Accueil Blog Page 611

Nouveau pôle administratif du CG : une fausse bonne idée ?

Les choses se précisent puisque les élus auront à se prononcer sur le fond du projet lors de la prochaine session plénière.
Il s’agit de regrouper l’ensemble des directions de service sur deux emplacements principaux, d’une part le siège du conseil général, mal agencé et qui a perdu en visibilité, sans compter son hémicycle, qui conserve une valeur patrimoniale et affective forte, mais qui ne répondra plus aux besoins fonctionnels des élus, notamment lors des assemblées plénières.

Ensuite, il y a le site de l’ancien CFA de Kawéni, construit sur une pente, mais qui pourrait accueillir des bâtiments mieux dimensionnés et un grand parking, situé à un endroit stratégique entre la préfecture et l’hôpital. Le projet dessiné par Benoit Jullien, architecte-urbaniste, coûterait pas moins de 70 millions d’euros. Un coût faramineux dont 37 millions seraient dévolus uniquement au site de Kawéni. Le financement ferait l’objet d’un partenariat public-privé.

Lors de la présentation, les raisons pour lesquelles ce projet devrait voir le jour ont été rappelées : d’une part, il s’agit de regrouper les activités au sein de deux structures au lieu d’une centaine de site actuellement, ce qui devrait, par un coup de baguette magique, “améliorer le fonctionnement des services”.
Ensuite, le pôle administratif permettrait de réduire les dépenses de logement du conseil général. Enfin, c’est une question de prestige et de visibilité, car le “bâtiment actuel est plus petit que celui de la Sim”, vu de la barge.

Il est vrai que le conseil général a payé en 2013 entre 1 et 1,5 million d’euros pour acquitter ses loyers. Et cela, en dépit des efforts consentis puisqu’en 2012, ces loyers s’élevaient à 2,5 millions d’euros, le travail de rationalisation a donc été entrepris avec sérieux et ce projet en fait partie. Cependant en l’espèce, le projet actuel, avec ses 70 millions d’euros, mettrait au bas mot 30 ans à se rentabiliser.

Un autre point a été soulevé lors de la réunion, l’asphyxie que ne manquerait pas de provoquer un tel projet s’il venait à être érigé sur les sites prévus. En effet, Mamoudzou est déjà largement congestionnée, conséquence de l’absence presque totale de planification dans l’aménagement et l’urbanisation du chef-lieu depuis 30 ans.
À toute heure, la circulation peut être perturbée pour la moindre peccadille. Or les travaux sont prévus pour durer “au moins deux ans”, après une période d’étude de deux ans.
Cela signifie une circulation non-stop de camions de matériaux de construction, d’ouvriers. Ce serait donc rajouter des embouteillages aux embouteillages existants.
Les délais de livraison en seraient fortement impactés et par ricochet le coût du projet, pour lequel un seul scénario de financement existe, alors même que le chantier engendre nombre d’incertitudes.

En dehors de ces dépenses imprévues pour le conseil général, le coût réel pour l’économie mahoraise pourrait s’avérer catastrophique. En effet, Kawéni est le poumon économique de l’île, bloquer l’accès principal par plus d’embouteillages, reviendrait à paralyser pendant ce temps l’activité économique de notre île. Sans compter qu’il va falloir reloger les agents du CG pendant cette période en faisant exploser les dépenses de loyers du CG.

Le nombre d’heures de travail perdues, le coût environnemental à cause de la pollution générée par les pots d’échappement, l’impact sur la santé des habitants de Mayotte, l’aliénation de la capacité d’investissement de département provoquée par ce gouffre financier, sont quatre conséquences négatives parmi plusieurs dizaines qui n’ont pas fait l’objet d’une réflexion et d’une évaluation de fond de la part des agents et des élus, qui doivent se prononcer très prochainement.

En définitive, les initiateurs du projet ont évoqué la possibilité d’installer ce pôle administratif hors de Mamoudzou, le site de Tsoundzou a été évoqué. Une hypothèse salutaire, car l’avenir de Mayotte dépendra de la capacité de nos élus à imaginer la déconcentration du grand Mamoudzou et à dessiner une île multipolaire.
Ce projet pose donc une question essentielle : sommes-nous condamnés à dupliquer un modèle de développement et d’urbanisation très hexagonal, pour ne pas dire jacobin, ou serons-nous capables d’inventer une île qui réponde au souci de bien-être durable et d’épanouissement comme le réclament ses habitants ?

Adrien Theilleux

Taxes foncières : un délai supplémentaire

Compte tenu des difficultés rencontrées par la poste dans l’acheminement des courriers, les services de la Direction générale des finances publiques vont prendre des mesures spécifiques afin que les usagers qui n’ont pas reçu leur avis de taxes foncières ne soient pas pénalisés.

Un délai supplémentaire leur est accordé jusqu’à la fin du mois d’octobre pour s’acquitter de leur imposition, signale un communiqué de la préfecture.

 

Recevez toute l’actualité de Mayotte, au format PDF, chaque matin dans votre boite mail. 180€ / 1 an

www.flash-infos.somapresse.com

 

 

Taubira : “Construisons ensemble dans l’esprit du msada”

Sada avait les allures des grands jours hier matin. La ville reconnue pour les difficultés de circulation a fait en sorte que le convoi ministériel ne soit bloqué par aucune voiture mal garée. C’est ici qu’elle devait faire son discours face à la population.

Christiane Taubira en grande oratrice, sans aucune note comme à son habitude s’est adressée -au-delà de l’assemblée sadoise- à la population mahoraise.
Dans un discours très inspiré de ce qu’elle connaissait de l’île et des évolutions qu’elle a perçues, elle a appelé la population mahoraise à trouver des solutions dans les fondements même de la société mahoraise. “Il faut transporter les originalités pour des solutions adaptées aux situations particulières de Mayotte” en appelle-t-elle.

Christiane Taubira en présence de la maire Anchya Bamana, du sénateur Thani Mohamed Soilihi et des membres de la majorité municipale et de l’opposition a vanté les capacités d’adaptation de cette société mahoraise. Une société qui ne cesse de se bouleverser et de s’adapter aux changements depuis ces dernières années.
Des changements qui sont sans doute à l’origine des dysfonctionnements de la société mahoraise…

Le discours de Christiane Taubira avait le mérite d’insuffler de l’espoir à la population en mettant en valeur les acquis et les modes de fonctionnement de la société mahoraise.
“Il ne faut jamais rejeter le passé, quelles que soit les tensions, parce que le passé a été un moment d’invention. Il faut interroger ce passé” clame la ministre. Un discours loin des attentes, mais qui a permis de réfléchir et de se projeter sur l’avenir de cette île, peut-être en perspective du pacte Mayotte 2025. “L’avenir sera fait d’harmonie” prévoit-elle, en encourageant les Mahorais à se tourner vers l’avenir. “L’État sera à vos côtés”, martèle la Guyanaise, consciente que les Outremers sont bien loin de Paris et que par moment la population se sent incomprise et livrée à elle-même.

“Construisons ensemble dans l’esprit du msada. Il n’est pas possible qu’il n’y ait pas d’avenir pour Mayotte. Regardez ce qui a été fait et à quelle vitesse. J’espère bien que la quatrième fois que je vais revenir ici, je verrai encore des bouleversements. C’est avec beaucoup d’espoir que je vais partir d’ici” conclut-elle.

Kalathoumi Abdil-Hadi

Concert de Booba : fiasco ou arnaque ?

Le célèbre rappeur français avait été annoncé sur la toile en concert dans le village de Bandraboua, dimanche 12 octobre. A peine 24 heures avant l’événement, le show a été annulé en raison du comportement de l’organisateur mahorais qui n’aurait “pas respecté ses engagements”.
C’est la société Guillaume Dazin productions qui avait lancé une campagne de communication très discrète pour annoncer la venue de Booba, surnommé le “duc du rap game”, ce dimanche soir à Bandraboua.
Bizarrement, pas de 4X3, ni spots télévisés ou encarts publicitaires, seules quelques publications sur le réseau social Facebook, surprenant quand on connait la réputation de l’artiste qui remplit les salles de métropole et d’ailleurs.
Booba était pourtant bien dans la zone, puisqu’il se produisait samedi soir dans un nightclub de La Réunion, à l’invitation de la société WIP . Mais le soir même, à une heure tardive, le profil Facebook de la société Guillaume Dazin annonçait l’annulation du concert à Bandraboua.
“La faute revient à l’organisateur de Mayotte, Wassi Maggin Building, qui malheureusement quelques heures avant le show n’a pas pu respecter ses engagements envers l’artiste et son équipe, permettant ainsi le bon déroulement de cet événement”. Tel était le message de la société Guillaume Dazin. Les personnes qui s’étaient procuré des billets en prévente sont invitées à se rapprocher de la dite société pour se faire rembourser leur achat.
Mais Guillaume Dazin n’en est pas à sa première tentative, puisqu’il avait tenté de faire venir l’autre rappeur français – et grand ennemi de Booba – le Franco-comorien Rohff. En début d’année, des 4X3 avaient été affichés un peu partout sur l’île, le responsable local de la société avait fait le tour des médias pour annoncer l’événement, qui avait été une première fois reporté, puis tout bonnement annulé. Là encore, plusieurs fans avaient réservé sur le net leurs billets d’entrée pour le concert qui devait avoir lieu à Combani cette fois.
Au vu des messages des internautes envoyés à la société Guillaume Dazin Productions, elle n’est désormais plus la bienvenue sur l’île et la confiance est rompue. Beaucoup de déçus n’ont pas hésité à témoigner de leur animosité sur la page Facebook de la société.
M.C.

 

Recevez toute l’actualité de Mayotte, au format PDF, chaque matin dans votre boite mail. 180€ / 1 an

www.flash-infos.somapresse.com

 

 

Taubira face aux difficultés de la justice à Mayotte

C’est une visite ô combien attendue dans le milieu judiciaire. La Garde des Sceaux est arrivée hier dans la journée sur le territoire. Après une rencontre avec les élus en Petite-Terre – une séquence sans la presse — mais qui a été appréciée par les élus locaux.
Les élus voient surtout en elle ses origines guyanaises, une Ultramarine, donc compréhensive à l’égard des problèmes mahorais.
Pour le sénateur Abdourahamane Soilihi, “le fait qu’elle soit venue lui permet de se rendre compte des problèmes de Mayotte notamment l’insécurité, l’immigration clandestine. Ces sont les mêmes problèmes qu’en Guyane”.

La justice à Mayotte accuse beaucoup de problèmes notamment un manque de personnel considérable. Aujourd’hui, quatre postes de magistrats sont à pourvoir, car il reste quand même difficile d’attirer les juges sur ce territoire.

La ministre a – murmure-t-on – pris en compte cette doléance et devrait sortir des mesures pour encourager les magistrats à venir à Mayotte, soit en corrigeant l’image négative de l’île auprès des magistrats, soit en encourageant les jeunes magistrats, sortis d’école à venir en groupe ici pour pallier ce manque d’effectif.

Actuellement, les abords du tribunal n’ont plus l’air d’une forêt vierge, parce que les pelleteuses sont déjà passées. Prochainement les premiers coups de pelles devraient être donnés pour le démarrage du nouveau chantier, pour une véritable cité judiciaire. Les travaux dureront jusqu’en 2016.

La ministre a rencontré les magistrats pour une réunion de travail et devrait aujourd’hui s’entretenir avec le bâtonnier Mohamed Saidal, à la maison d’arrêt de Majicavo. L’avocat compte – lui aussi – faire part des problèmes d’effectif à tous les niveaux que rencontre la justice et par conséquent les justiciables dans l’île. “Il y a trois ans de cela” se souvient l’avocat, “on a mis des moyens, mais aujourd’hui, il faudrait renforcer” appuie-t-il.
Les avocats se plaignent également du tarif de l’aide juridictionnelle, “avec un taux trop bas par rapport au taux pratiqué dans d’autres départements. Aujourd’hui c’est 23 euros par unité de valeur alors que c’est le double ailleurs”, assure le bâtonnier. Sur une île où la moitié des gens ont recours à l’aide juridictionnelle, les 28 avocats du barreau se sentent lésés et comptent le faire savoir.

Christiane Taubira a pu se rendre compte de l’exiguïté du tribunal, de son manque d’espace et de moyen en voyant l’attroupement des justiciables, sous le soleil, depuis tôt le matin, quand ils ne dorment pas sur place, pour être reçus afin de régulariser leur situation.
Pour le syndicat C-Justice : “il faut que le tribunal change pour recevoir les justiciables”. “Aujourd’hui les toilettes sont fermées, il n’y a pas d’eau pour les gens, etc.”, explique leur déléguée syndicale.

Elle voudrait “des mesures qui ne désertifient pas Mayotte et que les collègues Mahorais retrouvent leur dignité” plaident-elles.

Kalathoumi Abdil-Hadi

Sécurité : on veut du concret !

Au premier plan de cette fronde, le Collectif des citoyens de Mtsapéré, excédés par les vols à répétition, ces derniers ont décidé d’organiser des tours de garde et des veilles pour alerter les gens du village de Mtsapéré et jusqu’à Kavani. L’idée est aussi d’aller à la rencontre des jeunes, d’empêcher que des mineurs, parfois très jeunes restent tard dehors et sans surveillance la nuit.

En effet, pour “Tostao”, agent municipal, la surveillance des “points chauds” par les habitants est nécessaire, de même il trouve inacceptable de trouver “des enfants de 6 ou 7 ans dehors après 22h”, un problème qui demanderait l’instauration d’un “couvre-feu pour les mineurs” passé une certaine heure. Toutefois ce collectif citoyen s’appuie en grande partie sur l’opposition politique et sur Mtsapéré, village frustré de ne pas avoir obtenu le siège de 1er édile comme ce fut si souvent le cas.

Le procureur Joël Garrigue a pour sa part expliqué que, “pour qu’un mineur soit condamné, il faut des éléments de preuve avec dépôt de plainte”. Par ailleurs la solution pénale est adaptée à chaque cas, “on ne fait pas de prêt-à-porter avec les mineurs” a-t-il riposté pour se justifier.

A l’occasion de la visite de la Garde des sceaux, Christiane Taubira, le jeudi 16 octobre, il compte faire remonter les observations du CLSPD pour la quatrième ville la plus cambriolée de France en 2013.

Mohamed Ibrahim, dit “Sorcier”, qui fait parti du collectif citoyen de Mtsapéré croit savoir cependant que ce n’est pas la première fois qu’on identifie des personnes, qu’on porte plainte contre elles et qu’elles sont pourtant relâchées.
Lui-même témoigne avoir été menacé par des délinquants en dépit et à cause du dépôt de plainte à leur encontre. Il n’en démord pas, les citoyens attendent “des garanties contre les représailles des bandes”.

La réponse judiciaire est en effet sous-dimensionnée. Avec 15 à 30 places en centre de détention, 12 en foyer d’accueil et 24 en familles d’accueil, les options judiciaires pour les mineurs restent très limitées. On parle de mettre en place des travaux d’intérêts généraux, une mesure déjà appliquée, mais très loin d’être généralisée et qui plait à l’ensemble des participants. Oui, mais avec quels moyens et pour quel objectif ?

Les proviseurs et principaux des établissements du 2nd degrés, qui sont en première ligne de la lutte contre la délinquance sont alors sortis du bois : A Doujani, explique Cyprien Piroud, le principal du collège, on a déposé entre 25 et 30 plaintes au commissariat pour des vols depuis la rentrée scolaire !” Une situation qui s’est stabilisée depuis une semaine grâce à l’action du collectif de citoyen.

Le principal du Lycée professionnel de Kawéni réclame, lui la disparition d’un tas de terre à proximité de l’établissement, lieu propice aux agressions. Malgré un engagement de l’élu municipal responsable, il s’emporte “vous êtes de mauvaise foi !” Enfin, la charge la plus lourde est venue du principal de Passamaïnty, un établissement de 1 900 élèves pour 114 professeurs qui est revenu au calme en 2013 après plusieurs années de violence.
Le principal met cela sur le compte de “l’usure du personnel éducatif et du réseau associatif », “on est sur le fil du rasoir”, prévient-il. Si la violence a été jugulée en 2 ans, l’épuisement des personnels (le turnover des enseignants est de 50 % par an) et l’arrivée en fin de contrats des médiateurs en Contrats uniques d’insertion pourraient sonner le glas de cette “pax romana”.

La mairie s’est engagée à faire le maximum, à assurer une présence de médiateurs aux abords des établissements, à mieux accompagner le tissu associatif, à développer et entretenir l’éclairage public. La préfecture par la voix de Mme Espécier, compte aussi mettre sur la table quelques moyens 63.000 euros dans le cadre de la lutte contre la délinquance, perfectionner le recrutement et la formation des médiateurs en CUI, confronté à un problème de “profil des candidats”.

Adrien Theilleux

L’éducation nationale recherche des profs

À quelques jours des premières vacances scolaires, le vice-rectorat n’a apparemment toujours pas comblé tous les postes de professeurs.
Toujours à la recherche de contractuels, l’académie a publié il y a quelques jours des offres de postes en français, anglais, espagnol, histoire-géographie, mathématique, philosophie, arts plastiques ou musique sur le site Internet de Pôle Emploi.

 

Recevez toute l’actualité de Mayotte, au format PDF, chaque matin dans votre boite mail. 180€ / 1 an

www.flash-infos.somapresse.com

 

 

Vers une annulation des élections municipales à Dembéni et Koungou

À Ouangani, Ali Ahmed Combo l’avait emporté en mars 2014 face à Attoumani Harouna de 82 voix. Avec ce résultat, le maire UMP, surnommé “Maradona”, était reparti pour un second mandat. Ses opposants ont donc présenté une requête en annulation, car ils avaient constaté qu’un certain nombre d’électeurs effectifs ne résidaient pas dans la commune au moment des élections.
Cependant, le rapporteur a conclu qu’ils n’avaient pas suffisamment apporté de preuves de ces allégations pour constituer une base nécessaire à l’annulation de l’élection. Il y a donc de fortes chances qu’à l’issu du délibéré, “Maradona” soit conforté dans son mandat de maire et qu’il puisse aller au bout de son projet politique.

Il n’en va pas de même à Dembéni. Dans la commune du Centre universitaire de Mayotte, le maire sortant Soihibou Hamada, de la liste Union et apparenté PS a lui aussi été reconduit à l’issu des élections. Néanmoins, un écart de sept petites voix seulement était constaté à la fin du vote. Par ailleurs, dans le bureau de vote N°7, 37 bulletins en faveur de son opposant, Jouwaou Ambdi Hamada, du Mouvement des jeunes unis, étaient invalidés au 2nd tour, car il s’agissait de bulletins du 1er tour et qu’entre temps, la liste avait fusionné avec une autre liste.
Par conséquent le nombre de bulletins invalidés, ainsi que d’autres irrégularités constatées dans les bureaux de la commune de Dembéni portent à croire que le nombre de suffrages incorrects est plus élevé que l’écart des voix entre les deux candidats. La conclusion du rapporteur va donc dans le sens d’une annulation des élections.

À Koungou, la conclusion est la même, mais pour d’autres raisons. En effet, quelque temps avant l’élection, la municipalité a fait imprimer un bulletin pour évoquer la vie de la commune.
Or dans le prospectus destiné aux citoyens de Koungou, il est fait implicitement référence à “l’effort fourni par l’équipe municipale”, au “miracle” dans le redressement des finances et à la nécessité de donner une “continuité” à cette action. Une référence à peine voilée aux élections à venir.
Or, la loi est stricte en matière de propagande électorale. Un tract communal ne peut pas être utilisé à des fins de propagande, car il s’agit d’argent et de biens publics. Par ailleurs, l’écart de voix entre le vainqueur et son poursuivant direct, seulement 32 voix, laisse à penser que cette propagande a pu jouer un rôle dans le dénouement électoral constaté dans les urnes.

Dans ces trois affaires, les délibérés ont été remis à une date ultérieure.

Adrien Theilleux

Édito : « Il faut relever ce défi »

Mayotte a en effet de nombreux défis à relever, et plus généralement celui de son développement. La départementalisation, puis aujourd’hui la rupéisation, ne constituent que des outils au service de ce développement si nécessaire. Il s’agit de cadres, de règles, de chemins à emprunter qui doivent mener vers une meilleure éducation, un meilleur système de santé, une meilleure prise en compte de l’environnement, une meilleure protection des salariés, des consommateurs, des citoyens…

Il y a des paramètres, des critères, des normes, des niveaux de référence qui permettent de fixer des objectifs à atteindre : le nombre d’enseignants par élèves, le nombre de médecins par habitants, le taux de pollution acceptable pour l’eau à boire ou dans laquelle se baigner, l’état des logements, le revenu minimum pour vivre, le taux de chômage des jeunes, des vieux, le niveau d’alphabétisation, le niveau de pollution des voitures, le poids maximum par essieu, l’enseignement de la musique, l’apprentissage de la natation…

Dans tous les domaines, dans tous les secteurs de l’activité humaine, il faut disposer de données, de chiffres et comparer, se positionner par rapport aux autres. A partir de là il est possible de se plaindre, de réclamer, d’engager des travaux, des investissements pour combler les retards.

Dans de très nombreux domaines, Mayotte est « en retard », très loin derrière tous nos compatriotes français et européens. C’est « grâce » à ce retard que nous disposerons prochainement de fonds structurels européens, de fonds de « rattrapage ». Il conviendra de les utiliser vite et bien, pour espérer bénéficier de la clause de revoyure et pouvoir en avoir d’autres.

Pour cela, des formations ont été mises en place, avec les 2 M€ que l’Europe a prévu pour. Des intervenants de haut niveau sont venus expliquer, préciser les mécanismes, les fonds disponibles, les moyens d’en bénéficier. Ils ont parfois fait face à des chaises vides… C’est dommage pour une formation assurée par l’Ena à Mayotte, et gratuite. Une dernière session de 8 modules de deux jours chacun se déroulera du 17 novembre au 4 décembre. Il faut s’y inscrire avant le 17 octobre (contacter la préfecture).

En parallèle, l’Etat prépare le prochain Contrat de plan, qui viendra vraisemblablement se « coller » sous les programmes européens. Il y a aussi Mayotte 2025…

Des schémas directeurs, des plans d’actions ont déjà été élaborés, dans de très nombreux domaines, du tourisme à l’aquaculture, de la formation à l’enseignement, des risques majeurs aux pollutions. Ils ont fait l’objet de concertations entre les acteurs locaux avant leurs adoptions. Ils sont pour certains enterrés, ou simplement endormis. Il faudrait peut-être les « réveiller », les réactiver et assurer leur suivi.

Certains points en revanche n’ont toujours pas été abordés jusqu’au bout et bloquent le potentiel de développement : le schéma routier pour les 15 prochaines années, la piste longue (pour quand ?), la mise en place de cette agence foncière qui pourrait servir de « bourse » au foncier pour les porteurs de projets privés et publics…

La place consacrée à l’économie est aussi largement sous-évaluée à mon avis, dans les équipes dirigeantes, dans les projets qui seront soutenus par l’Europe et peut-être par le Contrat de plan. La formation des jeunes et des demandeurs d’emploi, l’assainissement sont certes nécessaires, et bienvenus, mais ils ne suffiront pas à faire décoller l’île.

Les zones d’activités communales, artisanales ou mêmes commerciales, les véritables aménagements urbains structurants, les zones consacrées aux investissements touristiques, le soutien aux entreprises locales par le biais de la zone franche globale par exemple, tout cela génèrerait pourtant de l’activité, du travail, de l’emploi qui manque cruellement sur l’île. Cette activité économique ferait augmenter les recettes des collectivités locales, leurs revenus des impôts locaux, et donc les moyens dont elles bénéficieraient pour mener à bien des actions en direction de la jeunesse, de la culture, des sports, du social, du monde associatif.

Pour avancer sur ces projets et les autres, pour solliciter les fonds européens, il convient de disposer de chiffres, de données à jour, mais ensuite de réaliser des dossiers complets, techniques, précis, chiffrés à présenter aux financeurs potentiels. Il faut pour cela des compétences, aux bons endroits, des équipes motivées, mobilisées, des cabinets efficaces. Il faut des orientations fixées par les élus, et des équipes qui suivent, avec des moyens et des délais à respecter. Il faut ensuite que les élus appuient leurs équipes, les accompagnent dans les ministères, les instances parisiennes ou bruxelloises.

Avec de bons dossiers, bien ficelés, comme nos voisins réunionnais, on sera bien plus crédibles et surtout tellement plus efficaces, pour la population qui attend ici. On pourra même être ambitieux. Les mains vides, on ne peut que saluer, se prendre en photo et revenir…

Les élus, avec des réalisations, du concret, des emplois créés sur leurs territoires, des écoles construites, des projets en cours, seront plus solides à l’approche des échéances électorales. Et les entreprises, les citoyens auront du travail, le sentiment que les choses avancent enfin vraiment. Faute de cela, les prochaines élections risquent d’être à l’image des précédentes : vous avez mangé (et vous nous avez oublié durant ces années), il faut laisser la place à d’autres, avec un très fort taux de remplacement.

La sanction des urnes apportera alors son lot de nouveaux, de « jeunes » inexpérimentés, sans contacts parisiens et il faudra encore recommencer, établir des relations, de confiance, avec le temps, avec les équipes, prendre connaissance des dossiers, de l’ampleur de la tâche, des responsabilités, des limites, des contraintes fortes, des sollicitations…

« Il faut relever ce défi », bien sûr. Pour cela il faut se mettre sérieusement au travail, concrètement, avec des dossiers solides à défendre.

 

Laurent Canavate

Affrontements Majicavo-Kawéni : libres en attendant le procès

Cela devait être une comparution immédiate, mais l’immédiateté n’est pas ce qui caractérise l’audience d’hier après-midi sur les affrontements entre Majicavo et Kawéni du 20 septembre dernier.

Pour rappeler les faits, le samedi 20 septembre lors d’un match de football opposant le FC Koropa, qui jouait à domicile et l’ASC Kawéni, le sifflement d’un carton jaune contre Koropa qui menait 3-0 à 20 minutes du coup de sifflet final a provoqué une réaction d’indignation de certains supporters qui ont envahi le terrain, ce qui a donné lieu à une bagarre générale. Des bagarres qui ont par la suite provoqué des affrontements et des émeutes. Une vingtaine de maisons ont été brûlées. Le tribunal a enregistré cinquante-et- une victimes de ces affrontements.

Un des interpellés est mineur et n’a donc pas comparu hier après-midi. Pour les quatre autres, leurs amis et familles étaient présents au tribunal, de même qu’un dissuasif dispositif de sécurité composé de gendarmes et de policiers.
Si depuis 14h, journalistes, avocats et membres des familles sont en attente de l’audience, c’est au final à 17h que la cour siégera.
Viviane Peyrot, la présidente du tribunal, et ses assesseurs fatigués d’avoir travaillé depuis 8h du matin et ayant assisté pendant 7h à la cour correctionnelle, demande le renvoi de l’audience à une date ultérieure. Cependant les prévenus veulent être jugés “tout de suite” tout comme leurs avocats à l’exception de maitre Idriss. Les avocats de la défense maitre Andjilani, maitre Simon et maitre Hassane n’approuvent pas la proposition de Viviane Peyrot.
C’est ainsi que des prises de bec ont rythmé l’audience entre les avocats de la défense et la présidente de l’audience. “Tout le monde est au courant depuis avant-hier. On avait le temps de plaider ce dossier. Après 48h de garde à vue, puis une comparution immédiate, on veut renvoyer. Je m’oppose, car mon client risque d’aller à Majicavo par mesure de détention provisoire” plaide ardemment maitre Andjilani.

Malgré tout, le renvoi de l’affaire est acté pour le 3 novembre à 14h.
Toutefois, il faut statuer pour savoir si les prévenus sont relâchés jusqu’à cette prochaine date ou alors faut-il les maintenir en détention provisoire à Majicavo alors qu’ils sortent déjà de 48h de garde à vue ? “On n’est pas sûrs de les revoir à la barre”, entend-on dans la salle.

C’est dans cette éventuelle optique, avec une salle d’audience remplie que les quatre mis en cause ont été présentés. Ils sont jeunes, tous âgés de 21 à 23 ans. Seul un d’entre eux est français, il s’agit du plus chétif d’entre, que nous allons dénommer Abdou. Il est aussi le seul à avoir un casier judiciaire et à ne pas pouvoir s’exprimer en français. Il faut dire qu’il a quitté l’école depuis 2007 et vit sans emploi chez sa mère. En 2013, il a été condamné pour deux faits de violence avec arme. Il lui est reproché cette fois-ci d’avoir commis le délit d’attroupement avec arme.

Juste à ses côtés, debout devant les magistrats, se tient celui que l’on va appeler Chakir. Défendu par maitre Simon, les scellés présents dans la salle d’audience ont été trouvés chez lui. Ainsi, il y est exposé un bout de bois taillé comme une batte de base-ball, un bout de bois avec des clous et un pilon en fer. Chakir est accusé d’avoir participé lors de ces évènements à un attroupement et d’avoir volé un scooter.
Il lui est reproché l’extorsion de la somme de 60 euros au propriétaire de l’engin, d’autant que tout ça aurait été commis en réunion avec la menace d’une arme. Pour maitre Simon, visiblement excédé par le renvoi de l’affaire, qui n’est pas de leur fait, mais plutôt du tribunal, comme il le rappelle.
Pour lui, son client n’aurait pas été là s’il avait été un vieux psy, fumant une pipe. “On l’aurait qualifié de collectionneur d’objets ethniques”, dit-il. Et que si le pilon était une arme “ça ferait de toutes les bouénis de redoutables délinquantes”. Un plaidoyer qui n’a pas manqué de faire sourire.
Il veut donc qu’il soit relâché jusqu’à l’audience du 3 novembre.

Le troisième accusé est défendu par maitre Andjilani. Il aurait juste poussé quelqu’un selon son avocat. Sauf que cette personne était arbitre lors de ce fameux match. Âgé de 23 ans, il est né à Anjouan. Bien que vivant à Mayotte depuis longtemps et marié civilement, il n’a pas encore ses papiers français. Diplômé en tant qu’éducateur spécialisé. Il entraîne bénévolement de jeunes basketteurs à Kawéni et dit ne pas boire ni fumer.
Son avocat refuse là aussi qu’il aille à Majicavo en attendant l’audience.

Le quatrième est lui aussi Comorien, détenteur d’un CAP de carreleur obtenu à Dzoumogné.
Devant le procureur, dit regretter ce qu’il a fait même s’il avait déclaré dans le procès-verbal être allé à Majicavo pour tabasser des gens.

Deux des prévenus sont donc de Kawéni et deux autres de Majicavo. Les avocats ont réussi, du moins pour cette fois à éviter la case Majicavo à leur client. Alors que le procureur avait requis pour trois d’entre eux, la détention provisoire.
Seul, le client de maitre Andjilani devait sous le voeu du procureur Alik être placé sous contrôle judiciaire.

Au final, ils repartent tous libres et devront répondre présents le 3 novembre au tribunal sous peine de faire l’objet d’un mandat d’amener.
Trois sont placés sous contrôle judiciaire, doivent donc se présenter deux fois par semaine à la gendarmerie de Mamoudzou. Ils n’ont pas le droit d’entrer en contact avec les victimes ni leurs proches. Il leur est également interdit de se rendre à des manifestations sportives, quelles qu’elles soient, tout comme ils n’ont pas le droit de porter des armes, “même pas un petit chombo ou une machette”, insiste Viviane Peyrot. Le client de maitre Andjilani repart libre, sans contrôle judiciaire.

Kalathoumi Abdil-Hadi

Les syndicats enseignants à nouveau dans la rue

D’un côté, il y avait le syndicat Unsa éducation et d’un autre une intersyndicale composée du Snes-Fsu et la Cgt-Educ’action, de FO et de Sud éducation.
L’intersyndicale a réuni une centaine de manifestants qui ont déserté leurs salles de classe pour cette journée de contestation. Ils dénoncent ce qu’ils appellent les mensonges de l’État qui ne respecteraient pas ses engagements. Les enseignants ne savent plus à quel saint se vouer, ni qui croire entre une circulaire qui clairement remet en cause les promesses de l’État et un directeur adjoint du cabinet de la ministre de l’Éducation nationale qui dit “ne pas être au courant” de cette histoire rapporte Thierry Wuillez du Snes Mayotte.

En effet, lors de leur manifestation contre la fiscalisation de leurs indemnités d’éloignement et contre l’abrogation du décret de 96, les syndicalistes avaient obtenu que les enseignants en interséjour restent sous le décret de 96 et qu’ils gardent donc une indemnité de 11,5 mois sans indexation.
L’État annonce le contraire de cet accord dans sa circulaire. Il y est stipulé que ces fonctionnaires entrent automatiquement dans le système transitoire et vont donc percevoir 8,5 mois d’indemnité en plus une indexation de 10 % sur le salaire. C’est une perte d’environ trois mois de leurs revenus qu’accusent ces quelque 400 enseignants.

L’intersyndicale parle “d’une nouvelle trahison de l’État” face à ce qu’elle appelle “une confusion totale”. Les syndicalistes ont été assurés que les ministères des Outremers et de la Fonction publique ont été saisis au sujet de la situation des fonctionnaires d’État en poste à Mayotte.
Les vacances approchant, les enseignants laissent jusqu’à la rentrée pour avoir des réponses, sinon ils laissent planer l’ombre d’une grève plus importante.
Thierry Wuillez parle également d’une incertitude juridique pour les anciens et les nouveaux arrivants. “Si eux l’ont probablement oublié, nous on n’a pas oublié la clause de revoyure au sujet de la mise en place de l’indexation à Mayotte et de l’attractivité” rappelle le secrétaire du Snes Mayotte.
Cet état des lieux devrait avoir lieu en 2015.

Quant au syndicat Unsa, les syndicalistes ont rencontré la vice-recteur Nathalie Costantini où ils ont été confortés sur les avancées “obtenues à Paris” par le syndicat au niveau national. Il devrait donc y avoir une reformulation de la fameuse circulaire. “On a l’assurance que les enseignants venant à Mayotte pourront retourner dans leur académie d’origine jusqu’en 2017” affirme Eric Hourcade secrétaire départemental de l’Unsa.
Par ailleurs, le « tout jeune syndicat à Mayotte » comme le qualifie Eric Hourcade, a écrit à Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’Éducation nationale pour un éclaircissement de la situation des fonctionnaires à Mayotte et le maintien du décret de 96 jusqu’à la fin de la période transitoire.

Kalathoumi Abdil-Hadi

15 ans pour le meurtre de l’étudiant mahorais

En janvier 2012, à Tours, Chakirina Abdallah, un étudiant mahorais de 23 ans, avait été poignardé par son voisin qui ne supportait pas le bruit qui émanait de son appartement.
L’affaire avait ému toute la communauté mahoraise interloquée qui avait organisé une marche silencieuse.
Mercredi dernier, l’accusé a été reconnu coupable par la cour d’assises d’Indre et Loire et a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle.

 

Recevez toute l’actualité de Mayotte, au format PDF, chaque matin dans votre boite mail. 180€ / 1 an

www.flash-infos.somapresse.com

 

 

Mayotte 2025 : les ateliers ont commencé

Les hommes politiques qui ont fait la départementalisation avaient en effet une vision politique, ils souhaitaient le département avant tout pour obtenir la sécurité pour eux-mêmes et surtout pour leurs enfants.

Maintenant que cela est acquis, les décideurs d’aujourd’hui doivent dessiner une nouvelle feuille de route. Or des problèmes nouveaux ont surgi, l’immigration de masse, la hausse de la délinquance, le chômage et l’exode de la jeunesse, le manque de compétence lié à des difficultés scolaires. Le gouvernement souhaite que ce projet soit le fruit d’une réflexion collective de la part des élus, de la société civile, des forces vives, de l’État.

L’époque où des fonctionnaires venus découvrir Mayotte pour deux ans dessinaient son avenir tous seuls assis sur un siège au fond d’un bureau est révolue. De nombreuses erreurs d’aménagement du territoire, de conception, de gestion ont été commises par le passé à Mayotte. Des incohérences et maladresses qui se perpétuent de nos jours.

L’urbanisation non maîtrisée, la concentration urbaine anarchique, le manque de vision de long terme dans la construction scolaire, l’incapacité à définir un mode de gestion fonctionnelle pour les infrastructures, l’absence de production locale et de mise en place d’un débouché marchand pour les produits, la perpétuation d’un modèle économique fondé sur l’importation de masse des produits de subsistance quotidiens qui rendent Mayotte fortement dépendante de l’extérieur restent autant de freins au développement.

Le modèle énergétique, qui s’appuie sur l’importation massive de carburant, le système de transport qui repose uniquement sur l’artisanat, tout cela mérite d’être repensé, amélioré, modifié. Beaucoup de thématiques entrent dans le champ de ces ateliers. Or il n’est pas dit que les personnes ressources mobilisées pour participer à ces ateliers, qui sont pour la plupart issues des partenaires institutionnels, puissent trouver à elles seules les clés du développement.

Il appartient aux développeurs, aux entrepreneurs non importateurs de se saisir du projet politique sous peine de le laisser à des gens moins clairvoyants.

A.T.

Revalorisation du RSA

Le montant forfaitaire du revenu de solidarité active (RSA) à Mayotte a été revalorisé par décret de ce 3 octobre 2014, publié au JORF du 5 octobre.
Il s’agit d’une révision exceptionnelle du montant forfaitaire du RSA à Mayotte et le texte entre en vigueur le lendemain de sa publication, suite à la saisine pour avis du conseil général de Mayotte en date du 14 août 2014.
Le Journal officiel explique que « compte tenu de la revalorisation du montant forfaitaire du RSA applicable en Métropole et dans les départements et collectivités d’Outremer (hors Mayotte) de 2 % en septembre 2014, le montant forfaitaire du RSA applicable à Mayotte est également revalorisé de 2 % en septembre 2014 ». L’article 1 précise que « le montant forfaitaire (…) applicable à un foyer composé d’une seule personne est porté à 254,65 € à compter des allocations dues au titre du mois de septembre 2014 ».

 

Recevez toute l’actualité de Mayotte, au format PDF, chaque matin dans votre boite mail. 180€ / 1 an

www.flash-infos.somapresse.com

 

 

Le terroir mahorais en test à Coconi

Les exposants ont vu débarquer un grand nombre de visiteurs à Coconi samedi, une habitude pour cette période de l’année où les nouveaux arrivants viennent découvrir les productions de Mayotte.
Les badauds sont en effet venus regarder, toucher, sentir, goûter les produits du terroir mahorais.

Pour l’Association saveurs et senteurs de Mayotte, le rendez-vous revêtait une impérative exigence, trouver des volontaires pour venir goûter les confitures, achards et jus de fruits. Autant dire que le public ne s’est pas fait prier.

L’association regroupe une dizaine de producteurs mahorais tels que Aromaoré, la Coopac, le Jardin d’Éden, les Vergers de Mayotte, des acteurs de l’agriculture mahoraise qui se sont fait connaître depuis plusieurs années et qui apportent à Mayotte ses lettres de noblesse en matière de production locale.
Son objectif cette année au marché agricole de Coconi : faire découvrir les produits de ses adhérents et surtout trouver les productions qui sont susceptibles de participer au salon de la foire agricole de Paris, le grand rendez-vous des exploitants français.

Car Mayotte a un titre à défendre. En effet, l’année passée, les confitures Mangues-Papayes-Passion de Saboutia Abdourahamane, la créatrice du Jardin d’Éden, avaient remporté le premier prix dans leur catégorie au salon.
Cette année, dans le segment des jus de fruits aussi, Mayotte pourrait percer avec ses spécialités à base de corossol, de nectar de baobab, de citronnelle.

Pour les visiteurs ce samedi, il leur était proposé de goûter à huit jus différents, une dizaine de confitures et une demi-douzaine de pots d’achards et de les noter en fonction de critères tels que l’aspect général, le parfum, le goût.
Les protagonistes se sont donc prêtés au jeu avec le plus grand sérieux, « si c’est pour la science » a admis l’un des participants avant d’engloutir un plein verre de jus de corossol.
Pour Éric, certains jus ont un goût « trop prononcé », Thérèse trouve que certaines confitures n’ont « pas trop d’odeur », tandis que les achards peuvent paraître « agressif de premier abord ». Tout est pris en compte, ainsi tel le jus d’évie a un aspect trop blanchâtre, malgré un goût très satisfaisant.
Les jus de mangue ont laissé place à la déception, avec un arrière-goût fermenté qui « pique la langue », selon Tina.

Au final, les meilleurs produits seront sélectionnés pour concourir en métropole face à tous les producteurs de l’hexagone, mais aussi des autres DOM.
L’objectif de réussir un tel concours serait d’acquérir plus de notoriété pour les produits de Mayotte, et, pourquoi pas, signer des contrats d’importations avec de grands noms de la restauration ou de l’agroalimentaire français.

Adrien Theilleux

Une tribune dans « Libé »

A l’intérieur, les auteurs affirment que « l’Etat a longtemps hésité à investir et à s’investir aux côtés de ce territoire et de sa population ». Ils expliquent ainsi que la départementalisation de Mayotte ne doit pas être une fin en soi et que le statut ne doit pas constituer « une coquille vide ».
C’est en particulier la jeunesse qui retient l’attention des sénateurs. Les retards accumulés dans les domaines éducatifs et culturels sont pointés du doigt comme relevant d’une responsabilité de la France. Selon le texte, les infrastructures font encore défaut.

Enfin la question de l’immigration a retenu l’attention des auteurs de l’article. Ils évoquent ainsi « une situation immorale, hypocrite et dangereuse ». Les drames humains et les difficultés sociales et économiques ne peuvent trouver une solution que par la coopération entre la France et les Comores. Et en premier lieu « la coopération en matière policière et douanière entre la France et les Comores.

En conclusion de l’article, les sénateurs évoquent les valeurs de la société mahoraise, « la tolérance, le pacifisme, le respect » à l’intérieur d’une société qui nécessite « des actions énergiques de développement ». Sans lesquels, « l’embolie est certaine ». Pour les élus, il s’agit d’un défi à relever car il s’agit « d’une question de responsabilité »

Adrien Theilleux

Édito : Mayotte dans 20 ans…

 Une université spécialisée dans l’éducation, les langues et histoires régionales, la biologie marine, avec des chercheurs installés sur place. Certains dépendent directement de la Maison de la mer, un grand centre de recherches monté avec l’Ifremer, qui abrite aussi, en allant vers Hajangoua, le Musée de la mer et du lagon, où trônent le dugong et le cœlacanthe, et des aquariums où les enfants et les touristes découvrent les richesses de notre lagon, classé au Patrimoine mondial de l’Humanité depuis 10 ans déjà. Un évènement qui a changé le regard du monde sur cette belle île que beaucoup rêvent de visiter un jour.

Un musée de la civilisation swahilie, pendant du Palais des Merveilles de Zanzibar, où à travers des objets, des films, des reconstitutions, chacun découvre un pan de l’histoire de l’Humanité. Un musée des cultures et traditions populaires, un musée de l’histoire de Mayotte adjacent, entre l’ancienne poste et la Résidence de Petite Terre, reçoivent des milliers de visiteurs, scolaires et touristes mélangés. Les paquebots accostent par dizaines chaque année, arrivant des Seychelles et repartant vers Madagascar, le Mozambique ou Zanzibar, avec des croisiéristes ravis de repartir avec de la vanille bio et de l’essence d’ylang, dont la réputation a franchi les frontières, après quelques décennies de quasi abandon.

Les milliers de tonnes de poissons de l’aquaculture mahoraise, avec son label bio, sont servies sur les grandes tables de l’Europe, chaque jour, et les perles naturelles du lagon, roses ou bleues, ornent les colliers des quartiers chics de la planète.

Un pont entre la Petite et la Grande Terre permet de rejoindre facilement l’aéroport international, avec sa piste longue, d’où décollent les avions pour Paris, Bruxelles, Johannesburg, Dubaï, mais aussi toutes les îles et grandes villes de la région. Les touristes vont et viennent, mais aussi les entrepreneurs, les commerçants, qui développent leurs affaires dans la région. Depuis que du pétrole a été découvert dans tout le Canal du Mozambique, Mayotte rayonne et devient un point de ralliement très apprécié pour sa sécurité et sa qualité de vie.

Le front de mer de Mamoudzou et sa marina avec ses centaines de bateaux font la joie des navigateurs, mais aussi de tous ceux qui s’y retrouvent tous les jours, tous les soirs pour y boire un verre de jus de fruit frais, se promener, y écouter un concert.

La pointe Mahabou est aménagée en parc public, avec ses jeux pour les enfants, ses parcours de santé, son restaurant panoramique et gastronomique qui offre, tout en haut, une vue magnifique sur Mamoudzou, la Petite Terre et quelques îlots. D’autres plages accueillent désormais aussi des hôtels, des restaurants, des bases nautiques remplies tous les week-end et même en semaine avec les scolaires, pour le bonheur de tous.

Le terre-plein de M’tsapéré, longtemps resté en friche, offre lui aussi un nouveau visage avec son grand parc des expositions, et son parc adjacent, qui accueille chaque semaine des salons, foires, concerts et autres manifestations régionales, même en saison des pluies. La belle salle de théâtre à côté permet à des troupes locales de théâtre, de danse, de se créer, de présenter leurs spectacles, de se développer et faire voyager leurs œuvres jusqu’à Avignon et New-York ! Mayotte s’exporte !

Les bus sillonnent l’île tous les quarts d’heure le jour, toutes les heures la nuit, des bus électriques, qui s’approvisionnent comme toutes les voitures de l’île, grâce aux fermes solaires et aux turbines géantes installées dans les passes du lagon. Beaucoup de responsables du monde entier viennent découvrir cette île qui fonctionne avec une énergie 100% renouvelable.

D’autres viennent s’enquérir des méthodes utilisées pour avoir su conserver un lagon aussi magnifique, de la charte pour l’approche des mammifères marins, des campagnes de sensibilisation qui ont été menées pour arrêter la culture sur brulis ou le braconnage des tortues et des techniques mises en œuvre pour « replanter » du corail après les deux épisodes d’El Nino successifs. Les constructions sous-marines commencent aussi à intéresser nos voisins et les techniques se développent ici.

Les élèves ont tous leur tablette, dans des salles climatisées, toujours grâce à cette énergie renouvelable et désormais quasi gratuite. Leurs professeurs leur apprennent le français et les maths, mais aussi l’histoire et la géographie, les sciences avec des tableaux tactiles, des écrans interactifs. Et le niveau n’a plus rien à voir avec ce que l’île a connu il y a encore vingt ans…

Des stades ont vu le jour, avec leurs terrains en gazon synthétique, avec leurs pistes d’athlétisme, avec des gradins couverts, des vestiaires évidemment et des parkings en conséquence, permettant d’accueillir une fois encore les Jeux de l’océan indien, mais surtout l’an prochain les Jeux des îles européennes. Il était temps. 20 ans après l’intégration de Mayotte dans l’Europe… Et une piscine olympique a été inaugurée l’an dernier, après les 5 piscines territoriales, faisant une fois encore la Une du journal local : Mayotte hebdo…

Dans 20 ans, en 2034, il faut espérer que les problèmes de clandestinité auront été résolus, que les bidonvilles auront disparu, tout comme l’insécurité, les logements indignes, l’urbanisme sauvage, les déchets jetés dans les rues et les collines brûlées avant chaque saison des pluies. Il faut espérer que les enfants auront des écoles en bon état, propres, et que les médecins ne fuiront pas l’île, nous laissant dans un désert médical très préjudiciable.

L’attractivité du territoire, pour ses habitants d’abord, mais aussi pour conserver ses enfants et pour attirer des compétences est un élément essentiel des prochaines années. L’éducation, la santé, la sécurité, la circulation, l’ouverture sur la région, les loisirs, le développement économique sont des éléments qui devront trouver de sérieuses améliorations. Les responsables socio-économiques, les maires, les conseillers généraux et autres élus, l’Etat, l’Europe, chacun devrait agir rapidement en ce sens, car les enfants grandissent et 20 ans passent vite…

Laurent Canavate

Les créateurs d’entreprise récompensés par la couveuse

Aurélio Lima Ferreira et Ali Papa Assoumanie sont les deux lauréats du concours “Lance ton business” qu’a organisé la Couveuse d’entreprise Oudjérébou.

Aurélio Lima Ferreira a été récompensé dans la catégorie “émergence”. Il gagne un suivi comptable d’une année ainsi que l’impression de ses cartes de visite. Le jeune réparateur et vendeur de produits électroniques se dit très surpris, mais visiblement heureux d’avoir été primé.

Ali Papa Assoumanie, est le lauréat de la catégorie développement. Il défendra les couleurs de Mayotte au mois de décembre prochain au ministère des Outremers, où il sera en concurrence avec d’autres entreprises ultramarines.

“Au conseil général et à la préfecture, il n’y a pas de place pour tout le monde”, a lancé Ali Papa Assoumanie aux étudiants présents. À la tête d’une entreprise spécialisée en entretien d’espaces verts et aménagement de jardins, il remercie la Couveuse, la Dieccte et l’Agefip pour le soutien notamment financier qu’il a reçu.

Il y a sans doute un monde entre l’idée de l’on se fait de la création d’entreprise et la réalité. La Couveuse d’entreprise se propose d’être, celle qui permet au rêve de devenir réalité, en évitant les pièges que peuvent rencontre les audacieux qui vont frapper à sa porte.

La particularité d’Oudjérébou, c’est qu’elle suit tous types de profils d’entreprises. En effet, que l’on soit psychologue libérale comme Nazzli Joma, qui a eu le prix spécial du jury ex aequo avec Hilda Mavouna, vendeuse de bijoux et de produits capillaires, la Couveuse apporte son soutien.

Les suivis sont surtout au niveau de la gestion et de la comptabilité comme l’explique Anne-Julie Brutout, coup de coeur du jury à la tête de l’école de musique “Ya utrunga”. Quand on est musicien ou psychologue, la comptabilité gestion est une notion très vague.
“Sans la couveuse, je n’aurai pas pu me mettre à mon compte”, concèdent-ils, reconnaissants.
De manière générale, les suivis durent un an, comme c’est le cas encore pour Nazzli Joma.

En plus de cet accompagnement, les couvées reçoivent conseils et soutien pour tenir en cas de baisse de motivation ou de situation difficile.

Katy Abdou, patronne de la société Déco-Event, la première couvée d’Oudjérébou est invitée à s’exprimer. Elle remercie, elle aussi du soutien très fort qu’ils lui ont manifesté et de la foi à son projet dont ils ont fait preuve.

Farah Hafidhou de Deltah Immo et Fayçoil Mouhoussoune de la société Etic ont livré leurs expériences et expliqué leurs parcours. Ouvrir son entreprise n’est pas un long chemin tranquille.
“Je ne me suis pas versé un salaire pendant six mois”, confie avec sourire Farah Hafidhou. “Je n’ai pas non plus pris de congé maternité avant et après mon accouchement” nous apprend celle qui dit aimer malgré tout être à son compte. “Il faut avoir de la rigueur et appréhender le marché”, conseille-t-elle aux futurs candidats à l’aventure de l’entrepreneuriat.

Kalathoumi Abdil-Hadi

Mayotte à Bruxelles pour le 3ème forum des RUP

C’est la première fois que notre département y participe. Une forte délégation d’une quarantaine de personnes est sur place, avec entre autres Daniel Zaïdani, président du conseil général, Saïd Ahamadi, 3e vice-président du CG en charge de la coopération régionale et des affaires européennes, Abdou Dahalani, président du conseil économique et social ou encore Djoundiy Omar, président de la CMA.

Le programme consacré à ces trois jours de forum et qui se termine aujourd’hui est dense.
Lundi, la délégation a visité le Parlement européen en début d’après-midi alors que les émissaires de la direction des affaires économiques du CG Michèle Balourd et Adrachi Vélou se sont rendus dans la matinée au comité de suivi Rup au bureau de représentation des Rup.
Les représentants du conseil économique et social et du conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement ont eux participé à une réunion technique.

Hier, le forum a débuté en présence de Johannes Hahn, commissaire européen sortant chargé des affaires régionales. En début de soirée, une convention du réseau emploi des Rup a été signée.
Ce mercredi, le forum s’achève à 14h30, avec une conférence de presse auparavant.
La délégation mahoraise doit quitter Bruxelles ce jeudi à la mi-journée.
Le 3ème Forum des Rup a été ouvert ce mardi matin, à 9h00, par les discours officiels. Ce forum, qui se tient tous les deux ans, accueille les 9 Régions ultra-périphériques de l’Europe qui concernent trois pays : France, Espagne et Portugal. La Réunion est fortement présente, avec une délégation conduite par le président de la région et sénateur Didier Robert. Dans un communiqué, il se félicite d’avoir obtenu une augmentation importante des dotations européennes à l’île voisine pour la prochaine programmation européenne 2014-2020 : 2,2 milliards d’euros : « c’est une première très belle victoire pour notre région ».

Parmi les thèmes abordés lors de ce 3ème Forum des Rup : « Comment relever le défi du chômage en mettant l’accent sur l’emploi des jeunes, de l’éducation, la formation, l’apprentissage, la mobilité et l’innovation sociale, au regard des spécificités socio-économiques et des évolutions démographiques des Rup ? », ou encore : « Comment optimiser l’utilisation des ressources pour atteindre des résultats innovants porteurs de croissance et de développement durable, qui valorisent les atouts des régions ultra-périphériques dans les secteurs du tourisme, de la recherche, de l’énergie, de l’agriculture et de la pêche ? ».

Des distributeurs automatiques de carburant pour le mois d’octobre

Le groupe Total Mayotte avait annoncé en juillet dernier avoir signé un accord avec les syndicats représentatifs des salariés pour l’installation de distributeurs automatiques de carburant (DAC) dans les stations mahoraises.

Ces DAC seront installés entre le 15 et le 25 octobre dans les stations de Passamaïnty et de Majicavo Lamir dans un premier temps.

L’objectif est de pouvoir délivrer du carburant moyennant un paiement par carte bancaire en dehors des heures d’ouverture des stations (7h – 21h), notamment pour les urgences des particuliers et des véhicules prioritaires.

Les stations seront éclairées et équipées de vidéosurveillance. À terme, toutes les stations de l’île devraient être équipées de ces DAC .

Par ailleurs, un poste de lavage à haute-pression verra le jour dans la station de Kawéni.

 

Recevez toute l’actualité de Mayotte, au format PDF, chaque matin dans votre boite mail. 180€ / 1 an

www.flash-infos.somapresse.com

 

 

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes