Le village de Moinatrindri, dans la commune de Bouéni, s’est réveillé samedi matin avec plusieurs véhicules incendiés. La veille, vers 23h, un groupe de jeunes ont vandalisé des voitures garées dans les rues de la localité en brisant les vitres ou en les incendiant. Selon Mayotte la 1ère, une tractopelle a aussi été incendié. L’origine des dégradations pourrait être un conflit intervillageois.
Les taxis sud sur le parking du port de plaisance
En raison de travaux d’extension de l’éclairage public à Mamoudzou, le parking qui sert d’habitude aux taxis se rendant vers le sud de Grande-Terre, boulevard Mawana-Madi, est fermé depuis dimanche, à 17h, et le sera jusqu’à ce lundi, 17h également. Les taxis sont donc transférés temporairement de l’autre côté de la voie, sur le parking du port de plaisance. « De nouveaux mâts seront installés pour renforcer l’éclairage sur le tronçon de la route nationale 2 au niveau des parkings des taxis sud et du port de plaisance », explique la municipalité.
Ensuite, ce sera l’accès au parking du port de plaisance qui sera fermé de ce lundi à 17h, à mardi, 17h.
Accusé d’avoir tué son oncle, un instituteur connaîtra le jugement ce lundi
C’est l’heure de rendre les copies pour le recensement 2024

Décalée en raison du mouvement social, la campagne de recensement menée conjointement par les municipalités et l’Insee s’achève. Cette année a été particulière sur le terrain. A Dzaoudzi-Labattoir par exemple, il n’y a pas eu de barrages, mais un taux d’absence longue durée plus élevé que la normale.
Combien on sera dans deux ans ? C’est à cette question que l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) tente de répondre en menant des campagnes de recensement, tous les ans dorénavant (voir encadré). Un travail particulièrement attendu auquel participent les communes mahoraises et dont la partie 2024 vient de s’achever. A Dzaoudzi-Labattoir, les agents recenseurs ont rendu les derniers bulletins, le samedi 16 mars, après cinq semaines sur le terrain. Ce vendredi matin, Muriel Granjon fait le point avec Nafion Radjabou, le coordinateur communal de Dzaoudzi-Labattoir. La responsable du recensement mahorais de l’Insee La Réunion-Mayotte vérifie si le travail a été bien réalisé. Ce n’est pas elle qui rentre directement les données, tout se fait par logiciel. Cependant, elle n’a pas trop d’inquiétudes. Le coordinateur communal a l’habitude, il fait ça depuis plusieurs années.
Celui qui est agent administrateur au service CNI/Passeport le reste de l’année a même développé quelques techniques pour rendre le travail des agents. « Je vais faire une reconnaissance avec les agents pour qu’ils ne sortent pas de leur îlot », explique-t-il. Chaque agent a, en effet, son « îlot » d’environ 150 logements à visiter. Il y a même des objectifs fixés par l’Insee. « On nous demande d’être à 25% à la fin de la première semaine, 50% la semaine, 75% celle d’après », fait remarquer le coordinateur. A Mayotte, la difficulté du recensement ne tient pas aux réticences (le taux de réponses y est très élevé), mais à « la mobilité » des quartiers. Près du camp militaire par exemple, des cases en tôle sont apparues dans le quartier entre la zone cartographiée il y a plusieurs mois et le travail récent de l’agent recenseur. Peu importe les nouveaux, l’enquête doit intégrer tous les logements en tôle d’un îlot. Parmi les occupants, on retrouve ceux qui ont dû quitter les logements derrière la station-service de Petite-Terre, le long de la route nationale 4.
Des conséquences du mouvement social
En Petite-Terre, le mouvement social n’a pas entraîné de barrages, hormis le blocage des barges. Toutefois, pendant la période du recensement, les agents ont vu des conséquences dans leur travail. « Il y a eu plus d’absences longue durée que d’habitude », note Muriel Granjon, à propos de personnes qui ont préféré quitter temporairement le territoire, en attendant que le mouvement prenne fin. Dans ce cas, ce sont les voisins qui sont parfois amenés à répondre à la place des occupants, notamment sur le nombre de personnes dans le foyer. A Koungou, ce sont les violences entre bandes qui ont perturbé la collecte au mois de janvier, alors que les bandes de la commune se sont maintes fois affrontées. Des agents recenseurs ont fait part de menaces, décalant ainsi la période du recensement pour qu’il ait lieu au cours d’une semaine plus calme. Il faut dire que les agents recenseurs sont parfois confondus avec les enquêteurs sociaux mandatés pour proposer du relogement en amont de décasage. A Dzaoudzi-Labattoir, on a donc adopté un polo rouge facilement identifiable pour la population.
Et quand le recensement prend du retard dans un quartier, « les agents y vont à plusieurs pour leur sécurité et aller plus vite », explique le coordinateur communal à Dzaoudzi-Labattoir, qui clôt ici la campagne 2024.
Pourquoi on doit attendre le 1er janvier 2026 ?
Souvent décrié, le recensement de la population à Mayotte a adopté la méthodologie de l’Insee utilisée en métropole en 2021 (avec quelques spécificités toutefois pour compter davantage l’habitat informel)). Il ne s’agit plus d’un recensement exhaustif comme le dernier de 2017 (256.518 habitants au mois de septembre 2017), mais par échantillonnage. Ainsi, chaque année, le décompte se fait par des îlots délimités dans toutes les communes de plus de 10.000 habitants (8% des logements en dur, 20% des logements en tôles). Les autres ont le droit à l’ancien système avec un recensement de toute la population tous les cinq ans, mais à raison d’une ou deux municipalités par an. Chirongui par exemple, dont la population était estimée à 8.920 en 2017, était visée cette année. L’an prochain, ce sera au tour de Bouéni, Chiconi et Acoua (initialement prévu en 2024) de connaître un ratissage au complet.
Ensuite, la compilation des données des campagnes effectuées entre 2021 et 2025 permettra de connaître la population complète des toutes les communes de moins de 10.000 habitants et une bonne partie de celle des communes plus importantes (40% des logements en dur, 100% des logements en tôles). D’où la date retenue du 1er janvier 2026 pour connaître la population de Mayotte. A partir de là, la poursuite des campagnes chaque année entraînera un affinage régulier des estimations, contrairement à l’ancienne méthode qui laissait « un blanc » pendant cinq ans (obligeant l’Insee a estimé les entrées et les sorties du territoire, en prenant en compte aussi les naissances et les décès).
« Mayotte démontre qu’on peut faire grandir la croisière dans l’océan Indien »

Ancien ministre du Tourisme aux Seychelles, Alain Saint-Ange a fait partie des concepteurs du label « les îles Vanille ». Consultant à bord du navire « The World », dernier bateau de croisière en escale dans le lagon à Mayotte, vendredi et samedi dernier, il salue les efforts considérables accomplis par notre île pour rehausser la qualité du service offert aux touristes. Il suggère même qu’elle puisse devenir la norme pour l’ensemble des ports desservis.
Flash Infos : Que pensez-vous de l’état actuel du concept des îles vanille ?
Alain Saint-Ange : Si vous me le permettez, je voudrai faire un rappel important, il y a quelques années en arrière, l’ensemble des îles de l’océan Indien, Mayotte incluse, s’était mis d’accord pour mettre en place le concept des îles Vanille. L’idée était de se partager le gâteau du tourisme dans la région, en y allant à la fois en groupe mais aussi individuellement. J’ai eu l’opportunité de présider à deux reprises (successives) cette organisation à sa création, avec comme fondement de trouver des axes de travail pour mieux situer Madagascar, Mayotte, Maurice, Réunion, Comores et les Seychelles. Notre constat de départ est que lorsqu’on va dans les Caraïbes, on ne dit pas que je vais à la Barbade ou à la Jamaïque, etc … Or, dans l’océan Indien, c’est l’inverse qui primait, nous allions aux Seychelles, à La Réunion, à Maurice. Le concept des îles Vanille nous a permis de modifier cette donnée à travers une mise en avant de l’ensemble pour le tirer vers le haut. Autre point important, donner une chance au touriste qui vient aux Seychelles de pouvoir visiter une deuxième, voir une troisième île de l’océan Indien ou tout simplement prolonger son séjour sur toute la région. Ce concept est d’une très grande importance actuellement en raison du dérèglement climatique et des problèmes de pollution de l’air. Combiner en un seul déplacement la visite de plusieurs îles peut s’avérer très fructueux en matière de diminution des émissions de carbone, les avions long courrier étant connus pour être de grands pollueurs de l’air. Le touriste pourra ainsi démarrer une semaine à Mayotte son voyage pour le terminer par exemple aux Seychelles.
F.I. : Est-ce le seul point positif résultant de cette idée ?
A.S-A. : L’autre point important du concept îles Vanille était pour nous de trouver le bon axe pour favoriser cette approche. La croisière a paru être le bon moyen de permettre aux différentes îles de travailler ensemble, en sachant pertinemment que certaines étaient plus fortes que d’autres pour attirer les croisiéristes surtout pour la période allant de décembre à avril-mai. Notre chef exécutif, le réunionnais Pascal Virolo, a eu la charge de travailler avec les différents offices de tourisme pour déterminer les points forts de chaque île afin que nous puissions les mettre tous ensemble en avant depuis les pays émetteurs des croisières, les salons internationaux de tourisme, principalement à Miami. Il fallait aussi toucher individuellement les affréteurs de bateaux de croisières. Ces actions ont été faites plusieurs fois et nous ont permis de remporter beaucoup de succès, l’océan Indien a accueilli plus de croisières que dans le passé.
F.I. : De par votre expertise, peut-on faire plus ?
A.S-A. : Oui, bien sûr, on peut toujours faire plus, à condition de conserver cette coopération inter-îles. Il faut avoir à l’esprit que ça ne vaut pas le coup de faire venir un gros bateau pour une grande croisière depuis l’Afrique du Sud par exemple, pour faire escale dans un seul pays de la région. Il importe qu’il fasse plusieurs îles à la fois, ce qui oblige au préalable les offices de tourisme concernés à se mettre autour d’une table pour déterminer les actions de chacun et la manière de collaborer pour y parvenir. Je ne vous dirai pas que tout marchera à la lettre, en revanche, je peux affirmer que le potentiel est toujours là. Sans avoir à nommer des îles en particulier, je ferai remarquer qu’on ne peut pas essayer de prendre autant qu’on peut d’une croisière, pas des passagers, en arrivant au port. Cela tue le concept que nous avons déterminé ! Je prends le cas du bateau the World qui n’est pas un bateau de croisière classique, mais plutôt une image de l’ensemble des croisières, avec une clientèle propriétaire de villas à bord et non locataire. Ces personnes sont tous des chefs d’entreprises renommées dans le monde ou propriétaires de grands businesses, des usines etc… Lorsqu’ils se retrouvent à bord entre 200 personnes, ils ne sont pas nombreux, mais ils savent que chacun disposant de sa propre cabine, les clients absents risquent de rejoindre la croisière lors d’une prochaine escale, à Moroni, Zanzibar, Tanzanie ou au Kenya.
F.I. : Que doit faire Mayotte aujourd’hui pour être plus performante dans cette démarche ?
A.S-A. : Qu’est-ce que Mayotte peut faire de plus aujourd’hui ? Je pense qu’elle a intérêt à toujours se placer sous la gouverne des îles Vanille, de poursuivre le travail commun entamer avec ses voisins et partenaires en se demandant tous ce qu’il faut faire pour différencier l’offre de chacun. On ne peut pas voir dans un seul panier une pomme qui refuse de jouer sa partie ou qui commence à dépérir. Par conséquent, il faut rehausser le niveau de cette échelle à travailler ensemble et se dire que nous voulons tous recevoir des croisières dans l’océan Indien. Qui bénéficiera des retombées, en dehors des ports ? Les peuples évidemment ! C’est cette carte que nous devons tous jouer collectivement et absolument. Laissez-moi vous dire que j’ai été émerveillé tout à l’heure en arrivant au ponton de voir l’accueil avec des petites fleurs à côté de la passerelle, des gens qui dansent, des gousses de vanille offertes à tous les passagers. Vous pouvez être certains que tout le monde en parlera à bord ce soir, c’est un plus que Mayotte a fait et qui la distingue des autres ports où nous sommes passés. Je ne fais pas partie de l’équipage du bateau, je suis juste là en qualité de consultant, mais je peux vous assurer qu’à certaines escales, j’ai eu à échanger avec les responsables de leurs offices du tourisme pour leur dire que nous ne pourrons pas les aider malgré eux. Ce n’est pas le cas de Mayotte, je lui dis aujourd’hui : « Chapeau ! ». Je le clame haut et fort parce que c’est important de souligner les avancées positives, de la même qu’on doit accepter les échecs pour ensuite essayer de s’améliorer. Votre île a démontré qu’il est possible de faire grandir la croisière dans l’océan Indien, sous les tropiques et recevoir les touristes dans ces îles magnifiques.
Mamoudzou monte d’un cran avec la vidéoprotection

Le chef-lieu est la première ville de Mayotte à avoir installé des caméras de vidéoprotection. Elle a commencé timidement et aujourd’hui près de soixante caméras sont disposées sur le territoire communal. Le maire et son équipe de sécurité voient les choses en grand puisqu’une centaine va s’ajouter à celles déjà existantes. Le dernier numéro de Mayotte Hebdo (numéro 1081) revient sur ce moyen utilisé à Mayotte pour lutter contre l’insécurité.
« Vous êtes où ? Dépêchez-vous au croisement du square Papaye vers le lycée Bamana car il y a un groupe suspect. Il faut aller voir. » L’opérateur vidéo installé confortablement devant les écrans du centre de supervision urbaine (CSU) de Mamoudzou est à l’affût du moindre fait anormal. Tous les agents sont très attentifs car leur mission est de protéger les habitants de la ville chef-lieu et ceux qui sont de passage. « Vous êtes protégés, pas surveillés », rassure Anfane M’dogo, le chef de la police municipale de Mamoudzou. Il est vrai que lorsque l’on pénètre dans les locaux du CSU situé à côté de l’hôtel de ville, le mur géant d’écrans peut impressionner. « À la date actuelle, on a 58 caméras effectives sur l’ensemble du territoire de la commune », précise le numéro un de la police municipale. Elles sont réparties sur des zones stratégiques propices aux accidents et aux agressions, et déterminées avec la police nationale.
Cette dernière est d’ailleurs la première bénéficiaire des images stockées par ces appareils, dans un délai de trente jours (au-delà, elles sont détruites automatiquement). « Nos vidéos sont beaucoup utilisées par la police nationale dans le cadre de procédures judiciaires. Lorsque les policiers ont besoin de nos images, ils font une réquisition et on les fournit. On chiffre le nombre de réquisitions à 200 par an, en moyenne », continue Anfane M’dogo. Ce dernier réfute l’idée que les caméras ne fonctionnent jamais lorsqu’un individu se fait agresser. « Nos caméras filment 24h/24. Mais il peut arriver que l’une d’entre elle ne fonctionne pas sans qu’on ne s’en rende compte. Dès qu’on le constate on envoie nos partenaires qui assurent la maintenance. » Et pour assurer le visionnage des films diffusés en temps réel sur les écrans du CSU, huit agents sont mobilisés en journée et quatre la nuit. Un déport vient d’être installé à la police municipale annexe de Passamaïnty. Ce qui signifie que les agents peuvent voir tout ce que les caméras de vidéoprotection transmettent sur les écrans. Ils pourront désormais prendre la main lorsque les opérateurs vidéo de Mamoudzou centre ne seront pas disponibles.
Augmenter le nombre de caméras
Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a récemment annoncé l’installation « d’une centaine de caméras de vidéo verbalisation » dans sa commune. En réalité, l’ensemble des caméras peut déjà faire l’objet de vidéo verbalisation. Ce qui va changer est la méthode de travail. « Les agents ne seront plus sur la route mais au CSU. Ils pourront prendre la main sur une caméra et zoomer pour constater une infraction, le non-respect du code de la route, etc », explique le chef de la police municipale de Mamoudzou. Douze infractions sont déjà déterminées en ce sens.
La municipalité a voulu ajouter des caméras car le besoin s’est fait ressentir au fil des années. « Sur le terrain, il y a beaucoup plus de monde, plus d’agressions. Et puis le système rassure », selon Anfane M’dogo. L’objectif est d’aussi couvrir certains villages qui étaient jusque-là oubliés. « Il faut en installer dans certains quartiers comme M’tsapéré et Vahibé. Mais on va le faire en fonction de ce que nous dit le référent sécurité car une caméra coûte cher. Si on la met à un endroit où elle ne peut pas être protégée ça ne sert à rien » continue le représentant de la police municipale, en ajoutant que le remplacement d’un de ces appareils peut avoisiner les 8.000 euros. L’équipe municipale déplore le nombre de caméras dégradées. Certaines n’ont pas été remplacées à l’exemple de celles qui étaient à Passamaïnty. Se pose alors la question de la limite de ce système censé lutter contre la délinquance. « Quand une personne est déterminée à commettre un acte, ce n’est pas la caméra qui va l’en dissuader. Ce qui nous aide est de pouvoir identifier ces individus ou déterminer le chemin qu’ils empruntent, les arrêter et les traduire en justice », nuance notre interlocuteur.
La mairie espère terminer la première phase au mois de juin de cette année. 58 caméras vont s’ajouter à celles déjà existantes. L’ensemble du projet coûte 4,8 millions d’euros. « On a eu une aide financière d’un million d’euros de l’État, et le reste est financé par la commune. » Avec l’arrivée de Caribus, une partie du dispositif sera dédié aux voies de bus.
Le camp de Cavani détruit, des migrants toujours sans solutions

À 16 heures, ce vendredi 22 mars, la préfecture a annoncé sur les réseaux sociaux la fin du démantèlement du camp de Cavani, à Mamoudzou. Mais aux abords, c’est environ une centaine de personnes qui patiente encore, sans solution d’hébergement. Depuis la veille, ils étaient déjà environ le même nombre à attendre dehors, interdits d’accès au camp.
« Ils ont dit qu’ils n’ont pas de quoi nous héberger », parle pour un groupe, en anglais, Harun. Ce jeune homme qui vient de Somalie est, comme environ une centaine de personnes attroupée vers l’entrée du stade de Cavani, à Mamoudzou, sans solution d’hébergement après avoir été évacué. « On nous a dit d’attendre ici », ajoute un autre. L’un a une valise avec lui. Plusieurs sont debout derrière les barrières, en attente d’une quelconque autre information.
De l’autre côté de ce qui obstrue tout accès au camp, il ne reste, vers 16 heures, que les gendarmes qui quadrillent également les alentours du stade, le sous-préfet chargé de la lutte contre l’immigration clandestine et plusieurs camions militaires. La sixième opération d’évacuation du camp, commencée vers 6 heures ce vendredi 22 mars, est terminée. C’est ce qu’on apprend, vers 16 heures, sur la page Facebook du préfet de Mayotte : « Le démantèlement du camp est fini. » Là où sur le terrain, sur ordre de la préfecture, nous ne pouvions obtenir d’informations, mis à part pendant la matinée. On apprenait alors du sous-préfet chargé de la lutte contre l’immigration clandestine, Frédéric Sautron, qu’une quarantaine de tentes précaires restait à être détruite par les habitants eux-mêmes. Sur cette publication, on peut encore lire : « Toutes les personnes vulnérables identifiées sur la liste fermée notamment les femmes avec enfants, ont été hébergées conformément aux engagements pris. »
La liste, c’est le fameux recensement réalisé par les associations qui devait servir de base de vérification pour les évacuations vers des hébergements d’urgence. Sur les 210 personnes inscrites, « une centaine restait encore à être prise en charge », indiquait, vers 9 heures, le sous-préfet, qui expliquait qu’une centaine d’autres avait été avertie de devoir quitter les lieux. La mission prioritaire étant de « régler la problématique des tentes dans le but de finaliser le démantèlement ».
L’incertitude et la peur
« Mais on est sur la liste », avance Harun, qui avoue attendre encore d’obtenir ses papiers, « effrayé » de devoir, comme les autres, rester dehors cette nuit. « Quand on était dedans, on nous attaquait. Ils nous ont pris de l’argent et des téléphones. Qu’est-ce qu’il va se passer dehors ? », se demande celui qui habitait depuis janvier au camp. « Si ces personnes peuvent oser s’en prendre à la police. Qui sommes-nous pour eux ? » « Même ceux qui ont les documents doivent rester dehors », réagit, démuni, un autre homme, Simbakwira. Ajoutant : « On nous a pris nos noms, nos numéros de téléphone. » D’autres se plaignent de n’avoir ni eau, ni nourriture, ni accès à des toilettes.
« Qu’est-ce qu’on va faire ? », demande Lydia, une mère de famille, son enfant de trois mois dans les bras. Comme une centaine de personnes du camp environ, originaires du Congo, Rwanda ou encore de Somalie, elle a déjà dû dormir dehors la veille, l’accès ayant été bloqué par des policiers et, encore ce vendredi matin, par un escadron de gendarmes. Elle n’a donc pas pu y retourner, tout comme Mohamed, somalien, sorti pour aller à l’hôpital, « sans ses papiers », ni « son argent », ou Julien, rwandais, avec son cousin Enzo, de 6 ans. Une situation que nous décrivaient également Hightness, 23 ans, sa carte de séjour bien rangée dans son porte-monnaie, et Glory, sorties pour aller chercher de la nourriture jeudi soir et apeurées de ne pouvoir récupérer leurs affaires dans leurs « maisons ». Autant de personnes que nous n’avons pas retrouvées vers 16 heures.
Le sous-préfet nous avait alors confié dans la matinée : « On s’occupe d’abord de l’intérieur, après on aura une écoute plus attentive sur ceux qui sont dehors, dont certains peuvent effectivement être sur la liste. » Mais aussi : « Ils ne sont pas tous dans le même stade administratif », indiquant que certains attendent encore la distribution de leur carte de séjour à la suite du « blocage de la préfecture pendant des mois » et à cause d’un service postal « très engorgé ». Pour rappel, les déboutés du droit d’asile seront reconduits dans leur pays et ceux qui doivent être protégés, iront dans l’Hexagone.
208 tentes détruites en tout
En tout, depuis le début de l’opération démarrée le 25 janvier, 450 réfugiés se sont envolés vers la métropole. Quatorze migrants ont été quant à eux reconduits en République démocratique du Congo. Interrogé sur de potentielles nouvelles arrivées au camp depuis le début du démantèlement, le sous-préfet reste évasif, avouant ne pas être capable d’être formel : « C’est possible. Mais on n’a pas relevé d’autres constructions ajoutées aux 208 tentes recensées au début de l’opération. Il y a eu des tentatives, relayées par la vigilance des habitants du quartier, la police ou à la demande de la mairie, mais elles ont pu être empêchées grâce au délit de flagrance. » Il ajoute que jeudi, 87 personnes « ont été mises à l’abri », et que dans la soirée, un kwassa a été intercepté par la brigade nautique, et les migrants, conduits au centre de rétention administrative (CRA).
Après une vie dédiée à Mayotte, Cédric Lelaidier nous a quitté à 48 ans
Cédric Lelaidier est décédé ce jeudi à La Réunion, à l’âge de 48 ans. Il était à la tête de l’Organisation Ingénierie Développement Formation (OIDF) depuis 2011 et était connu pour être un président ambitieux, audacieux et engagé, comme en témoigne l’hommage que les salariés de l’organisation ont tenu à lui rendre. « Nous gardons en mémoire un homme engagé pour la jeunesse mahoraise, toujours à rechercher des solutions pour les aider à réussir », écrivent-ils. Ces derniers soulignent également son investissement auprès des salariés : « Nous te remercions d’avoir maintenu les salaires du personnel lors des nombreuses crises traversant l’île tandis que d’autres patrons licenciaient. »
Cet engagement, le Rotaract a également tenu à le souligner dans un dernier hommage. Cédric Lelaidier avait en effet pris les fonctions de président du Rotary Club Mamoudzou Hippocampe en juin 2017, club parrain du Rotaract. « Cédric a organisé plusieurs actions, comme la marche contre la Polio, la collecte des vêtements pour les plus démunis. Il a soutenu les enfants malades de la Lune, les enfants de l’hôpital. Avec le gouverneur de l’époque et les autres membres de son club il a planté un arbre, symbole de lutte contre la déforestation », énumère l’organisme caritatif.
Une figure sportive emblématique
Enfin, Cédric Lelaidier était une éminente figure sportive sur l’île, en ayant passé plus de vingt ans à œuvrer pour le développement du rugby à Mayotte. Il a notamment été un des dirigeants emblématiques du Rugby Club Mamoudzou et actif au sein du Comité territorial de rugby de Mayotte, en tant que trésorier. Fonction qu’il a aussi exercée pour l’association Rugby océan Indien. Madi Vita, président du Comité régional olympique et sportif (Cros) de Mayotte, a tenu à lui rendre hommage en rappelant ses différentes actions pour le sport mahorais. « Au nom du mouvement sportif mahorais que je représente, j’adresse mes plus sincères condoléances à sa famille et ses proches. Son nom restera gravé dans nos mémoires », écrit-il.
Théâtre : « Elles avant nous », en spectacle à Mayotte

Après une trentaine d’entretiens réalisés avec des femmes mahoraises depuis 2021, Leyla-Claire Rabih présente pour la première fois à Mayotte son spectacle de théâtre documentaire, « Elles avant nous », coécrit avec Morgane Paoli. Ils se jouera au Pôle culturel de Chirongui ces vendredi 22 (pour les scolaires) et samedi 23 mars (tout public).

« La première impulsion c’était : « J’aimerais bien comprendre » », se remémore Leyla-Claire Rabih, metteure en scène en métropole, formée au Conservatoire supérieur Ernst Busch de Berlin. En 2021, elle collabore pour la première fois avec la compagnie Kazyadance sous la direction de Djodjo Kzadi. En déplacement à Mayotte, la spécialisée dans le théâtre documentaire contemporain se pose très vite la question de comment « les jeunes femmes synthétisent les différentes influences historiques et culturelles » dans leurs choix de vie : études, projets, métiers, mariages… Comment elles se définissent et se projettent ? Composent leur liberté, leur autonomie financière… ? Des questions qui aboutissent à la création, en 2024, du spectacle « Elles avant nous », coécrit avec Morgane Paoli. Il sera présenté pour la première fois à Mayotte au Pôle culturel de Chirongui, ce vendredi 22 mars, pour les scolaires, et samedi 23 mars, pour tous.
« Il y a une façon singulière à Mayotte de conjuguer différentes appartenances : à la tradition, la religion, la République française, la modernité », détaille celle qui a contribué, pour faire naître ce spectacle, à interviewer une trentaine de femmes, majoritairement âgées entre 15 et 25 ans, sur deux ans. D’abord au Royaume des fleurs, une école associative de danse, dont la plupart des participantes sont issues du quartier de La Vigie, en Petite-Terre. Et la deuxième étape, en 2022, via un atelier de pratique théâtrale au Pôle culturel de Chirongui, partenaire du projet. « Chacun des récits défaisaient des images toutes faites. Les traditions peuvent aussi être gagnantes de libertés et de pressions à d’autres moments », rend compte la directrice artistique de la compagnie Grenier neuf, implantée à Dijon.
Une résonnance universelle
Ces récits, « tous marquants », sont incarnés par trois comédiennes originaires de Mayotte ou des Comores : Anzmat Ahmadi, Nawoile Said Moulhi et Anturia Soilihi. « Ce ne sont pas des lectures mais un vrai spectacle », prévient Leyla-Claire Rabih, persuadée que les thématiques abordées résonnent plus largement chez « plein d’autres jeunes femmes », comme en banlieue parisienne ou ailleurs en métropole. Il a d’ailleurs déjà été joué sur la scène nationale de Belfort par exemple, mais pas encore à Mayotte. Une seule restitution de récits y avait eu lieu en 2023, lors du festival des Scénographies urbaines, en Petite-Terre : des installations sonores directement placées dans la rue pour faire entendre quelques récits.
« On est très excitées. On est très curieuses de voir la façon dont ça va être perçu, ressenti. On a hâte de discuter le spectacle avec elles », livre la nouvellement nommée directrice de l’Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (Ensatt), qui ne pourra donc être présente à Mayotte en cette fin de semaine. Mais le spectacle, qui mêle aussi des moments de danse, n’a pas fini de vivre : sa forme légère lui permet d’être joué hors-les murs. Comme dans les lycées de Mayotte, envisage la compagnie.
Samedi 23 mars, de 19h30 à 20h30, « Elles avant nous » au Pôle culturel de Chirongui. Réservation en ligne sur le site du lieu culturel.
Tourisme : des métiers à découvrir, ces vendredi et samedi, à Tsingoni
La Semaine des métiers du tourisme n’est pas encore terminée, elle continue de se décliner dans les intercommunalités. L’Office de tourisme du Centre-Ouest, par exemple, organise deux événements, ces vendredi et samedi. Le premier, ce vendredi, de 10h à 14, est prévu au centre commercial Ylang à Combani, il s’agit « d’un échange avec l’équipe de l’Office de tourisme et les acteurs du Centre-Ouest exerçant dans les domaines de la restauration, de l’hébergement, de l’agritourisme, des activités nautiques et terrestres ». Le lendemain, le deuxième rendez-vous est à la mosquée de Tsingoni, de 8h à 10h pour découvrir, lors d’une visite guidée de de la plus vieille mosquée de France, le métier de guide patrimoine.
« Ces deux événements sont entièrement gratuits et s’adressent à tout public. En particulier, les jeunes en pleine réflexion sur leur orientation future, les étudiants, les demandeurs d’emploi, les personnes en reconversion professionnelle ou toute personne souhaitant s’informer sur les opportunités de carrière dans le secteur du tourisme », informe l’Office de tourisme du Centre-Ouest.
Ramadan : une nouvelle cagnotte pour des familles démunies
Pour la quatrième année consécutive, Oirdi Anli et ses amis ont créé une cagnotte en ligne en cette période de mois sacré sur la plateforme leetchi.com. L’argent récolté servira à acheter des vivres, distribuées ensuite à des familles dans le besoin. « Nous savons tous que Mayotte est le département le plus pauvre de toute la France et de nombreuses familles sont confrontées à beaucoup de difficultés. Cette cagnotte a pour but de les aider à avoir tout simplement de quoi manger en ce mois de Ramadan », explique le groupe d’amis.
L’an dernier, une cagnotte de 5.725 euros avait été récoltée, ce qui avait permis d’aider foyers. En 2022, 4.940 euros ont été recueillis de la même manière.
Lien de la cagnotte : www.leetchi.com/fr/c/solidarite-aux-familles-demunies-4eme-edition-1572316
Cross scolaire : Mayotte termine à la 23ème place sur 52
A l’occasion des championnats de France UNSS de cross-country, qui se sont déroulés à Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), tous les meilleurs coureurs de France et d’Outre-mer étaient présents. Représentant Mayotte grâce à leurs résultats au cross départemental, les élèves du collège de l’association sportive du collège de Passamaïnty ont honorablement défendu les couleurs et le drapeau de Mayotte en terminant à une valeureuse 23ème place sur 52 équipes dans la catégorie benjamin/e, se classant par la même occasion comme meilleur collège ultramarin. L’UNSS de Mayotte félicite les jeunes collégiens (Mouendhui Ahamadi, Nizar Niasse Mahamoud, Nidhoimi Abdillah Mari, Tawafika Rakotojoel, Anima Adam Abdou et Samna Saïd Omar). Leur retour est programmé pour ce vendredi.
La finale des Petits champions de la lecture ce samedi
Le rectorat de Mayotte et la direction des affaires culturelles (DAC) organisent la finale départementale du concours des « Petits champions de la lecture », en partenariat avec le conseil départemental de Mayotte. Réservé aux élèves de CM1 et de CM2, cet exercice de lecture à voix haute se déroulera à la bibliothèque départementale de Cavani, ce samedi 23 mars, de 9h à 12h. « Venez nombreux les écouter et les encourager ! », annonce le Département de Mayotte.
Iedom : « des perspectives pessimistes » pour l’économie mahoraise
« L’inquiétude grandissante des acteurs économiques, révélée au troisième trimestre, se confirme et s’accentue au quatrième trimestre 2023. La conjoncture économique mahoraise se dégrade sensiblement et rompt le dynamisme observé en début d’année. L’indicateur du climat des affaires (ICA) passe en dessous de sa moyenne de longue période pour la première fois depuis 2020. Outre ces résultats, les perspectives pour le début de l’année sont très pessimistes, alimentées par le mouvement social qui a paralysé l’île pendant six semaines en janvier et février », note l’Iedom (Institut d’émission des départements d’outre-mer) de Mayotte, dans son bilan sur les tendances conjoncturelles au dernier trimestre 2023. Sur cette période, l’ICA baisse de 9,5 points (après -12,5 points au trimestre précédent) pour s’établir à 94. Cela est dû à la crise de l’eau et à l’insécurité, estime l’équivalent de la Banque de France en outremer. « La dynamique d’activité du premier semestre s’effrite, les trésoreries se dégradent, les délais de paiement s’allongent et les effectifs se réduisent », ajoute l’institut, qui n’est pas plus optimiste avec les conséquences d’un mois de barrage sur l’île.
Rares bonnes nouvelles, l’inflation s’avère moins forte en fin d’année 2023 (+0,4% pour le dernier trimestre, +2,7% sur l’année entière) et un nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A (sans aucun emploi) en baisse de 7,9 %.
« Là, c’est chaud, normalement les coraux sont marrons »

Cinq jours de sorties en mer autour de l’archipel de Mayotte ont suffi à constater le processus de blanchissement des coraux. Ce lundi 18 mars, le Parc naturel marin de Main, après une dernière sortie, a donné le feu vert pour un suivi externe plus approfondi quant au pic estimé fin mars, début avril. Nous les avons accompagnés sur cette fin de mission.
« Nous allons d’abord à la baie de Kani », annonce le capitaine à bord, Léo Piso, avec devant lui, son tableau de bord affichant le tracé à suivre pour longer les zones rocheuses et les récifs coraliens, matérialisés en vert sur l’écran. Son équipage, composé de trois autres membres du Parc naturel marin de Mayotte, fait ce lundi 18 mars sa cinquième et dernière sortie en mer pour constater l’état de santé des coraux. Une opération programmée par l’organisme après l’alerte de niveau 2 (maximal) lancée début février par l’agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (Noaa) qui prévoit, à Mayotte, un pic de blanchissement des coraux sur entre fin mars et début avril. En cause notamment, le réchauffement climatique et la vague de chaleur apportée par le phénomène « El Niño » (petit garçon en français) du Pacifique à l’océan Indien.
8 h 30 passés, le bateau progresse à une allure de 23 nœuds vers le premier site à observer de la journée, côté ouest de l’archipel. La biologiste et chargée de mission, Vyktoria Marillac, rentre sur son ordinateur ses dernières données du vendredi précédent. Elle devra dans quelques minutes renfiler ses palmes, masque et tuba pour en prendre de nouvelles, aidée tour à tour par Léna Pierre et Anna Projet, agentes opérationnelles. Sur les 92 stations que recense le Parc (certaines avec des sondes pour enregistrer toutes les heures la température de l’eau), l’équipe se sera rendue en tout à une quarantaine (en intérieur, en extérieur et sur la barrière de corail), dont dix ce lundi (du sud-ouest au nord-ouest de Grande-Terre). Il s’agit des points retenus comme sensibles lors de la dernière grande crise de blanchissement, en 2016, mais qui avait prouvé à l’époque la résilience des récifs. Le pâle et le blanc avaient pu retrouver leur couleur, la température de l’eau baissant à temps. Avant qu’elle leur soit fatale.
« Là, c’est chaud, normalement c’est marron, et là, c’est tout blanc », désigne Léna Pierre, depuis le bateau, dans la baie de Kani. Les verres polarisés des lunettes de soleil font ressortir le blanc cassé de quelques colonies de coraux à travers une eau limpide. « 65 % ? », entend-on au loin. Vyctoria Marillac et Anna Projet, tentent d’estimer en mer le pourcentage de coraux pâles ou blanchis, sans prendre en compte ceux qui sont déjà morts et recouverts d’algues. Pour cela, elles se focalisent sur cinq zones par site, à partir de ce qui se trouve à l’intérieur d’un quadrat, structure métallique en forme de carré, qu’elles posent au sol. Chaque petite parcelle est ainsi photographiée et observée afin de constituer un échantillonnage à peu représentatif de l’état des fonds marins. Les pourcentages sont annotés au crayon de papier, en direct, sur un support qui ne craint pas l’eau.
« C’est un cimetière »
« C’est horrible ! », répète en mer la chargée de mission au niveau de la frange ouest, entre la baie de Chiconi et la plage de Sohoa, plus au nord, avant de rejoindre le tombant. « C’est un cimetière », lâche-t-elle une fois revenue sur le bateau, en regardant les images capturées. « Mais c’est une zone très polluée, il y a des coraux qui sont malades avec des bandes noires et blanches, des nécroses. Je suis déprimée », soupire-t-elle. « Il y a beaucoup de gens qui passent par-là », explique aussi Anna Projet, qui se souvient des couleurs qu’elle voyait sous l’eau il y a cinq ans comme du marron oui, mais aussi du bleu, du violet… L’opération se poursuit plus au nord, vers la plage de Tanaraki, la baie d’Acoua puis vers les îlots Choizil. Avant de se conclure vers 14 heures au large de M’tsamboro.
Le bilan est sans appel : sur tous les sites, même de façon plus ou moins dense, du blanchissement est constaté, y compris sur des anémones. C’est encore plus le cas sur les zones de passages, en zones frangeantes, c’est-à-dire qui ceinturent le littoral. « C’est hétérogène selon les endroits. Près des côtes, le corail est plus sujet au stress des marées, la chaleur de l’eau s’il y a peu de profondeur ou peu de courants pour renouveler l’eau. Il y a aussi la saison des pluies qui peut encore ajouter du stress en apportant des sédiments. Et chaque espèce parmi les plus de 300 qu’abrite Mayotte a sa propre résistance », explique Vyctoria Marillac, attristée, citant parmi les plus sensibles, les acropora, aux structures fourchues plus complexes.
« On connaîtra réellement les effets en juin »
Ce stress, c’est la difficulté naturelle éprouvée par le corail. Le corail ou colonies d’animaux minuscules appelés polypes coraliens. Chacun d’eux secrète de quoi générer leur structure calcaire. Mais ils fonctionnent normalement en symbiose, « dans une relation de donnant-donnant », avec des algues microscopiques (zooxanthelles) qui se chargent de la photosynthèse et leur apportent leur nourriture, en échange de leur protection qu’offre leur squelette calcaire. La température de l’eau, trop chaude actuellement, fait dysfonctionner ces petites algues qui ne remplissent plus leur rôle et rentrent même « dans un processus de suicide ». Les coraux, sans nourriture, face aux stress environnants, s’épuisent, pâlissent voire blanchissent. Tandis que les animaux colonisateurs tentent de se mettre plus au frais au fond de leur maison calcaire. Selon leur résistance et la durée de cette température anormale de l’eau, les coraux pourront regagner leur couleur… Ou mourir.
Néanmoins, selon les observations de la spécialiste coralienne, il y a, à ce jour, « dans l’ensemble », plus de pâle que de blanc. « Mais ça peut évoluer très vite. On connaîtra réellement les effets en juin », informe, inquiète, celle a donné, dès ce lundi soir, le feu vert à deux prestataires (Marex et Créocéan) pour réaliser une étude de suivi, avant, pendant et après le pic. Sa mission de prospection servait justement à déterminer si le phénomène nécessitait une intervention, externe, financée par le Parc, lui-même dépendant d’un budget alloué par l’État dont une partie est consacrée aux récifs. « Et c’est le cas. » L’étude pourrait démarrer d’ici une à deux semaines, le temps de sa mise en place.
Si le blanchiment est réversible, la partie morte reste définitivement perdue. Celle-ci peut se recouvrir d’une autre espèce d’algues, plus invasive, qui peut étouffer la vie marine. « Ces coraux, ce sont aussi des refuges pour plein de petits poissons », ajoute Anna Projet. « S’ils meurent, c’est tout l’écosystème marin qui est impacté. »
Les Mahorais de La Réunion dénoncent une pétition jouant sur les amalgames

Une pétition publiée sur internet attribue les faits de délinquance enregistrés à La Réunion à la communauté mahoraise sur place. Le collectif Re-MaA (« Résistance Réunion / Mayotte en Action ») déplore l’« hypocrisie » des commentateurs et demande qu’une enquête judiciaire soit ouverte pour identifier les auteurs.
Faute de permis, Royal Air pas autorisée à desservir les Comores
La nouvelle compagnie aérienne, qui a déjà immatriculé trois avions aux Comores, doit attendre sa certification avant de lancer ses activités commerciales. Parmi les destinations visées par ses responsables, Mayotte et Mahajanga, mais pas seulement.
La démonstration entre la Grande Comore et l’île de Mohéli avait été couronnée de succès. Mais cette euphorie aura été de courte durée puisque les autorités comoriennes n’ont toujours pas délivré à la compagnie Royal Air, le nouveau-né du ciel comorien le permis d’exploitation aérienne (PEA). Pourtant, ce n’était pas ce qui était convenu déplore, le gérant de la compagnie, Abou Ayadi Mohamed. A l’entendre, l’idée de desservir les trois îles de l’Union ne faisait pas partie de leurs priorités. « Nous avons immatriculé trois avions. Notre objectif est de desservir Mayotte, Mombassa (Kenya) et Mahajanga (Madagascar). Mais les autorités comoriennes avaient convoqué toutes les compagnies et ont demandé laquelle parmi nous était capable de ramener un avion dans les plus brefs délais. Nous avons donc présenté le Let 410. On nous avait promis l’octroi de toutes les autorisations », a raconté Abou Ayadi Mohamed. Toutefois à la surprise générale, l’État comorien a exigé lundi dernier, la présentation d’une assurance additionnelle.
Face à cette nouvelle exigence, le gérant de Royal Air a demandé un peu plus de temps afin de trouver ladite assurance mais aucun sursis ne lui a été accordé a regretté Abou Ayadi Mohamed. « Ils nous ont notifié la fin des activités. Ainsi, par sécurité, j’ai sollicité une clearance pour rapatrier l’appareil au Soudan du Sud », a poursuivi le gérant, dont le siège se trouve à Moroni.
Dans un communiqué, publié ce 21 mars, l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacm) a livré sa version sans pour autant nier celle des responsables de la compagnie. « Un avion de type LET 410 est arrivé à Moroni, le 13 mars, pour être exploité sous la neuvième liberté de l’air par Kush Air basée à Juba au Soudan du Sud qui a comme partenaire aux Comores, la compagnie de droit comorien Royal Air en cours de certification », a dans un premier temps introduit l’agence. Dans ce même document, le directeur général par intérim de celle-ci, Ibrahim Mchami reconnaît que l’avion est couvert par une assurance.
Cinq phases
Toutefois, précise-t-il, pour que l’aéronef desserve les Comores, une assurance additionnelle est nécessaire. « La compagnie n’ayant pas été en mesure de fournir cette assurance additionnelle, sur sa propre initiative, a décidé de rendre l’avion à sa base d’exploitation le 20 mars », complète le communiqué du gendarme de l’aviation civile. Une source contactée par Flash Infos a rassuré que le vol présentait une très bonne santé technique, ajoutant qu’il n’y a aucun malentendu entre Royal Air et l’Anacm à propos de la délivrance du permis d’exploitation aérienne. « C’est un secteur sensible. Nous devons vérifier qu’ils disposent bien d’un centre de maintenance, sa localisation ou encore si leurs contrôleurs et pilotes sont reconnus. Des hommes de l’Anacm doivent s’assurer que tout est en règle. La certification est processus long. Pour le moment, ils sont sur la bonne voie », fait remarquer notre interlocuteur, qui a relevé qu’une compagnie doit remplir cinq phases avant d’obtenir la certification laquelle sanctionne automatiquement l’octroi du permis.
Selon une brochure d’information de l’Anacm, les cinq étapes sont les suivantes : la pré-candidature, la demande formelle, l’étude et l’évaluation des documents soumis, la démonstration et l’inspection enfin, la phase de la certification. Royal Air en est à la troisième étape. Combien de temps cette phase va-t-elle s’achever ? Une question quelques semaines a répondu un cadre de l’Anacm, pendant qu’Abou Ayadi Mohamed, gérant de Royal Air parle d’un délai de 90 jours déjà dépassé d’après lui puisque cela ferait un an qu’ils ont formulé la demande.
Pour le moment, il n’y a qu’un seul transporteur qui assure les liaisons de façon régulière entre les îles. Il s’agit de Rkomor dont le plus grand aéronef est sommé de subir un contrôle. Quant à Precion Air, il effectue des rotations mais pas tous les jours. Raison pour laquelle l’Anacm a ouvert les portes pour attirer d’autres compagnies. En effet, dans son communiqué en date du jeudi 21 mars, elle indique que des pistes sont en cours d’exploitation pour « amener des partenaires stratégiques à positionner des avions aux Comores pour assurer la desserte domestique et régionale ».
Littérature : Avec « Nyongo », Ayat Hamidoune lève le voile sur les violences sexuelles

À seulement 18 ans, la lycéenne Ayat Hamidoune a trouvé le courage de donner voix à sa douleur dans son premier roman intitulé « Nyongo : la face cachée de Mayotte », nyongo signifiant « amer ». Dans son récit, elle livre un message sans tabou, celui d’une meilleure reconnaissance des droits des femmes et une éducation plus responsable. Impressionné et lui-même victime de violences sexuelles, Nicolas Puluhen a créé une cagnotte en ligne pour la soutenir.
Près de 160.000 enfants seraient victimes de violences sexuelles en France chaque année selon le pôle de la police consacré aux violences contre les mineurs. À l’âge de 14 ans, Ayat Hamidoune a été victime d’une tentative d’agression sexuelle (l’auteur a été condamné à un an de prison dont six mois avec sursis cette année). Dès le lendemain, la jeune fille de Trévani a eu le désir de s’exprimer. « J’ai eu cette envie de crier au monde mon mal, mon incompréhension et surtout mes droits en tant que femme et enfant. Je savais parfaitement ce que je devais dire, les phrases résonnaient dans ma tête… Mais je me demandais comment faire pour être entendue, comment faire pour être comprise et surtout comment faire pour qu’on me prenne au sérieux », témoigne Ayat.
Quatre années, plus tard, elle sort de l’ombre et écrit noir sur blanc une histoire profonde. Actuellement en classe de terminale, l’inspiration n’est pas ce qui manque à cette lycéenne. « C’était plutôt le courage et les mots que j’ai dû chercher. L’inspiration a toujours été là », nous confie-t-elle avec émotion.
Une fresque sociale sur la jeunesse mahoraise
Ce roman d’une centaine de pages est une histoire fictive inspirée de faits réels. À travers les yeux d’Amina, le personnage central, nous découvrons le quotidien de cette lycéenne et de ses deux acolytes, Henriette et Karim. Ensemble, ils interrogent le monde qui les entoure. Leur amitié sera mise à rude épreuve lorsque la vie d’Amina bascule soudainement et mène au suicide.
« Nyongo : la face cachée de Mayotte » n’est pas seulement l’histoire de ces trois adolescents. C’est également une fresque sociale qui explore les multiples facettes de la jeunesse mahoraise. Le roman aborde la délinquance juvénile, la pression de réussite scolaire, et les conflits générationnels. Il met également en lumière la place de la religion dans la vie quotidienne des jeunes musulmans mahorais. Ayat Hamidoune souhaite que son roman serve de témoignage.
La solidarité donne vie aux rêves
La jeune femme de 18 ans est sur le point d’accomplir quelque chose d’hors du commun. Elle a reçu le soutien de plusieurs personnes pour atteindre ce stade. Sans accès à un ordinateur pour taper son texte, Ayat a été aidée par sa professeure de français, Anaïs Le Moign, lors de cette étape cruciale. L’association Mon p’tit Loup l’épaule également dans les démarches pour la publication de son roman.
Le livre sera disponible à la vente dans les librairies à partir du mois d’avril. Alors que l’œuvre d’Ayat prend forme et se prépare à être publiée, Nicolas Puluhen, fondateur de l’association Mon p’tit Loup, a lancé une cagnotte pour financer la promotion du livre. Pour ceux qui désirent soutenir ce projet, la cagnotte de pré-vente est disponible. Le prix du livre dédicacé est de quinze euros. Tout versement supérieur servira à financer les frais liés à la promotion du livre, selon Nicolas Puluhen.
Lien de la cagnotte : www.cotizup.com/nyongo-la-face-cachee-de-mayotte
La Réunion : un premier cas de choléra détecté
L’agence régionale de santé (ARS) de La Réunion a annoncé ce jeudi la détection d’un premier cas de choléra sur l’île. L’infection a été diagnostiquée le mercredi 20 mars chez une personne qui revenait d’un séjour en Inde. Il s’agit donc d’un cas importé de choléra. Selon Réunion la 1ère, des procédures de « contact tracing » ont été mises en place dans l’entourage de cette personne, par mesure de précaution. Le dernier cas de choléra sur l’île de La Réunion remonte à 2022.
L’annonce intervient au lendemain de celle faite par les autorités à Mayotte concernant le premier cas de choléra détecté sur l’île aux parfums. D’après le préfet François-Xavier Bieuville, la patiente en question, prise en charge au Centre hospitalier de Mayotte, est une femme arrivée lundi en kwassa en provenance d’Anjouan. « La patiente est stable au niveau santé », a expliqué le directeur du CHM Jean-Mathieu Defour, précisant que des formations ont eu lieu sur le sujet pour les professionnels de santé et « qu’une centaine d’agents ont été vaccinés ».
Mayotte accueille le bateau The World vendredi et samedi
The World – Residences at Sea, un bateau de luxe long de 196,4 mètres, le troisième de la saison de croisière 2023/2024, fera escale dans la baie de Mamoudzou. Son arrivée est prévue à 8 heures, le vendredi 22 mars, et son appareillage pour repartir, à 18 heures, dès le lendemain. Il a commencé son expédition le 15 janvier, traversant l’Antarctique, la Géorgie du Sud, les îles Malouines, l’Amérique du Sud, l’Afrique du Sud et le Mozambique. Après Mayotte, il se dirigera en Grande Comore.
Ses 95 passagers, copropriétaires et résidents, sont en majorité des Américains. Accompagnés de 286 membres d’équipage pour leur traversée, ils définissent leurs destinations de tour de monde collectivement. Un point d’information touristique leur sera assuré par l’équipe d’accueil de l’agence d’attractivité et de développement touristique de Mayotte (AaDTM), renforcée par des agents des offices de tourisme intercommunaux. Des excursions sur le sol mahorais sont d’ores et déjà réservées.