Accueil Blog Page 396

L’Islam, une option pour les jeunes Mahorais

-
islam-option-jeunes-mahorais

L’Islam est la religion dominante à Mayotte. Elle rythme la vie des Mahorais, mais force est de constater qu’elle est de moins en moins pratiquée. Les jeunes sont les premiers à la délaisser, trop occupés à vivre une vie avec moins de contraintes. Afin de vérifier ce constat, nous sommes partis à la rencontre d’un groupe d’adolescents et sans grande surprise, ils admettent pratiquer l’Islam par obligation.

Dimanche, 7 heures du matin. Les voitures défilent devant le centre éducatif et culturel de M’tsapéré. Les parents viennent déposer leur progéniture, avec l’impression d’accomplir leur devoir de père et mère. Ils pressent leurs enfants pour qu’ils descendent des véhicules, les cours vont bientôt commencer. Mais les jeunes ne semblent pas pressés de monter les escaliers et rejoindre leurs classes respectives. Certains traînent des pieds, d’autres marmonnent… La matinée risque d’être longue pour eux. Mais ils n’ont pas le choix, chaque week-end c’est le même rituel et, à chaque fois, les adolescents essayent de négocier avec leurs parents pour ne pas se rendre au centre. Il s’agit en réalité d’une madrasa, autrement dit une école où les enfants apprennent l’Islam, à lire et à écrire arabe.

islam-option-jeunes-mahorais

Du haut de ses 14 ans, Sayel se rend à la madrasa depuis maintenant 6 ans. On pourrait croire qu’il a pris l’habitude, mais il n’en est rien. « Je n’aime pas venir ici. Je viens simplement parce que ma mère me force à venir. J’aurais préféré rester chez moi et dormir », lance-t-il d’un air ronchon sous son kofia*.  Mais Sayel sait que ses parents ne lui laissent pas le choix, alors il joue le jeu, à l’image de la majorité de ses camarades qui ont à peu près le même âge. Si les plus jeunes semblent heureux de retrouver leurs amis au centre, les adolescents ont plus de mal et ne s’en cachent pas. « Après 5 jours d’école, j’estime que j’ai le droit à 1 ou 2 jours de libre pour me reposer, dormir, jouer à la play. Mais non… On m’oblige à venir ici et ensuite je dois rentrer à la maison réviser mes cours », se plaint Sayb qui a également 14 ans. En effet, durant les semaines d’école, les enfants inscrits au centre doivent s’y rendre à chaque fin de semaine de 7h30 à 11h. Pendant les vacances scolaires, c’est tous les jours de 7h à 9h, sauf le vendredi. Un rythme que les jeunes ont visiblement du mal à supporter.

Un enseignement pas assez strict ?

Au centre éducatif et culturel de M’tsapéré, les cours commencent à 7h30. Les enseignants sont des oustadhs** chargés de transmettre leur savoir à ces jeunes musulmans. « On enseigne l’Islam de manière pédagogique. Ici on ne frappe pas l’enfant, on ne le force pas à faire ce qu’il ne veut pas faire, on l’écoute », indique Mouhamadi Bourhane, administrateur du centre éducatif et culturel de M’tsapéré. On est bien loin des écoles coraniques classiques mahoraises appelées chioni où le foundi, c’est à dire le professeur, est autorisé à frapper son élève, à lui faire faire des tâches ménagères. Savoir compter en arabe, lire et écrire la langue ou encore connaître les histoires des prophètes, c’est tout ce que les enseignants et les parents attendent de ces jeunes. Mais après des années d’apprentissage, certains ont l’impression de ne pas évoluer. « J’ai 15 ans et cela fait 11 ans que je suis ici. Après tant d’années, j’aurais pensé avoir plus de connaissances mais j’ai toujours le même niveau », réalise Mayssoon.

« La jeunesse délaisse la religion, elle a d’autres préoccupations »

D’autres, comme le jeune Sayb, ont leurs préférences. « Ce que j’aime le plus ici ce sont les hadiths*** qu’on nous raconte sur l’Islam et les prophètes, mais je n’aime pas lire le Coran », admet l’adolescent. C’est pourtant l’essence même des madrasas et des écoles coraniques. Les professeurs doivent aussi leur apprendre à faire la prière, mais ils n’ont pas les moyens de les obliger à la faire une fois chez eux et les jeunes en ont bien conscience. « Je ne fais pas la prière. Pourtant j’aimerais la faire, mais je n’arrive pas à m’y mettre », révèle Mayssoon. Idrisse, l’un de ses camarades réagit. « Ce sont des barrières psychologiques qui t’incitent à ne pas la faire. » « C’est le sheitan ! », lance un autre.

Mais la jeune fille n’est pas la seule à vivre la même chose, dans ce groupe d’une dizaine d’élèves seulement deux affirment faire la prière et ce n’est pas de leur plein gré. « Je fais la prière mais c’est parce que mes parents m’y obligent, je sais que si on ne me forçait pas je ne l’aurais pas faite », reconnaît Sayb. Ceci-dit, ces révélations n’étonnent pas les adultes qui les entourent. « Pour les jeunes qui sont ici la religion est une option. Ce n’est pas du tout leur préoccupation première. Ils viennent ici surtout parce que les parents sont derrière », reconnait Mouhamadi Bourhane. Et certains parents ont retiré leurs enfants du centre car ils estimaient que « les professeurs n’étaient pas assez stricts avec eux », ajoute l’administrateur.

Obligations religieuses et envie de liberté

Malgré leurs réticences, ces jeunes qui vont à la madrasa baignent dans la religion musulmane et certains, les plus rares, respectent à la lettre les obligations religieuses. Idrisse, âgé de 16 ans en fait partie. « La religion c’est ma vie, je fais la prière, je fais le ramadan, je vais à la mosquée, pour moi c’est normal. Je ne porte pas de short par conviction religieuse parce que dans l’Islam les hommes doivent se couvrir jusqu’aux genoux. » Le jeune homme refuse même de partir au Canada pendant ses études supérieures par amour pour sa religion. « Je voulais y aller mais j’ai appris qu’il y a beaucoup d’islamophobie alors j’ai décidé de ne pas y aller. Je ne veux pas être oppressé », raconte-t-il. Ses camarades comprennent ses choix, mais sont plus souples quant au respect de leur religion. Par exemple, les filles doivent couvrir leurs cheveux quand elles sont au centre, mais, une fois à l’extérieur, les règles ne sont plus les mêmes. « Moi je le mets uniquement quand je ne suis pas coiffée », révèle Réhéma, une autre élève. Elle n’est pas la seule dans ce cas, toutes les filles du groupe avouent faire la même chose, exception faite pour Mayssoon. « Je mets le châle à l’extérieur pour cacher mes cheveux par conviction religieuse, même au lycée. » Cependant, elle ne se sent pas prête à passer l’étape supérieure. « Je ne veux pas porter le voile car il faut vraiment avoir la foi, être sûr de son choix. »

Avoir foi en sa religion, un concept qui échappe de plus en plus à ces jeunes qui ont plutôt envie de s’émanciper et vivre autrement. La pression des parents les oblige à pratiquer l’Islam, mais cette pression a ses limites. « De nos jours, je trouve que la jeunesse délaisse la religion, elle a d’autres préoccupations », note Sayb, qui s’inclut dans le lot. Mais à l’exemple de ses camarades, il n’a pas l’intention de changer ses habitudes.

Retrouvez l’intégralité du dossier consacré aux jeunes de l’île dans le Mayotte Hebdo numéro 995.

 

*Kofia : le couvre-chef que les hommes musulmans portent pour aller à la mosquée ou lors d’évènements religieux.

** Oustadh : professeur de l’Islam

*** Hadiths : les histoires racontées par le prophète Mahomet et reprises par la suite

L’association Nayma lance un appel aux dons

-

Nayma, organisation non gouvernementale et à but non lucratif, couvre l’intégralité de ses frais de fonctionnement et d’investissement grâce à des subventions, mais aussi des appels à projets. Problème ? Il est fréquent que, pour des raisons logistiques, ces financements soient perçus en retard par rapport à la date initialement annoncée. L’association se retrouve alors sans solution pour avancer ses divers frais de fonctionnement. Aujourd’hui, la structure souhaite se constituer une trésorerie afin d’avoir quelques mois d’avance et ainsi éviter de se retrouver  “coincée” dans l’attente du versement des subventions.  “Avec 204 salariés en insertion, on a une masse salariale très   importante et de gros besoins en matériel, notamment pour les nettoyages de rivières et mangroves”, explique Solène Peillard, chargée de communication chez Nayma. L’association rappelle par ailleurs soutenir une structure   comme   Nayma   c’est  “soutenir   la   protection   de   l’environnement   de   Mayotte”, “s’engager durablement pour qu’on puisse protéger la biodiversité”, mais aussi “encourager l’emploi des publics les plus précaires avec le travail de salariés en insertion”. En bref, “se mobiliser pour le développement de Mayotte sur le plan écologique, social et sur le plan économique.” Pour soutenir l’association, particuliers comme entreprises peuvent effectuer des dons ponctuels ou réguliers.

L’APAJH appelle à voter Emmanuel Macron

-

Cela fait soixante ans que l’association pour adultes et jeunes handicapés existe par la volonté de citoyens qui ont souhaité s’engager pour l’intérêt général et universel. Mouvement citoyen, uni par des valeurs et des combats communs, l’APAJH affirme qu’aucune voix ne peut être donnée à Marine Le Pen le dimanche 24 avril, au deuxième tour de l’élection présidentielle. Si le quinquennat d’Emmanuel Macron laisse des mécontentements : la réduction des aides personnalisées au logement, la loi Elan (évolution du logement, de l’aménagement et du numérique), le mépris des corps intermédiaires, jusqu’à l’oubli affiché envers certains professionnels du médico-social lors du Ségur de la Santé. La déconjugalisation de l’allocation adulte handicapé n’est pas effective en 2022, parce que le gouvernement s’y est opposé alors qu’il s’agit d’une mesure de justice et d’émancipation de chaque personne en situation de handicap. Malgré ce constat, « il s’agira de faire barrage à la candidate d’extrême droite en utilisant le bulletin de vote Macron ».

Réouverture des lignes vers Bangkok et Nosy Bé depuis La Réunion

-

Après plusieurs mois de suspension due au contexte de la crise sanitaire (Covid-19), Air Austral, avec l’accord de ses autorités de tutelle, de la direction générale de l’aviation civile et des autorités thaïlandaises, annonce la réouverture tant attendue de sa ligne Réunion-Bangkok. La reprise de ses vols se fera de façon ponctuelle pour la période des vacances scolaires de juillet/août. La compagnie aérienne propose à sa clientèle du 2 juillet au 21 août deux fréquences hebdomadaires opérées en Boeing 787-8, comme suit : chaque mercredi et samedi, décollage de La Réunion Roland Garros à 20h, arrivée à Bangkok à 6h25 le lendemain et chaque jeudi et dimanche, décollage de Bangkok à 9h25, arrivée à La Réunion Roland Garros à 13h35.

Par ailleurs, Air Austral annonce la reprise progressive de ses vols de/vers Nosy Bé. La compagnie aérienne propose à sa clientèle à compter du 2 mai, deux fréquences hebdomadaires chaque mardi et samedi, et jusqu’à quatre fréquences chaque semaine à compter de la mi-juin. Ces vols seront opérés au moyen des Airbus A220-300, appareils de dernière génération, modernes, au confort renouvelé.

Les vols sont d’ores et déjà disponibles à la réservation, en point de vente Air Austral ou sur le site internet de la compagnie www.air-austral.com. Air Austral reste par ailleurs dans l’attente d’une approbation de son programme de/vers les autres provinces malgaches (Tamatave, Diego, Tuléar et Fort-Dauphin).

Le contrat régional de transition énergétique est sur les rails

-

La quatrième vice-présidente du conseil départemental, Zouhourya Mouayad Ben, élue de M’tsamboro, et la deuxième vice-présidente Tahamida Ibrahim ont pris part à la cérémonie de signatures autour du contrat régional de transition énergétique, dont les grandes lignes avaient été récemment présentées, à la MJC de Bouyoni, en présence des maires, des élus intercommunaux et du préfet Thierry Suquet (le Département de Mayotte signera officiellement une fois la délibération prise). « Une convention qui va sceller profondément le second départ après la première étape franchie le 24 décembre dernier pour un fructueux partenariat entre nos différentes institutions et pour le bien-être des habitants des communes du Nord », s’est félicitée Zouhourya Mouayad Ben, rappelant que « outil indispensable dans la conduite traditionnelle de la politique de cohésion sociale, cette convention doit également nous permettre de recentrer les programmations sur des actions innovantes et structurantes. Ceci en lien avec les enjeux prioritaires tels l’accès aux droits, l’amélioration du cadre de vie et le renouvellement urbain, la lutte contre l’illettrisme, la lutte contre les phénomènes de violence et ce dans toutes ses facettes, le développement des actions socio-éducatives, l’insertion par l’activité économique ». « Au nord de l’île, ce sont quelques 40 millions d’euros que nous avons apporté en soutien aux projets d’investissement des quatre communes du Nord. Il s’agit plus généralement des projets d’aménagement du territoire, de réhabilitation des voiries communales, de rénovation d’équipements sportifs, de soutien aux activités économiques ou encore des opérations basées sur l’équilibre social, notamment à travers des actions tournées vers des politiques de renouvellement urbain, ou encore d’amélioration de l’habitat, etc. », a-t-elle notamment évoqué, en saluant l’ensemble des partenaires institutionnels réunis autour de la table.

Mayotte – Comores : « Les gens ont beaucoup évolué »

-
mayotte-comores-les-gens-ont-beaucoup-evolue-1

Le « non karivendzé* » de feue Zena M’déré, la plus célèbre des chatouilleuses mahoraises, lors de la séparation entre Mayotte et les trois autres îles de l’archipel des Comores, résonne encore aujourd’hui dans l’esprit des Mahorais. Plus de 45 ans après cette décision, les mentalités ont-elles évolué ? La jeune génération mahoraise partage-t-elle les mêmes combats que ses aïeux ? Les jeunes locaux semblent s’être affranchis de ces conflits intercommunautaires, mais les rapports entre Mayotte et les Comores restent toujours aussi délicats.

Un seul pin’s et tout s’effondre. C’est ce que l’on retient de la récente polémique de Miss Mayotte 2021. En accrochant ce petit bout de métal sur son écharpe lors d’un vernissage, Anna Ousseni a ravivé les tensions qu’il y a entre les Mahorais et les Comoriens depuis des décennies. Manque de respect, provocation, insulte envers les Mahorais, la jeune femme a été accusée de tout par tous, certains appelant même à sa destitution. Mais alors pourquoi un simple pin’s a-t-il mis le feu aux poudres ? Cette polémique reflète la situation ambigüe qu’il y a entre Mayotte et les îles voisines de l’Union des Comores. Pourtant la jeune génération mahoraise essaye d’établir de bonnes relations avec celle des Comores. Les artistes de l’île sont les premiers à vouloir aller au-delà de ces conflits.

mayotte-comores-les-gens-ont-beaucoup-evolue-1

Il y a quelques mois, deux chanteurs mahorais ont participé au concours musical comorien Nyora et la gagnante, Kueena, est originaire de l’île aux parfums. « Sa participation a fait du bruit uniquement sur Facebook. En réalité elle a été soutenue et accueillie en grandes pompes à Mayotte et aux Comores. Les artistes apprennent à se connaître et travaillent ensemble, je suis agréablement surprise », relève Julie Cudza, jeune Mahoraise de 24 ans. Est-ce un signe d’une évolution des mentalités ? C’est ce que pense la jeune femme. « Cette jeunesse a mûri. La nouvelle génération prend plus le temps de comprendre, elle ne réagit pas à chaud et cest valable des deux côtés. Je trouve que les gens ont beaucoup évolué de manière positive », continue Julie Cudza.

« On peut améliorer la relation en proposant un dialogue »

Elle donne pour exemple l’actuelle Miss Mayotte, Anna Ousseni. « Tout le monde savait quelle était Anjouanaise et elle a gagné l’élection. Il y a dix ans, une Comorienne naurait jamais pu représenter Mayotte. » Elle n’est pas la seule à partager ce sentiment. Azrah Ali Abdou a 28 ans, c’est un jeune Mahorais qui dit entretenir des relations courtoises et fraternelles avec les Comoriens qu’il côtoie. Et selon lui, c’est une nouvelle fois l’art qui réussit à jouer les entremetteurs. « Il y a eu beaucoup de collaborations ces dernières années sur le plan culturel avec les Comoriens
donc je suis convaincu que nous pouvons cohabiter en parfaite harmonie avec eux », explique-t-il. Ceci dit, la culture a ses limites, et la question politique prend le dessus.

« La limite est dordre politique »

Si les artistes mahorais et comoriens se placent au-dessus des problèmes qu’il y a entre leurs territoires respectifs et essayent d’apporter la paix à travers leurs arts, il est évident qu’ils ne peuvent pas mettre fin à la relation conflictuelle qu’il y a entre les deux communautés. « Nous avons montré que nous sommes capables d’entretenir de bonnes relations mais la limite est d’ordre politique. C’est avec la politique que l’on régit un territoire et ce problème ne peut pas être réglé autrement », soutient Azrah Abdou Ali. Selon lui, la situation est ambiguë à cause des instances internationales. « L’union Africaine et lONU donnent raison à l’union des Comores mais, dans les faits, Mayotte est administrativement gérée par la FranceAlors à qui profite cette ambigüité ? D’un côté nous avons l’état comorien qui refuse dassumer clairement son indépendance sous prétexte quil lui manque une île. De lautre, nous avons une classe politique mahoraise qui use de cette situation pour en faire des grands débats en période électorale. Et au milieu, on a l’état français qui trouve des arguments pour ne pas développer Mayotte au rythme espéré par les Mahorais », analyse-t-il.

La relation entre Mayotte et les Comores peut cependant être améliorée si les politiques s’unissent pour trouver des solutions avantageuses pour les deux territoires. « On peut l’améliorer en proposant un dialogue qui aurait pour objectif de conclure sur des échanges et une étroite collaboration dans le but de nouer une vraie relation et de créer des coopérations car on parle beaucoup de coopération régionale sauf qu’en réalité elle nexiste pas entre Mayotte et les Comores », estime Houssalam Houdjati, 25 ans. Et selon lui, tout le monde peut y contribuer, qu’il s’agisse des acteurs politiques, mais aussi économiques, sportifs ou encore dans le domaine de la santé.

Mahoraise et Comorienne

Malgré la séparation de Mayotte et des Comores, la population n’a cessé de se mélanger. Aujourd’hui, une grande partie de la population mahoraise a des origines comoriennes, à l’image de Jasmounah Mohamed, âgée de 25 ans. Mère anjouanaise, père mahorais, la petite fille qu’elle était a baigné entre les deux cultures. Elle a grandi à Mayotte mais passait ses vacances à Anjouan. Elle a eu une enfance heureuse, loin des conflits qui opposent les deux peuples.

Désormais, la jeune femme pointe du doigt les clichés attribués aux Comoriens. « On a tendance à assimiler la délinquance aux Comores alors que tous les délinquants ne sont pas Comoriens. À cause de cela, la relation se détériore chaque jour un peu plus », regrette Jasmounah Mohamed. Elle prône une prise de conscience des deux côtés. « Les mentalités doivent évoluer. Jen connais certains qui pensent que Mayotte a toujours été française et donc pour eux les Comoriens sont des étrangers ici, mais moi jestime quils ne le sont pas et qu’on doit pouvoir tous cohabiter. » Un rêve qui n’est pas prêt de se réaliser, puisque plus le temps passe, plus la situation s’envenime. Ce constat inquiète Jasmounah mais n’ébranle en aucun cas son amour pour ses deux îles. « J’aime Mayotte tout autant quAnjouan et je considère quaucune île n’est mieux que lautre. »

Retrouvez l’intégralité du dossier consacré aux jeunes de l’île dans le Mayotte Hebdo numéro 995.

*Non nous n’en voulons pas (de l’indépendance)

La politique vue par des lycéens

-
la-politique-vue-par-des-lyceens

On a souvent tendance à dire que la politique fait fuir les plus jeunes, qu’ils ne s’y intéressent pas. À raison ou à tort, mais pendant des années, la jeunesse s’est sentie délaissée par les discours des politiciens. Aujourd’hui, ces derniers essayent de changer la donne, mais leurs efforts sont-ils suffisants ? Nous avons interrogé des lycéens qui livrent sans filtre leurs avis sur la politique.

Vous intéressez-vous à la politique ?

Yanta, 17 ans

Oui, parce que c’est un domaine qui attise beaucoup ma curiosité. Pour me maintenir informée de l’actualité politique je vais sur les réseaux sociaux et parfois je regarde les chaînes d’informations.

Ben Rayan, 18 ans

Oui je m’intéresse à la politique. J’aime bien écouter et analyser les idéologies des candidats, leurs programmes et voir qui peut tout changer.

Darkaoui, 17 ans

Non pas vraiment car lors des élections beaucoup de candidats nous mentent.

Bintitany, 18 ans

Oui parce qu’on ne me laisse pas vraiment le choix. Beaucoup de membres de ma famille font de la politique donc je dois aller aux meetings et j’écoute ce qu’ils racontent. Ils font de belles promesses mais qui ne sont pas toujours réalisées donc c’est dommage.

Nasrine, 17 ans

Pas vraiment. Je ne me suis jamais réellement intéressée à la politique, je me tiens juste informée de temps en temps grâce au bouche à oreille.

Que pensez-vous des politiciens mahorais ?

Yanta, 17 ans

J’estime qu’ils ne font pas grand-chose. Ils parlent toujours de projets mais ils ne font rien. Ils passent leur temps à faire des débats, à se disputer mais derrière on ne voit rien. Je trouve ça dommage parce qu’à Mayotte la majorité de la population est jeune et on a besoin de représentants, d’élus qui pensent à nous, qui réalisent des projets pour la jeunesse.

Ben Rayan, 18 ans

Je ne m’intéresse même pas à la politique mahoraise parce qu’à chaque élection on a toujours les mêmes personnes qui reviennent et ce sont toujours les mêmes idées. Au niveau national on a plus de diversité.

Darkaoui, 17 ans

La politique mahoraise m’intéresse plus que la nationale parce que je me sens plus concerné. Les élus mahorais peuvent nous aider directement alors que les nationaux ne s’intéressent pas à nous.

Bintitany, 18 ans

J’entends les gens dire que les élus de Mayotte ne font rien mais qu’est-ce qu’on en sait ? On n’est pas avec eux, on ne peut donc pas juger. Cependant je reconnais que sur certains sujets ils laissent à désirer. Ici on pense aux jeunes que lorsqu’il faut aller voter mais dès qu’ils sont élus on nous oublie. Il n’y a pas d’accompagnement des jeunes.

Nasrine, 17 ans

Les élus mahorais sont inexistants pour moi. Peut-être parce que je ne m’intéresse pas à la politique ou parce qu’ils ne font rien…

Pour qui voteriez-vous à l’élection présidentielle ?

Yanta, 17 ans,

Je ne peux pas voter mais j’aurais voté pour Jean-Luc Mélenchon car son projet de supprimer Parcoursup est une bonne idée.

Ben Rayan, 18 ans

Je peux enfin voter et je vais voter pour Jean Luc Mélenchon.

Nasrine, 17 ans

Je ne suis pas encore en âge de voter mais le seul à qui j’aurais donné ma voix c’est Jean Luc Mélenchon.

Que faudrait-il faire pour que les jeunes s’intéressent plus à la politique ?

Ben Rayan, 18 ans

Pour que les gens de mon âge s’intéressent à la politique il faudrait que les politiciens se mettent à notre place, qu’ils essayent de nous comprendre parce que tant qu’ils ne le feront pas on ne les comprendra pas non plus.

Bintitany, 18 ans

Les politiciens pourraient passer dans les établissements scolaires, discuter avec les jeunes et expliquer leurs rôles parce que les rares cours de politique qu’on a à l’école ne suffisent pas.

Darkaoui, 17 ans

Les élus doivent prouver qu’ils sont capables de faire des choses pour les jeunes. S’ils s’occupent bien de la population, là on pourrait s’intéresser à eux.

Nasrine, 17 ans

Je pense que nos représentants politiques devraient arrêter de faire de beaux discours et être plus en contact la jeunesse. Ils peuvent venir dans les écoles discuter avec les jeunes, interagir avec eux.

Si on vous dit « Mayotte département », quelle est la première chose qui vous vient à l’esprit ?

Yanta 17 ans

Je pense à Zena M’déré parce qu’elle a beaucoup contribué pour que Mayotte soit un département.

Ben Rayan, 18 ans

Je dirais « évolution » parce que Mayotte est devenu un département et cela a permis de mieux mettre en valeur l’île.

Bintitany, 18 ans

Je pense à la fameuse phrase « Mayotte est française et le restera à jamais ». Depuis que je suis née, c’est ce que j’entends tout le temps.

Darkaoui, 17 ans

Je pense au conseil départemental parce que c’est le siège de Mayotte. C’est le président du département qui est responsable du territoire.

Nasrine, 17 ans

Ce qui me vient à l’esprit c’est l’égalité et l’équité avec les autres départements français. Je trouve qu’on est assez délaissés à tous les niveaux.

Ben Issa Ousseni : « Nous agirons au rythme de nos capacités, en allant chercher les financements nécessaires »

-
ben-issa-ousseni-nous-agirons-rythme-capacites-chercher-financements

Mardi dernier, le conseil départemental a voté son budget primitif pour l’année 2022. L’occasion pour le chef de l’exécutif de présenter le projet de mandature. Ben Issa Ousseni revient en exclusivité pour Flash Infos sur les grandes lignes de celui-ci. Entretien.

Flash Infos : Mardi dernier, vous avez annoncé le lancement de votre projet de mandature. Quels sont les contours de cette stratégie mise en place et comment avez-vous procédé pour définir les trois thématiques prioritaires ?

Ben Issa Ousseni : C’est le résultat d’un travail de longue durée avec l’ensemble des élus d’abord, avec le regard des services et des directions aussi, pour proposer un cap clair pour la population. Sur le fond et à l’issue d’un état des lieux qui était nécessaire, notre projet pour Mayotte 2021-2028 se trouve construit autour de trois grands axes : le développement avec les déplacements, les infrastructures, l’économie ; les questions liées au mieux vivre ensemble autour des solidarités, de la culture, du sport, de la formation ; enfin, une partie intitulée « changer d’ère » axée autour de la gouvernance, des questions liées aux aspects institutionnels. Ces grandes thématiques et les questions qu’elles intègrent résument bien, me semble-t-il, les enjeux pour Mayotte.

ben-issa-ousseni-nous-agirons-rythme-capacites-chercher-financements

FI : Vous avez expliqué que ce document n’était pas celui d’un groupe ou d’un camp, mais bel et bien celui d’une équipe qui œuvre pour Mayotte. Pourtant, certains élus de l’opposition disent en « off » que cette feuille de route est une coquille vide… Que leur répondez-vous ?

B.I.O. : Je ne sais pas d’où vous tenez ces propos auquel je n’ai pas à répondre. Ce que je trouve, au contraire important, c’est que ce document a été enrichi par l’ensemble des élus et qu’il a été adopté à l’unanimité. Et je crois qu’il est très riche et complet, très loin d’une coquille vide….

FI : Parmi vos engagements clés, nombreux sont déjà en cours de réalisation tels que le schéma d’aménagement régional, l’accès au numérique ou encore la réduction des embouteillages… Quelles réelles nouveautés proposez-vous ?

B.I.O. : Les engagements clés dont vous parlez doivent ensuite se décliner en mesures opérationnelles dont toutes ne sont pas déployées. Le schéma d’aménagement régional n’est pas encore validé. Nous ne sommes pas obsédés par la nouveauté à tout prix : il y a des mesures nouvelles (gratuité de la barge, création d’un office des sports, développement des lieux d’accueil parents enfants… pour n’en citer que quelques-unes) et d’autres qui prolongent la mandature précédente mais doivent être réalisées. Je pense que c’est déjà une ambition importante de mener à bien ce projet.

FI : Vous avez en ligne de mire l’organisation des Jeux des Îles de l’océan Indien en 2027. Comment comptez-vous vous y prendre pour respecter les délais en termes de construction (exemple avec le gymnase de M’Tsangamouji) lorsque l’on voit les années de retard pour la livraison du stade de Cavani ?

B.I.O. : Un volet important de la mandature sera effectivement consacré à la réalisation des infrastructures dont notre territoire a besoin, en vue des Jeux des Îles 2027, mais plus largement pour la vie quotidienne de la population : jeunes, familles, usagers… Nous aurons besoin d’un engagement clair de l’État sur le financement de ces infrastructures et nous reprendrons ces discussions dès le nouveau gouvernement constitué. Quant aux blocages que vous évoquez, nous y travaillons – par exemple sur Cavani ou le cinéma – pour ne plus être tributaire de ces aléas. Notre organisation administrative doit prendre en compte ces enjeux essentiels.

FI : Au vu des projets structurants qui germent aux quatre coins de l’île, n’y-a-t-il pas un risque de saturation pour les entreprises du BTP ?

B.I.O. : Là encore, il y a des calendriers, des temporalités qui doivent permettre d’harmoniser des chantiers, qui témoignent tous d’un important besoin de rattrapage de notre territoire en termes d’équipement publics. Nous devrons nous en donner les moyens.

FI : L’idée de la gratuité de la barge pour les piétons est annoncée comme une mesure sociale et un coup de pouce aux mobilités douces. En ce sens, vous souhaitez poursuivre les études quant à la viabilité technique et financière du projet de réseau ferroviaire lancées par l’ancienne mandature. Ce projet est-il par exemple compatible financièrement avec le contournement de Mamoudzou ?

B.I.O. : Ces projets ne s’opposent pas et leurs temporalités sont bien distinctes. La gratuité de la barge pour les piétons est une mesure phare et symbolique de notre projet pour le mandat 2021-2028. S’agissant du projet ferroviaire, nous souhaitons pousser les études de faisabilité et de viabilité pour décider en pleine connaissance de cause. Le boulevard urbain est, quant à lui, bien lancé avec de nombreuses étapes à venir. Des financements importants existeront par ailleurs. Encore une fois, seule la combinaison des projets et des calendriers doit permettre des avancées concrètes.

FI : D’un point de vue écologique notamment, pourquoi ne pas faire pression sur Paris pour faire de Mayotte un territoire d’expérimentation en termes d’énergie solaire et maritime ?

B.I.O. : Parmi les discussions que nous aurons avec le nouveau gouvernement, une fois nommé, celles liées à la transition énergétique doivent avoir toute leur place.

FI : Comment comptez-vous vous y prendre pour faire adhérer la population à votre projet ?

B.I.O. : Nous souhaitons déjà mieux associer la population aux choix qui la concerne directement. Je pense également que l’adhésion viendra surtout de notre capacité à faire avancer les projets et les dossiers. Nous sommes jugés sur les avancées.

FI : À combien chiffrez-vous votre projet, sachant que dans son avis, le conseil économique, social et environnemental de Mayotte explique que la collectivité ne dispose plus de marge pour investir ? Et quand dans le même temps, le territoire a toutes les peines du monde pour consommer les fonds européens…

B.I.O. : Le projet conjugue des mesures très différentes : des infrastructures avec des coûts bien précis, des ajustements et des changements dans nos fonctionnements ou encore des mesures d’ordre plus sociétal. Il est difficile de chiffrer cela globalement, mais ce qui est certain, c’est que nous agirons au rythme de nos capacités, en allant chercher les financements nécessaires. Dans le cas des Jeux des Îles, par exemple, l’engagement de l’État à nos côtés aura toute son importance.

Soliha et le Lions club viennent en aide à treize familles pendant le ramadan

-
soliha-lions-club-aide-treize-familles-pendant-ramadan
Rosa, une maman de cinq enfants bénéficiaire de l’aide alimentaire, aux côtés d’Anaëlle Zahary, une jeune fille de 17 ans membre du Léo Club Mayotte Arc-en-Ciel.

L’association d’aide au logement Soliha Mayotte et le Léo Club Mayotte Arc-en-ciel (la section « jeunes » du Lions Club Mayotte Ylang) ont uni leurs forces pour réunir des colis alimentaires en faveur de treize familles défavorisées du quartier Majicavo-Dubaï. La distribution, destinée aux plus défavorisés, s’est déroulée samedi après-midi dans la nouvelle zone de logements construite par la mairie de Koungou.

« Je suis très heureuse car c’est la première fois qu’on nous donne une aide alimentaire », s’enthousiasme Rosa, une mère de cinq enfants occupant actuellement l’un des treize nouveaux logements construits par la mairie de Koungou sur le talus du quartier Majicavo-Dubaï. Le lieu n’est pas, c’est expérimentation menée pour lutter contre les logements insalubres menée en partenariat avec l’association Soliha. « Notre association loue les logements à la mairie de Koungou. Puis, nous les sous-louons à un coût maîtrisé aux familles qui en ont le plus besoin », explique Anazade Amdjad, la directrice. Une aubaine pour les familles en difficulté qui ne déboursent donc que cinquante euros par mois de loyer. « Il ne faut pas oublier que pour ces familles, cela constitue quand même une certaine somme puisque la plupart d’entre elles n’ont pas de revenu régulier », précise-t-elle. Présente sur le talus de Majicavo-Dubaï en compagnie de M’Niri Mchami, le président de l’association, elle était ravie de pouvoir également faire un geste pour aider ces familles sur le plan alimentaire. « Nous savons que se procurer de la nourriture est parfois difficile pour ces familles, surtout en période de ramadan où les tablées sont souvent plus importantes », affirme-t-elle.

Les jeunes du Léo Club Mayotte Arc-en-ciel ont organisé la collecte

Afin de fournir les deux colis alimentaires par famille à l’occasion du ramadan, Soliha a fait appel au Lions Club Mayotte Ylang qui a confié la mission à sa « section jeunes », le Léo Club Mayotte Arc-en-Ciel. Agés de 17 à 25 ans, les jeunes motivés ont fait appel à la générosité des clients des grandes surfaces pour réunir les denrées. « Nous avons demandé l’autorisation aux directeurs de HD et Baobab pour aller vers les clients qui entraient dans le magasin les samedis et dimanches », nous explique Anaëlle Zahary, une jeune bénévole de 17 ans engagée dans le club. Huile, pâte, riz, sardines, farine, les treize familles ont bénéficié gratuitement de produits de base offerts par la population qui, en temps de ramadan, se doit traditionnellement de se montrer généreuse envers les plus démunis.

 

Une solution de logement « expérimentale » contre le logement insalubre

Soliha accompagne en tout 400 familles pour les aider à trouver un logement décent. Le dispositif expérimental de Majicavo-Dubaï est en réalité une « intermédiation locative », c’est-à-dire une solution provisoire de relogement qui ne doit normalement pas excéder 18 mois. Financé par la direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS), ce dispositif est évolutif en fonction de la situation des familles. « Au-delà de l’aspect purement financier, ces logements ont pour objectif de donner une autre culture à ces familles que celle du banga en tôle. Cela leur apprend à se responsabiliser en vivant dans un logement aux normes et en payant un loyer fût-il modique », révèle Anazade Amdjad. Au vu du grand nombre de logements insalubres présents dans la commune de Koungou, la directrice confie que le dispositif pourrait excéder les 18 mois puisque le but de l’Etat est de détruire progressivement tous les habitats illégaux et/ou insalubres. Soliha est d’ailleurs toujours sollicitée pour trouver des solutions de relogement aux familles lors des opérations de destruction des quartiers informels.

« Le même mécanisme qu’une meute assoiffée par l’odeur de sang »

-
meme-mecanisme-meute-assoiffee-odeur-sang

En voulant se faire justice elle-même, une bande de Kawéni a provoqué la mort un homme de 22 ans, en avril 2019, dans le quartier du Nouveau Bandrajou. La cour d’assises des mineurs a infligé à quatre membres des peines allant de six à dix ans de prison pour avoir porté des coups. Deux ont été condamnés à cinq ans pour complicité, tandis que deux autres ont été acquittés.

Qualifié de « cour de justice parallèle », « le chantier », ce lieu où se rassemblait la bande des accusés est aussi celui qui a précipité sa chute et sa condamnation par la cour d’assises des mineurs, ce vendredi. Pour la plupart originaires d’Hada (Comores), un village d’Anjouan, les huit hommes croisaient à l’époque régulièrement leur victime, « Sergent ». Ami, connaissance, celui qui habitait alors un autre quartier de Kawéni passait souvent à Nouveau Bandrajou où il suscitait parfois la méfiance, étant connu pour sa violence. En tout cas, c’est après s’en être pris une fois de trop à un mineur du groupe, que les choses ont dégénéré dans la nuit du 12 à 13 avril 2019. Décrivant « le même mécanisme qu’une meute assoiffée par l’odeur de sang », l’avocat général Albert Cantinol rappelle comment la bande est partie à la recherche de Sergent, l’a amené au point de rendez-vous habituel pour « des explications ». Malgré la volonté initiale du groupe, elles n’ont jamais eu lieu. Car celui qui a été frappé le matin même s’est emparé d’un morceau de bois pour atteindre la victime de 22 ans à la tête. Se sont ensuivis des coups de pied, deux autres avec un marteau ou avec le plat d’une machette. Le 13 avril, vers 17h, à l’hôpital de Mamoudzou, Sergent est déclaré mort des suites de ses blessures au crâne.

Les accusés répartis en deux groupes

Dans ses réquisitions, le ministère public a pris en compte les responsabilités de chacun. L’instruction et les témoignages démontrent en effet qu’il y avait deux catégories parmi les accusés. Ceux qui ont donné les coups et les autres qui ont assisté au « jugement », voire ont aidé. Le plus jeune, qui avait 17 ans à l’époque, a été condamné à la peine la plus lourde, dix ans de prison (le nombre maximum pour un mineur). Un autre mineur, qui a reconnu avoir porté le coup de marteau, écope de sept ans de prison. « Magnele », Cherdine Attoumane, qui a donné des coups de pied à la victime, obtient six ans à Majicavo. L’un des leaders du groupe, Saïd Anli, dit « Ali Bacar », est condamné à huit ans de détention.

Arkane Abou dit « Berto » et Saïd Tasmir dit « Eric », les deux plus âgés, ont été reconnus coupables de complicité. Ils font partie du groupe qui est allé chercher Sergent pour le ramener au chantier. Leur peine est de cinq ans de prison chacun. La cour d’assises des mineurs prononce, en outre, une interdiction de territoire français aux quatre majeurs condamnés.

Deux autres ont été acquittés. Il s’avérait que l’un des membres de la bande dormait dans un banga à proximité. L’autre était bien présent au « chantier », mais sa participation aux actes n’est pas avérée. Au contraire, c’est lui qui a recueilli la victime le soir-même, avant de la porter en bas du quartier pour faciliter l’accès aux secours.

 

Le coup d’épée dans l’eau des avocats

Alors que le quatrième jour de procès avait commencé et les réquisitions déjà été données, les avocats des huit accusés ont tenté d’obtenir le renvoi de l’affaire. Ils ont ainsi soulevé une disposition figurant dans le code de procédure pénale de la justice des mineurs. Celle-ci impose que l’un des deux assesseurs de la cour d’assises des mineurs soit un juge pour enfants. Une demande renvoyée finalement par le tribunal après une nouvelle suspension de séance. Une ordonnance de la cour d’appel de La Réunion indique justement que dans « l’impossibilité » d’avoir un juge pour enfants comme assesseur, un autre magistrat peut être nommé.

En outre, en réponse à la demande initiale des avocats, le président du tribunal Cyril Ozoux a confié aux plus jeunes accusés, avant les délibérations, que l’un des assesseurs était très qualifié dans le domaine de la justice des mineurs, ayant été juge pour enfants pendant cinq ans.

« Genesis » : un opéra en swahili bientôt joué à Mayotte ?

-
genesis-opera-swahili-bientot-mayotte-
« Genesis » a été joué en 2021 en Tanzanie grâce à une collaboration entre la compagnie Eastambul d’Alain Kamal Martial et le théâtre Lumumba.

Le célèbre dramaturge mahorais Alain Kamal Martial a écrit et composé un opéra régional qui retrace la création du monde selon la culture bantoue. Déjà joué en 2021 en Tanzanie et soutenu par l’Institut Français, ce spectacle professionnel mettant en scène de nombreux artistes d’Afrique de l’Est n’a toujours pas pu être représenté sur l’île d’origine de son auteur. En cause : aucun organisme culturel mahorais n’a pris la peine d’acheter le spectacle…

Ecrire la création selon les peuples bantous, tel est le projet de l’opéra régional « Genesis », entièrement écrit, composé et mis en scène par le dramaturge mahorais Alain Kamal Martial. « Les peuples bantous vivent majoritairement dans les pays entourant le fleuve Zambèze. C’est-à-dire en Zambie, au Zimbabwe, en Namibie et au Mozambique. Mais leur influence dépasse ces pays-là et une grande partie de l’Afrique de l’Est, canal du Mozambique compris, est grandement influencée par la culture bantoue », affirme le dramaturge. Mayotte elle-même tire une grande partie de sa culture chez les bantous, même si d’autres influences sont arrivées après. « Ce sont des peuples matriarcaux dont la mythologie est dominée par la croyance en la déesse créatrice Zambe. » L’auteur souhaite redonner une place d’honneur à ce qu’il appelle « le féminin supérieur », une énergie maternante qui permettrait notamment de recréer du lien entre les peuples d’origine de la région.

Cet opéra est en fait un extrait de son roman « Zambezia » dont il a voulu mettre en lumière l’une des parties. S’il se base sur la mythologie imprégnant l’Afrique de l’Est, la première partie du roman se déroule dans l’univers urbain avec tout ce qu’il implique de violence et de prostitution. L’opéra suit le parcours de Xamba, jeune fille qui se prostitue dans l’espoir de trouver un jour l’amour et la richesse, mais qui, au terme d’un parcours initiatique débuté en suivant une légende urbaine, finit par rencontrer la déesse Zambe. Elle redescend alors dans le monde matériel pour distribuer son énergie féminine chez les humains en chantant et dansant. « Il s’agit de désarmer la haine et la colère grâce à un art poétique touchant la sensibilité par rapport à la mère », explique Alain Kamal Martial. Pour lui, le salut des enfants de Mayotte passe donc par un retour aux sources de la culture bantoue et par le lien inter-régional. « Il faut proposer à la jeunesse une autre dynamique et réussir à les toucher à travers l’émotion », continue-t-il.

Une diffusion à Mayotte encore sous réserve

Le dramaturge plaide pour que ce spectacle soit joué sur l’île aux parfums. Il rêve d’une représentation à laquelle justement les enfants de la rue pourraient assister afin de s’imprégner de son message. « Dans mon opéra, il n’est nulle question de colonisation ou de traite négrière. J’ai voulu au contraire célébrer la vie et montrer qu’on peut voir l’histoire selon un autre axe », décrit-il. Il désigne son œuvre sous le terme de « bongo opéra », « bongo » signifiant « la saveur » et, par extension, « la chose du pays » en langue swahilie. Ce spectacle est soutenu par plusieurs organismes culturels dont la direction des affaires culturelles (Dac) Mayotte. Il a été acheté par La Réunion et l’Union Africaine et une grande tournée est prévue sous peu. Quid de la diffusion sur l’île d’origine de son auteur ? « J’ai prévu la date du 21 juin à Mayotte et j’ai fait pour cela une demande de subvention auprès de la coopération régionale. Mais pour l’instant, je n’ai toujours pas eu de réponse », déplore Alain Kamal Martial.

Le spectacle nécessite beaucoup d’artistes professionnels et donc une structure en mesure de l’acquérir. « Normalement, ce serait à l’Office départemental de la Culture de l’acheter. » En attendant, beaucoup d’artistes, comme le Mahorais, sont obligés de s’exporter dans d’autres pays pour voir leur œuvre enfin diffusée. « Je vais là où le travail m’appelle », indique d’ailleurs le dramaturge. « Genesis » sera ainsi joué au mois de juin en Tanzanie, où il a reçu le soutien de l’ambassade de France, et au Kenya. A Mayotte, l’avenir nous le dira en espérant que l’île retrouve bientôt un certain dynamisme culturel !

La promesse d’un nouvel élan pour l’agriculture mahoraise

-
promesse-nouvel-elan-agriculture-mahoraise
Mélanie Loriot, formatrice en agronomie, coordinatrice de la formation BPREA et responsable des formations au sein du CFPPA de Coconi.

Attendue depuis longtemps à Mayotte, la première promotion du brevet professionnel responsable d’entreprise agricole (BPREA) a débuté sa formation mi-février au centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) de Coconi. De quoi donner un coup de pouce à la filière qui peine à se structurer sur l’île.

Quinze étudiants, neuf formateurs permanents, 35 heures de cours par semaine, voilà ce que représente le brevet professionnel responsable d’entreprise agricole (BPREA°. Pendant dix mois, les élèves apprendront au détour d’ateliers pratiques et de cours théoriques comment gérer une entreprise agricole. « Les étudiants voient un peu de tout, que ce soit en maraîchage ou en élevage », explique Mélanie Loriot, formatrice en agronomie, coordinatrice de la formation BPREA et responsable des formations au sein du centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) de Coconi.

promesse-nouvel-elan-agriculture-mahoraise
La première promotion du brevet professionnel responsable d’entreprise agricole (BPREA) a commencé en février.

Du choix des plants en passant par le diagnostic des sols, les semis puis la récolte, ou encore les règles élémentaires de zootechnie, les agriculteurs sauront tout faire. « Nous avons la chance d’avoir un plateau technique parfait où nous pouvons tout faire sur place et nous complétons avec des visites d’exploitations », affirme la formatrice avant de poursuivre : « L’intérêt est avant tout de présenter des exemples concrets pour coller au contexte local ». De quoi donner aux futurs diplômés toutes les clés en main pour monter un projet viable et respectueux de l’environnement.

Un métier où tout doit être pensé

Les pieds dans la terre et la tête dans les chiffres l’agriculteur d’aujourd’hui doit également apprendre à être un responsable d’entreprise. « Tâches administratives, gestion et autonomie », telle est la thématique du cours du jour. « Nous allons voir comment réguler son activité en fonction de ses objectifs », s’exclame Mélanie Loriot, un feutre dans une main et une pile de petits papiers adhésifs dans l’autre. L’exercice ? Écrire une action, un objectif et une finalité à mettre en œuvre avec comme exemple l’exploitation agricole de Latouldine Madi, à Barakani, présentée comme un “cas d’école”.

promesse-nouvel-elan-agriculture-mahoraise
Une partie de la formation se déroule dans les serres du lycée agricole de Coconi.

Très studieux, les étudiants remplissent un à un les papiers de couleurs qui viennent compléter une arborescence bigarrée au tableau. “Ne pas polluer”, “vivre de son activité”, “faire découvrir l’agriculture mahoraise”, autant d’objectifs que s’est fixé l’agriculteur. “Cette formation me permet de bien ficeler mon projet et de mieux cerner certains points à améliorer”, confie modestement le Mahorais. Alors qu’il s’est lancé il y a quelques années dans l’aventure agraire, grâce au BPREA, le producteur pourra obtenir la capacité agricole et avec elle des aides lui permettant de développer son activité, mais aussi de se verser un salaire décent. “Mon souhait serait de faire de l’agrotourisme. J’ai toujours eu envie d’accueillir du monde chez moi, leur faire découvrir mon travail et vendre le fruit de mes récoltes. Avec le BPREA, je pourrais obtenir une légitimité supplémentaire”, dit Latouldine en souriant.

Celui-ci repart ravi avec un projet en pleine construction et peut-être des réservations toujours plus nombreuses pour les curieux qui souhaitent découvrir son jardin mahorais.

Deux spectacles vivants programmés au pôle culturel de Chirongui

-

Le pôle culturel Moussa Tchangalana de Chirongui programme deux spectacles vivants le mardi 19 avril à 19h30 et le vendredi 22 avril à la même heure.

Le premier est un spectacle de cirque de la compagnie mahoraise Rêvons l’Envers. En 2011, l’association Atomix qui promeut les arts du cirque, les musiques nouvelles et électroniques développe une section circassienne, née de l’effervescence de passions communes à savoir la musique, la danse, le tissu aérien, le théâtre, la jonglerie et autres pitreries. Spécialisée dans les aériens (cerceau, tissu), la compagnie évolue au gré des rencontres et pratique aussi du théâtre, de la danse, des acrobaties.

Le second est à l’initiative de la compagnie réunionnaise Cirquons Flex. « Appuie-toi sur moi » est un conte circassien, une confidence impudique faite au public dans une grande promiscuité, qui nous fait voyager dans les aléas d’une rencontre improbable et étranger. L’acrobatie, le mouvement et la théâtralité des corps rentrent en résonance avec le récit oral, sans pour autant l’illustrer. Les spectateurs réunis autour de la piste se retrouvent plongés dans l’intimité des protagonistes qui se livrent à cœur ouvert.

Pour réserver vos places, rendez-vous sur https://yurplan.com/event/Revons-l-envers/78219 et sur https://yurplan.com/event/Cirquons-Flex/83481

Huit influenceurs européens partent à la découverte des Caraïbes, de la Guyane et de l’océan Indien

-

Huit jeunes talents, originaires de plusieurs pays de l’Union européenne et sélectionnés parmi près de 600 candidats, partiront bientôt à la découverte des régions ultrapériphériques (îles Canaries, Guyane, Guadeloupe, Martinique, Mayotte, La Réunion, Saint-Martin, Açores, Madère) dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne (PFUE).

Du 5 au 17 mai prochains, ils découvriront ces territoires à travers deux parcours, « Caraïbes/Guyane » et « océan Indien », étudiés sous le prisme des projets financés par l’Union européenne dans les régions ultrapériphériques françaises. Dans ce cadre, ils contribueront à les valoriser sur les réseaux sociaux auprès de leurs communautés respectives.

Les lauréats retenus pour le #RoadTripEUR par le ministère des Outre-mer sont Afonso (Portugal) https://www.instagram.com/afonsantos/ ; Luna (Espagne) https://www.instagram.com/lunalionne/ ; Willem (France, Martinique) https://www.instagram.com/officialwillem/ ; Sara (France, La Réunion) ; https://www.instagram.com/ssandhyae/ ; Estelle (Belgique) https://www.instagram.com/estellemldrs/ ; Anatole (France) https://www.instagram.com/anatole_enicolo/ ; Roxana (Roumanie) ; https://www.instagram.com/roxadventures/ ; Esperanza (Espagne) https://www.instagram.com/hachemudayt/.

 

Pour suivre les dernières actualités relatives au projet #RoadTripEUR, n’hésitez pas à vous abonner aux comptes de réseaux sociaux des talents indiqués ci-dessus ainsi qu’aux pages et comptes de réseaux sociaux institutionnels suivants : https://www.outre-mer.gouv.fr/ ; https://twitter.com/lesoutremer ; https://www.facebook.com/lesoutremer ; https://www.instagram.com/lesoutremer/ ; https://cd.linkedin.com/company/minist%C3%A8re-des-outre-mer ; https://www.youtube.com/channel/UCx33M2vtomu6DCDUFWfr7gA.

Un nouvel appel à projets pour lutter contre les drogues et les conduites addictives

-

Dans un environnement local en pleine mutation, les défis en matière de jeunesse, de santé, mais aussi de prévention de la délinquance nécessitent une mobilisation des différents acteurs dans le champ de la lutte contre les drogues et les conduites addictives. Depuis 2016, un appel à projets annuel est spécifiquement dédié à la prévention des drogues et des conduites addictives. En quatre ans, plusieurs dizaines de projets ont ainsi pu être soutenus et accompagnés, avec de nombreux professionnels formés, permettant la structuration d’un véritable réseau d’acteurs dynamiques promouvant des actions nouvelles sur le territoire en la matière.

La démarche partenariale engagée entre la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), l’agence régionale de santé (ARS), la politique de la ville (ANCT) et la caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM) est reconduite en 2022. Ainsi, l’ensemble des financements publics en matière de prévention des drogues et des conduites addictives, de promotion des soins et de la réduction des risques, du respect de la loi ou de la lutte contre le trafic seront mutualisés dans cet appel à projets dédié.

L’effort de prévention reste orienté vers les populations qui, pour des raisons sanitaires ou sociales, sont les plus exposées aux risques et aux dommages dus aux substances psychoactives et auprès des publics en milieu scolaire, festif et professionnel. Une attention particulière sera portée sur les habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Cet appel à projets s’inscrit dans un ensemble de priorités qui ont été définies par la MILDECA au niveau national : sensibiliser les publics fragiles et particulièrement exposés et prévention visant à éviter ou retarder les premières consommations ; limiter la disponibilité des produits et mieux encadrer la vente de tabac et d’alcool ; former et mettre en réseau les acteurs ; accompagner et soutenir les parents dans la politique de prévention ; communiquer sur le terrain en direction des populations ; prévenir et réduire les risques en milieu festif.

Tous les porteurs de projets, publics comme privés (collectivités, opérateurs, associations, etc.), qui souhaitent soumissionner à cet appel à projets pourront trouver son contenu et ses modalités, ainsi que le formulaire de demande de subvention, sur le site internet de la préfecture de Mayotte :

http://www.mayotte.pref.gouv.fr/Publications/Appels-a-projets.

Le dossier de candidature devra être déposé sur « Démarches simplifiées » avant le lundi 30 mai à 23h59 avec la mention « AAP-MILDECA 2022 » : https://www.demarches-simplifiees.fr/commencer/demande-subvention-investissement-mayotte.

Avec sa marque de vêtements, Lovely Mayotte veut faire rayonner le territoire

-
marque-vetements-lovely-mayotte-rayonner-territoire

Depuis le 1er décembre 2021, Lovely Mayotte propose des t-shirts qui mettent en lumière les activités, les lieux et les expressions emblématiques de l’île aux parfums. Derrière ce projet, se trouve Ben Jung, un graphiste indépendant, qui associe sa communauté sur Instagram pour créer et développer les modèles. Une aventure éco-responsable qui fait son petit bonhomme de chemin et qui séduit de plus en plus d’adeptes.

« Samedi Sakouli », « Poutou Power », « Voulé Club », « Paka Tcho »… Depuis le 1er décembre 2021, la marque de vêtements Lovely Mayotte propose des t-shirts pour mettre en valeur des activités, des lieux et des expressions emblématiques du 101ème département. Derrière ce concept : Ben Jung, un graphiste indépendant.

Tout commence en mars 2018 lors de la fameuse grève qui paralyse l’ensemble de l’île aux parfums. Lassé de la « mauvaise presse » dont fait preuve le territoire à l’échelle nationale, il souhaite donner « un aperçu différent » et parler de « ses richesses », de « sa géographie », de « son lagon ». En clair, de toutes les merveilles qui caractérisent Mayotte ! Lors de son arrivée au mois de mai de la même année, le Strasbourgeois d’origine lance alors le compte Lovely Mayotte sur Instagram pour partager des photos. « Ça a assez vite pris et grandi. Aujourd’hui, cela fait bientôt quatre ans que ça dure. »

Des designs créés en lien avec la communauté

Puis lui vient l’idée d’aller encore plus loin et d’utiliser ses compétences professionnelles afin de ne pas se contenter de garder « tout ça en virtuel ». Covid oblige, le projet prend du retard, mais Ben Jung profite de la période pour proposer à ses « followers » de devenir des ambassadeurs de sa marque. « Tous les designs des t-shirts ont été créés en lien avec la communauté », assure le trentenaire, ravi de cette coopération. « L’objectif est vraiment que tout le monde puisse se retrouver dans un modèle. Samedi Sakouli, c’est un clin d’œil à tous ceux qui vont manger une salade au O’Lolo ou un tartare au 23. Le Voulé Club, c’est pour tous les amateurs du barbecue traditionnel. »

Et dès les débuts, l’engouement est au rendez-vous ! « Nous avons directement été en rupture de stock », rembobine le directeur artistique, qui vante le « potentiel important » de cette affaire. Preuve en est : « nous sommes toujours sur la même lancée » près de cinq mois plus tard. Même si les ventes (environ 250) s’avèrent encore très ancrées sur Mayotte, les produits sont accessibles en Hexagone et à La Réunion à destination de Mahorais qui y vivent ou d’anciens métropolitains nostalgiques de leur séjour sur le département.

Éco-responsables, coton certifié bio

Pas question pour autant d’avoir les yeux plus gros que le ventre. « Notre ambition n’est pas forcément d’avoir les résultats des grosses marques, mais plutôt de traduire visuellement les envies de la communauté », prévient Ben Jung. D’où les sept modèles seulement disponibles. « Les t-shirts sont éco-responsables, fabriqués avec un coton certifié bio. Nous prônons une expérience la plus éthique possible. Nous ne voulons pas de gros stocks en permanence. Au contraire, nous sommes davantage dans la recherche de nouvelles collections en fonction des demandes des uns et des autres. »

Pour la suite, Lovely Mayotte travaille sur la réalisation d’un guide pour les néo-arrivants qui souhaitent s’investir sur le territoire, mais aussi sur la possibilité de s’exposer dans des boutiques partenaires puisque la marque ne fonctionne que par livraison à l’heure actuelle. « Notre demande pour le marché de Coconi n’a pas été acceptée, faute de place. Nous restons ouverts aux autres propositions, mais ce n’est pas encore concret. » En tout cas, le pari est une franche réussite : faire briller Mayotte à travers le monde !

> Visiter le site Lovely Mayotte

Fin de la perquisition au Sidevam : ce que l’on sait

-
fin-perquisition-sidevam

Le lundi 4 avril, les gendarmes et les magistrats du parquet national financier (PNF) ont commencé leur perquisition au siège du Sidevam 976, à Dzoumogné. Cette intervention réalisée dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « détournement de fonds publics », « favoritisme », « recel » et « corruption » a pris fin ce mardi et concerne la gestion du syndicat des déchets entre 2017 et 2019. Deux personnes ont été placées en garde à vue, ce lundi, assure le PNF.

Créé pour traquer les affaires de délinquance économique et financière, le parquet national financier scrute souvent l’utilisation de l’argent public, comme ces derniers temps à Mayotte, où l’ancien fonctionnement du Sidevam l’a amené à ouvrir une enquête.

Que s’est-il passé ?

Comme nous l’indiquions dans notre édition du mardi 5 avril, une perquisition a eu lieu au siège du Sidevam, à Dzoumogné. L’ancienne gestion du syndicat chargé de la collecte des déchets à Mayotte intéresse le parquet national financier (PNF). Sept gendarmes parisiens, deux magistrats du PNF, ainsi que deux gendarmes de la section de recherche de Mamoudzou, ont procédé aux investigations à Mayotte du lundi 4 au mardi 12 avril.

Que reproche-t-on au Sidevam ?

L’enquête a été ouverte pour quatre chefs, « détournement de fonds publics », « favoritisme », « recel » et « corruption ». Tout part d’un rapport de la chambre régionale des comptes datant de fin 2020. Dans celui-ci, plusieurs irrégularités sont notées, outre un dysfonctionnement des collectes, il pointait des défaillances dans les ressources humaines. « La mise en place du nouvel organigramme n’a été accompagnée ni par la formalisation de fiches de postes ni par la fixation d’objectifs écrits. Elle a revanche conduit à créer de nouveaux postes dont le nombre et la pertinence peuvent être légitimement interrogés », constatait la chambre. Des manquements dans l’attribution des marchés publics ont aussi été observés. « Faute de compétences organisées dans ce domaine, la vingtaine de marchés passés par le syndicat, hors les achats plus importants confiés à l’UGAP, présentent de nombreux écueils », s’inquiétait l’instance.

Pourquoi maintenant ?

Le PNF peut se saisir lui-même de l’affaire s’il juge que les éléments le permettent. Emmanuelle Fraysse, secrétaire générale du parquet national financier, confirme que l’enquête a été ouverte « suite à la réception d’un rapport de la chambre régionale des comptes de Saint-Denis de La Réunion ». Lundi 4 avril, les salariés du syndicat admettaient qu’ils n’étaient pas été surpris par cette perquisition. Ils s’y attendaient un jour ou l’autre.

Qui est concerné ?

Du fait de la période concernée (de 2017 à 2019) et du turnover au sein du Sidevam 976, c’est plutôt l’ancienne équipe qui est dans le collimateur du parquet. Car, depuis, un nouveau directeur général des services a été recruté. Pareil pour la présidence du syndicat, c’est Houssamoudine Abdallah, l’actuel maire de Sada, qui en a la charge. La secrétaire générale du PNF précise toutefois que « deux personnes ont été placées en garde à vue, le lundi 11 avril ».

Que cherche le PNF ?

Si le parquet ne souhaite pas communiquer sur « les documents recherchés », celui-ci s’est concentré sur la recherche de mails envoyés à l’époque par l’équipe de direction, mais aussi les éléments comptables comme les factures.

Est-ce que cette recherche a porté ses fruits ?

Le PNF n’a pas souhaité dévoiler les éléments trouvés ni même si les gardes à vue ont fait avancer l’enquête, mais celle-ci se poursuit. « Aucune décision d’orientation ne prise à l’issue des actes d’enquête qui se sont déroulées à Mayotte, les investigations vont se poursuivre en préliminaire », annonce-t-il.

La pharmacie des Badamiers devra-t-elle fermer ses portes ?

-
pharmacie-badamiers-devra-fermer-portes

Par décision de justice, la pharmacie des Badamiers à Labattoir pourrait fermer. Accédant finalement à la requête d’un concurrent au terme d’une bataille judiciaire de près de cinq ans, la cour administrative d’appel de Bordeaux a annulé la création de l’officine des Badamiers. En cause : un déficit de documents liés au code de l’urbanisme.

Voilà près de cinq ans qu’un pharmacien souhaitant s’installer en Petite-Terrer contestait la création de la pharmacie des Badamiers. Il souhaitait en effet également créer son officine à Labattoir, mais le dossier de création de sa concurrente est parvenu plus vite à l’agence régionale de santé de l’océan Indien (ARS-OI). Cette dernière a jugé en 2017 que le dossier était complet et a autorisé la création du commerce des Badamiers, le troisième du genre en Petite-Terre.

C’était sans compter sur la détermination du plaignant. Après trois rejets de sa requête auprès du tribunal administratif de Mayotte, il a eu gain de cause auprès de la deuxième chambre de la cour administrative d’appel de Bordeaux. A l’encontre de l’opinion de l’instance mahoraise, celle de métropole a jugé la requête recevable et a fait annuler la décision de l’ARS-OI d’autoriser la création d’une officine à l’enseigne « pharmacie des Badamiers ». Elle a également fait annuler le rejet du dossier de création de la pharmacie des Orchidées à Labattoir, ainsi que les trois jugements précédents du tribunal administratif de Mayotte.

Un déficit d’autorisation d’urbanisme

La raison principale invoquée pour faire fermer cette pharmacie est le manque de documents administratifs liés au code de l’urbanisme. Mirasse Boussaïdi, la pharmacienne titulaire des Badamiers a en effet transformé un local à usage d’habitation en usage commercial sans avoir fait les demandes d’autorisation nécessaires. « En l’espèce, il est constant que le local en cause était, à la date du 23 mai 2017, destiné à un usage d’habitation, de sorte que la demande de création de pharmacie de Mme B… impliquait à tout le moins une déclaration de travaux en vertu des dispositions précitées du code de l’urbanisme, alors même que ce changement de destination ne se serait pas accompagné de travaux. », peut-on lire dans la décision de justice.

Mirasse Boussaïdi est stupéfaite par cette décision. « La plainte a été jugée trois fois par le tribunal administratif de Mayotte, une fois par cette même cour de Bordeaux, a été envoyée sans succès au Conseil d’Etat à Paris, puis est revenue à Bordeaux. C’est la première fois qu’un tribunal donne raison au plaignant ! » déplore-t-elle. Elle fermera les portes de sa pharmacie ce mardi 19 avril pour organiser une « journée d’information » à destination de sa patientelle. Cependant, elle ne sera forcée de fermer définitivement qu’à partir du moment où l’ordre des pharmaciens annulera sa licence. « Je n’ai aucune information concernant la date de fermeture obligatoire si bien que je suis obligée de travailler avec une épée de Damoclès au-dessus de ma tête », se désole-t-elle.

La pharmacienne des Badamiers souhaite se tourner vers le Conseil d’Etat pour faire revoir la décision de justice de la cour d’appel de Bordeaux. Cependant, les délais de cette démarche étant très longs, elle sera de toute façon obligée de fermer un temps pour rouvrir plus tard en recommençant tout à zéro. « En fermant du jour au lendemain, je vais crouler sous les dettes et serai dans l’impossibilité de payer mon local et mes employés », déclare-t-elle. Sans compter que cela nuira aux patients habitués depuis cinq ans à fréquenter cette pharmacie.

