Accueil Blog Page 620

Élèves et enseignants en colère à Kawéni

 

Les perturbations n’ont duré que pendant la matinée, mais cette colère attire l’attention. Les élèves ne se sentent plus en sécurité à la sortie de l’établissement ni même à l’intérieur.

Les élèves de la section hôtellerie disent apercevoir des rôdeurs. Il n’y a pas de lumière, ni même d’agents de sécurité aux abords du lycée.

L’établissement possède un restaurant d’application et à un moment, il a même été envisagé que cette section n’ait plus lieu à Kawéni, à cause de l’insécurité.

Dans l’après-midi, une délégation d’enseignants a été reçue par le vice-rectorat de Mayotte afin de trouver des solutions à ces problèmes.
Mercredi, une délégation des représentants d’élèves sera également rencontrée. Le climat n’est pas apaisé aux alentours de l’établissement, alors même que le quartier abrite également des collèges et des écoles élémentaires, ainsi que des magasins.

Le lycée de Kawéni n’a pas fini de faire parler de lui, car jeudi, les enseignants prévoient de bloquer la route qui mène vers l’établissement à partir du rond-point Méga. La route en très mauvais état concentre cette colère.
Donc très tôt, à partir de 6h15, cette action aura lieu sans pour autant bloquer la route nationale.

Des tracts seront également distribués pour informer les automobilistes de cette action. Une lettre ouverte sera également adressée au nouveau maire de Mamoudzou Mohamed Majani afin d’attirer son attention sur l’état de la petite portion de route.

 

KA

Mohamed Majani, maire de Mamoudzou

L’élection du conseil municipal de la commune de Mamoudzou a eu lieu samedi. L’organisation de cette cérémonie avait été commencée la veille, car il fallait s’attendre à accueillir beaucoup de monde. Ce fut le cas le jour J, des centaines de personnes étaient venues suivre de près l’installation du nouveau maire et ses adjoints. Des chapiteaux étaient installés devant l’hôtel de ville. Le public venu nombreux pouvait suivre le déroulement des élections depuis l’extérieur, car des haut-parleurs étaient également installés pour la transmission en direct du débat.

Mamoudzou étant la commune la plus peuplée de l’île avec plus de 57 000 habitants est gérée par un conseil municipal de 45 élus.
La liste élue le dimanche 30 mars, celle du « Rassemblement, l’Ame, MDM » et menée par Mohamed Majani compte 31 personnes. Les deux dernières listes, celles respectivement conduites par Chihaboudine Ben Youssouf et Abdourahamane Soilihi, comptent chacune 7 élus.

La veille, une réunion a eu lieu à la permanence de l’UMP. Il était question d’arrêter et donner la « consigne officielle » de vote aux 7 élus du parti qui font partie intégrante du nouveau conseil municipal. Le groupe UMP avait décidé de présenter un candidat, en la personne de Said Assane Mboiboi. « C’est aussi une manière de ne pas prendre part aux manoeuvres qui tendent à contrecarrer la volonté des électeurs », argumentait le conseiller général UMP du canton 2 sur les réseaux sociaux.
La même consigne a été donnée aux élus de l’Union pour le renouveau de Mayotte conduit par Chihab.

De l’autre côté, celui de Mohamed Majani, les discussions étaient très difficiles. Certains osaient même parler de trahison. Les électeurs ont été floués, car les trois listes qui ont fusionné pour gagner les élections à Mamoudzou ne s’entendent plus. Le partage des postes des adjoints, tout en respectant la parité, semble avoir été la tâche la plus difficile, la goutte d’eau qui a fait renverser le vase.

Le Mouvement pour le développement de Mayotte (MDM) conduit par Dinouraine M’colo Mainty a été écarté de la fusion majoritaire.
Mohamed Majani dira que la tête de liste MDM lui a tourné le dos après les élections de dimanche 30 mars. Dinouraine M’colo Mainty déclare la même chose. Que s’est-il vraiment passé ? Et qui croire ?

Selon un élu de Mamoudzou, de la liste l’Ame, donc de la nouvelle majorité, avoue que les discussions ont été difficiles et tout a été décidé vendredi soir. Dans la rue, cette « trahison » était attendue, car la population se demandait toujours comment des listes au départ « massédwane » (composées d’élus de différents partis et ne partageant pas les mêmes convictions politiques) et qui ont en plus fusionné pour gagner les élections allaient pouvoir s’entendre et travailler ensemble. En même temps, certains observateurs disaient qu’il est très difficile de gérer une commune à trois et qu’on gouvernerait mieux à deux.

Samedi matin, vers 8 heures, tout semblait être joué, car les élus du Rassemblement et de l’Ame avaient passé la nuit ensemble, à Bouéni, au sud de l’île. Ces derniers étaient injoignables.
Les trois autres listes – à savoir l’Union, l’UMP et le MDM – se sont retrouvées samedi matin et ont essayé de constituer une majorité.
La tâche était difficile puisque les élus du MDM étaient divisés. La tête de liste originaire de Passamainty nous indiquera qu’un élu MDM de M’tsapéré lui avait ouvertement dit qu’il allait voter pour Majani.

Les candidatures de Mohamed Majani pour le « Rassemblement et l’Ame » et de Dinouraine M’colo Mainty pour le MDM, l’Union et l’UMP au poste de maire ont été déclarées.

L’élu de Kawéni, Mohamed Majani est élu maire de Mamoudzou à 25 voix contre 20 pour le désormais chef de file de l’opposition. Bacar Ali Boto (Ame) et Mohamed Moindjié (Rassemblement) sont respectivement élus premier et deuxième adjoints au maire.

 

Rafik

L’armée : des métiers pour la jeunesses mahoraise

 

Pour ceux qui ne connaissent pas bien les métiers de l’armée, l’image qu’on en a provient des films américains : des hommes en tenue de combat, armés jusqu’aux dents et tirant sur tout ce qui bouge. Heureusement, la réalité est plus complexe et c’est ce qu’ont voulu montrer la conseillère économique, sociale et environnementale Daourina Romouli, les anciens combattants, le BSMA, le DLEM et les représentants de l’élément de base navale de Dzaoudzi hier au lycée de Coconi.

Le lieutenant-colonel Guillaume-Barry, commandant du BSMA, a ainsi rappelé que l’armée formait des citoyens. « Il faut se lever à l’heure, se raser, ranger sa chambre, bref apprendre à vivre au sein d’un groupe. Ces règles de vie structurent le citoyen. Le militaire se met au service de la Nation en assurant la sécurité et la prospérité de la population. Il attend en retour que la Nation lui soit reconnaissante. »

Le commandant du BSMA a aussi souligné que les métiers militaires étaient ouverts à tous. « Ce sont des métiers pour les jeunes, vous êtes jeunes. Ce sont des métiers pour les sportifs, vous êtes sportifs. Ce sont des métiers pour les filles et les garçons de nationalité française.
Pour les étrangers, vous pouvez vous engager à la Légion étrangère. Il n’y a pas besoin de diplômes pour s’engager, mais plus vous êtes diplômés, plus vous avez de choix pour maîtriser votre destin au sein de l’armée. »

Les élèves présents ont pu rencontrer des anciens militaires qui ont servi dans toutes armes et qui se sont fait un plaisir de raconter leur expérience à l’instar de Saïd Mohamed, ancien radariste pendant une quinzaine d’années dans l’armée de l’air. « J’ai travaillé sur les machines qui servent aux aiguilleurs du ciel, je les réparais.

À l’époque, nous étions recrutés assez facilement, surtout quand on avait le bac. Nous avons été formés et en même temps nous étions nourris, logés et payés. L’armée c’est une grande famille et parfois, elle nous faisait oublier notre vraie famille », se souvient-il. Être militaire selon lui réclame du courage, de la patience et surtout beaucoup de travail. « Ça me fait chaud au coeur d’être là, nous avons envie de les motiver pour qu’ils puissent bâtir leur vie. L’armée, c’est aussi une voie pour s’en sortir », répète-t-il.
Daourina Romouli estime elle aussi que les métiers de l’armée sont un chemin que les jeunes mahorais, surtout ceux qui sont confrontés à des difficultés sur le marché du travail, doivent envisager. « Tout le monde ne peut pas devenir militaire et là n’est pas l’objectif de cette journée.
Nous voulons juste montrer aux élèves que cette voie existe, à eux de la prendre ou pas. »

Pour Nourdine Soilihi, âgé de 18 ans et scolarisé au lycée agricole de Coconi, ce forum a ouvert quelques ambitions. « Ça m’intéresse beaucoup. Dans l’armée, il y a beaucoup d’activités. C’est l’armée de l’air qui m’intéresse, j’ai vu des images à la télé », résume-t-il. Pour son camarade Mohamed Saïlane, c’est plutôt la gendarmerie qui l’attire. « J’ai retenu qu’il fallait être tranquille, ne pas être un délinquant, avoir un casier judiciaire vierge, être bien avec les autres et respecter les gens. Et aussi, travailler toutes les matières ».

Si ce forum peut susciter des vocations, ce sera un gros plus pour les organisateurs. Déjà, certains établissements participants ont demandé le renouvellement de l’opération. Daourina Romouli est prête pour répéter ce genre d’initiatives, à charge pour les autres parties d’en faire autant.

 

F.S.

Edito : La tempête tropicale Hellen a frôlé Mayotte

 

Des portions de routes se sont affaissées, des murs se sont effondrés, des arbres se sont abattus sur les lignes téléphoniques et surtout électriques. Il y a eu plusieurs coupures dans certaines zones du centre et du sud de l’île aussi.

 

Les équipes d’EDM ont été mobilisées pour remettre aussi vite que possible le courant aux populations inquiètes. Mais des milliers de personnes ont souffert de ce passage d’Hellen. Des dizaines de milliers de clandestins vivent dans des conditions très précaires sur les hauteurs des communes de Mamoudzou et Koungou, à Vahibé, Combani et ailleurs. De nombreuses maisons, construites en dur, ont aussi pris l’eau de toutes parts. Les caniveaux, les rivières ont débordé. Des rues, des places ont été inondées. Des glissements de terrain très dangereux se sont produits, bloquant la circulation assez rare.

 

Et quand le soleil est revenu, un constat de l’étendue des dégâts a pu être établi. Toutefois, Hellen n’était qu’une tempête quand elle est passée à près de 300 kilomètres au sud de l’île. Il est difficile d’imaginer les dégâts colossaux que provoquerait un cyclone traversant l’île.

 

Des familles tassées dans des cases défoncées par des vents vraiment violents, des amas de tôles descendant des collines, emportés par des glissements de terrains, inaccessibles aux secours, un enchevêtrement de câbles électriques de fortune, de palettes, de paraboles et d’effets personnels… Le passage d’un cyclone sur l’île serait certainement désastreux, dramatique, terrible.

 

On peut imaginer un réseau électrique coupé par des arbres tombés sur tout le territoire, des centres de secours, d’accueil… quasi inexistants. Les mairies, censées assurer les premiers secours, l’accueil dans des écoles ou autres salles communales, sont-elles prêtes ? Sont-elles rodées à ces exercices de secours ? Les clés des écoles et MJC seront-elles disponibles ?… Des stocks de secours sont-ils constitués à l’approche de la saison des cyclones ?

 

Les inquiétudes sont nombreuses au vu de ce qu’une tempête peut provoquer comme dégâts. Et après la pluie, le ciel bleu revenu, ces considérations, ces soucis sont déjà loin pour beaucoup. On verra bien si cela arrive un jour… Mais le propre des dirigeants est justement d’arranger le quotidien, et de prévoir, de préparer l’avenir.

 

Au lendemain des élections municipales, nous voilà pourvus de nouvelles équipes, qui se sont battues, qui ont été motivées pour conquérir ce pouvoir de gérer notre vie en commun. Ils ont à organiser la scolarisation, dans de bonnes conditions d’hygiène et de sécurité, de nos enfants. Ils ont à prévoir les besoins d’aujourd’hui, mais aussi de demain, en termes d’emplois, de sécurité, de loisirs.

 

Les équipes municipales, qui ont réclamé nos suffrages, que les citoyens et les règles de la démocratie ont porté au pouvoir, doivent maintenant s’atteler à améliorer notre cadre de vie. Ils doivent créer les conditions d’un vivre ensemble le plus agréable possible. Ils peuvent pour cela s’appuyer sur la société civile, les acteurs locaux, mais surtout sur des équipes municipales qu’il convient de mettre immédiatement au travail, sur des projets qu’ils portent, des visions qu’ils ont de notre vie sur ce territoire, au quotidien. Nos nouveaux élus doivent mobiliser les équipes municipales, et utiliser au mieux l’argent que chacun va leur donner pour cette mission.

 

Les habitants, les propriétaires ou les locataires, les entreprises et les administrations, les utilisateurs du service de ramassage des poubelles et les autres vont attendre, en échange de leurs taxes et autres impôts locaux, un service de la part de leur mairie : un service de qualité, des routes, des rues et des places publiques aménagées, entretenues, des secours en cas de cyclone. On attend des crèches accessibles, des MJC actives pour accueillir les enfants, des services publics dynamiques, mobilisés, actifs, sous la houlette de leurs équipes.

 

Les artisans, les jeunes créateurs d’entreprises veulent un soutien, un appui au démarrage, avec des zones d’activités dans lesquelles ils pourront s’installer pour un prix modique… et créer de l’emploi, des richesses pour demain.

 

Le passage de la tempête Hellen doit faire comprendre que Mayotte a changé d’époque. On ne peut plus lever les yeux au ciel et implorer seulement sa clémence. Il faut se préparer, réfléchir, agir, investir. Les besoins de la population ne sont plus les mêmes qu’il y a 10 ou 20 ans. Il faut de l’eau, de l’électricité tous les jours. Des routes en bon état pour circuler. Des écoles propres et entretenues pour la réussite de nos enfants. Il faut du travail pour les plus grands. Il faut des loisirs, des lieux publics pour tous, des places, des fronts de mer, des plages aménagés, sécurisés. Des rues éclairées le soir, fonctionnant à l’énergie renouvelable et non polluante.

 

La tempête tropicale Hellen a frôlé Mayotte, mais si un jour un cyclone passe sur l’île, il vaut mieux être bien préparé.

 

Laurent Canavate

Coup de théâtre dans l’affaire de la tête de cochon

Beaucoup de monde s’était déplacé hier au tribunal de grande instance pour assister au jugement de l’affaire dite de la tête de cochon. De nombreux dignitaires religieux, des journalistes, quelques personnalités comme le conseiller général et maire de Labattoir Saïd Omar Oili, le directeur de la SIM Mahamoud Azihary, ou encore la vice-présidente de la région Réunion, Yolaine Costes, avaient fait le déplacement.

Pourtant, à la demande des avocats de la partie civile, le procès est reporté au 17 septembre 2014 en raison de l’absence des deux femmes impliquées dans l’affaire, dont l’une est suspectée d’être l’initiatrice des faits, et l’autre nie son implication. Leur absence a été vécue comme « une insulte pour les Mahorais, et un manque de courage » a tempêté Me Saïd Larifou, avocat d’une des parties civiles.

En préambule, le juge Philippe Ballu s’est attaché à dire que « cette audience doit être celle de l’apaisement, les débats doivent être dignes et sereins, dans le respect des droits des uns et des autres ». Le président du tribunal a rappelé que l’audience qui devait avoir lieu était en un sens historique puisque jamais en France, les auteurs d’un tel acte islamophobe n’ont été jugés. « Si de tels actes ont déjà eu lieu, les auteurs n’ont jamais été interpellés. Ainsi se pose la qualification pénale des faits, nous allons être les premiers à dire le droit en la matière », a solennellement lancé le juge Ballu.

Le procureur Joël Garrigue ne s’est pas opposé à la demande des parties civiles, ajoutant que son but était de savoir ce qui s’est passé quelles sont les responsabilités de chacun.

Après s’être retiré une bonne demi-heure pour délibérer, le tribunal a choisi de reporter le procès au 17 septembre 2014, « étant donné les contradictions entre les versions des parties et puisqu’aucun danger particulier ne se présente », il a ordonné la présence des trois prévenus à cette date.

 

M.C.

Gohou, une véritable star à Mayotte

« Je retrouve à Mayotte la chaleur humaine qui est la chaleur africaine », a déclaré Gohou à sa sortie de l’aéroport, encadré par la foule, les caméras et les appareils photo.

L’homme fort des Guignols d’Abidjan était très attendu sur notre île depuis quelques semaines à l’annonce de son arrivée. Pour ceux qui l’ignorent, les guignols d’Abidjan ont été, dans les années 2000, une série humoristique culte en Côte d’Ivoire, dont le succès s’est répandu partout en Afrique et dans le monde.
De son prénom Michel, Gohou joua ensuite dans la série intitulée « Ma famille ». En 2007, il tourne une nouvelle série appelée « Gohou Show ». Dans ces rôles, Gohou s’apparente beaucoup au « Banawassi » qu’on retrouve dans les contes et légendes mahorais. Un arnaqueur, un rusé, un Don Juan, etc.

« À Mayotte, dans chaque foyer, au moins trois ou quatre DVD de lui existent. Les femmes l’adorent », explique Maoré Tanchiki, l’homme qui sponsorise l’arrivée de la star à Mayotte, gérant de la société MAP. Mais cette venue est surtout rendue possible grâce à la motivation de l’association « Mayotte solidarité » et au partenariat avec la mairie de Koungou. « Une association composée de professeurs qui s’intéressent à l’épanouissement de la jeunesse de Koungou », explique de nouveau Maoré Tanchiki.

Ainsi donc, Gohou sera en représentation au stade de football de Koungou le 5 avril et le 6 avril à l’AJP de Pamandzi. Les billets sont en vente dans les magasins Fashion et Intersport.

Les places assises reviennent à 20 euros et celles debout à 10 euros. Les fonds récoltés seront partagés entre les 14 clubs de différentes équipes de jeunes que compte la commune de Koungou. D’ailleurs, ces jeunes vont eux aussi participer, puisqu’ils devront assurer la sécurité lors du show. « Ils vont avoir des tee-shirts de même couleur pour pousser les voitures à bien se garer », indique Maoré Tanchiki. Seront également sur place la gendarmerie, la société de sécurité MPS, les pompiers, la Croix rouge et le BSMA.

En attendant, la star ivoirienne se repose incognito dans un des grands hôtels de l’île, « pour ne pas être trop dérangée », précise Maoré Tanchiki.

