Dernière ligne droite pour les candidats de la course de pneus qui aura lieu le dimanche 25 juin. Jusqu’au 13 juin, il est encore possible de s’inscrire. Il suffit de composer son équipe de cinq coureurs, de choisir sa catégorie (femme, homme, mixte, gros pneus ou mama) et son nom d’équipe. Des bulletins d’inscription sont mis à disposition qu’il faudra déposer dans les urnes prévues à cet effet, dans les différents points relais : la mairie de Mamoudzou, Casal Sport, Douka pro, Orange (Kawéni), BFC, ADEP, Point S (Kawéni, Mamoudzou). Les gagnants seront désignés le jeudi 15 juin, par tirage au sort sur l’émission radio de Mayotte la 1ere.
Le comité interministériel de l’Outre-mer reporté au 3 juillet
Présidé par la Première ministre Élisabeth Borne, le CIOM (Le comité interministériel de l’Outre-mer) doit permettre l’élaboration d’une feuille de route pour chaque territoire. Elle concernera à la fois leurs problématiques locales, mais aussi leurs évolutions politiques. A Mayotte par exemple, le président du Département, Ben Issa Ousseni, le président de l’association des maires, Madi Madi Souf, et les parlementaires ont rédigé un document commun, qu’ils ont rendu public le 6 juin, afin de rappeler les enjeux à Mayotte. Il était question de la sécurité, l’immigration, l’égalité des droits et des moyens alloués aux collectivités. A moins d’une semaine du CIOM, les élus mahorais comptaient rappeler à Paris qu’il y a beaucoup à faire ici. Malheureusement pour eux, ils devront attendre encore un peu. Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outre-mer, a confirmé un report du CIOM au 3 juillet.
Trois coupeurs de route de Vahibé interpellés ces derniers jours
La police de Mamoudzou a appréhendé trois jeunes hommes, ces mercredi et jeudi, puis les a placés en garde à vue. Ils sont soupçonnés d’être impliqués dans les barrages de Vahibé, sur la route entre leur village et celui de Combani. Connus des services de police, ils étaient recherchés ces dernières semaines. « Plusieurs faits leur sont reprochés », confirme-t-on, du côté du bureau du procureur, qui va devoir déterminer leur présence sur tel ou tel barrage. Ils pourraient être déférés au tribunal judiciaire de Mamoudzou, ce vendredi.
« La rénovation de la bibliothèque de Cavani était nécessaire »

Cela faisait plus de trois ans que la bibliothèque départementale de Cavani avait fermé ses portes pour travaux. Ce jeudi 8 juin, le lieu, ainsi que la direction départementale de la culture et de la lecture publique qui s’y trouve, ont pu être inaugurés par Ben Issa Ousseni, président du Ccnseil départemental, Ambdilwahedou Soumaïla, maire de Mamoudzou, et Guillaume Deslandes, directeur de la direction des affaires culturelles de Mayotte (DAC). Tous les trois ont faire part de leur volonté de promouvoir la lecture sur le territoire mahorais.
« Ensemble, nous venons de restituer ses lettres de noblesse à ce grand patrimoine culturel et intellectuel qu’est la bibliothèque de Cavani. » Tels ont été les mots prononcés par Ben Issa Ousseni, président du conseil départemental de Mayotte, lors de l’inauguration de la réouverture de la bibliothèque de Cavani et de la direction départementale de la culture et de la lecture publique, ce jeudi matin. Après plusieurs prises de paroles par les élus locaux, le bâtiment a rouvert ses portes au public au son de chants traditionnels.
1,2 million d’euros de travaux
En novembre 2019, la bibliothèque de Cavani avait dû fermer ses portes, car le bâtiment ne correspondait plus aux normes françaises. Après avoir accueilli les Mahoraises et les Mahorais pendant plus de vingt ans, la bâtisse présentait plusieurs problèmes d’infrastructure, tels que des infiltrations d’eau, ou des circuits électriques délabrés. Dirigés par le conseil départemental, les travaux ont duré un peu plus de trois ans, puisque ralentis par la crise sanitaire. L’occasion a été prise pour la bibliothèque de se refaire une beauté. Le sol et les plafonds du bâtiment ont été rénovés et les anciens meubles remplacés par du nouveau mobilier. « Au bout de longues années de service, la rénovation de notre établissement était nécessaire, car vous méritez un lieu de travail et de rencontre confortable », affirme le président de la collectivité, en direction des employés de la DDCLP.
Durant la période de rénovation, la plupart du personnel – une quarantaine de personnes – a été redirigée dans divers espaces départementaux et municipaux, dont les autres bibliothèques de l’île. Fatima Saïd Abdou travaillait en tant que chef de service lors des travaux. Après avoir télétravaillé pendant la pandémie, elle est revenue au sein de l’établissement pour réorganiser les différents ouvrages de la bibliothèque. « Il y a eu différentes phases de déménagement et de réaménagement », explique-t-elle. « On a dû ramener les livres qui étaient stockés ailleurs, insérer dans la base les nouveaux ouvrages qu’on avait acquis, ça a pris beaucoup de temps. »
Faciliter l’accès à la culture
Faire de la lecture un pilier de l’éducation, tel est l’objectif du maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaïla. Pour lui, « l’achèvement de cette bibliothèque marque le point de départ d’une nouvelle ère des rapports à la lecture et à la culture ». La rénovation du bâtiment a pour but de rendre la culture plus accessible à tous et de permettre aux usagers et la jeunesse de s’informer plus facilement. En plus de proposer un accès libre aux ouvrages, le service culturel met à disposition plusieurs salles de travail, afin d’offrir la possibilité de travailler dans un environnement adapté. « Il faut qu’à Cavani, on crée les conditions nécessaires pour donner toutes les chances à nos enfants de réussir demain », ajoute le maire.
Élargir l’accès à la culture, c’est aussi réduire les inégalités sociales. Pour Guillaume Deslandes, à la tête de la direction des affaires culturelles de Mayotte (DAC), la réouverture de la bibliothèque est un soulagement. « Nous pouvons enfin continuer à donner à tous la chance de lire, d’apprendre », certifie-t-il. « Selon une étude de l’Insee, 58% des personnes en âge de travailler à Mayotte ne maîtrisent pas les compétences de base de l’écrit en langue française », continue-t-il. « Si nous voulons réduire l’illettrisme dans notre département, nous devons fournir aux gens les ressources dont ils ont besoin pour réduire. Nous devons en faire une priorité. »
Ouverture d’information pour une tentative de meurtre à Majicavo
Le Parquet de Mamoudzou va ouvrir une information judiciaire, ce vendredi, à la suite d’une tentative de meurtre. Les faits datent de dimanche, en fin d’après-midi, à Majicavo-Lamir. Un homme d’une trentaine d’années a fait usage d’une arme à feu contre un autre âgé de 28 ans, lui tirant dans le postérieur et dans le dos. Les jours de la victime ne sont pas en danger. Ni elle ni le tireur n’ont été très clairs sur les circonstances, mais le règlement de comptes pourrait être lié à des rivalités entre bandes rivales.
Les élèves mahorais impliqués dans la chasse aux microplastiques

Des collégiens et lycéens mahorais ont pu pendant plusieurs mois expérimenter comme de vrais scientifiques. Dans le cadre du projet Plasma du Parc naturel marin de Mayotte, ils ont pu exposer le fruit de leur travail à La Croisette, à Mamoudzou, ce jeudi 8 juin, lors de la journée mondiale des océans.
Après des mois de recherches, les élèves, tous assis autour de leurs stands, sont fiers de présenter ce qui vient clore leur travail. En effet, le Parc naturel marin de Mayotte a décidé dans son projet Plasma d’impliquer les jeunes dans la science participative. Une classe du collège de Passamaïnty et une du lycée des Lumières de Kawéni y ont participé au long de l’année. « Déchets-nés », pour « déchainés », c’est le surnom trouvé par les élèves et ils en sont très fiers. Affichés aux murs de La Croisette, ce jeudi 8 juin, des posters produits par les élèves résument leurs rôles et missions ces derniers mois. « J’ai beaucoup appris avec ce projet, j’ai eu l’impression d’avoir un impact », témoigne Nadhoimati Soula, élève de seconde au lycée des Lumières. Ils présentent, le sourire aux lèvres et aux passants qui s’arrêtent, comment ils ont apporté leur pierre à l’édifice dans cette recherche scientifique. Un choix délibéré du Parc marin lorsqu’ils ont lancé cette nouvelle expérience. « On implique les élèves dans nos protocoles de recherche, qu’ils soient en sciences sociales ou classiques. On a alors imaginé avec eux des protocoles pour que les élèves soient acteurs de cette construction du savoir », explique Mathieu Leborgne, enseignant-chercheur en sociologie.
« C’est un programme interdisciplinaire », raconte Touffail Mohamed Ali, professeur de technologie au collège de Passamaïnty. Trois autres, respectivement en physique pour les calculs, en sciences et vie de la terre pour la géologie et en histoire-géographie pour la cartographie de l’île, ont supervisé le projet avec lui au sein du collège. Atteindre l’autonomie et inculquer la réflexion scientifique, c’est ce qu’a voulu accomplir l’équipe pédagogique lorsqu’ils y ont inscrit leurs élèves. Ces derniers ont fait des travaux de prélèvements aux rivières de Kawéni, La Jolie et La Goulée, dans des bouteilles d’un litre. Après un filtrage de l’eau, ils ont pu analyser leurs extraits et ont calculé la teneur en plancton et en microplastiques.
« Déployer une force d’enquête sur le territoire »
« L’étude des microplastiques dans le lagon, c’est un projet qui associe sociologie et océanographie : il s’agit d’allier sciences du lagon comme l’hydrodynamique, biologie marine mais aussi mieux comprendre les pratiques locales », fait valoir Mathieu Leborgne. Venant de quartiers parfois difficiles d’accès, les jeunes ont pu effectuer tout le travail d’enquête et d’étude sociologique sur leurs habitats, épaulés par le sociologue. « Par l’intermédiaire de certains élèves, on a pu avoir des données d’endroits difficiles, grâce à des entretiens des questionnaires, à leurs parents ou amis. C’était une manière de déployer une force d’enquête sur le territoire », affirme ce dernier.
Observer en se servant de la sociologie est important, selon Cristèle Chevalier, chercheuse en océanographie. « Le lagon n’est que le réceptacle de choses qui viennent de l’amont, notamment des rivières, qui sont le média de transfert entre les choses qui viennent de la terre et qui vont dans le lagon. Les populations vivent à côté des rivières, il faut donc aussi les étudier. »
Sur ce coup-là, les élèves ont plutôt bien réussi, selon le professeur de technologie de Passamaïnty. « Le but, c’était d’arriver ici pour la journée de l’environnement. Et comme ça, ils ont réussi à voir les problématiques liées aux microplastiques, quelle solution il faut apporter, mais aussi à sensibiliser la population. »
Deux casses coup sur coup privent d’eau une bonne partie de l’îl
Les communes de Mamoudzou, Koungou et celles du sud ont dû subir des coupures d’eau inopinées, ce mercredi soir et dans la journée de jeudi. La raison, deux casses accidentelles à quelques heures d’intervalle. La première a eu lieu, mercredi, sur une conduite d’adduction principale qui alimente le réservoir de tête Majicavo-Haut. La Société mahoraise des eaux (SMAE) avait prévenu alors qu’une interruption était « nécessaire pour réaliser les travaux de réparation ». Celle-ci est intervenue à 18h, pour tous les villages de la commune de Koungou et les Hauts-Vallons, qui sont à cheval sur les communes de Koungou et Mamoudzou. L’eau est bien revenue à 7h, mais pour quelques heures seulement, car « les réservoirs de Longoni, Kangani et Maji-Haut n’ont pas pu se remplir convenablement à cause de difficultés de réamorçage de cette adduction au moment de la remise en eau ». Les villages concernés par la première coupure l’ont été de nouveau une bonne partie de la journée de jeudi, alors que le retour de l’eau était prévu « vers 17h ». « Dans l’attente, des citernes seront positionnées sur les villages de Longoni, Kangani, Koungou, MajicavoKoropa, et Hauts–Vallons », avait prévenu la SMAE. Pire, le secteur entre M’tsapéré et Passamaïnty Ngnambo Titi a enchainé une de ses coupures habituelles, puis l’inopinée, avant la réouverture du robinet vers 20h30, soit 26h30 d’affilée.
Dans le sud, ce sont les travaux au niveau de la gendarmerie de Sada qui ont entrainé des problèmes, ce jeudi. Une casse accidentelle a été réalisée, dans la matinée, par l’entreprise de travaux publics qui était sur place. La conduite, qui alimente tout le sud, devait être réparée dans la journée et a donc été coupée. « La réouverture du service est à prévoir en soirée », avait annoncé la SMAE, jeudi matin.
Se lancer dans l’export pour les entreprises, un défi !

Ce jeudi matin, dans le cadre de la convention entre l’Agence de développement et d’innovation de Mayotte (Adim) et Business France, une douzaine de chefs d’entreprises ont participé à la présentation des possibilités d’accompagnement à l’international. Ainsi, les entrepreneurs ont pu découvrir la Team France Export, présentée par Johann Remaud, directeur outre–mer à Business France.

Depuis quelques années, le volet export a évolué, avec notamment la mise en place d’un guichet unique et l’installation de la Team France Export. Présente sur toute l’Hexagone et dans cinq Drom, dont Mayotte, elle est constituée d’équipes dédiées à l’international de Business France, des Chambres de commerce et d’industrie et BPI France. Mayotte est une exception au niveau national sur le volet de l’internationalisation, car le point d’entrée n’est pas la CCI, mais l’Adim (Agence de développement et d’innovation de Mayotte). « C’est la seule région française à fonctionner comme cela », admet Johann Remaud, directeur du réseau outre–mer de Business France. C’est donc une présentation de la Team France Export et de ses dispositifs, à laquelle ont pu assister des chefs d’entreprises du Medef, de la CPME et certains accompagnées par l’Adim, ce jeudi matin, à la Maison de l’entreprise.
« Il faut avoir un mental d’acier »
A Mayotte, les besoins d’export des entreprises recensés sont essentiellement centrés sur la zone, notamment Madagascar et la Tanzanie. Grâce aux nombreuses implantations mondiales de la Team France Export (TFA). « On a la capacité d’accompagner les entreprises directement sur l’ensemble de l’Afrique de l’est, y compris Madagascar et Maurice », reconnait le directeur. Depuis deux ans, plusieurs entreprises ont d’ores et déjà fait appel aux services de la TFA, « notamment en préparation sur des formations à l’export », admet-il. Localement, un conseiller international au sein de l’Adim est dédié aux entreprises pour leur accompagnement à l’internationalisation. « Pour faire de l’export depuis les territoires ultramarins, c’est encore plus compliqué, il faut avoir un mental d’acier et je suis content de voir des personnes investies aujourd’hui », positive Johann Remaud.
Concrètement, le réseau propose un accompagnement aux entreprises mahoraises souhaitant s’ouvrir à l’international, « à travers des prestations pour structurer leurs démarches à l’export et pour pouvoir identifier les meilleurs partenaires sur les pays visés », justifie le directeur. Cela se traduit par l’organisation de missions de prospection, mais aussi par la réalisation d’études de marchés, de priorisation de marchés. Au total, ce sont douze offres mises en place pour répondre aux enjeux des entreprises. Un positionnement de VIE (Volontariat international en entreprise) est également envisageable, cette solution de ressource humaine permet aux entreprises à un développement à l’international.
Un projet et de la volonté
« Les aides sont là pour donner une impulsion et que les personnes essaient et se lancent », confirme l’orateur. L’appui à l’internationalisation est l’une des aides pour les entrepreneurs locaux qui souhaitent renforcer leur démarche d’ouverture à l’international. Toutefois, cette démarche n’est ligible qu’aux TPE, PME et ETI, qui propose un produit ou service « à valeur ajoutée ultramarine », précise Johann Remaud. Lorsque l’on se lance dans l’export, l’étape du ciblage des pays est incontournable et « n’est pas simple ». Afin de comparer des marchés, la Team France Export intervient en définissant, avec le chef d’entreprise sur la définition de critères macro et micro économiques spécifiques au secteur d’activité de l’entreprise.
« Mettre en place une démarche à l’export, c’est certes coûteux, ça prend du temps, ça demande quand même des prérequis », concède le directeur outremer, qui rappelle que le critère principal est « le projet et la volonté avant tout ».
Une deuxième condamnation en trois jours pour Andhanouni Saïd

Dure semaine pour l’ancien maire de Chirongui (de 2020 à 2022). Condamné à un an de prison ferme ce mardi pour fraude électorale, Andhanouni Saïd l’est de nouveau en appel ce jeudi. Cette fois, ce sont ses voyages en métropole et à Madagascar aux frais de la municipalité, les recrutements de proches à la mairie sans les qualifications requises et une conception très personnelle des marchés publics qui ont poussé la cour d’appel à lui infliger une peine de 18 mois de prison avec sursis et deux ans d’inéligibilité. Le 3 mai 2022, c’était cette affaire jugée en première instance qui avait entrainé sa destitution.
Les protagonistes espéraient sans doute voir leurs peines respectives se réduire ou s’effacer en appel. Condamnés en première instance, le 3 mai 2022, l’ex–maire de Chirongui, son directeur de cabinet (jugé aussi mardi, mais relaxé), son directeur général des services, son adjoint à la sécurité et « son garde du corps » ont été de nouveau condamnés, ce jeudi 8 juin, par la cour d’appel. Les cinq ont pris part à deux voyages qui ont coûté en tout 25.000 euros à la commune. Le premier a eu lieu en septembre 2020, soit trois mois après l’élection d’Andhanouni Saïd, à Issoudun (Indre). Le congrès de l’Actas (Association des cadres territoriaux de l’action sociale) ne concernait pourtant que les fonctionnaires en charge de ce sujet. Mais la municipalité de Chirongui avait choisi d’y déplacer une délégation de six personnes pour 13.000 euros. Outre l’adjointe aux affaires sociales et le directeur adjoint du CCAS, le maire, le directeur de cabinet, le directeur général des services (DGS) et l’adjoint à la sécurité ont participé à l’événement. Sauf que leur géolocalisation et la feuille d’émargement dudit congrès ont indiqué le contraire. « Vous n’y êtes présents qu’une matinée », avait fait remarquer la présidente du tribunal correctionnel, Chantal Combeau, lors du premier procès en mai 2022. Selon le maire, le plan était plutôt de profiter du voyage pour se rendre à Paris, y déposer des dossiers aux ministères de l’Outre-mer et de l’Intérieur. Aucune preuve n’a pu être établi alors que l’élu a passé douze jours en métropole, quand un autre y passera 26 jours. Et leur aventure en région Centre ne s’est pas arrêtée là puisque, malgré les défraiements, la délégation a laissé une note de 3.000 euros dans un hôtel de Châteauroux. « Je ne savais pas qu’il fallait que je paye », s’était maladroitement défendu le maire destitué depuis le 3 mai 2022 et sa condamnation en première instance.
Pour le séjour à Madagascar, une nouvelle délégation avait passé deux semaines et demie à Majanga, en passant par Nosy Bé, pendant les vacances scolaires de décembre 2020 et janvier 2021. Toujours aux frais de la municipalité, Andhounani Saïd s’y est rendu en compagnie de son directeur de cabinet, de son DGS et son garde du corps. Ce dernier est resté cependant dans sa chambre d’hôtel durant le séjour « ayant peur de l’insécurité sur place ». La raison invoquée pour ce voyage : « des échanges culturels avec Madagascar ». Le petit groupe avait tenté de défendre le sérieux de leur démarche en rappelant leurs rencontres avec le troisième adjoint de Majanga, le comité des douanes ou la ministre de l’Enseignement, qui n’est autre que la femme du DGS de Chirongui (il ne l’est plus aujourd’hui). Curieusement, l’adjointe à la culture et le responsable de la culture n’ont pas fait partie du voyage.
Des proches recrutés sans qualifications requises
Autre fait imputé au maire, la prise illégale d’intérêts s’est trouvée de nouveau avérée, en l’occurrence le recrutement de sa fille, sa sœur comme Atsem (agent territorial spécialisé des écoles maternelles) et l’un de ses amis comme « garde du corps ». La première, par exemple, a occupé rapidement la fonction d’assistante de direction pendant six mois. Hormis sur des postes de vendeuse, la jeune femme de 24 ans (relaxée en première instance) n’a aucune expérience d’une collectivité ni de diplôme requis. « C’est mon directeur des services adjoint (DGA) qui m’a dit qu’on pouvait faire ça », avait tenté de se défendre Andhounani Saïd, en mai 2022. « Il m’a dit que ça posait problème uniquement si c’est un emploi fictif. Mais là, ce n’est pas le cas. Beaucoup à la mairie demandent son retour. » Chose rare à Mayotte, un ami du maire, âgé de 68 ans dorénavant, était employé par la mairie pour être « le garde du corps » du maire. « Dès mon élection, il y avait des gens mécontents. Ils venaient à la mairie avec des machettes », avait justifié l’élu. Pour ce qui de la sœur devenue Atsem (agent territorial spécialisé des écoles maternelles), elle n’a pas fait appel cette fois-ci. Elle a été condamnée à trois mois de prison avec sursis en première instance.
Enfin, le favoritisme a été retenu une nouvelle fois contre Andhanouni Saïd. Celui-ci avait la propension à faire appel à un commerçant local et deux loueurs de voitures, sans tenir des marchés publics. L’un d’eux, par exemple, a pu louer quatre véhicules à la municipalité, dont trois à des tarifs « entre plus élevés que le prix du marché », avait remarqué le Parquet. Les deux avaient même trouvé une combine. Ils louaient les véhicules au tarif classique auprès d’autres sociétés, pour ensuite les sous-louer plus cher à la commune. Quant au commerçant, l’affinité du politique qu’il partageait avec le maire lui a permis de facturer 102.000 euros à la municipalité. Les enquêteurs ont pourtant eu bien du mal à trouver des preuves puisqu’ils n’ont trouvé aucune facture à la mairie.
Alors que la condamnation initiale était de 18 mois de prison avec sursis et une inéligibilité pendant dix ans, la cour d’appel a prononcé ce jeudi la même peine de prison, mais a réduit celle d’inéligibilité à deux ans. Alors que des amendes avaient été décidées en première instance, c’est davantage la prison avec sursis qui a été retenue pour les autres. Défendus par maître Ahmed Idriss, le directeur de cabinet écope de trois mois de prison avec sursis, tout comme l’adjoint à la sécurité (également fonctionnaire de police). L’ex-directeur général des services (DGS) a une sanction plus sévère, six mois de prison avec sursis, avec mise à l’épreuve pendant deux ans. Ils n’ont plus l’interdiction de travailler dans la fonction publique pendant cinq ans. Un des deux loueurs de voitures (l’autre n’a pas fait appel) voit sa peine réduite à trois mois de prison, mais ses véhicules restent confisqués. Il ne peut pas répondre à un marché public pendant une année. C’est la même durée retenue pour le commerçant, qui n’a plu une amende de 47.000 euros à régler, désormais commuée en six mois de prison avec sursis.
2e cambriolage des locaux de La Maison des Familles de Dzoumogne
La Maison des Familles du Nord portée par l’association Wadzadé Wa Mahorais a été victime d’un cambriolage mercredi 07 juin, dans la soirée, dans leur structure basée à Dzoumogne. C’est le deuxième cambriolage que subit l’association. Leur ont été dérobés des équipements informatiques tels qu’un ordinateur fixe et son unité centrale, une télévision et une boxe. L’équipe a pu constater qu’en plus du vol, il y a de nombreux dégâts matériels. Aida Halifa, en charge de l’association et première personne sur les lieux témoigne : « Tout me paraissait normal. Après vérification, on s’est aperçu qu’il y avait quelques trucs qui manquaient. Ils sont passés par derrière, c’est pour ça que je ne m’en suis pas rendu compte de suite. Dans le quartier, ça craint ». C’est avec le moral à zéro et des dépenses imprévues en perspective que l’association continue de soutenir sa communauté. Une plainte a également été déposée.
Bandrélé se dote d’une balayeuse aspiratrice
Afin d’améliorer la propreté urbaine et le cadre de vie de ses habitants, la mairie de Bandrélé vient de s’équiper d’une balayeuse aspiratrice. Cet outil moderne mis à la disposition du service technique de la ville de Bandrélé est d’ores et déjà en service dès cette semaine et pourra se rendre dans tous villages de la commune, allant de Hamouro à Dapani.
Essais en mer pour l’amphidrome « Imane » !
La sœur jumelle de « Chatouilleuse », récemment arrivée et mise en service dans le lagon de Mayotte, « Imane », vit ses premiers essais en mer à l’île Maurice. En effet, jeudi dernier, l’équipe du Chantier naval de l’océan Indien (CNOI) a pris place à bord de l’amphidrome Imane, sortie des ateliers de construction de Port-Louis, afin de procéder aux essais en mer du sister-ship de la Chatouilleuse. Ces essais sont cruciaux pour valider le fonctionnement général du navire en conditions réelles avant la mise en service officielle du navire à destination de Mayotte. Rapidement, d’autres essais auront lieu, avec les prestataires, les affaires maritimes et le client.
La journée mondiale des océans célébrée à Coconi ce jeudi
La journée mondiale des océans est célébrée chaque année le 8 juin, depuis 1992. L’objectif de cet événement est de sensibiliser une audience aussi large que possible à l’importance de la préservation des océans. Cela comprend la protection des habitats marins, le maintien des stocks de poissons et la lutte contre les pollutions et les déchets dans les océans. Cette année, CAP Business Océan Indien souhaite initier cet événement dans les territoires membres. La première édition de cet événement sur l’île de Mayotte sera concentrée sur la thématique « redécouvrir l’océan de Mayotte ». A cette occasion, la CCI Mayotte et l’ADIM ont réuni un panel d’acteurs en liens avec l’économie bleue de Mayotte pour nous immerger dans la beauté du lagon et de sa biodiversité. Les acteurs profiteront aussi de cette occasion pour présenter les projets qu’ils ont mis en œuvre et/ou qu’ils prévoient de mettre en œuvre pour valoriser les richesses de notre lagon. C’est une occasion unique d’écouter les différentes contributions des acteurs qui sont à l’œuvre pour protéger et valoriser le lagon. Nous espérons que cet événement contribuera à une plus grande connaissance de notre patrimoine culturel et naturel.
L’association Art.Terre Mayotte élargi son bureau
A la suite de l’assemblée générale extraordinaire de l’association Art.Terre Mayotte, qui s’est déroulée le 11 mai, le conseil d’administration s’est réuni le vendredi 2 juin pour élire les membres du bureau pour les trois prochaines années à venir (2023-2026). Les quatorze administrateurs ont choisi d’élargir le bureau en proposant plusieurs vice-présidents et référents de pôles stratégiques. Cette nouvelle configuration permettre à l’association de déployer ses activités à l’échelle locale, régionale et internationale. Le bureau élu à l’unanimité est composé d’un président, deux secrétaires généraux, d’un chargé de communication et de quatre vice-présidents. La composition du bureau pour les trois années à venir : Mustoihi Mari – président ; Vincent Liétar – secrétaire général ; Nathalie De Loriol – secrétaire générale ; Saïdi Issouf – chargé de communication ; Jean Marie Fayet, Ibrahime Zoubert, Dominique Tessier, El Anrif Bamana et Yasser Saïd – vice-présidents.
Semaine internationale des archives : le Département se mobilise !
Les Archives départementales de Mayotte organisent des portes ouvertes du mardi 6 au samedi 10 juin dans le cadre de la semaine internationale des archives. C’est l’occasion pour le département de mettre en lumière le patrimoine archivistique, ainsi que « son importance pour une bonne gouvernance » au travers de plusieurs événements. Au début de la semaine, des journées professionnelles ont été programmées. Mardi, ce sont les agents des mairies, des intercommunalités et les syndicats qui ont été reçus par les archives départementales. Ce mercredi 7 juin, c’étaient les agents du conseil départemental qui étaient au rendez-vous. Jeudi, ce sera au tour du personnel des services de l’État d’être accueillis. Pour les deux derniers jours de cette semaine spéciale archives, les mahorais et mahoraises pourront découvrir vendredi 9 et samedi 10 l’exposition « L’atelier d’architecture Réalisations Adaptées (RéA) : 25 ans d’activités au service de l’aménagement et du développement de Mayotte » de 8h30 à 15h.
Rugby : les finales du championnat à 7 ce samedi
La saison de rugby se découpe en deux parties à Mayotte. Il y a le championnat à 10, puis celui à 7. Ce samedi 10 juin, à 13h, c’est le deuxième qui prend fin au stade Baobab, à Mamoudzou. Deux finales seront jouées cet après-midi-là, il y aura celles des seniors filles et seniors garçons. Pour les catégories plus jeunes (U16 – U18 et U19), il faudra attendre la semaine d’après, le samedi 17 juin, pour connaitre les noms des champions et des championnes.
Une jeune fille de Tsoundzou 1 blessée à cause de grenades lacrymogènes

Mardi 30 mai, dans la soirée, deux grenades lacrymogènes sont tombées sur une habitation en tôle. Leur explosion a provoqué deux trous béants, tandis qu’un morceau de tôle a sectionné la peau d’une adolescente de 16 ans au niveau du dos.
L’odeur âcre du gaz lacrymogène remplit la petite pièce, même des jours après. Ce vendredi après-midi, dans leur habitation faite de tôles, le couple qui y vit désigne le plafond et la chambre de leur fille. Le soir du mardi 30 mai, vers 23h, deux détonations particulièrement fortes ont été entendues, tout comme le cri de l’adolescente de 16 ans. « On est tout de suite sortis de notre chambre. On a senti l’odeur immédiatement », raconte le père. Outre les trous dans le plafond et dans une autre tôle derrière, le gaz a vite rempli le logement de trois pièces situé au-dessus de l’école élémentaire de Tsoundzou 1, coincé entre des maisons Sim et un grand immeuble.
Le lieu est coutumier des affrontements entre les forces de l’ordre* et des bandes locales, comme ce mardi soir-là. Le chemin en terre remonte vers les hauteurs de Tsoundzou 1 et Passamaïnty où s’est établi un quartier informel. « Les policiers se mettent au bout du chemin et tirent leurs grenades vers les hauts », indique une voisine. Est-ce en visant la végétation derrière que les grenades sont tombées au mauvais endroit ? L’enquête doit le confirmer. Ce qui semble clair, c’est que deux d’entre elles ont atterri à la fois sur le toit et contre la paroi arrière avant d’exploser, à même pas un mètre de la jeune fille. « Au début, les policiers n’ont pas voulu admettre que c’étaient eux. Il y en a même un qui a dit que le trou a été fait avec un chombo », s’emporte la voisine, furieuse du sort de cette famille sans histoires.
Une plainte déposée
Blessée grièvement dans le bas du dos alors qu’elle dormait sur le ventre, la collégienne de Kwalé a été transportée à l’hôpital avec sa mère diabétique. Une fois sortie de l’hôpital, la famille a déposé plainte. « On veut juste être reconnue comme victime », admet timidement la mère de famille, une Comorienne de 50 ans en situation régulière sur le territoire. Ce vendredi après-midi, le hasard fait qu’une nouvelle équipe d’enquêteurs est venue faire des constatations au même moment, tout comme les jours précédents. Tandis que la jeune fille se repose en restant allongée sur un matelas dans le salon, ils passent à ses côtés afin de constater les dégâts. L’un d’eux fait l’étonné en regardant le trou dans le plafond et pas encore rebouché. « Oui, c’est bizarre », répond-il à sa collègue. « Comment ça bizarre ? Qu’est-ce que vous voulez dire ? C’est vous qui avez fait ça, je vous rappelle », le réprimande la voisine.
L’enquêtrice tente de calmer la jeune femme et invite l’autre policier à sortir. Elle essaye de se montrer compréhensive sans vraiment convaincre l’habitante, excédée du jeu du chat et de la souris qui perdure dans ce quartier et des dommages collatéraux qu’il occasionne. Sur son matelas, l’adolescente semble indifférente à la scène. Il y a plus urgent pour elle, elle doit normalement passer son brevet dans quelques semaines.
*Nous n’avons pas eu de retours de la direction territoriale de la police nationale (DTPN).
Jacqueline Guez : Derrière l’écran, l’engagement
Avec deux séries-fictions et un documentaire, des messages sociaux qu’elle véhicule au travers de l’audiovisuel et beaucoup d’autres projets, Jacqueline Guez a de grandes ambitions et espoirs pour Mayotte. Réalisatrice, scénariste, féministe, mère, comme toutes les femmes, elle n’est pas que gérante d’une société. Rencontre avec celle qui ne cesse jamais de se battre pour ses idées.
Humble et sociable au premier abord, Jacqueline Guez est pourtant une vraie « superwoman », ne mâchant pas ses mots et n’ayant pas peur d’agir. Arrivée à Mayotte à l’âge de deux ans, la scénariste grandit à M’Gombani et fait toute sa scolarité, jusqu’au baccalauréat, sur l’île aux parfums. Comme beaucoup de jeunes Mahorais, elle part en métropole pour ses études supérieures. Après trois ans de droit privé et un master en ressources humaines, elle revient à Mayotte et occupe des postes de juriste ou de DRH. Une opportunité totalement opposée à ses études s’offre à elle, comme une évidence, dans la communication audiovisuelle. « Je trouvais que certains messages institutionnels, adressés aux Mahorais, ne tenaient pas compte des codes de la culture mahoraise. Étant d’ici, j’ai vu des campagnes de communication qui m’ont beaucoup choquée », déclare Jacqueline Guez devant le logo de son entreprise. Une vocation née seule, mais qui s’explique par son éducation : « Mes parents ont voulu me faire prendre conscience que je pouvais avoir confiance en moi et qu’il n’y a pas grand-chose dans ce monde que je ne pouvais pas faire si je me donnais à fond ».
Heureuse gérante de Clap Productions depuis 2015, Jacqueline joue son rôle avec passion. La réalisatrice veut que ses œuvres aient du sens, qu’elles ne soient pas uniquement du divertissement. Elle ne veut pas produire pour produire, mais faire passer des messages. « Toutes nos productions ont une vocation sociale, elles ont toutes pour but d’ouvrir un débat, de mettre en lumière une thématique, soit de sensibiliser ou prévenir. Ce n’est jamais totalement désintéressé, affirme la réalisatrice. Nous ne sommes pas les seuls à parler de ses sujets. On le fait juste avec un autre canal de diffusion. On veut faire passer des messages pour l’intérêt général. » Ayant plein d’autres projets en tête, elle explique que sa plus grande difficulté est de recevoir un accompagnement financier. « Pour cela, il faut réussir à convaincre les acteurs publics de mettre la lumière sur certains sujets. »
« J’aimerais rassurer sur le fait que c’est un vrai métier »
Jacqueline place beaucoup d’espoir sur la jeunesse mahoraise, défendant que « la jeunesse de ce territoire est certainement sa plus grande force ». La scénariste est à l’origine de la création d’une bourse d’études pour les étudiants qui feraient le choix d’aller dans la filière de l’audiovisuel après le baccalauréat, avec un suivi sur toute la longueur de leurs études universitaires. La bourse est de 1500 euros par an et par élève. Chaque année, quatre jeunes ont ainsi la chance de recevoir cet argent pour se lancer. Jacqueline Guez espère pouvoir construire une vraie filière autour de l’audiovisuel à Mayotte. Son objectif, pouvoir créer un vrai pôle de formation et, à l’avenir, avoir des techniciens de l’audiovisuel mahorais. « Aujourd’hui, deux jeunes bénéficient de cette bourse. Les parents ont souvent inquiets quand leurs enfants sont intéressés par la filière audiovisuelle. Pour certains parents, ce n’est que du divertissement. J’aimerais rassurer sur le fait que c’est un vrai métier. Il suffit de venir avec nous sur une journée de tournage ! Comment c’est possible que pour une vidéo de 15 ou 20 secondes, on passe 8 heures sur le plateau si ce n’est pas un vrai métier ? »
Outre l’objectif d’avoir de l’audiovisuel mahorais, elle souhaite créer de la représentation pour tous les enfants de l’île aux parfums, que ces derniers puissent « voir à la télévision des astronautes mahorais, un constructeur ou un ingénieur mahorais. Que les enfants voient des personnes qui viennent du même milieu qu’eux », assure Jacqueline. Elle espère inspirer la jeune génération à voir plus grand. Son rêve est de tendre vers des spécialisations, des ouvertures dans les métiers de l’audiovisuel, mais aussi de recevoir plus de financements, le jeu en valant la chandelle : « La filière audiovisuelle mahoraise, c’est tout un écosystème. Ça fait vivre les acteurs, les habilleurs, les maquilleurs, les restaurants qui nourrissent les acteurs. Il y aussi la location des lieux pour le tournage et des voitures pour les déplacements. Une production, c’est tout un écosystème économique ».
« Entre une idée et la sortie du projet il y a en moyenne trois ans, déplore Jacqueline Guez. J’aimerais que cette durée soit plus courte grâce au financement, puisque c’est ce qui ralentit le plus la mise en place d’un projet, pour pouvoir faire de plus en plus de projets. » Jamais à court d’idées, encore de nombreuses thématiques attendent d’être explorées. L’entrepreneuse voudrait ainsi aborder les questions du vivre-ensemble, de la jeunesse, des droits des femmes ou encore des relations intergénérationnelles.
Féministe engagée, beaucoup de ses productions abordent la place des femmes dans la société. Elle veut mettre en lumière les problèmes auxquels celles-ci font face dans la société mahoraise, particulièrement les violences sexuelles. Elle dénonce le fait que « c’est un sujet qui passe au troisième plan, après les photos touristiques de tortues et les femmes qui dansent du M’Biwi ». « La question du droit des femmes est éminemment importante à Mayotte, continue-t-elle. Quand je dis femmes, c’est femme âgée, jeune femme, fille et enfant. Il s’agit de plein de sujets qui s’amalgament. Les violences sexuelles faites aux femmes, par exemple, sont vrai tabou à Mayotte alors que le taux de violences sexuelles à Mayotte est deux fois supérieur au niveau national, c’est ahurissant et inquiétant. » Jacqueline Guez veut donc mettre le curseur sur ce qui n’est pas montré à propos de Mayotte. La réalisatrice veut mettre l’accent sur le fait que les femmes ont leur place dans le foyer familial, mais très peu dans l’espace public. « On nous a vendu le mythe de la société mahoraise matriarcale, qui sociologiquement, est faux. C’est une société matrilinéaire. Ma conception du monde, c’est qu’une société où la femme a toute sa place, c’est gagnant pour tout le monde », soutient-elle, espérant un jour voir ses semblables faire des choses pour elles et pas pour les autres, à cause d’une pression sociale. « Si une femme fait le choix de rester à la maison et d’élever les enfants, c’est un choix qui se respecte. Cependant, si ce choix est la conséquence d’une pression sociétale, ça commence à me poser problème », confirme la scénariste.
Colocs ! saison 2, en octobre
C’est ce que défend en partie la série « Colocs ! ». Un mélange de deux combats qui lui tiennent à cœur : jeunesse et féminisme. Programme scénarisé, écrit et réalisé par Jacqueline Guez, c’est la première série mahoraise à être diffusée en dehors de Mayotte, avec ses 14 épisodes, chacun traitant d’un sujet en rapport avec la place des femmes. Elle raconte l’histoire de quatre filles qui reviennent à Mayotte après leurs études, et qui se retrouvent confrontées aux mêmes problématiques que leurs mères avant elles : ne pas pouvoir quitter le domicile familial sans être mariées, ne pas pouvoir habiter seule et bien d’autres. « Elles veulent acquérir un statut d’autonomie, mais on les renvoie à leur statut de petite fille », explique la scénariste, ajoutant que malgré leur maturité acquise, les parents les voient toujours comme des enfants, ce qu’elle dénonce. « Ce retour à Mayotte il est hyper violent. Il y a comme une phase de cristallisation où les parents n’ont pas vu leurs enfants grandir. À 18 ans c’est encore des bébés qui ne savent pas trop qui ils sont. Mais quand elles reviennent à 27, ce ne sont plus les mêmes personnes, mais les parents gardent la même façon de les traiter », raconte la réalisatrice de la série. « J’ai choisi de raconter l’histoire de femmes à travers la jeune génération, continue-t-elle. Celle qui a pu partir de Mayotte, faire des études, a été longtemps à l’extérieur de Mayotte. » Elle veut sensibiliser avec cette série sur la situation que peuvent vivre certaines femmes qui ont recours au mariage pour pouvoir quitter le domicile familial. « Ce n’est plus un mariage, c’est un plan d’évasion ! On voit de plus en plus de femmes se marier, sans avoir réfléchi aux enjeux du mariage, sans forcément le vouloir uniquement pour avoir pouvoir partir de chez leurs parents », explique la productrice.
La série traite également d’autres thématiques, comme les relations parents-enfants, les violences sexuelles ou le harcèlement moral. « La prochaine saison abordera bien d’autres sujets sur la question du droit des femmes, le harcèlement au travail, l’infertilité, la place des relations dans le couple et plein d’autres sujets à vocation féministe », confie Jacqueline Guez, qui tourne d’ailleurs cette prochaine saison actuellement.
Ambition
« Montrer là où personne ne met jamais la lumière. » C’est ce que répond Jacqueline quand on lui parle de son documentaire « Chimik : la descente aux enfers. ». Ce documentaire plus sombre est né dans la tête de la réalisatrice quand elle a vu la drogue s’installer lentement à Mayotte, spectatrice d’enfants qui fouillaient dans les poubelles « complètement stones » devant son bureau. Comme toutes ses productions, il y a toujours une intention derrière : « J’ai voulu savoir ce qu’était cette drogue qui défonçait autant une certaine tranche de la population de ce territoire. Je voulais aussi savoir ce que les institutions mettaient en place pour remédier à tout ça ».
Le résultat de ce long-format : deux récompenses reçues à une année d’intervalle, pour lesquelles Jacqueline ressent beaucoup de gratitude. Humble, elle a au début cru à un mail spam lorsqu’elle a reçu la nomination pour le Top 100 des femmes les plus influentes d’Europe, dressé par Euclid Network. « J’ai cru que c’était faux et comme c’était en anglais, je me suis dit impossible ! Alors j’ai mis le mail dans la corbeille. Le soir même, j’en parle à mon mari qui le relit avec moi, il m’a fait me rendre compte que c’était vrai », se remémore-t-elle en riant. À l’échelle personnelle, c’est une très grande fierté pour elle : « J’ai accepté ces prix avec beaucoup d’humilité et de gratitude ». Cela ne fait que la motiver à continuer de « montrer ce que personne ne montre ». La réalisatrice ressent d’autre part une très grande satisfaction que son travail soit vu, reconnu et ait un impact.
Une carrière couronnée de succès et qui fait également la fierté de sa famille, en témoigne le sourire de Jacqueline lorsqu’elle parle de son mari. C’est lui, en effet, qui s’occupe de leur fils de six ans lorsqu’elle est en tournage ou dans l’avion, ce qui lui fait dire qu’elle ne pourrait pas faire autant de projets si elle n’était pas si bien accompagnée. « Mon premier moteur c’est mon mari, affirme-t-elle. Ça peut sonner très peu féministe d’ailleurs mais ça l’est. C’est mon premier soutien, mon premier fan et la première personne que je vais voir quand j’ai un problème. » À travers son soutien, elle trouve le moyen de vivre ses rêves et ses engagements, et de les partager avec tous les téléspectateurs y étant sensibles.
Le Département et l’État s’allient dans la lutte contre la pauvreté

Dans la continuité d’actions déjà menées et en prévision du Pacte des solidarités de 2024, le conseil départemental de Mayotte et l’État s’unissent pour lutter contre la pauvreté à Mayotte. Ce mercredi matin, sous le préau du conseil départemental, ce travail conjoint a été marqué par la signature d’une convention d’appui à la lutte contre la pauvreté et d’accès à l’emploi pour l’année 2023, entre le président du Département, Ben Issa Ousseni et Thierry Suquet, préfet de Mayotte.

Pourquoi a eu lieu la mise en place de cette convention ?
Initié en 2018, la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté (SNPLP), qui permet d’associer les collectivités, sera remplacée en 2024 par le Pacte des solidarités. En prévision de cette nouvelle démarche de contractualisation, l’État et le Département se sont unis pour une gouvernance territoriale partagée, en signant une convention d’appui à la lutte contre la pauvreté et d’accès à l’emploi (CALPAE) pour 2023. Cette convention d’appui permet « de travailler ensemble et de passer un appel à projets commun et surtout d’avoir un seul mode de financement pour l’ensemble des intervenants », explique le préfet de Mayotte, Thierry Suquet. Elle assure également une démarche de partenariat approfondie qui s’appuie à la fois sur la stratégie nationale et « sur les compétences du conseil départemental, qui connait le territoire et qui le mieux à même d’appuyer la stratégie nationale pour lui trouver une déclinaison locale », complète-t-il. À Mayotte, le taux de chômage s’établit à 34 % et 77 % des personnes vivent sous le seuil de pauvreté.
Comment se traduit-elle ?
Au travers de cette signature, les deux parties contractualisent un partenariat sur la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté, « à hauteur de 900.000 euros chacune, soit une enveloppe totale de 1,8 million d’euros à destination des personnes les plus vulnérables », confirme Ben Issa Ousseni. Ce budget sera scindé en deux parties, avec la première « destinée au financement des projets portés par le Département », ajoute-t-il. La seconde sera quant à elle dédiée à un appel à projet conjoint. Le président du Département note que cet appel à projet sera lancé « dans deux jours » pour une durée d’un mois. Cette courte durée a été choisie pour permettre « une délibération rapide, pour une attribution financière rapide, afin que les actions puissent démarrer dès cette année. Sachant qu’un certain nombre d’opérateurs ont déjà été sensibilisés », complète Madi Moussa Velou, vice-président au conseil départemental. Les projets retenus seront ceux qui « répondront au mieux aux besoins de la population de Mayotte », averti le président. Ils devront également être en cohérence avec les différents schémas, plans et réformes en cours.
Que va apporter la convention ?
Les trois axes prioritaires d’actions portent sur l’insertion des bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active), sur la mobilité pour les personnes les plus défavorisées et sur les problématiques d’accès aux droits. Avec comme objectif de venir en aide aux plus défavorisés et fragiles, cette convention d’appui offre la possibilité aux deux signataires de se doter « d’outils pour permettre à chacun de construire un parcours individuellement, d’accès aux droits, d’accès à l’emploi et de sortir de la pauvreté », observe le délégué du gouvernement. Un cahier des charges bien précis a été instauré, ouvert, entre autres, aux centres communaux d’action sociale (CCAS), intercommunalités et associations. Au travers de cet appel à projets, « nous souhaiterions un maximum de projets, pour pouvoir montrer que nos porteurs de projets s’investissent, qu’ils sont prêts », admet le vice-président.
Et par la suite ?
Cette année 2023 correspond donc à la dernière année de la CALPAE, qui laissera sa place au Pacte des solidarités au 1e janvier 2024. Pour Ben Issa Ousseni, les travaux menés devront « aboutir dès janvier, à la signature d’une convention de partenariat ». Ce nouveau cadre d’intervention devra permettre « d’aller plus loin et de tenir compte plus encore des spécificités du territoire de Mayotte », confirme-t-il. De son côté, le vice-président reconnait que pour une première année, « c’est bien, mais il faut que l’on aille plus loin ».
Parcoursup : les premiers admissions ou refus sont tombés

Les futurs étudiants avaient jusqu’à dimanche soir pour répondre à leurs premières propositions d’admission. Durant cette première phase de Parcoursup, les vœux des candidats peuvent être refusés, acceptés ou mis en liste d’attente. Pour les postulants, c’est la fin d’une année de préparation, mais aussi le début d’une longue période d’attente pour ceux qui n’ont pas encore reçu de réponse.

Entre le baccalauréat, le choix des futures études et le passage du permis pour certains, l’année de terminale est une période-charnière qui peut se révéler chargée émotionnellement. Jeudi 1er juin, les résultats d’admission ont été annoncés sur la plateforme Parcoursup, entraînant la déception de nombreux lycéens mahorais. Au lycée Younoussa-Bamana par exemple, à Mamoudzou, des élèves font part de leur mécontentement envers ce mode de sélection. Naïma, future étudiante, exprime sa colère par rapport au fonctionnement de cette plateforme qu’elle trouve injuste. « Pour moi, Parcoursup, c’est aléatoire. C’est stressant, car je me dis que c’est un logiciel qui va déterminer mon avenir. C’est nul, il y a des personnes qui sont assidues et qui travaillent en cours, elles sont bloquées, en attente partout », fait-elle remarquer. Un avis qui est partagé par plusieurs de ses camarades de classe.
Natacha* (prénom d’emprunt) a, elle aussi, reçu ses premières propositions d’admission en fin de semaine. Déçue, elle pointe du doigt une méthode de recrutement qu’elle dit « inégalitaire ». « Parcoursup, ça défavorise certains élèves. On le voit bien dans le classement, je suis en attente, juste parce que je ne suis pas dans le bon secteur. » Pour les lycéens qui n’ont pas encore reçu de réponses, l’attente est difficile. Ils disent se sentir angoissés, notamment en raison du fonctionnement et de l’organisation du dispositif qu’ils désapprouvent.
« Un petit nombre de candidats acceptés nulle part »
Côté rectorat de Mayotte, on ne partage pas forcément le même avis. Pour Sylvie Malo, déléguée régionale académique à l’information et à l’orientation, « les choses se sont déroulées dans de bonnes conditions, une bonne partie des candidats ont déjà reçu des propositions ». A propos des reproches sur le fait que la plateforme serait aléatoire, la déléguée répond : « ce sont les commissions des vœux des établissements qui examinent les candidatures. Parcoursup ne les examine pas. C’est juste l’interface qui permet de donner les résultats ». Elle met aussi en garde les lycéens sur les délais de réponse. « Il faut être vigilant, les élèves ne font souvent pas attention à la date jusqu’à laquelle ils ont pour accepter une proposition d’admission », continue-t-elle.
Le rectorat souhaite rassurer les lycéens. « Il y a eu cette année, une amélioration de l’interface pour les élèves. Il y a un descriptif très précis, qui permet de savoir selon quels critères les dossiers des élèves vont être examinés. Il y a une vraie notion de transparence », déclare Sylvie Malo. Elle rapporte un nombre important de candidats ayant reçu des propositions positives. « Sur Mayotte, il y a à peu près 7.100 candidats mahorais sur la plateforme, dont 5.400 candidats en terminale. Il n’y a qu’un petit nombre de candidats acceptés nulle part », affirme-t-elle. Pour ceux qui ont été refusés, une phase complémentaire s’ouvre le jeudi 15 juin pour recandidater. Pour les lycéens restés en liste d’attente, la commission d’accès à l’enseignement supérieur leur proposera des formations. « Ce qui est important, c’est qu’on est au début de la phase d’admission qui va durer jusqu’au 7 juillet, il y a encore du temps », soutient la cadre du rectorat.
En effet, les lycéens et étudiants peuvent recevoir des propositions d’admission jusqu’au 7 juillet, date à laquelle il leur faudra prendre une décision, et choisir où ils iront faire leurs études à la rentrée prochaine.
Un numéro vert Parcoursup est disponible, le 0 800 400 070, ainsi qu’une messagerie sur la plateforme pour répondre aux questions des candidats.
Un référent de la plateforme dans chaque établissement
La machine Parcoursup étant parfois complexe, un accompagnement des élèves dans leurs projets post-bac se déroule tout au long de la scolarité au lycée. « C’est un processus continu, pour réfléchir sur ses choix, ses centres d’intérêt », affirme Inzoudine M’Kadara, chargé du pôle Parcoursup au rectorat de Mayotte. « Il est fourni par les professeurs principaux, par les psychologues de l’éducation nationale, les chefs d’établissement. Dans chaque lycée, il y a également un référent de la plateforme pour accompagner les futurs étudiants au niveau de la procédure. »
Tout au long de l’année scolaire, différents événements sont mis en place pour orienter les élèves. Au niveau académique, des rencontres avec des professionnels sont organisées. Au mois de novembre, les lycéens ont participé à un salon régional de l’orientation itinérant, qui présente l’ensemble des formations du supérieur. Un suivi très complet selon Inouzidine M’Kadara : « j’ai régulièrement été sollicité par les professeurs principaux pour accompagner les élèves. Parcoursup c’est technique, parfois, ils ont du mal à savoir comment ça fonctionne. Je suis là pour leur faciliter la tâche, essayer de trouver des solutions adaptées ».