Une nouvelle pharmacie ouvrira-t-elle bientôt ?

Le jeu en valait-il la chandelle pour le pharmacien des Orchidées ? Rien n’est moins sûr. En effet, si la décision de la cour administrative d’appel de Bordeaux fait annuler son rejet de dossier de création d’officine déposé en 2017, elle ne lui assure pas pour autant que son dossier sera automatiquement accepté prochainement. « Eu égard au motif d’annulation, le présent arrêt n’implique pas que le directeur de l’ARS-OI délivre à la société Pharmacie Les Orchidées l’autorisation de création de pharmacie sollicitée, mais seulement qu’il procède à un nouvel examen de sa demande », peut-on lire dans la décision de justice.

En parallèle, l’ARS, dont la décision de justice a remis en cause, a maintenant deux mois pour statuer sur la licence de la pharmacie des Badamiers.

« Les Mahorais ont besoin de réponses claires »

-
mahorais-besoin-reponses-claires
Les candidats aux élections législatives, Yasmina Aouny et Issa Issa Abdou, entourent la présidente du MDM, Moizari Ahamada.

Le Mouvement pour le développement de Mayotte (MDM), qui s’est réuni récemment à Bandrélé, entend peser de nouveau dans le paysage politique mahorais. Deux candidats sont d’ores et déjà été choisis pour le représenter aux élections législatives de juin, Yasmina Aouny et Issa Issa Abdou.

Autour de la présidente Moizari Ahamada, une partie du bureau du Mouvement pour le développement de Mayotte (MDM) a tenu une conférence de presse, ce jeudi, à Mamoudzou. Créé en 1963, celui qui était à l’époque le Mouvement départementaliste mahorais avait pour but, comme son nom l’indique, la départementalisation de l’île. Mais cette dernière actée, puis les divisions, ont peu à peu fait diminuer la voix du parti. Pourtant, plusieurs sujets concernant l’île méritent d’être portés, estiment ses membres. Scindé en deux camps, le MDM a donc acté sa réunion à Acoua l’année dernière.

Une réconciliation bienvenue pour les 900 adhérents sur l’île et qui va de pair avec le contexte actuel n’est pas loin de penser le bureau. « Il y a vingt ans, on m’a dit que Mayotte était une vraie poudrière, et aujourd’hui ,c’est en train d’exploser. Il faut agir. Si on rate ce virage, ce sera le chaos », dit Issa Issa Abdou d’un ton alarmiste. L’ancien vice-président du conseil départemental joue encore une place centrale dans un parti qu’il juge « rajeunie et féminisée ».

Conscient que les questions d’immigration et de sécurité sont devenues primordiales, le MDM compte s’en emparer, quitte à gommer son image centriste. « Notre slogan sera « Liberté, égalité, sécurité » », prévient d’ailleurs l’ancien élu, désormais candidat aux élections législatives. « Il y a un manque d’anticipation. Les Mahorais ont besoin de réponses claires, à la hauteur de la gravité de la situation », continue-t-il.

Un duo paritaire pour les élections législatives

Prochaine échéance dans le viseur du parti justement, le premier tour des élections législatives aura lieu les 12 et 19 juin. Deux candidats sont déjà désignés. C’est Yasmina Aouny, la militante associative de M’Tsamboro, qui se présente dans la circonscription nord. Issa Issa Abdou, lui, visera le sud. « On est le seul parti à présenter déjà ses deux candidats », fait remarquer Nadjim Ahamada, qui vient de laisser sa place de porte-parole du mouvement et a dorénavant les sénatoriales au programme.

Preuve que l’étiquette du MDM peut se marier avec une autre, la candidate du nord ne désespère pas d’obtenir l’investiture de l’Union populaire, elle qui a été un soutien actif de Jean-Luc Mélenchon ces dernières semaines. Le deuxième candidat lui aussi veut jouer l’ouverture, sans pour autant prétendre à une étiquette d’un parti métropolitain. « On est ouvert à toutes les bonnes volontés », avertit-il.

Ne reste plus qu’à convaincre les Mahorais d’en avoir aussi pour les prochaines échéances électorales.

 

Présidentielle 2022 : le MDM préfère ne pas choisir de candidat

A une semaine du deuxième tour de l’élection présidentielle, le Mouvement pour le développement de Mayotte a décidé de ne pas donner de consignes dans le choix des candidats. « L’heure est grave. On comprend la colère des Mahorais », répond Yasmina Aouny, qui tient quand même à « éviter l’abstention ». Leur parti, réputé centriste, a pourtant œuvré avec les différents présidents, qu’ils soient de gauche ou de droite. « On peut être aux côtés du gouvernement, mais on reste très exigeant. Et on a pleinement conscience qu’il faut pouvoir discuter avec lui, peu importe le bord », explique ainsi la candidate aux élections législatives.

“J’essaie de travailler pour que les sacrifices qui ont été faits pour moi ne soient pas vains”

-
travailler-pour-sacrifices-pas-vains
Wakil Elmoutawakil Soidri est étudiant en deuxième année de classe préparatoire aux grandes écoles.

Étudiant en deuxième année de classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) physique et technologie au lycée Bamana à Mamoudzou, Wakil Elmoutawakil Soidri traverse la dernière ligne droite avant les concours. Après une mention très bien au brevet des collèges puis au baccalauréat, l’élève de vingt ans continue de voir grand pour son avenir.

“Qu’est-ce que je veux faire plus tard ? Le problème, c’est que tout m’intéresse”, s’amuse Wakil. Après un baccalauréat scientifique, cet habitant de Doujani a intégré une classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) au sein de son lycée. Bon élève et déterminé, l’élève parle de cette expérience comme d’un rite initiatique. “La classe préparatoire m’a permis de grandir, près de ma famille, dans un établissement que je connais, dans un cadre où je me sens en sécurité et surtout dans une ambiance positive pour se développer”, dit le jeune homme avec philosophie et un langage châtié. Comme partout, la première année d’enseignement après le baccalauréat peut paraître insurmontable pour les étudiants et nombre d’entre eux abandonnent. “Il y avait un gros décalage entre la terminale et la prépa mais dès que l’on réussit quelque chose on reprend espoir et on se dit que tout est possible, qu’on peut le faire”, témoigne l’étudiant, le sourire aux lèvres.

travailler-pour-sacrifices-pas-vains
Il fait partie de la première promotion du lycée Bamana.

Égalité des chances à Mayotte, utopie ou réalité ?

Cadre de vie, moyens, éducation au sein du 101e département, de grandes différences sociales subsistent entre les élèves. Né sur l’île aux parfums puis contraint de rentrer aux Comores, Wakil connaît l’importance du travail et des études. “Certains sont issus de familles aisés et n’ont pas à s’inquiéter de leur avenir, mais pour ceux qui viennent de milieux plus modestes, l’enjeu est tout autre”, détaille-t-il. Si certains pourraient prendre leur condition pour une fatalité, l’étudiant a quant à lui décidé d’en faire une force, « Certes il y a une inégalité mais c’est parce qu’elle est là qu’on doit se battre”, dit-il avec le sourire.

“Cela n’a jamais été un problème pour moi de vivre dans un banga avant le coronavirus”, affirme l’étudiant. Pas de connexion internet, isolement, lieu de vie exigu, il aurait pu tout lâcher. Toutefois, la détermination a pris le pas sur le quotidien. “Je me suis fixé une rigueur personnelle et j’ai pu obtenir un accès internet pour suivre mes cours à distance ce qui m’a permis de continuer à travailler à fond.” Un exemple de résilience pour une jeunesse souvent pointée du doigt pour son oisiveté.

« Malgré les chagrins et les nuits blanches »

Le nez dans les livres et la tête dans les concours, Wakil espère décrocher une place au sein d’une école d’ingénieur ou une université en métropole. “Malgré les chagrins et les nuits blanches peu importe le résultat du concours je n’aurai pas de regrets”, assure l’étudiant. Soutenu par ses enseignants et sa famille, il compte bien prouver qu’importe ses origines et ses moyens avec de la détermination le monde nous appartient. “Il y a plein d’obstacles qui font que dès lors qu’on tente de s’approcher de l’égalité il y a toujours un problème qui vient rebattre les cartes. Aujourd’hui, j’essaie de travailler pour que les sacrifices qui ont été faits pour moi ne soient pas vains.” Une fierté qu’il peut déjà lire dans le regard ses parents très fiers de lui et confiants pour son avenir.

 

L’égalité des chances à Mayotte avec les Cordées de la réussite PHOTO

Afin d’ouvrir à tous les élèves qui le souhaitent les portes vers un avenir universitaire, du 11 au 15 avril 2022, la délégation de Sciences Po Lille est à Mayotte. Grande école française d’enseignement supérieur dans les domaines des sciences sociales et politiques, des relations internationales et de l’économie, l’IEP de Lille fascine autant qu’elle attire. La venue de sa délégation a lieu dans le cadre du partenariat développé avec le rectorat de Mayotte dans le cadre des Cordées de la réussite « Excellence vers Lille » au profit du lycée Tani Malandi à Chirongui et des collèges Bakari Kusu de Dzoumogné, Marcel-Henry de Tsinkoura, Bouéni et Ylang Ylang de Kani-Kéli. L’objectif est d’offrir des perspectives aux élèves participants grâce à la réalisation d’un travail collectif et à l’intervention des étudiantes tutrices. Six autres lycées de l’île bénéficieront également d’une présentation de l’IEP de Lille et des parcours des étudiantes.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes