Du 10 au 13 octobre aura lieu la 20ème édition de la semaine européenne des régions et des villes organisée par le comité européen des régions et la direction générale de la politique régionale urbaine de la Commission européenne.
La chambre régionale de l’économie sociale et solidaire de Mayotte participera à cette rencontre aux côtés du conseil départemental, de la région Réunion et de la CRESS de la Réunion sur une table ronde digitale intitulée « L’océan indien et l’ESS : les régions ultrapériphériques, motrices de coopération environnemental et social ». Elle aura lieu en ligne le 11 octobre à 11h30 (heure de Bruxelles CET+2).
Cette table ronde digitale sera l’occasion de valoriser les initiatives en cours en matière de coopération ESS dans les deux régions ultrapériphériques de l’océan Indien (Réunion et Mayotte), de présenter les opportunités d’ouverture vers une économie à impact ainsi que la nécessité de déployer le modèle sur un plan politique et économique.
Au programme : un temps de partage et d’illustration sera consacré au dispositif BusinESS OI incubé à la CRESS de Mayotte et financé par l’Union européenne via le programme de coopération « INTERREG V océan Indien » 2014-2020 et le conseil départemental de Mayotte ; un focus sur l’importance d’intégrer les jeunes des RUP dans la dynamique de coopération ESS dans l’océan Indien au regard des réalités démographiques de ces territoires ; un temps d’échanges avec les élus des RUP et les chambres régionales de l’économie sociale et solidaire sur l’articulation entre les politiques régionales et le développement d’une coopération favorisant une économie à impact régional.
Le 26 août dernier, la direction départementale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt avec l’appui de la gendarmerie, a procédé à la destruction de deux charbonnières illégales à Bouyouni, une au lieu-dit Mlima Maré d’un volume de 45 mètres cubes et l’autre au lieu-dit Mlima Maouéni d’un volume de 40 mètres cubes. Ces actions ont été entreprises dans le cadre du plan d’actions de la mission inter-service de l’eau et de la nature de Mayotte (MISEN 976). La DAAF rappelle que la pratique du charbonnage est strictement réglementée et que les contrevenants à la réglementation s’exposent à des poursuites au titre du code forestier.
Un plan national d’actions (PNA) en faveur des insectes pollinisateurs et de la pollinisation à Mayotte a été mis en place par le ministère de la transition écologique et la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) sur la période 2021 à 2026 (https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/2021.11.21_Plan_pollinisateurs.pdf). Il a pour objectifs l’organisation d’un réseau départemental d’acteurs à l’échelle du territoire, l’appui à l’émergence d’actions en faveur des espèces concernées par le plan régional et l’amélioration de leur prise en compte dans les activités et les politiques territoriales.
L’animation de ce PNA a été confiée à la fédération mahoraise des associations environnementales. Pour l’année 2022, la structure a décidé de se focaliser dans un premier temps sur l’abeille de Mayotte et l’apiculture pour s’étendre par la suite sur les insectes pollinisateurs présents sur le territoire.
Co-construit avec différents partenaires, le projet de déclinaison se structure en trois axes : la recherche et développement des connaissances sur les pollinisateurs, leurs ressources alimentaires, les espèces forestières et agricoles mellifères ; la médiation environnementale pour bien comprendre la relation des mahorais aux abeilles et proposer des actions de vulgarisation pour une meilleure cohabitation ; le transfert de connaissances pour le soutien d’une filière adaptée.
Dans ce cadre, avec son partenaire technique Le Secret du Miel, la FMAE organise très régulièrement des actions de découverte du monde des abeilles, des formations et des sessions d’échanges et d’initiation à l’apiculture. Actuellement en pleine période d’essaimage et au début de la récolte du miel 100% mahorais, elle vous invite donc à une sortie découverte pour visiter le rucher le dimanche 4 septembre à partir de 9h à M’tsagnougni (Tahiti plage), sur la commune de Sada.
L’abeille est un insecte qui peut parfois être agressif, la sécurité des participants est donc la priorité. C’est la raison pour laquelle, l’activité est proposée en fin de journée, période où les abeilles sont beaucoup plus calmes. Il est demandé de bien vouloir confirmer votre présence par mail fmae976@gmail.com ou par téléphone au 06.39.10.83.18 ou auprès du président Ali Madi (choukra.amadi@gmail.com ou au 06.92.46.12.51).
Les électeurs du canton Chirongui-Sada auront le choix entre trois tickets, le 25 septembre prochain, lors du premier tour d’un scrutin départemental partiel. Annulé par le tribunal administratif de Mamoudzou (une décision confirmée par le conseil d’Etat) à cause des doutes émis sur un certain nombre de voix, celui de 2021 avait déclaré vainqueurs Mansour Kamardine et Tahamida Ibrahim. L’épée de Damoclès étant tombée, le député et celle qui est devenue vice-présidente du conseil départemental repartent à la case élection. Selon un arrêté daté de ce mardi de la préfecture de Mayotte, seuls deux autres duos se sont déclarés candidats (ils étaient sept en 2021). Candidat malheureux de l’élection législative de juin, Soula Saïd-Souffou partage son ticket avec Mariam Saïd Kalame. En 2021, il soutenait la candidature de Rahmatou Younoussa Bamana…qui se présente aussi aux côtés de Salim Boina Mzé. Si aucun binôme ne se détache le 25 septembre, un second tour sera organisé la semaine d’après, le 2 octobre.
Présente sur le territoire depuis le 25 août, la délégation de l’association Les Ateliers a rendu ce mardi matin son rapport d’étonnement de la mission exploratoire. Parmi les thèmes abordés, celui sur la problématique de l’eau représente un enjeu majeur dans l’aménagement du territoire. Pour l’urbaniste hydrologue Christian Piel, il est indispensable de remettre la nature au cœur des projets et privilégier les nappes phréatiques pour faciliter le stockage.
Flash Infos : La problématique de l’eau représente un enjeu majeur à Mayotte… À la suite de votre séjour, quel état des lieux pouvez-vous dresser ?
Christian Piel soumet l’idée d’implanter une agence de l’eau à Mayotte pour développer une approche dite « génie écologique » de la ressource en eau.
Christian Piel : Lors de mon intervention, j’ai soulevé deux sujets qui ne sont en aucun cas une révélation aux oreilles de tous ! Premièrement, la pluviométrie est trois fois plus importante à Mayotte qu’en Île-de-France alors que la pluie ne se concentre que cinq mois dans l’année… Sachant cela, vous me demanderez alors les raisons des coupures d’eau dont sont victimes les habitants ? Vraisemblablement parce qu’il n’y a pas suffisamment d’infrastructures efficientes.
Deuxièmement, indépendamment des problèmes de ressources, les risques ne sont pas assez pris en compte. Nous n’en entendons absolument pas parler, à l’instar des ruissellements extrêmes qui embarquent et déversent tout un tas d’ordures dans le lagon, qui se retrouve irrémédiablement pollué.
FI : Il y a quinze ans de cela, vous êtes intervenus sur le secteur de M’Gombani. Quelle comparaison avez-vous pu noter ?
C.P. :La route nationale venait d’être construite en bordure de mer sur du remblai. Seul hic : les ruissellements inondaient totalement ce nouveau quartier de M’Gombani. La population se révoltait car elle avait plus de 50 centimètres de flotte dès lors qu’il pleuvait… Nous avions alors installé des bassins de rétention qui ne me semblent plus être présents aujourd’hui !
Cet exemple met en exergue un point essentiel : aménager le territoire sans intégrer la problématique de l’eau se révèle dévastateur. Ce n’est pas l’eau en tant que telle qui génère le risque, c’est le comportement humain dans l’urbanisme qui nous rend vulnérable. Les cheminements ne sont pas tellement respectés dans la mesure où ils sont à moitié bouchés. Sachant que les périodes de pluie seront de plus en plus intenses en raison du changement climatique, nous courrons tout simplement vers de nombreux dégâts. Il faut arrêter d’occuper ces axes d’écoulement n’importe comment.
FI : Depuis 2016, l’île subit une crise de l’eau sans précédent. Quelles solutions préconiseriez-vous pour y remédier, sachant que la consommation est amenée à doubler d’ici 2050 ?
C.P. :Notre approche se base systématiquement sur la nature. En d’autres termes, il faut retrouver un fonctionnement naturel. Alors oui, les retenues collinaires s’avèrent intéressantes d’un point de vue financier, mais l’évaporation de l’eau gâche en réalité une bonne partie de leurs ressources… Quant aux usines de dessalement, elles participent à la dégradation du lagon en concentrant une quantité énorme de sel dans des points nommés. Sans parler de leur coût ! Après, elles peuvent offrir un gage de sécurité en période d’importantes sécheresses.
Selon moi, nous devrions privilégier la mise en œuvre de réserves d’eau autonomes à l’échelle de l’habitant. Chaque nouvelle construction devrait posséder sa propre cuve pour arroser son jardin et alimenter ses toilettes. L’autre solution serait de mettre l’accent sur l’infiltration des sols afin de posséder un réservoir sous-terrain. Il s’agirait alors d’une nappe phréatique que nous pourrions venir alimenter. À mon sens, il faudrait « forcer » ce type d’ouvrages !
FI : La semaine dernière, un contrat de progrès du service public de l’eau potable et des eaux usées de Mayotte pour la période 2022-2026 d’un montant de 411 millions d’euros a été signé en présence du ministre délégué chargé des Outre-mer. Ne serait-ce pas ici l’occasion de changer de paradigme comme vous le préconisez ?
C.P. : Lorsque nous évoquons un tel budget, cela se termine généralement en stations de dessalement… Les grands groupes vont réussir à « vendre » leurs machines et auront l’impression d’avoir apporter leur pierre à l’édifice. Malheureusement, l’absence d’une agence de l’eau, qui est financée par des taxes sur les eaux usées, est préjudiciable… En métropole, elles sont au nombre de six et ont compris que la qualité de ressource en eau est déterminante dans l’aménagement urbain.
À Mayotte, une telle structure pourrait utiliser ces 400 millions d’euros pour encourager l’idée d’une nappe phréatique. Il faut cet acteur pour prendre en compte le cycle en eau dans sa globalité. Pour bénéficier de réserves plus conséquentes, il ne faut pas des réservoirs à ciel ouvert, mais bel et bien souterraines. Il faut revégétaliser les villes et aménager des zones d’écoulement en bonne et due forme, ce serait plus durable dans le temps et surtout moins fragile en termes de fonctionnement.
Nathalie Brun-Zahi et Yann Cattin deviennent présidents de la chambre d’appel de Mamoudzou. La nouvelle présidente de la cour d’assises est déjà passée deux fois à Mayotte.
L’audience d’installation de ce mardi, à la chambre d’appel de Mamoudzou, entérine l’arrivée de deux nouveaux présidents de chambre, Nathalie Brun-Zahi et Yann Cattin. La première connaît très bien le territoire, puisqu’il s’agit de son deuxième retour. Après avoir prêté serment, Aline Charron, Ivan Mercier-Bossény, Kaouttare Kardou, Adrien Rosaci et Cassandre Morvan rejoignent eux le tribunal judiciaire.
Des responsables politiques de l’île bien habillés, ceux de la gendarmerie ou des institutions judiciaires en uniforme ou tout aussi bien apprêtés, des prestations de serment tout ce qui a de plus officiel. Le cadre solennel de l’audience d’installation peut paraître « désuet », admet la procureure générale Fabienne Atzori, elle n’en reste pas moins un rendez-vous important pour la justice mahoraise. Elle permet tout du moins d’accueillir officiellement les nouveaux présidents de chambre d’appel, Nathalie Brun-Zahi et Yann Cattin, avant leurs entrées en fonction, ce jeudi 1er septembre. Ce dernier était jusqu’à récemment conseiller de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, la deuxième plus grande cour de ce type en France. « Votre parcours dans la magistrature est riche et diversifiée. Il vous a amené, depuis 1999, à assurer les fonctions de vice-président de tribunaux d’instance et judiciaire, et à deux reprises, les fonctions de conseiller de cour d’appel », indique le premier président de la cour d’appel de Saint-Denis, Alain Chateauneuf. Il s’occupera des contentieux essentiellement civils au sein de la cour d’appel mahoraise.
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Cinq auditeurs de justice commenceront leurs carrières de magistrats au tribunal judiciaire de Mamoudzou. De gauche à droite, Cassandre Morvan, Alain Chateauneuf (premier président de la cour d’appel), Ivan Mercier-Bossény, Aline Charron, Adrien Rosaci, Fabienne Atzori (procureure générale) et Kaouttare Kardou.
Muriel Dobja, juriste assistante et actuellement au Parquet, a dû aussi prêter serment.
Pour Nathalie Brun-Zahi, il s’agit plutôt « d’un retour à la maison », selon la procureure générale. Ancienne juge d’instruction à Mamoudzou (2007 à 2010), elle est revenue sur l’île aux parfums de 2015 à 2020 pour être juge pour enfants. Conseillère pendant deux ans à la cour d’appel de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, elle revient une troisième fois à Mayotte pour assurer le rôle de présidente de la cour d’assises. « C’est un hasard de la vie, ça s’est fait au gré des mutations », explique l’intéressée. Elle ne manquera pas de travail dans sa fonction, le premier président rappelant que l’activité des assises « a doublé en quatre ans ». Ayant, ça tombe bien, une préférence pour le pénal, elle va pouvoir rapidement se plonger dans l’univers de la criminalité locale puisqu’elle connaît déjà bien le territoire et ses difficultés. « En 2015, quand je suis revenue, la délinquance des mineurs avait explosé », se rappelle la magistrate.
Du renfort au bureau du procureur
Outre les présidents de chambre, cinq auditeurs de justice ont prêté serment et rejoignent le tribunal judiciaire de Mamoudzou. Aline Charron et Ivan Mercier-Bossény y deviennent juges, tandis que Kaouttare Kardou prend le troisième poste de juge pour enfants qui vient d’être nouvellement créé. Adrien Rosaci sera désormais juge d’instruction. Réduit à deux personnes en ce moment avec les départs de Ludovic Folliet et de Sarah M’Buta et l’arrêt maladie d’un autre substitut du procureur, le bureau du procureur peut compter sur l’arrivée de Cassandre Morvan. Une autre substitute arrivera en octobre. Les deux femmes seront en charge notamment de la délinquance des mineurs. Elles seront aidées dans leur mission par une autre membre du bureau, Muriel Dobja. Sous statut de contractuelle, la chargée de mission assurait depuis juin 2021 la coordination entre le Parquet et les services de l’état-civil. Lors de l’audience d’installation, la jeune femme a prêté également serment et devient juriste assistante. « Je pourrais m’occuper du volet pénal maintenant », précise celle qui souhaite devenir magistrate.
Une cité judiciaire attendue avec impatience
Le premier président de la cour d’appel de Saint-Denis a profité de la présence de Thierry Suquet, le préfet de Mayotte, et de Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental, pour les remercier du rôle qu’ils ont joué dans le projet de cité judiciaire. En effet, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a annoncé lors de sa visite en mars dernier la construction de la cité à Kawéni. Elle sera située sur un terrain de la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Deal), propriété du Département. Alain Chateauneuf a également salué le travail de Laurent Ben Kemoun, le président du tribunal judiciaire de Mamoudzou, qui vient de rejoindre la région parisienne où il sera vice-président du tribunal d’Évry, en Essonne (voir Flash infos du 22 août). « J’ai appris qu’il était resté pendant toute la période des congés pour assurer le cours normal de la justice. C’est un comportement tout à son honneur », estime le premier président.
Stéphane Gouy, référent secteur économie bleue de Pôle Emploi, affiche de grandes ambitions avec cette formation de steward dans le yachting.
Une réunion d’information collective se déroulait, ce mardi 30 août, à l’agence de tourisme et d’attractivité de Mayotte à l’initiative de Pôle Emploi et du conseil départemental dans le but de former des stewards dans le yachting. Une grande première pour le territoire qui aspire à envoyer des profils mahorais sur le marché méditerranéen dès le début de la saison 2023.
Si le lagon regorge de richesses environnementales, il n’est pas plus le terrain de jeu des plus grands navires au monde depuis la désertification des bateaux de croisière. Histoire d’anticiper l’avenir, Pôle Emploi planche depuis un an et demi sur la formation de stewards dans le yachting avec des experts territoriaux. D’où la réunion d’information collective organisée ce mardi 30 août dans les locaux de l’agence de tourisme et d’attractivité de Mayotte. « Depuis la crise Covid, il y a une importante pénurie de main d’œuvre », précise Stéphane Gouy, référent secteur économie bleue.
L’équipe composée de collaborateurs de Pôle Emploi et du conseil départemental à l’origine de ce projet.
Étonnant dans la mesure où ce domaine d’activité génère entre 6.000 et 8.000 postes de saisonniers entre les mois de mars et d’octobre. En effet, 40% de la flotte mondiale de yatch navigue en Méditerranée durant l’été… Sachant cela, la direction de l’apprentissage, de la formation professionnelle et de l’insertion du conseil départemental, partenaire de la rencontre du jour, souhaite sauter sur l’occasion pour permettre à des jeunes Mahorais de se lancer dans cette aventure maritime en métropole. « L’idée est de créer une première ici, même à petite échelle. […] Je veux être très sélectif pour nous positionner comme un réservoir de profils. »
Stage pratique et retour sur les bancs de l’école
À n’en pas douter, l’excellence reste le maître mot. Il suffit de voir le programme qui attend les candidats retenus pour qu’ils soient opérationnels lors de l’ouverture de la saison 2023, prévue fin février-début mars, juste avant le salon de recrutement des équipages organisé à Antibes : préparation à la mobilité, deux mois de stage pratique au Kenya dans un hôtel 2, 3 ou 4 étoiles, tests de natation, module d’anglais technique, trois mois à la faculté des métiers hôteliers de Cannes pour obtenir un certificat de qualification hôtelier embarqué valide par la fédération des industries nautiques.
Une formation intensive qui doit permettre de mettre un premier pied à l’étrier. « Physiquement, ils doivent être aptes à encaisser les charges de travail [dans ce milieu] », insiste Stéphane Gouy. En d’autres termes, mieux vaut avoir les reins solides ! Le quotidien des stewards se résume à assurer le bien-être général des passagers, l’entretien extérieur et intérieur du bateau (dont la longueur peut varier entre 15 et 150 mètres) ou encore le service. « Ils vont être amenés à bosser pour des célébrités – des millionnaires et des milliardaires – que nous voyons régulièrement à la télévision. » Un investissement de tous les instants récompensé financièrement à la fin du mois. « Le salaire minimum s’élève à 2.400 euros, hors pourboires. »
Si cette présentation « pratico-pratique » s’avère alléchante sur le papier, le référent secteur économie bleue de Pôle Emploi garde la tête sur les épaules. « Ce secteur n’est pas du tout connu à Mayotte, nous allons essuyer les plâtres », avoue-t-il. Néanmoins, il compte bien s’appuyer sur les retours d’expérience des « un ou deux » sélectionnés cette année pour « montrer les réussites » et susciter des vocations. « Nous devons jouer notre rôle de facilitateur. » Ne reste plus qu’à monter à bord !
Deux habitants de Dzoumogné étaient jugés, ce mardi matin, par le tribunal correctionnel de Mamoudzou. À la suite d’un différend, ils se sont battus et blessés grièvement à coups de couteau et machette, le 22 décembre 2018. Ils ont été condamnés à deux ans de prison, dont un an avec sursis.
« Huit » ou « cinquante euros »… La somme à l’origine de la dispute n’avait plus trop d’importance, ce mardi matin, au tribunal correctionnel. Quatre ans plus tôt, Idrisse Faïdine et Ousseni Mohamed avait conclu un marché. Le premier, âgé de 24 ans, devait soit rendre le montant emprunté soit effectuer des travaux pour le second, un agriculteur de 34 ans habitant lui aussi Dzoumogné. Ni l’un ni l’autre ayant été fait, le cultivateur a vu rouge et s’est rendu chez son voisin. « Je lui ai demandé pourquoi il ne me rendait pas mon argent », a-t-il raconté à la barre. « Il m’a dit qu’il n’avait pas d’outils pour faire les trous (N.D.L.R. afin de planter des bananiers). Je suis allé en chercher un et quand je suis revenu, il a commencé à m’insulter et me menacer. » C’est à partir de ce moment-là que les versions divergent. Si l’un comme l’autre a reconnu les coups, le plus jeune avec une machette, le deuxième avec un couteau, les deux se sont accusés d’avoir commencé.
Selon le cultivateur, son opposant lui a asséné un coup de panga à la tête, et par deux fois, il s’est pris à nouveau des coups en voulant se protéger avec ses bras. En réponse, il aurait sorti un couteau et, « sans viser », a atteint Idrisse Faïdine à la tempe et à la gorge. « Sa famille est sortie et m’a pourchassé. Je me suis réfugié dans une maison », s’est-il souvenu. C’est effectivement là que les gendarmes l’ont trouvé, affaibli à cause du sang perdu. 90 jours d’interruption totale de travail (ITT) ont été donnés à celui qui porte encore des traces physiques, même quatre ans après.
Absent de l’audience, Idrisse Faïdine avait dit pendant les auditions que c’était l’agriculteur qui l’avait attaqué en premier. Blessé effectivement à la tempe et à la gorge, il a déclaré qu’il avait alors pris la fuite en passant la rivière. Un voisin l’a accueilli et emmené à l’hôpital. Plongé dans le coma et opéré à deux reprises, il a eu quatre jours seulement d’ITT.
Une témoin qui n’a peut-être rien vu
La défense du plus jeune s’appuyait notamment sur une femme se disant présente lors des faits. Cependant, celle-ci a raconté qu’Ousseni Mohamed n’était pas blessé avant de fuir, alors que le sang de celui-ci a été abondamment retrouvé dans l’habitation. Elle a contredit aussi les déclarations de son propre mari qui a confirmé que c’était bien sa machette qui avait été utilisée par Idrisse Faïdine.
Le procureur, Yann Le Bris, a reconnu pendant ses réquisitions : « On ne saura jamais qui a porté les coups en premier. » Il a laissé le choix de la peine au tribunal en indiquant que soit les prévenus étaient responsables de leurs gestes, soit ils pouvaient être relaxés si la légitime défense était retenue pour les deux. Le tribunal correctionnel a préféré la première option et a condamné à deux ans de prison, dont un an avec sursis, Idrisse Faïdine et Ousseni Mohamed (celui-ci ayant déjà purgé son année de prison ferme en détention provisoire).
Avant de se retirer pour les délibérations, la présidente du tribunal, Julie Vignard, a rappelé au cultivateur qu’il peut se constituer partie civile et obtenir des indemnités pour son handicap. Celui-ci a refusé, estimant que ses blessures sont « la volonté de Dieu ».
Quatre ans de prison pour un violent passage à tabac à Dembéni
Il était également question de querelle de voisinage dans une autre affaire jugée ce même mardi. Le 8 janvier 2018, à Dembéni, au moins quatre jeunes hommes (dont deux mineurs) s’en sont violemment pris à un voisin. Se plaignant que le chien des prévenus vienne régulièrement dans son jardin, la victime a eu maille à partir à plusieurs reprises avec des jeunes du quartier. C’est au cours de l’une des rixes que Nafouondine Nadjib, 24 ans, a porté un coup de couteau à l’épaule du voisin. La lame a été si profondément enfoncée qu’elle est restée plantée dans le corps. L’autre prévenu, Ahamada Madi, lui a donné des coups de bâtons et de hache (avec la partie non tranchante), lui fracturant la mâchoire. Portée au dispensaire de Kahani, puis au centre hospitalier de Mayotte, la victime a vu son pronostic vital engagé et des blessures occasionnant 45 jours d’interruption totale de travail (ITT). Portant aucune mention à leurs casiers judiciaires, les deux hommes ont été condamnés à quatre ans de prison ferme, avec mandat de dépôt.
Six mois ferme pour le cambriolage chez un gendarme réserviste
Pour le vol d’ordinateurs portables, de bagues et de colliers, le 5 février dernier, un jeune homme de 22 ans et habitant à Mamoudzou a aussi été condamné, ce mardi. Formellement identifiés par la victime, un mineur et lui ont eu la bonne idée de s’introduire dans le logement d’une gendarme réserviste, lui dérobant au passage la housse de son gilet pare-balles. Celui qui est connu sous les surnoms de « Gueule d’ange » et de « Michael Scofield » (personnage principal de la série « Prison Break ») passera justement six mois à Majicavo pour ce fait.
Mansour Kamardine, ici avec le président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni, se lance dans une deuxième bataille électorale après les législatives de juin.
La justice ayant décidée de que l’élection départementale de 2021 n’était pas valide dans le canton comportant Chirongui et Sada, un nouveau scrutin est prévu à partir du 25 septembre. La préfecture de Mayotte a clos le dépôt des candidatures, ce mardi 30 août. Les candidats déchus Mansour Kamardine et Tahamida Ibrahim affronteront deux autres binômes, Soula Saïd-Souffou/Mariam Saïd Kalame et Rahamatou Bamana/Salim Boina Mzé.
Les électeurs du canton Chirongui-Sada auront le choix entre trois tickets, le 25 septembre prochain, lors du premier tour d’un scrutin départemental partiel. Annulé par le tribunal administratif de Mamoudzou (une décision confirmée par le conseil d’Etat) à cause des doutes émis sur un certain nombre de voix, celui de 2021 avait déclaré vainqueurs Mansour Kamardine et Tahamida Ibrahim. L’épée de Damoclès étant tombée, le député et celle qui est devenue vice-présidente du conseil départemental repartent à la case élection. Selon un arrêté daté de ce mardi de la préfecture de Mayotte, seuls deux autres duos se sont déclarés candidats (ils étaient sept en 2021).
Soula Saïd-Souffou, fort d’un bon score à Sada aux élections législatives, se présente avec Mariam Saïd Kalame. @Facebook
Candidat malheureux de l’élection législative de juin, Soula Saïd-Souffou partage son ticket avec Mariam Saïd Kalame. En 2021, il soutenait la candidature de Rahamatou Younoussa Bamana…qui se présente aussi aux côtés de Salim Boina Mzé.
Si aucun binôme ne se détache le 25 septembre, un second tour sera organisé la semaine d’après, le 2 octobre.
Déjà candidate en 2021, Rahamatou Bamana se présente avec Salim Boina Mzé. @Facebook
Après les émeutes de Kawéni, le travail d’identification continue. Une dizaine de participants aux rixes du mercredi 17 août ont d’ores et déjà été écroués. Vendredi, deux jeunes hommes, âgés de 18 et 20 ans, ont été condamnés à dix-huit mois de prison, dont douze ferme. Ils ont notamment participé aux vols et aux dégradations de scooters sur le parking du Corralium. Dans le même temps, plusieurs mineurs ont aussi été présentés devant le juge pour enfants pour des caillassages et des dégradations de véhicules.
Comme plus tôt dans la semaine, des bandes de jeunes ont de nouveau affronté les forces de l’ordre, près du collège de Passamaïnty, ce samedi 27 août. Des barrages ont été dressés sur la route départementale menant à Vahibé. Par trois fois, de 20h à 23h, les policiers sont intervenus face à des assaillants armés parfois de cocktails molotov. Dans leur fuite, ces derniers ont cassé une dizaine de pare-brises, dont ceux de trois véhicules appartenant à la Croix-Rouge. Il n’y a aucun blessé dans les rangs de la police et deux interpellations, d’un majeur et d’un mineur, ont été réalisées.
Le gestionnaire de l’aéroport Marcel Henry, Edeis, vient d’annoncer que la barre des 100.000 passagers a été franchie pour la première fois de l’histoire sur la période de juillet-août. Il s’agit donc d’un record d’affluence, mais aussi d’une grande satisfaction pour la société d’ingénierie et de gestion d’infrastructures qui dit poursuivre son engagement sur le territoire avec un investissement de plus de 10 millions d’euros pour accompagner ce développement.
Le jeudi 11 août dernier, le conseil départemental a adopté une mesure exceptionnelle et temporaire de diminution de la taxe sur le carburant sur les produits pétroliers de 7.4 centimes par litre, mesure opérationnelle pour trois mois à compter du 1er septembre. Cette mesure fait suite à une réunion de travail entre le président et les acteurs de la grande distribution qui visait l’évaluation de l’impact sur les denrées alimentaires de base des problèmes de fret vis-à-vis du pouvoir d’achat des habitants.
À cette occasion, les inquiétudes des professionnels s’étaient focalisées autour de la forte inflation constatée au niveau national, impactant également Mayotte. Le chef de l’exécutif a donc proposé de prendre une initiative exceptionnelle de baisse de la taxe sur le carburant, en signe de solidarité avec la population, dans le cadre de préservation du pouvoir d’achat devant la hausse des prix (+5% de hausse constatée) sur cinq mois. Un geste de 1.2 million qui se cumulera avec d’autres réductions annoncées : 20 centimes par litre pour TotalEnergies ; 15 centimes par litre pour l’État (en plus des 15 centimes par litre déjà appliqués. Avec la possible diminution du coût du baril, cela pourrait représenter une diminution allant jusqu’à 60 et 50 centimes pour septembre.
La communauté de communes du sud (CCSud) a accueilli le vendredi 26 août 2022, à la salle de délibération de la mairie de Bandrélé, la délégation du centre d’études et d’expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement conduite par Marie-Claude Jarrot, la présidente du conseil d’administration et maire de Montceau-les-Mines, accompagnée de Pascal Berteaud, le directeur général, de Séverine Bes de Berc, la directrice de la délégation Outre-mer, Bertrand Brohon, le responsable de l’antenne de Mayotte, et de José-Luis Delgado, le directeur de l’agence océan Indien dans la cadre de la signature de la première convention cadre de Mayotte.
Depuis 2021, le Cerema intervient en appui aux sévices de la CCsud sur les risques littoraux dans le cadre de l’appel à projet « gestion intégrée du littoral ». Satisfait de cet accompagnement, les deux entités ont décidé de signer un accord cadre qui les engagent sur trois ans. Cette convention de partenariat vise à apporter à la CCsud l’expertise de Cerema sur les domaines d’intervention suivants : les transports et la mobilité ; les politiques publiques d’aménagement du territoire dans le cadre de la transition écologique ; les risques naturels et la préparation à la gestion de crise ; le patrimoine bâti : l’atteinte de la performance énergétique du patrimoine bâti et dans l’optimisation de sa résilience, l’appui à la gestion du foncier ; le développement du numérique pour un territoire connecté ; l’adaptation du territoire aux conséquences du réchauffement climatique ; l’appui à l’exercice de la gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (GEMAPI) et à la mise en œuvre d’actions de gestion des inondations et leur suivi ; la résilience du territoire en lien avec les conséquences du réchauffement climatique ; la préservation et la mise en valeur de l’environnement ; la formation professionnelle en dehors des formations proposées par le centre national de la fonction publique territoriale.
De cette convention cadre découlera ultérieurement une convention opérationnelle qui se base sur les projets portés d’ores et déjà par la CCSud dont l’expertise de Cerema est nécessaire pour accompagner dans l’amélioration de sa résilience face aux conséquences du réchauffement climatique et dans la recherche des meilleures solutions d’adaptations aux changements climatiques.
À l’occasion de la seconde édition du concours « Mon quartier entreprend » organisé par l’association Oudjerebou en partenariat avec la ville de Mamoudzou, les créateurs d’entreprise ont eu trois jours pour préparer leur projet dans l’espoir de remporter le concours, bénéficiant ainsi d’un premier financement et un accompagnement professionnel.
Fatima M’Soili, conseillère municipale déléguée à la jeunesse, l’emploi et l’insertion, et membre du jury du concours « Mon quartier entreprend », a profité de l’événement pour saluer l’initiative d’Oudjérebou et rappeler la volonté de la ville d’encourager et de mettre en place des dispositifs adaptés aux jeunes entrepreneurs.
Vainqueurs du concours : Ahamadi Nadjine Saindou, Chakroun Hajer et Kaambi Sitti Sitti Zouhoura. Coup de cœur du jury : Omar Anlidine.
Route de Tsingoni, pont de Dzoumogné, travaux à Koungou et Chirongui, plusieurs chantiers ont fleuri au cours des vacances scolaires. Voulus ou non, ils auront une incidence sur la circulation au cours de ces prochains mois.
Route de Tsingoni : la course avant la saison des pluies
Depuis le glissement de terrain au mois d’avril, la route de Tsingoni est bosselée et réduite à une seule voie sur une partie de son tronçon.
Les automobilistes empruntant la route entre Tsingoni et Soulou doivent faire preuve de patience depuis le 29 avril. Ce jour-là, la préfecture de Mayotte a décidé la fermeture de l’axe victime d’un important glissement de terrain. Si la circulation a repris depuis, elle se fait toujours en alternance sur une chaussée très cabossée. « Le conseil départemental a lancé une consultation en juillet pour des travaux de confortement », indique Olivier Kremer, le directeur de la Deal (direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement). À partir de la deuxième quinzaine d’octobre, ces derniers doivent permettre d’ancrer la route dans la roche située en-dessous de la terre instable et ainsi éviter un nouveau glissement. « Notre objectif est de finir ces travaux avant le début de la saison des pluies », poursuit le directeur. L’utilisation de machines entraînera des microcoupures « d’une heure ou deux ».
Pont de Dzoumogné : un viaduc en métal prêt en octobre
Le pont Bailey sera surplombé par un viaduc métallique au mois d’octobre, permettant le passage des véhicules de plus d’une quarantaine de tonnes. C’était 19 tonnes maximum avant l’incendie de juillet.
Comme indiqué dans notre édition de vendredi, le pont de Dzoumogné est toujours fermé aux véhicules de plus de 3.5 tonnes. Cette décision a été prise après l’incendie du 8 juillet qui a fragilisé l’ouvrage vieillissant. La Deal a travaillé sur plusieurs scénarios avec le centre d’études et d’expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) et a retenu finalement l’acheminement d’un viaduc métallique de trente mètres comme solution provisoire. L’équipement sera placé au-dessus du pont Bailey et permettra le passage de véhicules de plus de quarante tonnes. Pour Olivier Kremer, il s’agit de « la meilleure solution possible ». En effet, l’ouvrage actuel comporte une conduite pour l’eau potable, une autre pour les eaux usées, le réseau électrique et la fibre optique. Début septembre, les travaux du contournement du bourg de Dzoumogné vont commencer en parallèle. Ils devraient se terminer fin 2024. « C’est notre faute. On aurait peut-être dû communiquer en juillet », reconnaît le directeur, regrettant ainsi le feu volontaire du mois dernier qui complique leur travail.
En attendant la pose du viaduc au cours des vacances d’octobre (celle-ci pourrait prendre une dizaine de jours), les 1.700 élèves qui passent d’habitude à cet endroit doivent descendre du bus, prendre un itinéraire piéton en longeant le site de la Deal et remonter dans un autre autocar ensuite. Les forces de l’ordre, des parents d’élèves et du personnel de Transdev y assurent la sécurité.
Koungou : un affaissement de la chaussée
À proximité de la mairie de Koungou, la route nationale a connu un affaissement au cours de cet hiver austral. La voie côté mer a été fermée et un alternat a été mis en place. Les feux tricolores ayant entraîné des bouchons, du personnel sera présent toute la journée pour permettre de fluidifier la circulation qui dépend à cet endroit des heures de pointe. Comme sur la route de Tsingoni, des travaux de confortements sont obligatoires pour retrouver une circulation normale. Ils devraient prendre trois mois.
Travaux à Chirongui et M’Tsamboro : de belles routes toutes neuves
Olivier Kremer, directeur de la Deal, fait le point sur les travaux, dont ceux de Dzoumogné qui ont mobilisé ses services dernièrement.
Le chantier à l’entrée de Chirongui va prendre fin cette semaine, annonce la Deal. Très abîmée, la route dispose d’un tout nouvel enrobé, ce n’est pas sans conséquence sur la sécurité. La direction départementale a noté une vitesse excessive des véhicules à l’entrée du village et invite à la prudence. Des coussins berlinois (des surplombs sur la chaussée forçant les véhicules à ralentir) vont être installés. D’autres aménagements devraient intervenir sur les îlots et à l’entrée de la station Total. Les riverains devraient connaître un peu de répit avant de nouveaux travaux à l’intérieur du bourg en 2023.
Chirongui terminé, un autre chantier se prépare à M’Tsamboro et Hamjago. 4.5 kilomètres de la chaussée bénéficieront aussi d’un nouvel enrobé, à partir de début septembre. « Il faudra entre quinze jours et trois semaines », prévient Christophe Trollé, directeur adjoint de la Deal. Toujours dans le nord de Mayotte, Acoua sera la prochaine commune à y passer.
Plusieurs chantiers auront une incidence sur la circulation au cours de cette rentrée.
Pierre Baubet (au centre avec la veste bleue) avec une partie de ses collaborateurs, des élus de la commune de Dembéni et du ministre délégué chargé des Outre-mer, Jean-François Carenco, lors de la visite sur le site de la société Avima-Ovoma, le lundi 22 août 2022.
Lors de la visite ministérielle, Pierre Baubet a reçu sur son site situé à Ironi-Bé (Dembéni) le ministre délégué chargé des Outre-mer, Jean-François Carenco, pour lui présenter sa société de production d’œufs, Avima-Ovoma, ainsi que les travaux en cours réalisés avec le soutien de fonds européen. L’occasion pour celui qui vit à Mayotte depuis quarante ans de donner son avis sur le devenir du monde agricole. Entretien.
Flash Infos : Le ministre délégué chargé des Outre-mer, Jean-François Carenco, vous a rendu visite le lundi 22 août. Quel était l’objet de son passage sur votre site ?
Pierre Baubet : C’était pour le ministre l’occasion de rentrer en contact avec le monde agricole et de voir de ses propres yeux les réalisations faites à partir du fonds européen agricole pour le développement rurale (FEADER). Il a d’abord visité l’abattoir de volailles de Mayotte (AVM) à Kahani avant de venir jusqu’ici pour se familiariser avec la production d’œufs et le centre de conditionnement de notre société Avima-Ovoma.
Nous avons actuellement deux bâtiments qui nous permettent de « produire » entre 39 et 40.000 œufs quotidiennement, sachant que les poules sont assez âgées, de facto leurs rendements sont un peu moins bons. Avec le troisième site actuellement en construction, l’objectif est d’atteindre, après sa livraison prévue d’ici la fin de l’année, une moyenne journalière comprise entre 50 et 60.000. Mais dans le cadre d’une telle réforme, il faut savoir « lisser » la production pour ne pas la faire chuter de 50%.
FI : La demande de fonds européen exige de la rigueur et de la patience. Quelles difficultés avez-vous rencontré lorsque vous avez décidé de monter votre dossier ?
P.B. : C’est un sacré bras de levier pour développer une filière. Si je peux me permettre la comparaison, c’est comme la loterie nationale, il faut acheter un billet pour gagner. La première condition pour y être éligible se résume à pouvoir apporter des garanties financières et à présenter les factures acquittées. Si les banquiers nous suivent généralement quand on leur présente un projet solide, cela reste de la haute-voltige pour réussir à convaincre l’ensemble des décideurs. Dans un tel investissement, il ne faut pas oublier ce que nous appelons le ruissellement. Il y a des retombées économiques non négligeables pour le Département à travers l’octroi de mer, pour les transporteurs, pour les monteurs, pour les entreprises d’intérim, pour les électriciens du coin…
Par ailleurs, je tiens à préciser que l’aide de la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) se révèle précieuse dans l’accompagnement du dossier, qui s’avère tout bonnement fastidieux. C’est rassurant d’avoir une administration publique à nos côtés car cela demande de la débrouillardise et énormément de préparation, environ un an. Heureusement, le jeu en vaut la chandelle quand on voit le résultat final.
FI : En parlant de la DAAF, quel regard portez-vous sur le secteur agricole à Mayotte de manière générale ?
P.B. : Nous avons une nouvelle génération d’agriculteurs, ce qui laisse penser que le monde agricole est en devenir ! De toute façon, les gens mangeront toujours, que ce soient des œufs ou des tomates. Et quand nous voyons le prix de ces dernières, il y a de quoi prospérer, non ?! Par contre, nous ne pourrons jamais nous engager dans de la culture intensive. Il faudra plutôt s’orienter sur une production à taille humaine, ultra performante, avec une technologie de pointe. Selon moi, l’agriculteur de demain sera celui qui aura deux ou trois hectares au maximum.
FI : D’un point de vue plus personnel, quels autres projets avez-vous pour ambition de développer dans les années à venir ?
P.B. : Pour le moment, le site est complet comme cela avait été imaginé lors du premier coup de crayon en 2016, nous n’avons guère davantage de place. Néanmoins, nous avons un autre projet en tête : la transformation des fientes desséchées en granulé. L’idée consiste à créer une petite unité de granulation qui nous permettra de proposer un véritable engrais adapté aux besoins de l’agriculteur, du pépiniériste, du jardinier. C’est-à-dire que nous pourrons ajouter du calcium, de l’azote, etc. Ce sera beaucoup plus facile d’utilisation.
La difficile équation de l’offre et de la demande
« Le marché de l’œuf est destiné à plusieurs clients : la GMS, les grossistes, les boulangers, les cantines scolaires et les collectivités. Pour répondre à toute cette demande, nous proposons des œufs entiers en boîte, des œufs cuits durs et des œufs en poudre pour cuisiner des omelettes ou des gâteaux. Le problème est que les poules ne sont pas réglables en fonction de la demande. Il faut savoir tenir compte de la courbe de production. Par exemple, la période du Ramadan est délicate à gérer, car nous ne pouvons pas multiplier par trois ou quatre la production pendant un mois complet », admet Pierre Baubet.
Élu MDM en charge du social au Département sous la précédente mandature, Issa Issa Abdou réagit aux annonces du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, sur la création d’un centre éducatif fermé pour mineurs délinquants et la possible révision du droit du sol à Mayotte. Au-delà des paroles, il attend du gouvernement des actes concrets pour juguler la question migratoire sur notre territoire.
Flash Info : Quelle réaction vous inspire cette visite à Mayotte de trois ministres, avec à leur tête, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer ?
Issa Issa Abdou : Ma première réaction est qu’il faut rester objectif et républicain, saluer cette visite d’un ministre d’État et non des moindres, puisque Gérald Darmanin est numéro deux du gouvernement, premier flic de France, à la fois ministre de l’Intérieur, mais aussi des Outre-mer, c’est lui qui porte la question si sensible de la sécurité de notre pays, et Dieu seul sait combien ce sujet est d’actualité à Mayotte. Il n’est pas venu seul, et ils ont tous les trois eut le courage de rester trois jours sur ce territoire. Il y a eu des annonces, nous pouvons ne pas être d’accord avec celles-ci, nous y reviendrons.
Ma deuxième réaction porte sur le fond de ces mesures annoncées, en particulier celle du centre éducatif fermé. Une mesure portée par le Garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti qui n’a pas été de ce voyage. À mes yeux, cette mesure répond réellement à une attente des Mahorais, je l’ai défendu à l’occasion du mandat que j’ai exercé au conseil départemental de même que dans lors de ma candidature aux dernières élections législatives. Là-dessus, je suis comme tout le monde, j’attends de voir sa concrétisation au-delà des effets d’annonce, qu’il y ait des précisions, des contours, des décrets d’applications, le lieu et la date d’implantation, etc. Ce sont là des questions qui intéressent l’ensemble de la population à Mayotte.
FI : Vous qui avez présidé aux affaires sociales sous la précédente mandature au Département, que pensez-vous de cette convention sur la question de l’enfance à Mayotte ?
I.I.A. : J’ai noté que la secrétaire d’État Charlotte Caubel a signé une convention sur la stratégie nationale sur la question de l’enfance. Je ne cache pas ma déception sur ce positionnement car il ne résout pas le problème. Il y a quelques années, nous avons déjà refusé cela à Adrien Taquet, qui avait précédemment la charge de ce portefeuille, nous avions fait une contre-proposition qui était plus précise sur les objectifs à atteindre sachant qu’il n’est pas possible de résoudre d’un trait tous les problèmes liés à l’enfance sur ce territoire. Qu’on ne dise pas qu’il y a 3.000 mineurs non accompagnés lorsqu’il y en a le double, chiffres à l’appui.
Je souhaiterai que l’État prenne en compte la réalité de Mayotte et surtout qu’on laisse une possibilité pour revoir nécessairement ces chiffres à la hausse dans l’avenir. À l’époque, cela nous avait été refusé, donc nous avions clairement dit que nous ne refusions pas de signer cette convention, mais que nous attendions un geste de Paris sur la prise en compte des chiffres réels afin de pouvoir avancer. Là visiblement, ils ont profité d’un vide, que sais-je, pour signer cette convention qui ne répond en rien aux problématiques du territoire. Pour dire un mot sur la question du droit du sol, je dirai que sur la forme on pourrait se réjouir de l’intention manifestée par Gérald Darmanin, mais que sur le fond il n’y a que du papier.
FI : Avez-vous le sentiment que le ministre va réussir à dépasser les barrières parlementaires sur cette question ô combien sensible à l’échelle nationale ?
I.I.A. : C’est pour cela que je suis très méfiant ! Je ne me fais pas le porte-parole de cette majorité, loin s’en faut, mais je pense que l’annonce est bonne. Maintenant, il faut aller au-delà. De quoi s’agit-il ? Pour éclairer tous nos concitoyens, il convient de rappeler que ce droit du sol dispose qu’un enfant né sur ce territoire devient citoyen français à sa majorité. Cela était valable jusqu’aux amendements « Tani » (du nom de l’actuel sénateur de Mayotte) issus de la loi sur l’immigration, lesquels imposent désormais que l’un des deux parents doit obligatoirement justifier d’un séjour régulier d’au moins trois mois sur le territoire. C’est toujours cela (à prendre), mais nous voyons bien que nous sommes loin du compte. Or, la situation de Mayotte veut que 50% de la population soit d’origine étrangère, ce sont plus de 10.000 naissances au CHM, en attendant les chiffres de 2022… Nous ne pouvons plus continuer comme ça !
Véritablement, nous ne pouvons qu’être d’accord avec la démarche du ministre, mais il faut d’une part la concrétiser, et surtout dire qu’elle n’est pas suffisante et que tous les autres paramètres soient mis à contribution, au premier rang desquels la coopération régionale. Les accords qui ont été signés, notamment en 2019, sont tout sauf respectés. Et puis, il faut que plus largement, chacun dans la chaîne joue sa partition pour que nous sortions vraiment de cette situation. J’attends donc de voir : nous pouvons saluer les annonces, mais je reste dubitatif quant à leur faisabilité, tant les réticences au niveau de Paris sont légion. En même temps, je dirai que quand bien même on nous annoncerait demain la fin du droit du sol à Mayotte, il faudra que nous soyons inventifs pour tenir compte de la singularité de ce territoire pour traiter cette question sous tous ses angles afin d’être efficaces demain.
FI : Beaucoup vous reconnaissent une action positive dans le social lors de votre passage au Département. Partagez-vous personnellement cette opinion ?
I.I.A. : Je reste très humble sur ce que nous avons fait au conseil départemental en matière social parce qu’en vérité, nous n’avons fait que notre devoir et c’est un sujet très sensible sur lequel il faut se garder de se jeter des fleurs. Et puis à en croire les autres, nous avons été battus aux élections parce que nous n’avons pas bien travaillé… Mais j’aimerai dire quand même que notre action a démarré par le début : en un mot, nous avons eu des schémas pour avancer dans chaque matière, je faisais feu de tout bois avec la permission du président Soibahaddine Ibrahim Ramadani, pour que le social prenne vraiment toute sa place, la première.
Sous notre mandature, certains ont trouvé que nous en faisions trop, alors que nous estimons que nous ne faisions pas assez. Je rappelle ici que le social est la première des compétences d’un Département, or nous avons l’air de le découvrir. Donc, le schéma à la fois pour les personnes âgées, la personne handicapée, l’enfance, une ambition pour le RSA, j’entends par là un public à insérer, etc. À défaut d’un alignement sur le droit commun, nous avons obtenu pour l’allocation pour le handicap et celle pour les personnes âgées. Le social, c’est une délégation qui est très large au-delà des domaines que je viens de citer et si nous l’avons fait en début de mandat c’est parce que cela nous permettait d’aller réclamer à qui de droit les compensations qui allaient avec, grosses difficultés que nous avions, notamment au niveau de la PMI (protection maternelle et infantile) et de l’aide sociale à l’enfance qui avaient été transférées au Département respectivement en 2004 et 2006 sans compensations. C’était contre l’esprit de la loi et toutes les mandatures successives se sont bagarrées sans succès.
FI : Comment avez-vous fait pour réussir là où vos prédécesseurs ont échoué ?
I.I.A. : Nous, nous les avons eues parce que, peut-être, nous avons commencé par le début. Donc, nous avons pu récupérer 120 millions d’euros pour la PMI et un peu moins de 100 millions d’euros pour l’aide sociale à l’enfance, ce qui nous a permis d’assoir vraiment la politique d’aide à l’enfance, de développer des structures inédites jusque-là. Je pense aux lieux de vie et d’accueil, aux maisons de l’enfance à caractère social, à tout ce que nous avons mis en place avec le tissu associatif pour permettre que soient exercées des actions en milieu ouvert, à cet appel à projets qui nous a permis de donner la possibilité à des familles de retrouver leurs parents aux Comores et dans la région.
Cela nous a également permis d’avoir un vrai personnel formé dans les PMI et reprendre la mission qui était la nôtre en matière de suivi des grossesses qui était jusque-là assurée par le CHM. Figurez-vous que des Mahoraises étaient obligées d’aller faire un suivi de grossesse à La Réunion et en métropole alors même que nous avions des PMI ici. Aujourd’hui, cela reste encore une réalité, mais ça l’est beaucoup moins. C’est une lacune que nous avons tenté de combler avec la construction de nouvelles PMI. On nous l’a reproché alors que c’était une nécessité pour nos compatriotes et non pas pour les étrangères comme nous entendons parfois.
FI : Revenons sur un point important, sujet à une grande interrogation auprès de la population de cette île : l’usage trop exagéré de cette expression d’appel d’air venu des Comores et d’ailleurs.
I.I.A. : Cet argument m’énerve au plus haut point. À chaque fois que l’État ne veut pas faire, ou ne veut pas développer ce territoire, il brandit cette histoire d’appel d’air en direction des Comores. La vérité c’est que le Quai d’Orsay est très ambigu sur la question de Mayotte. Il joue un double jeu qui consiste à donner des gages au pays voisins, cela s’appelle apparemment de la diplomatie. Et en parallèle, on dit aux Mahorais qu’on ne développe pas votre île pour éviter de provoquer un appel d’air en provenance des Comores. C’est une aberration, il faut en finir avec cela. L’une des choses qui m’a choqué à l’occasion de cette visite ministérielle et qui n’a pas été relevé par beaucoup de gens, c’est Gérald Darmanin répondant à une question sur les titres de séjour territorialisés made in Mayotte. Il utilise ce même argument parisien repris par les gouvernements de droite comme de gauche qui consiste à dire que les Comoriens ne demandent qu’à aller en métropole et que si la porte de ces documents n’est pas limitée, nous ne pourrons plus contrôler l’immigration. Ce n’est pas la vérité et c’est surtout pour le coup, faire de Mayotte un département à part quand cela n’arrange personne à Paris. Cela n’est pas acceptable !
Nous sommes un département de droit commun, il faut que nous fassions l’alignement dans tous les domaines, y compris pour le développement économique. C’est comme cela que nous parviendrons à être un département comme les autres. Donc pour moi, cet argument ne tient pas debout, mais alors pas du tout ! Cela est valable également pour la question de l’enfance que nous avons évoqué tout à l’heure. Je suis de ceux qui estiment très injuste le procès d’intention que nous faisons aux associations qui s’occupe de l’enfance, ou de l’aide sociale à l’enfance, parce que la question de l’immigration qui en est la source n’est pas bien gérée ou pas du tout gérée par l’État en termes de contrôle ou de fermeture des frontières. Résultat des courses, nous nous retrouvons avec des adultes dont il faut gérer la problématique des titres de séjours territorialisés, mais avec des mineurs dont il faut régler la question de la prise en charge.
FI : Que répondre alors à ceux qui dénoncent l’action de ces associations comme favorisant justement un afflux d’immigrés clandestins et par ricochet le département de Mayotte ?
I.I.A. : Heureusement que l’aide à l’enfance joue sa partition ! Je suis Mahorais et fier de l’être, mais je m’insurge contre ce débat qui consiste à dire que les services sociaux, par leurs actions, favorisent l’immigration clandestine. C’est tellement malhonnête sur le plan intellectuel parce qu’en vérité, ces associations ne sont pas en charge de l’immigration. C’est comme si on indexait un médecin parce qu’il soigne un patient en situation irrégulière… À chacun son rôle, le Département ou les associations qui conventionnent avec lui jouent leur partition, à charge pour l’État de faire son job de contrôle des frontières pour veiller à ce qu’il n’y ait pas d’avantages d’immigrés clandestins.
Heureusement également que l’action sociale est menée parce qu’en attendant, ces enfants sont présents sur le territoire, que nous le voulions ou non, ce n’est pas la faute d’un tel ou de tel autre. La question à poser à ce moment-là c’est « qu’est-ce que nous faisons ? ». Personnellement, je pense que nous pouvons stopper l’hémorragie en faisant en sorte de prendre en charge cet enfant-là afin qu’il ne nous coupe pas les routes, qu’il ne nous caillasse pas, qu’il ne nous pourrisse pas la vie si j’ose dire, et qu’il ne devienne un délinquant avec les conséquences que nous connaissons tous. De manière concomitante, il faut dire à l’État de faire jouer la solidarité nationale pour que ces enfants soient répartis sur l’ensemble du territoire national, exactement comme le prévoit l’esprit de la circulaire Taubira de 2013. Cela permet au territoire qui souffre le plus de respirer un peu.
FI : Le ministre a donné la tranche d’âges des délinquants que la loi n’autorise pas d’emprisonner. Une question fondamentale s’impose : n’avons-nous pas simplement raté quelque chose dans le rythme de la construction de la départementalisation de Mayotte ?
I.I.A. : La question est pertinente et je vous remercie de l’avoir posé. Juste d’abord réagir sur ce qu’a dit Gérald Darmanin, il fait écho à l’ordonnance de 1945 laquelle a justifié la création de la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse). De quoi s’agit-il ? C’est considérer qu’un enfant, parce qu’il est mineur, ne doit pas aller en taule, mais doit être considéré comme un être qu’il faut protéger. Moi je me suis toujours battu mordicus pour considérer un enfant délinquant tel qu’il est et non comme un mineur qu’il faut à tout prix protéger. Cela suppose de revoir cette ordonnance de 1945. Un travail a été réalisé il y a un an sous l’impulsion de l’actuel Garde des Sceaux, mais pas assez à mon sens. Nous avons accéléré la démarche administrative pour que les choses aillent vite, mais cela reste toujours au bout du compte un mineur qui ne doit pas être emprisonné.
Je pense que dans le cas de Mayotte, il faut être catégorique, vigoureux et radical. Pardon mais lorsqu’un mineur commet un crime, il reste un criminel. S’il tue, il reste un meurtrier ! Il faut trouver les voies et les moyens juridiques pour le condamner et là c’est cette ordonnance qu’il faut absolument retoucher. Au sujet de l’idée du ministre de l’Intérieur de ce centre de redressement, il faut dire que cela concerne d’abord la PJJ et non l‘aide sociale à l’enfance. La différence entre les deux c’est que la PJJ s’adresse aux jeunes majeurs ou mineurs qui ont fait l’objet d’une mesure judiciaire sanctionnée par un jugement alors que l’aide sociale à l’enfance ne s’inscrit pas dans cet esprit. Je dirai même qu’adosser progressivement le centre de redressement éducatif fermé à l’établissement de Mromouhou de quelque 2.000 places est une mesure nécessaire.
Il faut saluer l’annonce du ministre de l’Intérieur sur ce centre avec un encadrement militaire via une convention. Il faut encourager cette initiative, mais j’estime qu’il faut aller plus loin. Au-delà de cela ou à côté de cela, il faut que les actes commis par ces jeunes puissent être juridiquement condamnés, même si cela suppose que nous soyons obligés d’abaisser l’âge minimum légal si nécessaire.
FI : Selon vous, qu’est-ce que nous avons raté dans cette trajectoire ?
I.I.A. : Dans le cas de Mayotte, c’est quelque chose que nous pouvons regarder de très près, mais il faudrait en même temps que les autres paramètres soient développés. Je pense à une question cruciale qui est celle de la parentalité et par extension la question de notre société mahoraise et par ricochet le droit commun. Étions-nous réellement bien préparés à cette départementalisation ? Et c’est même la Cours des comptes qui le dit dans son rapport de 2016 : tout n’a pas été bien préparé dans cette évolution institutionnelle, y compris sur le développement humain. N’avons-nous pas cassé brutalement une société ? Il faut que les choses soient très claires, je suis un départementaliste convaincu, il n’y a pas débat là- dessus. Mais, je dis simplement que nous aurions pu mieux préparer la départementalisation à la fois sur le plan financier et économique, mais aussi sur le plan de l’humain, du Mahorais. La question des cadis en est une, la question des écoles coraniques, non pas sur le plan religieux strict mais plutôt dans la prise en charge de l’enfant dans son temps périscolaire qui est un sujet d’actualité, également.
FI : Que faire pour corriger le tir selon vous ?
I.I.A. : Nous voyons bien que si nous sommes obligés de nous pencher dessus c’est qu’il y a quelque chose qui a failli. Les premiers éducateurs d’un enfant ce sont ses parents. Que s’est-il passé ? Qu’avons-nous loupé ? Que font les parents lorsque des enfants de 11 à 14 ans sont dehors à trois heures du matin pour s’opposer aux forces de l’ordre ? La facilité pour nous c’est de dire que ce sont des enfants étrangers, mais l’honnêteté intellectuelle nous impose de reconnaître qu’il y a aussi nos enfants à nous, Mahorais, et nous les connaissons tous. Il faut scinder les choses en deux… La question de l’immigration et des enfants étrangers nous l’avons déjà évoqué tout à l’heure, je ne reviens pas là-dessus. S’agissant de nos enfants à nous, que font-ils dans la rue à cette heure-là ?
L’éducation et la parentalité sont l’une des mesures fortes mise en place au Département avec l’appui des associations parentales et des centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active. Ce n’est pas suffisant, il faut aller plus loin. Malheureusement, être parent ne se décrète pas, il faut donc vraiment provoquer cette prise de conscience collective. Et au-delà de cela, je pense qu’il faut s’interroger aussi sur le développement de notre société et aussi sur le développement de Mayotte tout court, dans un savant mélange entre droit commun et us et coutumes. Il faut trouver un juste équilibre de manière à ne pas perdre notre âme, car c’est bien de cela dont il s’agit.
C’est dans les locaux du pôle d’excellence rural de Coconi que s’est tenue la rencontre annuelle du comité d’orientation du centre d’études et d’expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement, établissement public placé sous la tutelle du ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Récemment créée à Mayotte, cette instance composée d’un collège de personnalités accompagne l’État et les collectivités territoriales dans l’élaboration, le déploiement et l’évaluation des politiques publiques d’aménagement et de transports. Co-président de cette session, le 3ème vice-président Ali Omar, tout en insistant sur l’opérationnalité et la coordination de ce jeune comité, a rappelé combien les enjeux de protection de la biodiversité et de développement durable étaient primordiaux dans ces politiques, au terme d’un été marqué par une prise de conscience générale des enjeux liés au réchauffement climatique. L’ordre du jour de la réunion comprenait notamment un bilan après un an de mise en œuvre de cette structure dont la récente loi 3DS (différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification) a renforcé le rôle.
Au cours de la semaine glissante du 17 au 23 août, 109 cas de Covid-19 confirmés ont été identifiés parmi les patients domiciliés à Mayotte, soit un taux d’incidence de 36.4 pour 100.000 habitants. Le taux d’incidence est donc passé sous le seuil d’alerte fixé à 50 cas pour 100.000 habitants.
Si la situation sanitaire s’améliore, il importe d’amplifier encore la dynamique vaccinale sur le territoire et de ne pas relâcher la vigilance collective afin d’éviter une reprise de la circulation active du virus. Chacun est appelé à la responsabilité dans l’application des mesures sanitaires qui demeurent essentielles.