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La métropole se met à la course de pneus

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Samedi 13 mai 2017 aura lieu à la plaine de Jeux des Champins à Moulins (03000) une course de pneus organisée par l’association Mayotte Moulinoise. Pour la deuxième année consécutive, l’association organise cette rencontre au profit des Restaurants du Coeur.

 

L’association Mayotte Moulinoise est une association créée en 2014 avec le projet de promouvoir la culture mahoraise, elle agit aussi dans le domaine de l’action sociale et éducative. Elle assure un accompagnement des jeunes et vise à favoriser leur développement personnel ainsi que leur intégration dans la société en tant que citoyens actifs responsables et solidaires. Celle-ci contribue également au développement de nouvelles initiatives en favorisant des contacts productifs et des échanges d’information avec différents partenaires publics et privés.

L’association organise la deuxième édition de la Course de Pneus Moulinoise le samedi 13 mai 2017. L’initiative de cette course pédestre est de réunir sportifs amateurs et confirmés ainsi que des familles autour d’une manifestation sportive et solidaire qui, pour le moment reste encore méconnue du grand public métropolitain. La course de pneus, véritable institution à Mayotte, est une course qui consiste à pousser un pneu devant soi à l’aide de deux tiges qui rentrent dans la partie creuse du pneu. Ce sport et à la fois convivial et ludique. Le concept de cette course est de faire découvrir un sport afin de collecter des fonds et d’apporter ainsi un soutien au Restaurant du Coeur de Moulins, une association caritative.

Cette épreuve en pleine nature propose deux distances : 800 m et 2 km. C haque participant peut courir à son rythme, car malgré l’effort réalisé, cette course reste un moment de partage, de fous rires et d’émulation réciproque entre spécialistes et débutants, acharnés et décontractés, jeunes ou plus âgés. En effet, vous pouvez aussi bien participer seul ou en équipe de trois personnes. Cette rencontre moulinoise met également en avant le côté éco-responsable de la manifestation avec des actions de sensibilisation et en réduisant les impacts négatifs sur l’environnement (communication, transport, gestion des déchets avec tri-sélectif sur le parcours, gobelets réutilisables, pneus recyclés).

L’inscription à la Course de Pneus Moulinoise est de 5 € et de 3 € pour les moins de 16 ans. Les fonds récoltés lors de cette course seront entièrement reversés au Restaurant du Coeur de Moulins sous forme de dons. La course est soutenue par plusieurs personnalités dont Miss Mayotte 2016 qui est marraine de la course mais aussi par Hirachidine Saindou, champion du monde de kick boxing qui lui est le parrain de celle-ci. Pour des informations supplémentaires sur la Course de Pneus Moulinoise, rendez-vous sur www.mayottemoulinoise.fr

Départ du directeur du CHM : “Vive le CHM, vive Mayotte !”

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Après quatre ans à la tête du CHM, Étienne Morel s’en va vers Wallis et Futuna. Hier, il donnait donc son pot de départ en présence d’une partie du personnel hospitalier et de plusieurs responsables de l’île. L’occasion de revenir sur son expérience à Mayotte, et de dresser un bilan de son action à la tête de l’établissement.

Voici venue l’heure du départ pour le directeur du CHM, É tienne Morel. À l’occasion de son pot de départ, donné hier, il a pu revenir sur ses quatre années passées à la tête d’un CHM parfois bousculé, mais dont il a vanté les mérites.

Son constat ? “Un environnement parsemé de difficultés quotidiennes” a-t-il entamé, avant de poursuivre “Mais aussi une évidence : la grande majorité des défis a été relevée. Des décisions importantes ont été prises : c’est le cas de la construction de l’hôpital de Petite-Terre, du développement de la psychiatrie, ou de l’augmentation du nombre de lits en pédiatrie et en maternité, de la résolution du dossier épineux d’un emprunt toxique, qui reste toujours un boulet, mais moins lourd pour les finances du CHM, du recrutement de 300 personnes, ou de la signature de la convention d’entraide médicale avec le CHU de La Réunion en 2013.”

 

Désengagement de La Réunion

 

Un CHU de La Réunion qu’Étienne Morel a tout de même souhaité épingler sur un point. “Le désengagement du CHU vis-à-vis de Mayotte est préoccupant, mais je l’espère momentanée.” En cause : des médecins “Qui ne viennent pratiquement plus en mission à Mayotte. Le CHU doit assurer son rôle d’établissement support, quelles que soient les difficultés rencontrées.” Et de rappeler “Qu’à l’heure où les établissements de l’océan Indien planchent sur le GHT (Groupement hospitalier de territoire, N.D.L.R), à qui on demande un projet médical partagé, n’y a-t-il pas là une contradiction flagrante ?”

Au-delà de ce point de doute avec nos voisins, ce sont les difficultés malheureusement classiques du CHM de Mayotte que le directeur en partance a tenu à soulever : un équilibre fragile sur les recrutements, “Certaines spécialités peinant à recruter, il faut travailler à améliorer l’attractivité”, et un budget toujours serré : “La dotation globale de fonctionnement a augmenté ces dernières années, c’est vrai, mais ne permet pas de combler la hausse vertigineuse de l’activité.”

 

“Un personnel qui se dévoue corps et âme”

 

Passé ce constat objectif, mais teinté d’optimisme, ce fut le moment des remerciements aux différents collaborateurs du directeur et aux institutionnels : préfet, directeur de l’ARS, etc. Un mot pour chacun d’entre eux, parmi lesquels Martial Henry et Thani Mohamed Soihili, ancien et actuel président du conseil de surveillance, respectivement qualifiés par le directeur de “Leader charismatique” et “D’infatigable défenseur des dossiers du CHM auprès du ministère” ; mais aussi la coordinatrice de la maternité, Zabibo Moendandze, à qui Étienne Morel a rendu un hommage plein d’humour : “La passionaria de la maternité, connue de toutes celles de métropole. Quand Zabibo tousse, le CHM tremble et même le directeur a intérêt à trouver rapidement des solutions ! Que d’énergie déployée.” Hommage aussi à “Un autre Thani, un des chauffeurs du CHM, connu de tous les médecins qui en usent, et parfois même abusent, mais qui est toujours disponible, toujours souriant. Il est le premier contact de tous. Une figure emblématique qui représente Mayotte de manière toujours positive.” Dans la foulée, le personnel n’a pas été oublié : “Je voulais remercier l’ensemble des personnels du CHM qui se dévouent corps et âmes pour sauver l’établissement.”

 

“On ne quitte pas Mayotte sans une pointe de nostalgie”

 

Quant à Mayotte, finalement le principal personnage de cette expérience de quatre ans, Étienne Morel lui a rendu un bel hommage aussi : “j’ai vécu des moments ici que je ne reverrai pas ailleurs (…) Dans quelques jours, je vais quitter cette belle île pour une autre belle île, non sans une pointe de nostalgie. Je souhaite au CHM de multiplier ses projets, de continuer à aller de l’avant et de maintenir un climat serein, cette cohabitation harmonieuse et positive entre personnels d’origines variées, une des bases de l’établissement, une pierre précieuse. Vive le CHM, vive Mayotte, je vous aime beaucoup.” C’est le 6 avril prochain qu’Étienne Morel quittera ses fonctions. Son successeur n’est pas encore connu. En attendant son arrivée, l’intérim sera assuré par sa directrice adjointe.

Braquage à main armée dans une boulangerie à Mtsapere

Lundi vers 20h, un individu a commis un vol avec l’usage d’une arme dans une boulangerie située non loin du rond-point du Baobab à Mamoudzou. Il a en effet menacé la vendeuse au moyen d’une arme de poing et dérobé son sac à main contenant les 700 euros de la recette du jour. Il est impossible pour le moment de savoir s’il s’agissait d’une arme factice ou pas. L’auteur environ 18 ans, au visage dissimulé par un tissu ainsi qu’une grosse paire de lunettes blanches a pris la fuite à pied. Les investigations sont toujours en cours.

Des listes de clandestins envoyées aux mairies

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Manifestation en soutien à l’habitante de Bouéni poursuivie pour expulsion illégale, courriers de la mairie de Chirongui demandant aux logeurs soupçonnés d’héberger des clandestins de cesser immédiatement… Les affaires de décasages sont loin d’être terminées. 

 

« Un collectif pour la défense et la protection de la population de Poroani m’a saisie par courrier daté du 22 janvier pour dénoncer une liste de personnes qui logent des immigrés en situation irrégulière dans le village de Poroani. Je vous informe par la présente que vous figurez dans la liste. » Le courrier officiel signé de la mairie de Chirongui est daté du 7 février et exhorte son destinataire « de bien vouloir prendre les dispositions qui s’imposent pour arrêter cette infraction ». Cette mise en demeure précise qu’un courrier accompagnée de cette liste a également été adressé au procureur de la République de Mayotte.

 

Interrogée par téléphone, une adhérente du CODIM, le Comité pour la défense des intérêts de Mayotte explique : « Certains membres du collectif recensent effectivement les clandestins, les sans-papiers de leur commune et transmettent ces listes à leur mairie ». Nous avons essayé de joindre la mairie de Chirongui pour avoir des explications sur ces courriers – Est-ce avéré que les personnes contactées hébergent effectivement des personnes en situation irrégulière ? La mairie compte-t-elle vérifier que « les dispositions » ont été prises ? Si oui, quand ? – mais nos appels sont restés sans réponse. 

 

 

Le CODIM solidaire de l’habitante soupçonnée d’expulsion illégale

En attendant la décision de justice qui sera rendue le 5 avril dans l’affaire de cette habitante de Bouéni poursuivie pour expulsion illégale et injure à caractère raciale (voir Flash Infos du jeudi 16 mars), le CODIM a décidé de manifester « tous les week-ends » en soutien à la prévenue, a indiqué Maila Mouhadji, membre du comité. Ainsi, dimanche dernier, une centaine de personnes ont arpenté les rues de Bouéni pour signifier leur soutien à Mme A. Un témoin présent sur place nous raconte : « Il y avait entre 80 et 100 personnes (…) et autant de gendarmes que de manifestants ». Contactée par téléphone, la Préfecture a exprimé son souhait de ne pas communiquer sur le dispositif mis en place dimanche dernier.

D’après un autre témoin, une réunion a eu lieu vendredi dernier au village pour discuter de cette manifestation. Inquiétée, la victime du décasage du 15 mai 2016, hébergée par des amis, a prévenu la gendarmerie et déposé une main courante. 

 

 

 

 

[DOSSIER] Les Mahorais et l’armée française

Engagez-vous, rengagez-vous

 

La nouvelle a été annoncée récemment par le colonel Bariety, Chef de corps du Détachement de la Légion étrangère de Mayotte (DLEM): une antenne du Cirfa, le centre de recrutement de l’armée de terre va ouvrir à Mayotte l’été prochain. Signe que l’armée suscite un réel enthousiasme parmi les jeunes demandeurs d’emploi. 

D’autant que ces derniers peuvent aussi compter sur le bataillon du service militaire adapté, un outil d’insertion social et économique qui a fait ses preuves et qui est cité comme un exemple en métropole. 

Si aujourd’hui chacun peut s’engager librement à l’armée, ce n’était pas le cas au siècle dernier, notamment pendant les deux guerres mondiales. A Mayotte comme dans les anciennes colonies françaises, les enrôlements forcés étaient ainsi légion. 

Mayotte Hebdo vous propose à ce titre de mettre en lumière le rapport des Mahorais avec l’armée française sur plusieurs générations. 

Pourquoi s’engager? Que retiennent-ils de leur expérience sur le front? Comment s’est passée leur reconversion? 

Alors que l’armée est parfois nommée la grande muette, les vies de ces héros mahorais n’auront plus de secrets pour vous. 

→ Un grand merci au passage aux archives départementales de Mayotte pour leur contribution à ce dossier.

 

 

Les soldats Mahorais pendant la 1ère guerre mondiale (1914-1918)

 

Les archives départementales de Mayotte ont réalisé en 2011 ont réalisé un dossier sur « Mayotte et sa région dans la Grande Guerre ». Nous vous proposons de publier les extraits relatifs à la participation des soldats mahorais au conflit. 

 

La mobilisation et le départ à la guerre

 

S’agissant du recrutement des Comoriens (A l’époque, il n’y avait pas encore de distinction entre les Mahorais et les Comoriens. Les Comoriens désignent donc ici les habitants de l’archipel des Comores), des télégrammes donnent des indications sur les hésitations du ministère de la Guerre. Le 1er décembre 1914, la possibilité de la mise en place d’un bataillon malgache pour combattre en Afrique de l’Est est envisagée mais l’attention du cabinet militaire du gouverneur général est attirée sur l’inconvénient possible que représenterait l’emploi de Comoriens contre des indigènes de Zanzibar voire contre des compatriotes incorporés à l’armée allemande: en effet des Comoriens ont émigré vers le Tanganyika (ancien pays d’Afrique de l’Est issu de l’indépendance du territoire du Tanganyika et est devenu la Tanzanie actuelle par association avec le Zanzibar en 1964). Finalement, aucun corps expéditionnaire n’est levé vers l’Afrique à partir de Madagascar. 

Les hésitations se poursuivent, quand à la fin de l’année 1915, les recrutements de tirailleurs deviennent plus massifs dans toute l’Afrique. La possibilité d’envoyer des soldats comoriens aux Dardanelles est envisagée le 11 septembre 1915. La réponse donnée par la colonie le 16 septembre est que le recrutement de Comoriens compliquerait la mise en place de compagnies malgaches. En effet, il serait impossible de prendre en compte la spécificité de leur alimentation. De plus, se pose le problème de leur relève: ils ne sont pas assez nombreux pour constituer la totalité d’un détachement. 

Le recrutement dans les provinces côtières et les îles est fortement relancé en 1916. C’est probablement à ce moment-là que sont recrutés le plus grand nombre de Comoriens (491 en 1917, selon les archives de la République malgache) dans les régiments et les batillons de marche et d’opération malgaches et somaris. 

De nombreuses mesures sont prises pour encourager les Comoriens à venir rejoindre les troupes: le coût de leur transport est pris en charge, des aides sont accordées à leur famille. Les hommes passent d’abord devant des commissions de recrutement qui font appel aux chefs de villages pour repérer les futures recrues. Des visites médicales sont organisées aux différentes étapes mais laissent tout de même passer de nombreux malades, d’après les rapports militaires. 

 

Sur le front

 

Le gouvernement français, malgré l’insistance du gouverneur général, souhaite que les soldats comoriens soient avant tout employés comme ouvriers. Ainsi, outre les soldats qui faisaient partie du 1er bataillon malgache ou du bataillon de tirailleurs somalis, impliqués dans les grandes batailles, les autres Comoriens ont dû effectuer de nombreuses tâches de soutien au service des armées alliées. 

Les hommes, partis sous le statut de tirailleurs, sont employés à des taches de réfection des routes ou des chemins de fer. 

Il n’est pas possible de trouver des courriers de tirailleurs comoriens partis à la guerre pour connaître leur état d’esprit. Des suicides ou des désertions qui se sont produites au cours du voyage vers le front démontrent que les engagements ont été souvent contraints. Le choc de l’arrivée sur le front a dû être d’autant plus important pour ces soldats. De plus, les travaux qui leur sont demandés peuvent les amener à établir une comparaison avec les corvées ou les prestations qui leur étaient demandées dans leurs îles respectives. Les liens tissés aux armées suppléent toutefois à l’éloignement du village d’origine ou à la famille. 

 

La mémoire de la guerre

 

L’absence d’un monument aux morts officiel aux Comores, que ce soit à Dzaoudzi qui est resté le chef-lieu de la province jusqu’aux années 1950 ou à Moroni par la suite, est significative de l’oubli dans lequel sont tombés les soldats comoriens et mahorais qui avaient pourtant combattu. Le seul lieu de mémoire rendant hommage aux tirailleurs des Comores est le monument aux morts du lac Anosy à Antananarivo.  

 

Un Mahorais pendant la seconde guerre mondiale (1939-1945)

 

En 1939, juste avant la déclaration de la seconde guerre mondiale, des enrôlements forcés ont lieu à Mayotte comme dans de nombreuses colonies françaises. En 2009, Mayotte Hebdo avait effectué le portrait de Boinali Souprit, qui faisait partie à l’époque des derniers soldats de l’île à avoir vécu de l’intérieur la seconde guerre mondiale. Il est décédé depuis, en 2012. Nous vous proposons de découvrir ou de redécouvrir son parcours. 

 

A le voir, avec sa petite taille et son air chétif, on a du mal à à croire que Boinali a combattu et survécu à la plus terrible des guerres qu’ait connu l’humanité. Une lutte qui a fait près de 60 millions de morts. Pourtant, c’est bien ce petit vieillard guilleret qui est parti affronter les impitoyables nazis et les fascistes italiens. Des armées dont la cruauté nourrit aujourd’hui encore de nombreux films hollywoodiens. Et même s’il n’a rien d’un héros hollywoodien, il fait bien partie de ceux qui ont écrit l’Histoire.

L’aventure militaire de ce Mahorais commence alors qu’il a à peine 21 ans. Nous sommes en 1939, juste avant la déclaration de la Seconde guerre mondiale. « Des gens sont arrivés un matin dans le village et ils ont commencé à nous examiner. » À Mayotte comme dans de nombreuses colonies françaises, les hommes n’avaient pas leur mot à dire. Des enrôlements forcés auxquels beaucoup échappaient en s’enfuyant dans les champs. « Moi j’ai passé mes examens avec quatre autres Mahorais de mon village. Deux d’entre nous ont été retenus.  » Une semaine après, Boinali Souprit est envoyé à la base militaire de Diego, à Madagascar. C’est là qu’il apprend les bases du combat et du maniement des armes.

 

« Nous n’avions pas peur, parce que la victoire serait à nous »

 

Quelques mois plus tard, la Seconde guerre mondiale éclate. D’Anjouan, Mohéli, Grande Comore ou de Mayotte, 20 autres Comoriens se trouvent dans lamême compagnie. « On mettait ensemble les soldats qui se comprenaient. C’est ainsi que je me suis retrouvé avec tous les soldats africains de la région. » Il est ensuite transféré à Djibouti qui sera sa base jusqu’à la fin de la guerre.

Après l’appel du général de Gaulle, les compagnies françaises basées en Afrique décident de rallier le monde libre, créant ainsi les FFL (Forces françaises libres). « Nous n’avions pas peur, parce qu’avant même d’aller nous battre le général de Gaulle nous avait dit que même si la France est occupée, c’était une grande nation, et que nous n’avions pas à nous inquiéter parce que la victoire serait à nous. Il a su nous rassurer et nous redonner courage. » Le Mahorais se retrouve au sein des BMCM (Bataillons de marche comorien malgache), sous le commandement du général Legentilhomme.

 

« Lorsqu’on est au combat on n’a pas le temps de penser à la mort. Dans nos têtes, nous étions déjà morts »

 

Dans la journée du 22 juin 1940, la base de Djibouti est bombardée par les Italiens. Le premier bombardement auquel assiste Boinali. « Lorsqu’on est au combat on n’a pas le temps de penser à la mort. Dans nos têtes, nous étions déjà morts. On nous avait envoyé nous battre alors que nous n’étions pas des hommes de combat. On ne savait rien sur ce qui se passait, sur l’évolution de la guerre. On obéissait juste aux ordres. »Mais c’est surtout dans le désert que se déroulent la plupart des batailles. A Addis-Abeba, dans le désert, contre les Italiens, c’est la fameuse guerre du désert qui oppose l’armée coloniale libyenne de l’Empire italien à l’armée britannique gardant l’Égypte. Les forces de l’Axe seront bientôt reconfigurées sous l’égide l’Afrikakorps aux ordres du général Rommel. Des ennemis faces auxquels les Comoriens suscitent le rire de leurs compagnons.

« Les Allemands et les Italiens étaient vraiment imposants par leur taille. Quand ils nous voyaient, les Sénégalais se moquaient de nous. Ils disaient que les Français étaient vraiment bêtes d’avoir pris des soldats aussi petits. » Mais très vite, ils sauront aussi susciter le respect… « Les Sénégalais disaient que nous étions des diables, parce que nous arrivions à parler toutes les langues…  » En effet la plus grande partie des troupes alliées étaient issues du Commonwealth, notamment d’Afrique du Sud, de Rhodésie, du Nigeria et du Ghana, et renforcées par des troupes éthiopiennes, les soldats des Forces françaises libres et des Forces belges libres. Beaucoup parlaient swahili ou français. « Je me suis fait des amis africains, anglais et français. On était tous égaux car on était dans la même galère. » 

 

Blessé en 1942, à la bataille d’El Alamein, face aux 40 000 hommes de Rommel

 

Au fil du temps, les batailles se font de plus en plus dures, érodant le mental des hommes. Beaucoup y laisseront la vie comme dans la fameuse bataille d’El Alamein en 1942. Une victoire majeure. 14 jours terribles, inhumains, durant lesquels 3.700 soldats résisteront héroïquement aux 40.000 hommes de Rommel. Comme tant d’autres, Boinali Souprit sera blessé, mais il aura plus de chance.

« J’étais chef de pièce, je tirais au mortier. Mais c’est au cours d’une mêlée que j’ai été blessé. J’ai reçu une balle à la jambe gauche et je suis tombé. On m’a rapidement évacué à l’infirmerie. Une semaine après j’étais de retour au combat. J’ai eu de la chance, parce que il y en a qui se retrouvaient le ventre ouvert avec les tripes à l’air. Certains médecins devenaient fous à force de voir ça. Pourtant, je n’ai gardé aucune séquelle psychologique de ces évènements. J’aime toujours autant voir des batailles à la télé. » Pragmatique et fataliste, deux traits de sa personnalité qu’il nous prouvera à maintes reprises, notamment lorsqu’on lui demande ce qu’il a éprouvé la première fois qu’il a tué un homme. « Je ne suis pas parti pour tuer mais pour être tué. Je ne savais rien, on m’a juste dit va au combat. Pour moi on nous envoyait pour être tués. »

Anli Anroussi de Kani, Abdou Djoumoi de Passamainty, Ousseni Mchindra de Koungou… L’ancien combattant se souvient encore très bien de ses six compatriotes mahorais morts au combat. Des noms que beaucoup ont oubliés ou n’ont jamais connus. Pendant longtemps, le Tsingonien s’est interrogé sur les raisons de ces combats. « J’ai tout fait pour connaître l’origine de cette guerre. C’était apparemment un problème de terrain. Chacun voulait s’approprier celui de son voisin afin de posséder tout ce qui s’y trouve et en diriger les hommes. Pour moi, ça n’a pas de sens de s’entretuer, juste pour ça. Chacun doit rester chez lui. » La guerre finie, lui et tous les autres survivants de la région sont renvoyés à Madagascar. Mais c’est seulement au bout d’un an qu’ils pourront rentrer chez eux. « Depuis, plus personne ne s’est occupé de nous. » Après plusieurs années plongées dans l’oubli. Boinali et ses camarades ont enfin pu bénéficier de la retraite à laquelle ils avaient droit. A travers l’association des anciens combattants, le commandant Boina a pu retrouver tous ces soldats inconnus à qui on n’avait même pas donné de carte de vétéran. Avec 450 euros de retraite annuelle Boinali Souprit est limité à un train de vie ascétique mais, comme à son habitude, il ne se plaint pas : « Je vis correctement, c’est l’essentiel ». [Halda Toihiridini]

 

Commandant Boina, ancien de la guerre d’Algérie

 

Le commandant Boina est une figure de Mayotte. Pourtant qui connaît vraiment son histoire? Le Pamandzien est l’un des seuls Mahorais à avoir combattu pendant la guerre d’Algérie (1954-1962). Une expérience qui ne l’a pas laissé indemne: il est rentré de la guerre avec son terrible cortège de souvenirs. Pourtant cela ne l’a pas empêché de faire carrière dans l’armée, une « vocation » pour lui. Rencontre. 

 

« Quand ce genre de souvenirs revient dans mon sommeil, je les chasse de ma tête ». Ali Boina est un ancien soldat mahorais qui a participé à la guerre d’Algérie (1954-1962).

 

« Je suis parti plusieurs fois en opération là-bas », se souvient-il. « J’étais dans des unités de combat, avec la Légion étrangère et l’infanterie de marine. Nous nous occupions d’un barrage électrifié au niveau de la frontière tunisienne. J’ai vu des soldats ennemis prendre des balles ou sauter sur des mines. Je m’en suis bien sorti dans la mesure où je n’ai jamais reçu une balle. J’ai juste été blessé accidentellement à la jambe. » En Algérie, Ali Boina n’a pas croisé d’autre Mahorais. « Il y avait aussi un détachement de soldats comoriens en Algérie, mais il n’est pas resté longtemps », ajoute-t-il. » Il était ainsiq mal vu que des musulmans combattent d’autres musulmans. D’autres Mahorais, comme l’adjudant Ramia Maliki (décédé il y a quelques années) ont par ailleurs participé au conflit, mais ils ne sont pas restés longtemps sur le terrain. »

 

« Je luttais contre le sentiment de culpabilité »

 

Après la guerre, Ali Boina est « paumé ». Il trouve malgré tout la force de continuer ses études tout en s’efforçant d’effacer de sa mémoire ce qu’il a vu pendant cette guerre. « Je luttais aussi contre le sentiment de culpabilité », ajoute-t-il. « J’ai réussi à le surmonter en me disant que j’avais fait mon devoir. »

 

Même si la guerre d’Algérie a constitué un traumatisme pour lui, Ali Boina a toujours rêvé de faire l’armée. « C’était une vocation, je voulais faire une carrière technique dans le génie militaire, où j’ai toujours servi ».

Ali Boina naît en 1938 à Pamandzi. Il est le deuxième d’une fratrie de 10 enfants. Après l’école primaire à Pamandzi, il poursuit sa scolarité au lycée Galliéni à Tana (Madagascar). « Je suis allé là-bas à l’âge de 9-10 ans », se souvient-il. » J’étais interne. J’y ai côtoyé des personnages comme Younoussa Bamana, le docteur Martial Henry, ou encore Ali Soilih (ndlr: ancien président des Comores). »

Après 7-8 années à Madagascar, Ali Boina revient à Mayotte. En attendant son départ pour l’armée, il effectue son premier emploi au secrétariat du médecin commandant de l’hôpital. Ce dernier lui confie alors : « Vous ferez une bonne carrière dans l’armée ».

Il n’en fallait pas plus pour qu’Ali Boina s’y engage, en 1959. Il va à Majunga pour rejoindre la 1ère compagnie d’infanterie marine. Direction ensuite le centre d’instruction du Génie à Avignon où il reste pendant 4 mois et où il est nommé caporal. Il part ensuite en Algérie où il obtient le grade de sergent.  

Après deux ans sur le front, il est muté au 2ème régiment du Génie à Metz, où il suit une formation d’électromécanicien. « On m’a ensuite rappelé à Avignon », indique Ali Boina. Là-bas, on demandait des volontaires pour retourner en Algérie, alors que la guerre s’achevait. J’ai postulé et y suis retourné 10 mois, pour faire le « déménagement ».

 

Après son deuxième séjour en Algérie, il est affecté à Kehl (Allemagne), où il prépare le concours d’entrée d’officier. Il le réussit et est envoyé en formation aux écoles de Saint-Cyr Coëtquidan (56).

Nommé sous-lieutenant, il est muté et envoyé à l’école d’application du Génie à Angers. Puis il retourne à Kehl. Après cela, il est envoyé en formation à l’école supérieure du génie à Versailles pour obtenir un diplôme technique.

Après un autre retour en Allemagne, il est affecté à Vélizy-Villacoublay au commandement du génie de l’air pour effectuer la surveillance technique des bases aériennes.

Ali Boina reste ensuite dans le domaine aérien, puisqu’il rejoint la direction des travaux du génie de Paris pour une mission de construction et de maintenance des ouvrages militaires. « J’étais chef de secteur de la zone nord, au mont Valérien (Hauts-de-Seine) », précise-t-il. Direction ensuite l’école de formation des officiers à La Flèche (72200), où il est chargé de la restauration et où il réalise des conférences sur l’arme du génie.

 

Un retour à Mayotte synonyme de déceptions

 

Ali Boina termine sa carrière au grade de commandant. Il retourne à Mayotte en 1986. « J’ai alors vécu beaucoup de déceptions », raconte avec amertume le commandant Boina. « J’avais ouvert une entreprise de BTP, mais on m’a barré la route. Je me suis par ailleurs lancé en politique mais cela n’a pas marché ». Peut-être pas un hasard pour quelqu’un qui, plutôt qu’une départementalisation de Mayotte, proposait un statut autonome pour l’île, à l’instar de la Nouvelle-Calédonie. « C’est un battant, quelqu’un qui se bat pour ses idées », confie un de ses proches.

 

Le Commandant Boina part ensuite aux Comores pour travailler dans le cabinet du président Said Mohamed Djohar, jusqu’à la destitution de ce dernier. « Je me suis occupé des affaires mahoraises, un sujet délicat pour un autonomiste », sourit-il.

Quoi qu’il en soit, l’homme n’a jamais coupé le cordon avec le milieu militaire, même après sa retraite. Pendant 20 ans, il occupe le poste de président des anciens combattants de Mayotte. « J’ai beaucoup travaillé pour faire obtenir aux anciens et aux veuves une retraite décente », dit-il. Il s’occupe aussi de restaurer la tombe du dernier poilu mahorais à Pamandzi, avec le concours de la Légion étrangère de Mayotte. Encore aujourd’hui, il est le délégué général du souvenir français pour Mayotte. Il participe aussi aux différentes commémorations. Il tient malgré tout à rester modeste sur son passé militaire: « Je n’ai jamais fait état de mes décorations, ni accepté les propositions pour me voir remettre d’autres médailles », souligne-t-il. « Ce que j’ai obtenu me suffit. »

Il garde par ailleurs un statut « d’observateur » de la société mahoraise. Pour, on l’espère pour lui, de nombreuses années. Son père a bien vécu 110 ans… [Olivier Loyens]

 

Attoumani Mohamed, de mer en mer au service de l’armée

 C’était il y a 45 ans, Attoumani Mohamed rejoignait la marine. Les pays du Golf Persique, l’Amérique, ou encore les îles du Pacifique : c’est en bateau que l’ancien militaire a parcouru le monde. Aujourd’hui âgé de 65 ans, il nous plonge dans ses 22 ans au service de l’armée, ses « plus belles années », comme il les appelle.

 

Il est le président des anciens combattants de Mayotte, mais il est surtout une figure mahoraise de l’engagement militaire. De 1972 à 1993, Attoumani Mohamed était opérateur radio dans la marine nationale. Vingt-deux ans d’engagement, mais aussi d’amour du métier: « J’adorais mon métier je m’impliquais énormément », se souvient-t-il. C’est à l’âge de 18 ans que l’homme, originaire de Sada, décide de se lancer dans l’armée. « Je n’étais pas renseigné plus que ça, je fonçais tête baissée », raconte-t-il. Mais il est fasciné par la discipline militaire, et lorsque ses amis lui tendent des prospectus sur les recrutements dans l’armée, il n’hésite pas une seconde : « Il fallait que je tente l’aventure ». Alors en première au lycée de Moroni, il passe les tests pour entrer dans la marine. « Je suis un enfant de la mer, je voulais me sentir chez moi, peu importe l’endroit où j’allais être », explique-t-il. Tests concluants, le Sadois prend le large. La Réunion, la métropole, les îles de la Grèce, la Floride, mais aussi l’Inde, à bord des grands navires. Il visitera le monde. « Je ne pourrais pas tous les citer », tant la liste est longue, tant le temps est passé. Une vingtaine d’années d’exercice durant lesquelles jamais l’envie d’arrêter n’apparaitra. Des collègues qui deviendront des frères, un métier passionnant, des paysages à couper le souffle, « Je ne pense pas avoir eu de mauvais souvenirs », assure-t-il.

Les conflits, Attoumani Mohamed ne les a pas vécus. Etant sur la côte libanaise, il a vu de loin la guerre civile qui ravage ce pays dans les années 70. « Mais nous n’étions pas concernés, je ne me suis jamais retrouvé directement en zone de conflit », précise-t-il. Tous ces déplacements ne l’ont pas empêché d’avoir une vie de famille. Au contraire, cette dernière vivra au rythme de ses mutations. Tahiti, Sénégal, Toulon, sa femme et ses quatre enfants découvriront le monde avec lui.  Trois de ses enfants feront l’école militaire, « C’était important pour moi », précise-t-il. Tous les cinq ans, le militaire rentrera se ressourcer sur son île jusqu’en 1994, où il décide de rentrer définitivement. « J’avais assez donné à la marine, je voulais rentrer servir Mayotte », explique-t-il.

De 1994 au 1er janvier 2017, il sera conseiller principal d’éducation au lycée agricole de Coconi. « Une deuxième carrière fructueuse », se réjouit-il. Lors des journées portes ouvertes dans les établissements ou au BSMA, Attoumani sera invité pour des interventions sur l’engagement militaire. « J’essaye de faire comprendre aux jeunes qu’il faut s’engager par passion. Qu’il faut se construire une carrière, apprendre un métier, et non pas rentrer par défaut, et repartir au bout de quelques années, découragé ». Il regrette par ailleurs qu’à Mayotte cet engagement ne soit pas pris au sérieux « Dans la société mahoraise, les militaires sont souvent perçus comme des vagabonds, il n’y a pas de reconnaissance à notre retour. En métropole, nous sommes plus considérés », déplore-t-il. [Anastasia Laguerra]

 

L’amicale des Bretons de Mayotte fête la saint Patrick

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Le samedi 18 Mars, au restaurant le Mekong de Pamandzi, l’Amicale des bretons de Mayotte se réunit pour fêter la Saint- Patrick. Au programme de la soirée, un repas et une soirée Karaoké.

 

Pour l’association, cet évènement est l’occasion de réunir ses adhérents et les curieux. A l’occasion de la Saint Patrick, ce samedi 18 mars, l’amicale des Bretons de Mayotte organise au restaurant Le Mekong à Pamandzi un grand repas suivi d’une soirée karaoké. Créée en 2005, l’association a pour but d’accueillir les nouveaux arrivants et de promouvoir la Bretagne à Mayotte par l’organisation de représentations et rassemblements. Mais l’objectif de l’association est aussi de développer les échanges culturels et économiques entre la Bretagne et Mayotte. L’Amicale aide les nouveaux arrivants à s’intégrer plus facilement dans leur nouvel environnement. Pour tous les membres, il s’agit de ne pas totalement couper le lien avec leurs « racines » tout en créant un réseau amical qui peut se prolonger dans la vie professionnelle. L’Amicale des Bretons de Mayotte est aussi créé dans l’optique d’un véritable échange interculturel entre la Bretagne et Mayotte.

 

A ce titre, l’association a créé un logo qui symbolise cette volonté d’échange puisqu’elle représente l’identité des cultures mahoraises (avec une Hippocampe) et bretonnes (avec une hermine). Mais l’association s’active aussi toute l’année pour proposer des activités à ses adhérents: randonnées, sorties bateau et découverte du patrimoine naturel mahorais.

Les faits divers de la semaine : cambriolages, interpellation, abus de confiance …

Un des caïds de Tanafou enfin attrapé

La police a interpellé cette semaine « un des membres les plus importants de la bande de Tanafou » qui avait été particulièrement active ces derniers mois (vols, cambriolages, agressions, coupeurs de routes, etc.). Cette intervention était conduite dans le cadre d’une commission rogatoire.

 

Deux individus interpellés en possession de 44 t-shirts du lycée de Petite-Terre

La brigade anticriminelle a procédé à l’arrestation jeudi dernier à Kaweni de 2 individus en possession de matériel et de chaussures neuves de chantier, 44 t-shirts bleus estampillés « Lycee Petite Terre » et divers objets provenant de cambriolages. Lors de la palpation, ils étaient également porteurs d’un cutter et d’un chumbo.

 

Abus de confiance: la secrétaire d’un cabinet d’avocat placée en garde à vue

La secrétaire d’un cabinet d’avocat a été placée en garde à vue cette semaine dans le cadre d’une enquête conduite par les policiers de la sûreté urbaine du commissariat de Mamoudzou, après que celle-ci ait volé une enveloppe contenant 500 € destinée au cabinet en règlement de prestations. Pour masquer son forfait, elle a établi une fausse requête en divorce qu’elle a remise à la cliente.

 

La Croix-Rouge cambriolée

Dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, l’organisme la Croix-Rouge a été victime d’un vol avec effraction dans ses locaux à Passamaïnty. Le portail et la grille de protection d’accès aux bureaux du centre de la croix rouge de Passamaïnty ont été arrachés permettant aux voleurs de dérober du matériel informatique. 

 

Le 1er salon des cocos et bacocos verra le jour en septembre

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Alors que le salon des seniors s’est achevé il y a quelques jours à La Réunion, Mayotte a annoncé ce mercredi, qu’elle ouvrira à son tour son premier salon des cocos et des bacocos, en septembre prochain. L’initiative, portée par l’organisme de formation Somahazi et la FMAPAR (fédération mahoraise des associations des personnes âgées et des retraités), entend donner la parole à ce public souvent oublié.

 

Les personnes âgées seront mises à l’honneur dimanche 3 septembre 2017 au comité du tourisme, à travers le 1er salon des cocos et des bacocos. Les exposants seront les acteurs engagés dans le bien-être des + de 50 dans le territoire, principalement les associations, qui sont au nombre de 24 à Mayotte. Le salon s’articulera autour de huit thématiques, nommées “dago” (maison en mahorais). La santé, les assurances, l’emploi, l’habitat, le tourisme, le service à la personne, et les démarches administratives. Que ce soit du côté des organisateurs (Somahazi, FMAPA R, et conseil Départemental) ou des partenaires tels que l’ARS et la CSSM , tous s’accordent à dire que ce sont les aînés qui créeront ce salon. “On organise ce salon avec eux, et non pas pour eux. Ils seront maîtres de ce salon, on ne fera qu’aider”, rassure Mirhane Abdallah, membre de Somahazi. Une manière de redonner un peu d’autonomie à ces seniors, qui profiteront de cette occasion pour présenter leur savoir-faire, (couture ou encore massage), mais surtout de leur donner de la visibilité. “Les personnes âgées ne sont pas reconnues ici à Mayotte malheureusement. Pourtant, certaines font face à une grande précarité. Que ce soit au niveau de la santé, de l’habitat, ou des revenus”, explique Bacar Hadurami, président de la FMAPA R. Financée par le conseil Départemental, cette initiative devrait s’étendre à l’avenir sur plusieurs jours, si la première édition est concluante

Enquête – « C’est la faute de l’État ! » Vraiment ?

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Pénurie d’eau à Mayotte? « C’est la faute à l’État ! » Grèves récurrentes et interminables ? « C’est la faute à l’État ! » Vie chère ? « C’est la faute à l’État ! » Mayotte va mal ? « C’est la faute à l’État !  » Oui, mais est-ce vraiment toujours le cas ? Si l’État français n’est certes pas irréprochable dans la situation difficile dans laquelle se trouve l’île aux parfums, peut-on objectivement tout lui mettre sur le dos ? Et si, de temps en temps, Mayotte se regardait en face ? Tâchons de dénouer la responsabilité des uns… et celle des autres.

 

« Sans responsabilités, on se sent le corps léger », nous dit un proverbe chinois. Inutile d’en dire plus. Les dernières semaines l’ont montré. Le manque d’eau ? C’est la faute de l’État. Les grèves interminables ? C’est aussi la faute de l’État. Les écoles primaires surchargées et en piteux état ? C’est évidemment la faute de l’État. Le manque d’argent ? Cela va de soi, c’est la faute à l’État ! Bref : la liste des reproches imputables à l’État est longue et contient la quasi-totalité des problèmes de Mayotte. Oui, mais est-ce vrai… pour de vrai ? Ou en tout cas, l’est-ce à chaque fois ? Si cet État a évidemment sa part, voire même la totalité, de la responsabilité sur certains points – on pense notamment à la sécurité, à la défense de la propriété privée, ou à l’immigration clandestine, sur lesquelles il est le seul à avoir agir -, l’accuser à tort et à travers relève parfois plus de la mauvaise foi et de la facilité que de la réalité.

Petite revue en six points des idées reçues à Mayotte sur les torts de Paris. Où l’on découvre que les responsabilités ne sont pas toujours là où elles ont l’air d’être.

 

« L’État n’entretient même pas les routes ! »

C’est le problème que vivent chaque jour des milliers d’automobilistes de Mayotte. L’état de certaines routes n’a, par endroit, pas grand-chose à envier à celles de nos voisins. Entre les trous, les chaussées noyées à la saison des pluies, et les nombreux déchets naturels (ou pas) qui se retrouvent dessus faute d’entretien des abords, les routes de Mayotte ne fleurent pas bon les trajets cheveux aux vents. « Mais que fait l’État ? », est-on donc en droit de se demander. Et bien… bien plus que ce qu’il serait en droit de faire.

Pour bien comprendre, il faut savoir que, à Mayotte comme ailleurs, la compétence de la voirie est partagée entre différentes collectivités. L’État – au travers de la Deal – s’occupe ainsi des routes nationales, le Département des routes départementales, et les communes des voies communales. À chacun son problème en somme. Oui, sauf que chez nous, le Conseil départemental, faute de budget et d’agents en nombre suffisant (« seulement » 3000 employés), délègue l’entretien à la Deal. En somme : la Deal met à disposition ses agents, son matériel, mais aussi son expertise, en soumettant chaque année des interventions que le Département est libre ou non d’accepter. Celles-ci sont faites en fonction des moyens que le Département souhaite allouer à l’entretien de ses 140km de routes départementales, mais aussi ses agents et son matériel. Le tout… gracieusement. Rien pourtant n’oblige ce satané État à prendre en charge une compétence dont il n’a pas la responsabilité. 

Mieux : L’Etat n’est en théorie responsable du nettoyage des caniveaux que pour ceux qui bordent ses routes; pourtant il l’effectue aussi parfois au bord des routes départementales et des voies communales.  « Lorsqu’on a des situations très critiques, si la commune ne peut pas entretenir ses caniveaux et que cela risque de dégrader nos ouvrages routiers, nous prenons la décision d’intervenir à leur place, même si ce n’est pas notre rôle », expliquait le chef du service Infrastructure, sécurité et transports à la Deal, dans une enquête sur le sujet parue dans Mayotte Hebdo n°739.

Finalement, si les routes départementales et communales sont par endroit en bon état, et bien c’est en bonne partie grâce à l’État. Comme quoi…

 

 

« L’État ne fait rien pour qu’on ait de l’eau ! »

C’est le sujet – grave – qui fait parler depuis trois mois : la pénurie d’eau. Ou plutôt, le manque d’anticipation face à cette pénurie qui devait arriver un jour ou l’autre. Pourtant, s’il est vrai qu’un plan d’urgence aurait pu être mis en place dès le début de la crise et non pas sur sa fin, l’anticipation à long terme du besoin des populations n’est pas celle de l’État. C’est celle des communes, à travers le syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte (SIEAM). Et les prévisions étaient déjà éloquentes il y a 10 ans déjà. 

Le président de Mayotte Nature Environnement, Chamssidine Houlam, en témoignait dans Mayotte Hebdo n°781 : « Sur une estimation de consommation moyenne de 150 litres par jour et par habitant, c’est-à-dire sans tenir compte d’une trop grosse du niveau de vie de la population (la consommation moyenne en métropole varie entre 150 et 200 litres par jour et par habitant, N.D.L.R), et en intégrant la retenue collinaire d’Ourovéni qui était alors déjà prévue, la quantité d’eau disponible dans nos extrapolations était déjà insuffisante. »

Alors, certes, il sera toujours possible d’imputer cette inaction aux difficultés budgétaires des communes. Quoi que… pas tout à fait. Dans la séance de question au Gouvernement, à l’Assemblée nationale, du mercredi 8 février, la ministre des outre-mer Éricka Bareigts a tenu à rappeler que de nombreux moyens étaient mis à dispositions des acteurs locaux. Elle a ainsi rappelé que « 400000€ de crédits d’études pour la troisième retenue collinaire n’ont été consommés qu’à hauteur d’un tiers. De même, 14 millions d’euros dédiés à l’adduction en eau potable des fonds européens sont encore totalement disponibles. Aucun projet n’a encore été engagé! » Le tout en concluant : « J’invite les acteurs locaux compétents à pleinement se saisir des opportunités qui leur sont offertes. »

Finalement, l’argent, il y en a parfois. Encore faut-il aller le chercher.

 

 

« La vie est chère à cause de l’État ! »

Revendication récurrente : le coût de la vie à Mayotte ! Il est vrai qu’il est bien plus élevé que dans l’Hexagone. Le prix de certains produits est même effarant ! « L’État se fout de nous ! », entend-on ainsi régulièrement. C’est oublier un peu vite, que la principale taxe d’État, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), n’est pas appliquée dans les outre-mer. S’y substitue en revanche le fameux octroi de mer, censé protéger les productions locales, mais qui dans les faits s’applique à tous les produits arrivant sur l’île, même s’ils ne sont de toute façon pas produits ici. Et les taux d’octroi de mer sont fixés par… le Conseil départemental jusqu’à présent, et bientôt les communes. Deux octrois de mer existent : 2,50% maximum pour le taux régional, et libre pour l’octroi de mer général.

Pour ce dernier, les taux n’ont aucune commune mesure avec les autres départements d’outre-mer. Jugez par vous-mêmes : quand, à la Martinique, en Guadeloupe, en Guyane ou à La Réunion, la plupart des taux oscillent entre 4% et 8%, avec toutefois des variations sur certains produits allant jusqu’à 30% ou 60%, ils peuvent grimper à Mayotte jusqu’à 130%, et sont généralement à deux chiffres!

Dans le détail, en se penchant sur les différents taux on découvre que ceux votés à Mayotte sont… largement, très largement supérieurs, à ceux  votés dans les autres départements d’outre-mer. Quelques exemples… qui se passent de commentaires. 

 

« L’État ne donne pas de sous ! »

Entendons-nous bien, l’État n’est pas irréprochable sur ce point-là. Une preuve : si Éricka Bareigts a bien emmené avec elle, lors de sa visite à Mayotte, 42 millions d’euros emmenés dans la valise d’Éricka Bareigts destinés à l’aide sociale à l’enfance, il ne s’agissait pas d’un cadeau, mais d’un rattrapage sur neuf ans. Presque une décennie durant laquelle le Département, qui a cette compétence, avait dû s’asseoir dessus. Compte tenu du contexte migratoire et démographique de l’île aux parfums, autant dire que la mission était bien délicate à assumer. Cela dit, tout ne peut tenir à l’argent donné par l’État, et les collectivités locales ne sont pas exemptes d’une bonne gestion de leurs ressources. Et c’est là que le bât blesse parfois.

Dans son rapport sur la départementalisation de janvier 2016 sobrement intitulé « Une réforme mal préparée, des actions prioritaires à conduire », la Cour des comptes note les différents manquements de l’État dans la préparation de ce changement de statut, mais n’absout pour autant pas le Département de ses responsabilités. Ainsi elle remarque que « Le Département n’a pas su adapter en temps opportun ses structures pour assurer pleinement ses nouvelles compétences. »

Le rapport consacre par la suite une large partie aux effectifs de la collectivité, qualifiés de « Pléthoriques » quant à ceux affectés aux missions de soutien, « Au détriment » des missions d’intervention et des domaines stratégiques. « Les services du Département, est-il écrit, comprenaient au 31 décembre 2014, pas moins d’une trentaine de directions regroupées en cinq pôles opérationnels correspondant aux grandes missions de la collectivité, et deux pôles de soutien. À cette date, hors agent mis à disposition d’autres organismes contre remboursement et hors contrats aidés, le Département rémunérait 2762 agents. » Et de poursuivre « Avec 659 agents à eux deux, les pôles ressources-moyens généraux et finances concentrent 23,9% des agents du département ». Problème : « Les fonctions ressources-soutiens d’un département représentant habituellement de 10 à 15% des effectifs » et « La direction logistique et moyens, notoirement en sureffectif, compte à elle seule 424 agents. » À l’inverse, « Le pôle action sociale ne représente que 24% des effectifs, bien qu’il porte l’une des principales compétences. » Mention spéciale est accordée au service des barges et qui emploie « À lui seul, 284 agents », soit 10,3% des effectifs.

Par ailleurs, la Cour des comptes s’étonnait alors qu’en janvier 2016, 101 agents soient affectés à la justice cadiale, « Alors même que les missions des cadis ont été supprimées » et que « En dépit de leur demande, les 21 cadis et leurs agents n’ont toujours pas fait l’objet d’une réaffectation. » Si le statut des cadis est en train d’évoluer (voir Mayotte Hebdo n°782) vers celui de médiateur social, le Département a, jusqu’à ce changement, continué « À rémunérer des agents qui n’exercent aucune mission » : deux millions d’euros de masse salariale.

Dommage – voire très dommage lorsqu’est évoqué le manque de financements : la collectivité n’est pas en mesure d’exploiter la manne des financements européens autant qu’elle le pourrait. Une des raisons, mentionnée dans le rapport : « Au moment où le territoire accède au statut de région ultrapériphérique de l’Union européenne et devient éligible aux fonds européens structurels et d’investissement, force est de constater que la direction des affaires européennes, qui a vocation à servir de courroie de transmission entre la collectivité et l’Europe, compte seulement six agents. »

Un constat que n’arrange pas l’organisation de ce service puisque « Elle est insérée au sein du pôle économie et développement durable au lieu d’avoir un caractère transversal qui étendrait son champ d’intervention à l’aménagement du territoire, la formation ou l’action sociale. De même, la gestion des crédits et le suivi du contrat de plan État-région (toute d même 444 millions d’euros pour la période 2008-2014 et 378 millions d’euros pour 2015-2020, N.D.L.R) ne sont pas clairement identifiés dans l’organisation actuelle. » Et de conclure « Compte tenu des enjeux stratégiques que représentent l’éligibilité aux fonds européens et CPER pour le territoire, le Département devrait être doté de services mieux positionnés  et d’effectifs renforcés pour assurer le suivi effectif des dossiers relevant de ces domaines. »

Vraisemblablement, les effectifs « pléthoriques » de notre département ne sont donc pas affectés aux services les plus pertinents pour récupérer une partie de la poule aux œufs d’or. De quoi expliquer pour partie le déficit budgétaire de l’institution qui n’a, d’ailleurs, pas jugé nécessaire de tailler dans cette énorme masse salariale lorsque la Chambre régionale des comptes, en août dernier, a préconisé sa mise sous tutelle. Décision peu surprenante puisqu’en 2009 déjà, suite à une convention de restructuration financière avec l’État, le Département avait lancé un audit de ses services pour remédier « À de nombreuses carences dans l’organisation de sa fonction financière », comme l’explique le rapport de la Cour des comptes. Les conclusions rendues début 2012 ont confirmé et précisé les constats établis en ce sens. « Pourtant, note toujours ce même rapport, en dépit d’une réorganisation récente et importante, seules quelques améliorations mineures  ont été constatées. » Plus récemment, en 2015, et malgré les nombreuses remarques et constats sur son fonctionnement et ses effectifs, « Le coût des services du Département a été encore renchéri récemment parla décision de la collectivité d’étendre la « surrémunération » à ses agents. » Bonne volonté, vraiment ?

Enfin, n’oublions pas les communes qui, si elles sont elles aussi soumises à des contraintes budgétaires extrêmes, laissent parfois passer des financements. Ce fût le cas en janvier dernier. Dans le cadre de la Ligne budgétaire unique – un fond de l’État mis à disposition des communes d’outre-mer -,  les communes peuvent se voir rembourser une partie des coûts engendrés par l’aménagement de leur territoire. Or, à la date butoir du 31 décembre 2016, certaines communes mahoraises n’ont tout simplement pas ramené les dossiers. Et ce, malgré les relances… de la préfecture. Dix millions consacrés à Mayotte sont ainsi repartis vers la métropole.

Fines gâchettes et dents broyeuses : les balistes

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La saison des pluies est aussi celle de la reproduction des poissons-baliste, craints des plongeurs pour le zèle qu’ils mettent à protéger leurs œufs le temps de l’incubation. Penchons-nous sur ces étonnants poissons anguleux aux motifs déconcertants qu’on dit peints par Picasso… 

 

Les balistes sont parmi les poissons les plus faciles à observer des récifs coralliens. Tout d’abord, ils sont relativement courants : il est presque impossible d’aller à l’eau à Mayotte sans en croiser au moins un, notamment le fameux baliste Picasso (Rhinecanthus aculeatus), qui aime les tout petits fonds des platiers, ou en plongée le baliste bleu aux dents rouges (Odonus niger), qui adore les tombants profonds. On compte 20 espèces à Mayotte (sur 40 dans le monde), avec une silhouette semblable mais des couleurs extrêmement variées, et occupant tous les milieux. Ensuite, ils sont peu farouches : ce sont des poissons robustes et téméraires, qui n’ont pas très peur des humains, et apprécient même parfois de les suivre dans l’espoir que l’on déplace une grosse pierre sous laquelle le baliste pourra trouver de petits animaux à dévorer. Enfin, les balistes sont faciles à reconnaître : de gros poissons trapus, aplatis sur les côtés, de forme élevée et anguleuse (parfois carrément en losange), avec des yeux placés presque au sommet du corps, et des joues très étendues pour une bouche ridiculement petite. 

 

Les scientifiques ajouteront un détail, qui leur vaut leur nom : les balistes possèdent au sommet et au bas du corps une grosse épine dure, qu’ils peuvent dresser en cas de menace ou pour la parade nuptiale. L’épine supérieure possède un mécanisme de verrouillage assez perfectionné et semblable à une gâchette de fusil : c’est de là que vient leur nom anglais de « triggerfish », mais aussi leur nom français, emprunté à une machine de guerre du Moyen-Âge (on connaît encore le mot « balistique », science des projectiles). Ces épines, non pointues, semblent avoir plusieurs usages : on a vu des balistes attrapés par un prédateur lui empêcher de fermer la bouche en tendant ces deux épines à la manière d’un bâton. Mais ils l’érigent aussi la nuit : les balistes dorment dans des cavités rocheuses, la tête la première, et ils s’y bloquent au moyen de leurs épines, empêchant un éventuel prédateur de les déloger en les tirant par l’arrière. 


Un beau baliste vermiculé (Pseudobalistes fuscus) juvénile, épine rentrée.

Les balistes sont en fait moins proches de l’arbalète médiévale que du tank : ce sont des poissons relativement patauds, lourdauds, mais particulièrement robustes et capables de s’attaquer aux blindages les plus solides. Vous ne les verrez jamais surgir tels des carangues pour happer en un éclair un petit poisson dans l’eau : les balistes nagent par ondulations de leurs nageoires supérieure et inférieure, à un train de sénateur, et n’accélèrent que brièvement, en cas d’urgence. En revanche, leur mâchoire, pourvue de grosses dents arrondies et tournées vers l’avant, peut éclater presque sans efforts les coquilles des coquillages, les carapaces des crabes, le squelette des étoiles de mer ou même les piquants des oursins. C’est principalement à cause d’eux que tous ces animaux vivent souvent cachés la journée ! Rien ne leur résiste, et quand ils mâchent un oursin-crayon géant comme vous le feriez d’une poignée de chips, les craquements peuvent être assourdissants sous l’eau. Ils peuvent même s’attaquer directement à la roche pour atteindre une proie cachée dans un trou, et les plus gros sont capables de soulever des pierres pour découvrir ce qui se cache en-dessous. Le plus puissant est sans doute le baliste titan (Balistoides viridescens), qui peut parfois approcher un mètre de long, et est célèbre pour la force de sa redoutable morsure. 

 

Mais ne vous inquiétez pas : les balistes ne sont pas des mangeurs d’hommes. Le seul risque, nous l’avions vu dans l’article du 14 Février, est quand ils surveillent leurs œufs dans le nid, pourchassant les intrus : il arrive alors qu’un plongeur un peu trop curieux subisse une morsure, parfois aussi sérieuse que celle d’un gros chien, mais en dehors de la couvaison ils préfèrent fuir face à un humain que se battre, même s’ils tentent parfois des postures d’intimidation – qui ne sont généralement que du bluff. L’observateur averti saura donc s’éloigner prudemment du nid dès que le baliste lève sa gâchette : il n’y a aucune poignée de dollars à gagner à jouer les cow-boys sous-marins. 

 

Vol en réunion à la sortie d’un magasin à Mamoudzou

Un client sortait du magasin avenue de l’Europe à Mamoudzou lorsqu’il a été encerclé par 5 individus. L’un lui tenait les bras pendant que les autres lui dérobaient son portefeuille dans sa poche. Les voleurs sont toujours recherchés.

 

Vol à la roulotte : il dérobe une enveloppe contenant 4 200 €

Un automobiliste bloqué dans le trafic routier dans la zone industrielle de Kaweni a été victime d’un vol à la roulotte le 13 mars dernier. Un individu a ouvert la portière et a dérobé une enveloppe posée sur les jambes du conducteur. Cette dernière contenait 4 200 € destinés à être déposés à la banque. Le délinquant est actuellement recherché. Ce fait divers rappelle l’importance de verrouiller ses portières lorsque l’on circule dans sa voiture et lorsque le trafic routier est ralenti.

 

D’handicapé à handicapable

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Ambdi Ousséni-Coco est un jeune mahorais qui a grandi en métropole. Devenu paraplégique à la suite d’un accident de plongée en 2012, il combat à présent les préjugés liés au handicap. Pour cela, il va réaliser un tour de l’île de Mayotte en fauteuil roulant du 20 au 31 mars. Mayotte Hebdo est parti à sa rencontre dans les locaux de l’ACE afin qu’il nous parle de son parcours. 

 

Ambdi Ousséni-Coco, surnommé « Docteur Léo », est un jeune homme de 27 ans ambitieux. Et plein de bonne volonté. Devenu paraplégique à la suite d’un accident de plongée en 2012, il vit aujourd’hui à Hamjago, village situé dans le Nord de l’île. 

 

Ambdi Ousséni-Coco estime qu’il a eu deux vies : l’une, passée, lorsqu’il était encore valide, et celle d’aujourd’hui. 

 

Sa première vie de valide 

 

Ambdi était animateur et artiste de hip-hop/reggae, et commençait à se faire connaître auprès du grand public. Il raconte: « En 2009, j’étais animateur et je m’épanouissais dans mon métier. J’avais commencé à écrire un morceau de musique sur la discrimination où je défendais la cause des handicapés, sans forcément prendre le sujet au sérieux. En 2012, j’ai décidé de reprendre ce titre avec d’autres artistes ». Peu de temps après survient son accident de plongée, qui le rendra paraplégique. Pour le jeune homme,  »il n’y a pas de hasard, ce qui est arrivé devait arriver. Cet accident n’est pas une coïncidence. » 

 

Sa deuxième vie « d’handicapable » 

 

A la suite de son accident, Ambdi a passé six mois dans un Centre de réadaptation à Lay Saint Christophe (54), près de Nancy. Il est tombé dans une forte dépression, d’autant que l’ambiance négative qui régnait autour de lui au centre ne l’aidait pas à surmonter cette difficile épreuve.

En juillet 2013, le jeune homme décide alors de rentrer à Mayotte auprès de sa famille et de ses proches.  »C’est là que je découvre ce que c’est que d’être handicapé. Tu deviens visible et à la fois invisible, tu existes mais tu n’existes pas, les yeux sont constamment rivés sur toi. J’ai alors découvert la solitude. » De ce fait, Ambdi ne voulait pas sortir de chez lui, honteux d’être handicapé. Mais grâce à son kinésithérapeute, le jeune homme trouve la force de franchir le cap. 

 

Néanmoins, le jeune homme voulait retourner en métropole mais après une multitude d’imprévus, il comprit que sa place était ici, auprès de ses proches, sur l’île.

 

 »Il faut donner un sens à sa vie », estime Ambdi, qui, entouré de sa famille et de ses amis, trouve la force de devenir un « handicapable ». En effet, il explique que  »ce n’est pas parce que je suis en fauteuil roulant que je ne suis capable de rien. Bien sûr j’ai besoin d’aide si je veux attraper quelque chose qui se trouve dans un placard en hauteur, mais je suis capable de beaucoup d’autres choses. La preuve aujourd’hui, je vais faire le tour de l’île en fauteuil roulant (du 20 au 31 mars, ndlr) ». 

 

Tour de Mayotte en fauteuil roulant 

 

Un projet né l’année dernière, et destiné à sensibiliser la population mahoraise sur le problème de l’accessibilité aux handicapés sur l’île. Ambdi contacte à ce titre Handicap International, qui ne lui répond pas. Heureusement, il reçoit le soutien de l’association ACE (Apprendre et Construire Ensemble). Il considère aujourd’hui cette association comme sa deuxième famille. 

« Le sens de ma vie, c’est faire le tour de l’île pour montrer non pas l’handicapé mais l’handicapable que je suis. Mayotte est en souffrance et si je peux contribuer à la faire évoluer, j’y consacrerai toute ma vie ». Le jeune homme plein d’enthousiasme aimerait que ce tour de l’île fasse du bruit dans le monde entier. Ambdi n’a aucune appréhension en ce qui concerne les quelques 150 kilomètres qui l’attendent. Sa famille et ses amis seront ainsi présents pour l’épauler et lui donner le courage d’avancer et de dépasser ses limites.  »Je ne suis pas sportif, je m’entraîne un minimum », explique-t-il. »Je sais que je vais être essoufflé et fatigué et que ça va être dur, mais mes proches seront là. Un de mes amis dit que tous unis on va plus loin, et il a totalement raison ».

C’est la solidarité qui va primer dans cette épreuve qui débute le 20 mars. »Houdhayati (présidente de l’Association départementale de parents et amis de personnes handicapées mentales) et Asmine (assistance sociale du CCAS de Bandrélé) s’occupent de nous trouver des familles pour nous héberger dans les villages-étapes », précise-t-il. 

Ambdi ne perd jamais espoir et continue d’avancer sur son ambitieuse lancée. Dans le futur, il souhaite mettre en place un nouveau projet nommé « TMF Show ». Le concept? « Docteur Léo » ne souhaite pas encore le dévoiler. Mais avec le temps…

 

Portrait chinois :

Si je devais être un sentiment,  je serai l’amour.

Si je devais être un sport, je serai l’athlétisme.

Si je devais être un animal, je serai un aigle.

Si je devais être une chanson, je serai  »Elle en vaut la peine », d’Ambdi et Souf.

Si je devais être une citation, je serai « La maladie se soigne, le handicap s’adapte »

Si je devais être une personnalité, je serai Usain Bolt.

TME 2017 : La cérémonie a tenu ses promesses

La 5ème édition des Trophées mahorais de l’entreprise (TME) se déroulait samedi 11 mars à la piscine de Koropa. Le gratin du monde de l’entreprise s’est rassemblé pour connaitre les heureux lauréats, dans une soirée placée sous le signe de l’espoir. 

Aboutie. S’il fallait résumer en un mot la cérémonie des 5èmes trophées mahorais de l’entreprise (TME), c’est le terme qui vient tout de suite à l’esprit. Samedi dernier, ils étaient 300 invités, le gratin du monde de l’entreprise mahoraise, pour assister à l’évènement de l’année dans le monde professionnel îlien. 

 

Amuse-bouches, champagne, buffet, rien n’était trop beau pour les privilégiés du soir à la piscine de Koropa. Premiers contacts ou retrouvailles, les échanges entre acteurs de la vie économique mahoraise allaient bon train. Business ou sujets extra-professionnels s’entrechoquaient dans les conversations.

 

Une fois les derniers participants arrivés, les premiers discours ont pu être entamés. Comme le veut la tradition, Laurent Canavate, directeur de publication et fondateur de Mayotte Hebdo, a introduit la soirée en souhaitant la bienvenue à l’audience. Il en a profité pour féliciter chacun des nominés de cette cinquième édition et remercier le public de sa présence.

 

Ces quelques mots étaient aussi l’occasion pour le patron de la Somapresse de rappeler l’historique de la création des TME. L’événement a été créé en 2012, alors que le contexte économique morose et les signes de la crise se faisaient sentir à Mayotte. « Nous voulions apporter un coup de projecteur sur des entreprises innovantes, dynamiques, citoyennes et jeunes, afin de les valoriser », a rappellé Laurent Canavate. 

 

Les invités d’honneur se sont ensuite succédés au pupitre: Hélène Geoffroy, secrétaire d’Etat à la Ville, Jamel Mekkaoui, directeur de l’Insee Mayotte, Ousséni Ben Issa, 7ème vice-président du conseil départemental en charge des finances, du développement économique et du tourisme, le sénateur Thani, Michel Piriou, secrétaire général adjoint des affaires régionales au sein de la préfecture et Safdar Ballou, gérant de l’enseigne du même nom. 

Hélène Geoffroy a tenu à affirmer le soutien de l’Etat envers les entreprises mahoraises dans l’accompagnement des entreprises. Un propos appuyé par Michel Piriou, qui a rappelé la contribution de l’Etat au contrat de Plan Etat-Région 2014-2020: 193 millions d’euros, dont 20 à 30M€ dédiés aux entreprises.

 

Qui dit accompagnement des entreprises dit développement du secteur privé. Alors que Jamel Mekkaoui a rappelé que la création de richesses à Mayotte dépendait aujourd’hui beaucoup du secteur public, Ousséni Ben Issa a estimé qu’il fallait trouver les moyens pour que le monde privé soit « plus attractif » que le monde administratif aux yeux des étudiants. « L’indexation n’existe pas dans le privé », a-t-il rappelé. Le directeur de l’Insee a toutefois indiqué « qu’il existait un vrai dynamisme dans les secteurs du bâtiment et du commerce. De plus, un grand nombre de secteurs d’activités n’ont pas encore été explorés. » S’appuyant également sur les fonds européens (« L’enveloppe du Feder-Fonds européen de développement régional- est de 150 M€, dont 1/3 est consacrée l’accompagnement des entreprises »), Michel Piriou a estimé que « Mayotte devrait décoller et devenir une place forte pour l’activité ». 

 

La remise des trophées a débuté avec la catégorie Jeune entreprise. Le prix a été décerné dans cette catégorie à Big Réparation. Cette société créée en 2011 est spécialisée dans la réparation et de recyclage d’équipements électroménagers. Le gérant, Hazali Chouanybou, se bat depuis cinq ans pour limiter l’impact environnemental des déchets électroménagers sur Mayotte.

 

MAP s’est quant à elle vue remettre le prix de l’entreprise citoyenne pour son engagement au quotidien pour Mayotte. Dans son activité tout d’abord: l’assainissement. Mais aussi sur la question de la jeunesse. L’entreprise n’hésite ainsi pas à recruter en priorité des jeunes en difficulté.

 

Dans la catégorie entreprise innovante, c’est Austral 360 qui a obtenu le Graal. Portée par Patrice Roux et Denis Liger, cette société a pour ambition de réaliser, sur l’île aux parfums, des vidéos à 360 degrés utilisant les dernières technologies de pointe dans le domaine de la réalité virtuelle. 

 

Le prix de l’économie sociale et solidaire, un nouveau trophée cette année, a par ailleurs été attribué à Tifaki Hazi. Structure d’insertion par l’activité économique, contribuant activement au développement social et solidaire de l’île, Tifaki Hazi existe sur le territoire de Mayotte depuis 1998. En 2016, l’association a accompagné 336 demandeurs d’emploi, qu’elle a placés dans 197 entreprises et chez des particuliers. 

 

MIM (Maintenance industrielle mahoraise) a de son côté remporté le prix de l’entreprise dynamique. Un beau succès pour cette entreprise qui fête ses 20 ans cette année. C’est ainsi que, de son cœur de métier historique – la manutention – MIM s’est peu à peu diversifiée. Vente et location de véhicules lourds, BTP, services : autant de domaines conquis par MIM, avec toujours le même état d’esprit, à savoir le sérieux dans la démarche. 

 

Le prix spécial du jury a été décerné à Moïse Issoufali, pour qui l’entreprenariat est une histoire de famille. Sa famille d’origine indienne s’est installée à Mayotte en 1865. Son père, Paul, a créé dans les années 1960 la première agence de représentation aérienne. Moïse, déjà à l’époque, prêtait main-forte à son père et aux cinq salariés de l’agence. Aujourd’hui à la tête du groupe Issoufali (représentation de compagnies aériennes et Handling), il reste très attaché à Mayotte. 

 

Enfin, Yacine Chouabia, président du directoire et directeur général d’EDM, a été désigné « Manager de l’année ». Trois ans après son arrivée à la tête d’Électricité de Mayotte (EDM) Yacine Chouabia, ingénieur de formation et titulaire de deux Master of Business, respectivement de la London Business School et de l’université de Columbia, à New-York, a su insuffler son souffle à l’entreprise, à la fois à travers le lancement de grands projets en termes de production d’énergie, mais aussi via des actions à destination des particuliers et des collectivités. 

Yacine Chouabia a profité de la remise du prix pour délivrer un message d’espoir à tous les acteurs de l’économie mahoraise, en citant ces quelques mots de l’ancien boxeur Mohamed Ali: « Impossible n’est pas une fatalité, c’est un défi. Impossible est une chance. Impossible est provisoire. Impossible n’est rien ». 

 

 

Sada veut s’inspirer de Saint-Leu pour sa future piscine municipale

Jeudi dernier, le député-maire de saint-Leu Thierry Robert a rencontré, Anchya Bamana, maire de Sada. L’élue est actuellement en visite à La Réunion pour s’inspirer de l’expérience réunionnaise des maires en matière de construction d’équipements structurants. Son objectif : construire dans un futur proche la première piscine municipale de Mayotte. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est orientée vers la Ville de Saint-Leu qui possède une piscine municipale de dernière génération. Le député-maire a tenu à recevoir Anchya Bamana sur le lieu même de la piscine à Stella afin de lui faire visiter l’équipement. Lors des échanges entre les deux maires, il a été convenu que Saint-Leu ferait profiter de son expertise et de son expérience à la ville de Sada, dont le nom viendrait du mot “m’sada” qui veut dire “entraide”. Pour Thierry Robert, “les collectivités d’Outre-mer doivent être capables de s’entraider pour gagner en efficacité ! Il n’y a pas de petits ou grands territoires et cette coopération inter-îles démontre une réelle volonté de viser une démarche de co-développement entre nos collectivités. Si mon expérience communale peut participer au développement de Sada, j’en suis très heureux”

La saison des pluies revient la semaine prochaine

Ce n’est pas flagrant mais “on est en pleine saison des pluies”, a rappelé Bertrand Laviec, le délégué départemental de Météo France, interrogé hier par téléphone.

 

Depuis début mars, le talweg de mousson a effectivement une influence sur notre pluviométrie, pluviométrie qui reste toutefois mesurée puisque les mois de mars, avril et mai sont toujours plus secs que les mois précédents. D’où l’impression tenace que la saison des pluies n’a pas débuté. En outre, elle est perturbée par les différents phénomènes météorologiques qui se sont succédés dans l’océan Indien. Le dernier en date, le cyclone Enawo, l’a déréglée également. “Mais la saison des pluies devrait revenir à la normale” dès aujourd’hui, a confirmé Bertrand Laviec. La vigilance fortes pluies qui a été activée ces derniers jours est en réalité une “vigilance multicritères” a encore expliqué le délégué départemental de Météo-France : s’il n’a effectivement pas beaucoup plu, il y a eu une forte houle et énormément de vent, avec des pointes à 90 km/h, “les vents les plus forts en mars jamais enregistrés”, a-t-il déclaré. Autre phénomène notable ces deux derniers jours, l’activité électrique et le nombre d’impacts de foudre enregistrés dans la zone du nord du canal du Mozambique, avec plus de 200 000 impacts dont 1088 dans la zone des 100 km autour de Mayotte. Et sur notre territoire, zéro impact. À n’y rien comprendre, avoue Bertrand Laviec, qui y perd son latin. Quoi qu’il en soit, la vigilance fortes pluies devrait être levée aujourd’hui.

Enquête : Mayotte roule-t-elle toujours pour les cadis ?

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“Cadi : juge musulman remplissant des fonctions civiles, judiciaires et religieuses. Le cadi est un juge de paix et un notaire, réglant les problèmes de vie quotidienne : mariages, divorces répudiations, successions, héritages, etc.”

Les pancartes sont passées de couleurs. Sur certaines d’entre elles, on ne distingue plus que le contour des lettres usées par le temps et les intempéries : “Tribunal des cadis”, peut-on y lire. Toute une institution pour Mayotte. Un pan d’histoire, un pan de culture, surtout. L’acte de cession de Mayotte à la France n’a-t-il pas été rédigé par le cadi Omar Aboubacar ? Si. Preuve de l’importance que ces juges musulmans ont eue dans la société locale. C’était hier encore.

Lorsqu’Ibrahim a épousé Aïrata, il y a 19 ans, c’est en effet le cadi qui a officialisé l’union. Plus tard, alors que son père venait de mourir et qu’un différend agitait la famille sur une question d’héritage foncier, c’est le cadi qui a tranché. Idem lorsque sa femme a voulu divorcer : la séparation a été prononcée par le cadi, là encore. Nous étions à l’aube des années 2000, et le droit commun français cohabitait alors avec le droit coutumier, respectant ainsi la déclaration du commandant Passot en 1841 : “La France s’engage à respecter les coutumes et traditions des Mahorais.” Dans les tribunaux de justice cadiale, le cadi reçoit les uns et les autres, conseille, tranche, et son greffier rédige les actes officiels. En somme, écouté et respecté, le cadi est au centre du fonctionnement de la société. Certes, leur activité judiciaire diminue au fur et à mesure que l’application du droit commun progresse ; certes, les Mahorais s’en remettent de plus en plus à la justice républicaine, mais leur importance demeure réelle. Ils sont encore un repère dans cette société en pleine mutation.

Mieux : malgré un certain nombre de reproches quant à sa formation et son objectivité, l’État français confie à l’administration cadiale des tâches d’importance, comme celle du suivi de l’état civil. Un lourd, très lourd dossier, allant de pair avec la départementalisation à venir.

Celle-ci arrive un soir de 2011. Au 31 mars, Mayotte devient le 101ème département français. De fait, une seule justice doit être appliquée. Le glas de la justice cadiale a sonné. Les cadis n’ont plus de rôle officiel ni juridique. Après cinq siècles, leur importance n’a de cesse de s’amenuiser, leurs attributions aussi. Tout en restant des agents du Conseil départemental (depuis 2004, ils étaient avant cette date rémunérés par l’État même), ces notables ancestraux commencent à tomber en désuétude.

Une société partagée

Dans un sondage que nous avons lancé sur les réseaux sociaux, la société mahoraise est partagée. Si, pour un peu plus d’un tiers (35 %) d’entre elle, les cadis n’ont plus aucune importance et “N’ont plus de raisons d’être”, les votants sont presque tout aussi nombreux (33 %) à considérer que les cadis restent des référents moraux aux conseils parfois avisés. Une vingtaine de pourcents considèrent même qu’ils demeurent malgré tout des références très importantes dans leur vie. Enfin, 10 % des participants déclarent regretter la disparition des cadis, jugeant “Les instances de la République pas toujours adaptées à Mayotte.” En somme : une société partagée sur la question. Une société en pleine évolution. Mais de quel attachement s’agit-il exactement ?

“Un attachement avant tout culturel”, explique Abdou, mahorais de 26 ans. “Les cadis sont une sorte de référence morale traditionnelle”, complète Abdallah, deux ans de moins, qui précise : “Pour notre génération, il n’est plus question de se référer à la loi musulmane à laquelle les cadis se rattachent, mais les personnages sont encore respectés. Disons que nous ne prenons pas leurs paroles comme argent comptant, mais ils tiennent quand même un rôle de sage, en quelque sorte.” Un rôle de conseil ? “Oui voilà, ils peuvent apporter une sagesse et des conseils.”

Pour le cadre quarantenaire Ibrahim, qui comme nous l’avons vu plus haut, avait eu recours à plusieurs reprises à la tradition des cadis, les choses ont changé. Il en témoigne sans gêne : “La société a évolué aujourd’hui, et tant mieux. Je respecte les cadis et leur autorité, le repère traditionnel qu’ils représentent pour Mayotte, mais je crois qu’une large majorité de la population se satisfait du droit commun. Il est peut-être plus équitable, moins centré sur la tradition, la religion. Les choses évoluent, c’est normal. De nos jours, la religion a moins de poids, les gens sont moins contraints de faire avec. Si les cadis ne représentent plus la même autorité juridique, ils gardent quand même une place importante, je crois. Mais surtout d’un point de vue culturel.” Et de conclure en comparant à la référence morale que peut encore, chez les chrétiens, représenter le prêtre : “En Occident, tout le monde préfère avoir une justice séparée de la religion. Cela n’empêche pas de respecter l’homme religieux et parfois de lui demander conseil, ou lui parler. Mais en considérant ses paroles comme ce qu’elles sont : une autre vision des choses, qui n’est pas forcément une vérité absolue.”

 

Le retour du cadi ?

 

Une conception de l’autorité morale qui a évolué, donc, mais à laquelle la population semble toutefois garder une forme d’attachement. Partant de ce constat, le Département a souhaité “réhabiliter” l’instance cadiale, en lui donnant une mission plus adaptée aux évolutions de la société. Point de départ de ce changement de cap : la flambée de violence qui a frappé Mayotte l’an dernier. “Il a paru évident aux élus que les jeunes étaient en pleine perte de repère. La société change, les jeunes prennent de mauvaises habitudes, encore plus ici qu’en métropole. On voit des comportements à Mayotte que l’on ne voit nulle par ailleurs en France”, explique Younoussa Abaine, qui coordonne l’action des cadis pour le Conseil départemental. En mai 2016, une mission est donc mise en place par le Département afin que les cadis opèrent une médiation et participent, avec leurs compétences, à apaiser les tensions. Cette mission se transformera ensuite en Direction de la médiation, de la conciliation, et du règlement des conflits, dont Younoussa Abaine est le directeur général. L’idée est là : utiliser la figure morale du cadi, encore bien présente, pour faire de la médiation. Les anciens juges musulmans sont donc en passe de devenir des médiateurs sociaux. Dès ce mois-ci, la nouvelle Direction devrait être opérationnelle : “À Mayotte, reprend Younoussa Abaine, il est particulièrement important pour les jeunes de garder un socle de référence morale.” Si, évidemment, les jeunes sont au centre de la démarche, ce rôle de médiation touchera à des domaines bien plus larges. “Tout type de conflits peut faire l’objet d’une médiation”, précise Younoussa Abaine. Différend foncier, problèmes de voisinage, etc., les cadis seront des intermédiaires directs avec pour but désormais, non de rendre la justice, mais d’éviter d’y avoir recours si cela peut être évité. Conciliation, conseils, médiation : les cadis du 21ème siècle sont en train de naître.

 

►Lors de la marche citoyenne du mois d’avril dernier, faisant suite à l’assassinat d’un père de famille, les cadis faisaient partie du mouvement, appelant à la paix.

 

“En plein dans le rôle du cadi”

 

Mais les cadis, justement, que pensentils de ce renouveau – pour ne pas dire rafraîchissement – de leurs fonctions ? “Les cadis ne sont pas juste des représentants religieux. Ils sont avant tout des représentants de la société. Ils sont pleinement dans leur mission ancestrale car c’est ce qu’ils font déjà depuis des siècles”, commente Ali Ben Kassim, greffier au tribunal du Grand cadi, à Mamoudzou. “Il est important que la société garde ses repères. Lorsque les cadis ont commencé à être dévalorisés sur le plan institutionnel, qu’est-ce qui a pris leur place ? La délinquance. C’était une erreur de les laisser de côté, car ils ont encore un rôle à jouer dans la vie des Mahorais. Un rôle de régulateur, de maintien de l’équilibre social.”

 

Une satisfaction, donc, qui fait suite à un regret. Celui qui a été vécu comme un abandon par la France lorsque, après s’être appuyée sur les cadis et leur aura auprès de la population, l’État les a laissés de côté. Le greffier le raconte : “Les cadis ont toujours fait partie de Mayotte française. Nous nous sommes toujours appuyés les uns sur les autres. Ils en étaient les référents. Nous avons oeuvré côte à côte, avec une envie de vivre ensemble. Les cadis avaient un rôle et ils ont accompli un travail noble, un travail de cohésion sociale. Que la France puisse les oublier ensuite comme elle l’a fait a été ressenti comme une trahison des valeurs de Mayotte.” Et d’espérer que “Nous travaillerons de nouveau main dans la main. Mais si l’on veut effacer notre histoire, alors cela ne mènera à rien. Certes, les choses doivent se faire dans les règles d’aujourd’hui – et les cadis font en sorte de respecter cela -, mais pour que notre action soit efficace, il faut que nous puissions aussi agir comme nous en avons l’habitude. Alors là, oui, notre médiation peut avoir des effets importants.”

 

De leur constat, d’ailleurs, la population n’aurait jamais tout à fait oublié la justice cadiale. En 2011, le journal Libération mettait l’accent sur leur la désertification des tribunaux cadiaux à la veille de la départementalisation. Un phénomène qui, selon Ali Ben Kassim, n’aurait pas duré : “La première année du département, c’est vrai, beaucoup moins de Mahorais sont venus nous voir. Mais dès l’année suivante, les consultations ont repris. Les gens se sont rendu compte que le tribunal de la République n’était pas toujours adapté.” Pudeur, délai d’attente, demande de conseils, plus grande liberté de s’exprimer devant un cadi : il est vrai que durant notre entretien d’environ une heure avec le greffier, plusieurs personnes sont venues solliciter un rendez-vous avec le Grand cadi.

 

►Les cadis de Mayotte conviés par les élus du Département. S’ils n’ont plus de reconnaissance juridique, ils restent des intervenants privilégiés auprès de la population.

 

Mayotte : laboratoire de l’Europe ?

 

Pour autant, doit-on considérer que, même s’il s’agit désormais de médiation sociale, le recours à une autorité religieuse soit aujourd’hui bien perçu ? “Nous ne sommes pas focalisés sur le droit musulman, poursuit Ali Ben Kassim. L’État ne doit pas nous considérer comme des imams de Syrie ou d’ailleurs. Le rôle du cadi est surtout celui de conseil, et l’islam de Mayotte est à prendre en exemple.”

D’ailleurs, le centre universitaire a inauguré l’an dernier, conformément à la demande du Ministère de l’Éducation, un diplôme universitaire Valeurs de la république et islam, dont la promotion était constituée justement des cadis et de leurs greffiers. Preuve, finalement, d’une confiance de nouveau accordée.

 

Ainsi donc, l’intégration des cadis dans un rôle de médiation sociale, de manière tout à fait officielle, pourrait être un modèle de cohabitation entre islam et République ? “Dans ce territoire musulman à 90 %, à une époque où l’on conceptualise un islam de France, et où l’on essaye de le coordonner, Mayotte peut être un laboratoire pour la métropole, et même l’Europe, se réjouit le directeur Younoussa Abaine. Ici, comme au ministère de l’Intérieur, on pense que l’islam de Mayotte est un islam tolérant qui peut aider à la cohésion sociale.”

À ce titre, il est vrai que le 101ème département français est invité régulièrement à participer à des colloques et forums sur les questions de dimension religieuse et de dialogues interculturels. Dernier en date : le Forum mondial 2016 de la démocratie, durant lequel Younoussa Abaine est intervenu pour aborder le projet de direction départementale intégrant les cadis.

D’ailleurs, le responsable est très confiant sur cette nouvelle responsabilité sociale donnée aux dignitaires religieux. Il le dit sans détour : “On ne peut pas se plaindre. L’État tient compte de nous, nous sommes invités à toutes les réunions.

Nous sommes respectés justement parce que nous prenons nos responsabilités, et que notre direction souhaite prendre toute sa part et apporter sa contribution dans le travail que mènent l’État et les communes. Le monde dans lequel nous vivons le montre : chacun doit prendre sa place, contribuer à améliorer la situation, échanger avec les autres. C’est une nécessité.”

►Les résultats de notre sondage lancé sur les réseaux sociaux. Il en ressort un attachement à la fonction des cadis, même s’il semble plus s’agir d’attachement culturel.

 

Mais au fait, comment devient-on cadi ?

Mayotte compte 21 cadis. Ces hauts dignitaires religieux, aux fonctions également juridiques, ont connu ces dernières années une baisse de leur influence. Départementalisation, occidentalisation de la société, arrivée de la justice de droit commun ont amenuisé les responsabilités qu’ils ont pu tenir, jusqu’à ce que le département choisisse de les remettre au goût du jour en en faisant des médiateurs sociaux. Mais au fait, comment devient-on cadis ? “Traditionnellement, dans chaque village, avant de devenir cadi, une personne était avant tout pressentie pour le devenir”, indique-t-on à la Direction de la médiation, de la conciliation, et du règlement des conflits, qui détaille : “La personne en question était pressentie pour sa noblesse, c’est-à-dire sa connaissance religieuse, et son aura dans le village.” Plus tard, lorsque l’État, à travers la préfecture, s’est chargé du recrutement des cadis, il était nécessaire de passer un examen. Les cadis étaient alors recrutés sur concours, et investis par le préfet, après avis du Procureur de la République et d’une commission présidée par le président du Tribunal supérieur d’appel et composée de quatre personnalités religieuses, désignées par le préfet et le Grand cadi. Depuis la décentralisation de 2004, et la reprise en main des tribunaux cadiaux par le Conseil départemental, “Nous sommes revenus à un mode de recrutement basé sur les connaissances religieuses, diplôme à l’appui, d’universités étrangères par exemple”, explique la Direction de la médiation. Étrangères mais pas seulement. Rappelons que cette année, le premier diplôme universitaire Valeurs de la République et Islam a été inauguré par le centre universitaire de Dembéni. Cette année d’ailleurs, celui-ci est renouvelé, de manière plus large : Valeurs de la République et religions. Toutefois, si “Les candidats cadis ne manquent pas”, comme l’explique le Département, “Peu de recrutement ont eu lieu ces dernières années, faute de budget.” Conséquence : certains cadis sont partis à la retraite sans être remplacés. Une situation qui évoluera peutêtre avec leur nouveau rôle de médiateurs sociaux.

 

Les vols en provenance et à destination de Madagascar annulés

Le cyclone Enawo a frappé mardi à la mi journée les côtes du Nord-Est de Madagascar. Formé dans l’océan Indien, le cyclone se situe dans la région d’Antalaha. Il est accompagné de pluies diluviennes et de vents soufflant en rafales jusqu’à 290 km/h, qui ont causé de lourd dégâts sur l’île. A Mayotte, tous les vols en provenance et à destination de Antsiranana, Majunga ou encore Tananarive ont été annulés, en attendant la fin de l’épisode dépressionnaire. « Tout le Nord de l’île de Madagascar est totalement impossible d’accès » commente Yves Christophe, directeur de l’aéroport de Mayotte. Tout décollage est donc interdit, et les vols reportés. Cependant, les autres vols à destination de métropole ou encore des Comores ou de la Réunion sont maintenus. Si Mayotte n’a pas été touché par le cyclone, il faut rester de la plus grande prudence, puisque le vent qui nous vient du cyclone Enawo, est un vent de travers. Il peut donc entraver les décollages et les atterrissages s’il venait à s’intensifier sur l’île. Mayotte semble pour l’instant préservée.

Les inégalités entre hommes et femmes se réduisent à Mayotte

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C’est la bonne nouvelle en cette Journée de la femme : une étude de l’Insee Mayotte montre que les inégalités entre les hommes et les femmes se réduisent. Présentations.

 

Si le dernier recensement de la population date de 2012, l’Insee de Mayotte continue à en extraire de nombreuses statistiques et tendances. La dernière en date, rendue publique hier, concerne les inégalités entre hommes et femmes dans le 101ème département. Bonne nouvelle à l’occasion de cette Journée de la femme : ces inégalités se réduisent, et ce dès la scolarisation.

 

On apprend en effet que, selon les données de 2012, la majorité des élèves scolarisés sont des filles : 59 % contre 57 % de garçons. Une mince différence, certes, mais à mettre en regard avec l’évolution de la situation. Dix ans avant, en effet, les filles étaient moins scolarisées que les garçons, et dans un écart d’une autre proportion : 46 % de filles contre 54 % de garçons. Plus parlant encore : le taux de scolarisation des filles de 18 ans a fait un bond en avant de 18 points, atteignant 42 %, alors que celui des garçons n’a progressé que de quatre points, pour atteindre 66 %.

 

Des chiffres confirmés par ceux de la rentrée scolaire 2015, puisque les filles représentaient la moitié des collégiens, et 60 % des effectifs des filières générales et technologiques en lycée. Ainsi, puisque les taux de réussite entre filles et garçons sont équivalents, on peut dire que 60 % de nos bacheliers sont… désormais des bachelières.

 

Également, l’espérance de scolarisation à 15 ans s’est allongée de sept mois entre 2002 et 2012, malgré la baisse du nombre de redoublements, qui réduit de fait le nombre d’années avant de parvenir au diplôme. En somme : il s’agit d’un allongement de la durée des études, signe d’une instruction plus approfondie.

 

Enfin, si, toutes catégories d’âges confondues, les femmes ont plus de difficultés à l’écrit (en français) que les hommes, cette différence tient à un déficit de scolarisation des anciennes générations. Les jeunes femmes de 16 à 19 ans ont en effet un peu moins de problèmes à l’écrit que les garçons (40 % contre 44 %).

 

Un meilleur accès à l’emploi

 

Les inégalités ne se réduisent pas que durant la scolarisation. C’est la seconde bonne nouvelle de cette étude. Les femmes bénéficient également d’un meilleur accès à l’emploi qu’auparavant. Entre 2009 et 2016, la population en emploi à Mayotte a augmenté de 10200 personnes. Plus de la moitié d’entre elles sont des femmes : 6900. Depuis cette année 2009, l’emploi croît d’ailleurs constamment pour les femmes, alors qu’il stagne pour les hommes depuis 2014. Mieux : en 2016, 29 % des femmes ont un emploi, soit une hausse de six points par rapport en 2009, leur permettant de représenter désormais 43 % de la population occupant un emploi. En revanche, cette amélioration ne veut pas dire que tout va bien. En effet le chômage ne les épargne pas. Elles sont en effet plus touchées par celui-ci (33 %) que les hommes (23 %), même si la différence entre les deux s’est réduite de moitié depuis 2009. Le portrait-robot de la femme en emploi à Mayotte est celui d’une salariée (85 %) dans la fonction publique (48 %) ou dans le secteur privé (44 %). Également, les femmes sont davantage contraintes au temps partiel et aux contrats courts. Vingt pour cent des femmes qui occupent un emploi travaillent en effet à temps partiel : plus qu’en métropole (15 %), et bien plus que les hommes (4 %). Pour plus de huit femmes sur dix travaillant à temps partiel, il s’agit d’un choix contraint. Elles sont également plus sujettes aux emplois de courte durée : 49 % contre 27 % des hommes. Des progrès dans la réduction des inégalités, donc, mais aussi des efforts à poursuivre.

 

Journée de la femme : un cabinet accompagne les entrepreneuses

Pour marquer la journée de la femme du 8 M ars 2017, le Cabinet Mahorais de Conseil accorde une attention particulière aux femmes qu’il a accompagnées dans leur parcours entrepreneurial, grâce au soutien de l’État notamment, dans le cadre des dispositifs ACCRE /PIJ. “La femme mahoraise occupe une place importante dans la société, pas uniquement sur les plans politiques et sociaux. Elles contribuent également au développement économique de l’île par la création d’activité et d’emploi en parallèle”, explique Moinamaoulida M’Colo-Mari, chargée de mission en création et développement d’entreprise. C’est pour cette raison que le cabinet tient à valoriser les femmes entrepreneures pendant une semaine, non seulement pour les faire connaître, mais aussi pour susciter l’envie d’autres femmes à créer leur propre emploi. “Elles ont osé l’aventure pour vivre d’une passion, quitté leur job pour devenir leur propre patron, décidé de développer une idée de business ou de se lancer sur un marché concurrentiel… Elles sont audacieuses, enthousiastes, passionnées mais aussi lucides face aux difficultés”, conclut Moinamaoulida M’Colo-Mari.

13 cas de radicalisation à Mayotte

Le journal le Monde a publié le 3 mars dernier, les derniers chiffres de la radicalisation religieuse notamment islamiste, en France. A Mayotte 13 cas ont été signalés à ce jour. Néanmoins, le département est moins impacté proportionnellement à sa population par rapport à sa voisine La Réunion ou la région parisienne. Le journal du soir a publié les chiffres du ministère de l’intérieur et de l’Insee à travers des infographies qu’elle a réalisé pour illustrer le sujet.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes