Dans le cadre du projet d’urbanisme temporaire destiné à améliorer le cadre de vie des habitants de Vahibé, une réunion de concertation est orga- nisée par la Cadema (communauté d’agglomé- ration de Dembéni-Mamoudzou), le jeudi 31 octobre, à 10h, sur le terrain de Vahibé. Cette rencontre représente une étape clé de la phase 2 du projet. Elle vise à impliquer activement les résidents, les usagers et les acteurs locaux dans l’élaboration du programme d’aménagement temporaire. Au cours de cette réunion, deux scénarios d’aménagement seront présentés aux habitants, qui auront la possibilité de donner leur avis et d’exprimer leurs préférences sur celui qui répond le mieux à leurs attentes.
Ce projet d’urbanisme temporaire comprend plusieurs infrastructures essentielles, telles que des bornes de collecte de déchets, des points d’éclairage, des sanitaires, des espaces éduca- tifs, et des points d’accès à l’eau potable. Ces aménagements transitoires sont conçus pour garantir un environnement plus agréable et sécurisé tout en répondant aux besoins immé- diats de la communauté. Nous invitons tous les habitants de Vahibé à participer à cette réunion pour construire ensemble un quartier adapté aux attentes de chacun. Votre avis est essentiel pour le succès de ce projet, qui s’inscrit dans une démarche durable et inclusive.
Hannah Dominique, co-fondatrice d’Habit’Âme, s’est rendue avec trois salariés à la Grande Exposition du Fabriqué en France, au palais de l’Élysée, samedi 26 et dimanche 27 octobre. Le rendez-vous était donné aux entreprises, artisans, producteurs et industriels qui produisent et fabriquent en France. Pour l’entreprise mahoraise, qui donne une nouvelle vie aux déchets plastiques de l’île et aide à la réinsertion professionnelle, l’évènement a été l’opportunité de porter fièrement son projet social et solidaire.
Flash Infos : Quel projet avez-vous présenté à la Grande Exposition du Fabriqué en France ?
Hannah Dominique :On a présenté la Plaque’stique, des plaques de plastique recyclé. Celle qu’on a exposé est faite à partir des bennes de collecte de Sidevam. Elle fait un 1m20 sur un mètre, avec un centimètre d’épaisseur et elle est résistante aux ultraviolets. Elle peut être utilisée en matériaux de second œuvre comme pour une paroi de douche, un plan de travail, pour du mobilier urbain, mais aussi de la signalétique… Ce produit est fait pour des promoteurs qui construisent de nouveaux logements comme la Société immobilière de Mayotte (SIM), mais aussi pour des particuliers qui rénovent leur maison par exemple, ou pour construire les nouveaux abris de bus de Caribus, par exemple.
F.I. : Pourquoi c’est important pour Habit’Âme, entreprise mahoraise, de se rendre à l’évènement ?
H.D. : Ce qui était présenté à l’Élysée, c’était certes un matériau de second œuvre, mais surtout le projet d’Habit’âme dans son intégralité, qui se base sur une économie sociale et solidaire. Il tourne autour de trois problématiques. La production de matériaux de construction locaux sur le territoire, pour pouvoir couvrir l’ensemble des besoins mahorais. Répondre à la prolifération des déchets plastiques, en l’absence de solutions de revalorisation de ces déchets sur le territoire : parce qu’au mieux, ils sont exportés, au pire, ils ne sont pas triés donc enfouis, et au pire du pire, ils sont balancés dans la nature. Et le troisième volet, c’est l’insertion, puisque beaucoup d’enfants ne sont pas scolarisés et le taux de chômage est très élevé. Le modèle qu’on défend est économiquement vertueux car il permet de répondre sur les plan économique et écologique. On voulait porter ce projet nous-mêmes, avec des salariés de l’entreprise. Au total, nous étions quatre à aller à l’Élysée, avec le responsable de production, son second et un salarié en insertion. Et pas n’importe où. Le responsable d’atelier et moi-même avons rencontré le président de la République, Emmanuel Macron, on a pu parler avec lui. Voilà, ça, c’est quelque chose pour nous, de permettre de faire vivre cette expérience à des salariés. Et en tant qu’entreprise mahoraise, c’est aussi important de faire parler de l’île positivement, de montrer une autre image de Mayotte que celle des médias au niveau national.
F.I. : Où en est l’entreprise dans son processus d’industrialisation des Plaque’stique ?
H.D. : Nos échantillons tests vont être envoyés la semaine prochaine en laboratoire. En fonction des résultats, on pourra dire tel type de plastique aura telle utilisation. Par exemple, des bouteilles de yaourt à boire pourront être recyclées en paroi de douche. On a un mois de délai pour avoir une commercialisation fin d’année 2024. Aujourd’hui, on emploie dix personnes, dont sept en insertion. Pour nous, être à l’Élysée, c’était aussi reconnaitre cette évolution sur six mois puisque notre premier salarié en insertion a été embauché en juin. On prend notre temps, on se fixe des objectifs atteignables. On va déménager sur un site plus grand début 2025, pour envisager d’investir dans des machines de plus haute capacité. Actuellement, on a une capacité théorique de 85 tonnes de plastique recyclé par an. Au regard de la situation à Mayotte, ce n’est pas assez. On aimerait atteindre 150 tonnes. Notre idée, c’est aussi de faire monter en compétences nos partenaires, pour que ces machines soient en partie produites à Mayotte. Ce qui permettrait de créer des emplois. Et ce, en continuant notre volet sensibilisation sur le recyclage, notamment dans les écoles.
Légende : Hannah Dominique, gérante d’Habit’Âme, et Mounibou Cassime, responsable de production et encadrant technique d’insertion, ont rencontré Emmanuel Macron, lors de la Grande Exposition du Fabriqué en France, au palais de l’Élysée, samedi 26 et dimanche 27 octobre.
Le mouvement de grève est suivi par une partie significative des agents du Département de Mayotte. Les syndicats tablent sur une montée en puissance au fil des jours.
Le mouvement de grève annoncé au conseil départemental de Mayotte a débuté, ce lundi matin, à l’appel des principaux syndicats de l’île. Certains agents chargent les dirigeants de la principale collectivité territoriale. Ils les accusent d’être à l’origine d’une désorganisation complète des services par des décisions non conformes à la réglementation en ignorant pas les répercutions désastreuses qu’elles auront sur le fonctionnement de l’institution. Au premier jour d’une grève qui s’annonce longue, le grand déballage public a commencé.
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Délégué syndical CFDT au Dépatement de Mayotte, Saïd Hachim dénonce une désorganisation des services orchestrée depuis la direction des ressources humaines, avec des embauches en dehors des règles établies.
Les orateurs du jour déplorent des moyens insuffisants mis à leur disposition pour réaliser les missions confiées.
Ce n’est sans doute pas encore la grande mobilisation annoncée par les syndicats CFDT, FO, CGT-Ma, mais l’appel à la grève a été suivi par une partie significative du personnel des services départementaux, ce lundi matin. Les allées du jardin de l’hôtel du département étaient occupées par une foule significative de grévistes, venus écouter les interventions des différents représentants syndicaux. Ceux-ci se veulent confiants quant au fait que le mouvement s’amplifiera au fur et à mesure que la semaine sera entamée. Pour l’heure, ce mouvement se déroule plutôt dans une indifférence générale des quelques élus qui se sont rendus dans leurs bureaux respectifs. « Ils feraient mieux de se remettre au travail et rattraper les heures déjà payées qu’ils doivent au conseil départemental. Que pensent-ils pouvoir espérer ? », nous confie à voix basse l’un d’entre eux. « Quelle collectivité de l’Hexagone ou d’outre-mer comprendrait que l’on fasse grève pour ne pas avoir à rattraper des heures de travail dues », rajoute-il avant de s’éclipser.
Du côté des agents en grève réunis nombreux dans le jardin principal du bâtiment, le discours était d’une toute autre nature. Les orateurs se sont succédé au micro, les syndicats sont à l’unisson, bannières aux vents, chacun se faisant le porte-voix des difficultés rencontrées au quotidien dans les différents services départementaux, notamment ceux exposés à l’insécurité sans aucune garantie ni assurance. C’est le cas des agents préposés à la surveillance et à la protection des tortues marines sur différents sites sensibles dont celui de Saziley dans le sud de l’île. « Près de 200 animaux se font massacrer chaque jour par des braconniers prêts à tout pour satisfaire leurs macabre besogne. Nous sommes démunis devant leurs agissements faute de moyens et d’équipements adéquats pendant que dans les bureaux, des cadres disposent de cafetières dernier cri, des téléphones portables luxueux et hors de prix sans que nos cas individuels ou collectifs ne les interpellent d’aucune façon », s’est plaint l’un des intervenants.
Des notes en pagaille
Pour les syndicats représentatifs du personnel du CD, la situation qui prévaut en ce moment ne peut plus durer autrement l’institution est vouée à couler. Ils disent entendre tout ce qui est mis sur le dos du personnel et avoir conscience de l’image désastreuse que le public mahorais se fait des prestations des différents services départementaux. Sauf qu’ils se refusent unanimement à endosser la responsabilité d’un naufrage. Saïd Hachim, représentant syndical CFDT, explique ce mouvement de grève comme étant le symbole d’un malaise ressenti par le personnel depuis de très nombreuses années. « Nous sommes dans un grand bateau qui navigue sans capitaine, sans direction ni destination. Chacun arrive avec ses directives, ses orientations et les agents se trouvent actuellement totalement désorientés au point que certains d’entre eux décident de partir, notamment de hauts cadres diplômés et compétents. La vérité est que si Mayotte n’a pas été en mesure de préparer les derniers Jeux des Iles de l’océan Indien, c’est faute d’avoir pu monter les projets des différentes infrastructures. De la même façon, s’il n’a pas été possible d’avoir des projets de transports interurbains susceptibles d’être raccordés à ceux de la Cadema, c’est par défaut de financement. Idem pour la direction des transports maritimes (DTM, ex-STM), si le personnel ne dispose plus de permis de navigation et que les navires ne sont pas assurés, c’est parce qu’il y a des travaux préalables à réaliser et non pas parce que les agents ne peuvent pas ou ne savent pas faire. C’est toute une organisation qui est malade depuis très longtemps et qui plombe ce département malgré les efforts de réorganisation et non des agents qui refusent de s’organiser comme on l’entend ici et là. »
Sans détour, le délégué syndical CFDT rejette la responsabilité de cette désorganisation sur ceux qui crient au loup et les désigne comme étant les désorganisateurs du système. Pour illustrer son propos, il a pris l’exemple d’une directrice des ressources humaines qui a été récemment remerciée par le Département sans motif réel. Accompagnée par des représentants du personnel lors de son audition, lesquels ont constaté l’incapacité de l’administration départementale à justifier ce renvoi. « C’est justement cette direction générale des ressources humaines qui a la charge d’assurer l’organisation générale du Département. Imaginez-vous les dégâts qui en résulteront » interpelle-t-il, avant de faire état de notes « qui tombent du ciel », indiquant qu’untel ou untel est nommé à telle fonction pour s’occuper de telle mission alors qu’ils n’apparaissent nulle part dans l’organigramme qui a été adopté par le comité social et technique (CST), l’organisation qui doit allouer les moyens et valider le fonctionnement du conseil départemental de Mayotte. En d’autres termes, le syndicaliste fait part d’une situation gravissime faite de délit de faciès et de nomination par copinage. Il va même plus loin et parle de « personnes aux compétences douteuses qui sont nommées on ne sait pas trop comment et pour quelle mission. On se demande parfois à quels services sont-ils liés ? Jusqu’à présent, le personnel de ces services se demande à qui doivent-ils obéir lorsqu’il s’agit de traiter un dossier. C’est un système organisationnel qui impacte tout le fonctionnement du conseil départemental », précise Saïd Hachim.
Ce constat est absolument partagé par les autres organisations syndicales à l’origine de ce mouvement. Ils estiment qu’aujourd’hui Mayotte est un territoire qui se construit sans schémas d’orientation et met les responsables élus au défi de démontrer l’inverse. Interrogés par nos soins, des responsables syndicaux du transport maritime ont indiqué n’avoir pas encore décidé de se mettre à leur tour en grève, estimant que leurs doléances sont de nature plus compliquées que les autres services du bateau départemental.
Les syndicats bottent en touche sur la durée horaire
A l’accusation de vouloir camoufler un refus de réaliser les nombreuses heures de travail qu’ils doivent au conseil départemental de Mayotte, les représentants des syndicats engagés dans ce mouvement de grève bottent tous en touche. Ils déclarent qu’aucun personnel n’a avancé un refus en ce sens et mettent tout cela dans la besace de la désorganisation générale qui frappe la collectivité en question. Ils estiment qu’il appartient à celle-ci de mettre en place le dispositif nécessaire qui permettra à chaque agent de rattraper le quota d’heures qu’il doit effectuer. Pour rappel, le nombre d’heures réalisées annuellement par un fonctionnaire est de 1.607 heures. Sauf qu’à Mayotte, les jours fériés liés aux fêtes musulmanes empêchent parfois les employés d’atteindre ce quota.
A La Réunion, l’office de l’eau existe depuis 2003. Celui-ci a entamé une collaboration pour créer un équivalent mahorais.
Alors qu’un office de l’eau a vu le jour le 15 octobre à Mayotte, cette instance existe déjà dans d’autres territoires ultramarins, comme à La Réunion. Son directeur général, Faycal Badat, explique le rôle de son institution et comment elle tente de maintenir un approvisionnement en eau sur l’ensemble de son territoire. Interview.
Nadjayedine Sidi, le conseiller départemental du canton de Mamoudzou 3, est le président du tout nouvel office de l’eau de Mayotte.
Flash Infos :L’office de l’eau vient de voir le jour à Mayotte. Depuis quand existe celui de La Réunion ?
Faycal Badat : L’office de l’eau de La Réunion existe depuis 2003 comme dans les autres départements d’Outre-Mer. En effet, grâce à la loi d’orientation pour l’Outre-mer de 2000, il a été décidé par le législateur de créer un office dans chaque territoire ultramarin. En 2023, le conseil départemental de Mayotte a motivé la création du sien. L’office de l’eau a les mêmes équivalences que les agences de l’eau en Hexagone avec les missions cadrées par le Code de l’environnement. Elle concerne toutes les observations des ressources en eau et de la biodiversité aquatique. Il y a tout un travail de connaissance et de production de la connaissance. Un second volet comprend l’appui et l’expertise, ainsi que la formation et la sensibilisation. Un troisième est financier avec l’appui aux financements des travaux sur le territoire.
F.I. : De quelle manière les Réunionnais sont associés au développement du réseau de l’île ?
F.B. : Il y a plusieurs possibilités. L’office de l’eau réunionnais est un établissement public local régi par un conseil d’administration. Ce conseil est une émanation du comité de l’eau et de la biodiversité qui est un parlement de l’eau à l’échelle du territoire. C’est une représentation de la société économique et politique. Il y a aussi un collège des élus et d’associations. C’est au travers de celui-ci que la population se retrouve. D’où l’outil de gouvernance et de représentation au sein du conseil d’administration de la société. En Hexagone, il existe deux instances, le comité de bassin et le comité régional de la biodiversité. Avec la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République), en Outre-mer, il a été décidé de les fusionner. Nos actions en faveur de la population passent aussi par l’approche de la mise à disposition de la connaissance. Ce qui fait partie d’une obligation d’un office de l’eau, d’en produire et de la diffuser, pour faire prendre conscience de la valeur de la ressource en eau. Il y a aussi une approche financière, celle de participer au financement des études et des travaux.
F.I. : Votre structure fonctionne avec une redevance en eau payée par les usagers, avez-vous d’autres moyens financiers pour assurer vos missions. Est-ce que cela a fait augmenter la facture des Réunionnais ?
F.B. : Si on regarde toutes les redevances qu’il existe, il y a en a une dizaine. C’est vrai que la facture d’eau est impactée par certaines redevances. Ce système est basé sur la solidarité, selon le principe du pollueur-payeur. Si on prend de l’eau dans son milieu naturel pour des usages domestiques, industriels, agricoles ou énergétiques, on la « pollue ». C’est-à-dire qu’on change sa qualité. À ce titre, les usagers sont soumis à une rétribution. Plusieurs redevances sont spécifiquement orientées vers les acteurs économiques comme les industriels ou par exemples, les pêcheurs. La pêche à la rivière à La Réunion est une activité qui vient modifier l’équilibre d’un cours d’eau, donc on paie une redevance. On redistribue cet argent sous forme de subvention. À l’office de l’eau de La Réunion, nous sommes à notre quatrième cycle de gestion. 98% de cet argent est destiné aux missions d’amélioration d’eau potable et de traitement d’eau potable et d’eaux usées. Une petite partie est dédiée aux actions de sensibilisation. Est-ce que la population de Mayotte est en capacité de payer les redevances ? C’est une question à se poser. Pour notre part, l’office réunionnais n’a appliqué ses redevances qu’à partir de 2005, soit deux ans après sa création.
F.I. : À Mayotte, la question de l’eau est suivie par un comité de suivi de la ressource en eau piloté par la préfecture. Qu’est-ce que l’office peut faire de mieux ?
F.B. : L’office de l’eau permet de détenir une vision du territoire pour le territoire. Les agences de l’eau, elles, sont sous la tutelle de l’État. Les offices de l’eau eux sont rattachés au Département ou par une collectivité unique. Ce qui est important, c’est l’ancrage sur le territoire, on agit pour son bénéfice, alors que les orientations des services déconcentrés de l’État sont parfois génériques. Chaque territoire a sa spécificité, l’avantage de l’office est de pouvoir s’ajuster au territoire.
F.I. : Est-ce qu’il y aura une forme de collaboration entre les offices réunionnais et mahorais ?
F.B. : L’idée est d’accompagner la montée en charge de l’office de l’eau de Mayotte. Cela prend forme aujourd’hui par des ateliers de travail du partage de ressources. Nous travaillons également sur une convention de partenariat pour officialiser notre collaboration. Un échange est entamé depuis le mois de mars. Le 15 octobre, j’ai été convié à la séance d’installation du conseil d’administration de l’office de l’eau mahorais, mais il ne s’agit pas de calquer les deux modèles. Il n’y a que ceux qui vivent à Mayotte qui connaissent leur réalité. Nous ne sommes pas donneurs de leçons. Le contexte social et économique de Mayotte n’est pas celui de La Réunion, ni de la Martinique. Demain, l’instance mahoraise aura des missions opérationnelles différentes de ce qu’on fait à La Réunion et c’est tout à fait normal.
F.I. : En se renvoyant la balle par le passé, État, syndicat des eaux et délégataire ont entrainé la crise que l’on connait aujourd’hui à Mayotte. Comment un office pourrait empêcher cela ?
F.B. : Le dérèglement climatique fait que nous devons nous adapter aux différents contextes. On est contraint de faire évoluer nos pratiques en fonction des exigences de demain. Des périodes de sècheresse plus grandes, des périodes de plus en plus intenses, en tant qu’île, l’élévation du niveau de la mer va venir impacter la ressource en eau. Il y a donc de nouvelles exigences à intégrer dans nos stratégies d’action. Est-ce que l’office de l’eau va être la solution ? Il contribuera à améliorer la situation, mais sa pertinence dépendra de sa synergie avec les acteurs de l’eau. Il faut créer un écosystème d’acteurs. Ce n’est pas l’office de l’eau qui va distribuer l’eau dans le robinet des Mahorais, même s’il a une mission de préservation et d’optimisation de ressources en eau. Il doit aussi faire évoluer les comportements des habitants, car nous ne pouvons plus faire comme avant.
Ce mercredi 30 octobre, aura lieu la journée d’action face aux risques à Mayotte, place de la République, à Mamoudzou, à partir de 13h. Organisé dans le cadre de la Journée nationale de la résilience (JNR), l’évènement a pour but de sensibiliser et d’informer sur les bons gestes pour se protéger, protéger son entourage et ses biens face aux risques, notamment climatiques. 90% du territoire mahorais est concerné par au moins un risque naturel, rappelle la préfecture de Mayotte.
Ce week-end, le gymnase Jean-François Hory à Mamoudzou accueillait les quatre demi-finales des tournois masculin et féminin de la Coupe de France de basket-ball. Côté garçons, le Vautour de Labattoir (photo archives) n’a pas fait de détails, samedi, et s’est imposé (75-111) face au Gladiator de Doujani. Le lendemain, en revanche, c’était plus serré entre le TCO de Mamoudzou et Kawéni, mais l’Étoile bleue a fini par se qualifier (82-90). Labattoir et Kawéni se retrouveront donc en finale, le dimanche 14 novembre.
Ils y croiseront le Magic basket de Passamaïnty et le Fuz’Ellipse de Cavani, les deux équipes qualifiées chez les féminines. Les Vertes ont dominé le Golden Force de Chiconi (106-55), ce dimanche, tandis que Cavani a écarté de le BC M’tsapéré (63-69), la veille.
Le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousséni, en qualité d’autorité de gestion du programme Interreg VI Canal du Mozambique, annonce avec enthousiasme la tenue du troisième comité de suivi du programme, ces lundi et mardi, à Milibangalala, au Mozambique. « Cet événement de grande envergure marque un pas décisif dans le renforcement de la coopération régionale entre les pays riverains du Canal du Mozambique et les territoires ultramarins européens », défend le conseil départemental de Mayotte. La tenue de ce comité à Milibangalala fait suite à une demande des autorités mozambicaines formulée lors du premier comité de Suivi. Partenaires stratégiques du programme, les autorités locales ont souhaité accueillir cette rencontre pour renforcer leur implication dans les projets de coopération transfrontalière.
« Ce rendez-vous constitue une étape clé dans le développement du programme Interreg VI, qui vise à favoriser les échanges économiques, environnementaux et culturels entre les territoires insulaires et continentaux de la région. Financé par l’Union européenne, le programme représente un levier crucial pour le développement économique et social de la région. Il soutient la coopération entre Mayotte, les Comores, Madagascar et le Mozambique, dans des domaines tels que la protection de l’environnement, le développement durable, la connectivité numérique, et la gestion des ressources naturelles », explique la collectivité mahoraise, avant d’indiquer que ce troisième comité « sera l’occasion de dresser un bilan des projets en cours, d’établir un cadre d’évaluation et de définir les priorités pour les prochaines années ».
L’Union interprofessionnelle CFDT Mayotte annonce un préavis de grève des salariés agents de sureté aéroportuaire employés par la société DOM Sécurité à compter du lundi 4 novembre. Leurs revendications portent sur « le manque de dialogue social, le non-respect de la convention collective manque d’effectif, quatre salariés pour effectuer le travail de 10 personnes ». Ils demandent aussi une « amélioration des salaires et des primes, des équipements de protection individuelle, le respect des plannings, la mise en place d’un vestiaire et les mêmes moyens que les autres salariés du site ».
Ce dimanche 27 octobre, avait lieu la deuxième édition du footing/marche organisé entre Mitséni, dans la commune de Bandraboua, et Hamjago par les associations des villages (Tatie Chris et AtsikaDjabi). L’événement a rencontré un grand succès, les participants étaient nombreux. Ce rendez-vous sportif avait pour but « d’accompagner la transmission culturelle et intergénérationnelle des jeunes et des moins jeunes et de s’unir contre la violence », indiquent les associations.
Dans le cadre de sa stratégie de développement agricole, l’Établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam) met à disposition une parcelle agricole de 1,79 hectares située dans la commune de Ouangani, afin de permettre une augmentation de la production agricole locale. L’appel à projets est ouvert jusqu’au 22 novembre à minuit. Les candidats devront soumettre des projets de production agricole. Le bénéficiaire de la parcelle devra, au terme d’une période de cinq ans, ou exceptionnellement de dix ans, être en mesure de l’acquérir. Une visite du terrain est prévue ce jeudi, à partir de 8h30, devant l’entrée du lycée agricole de Coconi. Cette visite permettra aux porteurs de projet de découvrir la parcelle et d’évaluer son potentiel pour leur exploitation. Pour toute question, il est possible de contacter nos agents aux numéros suivants : 06 39 21 53 39 ou 06 39 67 57 39.
Les candidats sont invités à soumettre des projets de productions agricoles (végétales et/ou animales) ou des projets en lien avec la production agricole. Le dossier de candidature est disponible en téléchargement sur le site de l’Epfam (www.epfam.fr) ou peut être retiré en version papier dans les bureaux situés boulevard Marcel-Henry, à Cavani. Le dossier complété et accompagné des pièces justificatives est à envoyer par mail à projet.agricole@epfam.fr avant le 22 novembre à minuit ou déposé au siège de l’Epfam, boulevard Marcel-Henry à Cavani -Mamoudzou, avant midi le même jour. Pour tout complément d’informations, vous pouvez écrire à projet.agricole@epfam.fr
Ce lundi, la fermeture de la distribution d’eau à Mamoudzou centre a été anticipée à midi,« faute de réserve suffisante pour aller jusqu’à 14h », concède la Société mahoraise des eaux (SMAE). Le même jour, àPassamainty-Manguiers et Tzoundzou 1,« les manques d’eau constatés aux robinets dans la nuit[de dimanche]et [lundi]matin ont été occasionnés par l’arrêt du pompage du forage sur niveau bas de nappe, ce qui a entrainé le vidage complet du réservoir ».De fait, le niveau du réservoir n’était pas suffisant pour remettre l’eau. « Ces arrêts du pompage du forage sur niveau bas de nappes se reproduiront intempestivement dorénavant, ce qui entrainera d’autres manques d’eau sans possibilité de les anticiper », prévient la SMAE.
Le conducteur du véhicule blanc qui a renversé trois enfants à Sakouli le mercredi 4 septembre, ici la marche blanche du 10 septembre, a été jugé et condamné par la justice, ce lundi 28 octobre.
Le matin du mercredi 4 septembre, une fratrie a été renversée au bord de la route nationale à Sakouli, dans la commune de Bandrélé, par un véhicule blanc. Deux petites filles de 4 et 5 étaient décédées sur le coup, un troisième enfant âgé de 11 ans est toujours hospitalisé à La Réunion. Sans permis de conduire, le conducteur de 21 ans a été condamné, ce lundi, à quatre ans de prison ferme et une interdiction de passer le permis de conduire pendant cinq ans. Il devra également indemniser les parents des enfants.
« Une voiture blanche qui faisait des zigzags », c’est comme ça que le quatrième enfant se souvient de l’arrivée du véhicule dans le virage qui sépare le village d’Hamouro et Sakouli, le 4 septembre, à 5h30. Ce jour-là, il suivait ses deux sœurs et son frère qui marchaient en file indienne le long de la route nationale, après avoir quitté le domicile de leur père à Sakouli, dans la commune de Bandrélé. Les trois plus jeunes fréquentaient l’école d’Hamouro, où vit leur mère, tandis que le plus grand va au collège de Bandrélé. D’habitude, c’est leur père qui ferme la marche en portant un gilet jaune. Il devait d’ailleurs les rejoindre, ce matin-là. Il n’en a jamais eu le temps, car son fils est revenu en courant pour le prévenir du drame. Le seul véhicule impliqué avait, en effet, traverser la route pour terminer sa course dans la barrière de sécurité, là où la fratrie se trouvait. La chaussée était certes détrempée après un épisode pluvieux, mais les gendarmes ont observé qu’il n’y avait eu aucune trace de freinage. « C’étaient des victimes qui ne demandaient rien à personne, qui allaient à l’école », rappelle Stéphanie Pradelle, la procureure adjointe. « L’état des corps ajoute à l’horreur. » Avec la violence du choc, les petites filles de 4 et 5 ans sont mortes sur le coup. Le grand frère de 11 ans était lui dans un état grave et a dû être évasané vers La Réunion. En service pédiatrique désormais à Saint-Denis, avec sa mère à ses côtés, il est toujours paralysé au niveau du visage.
« Une certaine loyauté »
Devant les juges du tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce lundi après-midi, c’est une nouvelle explication sur les faits que donne Koussoy Achirafi. Sans permis de conduire, ce Comorien âgé de 21 ans, en attente d’un renouvellement de son titre de séjour, avait raconté initialement avoir pris le véhicule à Dembéni, sans l’accord du propriétaire, pour s’acheter des samossas à Bandrélé. Une version qu’il réfute désormais, puisqu’il dit devant les juges qu’il « avait trois personnes avec lui » dans la voiture et qu’ils se rendaient à Kani-Bé sur un chantier de construction. Ce n’est plus lui qui a pris les clés, mais bien le propriétaire de la voiture qui lui a donné pour qu’il emmène ses ouvriers sur leur lieu de travail. « Il a certaine loyauté envers la famille qui l’héberge avec son épouse lycéenne et son bébé », explique maître Jean-Baptiste Kondé, l’avocat du jeune père de famille.
Ce dernier se retrouve face à des juges qui doutent désormais de son honnêteté. « Pourquoi on devrait vous croire maintenant ? », lui demande Ludovic Duprey. « C’est la vérité, la seule vérité », répond le prévenu. Il concède qu’il n’était « pas assez vigilant, peut-être que je roulais trop vite ». N’osant pas regarder derrière lui (le père et son fils qui assisté à toute la scène sont assis sur le banc des prévenus), il soutient qu’« [il] ne sait pas quoi dire. Ce que je peux dire, c’est que j’ai de la peine pour les petits ». Pour la procureure adjointe, « il ne faut pas se tromper du cible ». Même si on a pu lui demander de conduire ce véhicule alors qu’il n’a pas le permis, « c’est lui qui conduit » et ne maîtrise pas son véhicule à la sortie du virage. Si son avocat ne nie pas la faute, il fait remarquer « que ce n’est pas un délinquant, qu’il n’a ni fumé ni bu ».
Koussoy Achirafi est condamné finalement à quatre ans de prison ferme, une interdiction de passer son permis de conduire pendant cinq ans, un maintien en détention et une obligation d’indemniser les parties civiles (le montant des dommages et intérêts sera fixé lors d’une audience sur les intérêts civils en mars 2025). Un supplément d’information a été demandé par maître Kondé et accepté par le tribunal. L’avocat avait fait valoir que faute d’expertise dans le dossier, il n’est pas clairement établi que la vitesse excessive, voire la détérioration du véhicule (il aurait eu un accident un mois plus tôt), ait provoqué l’accident.
L'étudiant n'a pas donné de nouvelles depuis samedi 19 octobre.
Tadj, jeune mahorais de 20 ans étudiant à Toulouse, n’a pas donné de nouvelles depuis samedi 19 octobre. Vêtu d’un t-shirt orange, un short et une paire de sandales, il a été aperçu pour la dernière fois dans l’après-midi, à l’arrêt de bus toulousain « Lapparo ». Il a quitté son domicile sans carte bancaire ni papier d’identité. Son portable est depuis éteint. Sa famille (dont son père et sa tante) a quitté en urgence Mayotte pour rejoindre la Ville rose et aider aux recherches.
Toute personne susceptible d’apporter des informations est priée de se manifester au 06 98 76 66 52 ou sur le Snapchat « madimelissa ». Les services de police toulousains prennent la disparition très au sérieux et ont ouvert une enquête.
Au vendredi 1er novembre, le Smic (salaire minimum interprofessionnel de croissance) augmentera de 2 % en métropole et en Outre-mer. À Mayotte, il passera de 8,80 euros bruts de l’heure à 8,98 euros, soit 1.361,97 euros mensuels pour 35 heures de travail par semaine. Une revalorisation actée par un décret, paru ce jeudi au Journal officiel, par anticipation. Le minimum garanti s’établit à 4,22 euros. Dans le reste de la France, le Smic s’élève à 1.801,80 euros bruts.
Personnalités politiques ou simples citoyens sont venus rendre hommage à la Chatouilleuse Zéna Mdéré, ce dimanche, à Pamandzi.
Des centaines de femmes aux tenues colorées et d’hommes ont afflué, ce dimanche 27 octobre, sur la place du congrès à Pamandzi. Personnalités politiques ou simples citoyens, ils sont venus rendre hommage à l’occasion d’un maoulida shengué à Zéna Mdéré (décédée il y a 25 ans) et ses camarades pour avoir combattu en faveur d’un meilleur destin pour les générations successives de Mahoraises et Mahorais au sein de la République française. Témoignages.
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Saïd Mouhoudhoir se rappelle du jour où Zéna Mdéré a éconduit les émissaires du pouvoir venus essayer de la corrompre avec des mallettes de billets de banque.
Zakia Meresse garde de la leader des chatouilleuses le souvenir d'une grand-mère aimante et aimée de tous les Mahorais.
Chants et danses ont rythmés cette journée de commémoration de celle qui a reste la figure emblématique de Mayotte française.
Echati Saïdina Assane n'a pas de mots assez forts pour remercier Zéna Mdéré pour ses actions en faveur de Mayotte et de ses habitants.
Aboubacar Abdallah Djaha se souvient quand la chatouilleuse séjournait des semaines entières chez sa parente Bouéni Mtiti à Labattoir.
Saïd Mouhoudhoir est un des neveux de la « Grande dame » Zéna Mdéré. De sa tante, il garde le souvenir « d’une personne complète, qui ne cachait pas ses pensées, elle pensait ce qu’elle disait et disait ce qu’elle pensait. Elle n’avait pas de retenue lorsqu’il fallait dire la vérité ! ». À ses yeux, la patronne des Chatouilleuses, le mouvement historique des partisanes de Mayotte française, n’était pas dans l’hypocrisie caractéristique du monde politique, car elle n’avait pas goûté à cette manière de faire de la politique. De la vie personnelle de celle décédée il y a 25 ans, le neveu garde l’image d’une personne humble, digne, qui ne s’apprêtait pas facilement au jeu. « La seule fois où nous l’avons vue sous un regard différent, c’est lorsqu’elle a décidé de faire de la politique et d’affronter la colère du président du gouvernement du territoire d’outre-mer des Comores, Saïd Mohamed Cheikh (N.D.L.R. de 1962 à 1970). C’est aussi quand elle a refusé les cadeaux qui lui était offert en échange de Mayotte, des cadeaux qu’elle a toujours su refuser. »
Son neveu se souvient de l’époque où sa tante habitait le quartier Bandar Abasse (résidence actuelle de l’une de ses sœurs), du jour où elle a reçu la visite de plusieurs émissaires du pouvoir comorien avec de grosses mallettes d’argent. Ce jour-là, elle aurait dit à ses proches que ce n’étaient que des vulgaires feuilles de papier sans grande importance à ses yeux. « Je vais vous dire une chose, mes enfants, Mayotte restera Mayotte, une terre sans valeur mercantile. Il faut vous mettre cela dans la tête car le jour où nous commencerons à penser argent, nous validerons la chute de notre pays », cite Saïd Mouhoudhoir. Un autre fait marquant de son parcours politique est ce fameux jour où elle a exigé de la France, si jamais l’envie lui prenait de se retirer, qu’elle laisse Mayotte dans l’état où elle l’a trouvé en 1841, c’est-à-dire, libre et hors du « joug » comorien.
« Une grand-mère pour l’ensemble de l’île »
Zakia Meresse est la fille de Zaïna Meresse (principale lieutenant de Zéna Mdéré) dans son combat politique et sa quête de Mayotte département français d’outre-mer. Bien qu’encore assez jeune (avant de partir s’installer dans l’Hexagone), elle garde de la leader du commando des Chatouilleuses l’image d’une « grand-mère, pour sa propre famille, mais également pour l’ensemble de l’île ». Celle-ci se demande ce qu’aurait été la destinée de Mayotte sans l’engagement politique de Zéna Mdéré et de ses camarades. « Grâce à Dieu, les sacrifices auxquels elles ont consenti ont été déterminants pour l’avenir de générations de Mahorais qui ont suivi après. » Souvenirs indélébiles pour Zakia, les arrivées de Zéna (et de sa cohorte de Chatouilleuses) chez sa mère. « Elle me demandait toujours de préparer un repas avant qu’elles n’arrivent. Et si elle était affairée à quelque chose, elle me demandait d’en prendre le relais dès qu’elles les voyaient arriver afin qu’elle puisse s’entretenir avec sa présidente et Bouéni Mtiti qui l’accompagnait toujours. Je m’exécutais évidemment car dans le code mahorais de bienséance à cette époque, un enfant n’avait pas à se mêler des discussions des adultes. » Elle l’assure, la figure emblématique de Mayotte française restera toujours dans sa mémoire « une grand-mère merveilleuse, une grand-mère aimante pour tous les Mahorais. Qu’elle dorme en paix et prie pour notre salut à tous et à toutes ». Malgré les journées de travail préparatoires à l’événement de dimanche, la fille de Zaïna Meresse fait part de sa joie immense d’avoir pu y participer physiquement.
Au secours de Mayotte
Echati Saidina Assane, dite « Ma Mouhamad Soulé », est l’une de ces personnes qui ont pu souvent approcher Zéna Mdéré bien qu’étant encore jeune. Résidente de Mamoudzou, elle est originaire de Bandrélé qu’elle présente fièrement comme étant l’autre village de la défenseuse de Mayotte Française après Pamandzi son lieu de résidence. « J’ai bien connu bouéni Zéna que nous considérons comme la mère et la grand-mère de tous les Mahorais. » Elle garde le souvenir de multiples rencontres avec celle que Mayotte célèbre en ce dimanche, tant il lui est difficile de savoir lequel relater en premier. « Je me dois avant tout de remercier Dieu pour l’avoir envoyé secourir Mayotte et ses habitants qui ont tant souffert de la mainmise des dirigeants comoriens de l’époque pré-indépendance. Quoi de mieux pour une personne décédée que d’avoir laissé derrière elle un nom illustre honoré par toute la population et toutes les générations ? Elle n’a pas eu la chance d’enfanter mais elle a été une mère comblée, avec la joie d’être la mère de milliers de Mahoraises et de Mahorais », tient à rappeler Echati Saïdina Assane. Selon elle, la bonté et la générosité sans limite de Zéna Mdéré est à prioriser dans ses actes à transmettre aux futures générations. « Je me souviendrai toujours que lorsqu’il lui a été proposé d’aller habiter le quartier à construire des décasés à Pamandzi, elle s’est d’abord préoccupée de savoir s’il contiendrait des écoles pour éduquer les enfants, un collège, un lycée et une mosquée pour la population avant de donner son accord. Quelle merveilleuse mère et grand-mère pour les enfants de cette île. Que Dieu lui accorde un bon repos éternel avec toutes ses camarades de lutte », conclut-elle.
Aboubacar Abdallah Djaha a lui aussi bien connu Zéna Mdéré. Et pour cause, il est un parent proche de feu Bouéni Mtiti, inconditionnelle adjointe de la présidente du mouvement des femmes mahoraise. Élève à l’école coranique de Moitsoumou Henry (voisine du domicile de Bouéni Mtiti à Labattoir), il ne perdait aucune occasion de venir écouter les enseignements de la Chatouilleuse en direction de ses fidèles chatouilleuses et de la jeunesse. « Bouéni Zéna est notre maman à tous parmi nos mères biologiques individuelles. Lorsqu’elle convoquait Mayotte toute entière au domicile de Bouéni Mtiti, notre maîtresse coranique nous demandait d’aller puiser l’eau dans un puits voisin et remplir quantité de récipients afin que les visiteurs n’en manquent pas », raconte-t-il. « Elle passait beaucoup de temps chez son adjoint, des journées entières, parfois des semaines. Il est plusieurs fois arrivé que les autorités viennent procéder à leur arrestation en ce lieu. Parfois elles étaient relâchées rapidement, parfois plusieurs jours plus tard », se souvient Aboubacar Abdallah Djaha.
Convaincu que les coups font partie de l’éducation, un jeune Comorien âgé de 20 ans a été condamné pour des violences sur son frère âgé de 11 ans. Ce dernier s’était réfugié en sang au poste de la police municipale de Koungou.
Un jeune homme de 20 ans a été condamné à un an de prison avec sursis pour des violences physiques sur son petit frère de 11 ans, ce vendredi 25 octobre, par le tribunal correctionnel de Mamoudzou. Ensanglanté, le garçon était venu se réfugier au poste de la police municipale de Koungou, deux jours avant. En charge de ses frères et sœurs, les coups étaient pour le jeune homme un mode d’éducation.
Les policiers municipaux de Koungou ont la surprise de trouver un petit garçon venu se réfugier au poste, le mercredi 23 octobre. Âgé de 11 ans, son corps et son visage étaient couverts de plaies en sang. L’enfant auditionné par les fonctionnaires a dit avoir été frappé par des coups de câble électrique par son grand frère. Arrivé au poste pour fuir les violences, il était encore terrorisé lors de l’audition et se recroquevillait en position fœtale dans un coin de la pièce. Le grand frère, un jeune Comorien âgé de 20 ans, est rapidement arrêté, puis jugé ce vendredi en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Mamoudzou. L’enfant explique qu’il devait aller à l’école coranique ce matin-là mais ne s’est pas réveillé. La veille, il s’est couché tard pour faire ses devoirs. En retard pour l’école coranique, il aurait été puni.
L’homme à tout faire de la maison
Il fait partie d’une famille de six enfants. Le prévenu, le grand frère, a grandi à Anjouan, sa mère l’a fait venir à Mayotte il y a quelques années. Au domicile, il est responsable du foyer, il s’occupe de l’éducation de ses petits frères et sœurs, va faire les courses au marché, etc. Pendant la garde à vue, il explique que son petit frère lui a répondu quand il s’est aperçu de son retard pour l’école coranique. « Votre petit frère a ouvert la bouche, ça ne vous a pas plu qu’il parle mal alors vous l’avez frappé d’abord avec un bout de bois puis le fil d’un chargeur de portable sur les jambes, le dos », décrit Alexandra Nicolay, la présidente du tribunal correctionnel. Le jeune homme dit « ne pas savoir » à quel point il avait violenté son frère. « Pourtant, il y avait du sang partout, vous ne lui avez pas donné de soins médicaux, vous vous êtes acharnés sur lui », renchérit la présidente. Les rapports médicaux montrent des photographies des plaies de la victime, mais également des cicatrices plus anciennes sur le dos, indiquant que ce ne serait pas la première fois qu’il aurait été battu. Pendant les interrogatoires, le prévenu a rapporté qu’à Anjouan il a grandi avec l’idée que frapper un enfant est courant s’il désobéit.
L’allure chétive, des pansements encore sur le coude, le petit garçon est arrivé au tribunal en cours d’audience avec ses parents. Assis seul sur le premier banc, invité à s’exprimer, il dit « ne pas vouloir que son frère soit enfermé ». Tout au long du jugement, il regarde ses pieds et joue nerveusement avec ses mains. « Ton frère a fait quelque chose de très grave selon la loi française. Mayotte, c’est un département français et la loi française n’autorise pas qu’on fasse du mal aux enfants », lui répond la présidente du tribunal.
« La violence casse un enfant »
Pour défendre ses intérêts, une administratrice a été désignée, représentée par maître Mélanie Trouvé pendant le jugement. « Nous sommes face à un grand frère qui prend le rôle du père, il n’a pas corrigé le garçon mais il l’a tabassé, lacéré de toutes parts. Même en se plaçant dans un prisme différent où la violence peut être tolérée, ce niveau serait toléré nulle part que ce soit aux Comores ou ici. » Avant de souligner en quoi celle-ci « casse un enfant, l’empêche de grandir physiquement et psychiquement, de s’épanouir, l’empêche de bien apprendre à l’école et rompt la confiance envers les adultes ».
La substitute du procureur de la République, Cassandre Morvan, requiert huit mois de prison ferme. Maître Laurent Bayon, l’avocat de la défense, présente le jeune homme comme un homme qui « n’a connu que la violence comme modèle d’éducation. Sa mère l’a fait venir des Comores pour faire les tâches ménagères, on lui demandait tout et n’importe quoi ». Il voit les parents comme fautifs, ils « ont cautionné cette violence » à l’égard de l’enfant. Il plaide plutôt pour des travaux d’intérêt général, « plus utiles » selon lui, qu’une incarcération à la prison de Majicavo-Koropa où il doute que « les mois passés là-bas va inverser la norme et les références » du prévenu.
Le tribunal le condamne à douze mois de prison avec sursis et 8.000 euros à verser pour dommages et intérêts. Sans papiers, il risque d’être expulsé aux Comores, en fonction de ce que décidera la préfecture de Mayotte.
Ce samedi 26 octobre, les six candidates au concours Miss Salouva 2024 ont été révélées au public à la médiathèque de Passamaïnty. L’une d’elles deviendra une ambassadrice de la tenue traditionnelle mahoraise lors de l’élection du 14 décembre.
Maïmouna Madi, qui travaille au CCS de Bandrélé, a évoqué son retour d’expérience après la formation sur les premiers secours en santé mentale.
Lors de la conférence sur la santé mentale, qui était organisée jeudi au lycée des Lumières de Kawéni par l’Agence régionale de Santé (ARS) Mayotte, les acteurs de la santé mentale se sont réunis pour restituer les résultats de travaux de groupes organisés la semaine dernière. Le but, proposer des solutions pour améliorer l’offre de soins et de suivi encore restreinte et peu coordonnée sur l’île.
Le directeur de l’ARS Mayotte, Sergio Albarello, met l’accent sur l’importance d’une politique de santé territoriale adaptée à Mayotte.
Si le sport est la grande cause nationale de 2024, la priorité sera la santé mentale pour l’année 2025, avait annoncé le Premier ministre Michel Barnier lors de son discours de politique générale en septembre. Et la question (pré)occupe particulièrement les professionnels de santé et les associations, qui souffrent des manques de personnel, de moyens et de coordination. L’Agence régionale de Santé (ARS) de Mayotte a organisé des ateliers participatifs avec les acteurs du secteur la semaine dernière, dans le cadre des semaines d’informations sur la santé mentale (SISM). La restitution des ateliers a eu lieu au lycée des Lumières de Kawéni, jeudi 24 octobre.
Mlezi Maore, Horizons, le centre hospitalier de Mayotte (CHM), la Croix rouge, Autisme Mayotte, le groupe d’entraide mutuelle (GEM), et d’autres structures ont assisté à l’événement pour faire part de leurs recommandations et de leurs difficultés dans la prise en charge des publics concernés par des problématiques liées à la santé mentale. « Nous sommes parfois confrontés à des situations de violence lorsque des personnes sont orientées vers nos services, mais ne sont pas stables et nécessitent une hospitalisation », raconte Kassim Abidi, directeur d’établissements au pôle handicap de Mlezi Maore. Face à l’amer constat du service psychiatrie du CHM qui dispose de dix lits pour toute l’île (ils passeront à 25 prochainement), les associations et les soignants se sentent débordés. « L’île a des besoins colossaux », résume simplement Ernestine Bakobog, directrice de l’association Autisme Mayotte.
Avec des tabous à la peau dure, et une précarité tenace, les associations et services hospitaliers ne parviennent pas à « repérer » la patientèle et à être eux-mêmes repérables. Bien sûr, ils s’échangent des conseils, s’envoient des patients, mais cette collaboration n’est pas organisée. L’une des solutions proposées lors des ateliers collectifs, c’est la création d’un annuaire, pour faciliter le travail des structures et mais aussi aider les personnes cherchant un appui. Des maraudes, avec des équipes dédiées, apparaissent aussi comme proposition, pour tenter d’aller chercher le public isolé, précaire ou habitant loin des structures de santés.
Des actions en pratique dès 2025
Un des grands enjeux, de la conférence, c’est aussi déstigmatiser la santé mentale et les troubles qui peuvent y être associés. « Les personnes atteintes psychiquement sont stigmatisées et/ou isolées », se désole Prosper Ndayisaba, qui dirige le GEM de Cavani. Les propositions s’enchaînent pour familiariser la population à la thématique, tout en respectant les traditions et les cultures : flyers, mois de sensibilisation, site web… Et surtout combattre la méconnaissance qui entoure les traitements. La psychiatrie fait peur sur l’île, et y être associé aussi. « Je ne savais pas quoi faire pour aider mon cousin », confie Maïmouna Madi, qui travaille au CCS de Bandrélé. Elle a bénéficié, comme une soixantaine d’autres employés du social, d’une formation sur les premiers secours de la santé mentale, organisée par le pôle prévention de l’ARS en juin à Tsingoni. Selon elle, cette formation l’a fait changer de regard sur les troubles psychiques, mais aussi sur la manière de les accompagner.
Les échanges ne se sont pas cantonnés aux restitutions des ateliers. Face au directeur de l’ARS, Sergio Albarello, et à la directrice de la santé publique de la structure, Fatiha Djabour, les interventions ont soulevé d’autres questionnements. « Est-ce que l’ARS pense aux aidants, qui sont en grande souffrance eux aussi ? Nous avons une plateforme de diagnostic, une association, mais pas de lieu qui leur permettrait d’avoir un temps de répit », note Ernestine Bakobog. Elle questionne aussi l’ARS sur l’importance de mettre en place une structure qui n’est pas directement associée au médical. Si les ateliers ont permis de dresser des fiches d’actions, – comme des campagnes de sensibilisation, des réunions mensuelles, de maraudes, ou encore, la création d’un annuaire en ligne et d’un site pour répertorier toutes les structures – qui devraient voir le jour dès le premier trimestre 2025, certains problèmes ne peuvent pas être réglés grâce à un travail de collaboration.
Le manque de personnel en tête de liste. « Même en ayant des locaux, on n’a pas les équipes pour les exploiter », tient à rappeler le docteur Alexandra Martalek, psychiatre.
Alors qu’Octobre rose, le mois dédié à la sensibilisation contre le cancer du sein, touche bientôt à sa fin, environ 4.000 personnes ont rejoint le front de mer de Mamoudzou pour « Mwendro wa Tama », ce dimanche matin. Avec l’aide de la mairie de Mamoudzou, la marche organisée par Amalca (l’association mahoraise de lutte contre le cancer) consistait en une marche de cinq kilomètres qui partait du centre de Mamoudzou, puis passait par le carrefour Baobab et le rond-point du stade de Cavani. Sous une chaleur accablante, mais dans la bonne humeur, le cortège a monté la rue Cavani pour rejoindre le rond-point SFR à Kawéni et ensuite retourner au front de mer, où l’événement s’est conclu par un flash mob. « Aujourd’hui, nous regardons en arrière et voyons bien plus qu’une marche : nous voyons un mouvement d’amour et de solidarité. Merci à tous ceux qui ont fait de « Mwendro wa Tama » un moment de soutien inoubliable. Votre présence est un immense espoir pour les femmes de Mayotte et partout dans le monde », assure Amalca dans son message de remerciement après la marche.
La Grande Comore, qui a le taux vaccinal le plus faible du pays (39%), connaît une résurgence de cas de choléra, ces dernières semaines.
Le ministère comorien de la Santé appelle la population de l’île frappée par une résurgence de cas, depuis début septembre, à prendre les doses du vaccin. Sans l’éradication de la maladie, les projets d’envergure dans le domaine de la santé risqueraient d’être sérieusement affectés, si l’épidémie n’était pas vaincue.
L’annonce a été faite, samedi, au siège du ministère de la Santé de l’Union des Comores, en présence du directeur général de la santé et d’autres représentants de partenaires qui appuient le pays à améliorer son système sanitaire. A partir de mercredi, une campagne de vaccination contre le choléra va commencer au niveau de la Grande Comore, qui détient le taux vaccinal le plus faible des trois îles (39%) et qui par ailleurs connait, depuis le 14 septembre, une résurgence de cas identifiés en particulier au nord dans les régions de Mitsamihuli et de Mboude. « A partir du lundi, nous commencerons à Mitsamihuli, car c’est là-bas, où le premier malade a été signalé, ce qui nous a permis de se rendre compte que des poches de résistance existaient au nord. Les centres sont déjà opérationnels. Deux jours plus, tard, la campagne sera lancée officiellement sur l’île », a indiqué le secrétaire général de la santé, le docteur Ben Imane. A l’en croire, ce nouveau programme de vaccination durera cinq jours. « Nous appelons la population de la Grande Comore à se rendre en masse dans les centres pour vacciner. Des équipes déjà formées seront également déployées sur le terrain. Les doses de vaccin sont disponibles », a ajouté le docteur Ben Imane soulignant au passage que grâce à la vaccination, l’on se protège soi-même ainsi que l’entourage.
Il faut noter que cette décision de vacciner les récalcitrants intervient une semaine après le refoulement par les autorités malgaches d’un bateau, en provenance des Comores, en raison de la résurgence des cas, observés ces deux derniers mois. Parti le 17 octobre en direction de Mahajanga, avec à son bord plus de 280 passagers dont des femmes enceintes, le navire Acadie n’a pas été autorisé à accoster et a dû faire demi-tour. Un épisode qui a causé une brouille diplomatique la semaine entre Moroni et Antanarivo. Dans son dernier communiqué, publié samedi 19 octobre, la diplomatie malgache a dit assumer la fermeture des voies maritimes aux bateaux en provenance des pays touchés par le choléra.
Les écoles aussi
Raison pour laquelle, les autorités sanitaires de l’archipel insistent sur la nécessité de faire vacciner la population de l’île afin d’espérer atteindre une immunité collective. Au cours de cette campagne, les établissements scolaires seront inclus. Une note conjointe du ministre de l’Éducation et son collègue de la santé est attendue dans les heures qui viennent pour encadrer les opérations et faciliter le travail des agents. « Car si nous ne vaincrons pas le choléra, les projets d’envergure risquent d’être impactés à l’instar de la construction en cours de l’hôpital universitaire d’El-Maarouf ou encore le programme d’assurance maladie généralisée. Sinon, nous serons probablement obligés de prendre des mesures contre ceux qui refuseraient de se faire vacciner. Par exemple, les interdire de se rendre dans les îles sans la présentation de la carte », a martelé le secrétaire général du ministère de la Santé. De son côté, le directeur général de la santé, le docteur Saindou Ben Ali, a rappelé qu’en plus de la vaccination, la population ne doit pas non plus abandonner les mesures d’hygiène comme le lavage des mains avec de l’eau javélisée. Depuis le retour des cas résiduels de choléra au nord de la Grande Comore, voilà maintenant un mois et demi, seules trois personnes sont décédées. Dans les centres d’hospitalisation, l’on accueille parfois un seul malade par jour, comme ce fut le cas, samedi, à Samba, situé au nord de Moroni. « La résurgence s’explique par le faible taux de couverture vaccinale. Par exemple, dans la région de Mitsamihouli, on était avec un taux de 30% et n’est passé qu’à 36% quand nous avons relancé la campagne juste après l’apparition des cas causée par le manque d’adhésion de la population à se protéger par voie vaccinale », déclarait, la semaine dernière, le docteur Faouzouz Ben Aboubacar, chargé de la surveillance épidémiologique.