Tout au long de la journée, Gohou a toutefois pris un bain de foule et salué ses fans, debout dans une limousine blanche.

 

 

DMH

Cyclone Hellen : la colère après la désolation à Acoua

Les habitants du quartier Angoidra, en bord de mer, pansent leurs plaies.
Beaucoup des habitants du village avaient pris leur journée pour la consacrer à nettoyer les habitations et leurs abords. La route qui mène au nord de l’île est parsemée de traces d’éboulis et de troncs d’arbre. Mais à Acoua, c’est la désolation ; et le nouveau maire, Darouechi Ahmed aura du travail pour redonner une image présentable de sa commune.
Caniveaux détruits, routes effondrées, végétations à terre… À Angoidra, certains villageois ont bien cru que le pire arrivait.

Samedi, vers 11 heures, alors que notre île n’était encore qu’en alerte fortes pluies, le canal d’évacuation d’eau a débordé et la forte houle a provoqué des inondations d’une rare violence.
« Tout s’est passé rapidement, nous étions tous à la maison, et tout à coup l’eau est entrée. En quelques minutes, nous en avions jusqu’au cou !
Nous sommes alors montés pour nous réfugier sur le toit » raconte une mère de famille. Mais la famille a échappé au pire, puisque les fondations de son domicile sont parties dans le lagon, laissant un trou béant où les vagues s’engouffrent désormais.

Dans la matinée de lundi, les habitants du quartier sinistré ont reçu la visite d’une petite délégation composée du président du conseil général, Daniel Zaïdani, du député Boinali, de l’ancien et du nouveau maire de la commune et des conseillers généraux. Mais c’est avec méfiance que les villageois ont reçu le soutien de ces élus, « Rien que d’y repenser, cela m’énerve ! Ils ne sont venus que pour être pris en photos, ils ne nous ont même pas proposé de solution de relogement » s’enflamme une villageoise qui a vu sa maison inondée et son petit atelier de réparation d’électroménagers littéralement partir à l’eau. Cette dernière affirme être allée chercher du renfort auprès de la mairie dimanche, pour se faire répondre que le premier magistrat était en « train de compter les bulletins ».

Ainsi, pour tenter d’apporter une réponse citoyenne aux manquements des politiques, le « collectif génération Acoua » a décidé de prendre les choses en main. Dès dimanche, les jeunes ont aidé les sinistrés à nettoyer le quartier pour permettre l’évacuation des eaux pluviales. Ils organisent ce soir une réunion pour trouver un moyen de venir en aide à cette population en détresse. « Je me suis dit que si nous ne faisions rien, personne ne le ferait à notre place… », invite Ainoul Foulane, le président. Le jeune homme, handballeur, déplore le manque d’initiatives et le fait que les élections municipales aient pris le pas sur la catastrophe.

Ainsi, un appel est lancé aux dons et aux bonnes volontés pour aider à reconstruire les foyers ravagés.

Mais une fois le bilan fait, une question se pose : comment a-t-on pu laisser des familles s’installer si près de la plage ? À l’origine, le quartier était composé de cases SIM, construites sur un remblai gagné sur la mer, aujourd’hui, les extensions anarchiques ont encore grignoté du terrain.
Ce week-end, la nature a repris ses droits.
La réunion publique aura lieu ce soir à 18h30 sur le plateau polyvalent du village d’Acoua.

 

M.C.

Mayotte se souviendra d’Hellen

Alors que les autorités préfectorales, suivant les informations de la station météo France de Pamandzi, avaient rassuré la population vendredi soir, en assurant que les effets de ce qui n’était encore qu’une tempête tropicale seraient minimes, Hellen a créé la surprise à tous les niveaux. D’abord parce qu’elle s’est fortement intensifiée contrairement aux prévisions annoncées, prenant de cours les automobilistes sur les routes de Mayotte, samedi dans la journée. En effet, avec les fortes précipitations et les rafales de vent, des arbres sont tombés et des coulées de boue ont coupé les routes de l’île, occasionnant de sérieux problèmes de circulation.

La préfecture avait mis en place la vigilance fortes pluies dès jeudi soir et une cellule opérationnelle départementale dès samedi pour coordonner les services de sécurité et de secours.

L’alerte orange a été décrétée dans la soirée, alors que les éléments se déchaînaient depuis déjà quelques heures.

Les rivières, gonflées par les trombes d’eau – on a relevé 239 mm de précipitations à Mtsamboro – sont sorties de leurs lits, comme à M’tsangmouji, où une vidéo impressionnante filmée par des pompiers en intervention montre une voiture se faire emporter par les flots, telle une vulgaire planche de bois.

La houle s’est rapidement intensifiée et des vagues allant jusqu’à 5 mètres ont causé de sérieux dégâts dans les marinas de Mamoudzou, Dzaoudzi et Hagnoudrou, où des esquifs se sont décrochés et fracassés contre les rochers ou échoués.

Les vols de samedi après-midi et dimanche ont été annulés et reportés à lundi par les compagnies aériennes.

Côté mer, la traversée entre la Petite et la Grande Terre, le trafic des navires du Service des transports maritime (ST M) est perturbé depuis samedi. Par mesure de sécurité et en raison des rafales de vent et des pluies, les horaires des barges et amphidromes ne sont pas respectés.

Hellen, partie des côtes mozambicaines et se renforçant dans les eaux chaudes du canal, est devenu cyclone tropical intense alors qu’il s’approchait au plus près de notre île dans la nuit de samedi à dimanche, aux alentours de 3 heures du matin.

Inondations, chutes d’arbres, coulées de boues, pannes d’électricité, effondrement de la chaussée et rafales de vent frôlant les 100 km/h, autant d’effets collatéraux qui auront inquiété les Mahorais, la plupart restés prudemment enfermés chez eux.

Notre île aura échappé au pire, car le météore n’était pas attendu, son arrivée a donc pris de court les autorités préfectorales. Les services d’intervention et de secours ont été très sollicités aux quatre coins de l’île, notamment pour dégager les routes. Des personnes mal intentionnées n’ont pas manqué de profiter de cette désorganisation pour commettre des cambriolages, comme ce fut le cas dans le chef-lieu.

Le scrutin du second tour des élections municipales a toutefois été maintenu à la surprise générale.

Hellen, poursuivant sa course vers Madagascar, s’est éloigné peu à peu dans la journée de dimanche, laissant quelques stigmates bien visibles de son passage, mais, et l’on peut s’en féliciter, aucune victime n’est à déplorer. Dimanche soir, le cyclone se trouvait à 200 km du sud de Mayotte et se rapprochait dangereusement de la côte ouest de Madagascar. Le météore devrait ensuite amorcer un demi-tour au sud et se diriger vers Juan de Nova.

Pour aujourd’hui, le temps devrait être maussade et des pluies et orages sont encore attendus.
La houle est encore très forte et la plus grande prudence est requise en mer.

 

 

M.C.

Municipales 2014 – 2ème tour Les résultats des 15 communes

 

 

 

Quelles listes pour diriger nos communes ?

Les meetings battent leur plein dans les villages de Mayotte. Il ne reste plus que deux jours pour convaincre. Le temps est donc compté. Trente-huit listes sont en lice, soit en tout 1192 candidats au second tour –à savoir qu’ils étaient 2433 avant dimanche dernier. Après l’élection, seulement 465 élus siégeront dans les 17 conseils municipaux du département.
Une quadrangulaire, six triangulaires et huit élections à deux listes.

À Acoua, on distingue trois listes prétendantes : le Mouvement pour le développement de Mayotte (MDM) conduite par Salime Ben Mognéhazi, « L’expérience et la rupture en action » menée par Ali Al Wally Mdallah et le Parti socialiste (PS) qui a comme tête de liste Darouèchi Ahmed.

À Bandraboua, deux listes sont en course, celles du maire sortant Ahamada Fahardine (PS), qui a manqué l’élection au premier de 70 voix, et la fusion de l’Union des forces vives et du Nouveau Centre-UDI. Briguant un troisième mandat, Ahamada Fahardine fait partie des maires sortants menacés.

À Bandrélé, 3 listes sont en lice : le Mouvement pour l’avenir de la commune de Bandrélé, conduite par Moussa Ben Moussa, l’UMP menée par Madi Ngabou Moussa et « Tanafou za wakazi » de M’chindra-Mari Assani. Au sud de l’île à Bouéni, 2 candidats s’affrontent : le conseiller général Mirhane Ousseni (Mouvement centriste) et l’Union pour le développement de la commune de Bouéni.

À Chiconi aussi, deux candidats sont de l’aventure, Antoyissa Zainoudine (UMP) et Outifaki (Convergence des forces vives et progressives de la commune de Chiconi).

À Chirongui, deux candidats sont de la bataille, Hanima Ibrahima de la liste Niyamoja Ra Hachiri affronte Adams Ridjali (UMP).

À Dembéni, trois listes sont au deuxième tour, celles de Soihibou Hamada (Union), d’Ambdi- Hamada Jouwaou (Mouvement Jeunes unis)et de Rachadi Saïndou (sans étiquette).

À Kani-Kéli, deux listes sont également en course : celles de l’UMP conduite par Ahmed Soilihi et d’Atsika Djabi menée par Ayouba Assani-Soufiane.

Manifestement, la commune de Koungou, deuxième commune plus peuplée de l’île, domine le classement du nombre de listes et de candidats. Une quadrangulaire a lieu, ce qui représente 140 prétendants à la course.

À Mamoudzou, la commune chef-lieu de Mayotte, une triangulaire est annoncée entre l’Union pour le renouveau de Mayotte conduit par Chihabouddine Ben Youssouf, l’UMP avec Abdourahamane Soilihi « Ladjo » et la fusion « Le Rassemblement 05 – l’Ame – MDM » mené par Mohamed Majani. Ici encore, le maire sortant Ladjo est dans une position délicate, car le score potentiel des trois listes qui ont fusionné est de près de 47%, alors que Ladjo, lui en a gagné 23,08% à 14 voix de Chihab, qui a fini premier au premier dimanche avec 23,32% des suffrages exprimés.

À M’tsamboro, trois listes sont également en lice : celles de l’UMP menée par Rachidi Ishaka, du MDM dirigée par Colo Harouna et de l’Union pour l’avenir de Ben Said Laithidine.

À M’tsangamouji, deux candidats s’affronte dimanche, nommément le meneur de la liste « Mieux vivre ensemble » Ibrahima Said Maanrifa et Moula Issouf Madi de l’Alliance.

À Ouangani, le sortant maire UMP Ali Ahmed- Combo a raté l’élection au premier tour de peu (48,1 %). Son concurrent au second tour est Harouna Attoumani tête de liste d’une fusion des listes MDM et Union des démocratiques indépendants (Udi).

À Pamandzi, quatre listes sont de la partie : « Kazakoma walakazitsokoma » conduite par Maandhui Ousseni, « Génération ya maesha ya Pamandzi » menée par Saidali Mahafourou et MDM.

À Tsingoni, deux candidats sont en lice : le maire sortant Boinahéry Ibrahim Amedi (MDM) et Mohamed Bacar (UMP).

Ouverte lundi, la campagne électorale s’arrête demain samedi 29 mars à minuit. Les 38 listes prétendantes ont très peu de temps devant elles pour convaincre les électeurs. Dimanche sera une journée de suspens et de tensions.

Dimanche dernier, lors du premier vote, de nombreux électeurs s’étaient rendus aux urnes en fin d’après-midi, ce qui a occasionné quelques chamboulements, notamment d’importantes files d’attente quelques minutes avant la clôture du scrutin.

Dans un communiqué, la préfecture de Mayotte rappelle que les bureaux de vote ouvrent leurs portes à 8 heures et les ferment à 18 heures, en continu. « Aucune prolongation de l’ouverture des bureaux n’est autorisée. « Afin d’être certain de pouvoir voter, il est fortement recommandé de ne pas attendre les dernières heures du scrutin pour se présenter dans les bureaux de vote. »

 

 

Rafik

Edito : Mayotte s’ouvre au monde

Puis, comme le ressac de la marée, ces vols se sont raréfiés, ont été supprimés. Mayotte se refermait sur elle-même au gré des situations difficiles de certaines compagnies aériennes, au gré de l’arrêt d’autres, au gré d’accords nationaux ou internationaux.

Après avoir quelque peu touché le fond, Mayotte recommence à s’ouvrir à la région. Après avoir sérieusement revu à la baisse ses ambitions, après avoir cédé ses Airbus 380, Air Austral s’est recentrée sur la Réunion, ne gardant quasiment plus qu’un cordon ombilical ténu entre les deux îles françaises de la région. Cette ligne Réunion-Mayotte, objet de tous les fantasmes, source de bénéfices importants, a tenu, mais la compagnie régionale a laissé la place à d’autres opérateurs.

 

Ponctuellement ou plus régulièrement, Corsair ou XL Airways ont assuré des liaisons vers la Métropole. Air Madagascar, repartie un temps grâce au soutien de la Lufthansa, a souffert à nouveau, puis redécolle lentement. L’entretien de la flotte, la mise aux normes européennes pour pouvoir se poser à Mayotte, le besoin d’investissements lourds sont des soucis importants.

 

Les relations avec les Comores voisines ont essuyé le même tumulte, les mêmes hauts et bas. Les compagnies vont et viennent au gré de soucis d’autorisations ou de l’état de la flotte, à l’image de Comores aviation ou maintenant d’Inter îles.

 

La semaine dernière, la compagnie Ewa, fruit des amours d’Air Austral et de la société conduite par la famille Issoufali, a inauguré la ligne sur Anjouan, après Moroni.

 

Le 31 mars prochain, cette compagnie née à Mayotte inaugurera sa ligne en direction de Pemba au Mozambique, capitale de région située à l’entrée d’une grande baie visitée par les pêcheurs malgaches et swahilis, avant de connaître la colonisation portugaise. Cette station balnéaire s’ouvre progressivement au tourisme et, à l’image du pays, connaît un développement soutenu. Outre un hôtel 5 étoiles fréquenté notamment par des Sud-africains (une ligne directe assure la liaison avec Johannesburg), la ville compte quelques établissements de différentes catégories et des bungalows sur la plage, dans cette région peuplée de gens d’origine macoua et où la civilisation swahilie a laissé ses traces. Plus au sud se trouve un joyau : l’île de Mozambique, classée au patrimoine mondial de l’Humanité depuis 1991, à très juste titre, avec ses nombreux palais, dont celui du gouverneur, et sa statue de Vasco de Gama qui y accosta en 1498. A l’ouest on trouve des parcs animaliers et l’Afrique des grands lacs, avec le Malawi ou la Zambie pour les plus audacieux.

 

Une autre destination disponible au départ de Mayotte, c’est Dar es Salam, capitale de la Tanzanie, qui fait face à l’île de Zanzibar, elle aussi inscrite au patrimoine mondial de l’Humanité, avec sa magnifique ville de pierre, coeur de toute la civilisation swahilie. Là aussi, les parcs naturels exceptionnels, les grands espaces africains attendent les touristes. Comme avec les vols de Kenya airways vers Nairobi, qui ouvrent en plus la porte vers Dubaï et de nombreuses destinations.

 

Mayotte s’ouvre ainsi à nouveau sur sa région, sur le monde. Les voyages et les voyageurs se multiplient, atteignant 300.000 actuellement à l’aéroport international de Dzaoudzi, contre 61.000 il y a 20 ans, en 1994. Outre les voyages de découverte, ces ouvertures devront pouvoir constituer des opportunités d’activités économiques, d’échanges, sportifs et culturels, afin que ces lignes se pérennisent.

 

La nouvelle aérogare, inaugurée prochainement, constituera une porte d’entrée, ou de sortie, moderne, à l’image de Mayotte d’aujourd’hui, qui, des îles Vanille à la COI, trouve progressivement sa place dans sa région.

 

Laurent Canavate

Les pêcheurs séduits par Eurodom

Benoît Lombrière est arrivé à Mayotte mardi et repartira vendredi. Le représentant de l’association Eurodom ne chôme pas et part à la rencontre de tous les acteurs économiques, mais aussi institutionnels (conseil général et préfecture). Hier, il a ainsi rencontré le président de la CCI Mohamed Ali Hamid, Soulaïmana Noussoura, président de la CFECGC, Rémy Exelmans, président du Gemtic (Groupement des entreprises mahoraises des technologies de l’information et de la communication), les professionnels de la pêche et de l’aquaculture et Ida Nel, PDG de Mayotte Channel Gateway.

Eurodom est une association qui est chargée de défendre les intérêts des DOM auprès des institutions européennes. Depuis 25 ans, elle s’attelle à faire comprendre à Bruxelles que les RUP sont des atouts pour l’UE et qu’elle doit adapter certains dispositifs pour prendre en compte leurs particularités. Eurodom se charge également d’informer ses membres des textes adoptés ou en cours d’adoption à Paris et Bruxelles. Lors de la rencontre entre Benoît Lombrière, les pêcheurs et aquaculteurs professionnels, ces derniers ont été séduits par le discours du lobbyiste, ancien conseiller du président Nicolas Sarkozy en charge des DOM-TOM .

« Il a démontré le bien-fondé d’une harmonisation entre tous les DOM pour les questions européennes », résume Régis Masséaux, président du syndicat des pêcheurs professionnels de Mayotte (SPPM). Les professionnels mahorais attendaient également ce qu’Eurodom pouvait leur proposer pour qu’ils puissent bénéficier du FEAMP (Fonds Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche) notamment pour compenser les surcoûts inhérents à la situation géographique et économique de notre île. « Ces dispositifs seront un atout majeur dans le futur pour l’économie de la pêche et de l’aquaculture, ils seront source de développement et de création d’emploi. Nous avons bien compris quels étaient les enjeux » souligne Régis Masséaux.
Pour celui-ci, Eurodom est la structure la mieux placée pour les aider à obtenir les chiffres et données que souhaite avoir l’UE pour calculer les montants dévolus aux pêcheurs mahorais.

« Ils ont une grande expérience et surtout, ils peuvent comparer avec ce qu’il se passe dans les autres DOM. Et ils sont très efficaces pour avoir un rendez-vous avec les interlocuteurs qui comptent à Bruxelles. Je l’ai vu lors de leur AG en novembre dernier quand le Parc marin avait organisé et payé une visite à Bruxelles.
J’ai pu inviter de vive voix le député Omarjee et la commissaire aux affaires maritimes à la pêche Maria Damanaki.

C’est aussi une manière de faire comprendre au représentant des Affaires maritimes et au cabinet Mzé Conseil que les pêcheurs ont très peu apprécié d’être mis à l’écart lors du processus d’appel d’offres visant justement à nommer un cabinet pour récolter les éléments nécessaires à calculer les aides pour les surcoûts. Les Affaires maritimes ont sélectionné le cabinet Mzé Conseil sans en référer aux pêcheurs. Présent pour rencontrer Benoît Lombrière et exposer sa méthodologie, Guillaume Jaouen a dû attendre le départ du représentant d’Eurodom pour entrer dans la salle de réunion de la CAPAM. « Les professionnels aimeraient être pris comme des chefs d’entreprise conscients de l’évolution de la pêche et de l’aquaculture à Mayotte et être consultés pour tout ce qui les concerne », soutient Régis Masséaux tout en rappelant que Mzé Conseil travaillera en collaboration avec Eurodom. Celui-ci précise que les pêcheurs mahorais devraient pouvoir bénéficier de ces fonds européens pour compenser les surcoûts à compter de 2015. Cela est possible grâce à un grand travail des professionnels siégeant à la CAPAM, de l’État, du conseil général et de l’UE selon le président du SPPM.

 

F.S.

Attention, maires sortants en danger !

« Le second tour est une autre élection. » Cette phrase a été entendue à de nombreuses reprises hier et avant-hier dans la bouche des qualifiés pour le second tour des municipales.

Ils ne croient pas si bien dire puisqu’il leur était possible de modifier les listes en cas de partenariat entre deux partis différents.

La plupart des maires sortants sont dans une position délicate, voire compromise. C’est le cas notamment d’Ibrahim Amedi Boinahery à Tsingoni. Arrivé en deuxième position au premier tour (35,25 %), il a fait l’unanimité contre lui puisque Kira Bacar Adacolo (éliminé) et Ahmed Rama (qui s’est retiré) ont affiché leur soutien pour le candidat UMP Bacar Mohamed.
Sauf surprise, l’UMP reprendra la mairie dimanche prochain.

Le sénateur-maire Abdourahamane Soilihi « Ladjo » est également en ballottage défavorable.
Comme souvent, l’UMP n’a pas réussi à nouer des alliances. Au contraire, trois listes, celles de Bacar Ali Boto (l’Ame), du Rassemblement (menée par Mohamed Majani) et le MDM ont durement négocié pour fusionner.
Avec un score potentiel de 46 %, elle a de quoi être confiante pour la triangulaire qui l’opposera à l’UMP (23,08 %) et à l’UPRM de Chihabouddine Ben Youssouf (23,32 %).

Autre maire en danger et on s’y attendait moins, c’est Ahamada Fahardine à Bandraboua.
Celui-ci a raté l’élection au premier tour de 70 voix, ce qui a peut-être forcé la liste Union des forces vives et celle de l’UDI et du Nouveau Centre à fusionner. La bataille sera rude puisque si on reporte le score des deux listes opposées au maire actuel, celui-ci serait battu.

Même cas de figure à Ouangani, le maire UMP Ali Ahmed-Combo a raté l’élection au premier tour de peu (48,1 %). Les deux autres listes ont donc réuni leurs forces pour tenter de le renverser.
L’issue paraît incertaine, mais Attoumani Harouna conserve des chances d’accéder au poste de premier magistrat de la commune.

À Dembeni, Soihibou Hamada a été devancé par son prédécesseur Ambdi-Hamada Jouwaou (35,86 % contre 38,36 %). Il n’y a rien de rédhibitoire, mais les réserves de voix semblent faibles pour le maire sortant. Le candidat dissident UMP Rachadi Saïndou a maintenu sa liste bien qu’il n’ait aucune chance de l’emporter (10,82 %). En fait, le véritable arbitre sera la liste de Maoulida Soula. Celui-ci a décidé de se retirer. Si le maire actuel promet de le maintenir en tant que délégué de la commune au Sieam, Soihibou Hamada pourrait avoir des voix salvatrices nécessaires à son élection.

Hanima Ibrahima se retrouve dans la même situation à Chirongui. Largement en tête avec plus de 40 % des voix au premier tour, elle devra affronter la liste de l’UMP Adams Ridjali.
Bien qu’il n’ait recueilli que 30,71 % des voix, le fait que la droite solidaire d’Abdoulkarim Soulaïmana ne se soit pas maintenue malgré ses 20 % peut signifier qu’elle n’a eu d’accord avec aucune liste et qu’elle laisse le choix à ses électeurs.
À charge pour Adams Ridjali de refaire son retard en capitalisant sur ces voix.

L’incertitude est identique à Mtsangamouji. Issouf Madi Moula, le maire sortant a réalisé un score semblable à la liste de Saïd Maanrifa Ibrahim (35 %). L’UDI et l’UDM de Ouirdani Vita se sont retirées. C’est dans cet électorat-là qu’il faudra puiser pour l’emporter.

Quelques listes au pouvoir ont réussi à tirer leur épingle du jeu malgré cette chasse au maire sortant. C’est le cas notamment de liste menée par Mahafour Saïd Ali, 1er adjoint de Ramlati Ali à Pamandzi, de l’UMP Ishaka Rachidi à Mtzamboro, et d’Assani Saïndou Bamcolo à Koungou. Ils ont le point commun de ne pas avoir pu nouer d’alliances, mais aussi de ne pas avoir vu leurs adversaires se fédérer contre eux.

À Pamandzi, un accord était proche entre la liste MDM et la Kazakoma d’Ousseni Maandhui, mais les militants ne l’ont pas entendu ainsi. Pour ne pas avoir su s’entendre, ces deux listes font de la liste Génération ya Mayécha ya Pamandzi de Mahafour Saïd Ali, la grande favorite de ce second tour. GM a largement devancé le MDM et Kazakoma (38 % contre 22 %) et on ne voit pas comment elles pourraient refaire leur retard à moins que l’une d’entre elles ne récupère toutes les voix des éliminés du premier tour.

À Mtzamboro, rien n’est fait pour Ishaka Rachidi, mais le maintien de Laïthidine Ben Saïd, dissident MDM (16,77 % au premier tour) est un handicap sérieux pour son principal concurrent le MDM Harouna Colo. Il peut espérer grappiller les voix du FN qui s’est retiré sans donner de consignes de vote.

À Koungou, Assani Saïndou Bamcolo, arrivé largement en tête au premier tour (22,29 %), a une légère marge de manoeuvre. Une quadrangulaire s’annonce pour dimanche et un seul de ses adversaires est en mesure de le rattraper.
La liste Walezi d’Anlimou Souffou Kassim a fusionné avec celle d’Ahmed Souffou, prédécesseur et ancien colistier du maire Bamcolo en 2008, mais l’addition des scores du premier tour est encore inférieure de 2% à celle de l’UDA CK. Cette alliance sera le principal danger pour l’équipe sortante, puisque les deux autres listes, celles du conseiller général Saïd Ahamadi Raos et celle de l’UMP ont fait moins de 16 % au premier tour. Sidi Hamada-Hamidou, qui s’est retiré sera l’arbitre de ce second tour, avec une réserve de voix de 10 %.

Enfin, dans trois communes, les équipes sortantes ont été balayées. Bouéni, Kani-Kéli et Chiconi verront à coup sûr des équipes nouvelles arriver au pouvoir. Mirhane Ousseni à Bouéni a une longueur d’avance (37,23 %).
Mais si les reports de voix se font en faveur de Mouslim Abdourahaman (25,12 %), celui-ci pourrait remporter la timbale. Le MDM de Cheik-Ahamed Houssene (12 %) et de l’ancien maire Hamada Ali Hadhuri (17 %) peuvent donc orienter le vote.

À Chiconi, les choses se joueront entre l’UMP de Zaïnoudine Antoyissa (44,72 %) et la liste Outifaki de Bacar Saïndou (38,47 %). La liste UDI-PS d’Anli Anrifadjati ne se maintient pas.
Ses voix qui représentent près de 17 % seront donc à dispatcher sur les deux listes précédentes puisque la tête de liste n’a donné aucune consigne de vote.

Quant à Kani-Kéli, l’accord scellé entre le MDM et l’UMP semble ouvrir les portes de la victoire. Ahmed Soilihi et Abdourahamane Ravoay rassemblent à eux deux plus de 48 % des voix. En prenant des voix chez les éliminés du premier tour, elle pourrait faire barrage à la liste d’Assani-Soufiane Ayouba, ancien premier adjoint d’Ahmed Soilihi, tombé dans la sphère UDI.

La campagne a débuté dès hier soir, il reste encore quelques jours pour convaincre les Mahorais de donner leur vote aux listes en lice.

 

F.S.

Entre deux tours : le jour des négociations

L’entre-deux tours d’une élection en France est toujours la période des négociations. Dès les résultats connus dimanche soir, les qualifiés pour le second tour se sont mis en tête d’élaborer la meilleure stratégie pour vaincre dimanche prochain. Dans beaucoup de communes, aucune liste ne se dégage nettement. C’est le cas notamment à Koungou, Mamoudzou, Mtzamboro ou encore Pamandzi.

Hier en contactant les qualifiés du second tour, la réponse que nous avons le plus obtenue est la suivante : « on ne peut rien dire pour le moment, nous sommes en négociations ».
Mais en insistant un peu, certains livrent quelques informations intéressantes. À Mtzamboro, les discussions ont été très dures. À l’heure où nous écrivions ces lignes, aucune liste n’avait trouvé d’accord.
Laïthidine Ben Saïd, leader de la liste UPA et dissident MDM, arrivé en 3e position derrière l’UMP et le MDM avec 16,77 % affirme avoir été contacté par ceux qui le devancent.
Pour la surprise de ce scrutin, le FN conduit par Faoulati Sandi (12,21 %, 4e), ne compte pas brader son soutien. « On est content et fier du score réalisé par notre liste. On est parti de loin, l’équipe a bien travaillé et la population se retrouve en nous. L’UMP et le MDM sont venus nous voir, mais pour l’instant, nous n’avons rien qui ne nous satisfasse. Nous voulons que l’on tienne compte des suffrages qui se sont exprimés pour nous », résume-t-elle.
En milieu de soirée hier, tout était possible pour le FN : fusion avec une autre liste, retrait sans donner de consignes de vote ou maintien de la liste. Pour l’UMP arrivée en tête (33,33 %), les choses semblent bien se présenter. Mais pour garantir la victoire, il faut convaincre les autres listes de les rejoindre.
« Arriver en tête nous satisfait, d’autant que les résultats sont meilleurs qu’en 2008. Mais rien n’est fini. Nous avons contacté les autres listes, mais nous n’avons débouché sur rien », explique Ishaka Rachidi. Son adversaire principal Harouna Colo du MDM (30,15 %) n’a pas pu répondre à nos sollicitations, car il était en négociations. Et il faut croire que les enchères montent très haut. Ainsi, Faoulati Sandi du FN aurait fait savoir qu’elle exigeait la tête d’une liste en cas de fusion. « Elle est dure en affaires », a reconnu un de ses concurrents.

À Mamoudzou, les discussions ont également été à l’ordre du jour. La liste du Rassemblement menée par Mohamed Majani capitalise sur son classement. « On a fini 3e après une modification faite au bureau de Bonovo. On passe devant l’AME », fait savoir Mohamed Moindjié, n°3 de la liste.
Trente voix rajoutées au total qui changent tout. Le Rassemblement semblait avoir scellé un accord avec deux listes. « On est très content, finir derrière l’UMP et Chihab, c’est pas mal pour un mouvement qui n’a qu’un an d’existence » s’étonnait Mohamed Moindjié. Quant à l’identité des listes ayant fourni un accord, pas un mot. « Vous le saurez demain (ce mardi) à 10 h ! »
Selon nos informations, il y aurait peu de chances qu’il s’agisse de celle du maire sortant et sénateur UMP Abdourahamane Soilihi « Ladjo ». Ambdilwahédou Soulaïmana reconnaît que l’UMP a eu des contacts avec toutes les listes, hormis celle de l’Union pour le Renouveau de Mayotte (UPRM) de Chihabouddine Ben Youssouf.
« Avec la présence de Jacques Martial Henry dans son staff, il nous est impossible d’envisager de travailler ensemble. Durant toute la campagne, il n’a pas arrêté de nous insulter et d’en faire de même contre nos adversaires. Il nous a traités de voleurs et d’incompétents alors que je lui ai démontré preuves à l’appui sur le plateau de Kwezi en débat qu’il était exactement ce qu’il dénonçait et qu’il était mal placé pour donner des leçons aux autres », a ainsi dévoilé l’actuel adjoint en charge des finances et des sports.
Celui-ci se satisfait malgré tout d’avoir fini en 2e position à quelques voix près derrière le revenant Chihab. « Les maires sortants ont du mal à Mayotte. On a évité ce qui était arrivé au MDM en 2008, c’est-à-dire, arriver en 4e position après le premier tour », concède Ambdilwahédou Soulaïmana.

Du côté de l’UPRM, pas de confidences sur les négociations. « Je suis à Vahibé, je suis en réunion », commente sobrement Chihabouddine Ben Youssouf. Élu conseiller général en 1995 et 2001 sous l’étiquette du MPM puis du MDM, Chihab est à la recherche de soutiens.

Hier soir, le Rassemblement et l’AME semblaient très proches. Le MDM sera donc probablement l’arbitre décisif de ce qui devrait être une triangulaire. UMP, UPRM ou Rassemblement- l’AME, de quel côté penchera la balance ? Réponse dans la journée. Mais quoi qu’il en soit, l’UMP annonce déjà la couleur. « Quel que soit le scénario, nous serons en campagne dès 16 h, tous les militants doivent être mobilisés », affirme Ambdilwahédou Soulaïmana.

À Pamandzi, les choses se sont dénouées rapidement du moins entre les états-majors de deux listes, celles du MDM d’Aboubacar Achirafi et celle de Kazakoma d’Ousseni Maandhui, qui toutes les deux ont réalisé 22 % des suffrages. « De notre côté, c’est acté, les militants ont validé. Les négociateurs de Kazakoma doivent le faire accepter à leur base. Nous sommes déçus de notre score du premier tour, mais c’est surtout l’énorme écart avec l’équipe sortante qui nous interroge. Plus de 300 voix, ça fait beaucoup » estime Aboubacar Achirafi.
Celui-ci espère néanmoins un soutien des petits candidats pour renverser la tendance.
L’équipe sortante a en effet réalisé 38,18 % des voix. Pour arriver à 50 %, il faudra donc convaincre cet électorat-là. Quitte à lâcher en échange un poste au sein de la liste ou comme délégué des syndicats intercommunaux.

Enfin à Koungou où cinq listes peuvent se maintenir, certains ont lâché l’affaire. Dès le début de la soirée Le PSM de Saïd Ahamadi « Raos », arrivé en 3e position avec 14,36 % des suffrages, a envoyé un communiqué indiquant qu’il maintenait sa candidature sans faire d’alliance au second tour.

Pour le maire sortant Assani Saïndou Bamcolo, arrivé en tête de ce premier tour (22,29 %), le résultat est satisfaisant. « Pour une première fois en tant que tête de liste, c’est pas mal. Maintenant, nous sommes en train de négocier. Certains sont prêts à discuter, on est en train de voir », nous a-t-il confié en milieu de soirée.

Dans tous les cas, certains candidats prévoyaient de passer une nuit blanche afin de sceller des accords leur permettant d’espérer de remporter les élections ce dimanche. Reste à voir si les choix effectués seront les bons.

Pour le député de Mayotte Ibrahim Aboubacar, celui-ci doit être le rassemblement des forces de gauche et du MDM. Il a appelé dans un communiqué les parties divisées de ces tendances à amener de la « clarté politique ».

 

F.S.

Archives photos

.

Anchya Bamana et l’UMP, vainqueurs à Sada

« Anchya Oyé, UMP Oyé ! » Les cris de joie combinés aux coups de klaxons ont animé les rues de Sada et de Mangajou hier soir après l’annonce des résultats des municipales.
C’est une foule en délire, enfin soulagée de ne pas avoir subi un cinquième revers d’affilée, qui a tenu à exprimer son émotion. Le drapeau des jeunes populaires a flotté dans la rue du Commerce, la candidate Anchya Bamana dont le domicile de sa mère se trouve en face du QG de l’Union des Nouvelles Forces de la Commune de Sada, est embrassée par toutes les personnes qui la croisent. « Madame le maire, félicitations, on l’a fait, on l’a fait ! » lancent-elles, devant une Anchya Bamana dont les traits sont tirés.

« Je tiens à dire un grand merci à toute la population de Sada et Mangajou pour m’avoir fait confiance. La campagne a été intense, tout le monde s’est mobilisé dans les deux villages. La solidarité a fait gagner l’UMP » a-t-elle réussi à dire entre quelques pleurs de joie.

Ses partisans ont continué à se rassembler à proximité du QG de l’UMP, à côté de la MJC.
Cela a mis en colère quelques voisins qui ont balancé de l’eau et du gaz lacrymogène dans la rue. Mais, cela n’a pas réussi à refroidir l’enthousiasme des supporters d’Anchya Bamana qui ont continué à danser malgré tout. Pour son colistier figurant en deuxième position, Ibrahim Salam Antoine, la victoire a été tellement belle, qu’il n’avait pas les mots pour définir son émotion. « Franchement, je ne sais pas comment vous dire ce que je ressens. C’est sans limites. J’ai perdu trois élections d’affilée. Aujourd’hui encore, j’ai perdu à Mangajou, mais pour moi, je m’y attendais. Je connais le candidat Ansufou, il a des qualités. Maintenant, il faut travailler. Il y a beaucoup de choses à faire dans la commune. »

Du côté de l’Union des Nouvelles Forces de la Commune de Sada (UNFCS), c’est évidemment la déception qui prédomine. Nous avons bien tenté d’avoir des réactions, mais le staff d’Ansufou Bacar a préféré ne pas réagir à chaud. Perdre de 32 voix, c’est vraiment difficile à avaler. L’UNFCS se donne le temps de voir s’il y a eu des irrégularités lors des opérations de vote et si cela nécessitera de faire des recours ou pas.

C’est évidemment à Mangajou, le village d’origine d’Ansufou Bacar que l’UNFCS a fait son meilleur score avec 249 voix contre 161 à l’UMP (75 voix de différence). À Sada, la MJC a aussi été emportée par l’UNFCS (208 contre 165). Mais, cela n’a pas suffi puisque l’UMP a fait le plein de voix à Bandrani (276 contre 199), mais surtout dans le plus petit bureau de vote de la commune à Doujani (137 contre 75, soit une différence de 62 voix).
Avec 50,46 % des voix, l’UMP devrait constituer une majorité de 25 conseillers municipaux contre 8 élus de l’UNFCS. À sa tête, l’UMP devrait élire pour la première fois une femme en tant que maire. Anchya Bamana pour rappel est cadre de santé à l’ARS et elle a de qui tenir puisqu’elle est l’une des filles de feu Mzé Younoussa Bamana, ancien président du conseil général pendant 27 ans et figure emblématique du MPM et des Sorodas qui ont milité pour le maintien de Mayotte au sein de la République française. Depuis 2009, elle milite à l’UMP. Elle s’était présentée en tant que suppléante de Bacha Abdou aux cantonales en 2008, et sur la liste UMP en 2009 et 2010 pour les municipales partielles.

Son intronisation devrait avoir lieu à la fin de la semaine.

 

F.S.

Municipales à Mamoudzou : la bataille sera rude !

Etalée sur une superficie de près de 4 200 hectares, la commune de Mamoudzou compte six villages : Kawéni, Mamoudzou, M’tsapéré, Passamainty, Tsoundzou 1, Tsoundzou 2 et Vahibé. Avec 57 281 habitants, selon le dernier recensement effectué en 2012, Mamoudzou est la commune la plus peuplée de Mayotte, avec une densité de 3 644,1 habitants par kilomètre carré. Une dizaine de milliers de personnes seulement sont inscrites sur les listes électorales. La commune est répartie en trois cantons : Kawéni-Mamoudzou pour le premier, M’tsapéré-Cavani pour le second et Passamainty-Vahibé-Tsoundzou 1 et 2 pour le dernier.

Mamoudzou abrite de nombreux équipements publics sportifs et culturels. Pour l’administration de la ville, Mamoudzou compte une mairie principale et trois mairies annexes. Au niveau de l’éducation, la ville compte une quarantaine d’établissements scolaires : 12 écoles maternelles, 28 écoles primaires, 2 lycées, général et professionnel, et 4 collèges. Un cinquième collège est en construction à Tsoundzou 1. Mamoudzou manque aussi des classes pour la scolarité de ses enfants.

En termes d’équipements sportifs, Mamoudzou a en son sein 7 terrains de football, 9 plateaux polyvalents, un gymnase et un cours de tennis. Au niveau culturel, la commune chef-lieu a actuellement 5 maisons de jeunes et une médiathèque municipale. La construction de deux autres MJC a débuté à Kawéni et Tsoundzou.

Mamoudzou dispose également d’une station de potabilisation d’eau et une station d’épuration des eaux usées, un centre médico-social, 7 cimetières, etc.

La commune chef-lieu de Mayotte devient de plus en difficile à vivre pour les habitants. De l’insécurité à une circulation perturbée, en passant par l’insalubrité et une activité économique paralysée, les sujets qui fâchent ne manquent pas. Mamoudzou est classée quatrième ville de France la plus cambriolée.

Six listes sont candidates aux élections municipales, soit en tout 270 hommes et femmes qui veulent gérer la commune les six prochaines années.

 

Abdourahamane Soilihidit « Ladjo »
Le maire sortant et également sénateur de Mayotte se doit de défendre son bilan et convaincre par de nouveaux projets. L’équipe municipale sortante aura pour le moins réussi, en six ans, à réfectionner près de 90% des routes communales, à construire 120 classes et à lancer des projets d’aménagement structurants, notamment le projet de rénovation urbaine de M’gombani et la Zone d’aménagement concertée de Hamaha. La liste de Ladjo se positionne pour la continuité et non le changement.

Enly Mahamoudou
Ancien président de la Ligue mahoraise de football, a pris la tête de la liste Uvwamoja. Critique envers les conseils municipaux des 25 dernières années, selon lui, « il faut penser autrement, faire autrement » à Mamoudzou. Il a rallié des soutiens dernièrement et propose des projets assez innovants comme la réalisation d’un « tramway vert » et le recours à des partenariats public-privés.

Chihabouddine Ben Youssouf
Président de l’union pour le renouveau de Mayotte, il a déjà exercé un mandat de conseiller général de la circonscription de Mamoudzou 2 et a même obtenu pour un temps la première vice-présidence entre 2002 et 2008. Il a également eu à diriger la mairie en tant que directeur général des services. Son cheval de bataille a toujours été de plaider pour un rattrapage économique de Mayotte, un programme qu’il s’engage à mettre en oeuvre en cas de victoire.

Bacar Ali Boto
Il a été 1er vice-président du conseil général entre 2002 et 2008, par la suite il est devenu conseiller municipal de l’opposition jusqu’à aujourd’hui. Il mène une coalition baptisée l’Ame qui regroupe à la fois son parti Alliance, des membres du MDM et des écologistes. Ancien directeur général des services à la mairie de Mamoudzou, il compte faire valoir son expérience pour peser dans la balance.

Dhinouraïne M’Colo Maïnty
Le candidat investit par la Mouvement pour le développement de Mayotte est issu de l’opposition au conseil municipal. Il connaît donc les dossiers et entend faire revenir son parti « aux affaires dans la commune de Mamoudzou ». Pour cela il espère convaincre en s’engageant de prime abord sur le redressement des finances publiques de la commune.

Mohamed Madjani
Conseiller municipal très expérimenté puisqu’il est adjoint au maire dans les différentes majorités depuis 1997, il regroupe derrière lui une équipe jeune, la liste intitulée « le Rassemblement ». Le programme de son équipe se décline en quatre mots Msomo, Hazi, Makazi et Hifadhui, c’est-à-dire en langue de Molière : Education, Emplois, Habitat et logement et sécurité.

 

Rafik et Adrien Theilleux

Edito : Mayotte a besoin de communes riches

A Mayotte c’est encore plus vrai qu’en Métropole, avec près de 50% de la population en âge de travailler inactive. Mais il n’est surtout pas là question de l’emploi direct que pourraient générer les communes, loin de là. Après l’Etat et la Caisse de sécurité sociale, le tour vient des collectivités locales de subir un régime amaigrissant. Les cordons de la bourse vont encore se resserrer. Ceux qui pensaient pouvoir disposer là d’un bâton magique pour créer des emplois payés par les taxes locales vont en être pour leurs frais. Avis aux candidats pleins de promesses en l’air.

 

Il est question là de territorialiser les emplois, de travailler à l’attractivité de leurs territoires pour faire venir des entreprises qui elles vont générer de l’emploi direct et indirect en dynamisant la vie locale, les commerces de proximité, les activités de services. Il s’agit pour les communes de valoriser leur patrimoine, de créer des zones d’activités artisanales, commerciales, afin de faciliter l’installation et le développement de leurs entreprises.

 

Ici les besoins sont énormes. Les menuisiers ou garagistes sont encore souvent installés en plein milieu du village, générant des nuisances sonores, olfactives ou autres. Les artisans du BTP, les transporteurs encombrent les rues de leurs véhicules de chantier ou de leurs bus, de leur matériel. Ils n’ont pas de place pour se développer. Ils ont besoin d’espaces dédiés, de locaux adaptés, de pouvoir respecter des normes. Pour cela il leur faut des parcelles qui leur sont consacrés. Des parcelles qu’ils pourraient acquérir ou d’abord louer, avec des bâtiments construits mis à leur disposition à des prix attractifs, ou à construire. L’économie en profitera dans sa globalité.

 

Ce développement économique initié par les collectivités locales leur permettra de proposer du travail à leurs enfants, mais aussi génèrera des taxes et autres impôts locaux, qui permettront d’entretenir les bâtiments publics, la voirie, d’assurer mieux la sécurité de chacun. Ces moyens nécessaires aux communes leur permettront aussi d’engager des actions sociales, en faveur des plus défavorisés, en faveur des jeunes, des vieux… Cela permettra de s’occuper des enfants, de faire vivre les MJC et autres terrains de sport, entretenus, avec des associations dynamiques. La culture, les artistes pourront retrouver toute leur place. Nos décideurs, nos élus pourront alors engager des projets d’aménagement des places publiques, des plages. Il est temps d’enclencher cette spirale du développement.

 

Il convient donc, à mon avis, d’engager les communes dans une démarche d’investissement dans l’avenir en aménageant ces zones d’activités, plutôt que de penser à placer quelques membres de la famille ou amis à très court terme. Il ne s’agit plus de manger et de laisser sa place, mais de s’engager pour l’avenir. Il est temps !

Les communes ont besoin pour cela de connaître leur patrimoine, de le recenser, autant les bâtiments publics que la voirie. Il est temps de le faire, c’est la base. Et ce n’est pas fait. Il faut rétrocéder à chacun ce qui doit l’être, les écoles, les rues, les routes… Il faut faire les papiers, les signer.

 

Cela permettra aussi de mobiliser un peu plus les fonds publics disponibles. Les communes disposent chaque année d’une Dotation globale de fonctionnement, notamment pour entretenir leurs bâtiments publics, mais aussi leur voirie. Le ministère de l’économie vient de transmettre la liste des bénéficiaires de cette DGF. La première commune du classement, pour les villes de plus de 15.000 habitants, Sarcelles, bénéficie de 724 € par habitant. Sur cette base, Mamoudzou avec ses 57.300 habitants recevrait 41 M€. Elle en reçoit 8,4 M€, soit 146 € par habitant… Il faut mobiliser ces fonds publics. En urgence !

 

La commune de Saint-Denis, à la Réunion, dispose d’un budget de 381 M€ pour ses 146.000 habitants, plus que le département de Mayotte. Elle peut ainsi verser 32 M€ à diverses associations, favorisant de fait la vie sociale, l’animation sportive et culturelle, les gardes d’enfants et les crèches, et au final l’attractivité de la ville. La mairie de Mamoudzou peut s’appuyer pour assurer ses missions, sur un budget (investissement et fonctionnement compris) de 43 M€. Avec le même ratio en euro par habitant que Saint-Denis, Mamoudzou disposerait de 152 € !

 

Les marges de progression de nos communes sont énormes. Il faut pour cela créer de la richesses sur le territoire communal, mais aussi mobiliser les fonds publics. L’arrivée de la fiscalité locale, dont nos candidats ont assez peu parlé ces derniers jours, constitue pourtant l’évènement de ces 50 dernières années pour nos communes. Une gestion optimisée des fonds publics disponibles, une dynamisation du territoire pour générer des recettes à court ou moyen terme et une « quête » des fonds publics disponibles sérieuse et étayée par des données chiffrées, constituent la base de la mission de nos prochaines équipes municipales. Tout le reste découlera de cette capacité financière (re)trouvée de nos 17 communes : l’attractivité du territoire, les emplois créés, les moyens disponibles pour s’occuper de cette jeunesse qui s’énerve…

 

Nos futurs édiles n’auront pas les moyens ni le temps de gaspiller de l’argent. Ils devront s’appuyer sur des équipes en place, les mobiliser sur des projets concrets et avancer sans perdre une minute. Mayotte a besoin de communes riches. Bon courage à eux !

 

Laurent Canavate

Un artiste pour les associations sportives de Koungou

« Eh, attention là, je vais te gifler ! » La réplique est connue des fans de Gohou, le comédien et humoriste ivoirien qui dans les années 2000 a été la vedette des séries « Les Guignols d’Abidjan » ou encore « Ma famille » et qui évolue aujourd’hui avec d’autres humoristes africains dans le groupe de la République du Gondwana avec Mamane, Digbeu Cravate et Adama Dahico. Et les Mahorais risquent de l’entendre à plusieurs reprises le 5 avril à Koungou et le 6 avril à Pamandzi.

En effet, Michel Gohou sera en représentation pour deux spectacles au profit des associations sportives de la commune de Koungou. « Nos jeunes n’ont rien, pas d’infrastructures, ou le peu qu’elles ont est dans un état lamentable.
Dès lors, ils traînent dans la rue et comment voulez-vous qu’ils n’aient pas de mauvaises pensées ? » s’interroge Maoré Tanchiki, gérant de la société MAP, qui a contribué à faire venir le comédien à Mayotte avec l’association Mayotte Solidarité Développement.
Celui-ci a voulu offrir une soirée inoubliable aux jeunes de la commune de Koungou en faisant appel à un comédien renommé. Mais c’est aussi un moyen de lever des fonds pour les associations en question.

La billetterie ouvre aujourd’hui dans les magasins Fashion et Intersport. Les places assises sont vendues à 20 € et les places debout à 10 €.
Pour que tout se passe bien, les organisateurs ont fait appel à la préfecture, les communes de Pamandzi et Koungou, ainsi que le BSMA.

« J’ai envie que l’on dise pour une fois du bien pour la jeunesse de Koungou. C’est un événement familial, on attend beaucoup de monde, donc tout doit bien se passer », explique Maoré Tanchiki.

Au vu du buzz qu’a provoqué le teaser de la venue de Gohou à Mayotte, on peut s’attendre à ce que cette opération soit un succès populaire.

 

F.S.

Municipales à Sada : deux listes, un seul tour

Lundi 17 mars : il est 19h30 et quelques militants de l’Union des Nouvelles Forces de la Commune de Sada (UNFCS) discutent tranquillement devant leur permanence, voisine de la mosquée du vendredi. Bien sûr, le vote de dimanche est dans tous les esprits. Depuis 2008, les Sadois ont voté à quatre reprises pour les municipales en raison d’irrégularités constatées par les juges administratifs. À chaque fois, l’UNFCS l’a emporté.

La confiance est donc présente, mais pas question de relâcher les efforts. Le député Ibrahim Aboubacar et son assistant parlementaire Soula Saïd-Souffou ont délaissé momentanément leurs bureaux parisiens pour venir soutenir Ansufou Bacar. Au sein de la permanence, un bénévole se charge de rédiger les courriers et le compte-rendu quotidien des réunions des candidats.
Un ordinateur, une imprimante et un scanner sont dédiés à ces tâches.

« Nous avons aussi des abonnements téléphoniques dédiés à la campagne. Cette année, la commune compte plus de 10 000 habitants, nous avons donc un mandataire financier qui agit au nom de la tête de liste. Nous avons l’obligation de justifier toutes les dépenses et de déclarer les comptes de campagne, ce qui n’était pas le cas auparavant » résume Soula Saïd-Souffou.

Au même moment arrive un militant. La réunion des candidats s’est terminée plus tôt ce soir-là. L’ordre du jour du lendemain est fixé, les intervenants du meeting de mardi aussi.
Mais surtout, la tête de liste Ansufou Bacar participe au débat télévisé sur Mayotte 1ère contre Anchya Bamana, la tête de liste de l’UMP.

« Vous voyez, ce militant vient prendre les nouvelles et discuter. Voir la permanence, notre QG ouvert, rassure nos militants. C’est ici qu’ils viennent prendre des renseignements sur notre programme de meetings, sur les intervenants » résume Harithi Abdou, mandataire financier d’Ansufou Bacar. Au fil de la discussion, les quelques partisans quittent le QG pour rentrer regarder le débat chez eux.

Le lendemain dans les rues de Sada, les partisans de l’UNFCS reviennent sur le débat. « On sait qu’Ansufou est moins à l’aise dans cet exercice qu’Anchya. Mais, il s’en est bien sorti et surtout, on s’attendait à ce qu’Anchya soit à un meilleur niveau » reconnaissent-ils. Le candidat Ansufou Bacar prend de l’assurance au jour le jour selon eux et montre qu’il a les épaules pour endosser le costume de maire.

Mardi 18 mars 20h00 : Les militants UMP sont en pleine discussion. Ils font le bilan des meetings du week-end, du débat télévisé et du porte-à-porte effectué jusque-là. « Pour les meetings, ça s’est bien passé globalement, même s’il y a des choses à corriger. À Mangajou, certains candidats ont été trop longs dans leurs interventions » explique Mohamed Bacar, président de la section UMP de Sada.

Au cours de la discussion, des propositions se font pour la stratégie à tenir dans les derniers jours. « Il faut mobiliser tout le monde et ne pas négliger le porte-à-porte. Ce n’est pas le moment de se relâcher » exhorte Ali Hassane Bahedja, directeur de campagne d’Anchya Bamana. Les candidats sont sommés de n’oublier personne.
La liste électorale figure en bonne place sur le bureau afin que chacun sache à quelle porte il doit taper dans ces prochains jours.

Contrairement à l’UNFCS, l’UMP possède un téléviseur au sein de son QG. Mais, les militants n’y ont pu y suivre le débat pour des raisons techniques. Ce qui ne les a pas empêchés de le commenter. « Anchya a rempli l’objectif : expliquer son programme pour convaincre la population » souligne Mohamed Bacar.

D’autres regrettent toutefois son manque d’opportunisme pour « enfoncer » son adversaire. « En politique, il ne suffit pas seulement d’expliquer ton programme. Il faut aussi faire en sorte que votre adversaire ne soit pas crédible. Anchya n’a pas profité des blancs d’Ansufou, du fait que celui-ci soit 1er adjoint au maire et qu’il n’allait pas aux réunions du conseil municipal. » Cela n’est peut-être que partie remise puisque les deux têtes de liste s’affrontent encore une fois ce matin, mais cette fois-ci dans le studio de Kwezi FM à partir de 7 h 30.

À 21 h 30, les militants sortent de la permanence. Ils savent que pour battre l’UNFCS, il faut cravacher. Enveloppes à la main contenant leur profession de foi et leurs bulletins, ils ont pour mission de les distribuer à chacun de leurs éventuels électeurs. Dehors, on entend les chants de maoulida shengué. L’UNFCS est en meeting derrière la place de la boulangerie.
Celle-ci accueille traditionnellement les meetings, mais elle est en travaux.
Les candidats UNFCS dévoilent leur programme, mais surtout avertissent leurs partisans : « Ne vous laissez pas avoir, que l’on ne vous mente pas, c’est avec nous que la commune ira de l’avant ». L’UMP dira sûrement la même chose ce soir place Cocotier.

Bref, chacun fourbit ses armes et le résultat est attendu ce dimanche. Ce soir-là, une liste l’emportera et il se pourrait que Sada soit la seule commune mahoraise dans ce cas. Nul doute que tous les yeux seront rivés sur la commune. Mais, c’est une habitude pour la municipalité ces dernières années. Tout le monde espère néanmoins que tout se passera bien et que cette fois-ci, il n’y aura pas d’élections annulées plusieurs fois afin que l’équipe municipale en place travaille sereinement.

 

 

F.S.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes