L’Institut des études en santé (IES) du centre hospitalier de Mayotte, en partenariat avec le conseil départemental et l’Agence de l’Outre-mer pour la mobilité (LADOM) organisent une réunion d’information sur la formation au métier d’infirmier(e) et les partenariats inter-régionaux. Cette rencontre aura lieu le samedi 4 mars 2023 de 8h30 à 11h30. Cette réunion est ouverte au lycéens, étudiants en réorientation et aux parents. Les places étant limitées, la réservation est obligatoire auprès du secrétariat de l’IES à secretariat@chmayotte.fr ou au 02 69 64 71 20.
La « nuit de l’orientation » de la CCI aura lieu le mardi 14 mars
Dans le Mayotte Hebdo n°1032, l’événement « la nuit de l’orientation » organisé par la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte a été annoncé pour le 15 et 16 mars. Une erreur est survenue dans la date, l’événement se déroulera le mardi 14 mars 2023. La journée aura lieu de 8h30 à 17h30, au Pôle d’excellence rurale de Coconi. Différents espaces seront proposés : formations, multimédia, animation ou encore langues. Les participants pourront également assister à des démonstrations et à un speed dating.
Jeux des Îles 2027 : l’État réaffirme son soutien pour la candidature de Mayotte
Le 20 décembre dernier, Madi Vita (photo), président du CROS Mayotte avait adressé un courrier à la ministre des Sports et des jeunes olympiques et paralympiques, Amélie Oudéa-Castera, où il indiquant notamment « à l’aube du dépôt des dossiers de candidature au Conseil International des Jeux, pour l’attribution de l’organisation de ces Jeux 2027, je sollicite votre intervention afin de réaffirmer le soutien et l’engagement de l’État vis-à-vis de la candidature de Mayotte ».
Le comité sportif explique, au travers d’un comité que par courrier daté du mercredi 22 février 2023, l’État a fait son retour au CROS Mayotte et a réaffirme son soutien. Quatre autres ministres se sont joints à la ministre des Sports, en cosignant le courrier : Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et Jean François Carenco, ministre délégué chargé des Outre-mer. Les cinq ministres l’assurent : « le gouvernement accompagnera les collectivités locales, les organisations sportives, et toutes les forces vives de Mayotte, dans le respect des compétences de chacun, pour développer les projets structurants, tant dans le domaine de l’hébergement, des équipements, de la restauration, du transport, de la sécurité et de la santé, qui permettront de faire de ces Jeux une réussite et un tournant ». Avec ce courrier interministériel joint à son dossier, « le CROS Mayotte aborde désormais la phase de candidature pour l’organisation des Jeux des Îles de l’Océan Indien 2027 avec sérénité », affirme le comité. L’annonce de l’île qui organisera les Jeux des Îles de l’Océan Indien 2027 sera réalisée en marge des jeux de 2023, en août prochain.
Les arts et les créations s’exposent en mars
Le salon des arts et des créations made in Mayotte s’exposent du 1er au 17 mars 2023 dans le hall d’exposition du comité du tourisme de Mayotte (CDTM). Pendant deux semaines, les visiteurs pourront découvrir le savoir-faire mahorais et aller à la rencontre des artisans et exposants.
Air Tanzania : un accord pour ouvrir la possibilité de voies aériennes vers Mayotte
Le ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l’attractivité, Olivier Becht était présent en Tanzanie, pour le Tanzania EU – Business Forum. Dans l’objectifs de faciliter les échanges entre la Tanzanie et la France, Olivier Becht a signé deux accords clés pour le développement de la coopérative économique. L’un des deux accords, signé avec les services aériens, permettra d’augmenter le nombre de créneaux de vol accordés à Air France et Air Tanzania, mais aussi d’ouvrir la possibilité d’un lancement de voies aériennes avec Mayotte. Cet accord permettra notamment la mise en place d’une desserte aérienne de la France, y compris Mayotte par Air Tanzania.
Politique : Anchya Bamana apporte son soutien à Gérald Darmanin
Présidente de Maore Solidaire, Anchya Bamana a tenu à réagir aux récents propos sur Mayotte de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et de l’Outre-Mer. Interrogé sur le territoire d’outre-mer qu’il visiterait en premier s’il était président, il a répondu : « J’ai un amour immodéré pour Mayotte qui est une île absolument magnifique. Les Mahorais sont profondément Français, ils ont les plus grandes difficultés du monde. Le plus beau lagon du monde est sans doute à Mayotte », ajoutant que l’île était « un joyau » encore méconnu. « En effet, on ne connaît réellement Mayotte que quand on y vient. Vous faites partie des ministres qui nous ont le plus rendu visite depuis la prise de vos fonctions et qui continuera probablement à le faire. En cela, nous vous adressons nos sincères remerciements pour l’intérêt que vous portez à notre territoire et à ses habitants », lui répond la fille de Younoussa Bamana, même si elle n’oublie pas de demander davantage sur les terrains de la sécurité ou l’égalité des droits. « La persistance des dérogations au droit commun sur le territoire crée de fait une rupture d’égalité de traitement vis-à-vis des autres départements de la nation et interroge notre place dans la France, état unitaire et indivisible », rappelle-t-elle. Alors qu’une opération d’envergure contre l’immigration illégale est en préparation, la présidente de Maore Solidaire apporte son soutien à cette action. « Les Mahorais espèrent une réelle volonté politique de l’État pour amorcer un nouveau virage sur la politique migratoire pour désengorger l’île. Les Mahorais soutiennent votre démarche, face au syndicat régional de la magistrature dont deux représentants nous expliquent dans les médias qu’il ne faut pas appliquer les lois de la République à Mayotte : une idéologie et un positionnement effarants de leur part ! On ne saurait d’ailleurs trop rappeler à ces bonnes âmes que le rôle des magistrats est d’appliquer la loi, pas de la contester et encore moins de la faire à la place du législateur », fait-elle valoir.
Chiconi : réunion publique sur l’état de la filière agricole
La mairie de Chiconi, en partenariat avec le Groupement d’intérêts Economique Agricole Commun (GIEAC) convie tous les agriculteurs(trices) de la commune de Chiconi (Chiconi-Sohoa) à une réunion publique le mercredi 1e mars 2023 à 8h dans la salle de délibération de la mairie de Chiconi.
A l’ordre du jour, il sera question de faire un état des lieux de la filière, émettre un diagnostic sur les besoins des acteurs et accompagner le développement de l’agriculteur dans la commune. Un second temps d’échange sera réservé à l’organisation et recensement des agriculteurs qui souhaitent participer à la foire ramadan 2023.
« Mayotte ne se construit ni dans le ciel, ni dans la mer… On a besoin de terrain ! »

Les Assises de la reconquête foncière se tiendront le 9 mars prochain au cinéma Alpa Joe à Mamoudzou, organisées par la municipalité, la préfecture de Mayotte, le conseil départemental, la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema), l’Association des maires de Mayotte et la commission d’urgence foncière (Cuf). Une conférence de presse était organisée ce lundi matin pour en clarifier la teneur et les objectifs.
« Mayotte se construit à grande vitesse. Si nous ne créons pas les conditions pour maîtriser notre aménagement, nous continuerons à le subir », argue le maire Ambdilwahedou Soumaïla, dans la salle Mariage de l’hôtel de ville de Mamoudzou. « Et la première maîtrise, c’est le foncier ! », assène-t-il. Remettre de l’ordre dans le chaos foncier mahorais… éternel défi pour les grandes institutions de l’île, qui joindront leurs forces ce jeudi 9 mars à l’occasion des Assises de la reconquête foncière.
L’événement est organisé par la municipalité de Mamoudzou, la préfecture de Mayotte, le conseil départemental, la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema), l’Association des maires de Mayotte et la commission d’urgence foncière (Cuf). Il vise à initier une « réflexion collective pour un aménagement durable » et doit permettre d’établir un plan d’action territorial impliquant toutes les institutions.
Quatre ateliers thématiques se tiendront simultanément dans la matinée, sur les thèmes respectifs de la régularisation foncière (« Accélérer la régularisation foncière en vue d’une reconquête durable »), du relogement (« Héberger et reloger les occupants sans droit ni titre pour libérer le foncier »), de l’urbanisme (« Améliorer le respect des règles de l’urbanisme ») et du développement économique (« Promouvoir le foncier pour un développement économique urbain »).
Une enquête citoyenne en ligne est en cours de diffusion sur les différents canaux de communication de la ville, afin de recueillir des données sur la situation du point de vue des usagers. « Les retours seront analysés et permettront d’ouvrir les débats au cours des ateliers », informe le maire, indiquant que le « conseil municipal jeunes » est également impliqué dans la préparation de l’événement.
« Nous ne devons pas être responsables d’un tel désastre ! »
« Reconquête », le mot est fort. Pour Nassuf-Eddine Daroueche, premier vice-président de la Cadema, il s’agit d’arrêter « d’être frileux », et de « rétablir l’ordre nécessaire » pour permettre une « planification harmonieuse » à l’échelle du territoire. « La maîtrise du foncier est la condition sine qua non de la concrétisation de nos grands projets », avance Salim Mdéré, premier vice-président du CD, en charge de l’aménagement. De nombreux espaces réservés pour de futurs équipements ou projets sont en effet occupés par des constructions spontanées et illégales. « Mayotte ne se construit ni dans le ciel, ni dans la mer… On a besoin de terrain ! », abonde Madi Madi Souf, maire de Pamandzi et président de l’Association des maires de Mayotte, pragmatique.
Dans la salle, chacun profite de la conférence de presse pour souligner les enjeux qui découlent de la problématique foncière à Mayotte. « L’occupation illégale des terrains constitue une grande perte pour les communes au niveau des recettes fiscales », plaide par exemple le président de l’AMM, avançant que 15 des 17 communes de l’île sont en déficit budgétaire. « Bizarrement, depuis que l’on applique les taxes foncières, plus personne ne veut régulariser son terrain », ironise-t-il. Sur le volet économique, « la compétition foncière entre les entreprises est dangereuse pour le territoire », avance Marcel Rinaldy, élu de la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM). « Cela favorise l’émergence de grands groupes extérieurs déjà structurés, sur un territoire où nous avons une jeunesse disponible, ambitieuse mais qui n’a pas l’accès au foncier nécessaire pour s’exprimer », analyse-t-il, rappelant qu’une récente enquête estime qu’il manque à Mayotte 1,5 million de m² pour combler les besoins en foncier destiné aux sociétés.
Nul doute que les échanges seront riches le 9 mars prochain. Reste à voir quels axes se dégageront pour repenser la politique foncière de l’île. « Si nous ne faisons pas ça tout de suite, nous léguerons un territoire perdu aux générations futures. Nous ne devons pas être responsables d’un tel désastre », prévient le maire de Mamoudzou.
Le programme de la journée
8h30 : Discours d’ouverture et projection d’un film institutionnel.
9h30 : Lancement des ateliers thématiques.
- Atelier 1 : « Accélérer la régularisation foncière en vue d’une reconquête durable », salle de cinéma Alpa Joe.
- Atelier 2 : « Héberger et reloger les occupants sans droit ni titre pour libérer le foncier », salle de conférence, Cadema.
- Atelier 3 : « Améliorer le respect des règles de l’urbanisme », salle Abdallah Houmadi, hôtel de ville.
- Atelier 4 : « Promouvoir le foncier pour un développement économique urbain », salle Mariage, hôtel de ville.
13h30 : Restitution des ateliers en plénière, salle du cinéma Alpa Joe.
15h30 : Conclusion et synthèse.
Inscription aux ateliers avant le 6 mars, via un formulaire en ligne disponible sur le site de la ville de Mamoudzou, ou au 06 39 69 73 00.
Zoubaïr Alonzo, Mahorais à haute responsabilité

Il est le directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Mayotte depuis presque dix ans. Zoubaïr Alonzo prend ses missions très à cœur, mais a aussi de grandes ambitions pour son île. Derrière son poste à haute à responsabilité se cache un homme intelligent et plein de bon sens, soucieux de toujours bien faire.
C’est dans son bureau, au dernier étage de l’immeuble de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Mayotte, que l’on retrouve Zoubaïr Alonzo. Il garde un œil sur son ordinateur, l’autre sur la paperasse qui jonche sa table. Des dossiers de la plus grande importance qui occupent tout son temps. « J’envoie un dernier mail et je suis à vous », lance-t-il. Malgré la charge de travail qui rythme son quotidien, le directeur général de la CCI semble totalement détendu et n’a pas l’air pressé, comme le sont souvent les cadres de son niveau. À 42 ans, il a compris qu’il fallait appliquer « chaque chose en son temps », et cette philosophie de vie lui est plutôt bénéfique.
« Je suis marié, et j’ai des enfants. Et depuis que je suis à Mayotte, j’ai toujours eu des postes à haute responsabilité mais cela n’impacte pas ma vie de famille car je maîtrise beaucoup de domaines et je ne passe pas tout mon temps sur un ou plusieurs sujets », explique-t-il. Pour ce père de famille, il est important que ses collaborateurs puissent également profiter de leurs proches. Alors lorsqu’il voit que l’un d’entre eux coince sur un dossier, il n’hésite pas à l’aider. « Ils savent que ma porte leur est toujours ouverte. Ils peuvent venir me voir et nous trouvons ensemble des solutions pour gagner du temps », précise-t-il. Serait-ce la clé d’un bon management ? Ça s’en rapproche fortement.
Un parcours d’élite
Zoubaïr Alonzo est le directeur général de la CCI depuis 2014 et ce n’est certainement pas par le fruit du hasard qu’il y est arrivé. Son parcours universitaire et professionnel l’a propulsé à ce niveau. Après son baccalauréat, il entame des études et devient ingénieur arts et métiers BTP. Suite à l’obtention de son diplôme, il s’installe à Paris au début des années 2000 et travaille pour une société qui effectue des travaux pour la SNCF. « C’était à l’époque où la SNCF voulait transformer les grandes gares parisiennes en centres commerciaux. J’y ai contribué et mes plus gros chantiers sont Paris-Est et la gare Saint-Lazare », affirme-t-il. En 2007, la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte le contacte pour gérer le port de Longoni. Il accepte et en devient le directeur technique. Si le jeune homme n’a aucune expérience en tant que directeur, il gère une équipe d’une centaine de personnes. Il est particulièrement fier de cette période car il estime avoir réalisé de grands travaux.
« On a créé et aménagé toute la zone vie de Longoni. Il n’y avait rien là-bas avant. Et puis lorsque j’étais en poste, on a également mis en exploitation le deuxième quai du port », affirme-t-il. En 2013, lorsque le groupe Mayotte Channel Gateway prend les rênes du port de Longoni, il quitte ses fonctions et décide de retourner sur les bancs de l’école. « Dans ma philosophie de vie, je n’aime pas prendre des responsabilités si je sens qu’il manque quelque chose », indique-t-il. Alors il s’inscrit en MBA à la Neoma Business School de Paris. Il termine son cursus en 2015, mais avant la fin, en 2014, on lui propose d’occuper le poste de directeur général de la CCI. « C’était une belle entrée en matière pour moi, qui était encore en école. Dès 2014, nous avons tracé nos axes prioritaires et avons commencé à redresser la CCI afin de la positionner là où on le souhaite. » À cette époque, Zoubaïr Alonzo reprend une Chambre en difficulté et mise sous tutelle. Mais cela ne le décourage pas, bien au contraire. Il est déterminé à sortir la tête de l’eau. En parallèle de ses obligations professionnelles, il reprend une nouvelle fois ses études et part se former à Institut des Hautes Études de Défense Nationale puis à l’INSP, ancien ENA. Son objectif est de créer de la valeur dans le département « parce qu’il faut que l’on arrive à prendre notre destin en main », estime-t-il.
Mayotte, une île internationale
Le directeur général de la CCI a de grandes ambitions pour Mayotte. « La mentalité californienne doit être la nôtre : Think globaly, act localy. On se positionne dès le début comme étant une île à dimension internationale », lance-t-il. Son modèle de réussite ? Singapour. « C’est un territoire plus petit que Mayotte, et il était très pauvre. En dix ans, ils ont réussi à devenir un territoire développé qui compte sur l’échiquier mondial. » Zoubaïr Alonzo entend bien apporter sa pierre à l’édifice. Cela fait neuf ans qu’il est à la tête de la CCI et il a visiblement l’intention d’y rester encore un moment car selon lui, « c’est dans la durée que l’on construit des choses. » Cependant, il dit comprendre ceux qui ont besoin d’avoir différentes expériences professionnelles, notamment à l’extérieur. « De toute façon quand on est Mahorais, on veut toujours revenir contribuer au développement de son île », affirme-t-il. Seule l’éducation de ses enfants pourrait l’inciter à quitter le département car il n’a pas envie de les « sacrifier », mais pour l’instant il a trouvé une solution, comme à son habitude.
Une visite ministérielle au marché avant de se mettre aux logements

Ancien maire de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Olivier Klein a l’habitude de sillonner les marchés. Le ministre délégué de la Ville et du Logement (son ministère de tutelle est celui de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires) depuis juin 2022 n’était donc pas en terrain inconnu, ce lundi matin. « Est-ce que vous aussi vous avez des prix qui augmentent pendant le ramadan ? », demande-t-il à Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou. Ce lundi matin, le premier entame une visite de trois jours de l’île. Entre les rendez-vous avec les élus locaux et la visite de villages concernés par du renouvellement urbain (Majicavo et Kawéni ce mardi), il est attendu évidemment sur la question des logements. Ce qui ne sera pas pour cette fois. L’ancien président de l’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine), qui est déjà venu à Mayotte trois fois, a d’abord eu le droit à la visite d’un marché qui compte plus de 300 vendeurs aujourd’hui et de petits cadeaux locaux (sel de Bandrélé, vanille de Mayotte, essence d’ylang-ylang). Il devrait en recevoir moins ce mardi matin en arpentant le quartier Talus 2, à Majicavo, visité il y a moins d’un mois par Catherine Vautrin, celle-là même qui l’a remplacé à la tête de l’Anru.
Comores : Regard critique et…humoristique sur la présidence de l’Union africaine et la ZLECAF
« Le colonel Assoumani Azali a été désigné président de l’Union africaine pour un an, le 18 février, après le retrait énigmatique de la candidature du Kenya qui avait convoité pendant plusieurs mois ce poste dévolu à l’Afrique de l’Est pour l’exercice 2023-2024. Un petit pays par la taille, le nombre d’habitants (moins d’1 millions de personnes) et le niveau économique aura à « présider » aux destinées d’un continent peuplé d’1,4 milliard d’habitants au titre d’une région composée entre autres de l’île Maurice, de la Tanzanie et du Kenya qui sont des géants sur les plan économique, démographique et politique par rapport aux Comores. Nombreux, à commencer par l’heureux récipiendaire, considèrent cette nomination comme une première dans les annales diplomatiques.
Certains se hasardent à mettre cette nomination au crédit d’une diplomatie …dont le chef est inexistant et inaudible sur la scène diplomatique, empêtré qu’il est dans un scandale sur une fraude aux prestations sociales dans le département français de la Réunion. Comment peut-on parler de succès diplomatique alors que nous perdons de plus en plus de soutiens y compris dans notre région dans le contentieux qui nous oppose à la France au sujet de l’île comorienne de Mayotte ? L’ouverture d’un bureau de coopération décentralisée de Mayotte à Antananarivo le 20 février 2020 en présence du ministre français des Affaires étrangères d’alors, Jean-Yves Le Drian d’une part et le choix de Mayotte fin juin 2022 comme lieu de négociation et de signature d’un nouvel accord de services aériens entre la France et la Tanzanie d’autre part, illustrent un isolement diplomatique croissant des Comores. Faut-il rappeler que Madagascar est membre du Comité des 7 (Gabon, Madagascar, Cameroun, Algérie, Mozambique et Comores) créé par l’OUA en 1976 pour porter haut la revendication comorienne au sujet de Mayotte ? Que la Tanzanie, place forte du panafricanisme et berceau des premiers mouvements indépendantistes comoriens, ait daigné se rendre à Mayotte pour signer un accord avec la France est emblématique de l’échec de notre diplomatie. Personne ne nous écoute. Ni en Afrique ni ailleurs.
Une intervention attribuée à la France
D’autres, plus réalistes, attribuent à la France la paternité de la nomination du colonel Assoumani Azali à la présidence de l’Union africaine. C’est le cas du journal le Monde qui a indiqué que « Nairobi a fini par retirer sa candidature après une série de tractations et une discrète demande de la France. Paris s’est activé en coulisses pour refréner les ambitions de William Ruto, tout juste élu président du Kenya, et laisser le champ libre à l’archipel ». Toutefois, je ne suis pas d’accord avec ceux qui affirment ou suggèrent que la France a fait élire le colonel Assoumani Azali pour exécuter son agenda au sein de l’Union africaine. La présidence de notre organisation continentale est une charge symbolique. Le président de l’Union Africaine ne peut en aucun cas se substituer aux chefs des États membres pour engager ces derniers sur la scène internationale. C’est la Conférence des chefs d’État et de gouvernement et non le président de l’Union africaine qui est l’organe suprême de décision et de définition des politiques de l’Union africaine. Le président de l’Union africaine est un « primus inter pares », c’est-à-dire c’est un premier parmi les pairs. Il préside l’Union africaine sans avoir de pouvoirs propres.
Les statuts de notre organisation continentale diffèrent de ceux de l’Union européenne qui est une union politico-économique qui dispose de compétences propres qui lui sont déléguées ou transmises par traité par les états membres. La France n’a pas besoin du colonel Azali ni pour défendre ses intérêts au Sahel ni pour obtenir l’alignement du continent sur ses positions au sujet du conflit russo-ukrainien. La France connaît parfaitement les pays dont la voix compte en Afrique, qu’ils assurent ou pas la présidence de l’Union africaine. Il s’agit de la Tanzanie, de l’Egypte, du Maroc, de l’Algérie et de l’Afrique du Sud. Ces 2 derniers l’ont prouvé ce samedi 18 février en obtenant l’expulsion de la représentante d’Israël de la salle où se tenait le Sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine malgré son statut d’observatrice et un badge d’accès à la conférence.
La France a-t-elle fait hisser le colonel Azali « au sommet » de l’Afrique pour le récompenser pour ses bons et loyaux services ? C’est plausible même si j’ai des doutes. En tout cas l’intéressé en est satisfait. La charge est symbolique mais elle suffit au bonheur du dictateur. Il est le seul à avoir exercé la magistrature suprême des Comores à plusieurs reprises. Il considère cela comme un exploit malgré un bilan nul. Le voici nommé Président de l’Union africaine. Encore un exploit pour sa gloire personnelle et pour le hayssa de ses partisans.
Le « marabout » de Macky Sall ?
Et si la vérité se trouvait dans les propos tenus par son ami et prédécesseur Macky Sall lors du passage de relais ? Le président du Sénégal a présenté son homologue comorien comme « son marabout », entendez « sorcier ». Le colonel Azali a vanté lui-même ses compétences en matière de sorcellerie auprès du président Macron lors de la célébration de la fête nationale française le 14 juillet 2022. Les faits lui donnent raison. La population comorienne est anesthésiée malgré la faillite de l’enseignement, la déliquescence du système de santé, la hausse de la criminalité, la violation des libertés publiques et individuelles, les pénuries, la vie chère (inflation supérieure à 18 %entre novembre 2021 et novembre 2022), l’augmentation de la précarité, le creusement des inégalités et les fréquentes coupure d’eau et d’électricité. L’opposition multiplie les erreurs stratégiques et marque souvent contre son camp.
Ceux qui estiment que les Comores n’ont rien à vendre aux autres états africains et s’interrogent donc sur l’intérêt pour les Comores de ratifier le traité instituant la ZLECAF (Zone de Libre Echange Continentale Africaine) doivent comprendre, à la lumière des propos du président sénégalais, que nous avons une expertise reconnue à l’international que nous pouvons exporter en Afrique sans subir des droits de douane en application de l’article 4 dudit traité. Nos sorciers, à commencer par notre président, sont les meilleurs du monde. Notre sorcellerie peut être assimilée à un commerce de service et sera à ce titre régie par l’article 4 du traité instituant la ZLECAF. Ils pourront voyager librement dans l’espace ZLECAF pour fournir leurs prestations en franchise de droits de douane. Ils pourront également faire entrer dans cet espace sous ce même statut nos « mrimdu » et nos « mwatrani » qui sont plus efficaces et plus compétitifs que les arbustes des bords du Nil, de la forêt équatoriale congolaise, de la savane zambienne et de la steppe sénégalaise. Pour terminer, nos sorciers pourront prescrire à leurs clients des soins complémentaires sur les bords du lac Nyamaouiyi. Ce tourisme maraboutique, oups je voulais dire médical, sera une formidable source d’entrée de devises aux Comores. Je parie fort que ces touristes africains dépenseront plus chez nous que les 1.040 touristes européens du bateau de croisière MS Artania.
Aucun service n’étant gratuit dans ce monde, nos sorciers, à commencer par leur chef, devront prévoir de reverser une partie de leurs honoraires au publicitaire Macky Sall à titre de rémunération de ses services. »
Cheikh Ali Abdourahamane, juriste et représentant en France du parti Chouma
Bientôt la fin des barges ?

Véritable cordon ombilical reliant au quotidien les deux principales îles de Mayotte, la barge du Service de Transport Maritime (STM) pourrait ne plus naviguer d’ici peu. Alors que leur armateur, la collectivité départementale de Mayotte, continue à faire la sourde oreille aux injonctions des contrôleurs, le feu continue de couver en interne. Cette fois, ce sont les syndicats, intra-muros, qui donnent de la voix. Un arrêt brutal des mouvements de barges n’est pas à exclure, et ce très prochainement.
Habitués depuis de nombreuses années à entendre parler des difficultés de gestion financière et matérielle du STM, les milliers de passagers qui empruntent chaque jour ces navires, de 5h30 à 00h30 (en semaine), ne cachent plus leur exaspération teintée d’une forte inquiétude sur ce qu’ils entendent ici et là sur l’état des barges. C’est qu’il se dit des « vertes et des vraiment pas mûres » au sujet de ces navires et du service qui les gère. Vérité ou intox, qu’en est-il vraiment ? La mauvaise gestion du système est un secret de polichinelle depuis une vingtaine d’années, avant, mais plus encore après l’application de la décentralisation à Mayotte. Le problème, c’est que la situation n’a jamais cessé d’aller de mal en pis, sans que les autorités compétentes ne daignent y apporter des solutions sérieuses et pérennes.
La menace d’une grève
« C’est un service public, il est parfaitement compréhensible qu’il soit durablement déficitaire », se plaisent à avancer les défenseurs du conseil départemental. Ou encore « ça n’a jamais été différent du temps où la collectivité territoriale de Mayotte était sous tutelle directe des services de l’État ». Les détracteurs, eux, se limitent à constater l’aspect « magnégné » de la gestion de ces barges dans l’incapacité de respecter même les horaires d’arrivée et de départ aux embarcadères de Dzaoudzi comme de Mamoudzou. En effet, force est de constater que si dans la règle, une barge est supposée partir d’un point à un autre tous les quarts d’heure, ce n’est plus le cas depuis belle lurette. L’incertitude et la prévoyance sont désormais les maîtres mots pour tous les passagers ayant un rendez-vous important sur l’une ou l’autre des deux îles. Les barges peuvent accuser jusqu’à une heure de retard, et le STM trouve cela normal.
Depuis qu’un directeur d’exploitation démissionnaire a jeté un pavé dans la mare le mois dernier, les langues se sont énormément déliées en aparté, mais pas du côté officiel. Que ce soit du côté de l’armateur ou des contrôleurs que sont les Affaires maritimes, circulez, il n’y a rien à dire. Sans que cela ne soit écrit, bien sûr, les services de l’État indiquent qu’ils ne communiqueront pas sur ce dossier. À charge pour la presse de s’adresser à un obscur service compétent pour tout l’océan Indien, basé à La Réunion, qui demeure tout aussi muet. Via les syndicats, le personnel du STM a décidé cette semaine de briser l’omerta. Au siège de la CGT Mayotte, on apprend que la menace d’une grève dure plane sérieusement sur le service et pourrait sonner le glas des rotations de barges.
Le STM n’a pas le droit de transporter des passagers
Il est fait mention d’un rapport des services des Affaires Maritimes, lequel met en lumière un non-respect des normes de la navigation internationale par le STM et cela dans une période qui excède dix ans. Parmi ces manquements soulevés, il y a les brevets des commandants des barges qui ne seraient plus à jour. Selon notre interlocuteur, ce rapport accablant contre la collectivité départementale de Mayotte fait apparaître une nécessité absolue de formation continue permettant de revalider les brevets de pilotage en question tous les cinq ans. Ainsi, à ce jour, au regard de leur déontologie, les commandants du STM n’auraient même pas le droit de dénouer une barge amarrée à un ponton flottant, et encore moins de la déplacer pour transporter des passagers.
À qui la faute ? Pour les syndicats, la réponse est sans détour, le conseil départemental de Mayotte porte la responsabilité de cette situation, tout comme les services de l’État. À leurs yeux, le premier est l’armateur des navires, quand le second est le garant de la paix sociale et de la sécurité collective. « La discordance entre les deux est inacceptable, surtout qu’au milieu de leurs joutes il y a le personnel de la STM. Nous dénonçons avec force cette façon de procéder et nous n’excluons pas de demander d’ici peu aux agents concernés de se retirer de ces navires afin de leur éviter à devoir supporter des responsabilités incombant aux pouvoirs publics », lance la CGT Mayotte.
Un manque de considération du personnel
L’on apprend également que les barges ne fonctionneraient plus couramment qu’avec trois moteurs au lieu de quatre et depuis peu avec deux moteurs seulement, d’où le droit de retrait que le personnel navigant avait fait valoir il y a trois semaines. Dans la foulée de cet événement, le conseil départemental et les syndicats s’étaient réunis autour d’une table à Mamoudzou, il y a deux semaines. Ces derniers ont demandé à l’exécutif du territoire de signer une décharge au travers de laquelle il dédouanerait tout le personnel affecté au fonctionnement des barges de poursuites judiciaires éventuelles, consécutives aux manquements reprochés à l’armateur. Une demande rejetée par la CD, laquelle se serait bornée à signaler que « tout accident intervenant sur un navire relève de la responsabilité de son armateur ».
Au sujet des formations faisant défaut au personnel des barges, les syndicats nous apprennent une autre énormité. Le service des Affaires maritimes en aurait dispensé une en 2022, mais les certificats n’auraient finalement pas été délivrés. Motif ? Les bénéficiaires de la formation n’auraient pas subi de visite médicale alors que cela est exigé. Un autre fait dénoncé à la CGT Mayotte comme étant une manière de mettre des bâtons dans les roues de la STM. « La nature ayant horreur du vide, l’État prend de l’espace inoccupé par le conseil départemental de Mayotte alors même qu’il appartient à ce dernier de définir la politique publique sur ce territoire. Ce n’est pas un cas isolé, on le voit encore mieux au niveau du GIP Europe, où la préfecture limoge un directeur nommé par la CDM pour diriger une structure créée à son initiative, fusse-t-il en partenariat avec l’État », conclut notre interlocuteur.
Retrouvez l’intégralité du dossier consacré à la barge dans le numéro 1032 de Mayotte Hebdo, à retrouver gratuitement ici : www.mayottehebdo.com/mayotte_hebdo/
Une auto-école solidaire dans le nord
Le projet d’auto-école associative et solidaire à M’tsamboro, porté par l’association Agir pour le développement intégré du nord de Mayotte (ADINM) a été inauguré ce vendredi 24 février. La structure a ouvert ses portes depuis juin 2022, et compte d’ores et déjà 22 inscrits. Cette auto-école permet de lever l’un des principaux freins à l’emploi, celui de la mobilité.
En 2022, des naissances encore en hausse à Mayotte
A Mayotte, 10 730 bébés de mères domiciliées sur l’île sont nés en 2022, soit 110 de plus qu’en 2021 (+1 ,1 %) et 1 540 de plus qu’en 2020 (+17 %), selon l’INSEE.
La légère hausse des naissances en 2022 est concentrée sur le premier trimestre (+11 % par rapport au 1er trimestre 2021). Sur le reste de l’année 2022, le nombre de naissances est légèrement inférieur à l’année précédente (7 960 naissances d’avril à décembre 2022 contre 8 090 sur la période correspondante de 2021).
Toutefois, en lien avec la croissance démographique et l’épidémie de Covid-19, les décès augmentent également fortement en 2022 par rapport à 2019 (+23 %) : 970 personnes décèdent ainsi en 2022, un niveau toutefois inférieur à celui de 2021. Cette hausse de la mortalité touche particulièrement les personnes âgées de 75 ans ou plus, comme à La Réunion et en France métropolitaine. À Mayotte, la mortalité concerne en revanche aussi les moins de 50 ans. Dans le 101e département, les décès surviennent davantage à domicile (56 %) soit deux fois plus qu’au niveau national. Les décès à l’hôpital sont moins fréquents à Mayotte (34 % contre 52 % en France), les autres décès ayant lieu sur la voie publique. Par rapport à 2019, la part de décès à domicile augmente de 8 %.
En 2022, l’augmentation du nombre de naissances est ainsi supérieure à celle des décès. En conséquence, le solde naturel, différence entre les naissances et les décès, repart à la hausse. Il s’élève à + 9 760 en 2022.
Un nouveau partenaire officiel pour Nasrane Bacar
Impliqué dans le développement de ses territoires de La Réunion et de Mayotte, le Crédit agricole de La Réunion prônant la valeur du « Sport comme école de la vie », s’engage dans un partenariat avec Nasrane Bacar, sportive mahoraise de haut niveau en athlétisme et récemment titrée. Elle devient le nouveau visage du « Sport comme école de la vie » de la caisse régionale à Mayotte. Ce modèle est vecteur de lien social et moteur du vivre-ensemble. Le Crédit agricole de La Réunion a décidé de soutenir l’athlète pour atteindre ses objectifs sportifs pour ces deux prochaines années.
La CCSud lance le concours photo « Photo Langou »
Dans le but de valoriser le patrimoine naturel du territoire intercommunal du sud de Mayotte et sensibiliser sa population aux enjeux de la biodiversité, la CCSud organise un concours de photographie sur les réseaux sociaux du 1er mars 2023 au 30 avril 2023.
Le présent concours portera sur 3 thématiques : aux couleurs des oiseaux ; oh des reptiles ! ; les jolies courbes du sud. Ces différentes thématiques vont permettre de valoriser la biodiversité à travers l’observation de la faune, de la flore et du paysage du territoire de l’intercommunalité.
Le concours est gratuit et ouvert à tous, photographe individuel, amateur ou professionnel, majeur comme mineur à l’exclusion des membres du jury et des agents/élus de la CCSud. Le règlement du concours est consultable sur le site internet de la CCSud.
Mayotte, La Réunion, la métropole au Mozambique pour le « Business Forum Mozambique »
L’Ambassade de France au Mozambique, la Chambre de commerce et d’industrie France-Mozambique (CCIFM) organisent un « Business Forum au Mozambique (BFM) » qui aura lieu à Maputo les 24 et 25 avril 2023.
L’objectif de ce forum est de réaliser des rencontres d’affaires multisectorielles pour développer les échanges entre les entreprises mozambicaines, réunionnaises, mahoraises, de France métropolitaine, et également avec le secteur public mozambicain.
Les entreprises de l’ESS qui souhaitent participer à cet événement peuvent contacter la Cress de Mayotte à contact@cress-mayotte.org avant le 10 mars. La préfecture de Mayotte organise la délégation des acteurs privés et publics du territoire. Retrouvez en détail le programme ici : https://bit.ly/3IkPr60
« Le maoulida shengué est un patrimoine, notre patrimoine »
Le maoulida shengué, premier patrimoine immatériel de l’île de Mayotte inscrit à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel national a été célébré en grand et avec fierté ce samedi à Chiconi. Pour l’occasion, toutes les communautés de shengué avaient fait le déplacement afin de fêter ce chant qui résonne de tout temps, dans tous les villages mahorais.
Sous les chapiteaux installés pour l’occasion place Sicotram à Chiconi, l’événement organisé par le Département de Mayotte et la ville de Chiconi, a commencé en début de matinée avec une initiation à l’ensemble musical du maoulida shengué. Percussions ou kaswida (chant) tels ont été les thèmes présentés. Pour conclure ce moment de partage, les participants ont pu aller sur les pas du mbazia, la chorégraphie traditionnelle. Cette initiation était également l’occasion d’assister à une démonstration de fabrication du tari, l’un des instruments traditionnels utilisé. Dans la continuité, était organisée une table-ronde portant sur le patrimoine immatériel à Mayotte, ses enjeux et perspectives de valorisation.
En début d’après-midi, ce sont plusieurs centaines de personnes issues de 42 communautés, qui ont pris place afin de lancer la cérémonie de maoulida shengué. Installés séparément, les hommes d’un côté et les femmes de l’autre, les communautés ont donné de la voix et ont vibré au son du shengué. Pendant quatre heures, les chants et danses traditionnels se sont enchainés, pour donner lieu à un grand partage de traditions.
Le shengué, une célébration
L’événement de célébration pour l’inclusion du maoulida shengué au patrimoine culturel immatériel national, a donc réuni toutes les communautés de shengué de l’île, provenant du nord comme du sud, d’est comme d’ouest et aussi de Petite-terre. Ces communautés interviennent dans toutes les circonstances de la vie et célèbrent les réussites ou les moments de recueil. Cette tradition célèbre aussi dans la spiritualité et la prière, les départs des proches et la réalisation des vœux pieux. « Ce sont ces valeurs d’humanité que font du maoulida shengué un patrimoine, notre patrimoine », annonce fièrement Zouhourya Mouayad Ben, vice-présidente du conseil départemental. Au travers de cette première inscription à l’inventaire national, Mayotte contribue au « récit national ». Elle permet à la nation de partager les traditions du territoire, « ses expressions vivantes héritées de nos ancêtres ».
Une collaboration entre le Gepomay et le Parc national de Mohéli « pour mieux suivre les oiseaux dans la région »

Trois cadres du Parc national de Mohéli ont passé une semaine dans le département dans le cadre d’une mission de compagnonnage avec le Groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay) financée par l’Office français de la biodiversité (OFB). L’objectif : s’imprégner des protocoles et méthodes du Gepomay pour mettre en place le suivi des oiseaux à Mohéli. Nous avons suivi les équipes lors d’une matinée de comptage à la vasière des Badamiers.
– « Là : un zostérops ! » – « Celui-ci est endémique à Mayotte, le plumage est différent du votre » – « Oui, mais le chant est le même ! » Ben Anthoy, directeur technique du Parc national de Mohéli, met les pieds pour la première fois dans la vasière des Badamiers, en Petite-Terre. Pour autant, son œil alerte et son ouïe aiguisée repèrent et identifient les oiseaux qui nous entourent ce vendredi matin avec une facilité déconcertante. Un piaillement lointain ? « Un pluvier argenté. » Un long bec courbé repéré au loin à l’aide de jumelles ? « Courlis corlieu. » A ses côtés, deux collègues du parc mohélien, et deux représentants du Groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay). Nous autres, journalistes, suivons la troupe et avons bien du mal à discerner le moindre volatile dans le vert des palétuviers ! Néanmoins, un observateur aguerri pourrait dénombrer une bonne vingtaine d’espèces d’oiseaux côtiers sur le site, pour la plupart des migrateurs.
Pour le directeur technique et ses confrères du Parc national de Mohéli, la matinée clôture une semaine de visite à Mayotte, organisée dans le cadre d’un projet de compagnonnage avec le Gepomay, et financé par l’Office français de la biodiversité via le programme TeMeUm (terres et merres ultramarines). « L’objectif, à terme, est de mettre en place le suivi des oiseaux à Mohéli », renseigne Malo Braquier, coordinateur de l’observatoire des oiseaux côtiers de Mayotte au sein du Gepomay. « Nous leur apportons donc nos compétences sur ce domaine. » « On a beaucoup appris cette semaine », se ravit Ben Anthoy. « Surtout sur les techniques de comptage, les protocoles à respecter, etc. » Sur le vaste site de la vasière des Badamiers, les agents mohéliens sont ainsi sensibilisés au « comptage simultané » par secteurs, pour éviter un « double-comptage » des oiseaux et donc une surestimation des populations. « Plus tôt dans la semaine, sur les autres sites, nous avons abordé d’autres méthodes : la mise en place d’itinéraires de suivi, avec les bonnes distances à respecter entre les points d’observation, par exemple. Ce sont des outils simples à mettre en pratique », estime le directeur technique, qui en anticipe déjà le déploiement pour « intégrer Mohéli dans les plateformes régionales de comptage et de suivi des oiseaux ».
« Il y a plusieurs bénéfices à cela : s’ils mettent en place des suivis chez eux, on acquerra davantage de données. Les oiseaux côtiers bougent beaucoup, donc il peut y avoir des échanges de populations avec les îles voisines. Le fait de régionaliser les suivis permettra d’avoir des données plus fiables… de répondre à certaines questions. Par exemple, de savoir s’il y a moins d’oiseaux à Mayotte cette année, est-ce parce qu’il y en a plus à Mohéli ? », détaille le coordinateur du Gepomay, dont une équipe s’est déplacée sur l’île voisine pour prendre connaissance des conditions de travail des agents et des contraintes de terrain spécifiques.
« En une semaine là-bas, on a observé une quarantaine d’espèces. Si les oiseaux forestiers bougent peu, et ont tendance à être endémiques, les limicoles (les oiseaux qui vivent et se nourrissent dans la vase, NDLR) sont pour beaucoup les mêmes à Mohéli et à Mayotte », informe Malo Braquier. Similarité des espèces, donc, mais aussi similarité des enjeux : «la déforestation, le changement climatique, la présence de l’homme… nos oiseaux subissent des pressions similaires », plaide le directeur technique de Mohéli, convaincu que cette collaboration avec le Gepomay « ne fait que commencer ! »
Un club des entreprises qui s’engagent à Mayotte

Le dispositif lancé en métropole en 2018 n’était pas encore arrivé dans le 101e département. L’objectif : inciter les entreprises à recruter des personnes éloignées de l’emploi et leur permettre de s’entraider.

« Aujourd’hui, nous voulons nous engager pour la jeunesse et pour le handicap. » Le représentant de la société Mactoo, qui met au point un système de géolocalisation pour suivre des véhicules en temps réel, vient de rejoindre le « club des entreprises qui s’engagent ». L’objectif : se réunir avec d’autres entreprises mahoraises afin d’agir pour une « société plus inclusive », en recrutant des personnes en situation de handicap et éloignées de l’emploi. Le dispositif, initié en 2018 par le Président de la République, n’avait pas encore été lancé à Mayotte. La BGE, qui aide à la création d’entreprise sur le territoire, a annoncé son lancement ce vendredi 24 février, après avoir répondu à l’appel à projets de la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DEETS) qui lui a octroyé 30.000 € pour animer ce réseau.
Déjà une dizaine d’entreprises engagées
« L’objectif est de réunir une quinzaine d’entreprises, souligne Michel-Henri Mattera, directeur de la Deets à Mayotte. Et déjà une dizaine ont annoncé vouloir s’engager. » Aux côtés de Mactoo, de grands groupes comme Total, Colas ou Etic souhaitent rejoindre le club. Mais également de petites structures, telles que la Quincaillerie et alimentation générale de Sophiata Souffou, à Tsimkoura. « Au sein du réseau, les chefs d’entreprises pourront se conseiller et s’appuyer sur les dispositifs existants, souligne Christian Saint-Étienne, directeur de Pôle emploi à Mayotte. Une aide qui n’est pas suffisamment connue est l’emploi franc. Elle permet à un employeur de bénéficier de 15.000 € pour le recrutement d’un salarié. L’an dernier, nous pouvions financer 200 emplois ainsi et nous n’en avons aidé qu’une centaine. Alors qu’il y a un besoin majeur, il y a une sous utilisation de ce dispositif. »
En parallèle, les entreprises peuvent s’appuyer sur un autre outil de Pôle emploi appelé La bonne formation. Il permet aux entreprises d’identifier des demandeurs d’emploi ayant des formations qualifiantes. « Les recruteurs peuvent ainsi être autonomes dans leurs recherches », poursuit le directeur de Pôle emploi.
« Il faut créer de l’emploi »
Pour Saïd Kanbi Saïd, trésorier adjoint de la BGE, « l’objectif de ce club est en effet d’accompagner les personnes éloignées de l’emploi mais également, pour les entreprises, de créer leurs propres ressources et de se développer grâce aux dispositifs existants. » Dans le département où le taux de chômage s’élève à 34% en 2022, soit une hausse de 4 points depuis 2019, et où la moitié des emplois se concentre dans le secteur public, « il faut créer de l’emploi », insiste Michel-Henri Mattera, directeur de la Deets.