil de la vie lycéenne (CVL), elle a porté le projet d’une main de maître pour le bien-être de ses camarades. « On a voulu aider les élèves qui restent au lycée et qui n’ont pas les moyens de payer la cantine. Ici, on leur propose une alternative, des produits moins chers. Mais la cafétéria permet aussi de garder nos élèves en sécurité au sein du lycée et éviter qu’ils soient exposés à la violence qu’il y a à l’extérieur », résume l’adolescente.
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Nasrine Wissam est parfaitement consciente du travail qu’il y a à faire pour que son lycée soit des plus exemplaires. Pour cela, elle ne ménage pas ses efforts et peut compter sur la collaboration de ses camarades du CVL. Et des idées, elle n’en manque pas ! Exemple avec l’organisation d’une collecte de vêtements et de fournitures scolaires pour les élèves les plus défavorisés. Ou encore avec la mise en place cette année d’une journée culturelle pour faire découvrir à qui le veut les différentes cultures qui cohabitent au sein de son enceinte. Également en réflexion : la création d’une salle de jeux pour que les jeunes puissent se retrouver pendant les heures de pause et faire connaissance.
Autant de projets rendus possible par son investissement et son statut de vice-présidente de la vie lycéenne, soit le plus haut grade que peut avoir un lycéen au sein de son établissement, le CVL étant présidé par le proviseur lui-même. Nasrine Wissam occupe ce poste depuis maintenant deux ans, mais elle compte bien céder sa place à d’autres l’année prochaine. « Je ne compte pas me présenter officiellement parce que je serai en terminale et je veux me concentrer sur mon baccalauréat. Mais j’aiderai mes camarades dans l’ombre, je surveillerai si tout se passe bien », sourit-elle. Il faut croire que la demoiselle a déjà tout d’une grande politicienne qui ne se retire jamais complètement.
Prodige de la République, la récompense suprême
L’implication et le travail acharné de Nasrine Wissam ont été reconnus jusqu’au ministère de l’Intérieur. Pour preuve, la lycéenne mahoraise fait partie des heureux lauréats qui ont été mis en lumière aux quatre coins de la France pour leur engagement auprès d’autrui par la ministre en charge de la citoyenneté, Marlène Schiappa. « J’étais surprise quand le proviseur me l’a annoncé. Je me demandais même s’il ne s’était pas trompé de personne parce que certes, je mène quelques actions, mais pour moi il est tout à fait normal de faire ce que je fais », raconte l’adolescente, encore émue.
À l’annonce de cette nouvelle, Nasrine Wissam a fondu en larme, submergée par ses émotions. Elle ne pensait pas que son travail serait un jour reconnu jusqu’au sommet du gouvernement, mais c’était sans compter sur son chef d’établissement qui la soutient de manière inconditionnelle. « Quand monsieur le recteur m’a demandé si j’aimerais proposer la candidature d’un élève, j’ai immédiatement pensé à elle parce que c’est une élève très impliquée dans la vie lycéenne, c’est un plaisir de travailler avec elle. Le service de vie scolaire et moi nous appuyons beaucoup sur elle pour construire toutes les actions au bénéfice des élèves », indique Laurent Prévost, le responsable du lycée Younoussa Bamana.
Ce dernier lui prédit un grand avenir, tout comme sa professeure d’espagnol Lidia Capel. « Nasrine est une élève merveilleuse, on a la chance de l’avoir en cours et comme déléguée parce qu’elle est investie dans tout ce qu’elle fait. Mes collègues et moi avons tous le même avis, c’est une élève très courageuse et elle travaille beaucoup. Peu importe la voie qu’elle choisira, je sais qu’elle va réussir parce qu’elle a des capacités humaines et professionnelles admirables. » D’ailleurs, la vice-présidente de la vie lycéenne aspire déjà à devenir obstétricienne. Selon elle, il est primordial que la jeunesse mahoraise soit au service de son île. « Je veux voyager et découvrir d’autres pays, mais sur le long terme je rentrerai chez moi à Mayotte parce qu’on manque de spécialistes dans le domaine de la santé et si tout le monde part, le territoire n’avancera pas… »
Un modèle pour ses camarades
Il suffit de se promener quelques minutes dans la cour du lycée Bamana avec la jeune fille pour comprendre davantage sa nomination en tant que prodige de la République. Les actions mises en place par elle sont nombreuses, et ses camarades ne tarissent pas d’éloges à son égard. Sollicitée constamment, Nasrine Wissam répond toujours avec le sourire. « Elle est un peu notre star au lycée. Elle fait beaucoup pour nous, elle gère bien la vie lycéenne et je suis admirative », révèle l’une de ses camarades.
Loin d’être timide, Nasrine Wissam mène ses projets jusqu’au bout et s’impose subtilement auprès des autres élèves qui semblent accepter son mode de travail. « Elle est très organisée, elle gère tout et elle le fait bien. C’est une élève motivée et je suis fier d’elle », souligne Annelddine, l’un de ses amis. « J’aime son implication dans tout. C’est un plaisir de travailler avec elle », renchérit Soibia, l’une de ses copines. Avec un tel parcours, l’adolescente est un exemple pour toutes les générations. À 16 ans, Nasrine Wissam est la preuve vivante que l’avenir de Mayotte repose sans aucun doute sur les épaules de la jeunesse montante.
Directeur adjoint en charge des affaires générales sous le mandat de Catherine Barbezieux, Christophe Blanchard assure l’intérim à la tête de l’hôpital jusqu’à la nomination du nouveau successeur. Pas question pour autant de rester les bras croisés tant les dossiers s’accumulent et le temps presse. Deuxième hôpital, gestion de crises, recrutement, développement de l’offre de soins… Entretien.
Flash Infos : Depuis le départ de Catherine Barbezieux le 14 mai dernier, vous assurez l’intérim à la direction du centre hospitalier de Mayotte. Comment appréhendez-vous ce nouveau poste ?
Christophe Blanchard : La continuité de la chefferie de l’établissement doit être assurée, c’est réglementaire. Je suis le trait d’union entre Madame Barbezieux qui a quitté ses fonctions et l’heureux ou heureuse élu(e) qui doit vraisemblablement arriver au mois de septembre. Tous les projets amorcés ne vont bien évidemment pas s’arrêter. Tout en gérant les crises, à savoir le Covid-19 et maintenant l’épidémie de bronchiolite. C’est un exercice de style assez compliqué… Mais il faut relever le challenge !
FI : Vous évoquez celui ou celle qui va prendre la suite de la direction de manière pérenne. Quelles raisons expliquent que vous ne comptez pas aller plus loin que cette période d’intérim ?
C. B. : Là aussi c’est réglementaire, tout simplement. Le poste est paru au mois d’avril, mais quand on est directeur adjoint, on ne peut pas être nommé sur place. Si je veux devenir chef d’établissement, je dois partir dans un autre établissement avant de revenir à Mayotte si le poste était republié ultérieurement. Mais effectivement, cela aurait pu tout naturellement m’intéresser : les moyens mis à disposition sont considérables. Il y a tout à développer. Sans oublier les équipes qui sont très impliquées en plus d’être agréables : on peut travailler correctement.
FI : Vous jouissez d’une certaine expérience aux Antilles et en Guyane, quelles similitudes pouvez-vous faire avec Mayotte et au contraire, quelles différences notables avez-vous relevé ?
C. B. : Après 25 ans d’exercice dans les Outre-mer, il y a effectivement des similitudes, plus particulièrement avec la Guyane où l’offre de soins est, certes, plus développée puisque le territoire compte plus de 600 lits et places rien qu’à Cayennes, contre 417 pour l’ensemble de Mayotte, alors que la population y est moins élevée… Il faut que l’on rattrape notre retard ! Sans oublier de former les jeunes mahorais sur les professions médicales et paramédicales. D’ailleurs, c’est un point que l’on est en train de travailler avec une étude qui est en cours pour faire en sorte que dans les dix prochaines années on puisse davantage former de professionnels de santé (d’infirmières, des IADE (infirmières anesthésistes), des IBODE (infirmières de bloc opératoire) entre autres et des médecins bien sûr).
Par l’anecdote : j’ai pris mes fonctions le 1er décembre 2019, et quatre jours plus tard, il y a eu l’épisode Belna. À ce moment-là, je me suis aperçu que Mayotte n’était pas du tout habituée aux phénomènes climatiques par rapport aux Antilles, où j’ai vécu Irma en 2017, qui sont très aguerris aux passages des cyclones. Ici, on n’est pas du tout prêt ! Il faut apprendre, non seulement, à se protéger, mais aussi à accueillir un afflux massif de victimes si un tel événement se produisait.
Dans toutes ces destinations, il y a toujours l’éloignement avec la métropole, qui a pour conséquence une complexité logistique pour maintenir les équipements en place. Exemple avec l’IRM en panne ces dernières semaines au CHM à la suite d’un incident. Il a fallu faire venir l’hélium de l’Hexagone.
FI : Le mandat de Catherine Barbezieux a été marqué par une série de conflits avec les organisations syndicales. Comment gérez-vous cette situation avec elles qui sont toujours sur le qui-vive pour pointer des dysfonctionnements ?
C. B. : C’est la continuité également, je vous rassure ! Les syndicats sont toujours aussi actifs, cela n’a pas changé depuis ma prise de fonction (rires). Les partenaires sociaux sont effectivement très proches des équipes et n’hésitent pas à me faire remonter, quelquefois de manière plus musclée que d’habitude, les problèmes rencontrés dans les services.
Je les ai déjà rencontrés à plusieurs reprises, notamment dans le cadre du projet d’établissement puisqu’on est en train de le revisiter. Il y aura par exemple une nouvelle réunion avec eux demain matin [ce jeudi 3 juin].
FI : Parmi les dossiers prioritaires, il y a la construction du deuxième hôpital en Grande-Terre où il se dit que le terrain aurait été trouvé du côté de Combani, mais aussi l’épineuse question du recrutement et de la fidélisation des soignants…
C. B. : Effectivement, tous ces dossiers s’inscrivent dans la durée. Avec les deux crises successives, on a subi plusieurs départs massifs de médecins. Mais l’attractivité est en lien direct avec le sentiment d’insécurité qui règne sur l’île, et qui ne favorise pas la venue de nouveaux personnels. À cause de cela, on rencontre quelques difficultés à recruter… Par exemple, en psychiatrie, il ne reste plus qu’une seule psychiatre pour assurer le service. On est, par conséquent, obligé de réduire la voilure sur cette offre de soins, à savoir la santé mentale, le temps de trouver de nouveaux professionnels.
Si l’on parle de priorités, l’une d’elles est Petite-Terre, avec la visite de la commission de sécurité le 11 juin, en espérant que l’avis soit favorable pour enfin ouvrir les 50 lits. On a un jeune médecin MPR (il a pour principale mission d’élaborer et d’encadrer des programmes de réadaptation et de rééducation de personnes atteintes de pathologies graves ou victimes d’un accident requérant une prise en charge pluridisciplinaire, ndlr.) mahorais revenu à Mayotte, donc on a le personnel médical et paramédical pour le service de soins de suite et de réadaptation. On va l’ouvrir de façon progressive avec une dizaine de lits, le temps de se roder.
Il y a également le budget que l’on doit faire repasser aux instances, en négociation avec l’agence régionale de santé, le plan pluriannuel d’investissement, le plan global de financement pluriannuel qui intègre le deuxième site, avec cette construction dont on parle et qui ne sera pas une rumeur, je l’espère, dans les dix prochaines années, mais bien une réalité. Pour le terrain dont vous parlez, ce n’est pas encore officialisé. Ce sont pour le moment des idées qui sont posées sur la table.
FI : Le service de psychiatrie, dont vous avez parlé plus tôt, est en proie à des difficultés profondes alors que la santé mentale à Mayotte est un enjeu majeur et un sujet tabou pour bon nombre d’habitants. Comment inverser la tendance ?
C. B. : L’infrastructure ne se prête pas vraiment à l’accueil de dix patients en psychiatrie. Donc là-dessus, on avance. Il faut que cela se règle par la construction d’un bâtiment qui soit digne de ce nom. Il faut que toutes les filières – CATTP (centre d’accueil thérapeutique à temps partiel) et CMP (centre médico-psychologique) en lien avec la santé mentale soient identifiées dans un pôle. Sur la partie construction, on travaille avec l’agence régionale de santé. Mais ensuite, c’est au CHM de faire sa promotion à l’extérieur, d’aller à la rencontre de, de créer des partenariats. Pas plus tard qu’il y a deux jours, j’étais en ligne avec le directeur de l’établissement public de santé mentale de La Réunion pour savoir s’il pouvait nous envoyer en rotation des missionnaires sur des durées assez courtes. Idem avec les associations et les groupements en métropole. On doit s’inscrire dans cette logique pour « vendre » nos projets structurants et innovants !
FI : Selon vous, sur quels aspects moins visibles que ceux cités précédemment, le CHM devrait-il mettre l’accent à court, moyen et long terme ?
C. B. : Il faut que tout le monde se mette en ordre de bataille pour faire en sorte que le CHM développe son offre de soins. On va lancer un appel d’offre pour un programmiste et un assistant à maîtrise d’ouvrage pour que tous les moyens alloués à Mayotte ne repartent pas un jour vers la métropole ou l’Europe. Il faut agir très rapidement dans tous les domaines ! On a que 17 lits en réanimation… Ce n’est pas suffisant, on l’a très bien constaté durant la crise Covid.
FI : Justement, quel bilan aussi bien positif que négatif tirez-vous de cette crise sanitaire ?
C. B. : Le point à améliorer est le temps de latence entre le moment où l’on déclenche l’alerte et celui où l’aide arrive. Il faut compter une quinzaine de jours… C’est quand même critique car les équipes en ont beaucoup souffert. L’approvisionnement est délicat, notamment lors de l’envoi de matériel biomédical. Heureusement, on n’a pas de nouveau bloqué les liaisons aériennes avec Paris lors de la seconde vague en 2021.
Mais le point positif est qu’on a reçu une aide sans précédent. On a accueilli l’équipe de réanimation militaire par deux fois et on a pu compter sur le soutien de la réserve sanitaire. On a eu des renforts en nombre, ce n’est pas négligeable. Cela démontre à quel point on a été entendu au niveau national et ce, grâce au travail mené de concert avec notre tutelle.
FI : En termes de renforts durant la crise Covid, le CHM a pu bénéficier d’un hélicoptère et d’un avion privé pour effectuer les évacuations sanitaires. Où en est le projet de garder de manière pérenne ces deux moyens de transport ? Et quelles seront les travaux à réaliser sur l’île, comme les hélistations ?
C. B. : On a reçu les réponses à l’offre de marché pour l’avion sanitaire. On est en train de les étudier avec les équipes des Evasan, on pense avoir un résultat dans les prochains jours. Il s’agira d’un contrat sur plusieurs années car cela demande un engagement et un investissement lourd pour l’entreprise qui sera retenue.
Pour l’hélicoptère, on a acté un marché intermédiaire de 18 mois avec un pilote et un assistant, dans l’attente du marché définitif pour un hélismur dédié à Mayotte. Mon collègue de la direction des plans et des travaux a pris contact avec les maires des communes pour identifier les zones de pose et pouvoir les sécuriser et les éclairer si l’on décide de procéder à des vols de nuit par la suite.
FI : Ce dernier point est à prendre légitimement en compte, puisque plusieurs incidents frappent régulièrement les ambulanciers lors des transferts aux quatre coins de l’île. Quelles réponses leur avez-vous apportées pour les rassurer ?
C. B. : On peut comprendre que le personnel ait des craintes légitimes à circuler à partir d’une certaine heure le soir. En réponse, on a renforcé les ambulances, de la même façon que les véhicules des forces de l’ordre, avec des vitres latérales sur lesquelles sont appliquées des feuilles de polycarbonate. Après, les gendarmes et les policiers ne peuvent pas être systématiquement présents lors de chaque transfert. Donc un protocole est mis en place pour engager en toute sécurité les effectifs sur le trajet. On leur demande aussi de passer par la route intérieure car la route vers Dzoumogné depuis le littoral est plus problématique à partir de Koungou et de se faire discret en n’activant pas le gyrophare et la sirène lorsque cela n’est pas nécessaire.
Dans le cadre de la journée internationale de l’enfance du 1er juin, le club Soroptimist Mayotte a offert cinq tablettes à destination des enfants de l’association Autisme Mayotte. Un geste symbolique qui permet de mettre en lumière ce trouble neuro-développemental, encore bien trop méconnu par un grand nombre de familles et d’habitants de l’île aux parfums. Au-delà de ce don, cette rencontre a été l’occasion de pointer du doigt l’absence de structures spécialisées sur le territoire.
« Waouh ! » Au moment de recevoir l’une des cinq tablettes offertes par le club Soroptimist Mayotte des mains de la présidente Sophia Hafidou, Youness exprime à sa façon sa gratitude. Idem pour Fatima, Sadjaad, Yann Lucas, Dosty ou encore Kaen. Âgés de 4 à 17 ans et atteints d’un trouble neuro-développemental, tous font partie d’Autisme Mayotte. « Ça va l’aider à reconnaître l’alphabet et à écrire son nom », s’emballe Addidja, la mère de la seule petite fille présente lors de cette remise de dons organisée à Tsararano ce mardi 1er juin à l’occasion de la journée internationale de l’enfance.
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« Avant, il ne tenait pas dix minutes sans bouger », sourit fièrement Elly, avec un regard attendri en direction de son fils Dosty. Sage comme une image et confortablement assis sur sa chaise, le garçon de 11 ans le mois prochain manipule déjà l’objet d’une main de maître. « Il est accro, ça le canalise », poursuit l’habitante de Kani-Kéli. Même son de cloche pour sa voisine du jour, Binti Radhuya : « Sadjaad ? Il est toujours sur mon téléphone. » Avec ce nouvel outil pédagogique en leur possession, non seulement cela « va soulager les familles », mais en plus cela « va faciliter la compréhension et le langage », insiste Ernestine Bakobog, la présidente de l’association initiée par des parents en janvier 2017.
1.500 autistes sur l’île aux parfums
Et que de chemin parcouru depuis cette création. « Il est difficile de dire que l’autisme existe à Mayotte où la santé mentale reste un sujet tabou. Nous sommes jugés coupables d’avoir des enfants autistes », regrette la responsable, qui se bat depuis toutes ces années pour faire avancer cette cause qui lui tient tant à cœur. Malgré la mise en place de consultations par visioconférence avec des spécialistes fin 2019 ou encore la naissance de plusieurs petites unités début 2020 dans lesquelles leur sont réservées 20% des places, les moyens déployés restent en deçà des besoins pour accompagner les 1.500 autistes recensés sur le territoire selon l’institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). « Nous avons commencé l’école des parents avec des groupes de parole. Nous avons organisé des formations pour sensibiliser les médecins afin qu’ils arrivent à identifier les signes », rembobine Ernestine Bakobog, elle-même maman de Yann Lucas, un adolescent « non-verbal », qui « ne peut pas écrire avec un stylo » et qui « gribouille comme un maternelle ».
Liste d’attente en institut médico-éducatif
Mais l’association a aussi et surtout pour but de proposer des sorties hebdomadaires à ces jeunes, généralement cloisonnés chez eux, au parc de Passamaïnty et à la plage de Musicale à Bandrélé. « Grâce à vous, mon fils arrive à participer à des activités », s’illumine Binti Radhuya, ravie de voir Sadjaad, passionné de moto et de cuisine, sortir régulièrement du domicile familial depuis son départ de l’association départementale des pupilles de l’enseignement public (Adpep) il y a de cela trois ans. Car à ce jour, l’absence de suivi et de structures spécialisées constitue bel et bien le nerf de la guerre pour ces parents dévoués mais désoeuvrés.
Si Dosty a la chance d’être suivi par le service d’éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD) de l’association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) de Mangajou, beaucoup d’autres se retrouvent le bec dans l’eau, le temps d’intégrer un institut médico-éducatif (IME). « Youness a été scolarisé jusqu’à ses six ans, mais ce n’était évident ni pour lui ni pour les enseignants. Depuis, il a beaucoup régressé. Il est victime d’insomnie et se calme difficilement le matin quand il voit ses frères et sœurs partir à l’école », soupire Dharina. « On fait toutes les démarches, mais il n’y a rien au bout… Il y a toujours un blocage administratif au niveau de la MDPH (maison départementale des personnes handicapées) ou un manque de place. » Ce discours revient inlassablement dans toutes les bouches de ces mamans, qui jouent quotidiennement les rôles conjugués d’orthophoniste, de psychomotricienne ou d’animatrice.
Colère froide
Si Autisme Mayotte se targue d’avoir obtenu, vendredi dernier, en partenariat avec Mlézi Maoré et l’Apajh, l’aval pour monter un centre de diagnostic et un centre de ressources pour l’autisme, auxquels s’ajoute un centre d’accueil de jour de huit places dans les futurs locaux de l’association situés à Tsingoni, la présidente Ernestine Bakobog ne décolère pas face à l’immobilisme institutionnel. « Le Département n’a rien fait alors qu’il aurait pu financer des lieux de vie pour les enfants et des lieux de répit pour les parents ! » Et à ce rythme-là, Dharina compte bien prendre des mesures drastiques, dans l’intérêt de Youness. « À la rentrée, on pense sérieusement à quitter Mayotte pour la métropole. »
Combien de places dans les structures adéquates pour les enfants atteints d’autisme ?
Le 29 juin 2020, l’agence régionale de santé a lancé un appel à projet relatif à la création d’une plateforme de dispositifs intégrés IME-SESSAD sur le territoire de Mayotte. « Dans la mise en œuvre du PRS 2 (plan régional de santé), l’accueil et l’accompagnement des jeunes de 6 à 20 ans en situation de handicap, autistes ou souffrant de trouble du neuro-développement, en institut médico-éducatif et en service d’éducation spéciale et de soins à domicile, répondent aux attentes et aux besoins des jeunes », peut-on lire.
Dans le 101ème département, Mlézi Maoré gère un IME de 96 places et un SESSAD de 174 places tandis que la fédération APAJH s’occupe d’un IME de 54 places, dont 18 places autismes ou souffrant de TND, et un SESSAD de 22 places, dont 9 places autistes ou souffrant de TND. Toujours selon l’appel à projet, il est prévu de consacrer 3 places en IME et 3 autres en SESSAD pour enfants et adolescents, autistes ou souffrant de TND. La date prévisionnelle d’ouverture était « idéalement » prévue en juillet 2021, soit dans un mois. Un nombre qui semble dérisoire lorsque l’on sait que l’association Autisme Mayotte accompagne 80 enfants à elle-seule…
Le premier opérateur d’hélicoptères de Mayotte a lancé hier, mardi 1er juin, son activité sur l’île aux parfums. Après trois années de travail, la jeune entreprise mahoraise a obtenu les autorisations nécessaires pour prendre son envol.
Attachez votre ceinture ! Dès ce week-end, les premiers passagers pourront fendre l’air et découvrir le lagon comme ils ne l’ont jamais vu. Plus précisément, à bord d’un Robinson R44 Clipper II. D’une capacité de trois passagers, cet hélicoptère flambant neuf qui arbore fièrement le logo de l’opérateur peint sur un bleu océan, proposera des virées de 15 à 50 minutes selon les circuits. À l’intérieur, sièges en cuir, climatisation ou encore verrière panoramique permettront aux clients de profiter au maximum des richesses de l’île vues du ciel.
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Une activité très réglementée
Aujourd’hui, la législation impose de nombreuses règles et autorisations aux opérateurs avant de pouvoir leur permettre de transporter des passagers dans le domaine aérien. “Nous avons tout d’abord dû obtenir un agrément auprès de la direction générale de l’avion civile qui se nomme le certificat de transporteur aérien. C’est une certification difficile à obtenir, nous avons initié les démarches en 2019 et nous l’avons reçue le 21 mai 2021. En plus de celle-ci, nous avons besoin d’une dizaine d’autres agréments afin de correspondre aux normes européennes”, confie Georges Chang, patron de Récif Hélicoptères. Cet ancien pilote de ligne pour la compagnie Air Austral se réjouit de voir son projet aboutir. “J’ai eu la chance de venir souvent à Mayotte pendant 27 ans. J’ai toujours adoré les hélicoptères. Et quoi de mieux que de découvrir ce magnifique lagon depuis les airs !”
Du mercredi au dimanche, la secrétaire de Récif Hélicoptères assurera les réservations et l’accueil des clients dans les locaux du prestataire. De plus, un hangar viendra bientôt jouxter les bureaux et accueillir l’hélicoptère pour l’instant installé dans le bâtiment de Mayotte Air Service. Par ailleurs, sur le site internet recif-helicopteres.yt, les curieux pourront découvrir les différentes formules de vols mais aussi réserver directement en ligne. En bref, une petite entreprise déjà bien organisée et à qui il ne reste plus qu’à souhaiter bon vol !
Les circuits et les tarifs
“Le Shipanga” : un vol de 15 min au-dessus de Petite-Terre et la passe en “S”. “Vous aurez l’occasion de découvrir les plages de Moya et le Lac Dziani avant un retour sur l’aéroport de Pamandzi.” Tarif : 125 euros par personne
“Le Tsoholé” : un vol de 30min au-dessus de la passe en “S” et de la barrière de corail. “Direction plein Sud pour un survol panoramique de l’îlot de sable blanc avant de mettre le cap au Nord. Sur la gauche, vous pourrez voir le Mont Choungui ainsi que le Mont Bénara, le plus haut sommet de l’île. Vous survolerez l’îlot Bandrélé pour ensuite revenir sur Petite-Terre. Enfin, le vol se terminera par la découverte des plages de Moya et du Lac Dziani, avant de revenir se poser.” Tarif : 249 euros par personne
“Le Kuba” : un vol de 40 min qui commence par un survol panoramique des plages de Moya et du Lac Dziani. “Cap ensuite vers le Grand Récif du Nord pour découvrir les îlotMtsamboro et Choizil. Retour vers Longoni et son port de transport maritime en passant parla baie d’Handréma. Le vol se termine par un survol de la côte nord-est de l’île et un survol de Dzaoudzi avant un retour sur Pamandzi.” Tarif : 329 euros par personne
“L’Hippocampe” : pour découvrir Mayotte à 360° degrés du nord au sud. “Un circuit qui débute par un survol de Petite-Terre avec les plages de Moya et une superbe vue sur le Lac Dziani. Cap ensuite sur le nord de l’île avec un survol du Grand Récif du Nord et de labaie d’Handréma pour découvrir les magnifiques îlot Mtsamboro et Choizil. Direction pleinsud avec un survol d’Acoua en longeant la côté et Sada vers la baie de Bouéni. Sur lagauche de l’appareil, vous apercevrez le Mont Bénara, le plus haut sommet de l’île. Le vol se poursuivra avec le passage du col de Chirongui d’où vous découvrirez le Mont Choungui et son pic vertigineux. Direction la pointe de Sazilé, puis survol panoramique de l’îlot de sable blanc et de la magnifique barrière de corail. Le vol se terminera par un survol de l’îlot Bandrélé et de la passe en “S” avant le retour sur Pamandzi.” Tarif : 379 euros par personne
Le vendredi 28 mai, le préfet, la directrice générale de l’agence régionale de santé et le procureur de la République ont signé un protocole d’accord qui vise à améliorer la coordination et les actions de lutte contre l’habitat indigne entre les trois autorités. Au regard de la situation sur le territoire, le travail est colossal.
L’habitat indigne, impossible d’ignorer le sujet à Mayotte. Ces modestes maisons de bric et de broc qui s’amoncellent à perte de vue sur des pentes souvent à risques, ont parfois fait la triste réputation de l’île au lagon. D’après l’institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), ce sont pas moins de 81.000 personnes qui vivent au quotidien dans ces cases en tôle insalubres, sans eau courante ou confort sanitaire de base. Et encore, ces chiffres remontent à 2017… L’agence régionale de santé de Mayotte, la préfecture et le parquet ont donc décidé de prendre le sujet à bras le corps et d’unir leurs forces afin de lutter contre cette réalité du territoire. Et depuis vendredi dernier, cela passe notamment par un protocole impliquant les trois institutions. « Il n’initie pas une nouvelle action, parce que tous les 15 jours, je signe des remises aux normes d’habitats insalubres. Le protocole va mieux organiser la transmission d’informations au regard d’un certain nombres d’évolutions réglementaires », explique Jérôme Millet, sous-préfet et secrétaire général adjoint de la préfecture.
Chaque institution a une fonction précise, mais elles ne sont pas en compétition. Elles interviennent à des moments différents pour une même opération de lutte contre l’habitat indigne. « Le parquet saisit l’ARS pour signaler des habitats indignes. Les agents de l’ARS vont sur place, prennent des photos et montent un dossier qui établira l’insalubrité et l’indignité du logement. L’ARS transmet ensuite ces informations à l’autorité judiciaire et à la préfecture pour organiser des travaux nécessaires afin d’en faire un logement sain », détaille Jérôme Millet. L’initiative peut également venir de la personne logée qui estime vivre dans un logement indigne. Elle peut tout simplement envoyer un courrier à l’ARS ou au procureur. Et qu’importe la personne à l’origine de la procédure, les propriétaires de ces habitats devront répondre de leurs actes. À noter que le protocole signé vendredi privilégie la réparation : le propriétaire est ainsi vivement incité à rendre son logement conforme aux normes sanitaires.
Lutte contre les marchands de sommeil
À quel moment parle-t-on de logement indigne ? « Quand cela remet en cause la dignité humaine, le protocole sanitaire de base, qu’il n’y a pas de toilettes, pas de point d’eau », précise le sous-préfet. Une définition qui correspond aux conditions de vie dans les cases en tôles. Mais ces dernières, souvent illégales, sont-elles incluses dans le protocole signé entre l’ARS de Mayotte, la préfecture, et le parquet ? Affirmatif, indique Jérôme Millet. Mais le sous-préfet note tout de même une différence avec les opérations de démolition que mène la préfecture depuis quelques mois. « Sur les opérations Élan, nous sommes sur 50 à 100 cases démolies en même temps. Alors que dans le cadre de ce protocole, nous sommes sur des opérations individuelles puisque nous traitons d’infraction de droit commun du code pénal et des infractions spéciales au titre de la santé publique et du code de la construction et de l’habitation. »
Deux modes de fonctionnement qui ont une finalité commune : la lutte contre les marchands de sommeil. Le sous-préfet en est convaincu, ce nouveau protocole sera efficace dans ce combat. Lorsque le propriétaire du terrain admet qu’il est fautif d’avoir commis une infraction, il peut comparaître sur reconnaissance préalable de culpabilité. Autrement dit, il peut plaider coupable. Pour les plus récalcitrants, la procédure judiciaire est plus ferme. « Pour les dossiers les plus emblématiques dans lesquels les marchands de sommeil sont connus des services de l’État et contestent des faits qui leur sont reprochés, les propriétaires reçoivent une convocation par l’officier de police judiciaire devant le tribunal correctionnel », expose Jérôme Millet. Deux voies qui relèvent du procureur de la République, et donc de la justice. « Le préfet n’a pas de droit de regard », précise-t-il. Pour une fois !