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« Elle n’a jamais accepté que son seul fils épouse une Mahoraise »

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Le matin du 3 juin 2016, à Labattoir, une dame de 60 ans a porté trois coups de machette à la tête d’une septuagénaire. Le motif de la tentative d’assassinat, au cœur du procès d’assises qui a commencé ce jeudi, serait le mariage entre les enfants respectifs qui n’a jamais été accepté, tandis que l’acte aurait été perpétré sur fond de croyances locales.

« Tu as envoyé des foundis pour me tuer. Je vais te tuer avant que tu me tues », sont les mots dont se souviennent les témoins de la scène du 3 juin 2016. Ce jour-là, vers 10h, sur le perron d’une maison de Labattoir, ils ont assisté, stupéfaits, aux trois coups de mpanga portés sur une femme de 72 ans alors en pleins préparatifs de mariage d’une voisine. « J’ai senti des coups sur ma tête, le sang qui commençaient à couler. Je me suis protégée avec mes mains et j’ai eu les doigts en partie coupés », avait raconté la septuagénaire aux gendarmes. Une plaie profonde du cuir chevelu a entraîné une hémorrhagie importante. Huit jours d’ITT (Interruption temporaire de travail) ont été donnés, tandis que la coco a dû passer deux semaines à Saint-Pierre (La Réunion) pour se soigner. Âgée de 80 ans maintenant, celle qui dirige une école coranique en Petite-Terre n’assiste pas au procès qui a commencé ce jeudi matin et se terminera, ce vendredi.

Sans rancœur aujourd’hui, elle n’assiste pas à cette affaire qui a marqué la famille. Car les deux femmes se connaissent bien, leurs enfants se sont mariés en 1993. Depuis ce temps-là, l’accusée a développé des griefs vis-à-vis de sa belle-fille. « Elle est Anjouanaise. Elle n’a jamais accepté que son seul fils épouse une Mahoraise, alors que j’ai un père anjouanais », estime cette dernière, à la barre du tribunal judiciaire de Mamoudzou, ce jeudi matin. « Dès le début, elle n’a pas aimé notre relation et me l’a dit à plusieurs reprises. » Prenant sur elle, elle a préféré laisser son mari en dehors de ça. « C’est sa mère, je ne voulais pas me mettre entre lui et elle », poursuit-elle. Son époux n’était pas dupe. Il ne pouvait cependant pas arrêter de rendre visite à sa génitrice. « Depuis mes 14 ans, au moment où mon oncle a été licencié, je m’occupe d’elle et de ma petite sœur », raconte le pompier. Un compromis a été trouvé. Quand il se rendait chez sa mère, son épouse ne quittait pas la voiture. Les cinq enfants du couple n’ont pas plus l’occasion de voir leur grand-mère. « Elle n’a jamais demandé à les voir », assure la belle-fille. Quand les coups ont été donnés, le matin du 3 juin 2016, cela faisait sept ans que les deux mères ne s’étaient pas vues.

« C’était destiné par Dieu » 

Qu’est-ce qui a donc motivé ce geste ? Difficile à dire, ce jeudi matin, face à la cour d’assises, l’accusée indique « ne plus se souvenir » et qu’elle n’était plus elle-même. « C’est un accident », « ça s’est passé, je ne le referai plus », « ce qui est fait était destiné par Dieu », se contente-elle de dire encore aujourd’hui, alors qu’elle avait avoué à l’époque être allée la voir « pour lui faire du mal ». D’ailleurs, les croyances ne sont pas étrangères à l’affaire. La vieille dame a souvent l’habitude de se fier aux foundis « guérisseurs » locaux, un peu trop aux yeux de son fils. « Elle est vraiment accro, encore aujourd’hui. Elle se fait manipuler par des gens qui se prétendent des foundis. Il suffit d’aller en voir un et dire qu’on a mal à un doigt pour qu’il nous dise qu’on a un cancer et qu’on revienne le voir », juge celui qui s’en méfie, tout comme sa belle-famille. Maître Mariane Hermand, qui défend l’accusée, rebondit sur le sujet en demandant au fils si ma mère était manipulée. « Oui », répond-il, citant en exemple le fait qu’il ne donne plus d’argent à sa mère pour qu’elle achète de la nourriture. En effet, elle s’en sert davantage pour ne plus qu’elle voit de foundis « guérisseurs ». C’est un cousin en qui elle a confiance qui lui apporte les courses.

Un autre élément a été déterminant et a été avancé pour expliquer l’agression. La sexagénaire a développé des problèmes de dos. La maladie aurait été « transmise » par la famille de sa belle-famille, pense-t-elle alors. « C’est le problème. Elle croit qu’on fait des choses avec ma mère », rappelle la belle fille, indiquant comme son mari qu’elle ne croit pas aux « grigris ». Le verdict dans cette affaire est attendu, ce vendredi.

Street-art : Ulyssano couronne de fleurs une résidence de Cavani

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Ulyssano a commencé sa composition florale le 1er février sur les murs de la résidence de Tamarins les Bas, à Cavani, Mamoudzou.

Spécialisé depuis quelques temps dans les fresques décoratives, le graffeur Ulyssano a achevé une composition florale pour une résidence de la Société Immobilière de Mayotte (Sim), à Mamoudzou, la semaine dernière. Un travail étalé sur douze jours qui a permis d’égayer un peu la vie du quartier.

La résidence de Tamarins les Bas s’est fait une nouvelle couleur. Ou plutôt plusieurs. Cet immeuble de la Société Immobilière de Mayotte (Sim) situé dans le quartier de Cavani, à Mamoudzou, a fait peau neuve grâce aux coups de pinceau d’Ulyssano, street artiste présent à Mayotte depuis trois ans.

Initialement expert en graffiti, ce professeur d’éducation physique et sportive (EPS) se spécialise depuis quelques temps dans les grandes fresques murales, à l’image de celles qu’il a déjà pu réaliser pour les restaurants Citron vert du centre-ville de Mamoudzou et d’Hamaha, pour le Perchoir à Cavani, ou encore pour la maison des lycéens à Kahani (Ouangani).

« Avec l’artiste Papajan, on voulait démarcher des entreprises un peu plus grosses, donc on a pris rendez-vous avec la Sim et proposé nos projets respectifs », indique Ulyssano, qui a déjà travaillé à plusieurs reprises avec le fameux graffeur aux makis. L’entreprise immobilière retient le projet d’Ulysse Clin, de son vrai nom. « J’hésitais entre reprendre les motifs des salouva ou bien des motifs floraux. La Sim a tranché pour la deuxième option », détaille le street artiste.

« Dans la rue, on a toutes les réactions en direct »

Depuis le 12 février, ce sont donc des fleurs tropicales, dont certaines de quatre mètres de haut, qui ornent la façade de 150 m2 de la résidence de Tamarins les Bas. Il aura fallu douze demi-journées à Ulyssano et son ami Jérôme Keucra, venu en renfort de l’Hexagone, pour achever cette fresque.

Une arborescence multicolore sur fond bleu qui n’a pas manqué de piquer la curiosité des riverains. « Quand on travaille dans la rue, on a toutes les réactions en direct : les gens qui ralentissent, qui nous disent si c’est bien ou pas », raconte le professeur. Pour ce projet, les retours ont semblé plutôt unanimes à l’artiste, régulièrement interpelé par les klaxons des voitures au fil de son ouvrage. « On nous a plutôt remercié d’alléger un peu la période en proposant de l’art coloré représentant Mayotte », avance celui qui a commencé ce travail le 1er février, peu après le début des barrages.

« Ce petit lien avec les habitants »

Mais le graffeur retient surtout la relation qui s’est créée avec les habitants de la résidence. « On les a croisés tous les jours. Certains nous apportaient des biscuits, venaient discuter. Certains enfants sont venus peindre avec nous tous les jours. C’est la première fois que je faisais une peinture sur autant de journées pour une résidence et c’était très agréable d’avoir ce petit lien avec les habitants », décrit Ulyssano.

Le travail désormais terminé, il repart quelques mois en métropole. À son retour, en août prochain, de nouvelles toiles devraient attendre le jeune artiste : peut-être bien la façade d’une autre résidence, à Koungou cette fois, ou encore les murs d’une école maternelle à Mamoudzou, dont le directeur a remarqué le travail d’Ulyssano en s’arrêtant devant la résidence de Tamarins les Bas.

Compte Instagram d’Ulyssano :  @ulyssano_rmf

 

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Comores : Un ressortissant français écroué pour agression sexuelle

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Un retraité d’une soixantaine d’années, installé dans l’Union depuis plus d’un an, ciblait les familles vulnérables pour pouvoir se rapprocher de jeunes hommes. Pour le moment, le nombre de victimes n’est toujours pas connu. L’homme, écroué, risque jusqu’à vingt ans de réclusion.

Une nouvelle affaire d’agression sexuelle visant un ressortissant de nationalité étrangère est révélée au grand jour. Selon nos informations, un Français d’une soixantaine d’années a été arrêté pour des faits d’agression sexuelle sur mineur. Il a été placé en mandat de dépôt depuis quelques jours à la prison de Moroni pour des actes « impudiques de contrenature » a confirmé une source bien renseignée. L’affaire a atterri au bureau du service de la cellule d’écoute et de protection des enfants victimes de violence. Cette structure a été créée pour accompagner les victimes de toutes les formes de violence, chaque île disposant de sa propre antenne.

D’après le responsable de l’antenne de la Grande Comore, qui a accueilli le témoignage à l’origine de l’ouverture de l’information judiciaire, ce présumé auteur serait un retraité qui s’était d’abord installé à Anjouan, puis à Mohéli avant de regagner la Grande Comore. « Il vivait à la Coulée, un quartier qui se trouve au nord de Moroni, dans une maison de la mère d’un jeune homme qui s’avère être un ami à lui. Puis il est parti vivre à Vuvuni, ville située à moins de quinze minutes de la capitale », a relaté, Mradabi Mziarani, le chef de service de la cellule d’écoute et de protection des enfants victimes de violence à Ngazidja (Grande Comore).

Des premiers témoignages

C’est de cette ville où est originaire le jeune homme de 17 ans qui a accepté de briser le silence en dénonçant les pratiques du sexagénaire. « Il s’était rapproché de la famille de la victime, une façon de pouvoir sympathiser avec tout le monde. Il a commencé à initier le jeune mineur à des câlins, l’invitant à dormir ensemble parfois. Mais n’appréciant pas ces gestes, l’adolescent est allé en parler à sa maman. L’enquête a commencé par-là », a ajouté, le service de la cellule d’écoute qui a salué l’accompagnement du Fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef), lequel a dépêché un volontaire pour les appuyer dans ce dossier.

Le présumé auteur dont nous tairons le nom, présomption d’innocence oblige, aurait commis les faits courant 2023. Une source judiciaire cite, entre autres, des attouchements. Le parquet a également retenu le chef d’inculpation « d’acte sexuel contraire aux bonnes mœurs ». Pour rappel, les Comores sont un archipel constitué par une population majoritairement musulmane et l’Union, tout comme les rapports intimes de personnes de même sexe est interdit. Certains membres de la communauté LGBTQ assument certes leurs statuts, mais ils ne sont pas libres de s’afficher. L’enquête suit donc son cours pour identifier les potentielles victimes.

« Il a vécu à Anjouan, ensuite Mohéli avant de venir ici. Mais personne n’avait essayé de s’approcher des autorités judiciaires pour dénoncer une quelconque pratique du monsieur », a regretté un défenseur des droits des enfants qui a suivi ce dossier. C’est grâce au mineur de 17 ans que la gendarmerie est parvenue à récolter d’autres témoignages. « Il faisait venir à la Grande Comore depuis les autres îles des jeunes garçons qui passaient une semaine avec lui. Il les prenait en charge avons-nous appris et détestait quand ses invités voulaient accomplir des actes religieux à l’instar de la prière », a indiqué le service d’écoute et de protection des enfants victimes de violence, dont le siège se trouve dans la zone où le présumé agresseur résidait quand il a débarqué à Moroni.

Les agressions sexuelles criminalisées depuis 2020

Si les faits qui lui sont reprochés sont confirmés par une cour, il risque jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle selon le nouveau code pénal comorien qui, depuis 2020, a criminalisé les agressions sexuelles. « Constitue une agression sexuelle tout acte ou atteinte sexuelle, de quelque nature qu’elle soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. Lorsque les faits sont commis sur la personne d’un mineur de moins de 18 ans, le non-consentement, la contrainte ou la surprise sont irréfragablement présumés », résume l’article 301 du code, cité dans le document d’accusation.

L’ambassade de France à Moroni a rappelé qu’elle ne peut apporter une assistance consulaire que lorsqu’elle est saisie. Ce qui n’est pas le cas pour le moment. Ainsi, la chancellerie a dit se conformer strictement à la convention de Genève qui interdit les interférences dans les affaires judiciaires d’un pays.

En juillet 2022, les sextapes d’un enseignant affecté à l’alliance française de Fomboni, capitale de Moheli, avait suscité l’indignation. Des plaintes pour agression sexuelle sur des jeunes femmes de 21 et 24 ans avaient été déposées aussi bien aux Comores qu’en France, où l’accusé s’était réfugié avant même l’éclatement de l’affaire. Au mois d’octobre dernier, un autre commerçant toujours de nationalité étrangère avait été accusé pour viol et séquestration sur une masseuse. Mais l’affaire a été étouffée.

Pas de facture d’eau jusqu’au 29 février

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La prise en charge des factures d'eau par l'Etat se poursuivent jusqu'au 29 février.

La compensation de l’État pour les factures d’eau organisée depuis septembre, en pleine crise de l’eau à Mayotte, se poursuit jusqu’au 29 février (tout comme les aides exceptionnelles pour les entreprises). Mais dès mars, le système de paiement rapporté au relevé du compteur pour calculer la consommation réelle devrait être remis en place par la Société mahoraise des eaux (SMAE). Aucune facture n’est à payer et ne sera à payer sur la période prise en charge par l’État, même après la crise, par les usagers. En revanche, « les personnes qui avaient des dettes, auront toujours leurs dettes à payer auprès de leur fournisseur « , rappelle Christian Pichevin, directeur régional des finances publiques de Mayotte (DRFIP).

Pour rappel, le gel du prix de vente de l’eau en bouteille est maintenu quant à lui jusqu’au 15 avril. La distribution générale s’arrêtant le 29 février, un stock stratégique est mis en place dans les administrations et les collectivités locales de façon à pouvoir remplacer, dès le 1er mars s’il le faut, la distribution dans les différents points au cas où il y aurait une absence d’eau potable. Depuis ce lundi, l’eau coule aux robinets deux jours sur trois, compte tenu, en partie, des niveaux des retenues collinaires remplies à 80 % pour celle de Combani et de 100 % pour celle de Dzoumogné, selon les derniers chiffres communiqués par la préfecture, ce mercredi.

Barrages : à quelles aides ont droit les entreprises ?

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Les barrages encore en cours sur une partie de l'île, ici à Tsararano, mettent des entreprises en difficulté. Photo d'archive.

Sur « potentiellement 5.000 salariés » à Mayotte, indique Christian Pichevin, directeur régional des finances publiques (DRFIP) sur l’île, 300 demandes d’activité partielle auraient été formulées à la Direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Deets) depuis le début des contestations des Forces vives, démarrées il y a environ cinq semaines, et des barrages toujours en partie en place à Mayotte pour, dorénavant, obtenir un état d’urgence sécuritaire, nous expliquent les barragistes.

La Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM) suspend ses actions de recouvrement à l’encontre des entrepreneurs qui ne paieraient pas leurs cotisations. La commission départementale des chefs de services financiers qu’il préside, avec notamment la DRFIP et la CSSM, a aussi débouché sur la possibilité d’accorder un plan de règlement des dettes fiscales et sociales pour permettre un étalement de paiement des cotisations sociales « jusqu’à 36 mois » : « Il faut nous saisir », exhorte le directeur. « Le plan validé s’impose aux créanciers concernés : Ursaaf, DRFIP… » En outre, « on fait en sorte d’accélérer toutes les demandes de Crédits d’impôts pour la compétitivité et l’emploi (Cice), qui n’existe plus que sur Mayotte », renseigne-t-il.

« Des échanges réels et concrets sont en cours »

À l’échelle locale, il ajoute : « C’est très important que le traitement des factures ne traîne pas au niveau des collectivités locales, dont les services eux-mêmes sont ralentis. On insiste sur ce traitement pour que nous nous puissions procéder aux paiements. »

Christian Pichevin informe que, « si le détail n’est pas encore connu », « des échanges réels et concrets sont en cours » avec le gouvernement pour mettre en place un dispositif d’aides afin de soutenir les entreprises dont l’économie est mise à mal par les barrages. Une demande réclamée par l’Intersyndicale réunissant des organisations patronales dont le Medef Mayotte et les chambres consulaires de l’île, et déjà relayée par les services de la préfecture au ministère d’Outre-mer ainsi que l’administration de Bercy. Prudent, il déclare cependant que, l’absence de stabilisation de la situation à Mayotte « peut être un élément de frein », tout dispositif nécessitant une période définie d’application des aides, explique l’administrateur général des finances publiques.

VIDEO. Les leaders des Forces vives demandent la levée des barrages

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Safina Soula, représentante des Forces vives, demande que les barrages soient levés pour le bien du mouvement.

Safina Soula et d’autres représentants des Forces vives ont appelé le reste du mouvement à la levée des barrages ce jeudi matin, lors d’une conférence de presse à leur QG devant la préfecture de Mayotte, à Mamoudzou. Selon les leaders, cette étape est nécessaire pour que l’État puisse travailler concrètement sur ses engagements, même s’ils comprennent les craintes de la population qui aurait souhaité voir des mesures concrètes contre l’insécurité être prises immédiatement. Pour rappel, les barragistes encore présents sur les routes réclament l’état d’urgence sécuritaire.

« À ce stade, notre objectif premier est atteint », stipule Safina Soula en évoquant les engagements pris par le gouvernement pour lutter contre l’insécurité et l’immigration clandestine dans le courrier reçu la semaine dernière. Elle maintient que le mouvement continue, mais sous une autre forme, sans les barrages. « Le combat doit-être mené ensemble dans l’unité », ajoute-t-elle, ne cachant pas la division que subissent les Forces vives.

La crédibilité du mouvement en jeu

« Nous appelons à garder notre unité, c’est elle qui nous a permis d’avoir une porte ouverte auprès du gouvernement », renchérit Sylviane Amavi, une autre représentante présente à la conférence de presse. Face aux engagement du gouvernement, les leaders présents ce jour estiment que les Forces vives doivent tenir la parole qu’ils avaient donnée : lever les barrages en échange d’engagements écrits. Sans cela, ils redoutent une perte de crédibilité du mouvement auprès du gouvernement, alors qu’ils doivent travailler ensemble.

Miréréni-Combani : le conflit intervillages s’enflamme

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Quatre véhicules ont été intégralement brûlés, selon la gendarmerie de Mayotte. Crédits : réseaux sociaux.

Le face-à-face entre bandes de délinquants basées à Miréréni et Combani s’était quelque peu tassé avec le mouvement social. Cela n’a pas duré. Les affrontements ont repris il y a quelques jours, selon la gendarmerie de Mayotte. La nuit passée, des heurts ont été signalés dès minuit, avant qu’une série d’incendies volontaires ne soient déplorés dans le quartier Mogoni. Un banga a d’abord été la proie des flammes vers 2 h, puis quatre voitures ont été entièrement calcinées. 16 autres véhicules seraient considérablement dégradés, selon un bilan encore provisoire des forces de l’ordre.

« Les constatations d’usage n’ont pas pu être réalisées à ce moment-là. Elles ont été faites au lever du jour. Les forces de l’ordre sont reparties vers 4 h », nous explique le chef d’escadron Bertrand Bidet, officier de permanence de la gendarmerie de Mayotte. Une enquête a été ouverte afin d’identifier les auteurs. Le centre commercial Ylang-Ylang, qui abrite notamment le Carrefour de Combani, est fermé ce jour.

Choléra : le bilan monte à 98 cas recensés aux Comores

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L’Union des Comores confirme avoir enregistré 98 cas de choléra et le décès de six personnes, fait savoir, ce mercredi, l’Agence régionale de santé (ARS) dans un communiqué. Avant cette confirmation, selon les informations de notre correspondant à Moroni, les Comores en avaient identifié 83. Mardi matin, lors d’une conférence de presse à laquelle nous avons assistée, le directeur de l’Agence régionale de Santé (ARS) de Mayotte, Olivier Brahic, avait annoncé que si la bactérie n’est pas présente sur l’île, une « veille sanitaire » est mise en place ainsi que des contrôles sanitaires pour les arrivées par bateau ou par avion qu’elles proviennent des Comores, de la Tanzanie ou du Kenya. Il avait alors prévenu « d’une hausse de la menace, soyons clairs ».

La maladie se transmet par les selles. Ainsi, depuis six mois, tout prélèvement de ce type pour des analyses fait l’objet d’une recherche du choléra, avait aussi indiqué l’ARS. Seuls 20 % des cas développent des symptômes : des diarrhées aigües, des vomissements ou de la fièvre. La première recommandation est de se laver les mains avec du savon impérativement car la maladie peut se transmettre également par l’eau. Alors qu’une campagne de vaccination a eu lieu en 2001, elle n’est pas envisagée en raison de « stocks limités », indique l’ARS qui s’engage à communiquer sur toute évolution sanitaire.

« Rideau de fer » maritime : les élus mahorais demandent des précisions

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Un peu éclipsée par l’annonce de la fin du droit du sol, le 11 février, une autre nouvelle donnée la veille suscite toujours la curiosité. Sous quelle forme prendra le « rideau de fer » maritime voulue par Gérald Darmanin ? Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a donné peu d’éléments à ce sujet, hormis qu’il mobilisera l’armée, puisqu’un navire militaire (aidé de drones) sera placé à la limite des eaux territoriales françaises pour dissuader les entrées. Mardi matin, le sénateur mahorais Thani Mohamed Soilihi, accompagné par Zoubaïr Alonzo (directeur de cabinet du président du Département mahorais, Ben Issa Ousséni) et Faridy Attoumane (Délégué de Mayotte à Paris), a rencontré les conseillers du ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Cela fait « suite aux dernières annonces de ses collègues de l’Intérieur et des Outre-mer », confirme le parlementaire sur Facebook. Selon lui, l’une des deux questions principales était : « comment les militaires vont-ils concrètement contribuer à sécuriser le territoire mahorais et à la lutte contre l’immigration clandestine ? ».

Le sénateur mahorais et ses collègues du Département se sont montrés également intéressés par la prise en charge de jeunes sur le territoire mahorais. En effet, les résultats obtenus en matière d’insertion par le régiment de service militaire adapté (RSMA) de Combani sont souvent mis en avant à Mayotte. Pour rappel, le projet d’un nouveau RSMA dans la commune de Chirongui est toujours à l’ordre du jour.

Cadema : le conseil ajourné faute d’élus présents

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L’ordre du jour particulièrement chargé du conseil communautaire n’a pas pu être abordé, ce mercredi après-midi. Les élus de la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou devaient se retrouver à la Maison pour Tous de Dembéni. Mais en raison des barrages et du nombre trop faible d’élus connectés par visioconférence, le quorum n’a pas pu être atteint et la réunion reportée à lundi après-midi.

L’écoconstruction : un allié considérable pour les six îles de l’océan Indien

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Ce mardi 20 février, a eu lieu dans les locaux de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de La Réunion, la cinquième conférence du premier cycle « Résilience de l’océan Indien », organisée par l’association Cap business océan Indien en collaboration avec la CCI et la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) de la Réunion. Cette conférence portait sur les enjeux et les opportunités de l’écoconstruction sur les îles de l’océan Indien : développer ces îles sans polluer avec la participation de leur acteurs privés pour adopter une stratégie bas-carbone. Une participation jugée importante avaient conclu les organisateurs du précédent forum.

« L’écoconstruction est un sujet particulièrement important. Nous profitons de cet échange de connaissances pour découvrir ce qui se fait sur les différents territoires de nos îles », déclare enthousiaste Pierrick Robert, président de la CCI. « C’est ainsi l’occasion pour les acteurs économiques de se connecter entre eux sur ce thème essentiel. » Guillaume Hugnin, président de Cap business océan Indien souligne quant à lui la « nécessité » de repenser l’approche de la construction dans les environnements tropicaux et celle, « impérieuse », de travailler sur la planification des territoires au vu des catastrophes naturelles « qui devraient s’intensifier et devenir plus fréquentes avec le changement climatique ». Cette association, créée en 2005, a pour but de rassembler et d’échanger avec les acteurs privés des six îles, sur les situations conciliant environnement et développement urbain.

Lockbit : la fin d’un réseau cybercriminel ?

La collaboration internationale de 11 pays, y compris de la France, a permis d’arrêter deux hackers en Pologne et en Ukraine, faisant partie du groupe de hackers russophone Lockbit. Leur logiciel d’extorsion « rançongiciel » cible depuis 2019 des entreprises, des hôpitaux etc… Ce lundi, durant l’opération « Cronos », la police a pris le contrôle de leur local principal. 34 serveurs ont été saisis dans plusieurs pays, dont la France. Une action qui a permis aux victimes de récupérer leurs données cryptées.

Trois mandats d’arrêts internationaux et cinq actes d’accusations ont été émis par les autorités françaises et américaines, inculpant des ressortissants russes : Artur Sungatov et Ivan Kondratyev connu sous le nom de « Bassterlord ».

Les hackeurs attaquent leurs victimes en s’infiltrant dans leurs bases de données et exigent ensuite une rançon. En cas de refus, ils vendent leurs données sur le dark web, ensemble caché d’Internet. Au total, au moins 2.500 attaques informatiques dans le monde et plus de 200 victimes ont été recensées en France par la justice.

Illettrisme, illectronisme : les étudiants proposent des ateliers

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L’association Mayotte Entraide Etudiants (M2E) met en place depuis le 15 janvier des ateliers avec différents partenaires pour lutter et sensibiliser contre l’illettrisme et l’illectronisme. Ces ateliers sont ouverts à tout le monde et ont lieu au centre communal d’action sociale (CCAS) de Bandraboua tous les mardis et tous les jeudis au local du Réseau d’Insertion Jeunesse (Rij) de Bouyouni de 9 h à 11 h, même si ce planning est susceptible de changer.

Différents ateliers sont mis en place afin de rendre autonomes les participants durant des échanges en français et leur permettre d’être à l’aise avec les outils numériques pour les personnes souffrant d’illettrisme et d’illectronisme. 55% de la population à Mayotte, ne parle pas et/ou est incapable d’écrire en français selon l’association. De plus, 15,4 % ont des compétences numériques limitées ou n’en ont pas. Pour plus d’informations aux 06 39 02 84 29 ou 06 39 67 27 99.

Barrages : « La sécurité a toujours été la première revendication de la base »

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Le barrage de Bandrélé restera en place tant que la sécurité ne sera pas assurée à Mayotte, disent ceux qui le tiennent.

Ce mercredi, plusieurs barrages sont encore en cours sur l’île, malgré une volonté de levée de la part de la majorité des leaders des Forces vives. Nous sommes allés voir les manifestants encore présents sur les routes, qui auraient voulu que la sécurité soit davantage placée au cœur des demandes au gouvernement.

« Comment voulez-vous qu’on arrête les barrages quand nos enfants risquent leur vie en allant à l’école le lendemain ? » Cette question, c’est Tadjidini, un des référents du barrage de Bandrélé qui la pose, ce mercredi. « On a cassé dix fois ma voiture, alors si je dois restée sur ce barrage pendant un an, je le ferai tant que je ne suis pas en sécurité », indique une des militantes présente à ses côtés.

La sécurité : ce maître mot, au cœur des préoccupations de la population, certains barragistes ont l’impression qu’il n’a pas été assez porté aux oreilles du gouvernement. C’est en tous cas le sentiment que nous partage Fakri, référent du barrage du carrefour Ngwézi, dans la commune de Chirongui : « Nos représentants ont mis davantage en avant la fin du titre de séjour territorialisé auprès de Gérald Darmanin que l’état d’urgence sécuritaire. C’est comme si la tête avait décidé sans consulter la base ».  

Pour Salima*, présente sur le même barrage depuis le début du mouvement, les représentants des Forces vives ont porté les revendications de la population dans le mauvais ordre. « Ils ont insisté sur la fin du titre de séjour territorialisé, qui a été amplifiée par le ministre avec la fin du droit du sol, mais on sait que ça va prendre beaucoup de temps et qu’il y a un risque que ça ne passe pas. Ce n’est pas qu’on ne veut pas de ces mesures, elles sont légitimes sur le long terme, mais nous on veut la sécurité de manière urgente et visible », détaille la militante, qui, si elle reconnait que l’État a mis en place des moyens pour lutter contre la délinquance, ne perçoit pas l’efficacité des mesures prises jusque-là.

Un état d’urgence non négociable

Pour tous les protestataires que nous rencontrons sur la route entre Mamoudzou et Chirongui, la déclaration de cet état d’urgence est la condition à la levée des barrages. « Ces délinquants qui nous attaquent de manière préméditée avec des pierres, des machettes et maintenant des barres de fer, pour nous, ce sont des terroristes. Toutes les conditions sont réunies pour que l’état d’urgence soit déclaré sans attendre », poursuit Salima.

Mafana, référent du barrage de Chirongui situé plus loin, à l’intérieur du village, et membre du Comité Citoyen du Sud, ne réclame pas nécessairement l’état d’urgence, mais n’importe quel moyen qui puisse assurer la sécurité sur l’île immédiatement. « Pour aller travailler à Mamoudzou, c’est le parcours du combattant à cause des violences sur les routes. Les gens vivent prisonniers chez eux, en témoignent les barreaux aux fenêtres », souligne-t-il en pointant du doigt une maison pour illustrer son propos.

Pour le militant, il n’était pas question de lever les barrages à la simple réception de la lettre ministérielle reçue la semaine dernière, couchant sur le papier les engagements de l’Etat pour Mayotte. « On y lit que l’opération Wuambushu est un succès et le bilan sécuritaire qui y est dressé n’est pas clair. On l’a pris comme une provocation, comme si on nous disait que tout allait bien », explique le membre du comité créé en octobre dernier pour lutter contre l’insécurité. « Et regardez ce qu’il s’est passé à Passamaïnty quand le barrage a été levé : le soir-même il y a eu des affrontements là-bas et à Tsoundzou », intervient Ambou, également membre du Comité Sud.

« Notre but n’est pas d’enfermer les gens »

Si ce mercredi après-midi, le barrage de Chirongui, à côté du lycée, laisse passer tous les véhicules, ce n’est qu’une ouverture provisoire qui doit durer jusqu’à la fin de la semaine. « Notre but n’est pas d’enfermer les gens, mais de dénoncer, sensibiliser et faire entendre nos revendications », appuie Mafana, qui espère que la venue prochaine de la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, permettra de mettre en place des mesures sécuritaires exemplaires.

Quand on lui demande s’il n’a pas peur que le mouvement soit en train de perdre en crédibilité, suite à ses revirements de position, sa réponse est claire : « La sécurité a toujours été la première revendication de la base, et pour l’instant, on n’a rien vu être mis en place. »

Les Forces vives s’étaient pourtant engagées à lever les barrages si le gouvernement mettait par écrit les annonces promises lors de la visite du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin. Vendredi dernier, les leaders avaient même annoncé une « mise de côté » des barrages après une réunion houleuse à Tsararano. Ce mardi, lors d’une réunion à Mroalé avec les barragistes, les leaders des Forces vives se sont majoritairement exprimés, encore une fois, pour la levée des blocages, estimant que le gouvernement avait joué le jeu. Mais la base du mouvement, elle, ne semble jamais l’avoir entendu de cette façon. Le courrier du ministre n’a clairement pas convaincu, les protestataires gardant le souvenir de promesses non tenues après les barrages de 2011 et de 2018.

« Il n’y a pas de division »

Pourtant, quand on leur demande, même si on reconnait une différence de position entre ces deux parties, il n’est pas question de division (voir par ailleurs). « Chacun exprime sa position. Quand il semble il y avoir de la colère entre nous, c’est la fatigue et l’émotion qui parlent, mais nous travaillons toujours ensemble », assure Mafana. « Il n’y a pas de division. Et d’ailleurs, il n’y a pas de Forces du peuple, nous somme les Forces vives », insiste Tadjidini, à Bandrélé, démentant, comme tous les manifestants rencontrés ce jour, la rumeur selon laquelle une nouvelle branche du mouvement se serait créée. « C’est de la désinformation créée exprès pour nous diviser », alerte le référent du barrage de Chirongui.

Pourtant, sur le barrage de Tsararano, on nous confie que ce climat de scission se fait ressentir : « Sur le barrage-même, il y en a qui ne sont plus trop pour rester alors que d’autres veulent le renforcer. » Pour l’instant, l’option du renfort semble être privilégiée dans les prochains jours, tout comme ce devrait être le cas au carrefour Ngwézi.

La sécurité à Mayotte dès demain ? On a l’impression d’une mission impossible. C’est sûrement pour cela que, sur une note plus légère, Mafana suggère au gouvernement de faire appel à Tom Cruise pour sauver l’île.

*Nom d’emprunt.

Barrages : Maintien ou non ? Le flou demeure chez les Forces vives

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La majorité des barrages sont maintenus, cette semaine. Seuls quelques-uns, comme ici à Coconi, ont été enlevés. Photo d’archives

Représentants des Forces vives et principaux groupes de barragistes peinent à s’entendre et beaucoup de gens sur l’île s’interrogent sur la direction que prend le mouvement. La preuve avec un nouveau communiqué transmis ce mercredi dans lequel ils disent « maintenir leur mouvement et intensifier leurs actions ciblées ». Des membres des Forces vives confirment la véracité du document, d’autres la démentent.

Est-ce un baroud d’honneur ? La réunion de ce mardi sur la levée ou non des barrages n’a pas permis d’obtenir un consensus. Pire, le mouvement unifié des Forces vives, qui paralyse Mayotte depuis quatre semaines, s’affaiblit au regard de l’épuisement de ses troupes et la sensation pour une partie d’entre eux d’avoir obtenu (ou presque) gain de cause. En tout cas, ces derniers sont prêts à laisser du temps aux ministres Gérald Darmanin et Marie Guévenoux pour mettre en œuvre leurs engagements. Sur les barrages en revanche (voir par ailleurs), ceux qui voulaient des engagements plus rapides et efficaces restent sur leur faim. Lors d’une réunion, ce mardi, à M’roalé, deux représentants des Forces vives sur quinze ont émis le souhait de continuer les barrages. Dans les groupes locaux, la tendance est difficile à lire, comme on peut le voir ce mercredi, aux barrages de Chirongui, Ngwezi, Milou, Bandrélé, Tsararano, M’tsamboro, Chiconi et même Longoni, ce matin. Coconi ou Passamaïnty, à l’inverse, ne sont plus barrés.

« Une décision claire a émergé après mûre réflexion et vote : la poursuite résolue de notre action », indiquent les Forces vives dans un nouveau communiqué, sans faire état de la scission, les personnes favorables à la levée des barrages ayant quitté la réunion de mardi avant la fin. Selon des sources discordantes, le document de ce mercredi est lui-même mis en doute. Une partie des Forces vives affirment que le texte vient bien d’eux, d’autres le démentent. Toujours est-il que le texte stipule : « Nous maintiendrons notre mouvement et intensifierons nos actions ciblées, témoignant de notre détermination à faire entendre et valoir nos revendications légitimes. Les Forces Vives de Mayotte restent unies et déterminées à lutter pour la sécurité et la dignité de notre territoire. » Il y fait bien mention à la réunion de la veille, en ayant toutefois une vision différente de celle que nous avons obtenue à l’issue. « Cette assemblée a été spécifiquement convoquée dans le but de recadrer et de préciser nos objectifs, affirmant notre engagement indéfectible à défendre les intérêts de Mayotte », explique le mouvement sans vraiment énumérer ses objectifs, s’accrochant à « l’impératif de la sécurité ».

« Des stratégies d’entrave »

Dans la première partie du texte, c’est d’ailleurs du ressentiment qui s’en dégage plus qu’une vision claire. D’abord parlant de « la persistance de stratégies d’entrave », il fait référence à des méthodes similaires ayant eu cours « lors des mobilisations antérieures de 2011 et 2018 » et depuis le début du mouvement, le 22 janvier. « Ces méthodes, d’une efficacité redoutée, ont pour but principal de fragiliser notre communication et de saper l’unité de notre mouvement par la diffusion de messages clivants, la création de faux comptes et de noms similaires au nôtre, comme « les forces du peuple », afin de semer la confusion, et de nous isoler des élus locaux », déplore le mouvement composé de collectifs mahorais ou de groupes de riverains réunis d’abord autour des objectifs communs, mais qui peinent à s’accorder dorénavant. D’après les informations recueillies mardi soir, Saïd Kambi, qui fait partie des personnes favorables à la poursuite des barrages, avait dû s’expliquer sur le sujet, niant toute idée de lancer son propre mouvement.

Le texte revient aussi sur les promesses du gouvernement. À propos du courrier du 14 février, « la réaction de l’État s’est révélée insuffisante, faisant abstraction de la question essentielle de la sécurité ». « Bien que cette correspondance évoque des propositions estimables, telles que la modification du droit du sol via une réforme constitutionnelle improbable », estiment les Forces vives. Elles émettent des inquiétudes par rapport à l’abrogation du titre de séjour territorialisé, principale revendication du mouvement depuis le début, avec le démantèlement du camp de migrants du stade Cavani (la suite a été promise « dans les prochains jours »). Elles regrettent que la fin de ce titre soit incorporée dans le projet de loi Mayotte rebaptisée loi urgence Mayotte, qui doit être présentée au conseil des ministres, le 22 mai. Une partie du mouvement craint, en effet, que le projet ne puisse pas aboutir ou même que la suppression du titre du séjour territorialisé soit rejetée par les groupes parlementaires. Les Forces vives, celles qui se réfèrent à ce communiqué, s’inquiètent également de « l’utilisation potentielle de cette loi comme levier de pression pour imposer des mesures inadaptées à la réalité mahoraise ».

Barrages : La double peine pour les mineurs victimes de violences

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Pendant les barrages érigés par les Forces vives de Mayotte, les travailleurs sociaux ont pu difficilement venir en aide aux victimes de violences au sein de leur domicile. Cette période proche d'un confinement était pourtant, selon eux, plus propices aux violences.

En raison des barrages sur l’île, les acteurs du social, malgré de nombreuses alertes de violences au sein de cellules familiales, se sont retrouvés bloqués dans leurs interventions et leurs suivis. Dans le social comme dans la justice, les professionnels se préparent à un lourd chantier pour prendre en charge les victimes après la crise.

La vanille mahoraise à l’assaut du Salon de l’Agriculture

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De gauche à droite, Julie Moutet, coordinatrice de Saveurs et Senteurs de Mayotte, Siaka Daouirou, président de l’association, Zainaba Mohamed, présidente de l'Office de tourisme Centre-ouest, et Mohamadi « Foundi Madi » Ahamada, producteur de vanille à Combani.

Le Salon de l’Agriculture 2024, ouvre ces portes du 24 février au 3 mars, rassemble tous les acteurs du monde agricole. Représentant Mayotte, l’association Saveurs et Senteurs s’invite à Paris Expo Porte de Versailles pour faire découvrir les produits exotiques de l’île aux parfums au public métropolitain.

Le savoir-faire mahorais se fraye une place au Salon international de l’Agriculture 2024. Du 24 février au 3 mars, à Paris Expo Porte de Versailles, Saveurs et Senteurs de Mayotte, une association mahoraise qui participe depuis sa création en 2011, sera présente à nouveau pour mettre en valeur les produits de l’île de Mayotte. Arrivée à Paris depuis le jeudi 15 février, Julie Moutet, coordinatrice de l’événement, accompagnée du président de l’association Siaka Dawirou et du producteur médaillé de l’année dernière, Mouhamadi « Foundi Madi » Ahamada, se préparent activement pour cet événement phare.

Interrogés sur leur motivation à participer au salon, cette année, Julie Moutet exprime que « notre désir est de faire découvrir les produits mahorais transformés et de montrer la vitalité de l’agriculture de l’île ». Les membres de la délégation mahoraise ambitionnent évidemment de promouvoir les produits locaux auprès du public métropolitain. Une médaille d’argent pour la vanille mahoraise, comme l’an dernier, serait un moindre mal. Le mieux bien sûr serait que « Foundi Madi » remporte la médaille d’or dont il rêve. L’équipe espère également nouer des partenariats avec des acheteurs et d’autres structures travaillant sur les filières vanille dans d’autres territoires. Parmi les produits phares qui seront présentés à Paris figurent la vanille, le café, le chocolat, le curcuma et le combava. Chacun de ces produits incarne l’authenticité et la richesse des saveurs mahoraises, offrant une expérience gustative unique.

Une Fédération des vanilles françaises

La petite équipe n’a pas fait le déplacement que pour l’événement particulièrement scruté cette année en raison de la crise agricole en Europe. Dès ce mercredi 21 février, elle a assisté à la conférence des vanilles françaises au ministère des Outre-mer, rue Oudinot, où doit se finaliser la création de la Fédération des vanilles françaises. Cette initiative, amorcée l’année dernière, accueille désormais de nouveaux membres tels que la Polynésie et prépare activement le prochain séminaire des vanilles françaises prévu à Tahiti en fin d’année.

Ce voyage récompense aussi une association et des agriculteurs mahorais, qui ont vécu une année particulièrement compliquée. Les inquiétudes persistent quant à l’impact des barrages sur l’acheminement des produits depuis Mayotte jusqu’à Paris. L’équipe a également dû surmonter la crise de l’eau qui a frappé l’île. Bien que des mesures ont été prises, telles que l’installation d’une citerne au PER de Coconi pour l’irrigation des plants de vanille avec de l’eau de pluie, la potabilité de l’eau a posé problème tant pour les visiteurs que les employés. Malgré ces défis, Saveurs et Senteurs de Mayotte restent déterminés à faire rayonner les saveurs mahoraises au Salon de l’Agriculture 2024.

Assises de Mayotte : Quinze ans de prison pour « l’homme à la hache »

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Lors du troisième et dernier jour d’audience, ce mercredi, devant la cour d’assises, deux hommes ont été reconnus coupables de tentative de meurtre, le 28 janvier 2016, à Mamoudzou. Alors que l’avocat général dépeint un accusé « assoiffé de sang » et l’autre, « lâche et manipulateur », la défense relève un manque de preuves et demande une requalification des faits. En vain.

« C’est quelqu’un assoiffé de sang », tranche l’avocat général Paul-François Thibault, en ce troisième jour de procès aux Assises de Mayotte pour juger deux hommes au motif de tentative de meurtre sur des faits commis il y a huit ans. Le verdict a été rendu ce mercredi : ils sont tous les deux jugés coupables. « C’est ce genre d’individus qui ont commencé la violence à Mayotte […] C’est eux qui ont montré l’exemple », avance l’avocat de la partie civile, maître Ibrahim Abdel-Lattuf, qui se souvient d’un territoire encore « apaisé » en 2016 même si déjà gangréné par des conflits entre bandes rivales de quartiers différents (là Kawéni dont Recto-Verso contre Barakani). « Ils ont voulu tuer. » Plus encore, « ils étaient préparés à faire couler le sang ».

Parmi trois jeunes pris à parti par une quinzaine voire une trentaine de personnes dans le quartier de Barakani, à Mamoudzou, dans la soirée du 28 janvier 2016, un adolescent de tout juste 15 ans a reçu plusieurs coups, dont les plus graves à la tête, par une hache, avant que la police intervienne. La victime, toujours absente de ce procès et que la cour n’a pas réussi à recontacter, avait ensuite réussi à atteindre l’hôpital et y est restée un mois. Désormais, « [elle] a du mal ne serait-ce qu’à prendre un verre d’eau » et « souffre de douleurs au soleil », informe son avocat. C’est sa main qui lui a permis de parer un troisième coup de hache.

« La violence, c’est l’air qu’il respire »

Si le premier accusé, Mohamed Touiouilou, tout juste dix-huit ans au moment des faits, confie sa culpabilité depuis le début de cette audience, le second maintient ne pas avoir participé à l’agression, ni de l’avoir assisté en lui tendant la hache comme cela lui est reproché. Sur la base des auditions réalisées avant l’audience, l’avocat général tacle ce père de famille d’une trentaine d’années de « menteur », de « lâche » et de « quelqu’un de manipulateur qui tente de berner la cour ». « La violence, c’est l’air qu’il respire », reprend-t-il au sujet de « l’homme à la hache », comme il appelle le premier accusé, victime de violences sexuelles lorsqu’il était mineur et scolarisé jusqu’au CM2, qu’il targue de « psychopathe. » Les mots « Daech », « Mohamed Merah » [terroriste auteur de tueries en 2012 à Toulouse et Montauban] tatoués sur ses bras l’interpellent. L’homme assis sur son banc, le regard dirigé vers le sol, déjà condamné par exemple pour une affaire d’agression au tournevis après les faits, serait « fasciné par la violence ».

Il souffre en réalité, selon le rapport de l’époque, de tendances psychopathiques, un déséquilibre caractériel et une tendance addictologique (alcool et chimique, dont il ne se souvient pas s’il s’en était administrée le jour de l’agression). Selon la défense, l’homme avait aussi continué les soins psychiatriques même après une obligation de soins décidée par la Justice.

« Des accusations faciles »

« On a quand même un sérieux problème », plaide maître Askani Moussa, avocat du complice encore présumé, Sayr Hadidja, en contrôle judiciaire depuis 2016. Il déplore un manque de preuves matérielles lors de ce procès telles qu’une expertise ADN ou alors un certificat médical « complet ». L’identification de son client repose « seulement » sur des déclarations faites lors de l’instruction désignant un homme grand et réunionnais qui adresse aussi des coups et traîne la victime sur le sol. « Ce sont des accusations faciles […] Dans un groupe d’une vingtaine, de trentaine de personnes, ne pourrait-ce pas être quelqu’un d’autre ? »

« Je pense qu’il voulait faire mal mais pas qu’il voulait tuer », tente maître Fatih Rahmani, avocat de Mohamed Toiouilou, rappelant qu’il n’a pas agi seul, a visé l’arrière de la tête alors qu’il aurait pu s’y prendre autrement et relevant un écart de plusieurs minutes entre l’intervention de la police et l’arrivée de la victime à l’hôpital. Un laps de temps pendant lequel elle aurait pu avoir reçu d’autres coups par d’autres personnes, ou même être poursuivie par son client « s’il avait eu cette volonté de tuer ». Il réclame à recaractériser les faits en violence avec armes plutôt que tentative de meurtre.

Demande refusée. La cour déclare les deux accusés coupables respectivement de tentative de meurtre et de complicité. Mohamed Touiouilou, qui a déjà purgé une partie de sa peine en détention provisoire, écope de quatorze ans ferme. Sayr Hadidja de cinq ans, dont trois ans avec sursis. Une peine entièrement aménageable. L’avocat général avait, lui, requis vingt ans de réclusion criminelle dont treize ans de sûreté derrière les barreaux pour le premier accusé désormais coupable, qui avait ouvert la bouche pendant l’audience sans en comprendre le sens, et douze ans de réclusion criminelle pour celui désormais reconnu comme complice.

Un nouveau-né abandonné dans la rue à Sada

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Le bébé a été admis au centre hospitalier de Mayotte. Sa mère a été identifiiée.

Un nouveau-né a été découvert au beau milieu d’une rue tôt ce mercredi matin, vers la mosquée de vendredi à Sada. L’alerte a dans un premier temps été donnée à la brigade de gendarmerie locale qui a immédiatement averti les secours. Vers 5h40, le nourrisson a été pris en charge avec le placenta de sa maman. Selon les secours, cette dernière a accouché dans la matinée.

Afin de contrôler l’état de santé du nouveau-né, les secours ont décidé de transporter en hélicoptère vers le centre hospitalier de Mayotte (CHM). Le nourrisson est sain et sauf. La mère a quant à elle été identifiée puis prise en charge en milieu de matinée.

L’inquiétude monte au lycée de Kahani après plusieurs intrusions

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À deux reprises, en moins de deux semaines, l'établissement scolaire a été visité des des individus dont les visages étaient dissimulés.

L’établissement scolaire n’accueille plus d’élèves depuis près de deux semaines. En cause, des cambriolages et des intrusions qui mettent à mal la continuité pédagogique, déjà largement bridée par le mouvement social en cours sur l’île.

Ces derniers temps, les rares allées et venues des enseignants et du personnel du lycée polyvalent Gustave-Eiffel, à Kahani, sont sous le signe de l’angoisse. À deux reprises, en moins de deux semaines, les locaux de l’établissement scolaire ont été visités par des individus dont les visages étaient dissimulés.

Le samedi 10 février, après une première intrusion, les monte-en-l’air sont repartis avec du matériel informatique, dont une vingtaine d’ordinateurs et du matériel technique. Selon Jérémie Saiseau, représentant du syndicat CGT Educ’action au lycée, des locaux ont par la même occasion été mis sens dessus dessous.

« Suite à cela, un certain nombre d’objets ont été retrouvés et des personnes auraient été interpellées », affirme le syndicaliste. Ce dernier félicite l’aide apportée par des adultes de Kahani. « Ce sont notamment eux qui ont permis de retrouver le matériel. »

L’établissement scolaire fermé pendant une semaine

L’établissement scolaire a été fermé une semaine durant, notamment afin de permettre aux enquêteurs de travailler, selon un message WhatsApp du proviseur. « On a été informé par la direction de manière assez précise et rapide des différentes intrusions », précise Jérémie Saiseau. « Suite au premier cambriolage, nous ne pouvions accueillir personne pour que l’enquête puisse se faire. »

Neuf jours se sont écoulés avant que des malfaiteurs profitent de l’absence de personnel dans l’établissement pour réitérer. Lundi, en plein jour, une bande de jeunes armés de machettes s’est rendue devant les locaux, accolés au lycée, de la Tama, une association qui aide les jeunes en situation de handicap. L’association est mitoyenne à des dépendances occupées par du personnel de l’établissement. Cette fois, la bande a tenté de forcer la grille. Apeurés, les agents se sont enfermés dans les locaux de l’association. En tentant d’entrer, les malfrats ont cassé la poignée de la porte de l’association. Les pompiers ont dû intervenir pour libérer les agents.

« Après la deuxième intrusion de lundi, l’inquiétude est montée. On a eu à nouveau un message de la direction nous expliquant qu’il fallait rester vigilant et qu’on évite de venir au lycée sans prévenir », raconte Jérémie Saiseau.

Contraint de fonctionner au ralenti depuis le début du mouvement social, le lycée polyvalent n’accueille plus d’élèves depuis bientôt deux semaines. D’autres établissements scolaires ont fermé leurs portes en raison de faits de violences et d’intrusions. C’est notamment le cas du collège M’Gombani, à Mamoudzou, où une bagarre entre bandes a éclaté dans la matinée de ce mercredi.

 

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes