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Barrages : « Tout ce travail risque de se retourner contre nous »

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Une partie des Forces vives, désormais scindées malgré elles, a demandé à l’autre de lever les barrages, ce jeudi, lors d’une conférence de presse.

Ce jeudi, plusieurs représentants des Forces vives, dont Safina Soula, ont tenu une conférence de presse à Mamoudzou pour demander à leurs confrères de lever les barrages restants. La crainte de voir le mouvement perdre sa crédibilité auprès du gouvernement se fait sentir.

Les représentants des Forces vives semblent dépassés par le mouvement qu’ils ont lancé, il y a maintenant un mois. C’est à leur tour, ce jeudi matin, de demander la levée des barrages, lors d’une conférence de presse devant leur QG, au niveau de la préfecture de Mayotte, à Mamoudzou. « Le mouvement doit continuer, mais sous une autre forme. Il faut lever provisoirement les barrages pour laisser se déployer les réponses à nos difficultés », insiste Safina Soula, une des représentantes du mouvement et présidente du collectif citoyen de Mayotte 2018, qui reconnait une « divergence » au sein des Forces vives dans la forme voulue pour la continuité du mouvement.

Tous entendent bien, ce jeudi, la crainte et la méfiance des manifestants toujours présents sur les routes, qui réclament des mesures immédiates contre l’insécurité, notamment à travers l’état d’urgence sécuritaire. « Nous comprenons cette colère, nous vivons l’insécurité », assure Sylviane Amavi, représentante des Forces vives, à l’intention des membres souhaitant le maintien des barrages tant que l’état d’urgence sécuritaire n’est pas déclaré.

« Nous avons donné notre parole »

De son côté, Safina Soula affirme que c’est bien la situation sécuritaire qui est au cœur du mouvement depuis son commencement et qui a été portée comme priorité lors des négociations avec le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, le 11 février dernier. « L’état d’urgence sécuritaire a bien été demandé, tous les points ont été abordés devant le ministre. Seulement, en trois heures, il fallait, à un moment, avoir un point central, qui ramenait les autres sur lui-même : le titre de séjour territorialisé », explique-t-elle. Concernant cet état d’urgence, Gérald Darmanin aurait répondu de manière générale que l’étude approfondie des différents points serait faite par la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, lors de sa prochaine visite à Mayotte, que l’on sait désormais programmée pour le 27 février.

Mais Saïd Mouhoudhoiri, présent à la table des représentants, tient à alerter. « Ce n’est pas une baguette magique. Sommes-nous prêts à vivre cet état d’urgence ? Il faut que nous fassions attention à ce que nous voulons », indique-t-il, rappelant que cette mesure reviendrait à avoir des militaires dans les rues, à un couvre-feu, à ne pas pouvoir se déplacer.

Si les représentants soutiennent les revendications de ceux qui maintiennent les barrages, elles en appellent à leur raison. « Nous n’avons pas fait tous ces efforts pour rien. Tout ce travail risque de se retourner contre nous. Nous avons donné notre parole de lever les barrages en échange des engagements écrits. Le gouvernement ne va plus avoir de considération pour les Forces vives », craint Sylviane Amavi, qui estime qu’il est désormais temps que les routes soient libérées, pour que les citoyens puissent veiller et les élus travailler à ce que les mesures promises soient bien mises en place.

« On comprend la peur de la population »

Zaïdou Bamana, également présent parmi les leaders, abonde en ce sens : « Le maître mot est la responsabilité. […] On comprend la peur de la population, il suffit de voir ce qu’il s’est passé cette nuit à Combani (voir par ailleurs). Dans l’immédiat, on a besoin de négociations dans un climat apaisé. On doit donner une chance à l’Etat de pouvoir démontrer ses engagements tout en restant derrière ses travaux. »

Safina Soula voit bien les conséquences qu’ont eu les barrages sur l’économie et rappelle que les barragistes travaillant dans le secteur privé vont aussi être impactés si les barrages continuent. Elle profite également de cette conférence pour indiquer qu’une réunion aura bientôt lieu avec les élus, pour pouvoir revenir sur leur rencontre avec Marie Guévenoux à Paris en début de semaine.

Le mot « division » ne fait plus peur aux représentants, qui l’emploient à plusieurs reprises. Mais, tous assurent vouloir aller dialoguer avec « leurs frères et leurs sœurs » bloquant encore les routes.

« Un appel au secours au gouvernement »

Contacté à l’issue de la conférence de presse, dans l’après-midi, Mafana, référent du barrage de Chirongui et membre du Comité citoyen du Sud, comprend la volonté des leaders d’apaiser les choses. Toujours pas question de division de son côté, mais de « petite divergence dans la forme ». Mercredi, il nous indiquait qu’il resterait sur le barrage tant que des mesures contre l’insécurité ne seraient pas mises en place immédiatement. Ce jeudi après-midi, sa position reste la même. « Au Comité du Sud, nous soutenons les barrages fermés », déclare celui qui laisse ouvert celui de Chirongui jusqu’à la fin de la semaine. Il affirme rester favorable à la discussion voulue par les leaders et que « l’ouverture d’esprit » est nécessaire pour atteindre leur but commun.

Il comprend la crainte des représentants de voir leurs efforts réduits à néant. « Le gouvernement a voulu nous faire peur en conditionnant la poursuite des travaux par la ministre déléguée à la levée des barrages, à la fin de la lettre qu’il a envoyée », dit-il. « Mais ce n’est pas une cour de récré. Si le gouvernement ne veut plus échanger avec nous à cause de ça, c’est qu’il ne comptait pas le faire au départ. »

Mafana respecte ce qu’il interprète comme un « conseil » des représentants, mais note qu’il ne s’agit pas d’une obligation : « Il faut bien comprendre que les barrages qui restent sont un appel au secours au gouvernement, et qu’on ne le fait pas contre les leaders. »

À quelles aides ont droit les entreprises ?

Sur « potentiellement 5.000 salariés » à Mayotte, indique Christian Pichevin, directeur régional des finances publiques (DRFIP) sur l’île, 300 demandes d’activité partielle auraient été formulées à la Direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Deets) depuis le début des contestations des Forces vives.

La Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM) suspend ses actions de recouvrement à l’encontre des entrepreneurs qui ne paieraient pas leurs cotisations. Aussi, un plan de règlement permettant un étalement de paiement des cotisations sociales « jusqu’à 36 mois » a été mis en place par la commission départementale des chefs de services financiers que Christian Pichevin préside. En outre, « on fait en sorte d’accélérer toutes les demandes de Crédits d’impôts pour la compétitivité et l’emploi (Cice) », renseigne l’administrateur des finances publiques. Il souligne l’importance de traiter les factures au niveau des collectivités locales « pour que nous nous puissions procéder aux paiements ».

« Des échanges réels et concrets sont en cours » avec le gouvernement pour mettre en place un dispositif d’aides, indique-t-il. Une demande réclamée par l’Intersyndicale réunissant des organisations patronales dont le Medef Mayotte et les chambres consulaires de l’île, et déjà relayée au ministère d’Outre-mer ainsi que l’administration de Bercy. Prudent, il déclare cependant que, l’absence de stabilisation de la situation à Mayotte « peut être un élément de frein », tout dispositif nécessitant une période définie d’application des aides, explique l’administrateur général des finances publiques.

Barrages : Des élus restés sur leur faim de leur déplacement à Paris

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Le déplacement en début de semaine d’une poignée d’élus mahorais n’a pas permis d’en savoir davantage sur les engagements pris récemment par le gouvernement pour mettre au blocage partiel de l’île, qui dure depuis presque cinq semaines maintenant. Concernant l’état d’urgence sécuritaire demandé par les Forces vives et les députés mahorais, une source parisienne indique qu’il est envisagé en cas d’échec de la deuxième opération Wuambushu.

L’attention d’une grande partie de la population mahoraise était suspendue aux annonces probables, potentiellement positives, mercredi, du président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni. De retour de Paris où il s’est entretenu, lundi après-midi, avec la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, en présence du maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla et le futur préfet de l’île, François-Xavier Bieuville, celui-ci est plutôt resté sur sa faim. Qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition, beaucoup d’élus présents à cette rencontre confient n’avoir obtenu aucune information nouvelle que celles déjà entendues, la semaine précédente. « Cette majorité nous a habitué à de la médiocrité, mais le coup de ce mercredi est de trop », s’est exclamé un élu d’opposition après avoir quitté le siège du département, ce mercredi. « Le président (N.D.L.R. Ben Issa Ousseni) nous a demandé de braver les barrages pour venir assister à cette réunion. Nous nous attendions à un compte-rendu clair de sa rencontre avec la ministre pour savoir sur quel angle nous pourrions nous mettre au travail pour ce qui relève des compétences départementales. Au lieu de cela, il nous demande de faire lever des barrages. Franchement, je n’ai pas compris grand-chose », confie une autre élue du Département. Si elle ne mâche pas ses mots, elle ne cache pas non plus son exaspération face à la posture du président de la collectivité dans la gestion de cette crise exceptionnelle pour les Mahorais. « Il n’a jamais été clair dans cette affaire, tantôt très proche des leaders de ce mouvement de colère légitime de notre population, tantôt distant. À force de jouer au pompier pyromane, le voici incapable d’imposer un retrait des barrages et il voudrait que ce soit nous qui le fassions à sa place. De quelle légitimité jouissons-nous pour nous adresser aux tenants des barrages ? Pourquoi ne le fait-il pas ? Lui qui se veut si proches des Forces vives, dont les meneurs eux-mêmes avouent ne pas être capables de se faire entendre de leur base ? »

Le chef du Département se voit reprocher d’avoir souvent fait cavalier seul dans la gestion de cette crise, d’avoir accepté de rencontrer le duo ministériel Darmanin/Guévenoux, le 11 février, en dehors de l’hémicycle Younoussa-Bamana, d’être notamment parti rencontrer la ministre des Outre-mer à Paris sans avoir, au préalable, consulté l’ensemble de ses collègues conseillers départementaux. « Il s’est probablement engagé auprès du gouvernement à réussir à faire lever ces barrages, alors qu’il aille convaincre les barragistes de le faire. Au-delà des revendications de la population, qu’est-ce que nous, élus, allons faire des 6.000 mineurs isolés qui dépendent du Département. Ils ne sont ni expulsables, ni régularisables. Ils s’ennuient et nous empoisonnent l’existence », conclut un autre élu de l’opposition. En somme c’est « la méthode BIO » qui est remise en cause. D’ailleurs, tout le monde admet l’échec de cette réunion de mercredi au conseil départemental de Mayotte, l’entourage du président déplorant l’absence des maires, pourtant associés à toutes les récentes démarches du département sur ce dossier des barrages. Certains avancent l’idée que nos maires seraient fatigués, et pas connectés. « Je peine à croire cela car ce n’est absolument pas le moment de se fatiguer.Les Mahorais attendent que nous avancions unis pour les sortir de la situation actuelle, avance pour sa part Salime Mdéré, le premier vice-président de la collectivité départementale. Il estime que la rapidité de convocation de cette réunion (mardi pour mercredi) justifie davantage l’absence de certaines personnalités locales.

Pas d’état d’urgence avant Wuambushu 2

Un peu plus de clarté sur la suite des opérations à Mayotte nous est venue de Paris, plus exactement de l’entourage présidentiel. Avec Marie Guévenoux, Ben Issa Ousseni aurait échangé sur les modalités pratiques de la future opération « Wuambushu 2 » et du projet de loi d’urgence pour Mayotte. Conformément aux engagements pris récemment sur le territoire, la ministre viendra poursuivre ses échanges directement sur place dans l’île dès mardi prochain. La question de l’état d’urgence agitée par les Forces vives à Pamandzi, mercredi dernier (en guise de carton rouge infligé à Gérald Darmanin), n’est toutefois pas une compétence départementale.

« Seuls les parlementaires ont la possibilité d’en faire la demande auprès du gouvernement », nous précise notre source parisienne. Ce qui est le cas pour les députés Estelle Youssouffa et Mansour Kamardine, rapporte Mayotte la 1ère. A Paris, on rassure sur le fait que les attentes exprimées par la population mahoraise ont bien été prises en compte par les hautes sphères de l’État, que des équipes de travail sont déjà engagées sur cette question de l’état d’urgence comme sur les autres revendications d’ailleurs. « L’état d’urgence a été instauré en France en 2015, ce n’est donc pas quelque chose de nouveau. Par contre, dans le cas de Mayotte, le gouvernement entend s’assurer qu’il s’agira d’une mesure de dernier recours », poursuit-elle.

Elle explique qu’il est prévu d’attendre d’abord la mise en pratique de l’opération Wuambushu 2 et de juger de la qualité des résultats obtenus. Et c’est seulement s’ils s’avèrent négatifs, que le gouvernement se résoudra à déclencher l’état d’urgence sécuritaire à Mayotte.

Un couvre-feu à Tsingoni après les incendies criminels

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Une vingtaine de véhicules ont été incendiés à Combani dans la nuit de mercredi à jeudi.

Les derniers affrontements entre des bandes de Miréréni et de Combani ont entraîné de lourds dégâts matériels dans le quartier Mogoni. La municipalité de Tsingoni va mettre en place un couvre-feu et a demandé des renforts pour sa police municipale.

Crise de l’eau : Un nouveau décret pour les aides « dans les tuyaux »

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Plusieurs secteurs économiques sont concernés par les aides octroyées pendant cette crise de l’eau, comme le BTP. Photo d’archives

L’aide exceptionnelle de l’État à destination des entreprises les plus affectées par la crise de l’eau est prolongée jusqu’au 29 février. Elle pourrait inclure de nouveaux bénéficiaires. 

L’État a annoncé et confirmé, mercredi, la prolongation jusqu’au 29 février de son aide financière exceptionnelle envers les entreprises qui subissent de plein fouet la crise de l’eau. Pour couvrir cette nouvelle période, « un nouveau décret est dans les tuyaux »*, déclare Christian Pichevin, directeur régional des finances publiques (DRFIP) de Mayotte. Une visite de la nouvelle ministre des Outre-mer Marie Guévenoux est annoncée mardi, dans le prolongement de l’arrivée du nouveau préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, ce week-end.

« Ce troisième versement d’aide pour la période de février se fera automatiquement, sans avoir besoin de refaire une demande », informe le directeur. Le premier déploiement du dispositif pour couvrir les frais fixes (tels que paiement d’assurances, abonnement… qui ne varient pas dans le chiffre d’affaires) des entreprises, ciblées et réunies en deux secteurs, de septembre à novembre, a représenté un versement de 4,5 millions d’euros. Celui-ci, a été effectué entièrement. La crise de l’eau toujours d’actualité, le décret avait alors été prolongé du 30 novembre au 31 janvier : 150 des 250 entreprises bénéficiaires ont reçu à ce jour ce deuxième versement, soit environ 1,8 million d’euros d’aide de l’État sur cette nouvelle période, pour le moment.

« Mais on n’a pas fait le plein de toutes les demandes », précise Christian Pichevin. Les agriculteurs, compris dans le premier secteur défini comme le plus frappé par la crise, n’ont pas tous pu en bénéficier depuis son instauration en raison d’un problème technique lié aux règles européennes de non-cumul d’aides mais « pourront rattraper ». Ils peuvent désormais redéposer une demande en ligne pour en bénéficier.

Un élargissement à d’autres entreprises

De nouveaux bénéficiaires pourraient encore s’ajouter à ce troisième versement. Une mesure de bienveillance intégrée dans le nouveau décret, pas encore paru, pourrait permettre aux entreprises affichant une dette fiscale inférieure à 1.500 euros de ne pas voir leur demandes « rejetées automatiquement ». « Ce ne sera pas un élément bloquant », complète le directeur. « On attend des précisions sur ce point. »

Depuis le premier décret ministériel, plus d’un millier d’entreprises ont fait une demande d’aide. 25 % en sont bénéficiaires car éligibles. Pour y prétendre, les activités principales de l’entreprise, impérativement créée avant le 30 novembre 2022, doivent être exercées à Mayotte, les déclarations d’impôt doivent être à jour et il faut correspondre à l’un des deux secteurs établis en fonction des domaines d’activités.

Le premier, le plus touché par la crise, comprend les entreprises du BTP, de restauration et hôtellerie, les boulangeries, pâtisseries, et le métier de l’agriculture. L’aide calcule les 20 % du chiffre d’affaires de 2022 avec un plafond de 20 000 euros. Le deuxième secteur, moins affecté, réunit les salles de sport, les entreprises relatives aux soins de beauté, la préparation des véhicules…  Cette fois, c’est 15 % du chiffre d’affaires qui est étudié avec un plafond d’aide de 4.000 euros par mois.

« Il y a eu pas mal de tentatives de fraudes et de versement indus concernant l’aide mise en place pendant la crise sanitaire du Covid-19. On avait déposé des plaintes, fait des réclamations. Là, le dispositif est conçu pour être beaucoup plus filtrant et contrôlé dès le départ », détaille le représentant des finances publiques à Mayotte qui revient sur l’importance de remplir ses obligations fiscales en envoyant, en temps et heure, les déclarations de ses résultats et annexes chaque année. « Il faut remplir ces déclarations pour être sur le marché public mais aussi pouvoir bénéficier d’aides quand elles sont instaurées. C’est un enjeu de civisme fiscal. À Mayotte, on a très peu de déclarations, de permis de construire… », poursuit l’administrateur général des finances publiques, Christian Pichevin, ajoutant néanmoins qu’il y a du mieux.

*Note de la rédaction : sur une ancienne version, nous avions indiqué que les aides pouvaient se poursuivre jusqu’en avril. Il s’agit en fait, de la date limite du délai de dépôt de dossier pour obtenir cette aide qui pourrait être repoussée de mars à avril.

La prise en charge des factures jusqu’au 29 février

La compensation de l’État pour les factures d’eau organisée depuis septembre se poursuit également jusqu’au 29 février. Dès mars, le système de paiement rapporté au relevé du compteur pour calculer la consommation réelle, devrait être remis en place par la Société mahoraise des eaux (SMAE). Aucune facture n’est à payer et ne sera à payer sur la période prise en charge par l’État, même après la crise, par les usagers. En revanche, « les personnes qui avaient des dettes, auront toujours leurs dettes à payer auprès de leur fournisseur », rappelle Christian Pichevin, directeur régional des finances publiques de Mayotte (DRFIP).

Pour rappel, le gel du prix de vente de l’eau en bouteille est maintenu quant à lui jusqu’au 15 avril. La distribution générale s’arrêtant le 29 février, un stock stratégique est mis en place dans les administrations et les collectivités locales de façon à pouvoir remplacer, dès le 1er mars s’il le faut, la distribution dans les différents points au cas où il y aurait une absence d’eau potable. Depuis ce lundi, l’eau coule aux robinets deux jours sur trois, compte tenu, en partie, des niveaux des retenues collinaires remplies à 80 % pour celle de Combani et de 100 % pour celle de Dzoumogné, selon les derniers chiffres communiqués par la préfecture, ce mercredi.

« Elle n’a jamais accepté que son seul fils épouse une Mahoraise »

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Le matin du 3 juin 2016, à Labattoir, une dame de 60 ans a porté trois coups de machette à la tête d’une septuagénaire. Le motif de la tentative d’assassinat, au cœur du procès d’assises qui a commencé ce jeudi, serait le mariage entre les enfants respectifs qui n’a jamais été accepté, tandis que l’acte aurait été perpétré sur fond de croyances locales.

« Tu as envoyé des foundis pour me tuer. Je vais te tuer avant que tu me tues », sont les mots dont se souviennent les témoins de la scène du 3 juin 2016. Ce jour-là, vers 10h, sur le perron d’une maison de Labattoir, ils ont assisté, stupéfaits, aux trois coups de mpanga portés sur une femme de 72 ans alors en pleins préparatifs de mariage d’une voisine. « J’ai senti des coups sur ma tête, le sang qui commençaient à couler. Je me suis protégée avec mes mains et j’ai eu les doigts en partie coupés », avait raconté la septuagénaire aux gendarmes. Une plaie profonde du cuir chevelu a entraîné une hémorrhagie importante. Huit jours d’ITT (Interruption temporaire de travail) ont été donnés, tandis que la coco a dû passer deux semaines à Saint-Pierre (La Réunion) pour se soigner. Âgée de 80 ans maintenant, celle qui dirige une école coranique en Petite-Terre n’assiste pas au procès qui a commencé ce jeudi matin et se terminera, ce vendredi.

Sans rancœur aujourd’hui, elle n’assiste pas à cette affaire qui a marqué la famille. Car les deux femmes se connaissent bien, leurs enfants se sont mariés en 1993. Depuis ce temps-là, l’accusée a développé des griefs vis-à-vis de sa belle-fille. « Elle est Anjouanaise. Elle n’a jamais accepté que son seul fils épouse une Mahoraise, alors que j’ai un père anjouanais », estime cette dernière, à la barre du tribunal judiciaire de Mamoudzou, ce jeudi matin. « Dès le début, elle n’a pas aimé notre relation et me l’a dit à plusieurs reprises. » Prenant sur elle, elle a préféré laisser son mari en dehors de ça. « C’est sa mère, je ne voulais pas me mettre entre lui et elle », poursuit-elle. Son époux n’était pas dupe. Il ne pouvait cependant pas arrêter de rendre visite à sa génitrice. « Depuis mes 14 ans, au moment où mon oncle a été licencié, je m’occupe d’elle et de ma petite sœur », raconte le pompier. Un compromis a été trouvé. Quand il se rendait chez sa mère, son épouse ne quittait pas la voiture. Les cinq enfants du couple n’ont pas plus l’occasion de voir leur grand-mère. « Elle n’a jamais demandé à les voir », assure la belle-fille. Quand les coups ont été donnés, le matin du 3 juin 2016, cela faisait sept ans que les deux mères ne s’étaient pas vues.

« C’était destiné par Dieu » 

Qu’est-ce qui a donc motivé ce geste ? Difficile à dire, ce jeudi matin, face à la cour d’assises, l’accusée indique « ne plus se souvenir » et qu’elle n’était plus elle-même. « C’est un accident », « ça s’est passé, je ne le referai plus », « ce qui est fait était destiné par Dieu », se contente-elle de dire encore aujourd’hui, alors qu’elle avait avoué à l’époque être allée la voir « pour lui faire du mal ». D’ailleurs, les croyances ne sont pas étrangères à l’affaire. La vieille dame a souvent l’habitude de se fier aux foundis « guérisseurs » locaux, un peu trop aux yeux de son fils. « Elle est vraiment accro, encore aujourd’hui. Elle se fait manipuler par des gens qui se prétendent des foundis. Il suffit d’aller en voir un et dire qu’on a mal à un doigt pour qu’il nous dise qu’on a un cancer et qu’on revienne le voir », juge celui qui s’en méfie, tout comme sa belle-famille. Maître Mariane Hermand, qui défend l’accusée, rebondit sur le sujet en demandant au fils si ma mère était manipulée. « Oui », répond-il, citant en exemple le fait qu’il ne donne plus d’argent à sa mère pour qu’elle achète de la nourriture. En effet, elle s’en sert davantage pour ne plus qu’elle voit de foundis « guérisseurs ». C’est un cousin en qui elle a confiance qui lui apporte les courses.

Un autre élément a été déterminant et a été avancé pour expliquer l’agression. La sexagénaire a développé des problèmes de dos. La maladie aurait été « transmise » par la famille de sa belle-famille, pense-t-elle alors. « C’est le problème. Elle croit qu’on fait des choses avec ma mère », rappelle la belle fille, indiquant comme son mari qu’elle ne croit pas aux « grigris ». Le verdict dans cette affaire est attendu, ce vendredi.

Street-art : Ulyssano couronne de fleurs une résidence de Cavani

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Ulyssano a commencé sa composition florale le 1er février sur les murs de la résidence de Tamarins les Bas, à Cavani, Mamoudzou.

Spécialisé depuis quelques temps dans les fresques décoratives, le graffeur Ulyssano a achevé une composition florale pour une résidence de la Société Immobilière de Mayotte (Sim), à Mamoudzou, la semaine dernière. Un travail étalé sur douze jours qui a permis d’égayer un peu la vie du quartier.

La résidence de Tamarins les Bas s’est fait une nouvelle couleur. Ou plutôt plusieurs. Cet immeuble de la Société Immobilière de Mayotte (Sim) situé dans le quartier de Cavani, à Mamoudzou, a fait peau neuve grâce aux coups de pinceau d’Ulyssano, street artiste présent à Mayotte depuis trois ans.

Initialement expert en graffiti, ce professeur d’éducation physique et sportive (EPS) se spécialise depuis quelques temps dans les grandes fresques murales, à l’image de celles qu’il a déjà pu réaliser pour les restaurants Citron vert du centre-ville de Mamoudzou et d’Hamaha, pour le Perchoir à Cavani, ou encore pour la maison des lycéens à Kahani (Ouangani).

« Avec l’artiste Papajan, on voulait démarcher des entreprises un peu plus grosses, donc on a pris rendez-vous avec la Sim et proposé nos projets respectifs », indique Ulyssano, qui a déjà travaillé à plusieurs reprises avec le fameux graffeur aux makis. L’entreprise immobilière retient le projet d’Ulysse Clin, de son vrai nom. « J’hésitais entre reprendre les motifs des salouva ou bien des motifs floraux. La Sim a tranché pour la deuxième option », détaille le street artiste.

« Dans la rue, on a toutes les réactions en direct »

Depuis le 12 février, ce sont donc des fleurs tropicales, dont certaines de quatre mètres de haut, qui ornent la façade de 150 m2 de la résidence de Tamarins les Bas. Il aura fallu douze demi-journées à Ulyssano et son ami Jérôme Keucra, venu en renfort de l’Hexagone, pour achever cette fresque.

Une arborescence multicolore sur fond bleu qui n’a pas manqué de piquer la curiosité des riverains. « Quand on travaille dans la rue, on a toutes les réactions en direct : les gens qui ralentissent, qui nous disent si c’est bien ou pas », raconte le professeur. Pour ce projet, les retours ont semblé plutôt unanimes à l’artiste, régulièrement interpelé par les klaxons des voitures au fil de son ouvrage. « On nous a plutôt remercié d’alléger un peu la période en proposant de l’art coloré représentant Mayotte », avance celui qui a commencé ce travail le 1er février, peu après le début des barrages.

« Ce petit lien avec les habitants »

Mais le graffeur retient surtout la relation qui s’est créée avec les habitants de la résidence. « On les a croisés tous les jours. Certains nous apportaient des biscuits, venaient discuter. Certains enfants sont venus peindre avec nous tous les jours. C’est la première fois que je faisais une peinture sur autant de journées pour une résidence et c’était très agréable d’avoir ce petit lien avec les habitants », décrit Ulyssano.

Le travail désormais terminé, il repart quelques mois en métropole. À son retour, en août prochain, de nouvelles toiles devraient attendre le jeune artiste : peut-être bien la façade d’une autre résidence, à Koungou cette fois, ou encore les murs d’une école maternelle à Mamoudzou, dont le directeur a remarqué le travail d’Ulyssano en s’arrêtant devant la résidence de Tamarins les Bas.

Compte Instagram d’Ulyssano :  @ulyssano_rmf

 

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Comores : Un ressortissant français écroué pour agression sexuelle

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Un retraité d’une soixantaine d’années, installé dans l’Union depuis plus d’un an, ciblait les familles vulnérables pour pouvoir se rapprocher de jeunes hommes. Pour le moment, le nombre de victimes n’est toujours pas connu. L’homme, écroué, risque jusqu’à vingt ans de réclusion.

Une nouvelle affaire d’agression sexuelle visant un ressortissant de nationalité étrangère est révélée au grand jour. Selon nos informations, un Français d’une soixantaine d’années a été arrêté pour des faits d’agression sexuelle sur mineur. Il a été placé en mandat de dépôt depuis quelques jours à la prison de Moroni pour des actes « impudiques de contrenature » a confirmé une source bien renseignée. L’affaire a atterri au bureau du service de la cellule d’écoute et de protection des enfants victimes de violence. Cette structure a été créée pour accompagner les victimes de toutes les formes de violence, chaque île disposant de sa propre antenne.

D’après le responsable de l’antenne de la Grande Comore, qui a accueilli le témoignage à l’origine de l’ouverture de l’information judiciaire, ce présumé auteur serait un retraité qui s’était d’abord installé à Anjouan, puis à Mohéli avant de regagner la Grande Comore. « Il vivait à la Coulée, un quartier qui se trouve au nord de Moroni, dans une maison de la mère d’un jeune homme qui s’avère être un ami à lui. Puis il est parti vivre à Vuvuni, ville située à moins de quinze minutes de la capitale », a relaté, Mradabi Mziarani, le chef de service de la cellule d’écoute et de protection des enfants victimes de violence à Ngazidja (Grande Comore).

Des premiers témoignages

C’est de cette ville où est originaire le jeune homme de 17 ans qui a accepté de briser le silence en dénonçant les pratiques du sexagénaire. « Il s’était rapproché de la famille de la victime, une façon de pouvoir sympathiser avec tout le monde. Il a commencé à initier le jeune mineur à des câlins, l’invitant à dormir ensemble parfois. Mais n’appréciant pas ces gestes, l’adolescent est allé en parler à sa maman. L’enquête a commencé par-là », a ajouté, le service de la cellule d’écoute qui a salué l’accompagnement du Fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef), lequel a dépêché un volontaire pour les appuyer dans ce dossier.

Le présumé auteur dont nous tairons le nom, présomption d’innocence oblige, aurait commis les faits courant 2023. Une source judiciaire cite, entre autres, des attouchements. Le parquet a également retenu le chef d’inculpation « d’acte sexuel contraire aux bonnes mœurs ». Pour rappel, les Comores sont un archipel constitué par une population majoritairement musulmane et l’Union, tout comme les rapports intimes de personnes de même sexe est interdit. Certains membres de la communauté LGBTQ assument certes leurs statuts, mais ils ne sont pas libres de s’afficher. L’enquête suit donc son cours pour identifier les potentielles victimes.

« Il a vécu à Anjouan, ensuite Mohéli avant de venir ici. Mais personne n’avait essayé de s’approcher des autorités judiciaires pour dénoncer une quelconque pratique du monsieur », a regretté un défenseur des droits des enfants qui a suivi ce dossier. C’est grâce au mineur de 17 ans que la gendarmerie est parvenue à récolter d’autres témoignages. « Il faisait venir à la Grande Comore depuis les autres îles des jeunes garçons qui passaient une semaine avec lui. Il les prenait en charge avons-nous appris et détestait quand ses invités voulaient accomplir des actes religieux à l’instar de la prière », a indiqué le service d’écoute et de protection des enfants victimes de violence, dont le siège se trouve dans la zone où le présumé agresseur résidait quand il a débarqué à Moroni.

Les agressions sexuelles criminalisées depuis 2020

Si les faits qui lui sont reprochés sont confirmés par une cour, il risque jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle selon le nouveau code pénal comorien qui, depuis 2020, a criminalisé les agressions sexuelles. « Constitue une agression sexuelle tout acte ou atteinte sexuelle, de quelque nature qu’elle soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. Lorsque les faits sont commis sur la personne d’un mineur de moins de 18 ans, le non-consentement, la contrainte ou la surprise sont irréfragablement présumés », résume l’article 301 du code, cité dans le document d’accusation.

L’ambassade de France à Moroni a rappelé qu’elle ne peut apporter une assistance consulaire que lorsqu’elle est saisie. Ce qui n’est pas le cas pour le moment. Ainsi, la chancellerie a dit se conformer strictement à la convention de Genève qui interdit les interférences dans les affaires judiciaires d’un pays.

En juillet 2022, les sextapes d’un enseignant affecté à l’alliance française de Fomboni, capitale de Moheli, avait suscité l’indignation. Des plaintes pour agression sexuelle sur des jeunes femmes de 21 et 24 ans avaient été déposées aussi bien aux Comores qu’en France, où l’accusé s’était réfugié avant même l’éclatement de l’affaire. Au mois d’octobre dernier, un autre commerçant toujours de nationalité étrangère avait été accusé pour viol et séquestration sur une masseuse. Mais l’affaire a été étouffée.

Pas de facture d’eau jusqu’au 29 février

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La prise en charge des factures d'eau par l'Etat se poursuivent jusqu'au 29 février.

La compensation de l’État pour les factures d’eau organisée depuis septembre, en pleine crise de l’eau à Mayotte, se poursuit jusqu’au 29 février (tout comme les aides exceptionnelles pour les entreprises). Mais dès mars, le système de paiement rapporté au relevé du compteur pour calculer la consommation réelle devrait être remis en place par la Société mahoraise des eaux (SMAE). Aucune facture n’est à payer et ne sera à payer sur la période prise en charge par l’État, même après la crise, par les usagers. En revanche, « les personnes qui avaient des dettes, auront toujours leurs dettes à payer auprès de leur fournisseur « , rappelle Christian Pichevin, directeur régional des finances publiques de Mayotte (DRFIP).

Pour rappel, le gel du prix de vente de l’eau en bouteille est maintenu quant à lui jusqu’au 15 avril. La distribution générale s’arrêtant le 29 février, un stock stratégique est mis en place dans les administrations et les collectivités locales de façon à pouvoir remplacer, dès le 1er mars s’il le faut, la distribution dans les différents points au cas où il y aurait une absence d’eau potable. Depuis ce lundi, l’eau coule aux robinets deux jours sur trois, compte tenu, en partie, des niveaux des retenues collinaires remplies à 80 % pour celle de Combani et de 100 % pour celle de Dzoumogné, selon les derniers chiffres communiqués par la préfecture, ce mercredi.

Barrages : à quelles aides ont droit les entreprises ?

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Les barrages encore en cours sur une partie de l'île, ici à Tsararano, mettent des entreprises en difficulté. Photo d'archive.

Sur « potentiellement 5.000 salariés » à Mayotte, indique Christian Pichevin, directeur régional des finances publiques (DRFIP) sur l’île, 300 demandes d’activité partielle auraient été formulées à la Direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Deets) depuis le début des contestations des Forces vives, démarrées il y a environ cinq semaines, et des barrages toujours en partie en place à Mayotte pour, dorénavant, obtenir un état d’urgence sécuritaire, nous expliquent les barragistes.

La Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM) suspend ses actions de recouvrement à l’encontre des entrepreneurs qui ne paieraient pas leurs cotisations. La commission départementale des chefs de services financiers qu’il préside, avec notamment la DRFIP et la CSSM, a aussi débouché sur la possibilité d’accorder un plan de règlement des dettes fiscales et sociales pour permettre un étalement de paiement des cotisations sociales « jusqu’à 36 mois » : « Il faut nous saisir », exhorte le directeur. « Le plan validé s’impose aux créanciers concernés : Ursaaf, DRFIP… » En outre, « on fait en sorte d’accélérer toutes les demandes de Crédits d’impôts pour la compétitivité et l’emploi (Cice), qui n’existe plus que sur Mayotte », renseigne-t-il.

« Des échanges réels et concrets sont en cours »

À l’échelle locale, il ajoute : « C’est très important que le traitement des factures ne traîne pas au niveau des collectivités locales, dont les services eux-mêmes sont ralentis. On insiste sur ce traitement pour que nous nous puissions procéder aux paiements. »

Christian Pichevin informe que, « si le détail n’est pas encore connu », « des échanges réels et concrets sont en cours » avec le gouvernement pour mettre en place un dispositif d’aides afin de soutenir les entreprises dont l’économie est mise à mal par les barrages. Une demande réclamée par l’Intersyndicale réunissant des organisations patronales dont le Medef Mayotte et les chambres consulaires de l’île, et déjà relayée par les services de la préfecture au ministère d’Outre-mer ainsi que l’administration de Bercy. Prudent, il déclare cependant que, l’absence de stabilisation de la situation à Mayotte « peut être un élément de frein », tout dispositif nécessitant une période définie d’application des aides, explique l’administrateur général des finances publiques.

VIDEO. Les leaders des Forces vives demandent la levée des barrages

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Safina Soula, représentante des Forces vives, demande que les barrages soient levés pour le bien du mouvement.

Safina Soula et d’autres représentants des Forces vives ont appelé le reste du mouvement à la levée des barrages ce jeudi matin, lors d’une conférence de presse à leur QG devant la préfecture de Mayotte, à Mamoudzou. Selon les leaders, cette étape est nécessaire pour que l’État puisse travailler concrètement sur ses engagements, même s’ils comprennent les craintes de la population qui aurait souhaité voir des mesures concrètes contre l’insécurité être prises immédiatement. Pour rappel, les barragistes encore présents sur les routes réclament l’état d’urgence sécuritaire.

« À ce stade, notre objectif premier est atteint », stipule Safina Soula en évoquant les engagements pris par le gouvernement pour lutter contre l’insécurité et l’immigration clandestine dans le courrier reçu la semaine dernière. Elle maintient que le mouvement continue, mais sous une autre forme, sans les barrages. « Le combat doit-être mené ensemble dans l’unité », ajoute-t-elle, ne cachant pas la division que subissent les Forces vives.

La crédibilité du mouvement en jeu

« Nous appelons à garder notre unité, c’est elle qui nous a permis d’avoir une porte ouverte auprès du gouvernement », renchérit Sylviane Amavi, une autre représentante présente à la conférence de presse. Face aux engagement du gouvernement, les leaders présents ce jour estiment que les Forces vives doivent tenir la parole qu’ils avaient donnée : lever les barrages en échange d’engagements écrits. Sans cela, ils redoutent une perte de crédibilité du mouvement auprès du gouvernement, alors qu’ils doivent travailler ensemble.

Miréréni-Combani : le conflit intervillages s’enflamme

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Quatre véhicules ont été intégralement brûlés, selon la gendarmerie de Mayotte. Crédits : réseaux sociaux.

Le face-à-face entre bandes de délinquants basées à Miréréni et Combani s’était quelque peu tassé avec le mouvement social. Cela n’a pas duré. Les affrontements ont repris il y a quelques jours, selon la gendarmerie de Mayotte. La nuit passée, des heurts ont été signalés dès minuit, avant qu’une série d’incendies volontaires ne soient déplorés dans le quartier Mogoni. Un banga a d’abord été la proie des flammes vers 2 h, puis quatre voitures ont été entièrement calcinées. 16 autres véhicules seraient considérablement dégradés, selon un bilan encore provisoire des forces de l’ordre.

« Les constatations d’usage n’ont pas pu être réalisées à ce moment-là. Elles ont été faites au lever du jour. Les forces de l’ordre sont reparties vers 4 h », nous explique le chef d’escadron Bertrand Bidet, officier de permanence de la gendarmerie de Mayotte. Une enquête a été ouverte afin d’identifier les auteurs. Le centre commercial Ylang-Ylang, qui abrite notamment le Carrefour de Combani, est fermé ce jour.

Choléra : le bilan monte à 98 cas recensés aux Comores

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L’Union des Comores confirme avoir enregistré 98 cas de choléra et le décès de six personnes, fait savoir, ce mercredi, l’Agence régionale de santé (ARS) dans un communiqué. Avant cette confirmation, selon les informations de notre correspondant à Moroni, les Comores en avaient identifié 83. Mardi matin, lors d’une conférence de presse à laquelle nous avons assistée, le directeur de l’Agence régionale de Santé (ARS) de Mayotte, Olivier Brahic, avait annoncé que si la bactérie n’est pas présente sur l’île, une « veille sanitaire » est mise en place ainsi que des contrôles sanitaires pour les arrivées par bateau ou par avion qu’elles proviennent des Comores, de la Tanzanie ou du Kenya. Il avait alors prévenu « d’une hausse de la menace, soyons clairs ».

La maladie se transmet par les selles. Ainsi, depuis six mois, tout prélèvement de ce type pour des analyses fait l’objet d’une recherche du choléra, avait aussi indiqué l’ARS. Seuls 20 % des cas développent des symptômes : des diarrhées aigües, des vomissements ou de la fièvre. La première recommandation est de se laver les mains avec du savon impérativement car la maladie peut se transmettre également par l’eau. Alors qu’une campagne de vaccination a eu lieu en 2001, elle n’est pas envisagée en raison de « stocks limités », indique l’ARS qui s’engage à communiquer sur toute évolution sanitaire.

« Rideau de fer » maritime : les élus mahorais demandent des précisions

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Un peu éclipsée par l’annonce de la fin du droit du sol, le 11 février, une autre nouvelle donnée la veille suscite toujours la curiosité. Sous quelle forme prendra le « rideau de fer » maritime voulue par Gérald Darmanin ? Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a donné peu d’éléments à ce sujet, hormis qu’il mobilisera l’armée, puisqu’un navire militaire (aidé de drones) sera placé à la limite des eaux territoriales françaises pour dissuader les entrées. Mardi matin, le sénateur mahorais Thani Mohamed Soilihi, accompagné par Zoubaïr Alonzo (directeur de cabinet du président du Département mahorais, Ben Issa Ousséni) et Faridy Attoumane (Délégué de Mayotte à Paris), a rencontré les conseillers du ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Cela fait « suite aux dernières annonces de ses collègues de l’Intérieur et des Outre-mer », confirme le parlementaire sur Facebook. Selon lui, l’une des deux questions principales était : « comment les militaires vont-ils concrètement contribuer à sécuriser le territoire mahorais et à la lutte contre l’immigration clandestine ? ».

Le sénateur mahorais et ses collègues du Département se sont montrés également intéressés par la prise en charge de jeunes sur le territoire mahorais. En effet, les résultats obtenus en matière d’insertion par le régiment de service militaire adapté (RSMA) de Combani sont souvent mis en avant à Mayotte. Pour rappel, le projet d’un nouveau RSMA dans la commune de Chirongui est toujours à l’ordre du jour.

Cadema : le conseil ajourné faute d’élus présents

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L’ordre du jour particulièrement chargé du conseil communautaire n’a pas pu être abordé, ce mercredi après-midi. Les élus de la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou devaient se retrouver à la Maison pour Tous de Dembéni. Mais en raison des barrages et du nombre trop faible d’élus connectés par visioconférence, le quorum n’a pas pu être atteint et la réunion reportée à lundi après-midi.

L’écoconstruction : un allié considérable pour les six îles de l’océan Indien

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Ce mardi 20 février, a eu lieu dans les locaux de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de La Réunion, la cinquième conférence du premier cycle « Résilience de l’océan Indien », organisée par l’association Cap business océan Indien en collaboration avec la CCI et la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) de la Réunion. Cette conférence portait sur les enjeux et les opportunités de l’écoconstruction sur les îles de l’océan Indien : développer ces îles sans polluer avec la participation de leur acteurs privés pour adopter une stratégie bas-carbone. Une participation jugée importante avaient conclu les organisateurs du précédent forum.

« L’écoconstruction est un sujet particulièrement important. Nous profitons de cet échange de connaissances pour découvrir ce qui se fait sur les différents territoires de nos îles », déclare enthousiaste Pierrick Robert, président de la CCI. « C’est ainsi l’occasion pour les acteurs économiques de se connecter entre eux sur ce thème essentiel. » Guillaume Hugnin, président de Cap business océan Indien souligne quant à lui la « nécessité » de repenser l’approche de la construction dans les environnements tropicaux et celle, « impérieuse », de travailler sur la planification des territoires au vu des catastrophes naturelles « qui devraient s’intensifier et devenir plus fréquentes avec le changement climatique ». Cette association, créée en 2005, a pour but de rassembler et d’échanger avec les acteurs privés des six îles, sur les situations conciliant environnement et développement urbain.

Lockbit : la fin d’un réseau cybercriminel ?

La collaboration internationale de 11 pays, y compris de la France, a permis d’arrêter deux hackers en Pologne et en Ukraine, faisant partie du groupe de hackers russophone Lockbit. Leur logiciel d’extorsion « rançongiciel » cible depuis 2019 des entreprises, des hôpitaux etc… Ce lundi, durant l’opération « Cronos », la police a pris le contrôle de leur local principal. 34 serveurs ont été saisis dans plusieurs pays, dont la France. Une action qui a permis aux victimes de récupérer leurs données cryptées.

Trois mandats d’arrêts internationaux et cinq actes d’accusations ont été émis par les autorités françaises et américaines, inculpant des ressortissants russes : Artur Sungatov et Ivan Kondratyev connu sous le nom de « Bassterlord ».

Les hackeurs attaquent leurs victimes en s’infiltrant dans leurs bases de données et exigent ensuite une rançon. En cas de refus, ils vendent leurs données sur le dark web, ensemble caché d’Internet. Au total, au moins 2.500 attaques informatiques dans le monde et plus de 200 victimes ont été recensées en France par la justice.

Illettrisme, illectronisme : les étudiants proposent des ateliers

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L’association Mayotte Entraide Etudiants (M2E) met en place depuis le 15 janvier des ateliers avec différents partenaires pour lutter et sensibiliser contre l’illettrisme et l’illectronisme. Ces ateliers sont ouverts à tout le monde et ont lieu au centre communal d’action sociale (CCAS) de Bandraboua tous les mardis et tous les jeudis au local du Réseau d’Insertion Jeunesse (Rij) de Bouyouni de 9 h à 11 h, même si ce planning est susceptible de changer.

Différents ateliers sont mis en place afin de rendre autonomes les participants durant des échanges en français et leur permettre d’être à l’aise avec les outils numériques pour les personnes souffrant d’illettrisme et d’illectronisme. 55% de la population à Mayotte, ne parle pas et/ou est incapable d’écrire en français selon l’association. De plus, 15,4 % ont des compétences numériques limitées ou n’en ont pas. Pour plus d’informations aux 06 39 02 84 29 ou 06 39 67 27 99.

Barrages : « La sécurité a toujours été la première revendication de la base »

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Le barrage de Bandrélé restera en place tant que la sécurité ne sera pas assurée à Mayotte, disent ceux qui le tiennent.

Ce mercredi, plusieurs barrages sont encore en cours sur l’île, malgré une volonté de levée de la part de la majorité des leaders des Forces vives. Nous sommes allés voir les manifestants encore présents sur les routes, qui auraient voulu que la sécurité soit davantage placée au cœur des demandes au gouvernement.

« Comment voulez-vous qu’on arrête les barrages quand nos enfants risquent leur vie en allant à l’école le lendemain ? » Cette question, c’est Tadjidini, un des référents du barrage de Bandrélé qui la pose, ce mercredi. « On a cassé dix fois ma voiture, alors si je dois restée sur ce barrage pendant un an, je le ferai tant que je ne suis pas en sécurité », indique une des militantes présente à ses côtés.

La sécurité : ce maître mot, au cœur des préoccupations de la population, certains barragistes ont l’impression qu’il n’a pas été assez porté aux oreilles du gouvernement. C’est en tous cas le sentiment que nous partage Fakri, référent du barrage du carrefour Ngwézi, dans la commune de Chirongui : « Nos représentants ont mis davantage en avant la fin du titre de séjour territorialisé auprès de Gérald Darmanin que l’état d’urgence sécuritaire. C’est comme si la tête avait décidé sans consulter la base ».  

Pour Salima*, présente sur le même barrage depuis le début du mouvement, les représentants des Forces vives ont porté les revendications de la population dans le mauvais ordre. « Ils ont insisté sur la fin du titre de séjour territorialisé, qui a été amplifiée par le ministre avec la fin du droit du sol, mais on sait que ça va prendre beaucoup de temps et qu’il y a un risque que ça ne passe pas. Ce n’est pas qu’on ne veut pas de ces mesures, elles sont légitimes sur le long terme, mais nous on veut la sécurité de manière urgente et visible », détaille la militante, qui, si elle reconnait que l’État a mis en place des moyens pour lutter contre la délinquance, ne perçoit pas l’efficacité des mesures prises jusque-là.

Un état d’urgence non négociable

Pour tous les protestataires que nous rencontrons sur la route entre Mamoudzou et Chirongui, la déclaration de cet état d’urgence est la condition à la levée des barrages. « Ces délinquants qui nous attaquent de manière préméditée avec des pierres, des machettes et maintenant des barres de fer, pour nous, ce sont des terroristes. Toutes les conditions sont réunies pour que l’état d’urgence soit déclaré sans attendre », poursuit Salima.

Mafana, référent du barrage de Chirongui situé plus loin, à l’intérieur du village, et membre du Comité Citoyen du Sud, ne réclame pas nécessairement l’état d’urgence, mais n’importe quel moyen qui puisse assurer la sécurité sur l’île immédiatement. « Pour aller travailler à Mamoudzou, c’est le parcours du combattant à cause des violences sur les routes. Les gens vivent prisonniers chez eux, en témoignent les barreaux aux fenêtres », souligne-t-il en pointant du doigt une maison pour illustrer son propos.

Pour le militant, il n’était pas question de lever les barrages à la simple réception de la lettre ministérielle reçue la semaine dernière, couchant sur le papier les engagements de l’Etat pour Mayotte. « On y lit que l’opération Wuambushu est un succès et le bilan sécuritaire qui y est dressé n’est pas clair. On l’a pris comme une provocation, comme si on nous disait que tout allait bien », explique le membre du comité créé en octobre dernier pour lutter contre l’insécurité. « Et regardez ce qu’il s’est passé à Passamaïnty quand le barrage a été levé : le soir-même il y a eu des affrontements là-bas et à Tsoundzou », intervient Ambou, également membre du Comité Sud.

« Notre but n’est pas d’enfermer les gens »

Si ce mercredi après-midi, le barrage de Chirongui, à côté du lycée, laisse passer tous les véhicules, ce n’est qu’une ouverture provisoire qui doit durer jusqu’à la fin de la semaine. « Notre but n’est pas d’enfermer les gens, mais de dénoncer, sensibiliser et faire entendre nos revendications », appuie Mafana, qui espère que la venue prochaine de la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, permettra de mettre en place des mesures sécuritaires exemplaires.

Quand on lui demande s’il n’a pas peur que le mouvement soit en train de perdre en crédibilité, suite à ses revirements de position, sa réponse est claire : « La sécurité a toujours été la première revendication de la base, et pour l’instant, on n’a rien vu être mis en place. »

Les Forces vives s’étaient pourtant engagées à lever les barrages si le gouvernement mettait par écrit les annonces promises lors de la visite du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin. Vendredi dernier, les leaders avaient même annoncé une « mise de côté » des barrages après une réunion houleuse à Tsararano. Ce mardi, lors d’une réunion à Mroalé avec les barragistes, les leaders des Forces vives se sont majoritairement exprimés, encore une fois, pour la levée des blocages, estimant que le gouvernement avait joué le jeu. Mais la base du mouvement, elle, ne semble jamais l’avoir entendu de cette façon. Le courrier du ministre n’a clairement pas convaincu, les protestataires gardant le souvenir de promesses non tenues après les barrages de 2011 et de 2018.

« Il n’y a pas de division »

Pourtant, quand on leur demande, même si on reconnait une différence de position entre ces deux parties, il n’est pas question de division (voir par ailleurs). « Chacun exprime sa position. Quand il semble il y avoir de la colère entre nous, c’est la fatigue et l’émotion qui parlent, mais nous travaillons toujours ensemble », assure Mafana. « Il n’y a pas de division. Et d’ailleurs, il n’y a pas de Forces du peuple, nous somme les Forces vives », insiste Tadjidini, à Bandrélé, démentant, comme tous les manifestants rencontrés ce jour, la rumeur selon laquelle une nouvelle branche du mouvement se serait créée. « C’est de la désinformation créée exprès pour nous diviser », alerte le référent du barrage de Chirongui.

Pourtant, sur le barrage de Tsararano, on nous confie que ce climat de scission se fait ressentir : « Sur le barrage-même, il y en a qui ne sont plus trop pour rester alors que d’autres veulent le renforcer. » Pour l’instant, l’option du renfort semble être privilégiée dans les prochains jours, tout comme ce devrait être le cas au carrefour Ngwézi.

La sécurité à Mayotte dès demain ? On a l’impression d’une mission impossible. C’est sûrement pour cela que, sur une note plus légère, Mafana suggère au gouvernement de faire appel à Tom Cruise pour sauver l’île.

*Nom d’emprunt.

Barrages : Maintien ou non ? Le flou demeure chez les Forces vives

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La majorité des barrages sont maintenus, cette semaine. Seuls quelques-uns, comme ici à Coconi, ont été enlevés. Photo d’archives

Représentants des Forces vives et principaux groupes de barragistes peinent à s’entendre et beaucoup de gens sur l’île s’interrogent sur la direction que prend le mouvement. La preuve avec un nouveau communiqué transmis ce mercredi dans lequel ils disent « maintenir leur mouvement et intensifier leurs actions ciblées ». Des membres des Forces vives confirment la véracité du document, d’autres la démentent.

Est-ce un baroud d’honneur ? La réunion de ce mardi sur la levée ou non des barrages n’a pas permis d’obtenir un consensus. Pire, le mouvement unifié des Forces vives, qui paralyse Mayotte depuis quatre semaines, s’affaiblit au regard de l’épuisement de ses troupes et la sensation pour une partie d’entre eux d’avoir obtenu (ou presque) gain de cause. En tout cas, ces derniers sont prêts à laisser du temps aux ministres Gérald Darmanin et Marie Guévenoux pour mettre en œuvre leurs engagements. Sur les barrages en revanche (voir par ailleurs), ceux qui voulaient des engagements plus rapides et efficaces restent sur leur faim. Lors d’une réunion, ce mardi, à M’roalé, deux représentants des Forces vives sur quinze ont émis le souhait de continuer les barrages. Dans les groupes locaux, la tendance est difficile à lire, comme on peut le voir ce mercredi, aux barrages de Chirongui, Ngwezi, Milou, Bandrélé, Tsararano, M’tsamboro, Chiconi et même Longoni, ce matin. Coconi ou Passamaïnty, à l’inverse, ne sont plus barrés.

« Une décision claire a émergé après mûre réflexion et vote : la poursuite résolue de notre action », indiquent les Forces vives dans un nouveau communiqué, sans faire état de la scission, les personnes favorables à la levée des barrages ayant quitté la réunion de mardi avant la fin. Selon des sources discordantes, le document de ce mercredi est lui-même mis en doute. Une partie des Forces vives affirment que le texte vient bien d’eux, d’autres le démentent. Toujours est-il que le texte stipule : « Nous maintiendrons notre mouvement et intensifierons nos actions ciblées, témoignant de notre détermination à faire entendre et valoir nos revendications légitimes. Les Forces Vives de Mayotte restent unies et déterminées à lutter pour la sécurité et la dignité de notre territoire. » Il y fait bien mention à la réunion de la veille, en ayant toutefois une vision différente de celle que nous avons obtenue à l’issue. « Cette assemblée a été spécifiquement convoquée dans le but de recadrer et de préciser nos objectifs, affirmant notre engagement indéfectible à défendre les intérêts de Mayotte », explique le mouvement sans vraiment énumérer ses objectifs, s’accrochant à « l’impératif de la sécurité ».

« Des stratégies d’entrave »

Dans la première partie du texte, c’est d’ailleurs du ressentiment qui s’en dégage plus qu’une vision claire. D’abord parlant de « la persistance de stratégies d’entrave », il fait référence à des méthodes similaires ayant eu cours « lors des mobilisations antérieures de 2011 et 2018 » et depuis le début du mouvement, le 22 janvier. « Ces méthodes, d’une efficacité redoutée, ont pour but principal de fragiliser notre communication et de saper l’unité de notre mouvement par la diffusion de messages clivants, la création de faux comptes et de noms similaires au nôtre, comme « les forces du peuple », afin de semer la confusion, et de nous isoler des élus locaux », déplore le mouvement composé de collectifs mahorais ou de groupes de riverains réunis d’abord autour des objectifs communs, mais qui peinent à s’accorder dorénavant. D’après les informations recueillies mardi soir, Saïd Kambi, qui fait partie des personnes favorables à la poursuite des barrages, avait dû s’expliquer sur le sujet, niant toute idée de lancer son propre mouvement.

Le texte revient aussi sur les promesses du gouvernement. À propos du courrier du 14 février, « la réaction de l’État s’est révélée insuffisante, faisant abstraction de la question essentielle de la sécurité ». « Bien que cette correspondance évoque des propositions estimables, telles que la modification du droit du sol via une réforme constitutionnelle improbable », estiment les Forces vives. Elles émettent des inquiétudes par rapport à l’abrogation du titre de séjour territorialisé, principale revendication du mouvement depuis le début, avec le démantèlement du camp de migrants du stade Cavani (la suite a été promise « dans les prochains jours »). Elles regrettent que la fin de ce titre soit incorporée dans le projet de loi Mayotte rebaptisée loi urgence Mayotte, qui doit être présentée au conseil des ministres, le 22 mai. Une partie du mouvement craint, en effet, que le projet ne puisse pas aboutir ou même que la suppression du titre du séjour territorialisé soit rejetée par les groupes parlementaires. Les Forces vives, celles qui se réfèrent à ce communiqué, s’inquiètent également de « l’utilisation potentielle de cette loi comme levier de pression pour imposer des mesures inadaptées à la réalité mahoraise ».

Barrages : La double peine pour les mineurs victimes de violences

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Pendant les barrages érigés par les Forces vives de Mayotte, les travailleurs sociaux ont pu difficilement venir en aide aux victimes de violences au sein de leur domicile. Cette période proche d'un confinement était pourtant, selon eux, plus propices aux violences.

En raison des barrages sur l’île, les acteurs du social, malgré de nombreuses alertes de violences au sein de cellules familiales, se sont retrouvés bloqués dans leurs interventions et leurs suivis. Dans le social comme dans la justice, les professionnels se préparent à un lourd chantier pour prendre en charge les victimes après la crise.

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