Accueil Blog Page 544

Pamandzi : les murs prennent des couleurs !

-

Les murs gris et tagués ? Lassant et austère pour tout le monde. Face à ce constat, l’association Paré Na Rangué, de Petite-Terre organise dimanche une opération pour repeindre le mur du collège Zéna M’Déré. Le premier, on l’espère, d’une longue série. Objectif : rendre les rues de Petite-Terre plus jolies et plus agréables.

Il est grand, il est gris, il est tagué. Bref : il est moche. Mais cela va changer. Dimanche en effet, de 8h à 12h, l’association Para Na Rangué  organise une action de peinture collective, entièrement bénévole, pour donner plus de gaieté au mur d’enceinte du collège Zéna M’Déré, à Pamandzi. « Au-delà de l’esthétique, il est dommage que des enfants passent devant des surfaces taguées et tristes », explique Leïla, une des deux fondatrices de l’association. Et de citer la théorie de la vitre brisée, une théorie statistique qui souligne le lien de cause à effet entre la criminalité et une vitre brisée. Imaginez en effet qu’en volant, un canard passe à travers la vitre d’un bâtiment public. Si celle-ci n’est pas remplacée rapidement, laissant entendre que le bâtiment est abandonné, les autres le seront à la suite par vandalisme. Au final, l’état de délabrement qui en résulte attirera la criminalité et l’incivilité. En somme : entretenir et égayer, c’est créer un cercle vertueux, en plus d’un cadre de vie agréable.

Les 400m2 du mur du collège, donc, nécessiteront quelque 80 litres de peinture… et des bras. Une quarantaine de personnes est ainsi attendue pour participer à l’opération, et les personnes souhaitant encore s’inscrire* sont les bienvenus. Mot d’ordre : bonne humeur et convivialité. Le street artiste Papajan sera d’ailleurs lui aussi de la partie. 

Rendre Mayotte plus belle

Cette action, menée avec l’accord de la municipalité, pourrait bien être la première d’une longue série. Car la jeune femme tient à la répéter dès que possible : « Idéalement, nous espérons pouvoir en mener une tous les mois, toujours sur des murs publics, et avec l’autorisation des mairies », se réjouit-elle. Il faut dire que les murs de Mayotte à peindre ou à repeindre ne manquent pas.

Son  idée, Leïla la tient de ses voyages. Rabat au Maroc, Burano en Italie, etc. : autant de villes qui, avec peu de moyens, mais un peu de volonté, ont su embellir leurs murs de couleurs. À tel point que celles-ci sont devenues des marqueurs de leur identité. Elle en sourit : « On peut vraiment rendre Petite-Terre plus jolie en égayant un peu ses rues, et puis pourquoi pas tout Mayotte ensuite! » 

*Pour s’inscrire, envoyez votre nom et votre numéro de téléphone à parenarangue@gmail.com.

1 an avec sursis et 5 000 € d’amende pour l’agent qui faisait passer des clandestins

-

Un agent de sûreté de l’aéroport a été condamné hier au tribunal correctionnel pour aide à l’entrée irrégulière sur le territoire national. Il est accusé d’avoir abusé de sa fonction et de la naïveté de clandestins pour que ces derniers puissent passer sans encombre le contrôle des bagages à l’aéroport de Pamandzi.

On connaissait les passeurs maritimes qui sévissent sur les kwassas en termes de trafic d’êtres humains, on découvre à présent les passeurs aéroportuaires. C’est le cas de A.B qui comparaissait hier devant le tribunal correctionnel pour avoir aidé des Comoriens à traverser le poste inspection filtrage (Pif) sans être inquiété. Les faits se sont produits entre 2015 et 2017. L’agent de sûreté a été contacté par un certain « Fahad le roi de Marseille » afin qu’il lui donne un coup de main pour faire passer des personnes en situation irrégulière. A.B a accepté la demande moyennant 1 500 à 2 000 € par personne. Un business juteux au détriment de « la naïveté de pauvres gens qui ont économisé toute une vie », selon les termes du procureur, pour s’offrir le voyage Mayotte – métropole. Or le 5 mai 2016, une ressortissante comorienne et son enfant sont interpellés à l’aérogare par la police aux frontières. Après un an d’enquête, les recherches permettront aux forces de l’ordre de remonter jusqu’à A.B dont l’identité a été révélée par l’étude de l’historique des conversations téléphoniques de la clandestine. L’agent a été interpellé le 29 août dernier et a avoué lors de sa garde à vue qu’il était bien en contact avec cette personne. « Elle avait besoin de se faire soigner. J’ai voulu aider et on m’a proposé de me rémunérer. J’ai donc peut-être pensé que c’était de l’argent facile. Ainsi, j’ai dit à la personne de réserver son billet d’avion tel jour », a-t-il déclaré. Une date de départ qui correspondait au jour où travaillait A.B.

Relaxe pour le chef de corruption passive

Quel était donc l’intérêt pour « Fahad le roi de Marseille » et les clandestins de recourir aux services de l’agent de sûreté ? Peut-être qu’il s’agissait d’un moyen de rassurer les candidats à l’entrée illégale sur le territoire national en ayant un contact sur place le jour J.

« Le prévenu demandait à ses collègues de laisser passer les passagers en question et il prévenait ces derniers de venir avec plusieurs papiers comme les extraits de naissance des enfants au cas où », rappelle le procureur. Mais cette présence ne fut d’aucune utilité pour la ressortissante comorienne est interpellée le 5 mai 2016. En effet, lors de cette interpellation, A.B s’est absenté 15 minutes, image de vidéosurveillance à l’appui avant de revenir et de questionner les agents de la Paf sur ce qu’a pu dire le voyageur. Un comportement plus que suspect qui n’a pas manqué de mettre la puce à l’oreille des enquêteurs. Dans la foulée, l’agent de sûreté a remboursé la famille de la clandestine, un SMS attestant de ce transfert d’argent. L’avocat du prévenu demandera à ce que son client soit relaxé des chefs d’accusation pour lesquels il était poursuivi. « A.B est un agent de sûreté, il contrôle juste les cartes d’embarquement pas les pièces d’identité et son travail n’est pas de signaler que des personnes en situation irrégulière vont embarquer dans un avion », explique la défense. Les excuses et remords du prévenu n’y feront rien. Si le tribunal l’a relaxé pour le chef de corruption passive, le juge Ballu et ses assesseurs l’ont condamné néanmoins à 1 an de prison avec sursis, 5 000 € d’amende avec inscription sur le casier judiciaire pour les faits d’aide à l’entrée irrégulière sur le territoire national et détention de produits stupéfiants (11 grammes de cannabis retrouvés à son domicile).

 

 

La rentrée des baleines

-

Comme chaque année à la saison des alizés, plusieurs centaines de baleines à bosse viennent profiter des eaux calmes du lagon de Mayotte pour mettre bas et élever leurs petits. Gros plan sur les géants des mers… 

Comme si l’océan faisait chaque année un cadeau de bienvenue aux nouveaux arrivants ou offrait une bénédiction divine aux petits mahorais pour leur rentrée scolaire, la fin de l’hiver austral est marquée par la migration des baleines à bosse. Il n’y a pratiquement qu’à Mayotte que le lagon est suffisamment grand et profond pour permettre l’entrée des baleines, qui sont parfois visibles des plages, notamment dans le nord et l’ouest. Elles donnent bien du travail aux nombreux opérateurs nautiques de l’île entre juillet et octobre. 

Mais d’où viennent ces baleines ? Essentiellement du pôle sud, ou plutôt de l’océan glaciaire qui l’entoure – elles sont parmi les plus grands migrateurs au monde, capables de parcourir 25 000 km en une année. Là-bas, les eaux sont froides mais très riches en poisson et en grands bancs de petites crevettes (le « krill »), que nos baleines engloutissent par tonnes pendant la majeure partie de l’année. Car contrairement à ce qu’on entend souvent, ces baleines ne se nourrissent pas de plancton microscopique, mais bien de poissons (notamment du hareng, bien gras) et de crevettes ! Quand elles ouvrent leur énorme bouche, des milliers de litres d’eau sont irrésistiblement aspirés en quelques instants, puis expulsés d’un vigoureux coup de langue à travers leurs fanons poilus, qui retiennent tous ces animaux comme dans un filet, d’où ils seront aspirés vers l’estomac. Il n’est pas rare qu’elles avalent au passage un oiseau marin imprudent, alléché par les poissons en panique… Mais depuis Jonas on ne connaît aucun problème avec des humains, heureusement !


©Geoffroy Vauthier

D’ailleurs, les baleines que l’on voit à Mayotte ne se nourrissent pas : elles reviennent des pôles avec plusieurs tonnes de graisse en réserve, et se contentent de se reposer dans les eaux tropicales, mais aussi de s’exercer au chant ou au saut, d’élever les petits à l’abri des orques et des gros requins du large (ils ne quittent leur mère que vers 5 ou 6 ans), et bien sûr de séduire. C’est dans ce but que l’on voit les mâles rivaliser de bonds prodigieux, qui peuvent atteindre 5 mètres de haut et déplacer plus d’eau qu’une piscine olympique ! Chants envoûtants, claquements de nageoires ou de queue, virevoltes sous-marines, tout est bon pour montrer à une femelle qu’on est le père idéal. Et les Don Juan des fonds marins ne s’embarrassent pas de la présence d’un baleineau dans leur parade : certaine femelles agacées ou protectrices chassent d’ailleurs les impertinents en répondant à leurs sauts, profitant d’être plus grandes qu’eux pour calmer leurs ardeurs. 

Quelle que soit l’issue de ces séances de séduction ou des affrontements entre rivaux, le spectacle est toujours au rendez-vous avec ces animaux, qui mesurent en moyenne 14 mètres de long pour 25 tonnes, soit les mensurations d’un bus scolaire bien chargé – avec la grâce d’une jeune danseuse de mbiwi. L’avantage de ces baleines est qu’elles sont sans doute l’espèce la moins farouche et la plus curieuse : elles se laissent assez facilement approcher par les bateaux prudents, et vont même parfois s’approcher elles-mêmes pour observer une embarcation qui les intrigue… C’est ce qui permet, quand les conditions le permettent, d’aller nager quelques minutes en leur imposante compagnie, même si le moindre dérangement peut les faire fuir en un éclair. Mais cet avantage fut aussi un triste défaut, car cette espèce est l’une de celles qui a le plus souffert de la pêche aux XIXe et XXe siècles. Quand leur pêche a été interdite en 1966, celle-ci n’était déjà plus rentable puisque 90% des baleines à bosse avaient été massacrées ! Il n’en restait alors que quelques milliers d’individus dans des régions reculées, mais grâce aux mesures de protection la population globale est aujourd’hui remontée à environ 35 000 baleines, ce qui a permis de sortir cette baleine de la liste des espèces en danger. 


©Geoffroy Vauthier

Les baleines à bosse dissimulent encore bien des mystères aux scientifiques, notamment en ce qui concerne leur communication, qui semble toujours plus complexe. On observe aussi de plus en plus de grands groupes dans certaines régions, alors qu’on croyait cette espèce plutôt solitaire en dehors des nécessités de la reproduction : il est difficile de déterminer s’il s’agit du retour d’un comportement disparu à cause de la surpêche, ou d’une adaptation à un environnement changeant… Peut-être aussi que nous ne sommes pas encore assez intelligents pour les comprendre !

 

Le Département va débloquer 5 000 € pour Saint-Martin et s’inquiète quant aux risques cycloniques à Mayotte

Suite aux évènements climatiques exceptionnels ayant touché la semaine dernière les collectivités de Saint-Martin et Saint-Barthélémy, le président du Conseil départemental a exprimé au nom de la collectivité et des élus, la solidarité de la population de Mayotte aux habitants de ces deux collectivités françaises durement éprouvées. L’occasion de lancer un appel territorial aux dons pour aider nos compatriotes antillais, en nous rapprochant des organismes non gouvernementaux mobilisés. Le Conseil départemental agira en ce sens dès sa prochaine session, avec le déblocage d’une aide de secours exceptionnelle de 5 000€. A l’approche de la saison cyclonique ici dans notre région, le président Soibahadine Ibrahim rappelle à la population que le risque d’impact sur Mayotte de tels évènements demeure possible et lance un message de mobilisation à la population pour se conformer aux alertes météos qui pourraient être émises et à oeuvrer dès à présent à consolider les habitations. Face à la multiplication sur notre territoire, notamment en zone urbaine, des constructions précaires, au vu et au su de tous, le président du Conseil départemental invite le préfet et les maires de Mayotte à tirer rapidement les leçons de cette catastrophe et à examiner d’urgence, toute mesure qui pourrait permettre d’éviter le scénario déjà envisagé pour Mayotte en cas de survenance d’un tel phénomène climatique.

Les cyclones à Mayotte, un spectacle apocalyptique

-

Au regard de son passé cyclonique, Mayotte n’est pas à l’abri d’un événement hydro climatique majeur comme celui qui vient de toucher nos compatriotes de St Martin et St Barthélemy.

Quand on évoque les cyclones à Mayotte, la mémoire collective revient sur l’ouragan Kamisy. Cet événement a beaucoup marqué les Mahorais avec les 25.000 sans abris et les dégâts matériels considérables, estimés à plus de 200 millions de francs (environ 30 millions d’euros). C’était considérable à l’époque. Au début des années 1980, Mayotte mettait à peine les pieds dans la modernité qu’elle fut durement fauchée le 12 avril 1984. Mais avant Kamisy, l’île a connu de véritables cataclysmes. La mémoire collective semble avoir oublié des épisodes qui pourtant ont changé le cours de l’histoire de l’île.

Dans ce passé méconnu, le dimanche 27 février 1898 survient l’une des plus grandes catastrophes naturelles qui a dévasté l’archipel mahorais. Ce jour là, un vent commence à souffler en brise fraîche du sud de Mayotte. Ce phénomène « anormal pour la saison » inquiète Mr Mizon, l’administrateur de Mayotte. Il pose son regard sur le baromètre, celui-ci affiche un inquiétant 751 hectopascal (hPa) . Retenez juste, pour simplifier les choses, que la pression atmosphérique « normale » doit tourner autour des 1013 HPa. Quand elle baisse, c’est synonyme de dépression et si elle monte c’est l’anticyclone, c’est le calme, le contraire du cyclone. A 21, le baromètre de Mr Mizon atteint le chiffre de 742 HPa. Le doute n’est plus possible : un cyclone va traverser l’île. Mais il est déjà trop tard pour prévenir la population. L’administrateur est impuissant face au désastre qui s’annonce. Déjà « les gros arbres sont arrachés, les toits volent dans les aires, des maisons s’écroulent ». A 4 heures 45 du matin, le baromètre est à 735, les éléments sont déchaînés. A 8 heures du matin le baromètre remonte à 751 hectopascals. Mais les vents sont encore trop forts, ils sont suivis de pluies diluviennes.

Sans abri et sans vivres

En Petite-terre, le spectacle est apocalyptique : « La digue qui relie Dzaoudzi à Pamandzi est en partie détruite. La jetée de l’Est n’est plus qu’un souvenir tandis que celle de l’ouest a été en partie rasée ». Tous les bâtiments ont perdu leurs toitures, d’autres se sont écroulés. Il ne reste plus que les quatre murs du magasin général : tous les approvisionnements matériels et vivres qu’il renfermait sont perdus. La population se retrouve sans abri et sans vivres.

« Le lagon, tant vénéré pour ses rades protectrices, a connu son lot de désolation. Toute la flottille de l’île est détruite. Le trois-mâts La Pauline et deux boutres de 150 tonnes ont fait naufrage sur les côtes de la Grande-Terre… « C’est une véritable catastrophe car La Pauline transportait l’approvisionnement annuel en vivres des grandes plantations : son chargement est irrémédiablement perdu », note Mizon. Il ne reste que 2 maisons à Mtsapéré, la seule véritable grande ville de Grande-terre. « Le cyclone a dépassé en violence tout ce qu’il est possible d’imaginer et (…) a surpassé le cyclone qui assaillit Maurice en 1891 (…) Les pentes ont été dénudées […] Tous les villages indigènes ont été complètement rasées, cases et arbres », conclut l’administrateur de Mayotte dans son rapport. Le cyclone tua une soixantaine de personnes. Il mit à genoux toute l’économie de l’île en ravageant les plantations. L’industrie qui accumulait déjà des difficultés, après un premier événement passé en 1858, a été définitivement engloutie. Cette catastrophe fut suivie d’une épidémie de variole qui fit 2.300 victimes en 1898 sur une population d’environ 12.000 habitants. 

La ministre des Solidarités et de la Santé sera à Mayotte entre le 30 septembre et le 3 octobre

La députée En Marche Ramlati Ali a annoncé à travers un communiqué la visite de la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn du 30 septembre au 3 octobre prochain. Elle sera précédée par sa conseillère outre-mer, Anne Beinier qui sera présente sur l’île dès le 28 septembre pour rencontrer notamment les syndicats.  

 

Cafards à l’hôpital: le CHM répond à la polémique

Suite à la vidéo publiée sur Facebook et relayée par la page « Front Départemental Mahorais, le centre hospitalier de Mayotte a souhaité réagir:

« Le Centre Hospitalier de Mayotte, comme de nombreuses structures à Mayotte, rencontre des problèmes liées aux nuisibles. Le climat tropical favorise la prolifération rapide de ces nuisibles. Pour faire face à ces désagréments, le CHM fait régulièrement appel à un prestataire qui intervient 3 fois par an dans tous les services de soins et chaque fois que de besoin.

Une prestation était prévue durant le mois d’août lors la grève de TOTAL. Celle-ci n’a pas pu être menée, faute de carburants. Une autre est actuellement en cours.

Afin d’éviter que ce genre de désagréments ne se reproduise, nous rappelons aux usagers qu’il est recommandé de ne pas ramener de la nourriture dans les services ni d’en garder dans sa chambre et que manger à proximité de ceux-ci favorisent la présence de nuisibles. Il est donc conseillé de se diriger vers la cafétéria du CHM pour se restaurer. 

Le Centre Hospitalier de Mayotte s’excuse néanmoins auprès de la famille victime de cet incident et les invite à se rapprocher de la direction. »

 

La pierre de corail pour produire le masque de beauté, c’est fini?

« Malgré une règlementation stricte, le corail de type poritès est toujours récolté pour fabriquer les tabourets de msindzano (le masque de beauté, NDLR) », selon le Parc marin. Dans le souci de « préserver à la fois les récifs et le patrimoine culturel mahorais », le Parc a lancé une étude de faisabilité pour trouver une alternative durable au corail.  Au cours d’un point presse qui se tiendra ce jeudi à la Dieccte, le premier prototype de tabouret de msindzano en céramique sera donc testé par Zaliata Saindou, membre du conseil de gestion en sa qualité de présidente de l’association des pêcheuses au djarifa. La question reste de savoir comment cette initiative va être perçue par la population sachant que la principale cause de la dégradation du corail vient du réchauffement climatique, le phénomène météorologique El Nino, l’envasement du lagon ou encore la pollution terrestre (déchets ou déversement d’eaux usées).    

La grève continue au Département

-

La grève au Conseil départemental entamée hier se poursuit aujourd’hui. Ils réclament notamment la reprise des anciennetés générale de service des agents intégrés directement dans les catégories C, B et A. Pendant ce temps-là, la grève générale initiée au niveau national par la CGT et le parti des Insoumis démarre aujourd’hui.

Une manifestation réunissant fonctionnaires et salariés du privé doit partir de la place de la République à Mamoudzou à 8h30. Les grévistes du Conseil départemental se sont réunis hier matin à l’hémicycle Bamana pour faire le point sur leurs revendications et marqué leur premier jour de grève. Ils réclament depuis le lancement de leur préavis le maintien des acquis du régime indemnitaire de chaque agent, la prise en compte de l’ancienneté générale des services, la mise en place d’une mutuelle, la mise en place d’une mise d’une procédure de recrutement dite « transparente », une nouvelle réorganisation des services, une réforme des instances représentatives du personnel notamment le comité technique, l’amélioration des conditions de travail ainsi que la publication du bilan social de la collectivité. Si ses demandes ne sont pas satisfaites, l’intersyndicale (CFDT , Solidaires, Sud, CFE CGC, FO, CGT Ma, FSU et SNU TER) prévient qu’elle bloquera les services de l’institution dès aujourd’hui. Le président Soibahadine s’est adressé aux grévistes à travers un courrier assurant que des avancées en faveur de leurs revendications avaient été réalisées et qu’il est dans l’obligation de concilier une rigueur budgétaire (charges du personnel: 113 millions d’euros en 2016) et le maintien des conditions de travail des agents.

Pendant que le Département est pris en étau par ses déficits et la pression de certains de ses agents inquiets quant à l’avenir de leur emploi, la fonction publique toute entière à Mayotte, va battre le pavé aujourd’hui pour le premier jour d’une grève reconductible. Enseignants, douaniers ou encore agents de la préfecture se mettent en grève (hausse du taux d’indexation, indemnité de sujétion géographique, etc.). Des salariés du privé se joignent également au mouvement. La CGT demande l’application immédiate de plusieurs points concernant le Code du travail national qui doit entrer en vigueur à Mayotte en janvier prochain (application des conventions collectives, application des 35 heures ou encore l’application immédiate du compte pénibilité).

Le nouveau maire de Chiconi s’engage à poursuivre la réduction du déficit

-

Madi Ousséni Mohamadi est le nouveau maire de Chiconi depuis la démission de Zaïnoudine Antoyissa fin août. Alors que le deuxième est parvenu en trois ans à réduire de moitié le déficit de la commune, le premier affiche sa détermination à poursuivre l’assainissement des finances de la commune.

C’est la seule voie possible pour redresser la commune », estime Madi Ousséni Mohamadi. Le nouveau maire de Chiconi, qui était auparavant adjoint au maire chargé des finances, indique qu’il va poursuivre la mission entamée par son prédécesseur: réduire le déficit de la commune. Lorsque Zaïnoudine Antoyissa a été élu à la tête de la mairie en 2014, ce déficit se chiffrait à 2,8 millions d’euros. Lorsqu’il a annoncé sa démission en août dernier, celui qui est désormais inspecteur de l’Education nationale à la circonscription de Bouéni, a annoncé l’avoir réduit de moitié, à 1,4 million d’euros. Cet objectif de réduire le déficit n’a pas empêché la mairie d’investir. L’opération RHI du quartier Antapagna est en cours. « Nous avons repris les travaux d’assainissement », précise Madi Ousséni Mohamadi. Par ailleurs l’école de Sohoa a été rénovée et une cantine y a été construite. » Le maire ajoute que d’autres chantiers vont bientôt être lancés, comme la construction du lotissement Ourini (« Nous mettons actuellement en place les voies de financement ») ou la rénovation de la route qui traverse le quartier Gnambou (« L’étude est terminée, les travaux vont débuter »). En attendant, Madi Ousséni Mohamadi a dû faire face la semaine dernière à la contestation d’une partie de ses administrés, en l’occurrence les parents d’élèves. Ces derniers demandaient la fin de l’application des nouveaux rythmes scolaires (réforme qui date de 2013) dans les écoles de la commune tant qu’il n’y aura pas de cantine remplissant tous les critères d’hygiène et de sécurité, et d’activités périscolaires encadrées par des animateurs officiellement reconnus. Suite à une rencontre entre les deux parties, il a été acté une suspension jusqu’à nouvel ordre des nouveaux rythmes scolaires. « Suite à cette suspension, nous allons formuler des propositions », indiquait le maire la semaine dernière à nos confrères de Mayotte 1ère. « Nous discutons et dialoguons avec nos partenaires institutionnels. Dans les prochains jours nous sommes amenés à prendre contact avec ces partenaires et l’ensemble des parents d’élèves, dans le but de proposer une solution adéquate aux enfants scolarisés dans les écoles de la commune »

Santé | Un bilan effarant

-

Publié annuellement, le dernier rapport Statiss (pour Statistiques et indicateurs de la santé et du social) Mayotte – Réunion et France métropolitaine dresse un état des lieux ahurissant des infrastructures et personnels dédiés à la santé sur le 101ème département français. Dépouillement. 

Le bilan des infrastructures et personnels dédiés à la santé à Mayotte dressé par l’Agence régionale de santé (ARS) pour l’année 2016 fait froid dans le dos. Il est d’une part incomplet en raison de données officielles encore en cours de collecte telles que les taux de natalité, de mortalité infantile et de mortalité prématurée (décès avant 65 ans) ou encore le nombre de bénéficiaires de certains minima sociaux (allocations aux personnes âgées ou handicapées, par exemple). Et lorsque les données sont délivrées, elles disent sans ambages, de manière froide et clinique, le désert médical qu’est Mayotte, à la fois en termes de structures dédiées aux soins et de professionnels de santé qualifiés. 

216 médecins pour toute l’île

En termes d’équipements sanitaires d’abord, Mayotte est loin derrière sa cousine de l’océan Indien. Avec son unique hôpital et ses 13 dispensaires, le 101ème département français fait pâle figure par rapport aux 15 établissements sanitaires publics de La Réunion (dont 9 centres hospitaliers) – pour une population réunionnaise seulement 4 fois plus importante qu’à Mayotte. Certaines structures d’accueil sont absolument absentes de notre territoire, telles que des maisons de retraite, des foyers pour personnes âgées, des EHPAD, des lits et places en psychiatrie infanto-juvénile ou encore des soins de suite et de réadaptation (autrefois appelés convalescence) – même si ces derniers devraient être mis en place au sein du nouvel hôpital de Petite-Terre, prévu pour 2019. 

L’offre en termes de professionnels de santé est également très carencée avec seulement 216 médecins (dont 130 médecins généralistes) hors remplaçants pour l’ensemble de la population (212 600 habitants au dernier recensement). Certaines spécialités médicales sont très peu représentées (14 chirurgiens dentistes, 1 gastroentérologue, 2 gynécologues, 1 orthoptiste, 2 pédicures podologues, 3 ergothérapeutes, 9 psychiatres, etc.) et d’autres tout bonnement absentes : aucun rhumatologue, aucun audioprothésiste, aucun dermatologue, aucun chirurgien spécialisé en stomatologie, etc.

Si le manque d’attractivité du territoire est l’une des causes principales de l’insuffisance de professionnels des secteurs sanitaire et social, la formation locale est malheureusement loin de pouvoir pallier ces lacunes. D’après le rapport Statiss Mayotte – Réunion et France métropolitaine, seulement 14 auxiliaires de puériculture et 27 infirmiers ont obtenu leur diplôme (hors validation des acquis d’expérience) en 2015 à Mayotte. 

 

Qu’est-ce que le document Statiss ?

Le rapport Statiss (pour Statistiques et indicateurs de la santé et du social) Mayotte – Réunion et France métropolitaine est un document d’une trentaine de pages établissant sous forme de tableaux des comparatifs entre Mayotte, La Réunion et la France métropolitaine. Il est disponible en ligne sur le site de l’Agence régionale de Santé Océan Indien. 

 

 

Ewa : 60 000 € de pertes à cause d’une partie de jambes en l’air

-

L’ex-comptable de la compagnie aérienne Ewa Air comparaissait hier devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou pour des faits présumés d’escroquerie, abus de confiance, vols et usage de faux en écriture commis en 2016.

Entretenant une relation extraconjugale avec le gérant de la société, l’employée aurait profité de cette situation pour commettre les délits en question. Le préjudice pour l’entreprise porte sur plusieurs dizaines de milliers d’euros. « Très belle femme », « irrésistible », les qualificatifs ne manquaient pas hier lors de l’audience au tribunal pour décrire la prévenue. Une comptable poursuivie par son employeur qui l’accuse d’avoir utilisé la carte bancaire de l’entreprise, d’avoir détourné des enveloppes au nom de la société contenant de l’argent liquide et d’avoir récupéré les sous de plusieurs indemnisations réalisées suite à l’annulation de billets d’avion. Les faits remontent à la période de mars à juin 2016. La jeune femme est soupçonnée d’avoir volé plus de 50 000 € à la compagnie. Maîtresse du directeur, elle aurait profité de la naïveté de l’intéressé « tombé sous le charme » de la belle pour détourner les fonds en question. Or la prévenue dit qu’au contraire la direction lui donnait de l’argent de l’entreprise comme cette affaire d’une somme de 500 euros qui aurait été versée à l’intéressée. Mais l’avocat de la victime explique qu’il s’agissait d’un prêt ce que la défense conteste. De plus, la comptable accuse sa hiérarchie d’avoir voulu lui faire …/… porter le chapeau. « Ma cliente a reçu des colis commandés sur internet avec la carte bleue de l’entreprise, mais rien ne prouve que ce soit elle qui en soit l’auteure », explique son avocat. La jeune femme jure avoir voulu mettre un terme à sa relation avec son directeur rongé par la culpabilité de tromper son mari. Mais d’après elle, le directeur n’aurait pas accepté ce choix. Elle admet néanmoins sa responsabilité dans la partie concernant l’indemnisation de clients fictifs. Elle dit avoir été couverte par la direction ce que cette dernière nie. De plus, l’employée n’a peut-être pas agi seule puisque son mari est soupçonné de complicité dans cette affaire. Il figure dans la liste des prévenus dans ce dossier. Il risque 6 mois de prison avec sursis et 3 000 € d’amende. Quant à sa femme, le procureur a été encore plus sévère dans ses réquisitions puisqu’il demande 18 mois de prison, dont 6 mois assortis d’un sursis. Le tribunal rendra son délibéré le 20 septembre prochain. 

A lire cette semaine dans Mayotte hebdo : Mayotte, un marché en or pour Total

Les stations essence sont débloquées et les réservoirs sont de nouveau pleins. Mamoudzou a retrouvé ses embouteillages. Un peu plus d’une semaine après la signature d’un accord entre les syndicats et la direction de Total, la situation est revenue à la normale à Mayotte.

Pourtant, les conséquences de ce mouvement particulièrement dur sont bien réelles. Ce n’est pas une nouveauté : à Mayotte, on a l’habitude des grèves et des pertes engendrées. Qu’ils soient menés à tort ou à raison, les mouvements sociaux ont des répercussions et des coûts que la raison ignore.

La première d’entre elle est économique. Durant près de 15 jours, l’économie a tourné au ralenti et les entreprises de l’île ont vu leur activité chuter. Petits ou grands, les entrepreneurs ont vu leur chiffre baisser. Nous avons interviewé à ce titre des chefs d’entreprises, grandes ou petites, dans tous les secteurs, pour connaître les répercussions qu’ils doivent désormais supporter.

La seconde porte sur le fond. Alors que les revendications portaient sur des avantages réclamés par les salariés grévistes, le combat s’est rapidement déplacé – dans l’opinion et la classe politique – sur le terrain du monopole exercé par Total à Mayotte. Qu’en est-il ? Pourquoi la multinationale est-elle la seule société distribuant des hydrocarbures à Mayotte?

L’écrivain et journaliste Zaïdou Bamana s’est plongé dans l’histoire de Total à Mayotte pour mieux comprendre ce choix. A lire dans votre magazine Mayotte Hebdo n°806 actuellement en kiosque.

 

Port de Dzaoudzi : une porte d’entrée à la criminalité ?

-

Dans son cahier revendicatif remis à la ministre des Outremers la semaine dernière, le syndicat Alliance Police nationale a dénoncé les conditions dans lesquelles travaille la Police aux frontières (Paf) au port de Dzaoudzi où opère le bateau Maria Galanta. La sécurité du site est gravement remise en question alors que chaque semaine, des centaines de passagers (en moyenne 2 000 par mois) vont ou viennent des Comores.

 

La Paf est inquiète et il y a de quoi l’être selon le syndicat Alliance. Le quai d’embarquement de Dzaoudzi pour les bateaux de la SGTM (Société générale de transports maritimes) n’est pas aux normes dans plusieurs domaines que ce soit sécuritaire ou sanitaire. Le syndicat pointe d’abord du doigt le manque d’effectifs sur place pour contrôler les passagers sortants ou entrants. Deux agents seulement sont affectés à la vérification à la fois des papiers et des bagages. Qui plus est, ces deux fonctionnaires sont pris dans les équipes affectées à l’aéroport. Autrement dit, l’aérogare se voit amputée 4 jours par semaine de deux agents de la Paf. Mais l’affectation au port de Dzaoudzi de deux policiers aux frontières pour assurer un service de qualité et sécurisé n’est pas suffisant selon Alliance. Pourtant la Paf compte bien environ 200 policiers dans ses rangs. « Oui mais ils sont affectés dans divers services (Cra, BRM, aéroport, etc.) », explique Jean-Louis Godard secrétaire départemental adjoint au sein du syndicat. À cela s’ajoutent les départs de 30 agents qui n’ont toujours pas été remplacés. La faute à un problème d’activité du territoire. « On a eu beaucoup de désistement de la part de collègues qui initialement devaient nous rejoindre faute de logement de fonction notamment », rapporte le syndicaliste. Seulement deux agents et pas de scanner pour contrôler les passeports. L’autre problème rencontré et non des moindres, c’est l’absence de scanner pour contrôler la véracité des papiers d’identité. « Les agents doivent se fier à leur bon sens pour détecter la fraude documentaire », regrette Jean- Louis Godard. Cette carence pose problème quant à l’entrée illégale sur le territoire de Mayotte. À cela s’ajoute l’absence également d’un chien renifleur pour inspecter le contenu des bagages. Drogues et autres produits ou matériels illicites peuvent ainsi facilement transiter par le port de Dzaoudzi. De même que des voleurs et le fruit de leur délit commis ici peuvent facilement quitter le 101ème département en prenant le Maria Galanta et ce alors que le territoire est en situation Vigipirate. « Vous pourrez constater : la vétusté du local (Algéco), l’absence de matériel informatique et de contrôle, l’absence d’une aubette de contrôle, l’absence de ligne téléphonique ou encore un mobilier à rénover », se plaignait le syndicat dans son cahier revendicatif. « Et en cas d’interpellation d’un individu, la situation peut très vite dégénérer par la proximité de la foule des passagers », ajoute le document. Les conditions sanitaires dans la gare maritime sont également remises en question par la Paf. Les passagers en attente d’embarquer ne disposent pas de toilettes. Ces dernières sont fermées depuis plusieurs mois selon Alliance faute de travaux réalisés à ce jour. La vétusté est également ciblée. « Lorsque le toit s’effondrera, il sera trop tard », préviennent les agents. « Si l’ARS était amenée à venir faire une inspection, cela ferait longtemps que le port serait fermé, car il ne répond pas aux normes », fait constater Jean-Louis Godard. Mais si les agents de la Paf ont fait remonter leurs doléances auprès de la ministre, ils ne se font pas d’illusion quant à l’issue de leur requête. « Après la visite ministérielle, on ne s’attend pas à des changements, au contraire on sait qu’il va y avoir des coupes budgétaires », résumait ainsi le secrétaire départemental adjoint. 

Port de Longoni : Une mission interministérielle pour pousser le délégataire vers la sortie ?

Dans le cadre de la visite de la ministre des Outre-mer à Mayotte, les enjeux relatifs à la résiliation de la délégation de service public (DSP) du Port de Longoni ont été évoqués avec le président du Conseil départemental. En effet pour Annick Girardin : « Le port est un équipement stratégique pour la vie et le développement du territoire ». C’est pourquoi à la demande du conseil départemental, la ministre a décidé l’envoi d’une mission interministérielle chargée d’appuyer le département dans son analyse des modalités et conséquences de la rupture anticipée de la DSP. L’étude conduite par la mission de l’Inspection générale de l’administration (IGA), de l’inspection générale des finances (IGF) et du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) devra proposer la solution juridique la plus adaptée pour parvenir à un fonctionnement efficace et pérenne du port.

Visite ministérielle : Immigration clandestine Annick Girardin : « Compliqué encore de relever tous les défis »

-

Alors qu’elle a rencontré samedi matin les différents acteurs de la lutte contre l’immigration clandestine en mer (brigades nautiques de la Paf, de la gendarmerie, des douanes et de l’armée), Annick Girardin a estimé que les moyens matériels et techniques avaient été améliorés. Mais elle a dans le même temps reconnu que ces efforts étaient vains sans la coopération avec l’Union des Comores.

A ce titre, la prochaine réunion du Haut Conseil Paritaire (HCP) franco-comorien se tiendra la semaine prochaine. « Les engagements sont au rendez-vous. Mais il y a aussi le travail à mener avec les Comores ». Alors qu’elle a rencontré samedi matin les différents acteurs de la lutte contre l’immigration clandestine en mer (brigades nautiques de la Paf, de la gendarmerie, des douanes et de l’armée), Annick Girardin a souligné qu’il était « encore compliqué » de relever tous les défis propres à cette problématique.

La ministre de l’Outre-Mer s’est félicitée dans un premier temps des mesures prises (arrivée le 31 juillet dernier d’une deuxième vedette côtière de surveillance maritime de la gendarmerie maritime) ou à venir (expérimentation d’un drone sur le territoire pour mieux repérer les kwassas en approche) pour les interceptions en mer, dans le cadre du plan « Mayotte, sécurité pour tous » présenté par le précédent gouvernement en juin 2016. Mais dans un deuxième temps, elle a rappelé qu’il n’y avait pas que les forces de l’ordre, mais aussi le travail à réaliser avec l’Union des Comores en matière de coopération. « Les résultats sont pour le moment limités», a reconnu samedi Luc Hallade. L’ambassadeur délégué à la coopération dans l’océan Indien sera présent à Paris le 12 septembre prochain pour la prochaine réunion du Haut Conseil Paritaire (HCP) franco-comorien sous l’égide de leurs ministres des affaires étrangères. « Le ministre français des affaires étrangères fera des propositions pour favoriser la circulation légale de la population comorienne », a précisé Luc Hallade. On pense au visa outre-mer qu’a proposé Annick Girardin mardi dernier, et qui consisterait à « faciliter les modalités d’obtention d’un visa pour des raisons légitimes : le regroupement familial, la formation professionnelle, les déplacements pour des enjeux économiques, sanitaires et scientifiques ». Questionnée sur les échecs passés de ces HCP, Annick Girardin a estimé que « ce n’est pas parce que l’on a échoué que l’on doit arrêter d’essayer. » S’agissant du développement de l’Union des Comores, la ministre a affirmé que ce n’était pas une question de finances. « Certains pays en Asie et au Moyen-Orient réalisent déjà des investissements dans le pays. Mais je pense que les autorités comoriennes sont conscientes de ce que peut leur apporter la France par rapport à ces pays : la qualité de son système de santé, de l’ingénierie, du suivi, et le souci réel d’augmenter les conditions de vie de la population. »

 

Les revendications du syndicat Alliance pour la brigade nautique de la PAF

Pendant qu’Annick Girardin rencontrait samedi matin les différents acteurs de la lutte contre l’immigration clandestine (Paf, gendarmerie,armée, douanes), le syndicat Alliance Police a remis un cahier de revendications au président de l’association des maires et aux parlementaires de Mayotte. Ce même cahier aussi été remis dans la journée au conseiller sécurité de la ministre des Outre-Mer. Il y explique notamment que la brigade nautique de la police aux frontières (PAF ) ne dispose plus que d’un seul bateau (« embarcation vétuste ») pour assurer ses missions. « Il est nécessaire d’élaborer un plan de prévoyance et de renouvellement des navires et des besoins », juge Alliance. Le syndicat rappelle par ailleurs qu’il avait été acté dans le plan « Mayotte, sécurité pour tous » la construction d’une base avancée de la marine nationale sur l’îlot de M’tsamboro. « Actuellement rien n’a été mis en place malgré la budgétisation de deux vedettes police nationale et de l’installation d’un Algéco (construction modulaire, ndlr) et d’un ponton flottant », peste-t-il.

9 500 naissances en 2016, record battu

L’Insee vient de publier ses chiffres des naissances à Mayotte. En 2016, 9 500 enfants sont nés à Mayotte de mères domiciliées sur le territoire, soit le plus haut niveau jamais enregistré.

Le nombre de naissances a ainsi augmenté de 45 % entre 2013 et 2016. Les mères natives de l’étranger sont les principales contributrices de cette forte progression. Les trois quarts des enfants nés en 2016 ont une mère de nationalité étrangère, comorienne pour la plupart. La moitié ont un père de nationalité étrangère. Mais près de six bébés sur dix ont au moins un de leurs parents français. À la naissance de leurs enfants, les mères sont plus jeunes que dans le reste de la France. Les deux tiers des accouchements se font à Mamoudzou. Neuf naissances sur dix ont lieu hors mariage civil, le mariage étant principalement coutumier.

À Mayotte, département le plus jeune de France, le nombre de naissances a fait un bond de 45 % entre 2013 et 2016 (figure 1). En 2016, 9 500 bébés naissent de mères domiciliées à Mayotte, alors qu’en 2013 6 560 bébés ont vu le jour. Le nombre de naissances dépasse les niveaux atteints jusqu’à présent dans le département.

En comparaison, 2 230 naissances de moins ont été enregistrées en 2016 en Guyane, dont le nombre d’habitants est pourtant proche de celui de Mayotte.

Forte progression des naissances de mères nées aux Comores

En 2016, trois quarts des enfants sont nés d’une mère native de l’étranger. Celles-ci sont les principales contributrices de la forte progression du nombre de naissances à Mayotte. En particulier, les mères nées aux Comores mettent au monde 69 % des bébés nés sur le sol mahorais en 2016, soit une progression de 7 points par rapport à 2014 (figure 2). Entre 2014 et 2016, elles ont donné naissance à 2 000 enfants supplémentaires (+ 44 %). Quant aux mères natives de Madagascar, elles contribuent en 2016 à 5 % des bébés de Mayotte, soit 470 nourrissons contre 290 naissances l’année précédente. En comparaison, la hausse des naissances issues de mères natives de Mayotte est très modeste : 100 naissances de plus en 2016 par rapport à 2014, soit une augmentation de 5 %.

Moins de 2 % de ces mères natives d’un pays étranger ayant accouché à Mayotte en 2016 ont la nationalité française. Au niveau national, les Comores apparaissent désormais parmi les nationalités les plus fréquentes des mères étrangères.

4 enfants sur 10 nés de parents étrangers

Parmi les départements français, c’est à Mayotte que la proportion de naissances de mères de nationalité étrangère est la plus élevée (74 %), loin devant la Guyane (51 %) et la Seine-Saint-Denis (41 %, figure 3). Parallèlement, un enfant sur deux est né en 2016 d’un père de nationalité étrangère, principalement comorienne ; cette proportion est identique à celle de 2015. Au final, le nombre d’enfants nés de parents tous deux de nationalité étrangère augmente fortement. Ils représentent 42 % des naissances en 2016, contre 28 % des naissances en 2014 (figure 4).

La proportion de nouveau-nés dont au moins un des parents est français diminue donc nettement. Mais leur nombre augmente, passant de 5 200 en 2014 à 5 500 en 2016. Ceux-ci acquièrent directement la nationalité française par filiation.

Deux tiers des mères accouchent à Mamoudzou

La maternité de Mamoudzou concentre les deux tiers des accouchements. La grande majorité des autres naissances sont prises en charge dans les maternités de Dzaoudzi, Dzoumogné, Kahani et Mramadoudou.

À la naissance de leurs enfants, les mères sont âgées en moyenne de 28 ans : elles ont deux ans de moins que sur le reste du territoire français.

Neuf naissances sur dix hors mariage civil

À Mayotte, plus de neuf personnes sur dix, hommes comme femmes, âgées de plus de 35 ans, se déclarent être mariées traditionnellement ou l’avoir déjà été. Le mariage traditionnel est quasiment universel (98 % des mariages), tandis que le mariage civil reste encore marginal. Ainsi, plus de 90 % des bébés naissent hors du cadre du mariage civil : c’est quasiment toujours le cas lorsque la mère est de nationalité étrangère (95 %), mais un peu moins souvent lorsqu’elle est française (74 %).

 

L’indicateur conjoncturel de fécondité, une statistique encore fragile à Mayotte

L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) mesure le nombre d’enfants qu’aurait une femme tout au long de sa vie, si les taux de fécondité observés l’année considérée à chaque âge demeuraient inchangés. L’ICF était de 4,1 enfants par femme à Mayotte en 2012, année du dernier recensement de la population, soit le niveau le plus élevé de l’ensemble des départements français. Interrogées sur leur désir d’enfants dans l’enquête Migrations Famille Vieillissement (MFV, 2015- 2016), les femmes de moins de 25 ans déclarent en moyenne vouloir 4,3 enfants. Si le nombre d’enfants par femmes diminue tendanciellement pour les femmes natives de Mayotte, l’immigration de femmes depuis les Comores ou Madagascar peut changer la donne.

Les données de l’état civil permettent d’obtenir le nombre de naissances chaque année de manière fiable. Mais le calcul de l’ICF nécessite aussi de disposer d’un nombre de femmes en âge de procréer. Or celui-ci n’est mesuré de façon fiable qu’à l’occasion des recensements quinquennaux de la population. L’ICF pourra donc être actualisé dans quelques mois, lorsque seront produits les résultats du recensement de septembre 2017.

 

Visite ministérielle | Du dialogue, des subventions et des annonces

-

L’ancienne députée de Saint-Pierre-et-Miquelon en a profité pour rappeler « l’engagement de l’État » ainsi que sa volonté de rassurer les Mahorais face aux problèmes durables que rencontre l’île. Une ministre accessible et à l’écoute de l’avis généraux, mais nombreux sont les acteurs locaux à attendre encore plus de la part de l’État. 

Annick Girardin a enchaîné les échanges francs et sans détour pour son premier séjour dans le 101ème département. À peine arrivée sur le tarmac de l’aéroport de Pamandzi, la ministre est allée à la rencontre de la petite vingtaine d’enseignants grévistes qui l’attendait devant l’aérogare puis à Dzaoudzi. Ces derniers l’ont interpellé sur l’indexation des professeurs qui souffre d’inégalité par rapport à la Réunion (40% contre 53% dans l’île Bourbon). « Ca joue contre l’attractivité du territoire, car cela incite des enseignants à s’installer plutôt chez nos voisins », explique Rivo, le secrétaire départemental du SNUipp-FSU. À cela, la ministre a rappelé que l’indexation est montée à 40% en janvier dernier sous-entendant un effort de l’État déjà auparavant pour améliorer ce taux. Mais force est de constater qu’il ne satisfait pas complètement certains enseignants.   

Les syndicalistes ont également évoqué la nécessité de recourir plus aux titulaires et moins aux contractuels. « Nous avons besoin d’un enseignement de qualité », a déclaré Rivo. Mais le département pâtit de ce déficit d’attractivité pour attirer des titulaires et d’une carence de formation localement dont la machine a été relancée récemment avec l’ouverture cette année du master de professeur des écoles au centre universitaire. 

Les grévistes ont également attiré l’attention de la ministre sur l’état d’insalubrité de certaines écoles primaires. « 70% des établissements du premier degré dans l’île n’ont pas obtenu l’aval de la commission de sécurité », lance l’un d’entre eux. Mais c’est oublier que ce secteur est du domaine des communes et non pas de l’État.  

La reprise de l’ancienneté générale de service des ex-enseignants salariés de la collectivité avant qu’elle devienne Département a aussi été évoquée. Un dossier toujours pas réglé et auquel les syndicats sont très attachés. Le cas de collègues contractuels syndiqués et dont le contrat n’a pas été renouvelé a aussi amené sur la table. 

Enfin, la ministre a été apostrophée sur la sortie bateau qu’a prévu la ministre ce dimanche pour aller apprécier la richesse de la biodiversité marine de l’île. « Je suis contente que vous m’en parliez, car j’ai lu la polémique qui a démarré dans la presse. Vous avez un lagon magnifique qu’il faut mettre en valeur et dont vous devez être fier », a-t-elle répondu. Son conseiller en communication a rappelé que cette sortie bateau est incluse dans le programme de la journée de dimanche qui sera entièrement consacrée à la découverte du patrimoine mahorais. Une visite du musée et de la mosquée de Tsingoni est également prévue ce jour-là. Quid d’une escapade dans les bidonvilles? Son équipe ministérielle dit y réfléchir, mais des contraintes de sécurité entrent en jeu. En mars dernier la secrétaire d’État à la politique de la ville sous le quinquennat François Hollande, Hélène Geoffroy, avait effectué une visite dans le quartier sensible de la Vigie pour se rendre compte des conditions indignes dans lesquelles vivent des milliers de familles.  

La ministre officialise les 120 millions d’euros pour les PMI

Une démarche de compensation a été engagée par l’Etat en faveur de l’aide sociale à l’enfance à Mayotte, à hauteur de 120 millions d’euros, soit près de 15 millions d’euros par an. Ce fond vient compléter la compensation issue de la loi de finances 2016 qui sert à compenser la mission protection de l’enfance, compétence régalienne transférée au Conseil départemental en 2009, sans transfert des moyens financiers pour l’assurer.

Annick Girardin, est venue concrétiser cet engagement de l’État en participant à la pose de la première pierre de la PMI de Vahibé, hier. Elle a ensuite signé le protocole spécifique en faveur de la PMI entre aux côtés de Soibahadine Ibrahim Ramadani, le président du Conseil départemental.

« C’est une avancée capitale pour le Conseil départemental dans sa mise en œuvre des mesures indispensables aux constructions et rénovations des PMI, à la résolution des difficultés de fonctionnement et à la mise en place de son Plan pluriannuel d’investissement. Et une grande victoire pour l’action sociale et la santé à Mayotte », a déclaré le Département dans un communiqué.

Pour le député LR Mansour Kamardine, cette signature est louable « mais  le compte n’y est pas ». « Il manque encore environ 130 millions d’euros de compensation budgétaire au titre des dotations de l’État pour l’aide sociale à l’enfance », souligne le parlementaire. Ce domaine concerne notamment la prise en charge des mineurs isolés, une problématique tant décrée dans l’île au vu des 3 000 à 6 000 enfants et adolescents qui sont dans cette situation à Mayotte.  

Une volonté affichée d’aider Mayotte, mais des solutions concrètes encore en suspens

Après avoir inauguré la PMI de Vahibé, la ministre a rencontré les élus mahorais à l’hémicycle Bamana au Département. Cette dernière a prononcé un discours dans lequel elle prend conscience des problématiques importantes auxquelles est confrontée  en termes d’insécurité, de santé, d’environnement ou encore d’éducation. Annick Girardin a bien évidemment annoncé que des moyens supplémentaires seraient ajoutés comme des renforts maritimes pour la lutte contre l’immigration clandestine sans préciser quels seront-ils concrètement. « Je tiens personnellement à ce que d’ici juin 2018, des solutions soient trouvées pour régler les principaux problèmes de l’île que nous devons encore étudier », avait-elle déclaré devant les enseignants grévistes hier matin. « On a été entendu, mais pour le moment il y a beaucoup de mots et nous attendons à présent des actes », avait conclu le leader syndical Rivo. 

 

Après la grève de Total : Bilan d’une catastrophe socio-économique

-

La société Total Mayotte est née de la privatisation du secteur des hydrocarbures en 2003.

L’investissement humain des salariés et des partenaires ainsi que le soutien financier du Groupe ont permis à l’entreprise d’être aujourd’hui leader de la distribution de produits pétroliers sur le territoire mahorais. Total compte à ce jour 7 stations-service déployées sur toute l’île, contribuant au développement socio-économique et aussi au désenclavement des villages de l’intérieur.

L’énergie est au cœur des défis à relever pour contenir le réchauffement climatique. Cela nécessite d’entamer de profondes mutations. Total est un acteur engagé de cette transformation. Les hommes et les femmes que le groupe emploie travaillent quotidiennement pour offrir aux usagers un service public de qualité et sécurisé. Les clients attendent d’eux qu’ils agissent de manière responsable. La direction a pris vis-à-vis d’eux l’engagement de développer, à tous les niveaux de l’organisation, des relations « constructives et transparentes » avec l’ensemble des parties prenantes. « Chez Total, la responsabilité environnementale et sociétale est placée au cœur des activités du Groupe, afin de travailler, tous ensemble, à une croissance durable », note la brochure de l’entreprise. « Afin d’être un employeur de référence pour chacun d’eux, notre Groupe accompagne ses collaborateurs pour leur permettre d’exprimer pleinement leur potentiel parmi les 500 métiers que nous proposons. Partout dans le monde, nous pratiquons une politique axée sur l’égalité des chances et la diversité », ajoute la plaquette d’information.

La grève qui a paralysé l’île la semaine dernière, pendant une dizaine de jours, vient démentir cette publicité. Avant elle, d’autres conflits internes à la société avaient déjà démenti ce propos. Si « mobiliser toutes les énergies » demeure une constante de la communication de la firme, cette accroche est loin de correspondre à la réalité à Mayotte. D’ailleurs, l’image de la marque est de moins en moins rassurante, de l’avis même des employés dont une minorité significative a affiché pas moins de 10 revendications pendant la grève, avec des doléances touchant tous les domaines d’administration d’une entreprise, notamment la gestion des ressources humaines et la politique salariale. Bref, c’est une portion très représentative du personnel qui s’estime méprisée par sa direction et exprime son mécontentement régulièrement.

Bref, au chapitre social, Total doit encore faire de gros progrès et l’augmentation de salaire de 15% pour l’ensemble de l’effectif est là pour le prouver. Cette demande ne figure pas d’ailleurs dans le protocole de fin de conflit mettant fin à la grève, ce qui indique au bilan celle-ci que les grévistes ont été sevrés de leur principale requête. « Tout ça pour ça », peut-on lire sur les réseaux sociaux, commentaires navrants que reprennent également ceux qui se préoccupent du coût économique et financier de la grève pour les entreprises, les associations, les administrations et les ménages.

Outre d’avoir déstabilisé la vie quotidienne des habitants, le fonctionnement des services publics et la vie économique et sociale de l’île, cette grève entache considérablement la réputation d’une enseigne par ailleurs respectable au regard de son importance pour le développement du territoire. L’onde choc du mouvement social risque bien de faire perdre à la société sa position de monopole, les élus ayant juré de mettre fin à sa suprématie sur le marché et d’ouvrir le secteur à la concurrence, et cela dès l’année prochaine. 

La désillusion des employés insatisfaits et la menace que fait peser des élus protestataires sur l’entreprise posent alors question. Ces salariés aigris connaissent-ils vraiment l’entreprise pour laquelle ils travaillent ? Ces décideurs politiques frondeurs savent-ils seulement avec quelle entité ils sont en affaires ?

A ces questions, un ouvrage critique permet d’apporter quelques réponses.

 

UNE MULTINATIONALE PERVERSE

 

Docteur en philosophie de l’université Paris-VIII et directeur de programme au Collège international de philosophie de Paris, le Canadien Alain Deneault, a publié, « De quoi Total est-elle la somme ? Multinationales et perversion du droit ». Fruit d’un travail minutieux de deux ans et demi, ce livre détaille comment la firme, par un entrelacs de sociétés, représente partout elle se pose le vieux système tant redouté d’un « Etat dans l’Etat ».

Beaucoup de livres ont été écrits sur Total. Pourquoi ce nouvel ouvrage ?

Deneault répond que nous sommes aujourd’hui confrontés à une firme qui communique énormément, qui commente tout, qui est présente partout et qui dépasse largement ce qu’on peut attendre d’une compagnie pétrolière. Elle est en réalité une autorité souveraine qui s’interpose sur un plan diplomatique, culturel, social, associatif, sportif, politique… Cette parole, devenue omniprésente, méritait un traitement critique pour éviter que son processus idéologique ne fonctionne trop rondement.

A l’abondante documentation de la firme elle-même, ce qui comprend les bilans annuels et les déclarations publiques, mais aussi les sources d’information financées par la firme, comme le site Planète Energies, et ses propres travaux d’histoire, s’ajoute le travail des journalistes, des ONG, des documentaristes.

A l’issue de son enquête et de ses découvertes, l’auteur aboutit à la conclusion que Total est une autorité souveraine d’un genre nouveau, capable de rivaliser avec des Etats et de générer un nouveau rapport à la loi. Elle est composée d’un réseau d’entités indépendantes partout dans le monde, via 882 sociétés présentes dans 130 pays. Aucun Etat n’est à même d’encadrer Total, puisque la firme évolue sur une échelle qui échappe à leur portée législative. C’est une firme qui, en étant éclatée et active dans un très grand nombre de secteurs, ne peut être réduite à la seule filière pétrolière.

Ce nouveau rapport à la loi aurait été incarné jusqu’à la caricature par l’ancien PDG du groupe, Christophe de Margerie (mort en 2014) qui disait : « Tant que ce n’est pas interdit, c’est permis. » Mais cette « légalité » repose parfois sur la complicité d’un Etat, d’autres fois sur la passivité d’un parquet, sur un vide juridique ou sur l’exploitation de la lettre de la loi au détriment de son esprit grâce à une armée d’avocats.

Alain Deneault  explique que Total profite du fait que les filiales ne sont pas solidaires de la maison-mère et qu’elles sont donc des entités autonomes qui dépendent de la législation du lieu où elles sont actives. Quand la firme dit qu’elle a agi légalement, ça veut dire que sa filiale respectait le droit… Sauf qu’il s’opère parfois un divorce entre la morale élémentaire et la technicité du droit.

 

UNE FIRME APATRIDE

 

L’auteur écrit que « Total a colonisé l’Afrique à des fins d’exploitation ». Quels leviers ont été utilisés ? Selon lui, dans son empire africain, De Gaulle a reproduit le modèle de la Grande-Bretagne. Ce schéma consiste à créer des enveloppes juridiques où ce ne sont plus les Etats qui encadrent les sociétés industrielles, mais où ce sont elles qui se créent des Etats sur mesure, une société pétrolière va alors directement relever du pouvoir politique de Paris. Ainsi, héritier d’un patrimoine historique, Total va développer un savoir-faire dans l’exploitation des hydrocarbures, mais aussi dans le renseignement et la stratégie politique afin de se donner des interlocuteurs publics choisis. « On va transformer un Etat d’Afrique en une sorte de comptoir, d’émirat», soutient Deneault, précisant : « La firme dit que le passé est le passé. Mais les infrastructures, les brevets, le savoir-faire et les réseaux d’influence sont le fruit d’un passé où les choses ont parfois eu lieu de manière controversée, à la faveur de guerres, de conquêtes, de bombardements et de tractations diverses… » 

Cette affirmation tend à démontrer que Total est toujours lié aux réseaux de la Françafrique ? A ce sujet, l’auteur fait l’analyse suivante. En 1998, date à laquelle la République française n’a plus d’action ni dans Total ni dans Elf, les politiques ont dit que la Françafrique était terminée. En réalité, on a assisté à sa privatisation. Et Total est devenue « une firme apatride » comme une autre, qui a hérité de réseaux d’influence, de savoir-faire et de modalités qui lui permettent d’exercer des pressions pour arriver à ses fins sur le continent africain. On notera qu’elle n’est plus véritablement française puisque 72 % de ses actions ne sont pas détenues par des actionnaires français.

« Plusieurs pays ont vu une telle firme s’ériger comme un pouvoir et en ont payé le prix fort. Les multinationales pétrolières ont été créées il y a une centaine d’années pour que ne puissent pas exister de petites structures, des PME ou des coopératives, capables de se livrer à une concurrence libérale. Elles auraient été suffisamment petites pour que les Etats puissent vraiment les encadrer. Les Etats auraient ainsi pu planifier l’exploitation de leur pétrole sur le long terme afin que leurs gisements ne soient pas siphonnés en un siècle et demi », avance Deneault.

Cet éclairage saisissant nous renvoie à la grève et à la menace des élus d’ouvrir le marché pétrolier à la concurrence. Il suscite surtout une interrogation : le département de Mayotte serait-il considéré par Total comme un vulgaire comptoir de la Françafrique ? Si tel était le cas, l’ouverture à la concurrence du marché des hydrocarbures serait une nécessité impérieuse pour les PME mahoraises et une obligation de principe pour les élus de la République. 

Source : De quoi Total est-elle la somme ? Multinationales et perversion du droit, coédition Rue de l’échiquier et Ecosociété, 512 pages, 23,90 euros

 

Décès d’un ouvrier non-déclaré: la propriétaire condamnée

Le tribunal correctionnel a condamné à 12 mois de prison avec sursis et 4 000 € d’amende pour homicide involontaire la propriétaire d’une maison en construction à M’tsapéré. Elle est accusée d’avoir eu au recours au service d’un maçon non-déclaré qui a fait une chute mortelle sur son chantier.

Les faits s’étaient produits en juin 2015. Un ouvrier d’origine comorienne en situation irrégulière était tombé du premier étage d’une maison à la suite probablement d’un malaise. Il ne portait pas de matériel de sécurité et il n’y avait pas de garde-corps sur le chantier.  La responsabilité de la propriétaire a été rapidement mise en avant. Cette affaire a mis un coup de projecteur une fois de plus sur la problématique de l’emploi dissimulé dans l’île. Le recours au travail au noir étant moins cher notamment pour les chantiers.

Un renvoi sur intérêt civil a été également prononcé en attendant de retrouver la trace des enfants de la victime. 

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes