« A l’image de l’intersyndicale nationale, celle de Mayotte appelle les travailleuses et les travailleurs, jeunes et retraité.es à faire du 6 juin une grande journée de grèves et de manifestations sur notre département pour gagner le retrait de la réforme des retraites et des augmentations de salaires. Notre intersyndicale appelle les député-es de nos deux circonscriptions à voter, le 8 juin prochain, la proposition de loi transpartisane abrogeant la réforme des retraites pour permettre enfin une sortie de crise », annonce l’intersyndicale ((UI-CFDT, UD-FO, CFE-CGC, FSU, CGT-Ma, SUD-Solidaire, UNSA), dans un communiqué. Alors que les deux premiers décrets d’application de la réforme des retraites sont parus ce dimanche au Journal officiel, dont celui portant progressivement l’âge légal de 62 à 64 ans, les opposants espèrent qu’une loi proposée par le groupe Liot (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires, dont fait partie la Mahoraise Estelle Youssouffa) rebatte les cartes. Il faudrait alors qu’un amendement demandant l’abrogation du report de l’âge légal modifie un texte raccourci dernièrement en commission des lois et présenté aux députés, le jeudi 8 juin. Et que la présidente de l’Assemblée nationale et fugace ministre de l’Outre-mer, Yaël Braun-Pivet, ne le déclare pas irrecevable comme l’article 40 lui permet.
« Le retrait de cette réforme est donc indispensable et permettrait d’avancer enfin sur les préoccupations des travailleurs et travailleuses sur tout le territoire français notamment à Mayotte où notre intersyndicale appelle toutes et tous les travailleuses et travailleurs, étudiants (public, privé, jeunes et retraité-es) à se mobiliser, à se mettre en grève et à manifester le mardi 6 juin pour exiger le retrait de cette réforme rétrograde et inutile », exigent les syndicats. Ce mouvement prévu mardi, à 9h, place de la République à Mamoudzou, doit aussi être celui des mesures locales comme l’application du taux et du plafond de la sécurité sociale de droit commun sur les calculs de pensions, pour une retraite digne, l’ouverture des droits aux régimes complémentaires de retraite (IRCANTEC, AGIRC-ARRCO), ou les applications du code de la sécurité sociale, du SMIC de droit commun ou du droit commun sur les minima-sociaux (allocations familiales, logement, rentrée scolaire, ASPA, AAH, RSA, prime d’activité, …) par exemple.
Comme c’est le cas pour les collectivités, le fonctionnement de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) a fait l’objet d’un contrôle de la Chambre régionale des comptes La Réunion-Mayotte en 2022, dont le résultat a été publié, ce samedi 3 juin. La structure, qui regroupe le Département de Mayotte, l’État, l’Agence régionale de santé (ARS) et la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM), sert de « guichet unique auprès duquel toute personne handicapée ou sa famille peut trouver l’accueil, l’information et la possibilité de formaliser ses demandes en matière d’orientation et de prestations », rappelle la CRC. 13.569 personnes sont ainsi suivies en 2022. Si celle-ci a noté des retards dans la prise en charge, les difficultés du territoire n’y sont pas étrangères. « Le contrôle de la MDPH a été l’occasion de relever que le champ du handicap est marqué par des particularités et une complexité juridique qui font de Mayotte un territoire pour lequel l’égalité de traitement des personnes handicapées avec celles des autres départements reste à atteindre. » Le désert médical, des dispositifs légaux non appliqués à Mayotte ou l’absence de lieu dédié à l’emploi de travailleurs handicapés comme un Esat (établissement ou service d’aide par le travail) lui sont préjudiciables. L’instance de contrôle a relevé deux périodes différentes sur les années observées (2016 à 2022). « Jusque fin 2019, la MDPH a connu des dysfonctionnements importants avec une forte instabilité de sa direction et des effectifs conduisant à une quasi-paralysie à certaines périodes et par conséquence à une méconnaissance des droits de personnes handicapées », remarque-t-elle d’un côté. « Le recrutement d’une nouvelle direction à partir de 2020, la mise en place d’un plan d’actions pour redresser l’activité, l’investissement des personnels et l’appui de la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) ont permis l’examen des demandes en attente depuis plusieurs années et la mise en place d’une organisation plus performante », indique-t-elle de l’autre.
Enfin, elle souligne en conclusion « la qualité du travail accompli pour redresser l’activité et mettre en place un mode de fonctionnement s’inscrivant dans le droit commun ». Elle s’inquiète toutefois du financement de la structure, qui ne dispose pas « d’une vision pluriannuelle de ses moyens ».
Keyliane Abdallah, l’attaquant des U17 de l’Olympique de Marseille (souvent surclassé en U19 cette saison), a eu encore un rôle déterminant pour son équipe dans la finale du championnat U17, ce samedi 3 juin. Lui-même buteur sur penalty en première période, il a initié le retour des Phocéens par un nouveau but à la 80e, leur permettant de revenir à (3-4) face à Amiens. Dans les ultimes secondes du match joué à Aurillac (Cantal), alors que l’OM est à dix, son centre déposé sur la tête de Darryl Bacola a arraché l’égalisation (4-4). Le protégé de Toifilou Maoulida (photo, en charge des jeunes attaquants de l’OM aujourd’hui) a dû attendre ensuite les tirs aux buts (4 à 2) pour le titre.
Davantage que les coupures d’eau du soir, il sera bientôt plus facile de se souvenir des jours où nous aurons de l’eau. En dépit d’un système qui est passé à trois interruptions par semaine il y a une douzaine de jours seulement, Mayottedevra s’habituer à quatre, puis à une cinquième à la fin de l’année scolaire.
Le rythme des nouvelles coupures d’eau s’accélère sur l’île aux parfums ! La sécheresse que connaît le département met en difficulté les infrastructures du réseau, qui ne peuvent compter sur les deux retenues collinaires au niveau bien trop bas de Dzoumogné et Combani. Le préfet de Mayotte, le syndicat des Eaux de Mayotte (ex-Smeam), la Société mahoraise des eaux (le délégataire du syndicat), l’Agence régionale de santé et les services de l’État ont échangé, ce jeudi, au conseil départemental de Mayotte, avec les élus et les parlementaires.« L’enjeu est de s’adapter collectivement avec de nombreuses mesures alternatives et complémentaires, tant sur le plan de la distribution que sur l’augmentation de la ressource : recherche et résolution des fuites sur le réseau, fourniture et implantation d’osmoseurs de moyenne ou de grande capacité, développement de la capacité de l’usine de dessalement, implantation de cuves dans les établissements scolaires et de santé, distribution de kits d’économie d’eau, contrôle des prix de l’eau embouteillée et travail sur les approvisionnements, ce qui permet une non rupture des stocks,… », rappelle la préfecture de Mayotte, dans un communiqué envoyé vendredi après-midi.
Le comité de suivi de la ressource en eau a d’ores et déjà décidé en fonction des communes, villages ou quartiers du département, qu’on devra se plier, dès le lundi 12 juin, à quatre interruptions d’alimentation en eau potable par semaine, et de 17h à 7h le lendemain (voir tableau). Cela implique qu’il y aura au moins deux coupures deux soirs d’affilée. Le lundi 22 mai, il y a dix jours seulement, le nouveau calendrier instaurait trois coupures hebdomadaires. Et ce n’est pas fini. « Un cinquième tour nocturne devrait être mis en place à la fin de l’année scolaire », préviennent les services de l’État.
Les retenues à 28,2% et 47,3% de leurs capacités
La fermeture du réseau d’eauplusieurs soirs par semaine permet de maintenir l’activité économique dans la journée et l’ouverture des écoles. Toutefois, l’équilibre reste fragile. Le territoire n’a pas connu pareille sécheresse depuis 1997. Les deux retenues collinaires, permettant l’approvisionnement pendant la saison sèche, restent à des niveaux inquiétants. « La retenue de Dzoumogné est actuellement remplie à 28,2 % contre 98 % en 2022 à la même période. Celle de Combani est remplie à 47,3 %, contre 97,1 % en 2022 à la même période », constate la préfecture.
Retrouvez dans le dernier numéro de Mayotte Hebdo (n°1046) comment les secteurs économiques de l’île s’adaptent à la crise de l’eau. C’est en ligne et c’est gratuit :
Des travaux nécessitent de couper l’eau ce lundi à Pamandzi
De 9h à 15h, ce lundi 5 juin, tout Pamandzi (hormis l’hôpital) sera privé d’eau potable. « Cette coupure est nécessaire pour réaliser le renouvellement de deux vannes principales du réseau d’eau potable », prévient la Société mahoraise des eaux dans un communiqué.
« Gardez votre énergie et surtout travaillez à l’école, c’est très important ! », conseille Wendie Renard, joueuse de l’Olympique lyonnais et de l’équipe de France (141 sélections) lors de sa rencontre avec les jeunes joueuses, vendredi matin, à Sohoa.
À Mayotte depuis ce jeudi et présente encore pendant quelques jours pour le développement de son projet d’académie de football, l’internationale tricolore a rencontré, vendredi matin,250 élèves de sections sportives scolaires mixtes de football des collèges de M’tsamboro, Tsingoni, Pamandzi, Kwalé, Dembéni et M’gombani, ainsi que les élèves de la section d’excellence sportive. Un temps d’échanges, de sourires lors d’un « fitfoot » et de souvenirs pour les élèves réunis ce jour-là à Sohoa.
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Partage d’activité « fitfoot » entre la joueuse internationale et des jeunes filles des sections sportives scolaires, près de la plage de Sohoa.
Après les questions, place à la traditionnelle cérémonie des signatures d’autographes. Les jeunes filles étaient impatientes de chacune avoir le leur.
Après les jeunes filles, place aux garçons pour un échange avec Wendie Renard sur le football, son métier et sa carrière. De nombreux sourires étaient présents sur les visages.
Attentives, les jeunes filles ont pu échanger avec la joueuse internationale sur les raisons qui ont fait qu’elle pratique le football et son parcours.
Rachadi Saindou, président de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema), et Wendie Renard ont participé à un cours de fitness dédié au football, un « fitfoot ». Le temps d’une musique, la bonne humeur et les sourires étaient omniprésents.
Dès son arrivée sur la plage de Sohoa, où avait lieu un tournoi réunissant les élèves des sections sportives scolaires, Wendie Renard a pu échanger avec les jeunes. Intimidée au début, les jeunes filles se sont vite prêtées au jeu des questions-réponses.
De gauche à droite, les députés corse Laurent Marcangeli et mahoraise Estelle Youssouffa ont présenté leur rapport en commission des affaires étrangères, ce mardi 31 mai.
La séance de la commission des affaires étrangères, ce mardi 31 mai, se penchait sur les flux migratoires. Un rapport, présenté par les députés Estelle Youssouffa et Laurent Marcangeli, faisait un bilan dans ce domaine en Méditerranée et à Mayotte. Plusieurs mesures étaient ainsi proposées, dont la solidarité avec l’Hexagone pour l’accueil des personnes en situation irrégulières et l’application de la circulaire Taubira pour partager la prise en charge des mineurs non accompagnés.
On n’est pas encore arrivé à une loi, mais l’idée s’est invitée au cours d’une séance de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, mardi matin. Les rares députés siégeant ont eu le droit à une présentation des flux migratoires sur deux zones géographiques particulièrement concernées, la Méditerranée et l’océan Indien. Les députés Estelle Youssouffa (groupe Liot), de la première circonscription de Mayotte, et Laurent Marcangeli (Horizons) se sont chargés de défendre le rapport, qui évoque le cas de Mayotte avec un titre sans sobriété : « La situation spécifique de Mayotte : une bombe à retardement ». Les problèmes liés à la croissance démographique tels que la surcharge des systèmes de santé ou d’éducation, étaient bien sûr rappelés. Mais à la fin, ce qui a retenu l’attention des députés, ce sont plusieurs mesures étaient demandées. La circulaire Taubira, qui instaure une meilleure répartition des mineurs non accompagnés entre les départements, n’est pas appliquée à Mayotte. Les députés la requièrent. Une autre proposition demande la fin des visas territorialisés, qui empêchent les étrangers en situation régulière de se rendre sur d’autres territoires français. « Le choix d’une solidarité et d’une égalité républicaines sans faille à l’égard de Mayotte implique donc aujourd’hui de répartir une partie du poids démographique de l’immigration comorienne dans le reste du territoire français, et en particulier dans l’hexagone. On ne voit pas pourquoi la logique mise en œuvre par le Gouvernement dans l’hexagone, tendant à orienter les demandeurs d’asile vers la province pour désengorger l’Ile-de-France, ne trouverait pas à s’appliquer à Mayotte. Ceci passe notamment par la fin du visa « territorialisé » qui ne permet pas actuellement à un ressortissant comorien de quitter l’île de Mayotte », promeut le texte. Ce dernier s’appuie sur l’exemple de l’île de Lampedusa, en Méditerranée, où l’Italie accepte de prendre sur sa péninsule une partie des étrangers en règle. Député Les Républicains, Vincent Seitlinger a admis que « c’était un peu plus compliqué. Je crois que nos départements, je pense comme exemple celui de Moselle, ont beaucoup de mal à gérer l’afflux de mineurs non accompagnés depuis quelques années ».Celui-ci ne se dit pas opposé, par contre, à l’extension de l’aide médicale d’État (AME) à Mayotte. Bruno Fuchs (Renaissance) y voit « des conséquences négatives », notamment un éloignement qui rendrait « l’immigration définitive ».
Vers la fin de l’aide aux Comores ?
Les relations avec les Comores ont été aussi largement abordées. Que ce soit dans le texte ou les interventions. « Le démantèlement d’une filière particulièrement active, en février 2023, a montré que les organisateurs profitaient de la complicité ou de la corruption des membres des forces de sécurité comoriennes, en particulier du personnel affecté aux radars de surveillance et des garde-côtes, ainsi que de l’absence de coopération policière puisque les organisateurs identifiés aux Comores n’ont pas été inquiétés », dénonce le rapport, qui pose plus loin « la question du maintien de l’aide publique française au développement au profit de l’Union des Comores ».
Plusieurs députés ont établi le même constat lors de séance. Exceptée La France insoumise qui a émis l’idée de faire un sommet régional sous l’égide des Nations unies, qui soutiennent toujours la revendication des Comores sur Mayotte. Députée de Mayotte et partisane d’un discours plus ferme envers les Comores, Estelle Youssouffa fulmine.« Je ne comprends pas bien l’utilité d’un sommet de l’Onu, à partir du moment où le pays [les Comores] ne reconnait pas Mayotte française […]. Nous avons voté à plusieurs reprises. On ne va pas retourner cinquante fois à l’Onu. »
Celle-ci a rappelé son soutien à l’opération Wuambushu en cours à Mayotte, alors que les représentants de la gauche l’ont fustigé à chacune de leur intervention. Pour les propositions du rapport, il faudra désormais attendre. La loi concernant l’immigration défendue cette année par Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, ne devrait pas y faire mention. En outre, le numéro 3 du gouvernement estimait en janvier qu’il voulait un ensemble de lois spécifiques à Mayotte.
De gauche à droite, les trois gagnants, Tiba Beldie, Seli Ibrahim et André Kikongo Mumpe ont reçu leur prix.
Ce vendredi 2 juin, avait lieu une des finales locales du concours « Mon quartier entreprend » organisées par le couveuse d’entreprise Oudjérébou. Sept des huit finalistes de l’agglomération Dembéni-Mamoudzou ont présenté leur projet devant un jury et le public, à la MJC de Kawéni, à Mamoudzou. C’est Tiba Beldie qui a finalement remporté la première place.
Depuis des mois, la couveuse d’entreprise Oudjérébou a organisé son concours « Mon quartier entreprend ». Ce vendredi 2 juin, c’est la finale à la MJC de Kawéni pour l’agglomération Dembéni-Mamoudzou. Celle-ci met en compétition des porteurs de projet qui souhaitent monter leur entreprise. Tout au long de la semaine, ils ont ainsi été formés par des équipes de la couveuse. Ils ont, par exemple, étudié un peu de marketing, ou comment présenter leur projet devant une assemblée. Oudjérébou a un objectif simple : valoriser les personnes des quartiers prioritaires et permettre l’égalité des chances. Farrah Hafidou, présidente de l’association, déclare d’ailleurs : « nous cherchons à dénicher les joyaux cachés ».
« Je suis une star et je coiffe des stars »
En fin de matinée, les gagnants ont été annoncés. À la troisième place, André Kikongo Mumpe. Il porte un projet écoresponsable et créateur d’emploi. Il veut fabriquer des pavés en plastique recyclé. Il assure : « je veux vraiment offrir de l’emploi aux gens ici à Mayotte. On a de gros soucis démographiques et les offres d’emploi ne suivent pas. Mon projet consiste à utiliser des matériaux locaux, les déchets, pour créer des pavés. J’aimerais contribuer au développement de l’île ». C’est Seli Ibrahim qui est arrivée deuxième. Cette jeune femme de 24 ans veut monter son usine de vêtements recyclés. Elle remercie l’association Oudjérébou, « c’est un très beau dispositif d’accompagnement. Ils nous aident dans plein de domaines. Les salariés de Oudjérébou sont très avenants. Ils nous encouragent à nous dépasser, à pousser la réflexion ». Elle ajoute, avec enthousiasme : « je vais créer des vêtements des tailles XS à XXL, avec des vêtements recyclés et récupérés dans des collectes de tissus ». Et finalement, à la première place, c’est Tiba Beldie qui s’est imposée. La voix tremblante d’émotion, elle concède : « je suis très émue. Merci beaucoup à l’équipe de m’avoir formé. Je suis soulagée et très contente, merci beaucoup. Maintenant j’ai un diplôme qui atteste de mes efforts, de ma formation. Je suis une star et je coiffe des stars ». La jeune coiffeuse aimerait déclarer son activité qu’elle gère déjà depuis un moment.
Tous les participants présents ont affirmé que le dispositif de la couveuse d’entreprises d’Oudjérébou était une opportunité. Beaucoup se disent reconnaissants et remercient les équipes qui les ont accompagnés tout au long de la semaine.
Le pays a ratifié la convention internationale de l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) et dispose d’une loi portant protection de son patrimoine culturel, mais le marché continue d’être inondé par des produits contrefaits, importés principalement. Un phénomène qui menace le secteur artisanal qui pourtant fait vivre de milliers de Comoriens.
Le gouvernement comorien va-t-il remporter sa bataille contre les habits traditionnels manufacturés ? Souvent accusées de faire preuve de légèreté dans la protection du savoir-faire artisanal local, les autorités semblent désormais déterminées à lutter contre ce phénomène. Selon une note conjointe signée par les ministres locaux de la Culture, de l’Économie et celui l’Artisanat, une proposition de loi visant à protéger le patrimoine culturel devrait atterrir à l’assemblée nationale très prochainement. Cette initiative fait partie d’une stratégie en gestation dont le but est de lutter contre les milliers de produits principalement des habits traditionnels contrefaits qui inondent le marché comorien. Depuis plus d’un an, ceux-ci ont le vent en poupe. Malgré les différentes descentes effectuées dans les marchés de la capitale et les arrestations opérées, les kofias (bonnet traditionnel) contrefaits continuent de se faire une place. Le phénomène a commencé à faire son apparition pendant le mois de ramadan de 2022. Nombreux sont les citoyens qui avaient opté pour ces kofias manufacturés, dont le prix ne dépassait pas à l’époque les 20 euros. Alors que le bonnet cousu à la main par les artisans, lui coûte au minimum 75 000 francs comoriens, soit 150 euros. Le bémol, cela fait plus de trois mois que le pays assiste à nouveau à l’arrivée de « dragla », « djuba », des habits réservés strictement aux personnes ayant accompli le grand mariage comorien.
Sécuriser les échanges commerciaux
« Ces produits, issus du savoir-faire artisanal de notre pays, font pourtant partie du patrimoine culturel immatériel national. La pollution de ce secteur par des copies industrielles risque donc à la fois de saper l’artisanat comorien et d’anéantir tout un secteur économique », alertent les ministres signataires de la note conjointe, qui normalement doit être présentée en conseil des ministres prochainement. Dans le document, auquel Flash infos a eu accès, le gouvernement a détaillé sa politique. En plus du projet de loi sur la protection des produits artisanaux, le ministère de l’Artisanat prévoit d’accélérer le processus d’enregistrement de la marque de vêtements comoriens Zatruru. Cette voie proposée par les trois ministères à l’origine de la note sert à préserver le savoir-faire de l’artisan comorien qui confectionne dans un contexte hors industriel de masse. « Il convient de sécuriser par ailleurs tous les échanges avec l’extérieur, notamment lors de la participation des Comores à des foires, salons et expositions, en signant un accord de confidentialité. Pour cela, il faut développer des projets durables, notamment la mise en place de deux unités de production dans les secteurs du textile du bois», proposela note en conseil, rédigée depuis le 4 avril dernier. A présent, l’on se demande si ce verrou juridique annoncé suffira-t-il pour arrêter l’exportation et la commercialisation des habits traditionnels. Car malgré l’existence d’une loi portant protection du patrimoine culturel et naturel (en vigueur depuis 2021) et la ratification de la convention internationale de l’Unesco sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, le pays ne parvient toujours pas à bloquer l’importation de ces produits. Il fauter noter également que le marché des « kofias made in china »à gagner les cœurs de nombreux citoyens qui aujourd’hui en portent fièrement parce que le prix du bonnet traditionnel ne cesse d’exploser.
En France, il peut atteindre les 400 euros voire plus. Un montant assez conséquent et qui a fini par faire la publicité de la contrefaçon.
Davantage que les coupures d’eau du soir, il sera bientôt plus facile de se souvenir des jours où nous aurons de l’eau. En dépit d’un système qui est passé à trois interruptions par semaine il y a une douzaine de jours seulement, Mayotte devra s’habituer à quatre, puis à une cinquième à la fin de l’année scolaire.
Le rythme des nouvelles coupures d’eau s’accélère sur l’île aux parfums ! La sécheresse que connaît le département met en difficulté les infrastructures du réseau, qui ne peuvent compter sur les deux retenues collinaires au niveau bien trop bas de Dzoumogné et Combani. Le préfet de Mayotte, le syndicat des Eaux de Mayotte (ex-Smeam), la Société mahoraise des eaux (le délégataire du syndicat), l’Agence régionale de santé et les services de l’État ont échangé, ce jeudi, au conseil départemental de Mayotte, avec les élus et les parlementaires. « L’enjeu est de s’adapter collectivement avec de nombreuses mesures alternatives et complémentaires, tant sur le plan de la distribution que sur l’augmentation de la ressource : recherche et résolution des fuites sur le réseau, fourniture et implantation d’osmoseurs de moyenne ou de grande capacité, développement de la capacité de l’usine de dessalement, implantation de cuves dans les établissements scolaires et de santé, distribution de kits d’économie d’eau, contrôle des prix de l’eau embouteillée et travail sur les approvisionnements, ce qui permet une non rupture des stocks,… », rappelle la préfecture de Mayotte, dans un communiqué envoyé vendredi après-midi.
Le comité de suivi de la ressource en eau a d’ores et déjà décidé en fonction des communes, villages ou quartiers du département, qu’on devra se plier, dès le lundi 12 juin, à quatre interruptions d’alimentation en eau potable par semaine, et de 17h à 7h le lendemain (voir tableau). Cela implique qu’il y aura au moins deux coupures deux soirs d’affilée. Le lundi 22 mai, il y a dix jours seulement, le nouveau calendrier instaurait trois coupures hebdomadaires. Et ce n’est pas fini. « Un cinquième tour nocturne devrait être mis en place à la fin de l’année scolaire », préviennent les services de l’État.
Les retenues à 28,2% et 47,3% de leurs capacités
La fermeture du réseau d’eau plusieurs soirs par semaine permet de maintenir l’activité économique dans la journée et l’ouverture des écoles. Toutefois, l’équilibre reste fragile. Le territoire n’a pas connu pareille sécheresse depuis 1997. Les deux retenues collinaires, permettant l’approvisionnement pendant la saison sèche, restent à des niveaux inquiétants. « La retenue de Dzoumogné est actuellement remplie à 28,2 % contre 98 % en 2022 à la même période. Celle de Combani est remplie à 47,3 %, contre 97,1 % en 2022 à la même période », constate la préfecture.
Retrouvez dans le dernier numéro de Mayotte Hebdo (n°1046) comment les secteurs économiques de l’île s’adaptent à la crise de l’eau. C’est en ligne et c’est gratuit : www.mayottehebdo.com/mayotte_hebdo/
La bibliothèque de Cavani, fermée il y a presque trois ans, réouvrira ses portes le jeudi 8 juin. Infiltrations d’eau, circuits électriques délabrés, le bâtiment construit il y a plus de vingt ans n’était plus aux normes françaises. Le conseil départemental de Mayotte en a aussi profité pour moderniser le bâtiment. Le sol et le plafond ont été refaits, le mobilier remplacé.
Les bureaux de la médiathèque et de la direction départementale du livre et de la lecture publique ont eux aussi changés. Cette dernière a d’ailleurs changé de nom. Il faut dire direction départementale de la culture et de la lecture publique (DDCLP) dorénavant.
La réouverture se fera, le 8 juin, en présence de Ben Issa Ousseni, président du conseil départemental de Mayotte. L’accueil du public pour cette inauguration se déroulera de 9h30 à 10h. Il y aura ensuite un temps de parole des officiels présents jusqu’à 10h45, puis une découverte des lieux jusqu’à 11h. De 11h à 12h30, se tiendra une conférence sur la littérature mahoraise, et enfin, une collation jusqu’à 13h.
Le secrétaire général de la CGT Salim Nahouda cède sa place. Après un long service dans les rangs du syndicat, où il a occupé trois postes, un nouveau bureau confédéral prend le relais, ce 1er juin. Haoussi Boinahedja devient secrétaire général, El-Anis Saidi Yahaya, adjoint de la vie syndicale des formations, Kamardine Madi Soilihi, adjoint chargé de la fonction publique, Said Mcolo, adjoint chargé du secteur privé, et Moidjimoi Madi, adjoint chargé du social et conflits. Pour les trésoriers, Abdou Harithi sera trésorier général, et Mogné Souffou Babou, son adjoint.
Depuis ce jeudi 1er juin, la ville de Chiconi lance un appel à projet pour développer des animations dans les quartiers prioritaires durant les vacances d’été de juillet à août. Le projet peut être porté par des collectivités locales ou des associations. Il s’agirait de créer des activités pour les moins de 25 ans, qui soient ludiques, sportives, culturelles ou encore éducatives. Les porteurs de projets peuvent aussi lancer des actions de sensibilisation au respect et à la valorisation de l’habitat, du cadre de vie, de la tranquillité et la transition écologique. Ou encore, ils peuvent élaborer des actions pour prendre soin de soi (accès aux soins, prévention santé, prévenir la souffrance psychique et sociale …), mais aussi aider au développement d’offres de formation, d’accès à l’emploi et de création d’entreprises. Les dépôts sont limités au 20 juin et les résultats seront annoncés le premier juillet.
Le prix de l’audace artistique et culturelle a été décerné aux collégiens des établissements de Tsimkoura, de Kwalé à Tsoundzou 1, de Marguerite de Valois et de Michelle Pallet, grâce à leur projet « Angoulême-Mayotte ». La cérémonie s’est tenue le 29 mai, à Paris, au ministère de l’Éducation Nationale, en présence du ministre Pape Ndiaye et du comédien Jamel Debbouze, qui était président du jury de cette année. Les élèves mahorais ont montré des documentaires pour faire connaître leur quotidien, leur île et leur culture aux jeunes d’Angoulême, qui ont eux aussi fait de même. Ce prix vise à récompenser et soutenir des projets comme celui-ci. Un travail artistique et culturel récompensé, coordonné au sein des établissements et grâce aussi aux enseignants.
Lors d’une intervention conjointe d’une ampleur inégalée et appuyée par les forces de la gendarmerie nationale, le Conseil départemental, l’Office national des forêts (ONF) et la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt ont procédé, mercredi 31 mai et jeudi 1er juin, à une opération de réhabilitation dans la parcelle domaniale de Majimbini d’une surface totale de 28 hectares. La surface traitée a été de 19 ha dont environ 18 ha de cultures détruites (manioc, banane, tomate et gingembre). Toutes les prises d’eau dans le ruisseau ont été détruites.
Cette parcelle, propriété de l’État, est soumise au régime forestier depuis 2020. Tout autre activité n’est pas autorisée. Or elle a subi de multiples coupes d’arbres et d’implantations de cultures incompatibles avec sa vocation par définition forestière. Plus de 50 personnes ont été mobilisées pour détruire des plantations de tomates, de maniocs et de bananes sur plus de 20 hectares. Cette opération avait pour objectif de reconquérir un espace boisé sur lequel toute activité agricole est interdite, permettre à terme la replantation d’une partie de cet espace, reconquérir un espace patrimonial important pour le territoire au titre de la préservation de la biodiversité, contribuer à la préservation de la ressource en eau, la forêt pouvant être considérée comme le château d’eau de Mayotte, d’autant que la parcelle se trouve sur le bassin versant de la retenue collinaire de Combani, et lutter contre les marchés informels dans la mesure où une part significative de ces productions se retrouvent vendue sur les bords de routes. Enfin, et en lien avec le point précédent, l’enjeu de sécurité et santé publique est important, les produits vendus sur les bords de route contenant très souvent des substances interdites et/ou dangereuses pour la consommation humaine, dont plusieurs ont été saisies sur place lors de l’intervention.
Cette opération, qui se veut exemplaire, a vocation à être reconduite pour éviter que le phénomène de déboisement ne reprenne, que ce soit dans cette parcelle où dans d’autres zones qui sont sous surveillance régulière des pouvoirs publics.
Les membres de l’association Art.terre Mayotte se réuniront, ce vendredi à 14 heures, à Mamoudzou pour élire son nouveau bureau. La réunion, qui se tiendra dans les locaux de l’atelier architectes et ingénieurs, au 18, rue Marindrini, sera également l’occasion d’aborder d’autres sujets tels que le projet Amateco ainsi que des échanges autour de l’Ami et de l’Alma.
L’espace numérique d’Acoua a été officiellement présenté ce mercredi. Le public a pu faire un tour au forum sur la grande place en face de la mosquée de la ville. Cet évènement a permis de marquer l’importance de l’engagement pour l’insertion et la formation
Le forum pour l’insertion sociale et professionnelle a offert une plateforme d’échange entre les professionnels, les entrepreneurs locaux et les jeunes en recherches d’emploi ou d’orientation. Étaient présents le maire de la commune, Marib Hanaffi, les conseillers départementaux Daoud Saindou Salime et Zouhourya Mouayad Ben, ainsi que le sous-préfet Cédric Kari-Herkner.
L’internationale tricolore s’est prêtée volontiers au jeu des photos. Ici, de gauche à droite, Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou, Mohamed Boinariziki, le président de la ligue mahoraise de football, Rachadi Saindou, Wendie Renard, Moudjibou Saïdi, maire de Dembéni, et Hassani El Anrif, président de l’Office départemental des sports et conseiller départemental.
Le président de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou, Rachadi Saindou, s’est vu offrir l’autobiographie de Wendie Renard, en fin de conférence de presse, ce jeudi soir, dans les locaux de la Cadema.
Venue défendre la première académie à son nom, la joueuse de l’Olympique Lyonnais et de l’équipe de France Wendie Renard passe quelques jours à Mayotte. Elle rencontrera quelques futures partenaires aux côtés de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou, qui, elle, a déjà trouvé le terrain à Hajangua, sur la commune de Dembéni.
L’internationale tricolore s’est prêtée volontiers au jeu des photos. Ici, de gauche à droite, Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou, Mohamed Boinariziki, le président de la ligue mahoraise de football, Rachadi Saindou, Wendie Renard, Moudjibou Saïdi, maire de Dembéni, et Hassani El Anrif, président de l’Office départemental des sports et conseiller départemental.
Tout juste auréolée d’un nouveau titre de championne de France de football (son seizième maintenant), Wendie Renard a pris l’avion pour venir à Mayotte, ce jeudi. Et elle est arrivée, un peu retard certes (son vol a atterri deux plus tard que l’heure prévue), mais elle a réussi. Un voyage de quelques jours (elle repart en milieu de semaine) qui correspond à une période de repos bien mérité avant la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande et en Australie, dont le coup d’envoi sera le 20 juillet. « On a rendez-vous le 20 juin à Clairefontaine. On a le droit à quelques jours de repos. C’est très rare avant les grandes compétitions, donc ça fait du bien », admet la cadre de l’équipe de France aux 141 sélections. Se relâcher, c’est un bien gros mot pour la Martiniquaise. Celle-ci est à Mayotte pour faire ce qu’elle sait faire de mieux, défendre. Pas sur les meilleures attaquantes mahoraises, non, plutôt un projet qui lui tient à cœur, une académie de football mixte qui portera son nom. La Cadema (communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou) lui a d’ailleurs trouvé un point de chute à Hajangua.
« Tout l’enjeu de cette académie est de développer un pôle d’excellence sur notre territoire pour les jeunes joueurs et joueuses mahorais. Qui aurait pu incarner mieux l’avenir que Wendie Renard quand le sport de haut-niveau est de plus en plus féminin ? », fait remarquer le président de la Cadema, Rachadi Saindou, qui espère faire de l’internationale tricolore de 32 ans une ambassadrice de l’île. Il compte aussi sur l’académie pour booster l’économie autour du centre, qui ne sera pas loin du campus connecté. « Le troisième objectif poursuit une utilité sociale et de formation des jeunes », développe-t-il, aux côtés d’une Wendie Renard qui a quitté son île pour rejoindre Lyon et intégrer le meilleur club du monde à l’âge de 16 ans.
« La possibilité de rêver comme moi »
Difficile pour « la capitaine de projet » de ne pas penser à son propre parcours au moment d’évoquer la future académie. « Ma venue consiste à apporter aux jeunes Mahorais la possibilité de rêver comme moi j’ai pu le faire à l’âge de 7 ans », considère-t-elle. Interrogée sur le fait de former aussi des attaquantes et des milieux de terrains, la défenseure répond en souriant : « Bien entendu. Le plus important, c’est de former un maximum de pépites. Pour jouer au foot, il faut onze titulaires, avec des remplaçants ».
Elle ne s’est pas épanchée sur les détails, comme les conditions d’entrée ou la forme que prendra l’académie. « Plus on commence tôt, plus ça permet aux plus jeunes d’ancrer les bases, la répétition », estime la joueuse. Son conseil, maître Laurent Burgy, situe le palier d’entrée à l’académie vers 7 ans, soit l’âge où Wendie Renard a commencé le football. La petite équipe compte rencontrer la ligue mahoraise, le Département et la préfecture de Mayotte pour peaufiner le projet qui sera sous un format associatif et surtout trouver des financements (elle aura peu de temps pour le terrain, même si elle assistera à un tournoi de foot féminin ce vendredi matin à Sohoa).
Mûrissant l’idée depuis un moment, la capitaine peut s’inspirer de sa carrière à Lyon pour sa future académie qu’elle voulait absolument dans un département ultramarin, « où il n’y a pas forcément d’infrastructures ».« C’est vrai qu’en arrivant dans l’Hexagone, je me suis rendu compte de ce que c’était le professionnalisme, les structures, les moyens. Ça fait 17 ans que je suis à l’Olympique lyonnais. Je vois comment on travaille », rappelle celle qui aime apparemment toujours autant les défis, malgré un palmarès déjà bien rempli.
Avec ce nouvel outil, elle pourrait peut-être aux joueurs locaux de s’en approcher. « Et pourquoi pas préparer la prochaine Wendie Renard mahoraise ou le prochain Kylian Mbappé mahorais ? », exprime comme vœu Rachadi Saindou.
Maria Chevreulleau et Carolle Vanhille, représentantes de l’association CRCDC, Taslima Soulaimana, DRDFE, Zouhourya Mouayad Ben, vice-présidente du conseil départemental, et Martine Eutrope, médecin généraliste. C’était le premier groupe de femmes à intervenir lors de cette journée.
Le conseil départemental de Mayotte organisait, ce jeudi 1er juin, la journée autour de la santé des femmes. A la salle de cinéma Alpajoe, à Mamoudzou, une centaine de personnes sont venues échanger sur les problèmes qui touchent les femmes et leur bien-être.
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Asma Chebil, gynécologue, Mathilde Lozano, sage-femme, et la psychologue Hassoumie Mouslim. Toutes les trois étaient venues parler de problématiques de santé propres aux femmes telles que l’endométriose.
Taslima Soulaimana, DRDFE, Maria Chevreulleau, représentante de l’association CRCDC, et Zouhourya Mouayad Ben, vice-présidente du conseil départemental, lors de la photo finale.
Dix pour cent des femmes mahoraises n’ont jamais vu de médecins généralistes. Cette négligence s’explique par plusieurs facteurs : vie de famille, pression sociale, violences ou encore manque de connaissances biologiques. La journée de jeudi tendait donc à sensibiliser sur plusieurs sujets : développer une meilleure connaissance biologique autour des femmes pour une meilleure prise en charge médicale, sensibiliser sur les pathologies telles que l’endométriose ou le cancer du col de l’utérus mais aussi parler de la santé mentale des femmes. Le but était de sensibiliser contre la négligence et le mauvais traitement que peuvent subir les femmes au niveau de leur santé.
« Cet oubli de soins de santé s’explique par le rôle que la société assigne aux femmes », affirme le docteur Martine Eutrope, médecin généraliste. Avec leur vie professionnelle, la pression sociale de s’occuper de leur famille et enfants, leur santé passe souvent au dernier plan. « La santé, c’est un état de bien-être physique, mental, social et pas l’absence de maladies. Mesdames, avant de s’occuper des autres, il faut s’occuper de sa santé », rappelle-t-elle. Ses pathologies propres aux femmes comme par exemple les chocs toxiques sont peu connus des médecins et donc peu diagnostiqués, pour beaucoup de femmes dont la santé est négligée. « La médecine est encore parfois un peu sexiste », soutient Zouhourya Mouayad Ben, vice-présidente du conseil départemental de Mayotte.
Le Département souhaite améliorer la santé des femmes mahoraises, levier important de la lutte contre les inégalités femmes hommes. « 10% des femmes n’ont jamais consulté de généralistes. 54 % de femmes n’ont jamais consulté de spécialistes. Tous ses chiffres pour vous montrer que les femmes sont souvent en mauvaise santé à Mayotte », atteste Taslima Soulaimana, directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité.
La volonté de tourner l’événement vers les plus jeunes a été portée par Zabibou Djabiri, conseillère juridique à l’Acfav (Association pour la condition féminine et aide aux victimes) : « j’aurais aimé emmener cette journée vers ce public-là. Le fléau des agressions sexuelles sur mineur est très présent à Mayotte. Il faut outiller nos filles dès qu’elles sont petites. »
Endométriose et cancer du col de l’utérus
L’association Rédeca, qui est devenue le CRCDC (Centre régional de coordination des dépistages des cancers), a mis l’accent sur le cancer du col de l’utérus. Leur camion itinérant de dépistage leur permet d’aller au plus proche de la population et de faciliter l’accès aux soins pour toutes les femmes. Stratégie de santé par prévention, dépistage et le vaccin de l’HPV, ils s’appuient sur l’importance de la prévention. Méconnu, l’HPV ou papillomavirus, est un virus qui entraîne un cancer du col de l’utérus. « C’est recommandé de faire vacciner les jeunes filles et garçons entre 11 et 14 ans, avant les premiers rapports sexuels », déclare Carolle Vanhille, représentante de l’association. « On fait énormément de prévention parce qu’on considère que ça peut se développer parfois jusqu’à quinze ans après le premier rapport sexuel », atteste Maria Chevrelleau, autre représentante de l’association.
La sensibilisation autour de l’endométriose a été très forte. Cette maladie chronique touche une femme sur dix, mais est souvent négligée par les professionnels de santé. « Bien que de plus en plus médiatisé, l’endométriose reste mal connue alors qu’elle touche plus de 10 % de femmes », déplore la vice-présidente. Le diagnostic se pose en moyenne sept ans après le début du suivi. Cet oubli de soin peut engendrer un poids sur le mental des femmes atteintes. « Souvent, c’est une maladie qui n’est pas reconnue par l’entourage de ces patientes. On leur dit qu’elles exagèrent, que ce sont des douleurs de règles, on leur reproche de ne pas aller travailler aussi. Des dépressions peuvent s’ajouter à l’endométriose », regrette Asma Chébil, gynécologue-obstétricienne.
« A Mayotte, malheureusement, on n’a pas encore de centre de référence. Il faut aller faire une consultation gynécologique au CHM, les sages-femmes et médecins libéraux ou encore les gynécologues privés », déclare la gynécologue. Une association a cependant vu le jour en septembre 2022 : EndoMayotte. Elle s’occupe d’apporter du soutien et de sensibiliser aux femmes mahoraises touchées.
Santé mentale : les violences faites aux femmes
Le point a aussi été mis sur les violences et l’impact sur la santé mentale des femmes, un aspect parfois oublié. La psychologue Houssamie Mouslim souligne : « les douleurs uro-génitales, les infections urinaires à répétition, il faut les écouter parce que ça s’exprime là où ça fait mal quand il y a des violences sexuelles ». Elle dénonce les actes sexuels non consentis et explique que le processus commence par soigner les douleurs physiques pour ensuite orienter les patientes vers des psychologues, pour soigner les blessures traumatiques.
Les femmes victimes de violences, qu’elles soient conjugales, psychologiques ou sexuelles sont souvent touchées par des problèmes de confiance en soi. Houssamie Mouslim explique que c’est aussi un aspect de la santé oublié, la santé sociale, mais aussi qui traumatise parfois profondément les victimes. « Ces troubles du sommeil, ces flashbacks, la mémoire traumatique, les victimes restent parfois figées dans le moment traumatique », constate-elle.
Le collège de Kani-Kéli a courageusement décidé d'aborder la question du harcèlement à l'école.
Une première dans l’île, les établissements du second degré de notre département ont consacré une journée de fête à l’outil médiatique radio. Cet événement national, qui en est à sa troisième édition cette année, s’invite pour la première fois à Mayotte. Résultat plutôt époustouflant pour des élèves qui se cherchent encore. Une chose est sûre, la parole se libère….
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Ismaël Saïd Combo Yacout, un des pionniers de la radio publique à Mayotte, intervient devant un parterre d'élèves et enseignants.
Les deux professeurs documentalistes des lycées de Dembéni et Coconi, Cyril Chuzac et Jules Monier, ainsi que leurs collègues des collèges de Chiconi et Kani-Kéli. Grâce à eux, cette première fête de la radio dans les établissements du second degré de Mayotte a été une complète réussite.
Après le séminaire de la semaine dernière au collège de Kwalé, les choses ont pris une forme encore plus sérieuse, ce jeudi, au lycée polyvalent de Dembéni (situé à Tsararano). La radio en tant qu’outil médiatique et de communication était célébrée par tous les établissements scolaires du second degré (collèges et lycées) dans le cadre d’un événement national programmé dans quelques semaines dans l’Hexagone, les 15 et 16 juin. En raison du calendrier des vacances scolaires, Mayotte a choisi d’être en avance, question de marquer le coup aussi. C’est le centre pédagogique de Mayotte qui est à l’initiative de cet évènement soutenu par le ministère de la Culture et l’Arcom, Éric Micaelli en étant le maître d’orchestre. Dans le concret, cette fête de la radio à Mayotte est une occasion unique de mettre en valeur les webradios scolaires existantes dans les lycées de Dembéni et Coconi, ainsi que les collèges de Chiconi (la plus en avance en la matière) et Kani-Kéli.
Le LPO de Dembéni qui a accueilli cet évènement ce jeudi prévoit de créer sa classe média dès la rentrée scolaire prochaine. Pour cette première fête de la radio en milieu scolaire, l’honneur est revenu à deux des premières radios historiques de l’île : Mayotte La 1ère (anciennement RFO Mayotte et bien avant, France 3 Mayotte) et Radio Dziani. Les deux étaient sises à Pamandzi, l’une non loin de l’autre, et bien d’autres radios encore (Radio Lagon et Europe 2 Mayotte). Pour l’événement, sous le haut parrainage de Michel Toumoulin, proviseur du LPO de Dembéni, et Ismaël Saïd Combo Yacout, un des pionniers de la radio publique à Mayotte, la barre a été placée plutôt très haute. Mayotte la 1ère a consacré ainsi ses directs matinaux quotidiens dans la cour de l’établissement dès 6h30 sous les regards ébahis de tous les lycéens qui n’avaient pas encore cours à cette heure-là. Dans les conditions professionnelles du direct, la revue de presse de Bruno Minas, comme l’émission phare quotidienne « Zakwéli », se sont déroulés avec la participation de scolaires de Dembéni qui ont pu ainsi interviewer notre confrère, Toufaïli Andjilani, rédacteur en chef de Mayotte la 1ère. Seule fausse note dans ce décor, une pluie imprévue non programmée qui s’est invitée à cette fête et a contraint le déménagement du plateau en des lieux plus adaptés aux conditions du direct.
L’antenne offerte aux élèves
Pour Cyril Cahuzac, professeur documentaliste du lycée et cheville ouvrière de cet évènement), cette grande première a permis de faire se rencontrer les webradios scolaires de Mayotte pour produire des émissions, faire des ateliers et des conférences. Près de deux heures d’antenne ont été offertes par Mayotte la 1ère et deux heures et trente minutes par Radio Dziani à cinq webradios scolaires mahoraises : Chiconi, Coconi, Démbéni, Koungou, Kani-Kéli (deux lycées et trois collèges). Invité exceptionnelle de la journée, le lycée de Chirongui qui est venu pour parler du livre de contes écrit par ses élèves. Ainsi, grâce à Mayotte la 1ère, tous les élèves issus de ces établissements scolaires ont pu faire de la radio, ce jeudi. Ils ont pu présenter leurs podcasts déjà réalisés et des interviews en direct, etc. En dehors de Chiconi très avancée dans cette future matière pédagogique depuis trois ans, les autres ont montré leurs réalisations pédagogiques et culturelles importantes. Un voyage pour les BTS électriciens dans un hôpital à Anjouan, les CAP qui ont fait un mouringué de démonstration etc, des matières très diverses. La protection de l’environnement a été un sujet très largement traité par les élèves des collèges de Koungou et Chiconi. Une thématique très récurrente dans les interventions scolaires de Mayotte. Le collège de Kani-Kéli a abordé avec beaucoup de courage le sujet du harcèlement scolaire. En revanche, le lycée agricole de Coconi lui a choisi de présenter les différentes filières d’enseignement qu’elle propose de l’ambiance qui règne dans l’établissement ainsi qu’un voyage à Madagascar.
A l’échelle du ministère de l’Éducation nationale, le département de Mayotte est très réputé pour son dynamisme dans le domaine des médias scolaires, avec pas moins de quinze supports différents. Mayotte est le premier département ultramarin à avoir créer autant de médias scolaires actifs.