Président de l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF) et maire de Cannes, David Lisnard est arrivé à Mayotte, ce dimanche, en fin d’après-midi. « Ce déplacement s’inscrit dans le cadre de sa visite des territoires et des différentes associations départementales de maires », rappelle l’Association des maires de Mayotte, dont le président Madi Madi Souf est venu recevoir son homologue cannois. Le président de l’AMF rencontre pendant vingt-quatre heures les maires et présidents d’intercommunalités de l’archipel mahorais. « Il échangera sur les sujets de préoccupations majeures pour les communes mahoraises tels que les finances, l’école, la gestion des déchets, ainsi que sur les points d’actualité touchant à l’immigration clandestine et à l’insécurité », détaille l’AMF. Outre des visites de terrain, des temps d’échanges sont aussi prévus avec le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, et Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental de Mayotte, avec qui il partage l’étiquette Les Républicains (LR).
Choléra : Mayotte voit les cas se multiplier à vitesse grand V

En multipliant les opérations de dépistage, notamment suite à la confirmation de trois cas « autochtones » à Koungou, l’agence régionale de santé (ARS) de Mayotte a détecté plusieurs cas de choléra ces derniers jours dans le nord de l’île. Le nombre de cas confirmés a doublé en deux jours, passant de 13 à 26.
« Au regard de cette notion de cas autochtones, on a encore renforcé nos mesures et on est en train de réaliser une opération coup de poing en vaccinant cette zone », racontait ce vendredi aux journalistes Olivier Brahic, le directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte. « Cette zone », c’est Koungou. Trois cas autochtones de choléra venaient d’y être confirmés, lors de la conférence de presse organisée par l’ARS et la préfecture de Mayotte. Une nouvelle donnée inquiétante, quand on sait que les dix cas jusqu’ici détectés étaient tous dits « importés » des Comores voisines, où l’épidémie fait rage. Toute proportion gardée, le directeur de l’agence ne se doutait sûrement pas qu’en déployant de nouveaux dispositifs de dépistage dans le nord, le nombre de cas de choléra allait doubler en seulement deux jours sur l’île aux parfums.
Vingt-six cas de choléra confirmés
« Ce sont donc au total 26 cas qui ont été confirmés depuis le début de l’alerte », expliquait, deux jours plus tard, le cabinet du préfet. Dans l’objectif de faciliter l’extraction et la prise en charge des patients en milieu hospitalier, l’Agence régionale de santé et le centre hospitalier de Mayotte (CHM) ont pris la décision d’ouvrir à la fin du week-end une deuxième « unité choléra » au sein du centre médical de référence de Dzoumogné. Cette dernière complètera l’unité déjà mise en place à l’hôpital de Mamoudzou.
Des dispensaires du CHM fermés
Vendredi dernier, Santé publique France a contacté les médecins et infirmiers inscrits à la réserve sanitaire pour les informer que des renforts étaient en cours de recrutement pour le CHM. « Dans l’attente de l’arrivée de prochains renforts, le centre hospitalier de Mayotte concentre ses effectifs sur les prises en charge liées au choléra. Ainsi, tous les dispensaires, sauf ceux de Jacaranda et M’tsapéré, seront fermés. Les permanences des soins sont maintenues dans les différents centres médicaux de référence », a précisé le cabinet du préfet. Trois spots de vaccination mobiles ont été déployés à Koungou dès vendredi. Ils complètent un centre de dépistage. 2.600 doses de vaccin seront dans ce cadre livrées à Mayotte « en début de semaine prochaine », a rapporté Olivier Brahic vendredi, avant que les treize nouveaux cas ne soient confirmés.
Un « plan de vaccination générale » demandé
« Désormais l’épidémie se propage sans véritable contrôle dans les quartiers de la zone urbaine de Mamoudzou-Koungou qui est densément peuplée, notamment dans les bidonvilles dépourvus de toute salubrité publique la plus élémentaire », déplore Mansour Kamardine, député Les Républicains de la deuxième circonscription de Mayotte. L’élu, rappelant que l’ensemble du territoire est toujours soumis à des restrictions d’accès à l’eau courante, demande « sans délai », un « plan de vaccination générale », sur la base du volontariat, accessible à tous.
Wuambushu 2 : « Ça bouscule les quartiers, parce qu’on va chercher les gens »

Quelques maires et conseillers départementaux de Mayotte ont pu rencontrer François Xavier Bieuville, ce vendredi, en fin de matinée, dans l’hémicycle Bamana du conseil départemental, à Mamoudzou. Le préfet de Mayotte a dressé un bilan à dix jours de l’opération Wuambushu 2, appelée désormais « Mayotte place nette ». Il a pu ainsi répondre aux questions des élus, puis aux nôtres à l’issue de la réunion.
Flash Infos : Quel était le but de cette rencontre ?
François-Xavier Bieuville : Comme je l’ai dit en arrivant, je ferai des conférences de sécurité régulières pour informer les élus de la situation. Je constate qu’on a des échanges fructueux. On a des élus qui nous font part de leur situation, de leurs inquiétudes, qui nous disent les sujets qui ont plutôt bien marché ou sur lesquels on a moins bien marché. C’est normal de faire cet exercice-là. Je ne crois pas qu’il y ait eu d’autres préfets qui ont accepté de se soumettre pendant deux heures et demie aux questions des élus pour dire ce que nous faisons.
F.I. : L’opération va-t-elle rester à ce rythme-là ou monter en puissance ?
F-X.B. : Elle a déjà acquis un rythme de croisière assez soutenu. On a d’autres opérations de décasage. On a des opérations d’intervention sur des zones prioritaires, de recherche de cibles prioritaires. Je dis souvent qu’on fera du Wuambushu tous les jours. Ce n’est pas après ou avant qu’on a commencé à travailler. On a une concentration de moyens pendant deux mois. Mais une fois qu’on aura terminé « place nette », on continuera de façon intensive à chaque fois que ce sera nécessaire. C’est pour ça qu’on a besoin des élus pour savoir sur quelles zones on a un problème.
F.I. : Justement, vous parlez d’une concentration des moyens et on a encore de nombreux caillassages, avec des droits de retrait des conducteurs de bus.
F-X.B. : Vous avez raison, la bataille de la sécurité, c’est tous les jours. C’est la raison pour laquelle la police et la gendarmerie est sur le terrain. On dérange beaucoup. Ça bouscule les quartiers, parce qu’on va chercher les gens. Évidemment qu’il y a de la réaction. Malheureusement, je le déplore et je pense à chacune des victimes, l’une des réactions est le caillassage. Ce n’est pas pour ça qu’on va ralentir le rythme. On a besoin des résultats.
F.I. : Mais comment on peut protéger les automobilistes qui sont bloqués par les bouchons et qui se retrouvent au milieu des caillassages ? Je pense à Mt’sapéré par exemple, ce jeudi soir.
F-X.B. : Déjà, il va falloir régler ce problème de feux tricolores à Passamaïnty. Il y a un vrai sujet de coordination de ces feux et on l’a bien vu, notamment hier soir, avec un blocage total de la circulation vers le sud. Il y a un problème puisqu’on crée des conditions d’insécurité avec des feux qui fonctionnent de cette façon-là. Ensuite, j’ai toujours dit que je ne mettrais pas un policier ou un gendarme derrière chaque véhicule. En revanche, ce dont nous avons besoin, et nous le faisons plutôt bien, la stratégie est une occupation du terrain là où il y a des difficultés, elle est plutôt porteuse de résultats. On évoque vingt jeunes agressifs à Koungou, il n’y a pas si longtemps, c’était 200. Il faut qu’on passe à deux. On a déjà une progression importante. C’est comme ça qu’il faut qu’on travaille, c’est de façon quotidienne en ayant des points de fixation de ces caillassages, en assurant une présence systématique, c’est comme ça qu’on va réduire les choses.
F.I. : Sur le volet de la lutte contre l’immigration, il avait été annoncé « un rideau de fer maritime ». Où en est-on ?
F-X.B. : Dans le cadre de l’opération « place nette », il y a un certain nombre de moyens qui sont à l’œuvre. On a des vedettes de la gendarmerie maritime, un bâtiment de la marine française qui sillonne le Mozambique, qui nous permet d’anticiper les arrivées. Mais « le rideau de fer », c’est beaucoup de moyens technologiques. On a passé un certain nombre d’appels à manifestation d’intérêts sur des technologies nouvelles avec une part d’intelligence artificielle, une part d’outils nouveaux qui permettent de mieux repérer, de mieux anticiper. On pourrait analyser des bruits de moteur par exemple pour savoir à quoi on a affaire. Ça, on est train de le fabriquer, on a feuille de route. Quand elle sera validée par nos autorités ministérielles, on pourra en parler plus précisément, sans doute à la fin du premier semestre.
F.I. : J’ai une dernière question sur « les chefs de bande » qui reste une dénomination assez floue. On nous parle de six interpellations, neuf maintenant. Quels sont réellement leurs profils ?
F-X.B. : Vous avez raison de poser cette question-là. La notion de « chef de bande », c’est une notion un peu sociologique. Mais ce n’est pas une notion juridique. Ce dont je parle, ce sont des cibles prioritaires. Ce sont des organisateurs de réseaux criminels, ce sont des instigateurs. C’est sur cette base là que nous recherchons les individus. Quand ces personnes deviennent des cibles prioritaires, alors nous allons les chercher là où elles sont. Ensuite, on les présente à la justice pour qu’elle fasse son travail, les condamne et les mette en prison s’il y a lieu.
F.I. : Justement, aux neuf interpellés, qu’est-ce qu’on leur reproche aujourd’hui ?
F-X.B. C’est à la justice d’en décider, pas à moi. Moi, j’ai une mission, c’est d’aller les chercher et les présenter à la justice. C’est à elle de répondre à cette question*.
*Interrogé, le Parquet dément suivre quelles sont les fameuses cibles prioritaires parmi les dizaines de personnes interpellées quotidiennement. Déterminer qui sont ces cibles relèverait davantage de la police et de la gendarmerie. Le marchand de sommeil de Pamandzi condamné récemment à un an de prison en fait ainsi partie, nous est-on confirmé.
Les élus demandent encore à voir
Se conformant à sa promesse de faire part des progrès de l’opération, le préfet de Mayotte s’est entretenu avec quelques maires et conseillers départementaux de Mayotte. Les chiffres, hormis le nombre de chefs de bande qui serait monté à neuf, sont proches de ceux annoncés par Marie Guévenoux, la ministre déléguée à l’Outremer, cette semaine. Peu d’élus ont été là pour nous répondre. Les seuls que nous avons pu croiser louent « la volonté du préfet ». « On attend maintenant les résultats », nous confirme Zamimou Ahamadi, la vice-présidente du conseil départemental de Mayotte.
Le corps d’un jeune homme retrouvé avec « une plaie au cou » à Tsingoni ce vendredi
Ce vendredi matin, le cadavre d’un jeune homme d’une vingtaine d’années a été découvert à Tsingoni, par la police municipale, sur la voirie. Il présente « une plaie visible au cou », selon le procureur de la République, Yann Le Bris, qui confirme que l’enquête a été confiée à la section de recherches de la gendarmerie.
Selon le Parquet, la victime a été identifiée.
Migrants à Cavani : « Ça prendra du temps, il faut le reconnaître », estime François-Xavier Bieuville
Après l’opération de recensement de ce mercredi, une autre de nettoyage est intervenue, ce vendredi matin, devant le stade de Cavani, boulevard Marcel-Henry, à Mamoudzou. En deux étapes, les forces de l’ordre ont repoussé les plus de 300 migrants d’Afrique continentale qui vivent aux abords de l’enceinte sportive depuis son évacuation. Cartons, vêtements accrochés au grillage ou bâches ont été emportés pendant qu’il était demandé aux personnes présentes de prendre leurs objets de valeur.
? Le @Prefet976, François-Xavier Bieuville, a indiqué que « trois tonnes de déchets » ont été enlevées aux abords du stade de #Cavani, ce vendredi. Il reconnaît que trouver des solutions pour les #migrants « prendra du temps ». #Mayotte #Mamoudzou #immigration pic.twitter.com/vizegI4nmW
— Mayotte Hebdo (@MayotteHebdo) April 26, 2024
Au sortir d’une réunion avec les élus, le préfet de Mayotte François-Xavier Bieuville confirme qu’il s’agissait de faire respecter un arrêté municipal pris par la mairie de Mamoudzou au mois de mars concernant la salubrité publique. « On a nettoyé trois tonnes de déchets, c’est quand même assez conséquent », indique-t-il. Une fois l’opération de nettoyage terminée, les migrants ont pu revenir devant le stade.
« Savoir à qui on a à faire »
Pour revenir au recensement fait il a deux jours, le préfet de Mayotte indique que « c’était pour moi extrêmement important de décompter les gens et de savoir à qui on a affaire ». Cela permet à la préfecture de comptabiliser les réfugiés, les demandeurs d’asile ou ceux qui sont en situation irrégulière. « Nous allons procéder à des solutions différentes, avec du relogement pour certaines personnes notamment les femmes et les enfants. Il faut trouver des solutions pour que la pression à Cavani puisse baisser », confirme-t-il. Interrogé sur le calendrier, il reconnaît que « ça prendra du temps, il faut le reconnaître. On ne va pas se voiler la face. On a recensé pas mal de personnes. On prendra le temps qu’il faut pour traiter le sujet dans le temps. »
La difficulté pour les services de l’État demeure de trouver un hébergement pour ceux qui en ont le droit.
Trois cas autochtones de choléra confirmés à Koungou

Depuis lundi, trois cas de choléra dits « autochtones » ont été confirmés dans la commune de Koungou. Un homme, une femme et un bébé, qui ne font pas partie de la même famille, auraient donc attrapé la maladie sur place, à Mayotte. Ces trois nouveaux cas portent à treize le nombre de cas de choléra enregistrés à Mayotte. L’île aux parfums reste éloignée d’un stade épidémique, 1826 cas ayant été confirmés depuis la fin du mois de janvier dernier sur l’île voisine d’Anjouan.
Olivier Brahic, directeur général de l’agence régionale de santé de Mayotte, a tenu une conférence de presse ce vendredi aux côtés du préfet de Mayotte François-Xavier Bieuville pour rappeler les mesures prises par les autorités. Trois spots de vaccination mobiles vont être déployés à Koungou. Ils complèteront un centre de dépistage, fixe. 2.600 doses de vaccin seront dans ce cadre livrées à Mayotte « en début de semaine prochaine », rapporte Olivier Brahic.
Pour rappel, une unité « choléra » a déjà été mise en place au centre hospitalier de Mayotte. Les cas suspects sont régulièrement extraits par le SAMU avant d’être pris en charge en milieu hospitalier.
Les migrants de Cavani chassés de la rue
Depuis les environs de 9 heures, ce vendredi 26 avril, un important dispositif de gendarmes et de policiers bloque l’accès au boulevard Marcel-Henry, devant le stade de Cavani. Les migrants, estimés entre 300 et 500 dans le village de la commune de Mamoudzou, sont priés de quitter les lieux. « C’est une opération de trottoir pour des questions de salubrité », nous informe le sous-préfet délégué à la lutte contre l’immigration clandestine, Frédéric Sautron, en s’appuyant sur un arrêté municipal daté du 25 mars pris par le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila.
Les agents de nettoyage et une tractopelle passent derrière pour récupérer les quelques effets dont disposaient les personnes migrantes : cartons, vêtements accrochés au grillage, bâches …. La presse est tenue de rester derrière le périmètre, au profit de l’équipe de communication de la police présente sur les lieux.
La veille les migrants aux abords ont été recensés, afin de permettre prioritairement aux femmes, enfants, personnes malades ou infirmes d’obtenir un logement. « Mais c’est une problématique qui va rester. Il n’y a pas assez d’hébergement pour toutes les personnes qui sont sur le territoire », nous indique le sous-préfet. « On nous a juste dit de prendre nos affaires les plus importantes et de partir », nous raconte, déboussolée, une réfugiée de la République démocratique du Congo.
Miss Excellence : Nourya Aboutoihi représente Mayotte ce samedi
L’élection de Miss Excellence France aura lieu, ce samedi 27 avril, à 20h (21h à Mayotte) au centre culturel et des congrès d’Aix-les-Bains. L’événement sera retransmis en direct sur Mayotte La 1ère. L’occasion de soutenir la candidate mahoraise Nourya Aboutoihi lors de la compétition.
Crise de l’eau : des coupures non prévues à Passamaïnty et Tsoundzou
Trois secteurs du réseau étaient concernés par des coupures d’eau inopinées, ce jeudi matin. Celles-ci visaient à « permettre le remplissage du réservoir qui est actuellement à un niveau très très bas pour le maintien de la distribution », mentionne la Société mahoraise des eaux (SMAE). Passamainty-Manguiers subit donc « une coupure anticipée pour le secteur avec remise de l’eau [vendredi] à 14h au lieu de 16h ». Les deux autres secteurs, Passamainty Kavani-Bé et Tzoundzou I, ont fait face à « une coupure technique immédiate » qui devait durer jusqu’à 16h.
Crise de l’eau 2 : une panne d’électricité complique la distribution à Tsingoni
Depuis jeudi, 10h30, les villages de Combani, M’roalé et Tsingoni subissent une coupure d’eau. Elle devrait revenir, ce vendredi après-midi, selon l’horaire prévu dans le planning à Combani et Tsingoni, indique la société mahoraise des eaux (SMAE) qui explique aux usagers que l’origine vient d’une coupure sur le réseau EDM au niveau de M’tsangamouji. Pour M’roalé, « la remise en eau aura lieu dès le retour d’EDM à M’tsangamouji ».
Lors de la remise en eau, la société conseille de ne pas utiliser l’eau qui coule les premières minutes pour un usage alimentaire, attendre qu’elle soit claire et la faire bouillir durant la première demi-journée.
Faits divers : des heurts à M’tsapéré en marge d’interpellations
Ce jeudi matin, la police a mené une opération dans le quartier M’rowahandra, à M’tsapéré, afin d’interpeller deux personnes liées à des affaires judiciaires en cours, selon nos informations. En réponse, des heurts ont éclaté entre des habitants du bidonville et les forces de l’ordre. Du côté de l’état-major de la police, on confirme que des caillassages ont eu lieu contre leurs services, mais aucun détail n’a filtré sur les cibles. En fin de matinée, les forces de l’ordre ont dû intervenir une nouvelle fois pour rétablir l’ordre.
A Tsoundzou 1, des rixes entre bandes de jeunes ont aussi nécessité l’intervention de la police. Outre pour éviter les caillassages de bus, les fonctionnaires de police ont procédé au retrait de barrages installés sur la route secondaire menant au collège de Kwalé. Trois interpellations d’individus sont comptabilisées.
Football : Auryane Abdourahim sera à l’Euro U17 avec les Bleuettes
L’attaquante du Paris-Saint-Germain, Auryane Abdourahim, figure sur la liste des convoquées pour le championnat d’Europe de football U17, du 1er au 19 mai. La sportive originaire de Pamandzi, qui a joué avec son premier match avec les professionnelles mercredi contre le rival du Paris FC, rejoindra la Suède où la France défendra son titre. Elle affrontera le pays-hôte, dimanche 5 mai, puis le voisin norvégien, le 8 mai, et l’Angleterre, le 11 mai. Une place de premier ou deuxième du groupe envoie directement en demi-finale. « Ce tournoi offrira trois billets pour la Coupe du monde féminine U17 de la FIFA 2024 (du 16 octobre au 3 novembre en République dominicaine) », rappelle également la Fédération française de football.
Médina Belaïd, Olivia Romiti et Anaïs Ebayilin, coéquipières d’Auryane Abdourahim à Paris, accompagneront la jeune Mahoraise en Suède.
La déchetterie mobile à M’tsamboro ce samedi 27 avril
La déchetterie mobile du Grand nord sera déployée samedi 27 avril, de 8h à midi, sur le point de vue Chifouni dans la commune de M’tsamboro, informe la communauté d’agglomération du Grand nord de Mayotte (Cagnm) ce jeudi. Quatre bennes seront positionnées afin de récupérer les déchets verts, encombrants, ferraille, déchets électroménagers et ampoules. L’apport des déchets est gratuit.
Journées portes ouvertes au RSMA les 4 et 5 mai
Le régiment du service militaire adapté de Mayotte (RSMA) ouvre ses portes les samedi 4 et dimanche 5 mai, de 8h à 17h au quartier de Hell, à Combani. Le public pourra alors découvrir gratuitement le régiment, ses missions, ses 22 filières de formation, visiter les plateaux pédagogiques et rencontrer les cadres ainsi que les volontaires du RSMA.
L’occasion aussi d’assister à des démonstrations dynamiques qui illustrent des savoir-faire de l’armée de Terre, de participer à des activités sportives et des jeux, comme une tombola pour gagner des lots. Les deux jours seront aussi rythmés de six concerts donnés par des artistes emblématiques de Mayotte : Dievil Genuis, 976 Kaira et Jah D One, Naid, Komo, M’toro Chamou et Socla Familia. Une centaine de stands permettra également de découvrir des associations et de l’artisanat local.
Un tournoi de basket-ball 3×3 au gymnase de M’gombani le 11 mai
Un premier tournoi de basket-ball 3 x 3 à Mayotte (appelé « le Big tournoi 3 x 3 ») aura lieu samedi 11 mai, à partir de 9h, au gymnase de M’gombani, à Mamoudzou. Il s’agit d’une variante qui se joue avec trois joueurs de chaque côté sur des matchs d’environ dix minutes. L’événement, organisé par le TCO Basket en collaboration avec la ligue régionale de basket-ball de Mayotte, est ouvert au public.
Les gagnants du tournoi, tant chez les filles que chez les garçons, auront l’opportunité de représenter Mayotte lors du prestigieux Run Ball qui se tiendra à La Réunion le 27 juin prochain.
Près de 16,5 % demandeurs d’emplois de moins sur un an
Le nombre de demandeurs d’emplois tenus de rechercher un emploi et sans activité (catégorie A) à Mayotte passe de 17.410 personnes au premier trimestre 2023 à 14.535 personnes à celui de 2024. La direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Deets) constate ainsi une baisse de 6, 6 % (1.025 personnes en moins), dans sa publication de ce jeudi 25 avril.
Sur un an, à Mayotte, la baisse de demandeurs d’emplois tenus de rechercher un emploi et sans activité inscrits à France Travail (ex-Pôle Emploi) est de 16,5 %.
« Si j’avais vu le couteau, je serais parti, tu vois »
« La France et l’Europe ne doivent pas laisser les Mahorais seuls en première ligne »

Après des déplacements en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, et à La Réunion, Marine Tondelier, la secrétaire nationale du parti Europe Écologie Les Verts (EELV), était à Mayotte du 17 au 19 avril. Avec nous, elle revient sur sa visite, les enjeux d’immigration, les enjeux environnementaux, et les élections européennes qui se tiennent du 6 au 9 juin prochain.

Flash Infos : Il s’agit de votre première visite à Mayotte. Pourquoi était-il important pour vous de venir ?
Marine Tondelier : Il faut savoir que j’ai décidé, il y a quelques années, de ne plus prendre l’avion – car je n’en ai pas besoin dans ma vie quotidienne pour aller voir ma famille, contrairement aux habitants des îles, qui ont le droit de sortir de leur île. Je m’étais toujours dit qu’en tant que secrétaire nationale d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), si je devais reprendre l’avion, ce serait pour aller dans les territoires d’Outre-mer, pour aller écouter ses habitants. Je suis venue à Mayotte avec beaucoup d’humilité, c’est-à-dire que je n’allais pas descendre de l’avion en disant : « comme je viens d’arriver depuis dix minutes, je vais vous expliquer ce qu’il faut faire parce qu’évidemment, j’ai tout compris en lisant des notes dans l’avion » (Elle rit). Je venais pour me rendre compte par moi-même, pour échanger avec un maximum de personnes sur place et pour nouer des relations de travail, qu’on pourrait prolonger dans le temps. Parce qu’on n’est pas venus juste pour deux ou trois jours. Nous sommes venus sur le territoire pour commencer le travail au service de Mayotte, au service de celles et ceux qui voudraient travailler avec nous sur place, avec les gens qui voudraient par exemple rejoindre les Écologistes pour qu’on puisse avancer ensemble et avoir une vraie présence sur Mayotte, afin de défendre les habitants et leur cadre de vie.
F. I. : Comment votre visite s’est-elle déroulée ? Quels acteurs avez-vous rencontrés ?
M.T. : On a rencontré beaucoup de monde. Plusieurs associations environnementales comme Hawa Mayotte, Mayotte Nature Environnement et les Naturalistes. On a rencontré aussi des étudiants, les Jeunes Agriculteurs. Nous sommes allés au bidonville de Kawéni et à la maternité. On a rencontré des militants, on a vu Solidarité Mayotte et Mlezi Maore. En se baladant, on a aussi voulu discuter avec les gens qu’on croisait pour pas être enfermés dans un programme institutionnel.
F. I. : En mars, vous avez interpellé dans une lettre le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, sur la suppression du droit du sol. Que pensez-vous des différents projets de loi pour Mayotte qui vont être présentés début juillet au conseil des ministres ?
M. T. : Nous on considère que : soit Mayotte, ce n’est pas la France, soit Mayotte, c’est la France. Et c’est le cas aujourd’hui. Il n’y a pas à y avoir de droit dérogatoire. Les citoyens de Mayotte ne sont pas des citoyens de seconde zone. Il faut les aider et les accompagner dans leurs difficultés, qui sont réelles et notamment au sujet de l’immigration. On n’a pas des œillères, on ne dit pas que ça n’existe pas et que tout va bien. Mais on pense que la France et l’Europe doivent prendre leurs responsabilités, intervenir et ne pas laisser les Mahorais seuls en première ligne pour gérer ce problème. L’Europe doit prendre sa part. Il y a des choses que j’ai vu sur certains territoires d’Outre-mer, en particulier à Mayotte, que personne n’accepterait dans l’Hexagone. Donc il faut qu’on aide ce territoire. Je pense qu’il ne faut pas se tromper de problème. Quand les gens viennent à Mayotte, ce n’est pas une question de nationalité, mais de fuir la pauvreté aussi. Tant qu’il y aura cette différence de niveau de revenu entre Mayotte et les territoires voisins, les gens continueront de venir. Dire que changer tel article dans tel code va arrêter cette situation, c’est se moquer des gens. Ça ne règle pas le problème de fond. Deuxièmement, il y a d’autres exceptions que j’ai pu constater sur place qui sont intolérables. Le fait que le Smic soit 20 % moins élevé qu’en Hexagone, que tous les minima sociaux soient moins élevés, alors que quand on va au supermarché, tout est 30 % plus cher pour l’alimentation c’est incompréhensible. Évidemment qu’il faut un projet de loi sur Mayotte et des politiques urgentes. Mais j’ai l’impression, parfois, que tout le cinéma que fait Gérald Darmanin avec les mesures est contre-productif.
F. I. : Justement, l’année dernière, EELV avait condamné l’opération Wuambushu. C’est aussi le cas cette année ?
M.T. : Wuambushu, ou plutôt « place nette », c’est contre-productif, ça crée de la violence, ça crée de l’insécurité. Il n’y a pas plus de reconduites aux Comores qu’avant. Parce qu’évidemment, quand ils décasent, ils préviennent avant, donc les gens ne sont pas là. Ils détruisent juste des logements qui, certes, ne sont pas des logements de qualité, mais qui permettaient au moins à certaines personnes, et parfois même à des Mahorais, pas seulement des étrangers en situation irrégulière ou régulière, d’avoir un toit sur la tête. Un toit que l’État ne leur procure pas, alors que quand on est citoyen français, on a un droit au logement opposable. Et qu’est ce que fait l’État ? Il paye des bulldozers pour aller détruire leurs habitats de fortune. Alors qu’il y a une épidémie de choléra naissante, on disperse des gens sans eau potable, c’est irresponsable, cela met les gens en danger. C’est du cinéma. Normalement, au cinéma, quand il y a un film qui marche très bien, on fait le numéro deux. Là, Gérald Darmanin fait ça, mais avec Wuambushu 1 qui était loin d’être un succès.
F. I. : Face à une problématique environnementale qu’est la gestion de la ressource en eau, une usine de dessalement va être construite à Ironi Bé. Plusieurs associations environnementales ont dénoncé ce projet pour son impact sur le lagon, et dont le caractère urgent lui permet d’être dispensé de certaines procédures. En tant qu’écologiste, que pensez-vous de cette situation, réglant une problématique environnementale en en créant une autre ?
M. T. : Je vais commencer par dire que quand on est un être humain sur cette planète, on a droit à l’eau potable. Et aujourd’hui, à Mayotte, les 38.000 mètres cubes disponibles d’eau potable par jour, ça ne suffit pas. Donc moi, je peux vous dire comment on devrait faire pour un projet écologique idéal, ce que je peux aussi vous dire, c’est qu’évidemment, tout ça doit être mis au regard de l’impératif que chaque Mahorais ait un accès dans les plus brefs délais à une eau potable de qualité. La deuxième chose est que cela pose plusieurs questions, notamment sur l’impact du rejet de saumure. Je comprends le caractère d’urgence, mais je ne veux pas qu’on dise que comme c’est urgent, on va faire n’importe quoi, quitte à le regretter après. Si tous les poissons du lagon meurent, comment font les pêcheurs ? Si on continue avec les réseaux d’assainissement qui ne vont pas, les déchets qui ne sont pas gérés comme il le faudrait, à la fin, c’est l’île de Mayotte qui va être rendue inhabitable. Et l’habitabilité de l’île de Mayotte ne tient pas à cœur qu’aux écologistes. Donc il faut en prendre soin. Aussi, si vous ouvrez une usine de dessalement, qui fonctionne à l’électricité, que le réseau n’est pas près adéquat et que ça se traduit par des coupures pour la population, c’est aussi compliqué. Mais j’imagine évidemment que les autorités ont ces problématiques là en tête, je pense par contre que les décisions doivent être prises de manière transparente et éclairée avec les études nécessaires. Mayotte est le bien commun de tous ceux qui habitent cette île.
F. I. : La gestion de la crise de l’eau a montré un manque d’anticipation des pouvoirs publics, la collecte des déchets ne montre pas ses résultats à certains endroits… Comment demander à la population de s’investir quand les gestionnaires sur le territoire ne montrent pas toujours l’exemple ?
M. T. : C’est une question très juste. J’ai toujours été absolument en désaccord avec les politiques qui disent que les citoyens doivent faire ceci, doivent faire ça. « Il faut couper l’eau du robinet, il faut éteindre le wifi, il faut, il faut, il faut. » C’est vrai qu’il y a une responsabilité de chaque habitant de cette planète, mais la première responsabilité, est celle de la société dans son ensemble. Et est-ce que les pouvoirs publics organisent une société où il est possible, même, d’être écologiste, où ces comportements sont encouragés et valorisés, ou est-ce-que, comme c’est le cas aujourd’hui, les autorités elles-mêmes ne prennent pas leurs responsabilités ? Aujourd’hui, quand vous habitez à Mayotte, de fait, c’est compliqué. Et les autorités ont une lourde responsabilité dans la situation environnementale de Mayotte. Je ne parle pas que de la santé des petits oiseaux, mais de l’impact sur chaque habitant qui est incommodé par l’échec de l’assainissement, de la gestion des déchets et de leur impact sur l’environnement et sur la santé. Il y a la question des moyens qui sont mis par l’Etat sur ce département… Car si c’est un département comme les autres, alors on s’en occupe. Il faut une égalité, non pas juste une égalité de moyens donnés, mais une égalité réelle, c’est-à-dire qu’il y a des départements français où il faut mettre les bouchées doubles car on part de plus loin. Mais il faut aussi que ça suive localement. On le sait, tout est plus difficile sur une île et c’est pour cela qu’on ne peut pas laisser Mayotte et ses habitants livrés à eux-mêmes et être juste obsédé par les opérations comme « place nette » de Gérald Darmanin, qui se prend pour Walker Texas Ranger, en menant une grande opération de communication qui n’améliore pas le sort des habitants sur place. Je trouve ça très méprisant, en fait, comme attitude.
F. I. : Les élections européennes approchent. Qu’est-ce que des députés EELV au Parlement européen pourraient faire concrètement pour Mayotte ?
M. T. : D’abord, je veux dire que je n’aime pas le mot « outre-mer ». Parce que pour les habitants de Mayotte, l’outre-mer, c’est l’Hexagone, donc tout est très relatif. Et en Europe, c’est pire. En Europe, les territoires comme Mayotte sont appelés les régions ultrapériphériques. Nous, au parti Écologistes, on veut mettre les Outre-mer au cœur de l’Europe. Il faut en faire plus pour ces territoires que pour les autres, car on a une dette envers eux, je n’ai pas peur d’utiliser ce mot. Il faut être lucide et honnête là-dessus. Sur la question migratoire par exemple, je pense que l’Europe doit être beaucoup plus investie pour aider Mayotte. Ce n’est pas à Mayotte de supporter seule le fait d’être près des Comores et que vu le niveau de vie là-bas, les gens aient envie de venir.
Concernant l’agriculture, je trouve que le système n’est pas juste pour les Outre-mer. Car ce sont les plus gros agriculteurs qui ont beaucoup d’argent de ce système, les petits agriculteurs ont plus de mal à avoir des subventions. Pour nous les petits agriculteurs doivent être davantage aidés. Ce sont eux qui produisent ce que les Mahorais mangent tous les jours, et on en a besoin que les Mahorais mangent des produits cultivés à Mayotte parce que cela fait vivre les agriculteurs, ce sont des circuits courts et parce que c’est moins cher en évitant de payer l’octroi de mer et les marges de la grande distribution. Donc il faut vraiment aider les petits agriculteurs mahorais. C’est important et c’est ce pourquoi nous nous battrons au Parlement européen.
F. I. : Comment comptez-vous convaincre les Mahorais de voter pour les Écologistes aux européennes ? Sachant que le parti a fait de très faibles scores aux dernières élections (4,36% aux Européennes de 2019) et qu’il n’y a pas d’antenne EELV sur le territoire ?
M. T. : 71 % des habitants de Mayotte n’ont pas voté aux dernières élections européennes. Quand je vois comment l’Europe aujourd’hui, telle qu’elle est conçue, abandonne Mayotte, je ne peux que le comprendre. Ce qu’on dit, c’est que chaque bulletin vert mis dans l’urne le 9 juin, sera pour une certaine vision de l’Europe, plus juste, différente et renforcée. Nous, quand vous mettez un bulletin vert dans l’urne, c’est très cohérent. Vous savez pour quoi vous votez : pour des écologistes, que ce soit en France, en Allemagne, ou ailleurs en Europe. La semaine dernière, juste avant l’arrivée de Marine Le Pen à Mayotte, son allié d’extrême-droite allemand, l’AFD, a dit qu’il fallait restituer Mayotte aux Comores. Alors que Marine Le Pen dit « Mayotte c’est la France, c’est super ». Donc concernant les habitants de Mayotte qui vont mettre un bulletin pour Marine Le Pen dans l’urne, je me demande vraiment pour quoi ils vont voter, parce que cela enverra au Parlement européen des gens qui vont siéger dans un groupe où une partie dit « Mayotte c’est la France » et l’autre partie « Mayotte doit être restituées aux Comores ». Ça devrait les interroger.
Commémoration : « L’esclavage n’existe plus, mais il y a encore des stigmates qui trainent aujourd’hui »
L’esclavage à Mayotte est une période sombre qui a longtemps été niée, mais qui a bel et bien existé. L’historien Inssa de Nguizijou a contribué à faire connaître ce pan de l’histoire. Il a notamment écrit le livre « L’esclavage à Mayotte et dans sa région : du déni mémoriel à la réalité historique ». Dans le Mayotte Hebdo numéro 1086 et avant la journée de commémoration du 27 avril, il revient sur les faits et les détails de l’esclavage sur l’île.
Mayotte Hebdo : Comment l’esclavage est arrivé à Mayotte ?
Inssa de Nguizijou : On entend souvent dire qu’on peut dater l’esclavage du IX au Xème siècle à Mayotte, mais ce n’est pas vrai parce que la société qui s’est installée à Mayotte tout au long du Moyen-âge, n’a pas laissé de trace d’une quelconque organisation basée sur l’esclavage. En revanche, on retrouve des traces d’esclavagisme, d’inspiration orientale, lié à la mise en place des sociétés arabo-shiraziens en provenance du Moyen-Orient. Cela commence vers le début du XVIème siècle. On n’a pas de dates précises.
Tout au long de la côte Est africaine, les vagues de migrations venant de la Perse et du golfe arabo-persique vont s’installer avec leur système de valeur. Et parmi les valeurs il y a le travail. Une certaine caste considère que travailler la terre, travailler avec ses mains est un déshonneur. Ils vont donc importer des noirs du continent pour prendre en charge tout le travail manuel.
M.H. : Qui étaient les maîtres ?
I.de N. : Les maîtres étaient des Arabo-perses, ainsi que l’élite locale puisque lorsque les Arabo-perses arrivent à Mayotte, il y a déjà des sociétés installées. Le mode opératoire pour les intégrer est de se marier avec les classes dirigeantes de ces sociétés et de fonder une dynastie métisse. Il y a donc les arabes purs, leurs descendants et la caste des dirigeants qui étaient déjà sur place. Ils vont tous former la caste des « kabayla ».
M.H. : Comment était organisée la société ?
I.de N. : C’est une organisation pyramidale et féodale. Il y avait trois castes. En haut de la pyramide on avait les « kabayla », au milieu les « wa gwana », ce sont des personnes totalement libres qui représentent l’ancienne population trouvée sur place. Ils n’ont pas forcément intégré la caste supérieure mais ils sont restés libres dans leur manière de travailler et mener leur vie. Et à la base de cette pyramide il y a les esclaves qui sont majoritaires au sein du corps social. Ils travaillent pour les castes supérieures. On les appelle les « wa rumoi ».
M.H. : Aujourd’hui, la question de la caste est moins présente, mais on note tout de même une différence entre les personnes foncées et ceux qui sont clairs de peau. Comment expliquer cela ?
I.de N. : Oui, c’est une réalité. Les bourreaux ont inculqué aux victimes une manière de percevoir le monde et les couleurs de peau. L’épiderme a toujours un sens social. Plus on est foncé, plus on va nous renvoyer vers des origines serviles. Plus le teint est clair et plus on va nous renvoyer à des origines nobles, à un héritage de sang arabe. C’est un raccourci qui a été créé dans la tête. C’est le drame de la dépigmentation de la peau. Se débarrasser de la peau noire, c’est aller vers ces castes dites supérieures. L’esclavage n’existe plus, mais il y a encore des stigmates, des traumatismes que l’on traine aujourd’hui.
M.H. : On a tendance à dire que l’esclavage à Mayotte était « doux ». Est-ce vrai ?
I.de N. : Qu’est-ce qu’on considère comme douceur dans la servilité ? Il faut balayer cette affirmation et revenir aux faits. Pendant la période arabo-shirazienne et durant la période française de l’engagisme, il n’y a rien de doux dans la manière de conduire la vie des assujettis. On tend à dire que l’esclavage était « doux » car des personnes ont bénéficié de largesse dans l’affranchissement parce qu’elles étaient proches du maître. Et c’était plutôt les esclaves qui évoluaient dans le milieu urbain. Ceux qui vivaient à proximité du maître pouvaient bénéficier d’une certaine clémence relative. Mais dès qu’on s’éloigne du milieu urbain, on se rend compte que la dureté du travail n’est en rien douce. Les esclaves agricoles et marins avaient une vie très dure. Les esclaves femmes étaient assujetties sexuellement. Cette réalité n’a rien de doux. J’ai étudié la folie et le système esclavagiste était tellement oppresseur que certains sont devenus fous et folles. Ils le sont devenus à la suite du traitement qu’ils ont subi, parce qu’ils n’auraient pas été emmenés pour travailler s’ils étaient fous depuis chez eux.
M.H. : Quelle est la différence avec la période de l’engagisme et du colonialisme ?
I.de N. : Lorsque l’on s’intéresse à la période de la colonisation française, on s’aperçoit que durant l’engagisme c’est juridiquement une forme différente du travail, mais dans la réalité les personnes engagées deviennent des esclaves puisque dans leurs contrats il était précisé qu’on leur devait une rémunération en contrepartie de leur travail, mais dans la réalité elles n’étaient pas payées ou étaient payées très tardivement, c’est à dire dix à douze mois de retard de salaire. Dans ces cas-là, il y a une rupture du contrat de travail.
Il y a un autre aspect à prendre en compte, ce sont les humiliations et les mauvais traitements dans les plantations. On n’est pas loin de la réalité réunionnaise, guadeloupéenne de la condition des engagés. La question qui se pose est de savoir si on est dans l’engagisme ou toujours dans une forme d’esclavagisme qui ne dit pas son nom.
M.H. : Comment étaient organisés les quartiers dans les villes ?
I.de N. : Les villes murets, c’est-à-dire les médinas, représentent la ségrégation spatiale. Une médina appelle forcément à une interprétation sociale qui exclut un certain nombre de personnes. Les nobles, les commerçants, ceux qui possèdent le pouvoir politique, habitent dans la médina. La population servile vit en dehors. Ce schéma n’a pas changé aux Comores. L’exemple d’Anjouan est le plus parlant car les médinas existent encore ainsi que le système de caste. D’ailleurs, parmi les explications du problème d’immigration actuelle c’est qu’il y a des personnes qui n’arrivent pas à trouver leur place dans la société anjouanaise. Au-delà des aspects qu’on a l’habitude d’entendre, ils fuient leur île pour trouver une dignité d’être-humain. C’est une bouffée d’oxygène moral pour eux car ici ils sont considérés comme des humains avec des droits.
M.H. : Comment en est-on sorti ?
I.de N. : Lorsque le colonisateur est arrivé sur place, il s’est aperçu que pour mettre en place son système colonial il lui fallait de la main d’œuvre. Et ceux qui en avaient, étaient les Kabayla. Donc, le seul moyen de s’en accaparer pour construire les routes, les usines, mettre en place les ateliers coloniaux, c’est de libérer cette main d’oeuvre en abolissant l’esclavage. Les colonisateurs n’ont pas aboli l’esclavage pour les beaux yeux des Mahorais, mais plutôt pour utiliser ces personnes dans leurs intérêts.
Le pouvoir décide d’abolir l’esclavage le 9 décembre 1846, par ordonnance royale, mais cette abolition s’accompagne d’une obligation des affranchis de s’engager auprès de l’administration, des concessions ou encore de tout autre entité qui peut les engager pour éviter qu’ils soient dans l’oisiveté. On va racheter leur liberté en indemnisant leurs propriétaires, en tout cas ceux qui avaient émis le souhait d’affranchir leurs esclaves. Mais à partir de ce moment, ceux qui ont été affranchis se rendent comptent que leurs conditions de travail ne diffèrent pas trop de l’esclavagisme auquel ils étaient habitués quelque temps avant. Donc ils se révoltent en 1847 pour dénoncer cela.
De plus, même si on était affranchi, on avait toujours des stigmates de cette servilité parce qu’au moment de l’affranchissement il y avait un rituel où on faisait des scarifications sur le front. À l’époque c’était un code pour notifier à la société que cette personne a été esclave mais ne l’est plus. Socialement ça restait un poids.
M.H : Pourquoi a-t-on du mal à reconnaître ce passé ?
I.de N. : Il y a un déni certain, une mémoire qui se veut oublieuse. Pour autant les preuves de l’existence de l’esclavage existent. On a une société qui a une approche de la mémoire assez volatile. On se concentre sur le présent car c’est le plus important. On a d’autres problèmes plus urgents qui nous font oublier ceux du passé. C’est ce qui explique en partie le déni, volontaire ou pas volontaire. Il y a aussi un autre aspect, c’est la méconnaissance. Il y a des personnes qui ne savent pas que l’esclavage a existé à Mayotte. Le fait qu’on ne sache pas cela ne participe pas non plus à la libération de la parole. Ils nous demandent des preuves. Même des élus tiennent ce discours et ça complique notre travail.
Il y a un déni de la réalité mais le travail d’histoire permettra d’effacer le négationnisme de l’esclavage à Mayotte.
M.H. : Quel travail faites-vous pour cela ?
I.de N. : Aux archives départementales de Mayotte nous intervenons dans les établissements scolaires. On a trois, quatre expositions qui circulent dans les écoles. Les enseignants doivent aussi faire le travail, mais on ne peut pas dire qu’on n’a pas de support. Ce discours était compréhensible il y a quelques temps, mais aujourd’hui, on a des éléments qui permettent d’apporter de la connaissance avec beaucoup de pédagogie aux élèves.
Un événement organisé au marché d’Hajangoua
Au marché couvert d’Hajangoua, à partir de 9 heures, dimanche 27 avril, une commémoration de l’abolition de l’esclavage est organisée par la communauté d’agglomération de Dembéni et Mamoudzou (Cadema). La journée sera ponctuée d’ateliers de danse, de jeux et de cuisine hérités des populations serviles déportées dans l’archipel.
Une nouvelle maison France Services inaugurée à Bouéni
La quatorzième maison France Services de Mayotte a été inaugurée, ce jeudi matin, à Bouéni. Cet établissement, qui permet d’accompagner gratuitement les habitants qui ont besoin d’aide pour leurs tâches administratives, promet « une expérience plus fluide et plus pratique » que les anciennes permanences, assure Mouslim Abdourahamane, le maire de la commune. Monter un dossier pour toucher des allocations familiales, déclarer ses revenus, ou encore prendre connaissance des offres d’emploi (via France Travail) : cela peut désormais être réalisé en un seul et même point, au rez-de-chaussée de la mairie.
Deux conseillères, employées par la municipalité, accueillent désormais les personnes qui ont besoin d’aide pour finaliser des démarches administratives. « Ça fait quelques temps qu’on la demande. On n’était pas planifié dans la programmation de l’État, et récemment, on a été obligé d’insister auprès de la préfecture. Ils ont travaillé et au mois de juillet 2023, on a pu avoir le label France Services », raconte le maire. Treize maisons France Services avaient déjà été créées à Mayotte, soit une par canton. Pour l’édile, l’objectif de l’établissement est de « rapprocher au plus près de la population pas mal de services publics ».














































