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Tribune libre : Le collier de fleurs, un art de vivre à la mahoraise

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A Mayotte, il est inconcevable qu’une manifestation un tant soit peu festive puisse se dérouler sans distribution de colliers de fleurs. Les nombreux meetings politiques de ces derniers jours l’ont montré une fois de plus. En quelques années, le jasmin (anfu), cette petite fleur blanche à l’odeur enivrante parfois envoutante est devenue plus qu’un accessoire indispensable de toutes les célébrations villageoises, institutionnelles, publiques et privées. 

Traditionnellement, dans chaque cour (mraɓa) comprenant à minima une maison, un poulailler, les toilettes et la cuisine, se trouvait également une plante appelée mvungué (le morenga) et le jasmin (anfu). Le mvungué, dont les feuilles peuvent être cuisinées de plusieurs façons, était un aliment de secours pour les jours où il n’y avait rien d’autre à mettre dans la marmite. Pour leur part, les fleurs de jasmin sur le point d’éclore étaient cueillies, juste avant le coucher du soleil. Avec le jasmin, la femme confectionnait avec application et délicatesse un tampa, complété par quelques fleurs odorantes enfilées sur épingle à nourrice ou attaché à une ficelle, qu’elle fixait sur ses cheveux en attendant son mari pour aller au lit après s’être mise délicatement du msindzano (une poudre humidifiée du bois de santal) sur sa figure. Le tampa restant pouvait être également accroché à la moustiquaire et quelques fleurs de jasmin étaient disposées dans le lit conjugal pour parfumer la chambre. Ainsi, en fonction de la présence ou non de l’odeur de tampa, le mari savait d’emblée s’il allait être sollicité ou pas ce soir-là. Enfin, les femmes célibataires disposaient de deux types de tampa. Porté à partir de 15h, le premier qui avait été fabriqué depuis la veille servait à éveiller discrètement l’intérêt des hommes croisés par la femme qui le porte. Le deuxième, fraichement confectionnée, était porté en début de soirée, en cas de rendez-vous galant.

En fonction de la saison et de ce que la femme trouvait, d’autres fleurs telles que l’ylang ylang, la rose (mauwa), le mgou, ou le ɗouwa (fleur de pandanus) étaient rajoutées au jasmin ou pouvaient s’y substituer. L’absence d’une plante de jasmin dans une cour était inconcevable. Au fil du temps, est venue l’idée de confectionner des colliers de fleurs pour honorer les invités de marque d’une cérémonie ou d’une réception ainsi que le marié (bwana harusi), les parents des mariés et tous ceux qui gravitent autour.

Un objet nécessaire aux grandes occasions

Peuple hédoniste s’il en est, les Mahorais savent mettre à profit chaque moment festif pour manifester leur gratitude à leurs chers convives et invités lors de mariages, de fiançailles, de visites officielles, de meetings politiques ou durant toute sorte de cérémonies. Jusque dans les années 1990, les colliers étaient composés de toute sorte de fleurs. Ensuite, des combinaisons de différentes fleurs et de feuilles sont apparues avec, comme point commun, l’utilisation de plus en plus fréquente du jasmin probablement pour la permanence de son odeur et sa résistance. Il y a ceux destinés aux mariages, aux investitures politiques, aux cérémonies de récompenses ainsi qu’à l’accueil. Pour ce dernier, Il faut savoir que la qualité du collier est fortement liée au statut de la personne qui le reçoit.

Le collier du marié (mwau wa bwana harusi) qui peut être remis également aux grandes personnalités (ma ana ana, ma gaɗa kandzu) tels que les maires, le président du CD ou d’interco le jour de leur prise de fonction. Parfois, des ministres y ont droit. Lors des mariages et pour certaines les femmes, les colliers a parfois plus d’importance que le repas servis aux convives. Le collier constitué à 100% de jasmin est réservé aux personnalités (élus, invités de marque ou proches). Le siradji (collier de perles et de fleurs jasmin enfilés en boules) est spécialement destiné aux femmes notamment les belles-mères, les hadjati ou belles-sœurs. La belle-mère a l’apanage du mkandra qui se porte en bandoulière, telle une écharpe tricolore. Le kilabu, c’est du jasmin enfilé sur une épingle à nourrice. Le kilabu est agrafé sur la veste ou la chemise au niveau de la poitrine pour les hommes et dans les cheveux ou sur le kichali des femmes. Enfin, le collier composé de différents types de fleurs est pour le quidam, les amis des invités ou les accompagnateurs des officiels.

Le jasmin comme marqueur social

Assez vite un protocole s’est installé avec les usages au point de devenir des principes opposables. Comme vivre en société implique le respect du code social et des règles même tacites, l’usage du anfu (jasmin) ne fait pas exception. Remettre un collier de jasmin ou en recevoir est un signe de reconnaissance sociale, un honneur pour la personne distinguée par ce geste. Néanmoins, dans certains villages seuls les invités (à un mariage, par exemple) ont droit à un collier au risque de froisser voire de fâcher les personnes (surtout les femmes) estimant avoir été oubliées ou snobées. Certaines cérémonies (remises de récompenses, diplômes) ou meetings politiques mettent à rude épreuve la rivalité entre co-épouses ; chacune voulant remettre le plus beau collier de jasmin à son mari. On a déjà vu à maintes reprises une femme aller retirer le collier remis à son mari par une rivale (deuxième bureau ou maîtresse) sous l’hilarité générale ou devant un parterre médusé.

Aussi, il est possible d’imaginer le statut ou le rang d’une personne présente à une manifestation en fonction du type de collier qu’elle reçoit. Enfin, et par respect, le collier ne peut être retiré qu’une fois arrivé à la maison où il sera suspendu pour profiter de son parfum quelques jours de plus.

Une fois sec pilé et tamisé, le jasmin peut être mélangé à d’autres plantes (mkadi, mlaliya pana, duwa). Le résultat appelé zikuba peut être mélangé à de l’huile de coco pour fabriquer une huile odorante (manuka tro). Elle est utilisée pour des séances de massage sensuel (dziya la masingo) dans le cadre des étreintes préliminaires du couple.

Un business qui prospère

Naturellement, certaines femmes ont vite flairé le filon et se sont mises à vendre du jasmin brut ou déjà confectionné. Le prix d’un collier varie de 20 à plus de 40 euros en fonction de sa composition. Par exemple, une famille a dû débourser plus de 9000 euros pour acquérir des colliers afin d’honorer les 300 invités d’un mariage. Souvent des familles s’endettent pour s’approvisionner en colliers lors des manzaraka. De plus en plus de femmes créent des chikawo (sorte de tontine) de anfu pour être sûres d’en avoir le jour de la célébration du mariage de leurs enfants. Le commerce du anfu est donc un vrai business, informel, très lucratif et net d’impôt.

Par conséquent, des lianes de jasmin serpentent sur les clôtures des maisons ou sur les toits terrasses pour répondre à la demande en forte croissance en période électorale ou de célébration de mariage.

par Bacar Achiraf, vice-président du Conseil de la culture de l’éducation et de l’environnement

Le groupement des producteurs de bovins de Mayotte voit le jour

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La semaine dernière s’est tenue, à la Chambre d’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture (Capam), l’assemblée constitutive du groupement des producteurs de bovins de Mayotte. Cette nouvelle structure, qui regroupe une trentaine de professionnels, veut défendre les intérêts et les projets des producteurs de bovins locaux auprès des institutions de l’Etat, du conseil départemental et de l’Europe. Parmi les projets figure le développement de la filière bovine avec la production de lait et de viande pour les besoins de la population mahoraise. La défense et la promotion du “zébu mahorais” compte au nombre des priorités de ce nouveau groupement, tout comme la relance du projet d’abattoir. C’est Mouhamadi Abdou Chebani, éleveur à Bandraboua, qui a été désigné pour en être le président.

Nomination au comité territorial de l’audiovisuel de La Réunion et de Mayotte

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Achmed Said Rovoay a été nommé par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM), qui a succédé au CSA et à l’HADOPI depuis le 1er janvier 2022, dans les fonctions de membre du comité territorial de l’audiovisuel de La Réunion et de Mayotte pour une durée de quatre ans, à compter du 13 juillet 2022 (JORF 23 juillet 2022).

Les membres du CTA sont officiellement “dotés d’une compétence consultative auprès de l’autorité, dans le cadre de l’examen des dossiers lors des appels aux candidatures pour les radios et les télévisions locales”. Ce sont eux également qui veillent notamment à ce que les chaînes de télévision et de radio respectent bien leurs obligations et leurs engagements.

Longtemps enseignant, Achmed Said Rovoay, mieux connu par son surnom Archimède, exerce aujourd’hui au Ceméa, association d’éducation populaire. Il est réputé pour ses qualités de conteur et sa connaissance des légendes mahoraises.

La préfecture lance l’appel à projets dans le cadre du fonds de coopération régionale

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Un appel à projets relatif au fonds de coopération régionale (FCR) pour l’année 2022 est mis en ligne et consultable sur le site internet de la préfecture. Le fonds de coopération régionale a pour objectif de renforcer la coopération entre Mayotte et les pays voisins de l’océan Indien. Il permet de financer des projets favorisant un développement économique et social par une meilleure insertion du territoire dans son environnement régional et géographique.

Pour cette année, l’accent a été mis sur des actions innovantes dans les domaines de l’éducation, la santé, l‘économie, la jeunesse, la culture, l’artisanat, l’éco-tourisme, l’énergie renouvelable et la connectivité numérique.

Toute personne morale (associations, institutions, etc.) localisée à Mayotte peut solliciter une subvention FCR, qui, en complément d’autres dispositifs financiers existants, pourrait financer des projets à hauteur de 30 %. Les demandes de subvention, ainsi que les modalités de transmission de dossiers, peuvent être consultées en ligne sur le site web de la préfecture : https://www.mayotte.gouv.fr/Publications/Appels-a-projets/2022/Appel-a-projet-relatif-au-fonds-de-cooperation-regionale-FCR-2022-Mayotte

La date limite de transmission des dossiers de subvention est fixée au 11 septembre 2022 à minuit.

Assemblée nationale : Estelle Youssouffa devient vice-présidente de la délégation aux outre-mer

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Composée de 54 membres, la délégation aux outre-mer est un rouage politique essentiel pour traiter des problématiques des territoires ultramarins. Les 27 députés ultramarins y sont membres de droit. Les 27 autres sont nommés au prorata des groupes politiques composant l’Assemblée. Ce lundi, c’était jour d’élection puisqu’il fallait élire le président et les onze vice-présidents. C’est le Polynésien Moetai Brotherson qui a été élu, face au candidat sortant, le Guadeloupéen Olivier Serva. Soutenu par la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), le nouveau président a déjà promis qu’il se pencherait sur les dossiers tels que « l’autonomie énergétique » et « l’autonomie alimentaire ». Dans la délégation, huit vice-présidences soit dévolues aux ultramarins, dont l’une sera assurée par Estelle Youssouffa, la députée mahoraise et membre du groupe Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires).

Le groupe de fret maritime CMA CGM baisse ses tarifs

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Face au contexte actuel d’inflation, le groupe CMA CGM a décidé de renforcer son engagement pris le 30 juin dernier pour soutenir directement l’économie française et les ménages français. Initialement prévue à 500€, CMA CGM a décidé d’augmenter la réduction des taux de fret à 750€ par conteneur 40 pieds pour l’ensemble des importations en France métropolitaine et en Outre-Mer. Initialement destinée à 14 grandes enseignes de la Grande distribution en métropole, elle est par ailleurs étendue à l’ensemble de ses clients en France, grands groupes comme PME et TPE.

Par ailleurs, une baisse de 100€ par conteneur 40 pieds pour toutes les exportations françaises sera elle aussi mise en place. Cette baisse permettra de soutenir la compétitivité des entreprises à l’export, tout particulièrement des TPE et PME qui font rayonner le savoir-faire de la France dans le monde. « Ces mesures représentent des réductions jusqu’à 25% du taux de fret », assure le groupe.

Elles entreront en vigueur le 1er août 2022 pour une durée d’un an. Elles ont été définies en concertation avec le ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, et ont fait l’objet de discussions avec des clients du groupe et certaines fédérations dont la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises). Il est essentiel que ces baisses soient répercutées sur les prix des produits destinés aux consommateurs finaux et que les services du ministère puissent s’en assurer. Dans les Outre-Mer, l’État pourra contrôler les prix à la consommation des produits (produits alimentaires, hygiène corporelle, produits de nettoyage, petit équipement ménager) via le dispositif Bouclier Qualité/Prix (BQP).

CMA CGM tient aussi à rappeler que ces mesures font suite à d’autres initiatives prises depuis plus d’un an, et notamment le gel des taux de fret « flottants » depuis septembre 2021 (et même mai 2021 dans les Outre-Mer). Le Groupe a par ailleurs alloué aux PME une capacité dédiée à bord de ses navires, sur les marchés où les tensions sont les plus fortes (Europe, Amérique du Nord), à un tarif négocié accessible habituellement pour des engagements de volumes beaucoup plus importants.

Dom-Tom : l’Insee enregistre une hausse importante des décès par rapport à 2019

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Les départements d’outre-mer connaissent une hausse très importante des décès entre 2019 et 2022, sur la période allant du 1ᵉʳ janvier au 11 juillet (+ 24 %), selon l’Insee. La hausse des décès est particulièrement élevée à La Réunion (+ 35 %) et la moins marquée en Guyane (+ 9 %). A Mayotte, cette augmentation atteint 20% sur la même période. Si l’institut fait le choix de privilégier la comparaison avec l’année 2019, c’est qu’il s’agit de la dernière année sans épidémie. En effet, 2020 et 2021 sont marquées par une hausse non négligeable du nombre de décès.

Du 1er janvier au 11 juillet 2022, 351 724 décès, toutes causes confondues, sont enregistrés en France à la date du 22 juillet 2022, soit 6% de plus qu’en 2019 (+ 20.034 décès). Ce nombre est toutefois encore provisoire et sera révisé à la hausse dans les prochaines semaines.

Le préfet Thierry Suquet devient chevalier de la Légion d’honneur

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Par décret du président de la République en date du 13 juillet 2022 (JORF du 14 juillet 2022), le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, a été nommé dans l’ordre national de la Légion d’honneur, au rang de chevalier. Le délégué du gouvernement français est en fonction sur le territoire depuis un an.

Un nouveau sous-préfet en charge de l’immigration clandestine

Le Réunionnais Frédéric Sautron a été nommé sous-préfet de Mayotte, par décret signé par le président de la République, le vendredi 22 juillet. Il aura la charge de l’immigration clandestine et remplace ainsi Natalie Gimonet, qui devient directrice de cabinet du préfet de Maine-et-Loire.

Le nouveau sous-préfet a une longue expérience dans la gendarmerie, un corps dans lequel il a évolué de 2006 à 2017. Il a notamment été commandant de la compagnie de gendarmerie départementale de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) pendant trois ans, avant d’intégrer le corps des sous-préfets.

« Il était auparavant chef de la subdivision administrative des îles Tuamotu-Gambier en Polynésie française », confirme la préfecture de Mayotte dans un communiqué, ce samedi. Une fonction qu’il exerçait depuis 2019.

Accident mortel à Tsoundzou : le mécanicien condamné à de la prison avec sursis

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Un mécanicien d’un garage clandestin de Tsoundzou a perdu le contrôle de son véhicule, le 25 juin dernier, entraînant la mort d’une femme de 42 ans.

Le samedi 25 juin, vers 18h30, lors d’une manœuvre pour démarrer, une voiture conduite par un mécanicien a renversé une mère de famille de 42 ans à Tsoundzou. Titulaire d’un permis comorien non reconnu en France, le chauffeur a écopé de 18 mois de prison avec sursis, ce vendredi, au tribunal correctionnel de Mamoudzou. Présentée le même jour, l’affaire des mariés de Tsimkoura a été finalement renvoyée au 22 août (lire ci-dessous).

Dans le garage clandestin situé dans une impasse de Tsoundzou, trois hommes travaillaient ce samedi 25 juin, en fin d’après-midi. Ne possédant pas de permis de conduire français, ils ont pris l’habitude de réparer les voitures de clients pas trop regardants sur la règlementation. En voulant démarrer un véhicule récalcitrant, l’un des trois hommes, qui fait « quelques bricoles » depuis quelques temps dans ce garage, a l’idée de le démarrer en le laissant rouler en marche arrière. L’allure prise permet ainsi d’effectuer « une contre-attaque », un démarrage du moteur réalisé à l’aide du seul embrayage.

Plus loin dans l’impasse, deux femmes parviennent à l’entrée de leurs maisons. Elles sortent d’un manzaraka. Après avoir été déposées en voiture, elles prennent quelques minutes pour se reposer un peu. L’une d’elles, âgée de 42 ans, s’assoit sur un parpaing. La mère de cinq enfants, dont les deux plus jeunes ont respectivement trois ans et deux mois, ne supporte pas très bien les trajets en voiture. Quand sa sœur se lève pour aller dans la cuisine, elle se retrouve seule quand la voiture entame sa descente. « Le véhicule a démarré au moment de la manœuvre. J’ai appuyé sur le frein et la voiture s’est tournée », raconte le mécanicien de 41 ans, au tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce vendredi.

Le demi-tour dans cette rue pourtant large est fatal à la mère de famille. « Le propriétaire de la voiture m’a dit que j’avais heurté quelqu’un. J’ai paniqué, j’ai couru », se souvient le prévenu, qui a présenté à des multiples reprises des excuses à la famille lors de l’audience. En effet, un attroupement se forme vite dans la rue. Inquiet pour sa vie, il fait le choix de fuir, avant de se rendre seul aux policiers, le lendemain matin. « J’y ai pensé toute la nuit, je ne pouvais plus dormir. Je me suis dit que ça ne pouvait pas se passer comme ça, je me suis donc rendu », affirme-t-il.

Pas de circonstances aggravantes retenues

« Pourquoi avoir fait cette manœuvre dans cette impasse où vivent des gens ? » lui demande la présidente du tribunal, Chantal Combeau. « Je ne sais pas quoi vous répondre. L’accident n’était pas prévu », s’excuse-t-il. Le substitut du procureur, Tarik Belamiri, requiert deux ans de prison avec sursis et une interdiction de travailler comme garagiste pendant cinq ans. Il décrit « un garage magnégné »« l’insouciance conduit à des conséquences terribles ».

Si le défaut de permis de conduire aurait pu être une circonstance aggravante, les juges ont convenu que le mécanicien était bien titulaire au minimum d’un permis comorien et qu’il avait de l’expérience en mécanique, étant chauffeur de taxi à Anjouan, avant son arrivée à Mayotte en novembre 2021. Les dégradations sur une maison à proximité font également l’objet d’une relaxe. La propriétaire, qui n’était pas à l’audience, n’a pas indiqué clairement le type des dégâts au moment de sa plainte.

En revanche, le mécanicien a bien été reconnu coupable d’homicide involontaire et condamné à 18 mois de prison avec sursis. Une nouvelle audience prévue en octobre déterminera la somme à verser au mari de la victime, aux enfants, ainsi qu’à la sœur de la mère de famille.

Renvoi dans l’affaire des mariés de Tsimkoura

L’événement a mis le village de Tsimkoura en émoi. Dans la nuit du samedi 15 au dimanche 16 juillet, des mariés et des proches qui préparaient leur manzaraka ont été violemment attaqués avec des armes blanches par une bande de jeunes issus également de ce village compris dans la commune de Chirongui. Des vols de téléphones et des dégradations sur le véhicule du marié ont également été commis. Rapidement identifiées, cinq personnes, dont deux mineurs, ont été interpellées. Les trois majeurs, deux âgés de 20 ans, un autre de 21 ans, ont été présentés, ce vendredi, devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou, dans le cadre d’une comparution immédiate. Beaucoup de monde, autant côté victimes que prévenus, était présent. Plusieurs facteurs ont motivé le renvoi de l’affaire au lundi 22 août. La première est l’absence du marié, encore à l’hôpital. Son interruption totale de travail, d’abord évaluée à 30 jours, a été étendue à 90 jours. Les mis en cause ont aussi demandé un délai pour préparer leur défense. Concernant leur maintien en détention, les avocats des trois prévenus, maîtres Soumetui Andjilani et Charles Simon, ont tenté d’apporter des garanties sur leurs situations respectives. Ils ont notamment argué qu’ils sont « de bonne famille » et qu’ils peuvent être accueillis hors de Tsimkoura. Le tribunal a jugé que le risque de concertation était trop grand et les trois resteront donc en prison jusqu’à leur procès au mois d’août. Les deux mineurs comparaîtront, eux, devant le tribunal pour enfants, le 25 août.

Un autre dossier impliquant deux jeunes de Mamoudzou a été renvoyé au 8 août, une victime n’ayant pas encore été entendue. Connus des services de police, les prévenus de 22 et 18 ans sont soupçonnés d’avoir porté des coups de couteau à un mineur (45 jours d’ITT) et des coups de poing a un autre garçon, le 1er juillet, à Cavani. Ils resteront en prison en attendant le procès.

Un braconnier interpellé sur la plage de Mstanga Nyamba

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La nuit du dimanche 17 juillet 2022, six braconniers armés de machettes ont débarqué en pirogue sur la plage de Mstanga Nyamba dans l’Ouest, où une tortue femelle était présente pour y déposer ses oeufs en toute tranquillité.

L’équipe de l’association Oulanga na Nyamba a constaté le braconnage en cours et a alerté immédiatement la gendarmerie. Une patrouille de mobiles s’est rapidement rendue disponible pour prêter main forte à l’association, démunie devant les hommes armés. Les militaires engagés n’ont pas hésité à faire 30 minutes de marche en pleine forêt pour rejoindre la plage de Mstanga Nyamba. À l’arrivée, malgré les conditions difficiles, un homme a pu être interpellé en flagrant délit, alors que les cinq autres ont pris la fuite en se jetant à l’eau, abandonnant la viande découpée. Le braconnier a été placé en garde à vue à la brigade de Sada. Étranger en situation irrégulière, l’homme a été expulsé le lendemain à Anjouan, en attendant son jugement lors de l’audience du 9 novembre prochain. Il y a tout lieu de penser qu’il ne sera pas présent au Tribunal, ce qui n’empêche pas qu’il soit condamné et recherché.

La tortue n’a malheureusement pas pu être sauvée cette fois-ci. Mais il est à espérer que cet avertissement fera comprendre aux braconniers que leurs actes illégaux sont aujourd’hui fortement réprimés sur le territoire mahorais. En effet, depuis la signature du pacte de sauvegarde des tortues marines par les acteurs concernés en décembre 2020, la lutte anti-braconnage atteint un niveau d’efficacité exemplaire grâce à la collaboration entre les associations et la gendarmerie. Au total, 11 braconniers ont été interpellés dans ce cadre, dont cinq depuis le début de cette année. Alors que les premières interventions concernaient la Petite-Terre, la dernière interpellation montre que les actions communes commencent également à porter leurs fruits en Grande-Terre.

Reconduction de la formation sur-mesure destinée aux mères de famille monoparentale

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En septembre prochain démarrera la nouvelle promotion de la formation en mobilité dédiée aux mères de famille monoparentale avec un enfant. Mise en place pour la première fois en 2021 à titre expérimental, cette action a pour but d’accompagner la montée en compétences et la professionnalisation de ces mères de famille en vue de favoriser leur retour en emploi en Outre-mer, dans le domaine des services à la personne.

Sous l’impulsion du ministère des Outre-mer et dans le cadre d’un partenariat renouvelé, LADOM (l’agence de l’Outre-mer pour la mobilité), l’Afpa (agence nationale pour la formation professionnelle des adultes) et AKTO proposent à des femmes ultramarines cheffes de famille, originaires de la Guyane, Mayotte et de La Réunion, une formation en mobilité à Chambéry, entièrement adaptée à leur situation familiale. Cette formation vise l’obtention de l’un des titres professionnels suivants : assistante de vie aux familles ou agent de service médico-social.

Plus concrètement, cette action, conçue sur-mesure pour ce public pour lequel l’accès à l’emploi est plus compliqué, présente l’originalité d’offrir à des mères seules avec un enfant (âgé de trois à neuf ans) un accompagnement complet dans un environnement dédié et privilégié. Associant, entre autres, une qualification professionnelle dans un secteur d’activité qui recrute, un logement conjoint avec leur enfant, la prise en charge scolaire et un accompagnement socio-éducatif de la mère et de son enfant pendant tout le parcours de formation.

La formation, qui débute en septembre pour une durée de dix mois, est prévue pour une dizaine de participantes. Elle se déroulera au centre Afpa de Chambéry en Savoie qui est l’organisme support de l’action. Le recrutement démarre, les mères de famille intéressées sont invitées à faire acte de candidature sans tarder auprès de LADOM (Guyane, Mayotte, Réunion).

Mayotte représentée à la 20ème édition de la semaine européenne des régions et des villes

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Le Département participe à la 20ème édition de la semaine européenne des régions et des villes aux côtés de la Région Réunion et des chambres régionales de l’économie sociale et solidaire de Mayotte et de La Réunion. La conseillère départementale, Bibi Chanfi, vice-présidente en charge de la coopération régionale et du développement économique représentera l’île aux parfums en présentant les opportunités de coopérations régionales à travers l’économie sociale et solidaire : l’un des leviers favorisant les échanges économiques responsables et inclusifs dans le bassin océan Indien.

Cette séquence intitulée « l’océan Indien et l’ESS : les régions ultrapériphériques motrices de coopérations à impact environnemental et social » aura lieu en ligne, le 11 octobre prochain, à 11h30 (heure de Bruxelles CET +2) et s’inscrit dans le cadre du projet BusinESS OI financé par le Département de Mayotte et l’INTERREG océan Indien V 2014-2020 porté par la Région Réunion. Il s’agira également lors de cette séquence de rappeler l’implication des jeunes du territoire dans le développement de l’ESS et la coopération régionale. Les inscriptions sont déjà ouvertes ici : https://bit.ly/3NEWWFd.

Le dispositif Cadres d’avenir pour Mayotte recrute sa promotion 2022-2023

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Des étudiants et des professionnels à fort potentiel sont sélectionnés pour effectuer une formation universitaire dans l’Hexagone ou à La Réunion dans un secteur jugé prioritaire, pour une durée maximale de cinq ans et avec une obligation de revenir exercer à Mayotte. Ils pourront bénéficier d’aides financières prenant la forme d’une prime d’installation d’un montant maximal de 800 euros, du financement d’une partie des titres de transports et d’une allocation mensuelle d’une durée de cinq ans destinée à compléter les ressources financières des bénéficiaires. Le total cumulé des aides financières ne peut dépasser la somme de 808 euros mensuels pour les étudiants et 1.433 euros pour les professionnels.

À l’issue de la formation, les personnes sélectionnées bénéficieront d’un accompagnement afin de faciliter leur emploi dans des postes d’encadrement dans les entreprises, les collectivités publiques et les établissements publics de Mayotte. Les candidats doivent postuler avant le 30 septembre à minuit en envoyant un e-mail à cadre-avenir@mayotte.gouv.fr avec une lettre de motivation et le certificat d’inscription en formation.

Observation des baleines à bosse : les règles à respecter

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La semaine dernière, les premières baleines à bosse de l’année ont été observées à Mayotte. De nombreux curieux se sont déjà élancés à la recherche de ces animaux majestueux. Pour faire de cette rencontre un véritable moment de respect, le Parc naturel marin de Mayotte rappelle la réglementation à appliquer. En suivant cette réglementation, vous favoriserez la conciliation entre les loisirs de l’Homme et l’accomplissement par les baleines d’une étape majeure de leur cycle de vie.

À Mayotte, le whale-watching (l’activité d’observation des mammifères marins) bénéficie de conditions d’observation particulièrement favorables. Dans la mesure où il est précautionneusement encadré, il contribue au développement économique local et participe à la sensibilisation de la population à l’environnement marin. Si les baleines à bosse choisissent les eaux du 101ème département, c’est parce que le lagon propose des conditions très propices pour leur reproduction. Après la période de nourrissage dans les eaux froides et riches en krill de l’Antarctique, les baleines se rendent, durant l’hiver austral, dans nos eaux plus chaudes pour s’accoupler, mettre bas, se reposer et élever leurs petits. Durant cette période elles ne se nourrissent pas et vivent donc sur leurs réserves, ce qui les rend vulnérables.

Depuis 2021, une nouvelle loi nationale s’applique à toutes les aires marines protégées donc au sein du Parc naturel marin. Pour rappel, celui-ci comprend toutes les eaux mahoraises, c’est-à-dire le lagon, les eaux territoriales et l’ensemble de la zone économique exclusive délimitée autour de Mayotte, soit une superficie de 69.000 kilomètres carrés. La loi encadre la manière d’approcher tous les mammifères marins en interdisant la perturbation intentionnelle (comprenant la poursuite et le harcèlement), afin de les protéger tout en privilégiant la pérennité de l’activité d’observation.

Observer une baleine dans son milieu naturel est un moment inoubliable, mais la migration des baleines à bosse dans les eaux mahoraises étant un moment essentiel de leur cycle de vie, cela nous engage à les protéger en appliquant des règles simples : l’approche des mammifères marins ne se fait jamais par l’avant et par l’arrière et est interdite à moins de 100 mètres, deux navires maximum sont autorisés dans la zone des 300 mètres, la vitesse est limitée à cinq nœuds dans la zone des 300 mètres.

Le colonel Guillaume Larabi, nouveau chef de corps du régiment du service militaire adapté de Mayotte

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Le lieutenant-colonel Pierre-Louis Dubois (à g.) et le colonel Guillaume Larabi (à d.).

Ce jeudi 21 juillet se déroulait la passation de commandement du régiment du service militaire adapté de Mayotte. Le colonel Guillaume Larabi succède au lieutenant-colonel Pierre-Louis Dubois, qui s’envole pour l’Aquitaine après deux ans de bons et loyaux services. Le nouveau chef de corps entend bien poursuivre l’élan initié par son prédécesseur.

« Garde-à-vous ! … Repos ! … Présentez… armes ! » Le lieutenant-colonel Pierre-Louis Dubois donne ses ordres pour une dernière fois aux officiers et aux volontaires du régiment du service militaire adapté à l’occasion de la passation de commandement organisée ce jeudi 21 juillet. En sa qualité de président de cérémonie, le général Claude Peloux, commandant du SMA, se montre dithyrambique à l’égard de celui qui aura passé pas moins de neuf années au sein de ce dispositif militaire de formation socioprofessionnelle, entre Baie-Mahault (Guadeloupe) de 2010 à 2012, Paris de 2012 à 2015, Koumac (Nouvelle-Calédonie) de 2015 à 2017 et enfin Combani depuis le 1er juillet 2020. « Son passage dans nos rangs aura été d’une excellente qualité et d’une extrême richesse. […] Son bilan est en tout point exceptionnel. »

Quelques jours après avoir guidé ses troupes lors du défilé du 14 juillet, le lieutenant-colonel Pierre-Louis Dubois cache difficilement son émotion à la veille de son départ pour l’Aquitaine. En larmes lors de son discours, l’ancien chargé des évaluations des officiers stagiaires à l’école d’état-major de Saumur quitte ses fonctions le sentiment du devoir accompli, malgré le contexte de la crise sanitaire. « Avec le Covid-19, nous nous sommes adaptés, comme le service militaire… Nous avons trouvé des dispositions qui ont permis de poursuivre notre mission. Les résultats restent très honorables. » Pour preuve, il se réjouit d’avoir réussi la transformation du régiment via la création il y a de cela 15 jours de deux compagnies supplémentaires, dont l’une avait été ardemment désirée par Sébastien Lecornu, alors ministre des Outre-mer, lors de sa venue en août 2021, dans le but d’accueillir davantage de jeunes âgés de 18 à 25 ans. Un beau cadeau de départ !

Une dynamique « forte et concrète »

Ce qui n’est pas pour déplaire à son successeur, le colonel Guillaume Larabi. « La dynamique enclenchée par mes prédécesseurs est forte et concrète. » Il suffit de voir le chemin parcouru par le RSMA au cours de la dernière décennie… « Nous étions le plus petit en nombre. Aujourd’hui, nous sommes le deuxième plus grand des sept régiments du SMA dans l’Outre-mer », se réjouit le quadragénaire. Une évolution qui pousse le nouveau chef de corps à déjà se retrousser les manches dans l’optique de « créer de nouvelles formations » et de « se tourner vers des métiers innovants ». Avec un objectif clair en tête : « Accompagner le développement économique de l’île. »

Au cours des deux prochaines années, le natif de Grande-Synthe a pour ambition d’agrandir le site existant. « Pour cela, nous espérons dénicher des terrains. Ce sera un travail de longue haleine », prévient-il. Un défi majeur pour les jeunes du 101ème département ! « Les portes sont ouvertes, nous les attendons, il y a de la place. C’est une manière pour eux de s’en sortir, de trouver un emploi et de s’insérer dans la vie professionnelle, à Mayotte ou en métropole », adresse en guise de dernier message le lieutenant-colonel Pierre-Louis Dubois. Car comme le résume bien le général Claude Peloux, « le RSMA sert de la meilleure des façons la France et la jeunesse mahoraise ». Reste à souhaiter « bon vent et bonne mer » à l’un et « caribou » à l’autre.

 

Le CV du colonel Guillaume Larabi

En 1999, après trois années au lycée militaire d’Aix-en-Provence, Guillaume Larabi est admis à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (promotion du Bicentenaire). De 2002 à 2003, il suit une année de formation à l’École d’application de l’artillerie à Draguignan où il choisit de servir les Troupes de Marine. De 2003 à 2006, il est affecté comme chef de section de tir au 11ème RAMa (régiment d’artillerie de marine) de La Lande d’Ouée et participe à une mission de courte durée en poste isolé au sein du 3ème REI (régiment étranger d’infanterie) en Guyane puis du 2ème RPIMa (régiment de parachutistes d’infanterie de marine) à La Réunion.

En 2006, il rejoint le RSMA de la Guadeloupe en qualité d’officier adjoint en compagnie. En 2008, il commande la 2ème batterie de tir Caesar du 1er RAMa à Laon. Un an après, il part à Abéché à la tête du groupement d’appui mortier avec le RMT (régiment de marche du Tchad) dans le cadre de l’opération Épervier. En 2010, il rentre au commandement du service militaire adapté au sein du ministère des Outre-mer comme chef des études et du développement au moment du doublement de ses effectifs.

Admis au concours de l’École de guerre en 2012, il est désigné adjoint des opérations militaires de la MONUSCO (mission de l’organisation des Nations Unies) en République démocratique du Congo de juillet 2013 à février 2014 lors de la neutralisation du M23. En 2014, il intègre la 10ème promotion de l’ESIG (École supérieure internationale de guerre) à Yaoundé au Cameroun. En qualité de coopérant, il devient professeur Terre et référent de l’enseignement militaire supérieur de 2ème degré pour l’Afrique subsaharienne. En 2016, il est désigné directeur des opérations du RSMA de la Guadeloupe lors des cyclones Irma et Maria de septembre 2017.

En août 2018, il est affecté au centre Terre du partenariat militaire opérationnel en tant que chef du bureau Anticipation-Planification-Synthèse. De février à juillet 2020, il crée le partenariat pour les actions dans l’ouest africain à Dakar au Sénégal, regroupant treize Nations afin de coordonner leurs actions de coopération. De février à avril 2021, il prend à nouveau la tête de la cellule multinationale de coordination régionale, forte d’officiers de Belgique, du Canada, du Danemark, d’Espagne, de France et de Grande-Bretagne.

Christelle, éducatrice à la PJJ : « Adapter la réponse judiciaire » et « coller au plus proche de la réalité » mahoraise

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Le droit en vigueur missionne les éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse à proposer des alternatives à la détention.

À la protection judiciaire de la jeunesse, les éducateurs jouent un rôle essentiel dans l’accompagnement des mineurs âgés de 13 à 18 ans et passés devant le juge pour des faits délictuels ou criminels. Une mission qui permet d’adapter la réponse du ministère de la Justice à la situation et aux faits de chacun.

« Un jeune qui vole pour se nourrir, on ne va pas l’envoyer en prison… Si nous lui donnons un cadre de vie, nous pouvons lui passer l’envie de voler ! A contrario, il y a des mesures plus restrictives lors d’un crime. La case prison est la sanction ultime. » Depuis un an et demi, Christelle prend son rôle d’éducatrice à la protection judiciaire de la jeunesse à cœur et se dévoue corps et âme pour assurer le droit de protection accordé aux mineurs, qui ont eu pour ainsi dire un accident de parcours. « Nous sommes forces de propositions pour les magistrats », insiste-t-elle. Sa mission : faire en sorte « d’adapter la réponse judiciaire (placement en famille d’accueil, en établissement de rupture, en centre éducatif renforcé, en unité éducative d’activité de jour) selon l’âge, la gravité des faits, l’évolution comportementale » et surtout « de coller au plus proche de la réalité ».

Pourtant, le terrain de jeu sur lequel la trentenaire exerce n’est pas des plus aisés ! À la différence de la métropole, le métier s’avère beaucoup plus complexe à Mayotte pour des raisons diverses et variées telles qu’un adressage souvent douteux ou une situation administrative familiale chaotique. « Cela nous oblige à réaliser certains déplacements que nous n’aurions pas à faire ailleurs. Sans omettre que l’insécurité a un impact d’un point de vue professionnel et demande de l’organisation. » Et ce n’est pas tout. Il faut aussi savoir jongler avec d’autres particularités locales. « Certains peuvent disparaître dans la nature pendant plusieurs semaines, voire être renvoyés dans leur pays d’origine sans que nous soyons informés », confie la native de la région lyonnaise pour rendre compte de la tâche ardue au quotidien.

La réforme du code de la justice pénale des mineurs

Heureusement, Christelle note une spécificité « très positive » sur le territoire. « Une relation pure se crée quand nous montrons aux jeunes de l’intérêt. En retour, ils sont intéressés ! », concède celle qui s’occupe également de la permanence éducative auprès du tribunal. Et bien souvent, le travail d’accompagnement finit par porter ses fruits : « Des gamins ont juste besoin d’un coup de pied aux miches de la part de la justice pour que nous n’entendions plus parler d’eux. » Encore plus depuis l’entrée en vigueur le 30 septembre 2021 du code de la justice pénale des mineurs qui réduit drastiquement le verdict final – entre trois et six mois – après l’arrestation. « Cela [leur] permet de se projeter plus concrètement. » Une procédure accélérée qui a pour but de les remettre « plus rapidement » dans le droit chemin.

Si un grand nombre d’habitants connaît la protection judiciaire de la jeunesse, une partie de la population a encore du mal avec son fonctionnement. « La justice représente une culture occidentale qui peut s’entrechoquer avec la culture mahoraise », indique Christelle, sans vouloir rentrer dans la polémique. Si elle comprend les réactions de colère exprimées, elle s’oblige à faire un pas de côté face à la révolte parfois véhémente de l’opinion publique. De ce fait, l’ancienne éducatrice à Aubervilliers préfère mettre l’accent sur l’absence de diversification des accueils, notamment en termes de santé pour lutter par exemple contre les addictions ravageuses. En d’autres termes, la solution ne peut simplement dépendre d’une seule juridiction. « La justice est une réponse symptomatique a un mal… » Conclusion : pour enrayer la spirale négative dans laquelle les Mahorais se sentent piégés, cela passe par une assimilation du « manque profond et général » qui gangrène l’île aux parfums.

 

Les cinq unités de la protection judiciaire de la jeunesse sur le territoire

Pour la mission milieu ouvert, le service territorial éducatif de milieu ouvert se composent de deux unités Nord et Sud et d’une équipe intervenant au quartier mineur du centre pénitentiaire. Une troisième unité ouvrira prochainement en Petite-Terre.

Pour la mission placement, l’unité éducative d’hébergement diversifié localisée à Mamoudzou dispose de 30 places en familles d’accueil. Dans le secteur associatif, il existe le foyer de placement Dago à Cavani et le centre éducatif renforcé à Nyambadao. Par ailleurs, des mineurs sont régulièrement envoyés dans les lieux de placement de La Réunion, dont le centre éducatif fermé.

Pour la mission insertion, l’unité éducative d’activités de jour répartie sur deux sites à Passamaïnty et à Dzaoudzi accueille 36 jeunes. D’autres dispositifs se sont développés ces dernières années, dont 12 places en accueil de jour avec la structure associative Daradja, et des programmes d’insertion financés par les crédits Justice de proximité, notamment avec les associations MAN et Mayotte Nouveau Départ.

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Des logements décents en briques de plastique recyclé à Mayotte

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En mai, l’entreprise a été récompensée lors du challenge Startup organisé par Totalénergies.

Créée en 2022 par Dominique Hannah, Habit’âme est une entreprise innovante qui a comme principal objectif de répondre à la lutte contre l’habitat insalubre et l’accès à un logement décent pour tous. Son concept assez particulier consiste à construire des logements à partir de briques de plastique recyclé. Les machines devraient d’ailleurs arriver en septembre. En outre, le projet vise également à l’insertion des mineurs de 14 ans et plus n’ayant plus de solution de formation ainsi que des adultes.

Faire des logements à moindre coût en recyclant en même temps le plastique, c’est le rêve de la jeune entreprise de l’économie sociale et solidaire, Habit’âme. Immatriculée en mars 2022 et installée pour l’instant à Tsararano, cette SARL (société à responsabilité limitée) est le fruit de plusieurs acteurs qui souhaitent avoir un impact positif sur le territoire. « Le but est de mettre un peu notre pierre à l’édifice pour tout ce qui est gestion des déchets, leur valorisation, ainsi que l’amélioration des conditions de vie des personnes à travers le logement », affirme la fondatrice d’Habit’âme, Dominique Hannah. Regroupant cinq porteurs de projet, trois architectes basés sur la partie technique et la conception du projet, un professeur d’histoire géographie qui s’occupe de l’insertion et des formations, ils forment un maillon qui se soucient de l’environnement et du bien-être de la population. « Notre objectif est de réussir à produire des logements à base de plastique recyclé qui s’encastre dans la structure métallique porteuse. Les logements doivent bien évidemment répondre aux normes auxquelles un logement doit se plier, notamment la norme RE20 », déclare celle qui a la charge de gérer la partie financement et recherche de partenariats.

« Pour en arriver là, nous allons proposer des premiers produits à base de plastique recyclé. Ça peut être des plaques de plastique avec lesquels on fait l’aménagement d’intérieur, des tuiles de bardage, des plaques perforés ou des objets divers tels que des bacs, des vases… Il ne faut surtout pas ce soit alimentaire », détaille Dominique Hannah. Cette première gamme de produit devrait permettre aux porteurs de projet de financer la recherche et le développement. En effet, la jeune entreprise veut au fur et à mesure acquérir diverses certifications pour produire les logements, celles-ci pouvant prendre parfois une dizaine d’années.

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La startup mahoraise va acquérir d’ici la fin de l’année deux machines pour faire des briques en plastique recyclé.

Des écoles sur le même modèle

Outre l’habitat, l’équipe vise également la construction de bâtiments publics et d’établissements scolaires « puisqu’il y a un grand besoin de construction d’écoles pour le rectorat de Mayotte », avoue-t-elle. Son entreprise s’appuie d’ailleurs sur le soutien de deux cabinets d’architecture, Tand’m architecte et Co-architectes, d’Action logement et de l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), ce qui permettra de financer une partie d’un broyeur. « Nous sommes en train de faire des partenariats, notamment avec Citéo (l’entreprise en charge des déchets de la grande distribution) et avec le Sidevam (le syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte) », révèle la patronne d’Habit’âme. Le groupe a également pour objectif de démarcher les entreprises du bâtiment pour réfléchir à une stratégie de mise à disposition du gisement de déchets et des casses automobiles.

En outre, toutes ces activités pourraient bénéficier aux travailleurs locaux. « Étant dans une revalorisation mécanique des déchets, nous allons développer des postes en insertion. Pour cela, nous allons demander à être entreprise d’insertion auprès de la SIAE (structure d’insertion par l’activité économique) fin juillet pour pouvoir être opérationnels en janvier. Six postes vont être ainsi créés », prévient Dominique Hannah.

Les aventures de Toto au coeur d’un spectacle pour enfants à Mayotte

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Kris (en noir) et Mohamed (en blanc) s’entraînent pour le spectacle jeune public qui racontera les aventures de Toto.

Les artistes de l’association de danse, Uwezo, sont en pleine création. Ils ont un mois pour créer un spectacle entièrement dédié au jeune public mahorais. Et c’est tout naturellement qu’ils ont choisi de raconter les aventures du célèbre personnage de fiction Toto, en dansant. Leur première représentation est prévue pour le 6 août.

Toto, ce héros fictif qui incarne un enfant gaffeur et malin est connu de tous. Il fait rire les enfants, mais aussi les adultes. C’est la raison pour laquelle, il est au centre du prochain spectacle de l’association Uwezo, imaginé et mis en scène par deux danseurs professionnels, Fakri Fahardine, connu sous le pseudonyme de Kris, et Mohamed. « Les histoires de Toto sont universelles, mais nous avons remarqué qu’elles ne sont pas les mêmes selon les pays. Elles sont différentes à Mayotte, en métropole, en Amérique… Donc nous allons représenter tous les profils de Toto », explique Fakri Fahardine, également président de l’association Uwezo.

Les histoires farfelues de ce personnage seront racontées grâce à la danse, à travers cinq tableaux d’une durée totale d’une demi-heure. Les thèmes retenus sont : Toto en cours d’EPS, Toto en classe, Toto fait la vaisselle, Toto veut partir et Toto dans la rue. Les deux artistes sont encore en phase de création, ils s’entraînent dans les locaux du Royaume des fleurs, autre association artistique basée en Petite-Terre. « Cela fait une semaine que nous avons commencé les répétions, mais il reste encore beaucoup à faire. Il faut trouver les bons raccords, les enchaînements et assembler le tout », indique Mohamed. Trouver les pas de danse est une chose, mais choisir la musique en est une autre. Ce choix important n’est pas encore fixé, à trois semaines de la première représentation prévue le 6 août. Une situation qui inquiète les danseurs. Ces derniers souhaitent avoir des musiques et des bruitages comme dans les dessins animés, et pour cela, ils travaillent avec un musicien.

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La première représentation aura lieu le 6 août, dans les locaux du Royaume des fleurs en Petite-Terre.

Travailler pour des enfants, une première

Si Uwezo existe depuis trois ans, il s’agit d’une grande première pour la structure. Ses artistes ont plutôt l’habitude de faire des spectacles pour adultes. Fakri et Mohamed doivent donc changer leurs méthodes de travail afin de capter l’attention des enfants. « Dans la création pour les adultes, on code nos danses. On fait cogiter les esprits, quand les spectateurs viennent nous voir, ils se posent plein de questions et c’est ce qui est intéressant. Par contre, pour un spectacle pour jeune public, on ne peut pas faire cela, au risque de les ennuyer. Il faut que tout soit évident, sinon ils ne vont pas comprendre et vont rapidement se désintéresser », précise Fakri Fahardine. Pour s’aider, ils utilisent des objets tels que des ballons et des ustensiles de cuisine. Ils doivent également faire des mimiques, malgré eux. « On est obligés d’en faire pour que les enfants comprennent, même si je ne suis pas très fan. On doit trouver le juste milieu et ne pas trop en faire parce que nous ne sommes pas des clowns ! », lance Fakri Fahardine.

Le spectacle entièrement imaginé pour les petits a un objectif bien précis : faire comprendre aux enfants que la différence n’est pas une mauvaise chose. « Toto est un personnage qui ne réagit et ne pense pas comme tout le monde, mais cela ne veut pas dire qu’il est bête, au contraire, il est très malin ! On veut que les jeunes comprennent que même si on est différent des autres, on ne doit pas être mis de côté », souligne le président de l’association. Une leçon de vie qui sera également utile aux adultes.

 

Carnet de voyage : L’association La Maternelle de Ramena : une chance inouïe pour 230 enfants

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Soutenue par des structures partenaires, telles que le Lions Club Oulanga Maoré, l’association La Maternelle de Ramena accueille pas moins de 230 élèves, dont la moitié est parrainée. Si l’école privée rencontre quelques difficultés logistiques, elle peut se targuer de bénéficier de moyens humains et matériels plus conséquents que dans le public.

C’est le genre de belle histoire qui redonne foi en l’humanité ! Tout remonte à 2008 avec la création de l’association La Maternelle de Ramena par Dadapierre, un ingénieur à la retraite. Près de quinze ans plus tard, l’école comptabilise 230 enfants répartis sur trois niveaux de maternelle et cinq de primaire. Parmi les dates clés, on retient l’accueil de 19 élèves de CP par la maîtresse Aretha en septembre 2010, la construction de cinq salles de classe financées par le Lions Club Oulanga Maoré de 2011 à 2014, mais aussi de quatre autres grâce à Isabelle Becker en 2015. Le tout sur un terrain mis à disposition par la famille Kha.

Une longévité louable malgré les nombreux soucis matériels rencontrés : menuiserie, serrurerie, maçonnerie, ferronnerie, couvertures, peintures, panneaux d’affichage, plomberie, pompes, installations sanitaires… « Le varazatra et les cyclones ne nous font pas de cadeaux », ajoute Jean-Claude Jorgensen, le secrétaire de la structure sœur basée à La Réunion, qui vit dans le village situé à quelques kilomètres de Diego-Suarez huit mois par an. « Nous gérons aussi au jour le jour les relations avec les parents d’élèves. De temps en temps, nous butons sur un grincheux ou deux, mais le dialogue résout tout ! »

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75 donateurs pour un montant total de 12.800 euros

Tout cela sans aucune subvention publique malgache, mais avec un soutien indéfectible de 75 donateurs (un en Allemagne, un en Italie, un en Belgique, un en Martinique, un en Nouvelle-Calédonie, deux en Espagne, deux à Mayotte, six vazahas résidents et vingt à La Réunion), dont un tiers sont déjà venus sur place au moins une fois. « La plupart ont un filleul, une douzaine en ont deux, voire trois, et quelques-uns en ont douze, vingt, vingt-cinq… » Au total, 118 élèves (que l’on appelle communément des Lionceaux) sont aujourd’hui parrainés, ce qui représente 55% des effectifs ! En 2021, le montant total des parrainages s’élève à 12.800 euros, soit la même somme reçue par les frais de scolarité et les inscriptions payés par les parents.

Dans son fonctionnement, l’association emploie quatorze salariés : deux directrices, dix enseignants, un gardien et une femme de ménage. « Jusqu’en 2017, certains faisaient la route Diego-Ramena chaque jour », se rappelle Jean-Claude Jorgensen, qui fait partie du jury de recrutement, aux côtés de Mickaël, le président, et de Zina, la directrice. « Depuis 2010, nous avons toujours exigé le baccalauréat, un diplôme difficile à obtenir à Madagascar ! » Une exigence qui ne se retrouve pas toujours dans les écoles primaires publiques… « Plus de la moitié sont des maîtres FRAM, ils sont recrutés et rémunérés par les associations de parents d’élèves. » Ce décalage se ressent aussi dans les équipements à en croire l’ancien professeur de lettres dans le second degré. « C’est la misère par rapport à nous », confie-t-il. Résultat : les redoublements sont peu nombreux au sein de La Maternelle de Ramena.

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Aujourd’hui, l’association est à la croisée des chemins. Si son budget est à l’équilibre, elle aspire à réunir toujours plus de financements privés pour continuer à faire vivre l’héritage de Dadapierre. Un nouveau souffle qui pourrait venir de Fabrizio, le frère de Giorgio, l’ancien trésorier adjoint décédé le mois dernier, qui souhaite s’investir dans un projet scolaire. « Notre réflexion ne fait que commencer, mais nous rêvons déjà d’ouvrir une classe de sixième ou bien de disposer d’une seconde salle polyvalente. » Quoiqu’il en soit : moramora ! Il s’agit d’abord de consolider l’existant, dans l’intérêt de tous ces enfants.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes