Le 6 novembre dernier à 18h30, à Kavani, des délinquants ont pénétré dans un logement où ils ont forcé l’occupant à leur donner son téléphone portable. Face au refus de la victime de remettre le code permettant de déverrouiller le téléphone, ses agresseurs lui ont porté des coups de ciseaux et de scie à la cuisse puis dans le dos afin qu’elle cède. La victime a fini par se dégager de ses bourreaux avant d’appeler les secours. Mais ses agresseurs avaient déjà pris la fuite.
La grève au CHM entre dans son 4ème jour
Le mouvement social relancé le 2 novembre dernier au sein du CHM, se poursuit.
Un nouveau défilé va être conduit ce matin. L’intersyndicale du CHM annonçait hier que le mouvement de grève continue ce mardi 7 novembre. Hier encore, les grévistes de l’hôpital étaient une soixantaine à manifester dans les rues de Mamoudzou. Ils appellent la population à participer massivement à ce mouvement dès aujourd’hui. « Il ne s’agit pas uniquement du problème du personnel hospitalier, mais surtout de problème de santé à Mayotte », explique l’intersyndicale avant d’ajouter, « la santé va mal dans notre département. Les soignants sont malades. Et tout le monde reconnaît l’absence d’équité entre les soignants de Mayotte et les soignants de La Réunion ». Le personnel du CHM estime ne pas être écouté par Paris alors que de nombreux départs sont à prévoir dans les semaines à venir. Pour le moment, ces départs ne sont pas prévus d’être totalement remplacés faute d’attractivité suffisante pour attirer du nouveau personnel médical. Ainsi, l’intersyndicale réclame toujours depuis la visite de la ministre de la santé au mois d’octobre dernier, une prime mensuelle compensatoire liée à la surcharge de travail pour tous les agents non médicaux, la création d’une Agence de Santé à Mayotte, l’accès à la formation et la priorisation des résidents, la réhabilitation des sites périphériques en MCO (Médecine Chirurgie Gyn-Obstétrique), une indexation de salaire à 53% minimum pour l’ensemble des agents exerçant à Mayotte et la construction d’un Centre hospitalier universitaire (pour couvrir le désert médical de la région du canal de Mozambique). Lors de son séjour Agnès Buzin s’était contenté de dire qu’elle était venue pour faire l’état des lieux pas pour réaliser des annonces. Une déclaration qui a déçu le personnel hospitalier dont la situation n’est plus à diagnostiquer puisqu’elle est connue de tous, l’État le premier. Ainsi, les grévistes se réuniront de nouveau ce matin devant l’hôpital pour une nouvelle manifestation qui risque d’altérer la circulation. Ils semblent donc plus déterminés que jamais même s’ils sont peu nombreux à se mobiliser.
La maison de l’entreprise, un « outil » au service des entrepreneurs
Jeudi dernier, Mayotte a inauguré une nouvelle structure pour le développement de son économie, la maison de l’entreprise.
Située dans les anciens locaux de la Sim, place mariage à Mamoudzou, cette entité rassemble la CCI (Chambre de commerce et d’industrie), l’Adim (agence de développement et d’innovation, Business France (agence d’aide des petites et moyennes entreprises à mieux se projeter à l’international), le groupement des entreprises et Initiatives, la plateforme associative de financement et d’accompagnement de la création/reprise d’entreprises. La maison de l’entreprise va devenir ainsi le nouveau lieu de l’entrepreneuriat dans le 101ème département.
L’ensemble des acteurs économiques de l’île était rassemblé jeudi dernier devant la maison de l’entreprise. Ils voulaient ne manquer sous aucun prétexte l’inauguration de cette nouvelle institution que de nombreux porteurs de projets et autres attendaient. 4 salles dont une informatique et une équipée, en matériel de visioconférence sont désormais mis à la disposition de toute personne désireuse de créer ou développer son entreprise.
Avec un budget de 710 000 € consacré à la réhabilitation des locaux et l’achat de matériel, le projet a vu le jour en cette fin d’année 2017 après l’installation cette même année de la plateforme Initiatives France et de l’Adim. Les fonds européens de développement (Feder) ont financé ce programme à hauteur de 72% soit 516 000 €). Vient ensuite le Département avec 18% de participation soit 123 000 € et la CCI avec 10% soit 71 000 €.
Espace de formation, de corworking (bureaux partagés) ou encore d’accompagnement, la maison des entreprises est un « véritable outil pour les entrepreneurs qui veulent développer leurs projets », explique Alonzo Zoubair, directeur général de la CCI. « Il ne s’agissait pas seulement de réunir plusieurs opérateurs dans un même local », ajoute-t-il.
« Un bilan sera réalisé », assurent les partenaires de la Maison des entreprises afin de connaître l’efficacité de l’infrastructure à aider les porteurs de projets et entrepreneurs dans leurs démarches. En attendant, un logiciel intitulé « e-deal » a été mis en place au sein de la maison pour collecter « les indicateurs de performance » de l’institution dans son rôle d’accompagnateur.
Pour en savoir plus
Contactez le 02 69 61 04 26 ou connectez-vous sur www.mayotte.cci.fr.
Mayotte et La Réunion s’unissent pour former et développer
Vendredi dernier, dans les locaux tout neufs de la maison de l’entreprise à Mamoudzou, Mohamed Ali Hamid, président de la CCI de Mayotte et son homologue de la Réunion Ibrahim Patel ont signé deux conventions portant sur la formation et le développement économique. Le but pour la CCIM est de profiter de l’expertise de sa grande sœur réunionnaise qui existe de puis plus de 180 ans. Ces partenariats portent sur les domaines suivants:
– La création, du centre de formalités des entreprises, de l’appui aux entreprises, de l’innovation, et de l’international, du développement d’entreprises, des filières et de l’observatoire économique;
– La mise à disposition des formateurs, agents directs de la CCIR ou intervenants extérieurs du pôle formation de la CCIR, en vue de préparer et animer des modules de formations pour le compte de la CCIM ;
– Le déploiement d’actions de formation de la CCIR sur le territoire de Mayotte à la demande de la CCIM dans l’objectif de hausser le niveau de qualification et de compétences des Mahorais dans le domaine du management, de la comptabilité, etc. ;
– La mobilité des jeunes mahorais en stage et/ou en formation à La Réunion ;
– Une coopération dans la stratégie de développement international ;
– La collaboration entre les services de la CCIR et ceux de la CCIM dans le domaine de la gestion des fonds FEDER, FSE et Interreg ;
– L’assistance des services de la CCIR pour la mise en place de procédures internes à la CCIM ;
– L’accompagnement conjoint des porteurs de projets et ressortissants présents sur les deux territoires.
Financé par Interreg (programme européen visant à promouvoir la coopération entre les régions européennes et le développement de solutions communes dans les domaines du développement urbain, rural et côtier, du développement économique et de la gestion de l’environnement), le budget des conventions n’est pas encore fléché. « Un avenant aux conventions sera réalisé pour déterminer le coût des formations », explique Dayane Mohamed, directeur du pôle formation.
Un bilan annuel sera effectué pour évaluer l’efficacité de ces conventions et notamment savoir combien de personnes auront bénéficié des services que va apporter ce partenariat. À titre de comparaison, la CCI Réunion a formé 10 000 Réunionnais.
Pour en savoir plus:
Contactez Dayane Mohamed au 06 39 26 14 51 ou par mail à d.mohamed@mayotte.cci.fr.
Europe | XXIIème conférence des régions ultra-périphériques
À l’occasion de la XXII ème conférence des régions ultra-périphériques, en Guyane, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a co-rédigé avec Corina Creţu, commissaire à la politique régionale, un éditorial destiné à chacun des ces territoires, Mayotte compris. Nous vous le présentons ici.
L’Europe et les régions ultrapériphériques: une proximité de cœur
– Tribune du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker et de la Commissaire à la politique régionale, Corina Creţu
Nous avons toujours accordé une attention particulière aux neuf régions que l’on appelle « ultrapériphériques », qui sont avant tout des régions européennes, et qui projettent la présence de l’Europe à des points stratégiques du globe.
Vos spécificités et vos richesses, vous les connaissez, et l’Union européenne, qui s’attache depuis des années à combler la distance qui vous sépare du continent par une proximité de cœur, les connait aussi : une biodiversité unique, une position géographique propice aux échanges et à la coopération internationale et des opportunités infinies dans des domaines comme la croissance bleue ou les sciences de l’espace.
Aujourd’hui c’est nous qui traversons ces milliers de kilomètres pour venir en Guyane, avec le Président Macron, et nous ne venons pas les mains vides ; l’année dernière nous avions demandé aux représentants des neuf régions réunis à Bruxelles de nous dire ce qu’ils attendaient de l’Europe, de leur Europe, et comment ils imaginaient le partenariat qui nous lierait pour les années à venir.
En réponse à cela, la Commission a présenté cette semaine une stratégie pour les régions ultrapériphériques, qui est la base d’un partenariat privilégié, renouvelé et surtout renforcé.
Il est renforcé, car plus que jamais nous voulons être attentifs à ce qui rend chacune de vos régions unique. Vous partagez de nombreux défis communs – des jeunes qui manquent d’opportunités, des coûts de transport élevés, une dépendance vis-à-vis de quelques secteurs économiques – mais le vin des Açores n’est pas la banane des Antilles et Mayotte n’est pas Madère.
Ce partenariat, nous avons donc voulu qu’il valorise mieux vos singularités. Pour accompagner chacune de vos régions sur le chemin de la croissance, la Commission établira une plateforme de dialogue et, sur demande, des groupes de travail spéciaux, avec l’Etat membre concerné, sur des questions précises, comme utiliser au mieux les financements européens ou favoriser l’emploi.
A Mayotte, la stratégie soutiendra notamment une meilleure protection de la biodiversité, de meilleures liaisons de transport et une économie bleue solide, en encourageant le développement des énergies marines renouvelables, de l’aquaculture ainsi que de la pêche locale.
L’Europe fera aussi en sorte que vos régions aient un meilleur accès au programme européen de recherche Horizon 2020 ainsi qu’aux financements sous le Plan Juncker, pour des investissements stratégiques dans des infrastructures numériques, par exemple. Pour favoriser l’acquisition de compétences et la mobilité des jeunes, l’Europe leur donnera un coup de pouce financier pour qu’ils participent davantage au programme Erasmus et au Corps européen de solidarité.
Par ailleurs, l’UE s’attachera à mieux prendre en compte, en amont, l’impact des décisions qu’elle prend sur les régions ultrapériphériques, surtout lors de la négociation d’accords de commerce ou de pêche, afin de façonner des politiques reflétant davantage les réalités et intérêts de vos territoires.
Mais nous voulons le souligner : l’UE ne peut, à elle seule, garantir la prospérité de ces régions. Il s’agit d’une responsabilité partagée entre les régions elles-mêmes, l’Europe et les Etats membres. Ces derniers doivent faire preuve de volonté politique pour aider ces régions, qui sont aussi leurs régions, à exprimer leur plein potentiel.
Cette nouvelle stratégie pour les régions ultrapériphériques, nous en sommes fiers ; elle est un nouvel exemple concret d’une Europe qui protège, donne les moyens d’agir et offre à tous d’égales opportunités.
Crédit : © European Union 2015 – European Parliament
Naufrage d’un kwassa : 3 morts et 12 personnes secourues
Un kwassa a fait naufrage au large de l’îlot M’tsamboro (Mayotte) mercredi après-midi. Signalé par un pêcheur, l’incident a causé la mort de trois personnes dont les corps ont été repêchés. 12 autres personnes ont été secourues. Le passeur n’a pas encore été identifié. La gendarmerie maritime collecte depuis hier les témoignages des naufragés pour connaître les causes de ce drame et pour savoir si des personnes sont portées disparues ou pas.
Le collectif des associations de Mayotte reçu par la préfecture
Mardi durant près de deux heures, le collectif des associations de Mayotte a été reçu par la préfecture afin d’échanger sur les questions d’immigration clandestine. Une entrevue « utile sans doute » pour le directeur de cabinet Etienne Guillet, « sans réponse » pour le collectif des associations de Mayotte.
A sa demande, le collectif des associations de Mayotte a été reçu mardi par le directeur de cabinet de la préfecture, Etienne Guillet, afin de « demander à l’Etat un moratoire sur les régularisations des personnes en situation irrégulière », précise un communiqué émis par ce collectif. Une dizaine de personnes dont des membres du Codim, des Assoiffés du sud, des Femmes leaders se sont donc entretenues mardi midi avec le directeur de cabinet au sein de la préfecture de Grande-Terre.
Durant cette entrevue « longue et intense », ainsi que l’a qualifiée le sous-préfet, ont été évoqués de nombreux sujets relatifs à la question de l’immigration. Si les moyens alloués à la lutte contre l’immigration clandestine ont fait partie du panel des questions soulevées, le directeur de cabinet – qui était accompagné du procureur de la République et du colonel Leclercq, commandant de la gendarmerie – a également reprécisé quelques fondamentaux concernant le droit des étrangers. « On applique la loi : un étranger en situation irrégulière a le droit de demander un titre de séjour », a dû rappeler le directeur de cabinet au collectif. Un moratoire sur les régularisations opérées par la préfecture de Mayotte est donc inenvisageable, notamment au regard des textes internationaux. « L’enjeu était de rappeler que nous sommes dans un état de droit », a fermement martelé Etienne Guillet. Le procureur de la République a pu, quant à lui, expliquer un certain nombre de décisions judiciaires rendues dans un contexte social parfois difficile.
19 898 titres de séjour
Interrogé par le collectif sur les contrôles effectués lors de la délivrance des titres de séjour, le directeur de cabinet a souligné que le nombre de demandes baissait tandis que les chiffres de notifications de refus augmentaient. En 2016, selon la préfecture, 19 898 titres de séjour ont été délivrés dont plus de 16 000 au titre d’un renouvellement et 2488 demandes ont essuyé un refus. Au 31 août 2017, près de 13 000 titres avaient été octroyés pour plus de 2000 refus. Même si l’année n’est pas terminée et donc les chiffres pas arrêtés, Etienne Guillet estime que l’augmentation du nombre de refus de titres de séjour prouve bien un contrôle accru des demandes. « Nous sommes vigilants sur les titres de séjour que nous délivrons avec une grande parcimonie », a déclaré à ce titre le sous-préfet. « On est sortis sans réponse », juge pourtant un membre du collectif ayant participé à l’entrevue qui ajoute du bout des lèvres : « On verra bien la suite à donner à cet échange ». Peu diserts, les membres n’ont pas souhaité communiqué davantage d’informations à la presse présente sur place.
Urbanisme | Comment rénover Kawéni ?
A la fois pouls économique de l’île, bidonville immense et zone importante de scolarisation, Kawéni souffre de saturation, d’insalubrité et d’une croissance aussi rapide qu’anarchique. Afin de repenser entièrement le développement endogène de ce quartier-clé de la ville de Mamoudzou, de nombreux décideurs de l’île, dont l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), se sont réunis mercredi dernier afin de tracer les grandes lignes du futur Kawéni.
A Mayotte, un village en particulier concentre tous les enjeux d’une urbanisation non maîtrisée et fulgurante : Kawéni. Cette zone de Mamoudzou présente un tissu économique dense, un réseau routier saturé, le développement d’un bidonville sur ses pentes, une hyperconcentration d’une population très jeune, des établissements scolaires aux volumes conséquents, de l’insalubrité au niveau des habitats et des voiries et de nombreuses zones exposées aux risques naturels. Rénover ce quartier de Mamoudzou se révèle donc extrêmement complexe. D’autant que « les besoins vont au-delà des projets de rénovation urbaine », comme le souligne justement Mohamed Majani, le maire de Mamoudzou, pour qui le village est « sinistré au plan éducatif, social, environnemental et urbain ».
Ainsi, redonner un nouveau souffle à ce quartier « sinistré » constitue une véritable gageure, à laquelle s’attellent toutefois de nombreux acteurs de l’Ile aux parfums. A ce titre, ils s’étaient réunis mercredi dernier dans le cadre d’un comité de pilotage du nouveau programme national de renouvellement urbain de Kawéni. Objectif de cette concertation : s’accorder sur un projet de rénovation avec une programmation pluriannuelle d’opérations et un plan de financement, afin de débloquer des fonds auprès de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru). Parmi l’aréopage de mercredi : les signataires du protocole de préfiguration à savoir l’Etat, le Conseil départemental, la ville de Mamoudzou, l’Anru ; des acteurs opérationnels : l’organisme Action Logement, la Sim, le Sieam, le vice-rectorat ; des prestataires tel le cabinet d’architecture La Fabrique urbaine ; et, enfin, des représentants de la société civile fédérés au sein du Conseil citoyen de Kawéni, comprenant 49 membres. Car ce réaménagement se fera en concertation avec les populations locales et en s’appuyant sur le dynamisme des associations, ont promis l’ensemble des acteurs engagés dans le projet de rénovation.
13 fois M’gombani
Cette réunion de mercredi marquait un point d’étape à mi-parcours de la phase d’études qui s’étale sur deux ans et pour laquelle l’Anru a engagé plus de 800 000 euros. Le cabinet La Fabrique urbaine y a donc présenté ses orientations stratégiques pour le nouveau Kawéni : « Ce n’est pas un projet cosmétique de renouvellement urbain mais un projet structurant tenant davantage de l’aménagement du territoire », a précisé un des urbanistes. Valoriser la mangrove en offrant une vitrine maritime et touristique à Kawéni, notamment avec l’aménagement de la pointe Hamaha, mettre en place des « traversées » sur la crête pour délester la RN1, aérer et réaménager des lieux-clés comme la mosquée du vendredi afin de créer des respirations et du lien social, penser des espaces de promenades, de jeux et de commerce, notamment autour de la MJC, sont quelques-unes des pistes qui ont été évoquées lors de ce comité de pilotage.
La réhabilitation de cette zone de pas moins de 300 hectares – soit 13 fois M’Gombani, quartier qui a lui aussi bénéficié d’un plan de rénovation urbaine – devra s’opérer en parfaite imbrication avec d’autres projets qui lui préexistent tels que la mise en place du réseau de transport collectif urbain, le Caribus, ainsi que les programmes de résorption de l’habitat insalubre (RHI) et de gestion des eaux pluviales de la communauté d’agglomération. L’ensemble des acteurs prenant part au projet de réhabilitation de Kawéni espèrent signer une convention avec l’Anru d’ici mi-2018.
Kawéni en chiffres
Le village de Kawéni est le plus peuplé de la ville de Mamoudzou avec plus de 13 000 habitants recensés (2012) dont 65% ont moins de 25 ans. Il abrite la plus grande zone d’activités économiques de l’île. En effet, il concentre 5000 emplois, même si ces derniers ne sont occupés qu’à 8% par des résidents du village, et 770 entreprises. En outre, 80% des conteneurs du port de Longoni sont dépotés à Kawéni. Ainsi, ce quartier de la ville de Mamoudzou apporte à lui seul 30% de la valeur ajoutée de l’île. Enfin, plusieurs établissements et équipements scolaires y sont implantés, accueillant plus de 10 000 élèves en 2017.
Outre-mer | Des assises pour se relever
C’était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron : organiser des assises de l’outre-mer dès le début de son mandat présidentiel. Présentées et lancées le 4 octobre dernier, ces assises s’étaleront sur sept mois pour permettre aux outre-mer d’exprimer leur volonté et de choisir leur développement.
Offrir la parole à chaque Ultramarin, ou presque* : c’est le but des Assises de l’outre-mer. Il faut dire, comme le souligne le ministère, que nombre de citoyens loin de l’Hexagone ne se sentent plus au cœur des préoccupations gouvernementales : « Beaucoup d’Ultramarins penser que leur voix ne compte plus. Les dernières élections au printemps dernier l’ont cruellement montré, quand plus de la moitié des Français d’outre-mer ont choisi de ne pas choisir en s’abstenant à l’élection présidentielle. »
Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, alors candidat, et lancées le 4 octobre dernier par la ministre Annick Girardin, ces assises doivent permettre à tous les acteurs de la vie en outre-mer – pouvoirs publics, entreprises et société civile – de s’exprimer sur les besoins de leur territoire. En ligne de mire : la rédaction d’un « Livre bleu outre-mer », qui servira de socle aux politiques publiques du quinquennat en matière du développement des territoires ultramarins. Une initiative inédite menée en plusieurs étapes.
Sept mois, trois étapes
Trois étapes jalonneront les sept mois de ces assises. La première, une phase de diagnostic à laquelle il est déjà possible de participer**, et ce jusqu’au 22 novembre, permet aux internautes de mettre en avant les priorités souhaitées pour leur territoire, en classant par ordre d’importance les grands chantiers à mener : équipements publics, développement économique, emploi, environnement, santé, culture, jeunesse, sécurité et protection des populations. Autant dire que tous les domaines proposés concernent l’île aux parfums de très près.
En parallèle, du 18 octobre au 31 janvier, un concours d’innovation est ouvert. Les porteurs de projets pourront y déposer leurs idées en faveur du territoire. Les dossiers reçus seront soumis à partir du 15 janvier (et jusqu’au 28 février) à une consultation numérique. Une fois encore, chaque Ultramarin pourra soumettre son opinion et son avis dessus afin d’en déterminer les plus pertinents.
Enfin, à partir du 1er mars, après pré-sélection, les projets retenus seront de nouveau soumis au public. Il votera pour en désigner les meilleurs jusqu’au 30 avril. Une sélection finale sera alors effectuée en tenant compte de l’avis des votants. Les lauréats – auréolés d’un label « outre-mer » – seront dévoilés le 15 mai.
Les Assises de l’outre-mer entremêlent donc deux piliers : les citoyens emmenés à s’exprimer au sujet de leurs territoires et à proposer des projets, les rendant acteurs du développement ; ainsi qu’un pilier institutionnel, constitué des services de l’État, d’élus locaux et de « forces vives de l’outre-mer », comme les décrit le ministère.
*Sauf Saint-Martin et Saint-Barthélemy, qui font l’objet d’un plan de reconstruction spécifique suite au passage de l’ouragan Irma, et les Terres australes et antarctiques françaises, inhabitées.
**Participation en ligne sur * www.assisesdesoutremers.fr
Rozette Issouf : une Mahoraise dans l’équipe
Autre aspect des Assises de l’outre-mer : une « Équipe projets Ultramarins », qui servira de « Trait d’union » entre la consultation citoyenne et les services institutionnels. Cette équipe réunira diverses personnalités qui donneront leur avis sur les projets présentés et participeront à la rédaction du Livre bleu outre-mer. Elles seront également jury d’un concours d’innovation sociale à destination des Ultramarins.
Si on peut citer, au sein de l’équipe, l’ancien directeur d’HEC, Bernard Ramanantsoa, Audrey Pulvar, présidente de la Fondation pour la nature et l’homme, le comédien Pascal Légitimus, ou encore Jean-Marc Mormeck, délégué interministériel à l’égalité des chances des Français d’outre-mer, etc., Mayotte n’a pas été oubliée puisque la psychologue Rozette Issouf fait également partie des 17 personnalités retenues. Elle détaille sa mission et les objectifs de ces assises.
MH : Quel va être votre rôle au sein de l’équipe des Assises de l’outre-mer?
RI : En premier lieu, je fais partie d’une équipe. Le » je » en soi n’existe pas, il laisse place à un « nous »diversifiés, pluridisciplinaires, complémentaires, avec des personnes connues ou inconnues qui vont se regrouper régulièrement sous la présidence du ministre de l’outre-mer. Nous partageons certainement des valeurs humaines qui privilégient l’intérêt supérieur du collectif. C’est avant tout pour moi, une aventure collective avec une quinzaine de personnalités qui vont travailler ensemble pour centraliser les projets remontés des ateliers nationaux et locaux. Nous en prendrons compte, procèderons à un tri pour faire émerger des projets structurants, cohérents, qui répondront aux besoins de chaque territoire. Les citoyens de l’outre-mer d’ici et d’ailleurs ont un rôle décisif : ils sont les experts de leurs problématiques rencontrées dans leur territoire. Ils seront acteurs dans ces assises en faisant entendre leur parole par le biais du site dédié à cela, et ouvert à tous les citoyens d’outre-mer, qu’ils résident dans un territoire ultramarin ou en Métropole. Et comme le rappelle l’écrivaine Hélène Keller dans une de ces citations: « Seul, nous pouvons si peu, ensemble, nous pouvons faire tellement ». Et comme l’indique l’objectif des assises des outre-mer, il faut « Construire ensemble l’avenir des outre-mer ».
MH : Pour quelle raison avez-vous été choisie ?
RI : Cela fut une grande surprise pour moi-même. Cela m’est tombé dessus, je suis juste une simple citoyenne qui est passionnée par l’accompagnement de la souffrance psychique des êtres-humains. Je m’investis à petite échelle avec des interventions dans des journées d’études et des conférences suite à mes travaux de recherches. Je suis dans l’aide de l’autre. J’ai certainement des qualités d’écoute, relationnelles, et d’autres compétences qui leur ont peut-être plu. Je ne saurais vous dire. En tout cas, je n’ai rien demandé : « moins on me connait, mieux je me porte », moins on parlera de moi, mieux cela sera. Car je fais naturellement les choses sur le terrain et je n’y attends aucune reconnaissance. J’ai choisi mon métier par vocation et non par défaut. Tous les projets qui peuvent servir au bien-être des autres m’intéressent et je suis très sensible au sort des citoyens de l’outre-mer. Je suis honorée de faire partie de cette équipe et de pouvoir apporter mes compétences pour enrichir et faire entendre « la voix des Ultramarins ».
MH : Ces assises représentent-elles une réelle piste d’action ?
RI : C’est sûrement une réelle piste d’action. On est dans le concret et on ne fait pas à la place de l’autre, on lui permet d’agir, de s’exprimer, de proposer. Ce projet ne peut que faire avancer les choses et proposer des pistes d’actions concrètes dans chaque territoire d’outre-mer. Et comme je dis aux personnes que j’ai pu suivre en thérapie: « les réponses sont en vous et non à l’extérieur ». Il faut mobiliser les ressources intérieures de tous les citoyens de l’outre-mer afin de créer une synergie collective positive. Beaucoup de nos citoyens se sentent incompris parce que non écoutés. Les assises de l’outre-mer leur permettront à ce titre de faire part de leur avis, de devenir acteur de l’avenir de leur territoire. Nous avons sept mois pour y travailler. « Ensemble, nous pouvons y arriver » dans l’écoute des uns et des autres, dans la compréhension, dans les échanges et les remarques constructives. Soyons optimistes, soyons fous et croyons au pouvoir de « l’union fait la force »!
Enfin, nous avons tous notre rôle à jouer dans ces assises de l’outre-mer. Le premier pas vers le changement positif, c’est l’expression de ses besoins, c’est aussi la confiance en soi et la capacité à s’affirmer et à faire valoir ses droits dans le respect mutuel des uns et des autres. Ainsi, une bonne collaboration de tous les acteurs institutionnels, politiques et civils garantira, certainement, le bon fonctionnement des assises. Steve Jobs; le cofondateur d’Apple nous le confirme : « Les meilleures choses qui arrivent dans le monde (…), ne sont pas le résultat du travail d’un seul homme. C’est le travail de toute une équipe. »
En 2009, des états généraux de l’outre-mer étaient déjà organisés
« Ces assises ne seront pas une réédition des états généraux de 2009 », a affirmé la ministre des outre-mer, Annick Girardin. Il y a presque 10 ans en effet, une consultation était mise en place dans les outre-mer. En cause : la crise antillaise du début de l’année. Durant un mois, une grève contre la vie chère paralyse la Guadeloupe et la Martinique. Face à la montée des tensions, le président d’alors, Nicolas Sarkozy organise une vaste consultation des outre-mer : il s’agit des états généraux, censés identifier les problèmes et les régler. Dès le printemps 2009, elle est mise en place aux Antilles, en Guyane, à La Réunion, à Mayotte, à Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Martin et dans l’Hexagone, et débouche sur la rédaction d’une synthèse sur les attentes et besoins des Ultramarins. Au total, 137 décisions seront prises par le gouvernement pour refonder la politique menée à l’égard de nos territoires. Deux ans plus tard, c’est Mayotte qui est touchée par un vaste mouvement social.
Tentative de meurtre au lycée Bamana
Le 24 octobre dernier, trois jeunes qui terminaient leurs cours d’EPS sur le stade du lycée de Mamoudzou se sont vus encercler par un groupe d’individus.
Le plus jeune était a été victime d’une tentative de vol de son téléphone et les deux autres de violences. Les 3 élèves sont parvenus à s’enfuir et à se réfugier dans l’enceinte du lycée. Ils ont essuyé des jets de cailloux sans faire de blessés. Dans le même temps, le même groupe s’en est pris à une autre victime qui faisait l’objet de multiples violences et quatre coups de couteau. Elle s’est écroulée au sol après s’être fait dérober son téléphone portable puis a été prise en charge par les secours et hospitalisée. Une patrouille de police, rapidement sur place, a recueilli les premiers éléments. Les investigations menées par la sûreté urbaine ont abouti à l’identification de l’auteur des coups de couteau et de l’instigateur des faits. Elles permettaient à un équipage de la bac (brigade anticriminalité) d’effectuer une interpellation pendant que deux auteurs se présentaient spontanément au commissariat. Cette agression serait le résultat d’un différend entre jeunes de quartiers rivaux. Finalement, cinq individus ont été interpellés. Trois font l’objet d’un déferrement.
Vis ma vie de délinquant
« Si je ne vole pas, les plus grands me réduisent en bouillie »
Ils ont entre 12 et 17 ans et vivent en bande organisée. Rôdant autour des grands magasins d’une place de Mamoudzou, ces jeunes arborent tous la même dégaine face aux passants : une atmosphère d’irrespect et de peur. Au premier contact, ces adolescents semblent ne pas être conscients de l’image qu’ils renvoient aux passants : « Hé, nous on fait rien de mal. C’est les vacances, on est là et on passe le temps », jettent-ils à tour de rôle. La bande est constituée d’une douzaine de jeunes garçons âgés de 12 à 17 ans. Ces adolescents passent la majeure partie de leur journée à traîner autour d’un grand magasin, d’une place de Mamoudzou. Souvent, ils en importunent les clients en quémandant soit un peu de monnaie, soit de quoi manger, sous les regards vigilants des agents de sécurité de ce grand groupe. « Il arrive qu’un ou deux jeunes foutent la merde auprès des clients ou dans le magasin. Nous essayons de les arrêter, et quand on n’y arrive pas on, appelle la police », informe un des agents.
↘↘↘
Retrouvez l’intégralité du reportage en immersion dans votre magazine Mayotte Hebdo de cette semaine. Disponible en kiosque ou par abonnement au format numérique ici : https://www.mayottehebdo.com/abonnements
FCM sacré champion 2017
En déplacement à Sada samedi, le football club de M’tsapéré FCM a battu l’AS Sada sur le score de 3-0. Avec cette victoire, les M’tsapérois, battus récemment par les Diables rouge de Combani lors de la finale de la coupe de France régionale à Bandraboua ont pris leur revanche et décrochent ainsi pour la 9ème fois depuis 2005 le titre de champion de Mayotte. Un titre qui a été fêté dignement samedi par les supporters et les joueurs dans la localité à la grande satisfaction des dirigeants du club.
Mayotte | Nouvelle grève le 2 novembre au CHM
Suite à la réunion du 10 octobre dernier entre l’intersyndicale, la conseillère de la ministre de la Santé (par visio-conférence), le directeur de l’ARS OI et la directrice du centre hospitalier, des agents ont décidé de se mettre de nouveau en grève le 2 novembre en attendant la réponse du gouvernement. Les grévistes insistent sur deux points par rapport à leurs revendications à savoir une prime mensuelle compensatoire de la suractivité à tous les agents pour une « reconnaissance réelle » de leurs efforts ainsi qu’une indexation de salaire à 53% minimum, à l’ensemble des employés exerçant à Mayotte, pour une égalité de traitement de salaire de tous les agents issus du même groupement hospitalier de territoire océan Indien (GHT OI). Retour en détail sur leurs revendications.
« Nous attendons du gouvernement Macron son investissement, ainsi que le déploiement des moyens financiers, humains et techniques pour les courts, moyens et longs termes.
« Prime mensuelle compensatoire de la surcharge de travail »
La prise en charge de la population par le système de santé à Mayotte se dégrade au fil des années. La situation professionnelle des personnels soignants est de moins en moins attractive. Tout cela semble dû à :
• Une augmentation de l’activité du CHM de 1,7% entre 2015 et 2016 et de 25% sur les trois dernières années (annexe rapport DIM),
• Un manque d’infrastructure, et de personnel (soignant, médical, paramédical, et technique),
• Le burnout, la saturation et l’épuisement considérables qui obligent les agents à multiplier les arrêts de travail),
• Les risques psychosociaux, avec des répercussions dans la vie familiale
• Absence des postes aménagés, non-existence des commissions,
• Une insécurité croissante dans tout le département,
• Un traitement partial du salaire entre les Centres Hospitaliers et le GHT (l’indexation des salaires est à 53% à la Réunion contre 40% pour Mayotte).
Ces phénomènes cités ci-dessus entrainent obligatoirement un déséquilibre dans le choix et la répartition des professionnels de santé entre Mayotte et la Réunion. Pour ces raisons nous demandons une prime mensuelle compensatoire liée à la surcharge d’activité, pour un montant de deux cents euros net pour tous les agents non-médicaux.
« La création d’une agence de santé autonome à Mayotte »
« Nul n’est mieux servi que par soi-même ». La création d’une agence de santé à Mayotte est plus que nécessaire pour résoudre les spécificités de notre département. Les médecins et le personnel hospitalier de Mayotte cherchent à alarmer les autorités sur la situation. Cependant, les problèmes ne semblent pas traités avec conviction. Plusieurs raisons nous amènent à penser que l’agence régionale de la santé est en faveur de la Réunion.
Voici quelques points illustrant nos propos :
• Le déficit du CHU Réunion a été imputé sur CH Mayotte, or nous effectuons les 90% de l’activité engendrée par les évasans, une convention existe entre la Caisse de Sécurité Sociale de Mayotte et le CHM, stipulant que tous les travaux des évasans doivent être effectués par le CHM.
• Un traitement inégalitaire du budget alloué pour l’Océan Indien : moins de 10% pour Mayotte contre plus de 90% pour la Réunion.
• L’annulation du « projet Bloc Opératoire », malgré sa nécessité et ses études déjà financées (500 000 €), pour une nouvelle construction d’hôpital à Saint-Paul (la réunion),
• Le non-respect du protocole d’accords signé au ministère de la santé en juin 2014, pour la mise en place d’un groupe de travail,
– L’absence des directeurs d’agence sur le territoire, est responsable d’un manque de réponses aux projets proposés,
• Une absence et exclusion totale des acteurs de santé de Mayotte dans les prises de décisions,
• Mayotte accueille le plus de « non assurés sociaux », nécessite la présence de spécialistes pour la prise en charge de pathologies rares et graves, est confrontée à un flux migratoire en constante augmentation. Pourtant les moyens accordés au maintien d’un GHT (Groupement Hospitalier des Territoires) favorisent la Réunion. L’hôpital de Mayotte manque d’institutions et d’infrastructures.
Afin de mettre en place des projets d’amélioration à Mayotte, les décisions doivent être prises localement. Il est difficile de prendre des décisions à distance, en étant éloigné de la situation, en ne prenant pas en compte les chiffres réels et les difficultés auxquelles sont confrontés les professionnels de santé à Mayotte.
« Respect des accords et des engagements pris par le gouvernement «
Suite à deux mouvements de grèves en 2014, l’intersyndicale et le syndicat des praticiens du Centre hospitalier de Mayotte ont été reçus au ministère de la santé. Malgré la minimisation des difficultés auxquelles nous sommes confrontées au quotidien, des propositions temporaires ont été proposées par le directeur de cabinet (représentant du ministère).
• Un budget de 33 millions pour le recrutement d’urgence du personnel médical, soignant et paramédical (voir protocole juin 2014)
• L’augmentation des quotas des infirmiers, aides-soignants et auxiliaires puéricultrices,
• Un groupe de travail avec l’ensemble des partenaires sociaux, piloté par l’ARS,
• Une revoyure de ce protocole de juin 2014, prévu en 2017.
Nous constatons une mésestime totale de la part du gouvernement, de l’ARS et du CHM face à notre détermination pour la sauvegarde de la santé à Mayotte puisque rien n’a été suivi par la suite.
La formation, l’emploi et la préférence locale
Pour lutter contre le désert médical, et la sauvegarde et l’avenir de la santé à Mayotte, nous demandons la mise en application des dispositions réglementaires prévues par la circulaire du 23 juillet 2010, et des propositions déclinées dans le rapport du député Lebreton ainsi que dans le rapport du Préfet Bédier.
Voici une piste pour lutter contre le désert médical :
• L’application de la circulaire du 23 juillet 2010 relative à la mise en œuvre des mesures transversales retenues par le Conseil interministériel de l’Outre-mer pour favoriser, l’émergence d’une fonction publique plus représentative du bassin de vie qu’elle administre,
• L’application du rapport du préfet Bédier, rendu en avril 2012 et portant sur l’emploi des ultramarins dans la fonction publique,
• L’application du rapport du député Patrick Lebreton, remis le 4 décembre 2013 et comprenant 25 propositions dont la consécration des centres d’intérêts matériels et moraux comme « pivot du droit de la fonction publique applicable aux Outre-mer et aux Ultramarins » et l’instauration de « la prise en compte de la connaissance de l’environnement local dont la maîtrise de la langue pour les mutations».
Renforcement et structuration de l’offre de soins
L’augmentation et la répartition des patients par lieu d’habitation ne nous permettent plus de nous projeter uniquement sur la zone Mamoudzou.
Un nouveau Centre Hospitalier Universitaire doit voir le jour avec 22 salles de bloc opératoire dans les prochaines années au Centre de l’Ile. Plusieurs raisons nous obligent à réfléchir et à repartir l’offre de soins dans l’ile :
• 65% des patients viennent des périphériques contre 35% pour Mamoudzou,
• Les difficultés de circulation (centralisation des administrations et entreprises sur Mamoudzou),
• L’absence de transport en commun et sanitaire,
• Une forte immigration clandestine,
• Une obligation d’accès aux soins pour tout le monde,
• Absence de médecine de ville et de structure de soins privée.
Actuellement, les centres périphériques travaillent 24 heures sur 24. Les consultations sont ouvertes de 7h à 19h et une permanence de soin est assurée de 19h à 7h. L’augmentation de l’activité ces dernières années dans les périphéries, l’augmentation considérable de la population, l’absence de transports communs ainsi que le manque de spécialistes impose une réorganisation du système de soins.
Les centres périphériques de Dzoumogné, Kahani et de Mramadoudou doivent être dotés d’un bloc opératoire et doit être transformés en MCO (Médecine Chirurgie Gyn-Obstétrique).
• Médecine : 10 lits / Maternité : 30 lits,
• Urgences – UHCD : 8 lits, salle de déchoquage,
• Équipements d’un centre de radiologie standard.
Ces transformations nous permettraient de répondre à la demande de soins de la population en tenant compte des problématiques actuelles (immigration, circulation libre…). »
Mayotte : les écoles de Mamoudzou rouvrent demain
La mairie de Mamoudzou a annoncé la levée de l’arrêté fermant les écoles primaires du chef-lieu depuis lundi dernier. Une décision prise en réponse à l’annonce de l’Etat de réduire le nombre de contrats aidés pour les collectivités. Les écoles rouvrent donc dès demain matin. Un consensus a été trouvé avec la préfecture. Celle-ci a accepté le renouvellement de 180 contrats contre 87 initialement mais uniquement pour les services liés à la sécurité et l’hygiène des établissements scolaires. « Quant au volet collation et périscolaire, celui-ci n’est malheureusement pas assuré », explique la municipalité. C’est ce que de nombreuses mairies ont dénoncé. D’après elles, sans contrats aidés, elles ne peuvent pas assurer ces services. Cela signifie donc que des élèves risquent de se retrouver sans repas le midi et sans activités périscolaires pourtant prévues par les rythmes scolaires.
Un policer utilise un flashball en dehors de son service
Le procureur de la République a adressé un communiqué à la presse hier afin de faire toute la lumière sur une récente affaire impliquant un policier qui a utilisé une arme de type flashball en dehors de ses heures de services. Il a voulu régler un différend avec un individu avant que la dispute ne dérape.
Le samedi 21 octobre 2017, la compagne d’un agent de la PAF, promenait le chien de la famille, un dalmatien, sur petite-terre à Mayotte. D’après ses dires, elle était prise à partie près de chez elle par un passant sur qui l’animal avait aboyé. Le passant concerné l’insultait et menaçait de tuer son chien au moyen d’une arme à feu. Aucun enfant n’était présent.
Elle rentrait chez elle et informait son compagnon des faits. Celui-ci se dirigeait dans sa chambre et se saisissait d’une arme Gomme-Cogne chargée de deux cartouches.
Il sortait de chez lui et allait à la rencontre de l’individu. Il n’est pas contesté qu’il hélait la personne, qui se retournait et venait à sa rencontre. Le policier admettait avoir immédiatement donné un coup à l’individu qui lui demandait de lui dire bonjour avant toute chose. La nature du coup est contestée. La victime dit avoir été frappée avec la crosse de l’arme. Le policier parle d’un coup de poing.
En toutes hypothèses, le crâne de la victime saignait et cette dernière enlevait son t-shirt pour éponger le sang. Il n’est pas contesté que la tension était alors assez faible entre les deux individus malgré l’usage de violence du policier. Pendant qu’ils discutaient, le frère de la personne frappée arrivait et venait à leur rencontre. Deux autres jeunes du quartier s’approchaient de la scène. Les versions divergent sur le point de savoir quelles violences ont été commises en premier.
La personne frappée indique avoir tenté de prendre l’arme du policier. Celui-ci le repoussait alors et dégainait. Il faisait feu immédiatement, à deux reprises et le touchait ainsi que son frère. Des jets de cailloux commençaient alors contre le policier, y compris par le premier individu. Le policier indique avoir reçu des projectiles avant de faire feu. Il était certain de n’avoir touché personne.
Cependant l’enquête a démontré que deux des individus avaient été atteints par au moins un projectile chacun. Par ailleurs la plaie que présente le premier sur le crâne apparaît difficilement compatible avec un coup de poing (plaie nette et légèrement circulaire, sur le haut du front). Les autres témoins n’ont pas souhaité être entendus et n’ont pas été retrouvés malgré les recherches intenses de la gendarmerie. Le policier a été brièvement placé en garde à vue et l’arme saisie. Il est poursuivi devant le tribunal correctionnel le 3 avril 2018 à 8h.
Des écoles toujours fermées, des syndicats inquiets
Plusieurs syndicats ont réagi ces derniers jours à la décision de certaines mairies comme Mamoudzou, Chirongui ou encore Sada de fermer leurs écoles primaires faute du renouvellement de certains contrats aidés indispensables d’après eux pour assurer la sécurité et l’hygiène des établissements. C’est le cas de la CGT Ma et du SNU-ipp FSU qui s’indignent à travers des communiqués ou une lettre ouverte au préfet de la non-reconduite de ces emplois aidés.
« Nous sommes le lundi 23 octobre, jour de rentrée scolaire à Mayotte. Mais la rentrée n’a pas eu lieu pour de nombreux enfants. Les écoles de la principale agglomération du département sont effet fermées, la municipalité considérant qu’elle ne peut pas assurer l’ouverture des établissements scolaires, faute de personnels en nombre suffisant. Les écoles de Chirongui sont aussi fermées et le Lycée du Nord est, quant à lui, bloqué par les parents, inquiets pour la sécurité de leurs enfants (ce dernier a été débloqué hier, NDLR).
Ces situations dramatiques sont les conséquences d’un même mal : le sous-investissement structurel à Mayotte en moyens éducatifs.
Dans le premier degré, il manque plusieurs centaines de salles de classe pour en finir avec le système de la rotation. De nombreuses écoles, en rotation ou non, sont dans des états indignes et le matériel pédagogique manque trop souvent. Dans ce contexte, la baisse drastique du nombre d’emplois aidés ressemble à un coup de grâce. Coup de grâce porté au premier étage de notre service public d’éducation. Nous osons le dire, la situation n’est plus tenable et des mesures s’imposent en urgence : la restauration immédiate des emplois permettant de faire fonctionner les écoles et la remise à plat des rythmes scolaires pour qu’ils soient adaptés, de manière pragmatique, aux réalités matérielles des écoles et aux moyens réels des communes. Mais cela ne sera pas suffisant, bien entendu. Il est indispensable, conjointement, d’investir massivement dans le premier degré pour que dans un futur que nous souhaitons proche, tous les enfants de Mayotte reçoivent un niveau d’éducation de qualité.
Dans le second degré, le principal problème est aujourd’hui la violence. La violence aux abords des établissements est devenue un phénomène quotidien, presque banal. Nous ne pouvons l’accepter. D’autant que dorénavant, cette violence rentre de plus en plus dans l’enceinte des établissements. Nous avons dit que le Lycée du Nord est aujourd’hui bloqué. Mais tous les établissements sont aujourd’hui touchés par ce fléau. Au lycée de Kahani, un collectif de parents inquiets menace ainsi de retirer ses enfants. Il y a quelques mois, des enseignants de deux collèges ont, légitimement, exercé leur droit de retrait.
Ce phénomène ne pourra pas être endigué tant que ne sera pas réglé le problème de la surpopulation scolaire. Il est urgent de construire des établissements à taille humaine, ne dépassant pas les 800 élèves comme le préconise le CESEM. Rappelons que le collège « moyen » accueille en France 470 élèves, plus de 1400 à Mayotte. Il est urgent également de doter convenablement les établissements en personnels de vie scolaire. Les barbelés et les caméras ne remplaceront jamais des personnels.
À l’ordre du jour de ce conseil figurent les moyens supplémentaires accordés à Mayotte, et notamment les postes d’enseignants. Le chiffre de + 176 ETP enseignants dans le second degré peut sembler, à première vue, positif. Il n’en est rien. Mayotte est très largement sous-dotée en postes d’enseignants (ce qui explique des effectifs par classe sensiblement supérieurs à la métropole en collège). Ces 176 ETP sont loin de couvrir l’augmentation des effectifs élèves, de fait l’écart de dotations continue de se creuser.
Et encore faudrait-il que ces postes supplémentaires soient occupés par des titulaires. C’est loin d’être le cas puisque le dernier mouvement des enseignants du second degré s’est avéré déficitaire. De toute évidence, les mesures d’attractivité sont très insuffisantes. Quand le gouvernement va-t-il, enfin, prendre en compte nos préconisations en la matière ? A moins qu’il s’agisse d’une politique volontaire de précarisation de l’emploi public.
Les contractuels occupent donc aujourd’hui la moitié des postes dans le second degré. Il convient de parler de cette catégorie de personnels. Leur gestion individuelle et collective n’est pas acceptable et la CGTMa, en tant qu’organisation de défense des salariés souhaite ici la dénoncer. Comment des salariés peuvent-ils, plus de deux mois après leur embauche, n’avoir aucun contrat ? Comment peuvent-ils, dans certains cas, ne percevoir aucun salaire ? Comment enfin, des salariés peuvent-ils être déjà licenciés sans avoir signé le moindre contrat ni perçu la moindre rémunération ? Nous souhaitons vivement une gestion des personnels contractuels plus efficiente et plus humaine. En parallèle nous revendiquons des mesures crédibles permettant de pourvoir les postes par des personnels titulaires. »
→Le communiqué du SNU-ipp FSU
« Contrairement à ce qui se dit ici et là, l’éducation à Mayotte ne constitue pas une priorité pour l’État. Pour preuve la baisse du nombre d’emplois aidés nécessaires au bon fonctionnement des activités périscolaires ou des cantines scolaires alors que le gouvernement s’était engagé à sanctuariser ces emplois dans l’Éducation nationale et dans les Outre-mers. Le SNUipp-FSU Mayotte ne peut que saluer la décision du Maire de Mamoudzou qui a décidé de ne pas accueillir temporairement les élèves des écoles maternelles et élémentaires à compter du 23 octobre, en réponse à la baisse des emplois aidés. Tout le monde doit refuser la baisse de l’effectif des personnels alloués au service de la collation scolaire, à celui de l’entretien des locaux et de la surveillance des écoles ! L’école a besoin de moyens humains pour fonctionner au mieux. Les suppressions d’emplois aidés désorganisent le quotidien des écoles en remettant en question des missions essentielles et pénalisent des personnels souvent éloignés du monde du travail. On oublie trop souvent que les salariés occupant des emplois aidés contribuent au bon fonctionnement du service public d’éducation, c’est pourquoi le SNUipp-FSU Mayotte demande que ces emplois soient préservés. Les Martiniquais ont été les premiers à se rebeller, suivis par les Guadeloupéens et les Réunionnais, contraignant le gouvernement à faire volte-face… Le SNUipp-FSU Mayotte s’interroge sur le silence des autres communes du département ; ne sont-elles pas concernées par la baisse des contrats aidés ou se désintéressent-ils de l’éducation des enfants de leur commune ? En tout état de cause, le SNUipp-FSU Mayotte estime qu’ils n’ont pas le droit de laisser seul le maire de la capitale dans le bras de fer engagé… »
La commission des droits de l’homme sévère sur l’accès aux soins à Mayotte
Dans un rapport rendu public le 19 octobre, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) analyse l’état de santé des populations d’Outre-mer et le diagnostic n’est pas brillant, notamment pour Mayotte.
Depuis plusieurs mois, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) s’attelle à une tâche titanesque : documenter l’effectivité des droits de l’homme en Outre-mer. Dans cette optique, cette institution a d’ores et déjà publié six rapports sur différentes thématiques telles que la question pénitentiaire, l’accès au droit et à la justice, l’éducation, la pauvreté et l’exclusion sociale, les droits des étrangers et des demandeurs d’asile, ainsi que la place des autochtones au sein des populations d’Outre-mer. Trois de ces six documents focalisaient leur attention sur les spécificités de la Guyane et de Mayotte, territoires aux situations particulièrement préoccupantes.
Le dernier en date, «Avis sur le droit à la protection de la santé dans les territoires ultramarins», rappelle dans ses propos liminaires que «la question du droit à la protection de la santé est évoquée de façon récurrente dans les observations adressées à la France par les instances internationales chargées de veiller au respect des droits de l’homme». Selon les Nations unies, le droit à la santé implique «la prestation de soins de santé appropriés en temps opportun» mais également «l’accès à l’eau salubre et potable et à des moyens adéquats d’assainissement, l’accès à une quantité suffisante d’aliments sains, la nutrition et le logement, l’hygiène du travail et du milieu et l’accès à l’éducation et à l’information relatives à la santé, notamment la santé sexuelle et génésique». Or, à Mayotte, nombre de ces critères sont insuffisamment voire pas du tout satisfaits. Ainsi, les Nations-unies jugent-elles «préoccupante la situation défavorable de la jouissance du droit à la santé dans les DROM-COM et déplorent, entre autres, un taux de mortalité infantile et maternelle élevée à Mayotte et en Guyane».
Une mortalité infantile élevée
Mayotte a l’espérance de vie la plus faible de France, avec 74.7 ans pour les hommes et 77.9 ans pour les femmes. Autre indicateur préoccupant car symptomatique de l’offre de soins en général, le taux de mortalité infantile qu’enregistre le 101ème département français : selon la CNCDH, entre 2008 et 2010, ce taux est en moyenne quatre fois supérieur à Mayotte par rapport à la métropole, avec 13.5 décès durant la première année de vie pour 1000 naissances. En cause, «le déficit de suivi des grossesses ou d’actions périnatales, le manque de moyens de diagnostic et de mesures thérapeutiques appropriées». La Commission se dit donc particulièrement attentive «au respect des droits sexuels et reproductifs des femmes et des jeunes filles» et trouve «intolérable que deux à trois fois plus de femmes en âge de procréer soient exposées, sur le territoire de la République, à un risque fatal lors de l’accouchement, et que les enfants à naître soient exposés à des risques de mortalité prématurée, mortalité néonatale ou infantile avant la première année». L’institution est également préoccupée par la proportion plus importante qu’en métropole de femmes en Outre-mer qui ont recours à une IVG – à cause d’une grossesse non désirée ou précoce –, avec ce que cette intervention implique en termes d’impact sur leur santé morale et physique.
Vulnérabilité des migrants
Outre les femmes et les jeunes filles, la CNCDH alerte sur la vulnérabilité des populations migrantes à Mayotte. D’après l’institution, dès qu’un problème médical est identifié, les personnes appréhendées devraient être transférées à l’hôpital. Or, note-t-elle, ce traitement est «rare et réservé aux femmes sur le point d’accoucher ainsi qu’aux personnes très malades ou gravement blessées », constituant «un déni d’accès aux soins (…) renforcé par l’absence de dispositif d’aide médicale d’État à Mayotte». En raison de la gravité de la situation sanitaire à Mayotte, la CNCDH recommande de réfléchir à la mise en place de l’aide médicale de l’Etat (AME) pour les étrangers éligibles à ce dispositif. En outre, l’instance conseille de «s’inspirer des mesures adoptées au profit des mineurs isolés étrangers (MIE), des femmes enceintes et des enfants à naître pour lesquels une ordonnance du 31 mai 2012 a mis en place l’affiliation directe à la caisse de sécurité sociale».
Carence effarante de médecins
La CNCDH énumère d’autres obstacles à l’accès aux soins telles que des barrières financières ou administratives (coût des transports, contraintes administratives trop lourdes ou encore manque d’accompagnement social, par exemple). Mais à Mayotte, le coeur du problème est à chercher du côté de la carence effarante de médecins sur le territoire. Si la moyenne nationale se situe autour de 201 praticiens actifs pour 100 000 habitants, elle cache de grandes disparités selon les territoires avec 180 médecins pour la même proportion de résidents à La Réunion, 71 en Guyane et seulement 18 à Mayotte. En outre, le déficit «inquiétant» de spécialistes ne permettrait pas de dépister à temps certaines pathologies ni de prendre correctement en charge les patients.
13 recommandations
Forte de son analyse, la CNCDH émet en conclusion 13 recommandations : renforcer les outils permettant une collecte de données fiables (y compris à Mayotte) ; établir des objectifs stratégiques au plus près des situations locales et avec le concours des populations concernées et des acteurs locaux ; accorder une place centrale aux programmes de prévention ; se mobiliser sur l’ensemble des programmes et actions visant à réduire le taux de mortalité maternelle et infantile ; allier la prise en charge de l’obésité et des maladies chroniques à des campagnes de sensibilisation adaptées ; soutenir, étendre et pérenniser l’offre de soins de premier recours autour des centres hospitaliers de la Guyane et de Mayotte par le renforcement et la création de centres de soins délocalisés sous la responsabilité des centres hospitaliers ; développer la télémédecine ; évaluer les besoins dans le domaine de la psychiatrie dans le cadre d’une mission spécifique ; renforcer la sensibilisation et l’aide à l’acquisition des droits aux populations les plus vulnérables par un dispositif innovant et incitateur ; réfléchir à la perspective de mettre fin au régime dérogatoire excluant du bénéfice de l’AME les étrangers éligibles au dispositif ; encourager les projets de coopération régionale et internationale. Enfin, la CNCDH «invite les pouvoirs publics à intégrer dans leur stratégie une approche de la santé fondée sur les droits de l’homme, conformément au principe de la démocratie sanitaire».
Entretien : Pierre Papadopoulos, secrétaire général aux affaires régionales
« Nous n’avons pas de soucis avec les paiements »
Dans les colonnes du Flash Infos, notre député européen Younous Omarjee avait lancé le 29 septembre dernier un « cri d’alerte » par rapport aux fonds européens à Mayotte, mettant en avant le faible montant des paiements. Mayotte Hebdo a souhaité donner la parole au principal concerné, à savoir Pierre Papadopoulos, secrétaire général aux affaires régionales de la préfecture, chargée de la de gestion des fonds européens pour l’île au lagon, afin de faire le point sur leur avancement. L’occasion pour le secrétaire général de réfuter toute situation alarmante, en s’appuyant notamment sur le fait que la préfecture a été reconnue officiellement le 3 août dernier autorité de gestion des fonds européens à Mayotte, ce qui lui permet de débloquer les paiements.
Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans votre magazine Mayotte Hebdo de cette semaine.
Débat | La rivalité sorodas/serrez-la-main, oubliée ou toujours d’actualité ?
Les débats de Mayotte Hebdo, c’est l’occasion de confronter des interlocuteurs sur un sujet de société ou d’actualité. Cette semaine, nous avons souhaité aborder la rivalité entre les sorodas et les serrez-la-main.
Pour rappel, cette rivalité est née dans les années 1970, dans le contexte du mouvement d’indépendance des colonies françaises. A Mayotte, deux camps se sont formés. D’une part, les sorodas, favorables à Mayotte française. De l’autre, les serrez-la-main, qui souhaitaient que Mayotte prenne le même chemin que les autres îles de l’archipel, à savoir l’indépendance par rapport à la France. Insultes, bousculades, voire violences entre les deux parties ont alors marqué le quotidien de Mayotte.
Au fil des années, les partisans de Mayotte française ont vu leur choix être confirmé par l’Etat, notamment par l’inscription de l’île au lagon dans la Constitution en 2003, puis par la départementalisation en 2011.
Malgré tout, les personnes qui ont vécu à l’époque ces tensions et ces violences gardent-ils des rancœurs? Les enfants de serrez-la-main n’éprouveraient-ils pas l’envie, inconsciemment ou non, de se venger par rapport aux enfants de ceux qui ont pu molester leurs parents par le passé? D’autant que certains enfants de serrez-la-main occupent aujourd’hui des postes politiques à grande responsabilité sur l’île.
En outre, certains choix politiques, comme le choix de ne pas ériger Mtsapéré en commune, peuvent-ils s’expliquer par une vengeance du camp des vainqueurs par rapport aux habitants du bastion des serrez-la-main? Bref, peut-on estimer qu’aujourd’hui, la rivalité sorodas/serrez-la-main pèse encore dans la société mahoraise?
Pour répondre à cette question, Ibrahim Bacar, un ancien cadre du MPM (mouvement populaire mahorais), un parti créé à la base par des sorodas. De l’autre, Boina Dinouraini, un ancien membre du Front démocratique, un parti favorable à l’époque au rapprochement avec les Comores.
Retrouvez l’intégralité du débat dans votre magazine Mayotte Hebdo actuellement en kiosque
ou abonnez-vous ici : https://www.mayottehebdo.com/abonnements
Littérature | Les candidatures sont ouvertes pour le concours Francojeune
La 15ème édition de Francojeune, concours régional de littérature francophone, se tiendra du 5 au 10 mars 2018. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 23 décembre 2017. Tous les jeunes de moins de 25 ans intéressés peuvent désormais se présenter.
Le top départ du concours littéraire Francojeune a été donné samedi 23 septembre dernier. Les jeunes auteurs francophones vont pouvoir sortir leur stylo et laisser libre cours à leur imagination. Les candidatures peuvent d’ores et déjà être déposées jusqu’au 23 décembre prochain à la Direction départementale du livre et de la lecture publique (DDLLP), à la Direction des affaires européennes et de la coopération régionale du Conseil Départemental ainsi que dans les CDI des collèges et lycées de l’île.
La 15ème édition de Francojeune, concours régional de littérature francophone, se tiendra du 5 au 10 mars 2018, en partenariat avec le Conseil Départemental de Mayotte et l’AFRA OI. Elle devrait se tenir au Mozambique, information que la directrice de la communication du Conseil Départemental, Echati Maanrifa, n’a pas encore confirmé.
Ecrire est le mot d’ordre à retenir du concours de littérature Francojeune : écrire des nouvelles, des contes et des poèmes. Ainsi, lors de la semaine Francojeune, des jeunes originaires de Mayotte, de Madagascar, des Comores, de la Tanzanie, du Mozambique et du Kenya tenteront de remporter les prix dans trois catégories : collège, lycée et hors catégorie.
Les dix mots du concours
La Direction générale de la langue française (DGLF) a choisi les dix nouveaux mots pour le concours Francojeune : « avatar », « canular », « émoticône », « favori(te) », « fureteur(euse) », » héberger », « nomade », « nuage », « pirate » et « télésnober ». « Ainsi le candidat choisira un des dix mots 2017 pour en faire le thème ou le titre de son texte, ou bien il les intégrera tous les dix dans une même œuvre », a précisé Thany Youssouf, président de l’Amicale pour la Francophonie dans l’Océan Indien (AFRA OI).
Les assises de l’Outre-mer se mettent en marche !
Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, les Assises de l’outre-mer ont officiellement été lancées le 19 octobre à Mayotte dans le cadre du premier comité d’orientation départemental. Désormais, société civile, monde économique et pouvoirs publics ont sept mois pour définir les projets concrets qui dessineront le Mayotte de demain.
A Mayotte, le compte à rebours des Assises de l’outre-mer a été enclenché le 19 octobre lors du premier comité d’orientation départemental qu’ont tenu conjointement le préfet et un certain nombre d’élus et de personnalités qualifiées. Objectif de cette réunion : définir des méthodes et un calendrier propices à la bonne mise en oeuvre de la promesse de campagne d’Emmanuel Macron, les Assises de l’outre-mer. Ces assises entendent donner la parole aux ultramarins – société civile, monde économique et pouvoirs publics – afin que chaque territoire décide des projets structurants qu’il souhaite porter.
Les sept mois de réflexion de ces assises ont vocation à aboutir à un « livre bleu outre-mer », qui servira de socle aux politiques publiques du quinquennat en matière de développement des territoires ultramarins. La première phase a débuté : il s’agit d’une consultation citoyenne, ouverte jusqu’au 1er novembre, lors de laquelle chaque résident d’outre-mer peut exprimer ses priorités concernant le développement de son territoire (site : www.assisesdesoutremer.fr). Des propositions peuvent également être envoyées par courriel à l’adresse : assises-outre-mer@mayotte.pref.gouv. fr. D’autre part, des ateliers se tiendront dès la fin du mois d’octobre et couvriront sept thématiques dont le développement économique, l’environnement, les questions sanitaires et sociales, la jeunesse, la sécurité et protection des populations, etc. Tout responsable local qui serait concerné par ces problématiques et qui souhaiterait contribuer est invité à s’inscrire en ligne. Le but de ces ateliers est de faire émerger des projets et de produire une synthèse des échanges qui auront eu lieu.
En parallèle, du 18 octobre 2017 au 31 janvier 2018, les porteurs de projets innovants en faveur du territoire sont invités à participer à un concours d’innovation. Une fois de plus, les citoyens d’outremer auront voix au chapitre puisqu’ils voteront pour les projets les plus pertinents et leur avis sera pris en compte lors de la sélection finale.
Aucun fonds spécial n’est pour l’instant alloué à la réalisation des projets qui seront choisis lors de ces assises mais des financements sont disponibles au travers de la programmation qui existe déjà tels que les contrats de plan Etat-Région. En outre, la budgétisation de fonds spécifiques pourra être prise en compte lors de la rédaction du livre bleu, a déclaré le préfet de Mayotte Frédéric Veau.