L’ancien international français de football Djibril Cissé se rendra à Mayotte du 5 au 8 janvier prochain. C’est le couturier mahorais Chamsidine Azdine créateur de la marque « Futur touchez le luxe français » qui a annoncé la nouvelle. Contacté sur les réseaux sociaux, le designer a affirmé qu’il fera venir l’ex-star du ballon rond sur ses propres fonds. Le but de ce séjour est de « venir soutenir les équipes de football, faire une séance de dédicaces et offrir des cadeaux aux jeunes » selon Chamsidine Azdine. Ce dernier est d’ailleurs à la recherche de partenariats pour co-financer ce projet. Pour cela, il suffit de le contacter aux adresses mail suivantes: futur.made.in.france.sarl@gmail.com ou azdinechamsidine@gmail.com.
Les trois mineurs (âgés d’environ 16 ans) qui ont agressé au couteau un jeune du village de Mutsamudu au collège de Bandrele la semaine dernière, ont été mis en examen à la suite de leur présentation vendredi 22 septembre au juge d’instruction. Ils sont poursuivis pour tentative d’homicide après avoir porté plusieurs coups de couteau au ventre de leur victime avec qui ils avaient un différend. Quant à celle-ci, son pronostic vital n’est plus engagé.
Rassemblées place de la République hier matin, 3000 personnes (selon la police) ont protesté contre la gratuité du visa entre Mayotte et les Comores, annoncée le 18 septembre par le ministère des Affaires étrangères. Citoyens mais aussi associations, syndicalistes et élus ont ensuite défilé dans les rues de Mamoudzou.
Rares sont les manifestations à Mayotte qui mobilisent autant que celle d’hier matin, qui a fédéré environ 3000 personnes (selon la police), rassemblées place de la République à Mamoudzou afin de protester contre la gratuité du visa entre Mayotte et les Comores, annoncée le 18 septembre par le ministère des Affaires étrangères. Pour rappel, le 12 septembre, une feuille de route visant à l’assouplissement des règles de circulation entre l’île française et ses voisines comoriennes a été signée lors d’un haut conseil paritaire, sans que les élus mahorais n’y aient été associés.
Une foule compacte, composée de citoyens, d’associations, de syndicalistes, et d’élus a manifesté longuement place de la République avant de défiler dans les rues du chef-lieu. Parmi les nombreuses personnalités s’étant associées au mouvement, le député européen Younous Omarjee, les deux sénateurs de Mayotte Thani Mohamed Soilihi et Hassani Abdallah ainsi que de nombreux maires. « Je dénonce vivement la méthode sur des questions aussi sensibles. Il faut amener la société mahoraise à la participation des décisions », dénonce Younous Omarjee. « Prendre des décisions à Paris, sans concertation, c’est prendre le risque d’aggraver les tensions et de fragiliser encore celles et ceux qui ont besoin de protection, à savoir les illégaux et les étrangers », a complété le parlementaire. « Je ne dis pas que j’y suis favorable ou pas, je ne sais pas ce qu’il y a dans cette feuille de route », tempère Thani Mohamed Soilihi. « Mais ce qui a été fait ne doit plus être fait, à savoir traiter ce sujet sans les Mahorais », déclare fermement le sénateur. Ainsi, les parlementaires ne s’expriment pas sur le contenu de la feuille de route mais s’insurgent contre le mode opératoire peu communicatif de l’Etat français.
En revanche, citoyens, associations et maires sont davantage préoccupés par la question de l’assouplissement des conditions d’obtention du visa. « Cette gratuité va faire augmenter le flux de personnes étrangères (…) Il va y avoir plus de régularisations », craint Boura Soulaimana, le maire de Bandraboua. Certains, telle Faouzia Cordjee, candidate malheureuse aux dernières sénatoriales, sont beaucoup moins mesurés : « Tous les immigrés, qu’ils rentrent chez eux. On en marre ! » La femme leader a même fustigé en public l’absence – pas avérée – des « mzungus » au sein de la manifestation, les traitant de « bande de cons ». Une journaliste de France Ô, présente sur le terrain, nous a également rapporté que Cris Kordjee, la responsable de l’antenne du Conservatoire du littoral à Mayotte, l’avait apostrophée : « Vous êtes venus filmer les fainéants, les peureux et les hypocrites ! »
Tensions près du service immigration de la Préfecture
Entre 10h et 11h30, les manifestants ont défilé dans les rues de Mamoudzou, passant devant des lieux symboliques, tel le service immigration de la Préfecture. Par mesure de précaution, la police a confiné les étrangers demandeurs de titres de séjour à l’intérieur de l’enceinte avant le passage du cortège. De fait, un tout petit nombre de manifestants a agité les grilles de la Préfecture, avant de poursuivre leur chemin. Puis, la procession est passée devant la maternité de l’hôpital, un autre symbole en raison de la forte proportion de mères étrangères qui y donnent naissance – selon l’Insee, les trois quarts des mères des enfants nés en 2016 à Mayotte sont natives de l’étranger. Puis, vers midi, la ville est revenue au calme.
Jeudi, les élus mahorais seront reçus au ministère des Outre-mer pour une réunion d’information concernant la fameuse feuille de route, en présence du directeur de cabinet de la ministre, Dominique Sorain, ainsi que du Quai d’Orsay.
Le sénateur sortant Thani Mohamed Soilihi a été réélu à 54,45%, tandis que l’autre sénateur sortant Soilihi Abdourahamane (LR) n’obtenait que 35 voix au 1er tour.
Le second élu est l’ancien maire de Mamoudzou Hassani Abdallah. Dès l’annonce des résultats, ils ont tenu à remercier tous ceux qui ont voté pour eux, leurs comités de soutien et tous ceux qui ont contribué à leurs victoires. Le sénateur Thani s’est félicité que « le travail mené » au cours de son premier mandat ait été apprécié, sur le foncier, la fiscalité locale notamment, comme il le signalait aux élus lors de ses compte-rendu réguliers. Concernant l’immigration clandestine, « je l’ai toujours dit, c’est un sujet central. Lors de mon précédent mandat, je n’ai eu de cesse de prévenir le gouvernement ». Le sénateur Thani s’est engagé à continuer ce combat et sera ce lundi place de la République « bien évidemment ». « Les Mahorais vont manifester pour envoyer un signal fort, suite à cette feuille de route. » Pour Hassani Abdallah, la priorité de son mandat sera l’éducation, et il sera « ce lundi à la manifestation, bien sûr ! ». « Les mahorais sont inquiets par rapport à ce visa, qui risque d’amplifier les problèmes », a conclu le nouveau sénateur.
L’agriculture biologique connait depuis quelques années en métropole un développement sans précédent afin de répondre à une demande des consommateurs qui ne cesse de progresser.
La Daaf a donc souhaité faire le point dans sa dernière lettre d’information sur la situation à Mayotte, au regard de ce qui se passe dans les autres Dom.
D’après les derniers chiffres du Baromètre Agence BIO/CSA, près de 9 consommateurs sur 10 déclarent avoir consommé au moins un produit issu de l’agriculture biologique au cours des douze derniers mois. La progression des ventes au niveau national a été de 20% en douze mois (7 milliards d’euros fin 2016). Cela représente plus de 70 euros en produits alimentaires Bio par consommateur métropolitain en 2015.
Les consommateurs ultra-marins ont consacré pour leur part moins de 20 euros / an / habitant en 2015 (21 € en Martinique, 20 € à la Réunion, 11 € en Guadeloupe et 7 € en Guyane – chiffre non connu pour Mayotte).
Localement, beaucoup de points de vente ont un petit rayon de produits bio importés (lait de soja, farine, etc), dont le chiffre d’affaires est très peu significatif (quelques milliers d’euros). Le prix de ces produits à Mayotte peut sembler dissuasif à l’image d’un poulet surgelé bio vendu 40 €/kg. La COOPAC (coopérative maraichère) signale toutefois une demande de fruits et légumes bio de la part de ses clients du magasin de vente de Kaweni.
Globalement, les enquêtés de l’étude de 2013 s’accordaient pour dire que la certification AB (agriculture biologique) n’avait pas sa place sur le marché local étant donné que la plupart des gens considéraient que les produits locaux étaient assimilables à des produits bio.
L’agriculture mahoraise peut-elle prétendre au label AB ?
En cultures vivrières, compte tenu des associations de cultures typiques du jardin mahorais et des faibles moyens financiers des exploitants agricoles, les enquêtes révèlent que les terrains concernés, qui représentent 92% des 8.700 ha agricoles de l’île et les productions qui y poussent sont indemnes de pesticides, voire d’engrais chimiques, sauf sur ceux qui hébergent temporairement ou habituellement certaines cultures maraichères
En production fruitière, il n’y a que très peu de vergers monospécifiques à Mayotte. Cette production est majoritairement de type extensif, à partir d’arbres épars dans les parcelles vivrières, ce qui limite la pression parasitaire et réduit le recours à des traitements. De même, les productions d’ylang et de vanille sont indemnes de parasites ou de ravageurs nécessitant des traitements.
En vanille, les seuls nuisibles sont les oiseaux qui peuvent manger les fleurs. La fertilisation se fait par des apports organiques (feuilles mortes) au pied. Par contre, les productions maraichères ne sont pas exemptes de traitements chimiques, du fait de problèmes parasitaires multiples et difficiles à maitriser (mouche des cucurbitacées, papillon parasite de la tomate récemment introduit : Tuta absoluta, etc), même si des solutions non chimiques existent.
En élevages de petits et gros ruminants, poules pondeuses et poulets de chair, les problèmes récurrents de tiques, poux et autres parasites animaux obligent à des prophylaxies rendant difficiles un label AB, quoique certains s’y soient essayés (oeufs bio par exemple).
La croyance populaire n’est donc pas si fausse que cela et les productions de banane, manioc, ambrevade, maïs, taro (pour les légumes) et de mangue, fruit à pain, pomme cannelle, litchi (pour les fruits), ainsi que les huiles essentielles d’ylang ou de vanille noire peuvent être qualifiées de « naturellement bio », ce qui représente un potentiel de labellisation AB très important, si les pratiques restent telles qu’elles sont actuellement.
Pour autant, cela ne suffit pas pour que la production soit labellisée AB, car la démarche nécessite la tenue d’un registre de traçabilité et de respect des produits autorisés et des contrôles sur place. Elle est particulièrement coûteuse à Mayotte, du fait de l’absence d’organisme certificateur sur place : il faut faire appel à Certipaq à la Réunion ou à Ecocert à Madagascar.
Des initiatives par le passé
Si aujourd’hui plus aucun agriculteur ne bénéficie du label AB à Mayotte, ce ne fut pas le cas par le passé.
De 1987 à 1994, de la vanille bio a été labellisée à Mayotte par Ecocert et 80 adhérents d’une coopérative (sur 192) ont pu être certifiés, grâce à l’appui de 3 techniciens. Cela permettait un meilleur écoulement des produits, sans pour autant avoir un prix plus attractif. Mais la concurrence malgache et l’autorisation de la vanilline de synthèse ont sonné le glas de cette opération.
En 2012, sous l’impulsion de la collectivité départementale qui voulait voir labelliser l’ensemble des parcelles, deux exploitations ont obtenu le label par l’organisme certificateur OCTROI pour la production de 8 ha d’ylang. Il en coûtait 4 à 500 € par exploitation (hors frais de déplacement du certificateur) par an. Mais ce label n’avait d’intérêt que pour l’export, car les consommateurs locaux savent que l’ylang est naturel et sans intrant chimique. Le transfert de l’activité Guerlain aux Comores a cassé la dynamique locale et la concurrence des pays voisins (70 tonnes d’huile essentielle d’ylang aux Comores) a eu raison de cette initiative.
Et aujourd’hui ?
Des projets sont en gestation à Mayotte : possibilité d’une filière export d’ananas AB proposé par un opérateur de la restauration collective – Quelques candidats jeunes agriculteurs souhaitent s’installer en bio. En métropole, c’est plus d’un million et demi d’hectares qui sont aujourd’hui engagés en bio avec, début 2017, 32.000 exploitations sur 5,7 % de la SAU (Surface agricole utile), contre 4,9% un an plus tôt.
Dans les autres DOM, fin 2016, on comptait 352 exploitations agricoles certifiées bio, soit une augmentation de 18 % par rapport à l’année précédente. Ce sont donc désormais 3 500 hectares qui sont certifiés bio et 900 en cours de conversion. Fin 2016, ce mode de production était donc pratiqué sur 3,5 % de la SAU des exploitations ultra-marine. On signalera également que 50 transformateurs et 30 distributeurs opèrent dans ce secteur sur les autres DOM.
Quelles opportunités aujourd’hui pour se lancer dans le bio ?
Pour réussir à mettre en place une ou des filières Bio à Mayotte, il faut 3 conditions : 1 – un cahier des charges que le producteur s’engage à respecter / 2 – un accompagnement technique qui aide le producteur à tenir une comptabilité matière et à consigner ses pratiques afin de prouver le respect des engagements lors des contrôles par l’organisme certificateur / 3 – Une valorisation de la démarche à travers une politique de communication. Faute d’organisations professionnelles suffisamment matures, les conditions 2 et 3 sont actuellement difficiles à remplir à Mayotte.
Des recherches sur les méthodes alternatives en maraichage
Il y aurait cependant un intérêt majeur à développer une filière maraichère AB, car certaines productions (tomate, concombre et salade) souffrent de lourds soupçons quant aux risques de contaminations par des pesticides, alors que le lycée agricole de Coconi et le réseau d’exploitations « Dephy fermes » (fermes engagées dans une démarche vertueuse) mettent au point et utilisent des méthodes alternatives aux traitements chimiques, dans le cadre en particulier du programme de R&D piloté par le CIRAD.
Des aides financières inscrites au programme européen POSEI peuvent accompagner la démarche : une majoration « Produisons autrement » est accordée au demandeur qui adhère à une démarche de certification ou de qualification ou qui est membre d’un groupement d’intérêt économique et environnemental (GIEE). Cette majoration est de 50% des coûts de certification la 1ère année, dégressive sur les 4 années jusqu’à 20% de ces coûts.
Si le manque d’accompagnement technique collectif est avancé comme un frein au développement de l’AB, d’autres facteurs sont aussi très prégnants : dans un contexte de croissance de la consommation alimentaire, la production locale a du mal à satisfaire les besoins quantitatifs de la population, ce qui a tendance à reléguer au second plan l’aspect qualitatif.
La difficulté est aussi, dans une filière d’œufs Bio par exemple, de disposer de fournisseurs d’aliments et d’intrants, qui soient aussi certifiés Bio. En maraichage, les professionnels vont privilégier d’abord la mise en place d’une reconnaissance de bonnes pratiques en valorisant les producteurs respectueux de la réglementation et soucieux de l’environnement, grâce à une qualification des produits qui s’apparentera au label « agriculture raisonnée ».
Les deux sénateurs de Mayotte seront élus au scrutin majoritaire à deux tours ce dimanche 24 septembre 2017. Conformément au décret n° 2017-1091 du 2 juin 2017 portant convocation des collèges électoraux pour l’élection des sénateurs, les 486 électeurs sénatoriaux du département de Mayotte sont convoqués, le dimanche 24 septembre 2017 pour participer au scrutin qui se déroulera de 8h30 à 11 h00 pour le premier tour, à la Préfecture de Mayotte, au rez-de-chaussée du nouveau bâtiment (accès rue place Mariage). En cas de second tour, le scrutin sera ouvert à 15h30 et clos à 17h30 au même endroit. Compte tenu du délai restreint de vote, les électeurs sont invités à se présenter à la préfecture, dès l’ouverture des trois bureaux de vote à 8h30, muni d’une pièce d’identité avec photo.
Après l’arrivée de Burger King à La Réunion, avec l’ouverture d’un premier restaurant mardi, l’information est confirmée pour l’île aux parfums : un restaurant Burger King ouvrira ses portes à Mayotte au second semestre 2018.
L’ouverture d’un premier restaurant Burger King à La Réunion, mardi dernier, a fait baver d’envie les habitants de l’île aux parfums. Qu’ils se rassurent : la chaîne de fast food s’implantera également à Mayotte au second semestre 2018, comme nous l’a confirmé Philippe Lariche, titulaire de la franchise américaine à La Réunion et à Mayotte, à travers sa société S2FOI : « Le plan de masse de l’établissement a été fait, et sera déposé par l’architecte dans le courant du mois d’octobre pour une ouverture prévue au plus tard dans la seconde partie de l’année prochaine. » Le restaurant s’implantera sur le parking de Jumbo Score, la société Vindémia – société mère du supermarché – ayant donné son accord. Ouvert mardi au Port, à La Réunion, le succès du restaurant est « Bien au-delà des prévisions », explique le responsable. De quoi être confiant sur le potentiel économique d’un Burger King à Mayotte : « Mayotte est un marché évidemment intéressant, confirme Philippe Lariche. Certains sont réticents à s’y installer, moi je ne vois pas quel est le problème et pourquoi nous ne le ferions pas. »
Une centaine d’emplois
L’arrivée d’un géant de la restauration rapide est créatrice d’emplois : une centaine de postes pour un établissement comme celui prévu pour l’île aux parfums. « Nous tissons déjà notre structure future à Mayotte, reprend le responsable. Certains de nos employés à La Réunion sont Mahorais et peuvent ainsi envisager un retour sur l’île. C’est une bonne chose car nous recherchons des gens qui ont envie de rester dans notre enseigne, de fidéliser nos employés en les faisant évoluer au sein de l’entreprise. » L’entreprise envoie ainsi régulièrement ses salariés en métropole afin de suivre des formations. Burger King, connue pour ses burgers copieux, poursuit ainsi son implantation en France, débutée il y a quelques années, sans oublier les outre-mer, et Mayotte en particulier.
La grève au Conseil départemental se poursuit. L’assemblée générale des agents grévistes du département a décidé hier matin de continuer son mouvement. Le dialogue étant rompu entre les élus et l’intersyndicale, aucune rencontre n’est prévue ce jour sauf changement de dernière minute. L’intersyndicale menace même de durcir le ton.
Les esprits se sont échauffés hier à l’hémicycle Bamana où se tenait l’assemblée générale des grévistes du Conseil départemental. Les prises de parole passionnées se sont enchaînées pendant environ deux heures dans une salle des délibérations pleine à craquer. Entre les comptesrendus de la dernière réunion avec les élus réalisés par l’intersyndicale, des grévistes se sont succédé au micro pour dénoncer des injustices selon eux comme cet agent dont on avait promis la prise en charge d’une formation, mais l’engagement n’a pas été tenu d’après son témoignage.
À l’issue de l’AG , les grévistes ont voté pour la poursuite de leur mouvement, estimant que le compte n’y est toujours pas. Leurs revendications concernant la reprise de l’ancienneté générale de service et la reconstitution des carrières n’ont pas encore été satisfaites. Après la réunion, le cortège s’est dirigé vers le quai d’embarquement de la barge à Mamoudzou où les grévistes ont rendu l’accès gratuit au transport maritime.
Entre temps, dans la journée, le président du Département a informé « l’impossibilité matérielle » pour la collectivité « de traiter les salaires à la fin de ce mois de septembre ». Une annonce qui n’a pas manqué de faire réagir l’intersyndicale: « c’est une manoeuvre pour déstabiliser notre mouvement ». « Soibahadine Ibrahim nous accuse d’avoir empêché l’accès au service des paiements alors que c’est faux. Les agents du service ont travaillé tous les jours depuis le début du mouvement », explique le syndicaliste Haoussi Boinahedja . Si les salaires ne sont pas versés (la masse salariale coûte 375 000 € par jour au Département), le mouvement risque de prendre une autre ampleur.
Une nouvelle AG doit se tenir ce matin au Conseil départemental. Mais l’intersyndicale n’y va pas par quatre chemins pour annoncer le risque dès aujourd’hui d’un durcissement du conflit: « ça, c’est clair. On va s’inscrire dans un rapport de force! »
« Si nous pouvions avoir une Fayzat tous les 5 ans, ce serait exceptionnel »
En août dernier, cinq nouveaux jeunes sportifs mahorais ont intégré les dispositifs réunionnais d’accès au sport de haut niveau, portant leur nombre à dix actuellement. Le fruit du projet Jeunes talents mahorais, initié en 2013 par la Direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DJSCS) Etat. Mayotte Hebdo Sports a rencontré David Hervé : le conseiller d’animation sportive de la DJSCS Etat a accepté de relater tous les dispositifs mis en œuvre pour offrir aux jeunes Mahorais l’opportunité d’accéder au sport de haut niveau.
Mayotte Hebdo Sports : David Hervé, où en est le projet Jeunes talents mahorais quatre ans après sa création ?
David Hervé : Nous en sommes à la cinquième édition. Cette année, à l’issue des détections, cinq jeunes Mahorais ont rejoint le Creps de la Réunion : deux rugbymen, Izak Houmadi Ali et Lucas Rabino, deux footballeurs, Djamal Djanffari et Qayime Hassani, et un judoka, Hachim Saïd Bakar. Ils y rejoignent cinq jeunes Mahorais qui entament leur deuxième année : deux footballeurs, Hadrami Lihadji et Oili Ben, deux basketteurs, Windston Daka et Amelle Abdou Moussa, et un rugbyman, Al Amine Soulaïmana. Et puis il y a les Samuel Bertin Assani, Camille Tanne, Manon Séguier, Mouslimou Ali, Moussa Soumaïla, Nafioun Assani… ceux qui ont quitté le Creps de la Réunion mais que nous continuons de suivre.
MHS : Quel type de suivi ?
DH : Un suivi relationnel, pour ceux qui sont toujours dans la filière « Sport de haut niveau » ou « Programme de performance sportive ». Nous ne les finançons plus, mais nous restons en contact par le biais d’un compte Facebook privé, dans lequel ne sont admis uniquement les Jeunes talents mahorais, leurs proches, leur famille d’accueil et leurs entraîneurs. Ce compte Facebook privé est pour moi un outil de travail. Cela me permet de leur transmettre un certain nombre d’informations, de leur rappeler pourquoi ils sont là, ce qu’ils ont à faire, de leur rappeler le respect d’un certain nombre de règles pour lesquelles ils se sont engagés. Cela me permet aussi d’avoir des résultats immédiats : par exemple le judoka Hachim Saïd Bakar, qui a intégré le Pôle Espoirs judo cette année, vient de gagner le tournoi des Mascareignes cadets. J’ai eu le résultat quasiment simultanément. Enfin le compte Facebook privé me permet d’échanger avec les familles d’accueil : une grande partie de la réussite des Jeunes talents mahorais vient des familles d’accueil. Il faut leur rendre hommage.
MHS : Outre ce compte Facebook privé, vous vous rendez régulièrement à la Réunion pour entrer directement en contact avec les Jeunes talents mahorais, leur entourage, leur environnement. A quoi ressemble l’un de vos déplacements ?
DH : Là-bas, j’ai un programme chargé car je rencontre les coachs, les familles d’accueil, les JTM – parfois plusieurs fois –, mais aussi mes homologues de la DRJSCS Réunion, les responsables du Creps, les présidents des ligues réunionnaises concernées… parce que la convention signée en 2013 puis en 2016 intègre tous ces partenaires. En parallèle de tout ça, j’assiste aux entraînements et aux compétitions des JTM. Mon rôle, sur place, est de faire un point intermédiaire. Pour les Jeunes talents mahorais, je suis un peu leur papa. Il faut garder en tête que ce sont des enfants de douze ans, treize ans, qui quittent leur cellule familiale pour la première fois, pour se retrouver dans un environnement qu’ils ne connaissent pas. Il y a cet aspect « sport de haut niveau », qui les oblige à travailler à un même niveau d’intensité, au quotidien. C’est parfois compliqué pour eux. Il y en a qui se blessent et perdent le moral : il faut les soutenir, les garder mobiliser et leur rappeler pourquoi ils sont là. De savoir que nous sommes là, ça les rassure, ils se sentent un peu moins isolés. Et puis au-delà de ça, nous représentons l’Etat, donc il y a une forme de respect, et du fait que nous finançons largement le projet qui est le leur, la plupart des JTM ont conscience qu’ils doivent sérieusement s’investir… Je me déplace trois fois par an et à chaque fois, mon programme sur place est extrêmement dense.
MHS : Les Jeunes talents mahorais existent depuis quatre ans, et ils n’ont pas toujours été un succès pour les jeunes sportifs mahorais détectés…
DH : Effectivement, il y a eu des échecs et il ne faut pas les négliger. Au contraire, depuis le début, nous nous appuyons sur ces échecs pour améliorer le projet. Deux exemples ; Le premier : cette année, deux jeunes JTM n’ont pas été reconduits pour leur seconde année de Pôle Espoirs à la Réunion, ils ont été exclus et sont de retour à Mayotte. Ces deux JTM n’avaient malheureusement pas réellement pris conscience de l’exigence du sport de haut de niveau, de l’exigence de ce type de structure. Cela nous a poussés à nous demander si les enfants que nous envoyons sont suffisamment préparés. En l’occurrence pour ces deux-là, ils ne l’étaient pas. A leur détriment, nous n’avons peut-être pas assez accès sur l’accompagnement, dans la mesure où les sélections se déroulent en avril et qu’ensuite tout s’enchaîne. Ces échecs ont rendu utile la réflexion sur l’accompagnement. Conséquence, nous avons décidé, depuis cette année, de faire lister les jeunes beaucoup plus tôt. A mon prochain déplacement, en octobre, je serai en mesure d’avoir une liste de jeunes susceptibles d’intégrer le Creps de la Réunion en 2018. Et puis, cette liste, nous la réduirons progressivement. Cela permettra de mieux connaitre les jeunes, leur famille, et de bien mieux les préparer. Le second exemple est celui de Noussourati Matoungou. Cette joueuse de rugby, qui a passé deux ans au Pôle Espoirs de Rennes est rentrée à Mayotte pour des raisons personnelles, culturelles, avec une réticence du père par rapport au projet sportif de sa fille. Fort de cette expérience, nous avons réfléchi à comment intégrer les jeunes Mahoraises au sport de haut niveau tout en tenant compte de la culture locale. Et donc, avec le vice-rectorat, a surgi l’idée d’un internat d’excellence à Mayotte.
MHS : L’internat d’excellence existe-t-il déjà ?
DH : L’internat en lui-même sera activé ce mois-ci. Ce qui existe déjà, ce sont les sections sportives qui l’intégreront. Durant l’année scolaire 2016/2017, nous avons réussi à créer deux sections sportives pour des jeunes de 4ème : une en handball au collège de Passamaïnty, et une en football au collège de Dembéni. Cette année nous renouvelons l’expérience avec les joueuses qui passent en 3ème et en créant une nouvelle section sportive pour celles qui entrent en 4ème. Nous arrivons donc à un volume intéressant. Intégrer ces jeunes filles dans une section sportive et un internat les prédispose à intégrer une cellule telle qu’un Creps, plus tard. Nous sommes en train de finaliser les listes mais nous pourrions avoir une quarantaine de jeunes filles à l’internat, cette année. Si cela se présente bien, c’est parce que la principale de Dembéni Christiane Kolovikov, le principal de Passamaïnty Jean Loup Munier, et le proviseur du lycée de Tsararano font un travail énorme de concertation, d’échange, dans un souci d’aider les jeunes Mahorais à accéder au sport de haut niveau. Si ça se passe bien, c’est aussi parce que nous avons mis en place un système qui est très exactement celui qu’on retrouve dans les pôles : à savoir, un enseignant intervenant en Education physique et sportif, spécialiste de la discipline – Pierre Salomé à Dembéni pour le football, Urbain Gay pour le handball féminin – et un professeur principal dont le rôle est de coordonner l’ensemble des enseignants qui interviennent dans les classes concernées par les sections sportives. C’est un rôle primordial. Ces jeunes bénéficient aussi d’un accompagnement scolaire supplémentaire, de collations supplémentaires, de lieux pour pouvoir se reposer ou encore d’une aide financière de la Jeunesse et Sports Etat pour les tenues et le matériel sportif. Ajouté à cela une aide dans le cadre du Fébecs, qui a permis aux handballeuses de la section sportive de Passamaïnty de participer aux championnats de France. Et les retours sont extrêmement positifs : ils montrent qu’il y a du potentiel, mais qu’il doit s’organiser avec l’échange et la confrontation. Donc, nous les suivrons tant que nous pourrons et nous souhaitons accompagner à nouveau ces sections dans ces championnats. Il faut souligner également la mise en place de la section sportive rugby au collège Doujani/Passamaïnty, section sportive d’où sont issus nos rugbymen du Creps de la Réunion. A termes, nous espérons l’intégration de ces jeunes dans le même dispositif que les JTM… Nous sommes en train, progressivement, de monter une espèce d’équipe « sport de haut niveau ». Le sport de haut de niveau à Mayotte se développe de cette manière aujourd’hui. Nous sommes encore sur les prémices, même si nous avons déjà un résultat.
MHS : Vous faites référence à Fayzat Djoumoi, championne d’Europe cet été avec l’équipe de France U16 féminine, qui est issue du projet Jeunes Talents Mahorais. Elle est votre plus belle vitrine…
DH : Incontestablement. Sa première réussite, c’est d’avoir une maman présente et très investie. Autrement, Fayzat est une fille adorable, timide, introverti, mais qui fait son bonhomme de chemin et qui sait pourquoi elle est là. Lors d’un de ses passages à Mayotte, je lui avais demandé si elle était sûre d’être qualifiée et elle m’a répondu : « On est jamais sûr de rien, il faut continuer de travailler, en permanence. » Donc je pense qu’elle a bien compris que le sport de haut niveau n’est pas quelque chose de gagné. Après son sacre de championne d’Europe, des mails ont circulé entre le pôle Espoir basket-ball réunionnais, le Creps, le Cros, la ligue, la DRJSCS, la fédération… toutes ces structures qui l’ont accueilli depuis son départ de Mayotte en 2013. Tout le monde s’est félicité du travail accompli et surtout tout le monde l’a félicité pour son abnégation. L’image qu’elle a, tout le monde doit avoir cette attitude. Nous avons la chance de l’avoir, nous sommes fiers et espérons qu’elle continuera à bien travailler, et qu’elle réussira dans les équipes de France adultes autant qu’elle réussit avec les équipes de France jeunes. Cerise sur le gâteau : à l’école ça se passe bien, donc son double projet est vraiment sur la bonne voie.
MHS : Le double projet, sport et études : un aspect qui vous tient à cœur…
DH : Oui. Les sports de haut niveau, c’est la loterie. Ce qui est important pour ces jeunes, c’est qu’ils prennent du plaisir dans ce qu’ils font parce que c’est une véritable expérience de vie. Quoi qu’il arrive ça leur servira dans le futur. Ne serait-ce que la capacité à s’organiser, à prendre des décisions, à être rigoureux. Mais ils doivent en parallèle penser à leur réussite scolaire car la chance d’accéder au sport de haut niveau est extrêmement faible et ça, c’est partout pareil, pas uniquement à Mayotte. L’échec sportif, s’il est lié à un échec scolaire, c’est un double échec, alors que nous sommes sur un projet de double réussite. Les jeunes et leurs parents doivent vraiment garder ça en mémoire. Et de notre côté, nous devons insister là-dessus. C’est ce que nous faisons. C’est ce que nous disons aux parents quand nous les suivons : certes leur enfant a été retenu, certes, il fait partie des meilleurs, il va accéder à un dispositif d’accès au sport de haut niveau, mais du jour au lendemain il peut en sortir. Nous avons cité les exemples… Si cela doit arriver, l’enfant doit au moins pouvoir rebondir grâce aux études qu’il aura menées.
MHS : A l’échelle nationale, quels sont les dispositifs existants pour l’accompagnement au sport de haut niveau, dont les jeunes Mahorais peuvent bénéficier ou bénéficient ?
DH : Nous avons des outils qui nous permettent de mieux accompagner ces jeunes, comme la cellule ultramarine. La cellule ultramarine, c’est un dispositif mis en place par le Ministère des sports conjointement avec l’Insep, dans lequel interviennent tous les référents du sport de haut niveau, en métropole, dans les départements d’outremer et dans les collectivités d’outremer. Les référents du sport de haut niveau sont dans les Creps, mais aussi dans les directions régionales comme moi par exemple. Et donc quand on a un jeune qui quitte le territoire et qui intègre un pole, moi je suis le relais direct pour ce jeune. S’il intègre par exemple le Pôle Espoirs d’Orléans, je vais être en contact directement avec le référent du sport de haut niveau de la Direction régionale d’Orléans et de la structure d’Orléans qui va l’accueillir. Ça, c’est quelque chose qui n’existait pas avant. Cela nous permet d’avoir un échange, d’envoyer le pedigree de ces jeunes.
MHS : Comment ce pedigree est-il crée ?
DH : A travers le Portail du suivi du quotidien du sportif, ou PSQS. C’est-à-dire que le jeune est répertorié dans ce nouveau dispositif, du moment où il intègre le processus du Programme de performance sportive (PPS), au moment où il le quitte. Et donc ça permet de le suivre partout où il passe. Exemple, demain, s’il arrive au centre de formation de Tarbes, les responsables du centre de formation, grâce au PSQS, auront son parcours précis. Cela englobe tout : les périodes où il est tombé malade, les avertissements qu’il aurait eu à l’école etc. C’est sa carte vitale, son emprunte. C’est un nouvel outil que nous sommes en train d’expérimenter et pour lequel nous avons un rapport très étroit avec le Creps de la Réunion.
MHS : Qu’est-ce que le Programme de performance sportive (PPS), que vous évoquiez précédemment ?
DH : Les termes ont changé, avant on l’appelait le Parcours d’accession au sport de haut niveau. Chaque fédération, en cette nouvelle olympiade, doit présenter un Programme de performance sportive à deux branches. La première branche : c’est celle qui est consacrée aux sportifs déjà de haut niveau. La seconde branche, celle qui nous intéresse le plus, c’est celle du chemin à parcourir pour accéder au sport de haut niveau. A Mayotte, nous pouvons considérer ne pas avoir attendu le PPS, mais imaginé un début de sport de haut niveau par les sections sportives. Nous avons imaginé que toutes les disciplines puissent avoir des sections sportives : ce sera un travail de collaboration avec le vice-rectorat, de longue haleine. La volonté est là mais nous connaissons les différentes difficultés, de transport, d’hébergement, de restauration, de capacité des salles, etc. Certaines fédérations ont créé leur PPS, par exemple le rugby, ou le football. C’est dans ce cadre qu’une aide conséquente est apportée aux jeunes Mahorais. Car si la DJSCS Etat investit 6 500 euros par jeune pour son intégration au Creps de la Réunion, elle économise 4 000 euros au football et au rugby, qui finance le projet. La DJSCS Etat se contente de compléter. Le fait que ces fédérations interviennent financièrement nous permet d’extraire l’argent économisé et de l’investir dans d’autres projets, comme la création des sections sportives. Le rôle du PPS, c’est aussi de penser à la reconversion. C’est le cas de Myriam M’lazahahé, que nous avons aussi suivi. Cette ex sprinteuse internationale a quitté le sport de haut niveau, mais grâce aux formations réalisées durant son parcours, elle détient un diplôme sportif et s’est reconverti en éducatrice sportive. C’est donc quand même une réussite étant donné qu’elle travaille de sa passion. Il y a une continuité.
MHS : Peut-on dire que les Jeunes talents mahorais et tous les dispositifs mis en place pour offrir aux jeunes Mahorais l’accès au sport de haut niveau, ont de beaux jours devant eux ?
DH : On peut le souhaiter en tout cas. Encore une fois, on est sur du sport de haut niveau et le taux de réussite est très faible. Si nous pouvions avoir une Fayzat tous les cinq ans, ce serait super, même exceptionnel. Aujourd’hui, nous avons des jeunes qui marchent bien. Nous comptons sur eux, nous en sommes fiers, ils représentent Mayotte et ça c’est très bien, mais ce ne sont pas des surhommes. Il faut aussi garder en tête que ce sont des enfants qui quittent le milieu familial et que pour certains, la première année est une année de test, loin de la cellule familiale. C’est aussi une première année pour se connaitre : savoir comment ils fonctionnent, le fait qu’il n’y ait plus les parents pour dire « ça tu peux faire, et ça tu ne peux pas faire. » Il ne faut pas les en vouloir si un moment donné ils explosent en vol. Au moins ils auront tenté l’expérience. Il n’y a que ceux-ci qui ne tentent pas ou qui n’auront pas la chance de tenter, qui ne sauront pas ce qu’est d’entrer dans un Creps et de devoir se lever chaque matin en se disant, « je vais faire du sport. » J’engage toute la population mahoraise à se lever tous les matins et à se dire « J’ai mon travail, j’ai mes études, mais tous les jours, il faut que je fasse 1h30 à deux heures de sport. » On a le mois sans tabac, faisons le mois du sport : tous les jours faisons ça et nous verrons si tout le monde tient. Nous verrons à la fin qu’il y aura des dégâts…
Les parlementaires mahorais de la majorité présidentielle Ramlati Ali et Thani Mohamed Soilihi ont tenté l’un par un communiqué, l’autre par une conférence de presse, d’éteindre le feu de la polémique qui croît dans l’île depuis que l’instauration d’un visa gratuit et la réouverture de l’antenne consulaire à Anjouan ont été évoquées par le quai d’Orsay.
Est-ce que ce sera suffisant pour calmer la colère de nombreux Mahorais qui craignent des flux migratoires encore plus massifs en provenance de l’Union des Comores si une telle réforme était mise en oeuvre ? En attendant, voici le contenu du communiqué transmis par la députée.
“ La Députée Ramlati Ali a été reçue par les conseillers de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères lundi 19 septembre 2017 en fin d’après-midi. Elle a transmis le mécontentement des Mahorais de ne pas avoir été suffisamment associés en amont du HCP et rappelé qu’il n’existe aucune solution sans que les Mahorais et leurs représentants soient associés. Elle a appris qu’un des grands élus de Mayotte avait été officiellement mis au courant par l’Ambassadeur de région de la rencontre du 12 septembre entre les ministres français et comoriens. Cet élu a cependant gardé le silence à ce sujet, ne jugeant ni utile de prévenir les autres ni d’agir pour que les représentants mahorais puissent être consultés. Ramlati Ali a pu consulter cette fameuse feuille de route qui ne supprime pas le visa Balladur, qui facilite l’immigration légale mais qui renforce et durcit les dispositifs à l’encontre de l’immigration illégale. La feuille de route n’est pas le document qui circule sur les réseaux sociaux. Avec le rétablissement d’une antenne consulaire à Anjouan, c’est le lancement d’une nouvelle politique de coopération sécuritaire avec les Comores qui se met en place. Elle rappelle également qu’il faut se méfier des documents et des rumeurs qui circulent et qui n’ont pour objectif que de susciter la peur, le doute et la suspicion sur le réel attachement de la France à Mayotte. Comme elle en a fait la demande, la Députée Ramlati Ali et les grands élus de Mayotte seront reçus dans les prochains jours dans le cadre d’une consultation interministérielle au sujet de la mise en oeuvre de cette feuille de route. »
L’Etat français souhaite la gratuité des visas entre Mayotte et les Comores
Le ministère des Affaires étrangères a répondu en partie à nos questions : l’Etat français a exprimé sa volonté de « rendre gratuit le visa entre les Comores et Mayotte » et s’engage « à rouvrir rapidement l’antenne consulaire d’Anjouan ». Ces annonces font suite à la réunion du 12 septembre entre les ministres des Affaires Etrangères français et comoriens ayant abouti à la signature d’une feuille de route visant à l’assouplissement des règles de circulation des personnes entre Mayotte et les Comores.
L’entrevue opaque mardi dernier entre les ministres des Affaires étrangères français et comoriens dans le cadre du Haut conseil paritaire (HCP) inquiète et indigne la population mahoraise, citoyens comme personnalités de l’île (telles que le député Mansour Kamardine ou l’intellectuel Alain-Kamal Martial) ainsi qu’un certain nombre d’associations dont le Comité de défense des intérêts de Mayotte (CODIM), qui avait soutenu les Mahorais lors de la crise des décasages l’année dernière. Ce Haut conseil paritaire – mis en place en 2013 sous François Hollande et lors de la présidence d’Ikilou Dhoinine afin de doter la France et les Comores d’un organe diplomatique encadrant les échanges franco-comoriens sur les épineuses questions de coopération – se réunissait pour la cinquième fois ce 12 septembre.
Quelques laconiques lignes sur le site du ministère des Affaires étrangères tentent de sibyllines explications sur cette rencontre diplomatique : « Les travaux se sont déroulés dans un climat amical et confiant et ont permis, comme l’avaient souhaité le président de la République et le président Azali Assoumani (François Hollande avait rencontré le président des Comores en octobre 2016, ndlr), de renforcer le dialogue bilatéral. Une feuille de route a été établie, visant à favoriser les échanges humains entre les îles de l’archipel dans un cadre légal et en renforçant la sécurité des liaisons maritimes et aériennes ». La note précise qu’une commission mixte devrait se réunir à Moroni d’ici la fin de l’année.
Interrogé sur cette feuille de route, le ministère des Affaires étrangères nous a répondu ceci : « Afin de lutter efficacement contre le trafic d’êtres humains, de favoriser les mouvements légaux, de tarir les passages illégaux et de sécuriser les liaisons, aériennes comme maritimes, la France et les Comores ont décidé de travailler à une circulation régulée et plus sécurisée des personnes entre Mayotte et les Comores. Cela témoigne d’une volonté nouvelle de coopération. Les autorités françaises ont annoncé leur volonté, tout en exerçant les contrôles normaux, de rendre gratuit le visa entre les Comores et Mayotte. Nous nous sommes également engagés à rouvrir rapidement l’antenne consulaire d’Anjouan, afin de pouvoir délivrer de nouveau des visas de manière sécurisée. »
Une rencontre qui agite les esprits
L’imprécision qui entoure les modalités de cette feuille de route, la concision du compte-rendu du ministère des Affaires étrangères français et le fait que les élus mahorais n’aient pas été associés aux discussions ont éveillé les soupçons, notamment des membres du Codim qui craignent que les dispositions de ce projet d’accord ne génèrent une intensification de l’immigration. Réunis samedi dernier sur la plage de Hagnoundrou sous la houlette de ce comité, des citoyens mahorais ont exprimé leur mécontentement et se sont concertés pour mettre en place un certain nombre d’actions à venir, dont la fermeture forcée de la préfecture de Mayotte afin d’extorquer des précisions sur le contenu de la fameuse feuille de route. Le Codim a, ce jour-là, nommé des référents de chaque village chargés de « recruter » des habitants qui se joindront à ce vaste mouvement de contestation qui comprend déjà dans ses rangs d’anciennes Chatouilleuses et des militants des Assoiffés du sud, cette association qui avait défendu les droits des usagers durant la dernière crise de l’eau. Et, hier, le comité a rencontré les syndicats. Si le Codim parvient à fédérer plus de 500 personnes, il se rendra à la préfecture dans les jours à venir, a affirmé Maïla, membre active.
Les membres du Codim ne sont pas les seuls à s’exprimer sur ce sujet. Le député de Mayotte Mansour Kamardine (LR) se dit quant à lui « consterné » dans un communiqué du 15 septembre et demande à Jean-Yves Le Drian qu’une délégation composée des parlementaires et du président du Conseil départemental soit instamment reçue par le ministre des Affaires étrangères. Pour le parlementaire, cet assouplissement des visas est « la suite concrète de l’annonce récente par la ministre des Outre-mer de la création d’un visa outre-mer tendant à favoriser (…) le regroupement familial » et conduirait « à la régularisation massive des clandestins » ainsi qu’à l’arrivée « en nombre, de nouveaux migrants ». Selon Mansour Kamardine, « une telle politique ne peut qu’exacerber les très vives tensions qui font de Mayotte une véritable poudrière sociale et sécuritaire » et « ferait du 101ème département français une « jungle de Calais » puissance 10 ». Mansour Kamardine estime également que l’opacité entourant cette feuille de toute, notamment en termes de calendrier et de modalités de mise en œuvre, contrevient à la loi d’orientation et de programmation du 7 juillet 2014 relative à la politique de développement et de solidarité internationale : « déni de transparence, déni d’association des acteurs, déni du rôle des collectivités territoriales ».
Un document authentique ou non circule sur Internet
Le mystère nimbant cette signature « laisse la porte ouverte à toutes les interprétations », avait déclaré dans un communiqué le député Mansour Kamardine, trois jours avant qu’un document présenté comme une copie de la feuille de route ne fuite sur les réseaux sociaux et ne soit publié par nos confrères de Mayotte 1ère. Ce document, dont l’authenticité est douteuse, fait état de mesures promptes à exacerber la colère des habitants de l’Ile aux Parfums. En effet, il y est noté que « tout Comorien d’Anjouan, de Mohéli et de Grande-Comore, muni d’un passeport comorien valide d’au moins 6 mois, peut se rendre librement à Mayotte à condition de se conformer aux conditions décidées par le ministère comorien de l’Intérieur ». Selon ce même document, cette entrée sur le territoire de Mayotte serait conditionnée à la possession d’un billet aller-retour et d’une somme d’argent supérieure ou égale à 500 euros ainsi qu’à la détention « d’un justificatif dès l’arrivée à Mayotte de l’existence réelle d’une personne en règle résidant à Mayotte qui accepte d’accueillir la personne se rendant à Mayotte ». Ce document qui circule sur les réseaux sociaux met l’accent sur la volonté d’endiguer les arrivées illégales à Mayotte et d’éviter les drames qui en découlent grâce notamment à une étroite coopération judiciaire et policière entre la France et les Comores. Enfin, ce document mentionne que les deux Etats se réservent le droit de « suspendre l’application du présent accord » si lors du premier bilan (un semestre après son entrée en vigueur), il s’avère « que les drames humains entre Anjouan et Mayotte ont plutôt augmenté ».
La sixième édition du salon du tourisme s’est tenue vendredi et samedi derniers. Une édition qui a attiré plusieurs dizaines de milliers de visiteurs. Cette année, les intercommunalités étaient particulièrement mises à l’honneur. Retour en images sur l’événement et avec le discours d’inauguration de la présidente du Comité de tourisme de Mayotte, Mme Razafinatoandro.
Voici maintenant 6 ans que nous avons pris l’habitude de nous retrouver ensemble pour célébrer l’une des manifestations phares de la vie économique, de la vie culturelle et touristique de notre département. Et inchaallah, ce n’est qu’un début! Je voudrais partager avec vous ce vent d’optimisme qui m’habite quand je vous vois chers invités, répondre présents d’année en année, à ce rendez-vous ; quand je vois la mobilisation de nos exposants qui ne cessent de nous honorer de leur présence depuis 6 ans ; quand je vois dans la communication de notre professionnel du tourisme et dans les différentes presses de l’île, les propositions d’offres tarifaires destinées aux résidents; quand je vois également l’intérêt de plus en plus appréciable et déterminant de la part du Conseil Départemental vis-à-vis de la promotion touristique de notre île. Ce vent d’optimisme, nous, acteurs touristiques, nous en avons besoin afin d’y croire, afin de nous permettre de redoubler d’efforts et d’initiatives face aux trop nombreux défis auxquels nous devons faire face. Le tourisme est l’activité économique la plus sensible aux difficultés sociales, environnementales et climatiques. En effet, ces difficultés touchent forcément en premier lieu la population locale, mais elles le sont davantage pour les visiteurs extérieurs. Sans vouloir y insister, nous ne pouvons faire fi des impacts désastreux qu’elles peuvent avoir sur l’activité touristique et l’image de notre destination. Mouvements sociaux à répétition, coupures d’eau, coupeurs de route, cherté de l’aérien, cherté de la vie, et bien sûr l’insécurité sont autant de points noirs qui démontrent les difficultés de ce département. Mais aussi des difficultés que les acteurs touristiques locaux et leurs clientèles doivent subir impuissants. Face à ces situations, nous nous devons tous, chacun à son niveau, faire nôtre le slogan de cette 6ème édition du salon du tourisme à savoir « Le tourisme c’est l’affaire de tous ». Et parmi les acteurs qui doivent être chefs de file, nous les élus, nous devons exercer nos compétences et nos pouvoirs pour asseoir un véritable développement du tourisme à Mayotte. Il s’agit là d’un appel que j’avais déjà lancé ici même l’année dernière. Mais au-delà de l’appel, le Comité du Tourisme tente de le mettre en pratique avec la mise à l’honneur des territoires touristiques, en d’autres termes, à travers les intercommunalités comme thématique de cette 6ème édition. Un travail de longue haleine, de terrain et de sensibilisation que nous menons à l’endroit des élus locaux depuis plusieurs années. Du Concours de la commune la plus accueillante, les Assises du Tourisme de Mayotte, l’Initiation des référents tourisme dans les communes, et le Séminaire Tourisme avec les élus en avril dernier; toutes ces initiatives pour vous dire que nous avons besoin de vous, que le tourisme mahorais a besoin de vous. Élus intercommunaux, l’heure est venue d’exercer vos compétences et vos missions en matière d’information, d’accueil, d’animation, d’accompagnement des professionnels et de développement de l’offre touristique de vos territoires respectifs dans le cadre de la Loi NOTRE . Et en ma qualité de présidente, je veux vous dire que le Comité du tourisme répondra toujours présent à vos côtés.
Noyer la population mahoraise dans une avalanche migratoire, une agression coloniale.
Larguer Mayotte, une obsession socialiste révolue qui ressuscite.
Le 13 juin 1990, le président de la République française, François Mitterrand, fondateur du Parti socialiste, est en visite officielle à Moroni. Lors du diner d’Etat, il fait une allocution portant notamment sur les relations franco-comoriennes, l’aide au développement et la francophonie. Au détour d’une phrase, il déclare : « Quand je rentrerai dans mon pays, je serai rentré dans un pays qui lui-même prend part à la vie de l’Océan Indien par la projection française qui se trouve à La Réunion ». Le chef de l’Etat ne cite pas Mayotte, pourtant Collectivité territoriale de la République française. Et quand plus loin dans son discours il cite Mayotte, c’est pour regretter son maintient dans la France, déplorer son statut français et dénigrer l’aspiration de la population mahoraise à la départementalisation. Voici ce qu’il dit :
« Ou bien le problème de Mayotte, si mal engagé en 1974, si mal engagé à mes propres yeux, que je me souviens d’avoir refusé le sort qui était réservé à cette île. Mais le temps a passé, la loi de mon pays a été adoptée, les règles constitutionnelles ont été fixées par d’autres que par moi et je pense qu’il faut adopter une démarche concrète et pratique pour parvenir à dépasser ce contentieux désagréable entre nous.
Nous allons en parler. Mais je pense que dès maintenant nous devons prendre les mesures qui permettront une communication et des échanges constants entre Mayotte et les autres, les autres et Mayotte. Qu’il n’y ait plus de barrières dressées, barrières théoriques, mais peu franchissables, entre tous les Comoriens que vous êtes, eux et vous. Et que la France vous aide à retrouver votre très ancienne solidarité. Il est de multiples formes d’unité, croyez-moi, et nous allons les rechercher ».
En droit constitutionnel français l’autodétermination des Mahorais étant le principe démocratique le plus fort, le plus légitime et le plus conforme aux intérêts des Mahorais, deux septennats n’ont pas permis à Mitterrand de réaliser la réintégration de Mayotte dans le giron comorien qu’il appelait de ses vœux.
En 2012, son ancien sherpa, François Hollande, candidat à la présidence de la République, en visite à Mayotte pour sa campagne électorale, est interrogé sur la relation entre l’île française et les Comores indépendantes. Sa réponse est en rupture avec la doctrine de Mitterrand. Voici le rapport de la presse :
« Le candidat évoque la question de l’immigration, l’un des principaux défis pour Mayotte. Il promet de contrôler l’immigration, de créer le centre de rétention promis, de favoriser le «développement des Comores», les îles voisines, en espérant ainsi tarir la source de la «pression» migratoire. Les arrivées illégales sont constantes, à tel point que les pouvoirs publics sont incapables de connaître la population exacte de Mayotte. Dans ce contexte, il affirme aussi que sa proposition d’accorder le droit de vote aux étrangers aux élections locales ne sera pas appliquée de la sorte ici. «Il n’est pas question que les étrangers en situation irrégulière aient le droit de vote. Nous adapterons cette loi », assure-t-il pour rassurer la population. François Hollande insiste aussi sur l’attachement de Mayotte, ce territoire proche de l’Afrique, à la République ».
Le candidat socialiste ne remet pas en cause la départementalisation, mais ses paroles expriment son intime conviction : « Il faut favoriser le développement des Comores, en espérant tarir la source de la pression migratoire sur Mayotte ». Devenu président de la République en mai 2012, fidèle à sa déclaration, le chef de l’Etat confirme « l’engagement de la France en faveur du développement des Comores », et précise que « la France et l’Union européenne souhaitaient intensifier leur coopération dans les secteurs de la santé, de l’accès à l’eau, de l’éducation ou encore de la préservation de l’environnement et de la production d’énergies renouvelables ». L’Elysée formalise ces orientations par la Déclaration de Paris sur l’amitié et la coopération entre les Comores et la France, signée à Paris le 21 juin 2013.
Quand bien même Hollande souhaiterait secrètement le retour de Mayotte aux Comores, à l’image de son illustre prédécesseur, sa fonction présidentielle lui interdit de transgresser la loi française et son principe démocratique, qui prescrit et garantit l’ancrage pérenne de Mayotte dans la France.
Encore une fois, la libre détermination des Mahorais est plus forte que toute velléité diplomatique sécessionniste, si forte par le choix librement exprimé et constitutionnellement si légitime que le président socialiste renonce à son engagement d’accorder le droit de vote aux étrangers installés à Mayotte aux élections locales.
Elu en 2017, le président de la République En Marche Emmanuel Macron n’est pas socialiste, de son propre aveu (ni de droite ni de gauche). Mais il fut le conseiller de Hollande avant de devenir son ministre de l’Economie et du Budget. Sa conception du contentieux franco-comorien nous est encore inconnue ès qualité. Une indication est toutefois donnée par le discours du candidat Macron prononcé à Labattoir pendant sa campagne électorale.
Que disait-il le 26 mars 2017 ?
« Vous êtes ici au milieu de l’océan Indien, vous le savez. Qui peut promettre qu’il n’y aura plus, demain, de kwassa-kwassa ? Personne ! Qui peut promettre sérieusement qu’il n’y aura plus d’immigration clandestine? Personne ! Qui peut promettre, qu’en un clin d’oeil, il n’y aura plus d’insécurité ? Personne, raisonnablement !
Moi, je suis venu vous tenir le langage de responsabilité de la République, celui qu’on peut tenir, celui d’une République lucide, sérieuse, qui vous protégera et en même temps généreuse. Et qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire d’abord que la sécurité de Mayotte, elle passe par le développement des Comores, elle passe par une politique volontariste pour toute la région, elle passe par une politique responsable pour aider au développement de l’océan Indien et des Comores.
Aujourd’hui, ce sont vingt millions d’euros simplement qui sont donnés aux Comores dans le cadre de notre aide publique. Ce n’est pas suffisant, ça n’est pas sérieux. Et donc, oui, ce que je veux engager, c’est un grand pacte avec les Comores pour aider à leur développement, y investir, y engager l’Europe tout entière, mais en même temps, engager les Comores dans une politique de lutte contre l’immigration clandestine. Parce que votre insécurité d’aujourd’hui, c’est notre honte, à la République tout entière. Et moi, j’ai honte qu’il y ait aujourd’hui des Anjouanais et des Comoriens qui arrivent ici et qui créent l’insécurité ou ajoutent de la misère à la misère. Mais j’ai aussi honte que chaque année, il y ait des cinquantaines ou des centaines de kwassa-kwassa qui sombrent dans l’océan, qui fassent périr des vies entières parce que nous ne savons pas traiter ce problème ».
Ce discours a fait polémique. Certains Mahorais, la majorité d’entre eux à vrai dire, estiment qu’il s’inscrit en négatif pour Mayotte. D’autres, franco-comoriens, jugent, au contraire, qu’il est avantageux pour les intérêts de l’île. Cette contradiction ne s’estompera qu’à l’œuvre, au regard des résultats de la politique volontariste que le président mettra en application.
Néanmoins, l’allocution du président Mitterrand, les propos du président Hollande et le discours du président Macron, confrontés au choix républicain des Mahorais, permettent d’ores et déjà de tirer quelques enseignements, à savoir :
– que Mitterrand n’avait aucune sympathie ni compassion pour Mayotte française ;
– que Hollande, rationaliste, était plutôt compréhensif et bienveillant à l’égard des Mahorais et des Comoriens ;
– que Macron, pragmatique, manifeste un intérêt pour Mayotte conditionné à une ambition pour les Comores.
Ces trois présidents ont en commun une détestation de la mahorité, du discours mahorais et d’une francité mahoraise qui s’impose à eux par la grâce du suffrage universel. Leur idéologie post coloniale fondée sur l’illusion de la Grande Région Française de l’Océan Indien a enraciné dans leur mentalité humanitariste la conviction que la stabilité de Mayotte dépend du développement des Comores.
Un cocktail explosif : immigration, extraversion politique, dépendance et conditionnalité
A l’analyse, la position de l’actuel président est sensiblement la même que celle de son prédécesseur. N’oublions pas que l’un était le consultant de l’autre. Ce qui différencie les deux approches se situe dans les mots « dépendance » et « conditionnalité ».
Dans le premier cas, la dépendance renvoie à une relation de cause à effet. Il faut enrayer l’immigration invasive à la racine. Si l’on ne traite pas la cause en amont, le phénomène continuera de se répandre en aval avec tous les drames qu’il entraîne. Bref, le cancer ne cessera de métastaser. La croyance en cette relation de dépendance nous amène à dire qu’il ne pouvait pas y avoir de volonté politique de la part de Hollande de garantir le progrès et la stabilité de Mayotte puisqu’il présupposait que tout effort d’investissement public serait vain sans développer les Comores. Le sentimentalisme de Hollande dans cette relation de dépendance tripartite (France-Comores-Mayotte) a donc servi les intérêts de la France et des Comores au détriment de Mayotte victime, dans ce cadre diplomatique, d’une pression migratoire organisée, excessive, incontrôlée, génératrice d’insécurité et de violences urbaines ; victime aussi d’une extraversion politique vecteur d’inertie, d’immobilisme, de sous-développement et de paupérisation.
Si la position du précédent président est sensiblement la même que celle de l’actuel président comme on l’a dit plus haut, alors les conséquences risquent d’être sensiblement les mêmes : un manque de volontarisme répresseur des progrès réels de Mayotte et une extraversion politique dommageable pour sa population.
Dans le deuxième cas, la conditionnalité supposée garantir la stabilité de Mayotte, celle-ci pose la question de la sincérité de l’engagement du président Macron à l’égard de la réussite souhaitable de la départementalisation. Pourquoi en effet conditionner le succès de Mayotte à des contingences extérieures alors que, fondamentalement, l’archipel mahorais a tous les atouts pour assurer un développement insulaire endogène, inclusif, source de prospérité ? Le décollage est possible avec les potentialités de l’île, à condition bien sûr que la République assume pleinement ses missions régaliennes et que l’Etat assure en même temps sa part de financement des investissements nécessaires.
Disant cela, on dit que l’immigration clandestine n’est pas en soi un frein à l’émergence de l’île au lagon, car, aussi contraignante qu’elle puisse être pour l’activité économique et la paix sociale, cette immigration n’est pas un phénomène endogène, elle est par définition un phénomène étranger, contingent, voire accidentel. Après avoir submergé la population de Mayotte sous un flot migratoire instrumenté, conditionner le progrès de Mayotte à la lutte contre l’immigration clandestine apparaît donc absurde. Ce n’est pas une bonne politique et il ne faut donc pas la mener, ni même l’envisager.
A ce stade, disons la vérité des choses : parce que l’immigration clandestine est un phénomène imprévu, brusque, occasionnel ou exceptionnel, il est possible de le combattre et de l’enrayer. Il est même souhaitable de le faire. Outre que c’est une obligation légale pour l’Etat qui assure cette mission régalienne, de souveraineté, c’est aussi un impératif de sécurité pour la population et le territoire mahorais. Justement parce qu’elle est imprévisible, inattendue et inopinée, l’Etat doit appliquer contre elle le principe de précaution et le principe de prévoyance.
Le caractère de soudaineté, d’imprévisibilité et d’exceptionnalité est un facteur de risque. Il convient donc de mettre les moyens et de s’entourer de toutes les précautions pour gérer ce risque. La gestion du risque est d’ailleurs une activité essentielle de l’Etat qu’il déploie dans tous les domaines prioritaires et dans tous les secteurs sensibles. Prévenir le phénomène, prendre les précautions utiles pour agir lorsqu’il se manifeste : tel est l’enjeu pour Mayotte. Les bonnes politiques publiques procèdent d’ailleurs ainsi pour éviter le danger éventuel. Au demeurant, un principe de gouvernance nous dicte l’attitude vertueuse : gouverner c’est prévoir.
Dans la mesure où le manque de réactivité de l’Etat face à l’explosivité de l’immigration clandestine a contribué, par complicité active ou passive, à rendre le phénomène régulier, permanent et endémique, comment enrayer les départs quotidiens et les arrivées massives vers Mayotte ? Il y a deux manières de le faire. Une frontière s’ouvre ou se ferme. La fermeture est l’option mahoraise. Il faut donc, premièrement, mettre les moyens de contrôle sécuritaire et de dissuasion en interne pour combattre le phénomène nocif. Deuxièmement, développer les Comores. La troisième solution qu’on oublie souvent d’envisager consiste à faire les deux : promouvoir simultanément le progrès et la stabilité de Mayotte et renforcer l’aide au développement des Comores.
Dans tous les cas, toute conditionnalité assise sur l’extraversion politique qui ruinerait la croissance de l’économie mahoraise et anéantirait les intérêts supérieurs de l’île est à bannir. La seule conditionnalité que l’Etat est autorisé à mettre en œuvre est bipartite, franco-française, elle consiste à contraindre ses partenaires mahorais – collectivités locales (département, communes, intercommunalité), chambres consulaires, administrations publiques, associations et entreprises -de gérer rigoureusement les deniers publics et d’agir dans le respect des règles administratives, des principes juridiques et des normes constitutionnelles, au besoin avec une obligation de résultats.
Nous avons affirmé qu’il est absurde de conditionner le progrès de Mayotte à la lutte contre l’immigration clandestine pour les raisons ci-dessus évoquées. De la même manière, nous affirmons qu’il est déraisonnable de conditionner le développement de Mayotte au développement des Comores. Nous affirmons cela pour une raison toute simple ; Mayotte est un territoire insulaire français qui se suffit à lui-même. L’archipel mahorais a tous les atouts pour réussir. Aucune pression étrangère ne doit dénier ce droit aux Mahorais. Deuxième série de raisons : les Comores sont à une distance respectueuse de Mayotte, séparée par une frontière maritime aussi paisible que dangereuse. D’autre part, le développement des Comores est complètement aléatoire et n’offre aucune garantie de faisabilité à la France. L’histoire en est témoin.
L’autre enseignement que l’on peut tirer de l’expérience socialiste est que le discours du nouveau président réfléchit à bien des égards celui de François Mitterrand qui a été prononcé il y a 17 ans (relations franco-comoriennes, aide au développement et francophonie). On peut donc affirmer que ce discours de la France-Afrique présenté comme nouveau, moderne, voire visionnaire, est en réalité ancien, rétrograde et parfaitement hypothétique. Ce discours de la controverse a par ailleurs réveillé de vieux démons, ce qui le rend non pas stérile mais dangereux pour la cause qu’il prétend servir : « développer les Comores et apaiser Mayotte ».
Ce que le concepteur de « La République En Marche » a réussi à faire finalement, par sa communication équivoque et sa politique de déconstruction, c’est d’avoir permis à la diaspora comorienne, sous prétexte d’une nouvelle France de la refondation, de revivifier la revendication territoriale comorienne sur Mayotte et de déterrer la hache de guerre.
Le Haut Conseil Paritaire franco-comorien qui s’est tenu à Paris, au Ministère des Affaires étrangères, mardi 12 septembre 2017, n’est que la traduction d’une obsession anti-mahoraise. En postulant une feuille de route orientée « vers un cadre propice à une circulation régulière des personnes en toute sécurité » entre Mayotte et l’Union des Comores, le HCP est un démon à deux têtes qui s’abreuve d’un bain de sang prévisible. Les Mahorais et les Mahoraises, dignes héritiers des chatouilleuses, doivent donc prendre conscience de la menace génocidaire qui les guette.
Plus que jamais, soyons vigilants. La lutte n’est pas finie. Le combat continue !
Les murs gris et tagués ? Lassant et austère pour tout le monde. Face à ce constat, l’association Paré Na Rangué, de Petite-Terre organise dimanche une opération pour repeindre le mur du collège Zéna M’Déré. Le premier, on l’espère, d’une longue série. Objectif : rendre les rues de Petite-Terre plus jolies et plus agréables.
Il est grand, il est gris, il est tagué. Bref : il est moche. Mais cela va changer. Dimanche en effet, de 8h à 12h, l’association Para Na Rangué organise une action de peinture collective, entièrement bénévole, pour donner plus de gaieté au mur d’enceinte du collège Zéna M’Déré, à Pamandzi. « Au-delà de l’esthétique, il est dommage que des enfants passent devant des surfaces taguées et tristes », explique Leïla, une des deux fondatrices de l’association. Et de citer la théorie de la vitre brisée, une théorie statistique qui souligne le lien de cause à effet entre la criminalité et une vitre brisée. Imaginez en effet qu’en volant, un canard passe à travers la vitre d’un bâtiment public. Si celle-ci n’est pas remplacée rapidement, laissant entendre que le bâtiment est abandonné, les autres le seront à la suite par vandalisme. Au final, l’état de délabrement qui en résulte attirera la criminalité et l’incivilité. En somme : entretenir et égayer, c’est créer un cercle vertueux, en plus d’un cadre de vie agréable.
Les 400m2 du mur du collège, donc, nécessiteront quelque 80 litres de peinture… et des bras. Une quarantaine de personnes est ainsi attendue pour participer à l’opération, et les personnes souhaitant encore s’inscrire* sont les bienvenus. Mot d’ordre : bonne humeur et convivialité. Le street artiste Papajan sera d’ailleurs lui aussi de la partie.
Rendre Mayotte plus belle
Cette action, menée avec l’accord de la municipalité, pourrait bien être la première d’une longue série. Car la jeune femme tient à la répéter dès que possible : « Idéalement, nous espérons pouvoir en mener une tous les mois, toujours sur des murs publics, et avec l’autorisation des mairies », se réjouit-elle. Il faut dire que les murs de Mayotte à peindre ou à repeindre ne manquent pas.
Son idée, Leïla la tient de ses voyages. Rabat au Maroc, Burano en Italie, etc. : autant de villes qui, avec peu de moyens, mais un peu de volonté, ont su embellir leurs murs de couleurs. À tel point que celles-ci sont devenues des marqueurs de leur identité. Elle en sourit : « On peut vraiment rendre Petite-Terre plus jolie en égayant un peu ses rues, et puis pourquoi pas tout Mayotte ensuite! »
*Pour s’inscrire, envoyez votre nom et votre numéro de téléphone à parenarangue@gmail.com.
Un agent de sûreté de l’aéroport a été condamné hier au tribunal correctionnel pour aide à l’entrée irrégulière sur le territoire national. Il est accusé d’avoir abusé de sa fonction et de la naïveté de clandestins pour que ces derniers puissent passer sans encombre le contrôle des bagages à l’aéroport de Pamandzi.
On connaissait les passeurs maritimes qui sévissent sur les kwassas en termes de trafic d’êtres humains, on découvre à présent les passeurs aéroportuaires. C’est le cas de A.B qui comparaissait hier devant le tribunal correctionnel pour avoir aidé des Comoriens à traverser le poste inspection filtrage (Pif) sans être inquiété. Les faits se sont produits entre 2015 et 2017. L’agent de sûreté a été contacté par un certain « Fahad le roi de Marseille » afin qu’il lui donne un coup de main pour faire passer des personnes en situation irrégulière. A.B a accepté la demande moyennant 1 500 à 2 000 € par personne. Un business juteux au détriment de « la naïveté de pauvres gens qui ont économisé toute une vie », selon les termes du procureur, pour s’offrir le voyage Mayotte – métropole. Or le 5 mai 2016, une ressortissante comorienne et son enfant sont interpellés à l’aérogare par la police aux frontières. Après un an d’enquête, les recherches permettront aux forces de l’ordre de remonter jusqu’à A.B dont l’identité a été révélée par l’étude de l’historique des conversations téléphoniques de la clandestine. L’agent a été interpellé le 29 août dernier et a avoué lors de sa garde à vue qu’il était bien en contact avec cette personne. « Elle avait besoin de se faire soigner. J’ai voulu aider et on m’a proposé de me rémunérer. J’ai donc peut-être pensé que c’était de l’argent facile. Ainsi, j’ai dit à la personne de réserver son billet d’avion tel jour », a-t-il déclaré. Une date de départ qui correspondait au jour où travaillait A.B.
Relaxe pour le chef de corruption passive
Quel était donc l’intérêt pour « Fahad le roi de Marseille » et les clandestins de recourir aux services de l’agent de sûreté ? Peut-être qu’il s’agissait d’un moyen de rassurer les candidats à l’entrée illégale sur le territoire national en ayant un contact sur place le jour J.
« Le prévenu demandait à ses collègues de laisser passer les passagers en question et il prévenait ces derniers de venir avec plusieurs papiers comme les extraits de naissance des enfants au cas où », rappelle le procureur. Mais cette présence ne fut d’aucune utilité pour la ressortissante comorienne est interpellée le 5 mai 2016. En effet, lors de cette interpellation, A.B s’est absenté 15 minutes, image de vidéosurveillance à l’appui avant de revenir et de questionner les agents de la Paf sur ce qu’a pu dire le voyageur. Un comportement plus que suspect qui n’a pas manqué de mettre la puce à l’oreille des enquêteurs. Dans la foulée, l’agent de sûreté a remboursé la famille de la clandestine, un SMS attestant de ce transfert d’argent. L’avocat du prévenu demandera à ce que son client soit relaxé des chefs d’accusation pour lesquels il était poursuivi. « A.B est un agent de sûreté, il contrôle juste les cartes d’embarquement pas les pièces d’identité et son travail n’est pas de signaler que des personnes en situation irrégulière vont embarquer dans un avion », explique la défense. Les excuses et remords du prévenu n’y feront rien. Si le tribunal l’a relaxé pour le chef de corruption passive, le juge Ballu et ses assesseurs l’ont condamné néanmoins à 1 an de prison avec sursis, 5 000 € d’amende avec inscription sur le casier judiciaire pour les faits d’aide à l’entrée irrégulière sur le territoire national et détention de produits stupéfiants (11 grammes de cannabis retrouvés à son domicile).
Comme chaque année à la saison des alizés, plusieurs centaines de baleines à bosse viennent profiter des eaux calmes du lagon de Mayotte pour mettre bas et élever leurs petits. Gros plan sur les géants des mers…
Comme si l’océan faisait chaque année un cadeau de bienvenue aux nouveaux arrivants ou offrait une bénédiction divine aux petits mahorais pour leur rentrée scolaire, la fin de l’hiver austral est marquée par la migration des baleines à bosse. Il n’y a pratiquement qu’à Mayotte que le lagon est suffisamment grand et profond pour permettre l’entrée des baleines, qui sont parfois visibles des plages, notamment dans le nord et l’ouest. Elles donnent bien du travail aux nombreux opérateurs nautiques de l’île entre juillet et octobre.
Mais d’où viennent ces baleines ? Essentiellement du pôle sud, ou plutôt de l’océan glaciaire qui l’entoure – elles sont parmi les plus grands migrateurs au monde, capables de parcourir 25 000 km en une année. Là-bas, les eaux sont froides mais très riches en poisson et en grands bancs de petites crevettes (le « krill »), que nos baleines engloutissent par tonnes pendant la majeure partie de l’année. Car contrairement à ce qu’on entend souvent, ces baleines ne se nourrissent pas de plancton microscopique, mais bien de poissons (notamment du hareng, bien gras) et de crevettes ! Quand elles ouvrent leur énorme bouche, des milliers de litres d’eau sont irrésistiblement aspirés en quelques instants, puis expulsés d’un vigoureux coup de langue à travers leurs fanons poilus, qui retiennent tous ces animaux comme dans un filet, d’où ils seront aspirés vers l’estomac. Il n’est pas rare qu’elles avalent au passage un oiseau marin imprudent, alléché par les poissons en panique… Mais depuis Jonas on ne connaît aucun problème avec des humains, heureusement !
D’ailleurs, les baleines que l’on voit à Mayotte ne se nourrissent pas : elles reviennent des pôles avec plusieurs tonnes de graisse en réserve, et se contentent de se reposer dans les eaux tropicales, mais aussi de s’exercer au chant ou au saut, d’élever les petits à l’abri des orques et des gros requins du large (ils ne quittent leur mère que vers 5 ou 6 ans), et bien sûr de séduire. C’est dans ce but que l’on voit les mâles rivaliser de bonds prodigieux, qui peuvent atteindre 5 mètres de haut et déplacer plus d’eau qu’une piscine olympique ! Chants envoûtants, claquements de nageoires ou de queue, virevoltes sous-marines, tout est bon pour montrer à une femelle qu’on est le père idéal. Et les Don Juan des fonds marins ne s’embarrassent pas de la présence d’un baleineau dans leur parade : certaine femelles agacées ou protectrices chassent d’ailleurs les impertinents en répondant à leurs sauts, profitant d’être plus grandes qu’eux pour calmer leurs ardeurs.
Quelle que soit l’issue de ces séances de séduction ou des affrontements entre rivaux, le spectacle est toujours au rendez-vous avec ces animaux, qui mesurent en moyenne 14 mètres de long pour 25 tonnes, soit les mensurations d’un bus scolaire bien chargé – avec la grâce d’une jeune danseuse de mbiwi. L’avantage de ces baleines est qu’elles sont sans doute l’espèce la moins farouche et la plus curieuse : elles se laissent assez facilement approcher par les bateaux prudents, et vont même parfois s’approcher elles-mêmes pour observer une embarcation qui les intrigue… C’est ce qui permet, quand les conditions le permettent, d’aller nager quelques minutes en leur imposante compagnie, même si le moindre dérangement peut les faire fuir en un éclair. Mais cet avantage fut aussi un triste défaut, car cette espèce est l’une de celles qui a le plus souffert de la pêche aux XIXe et XXe siècles. Quand leur pêche a été interdite en 1966, celle-ci n’était déjà plus rentable puisque 90% des baleines à bosse avaient été massacrées ! Il n’en restait alors que quelques milliers d’individus dans des régions reculées, mais grâce aux mesures de protection la population globale est aujourd’hui remontée à environ 35 000 baleines, ce qui a permis de sortir cette baleine de la liste des espèces en danger.
Les baleines à bosse dissimulent encore bien des mystères aux scientifiques, notamment en ce qui concerne leur communication, qui semble toujours plus complexe. On observe aussi de plus en plus de grands groupes dans certaines régions, alors qu’on croyait cette espèce plutôt solitaire en dehors des nécessités de la reproduction : il est difficile de déterminer s’il s’agit du retour d’un comportement disparu à cause de la surpêche, ou d’une adaptation à un environnement changeant… Peut-être aussi que nous ne sommes pas encore assez intelligents pour les comprendre !
Suite aux évènements climatiques exceptionnels ayant touché la semaine dernière les collectivités de Saint-Martin et Saint-Barthélémy, le président du Conseil départemental a exprimé au nom de la collectivité et des élus, la solidarité de la population de Mayotte aux habitants de ces deux collectivités françaises durement éprouvées. L’occasion de lancer un appel territorial aux dons pour aider nos compatriotes antillais, en nous rapprochant des organismes non gouvernementaux mobilisés. Le Conseil départemental agira en ce sens dès sa prochaine session, avec le déblocage d’une aide de secours exceptionnelle de 5 000€. A l’approche de la saison cyclonique ici dans notre région, le président Soibahadine Ibrahim rappelle à la population que le risque d’impact sur Mayotte de tels évènements demeure possible et lance un message de mobilisation à la population pour se conformer aux alertes météos qui pourraient être émises et à oeuvrer dès à présent à consolider les habitations. Face à la multiplication sur notre territoire, notamment en zone urbaine, des constructions précaires, au vu et au su de tous, le président du Conseil départemental invite le préfet et les maires de Mayotte à tirer rapidement les leçons de cette catastrophe et à examiner d’urgence, toute mesure qui pourrait permettre d’éviter le scénario déjà envisagé pour Mayotte en cas de survenance d’un tel phénomène climatique.
Au regard de son passé cyclonique, Mayotte n’est pas à l’abri d’un événement hydro climatique majeur comme celui qui vient de toucher nos compatriotes de St Martin et St Barthélemy.
Quand on évoque les cyclones à Mayotte, la mémoire collective revient sur l’ouragan Kamisy. Cet événement a beaucoup marqué les Mahorais avec les 25.000 sans abris et les dégâts matériels considérables, estimés à plus de 200 millions de francs (environ 30 millions d’euros). C’était considérable à l’époque. Au début des années 1980, Mayotte mettait à peine les pieds dans la modernité qu’elle fut durement fauchée le 12 avril 1984. Mais avant Kamisy, l’île a connu de véritables cataclysmes. La mémoire collective semble avoir oublié des épisodes qui pourtant ont changé le cours de l’histoire de l’île.
Dans ce passé méconnu, le dimanche 27 février 1898 survient l’une des plus grandes catastrophes naturelles qui a dévasté l’archipel mahorais. Ce jour là, un vent commence à souffler en brise fraîche du sud de Mayotte. Ce phénomène « anormal pour la saison » inquiète Mr Mizon, l’administrateur de Mayotte. Il pose son regard sur le baromètre, celui-ci affiche un inquiétant 751 hectopascal (hPa) . Retenez juste, pour simplifier les choses, que la pression atmosphérique « normale » doit tourner autour des 1013 HPa. Quand elle baisse, c’est synonyme de dépression et si elle monte c’est l’anticyclone, c’est le calme, le contraire du cyclone. A 21, le baromètre de Mr Mizon atteint le chiffre de 742 HPa. Le doute n’est plus possible : un cyclone va traverser l’île. Mais il est déjà trop tard pour prévenir la population. L’administrateur est impuissant face au désastre qui s’annonce. Déjà « les gros arbres sont arrachés, les toits volent dans les aires, des maisons s’écroulent ». A 4 heures 45 du matin, le baromètre est à 735, les éléments sont déchaînés. A 8 heures du matin le baromètre remonte à 751 hectopascals. Mais les vents sont encore trop forts, ils sont suivis de pluies diluviennes.
Sans abri et sans vivres
En Petite-terre, le spectacle est apocalyptique : « La digue qui relie Dzaoudzi à Pamandzi est en partie détruite. La jetée de l’Est n’est plus qu’un souvenir tandis que celle de l’ouest a été en partie rasée ». Tous les bâtiments ont perdu leurs toitures, d’autres se sont écroulés. Il ne reste plus que les quatre murs du magasin général : tous les approvisionnements matériels et vivres qu’il renfermait sont perdus. La population se retrouve sans abri et sans vivres.
« Le lagon, tant vénéré pour ses rades protectrices, a connu son lot de désolation. Toute la flottille de l’île est détruite. Le trois-mâts La Pauline et deux boutres de 150 tonnes ont fait naufrage sur les côtes de la Grande-Terre… « C’est une véritable catastrophe car La Pauline transportait l’approvisionnement annuel en vivres des grandes plantations : son chargement est irrémédiablement perdu », note Mizon. Il ne reste que 2 maisons à Mtsapéré, la seule véritable grande ville de Grande-terre. « Le cyclone a dépassé en violence tout ce qu’il est possible d’imaginer et (…) a surpassé le cyclone qui assaillit Maurice en 1891 (…) Les pentes ont été dénudées […] Tous les villages indigènes ont été complètement rasées, cases et arbres », conclut l’administrateur de Mayotte dans son rapport. Le cyclone tua une soixantaine de personnes. Il mit à genoux toute l’économie de l’île en ravageant les plantations. L’industrie qui accumulait déjà des difficultés, après un premier événement passé en 1858, a été définitivement engloutie. Cette catastrophe fut suivie d’une épidémie de variole qui fit 2.300 victimes en 1898 sur une population d’environ 12.000 habitants.
La députée En Marche Ramlati Ali a annoncé à travers un communiqué la visite de la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn du 30 septembre au 3 octobre prochain. Elle sera précédée par sa conseillère outre-mer, Anne Beinier qui sera présente sur l’île dès le 28 septembre pour rencontrer notamment les syndicats.
Suite à la vidéo publiée sur Facebook et relayée par la page « Front Départemental Mahorais, le centre hospitalier de Mayotte a souhaité réagir:
« Le Centre Hospitalier de Mayotte, comme de nombreuses structures à Mayotte, rencontre des problèmes liées aux nuisibles. Le climat tropical favorise la prolifération rapide de ces nuisibles. Pour faire face à ces désagréments, le CHM fait régulièrement appel à un prestataire qui intervient 3 fois par an dans tous les services de soins et chaque fois que de besoin.
Une prestation était prévue durant le mois d’août lors la grève de TOTAL. Celle-ci n’a pas pu être menée, faute de carburants. Une autre est actuellement en cours.
Afin d’éviter que ce genre de désagréments ne se reproduise, nous rappelons aux usagers qu’il est recommandé de ne pas ramener de la nourriture dans les services ni d’en garder dans sa chambre et que manger à proximité de ceux-ci favorisent la présence de nuisibles. Il est donc conseillé de se diriger vers la cafétéria du CHM pour se restaurer.
Le Centre Hospitalier de Mayotte s’excuse néanmoins auprès de la famille victime de cet incident et les invite à se rapprocher de la direction. »