Un jeune homme de 18 ans a été interpellé et placé en garde à vue, mercredi après-midi. Il est soupçonné d’être l’auteur du feu qui a ravagé plusieurs habitations du quartier Brésil, à Tsoundzou 1, ce mardi.
Aucune victime n’a été recensée après l’incendie impressionnant de ce mardi. Pourtant, plusieurs bangas du quartier Brésil, à Tsoundzou 1, n’ont pas résisté aux flammes en début d’après-midi. La cause serait volontaire, estime la police de Mamoudzou. Les premiers témoignages désignent un jeune homme de 18 ans. En même temps qu’il mettait le feu aux bangas, il aurait crié aux habitants de “dégager”. Si ces derniers n’ont pas pu expliquer les raisons de son geste, l’une des hypothèses serait que son propre banga aurait été détruit par les riverains.
Placé en garde à vue
Recherché, le principal suspect a tenté de se faire oublier en ralliant l’ouest de l’île, avec la possibilité de passer aux Comores. Toutefois, la brigade anti-criminalité a réussi à le localiser à Chiconi chez un de ses proches et à procéder à son interpellation, ce mercredi après-midi. Connu comme “un délinquant notoire” par les policiers, il a été ramené à Mamoudzou et placé en garde à vue afin d’être interrogé.
Passamaïnty : Deux interpellations après une rixe au niveau du stade
Deux bandes de Passamaïnty et de Tsoundzou se sont rendues coup pour coup, ce mardi 10 mai, vers 21h15 au niveau du stade du premier village. Après un premier règlement de comptes qui a abouti à l’inconscience de l’un d’eux, les échauffourées ont repris de plus belle lorsque quelques jeunes ont pénétré dans le bar Le Mahazatra. Au même moment, le gérant faisait rentrer les quelques consommateurs présents à ce moment-là à l’intérieur de l’établissement.
Une pluie de projectiles (des cailloux et du verre) a alors fusé dans tous les sens, ce qui a obligé la fermeture de la devanture. “J’ai réussi à me faufiler sous le rideau de fer in extremis, si je n’avais pas eu le réflexe, je ne sais pas comment ça serait terminé”, relate encore sous le choc l’un des clients. “En près de quatre ans à Mayotte, je n’ai jamais vu ça… C’était vraiment chaud !” Au bout de quelques minutes, plusieurs véhicules de la police nationale sont intervenus sur place pour sécuriser la route de Vahibé. Celle-ci nous a confirmé que deux interpellations ont eu lieu.
Younoussa Abaine, le président de la maison familiale rurale de Doujani, Ali Nizary, président de l'union départementale des affaires familiales, Jérôme Millet, le sous-préfet en charge du social, Dominique Ravon, le président de l'union nationale des Maisons familiales rurales d'éducation et d'orientation.
Développées partout en France, les maisons familiales rurales (MFR) proposent aux jeunes un modèle de formation alternatif pour s’intégrer pleinement dans la société puis dans le monde du travail. À Doujani, la troisième MFR de Mayotte a inauguré ses nouveaux locaux rue Cheik Ahmed Soilihi ce mercredi 11 mai.
“Les MFR sont un moyen de lutter contre les maux sociaux de manière pérenne.” Lorsqu’il s’agit d’évoquer la structure pour laquelle il travaille, le président de la maison familiale rurale de Doujani, Younoussa Abaine, ne mâche pas ses mots. Un espace de formation qui a pour point de départ “un constat alarmant portant sur la délinquance juvénile et la déscolarisation” sur l’île aux parfums. “Notre travail consiste à forger l’intellect, à apprendre le vivre ensemble et à garantir l’acquisition de savoir dans le cadre de l’instruction obligatoire”, poursuit Younoussa Abaine.
Les représentants de la préfecture, de l’union nationale des maisons familiales rurales d’éducation et d’orientation ainsi que le grand Cadi de Mayotte ont assisté aux discours d’inauguration de la nouvelle MFR Est de Doujani.
L’égalité des chances
“J’ai moi-même commencé mes études dans une MFR”, témoigne Abdoulmadjid Harache, moniteur au sein de la nouvelle antenne de Doujani. Grâce à une formation en alternance dès la classe de quatrième, les élèves ont la possibilité de choisir un avenir qui leur ressemble. “Mon emploi du temps se partage entre les cours et les stages”, confie Mousna, 17 ans, en formation à la MFR de Doujani. Entre la vente, l’agriculture ou encore la coiffure, la jeune fille hésite encore : “Cette expérience m’a permis de découvrir plusieurs métiers.” Forte de cette expérience, l’élève va pouvoir décider d’un projet de carrière qui répond à ses envies.
“Un jeune qui vient en MFR est un jeune pour qui le système d’éducation n’est pas adapté et qui veut être dans l’action tout de suite. Depuis 85 ans, les MFR permettent de faire émerger des jeunes qui ont envie de servir leur territoire”, détaille Dominique Ravon, le président de l’union nationale des maisons familiales rurales d’éducation et d’orientation. À l’image de ces jeunes pour qui le déterminisme social semblerait avoir coupé les ailes, Elyassir Manroufou, enfant de Doujani, rapporte son expérience : “Aujourd’hui, je voudrais dire aux jeunes qu’on peut être issus de territoires comme Doujani et réussir.” Le conseiller départemental du canton de Mamoudzou 2 revendique sa scolarité dans ce quartier souvent montré du doigt pour ses épisodes de violence. “Doujani est un lieu où tout se mélange et où les associations s’organisent pour apporter une nouvelle dynamique vertueuse.” De quoi motiver les jeunes présents ce jour à poursuivre leurs efforts et un jour eux-aussi aider à leur tour les enfants de leur quartier.
Au cours des finales du championnat féminin, l’avantage du terrain a semblé secondaire, cette année. Ni le BC M’Tsapéré ni le Fuz’Ellipse de Cavani n’ont réussi à s’imposer à domicile sur les deux premiers matchs. Et ça a été de nouveau le cas, ce mardi soir, au plateau sportif de Cavani. Championnes en titre, les filles de Fuz’Ellipse sont restées un long moment sans pouvoir marquer dans le troisième quart-temps. Un trou d’air qui a permis au BCM de prendre le large avec une vingtaine de points et d’échapper au sursaut d’orgueil de leurs adversaires (42-61).
Et la saison n’est pas complètement finie, puisqu’en remportant le titre, les joueuses de M’Tsapéré représenteront Mayotte, le 21 mai, à Pamandzi. Elles affronteront l’équipe du Tampon (La Réunion), tandis que le Vautour de Labattoir, le champion mahorais côté garçons, recevra le Basket club de Saint-Denis.
En vidéo, le dernier panier de la première mi-temps inscrit par O.M’Lazindrou (BC M’Tsapéré) depuis le milieu de terrain :
L’affaissement de chaussée sur un secteur de la RD1 situé entre les PR 12+600 à 12+800 (entre le carrefour de Soulou et le rond-point de Tsingoni) fait l’objet depuis le 28 avril de mesures renforcées de suivi accompagnées de restrictions de circulation dont l’objectif est de garantir la sécurité des usagers.
Du fait des fortes pluies survenues le week-end dernier, les mesures de suivi mises en place sur site ont permis de constater que le glissement de terrain poursuit son évolution. De plus, l’apparition de nouvelles fissures ont pu être observées lundi 9 mai sur la chaussée. Ces constats démontrent malheureusement que la route continue de se fragiliser et nécessitent le maintien des mesures de restriction de circulation à tous les véhicules.
Les investigations entamées dès l’apparition des désordres portant sur l’observation de l’évolution du phénomène se poursuivent et des sondages géotechniques complémentaires aux mesures d’observations déjà mises en place seront réalisés ce mercredi matin. L’ensemble des observations permettront de définir les éventuelles nouvelles mesures à mettre en place.
La fermeture de la circulation routière qui déjà fait l’objet de deux arrêtés portant interdiction et restriction de circulation de tous les véhicules sur la RD1 entre les PR10 au PR14 est donc reconduite jusqu’au 14 mai à 5h30 afin d’assurer la sécurité des usagers de la route, la conservation du domaine public routier départemental et de conduire toutes les opérations de sondages visant à déterminer avec précision la nature des travaux à mettre en œuvre. La déviation mise en place est maintenue, conformément au plan de gestion du trafic de Mayotte. Elle emprunte l’itinéraire alternatif passant par les RD2, RN1, RN2 et RD3.
Grâce au plan de relance du gouvernement, l’institut de recherche pour le développement et le Parc naturel marin de Mayotte (office français de la biodiversité) ainsi que d’autres partenaires, dont notamment le centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) et l’université de La Réunion, ont lancé le programme Future Maore Reefs en octobre dernier pour une durée de deux ans.
Celui-ci vise dans ce contexte à mieux comprendre la dynamique et la résilience de ces écosystèmes clés dans le maintien de la biodiversité marine et la protection de notre littoral face aux changements globaux, à identifier des solutions durables basées sur la nature pour aider à la restauration d’écosystèmes dégradés, à de la compensation en cas de destruction d’écosystèmes ou encore à atténuer certains effets négatifs sur les récifs coralliens, à mieux comprendre la relation entre la population locale et son environnement marin pour qu’elle s’implique plus dans sa protection, et à développer et évaluer de nouveaux outils et approches de sensibilisation sur les enjeux liés aux récifs coralliens auprès des scolaires et du grand public à Mayotte.
Dans le cadre de l’axe 4, une classe de CE1/CM1 de l’école élémentaire Pamandzi 2 (Petite-Terre) est fortement impliquée depuis la rentrée 2021, en partenariat avec une autre classe située en métropole en Seine-Saint-Denis (Bondy). La classe mahoraise a suivi depuis octobre 2021 des animations réalisées à l’école par les scientifiques eux-mêmes, sur le corail, le fonctionnement des récifs coralliens, les menaces qui pèsent sur ces écosystèmes, le lien société-écosystème et le changement climatique. En mars dernier, elle est allée sur le terrain avec l’équipe scientifique à Musical Plage pour observer au plus près les coraux et les organismes associés sous l’eau.
Au cours des deux prochains mois, l’équipe va apprendre aux élèves à bouturer le corail, à suivre sa croissance grâce à l’approche innovante de la photogrammétrie, et à sensibiliser le grand public à la protection des coraux du lagon à travers une exposition de restitution de leur travail et de l’équipe scientifique prévue le 28 juin prochain sur le parvis du comité de tourisme de Mamoudzou.
Le projet Future Maore Reefs mêle ainsi de la science fondamentale combinant l’écologique marine, la bio-géochimie de l’environnement, la paléoclimatologie, la modélisation et les sciences anthropologiques et de l’éducation, à de la recherche et de l’innovation pour le développement durable de Mayotte, et de la sensibilisation/éducation via de nouvelles modalités.
Deux jeunes filles de la section sportive handball (lycée de Sada) sont parties effectuer un test d’évaluation pour intégrer le centre de formation de Nice : Ali Ousseni, 18 ans (club AJH Tumkoura) et Guigon Monalisa, 17 ans (club de Combani HC). Au départ à Mayotte, elles ont posé avec la vice-présidente du conseil départemental en charge des sports, Zouhourya Mouayad Ben. Dans le cadre de l’application de délibération du 30 novembre 2021, la prise en charge de leur déplacement est financée à 100% par la collectivité. Elles ont été accueillies par Loutoufi Mohamadi Bavou (ancien joueur pro de Tsingoni) à leur arrivée dimanche à Paris. Elles s’entraînent toute la semaine avec le centre de formation du club de handball de Nice, du 10 au 14 mai.
Le feuilleton continue d’alimenter la scène publique. Depuis le 13 décembre dernier, l’équipe de La Cimade à Mayotte demeure dans l’impossibilité d’accéder à ses bureaux. Ceux-ci sont bloqués par une occupation quotidienne, mise en œuvre par un ensemble de manifestants se revendiquant du Collectif des Citoyens de Mayotte 2018.
« Cette situation, inacceptable dans un État de droit, caractérisant une entrave manifeste à la liberté associative, perdure depuis trop longtemps, en dépit de nos interpellations des pouvoirs publics et de nos tentatives de dialogue avec les personnes responsables du blocage. Une rencontre et des échanges ont été organisés entre plusieurs membres du Collectif des Citoyens de Mayotte 2018 et La Cimade, mais n’ont eu aucune conséquence sur le blocage de notre local », déplore l’association, qui mène des actions d’intérêt général, essentielles en matière de solidarité : permanence d’accès aux droits, formations des partenaires associatifs et institutionnels, intervention dans les établissements scolaires, apprentissage du français, actions de sensibilisation. « Nous sommes quotidiennement sollicités par des personnes en quête d’information et d’accompagnement, et en dépit de notre détermination pour continuer nos missions, l’impossibilité d’accéder à nos bureaux affecte lourdement l’exercice des droits des personnes accompagnées, renforçant ainsi la vulnérabilité et la précarité qu’elles subissent au quotidien sur le 101ème département français. »
Au regard de ces constats, La Cimade saisit la justice, suivant ainsi la recommandation de la préfecture de Mayotte. Par une requête en référé, elle demande au tribunal judiciaire de lui garantir la pleine jouissance de ses bureaux pour lui permettre de continuer à porter ses valeurs et déployer ses actions sur le territoire, tout en garantissant la sécurité de l’ensemble de ses membres et des personnes qui sollicitent son aide.
C’est désormais officiel, la député sortante Ramlati Ali a été investie par la majorité présidentielle ce lundi soir pour tenter de briguer un deuxième mandat comme parlementaire à l’Assemblée nationale. La médecin de profession se présentera les 12 et 19 juins prochains aux élections législatives dans la 1ère circonscription de Mayotte. Par contre, aucun candidat n’a encore été désigné dans le sud de l’île.
Le tribunal a condamné trois jeunes hommes qui comptaient s’en prendre au Doukabé de Chirongui, en mai 2020.
Trois apprentis braqueurs ont été condamnés à six mois de prison avec sursis, ce mardi, par le tribunal correctionnel de Mamoudzou. En mai 2020, ils comptaient braquer un Doukabé à Chirongui, où travaillait le frère de l’un d’eux. Mais après leur échec, deux ont été attrapés et frappés par des riverains.
« C’est une opération de Pieds Nickelés qui a fait pschitt », estime le procureur Yann Le Bris, ce mardi matin, au tribunal correctionnel de Mamoudzou. Au début de ses réquisitions, le représentant du ministère public minimise l’expédition qui s’est terminée sans vol, mais sur une sévère correction. Le 22 mai 2020, trois hommes, et un quatrième non identifié, prennent la route depuis Koungou, vers le sud. Leur objectif : le Doukabé de Chirongui. Armés de machettes, d’un pistolet à billes et d’un couteau, les trois prévenus ont un casier vierge. L’opération, initialement prévue le 22, a finalement lieu le lendemain. Et là, plutôt que faire un braquage, la petite équipe achète simplement une bière. Quelques minutes plus tard, à la sortie de la supérette, même des menaces proférées contre un employé dans la rue n’ont pas l’effet escompté, la victime prenant les jambes à son cou.
Pire, la situation tourne complètement en défaveur des apprentis braqueurs quand les habitants prévenus mettent la main sur deux d’entre eux, âgés aujourd’hui de 30 et 27 ans. « Dans une première phase de justice » comme la nomme le procureur, ils sont ligotés et roués de coups.
« Quelque chose de plus constructif que d’organiser des braquages »
Seul prévenu présent, le chauffeur est en costume-cravate quand il se présente à la barre. En formation pour devenir éducateur spécialisé, le jeune homme de 23 ans sait que cette affaire est une tache bien sombre dans son parcours. Il a même nié sa participation quand il est entendu une première fois par les gendarmes, avant de se contenter de dire qu’il n’avait été que le chauffeur. « Vous emmenez comme ça deux parfaits inconnus de Koungou à Chirongui, sans poser de questions. Vous êtes vraiment quelqu’un de très, très gentil, de très serviable », tance la présidente du tribunal, avant de lui faire remarquer que le Doukabé visé n’est pas n’importe lequel, mais celui où travaille son frère. « C’est au cours du trajet que je m’en suis rendu compte », se défend-il. Il aurait alors préconisé d’épargner son frère.
Une version qui diffère des autres du groupe, puisque l’un d’eux a raconté aux gendarmes que « c’est le chauffeur qui lui a donné un pistolet à billes ». Ce dernier répond à l’audience qu’il n’a « jamais vu de pistolet ». Une nouvelle dénégation qui exaspère le procureur, qui lui conseille « quelque chose de plus constructif que d’organiser des braquages de Doukabé où travaille votre famille ». Car s’il présente des excuses pour « cet acte délictuel », il ne reconnaît toujours pas les faits. Conscient qu’une condamnation pourrait handicaper son avenir professionnel, le jeune homme demande que la mention n’apparaisse pas dans son casier judiciaire. Une revendication retenue par le tribunal correctionnel de Mamoudzou, qui condamne les trois jeunes hommes à six mois de prison avec sursis. Les deux plus âgés ont également interdiction de porter une arme.
La mairie de Bouéni relaxée dans une affaire de travail illégal
La municipalité de Bouéni et son maire Mouslim Abdourahaman figuraient sur la liste des prévenus d’une autre affaire, ce mardi. Ils ont toutefois été rapidement mis hors de cause, puis relaxés. C’est surtout l’entreprise, ayant réalisé les travaux d’extension de la mairie en 2019, qui a été reconnue coupable. Sa gérante de 52 ans employait une dizaine de salariés sans les déclarer, deux n’étaient pas, en outre, en situation régulière. Déjà condamnée pour du travail dissimulé en 2000, elle l’est à nouveau par le tribunal correctionnel sous la forme d’une amende de 15.000 euros et d’une contravention de 150 euros. Cela s’ajoute à celle de 45.000 euros dont elle doit s’acquitter pour ses deux employés sans papiers. Sa société hérite quant à elle d’un sursis de 20.000 euros et d’une contravention de 150 euros. Son comptable de l’époque est condamné à trois mois de prison avec sursis. Les juges ont estimé que la mairie de Bouéni ne pouvait être condamnée puisque n’ayant pas connaissance des pratiques de l’entreprise. Elle a été relaxée conformément aux souhaits du procureur Yann Le Bris et de l’avocat de la commune.
L’ex-avocat Jacques Tchibozo perd son procès contre ses anciens collaborateurs
Dans l’attente de son procès en appel pour des agressions sexuelles, l’ex-avocat du barreau de Mayotte, Jacques Tchibozo, faisait face il y a un mois à d’anciens salariés et clientes qu’il rendait responsables de sa chute (voir Flash Infos du 7 avril). Il avait essayé, pendant un procès de cinq heures, de prouver les faits de « dénonciation calomnieuse », « complicité de dénonciation » et « faux témoignage ». Le délibéré donné en début d’audience, ce mardi, annonce cependant la relaxe de toutes les personnes incriminées. L’ex-avocat devra, en plus, rembourser les frais de justice de deux anciennes collaboratrices pour un total de 3.000 euros et une de ses ex-clientes (1.500 euros).
L’adjoint chef Boc est le chef de section aux métiers de la restauration depuis l’été dernier.
Ce mardi 10 mai, le régiment du service militaire adapté organisait une journée de séminaire aux métiers de bouche. L’objectif était de faire rencontrer les organismes de formation, les restaurateurs, les acteurs pour l’emploi et de mettre en relation les jeunes volontaires avec des recruteurs potentiels dans le cadre de la mission d’insertion du RSMA. Entretien avec le capitaine Jérôme Junckel, de la compagnie de commandement, de formation professionnelle et initiale (CCFPI).
Flash Infos : Combien de jeunes accueillez-vous chaque année au sein de la section restauration ?
Capitaine Junckel : La section aux métiers de la restauration, qui a deux filières « garçon et serveuse de restaurant » et « agent de restauration/aide cuisinier », incorpore tous les quatre ou cinq mois neuf serveurs et neuf cuisiniers sur un parcours de dix mois. Sur une année, nous avons entre nos mains 54 jeunes volontaires.
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Le restaurant pédagogique doit être détruit et reconstruit en 2025-2026.
Le capitaine Jérôme Junckel est en charge de la compagnie de commandement, de formation professionnelle et initiale.
Les entreprises ont participé à un job dating avec les jeunes volontaires.
FI : Il faut tout de même noter que ces jeunes volontaires ne sortent pas avec une certification qualifiante…
Capitaine Junckel : Leur cursus ici dépend des ministères des Outre-mer et des Armées. Nous n’avons pas de certification, à l’instar du rectorat. Nous ne délivrons pas de diplôme d’État, type CAP ou BEP, mais un certificat d’aptitude personnelle à l’insertion (CAPI), qui a une valeur à Mayotte auprès des patrons ! Ces derniers savent ce que nous enseignons en savoir-être (respect des horaires, politesse, savoir-vivre) et en compétences professionnelles. Tout cela est reconnu puisque certains jeunes décident d’entamer une poursuite de formation qualifiante aux termes de leurs dix mois, notamment à l’Afpa (agence nationale pour la formation professionnelle des adultes), par le biais de LADOM (l’agence de l’Outre-mer pour la mobilité), en métropole, à La Réunion, voire sur le département.
FI : Justement, combien d’entre eux reprennent leurs études ? Et combien ont fait suffisamment bonne impression auprès de leurs employeurs pour signer un contrat ?
Capitaine Junckel : Pour la majeure partie, il s’agit d’une insertion durable – CDD de six mois ou CDI – dans l’emploi ! Je dirais que la poursuite de formation ne représente que 20% d’entre eux. Dans les insertions, il y a également des recrutements dans les administrations puisque nous les préparons aux concours de policier, de gendarme et de surveillant pénitentiaire. Pour donner un chiffre, environ 5% partent dans l’armée de Terre.
FI : L’idée avec le séminaire sur les métiers de bouche, c’était de pouvoir échanger avec certains restaurateurs de l’île. Un moyen pour les jeunes de défendre leur parcours respectif et d’afficher leur motivation…
Capitaine Junckel : C’est tout à fait l’objectif : réunir les acteurs du milieu de la restauration, mais aussi certains partenaires comme Pôle emploi, le lycée hôtelier de Kawéni, les Apprentis d’Auteuil, Randstat Intérim… L’idée est de développer une synergie efficiente et pérenne entre nous tous dans le but de servir nos ambitions respectives. Cela permet d’échanger, de rappeler l’existence ou de faire découvrir le RSMA, de nouer des liens ! Toujours avec une seule idée en tête : insérer nos jeunes en emploi direct avec les restaurateurs.
FI : Avec la sortie de terre de nouvelles infrastructures hôtelières aux quatre coins du territoire et l’organisation envisagée des Jeux des Îles de l’océan Indien en 2027, ce cursus peut offrir de belles opportunités, sachant que vous envisagez de construire une nouvelle cuisine pédagogique.
Capitaine Junckel : Effectivement, de nombreux débouchées existent, puisque de belles perspectives attendent Mayotte dans les prochaines années. Cette filière du régiment, comme d’autres, est amenée à évoluer, notamment avec le développement du tourisme. Et donc, notre outil pédagogique principal qui est le restaurant va être reconstruit en 2025-2026. Déjà parce qu’il commence à montrer des signes de fatigue, mais aussi et surtout parce que nous arrivons à nos limites de capacité de formation. À termes, nous pourrons accueillir davantage de jeunes volontaires.
Dix mois intenses au régiment du service militaire adapté
Tous les volontaires suivent une formation militaire initiale d’une durée de trois semaines et demie durant laquelle ils apprennent les métiers de base de soldat : la tenue, les grades, les chants du régiment, les valeurs citoyennes, le savoir-être, la vie en société et en collectivité… Ainsi qu’une remise à niveau scolaire en mathématiques et en français. Ensuite, ils sont dirigés vers leur section pour entamer les neufs mois restants, qui commencent par une formation à la sécurité au travail obligatoire, une formation citoyenne plus poussée sur les institutions étatiques et départementales, un début de formation théorique et pratique à leur métier. Sans oublier le passage du permis de conduire. Dans leur poursuite de cursus pédagogique, ils ont une phase de stage en entreprise de quatre semaines. Les deux-trois derniers mois consistent à l’acquisition de savoir-faire électronique pour connaître les outils bureautiques minimums.
Anrchidine Abdou, 19 ans, Mamoudzou
Fort d’une expérience de quatre ans derrière les fourneaux acquises depuis la classe de 4ème, Anrchidine Abdou espère reprendre une formation pour continuer sur sa lancée. « Je me suis beaucoup amélioré », confie le jeune homme, heureux que son choix se soit porté sur le RSMA. À l’avenir, il espère pouvoir ouvrir un restaurant.
Zaankidine Boudra, 20 ans, Kawéni
Après l’obtention de son bac général l’an dernier, Zaankidine Boudra a connu quelques problèmes personnels qui l’ont empêché de poursuivre ses études supérieures. Déjà passé par le RSMA, son frère l’a convaincu de s’y engager. « J’adore servir les gens, cela me rappelle le petit restaurant familial que nous avons », sourit-il. Reste à savoir ce qu’il compte faire dans les prochains mois. Son rêve serait de partir en métropole : « J’ai commencé les démarches sur Parcoursup ». En cas d’échec, Zaankidine Boudra ne compte pas rester les bras croisés, il souhaite mettre ses qualifications à profit pour rentrer dans le monde travail.
Abdou Ahamadi, 20 ans, Kawéni
Débarqué au RSMA grâce aux publicités affichés dans les rues de Mamoudzou, Abdou Ahamadi s’est laissé convaincre de continuer sa formation entreprise dans la cuisine. Malheureusement, faute de place, il a dû se rabattre sur le service en salle. De son aventure, il retient « la cohésion », « les potes » et « les progrès réalisés ». Déterminé, le jeune homme espère un jour rejoindre les rangs d’un grand restaurant en métropole. « Je préfère avoir un travail plutôt de rester à la maison et ne rien faire. »
La chanteuse mahoraise Lima Wild répète pour la première fois avec le quintet Cassis
Venus spécialement de Toulouse, les membres du quintet Cassis viennent de commencer leur résidence à Mamoudzou. Ils préparent une création dans le cadre du Maore jazz festival. En tout, huit chanteuses de la région vont accompagner les jeunes musiciens et donneront deux concerts, les 18 et 20 mai. Les musiciens se produiront une ultime fois au cours du festival, le 22 mai.
Près du rond-point du Manguier, à Mamoudzou, les premières notes des musiques se font entendre, ce lundi matin. À peine arrivés, Sylvain Rey, Manon Chevalier, Grégoire Oblodouieff, Simon Riou et Corto Falenpin ont déjà sorti leurs instruments. Le quintet Cassis en est à ses balbutiements et n’a qu’une dizaine de jours de résidence pour se préparer. « C’est la première fois qu’on fait ça et même qu’on joue ensemble », révèle le pianiste Sylvain Rey, qui a entendu parler de cette résidence depuis Toulouse et a sauté sur l’occasion.
Sylvain Rey, Manon Chevalier, Grégoire Oblodouieff, Simon Riou et Corto Falenpin font partie également de la programmation du Maore jazz festival.
Pour leur première à Mayotte, les musiciens n’auront pas le temps de visiter. Le mercredi 18 mai, ils joueront sur l’esplanade de Mayotte la 1ere, dans le cadre du festival Maore jazz festival. Le format sera un peu spécial puisque Manon Chevalier, la chanteuse, partagera son micro avec huit autres artistes. « C’est pour donner de la visibilité aux femmes de l’archipel et de l’océan Indien », indique-t-elle. Venues de Maurice, Madagascar, des Comores ou même tout simplement d’ici, les chanteuses auront le droit à deux morceaux chacune.
« Mélanger les classiques du jazz et les compositions personnelles »
Pendant dix jours, le groupe va travailler plusieurs facettes du jazz aux côtés des huit femmes, comme l’improvisation ou la rythmique, tout en s’appropriant la musique locale. Ce jour-là, c’est la chanteuse Lima Wild, première Mahoraise à enregistrer un album, qui se prête au jeu. « On va mélanger les classiques du jazz et les compositions personnelles », explique Sylvain Rey.
Les premières minutes de répétition semblent déjà prometteuses, Lima Wild s’intégrant bien dans le collectif des jeunes Toulousains. C’est d’ailleurs en jouant un titre de la Mahoraise que tout ce petit monde commence à collaborer, tandis que les autres chanteuses arriveront au compte-gouttes. Beaucoup de travail les attend donc. Il n’y a que dix jours qui les séparent du premier concert. « Ah, oui, ça va venir vite », constate Manon Chevalier, avant d’entamer cette première semaine de répétitions.
Six jours de concert pour cette nouvelle édition
Mardi 17 mai, le festival débute par un apéro jazz au bar Chez Cousin à M’tsapéré. Mercredi 18 mai, dîner-spectacle (sur invitation) sur l’esplanade de Mayotte la 1ère du groupe toulousain Cassis en compagnie du Diva jazz concept.
Jeudi 19 mai, concert au resto lounge le 5/5, à Mamoudzou, avec le groupe franco-iranien L-Had et Samysoa (Mayotte). Vendredi 20 mai, deuxième concert du Diva jazz concept avec le quintet Cassis à la MJC de Dembéni, accompagné de Samysoa (Mayotte). Samedi 21 mai, concert à l’hôtel Trévani de Dobet Gnahore (Côte-D’ivoire) et L-Had. Dimanche 22 mai, dernier jour du festival avec Dobet Gnahore, L-Had, Triple Juice (Toulouse) et élèves de l’école de musique, sur la place de la République.
« La liberté d’opinion c’est comme celle d’expression, elle ne s’use que si on n’en use pas », dirait l’autre. A Mayotte, les élections législatives de 2022 s’apparentent avec la fin d’un temps, non pas celui des dinosaures et autres baobabs de la savane africaine, mais bien celle du terrain politique mahorais. Très fort celui qui se retrouve facilement dans ces méandres, le plus important demeure le droit accordé à chacun d’aller librement exercer son droit de vote dans les urnes au jour « J ».
Il est certain que dans le cas de figure présent, la règle qui a prévalu au deuxième tour de l’élection présidentielle entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen n’est absolument plus la même. Le nombre d’électeurs est beaucoup plus restreint et les enjeux défendus sont de toute autre nature, plus centrés sur des problématiques territoriales et locales. Le bilan des dix années de « départementalisation » est plutôt « décevant », vu de l’œil du bon peuple (avis diversement partagé du côté des autorités locales et nationales). N’en déplaise aux fervent défenseurs de cette cause, validée à l’époque par un score électoral à « l’africaine » supérieur à 90 %, la départementalisation de Mayotte se présente sur bien des aspects comme un véritable fiasco institutionnel. Il est porteur de beaucoup de négativités à l’inverse de ce qu’en attendaient les masses populaires.
Ce que les détracteurs de cette départementalisation oublient, ce qu’elle n’est qu’un cadre institutionnel et réglementaire qu’il demeure à remplir et à innover par les efforts et l’imagination positifs des différents élus mahorais, en accord avec l’Etat. Ils surfent donc sur les failles que constituent « les vagues géantes de la modernité » et ses aléas divers et variés et les braises des effets incandescents de ses conséquences, directes et indirectes, nombreuses sur la vie quotidienne des Mahoraises et des Mahorais.
L’ampleur des choses est telle que les seules compétences des communes et de l’Etat ne suffisent plus. Qu’il le veuille ou non, le député, représentant du peuple à l’Assemblée nationale, va devoir se mouiller la chemise plus que d’habitude, et même, très largement. Ce constat s’impose car la réalité de Mayotte aujourd’hui démontre en vérité une seule chose, l’île est devenue un vrai morceau de la France. Certes, les deux ont leurs propres penchants et ampleurs locaux, mais ces derniers n’en demeurent pas moins, dans leur nature profonde, les mêmes que ceux du reste de la France : immigration, insécurité, violence, pouvoir d’achat, chômage chronique et de masse, insuffisance du pouvoir d’achat, la relance de l’économie et des importations, de la hausse des prix – de quasiment tout -, des hydrocarbures aux énergies ou denrées alimentaires.
« Ali nalawé »
Au-delà de ce décor, il existe une arrière-cour qui peut tout faire capoter pour cinq ans (la durée d’un mandat législatif), la durée de toute une vie pour certains d’entre nous ! Le cheptel d’élus actuels est soit, à bout de souffle, soit complètement hors jeu, et décalé des réalités, au point de ne plus rien discerner. Paradoxalement, c’est maintenant que le territoire en a réellement besoin. Le citoyen ordinaire a du mal à distinguer l’autorité du citoyen « lambda », tant c’est un peu « n’importe quoi ». Dans la politique locale, la tradition depuis quinze ans, tout type d’élection confondue, est simple : « ali nalawé » (que celui qui s’est gavé dégage en shimaoré) ou encore « ouwo dhé wangou » (celui-ci est mon proche parent, je vote donc pour lui).
Le résultat est éloquent, le pays part en pleine dérive, aucune efficacité au rendez-vous, que nos députés soient ou pas dans les rangs de la majorité présidentielle ou législative, au point que certains électeurs se laissent bercées par le vent d’une « VIème République » que pourraient porter les candidats désormais malheureux, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen (représentée localement par un Daniel Zaïdani en quête d’une nouvelle couleur politique). Justement, il convient de retenir que les scores réalisés localement par ces deux extrêmes lors de la dernière présidentielle du mois d’avril, reflètent d’avantage un désarroi et une désespérance générale face à la politique (tout court) qu’à un choix mûrement réfléchi, en toutes connaissances de causes. En somme, un vote par défaut et non par volonté entièrement assumée et mûrement réfléchie … Tout le monde risque d’y laisser « sa plume politique » pour encore cinq années, si la séquence « macronienne » de laRenaissance, une LREM (La République en marche) nouvelle formule, laisse à nouveau les Français sur leur faim, autant que durant le premier quinquennat qui s’achève.
En attendant, les électeurs de Mayotte, si fortement courtisés par une douzaine de candidatures dans la seule circonscription du nord et probablement autant dans celle du sud, d’ici quelques jours, vont encore et se laisser bercer par les sirènes d’un pouvoir d’achat à retrouver et d’une relance économique salvatrice que promet chaque candidat en lisse. Bonne chance à tous, bon vent et bonne mer pou l’île de Mayotte selon la formule consacrée.
Pendant un mois, les magistrats français chercheront à déterminer si la compagnie Yemenia, poursuivie pour homicide et blessures involontaires, est responsable ou pas du crash survenu dans la nuit du 29 au 30 juin 2009, au large des Comores, causant la mort de 152 personnes, dont 142 passagers, majoritairement de nationalité comorienne. Si la partie civile se réjouit qu’un procès puisse enfin se tenir, elle estime en revanche que beaucoup de personnes auraient dû se retrouver sur le box des accusés, notamment la société chargée de la maintenance de l’appareil.
C’est un moment très attendu par les proches des 152 victimes ayant perdu la vie pendant l’accident du 30 juin 2009 au large des Comores. Depuis lundi, le procès pénal sur le crash du vol 626 de la compagnie Yemenia Airways s’est ouvert. Treize ans après ce drame, la plupart des familles et des militants n’ont qu’une attente : connaître la vérité sur ce qui s’est passé et les causes de cet accident. L’appareil transportait parmi ses occupants 11 membres d’équipage, 142 passagers, tous de nationalité comorienne et 66 ressortissants français.
Seule Bahia Bakari, une adolescente de 12 ans avait survécu, en s’accrochant à un débris pendant 11 heures. Elle sera entendue pendant le procès ouvert le 9 mai et qui prendra fin le 2 juin prochain. Pour le président de l’association des victimes, l’ouverture du procès a été marquée par deux moments forts. « La journée fut symbolique émotionnellement. Tout comme nous avons également appris des enquêteurs en charge du dossier que le manque de formation et d’expérience des pilotes qui conduisaient l’appareil y a été pour quelque chose. Sans oublier les problèmes des feux de balisages de la piste« , relate Saïd Assoumani, que nous avons interrogés hier. Ce dernier comme d’autres ressortissants se trouvent actuellement dans la capitale française.
Mauvaise foi
Ce qui l’a écœuré, c’est la défense désespérée mise en avant par les avocats de la compagnie Yemenia pendant la première journée. « Ils se sont accrochés à leur ligne de mauvaise foi, aux petits détails insignifiants. Des arguments dénués de toute humanité puisqu’ils ont cherché à remettre en cause la tour de contrôle, comme quoi la personne qui travaillait ce soir-là ne maitrisait pas l’anglais« , déplore le président de l’association. À propos de l’absence des responsables de la compagnie sur le banc des accusés, ce dernier déclare ceci : « Nous réclamerons encore tout au long du procès que des initiatives soient prises par les autorités françaises et par le chef de l’État, responsable de nos institutions pour que toutes les démarches soient entreprises jusqu’à ce que le banc des accusés ne soit pas vide pendant les autres semaines du procès. »
Pour Saïd Assoumani, la seule présence d’avocats des assureurs ou d’une société fuyant ses responsabilités est une injure à « nos morts » et une offense à la justice et à la France. Officiellement, l’absence de la compagnie serait liée à la guerre qui ravage le pays, à savoir le Yémen. C’est d’ailleurs pour cette raison que Me Bahassani Ahmed, avocat comorien des 28 victimes, reste dubitatif quant aux résultats du procès. Ce dernier estime d’ailleurs que d’autres personnes auraient dû être convoquées. « Les enquêteurs amputent la responsabilité à la compagnie, je suis d’accord mais que dire de l’entreprise qui assurait la maintenance de l’appareil. Devons-nous oublier que le même vol avait été interdit de survoler l’espace aérien européen ? Quelques temps plus tard, il s’est abîmé aux Comores. D’autres estiment que le moteur y est pour quelques chose. Ce qui signifie qu’Airbus, le fabricant aurait dû s’expliquer. Malheureusement, ils ne sont pas là« , regrette cet avocat au barreau de Moroni qui compte se rendre à Paris le 20 mai prochain pour défendre ses clients. Les questions qu’il se pose aujourd’hui sont nombreuses.
Deuil d’un peuple
Cheikh Mc, l’un des artistes de renom des Comores qui avait d’ailleurs sorti une chanson en hommage aux victimes de cet accident espère que ce procès permettra aux proches de faire le deuil. « C’est tout ce qu’on souhaite. Que cela mette fin à cette longue période de treize ans d’interrogations, de sentiment d’inachevé. J’espère sincèrement que le verdict satisfera toutes les familles« , ajoute l’interprète de Ndomsadjadja, qui a rappelé aux familles qu’elles ne sont pas seules face à cette preuve. « C’est le deuil d’un peuple. Qu’ils sachent qu’on partage cette douleur », dit-il.
Notons qu’après ce crash, les rapports avaient indexé la compagnie estimant que les pilotes n’avaient pas pris les bonnes décisions, sinon ils auraient pu éviter le drame. Les défaillances des feux de balisage avaient par ailleurs été soulevées si on s’en tient aux conclusions du rapport rédigé par le BEA (bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile). Si le procès civil a pu aboutir à l’indemnisation des familles, le processus ne s’est toujours pas achevé à en croire Me Bahassani Ahmed même s’il confirme que 70 % des 28 familles qu’il défend ont pu percevoir les dédommagements. « Ces derniers ont fait des concessions car ils voulaient tourner la page. Mais les autres refusent de se plier. D’où les retards constatés. En tout cas, les négociations sont en bonne voie« , révèle-t-il. Normalement, une audience pénale aurait dû se tenir aux Comores, mais cela n’a jamais été le cas. Est-ce que cela n’entraînera pas une irrecevabilité des requêtes des victimes qui ne disposaient pas la nationalité française se demande Me Bahassani qui reste quand même optimise.
Saïd Omar Oili, le président de la communauté de communes de Petite-Terre, Loup Wolff, le directeur interrégional de l’Insee La Réunion-Mayotte, et Bertrand Aumand, le chef du service régional organise un point presse ce jeudi 12 mai portant sur un portrait statistique de Petite-Terre. Ce sera l’occasion de répondre en particulier aux questions suivantes : comment s’inscrit l’action publique sur le territoire de Petite-Terre, et plus précisément dans les quatre périmètres d’intervention de La Vigie, des centres-villes de Dzaoudzi et de Pamandzi, et du front de mer ? Quelle est la situation de Petite-Terre et de ses quatre périmètres d’intervention en termes démographique, et au regard des conditions d’emploi et de logement de ses habitants ? Quelles sont les évolutions marquantes depuis 2012 ? Quel est le niveau des équipements et des services à Petite-Terre par rapport à Mayotte dans son ensemble et à la France métropolitaine ?
Dans l’océan Indien, après les audiences historiques de Réunion La 1ère, c’est au tour de Mayotte La 1ère d’assurer le leadership de France Télévisions en Outre-mer. En 2022, Mayotte La 1ère maintient sa bonne orientation et réaffirme son souci d’être à l’écoute de la population mahoraise et de ses attentes en télé et en radio.
Mayotte La 1ère domine le paysage audiovisuel mahorais avec 33.8 % de part d’audience. La chaîne fédère quotidiennement 98.000 téléspectateurs. Portée dans les deux langues, le français et le shimaoré, pour tenir compte des spécificités de la population mahoraise, l’information est au plus haut des audiences de Mayotte La 1ère. En début de soirée, le JT en français progresse de 2.2 points sur un an, il atteint 78.3 % de part d’audience et 65.200 téléspectateurs. Le JT en mahorais monte à 68.5 % de pda et touche 52.800 téléspectateurs.
Sur les ondes, Mayotte La 1ère est au plus haut depuis trois ans avec 57.8 % de part d’audience, soit un gain de deux points sur un an. Elle touche quotidiennement 80.000auditeurs et se place en tête du paysage radiophonique mahorais.
Le Combani Handball Club a remporté samedi après-midi le match d’appui du championnat de Mayotte Nationales 3 face à l’association sportive et culturelle de Tsingoni, sur le score de 39 à 24. Les Combaniens obtiennent leur ticket pour les finalités ultramarines qui se tiennent du 30 mai au 4 juin à Créteil. Ils tenteront de se qualifier pour la phase finale des championnats de France Nationales 3.
La Commission européenne met en œuvre la première action concrète de la stratégie renouvelée pour les régions ultrapériphériques de l’Union européenne, en lançant un appel à propositions d’un million d’euros pour aider les jeunes locaux à créer des projets pour développer leurs régions.
« Les jeunes peuvent devenir des agents du changement, des entrepreneurs et des innovateurs dans leurs communautés locales. Nous avons besoin de la vision, de l’engagement et de la participation des jeunes pour façonner l’avenir de l’UE, en ne laissant personne ni région de côté. Nous voulons donner aux jeunes des régions ultrapériphériques la possibilité d’être les artisans de leur propre avenir. C’est l’occasion de développer des actions qui feront la différence dans ces régions particulièrement reculées et vulnérables », a déclaré la commissaire à la cohésion et aux réformes, Elisa Ferreira. Cet appel à propositions est la première étape d’un projet de deux ans qui, dans le cadre de l’année européenne de la jeunesse 2022, soutiendra au moins 70 actions de jeunes de 15 à 24 ans.
Il sélectionnera une entité située dans une région ultrapériphérique qui sera chargée de la mise en œuvre du projet. L’objectif est d’aider les jeunes de ces régions vulnérables et éloignées à développer des actions adaptées à leurs territoires afin d’améliorer la qualité de vie, le développement et la croissance. Les jeunes devront développer des idées et des actions en faveur de la communauté liées aux priorités de l’UE telles que la transition verte et numérique, la relance socio-économique, et l’égalité et l’inclusion. Un appel à l’action pour que les jeunes bénéficient de ces bourses sera publié d’ici la fin de l’année.
Les régions ultrapériphériques ont un statut spécial en vertu du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (article 349) qui prévoit des mesures spécifiques pour les soutenir, y compris par l’application adaptée du droit de l’UE et dans l’accès aux programmes de l’UE. Les régions ultrapériphériques de l’UE sont la Guadeloupe, la Guyane française, la Martinique, Mayotte, la Réunion, Saint-Martin, les Açores, Madère et les îles Canaries.
Organisée depuis bientôt 15 ans essentiellement autour de deux opérateurs historiques (CROS et CEMEA), l’offre de la formation professionnelle dans les métiers de la jeunesse et sports s’enrichit d’un nouveau venu en la qualité de MIFAC (Mayotte Ingénierie Formation Audit et Conseil),
MIFAC est habilité par les services du rectorat (DRAJES) sur les CPJEPS (certificats professionnels de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport) mention « animation d’activités et vie quotidienne » et sur le DEJEPS (diplôme d’État de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport). Cette dernière formation, d’un niveau supérieur (titre de niveau III, équivalent bac+2), est mise en œuvre pour la première fois sur le territoire et se terminera après 18 mois de formation en alternance.
MIFAC a aussi obtenu dernièrement le statut de CFA (centre de formation d’apprentis) aux métiers du sport et de l’éducation populaire, qui va venir s’ajouter à l’UFA du CROS et permettra aux jeunes (16-30 ans) de se former sous le statut d’apprentis.
L’apprentissage repose sur le principe de l’alternance entre enseignement théorique en CFA et formation aux métiers chez l’employeur avec lequel l’apprenti a signé son contrat. C’est une opportunité pour les jeunes de se former tout en découvrant le monde professionnel, mais aussi pour les milieux associatifs, de l’entreprise et de la fonction publique de se professionnaliser au contact de futurs professionnels du milieu.
L’arrivée de ce nouvel acteur local va permettre aussi d’enrichir plus largement l’offre de Parcoursup sur le département. Ainsi, les jeunes mahorais pourront continuer leurs formations initiales dans le domaine du sport et de l’éducation populaire sans quitter le territoire, soit sous le statut d’étudiant soit dans le domaine de l’apprentissage.
Michel Pelenc, directeur général de Soliha, a rencontré des élus, des partenaires et des acteurs locaux de l’aménagement urbain.
Le directeur général de l’association Soliha, Michel Pelenc est actuellement en visite dans les Outre-mers. Après La Réunion, la semaine dernière, il était à Mamoudzou pour rencontrer les élus et plusieurs acteurs du logement social mahorais, ce lundi. Il a pointé « une urgence ».
« Vous avez une urgence. On ne peut pas laisser des personnes dans de telles conditions de vie », s’alarme Michel Pelenc. Le directeur général de Soliha n’y va par quatre chemins, ce lundi matin, à la mairie de Mamoudzou. Déjà venu à Mayotte, il alterne pendant trois jours visites de quartier et des rencontres avec des élus pour évoquer la lutte contre le mal logement. Un fléau qui touche Mayotte et une conséquence bien sûr de la pauvreté du département français. Alors que l’accès ou le maintien au logement est la mission de l’association, celle-ci est d’autant plus nécessaire sur le territoire mahorais.
Le directeur général s’est adressé à des partenaires locaux et évoqué « l’urgence » de la lutte contre le mal-logement sur Mayotte. A sa droite, la directrice de Soliha Mayotte, Anazade Amdjad.
Ce travail de fond sur Mayotte, Soliha le fait depuis cinq ans maintenant. Avec ses bientôt dix-sept collaborateurs, elle compte s’installer durablement sur le territoire. Accompagnant en tout 400 familles pour les aider à trouver un logement décent, elle a développé également un dispositif expérimental à Majicavo-Dubaï sous forme d’« intermédiation locative ». Et ce n’est pas fini selon le directeur général. « Hier, j’ai rencontré une dame qui est à Mayotte depuis 32 ans. Elle vit avec son fils lourdement handicapé dans un bidonville. Elle n’avait aucune aide. Ce n’est pas normal », se désole-t-il.
Des dispositifs nationaux hors de portée
Face au directeur de Soliha, élus locaux et techniciens en charge de l’aménagement urbain opinent et partagent le même constat. Cependant, ils rappellent au directeur général que de nombreux freins existent sur l’île pour améliorer le logement, à commencer par le manque de foncier ou la légalité des logements autant en durs qu’en mous (les bangas par exemple).
Autre problème, les critères des dispositifs financiers ne sont pas forcément applicables à Mayotte, voire des aides existent, mais uniquement sur les autres territoires français. « On voit bien que les lignes ne bougent pas à Bercy (N.D.L.R. siège du ministère de l’Economie et des Finances) », fait remarquer le service de l’aménagement de Mamoudzou, qui monte régulièrement des dossiers.
L’association Soliha elle-même est parfois confrontée aux difficultés récurrentes sur le territoire. C’est le cas pour les nouvelles constructions. « On a 17 logements arrêtés. Ce sont des coquilles vides », déplore Michel Pelenc, qui n’exclut d’avoir du recours à « du mécénat » pour mener à bien les chantiers.
En attendant, il se montre volontaire avec ses interlocuteurs du jour. « Chacun doit se bouger pour faire le job », rappelle-t-il.
Ils ne sont pas moins de 12 candidats déclarés ou en passe de le faire à briguer le fauteuil de député de Mayotte pour la seule circonscription n°1. Parmi eux, il y a Mohamed Moindjié, natif de M’Tsapéré, très connu pour sa très grande implication dans les milieux associatifs locaux, son passé d’élu dans la commune de Mamoudzou, ainsi que son parcours professionnel de cadre supérieur dans l’administration territoriale. Il exerce actuellement les fonctions de directeur général des services au sein de l’association des maires de Mayotte. De part ces différentes casquettes portées au service des autres, il s’estime suffisamment préparé à devenir parlementaire.
Flash Infos : Vous êtes candidat à la députation de Mayotte dans la circonscription 1, pouvez-vous brièvement vous présenter à vos futurs électeurs ?
Mohamed Moindjié : Je suis un père de famille (cinq enfants dont la plus grande a 22 ans et fait de grandes études, la plus petite est âgée de 8 ans, elle est actuellement scolarisée en CE2) qui essaie de leur donner la meilleure éducation possible, dans un contexte difficile de croissance démographique très forte, de violence, aux abords et à l’extérieur des établissements. Chaque jour que mes enfants rentrent à la maison, sains et saufs, est une journée de gagnée.
Deuxièmement, je suis aussi un serviteur de la chose publique, au service des autres et de l’intérêt général, cadre supérieur de la fonction publique territoriale et ancien élu local. De cette double expérience au service des gens, je pense être l’homme de la situation. En effet, j’ai beaucoup appris aux côtés et au service des autres, pour être prêt aujourd’hui à occuper cette fonction de député de la Maison France, député de Mayotte. J’ai une suppléante, Dharina-Hyati-Attoumani de Majicavo, commune de Koungou, institutrice et présidente d’association, impliquée pour les gens, pour son village, et qui défend une cause juste, l’autisme, que nous allons porter à l’Assemblée nationale. Une femme engagée au service des autres, des enfants, de ses enfants.
FI : L’immigration clandestine en provenance des îles et d’ailleurs est un sujet central dans les préoccupations quotidiennes des Mahorais. Quel est votre regard sur cette problématique ? Que préconisez-vous comme solution durable si vous parvenez à l’Assemblée nationale ?
M.M. : Nous faisons face ici à une immigration clandestine massive, un sous-développement chronique avec un chômage structurel, une démographie galopante, des étrangers en situation régulière parqués sur le territoire et des réfugiés illégaux livrés à eux-mêmes. Le tout fait de Mayotte un territoire singulier dans la République, une cocotte-minute bouillonnante qui peut exploser à tout moment. Que faire une fois à l’Assemblée nationale ? Nous agirons pour faire sortir du bois l’État dans ce domaine. En effet, il faut que Paris nous précise sa stratégie sur cette problématique, parce que la surveillance de frontières est une compétence régalienne. Il nous faut plus de l’État le choix d’une stratégie de fermeté et d’application du droit.
Sur le plan interne, cela implique plus de gendarmes, plus de policiers, plus de surveillance de nos côtes (recrutement de surveillants des côtes en liens avec les communes), plus d’interpellations sur le terrain, plus de reconduites à la frontière, une surveillance aérienne efficace, etc…
C’est également une meilleure application du droit en lien avec les collectivités locale sur l’éradication des bidonvilles, de l’économie informelle, de la lutte contre les reconnaissances frauduleuses, agir sur le droit du sol.
Sur le plan externe, notre diplomatie doit trouver le moyen de travailler efficacement avec les Comores en tant qu’État, des organisations telles que l’Union africaine et autres, des organismes comme l’AFD (agence française de développement) pour favoriser une meilleure situation économique dans l’archipel qui permette à toutes ces populations d’avoir des activités économiques rémunérées à la fin du mois et les fixer chez elles. Il nous faut être réalistes, nous ne pouvons pas faire bombarder des kwassa-kwassa en mer avec à leurs bords des femmes et des enfants. Nous ne pouvons pas non plus faire encercler l’île avec des barbelés.
Il faudra donc davantage de coopération économique avec les pays de la région, sources de cette immigration clandestine, par exemple des accords de production sur place de certaines denrées agricoles, de transformations de produits fortement consommés à Mayotte. Il faut également mettre un terme à ces titres de séjours d’exception, à la route des trafics d’êtres humains, des réseaux organisés depuis les pays « des grands lacs ». Il faut geler les avoirs des organisateurs de ces trafics, ce qui peut s’avérer une bonne et fausse idée à la fois, puisque l’exemple de l’Ukraine nous démontre aujourd’hui que le gel des avoirs des oligarques russes n’a pas empêché la poursuite de la guerre. Il faut porter un projet d’une grande conférence économique régionale, annuelle, avec l’euro comme monnaie, et la présence de tous les pays de la région et étudier ensemble les moyens d’agir en amont contre la pauvreté et empêcher que ces gens ne quittent leurs pays.
FI : L’insécurité a chamboulé la vie quotidienne, autrefois paisible des Mahoraises et Mahorais, comment y remédier selon vous ? Et avec quels moyens pour y parvenir ?
M.M. : Cette question me fait penser au jour où un jeune lycéen de 17 ans a été tué près de mon lieu de travail par un coup de tournevis. J’ai pensé à mon fils du même âge qui est scolarisé au lycée Younoussa Bamana à Mamoudzou. La réaction de peur et le stress quand un garçon de 11 ans a été poignardé au collège de M’Gombani, établissement que fréquente mon autre fils qui est en 6ème. Nous avons encore besoin ici de l’État de droit, avec une justice forte, qui a les moyens de rendre justice, en effectifs, en places de prison, en centres éducatifs fermés, en policiers et gendarmes, une justice non assujettie à une politique de mutualisation de moyens avec La Réunion… Des policiers et gendarmes qui connaissent bien le territoire et qui bénéficieraient sur place de toutes les formations qui leurs sont nécessaires, en facilitant notamment le retour sur l’île des Mahorais vivant en métropole. Il faut mieux sécuriser nos établissements scolaires et nos bus, avec des brigades spécialisées et pas seulement avec des agents des services civiques,
Il faut que nous ayons les moyens de scolariser nos jeunes de moins de 25 ans, les mettre en formation, ou encore en activité. La jeunesse de l’île doit nous obliger à inventer des dispositifs spécifiques, propres à Mayotte, un équilibre est à trouver entre la singularité et le droit commun, notamment dans des secteurs tels que la santé, l’alimentation, l’autosuffisance en eau, l’assainissement et le climatique …
FI : Quel regard portez-vous sur l’éducation, cet autre enjeu majeur pour l’avenir de Mayotte ? Quelles sont les perspectives pour les nouvelles générations ?
M.M. : La situation est exceptionnelle compte tenu de la croissance démographique, de l’immigration clandestine. L’État a consenti un effort considérable en matière de constructions scolaires. Il doit désormais continuer à investir dans la qualité et l’excellence partout sur le territoire et non pas seulement à certains endroits, faciliter l’accès aux grandes écoles (ENA et autres), multiplier à Mayotte les classes préparatoires et préparer le capital humain à mieux affronter un avenir incertain, de l’inattendu. Il faut aussi mieux s’insérer dans les programmes de mobilité européens pour forger notre jeunesse.
Il faut faire rouvrir sur ce territoire les CFA, en nombre, ainsi que toutes les structures susceptibles de favoriser l’apprentissage des métiers manuels et donner leurs chances à tous les jeunes qui ne peuvent pas faire de longues études. La fermeture de l’ancien CFA est un « crime » à mes yeux. Je ne comprends toujours pas comment certains ont pu faire cela.
L’Éducation nationale doit créer l’Institut des langues régionales dont on parle depuis de longues années, il faut enseigner le « kibushi » et le « shimaoré » aux jeunes générations et éviter qu’ils ne disparaissent, de même qu’il faut développer l’enseignement universitaire sur l’île avec une université autonome disposant de tous les instruments comme le CROUS, le resto U, etc.
FI : En matière de développement économique, quels seront les axes de défense du futur député que vous serez ? Et plus spécifiquement, comment impulser un décollage réaliste et durable de ce secteur ?
M.M. : J’espère obtenir la confiance et le suffrage des électeurs de la circonscription n°1 pour porter un projet économique véritable et ambitieux qui doit nous permettre de sortir Mayotte du sous-développement, de la dépendance de l’extérieur, de la pauvreté chronique, du chômage de masse…
J’entends par là encourager l’activité économique par une politique volontariste de grands travaux d’infrastructures tels que l’aéroport, le port, le transport en commun, les voies de contournement de l’agglomération de Mamoudzou, et autres routes, et puis il faudra bien arriver un jour à la construction du pont reliant la Petite et la Grande-Terre. Nous faisons ici à la fois du développement urbain, de l’économique et de l’environnemental. Transports en site propre, transports maritimes, tramway, téléphérique : nous devons repenser les déplacements du futur car le tout véhicule sans alternative risque d’asphyxier nos villes et villages et de polluer l’urbain.
Il faudra aussi libérer de l’attractivité à travers des zones franches, multiplier les zones industrielles dans d’autres endroits de l’île que Kawéni et Longoni, soutenir l’activité dans des domaines ciblés comme l’agriculture, la pêche et l’aquaculture, le médical, le médico-social, la petite enfance, le BTP (bâtiment et travaux publics), l’informatique et le développement numérique, la transition écologique. Ou encore, prendre possession de la zone économique exclusive. Bien entendu, il s’agit de placer l’emploi au cœur de cette stratégie au bénéfice de l’humain et appuyer le développement économique et la création d’activités par d’autres dispositifs de défiscalisation (lois Pons, Pinel et Girardin) lorsqu’il sera question de suppression de l’octroi de mer. En tous les cas, l’État devra trouver des moyens compensatoires notamment pour soutenir l’activité dans les communes. Il nous faut réussir à donner un sens à nos jeunes, en particulier ceux de la tranche des 12 ans, pour qu’ils puissent croire en l’avenir.
FI : À Mayotte également la question du pouvoir d’achat est au centre du débat de ces législatives de 2022. Quelles sont vos préconisations pour remédier à la situation actuelle ?
M.M. : Je me rappelle que nous avons élus ici un député, il y a quelques années, avec la mission première de lutter contre la vie chère, surnommé le « député mabawas ». Malheureusement, nous avons eu droit à l’inverse, des prix de produits de première nécessité encore toujours plus élevés, malgré certains dispositifs de la loi Lurel qui a institué un bouclier de prix pour certains produits. Le pouvoir d’achat viendra de toutes les mesures de développement économique que j’ai cité précédemment et non d’un assistanat généralisé par l’État. Les prix sont trop élevés parce que notre économie est beaucoup trop dépendante des importations donc la promotion de l’emploi local fait partie des solutions. D’autres mesures peuvent venir s’y greffer au moyen, par exemple, de l’égalité sociale. Tous les dispositifs nationaux d’aides aux plus nécessiteux d’entre nous doivent être élargis à Mayotte et non pas seulement le RSA. Par rapport aux prix trop élevés, une lutte acharnée doit être engagée contre les monopoles et les ententes. Un soutien à des groupements locaux, notamment dans de grands projets d’investissement de plus de 50 millions d’euros.
FI : La problématique du logement est aussi une très grande préoccupation du Mahorais actuellement, quelle est votre approche sur ce sujet ? Et comment selon vous, peut-on restituer ce secteur stratégique dans le développement économique de l’île ?
M.M. : Pour ce qui est du logement, il fait partie des éléments structurants du projet économique que j’ai déjà développé un peu plus haut, lequel s’appuie entre autres des filières agricoles, de la pêche, de l’aquaculture, du médical, du médico-social, du social, de la petite enfance, du BTP, de l’informatique et de la transition écologique. Une nécessité de raser tous les bidonvilles à l’échéance d’un mandat, de loger dignement les Mahorais, de régler la question foncière en renforçant notamment la commission d’urgence foncière (CUF chargée de l’indivision et de la titrisation) avec plus de moyens financiers et humains, de multiplier les opérateurs dans le domaine du logement et enfin, de permettre aux Mahorais de devenir des promoteurs immédiats. De l’activité et du progrès humain et social pour les gens. Pour contourner les contraintes et les freins, une solution qui serait de s’appuyer sur des Mahorais déjà propriétaires avec des aides spécifiques pour la mise en location de leur logement. La dynamique économique est là compte tenu des besoins énormes de logement digne. La pleine citoyenneté passe par un toit.
FI : Le foncier demeure un chantier à peine ouvert à Mayotte, malgré les années qui passent. Comment comptez-vous agir depuis le Palais Bourbon pour faire aboutir ce dossier directement lié au logement et au développement économique ?
M.M. : Vous avez raison, nous avons besoin du foncier régularisé, titré, pour les besoins de notre projet d’aménagement et de développement économique. Effectivement, cette question du foncier ne conditionne pas que les questions de logement, il en est de même pour les zones franches, les ZAC et les chantiers d’infrastructures structurantes.
Nous avons l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte qui s’occupe des investissements de l’État, la CUF de l’instruction et de l’indivision. Elle a besoin d’être renforcée. Je l’ai dit. Le Département, les collectivités locales et leurs groupements doivent être en capacité de s’organiser afin de gagner du temps pour leurs projets. Faut-il un autre établissement public ? À voir. Ou une mutualisation avec l’Epfam dans un autre accord où l’élu local a toute sa place. Nous devons faire en sorte à ce que chaque Mahorais soit prioritaire pour titrer son terrain, où est érigée sa maison. Le foncier est la seule richesse qui nous reste.