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Le Combani Handball Club, qualifié pour les finalités ultramarines

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Le Combani Handball Club a remporté samedi après-midi le match d’appui du championnat de Mayotte Nationales 3 face à l’association sportive et culturelle de Tsingoni, sur le score de 39 à 24. Les Combaniens obtiennent leur ticket pour les finalités ultramarines qui se tiennent du 30 mai au 4 juin à Créteil. Ils tenteront de se qualifier pour la phase finale des championnats de France Nationales 3.

Un million d’euros pour soutenir les jeunes dans les régions ultrapériphériques

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La Commission européenne met en œuvre la première action concrète de la stratégie renouvelée pour les régions ultrapériphériques de l’Union européenne, en lançant un appel à propositions d’un million d’euros pour aider les jeunes locaux à créer des projets pour développer leurs régions.

« Les jeunes peuvent devenir des agents du changement, des entrepreneurs et des innovateurs dans leurs communautés locales. Nous avons besoin de la vision, de l’engagement et de la participation des jeunes pour façonner l’avenir de l’UE, en ne laissant personne ni région de côté. Nous voulons donner aux jeunes des régions ultrapériphériques la possibilité d’être les artisans de leur propre avenir. C’est l’occasion de développer des actions qui feront la différence dans ces régions particulièrement reculées et vulnérables », a déclaré la commissaire à la cohésion et aux réformes, Elisa Ferreira. Cet appel à propositions est la première étape d’un projet de deux ans qui, dans le cadre de l’année européenne de la jeunesse 2022, soutiendra au moins 70 actions de jeunes de 15 à 24 ans.

Il sélectionnera une entité située dans une région ultrapériphérique qui sera chargée de la mise en œuvre du projet. L’objectif est d’aider les jeunes de ces régions vulnérables et éloignées à développer des actions adaptées à leurs territoires afin d’améliorer la qualité de vie, le développement et la croissance. Les jeunes devront développer des idées et des actions en faveur de la communauté liées aux priorités de l’UE telles que la transition verte et numérique, la relance socio-économique, et l’égalité et l’inclusion. Un appel à l’action pour que les jeunes bénéficient de ces bourses sera publié d’ici la fin de l’année.

Les régions ultrapériphériques ont un statut spécial en vertu du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (article 349) qui prévoit des mesures spécifiques pour les soutenir, y compris par l’application adaptée du droit de l’UE et dans l’accès aux programmes de l’UE. Les régions ultrapériphériques de l’UE sont la Guadeloupe, la Guyane française, la Martinique, Mayotte, la Réunion, Saint-Martin, les Açores, Madère et les îles Canaries.

Métiers de la jeunesse et sports : MIFAC vient enrichir l’offre de la formation professionnelle

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Organisée depuis bientôt 15 ans essentiellement autour de deux opérateurs historiques (CROS et CEMEA), l’offre de la formation professionnelle dans les métiers de la jeunesse et sports s’enrichit d’un nouveau venu en la qualité de MIFAC (Mayotte Ingénierie Formation Audit et Conseil),

MIFAC est habilité par les services du rectorat (DRAJES) sur les CPJEPS (certificats professionnels de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport) mention « animation d’activités et vie quotidienne » et sur le DEJEPS (diplôme d’État de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport). Cette dernière formation, d’un niveau supérieur (titre de niveau III, équivalent bac+2), est mise en œuvre pour la première fois sur le territoire et se terminera après 18 mois de formation en alternance.

MIFAC a aussi obtenu dernièrement le statut de CFA (centre de formation d’apprentis) aux métiers du sport et de l’éducation populaire, qui va venir s’ajouter à l’UFA du CROS et permettra aux jeunes (16-30 ans) de se former sous le statut d’apprentis.

L’apprentissage repose sur le principe de l’alternance entre enseignement théorique en CFA et formation aux métiers chez l’employeur avec lequel l’apprenti a signé son contrat. C’est une opportunité pour les jeunes de se former tout en découvrant le monde professionnel, mais aussi pour les milieux associatifs, de l’entreprise et de la fonction publique de se professionnaliser au contact de futurs professionnels du milieu.

L’arrivée de ce nouvel acteur local va permettre aussi d’enrichir plus largement l’offre de Parcoursup sur le département. Ainsi, les jeunes mahorais pourront continuer leurs formations initiales dans le domaine du sport et de l’éducation populaire sans quitter le territoire, soit sous le statut d’étudiant soit dans le domaine de l’apprentissage.

La lutte contre le mal-logement, cheval de bataille de Soliha à Mayotte

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Michel Pelenc, directeur général de Soliha, a rencontré des élus, des partenaires et des acteurs locaux de l’aménagement urbain.

Le directeur général de l’association Soliha, Michel Pelenc est actuellement en visite dans les Outre-mers. Après La Réunion, la semaine dernière, il était à Mamoudzou pour rencontrer les élus et plusieurs acteurs du logement social mahorais, ce lundi. Il a pointé « une urgence ».

« Vous avez une urgence. On ne peut pas laisser des personnes dans de telles conditions de vie », s’alarme Michel Pelenc. Le directeur général de Soliha n’y va par quatre chemins, ce lundi matin, à la mairie de Mamoudzou. Déjà venu à Mayotte, il alterne pendant trois jours visites de quartier et des rencontres avec des élus pour évoquer la lutte contre le mal logement. Un fléau qui touche Mayotte et une conséquence bien sûr de la pauvreté du département français. Alors que l’accès ou le maintien au logement est la mission de l’association, celle-ci est d’autant plus nécessaire sur le territoire mahorais.

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Le directeur général s’est adressé à des partenaires locaux et évoqué « l’urgence » de la lutte contre le mal-logement sur Mayotte. A sa droite, la directrice de Soliha Mayotte, Anazade Amdjad.

Ce travail de fond sur Mayotte, Soliha le fait depuis cinq ans maintenant. Avec ses bientôt dix-sept collaborateurs, elle compte s’installer durablement sur le territoire. Accompagnant en tout 400 familles pour les aider à trouver un logement décent, elle a développé également un dispositif expérimental à Majicavo-Dubaï sous forme d’« intermédiation locative ». Et ce n’est pas fini selon le directeur général. « Hier, j’ai rencontré une dame qui est à Mayotte depuis 32 ans. Elle vit avec son fils lourdement handicapé dans un bidonville. Elle n’avait aucune aide. Ce n’est pas normal », se désole-t-il.

Des dispositifs nationaux hors de portée

Face au directeur de Soliha, élus locaux et techniciens en charge de l’aménagement urbain opinent et partagent le même constat. Cependant, ils rappellent au directeur général que de nombreux freins existent sur l’île pour améliorer le logement, à commencer par le manque de foncier ou la légalité des logements autant en durs qu’en mous (les bangas par exemple).

Autre problème, les critères des dispositifs financiers ne sont pas forcément applicables à Mayotte, voire des aides existent, mais uniquement sur les autres territoires français. « On voit bien que les lignes ne bougent pas à Bercy (N.D.L.R. siège du ministère de l’Economie et des Finances) », fait remarquer le service de l’aménagement de Mamoudzou, qui monte régulièrement des dossiers.

L’association Soliha elle-même est parfois confrontée aux difficultés récurrentes sur le territoire. C’est le cas pour les nouvelles constructions. « On a 17 logements arrêtés. Ce sont des coquilles vides », déplore Michel Pelenc, qui n’exclut d’avoir du recours à « du mécénat » pour mener à bien les chantiers.

En attendant, il se montre volontaire avec ses interlocuteurs du jour. « Chacun doit se bouger pour faire le job », rappelle-t-il.

Mohamed Moindjié : « Replacer l’humain et l’emploi au cœur d’un vrai projet de développement économique »

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Ils ne sont pas moins de 12 candidats déclarés ou en passe de le faire à briguer le fauteuil de député de Mayotte pour la seule circonscription n°1. Parmi eux, il y a Mohamed Moindjié, natif de M’Tsapéré, très connu pour sa très grande implication dans les milieux associatifs locaux, son passé d’élu dans la commune de Mamoudzou, ainsi que son parcours professionnel de cadre supérieur dans l’administration territoriale. Il exerce actuellement les fonctions de directeur général des services au sein de l’association des maires de Mayotte. De part ces différentes casquettes portées au service des autres, il s’estime suffisamment préparé à devenir parlementaire.

Flash Infos : Vous êtes candidat à la députation de Mayotte dans la circonscription 1, pouvez-vous brièvement vous présenter à vos futurs électeurs ?

Mohamed Moindjié : Je suis un père de famille (cinq enfants dont la plus grande a 22 ans et fait de grandes études, la plus petite est âgée de 8 ans, elle est actuellement scolarisée en CE2) qui essaie de leur donner la meilleure éducation possible, dans un contexte difficile de croissance démographique très forte, de violence, aux abords et à l’extérieur des établissements. Chaque jour que mes enfants rentrent à la maison, sains et saufs, est une journée de gagnée.

Deuxièmement, je suis aussi un serviteur de la chose publique, au service des autres et de l’intérêt général, cadre supérieur de la fonction publique territoriale et ancien élu local. De cette double expérience au service des gens, je pense être l’homme de la situation. En effet, j’ai beaucoup appris aux côtés et au service des autres, pour être prêt aujourd’hui à occuper cette fonction de député de la Maison France, député de Mayotte. J’ai une suppléante, Dharina-Hyati-Attoumani de Majicavo, commune de Koungou, institutrice et présidente d’association, impliquée pour les gens, pour son village, et qui défend une cause juste, l’autisme, que nous allons porter à l’Assemblée nationale. Une femme engagée au service des autres, des enfants, de ses enfants.

FI : L’immigration clandestine en provenance des îles et d’ailleurs est un sujet central dans les préoccupations quotidiennes des Mahorais. Quel est votre regard sur cette problématique ? Que préconisez-vous comme solution durable si vous parvenez à l’Assemblée nationale ?

M.M. : Nous faisons face ici à une immigration clandestine massive, un sous-développement chronique avec un chômage structurel, une démographie galopante, des étrangers en situation régulière parqués sur le territoire et des réfugiés illégaux livrés à eux-mêmes. Le tout fait de Mayotte un territoire singulier dans la République, une cocotte-minute bouillonnante qui peut exploser à tout moment. Que faire une fois à l’Assemblée nationale ? Nous agirons pour faire sortir du bois l’État dans ce domaine. En effet, il faut que Paris nous précise sa stratégie sur cette problématique, parce que la surveillance de frontières est une compétence régalienne. Il nous faut plus de l’État le choix d’une stratégie de fermeté et d’application du droit.

Sur le plan interne, cela implique plus de gendarmes, plus de policiers, plus de surveillance de nos côtes (recrutement de surveillants des côtes en liens avec les communes), plus d’interpellations sur le terrain, plus de reconduites à la frontière, une surveillance aérienne efficace, etc…

C’est également une meilleure application du droit en lien avec les collectivités locale sur l’éradication des bidonvilles, de l’économie informelle, de la lutte contre les reconnaissances frauduleuses, agir sur le droit du sol.

Sur le plan externe, notre diplomatie doit trouver le moyen de travailler efficacement avec les Comores en tant qu’État, des organisations telles que l’Union africaine et autres, des organismes comme l’AFD (agence française de développement) pour favoriser une meilleure situation économique dans l’archipel qui permette à toutes ces populations d’avoir des activités économiques rémunérées à la fin du mois et les fixer chez elles. Il nous faut être réalistes, nous ne pouvons pas faire bombarder des kwassa-kwassa en mer avec à leurs bords des femmes et des enfants. Nous ne pouvons pas non plus faire encercler l’île avec des barbelés.

Il faudra donc davantage de coopération économique avec les pays de la région, sources de cette immigration clandestine, par exemple des accords de production sur place de certaines denrées agricoles, de transformations de produits fortement consommés à Mayotte. Il faut également mettre un terme à ces titres de séjours d’exception, à la route des trafics d’êtres humains, des réseaux organisés depuis les pays « des grands lacs ». Il faut geler les avoirs des organisateurs de ces trafics, ce qui peut s’avérer une bonne et fausse idée à la fois, puisque l’exemple de l’Ukraine nous démontre aujourd’hui que le gel des avoirs des oligarques russes n’a pas empêché la poursuite de la guerre. Il faut porter un projet d’une grande conférence économique régionale, annuelle, avec l’euro comme monnaie, et la présence de tous les pays de la région et étudier ensemble les moyens d’agir en amont contre la pauvreté et empêcher que ces gens ne quittent leurs pays.

FI : L’insécurité a chamboulé la vie quotidienne, autrefois paisible des Mahoraises et Mahorais, comment y remédier selon vous ? Et avec quels moyens pour y parvenir ?

M.M. : Cette question me fait penser au jour où un jeune lycéen de 17 ans a été tué près de mon lieu de travail par un coup de tournevis. J’ai pensé à mon fils du même âge qui est scolarisé au lycée Younoussa Bamana à Mamoudzou. La réaction de peur et le stress quand un garçon de 11 ans a été poignardé au collège de M’Gombani, établissement que fréquente mon autre fils qui est en 6ème. Nous avons encore besoin ici de l’État de droit, avec une justice forte, qui a les moyens de rendre justice, en effectifs, en places de prison, en centres éducatifs fermés, en policiers et gendarmes, une justice non assujettie à une politique de mutualisation de moyens avec La Réunion… Des policiers et gendarmes qui connaissent bien le territoire et qui bénéficieraient sur place de toutes les formations qui leurs sont nécessaires, en facilitant notamment le retour sur l’île des Mahorais vivant en métropole. Il faut mieux sécuriser nos établissements scolaires et nos bus, avec des brigades spécialisées et pas seulement avec des agents des services civiques,

Il faut que nous ayons les moyens de scolariser nos jeunes de moins de 25 ans, les mettre en formation, ou encore en activité. La jeunesse de l’île doit nous obliger à inventer des dispositifs spécifiques, propres à Mayotte, un équilibre est à trouver entre la singularité et le droit commun, notamment dans des secteurs tels que la santé, l’alimentation, l’autosuffisance en eau, l’assainissement et le climatique …

FI : Quel regard portez-vous sur l’éducation, cet autre enjeu majeur pour l’avenir de Mayotte ? Quelles sont les perspectives pour les nouvelles générations ?

M.M. : La situation est exceptionnelle compte tenu de la croissance démographique, de l’immigration clandestine. L’État a consenti un effort considérable en matière de constructions scolaires. Il doit désormais continuer à investir dans la qualité et l’excellence partout sur le territoire et non pas seulement à certains endroits, faciliter l’accès aux grandes écoles (ENA et autres), multiplier à Mayotte les classes préparatoires et préparer le capital humain à mieux affronter un avenir incertain, de l’inattendu. Il faut aussi mieux s’insérer dans les programmes de mobilité européens pour forger notre jeunesse.

Il faut faire rouvrir sur ce territoire les CFA, en nombre, ainsi que toutes les structures susceptibles de favoriser l’apprentissage des métiers manuels et donner leurs chances à tous les jeunes qui ne peuvent pas faire de longues études. La fermeture de l’ancien CFA est un « crime » à mes yeux. Je ne comprends toujours pas comment certains ont pu faire cela.

L’Éducation nationale doit créer l’Institut des langues régionales dont on parle depuis de longues années, il faut enseigner le « kibushi » et le « shimaoré » aux jeunes générations et éviter qu’ils ne disparaissent, de même qu’il faut développer l’enseignement universitaire sur l’île avec une université autonome disposant de tous les instruments comme le CROUS, le resto U, etc.

FI : En matière de développement économique, quels seront les axes de défense du futur député que vous serez ? Et plus spécifiquement, comment impulser un décollage réaliste et durable de ce secteur ?

M.M. : J’espère obtenir la confiance et le suffrage des électeurs de la circonscription n°1 pour porter un projet économique véritable et ambitieux qui doit nous permettre de sortir Mayotte du sous-développement, de la dépendance de l’extérieur, de la pauvreté chronique, du chômage de masse…

J’entends par là encourager l’activité économique par une politique volontariste de grands travaux d’infrastructures tels que l’aéroport, le port, le transport en commun, les voies de contournement de l’agglomération de Mamoudzou, et autres routes, et puis il faudra bien arriver un jour à la construction du pont reliant la Petite et la Grande-Terre. Nous faisons ici à la fois du développement urbain, de l’économique et de l’environnemental. Transports en site propre, transports maritimes, tramway, téléphérique : nous devons repenser les déplacements du futur car le tout véhicule sans alternative risque d’asphyxier nos villes et villages et de polluer l’urbain.

 

Il faudra aussi libérer de l’attractivité à travers des zones franches, multiplier les zones industrielles dans d’autres endroits de l’île que Kawéni et Longoni, soutenir l’activité dans des domaines ciblés comme l’agriculture, la pêche et l’aquaculture, le médical, le médico-social, la petite enfance, le BTP (bâtiment et travaux publics), l’informatique et le développement numérique, la transition écologique. Ou encore, prendre possession de la zone économique exclusive. Bien entendu, il s’agit de placer l’emploi au cœur de cette stratégie au bénéfice de l’humain et appuyer le développement économique et la création d’activités par d’autres dispositifs de défiscalisation (lois Pons, Pinel et Girardin) lorsqu’il sera question de suppression de l’octroi de mer. En tous les cas, l’État devra trouver des moyens compensatoires notamment pour soutenir l’activité dans les communes. Il nous faut réussir à donner un sens à nos jeunes, en particulier ceux de la tranche des 12 ans, pour qu’ils puissent croire en l’avenir.

FI : À Mayotte également la question du pouvoir d’achat est au centre du débat de ces législatives de 2022. Quelles sont vos préconisations pour remédier à la situation actuelle ?

M.M. : Je me rappelle que nous avons élus ici un député, il y a quelques années, avec la mission première de lutter contre la vie chère, surnommé le « député mabawas ». Malheureusement, nous avons eu droit à l’inverse, des prix de produits de première nécessité encore toujours plus élevés, malgré certains dispositifs de la loi Lurel qui a institué un bouclier de prix pour certains produits. Le pouvoir d’achat viendra de toutes les mesures de développement économique que j’ai cité précédemment et non d’un assistanat généralisé par l’État. Les prix sont trop élevés parce que notre économie est beaucoup trop dépendante des importations donc la promotion de l’emploi local fait partie des solutions. D’autres mesures peuvent venir s’y greffer au moyen, par exemple, de l’égalité sociale. Tous les dispositifs nationaux d’aides aux plus nécessiteux d’entre nous doivent être élargis à Mayotte et non pas seulement le RSA. Par rapport aux prix trop élevés, une lutte acharnée doit être engagée contre les monopoles et les ententes. Un soutien à des groupements locaux, notamment dans de grands projets d’investissement de plus de 50 millions d’euros.

FI : La problématique du logement est aussi une très grande préoccupation du Mahorais actuellement, quelle est votre approche sur ce sujet ? Et comment selon vous, peut-on restituer ce secteur stratégique dans le développement économique de l’île ?

M.M. : Pour ce qui est du logement, il fait partie des éléments structurants du projet économique que j’ai déjà développé un peu plus haut, lequel s’appuie entre autres des filières agricoles, de la pêche, de l’aquaculture, du médical, du médico-social, du social, de la petite enfance, du BTP, de l’informatique et de la transition écologique. Une nécessité de raser tous les bidonvilles à l’échéance d’un mandat, de loger dignement les Mahorais, de régler la question foncière en renforçant notamment la commission d’urgence foncière (CUF chargée de l’indivision et de la titrisation) avec plus de moyens financiers et humains, de multiplier les opérateurs dans le domaine du logement et enfin, de permettre aux Mahorais de devenir des promoteurs immédiats. De l’activité et du progrès humain et social pour les gens. Pour contourner les contraintes et les freins, une solution qui serait de s’appuyer sur des Mahorais déjà propriétaires avec des aides spécifiques pour la mise en location de leur logement. La dynamique économique est là compte tenu des besoins énormes de logement digne. La pleine citoyenneté passe par un toit.

FI : Le foncier demeure un chantier à peine ouvert à Mayotte, malgré les années qui passent. Comment comptez-vous agir depuis le Palais Bourbon pour faire aboutir ce dossier directement lié au logement et au développement économique ?

M.M. : Vous avez raison, nous avons besoin du foncier régularisé, titré, pour les besoins de notre projet d’aménagement et de développement économique. Effectivement, cette question du foncier ne conditionne pas que les questions de logement, il en est de même pour les zones franches, les ZAC et les chantiers d’infrastructures structurantes.

Nous avons l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte qui s’occupe des investissements de l’État, la CUF de l’instruction et de l’indivision. Elle a besoin d’être renforcée. Je l’ai dit. Le Département, les collectivités locales et leurs groupements doivent être en capacité de s’organiser afin de gagner du temps pour leurs projets. Faut-il un autre établissement public ? À voir. Ou une mutualisation avec l’Epfam dans un autre accord où l’élu local a toute sa place. Nous devons faire en sorte à ce que chaque Mahorais soit prioritaire pour titrer son terrain, où est érigée sa maison. Le foncier est la seule richesse qui nous reste.

Près de 800 kilos de déchets ramassés par les Naturalistes en six mois sur la plage de Saziley

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Selon Michel Charpentier (à g.), les associations, le milieu scolaire et les services municipaux des communes sont les plus à même pour sensibiliser la population à la réduction des déchets.

Depuis novembre 2021, l’association Les Naturalistes assure bénévolement la collecte de tous les déchets déposés sur la plage de Saziley. Une initiative qui a permis de ramasser près de 800 kilos de détritus aussi divers que variés, mais qui met en exergue la consommation toujours plus importante de plastique notamment. Le président Michel Charpentier appelle à la mobilisation de tous pour changer les comportements des usagers.

Un cordage accroché à un bloc de polystyrène – dont les billes sont facilement ingérables par les animaux marins – par ci, un filet de pêche par là… Voilà le triste constat réalisé par Les Naturalistes sur la plage de Saziley. Depuis six mois, les membres de l’association profitent de leur présence chaque week-end sur le site où ils encadrent l’observation des pontes de tortues pour collecter bénévolement tous les déchets déposés par les marées. « Un boulot lourd », admet Michel Charpentier, le président, au moment d’annoncer les 773 kilos ramassés, dont pas moins de 513 kilos de plastiques, « l’ennemi numéro un ».

Et il faut dire que les chiffres détaillés font froid dans le dos : 470 tongs, 1.326 bouchons, 82 briquets ou encore 35 brosses à dents sur le simple mois dernier… « Nous avons même trouvé une pièce de bois de 8.6 mètres », relate l’activiste environnemental. « Cela devait être le balancier d’une pirogue. » Autre découverte des plus étonnantes ? L’échouage dans la nuit du 5 au 6 novembre de milliers de krills, principale alimentation des baleines par exemple. Autant de détritus triés, mis en sac et transportés par bateau jusqu’aux bacs à ordures de Mutsamoudou, où « les conditions sanitaires sont plus que douteuses ».

Des photos peu aguichantes

Cette initiative est ainsi l’occasion de répéter une nouvelle fois les conséquences néfastes sur la faune marine (les matières plastiques ont une durée de vie en mer de 500 ans et se fragmentent avec le temps en particules inférieures au micromètre invisibles à l’œil), mais aussi sur le cadre de vie de tous. « Je n’ai aucun scrupule à montrer ces photos peu aguichantes », insiste Michel Carpentier, avant d’évoquer des situations similaires à Charifou et à Dapani, ainsi que dans la descente en direction de la cascade de Soulou et dans la mangrove de Majicavo Koropa ! « Certaines portions du littoral, à l’aval de villages à forte densité, récoltent à coup sûr une masse de déchets proportionnellement beaucoup plus importante qu’une plage sans présence humaine en amont. »

Si le président des Naturalistes souhaite continuer son action « pour avoir des éléments de comparaison dans la durée », il invite à une prise de conscience collective de la part des consommateurs, des distributeurs, des organismes de collecte et des décideurs institutionnels. « Beaucoup d’élus se disent soucieux du développement touristique. Mais pour cela, il faut d’abord s’attaquer à la propreté des plages. Nous pourrions récompenser les collectivités qui se distinguent, nous aurions tout à y gagner ! »

À condition que le préventif prenne peu à peu le pas sur le curatif… « Il faut faire basculer la consommation vers plus de raisonnabilité. » En témoignent les quelque 450 tonnes récupérées annuellement dans les bacs de tri et les 37.000 tonnes de déchets ménagers enfouies par le Sidevam. « La tâche est énorme, il faut une impulsion à la fois départementale et communale », martèle Michel Charpentier. Sans quoi, Mayotte risque bel et bien de se transformer en déchetterie à ciel ouvert.

Nouveau record d’entreprises créées en 2021 et essor du micro-entrepreneuriat

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En 2021, 1.802 entreprises sont créées à Mayotte dans les secteurs marchands non agricoles. Leur nombre augmente ainsi de 33% par rapport à 2020, et atteint un nouveau record. C’est plus du double des 850 créations d’entreprises annuelles enregistrées en moyenne entre 2012 et 2018, avant leur envolée à partir de 2019.

Tout comme en 2019 et 2020, Mayotte est en 2021 l’une des régions françaises les plus dynamiques en termes de créations d’entreprises. Elle est seulement devancée par la Guyane (+ 47%). En France métropolitaine (+ 17%), à La Réunion (+ 20%) et aux Antilles, les créations sont également très dynamiques.

Du fait de ce fort dynamisme des créations d’entreprises, le taux de création d’entreprises augmente encore à Mayotte, pour atteindre 15.9% en 2021. Il dépasse désormais celui de la Guadeloupe (12.4%) et de la Martinique (11.6%), et se rapproche de celui de La Réunion (16.7%), de la Guyane (17.4%) et de la Martinique (18.7%). Cependant, il reste nettement inférieur à la moyenne nationale (19.7%), ce qui traduit le fait que, malgré son fort dynamisme depuis trois ans, le développement de l’entrepreneuriat à Mayotte accuse encore du retard par rapport au niveau national.

La mise en place du statut de micro-entrepreneur à Mayotte à compter de mai 2020 a stimulé les créations d’entreprises. Ainsi, 488 entreprises sont créées sous ce statut en 2021 contre 247 en huit mois en 2020, contribuant ainsi pour la moitié à la hausse des créations d’entreprises. Ce statut engendre 27% de l’ensemble des créations de 2021, contre 61% au niveau national. Mais dans le même temps, les créations sous forme sociétaire (SA, SARL, SAS, etc.) augmentent de nouveau fortement en 2021 (+ 30%). Elles représentent 27% des créations d’entreprises, comme au niveau national. Hors micro-entrepreneurs, le nombre de créations d’entreprises individuelles augmente de 13% par rapport à l’année précédente et ne pâtit donc pas vraiment de la mise en place du nouveau statut de micro-entrepreneur. Au moment de leur création, seules 1.8% des nouvelles entreprises mahoraises emploient des salariés en 2021, contre 2.2% en moyenne nationale. C’est nettement moins qu’en 2020 et qu’en 2019, en lien avec la création du statut de micro-entrepreneur.

En 2021, la hausse des créations d’entreprises est la plus forte dans les services aux particuliers et les services aux entreprises. Ces deux secteurs sont en effet ceux où l’on compte le plus de créations sous le statut de micro-entrepreneurs : respectivement 46% et 38%. Les créations sont également dynamiques dans le secteur du commerce et réparation (y compris automobile), qui est celui où les créations d’entreprises sont les plus nombreuses.

Alors qu’elles étaient légèrement majoritaires en 2017 et 2018, les femmes sont un peu moins nombreuses que les hommes parmi les créateurs d’entreprises individuelles en 2021, comme en 2019 et 2020 (47%). Cette part est toutefois supérieure au niveau national (43%). Ce n’est qu’aux Antilles que cette part est un peu plus élevée qu’à Mayotte. Les femmes sont par ailleurs aussi nombreuses que les hommes parmi les micro entrepreneurs en 2021. Elles sont majoritaires parmi les créateurs d’entreprises dans les activités pour la santé humaine et action sociale, le commerce et les services aux particuliers. À l’inverse, les hommes prédominent largement parmi les créateurs dans la construction (93%) et les activités de services administratifs et de soutien (79%). Les créateurs d’entreprises individuelles sont en moyenne plus âgés à Mayotte qu’au niveau national, mais leur âge moyen tend à diminuer. Ainsi, les créateurs d’entreprises de moins de 30 ans sont plus nombreux en 2021 (24%) qu’en 2019 (20%). La part de moins de 30 ans culmine à 32% parmi les micro-entrepreneurs.

Mayotte est la région européenne au plus fort taux de chômage

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En 2021, en moyenne annuelle, le taux de chômage au sens du bureau international du travail (BIT) au 2ème trimestre s’établit à 30% de la population active à Mayotte. C’est à un niveau environ quatre fois supérieur aux moyennes nationale et européenne.

Le taux de chômage est plus élevé qu’à La Réunion dans cinq régions espagnoles, trois italiennes et trois grecques. Il est aussi plus élevé à Mayotte, qui est la région européenne au plus fort taux de chômage. Comme les autres régions ultrapériphériques, Mayotte partage l’éloignement des marchés d’approvisionnement et d’exportation, ainsi qu’une taille limitée du marché local, ce qui limite son potentiel de développement économique et peut donc se traduire par un déficit d’emplois.

À Mayotte, en 2021, le taux de chômage des hommes (25%) est inférieur à celui des femmes (36%). Celui des jeunes de 15 à 29 ans s’élève à 34% à La Réunion et à 43% à Mayotte, contre 14% en moyenne en France et 13% en moyenne dans l’Union européenne

La fréquentation hôtelière proche de son niveau d’avant la crise sanitaire

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En 2021, la fréquentation hôtelière à Mayotte retrouve quasiment son niveau de 2019, après une année 2020 où elle avait été affectée par la crise sanitaire liée au Covid-19. L’offre de chambres se rapproche ainsi de son niveau d’avant-crise, avec 7.300 chambres disponibles en moyenne chaque mois contre 7.900 en 2019, mais seulement 6.600 en 2020.

Cette offre de chambres en augmentation par rapport à 2020 s’accompagne d’une hausse du taux d’occupation des chambres, qui atteint 74% en moyenne sur l’année 2021 (hors mois de janvier). Celui-ci se situe ainsi légèrement au-dessus du niveau de 2019 (70%). Il était de 52% en 2020 (hors mois de mars). Le taux d’occupation de chambres à Mayotte en 2021 est supérieur à celui de La Réunion (57%).

La fréquentation hôtelière atteint un point bas en avril-mai, quelques semaines après le confinement mis en oeuvre entre le 5 février et le 15 mars : seulement 58% des chambres sont occupées en moyenne sur la période. Le trafic aérien étant alors très limité, les hôtels ne peuvent quasiment pas bénéficier de la venue de touristes d’affaires, qui constituent habituellement une part importante de leur clientèle : le nombre d’arrivées depuis l’Hexagone et La Réunion à l’aéroport de février à mai est inférieur de 61% à son niveau de 2019.

Le taux d’occupation remonte au-dessus de 70% à partir de juin et pour le reste de l’année, sauf en décembre. Il culmine au-dessus de 80% entre septembre et novembre, dans un contexte d’allégement des mesures sanitaires (levée des motifs impérieux pour les voyageurs vaccinés notamment) et de vacances scolaires pour les résidents de l’île. Au final, le taux d’occupation est supérieur au niveau de 2019 pour tous les mois, excepté en avril. Entre juin et août, avec les vacances scolaires, le nombre de nuitées dépasse le seuil des 7.000 nuitées mensuelles.

Carburant : le plan de résilience économique et sociale appliqué à Mayotte

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Afin de faire face aux impacts économiques immédiats de la guerre en Ukraine pour les entreprises françaises, le gouvernement a mis en place un plan de résilience économique et sociale. Ce plan prévoit, notamment, diverses mesures de soutien financier à destination des entreprises pour répondre aux effets induits par la hausse brutale du prix des produits pétroliers résultant du contexte international.

Depuis le 1er avril et jusqu’au 31 juillet, la « remise carburant » de 15 centimes d’euros hors taxe par litre pour les essences et gazoles s’applique aux professionnels. Une aide forfaitaire exceptionnelle au véhicule concerne les entreprises de transport public routier de marchandises, les entreprises de transport public routier de voyageurs par autocar, les entreprises de transport sanitaire hors taxis, les entreprises de négoce d’animaux vivants. Le montant unitaire de l’aide est fixé selon le barème suivant : 300 euros pour chaque ambulance, VSL ou véhicule utilitaire léger de transport routier de marchandises d’un poids total autorisé en charge (PTAC) inférieur ou égal à 3.5 tonnes, 400 euros pour chaque véhicule de transport routier de marchandises d’un PTAC supérieur à 3.5 tonnes et inférieur ou égal à 7.5 tonnes, 600 euros pour chaque véhicule de transport routier de marchandises d’un PTAC supérieur à 7.5 tonnes et inférieur à 26 tonnes, 750 euros pour chaque véhicule porteur dont le PTAC est supérieur ou égal à 26 tonnes, 550 euros pour chaque remorque d’un PTAC supérieur ou égal à 12 tonnes, hors semi-remorque, 1.000 euros pour chaque autocar, 1.300 euros pour chaque véhicule tracteur de transport routier de marchandises. L’aide s’adresse aux entreprises de transport de personnes ou marchandises établies en France disposant d’une licence relative à leur activité, exerçant une activité relevant d’un code NAF suivant : 49.41A, 49.41B, 49.41C, 53.20Z, 49.42Z, 52.10B, 52.29A, 52.29B, 49.39A, 49.39B, 86.90A et étant à jour de ses obligations sociales et fiscales au 31 décembre 2019.

Les véhicules éligibles doivent être la propriété de l’entreprise bénéficiaire de l’aide ou pris en location par celle-ci, dans le cadre d’un contrat de location de longue durée ou de crédit-bail, effectivement exploités pour du transport public routier par l’entreprise bénéficiaire de l’aide, en conformité avec les exigences de la réglementation relative au contrôle technique.

La demande peut être réalisée de manière dématérialisée jusqu’au 30 mai 2022 via le téléservice accessible sous ce lien https://portail-aide-aux-transporteurs.asp-public.fr/aidtransp/.

Une aide spécifique est mise en œuvre pour aider les petites et moyennes entreprises du secteur des travaux publics établies en France. L’aide est égale à 0.125 % du chiffre d’affaires annuel 2021, dans la limite de 200.000 euros. Les entreprises doivent remplir les conditions d’éligibilité suivantes à la date de dépôt de la demande : avoir été créées avant le 1er janvier 2022 ; exercer leur activité principale dans un des secteurs d’activités des travaux publics mentionnés à l’annexe du décret n° 2022-485 du 5 avril 2022 ; exploiter un matériel de travaux publics (au sens du 6.9 de l’article R. 311-1 du code de la route) ; être à jour de ses obligations sociales et fiscales au 31 décembre 2019. La demande peut être réalisée de manière dématérialisée jusqu’au 30 juin 2022 sur le site impots.gouv.fr.

Général Olivier Capelle : « L’avantage d’avoir un escadron qui nous a bien aidés »

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Le général Olivier Capelle dirige la compagnie de gendarmerie de Mayotte depuis août 2020.

Récemment promu général, le commandant du groupement de la gendarmerie de Mayotte, Olivier Capelle, a accepté de faire le point sur l’activité des militaires sur l’île. Alors que les renforts envoyés il y a deux mois sont repartis ce dimanche, l’ex-colonel ne désespère pas qu’ils soient « pérennes » à l’avenir.

Flash Infos : Félicitations pour votre promotion. Qu’est-ce que cela va changer ?

Olivier Capelle : Merci beaucoup. Alors, sur les fonctions au quotidien, ça ne va rien changer. Ça changera, pour moi, dans les perspectives de poste après Mayotte. Ça me permettra certainement, en tout cas je l’espère, d’exercer des hautes responsabilités au sein de la gendarmerie, sur des grands commandements de régions, de zones de défense ou au sein de cabinets.

FI : Votre mandat est de trois ans, renouvelable possiblement d’un an. Quels sont vos souhaits ?

O.C. : On va déjà partir sur trois ans. Le mandat initial convient de remplir cette fonction de commandant de l’été 2020 à celui de 2023. Oui, c’est prorogeable au moins d’un an, mais pas au-delà. En outre-mer, les commandants de gendarmerie font rarement plus de quatre ans. Pour l’instant, on est plutôt sur une sortie en 2023.

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Les gendarmes, grâce aux renforts arrivés il y a deux mois, ont pu être davantage présents sur les points chauds de l’île. Comme ici, l’escadron « Mike » à la sortie du lycée de Kahani.

FI : Comment voyez-vous votre bilan après deux ans ?

O.C. : C’est une excellente question. Je vais parler plutôt des hommes et des femmes avec lequel je travaille. En deux ans, j’ai un peu chaussé les bottes de mon prédécesseur (N.D.L.R. le général Philippe Leclercq). Il avait augmenté de près de 80% les effectifs de la gendarmerie entre 2017 et 2020. Je poursuis ces efforts en essayant de structurer un petit peu mieux certaines unités, qui manquaient de niveau de commandement intermédiaire. C’était l’objectif en créant le groupement de Koungou. Ce sera le cas cet été avec la création d’une brigade de recherches au sein de cette compagnie. On professionnalise le Psig (peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie), on a réaménagé le service de gendarmerie mobile en Petite-Terre. Après les fondations faites par mon prédécesseur, on a essayé de monter les murs le plus proprement possible pour que l’édifice tienne bien. Sur la troisième année, ce sera plutôt de la prospective, nous devons essayer de dégager un schéma directeur de la gendarmerie à quinze, vingt ans.

FI : Quelle est la différence entre une brigade et une section de recherches comme celle de Mamoudzou ?

O.C. : Justement parce qu’il n’y a pas de BR, la section brasse un spectre de missions et de procédures qui sont un peu larges. On souhaiterait la recentrer sur son cœur de métier, les affaires criminelles ou de délits complexes comme ceux concernant la délinquance financière. La brigade, qui devrait être complète à la fin de l’année, pourra traiter davantage de la délinquance qui ne peut pas se faire sur du moyen terme, mais de façon plus poussée que les brigades territoriales. Ce sont les stupéfiants, des violences intrafamiliales un peu complexes, des affaires d’agression sexuelle ou potentiellement du vol à main armée. Ce sont des affaires qui engorgent la SR alors qu’ils ne sont que 20 à la constituer. Il nous faut donc ce niveau intermédiaire.

FI : Ces deux derniers mois, la situation sur l’île semble apaisée. Est-ce une vue de l’esprit ?

O.C. : Non, ce n’est pas une vue de l’esprit. C’est vrai que c’est plutôt calme. Je ne dis pas qu’il n’y a pas quelques résurgences, comme mercredi à Labattoir. Mais globalement, c’est très calme. On ne connaît plus de troubles dans les villages comme ceux de Combani et Miréréni. On a eu l’avantage d’avoir un escadron qui nous a quand même bien aidés depuis février.

FI : En parlant de l’escadron « Mike », celui-ci est parti ce dimanche. Avez-vous toujours besoin de renforts ?

O.C. : On va essayer de pérenniser cet escadron supplémentaire. La relève n’est pas encore planifiée. On ne doute pas qu’on puisse obtenir celle-ci au regard des problématiques que l’on rencontre, notamment en termes d’ordre public, de lutte contre l’immigration ou de sécurité au quotidien. C’est un choix politique, donc il y a des choses qui ne m’appartiennent pas. Vous savez que nous sommes en période de transition. Il faudra attendre que le dispositif gouvernemental se stabilise pour que l’on puisse remettre le sujet sur la table.

FI : Cet escadron devait soulager des forces de l’ordre durement sollicitées. Savez-vous combien avez-vous eu de blessés depuis le début de l’année ?

O.C. : Sur les quatre derniers mois, nous avons 32 blessés, dont 28 gendarmes mobiles et quatre départementaux. Il y a eu parfois des blessures assez graves comme celle d’un adjudant lors d’un contrôle d’étrangers en situation irrégulière sur un chantier. Il est passé à travers les infrastructures du chantier et est tombé lourdement au sol, entraînant de graves blessures au dos et aux jambes. Cela reste rare, mais on va dire que c’est régulier.

FI : Vous avez évoqué Combani. Comment la situation s’est-elle arrangée ?

O.C. : Je pense qu’il y a eu un effort de tous les acteurs de ces deux villages. Il y en a un également de notre côté pour être plus présent et pas uniquement que sur le volet répressif, mais en allant davantage au contact de la population. Il y a eu un effort de la commune avec une police municipale mieux structurée avec des agents originaires de deux villages. Il y a aussi une responsabilisation des adultes, qui à mon sens se sont davantage engagés auprès des jeunes pour les tenir et jouer leur rôle d’autorité parentale. Les associations se sont également mobilisées. Il y a une vraie concorde qui se dégage et donc moins de faits. La mairie de Tsingoni est également l’une des plus entreprenantes avec des remontées d’informations.

FI : Les vagues d’arrestations ont sans doute eu l’effet escompté.

O.C. : Il y a eu des affaires de police judiciaire qui ont été marquantes, c’est certain. C’est important de marquer les esprits avec ces opérations. Mais j’ai tendance à dire que sur du long terme, ça ne suffit pas. Si on n’a pas un effort de l’ensemble des acteurs pour prévenir la délinquance et que chacun joue son rôle, vous aurez beau faire toutes les interpellations possibles, les bandes se reconstitueront et ça repartira.

FI : Avez-vous remarqué une augmentation d’un certain type de délits ?

O.C. : On a vu une augmentation de ce qu’on appelle les atteintes volontaires à l’intégrité physique. Ça regroupe tout ce qui est coups et blessures volontaires. On s’aperçoit qu’on a de plus en plus de violences de type non crapuleuse. C’est-à-dire des violences et des affrontements entre protagonistes qui ne sont là que pour s’affronter ou se porter des coups, pas nécessairement pour voler un téléphone ou des effets personnels. C’est souvent le fait de violences exercées entre jeunes au sein d’établissements scolaires, à proximité de transports scolaires. Ce n’est pas forcément de grandes interruptions volontaires de travail (ITT), mais avec quelques traumatismes malgré tout. A côté de ça, j’ai des indicateurs régulièrement en baisse. C’est le cas des vols, comme ceux liés aux véhicules.

FI : Nous étions récemment à Kahani où les violences sont plus rares (voir FI du vendredi 29 avril). Comment êtes-vous arrivé à ce résultat ?

O.C. : L’escadron supplémentaire nous a fait beaucoup de bien, on a pu concentrer davantage d’effectif. Quoi qu’on en dise, cette dernière permet de dissuader la commission des infractions.

FI : Au contraire, Petite-Terre est plus agitée ces derniers temps. De quelle manière, gérez-vous cette situation ?

O.C. : On essaye d’abord de s’interposer entre groupes de jeunes pour éviter que les affrontements souvent sous la forme de jets de projectiles ne se dégradent au point où ils en viennent à la confrontation directe. On a aussi géré cette situation par la réitération d’opérations anti-délinquance sur les secteurs avec des contrôles à l’entrée du lycée, une présence plus massive entre la barge et le lycée, et un contrôle plus systématique à l’entrée de la barge afin d’éviter que les jeunes de Grande-Terre ne viennent commettre des violences. Le lycée de Pamandzi accueille parfois des jeunes qui exportent sur Petite-Terre leurs conflits de quartiers.

FI : Quelle est la difficulté à interpeller les auteurs de violences ?

O.C. : Elle est double, mais elle se résorbe quasiment d’elle-même. A l’instant T, notre priorité est de faire cesser les troubles. On privilégiera toujours la possibilité de disperser les groupes et d’aller ensuite les interpeller, plutôt que d’aller les interpeller en se faisant aspirer dans des secteurs où les gendarmes se mettraient en danger. On a toujours en tête l’idée de le faire en sécurité. La preuve, 48 heures après, on a été cherché trois auteurs majeurs de ces faits, identifiés à l’aide d’images vidéo. L’autre difficulté, ce sont les renseignements qui nous permettent de prévenir ces troubles. Ce n’est la qualité du renseignement qui est bien là, mais le délai de transmission qui est parfois trop court.

 

Ving-et-un ans de gendarmerie avant d’arriver au grade de général

Agé de 49 ans et père de trois enfants, Olivier Capelle s’est vu récemment promu au grade de général. Le commandant de la gendarmerie de Mayotte depuis le 3 août 2020 a intégré la gendarmerie en 2001. Avant, l’homme a fait ses classes à l’armée, en passant notamment par le 152e régiment d’infanterie de Colmar, au cours des quatre années précédentes.

Pendant son parcours, il a été un commandant d’escadron de gendarmerie mobile en région parisienne, puis de la compagnie de gendarmerie départementale dans le Lot-et-Garonne. Affecté à la direction générale, de 2009 à 2013, il était chef de section doctrine ordre public. Ensuite, Il a été contrôleur de gestion, puis adjoint du chef des opérations de la région Alsace. Après un bref retour sur les bancs de l’École de guerre à l’École militaire de Paris en 2016 et 2017, il a pris la tête du groupement de gendarmerie mobile à Dijon (Côte-d’Or). Il a participé à toutes sortes d’opérations, que ce soient le démantèlement de la Zad de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), les manifestations de Gilets Jaunes et plusieurs déplacements en province du président de la République.

Finales des playoffs : Le Vautour de Labattoir décidément trop fort pour les Rapides éclairs de Pamandzi

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Premier de saison régulière, le Vautour club a confirmé en gagnant les finales du championnat de Mayotte.

Le premier quart-temps a scellé le sort du match. Avec quatre malheureux points, les Rapides éclairs de Pamandzi n’ont jamais pu revenir sur leurs rivaux de Labattoir (49-67) en finales, alors qu’ils jouaient à domicile le deuxième match. Le Vautour de Labattoir remporte le championnat de Mayotte.

Les réactions d’après-match

Rifki Saïd, co-capitaine de Labattoir : «  On savait qu’en gagnant avec vingt points d’écart chez nous, on pouvait faire la même chose chez nous. Eux, c’est l’Atletico de Madrid, ils gagnent des matchs, mais nous, on est le Real Madrid, on remporte des titres. On était déterminé. On voulait leur « casser la gueule ». Il y en a deux pour qui on souhaitait gagner ce trophée, notre président et notre capitaine Henry. Il y est pour beaucoup. »

Moendandze Djihad, coach adjoint de Pamandzi : Ils n’ont pas démérité. Ils ont été meilleurs, je dois le reconnaître. On n’a pas su rentrer dans le match à l’aller. C’était encore le cas ici.  On a noté des dysfonctionnements de l’arbitrage sur les deux matchs, des fautes sifflées pour nous et d’autres qui ne le sont pas pour l’équipe d’en face. L’expulsion de notre capitaine ne nous a pas non plus aidés. En tout cas, je tiens à souligner la qualité de l’organisation. C’est un match qui rentre dans notre rivalité quasi-légendaire. »

Sages-femmes : « Il faut que la direction du CHM soit pionnière dans la reconnaissance de notre statut »

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Ce jeudi 5 mai se déroulait la journée internationale de la sage-femme. À cette occasion, le conseil national de l’ordre des sages-femmes a souhaité mettre en lumière sa campagne « Santé pour toutes », qui a pour objectif de faire de la santé et des droits des femmes une priorité pour les prochaines années. Alors que la profession s’avère parfois encore méconnue du public, Cloé Mandard, la présidente du conseil départemental, fait le point sur l’évolution de ce corps de métier au sein de la plus grande maternité de France.

Flash Infos : Le 101ème département comptabilise 170 sages-femmes sur son territoire. Considérez-vous ce chiffre suffisant alors que le centre hospitalier de Mayotte devrait recenser 12.500 nouveau-nés sur l’année 2022 ?

sages-femmes-direction-chm-pionniere-reconnaissance-notre-statutCloé Mandard : Le chiffre est clairement insuffisant quelque soit le secteur d’activité, c’est-à-dire à l’hôpital, en PMI (protection maternelle et infantile) et en cabinet libéral. Donc malheureusement, les forces vives ne répondent aux besoins des toutes les femmes et l’ensemble de nos missions ne sont pas pleinement abouties ! Des patientes ne sont pas suivies de façon optimale, faute de praticiens et de connaissances de la part du grand public.

Nous avons toutefois noté une amélioration sur l’offre de soins dans le privé à la suite d’installations libérales. Nous avons pu couvrir plus largement le maillage territorial. À titre d’exemple, en Petite-Terre, il y a désormais quatre sages-femmes pour deux cabinets, contre une seule il y a trois ans. Malgré tout, des zones restent encore sous-dotées si l’on en croit la nouvelle cartographie de la Sécurité sociale. Sur Grande-Terre, la répartition est beaucoup plus éparse avec seulement trois praticiennes pour le Grand Nord. Nous tournons beaucoup dans l’obstétrique, mais il existe encore des manquements concernant la rééducation périnéale, les cours de préparation à la naissance ou encore l’accompagnement à l’allaitement…

FI : Sans aucun doute, l’absence d’information sur l’intégralité de votre corps de métier est préjudiciable pour les patientes.

C.M. : Le gros sujet repose sur les connaissances en gynécologie ! Certaines patientes vont à La Réunion pour un simple frottis ou pour une contraception alors que nous sommes aptes à les réaliser et à les administrer. Pour rappel, les sages-femmes participent au dépistage des cancers de l’utérus et du sein et peuvent prescrire une mammographie. Beaucoup d’entre nous se forment pour augmenter l’offre de soins sur le département. En ce sens, nous attendons impatiemment le passage du décret relatif à l’extension de la compétence à réaliser les IVG (interruption volontaire de grossesse) par voie chirurgicale. Par ailleurs, le dépistage et le traitement des IST (infections sexuellement transmissibles) chez les partenaires sont déjà effectifs à la suite du nouveau plan de mars 2022.

FI : Un nouveau directeur vient de débarquer à l’hôpital, qu’attendez-vous de sa nomination concernant vos conditions de travail ?

C.M. : Nous ne l’avons pas encore rencontré, mais il s’agit d’une demande de notre part lorsque nous avons appris sa nomination. Depuis plus d’un an, nous suivons localement les mouvements de grève nationaux pour faire bouger les lignes ! Le pôle gynécologie-obstétrical représente plus de 50% de l’activité du CHM. Il nous faut bien évidemment des moyens humains supplémentaires : recruter des sages-femmes, être attractif et fidéliser celles qui sont en poste depuis un certain temps. À ce sujet, nous trouvons que les propositions avancées ne sont pas assez offensives… Il faut également davantage de moyens matériels : en grossesses à haut risque, nous sommes à 200% de taux d’occupation, sachant que nous n’avons que 18 lits. Par ailleurs, l’hospitalisation en suite de couche fait défaut de façon récurrente. Nous sommes amenées à réaliser des sorties précoces de manière quasi systématique !

Nous attendons de cette direction qu’elle reconnaisse le caractère médical de notre profession et qu’elle soit pionnière dans la reconnaissance de notre statut (formation continue et rémunération). Si demain, un enfant va mal, la réanimation néonatale est réalisée par la sage-femme… Nous avons l’activité périnatale la plus importante de France. Notre profession a le devoir d’être valorisée à sa juste valeur et surtout, nous avons le droit d’être entendues par le ministère.

FI : Comme vous l’avez dit, vous battez régulièrement le pavé. Où en est votre combat ? Et comment les revendications spécifiques à Mayotte sont-elles perçues par l’Ordre national des sages-femmes ?

C.M. : Au niveau local, il y a eu des avancées sur la PMI, à la suite d’un dialogue social mené avec le Département. C’est positif ! Pour le volet libéral, des actions et des discussions sont menées avec l’agence régionale de santé pour faciliter les installations. Mais il reste encore à régler tous les problèmes institutionnels, comme les tarifs à mettre en place. Idem, nous demandons une reconnaissance du statut de maître de stage, comme l’ont les médecins. Cela freine l’encadrement des étudiantes et donc des futures consœurs. Pour le reste, c’est en stand-by : nous sommes perpétuellement en sous-effectif, donc soit nous travaillons, soit nous dormons…

Concernant l’Ordre, chaque département remonte ses difficultés de terrain. Très régulièrement, nous recevons une grande écoute par rapport à nos signaux d’alerte. Nos revendications ont notamment alimenté le travail sur le national, à savoir les problématiques liés aux effectifs et à la prévention. Aujourd’hui, il est tout simplement grand temps de faire de la sage-femme le premiers recours à la santé de la femme.

Les jeunes entrepreneurs mahorais honorés pour leurs innovations

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Le projet d’Habit’âme est de construire des logements à base de matières recyclés.

Des jeunes Mahorais ont été récompensés, jeudi soir, au 5/5 à Mamoudzou, pour leur ingéniosité. Organisé par Totalénergies, le challenge startupper a primé le meilleur entrepreneur de l’année en la personne de Rachid Abdou Moussa, Amina Madi-Bao en tant que meilleure entrepreneuse. Le projet de création d’entreprise honoré a été Habit’âme avec sa solution de logement en kit fabriqué en matières recyclées.

Le début de la soirée a d’abord semblé un peu paradoxal, une coupure d’électricité empêchant Total énergies de mettre en lumière les lauréats de son challenge startuppers. Mais une fois celle-ci réparée, les jeunes entrepreneurs mahorais, très bien vêtus pour l’occasion, ont pu monter sur la scène et recevoir leurs prix.

Le concours, ouvert de l’âge de 18 ans à 35 ans, existe depuis quelques années maintenant. Il permet à de jeunes Mahorais, à la fois de confronter leurs projets avec d’autres et également de remporter une bourse de 7.000 € chacun, une visibilité et un coaching personnalisé par la chambre de commerce et de l’industrie de Mayotte. 40 dossiers ont été présentés par des jeunes de l’île. « L’enjeu de ce challenge est de développer un écosystème entrepreneurial qui soit dynamique et local », indique Karine Poisson, directrice générale de TotalEnergies Marketing Mayotte. Trois critères sont alors retenus, répondre aux problématiques de développement durable, avoir un caractère innovant et la faisabilité de voir le jour.

« Un clavier qui permet de communiquer en shimaoré et en kiboushi »

Trois initiatives ont retenu particulièrement l’attention du jury. La première est un clavier numérique, pour l’instant accessible sur Android. Conçu par Rachid Abou Moussa, il permet de s’exprimer en shimaroé, en kiboushi et dans toutes les langues dérivées du Swahili. « C’est un concept qui en cache plusieurs autres. C’est un clavier qui permet de communiquer en respectant la phonétique de ces langues. Ça peut servir à des scientifiques, ceux qui donnent des cours ou même celui qui veut apprendre », relate le fondateur de Maoclav Concepts.

Côté féminin, c’est d’Amina Madi-Bao et « ses délices » qui ont été primés. Sa société de boulangerie, pâtisserie et traiteur mêle la cuisine traditionnelle mahoraise et l’utilisation de produits écologiques. Installé à Dembéni, Habit’âme reçoit le prix du meilleur projet de création d’entreprise. « Notre projet est d’essayer d’améliorer les conditions de vie à Mayotte, pour tous et de manière accessible. On veut amener notre petite pierre à l’édifice en essayent de dépolluer Mayotte de ces déchets », révèle Hannah Dominique. Deux machines, qui ne sont pas encore arrivées, vont permettre à la petite équipe de confectionner des briques à base de plastique recyclé.

La remise de prix ne s’est pas arrêtée puisqu’une dizaine d’autres ont pu monter sur la scène. Preuve que le jeune tissu entrepreneurial mahorais ne manque pas de lumières.

Abdillah Sousou : l’habit fait la détermination

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Au chapitre de la vie qu’est l’injonction à se relever, qu’importe le nombre de chutes, Abdillah Sousou est le narrateur. Champion de karaté à ses plus grandes heures, le désormais quarantenaire a créé sa marque de vêtements, Soussou Sportswear, et ne songe qu’à entreprendre sans relâche, décrochant contrats et partenariats à la faveur de sa volonté. De retour aux sources depuis quelques mois, le chef d’entreprise compte bien poser sa griffe sur Mayotte. Quitte à connaître des échecs, mais sans jamais rester à terre.

D’emblée, il ne faut pas le chercher sur son nom de famille, qui est aussi celui de sa marque. « Je ne comprends pas cette question. Mon nom, je ne l’ai pas choisi, comme ma couleur de peau« , lance Abdillah Sousou en tenant le regard. L’œil vif, la silhouette élancée, le quarantenaire a gardé du tatami sa volonté d’en découdre, qui le fait désormais avancer dans le domaine de l’entrepreneuriat. Rien ne le destinait pourtant à réussir de la sorte. Issu d’une famille modeste, avec « ni père riche, ni mère riche, ni école de commerce« , l’enfance d’Abdillah s’écrit bien vite sur le sol métropolitain lorsque son père se remarie. « À 7 ans, on vient et on te prend, on te ramène en métropole, témoigne-t-il. Tu es marqué au fer, quoi. On pense que c’est bien, mais non. J’ai plein de copains dans le même cas, et ils sont tous blessés. »

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En 2020, l’entrepreneur a mis en place l’opération Bonnets solidaires auprès de 200 sans-abris.

« Je ne pouvais devenir qu’un homme mauvais, ou fort »

Passé de la luxuriante végétation mahoraise à la grisaille de la banlieue nord parisienne, le jeune garçon est plus proche de l’épopée d’un Gavroche que des scénarios de films hollywoodiens. Ce sont pourtant ces derniers qui le font rêver : « J’ai voulu faire un sport de combat très tôt, en voyant des films générationnels, plutôt avec Jean-Claude Van Damme que Bruce Lee, qui n’est pas de ma génération. Je me suis tourné vers le karaté parce qu’il y en avait en bas de chez moi. » Cependant, à seulement 10 ans, son père le somme d’aller travailler. À l’époque, Abdillah fait donc de l’emballage – déballage sur les stands du marché aux puces de Saint-Ouen, à côté de Porte de Clignancourt. « Je venais tôt pour déballer la marchandise sur les stands, et je revenais le soir pour remballer, raconte-t-il. Ça existe. Ça m’a permis d’avoir un peu de kopecks et de payer mes premiers cours.

Le jeune homme obtient donc sa première licence de karaté à 13 ans, et se classe au niveau régional jusqu’à ses 16 ans, avant d’intégrer le Sporting International de Karaté Paris (SIK), « le plus grand club du monde à l’époque, très médiatisé par Chantal Jouanno, ex-ministre, avec qui je m’entraînais et que j’ai habillée à l’occasion de son championnat de France, sous Nicolas Sarkozy« . Entre-temps, le désormais majeur rentre à Mayotte, pour un moment qui restera gravé dans sa mémoire. « J’ai revu ma mère à 18 ans, donc forcément je ne pouvais devenir qu’un homme mauvais, ou fort, assène-t-il. Ma mère était jumelle. Je m’en rappellerai toujours, à l’aéroport, elles étaient deux, mais je savais qui était ma mère. Il n’y a pas de mots. »

 

« Merde (sic), c’est un mec du SIK »

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Soussou Sportswear propose des gammes de vêtements fabriqués à base de tissu recyclé.

Marqué par la vie, Abdillah Sousou se dit dès le départ que réussir est un devoir. Alors que l’actuel père d’un fils de 7 ans et demi et d’une fille de 3 ans accumule les participations aux championnats de France et d’Europe, une révélation le frappe lors d’un combat. « Au SIK, on était les seuls à avoir une tenue commune, explique l’entrepreneur. Le survêtement n’existait pas dans les arts martiaux. Un jour, je vais combattre contre une personne très forte, pour moi, parce que son frère venait de faire les championnats du monde. Mais je ne savais pas qui c’était, elle n’avait pas de survêtement. En montant sur le tatami, avec la tenue du club, il se dit « Merde, c’est un mec du SIK« . Il perd beaucoup de force psychologique, c’est important, Muhammad Ali jouait sur ça par exemple. Je le bats. Je pense être entrepreneur dans l’âme, et cette information me fait fonder Soussou Sportswear. »

Immédiatement, il dépose la marque en 2008, avec deux « S » pour la sonorité. Il travaille avec le SIK, ainsi que les clubs de Marseille et Colombes, grandes écuries de l’époque : « Je les habille tous gratuitement« . Constitué autoentrepreneur en 2010, il est contacté par la région de la Sarthe pour s’installer au Mans en 2015, avant de passer en SAS en 2017, avec un capital de 60 000 euros. Le jeune chef d’entreprise à deux modèles économiques : « Adidas et Nike, ce sont les meilleurs. Je me considère comme un équipementier français, c’est important. Il n’y en a aucun. »

Un vol présidentiel avec François Hollande

Début 2014. Abdillah Sousou est dans sa voiture quand il reçoit un appel. C’est l’équipe du président de la République, François Hollande. « Pourquoi moi ?« , se demande-t-il encore. Le Mahorais est en fait invité pour accompagner le président lors d’un voyage. « Nous avons dû passer un entretien à l’Elysée avec mon épouse, face au conseiller spécial outre-mer et Nathalie Ianetta, conseillère spéciale sport. » Seulement, le jour du départ supposé, le 24 juillet 2014, est aussi celui du terrible crash aérien d’un vol algérien au Mali, faisant 110 victimes dont 54 Français. « On ne part plus, le voyage est reprogrammé« , raconte Abdillah. C’est finalement du 19 au 23 août 2014 qu’il effectue un voyage présidentiel avec François Hollande, qui reste une grande inspiration. « Il disait que c’est en étant le plus discret qu’on est le plus efficace« , aime-t-il à répéter.

Peut-être est-ce à fréquenter un président de la République socialiste que le fondateur de Soussou Sportswear développe une fibre sociale. En 2019, il lance en effet une opération « vêtements solidaires« , consistant en un don de 200 vêtements à des sans-abris du Mans. Un an plus tard, il réitère l’opération, mais avec des « bonnets solidaires« . « C’est important quand on sait d’où je viens, affirme Abdillah Sousou. Les valeurs de la marque sont courage, respect, victoire, fierté. J’ai toujours donné et je donne toujours. L’argent ce n’est rien, c’est le projet qui est important. L’argent vient car le projet est important. »

Des amis ukrainiens, sportifs, partis à la guerre

Autre mesure progressiste appliquée par l’équipementier, l’utilisation de tissus recyclés à partir de bouteilles en plastique. « J’aimerais faire plus sur le volet écologique, mais le client cherche toujours son avantage financier, admet-il. Tout est possible, à Mayotte ce n’est pas le plastique qui manque ! Je l’ai fait avec le Maroc. C’est aux politiques publiques d’agir. » Avant son retour sur l’île au lagon, l’ancien karatéka a bien bourlingué, dans de nombreux pays du globe, dont… L’Ukraine. « Bien sûr que ça me fait quelque chose« , avoue-t-il au sujet de l’invasion russe. « Je suis sortie avec une Ukrainienne, je connais la place Maïdan [à Kiev, NDLR], j’ai des amis là-bas, sportifs ou pas, j’ai essayé d’y joindre des gens que je connais. Certains d’entre eux sont partis à la guerre. Et ce qu’ils ont fait, je ne vais pas te dire bêtement que j’aurais le courage de le faire. Je ne sais pas ce que je ferais. Mais moi, je savais qu’ils le feraient, parce qu’ils ont toujours connu ça. »

« À Mayotte ce n’est pas le plastique qui manque ! »

« Il n’a pas trouvé mieux que son lopin de terre« , chantait Francis Cabrel en 1977. « Après avoir fait le tour du monde, tout ce qu’on veut, c’est être à la maison« , rappait Orelsan en 2011. Ces leçons, Abdillah Sousou les assimile l’été dernier : « Je vais avoir 42 ans, et mes parents ont vraiment besoin de moi. Il n’y a pas que ça, il y a aussi la conjoncture. J’étais très bien au Mans, même si je voyageais beaucoup. J’ai aussi décidé de venir parce que je sais que je peux apporter des choses« . Alors, en août 2021, M. Sousou emmène femme et enfants sur l’île aux parfums. Si l’entrepreneur a un petit point de vente sur Dzoumogné, il cherche désespérément un local pour sa marque, les choses n’avançant pas assez rapidement pour cet homme qui veut tout, tout de suite. « Je suis un combattant, un fou, soutient-il. Il faut entreprendre, oser, être audacieux. Celui qui ne connaît pas d’échecs n’avance pas. »

L’équipe de France de karaté à Mayotte

Cette audace le pousse à aborder Thierry Suquet, le préfet de Mayotte, dans la rue, mais aussi à refuser de passer par son cabinet. « Ça lui a plu, il m’a donné ses coordonnées« , se réjouit-il. Le karatéka s’emploie alors à lui montrer des preuves de son implication à Mayotte, avec une vidéo de 2012 dans laquelle il entraîne quelque 170 enfants de Labattoir. « À l’époque, dit-il, nous avons fait l’interview d’un jeune garçon comorien lors de ce cours. Aujourd’hui, il est directeur, et je vais entreprendre avec lui. C’est une fierté. Je ne sais pas ce qu’ont fait les autres, mais lui je l’ai retrouvé« . Une histoire qui plait au délégué du gouvernement à Mayotte, et qui devrait valoir à Abdillah d’être l’un des chantres du développement de la pratique du karaté à Mayotte.

Mais l’essor de sa marque n’est jamais loin. Regorgeant de projets, dont certains sont encore indicibles, M. Sousou dessine actuellement les tenues du racing Club de Mamoudzou et du Comité d’athlétisme, ainsi que pour d’autres organismes. Du 20 au 22 mai, il organisera un événement avec Patricia Girard, multiple championne du monde et médaille de bronze aux JO de 1996 sur 100 mètres, et Nasrane Bacar, multiple championne de France sur 60 mètres. « J’ai toujours adoré les conférences« , avoue-t-il. Mais ce n’est pas tout : en juin, l’hyperactif équipementier fera venir à Mayotte Benoît Gomis, entraîneur NBA de l’élite du basket français telle que Rudy Gobert, Nicolas Batum, Frank Ntilikina ou Sekou Doumbouya. Enfin, en juillet, Abdillah organisera un stage de karaté avec l’équipe de France, ainsi que des rencontres avec les Comores et Madagascar. Une ambition qui n’a donc d’égale que son culot, sans limites.

Retrouvez ce portrait dans le numéro 998 de Mayotte Hebdo.

Déplacement en métropole des cadets citoyens de la gendarmerie de Mayotte

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Sous l’égide du capitaine Ahamada Hambaly, la promotion « SOUPRIT » des cadets citoyens de la gendarmerie de Mayotte sont à Paris, jusqu’au jeudi 12 mai prochain. Ce déplacement s’inscrit dans le parcours des cadets et a pour objet d’affirmer leur engagement citoyen en leur permettant d’accéder au patrimoine national commun au travers de ses aspects institutionnels, historiques et architecturaux. Par ailleurs, leur réception par les plus hautes autorités de l’État contribuera à les mettre en valeur.

Le devoir de mémoire s’est également imposé à cette promotion qui est baptisée du surnom de Boinali Hamidi, l’un des rares mahorais à avoir combattu durant la Seconde guerre mondiale. Afin de leur transmettre « les valeurs républicaines des hommes et femmes qui ont défendu le territoire national et ses idéaux », les cadets effectueront notamment une visite les plages du débarquement en Normandie avant d’assister à la cérémonie du 8 mai à l’Arc de Triomphe à Paris. C’est en présence de leurs parents respectifs et de leurs cadres que le général Olivier Capelle s’est adressé à eux avant leur départ pour leur rappeler les enjeux de ce studieux déplacement.

Six maîtres-nageurs en formation au CREPS de La Réunion

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L’apprentissage de la natation qui débutait vers l’âge de six ans s’adresse désormais aux enfants de quatre ans, un âge considéré comme idéal pour adopter naturellement les réflexes de flottaison. C’est ce que formalise le programme ministériel « aisance aquatique » qui permet de débuter l’apprentissage dès le plus jeune âge afin d’acquérir les gestes qui sauvent et de permettre à l’enfant de se sortir de situations dangereuses.

Dans ce cadre, six maîtres-nageurs de Mayotte, issus de l’Éducation nationale et de la société civile partiront du 9 au 13 mai 2022 se former au CREPS de La Réunion à ce nouveau programme d’apprentissage. Cette formation est prise en charge par l’agence nationale du sport qui décline ce programme interministériel. Ces maîtres-nageurs, pour certains originaires de l’île aux parfums, vont suivre le premier module d’une formation qui leur permettra dans un premier temps d’enseigner ce programme et dans un deuxième temps, suite à un deuxième stage qui sera dispensé à Mayotte, de devenir formateur dans ce domaine bien précis.

Il s’agit de stabiliser les conditions d’enseignement de la natation au plus grand nombre sur le territoire en pérennisant les compétences, que ce soit dans le cadre scolaire du premier et du second degré ou dans le cadre de structures privées et fédérales. Parallèlement, et afin d’améliorer les conditions d’apprentissage, des solutions de bassins sont étudiées avec les différents partenaires institutionnels sur l’ensemble du territoire avec comme objectif de faciliter l’accès à l’apprentissage pour tous. Ces initiatives entrent non seulement dans la stratégie du « Plan natation » porté par le rectorat et la délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (DRAJES), mais constituent aussi l’une des étapes clés préalables au développement de l’économie bleue.

Ludovic Cailly, nouveau directeur général de la BFC

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Ludovic Cailly vient d’être nommé directeur général de la BFC. Il succède à Ridha Tekaïa qui est amené à prendre de nouvelles responsabilités au sein du groupe Société Générale. Ludovic Cailly a, ces dernières années, successivement exercé les fonctions de directeur régional sur Amiens et directeur commercial régional pour les départements de l’Oise et de l’Aisne. Il aura pour mission de poursuivre le développement de la BFC et conforter son rôle de banque régionale et acteur bancaire incontournable à La Réunion et à Mayotte.

Ouverture de la crèche Moilimou M’boro à M’Tsamboro

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Laïthidine Ben Saïd, le maire de M’Tsamboro, annonce l’ouverture officielle de la crèche Moilimou M’boro le mardi 7 juin prochain, qui vient concrétiser l’abnégation de tous et notamment de la caisse de sécurité sociale de Mayotte, du Département, de l’État, la maîtrise d’œuvre, les entreprises, l’association les Marionnettes, et des précédentes équipes municipales, autour d’un projet vieux de plus de dix ans, qui a connu bon nombre de difficultés et de rebondissements.

La crèche municipale se situe au 115 rue de la crèche et accueillera vos enfants de dix semaines à cinq ans révolus du lundi au vendredi de 6h à 18h. L’accueil pourra être à temps plein (cinq jours) ou à temps partiel (d’un à quatre jours) sur une amplitude à déterminer selon les besoins des familles. Il pourra être aussi régulier, occasionnel ou d’urgence.

La gestion sera assurée par l’association les Marionnettes qui gère déjà la crèche Enfants et Uni’Vert à Kawéni, et 14 crèches et micro-crèches sur La Réunion. L’accueil des familles et des enfants se fera dans le respect des rythmes et besoins de chacun, de votre histoire, de votre langue et vos valeurs.

Le tarif pratiqué sera le tarif règlementaire demandé par la CSSM pour favoriser la mixité. Il dépendra de vos revenus et la composition de votre famille. À titre d’exemple, une jeune maman avec un enfant et 1.000 euros de revenu mensuel paiera 34 centimes de l’heure, sachant que la collation, le déjeuner, le goûter et les couches sont fournis. Si vous souhaitez inscrire vos enfants allez sur le site www.marionnettes.re et pour tous renseignements contact@marionnettes.re ou 02.62.53.19.19.

Route coupée de Tsingoni : « Un événement qui arrive fréquemment, mais pas de cette ampleur-là »

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La route départementale qui relie Tsingoni à M’Tsangamouji est barrée depuis une semaine maintenant. Des fissures importantes et un affaissement de près de cinquante centimètres ont forcé la préfecture de Mayotte à fermer l’axe, le vendredi 29 avril. En attendant que les causes soient connues et donc de trouver une solution, la fermeture est prolongée pour le moment au 11 mai.

La Deal (direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement) suit de près l’évolution de la départementale 1, seule route avec celle passant par Mamoudzou à relier le nord et le sud de l’île. Plusieurs scénarios sont déjà imaginés.

Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Il y a une quinzaine de jours, les agents de la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Deal) ont remarqué l’apparition de fissures à côté de la route départementale 1, axe régulièrement emprunté par les poids-lourds circulant entre Longoni et le sud de l’île. « Quand on a vu ça, on a mis en place une surveillance renforcée. Les équipes, en patrouillant dans les jours qui suivent ont remarqué que les fissures s’écartaient et l’apparition d’un affaissement de la chaussée », raconte le directeur de la Deal, Olivier Kremer. Suite au signalement, un bureau d’études a été envoyé sur place. C’est lui qui a préconisé la fermeture de la route, d’abord aux véhicules les plus lourds, puis totalement.

Quel est l’origine de ce glissement de terrain ?

Il peut y en avoir plusieurs, mais elles ne sont pas connues aujourd’hui puisque la Deal « n’a pas encore tous les éléments ». La saison des pluies qui se termine est souvent propice aux modifications du terrain. Celui en question, en pente sur cette route, est ainsi soumis fréquemment au ruissellement. La proximité avec la mangrove sur ce tronçon particulièrement peut aussi avoir une incidence. « On a une forte érosion du littoral depuis pas mal de temps », fait remarquer le directeur de la Deal. Les fortes marées actuelles pourraient être alors responsables du phénomène. La dernière cause retenue est celle du terrain meuble et donc qui a tendance à bouger. Une situation déjà vécue sur cette route.

Est-ce que le phénomène s’amplifie ?

C’est l’une des difficultés en effet, celui-ci n’est toujours pas arrêté. La Deal a noté que « le premier affaissement est stabilisé ». Par contre, ce n’est pas le cas du deuxième, qui est plus important puisqu’il s’étend sur vingt ou trente mètres. En une semaine, l’affaissement est passé de dix à cinquante centimètres, selon le marquage réalisé sur place et le survol de la zone par un drone. Pire, la route commence à s’incliner et à aller en direction de la mer. « Ce sont des événements qui arrivent fréquemment, mais pas de cette ampleur-là », admet la Deal.

Quelles études sont encore à réaliser ?

Du carrotage et du forage vont être réalisés pour « vérifier la nature du terrain ». « Il faut qu’on pense à l’avenir et savoir comment faire ancrer la route avec quelque chose de solide en-dessous », fait remarquer Olivier Kremer.

Pourquoi avoir coupé la route en totalité ?

« Pour la sécurité de tout le monde », prévient le directeur de la Deal, en rappelant le danger du décrochage. « On ne sait pas encore à l’heure actuelle si un poids-lourd pourrait créer un désordre supplémentaire et entraîner un glissement de masse vers la mer », ajoute-il. Troisièmement, en vidant la route de ses véhicules, toutes les observations peuvent être ainsi faites au jour le jour.

Quand peut-on espérer une réouverture ?

C’est la grande inconnue. Les études ne sont pas finies, il est donc difficile de prendre une décision. « Nous n’avons pas de visibilité. Ce qu’on espère, c’est que ça dure le moins longtemps possible », admet la Deal. D’abord fermée une semaine, la route ne pourra pas ouvrir avant le 11 mai…pour le moment.

Quels scénarios sont envisagés ?

Il y en a plusieurs et bien sûr ils dépendront du résultat des études. Trois scénarios sont à l’ordre du jour, le plus optimiste nécessitant quelques travaux. Le second serait de pouvoir ouvrir la route « partiellement ». Le dernier impliquerait évidemment une fermeture totale plus longue. « Ou alors, on ouvre uniquement aux véhicules légers ou aux bus scolaires. »

Est-ce qu’il ne faut pas créer une route alternative ?

« Tout est possible », confirme Olivier Kremer. Dans les options en cas de fermeture plus longue, il y a celle de créer une route en amont par exemple ou une autre qui évite simplement les zones affaissées. Tant que rien n’est décidé, tout est encore possible donc.

 

Où passer en attendant ?

Le réseau routier mahorais offre malheureusement peu d’alternatives à cet endroit. La seule route possible entre le nord de l’île et le reste est désormais de passer par Mamoudzou. Ce qui ajoute de nouveaux bouchons à ceux existants, alors même que le territoire est dans sa première semaine de vacances scolaires. À Longoni, les poids-lourds n’ont plus le choix et réduisent par deux le nombre de rotations dans la journée.

Enfin, une piste forestière de sept kilomètres qui relie la route de Koungou et Tsingoni est devenue une alternative pour les véhicules légers, voire parfois des camions, a observé la Deal.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes