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SFE et Pot Concept veulent valoriser les déchets inertes et verts

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De g. à d. : Antoine Renaud de la société ESF, Amélie Springer de la commission environnement, cadre de vie et tourisme, Abdallah Ibrahim de Pro Concept.

Sur proposition de la commission environnement, cadre de vie et tourisme, le conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement de Mayotte (CCEEM) apporte son soutien aux sociétés SEF et Pot Concept qui souhaitent valoriser les déchets du bâtiment et de travaux publics pour l’un et transformer les déchets végétaux en compost pour l’autre. Un moyen d’arrêter de « taper dans nos ressources ».

Face à « l’échec relatif des bornes de tri », le conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement de Mayotte encourage les initiatives locales tendant à la valorisation des déchets. Les auditions menées dernièrement par la commission environnement, cadre de vie et tourisme mettent en lumière trois projets* prometteurs dans la transformation et le recyclage, qui « ne se limite pas seulement aux déchets ménagers », rappelle Michel Charpentier, le président de l’association les Naturalistes.

Parmi eux : la création d’une unité de compostage rapide, fiable et aux normes environnementales de tous types de déchets organiques par la société Pot Concept. L’idée ? Récupérer ceux générés par le BTP et par l’entretien paysager et les broyer via un process d’oxygénation forcée. Un projet d’intérêt collectif évalué à 2.279.000 euros, subventionné à 63% par l’agence de la transition écologique. « Nous partons sur un objectif de transformation de 2.000 tonnes par an pour commencer, mais nous espérons rapidement atteindre 7.000 tonnes », précise Abdallah Ibrahim, le gérant. « C’est moins compliqué de se réapproprier la valorisation des déchets verts que celle des déchets putrescibles. »

Mise en route partielle en mars 2023

Si Pot Concept envisage déjà d’intégrer ce futur compost dans son activité de pépiniériste et de le proposer pour l’aménagement des espaces verts, l’entreprise doit faire face à un planning serré dans la mesure où elle espère démarrer les travaux en janvier prochain pour une mise en route partielle de sa plateforme dès le mois de mars. Encore faut-il régler la problématique foncière – l’installation complète requiert deux hectares – et mettre en place une délégation de service publique pour le ramassage des déchets verts.

Autre concept : la société SFE porte un projet de création d’une installation classée pour la protection de l’environnement, dont la ressource principale provient des déchets du BTP, « dont 70% sont de la terre », précise Antoine Renaud, conducteur de travaux, en se basant sur une étude réalisée en juillet 2019 sur le potentiel mahorais de développement des matériaux et produits de construction bio sources locaux. L’objectif ? « Les réutiliser pour du remblai et de l’enrobage. »

Un crible et un concasseur dès novembre

Et le potentiel est énorme puisque près de 230.000 tonnes de déchets sont issues du bâtiment et des travaux publics. Pour mettre en œuvre cette filière, la filiale d’EBE table sur des investissements conséquents, à commencer par un crible et un concasseur mobile de 45 tonnes pour un montant d’un million d’euros. « Les machines devraient arriver courant novembre. » Reste à dénicher un terrain de minimum 30.000 mètres carrés pour installer les sites de collecte, de traitement et d’enfouissement… « Nous avons une piste à Dzoumogné et une autre à Longoni. »

Au vu des chantiers en cours et à venir, ces solutions « novatrices pour l’île » enchantent Amélie Springer, architecte et membre de la commission. « Il faut arrêter de taper dans nos ressources. Avec les commandes, ça ne tiendra pas… Nous n’avons plus le choix de toute façon », prévient-elle. Pour autant, le chemin risque d’être encore un peu long avant que la population mais aussi les entreprises ne soient totalement sensibilisées à la revalorisation des déchets. « Notre démarche n’est pas nouvelle. Nous voulons juste donner plus de poids à tous ceux qui veulent apporter leur pierre à l’édifice. »

* La fonderie Ulalusa qui porte un projet sur la fonte des cannettes en aluminium et la récupération du cuivre destinés à l’exportation ou à la fabrication d’objets n’a pas pu être représenté ce jeudi 15 septembre au conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement de Mayotte. Mais vous pouvez retrouver notre précédent reportage sur sa démarche dans le Flash Infos du 4 février 2022.

« La jeunesse de M’Sayidie doit continuer à garder espoir, il n’y a que comme cela qu’elle arrivera à avancer »

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Daniel Ali Attoumani, l’un des coordinateurs pédagogiques du dispositif M’Sayidie, et Kadafi Ahamada, le chef de service, sont fiers d’accompagner quotidiennement les 250 jeunes déscolarisés pris en charge.

Le dispositif M’Sayidie des Apprentis d’Auteuil a célébré son dixième anniversaire, ce jeudi 15 septembre, au Jardin des Pères à Mamoudzou. Une journée marquée par plusieurs activités réalisées par les jeunes et l’ensemble du personnel avec la collaboration de divers prestataires. L’occasion surtout de faire un point général avec Kadafi Ahamada, le chef de service, et Daniel Ali Attoumani, l’un des coordinateurs pédagogiques.

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En dix ans, le dispositif M’Sayidie est passé de trois à 26 salariés.

Flash Infos : Lancé en 2012, le dispositif M’Sayidie des Apprentis d’Auteuil célébrait ce jeudi 15 septembre son dixième anniversaire. Que vous inspire cette date ?

Kadafi Ahamada : J’ai une pensée toute particulière pour les 250 jeunes, âgés de 10 à 18 ans, que nous suivons chaque année, et dont environ 80-90 d’entre eux arrivent à retrouver le chemin de la scolarisation ! Si ce chiffre est louable, cela reste compliqué de les insérer à partir de 14-15 ans en raison du nombre de places limité dans les établissements scolaires.

Daniel Ali Attoumani : Personnellement, je suis très fier d’assister à ces dix ans et de faire partie de cette association. À l’avenir, j’espère qu’elle continuera de grandir et d’accueillir de nouveaux collaborateurs pour poursuivre la production de supports pédagogiques de qualité. Ici, chacun trouve sa place et le « chef » nous laisse la possibilité de pouvoir mettre en œuvre toutes nos idées et nos projets. C’est une réussite !

FI : Dix ans, ce n’est pas rien en termes de longévité… Comment résumeriez-vous l’évolution du dispositif sur cette décennie ?

K.A. : Actuellement, nous avons 26 équivalents temps-pleins, contre seulement trois en 2012… En 2016, il y a eu la mise en place du financement FSE (fonds social européen) ainsi que la participation du Département. Vous l’aurez compris, il y a eu une importante évolution en termes de moyens. L’argent est souvent le nerf de la guerre, mais il ne faut pas oublier les ressources humaines qui nous ont permis de former une équipe pluridisciplinaire avec un chef de service, une conseillère en insertion professionnelle, des travailleurs sociaux, des formateurs, des intervenants socio-éducatifs…

FI : Avec de tels effectifs, comment procédez-vous au quotidien dans l’accompagnement ?

D.A. A. : Les jeunes accueillis font de la remise à niveau en français et en mathématiques toute la semaine, du lundi au vendredi, revoient les savoirs de base et se familiarisent avec la culture générale, c’est-à-dire tout ce qui est en lien avec l’hygiène, la vie au quotidien…

On parle ici d’un public non scolarisé qui se trouve en situation irrégulière si je peux me permettre ce terme. Si la plupart de ces jeunes sont nés à Mayotte, ils n’ont pas la possibilité d’aller dans une école dite classique. Du coup, nous les accueillons pour leur donner l’opportunité d’avoir les mêmes chances que ceux inscrits dans l’Éducation nationale.

FI : Concrètement, quelles portes de sortie s’offrent à ces jeunes ?

D.A. A. : Soit nous les orientons vers d’autres structures internes ou partenaires, soit nous réussissons à leur faire intégrer un cursus scolaire dans la mesure où nous travaillons en étroite collaboration avec le rectorat, qui réalise les positionnements en amont avec nous. Nous faisons ce lien pour les insérer un maximum dans les écoles de la République.

K.A. : L’espoir fait vivre ! La jeunesse de M’Sayidie doit continuer à garder espoir, il n’y a que comme cela qu’elle arrivera à avancer et que nous réussirons à faire changer la vision de la population. Il ne faut pas retenir que l’aspect négatif, c’est important de ne pas l’oublier.

Le loto du patrimoine apporte « sa pierre à l’édifice »

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L’usine sucrière de Hajangoua, l’une des plus anciennes de Mayotte, fait partie des 18 projets emblématiques des régions retenus par la Fondation du patrimoine et la mission Stéphane Bern cette année. Grâce à cette dernière et à son soutien financier, qui a déjà profité à l’usine sucrière de Soulou, la mosquée de Tsingoni et l’ancien tribunal de Mamoudzou, la Cadema pourra opérer un défrichement de la zone et le déplacement des pièces restantes.

Acheter un ticket pour préserver les monuments mahorais ? C’est possible depuis 2018, et la première édition du loto du patrimoine. Ce dispositif, imaginé par la mission Stéphane Bern et la Française des Jeux afin de récolter des fonds pour la Fondation du patrimoine, bénéficie cette année au projet de la Cadema concernant l’ancienne usine sucrière de Hajangoua, sur le territoire de la commune de Dembéni. Ce site remarquable fait effectivement partie des 100 projets retenus par la Fondation en 2022, mais aussi des 18 « projets emblématiques des régions ». Si la dénomination de cette sélection est assez vague, l’enveloppe y étant dédiée est elle plus parlante.

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Un demi-million pour la Cadema ?

loto-patrimoine-apporte-pierre-edificeC’est en effet l’intérêt premier de ce loto du patrimoine, qui a octroyé plus de 18 millions d’euros aux projets soutenus l’année dernière. Sur le montant du chèque accordé à l’intercommunalité, qui devait être initialement dévoilé ce samedi, Monique Ozoux, la déléguée de la Fondation du patrimoine à La Réunion et à Mayotte, ne livre qu’un maigre indice : « Le montant maximum alloué aux emblématiques est de 500.000 euros, mais la Fondation du patrimoine est un petit financeur, elle va apporter sa pierre à l’édifice. » En effet, le montant global des travaux approche les trois millions d’euros. De quoi débroussailler (ce qui avait été fait en marge de l’événement finalement annulé), décaper, terrasser et effectuer une mise en sécurité du site. Ce dernier est effectivement en proie à des chutes de pierre, à cause de la végétalisation déstabilisant les cheminées.

L’usine sucrière de Hajangoua fête ses 152 ans

Il faut dire que les structures ne datent pas d’hier. Créé en 1870, le domaine sucrier de Hajangoua est l’un des plus anciens de Mayotte. Parmi ses vestiges, on compte par exemple une grande maison de maître, des cheminées, des chaudières, un moteur à vapeur ou des hydroextracteurs. Cet ensemble est abandonné en 1898, à la suite d’un cyclone. Au milieu du XXème siècle, le domaine est occupé par une cocoteraie et une bambouseraie, que l’on peut encore voir aujourd’hui.

Dernière étape des travaux, qui seront suivis par la Fondation du patrimoine, le déplacement des pièces de l’usine. « Il va y avoir un gros travail de valorisation sur ce site, puisque les vestiges seront remis en lumière et déplacés », précise Monique Ozoux. « Ça occupe un pôle important, puisqu’il faut préserver mais aussi valoriser, qu’il y ait des actions sur site, et que la population prenne la mesure de son patrimoine. » La Cadema envisage d’ailleurs d’autres travaux ensuite, comme la réhabilitation de la voie d’accès, un cheminement piéton, un point de vue avec belvédère ou de la signalétique, afin de mettre en valeur ce site historique.

L’ancien tribunal de Mamoudzou, c’est pour bientôt

L’usine sucrière de Hajangoua est le quatrième projet mahorais retenu par la Fondation patrimoine. En 2018, c’est l’usine sucrière de Soulou qui en avait bénéficié, avant de laisser la place à la mosquée de Tsingoni en 2019, et à l’ancien tribunal de Mamoudzou en 2020. Situé au croisement des rues Mahabou et Mgombani, ce dernier a progressivement été transformé en squat plein de graffitis et de déchets en tout genre. Il y a deux ans, c’est encore la Cadema qui est à l’origine du projet de restauration. « Nous n’avons pas de nouvelles récentes du porteur de projet, alors que le prévisionnel indiquait un démarrage des travaux début 2022 », tance la déléguée de la Fondation du patrimoine.

Signée en août 2021, la convention prévoyait un montant total de 174.500 euros pour les travaux de rénovation, retardés par la crise sanitaire. « La subvention de la Fondation est de 25.000 euros pour financer principalement des opérations de sécurisation et de mise en accessibilité du site », déclare Monique Ozoux. La Direction des affaires culturelles (DAC) de Mayotte apportera un autre soutien financier à la Cadema, comme l’affirme Michaël Tournadre, en charge des monuments historiques, de l’architecture et de l’archéologie. « On a une association qui porte un projet dessus, et qui devrait le présenter sur site durant ces journées du patrimoine », précise-t-il. « Il s’agit de restaurer le bâtiment en remettant une charpente en bambou, on s’inscrit donc sur le patrimoine durable. Avec le début des travaux, il devrait normalement y avoir un soutien financier, de notre part et de la part de la Fondation du patrimoine. »

Désormais, « il n’y a plus qu’à ». Et si vous souhaitez aider, achetez un ticket loto du patrimoine, vous aurez une chance d’y voir figurer les vestiges de Hajangoua.

Retrouvez l’intégralité du dossier consacré au patrimoine mahorais dans le numéro 1011 de Mayotte Hebdo.

« Il faut du capital en cas de besoins de trésorerie ponctuels »

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Commissaire à la vie des entreprises et au développement productif (CVEDP) à la préfecture de Mayotte, Marjorie Paquet a entamé les discussions aux côtés de Patrick Croissandeau, directeur de l’Iedom.

Une quarantaine de membres du Medef ou de partenaires se sont donné rendez-vous au centre des affaires, situé à Kawéni, mercredi 14 septembre, pour une matinée dédiée au financement des entreprises. Cette thématique, rarement abordée avec les chefs d’entreprise, a permis des échanges instructifs.

« Quand on a organisé cette matinée, on s’est aperçus qu’il y avait peu de temps d’échanges comme celui-là », a noté Carla Baltus, la présidente du Medef mahorais et dirigeante des transports Baltus. Dans la salle de réunion bien remplie du centre des affaires, en plein cœur du centre Maharajah, le sujet du financement a trouvé son public, semble-t-il. Une quarantaine de chefs d’entreprise « et aussi de directeurs financiers » sont venus écouter les conseils distillés tout au long de la matinée.

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Une quarantaine de participants ont répondu à l’invitation du Medef mahorais présidé par Carla Baltus, ce mercredi matin.

Sujet parfois lourd, les différentes interventions ont ainsi été confiées à plusieurs services de la préfecture de Mayotte chargés d’aider l’économie locale comme le Codefi (qui apporte du soutien aux entreprises en difficulté financière), la Dreets (direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) ou même la DRFIP (direction régionale des finances publiques). Des organismes de financement ont également été invités, c’était le cas de banques présentes sur Mayotte et du Gip (Groupement d’utilité publique) l’Europe à Mayotte, ce dernier gérant les fonds attribués aux projets soutenus par l’Union européenne.

« La situation est assez compliquée quand l’entreprise vient nous voir »

Avant même que des solutions soient données, les premières interventions ont servi à faire un point sur l’importance du financement dans la vie d’une entreprise. Marjorie Paquet, la commissaire à la vie des entreprises et au développement productif (CVEDP), a ainsi introduit la séance. Celle qui dépend du Secrétariat général des affaires régionales (Sgar) à la préfecture de Mayotte a insisté « sur l’anticipation » et a déploré que les chefs d’entreprise ne demandent conseil « peut-être par fierté » qu’au moment où l’activité est à un stade critique. « Ce que je constate, c’est que la situation est assez compliquée quand l’entreprise vient nous voir. »

À sa droite, Patrick Croissandeau a tenu le même discours. Le directeur de l’Iedom (Institut d’émission des départements d’Outre-mer) est un observateur attentif de la santé économique du territoire. « J’entends de la part des chefs d’entreprise : « Le financement, ce n’est pas pour moi. Je préfère travailler, je n’ai pas besoin de banques ». C’est bien sûr faux. Il faut du capital pour développer l’activité journalière. Il en faut aussi en cas de besoins de trésorerie ponctuels », a-t-il défendu, devant un parterre de chefs d’entreprise déjà bien conscients que c’est au nombre de «+ » sur leurs comptes que dépendent la survie de leurs activités.

Journées européennes du patrimoine : focus sur les usines sucrières avec les Naturalistes

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Dans la seconde moitié du XIXème siècle, les plantations de canne à sucre, la création d’une quinzaine d’usines sucrières et l’immigration d’environ 4.000 travailleurs engagés ont marqué Mayotte de leur empreinte, mais cette histoire est aujourd’hui largement ignorée de la mémoire collective. À l’occasion des Journées européennes du patrimoine, les Naturalistes environnement et patrimoine de Mayotte reviennent sur cette période avec deux évènements.

Un café naturaliste se tiendra le vendredi 16 septembre à 18h à la Croisette (derrière le marché de Mamoudzou). Michel Charpentier, président de l’association, animera une conférence sur le thème : « les anciennes usines sucrières, un patrimoine à valoriser ». Il sera accompagné de Marie Hélène Jamois, archéologue à l’Institut de recherches archéologiques préventives, qui vient d’achever les fouilles de l’ancienne usine sucrière de Longoni.

Un miniguide des anciennes usines sucrières de Mayotte, qui sera diffusé à cette occasion, dresse rapidement le patrimoine existant et suggère l’impact qu’a eue cette histoire éphémère sur l’organisation du territoire et la démographie : les travailleurs engagés ont représenté jusqu’à 30% de la population totale et ont constitué une nouvelle strate du métissage ethnique et culturel de l’île.

Transports scolaires, administration et équipements publics : les mesures drastiques du Département

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Les jeudi 15, vendredi 16 et samedi 17 septembre, il n’y aura pas de transports scolaires, mesure adoptée en solidarité avec les revendications exprimées par l’association des maires et les élus de Mayotte pour signifier à l’État l’attente unanime de véritables mesures concrètes pour contribuer à endiguer les conséquences quotidiennes de l’insécurité. Il est demandé aux parents d’élèves, dans la mesure du possible, de garder leurs enfants au domicile. Il est également demandé aux maires et à l’État de sécuriser les abords des établissements.

Les jeudi 15 et vendredi 16 septembre, l’ensemble des services départementaux (siège et équipements situés à Mayotte) seront aussi exceptionnellement fermés au public, et ce dans le même état d’esprit. Il s’agit par ce geste de souligner le rôle quotidien du service public, mission qui doit pouvoir s’exercer avec un minimum de sécurité. Cette fermeture, limitée dans le temps (reprise du fonctionnement normal le lundi 19 septembre), ne vise en aucun cas à pénaliser la population, mais bien à montrer avec force une volonté que les choses changent ! Le service des transports maritimes assurera, durant ces trois jours, des rotations selon un planning de service minimum (une barge toutes les heures) pour permettre les déplacements nécessaires.

Le président du Conseil départemental invitera les maires et élus locaux à une nouvelle réunion de travail sur des solutions rapides à mettre en oeuvre, pour faire face à cette situation. Le souhait exprimé est que le préfet, délégué du gouvernement, prenne part à cette rencontre partenariale.

Les initiatives départementales des Journées européennes du patrimoine, les 16 (scolaires), 17 et 18 septembre, sont reportées à une date ultérieure. À défaut de régler une situation qui n’est pas nouvelle, ces mesures participent d’une volonté de tirer la sonnette d’alarme notamment en direction de l’État pour qu’enfin des solutions efficientes et rapides soient mises en place. Ceci afin d’apaiser la situation sur le territoire, dont la population est la première victime. Le conseil départemental prendra toute sa part dans ces démarches dont il se veut pleinement partie prenante.

Une journée noire en prévision avec la fermeture des écoles

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En accord avec la décision prise par les élus sous la présidence de l’association des maires de Mayotte, la ville de Mamoudzou a pris un arrêté temporaire de fermeture de tous les services de la ville, des établissements publics (centre communal d’action sociale et Caisse des écoles) ainsi que des écoles communales du premier degré à partir de jeudi 15 septembre 2022 et ce, jusqu’à nouvel ordre. Dans ce contexte, la commune reporte les réunions publiques portant sur le projet de ville Mamoudzou 2030, les dimanches fripes et annule ses activités organisées dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine. Cette fermeture ne concerne pas les agents de prévention et de sécurité urbaine (police municipale, gardiens, concierges, etc.) ainsi que l’astreinte naissance-décès de l’état civil qui reste joignable au 06.39.28.28.67.

Idem pour la caisse de sécurité sociale de Mayotte qui annonce la fermeture des accueils physiques et de ses permanences pour garantir la sécurité de ses usagers et de son personnel. Les rendez-vous sont reportés à la semaine prochaine ou transformés en entretien téléphonique. Les équipes prennent d’ores et déjà contact avec les principaux concernés.

Le plan blanc déclenché par le centre hospitalier de Mayotte

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En raison de la situation actuelle sur l’ensemble du département et du caillassage du bus du personnel à Koungou en début de semaine, la direction du centre hospitalier de Mayotte, réunie en urgence ce mercredi après-midi à Dembéni, a décidé d’enclencher le passage au niveau II du plan de gestion des tensions hospitalières et situations sanitaires exceptionnelles (plan blanc) : toutes les consultations sur rendez-vous prises dans les centres de référence et à Jacaranda sont annulées jusqu’à nouvel ordre, tous les centres de consultations périphériques (dispensaires et pharmacies) sont fermés, les consultations externes (chirurgie, gynécologie, vaccination, etc.) sont suspendues, les hospitalisations de jour en chirurgie, médecine et pédiatrie ambulatoires sont également annulées. Seuls les quatre centres de soins et d’accouchement (M’Ramadoudou, Dzoumogné, Petite-Terre et Kahani) restent ouverts.

Le CHM informe les usagers qu’en cas de mise en danger des professionnels de santé et des patients, la direction se réserve la possibilité d’étendre la suspension d’activité à d’autres services.

Piste longue : un délai et un coût plus importants que prévus

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L’étendue des nouveaux travaux nécessaires va faire grimper le prix de la piste entre 550 et 700 millions d’euros.

En marge du comité de pilotage, ce mercredi 14 septembre, la préfecture de Mayotte et la direction générale de l’aviation civile ont annoncé un commencement des travaux « courant 2026 ». Si la piste convergente est bien le scénario retenu, cela implique son rehaussement par rapport à ce qui est prévu et la construction de protections contre les risques naturels, soit une nouvelle facture « entre 550 et 700 millions ».

Depuis le premier débat public en 2011, la nouvelle piste tant attendue voit son délai se rallonger autant que ses mètres. Selon la préfecture de Mayotte et la direction générale de l’aviation civile pourtant, elle reste en bonne voie. « C’est déjà une centaine d’emplois et trois millions d’euros engagés dans la réalisation des études », confirme le préfet Thierry Suquet. Ce mercredi matin, le comité de pilotage réuni à Dzaoudzi a entériné le choix du scénario, à savoir le numéro 2. Celui-ci signifie qu’une piste provisoire de 1.840 mètres verra le jour au nord du site actuel. Ensuite, celle-ci fera l’objet d’un agrandissement dans le but d’atteindre 2.600 mètres (la piste actuellement utilisée fait 1.930 mètres). « On a quasi-finalisé les études pour savoir comment construire cette piste, ses caractéristiques de longueur ou de hauteur », annonce Aline Pillan, la sous-directrice des aéroports à la direction générale de l’Aviation civile.

Un surcoût des travaux

Si le président de la République avait promis la fin des études, le comité de pilotage sait qu’il ne pourra pas y couper. « Pour tenir compte des risques naturels, environnementaux et des acheminements des matériaux, il y a encore des études à mettre en œuvre », reconnaît le préfet. Cela retarde le délai d’au moins un an. Le lancement de l’enquête publique, puis l’obtention de la déclaration d’utilité publique repoussent le début des travaux « courant 2026 ». Et ceux-ci ne sont pas moindres. Les risques naturels comme un tsunami ou une submersion marine étant évalués depuis ce printemps, plusieurs modifications du projet ont déjà été actées.  Ainsi, la piste actuelle et son extension devront être surélevées. Une protection devra être érigée autour du site et d’autres matériaux seront nécessaires. Leur acheminement semble déjà un vrai casse-tête. « Il va falloir créer de nouvelles routes », promet déjà le délégué à la piste longue, Christophe Masson. Tout ceci engendre un coût évalué « entre 550 et 700 millions d’euros », contre 250 millions envisagés lors du débat public.

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Le délégué à la piste longue, Christophe Masson, le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, et Aline Pillan, la sous-directrice des aéroports à la direction générale de l’Aviation civile, annoncent qu’un nouveau délai sera nécessaire avant des travaux prévus en 2026.

Une solution alternative dans le nord de Grande-Terre

Si le calendrier s’allonge, il le doit aussi aux autres options à étudier, une obligation juridique. « Pour sécuriser le processus de réalisation de la piste longue, il est nécessaire de montrer que ce site est le meilleur possible à Mayotte », admet Thierry Suquet. Plusieurs lieux ont fait l’objet d’observations, Acoua, Tsingoni, Kwalé (Tsoundzou 1), Dapani. Seul un emplacement au niveau de la départementale 2, entre Bouyouni et M’tsangamouji, a retenu l’attention. Présentant un relief modéré et peu habité, « on ne peut pas l’écarter », justifie le délégué du Gouvernement. D’autres enquêtes sur le terrain doivent être effectuées en 2023, mais le comité de pilotage assure que l’option Petite-Terre garde l’avantage. « Le site de Bouyouni pourrait coûter plus cher puisqu’il faudrait monter un aéroport de toutes pièces », assure néanmoins Christophe Masson.

Préfet de Mayotte : « On ne peut pas laisser les enfants dans la rue »

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Chargé du maintien de l’ordre, le préfet de Mayotte Thierry Suquet (ici avec le ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco) ne juge pas trop sévèrement la mobilisation de ce jeudi contre l’insécurité.

L’opération « Île morte » lancée par les élus mahorais, ce jeudi, n’est pas forcément du goût du préfet de Mayotte. Si Thierry Suquet se satisfait de la mobilisation, il regrette que les enfants ne puissent se rendre en classe. Entretien.

Flash Infos : Voyez-vous la décision des maires comme un coup de pression ou un appel à l’aide d’élus démunis ?

Thierry Suquet : Au vu de ce qu’il s’est passé pendant ce week-end, je comprends l’exaspération de la population. Cela dit, je disais ce [mercredi] matin qu’elle a vu l’intervention extrêmement forte de la police et de la gendarmerie pour éviter que ces événements et ces émeutes ne dégénèrent. Et quand on tire les bilans aujourd’hui, il y a finalement peu de dégâts et de blessés puisqu’on a une forte présence des forces de l’ordre. Cette présence, on va la maintenir. Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer (Gérald Darmanin) avait déjà annoncé le maintien permanent d’un quatrième escadron de gendarmerie, parce qu’on était bien conscients de ça.

FI : Ce mouvement semble suivi par les Mahorais.

T.S. : Oui, on a besoin d’une mobilisation de la population. La sécurité, c’est l’affaire de tous. On a besoin des associations de prévention, que les parents et les familles encadrent les enfants, des dispositifs parents-relais. On en met en place au quotidien. C’est le cas de groupes de proximité dans certains secteurs qui échangent de façon régulière avec policiers et gendarmes pour mieux connaître l’état de la délinquance, les endroits où il faut être. Et ça réussit, chacun se rappellera ce qui se passait à Combani et Miréréni, et comment ça a évolué en quelques mois. De même, quand on a fait le bilan des caillassages des bus scolaires avec Transdev, on s’est aperçus que les incidents ont baissé d’un tiers. C’est la conséquence du protocole réalisé avec le Département et les transporteurs pour assurer la sécurité.

FI : Que pensez-vous de la méthode ?

T.S. : Je ne peux pas ignorer qu’un des objectifs des bandes, qui se coordonnent et sur lesquelles on met la pression, est de s’attaquer aux pouvoirs publics. Elles veulent que la gendarmerie et la police abandonnent les espaces publics, qu’on arrête le transport scolaire et qu’on ferme les écoles de façon que les gamins les rejoignent. Ça, c’est inacceptable, ça l’est pour moi, pour la population, pour les élus, les familles ! Nous devons rester présents sur l’espace public. Je comprends que la journée de jeudi doit servir à mobiliser, comme on l’a fait pour la marche blanche après l’incendie de la mairie de Koungou. Est-ce que ça veut dire qu’il faut fermer les écoles et laisser les enfants à la rue toute la journée de jeudi ? Est-que ça veut dire qu’en délaissant les services publics, il faut laisser la place libre aux délinquants ? Je dis non ! Donc [jeudi], je serai attentif à deux choses. On demande premièrement, avec le recteur, que les collèges et lycées restent ouverts pour accueillir les enfants. On ne peut pas les laisser dans la rue. Deuxième point, cette journée ne doit laisser l’occasion pour les délinquants de s’emparer de l’espace public. Quand on a un barrage, on sait que très vite les délinquants le transforment pour racketter les gens et caillasser.

FI : Craignez-vous des débordements ?

T.S. : Je serai vigilant pour respecter le droit de manifester des Mahorais. Ils ont le droit de le faire et je trouve important de se lever contre la délinquance. La mobilisation de tous en faveur de la lutte contre l’immigration clandestine, des décasages… Ces politiques, c’est nous qui les portons, et je suis sensible à ce soutien. Mais en même temps, on ne doit pas casser l’activité économique, le service public, pas mettre l’île dans un état qui va l’empêcher de fonctionner et qui fera le jeu des délinquants.

FI : La décision des maires semble venir d’une inquiétude pour leurs enfants.

T.S. : Mais la sécurité des enfants est assurée dans les écoles ! Vous avez vu sur le terrain, hier [ce mardi 13 septembre], qu’en réponse aux caillassages, on a pris les dispositions pour accompagner les bus dans le nord et ça a circulé normalement. Bien sûr, à Mayotte, il y a du danger, de la délinquance, des bandes organisées, on ne s’en cache pas. Mais aujourd’hui, les enfants sont en sécurité dans les écoles. Sur le long terme, c’est quoi la lutte contre la délinquance et la pauvreté ? C’est l’éducation. Le vrai sujet, c’est d’élever nos enfants dans le respect de la République et de la loi.

FI : Vous avez parlé de renforts avec le quatrième escadron. Mais il est déjà présent sur l’île et les faits continuent de se multiplier.

T.S. : Je vous l’ai dit, les délinquants ne veulent pas lâcher le terrain. Ils veulent détruire le service public, ils veulent empêcher la police d’exercer son action. Donc aujourd’hui, on a des forces en nombre suffisant et important avec la pérennisation du quatrième escadron. Ça nous permet d’être présents dans plus d’endroits, d’intervenir plus vite. Ce sont ces stratégies-là qui nous permettent de diminuer au moins le nombre et l’intensité des événements auxquels on est confrontés. Dites-vous bien une chose, les délinquants n’ont pour le moment pas envie d’arrêter, mais on va leur donner envie.

FI : Pour lutter contre les bandes, vous avez annoncé que les policiers auront des nouvelles armes.

T.S. : Oui, on me demande souvent de faire appel à nouveau au Raid (N.D.L.R. une douzaine d’hommes de cette unité d’élite de la police était à Mayotte pendant dix jours, à la fin du mois de février 2022). Mais les policiers mahorais vont avoir des nouvelles armes similaires au Raid, ils sont en train d’être formés à leur utilisation (N.D.L.R. ils auront également deux drones pour suivre le mouvement des bandes).

Le volontaire du RSMA, un profil « employable immédiatement » pour Pôle Emploi

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Le colonel Guillaume Larabi a pu échanger avec Karim Madi et Maïmouna Tavanday, deux conseillers dédiés à l’accompagnement du contrat d’engagement jeune, qui considèrent le RSMA comme « une sortie structurante ».

La signature, ce mercredi 14 septembre, d’une convention entre le régiment du service militaire adapté de Mayotte et Pôle Emploi doit faciliter l’insertion professionnelle des stagiaires volontaires. Les formations prodiguées à Combani permettent aux jeunes âgés de 18 à moins de 26 ans de présenter un profil « employable immédiatement » auprès des entreprises.

Vêtu de son uniforme, le colonel Guillaume Larabi du régiment du service militaire adapté de Mayotte déambule, ce mercredi 14 septembre, dans l’espace accueil de Pôle Emploi, situé au centre Kinga. Une visite pour le moins inhabituelle de la part d’un chef de corps, mais pas forcément étonnante dans la mesure où le quartier de Hell à Combani accueille pas moins de 850 stagiaires chaque année.

D’où la signature d’une convention, hier, entre les deux entités, qui doit mettre en œuvre la complémentarité des interventions afin de favoriser l’insertion des volontaires, construire et suivre leur parcours à travers une aide au recrutement, à l’orientation et à la constitution d’un projet professionnel, et assurer le pilotage et le suivi de l’activité après l’insertion. « Nous sommes prêts à accueillir vos publics les plus fragiles. Nous devons être là où les autres ne sont pas ! », glisse le successeur depuis juillet dernier du lieutenant-colonel Pierre-Louis Dubois. Seules conditions : être Français, avoir participé à la journée défense et citoyenneté et être apte physiquement.

« Quand un volontaire sort de chez vous, ça file droit ! »

Ce rapprochement doit ainsi permettre de faire fructifier les 85% de sorties positives – dont plus de 60% signent un contrat longue durée – à la suite de la formation professionnelle qui oscille entre quatre et dix mois. Un choix validé par Karim Madi, conseiller chargé de l’accompagnement du contrat d’engagement jeune mis en place en juillet 2020. « Sur le savoir-être, c’est complètement différent quand un volontaire sort de chez vous, ça file droit ! Il est employable quasiment immédiatement. Aujourd’hui, ce n’est pas le savoir-faire qui est forcément recherché, mais de la motivation. »

Indépendamment de ces retours alléchants, l’idée consiste aussi à pousser certains demandeurs d’emplois âgés de 18 à moins de 26 ans à rejoindre les rangs de l’organisme d’insertion socio-professionnel. « J’ai des formations en sous-effectif… Cela représente un déficit financier, sachant qu’une place coûte entre 20.000 et 35.000 euros », confie le colonel Guillaume Larabi. D’autant plus regrettable que le RSMA ouvre la porte à « une montée en qualité et en gamme qui est très importante ».

« Au mérite, ils peuvent passer chef d’équipe »

Si le chef de corps se félicite que « des jeunes sortent presque du jour au lendemain » pour répondre aux besoins du marché et des commandes publiques, il met en garde sur le plafond de verre rapidement atteint dans les micro-sociétés. « Ils peuvent être freinés dans l’évolution de leur carrière au bout de trois ans par exemple. » D’où son échange avec l’équipe dédiée aux entreprises de Pôle Emploi pour accélérer les relations avec les grands groupes, comme Colas ou Vinci, qui offrent plus de volume d’embauche et surtout davantage d’opportunités professionnelles. « Au mérite, ils peuvent passer chef d’équipe. »

Rencontre à l’Élysée : « Mayotte, un traitement exceptionnel pour un cas exceptionnel »

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Une discussion très franche avec le chef de l’État, la Première ministre et le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, sur la situation des territoires ultramarins en général et du 101ème département en particulier s’est déroulée le mercredi 7 septembre. L’insécurité grandissante et les relations de voisinage compliquées avec les Comores ont occupé une large partie des échanges lors d’un diner à l’Élysée réservé à l’ensemble des dirigeants ultramarins. Une seule réunion qui ne suffit pas pour évoquer tout ce qui ne va pas dans notre île selon Madi Madi Souf, le président de l’association des maires de Mayotte. D’autres visites ministérielles ne sont pas exclues sur l’île aux parfums dans un avenir proche.

Ce sont les cinq présidents des associations des maires ultramarins constitués en une « délégation Outre-mer » au sein de l’association des maires de France (AMF) qui en ont été demandeur à l’issue de leur assemblée générale de novembre 2021 de cette rencontre organisée à l’Élysée le mercredi 7 septembre. Au menu des discussions, trois thématiques ont été abordées : la sécurité et l’immigration clandestine, l’économie avec création de valeur et la valorisation des Outre-mer. Le 101ème département étant le plus sujet au problème de l’immigration clandestine parmi les cinq DOM, il est échu à son représentant de développer cette thématique devant le chef de l’État et aux trois autres membres du gouvernement présents à ce diner au premier rang desquels, Élisabeth Borne, la Première ministre.

D’emblée Emmanuel Macron a donné le tempo en invitant l’assistance à s’exprimer en toute « franchise et sans tabou ». Outre les cinq maires, la rencontre a aussi été ouverte aux parlementaires et aux présidents des conseils départementaux et régionaux qui ont tous eu, dans le cas de Mayotte, l’opportunité de s’exprimer et de donner leurs points de vue respectifs sur les sujets exposés. Pour Madi Madi Souf, ce diner avec les chefs de l’État et du gouvernement a été en soit une première, dans son format, mais insuffisante dans le fond pour permettre d’aborder directement avec le Président de la République tous les gros problèmes auxquels se trouve confrontée Mayotte, quand bien même les intervenions des dirigeants mahorais furent remarquables et ont convergées dans un même sens. « Je me félicite du temps de parole réservé à Mayotte et retiens l’attention du président Macron qui a indiqué que le cas particulier de Mayotte est exceptionnel et mérite par conséquent un traitement exceptionnel » par rapport aux autres DOM.

Le premier magistrat de Pamandzi s’est insurgé contre un traitement médiatique national, exagéré sur l’insécurité à Mayotte qui est préjudiciable à l’image et à l’économie du territoire. Il a souligné en effet que la Guyane est sujette à un phénomène migratoire aussi importante que l’île aux parfums et qu’elle connaît également (comme la Martinique et la Guadeloupe) une violence sociale quotidienne à un degré très largement supérieur à la nôtre, avec usage intensif d’armes à feu, sans qu’elle ne soit pour autant mis en avant dans la presse nationale. « En août, soit au milieu de l’année, la Guyane comptait déjà 38 assassinats, ce qui est sans commune mesure avec les trois morts comptabilisés sur notre territoire, bien qu’il ne faille pas s’en féliciter, une perte humaine restant une chose regrettable pour toute communauté. »

Mayotte ne représente pas que des problèmes pour la France

Autre personnalité locale à avoir communiqué à la suite de cette rencontre au sommet à l’Elysée : Estelle Youssouffa, la députée de la 1ère circonscription de Mayotte. Prenant au mot Emmanuel Macron sur son invitation à échanger sans tabou, elle s’est voulue très claire sur le problème de l’insécurité, expliquant à son hôte, la nécessité de remettre en cause la coopération franco-comorienne qui n’apporte aucun résultat positif. « Dans ce contexte, Moroni utilise l’immigration clandestine comme une arme pour mener à bien ses revendications territoriales. » À nouveau, elle a sollicité des hautes autorités de l’État, la mobilisation d’un patrouilleur Outre-mer dans les eaux mahoraises pour conjuguer les flux migratoires clandestins.

Elle a, elle aussi, lancé un cri de ras-le-bol à l’attention de Paris, expliquant que Mayotte ne constitue pas que des problèmes pour la France, qu’elle représente également une richesse en raison des réserves de gaz naturel découverts dans la région. Elle a appelé à la solidarité nationale pour une répartition du poids de l’immigration clandestine sous laquelle croule Mayotte et à une remise en cause du visa Schengen, tout en refusant le qualificatif de « xénophobes » que d’aucun attribuent aux Mahorais. « À aucun moment, on a entendu un autre territoire [de la République] s’entendre dire par [l’État] qu’il va être laissé dans le sous-développement parce qu’il est situé à côté d’un pays tiers, donc nous Mahorais refusons d’être définis par rapport à nos voisins comoriens et demandons l’égalité de traitement avec tous les autres Français », a-t-elle indiqué aux responsables nationaux présents à cette rencontre.

La parlementaire a fait part de son étonnement face aux lenteurs administratives notées sur le territoire dans l’alignement des droits sociaux vis-à-vis des autres départements, constatant qu’il n’a pas été de même avec les impôts, preuve selon elle que l’État peut faire si volonté politique il y a. Pour terminer, elle a estimé que l’urgence pour Mayotte n’est pas dans une évolution institutionnelle des DOM, priorité affichée par le gouvernement à l’occasion de cette rencontre, mais dans une réponse efficace aux problèmes d’insécurité, de vie chère, d’eau et de routes, criants sur notre territoire. En conclusion de ce diner, le chef de l’Etat et la Première ministre ont annoncé de nouvelles consultations avec les différentes instances locales à travers d’autres visites ministérielles à Mayotte.

Journée nationale de la résilience : un premier appel à projets pour sensibiliser les Français aux risques

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Depuis 2009, le 13 octobre a été désigné par l’Assemblée générale des Nations Unies comme date de commémoration de la Journée internationale pour la réduction des risques de catastrophe. Pour s’inscrire dans cette démarche et en application du plan d’actions « Tous résilients face aux risques » engagé en 2021 par le ministère de la Transition écologique, le gouvernement a décidé d’instaurer une Journée nationale de la résilience face aux risques naturels et technologiques, dont la première édition aura lieu le 13 octobre prochain.

Elle a vocation à se déployer sur l’ensemble du territoire national en se fondant sur tous formats de projets et en mobilisant le plus grand nombre de parties prenantes : citoyens, entreprises, employeurs publics, élus et collectivités territoriales, établissements d’enseignement, opérateurs publics, associations, experts et spécialistes chargés de la prévention et de la gestion des catastrophes, médias.

Cette journée vise informer et acculturer tous les citoyens aux risques qui les environnent, lors d’actions de sensibilisation qui se dérouleront autour de la dite date. Plus précisément, elle aspire à répondre aux trois objectifs suivants : développer la culture sur les risques naturels et technologiques ; se préparer à la survenance d’une catastrophe ; développer la résilience collective aux catastrophes. Les projets les plus emblématiques se verront remettre un prix national.

Pour que la candidature soit évaluée, le dossier proposé doit remplir les deux conditions d’éligibilité ci-après : le candidat est doté de la personnalité juridique et le projet s’inscrit dans au moins l’un des trois objectifs de la journée. Les candidats peuvent déposer leur dossier sur

https://www.demarches-simplifiees.fr/commencer/journee-nationale-de-la-resilience-appel-a-projets ou par mail à l’adresse suivante : jnresilience@mayotte.gouv.fr.

Escale du « Champlain » à Diego Suarez

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Le bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer « Champlain » a repris la mer après une escale de quatre jours à Diego Suarez. Le navire de la Marine nationale y effectuait une relâche opérationnelle. L’occasion pour son équipage de mener des actions de coopération avec la marine malgache et renforcer encore les liens d’amitié qui unissent les forces maritimes des deux pays.

Le consul honoraire de Diego Suarez a saisi cette opportunité pour organiser une visite éducative du bâtiment pour deux classes de primaire du lycée français. Les élèves ont ainsi été guidés sur le navire par des officiers de la Marine afin d’apprendre le fonctionnement du « Champlain » et la vie quotidienne des forces opérationnelles françaises sur la mer.

« Un dangereux palier a été franchi lors des évènements violents du week-end à Mayotte »

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Dans un communiqué, le député LR Mansour Kamardine revient sur les récents actes de violences à Mamoudzou, à Bandrélé, à Ouangani, à Koungou et en Petite-Terre. « Après de multiples troubles à l’ordre public depuis le début de l’année, les évènements du week-end dernier marquent le franchissement d’un dangereux palier de la violence et de l’insécurité à Mayotte », s’inquiète le parlementaire, qui indique que sa suppléante domiciliée à Passamaïnty « a été délibérément visée ». « Bien évidemment, cette agression ciblée ne fait que renforcer mon inexpugnable détermination. »

Face à ce nouvel épisode, Mansour Kamardine demande à l’État de renforcer les moyens et effectifs des forces de l’ordre, les capacités d’enquête et celles de police judiciaire afin de lancer les investigations quant aux organisateurs pour mettre un terme à leurs agissements. « J’exhorte également le gouvernement à rassurer la population de Mayotte quant à sa détermination à rétablir, aussi vite que possible, la sécurité publique dans le 101ème département français. »

AL’MA s’engage pour la construction bas-carbone

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Action Logement s’est engagé à réaliser 5.000 logements en dix ans, pour répondre aux besoins du territoire de Mayotte. Le groupe paritaire s’est doté en 2022 d’une filiale, AL’MA, pour mener à bien cette ambition au service des salariés des entreprises mahoraises. Dans ce cadre, celle-ci a lancé le 24 août dernier un appel à manifestation d’intérêt pour favoriser la construction bas-carbone.

AL’MA s’inscrit pleinement dans la trajectoire du groupe Action Logement en matière de production de logements durables et abordables, et plus spécifiquement dans la démarche climat et dans la stratégie permettant de décarboner la construction.  AL’MA s’engage ainsi dans une démarche volontaire en faveur de la construction hors site de logements bas-carbone, grâce à la mise en place d’un partenariat privilégié avec les acteurs de la filière du bâtiment, qui s’articule autour de quatre axes : l’exploration et la recherche de solutions techniques 2D/3D reproductibles et à coûts maîtrisés ;  la mise en évidence de filières de productions locales ou régionales ; le développement de solutions digitales ; la déclinaison opérationnelle pour un accès favorisé à l’information des projets « hors site ».

Ouvert aux industriels ou entreprises à caractère industriel, aux startups ou aux filiales industrielles spécifiques, et aux groupements d’entreprises, cet AMI est disponible sur la page suivante https://alma-ami.achatpublic.com/. Date limite de dépôt des candidatures : 25 octobre 2022.

La fédération des associations de Vahibé réunie pour parler de l’insécurité

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Samedi dernier, l’union départementale des affaires familiales a participé à la réunion organisée par la fédération des associations de Vahibé, à la suite de l’intervention de son président, Yasser Soula, sur les ondes de Mayotte la 1ère.  Cette rencontre organisée à la MJC du village a rassemblé Chamassi Chaharoumani, le directeur de la police municipale, Ali Malidé ainsi que l’adjoint au maire chargé de la sécurité.

L’objet de ces échanges ? Trouver des solutions pour protéger les jeunes sur les points de rencontre comme les arrêts de bus et les entrées des écoles, mais également de lutter contre la délinquance. Un premier dispositif, allant dans ce sens, répondant au nom de « parents-relais » a été créé par l’association. Elle a aussi élu des référents dans chaque quartier pour faire des comptes-rendus aux autorités et se donne pour mission d’écouter et de remonter les doléances des habitants.

Accident mortel à Ironi Bé : six mois de prison avec sursis pour le conducteur

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Un homme a été condamné pour avoir provoqué la mort d’un scootériste, en avril 2021, sur la commune de Dembéni.

Fatigué par ses horaires de travail, la chaleur et le Ramadan, un homme de 30 ans a causé la mort d’un père de famille de 48 ans, l’après-midi du 28 avril 2021, sur la commune de Dembéni. Son véhicule avait quitté la voie de droite et percuté le scooter du quadragénaire.

« Vous devez avoir la maîtrise de votre véhicule. Je ne vais pas insister lourdement, je pense que vous en êtes conscient », fait remarquer Chantal Combeau, présidente du tribunal correctionnel de Mamoudzou, en s’adressant au prévenu. Ancien employé du collège de Kwale, à Tsoundzou 1, l’homme âgé de 29 ans à l’époque a quitté l’établissement scolaire, le 28 avril 2021, en début d’après-midi pour regagner son domicile à Poroani.

Alors qu’il était debout depuis 3h30 du matin, qu’il faisait chaud et que c’était en pleine période de Ramadan, la conduite s’est avérée périlleuse. « Je sentais que j’étais fatigué, je me disais que j’allais m’arrêter deux minutes pour marcher un peu », se souvient-il à la barre du tribunal judiciaire, ce mardi matin. Ne voulant pas stopper sa voiture dans un coin isolé, il a choisi alors de se rendre au moins jusqu’à Tsararano. « Je ne me souvenais plus de rien. J’ai juste entendu un gros boom », poursuit-il. En effet, son véhicule s’est déporté vers la gauche sans qu’il puisse s’en rendre compte et a percuté le scooter venant dans l’autre sens, au hameau d’Ironi Bé. Le scootériste, un père de famille de 48 ans, qui prenait la direction de Mamoudzou n’a pas survécu à l’accident.

« Je prie pour qu’il trouve la paix »

Habitant Bandraboua maintenant, le prévenu ne se défausse pas. « Chaque jour, je prie pour que [le défunt] trouve la paix », indique-t-il, ajoutant qu’il a cherché en vain à rencontrer sa famille pour s’excuser (le quadragénaire avait sept enfants dont un non reconnu). « Je me sens d’autant plus mal que je connaissais sa fille, j’étais son référent », reconnaît-il. Négatif aux tests d’alcoolémie et stupéfiants après l’accident, il n’a jamais eu affaire à la justice précédemment.

Les juges, comme son avocate et le représentant du ministère public, ont convenu qu’une suspension de son permis de conduire alors qu’il se déplace qu’en scooter depuis un an et demi serait trop pénalisante vis-à-vis de ses deux filles issues d’une ancienne union et de son travail à Tsingoni. Le tribunal correctionnel de Mamoudzou le déclare coupable d’homicide involontaire « par négligence » et le condamne à six mois de prison avec sursis. Il devra également indemniser l’ex-épouse du scootériste, sa dernière compagne, ainsi que ses enfants âgés entre 2 et 23 ans. Les différents montants seront fixés lors d’une audience sur les intérêts civils.

 

Le frère condamné à dix ans de prison

Le jeune homme qui avait tenté de tuer son frère à M’tsapéré, le 19 juin 2020 (voir Flash Infos de ce mardi 13 septembre), a été reconnu coupable de « tentative d’assassinat » par la cour d’assises de Mayotte, ce mardi. Les disputes régulières entre les deux hommes qui vivaient sous le même toit à Doujani avaient débouché sur une violente agression au domicile des parents. Anli Ali Baco avait ainsi frappé à plusieurs reprises le crâne de son aîné avec un rondin de bois. Il écope d’une peine de prison ferme de dix ans (il a déjà passé deux ans à Majicavo dans le cadre de la détention provisoire), assorti d’un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans.

Marie-Hélène et Maxime Glée révolutionnent les trajets du quotidien à vélo

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Si Marie-Hélène et Maxime Glée ne souhaitent pas encore dévoiler leur politique tarifaire, ils expliquent que l’achat d’un tel vélo oscille entre 5 et 10.000 euros.

Depuis le mois de mars, Vélos et Sensations bénéficie d’un accompagnement de la couveuse d’entreprises Oudjérébou. À sa tête, Marie-Hélène et Maxime Glée se lancent dans la location de deux-roues électriques ultra modernes pour transporter plusieurs enfants. D’ici cinq ans, le couple espère abonder le marché mahorais d’une flotte de cent vélos.

« En bagnole, c’est compliqué », souffle Marie-Hélène Glée à l’idée de se retrouver en voiture dans le centre-ville de Mamoudzou. Rare recours à ce stress permanent des embouteillages et à cette pollution ambiante : le vélo. Partant de ce constat personnel, la quadragénaire et son mari, Maxime, se disent que de nombreuses familles doivent partager cette même philosophie de déplacement.

Un déclic qui les pousse à se rapprocher en mars dernier de la couveuse d’entreprises Oudjérébou pour lancer en phase « test d’activité » pendant un an leur boîte de location de deux-roues intitulée « Vélos et Sensations ». Mais pas n’importe lesquels ! Un « longtail » et un « cargo ». L’un permet d’installer deux enfants à l’arrière, l’autre d’en transporter trois à l’avant. « L’idée est de les proposer – pendant une semaine, un mois ou la moitié de l’année – et de les utiliser pour aller à l’école, se rendre au travail et se balader en mode « plaisir » le week-end », détaille Maxime Glée, en charge de l’administratif, de la commercialisation et de l’importation.

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Le longtail permet d’entreposer ses courses tandis que le cargo assure le transport d’au moins deux enfants.

Lavage et entretien préventif

En contrepartie de cet engagement, la clientèle bénéficie d’un lavage mensuel du matériel et d’un entretien préventif « pour anticiper l’usure des pièces ». Sans oublier bien évidemment le prêt des équipements tels que deux gilets jaunes, un poncho en cas de pluie, une bombe anti-crevaison et des casques lumineux « pour se sentir à l’aise et en sécurité ». Cerise sur le gâteau, les « biclous » jouissent de freins à disque et d’une assistance électrique bridée à 25 kilomètres par heure. « Cela permet d’adapter la capacité du vélo en fonction de ses besoins : le turbo pour ne pas arriver au boulot tout transpirant ou l’éco pour se la jouer plus sportif en fin de journée », souligne le couple, présent sur l’île aux parfums depuis deux ans.

Une centaine de vélo d’ici cinq ans

Si les deux entrepreneurs comptent continuer les achats unitaires pour le moment, ils nourrissent de grandes ambitions une fois que leur entreprise volera de ses propres ailes. D’où leur présence au salon du vélo à Francfort du 21 au 25 juin 2023 dans le but de découvrir les nouveautés et de rencontrer les principaux fabricants. « Nous voulons privilégier le made in France », confient-ils. Sans oublier d’apporter une attention toute particulière à la préservation de l’environnement, en témoigne leur volonté d’exporter les pneus usagés et de proposer des panneaux solaires portables.

L’objectif d’ici cinq ans : investir dans une flotte d’une centaine de vélos ! Un chiffre conséquent qui ne les effraie pas en dépit de toutes les problématiques rencontrées sur le territoire en termes de mobilité douce. Routes dangereuses, manque d’espace, absence de discipline des conducteurs… « Ce sont les vélos qui amènent les pistes cyclables, pas l’inverse », insiste Maxime. « Il y a des endroits plus dangereux que d’autres », admet pour sa part Marie-Hélène, « qui pédale dur » en temps normal et encore plus en ce moment pour faire connaître ce mode de transport familial aux yeux du grand public. « Deux enfants sur un porte-bagage, ce n’est pas commun », sourit-elle. Et à les entendre, on fait difficilement marche arrière une fois qu’on y goûte. « C’est comme repasser d’une Land Rover à une Clio ! »

Le parc naturel marin va multiplier les filets anti-déchets sur Mayotte

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Des filets permettant de capter les déchets avant qu’ils ne rejoignent la mer ont déjà vu le jour, comme ici à Majicavo.

Sous la mandature de son nouveau président, Abdou Dahalani, l’organisme dédié à la protection du lagon a procédé à une nouvelle réunion de gestion dans les locaux des Eaux de Mayotte (ex-Smeam), à Kawéni. Projets mis en œuvre et à venir ont été ainsi abordés.

Quelques sièges sont restés vides, ce mardi matin, dans la salle de conférences des Eaux de Mayotte (ex-Smeam). La réunion exceptionnelle sur la sécurité à la mairie de Mamoudzou (voir par ailleurs) a réquisitionné les six élus participant d’habitude au conseil de gestion du parc naturel marin de Mayotte (trois élus départementaux et trois autres venant de municipalité). « Le quorum a été largement atteint », fait observer cependant Abdou Dahalani.

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Annabelle Djeribi, la directrice des opérations du parc naturel marin de Mayotte, aux côtés du nouveau président, Abdou Dahalani.

Le nouveau président du parc naturel depuis juillet dernier a animé cet événement (initialement prévu à la mairie de Mamoudzou) au milieu d’une vingtaine de membres du conseil. Cette réunion a ainsi permis de faire le point sur l’activité de l’organisme mahorais qui compte actuellement une trentaine d’agents et disposait d’un budget de 1.69 million d’euros en 2021.

Expérimentés depuis l’an dernier par exemple, deux filets de protection ont été installés respectivement à Majicavo et Pamandzi pour retenir les déchets qui prennent la direction de la mer. « 20.000 tonnes de déchets quittent la terre chaque année pour rejoindre le lagon », justifie le président. Si une dizaine de filets de ce type doivent être déployés sur Mayotte, l’organisme insiste sur le fait que la collecte des déchets et de sédiments n’est pas de son ressort. « On peut orienter les acteurs pour mieux cibler les opérations », poursuit-il.

Autre projet, cette fois bien entamé, quatorze dispositifs de concentration de poissons ont été installés de part et d’autre du lagon (voir Flash Infos du 8 septembre). Ils doivent diminuer la pression pêche, préserver les espèces coralliennes, mais aussi permettre aux pêcheurs d’être plus économes en carburant. Les premiers dispositifs, installés en décembre 2021, sont déjà utilisés par les professionnels, note le parc.

Une étude sur les coraux en cours

Satisfait que le centre universitaire de Dembéni ait rejoint le conseil de gestion, Abdou Dahalani a rappelé l’importance « de la connaissance scientifique ». Afin d’y contribuer par exemple, une étude sur les coraux est actuellement réalisée avec l’Institut de recherche et de développement (IRD). Car si la bonne santé du milieu mahorais est connue, « il faut qu’on sache comment les préserver », défend Annabelle Djeribi, la directrice des opérations du parc. Le projet Future Maore Reefs doit « évaluer la résilience des coraux mahorais ». Les élèves de plusieurs écoles mahoraises ont déjà été mis à contribution sur des solutions comme la replante de coraux sains par exemple.

Une implication locale qui ne déplaît pas au nouveau président du parc. Il a ainsi prévenu lors du conseil : « Notre priorité sera de faire du parc le parc marin de Mayotte et des Mahorais ». 

Deux événements culturels à venir

Le parc naturel a profité de la réunion pour annoncer la tenue de son festival Laka, à Bouéni, les 5 et 6 novembre. « Ce moment récréatif pour les familles » dédié à la pirogue (« laka » en shimaoré) sera composé d’ateliers et de stands permettant de rappeler « ce qui relie les Mahorais à la mer », estiment les organisateurs.

En parallèle, un appel à projets artistiques lancé par le parc a récemment reçu dix-sept candidatures. Les membres du parc, qui en ont retenu sept, veulent que les œuvres dont les domaines sont très variés « mettent en valeur la mer ». Ils espèrent que certaines réalisations seront visibles dès le festival Laka en novembre. Sinon, les projets devraient faire l’objet d’une résidence artistique et être présentés au cours de l’année 2023.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes