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Stationnement | « Le stationnement payant, c’est une petite révolution à Mayotte »

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Le centre-ville de Mamoudzou va connaître, le 16 juillet prochain, une évolution majeure. En effet, des horodateurs, déjà installés, vont être mis en fonction par la mairie dans des zones d’activité économique, non loin de la barge. Le projet doit permettre d’améliorer la rotation des véhicules pour développer l’activité commerciale et l’attractivité du territoire en libérant une partie des parkings. Flash Infos a rencontré Mohamed Moindjié, adjoint au maire en charge des transports.  

 

En quoi consiste ce projet de stationnement payant ?

M.M : « Aujourd’hui, il y a un vrai problème en termes de circulation, d’embouteillages et de stationnement, ce qui a des conséquences sur le développement et l’attractivité du territoire. Ce dispositif a pour objectif de favoriser la rotation des véhicules dans des zones qui sont énormément fréquentées par la population mahoraise mais également par les touristes. Le stationnement joue un rôle primordial dans une ville capitale comme la nôtre. L’objectif est d’accompagner les commerçants en essayant de libérer des places de parking. Ces zones payantes seront un plus pour tous. C’est une petite révolution pour ce département. »

 

Quelles sont les zones concernées par ce stationnement payant ?

M.M : « Toutes les zones payantes sont situées autour de la barge dans le centre-ville. Les horodateurs sont déjà installés rue de la mairie, rue Mariazé, rue Mahabou, sur le boulevard Halidi Selemani (anciennement rue du commerce et rue de l’hôpital) et sur la place Mariage et celle de l’ancien marché. Ils n’entreront en fonctionnement que le 16 juillet. Une  période de prévention est tout de même prévue. Cette période d’adaptation, de plus ou moins deux semaines, va permettre aux habitants de prendre conscience de ce vrai changement avant une première verbalisation. L’idée, c’est de faire preuve de compréhension pendant une période donnée, déterminée par les chefs de projets. Après cette date limite, le stationnement sera payant de 8h à 18h en semaine et de 8h à 12h le samedi. Le samedi après-midi, le dimanche et les jours fériés seront gratuits. Seuls les taxis et les deux roues ne seront pas concernés par ces zones payantes. »

Les résidents pourront-ils bénéficier d’un abonnement ?

M.M : « C’est simple. Les résidents des différentes zones réglementées pourront souscrire à un abonnement spécifique. Pour en bénéficier, ils devront payer douze euros le mois ou soixante dix euros par an. Cet abonnement ne comprend que leur rue. Nous avons également créé un abonnement pour les commerçants de trente euros pour un mois, ou de cent quatre-vingts euros pour l’année. Je pense que ces forfaits sont abordables. Grâce à l’argent récolté, nous avons beaucoup de projets comme la rénovation de trottoirs et/ou la création de zones piétonnes. Il faut encourager d’autres modes de déplacements. Le covoiturage n’est pas encore assez développé ici à Mayotte. 

 

Quel budget a nécessité cette réforme ?

M.M : « Le budget, qui comprend l’achat des horodateurs et leur paramétrage, est d’environ 40 000 euros. Mais ce n’est que provisoire. Dans un futur proche, d’autres emplacements vont également être changés en zones de stationnement payant ou en zones bleues (gratuites mais réglementées avec une durée maximale de deux heures de stationnement). Pour exemple, la zone commerciale de Kawéni pourrait basculer en zone bleue. Nous attendons encore de voir quelles zones pourraient être avantagées par ce dispositif. Le principe c’est que le centre de Mamoudzou et la zone d’activités de Kawéni soient couvertes en zones bleues et en zones payantes. »

 

 

 

 

Une suspicion d’enlèvement écartée à M’tsamboro

Ce n’était donc pas un enlèvement. Les parents de deux jumelles âgées de 3 ou 4 ans ont signalé en milieu de semaine dernière leur disparition à la gendarmerie. Les deux fillettes avaient disparu pendant la soirée dans la commune de M’tsamboro où elles résidaient avec leurs parents, dans le nord de l’île. Elles ont finalement été retrouvées saines et sauves le lendemain, sur les lieux de leur disparition. Une voisine aurait passé la soirée avec les deux enfants après qu’elles eurent échappé à la surveillance de leurs parents. « Notre préoccupation première était de les retrouver le plus rapidement possible en nous assurant de leur bonne santé physique et mentale », a expliqué le Colonel Philippe Leclercq. Les jumelles ont ainsi été immédiatement examinées en milieu hospitalier.  « Aucune atteinte à caractère sexuelle n’a eu lieu », a indiqué le  colonel Leclercq. Après les rumeurs de tentatives d’enlèvement qui ont circulé sur les réseaux ces dernières semaines, l’annonce de cette disparition avait suscité de vives réactions dans la population. 

 

Culture | Le Fescuma : c’est imminent !

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La 4ème édition du Festival culturel de Mamoudzou, le Fescuma, prendra ses quartiers place de la République du 5 au 8 juillet prochains. Mesures sécuritaires, artistes présents et nouveautés, tout a été dévoilé. 

Le Festival culturel de Mamoudzou est placé sous le signe de l’internationalité. Faire de ce festival culturel, LE festival de l’océan Indien est ce à quoi aspire la mairie de Mamoudzou, à l’origine de cet événement. Dans l’optique de rendre le Fescuma plus attractif, localement mais aussi à l’échelle internationale, une « ouverture » est de mise. Ainsi, cet événement qui célèbre cette année sa quatrième édition, a fait appel à des artistes d’ici et d’ailleurs qui se produiront tous place de la République du 5 au 8 juillet. En effet, le programme se veut riche, à mi-chemin entre la tradition et la modernité : des associations de « debaa », de « chigoma », animeront ce festival culturel au même titre que les artistes au registre musical plus moderne. « Une occasion pour les associations de présenter leur art », a indiqué Ahamada Haribou, directeur général administratif Action citoyenne, vie publique et culturelle. 

L’élection de l’ambassadeur de Mayotte se déroulera également pendant l’événement. À l’origine de ce concours, Mariame Hassani, première Miss Mayotte 2000 qui a la volonté de mettre « en valeur la jeunesse mahoraise et notamment la gent masculine, souvent oubliée ». 

Une ribambelle d’artistes

Pour célébrer cette quatrième édition en grande pompe, des artistes d’ici et d’ailleurs ont été conviés. « On a voulu mettre l’accent sur les concerts », précise Ahamada Haribou, avant d’ajouter qu’il était important de faire profiter aux artistes locaux de la rencontre avec les autres artistes invités afin de « partager les expériences ». En effet, M’toro Chamou, Goulam, Rekman Seller, Siou, Naza, Baco Ali, Baina, Smaven Mafana, El Djine, Diez et Dadiposlim seront présents et s’adonneront tous aux concerts prévus durant les quatre jours du festival. Une scène ouverte sera quant à elle dédiée aux artistes mahorais novices. 

Le dimanche 8 juillet sera consacré à la femme mahoraise. Très attendu, Baco Ali clôturera le Fescuma avec le fameux « m’biwi », danse mahoraise incontournable. « Les femmes sont passionnées de m’biwi, c’était une évidence pour les organisateurs de faire venir celui qui fait danser les Mahoraises ». 

Des mesures sécuritaires drastiques

« L’événement prend de l’ampleur parce qu’on n’a pas lésiné sur les moyens de sécurité. Les gens viennent sereins »,  assure l’adjoint au maire. Seront en effet mobilisés une centaine d’agents municipaux, la Police municipale, la gendarmerie, les pompiers et la Croix-Rouge. Afin de mener à bien cette quatrième édition, Anfane, responsable de la Police municipale de Mamoudzou a détaillé les mesures sécuritaires prises dans le cadre du Fescuma : « La route sera bloquée jeudi 5 juillet, dès 15h », indique-t-il. Des changements routiers et maritimes seront également à prendre en compte, dont la déviation de la barge,  l’entrée des véhicules s’effectuera par le Camion rouge. Ce gros dispositif, non chiffré – impossible de définir le nombre de personnels de sécurité présents a indiqué Anfane – a pour objectif de sécuriser le périmètre au maximum. La zone sera délimitée par un dispositif de barrières, de fouilles et de palpations de sécurité avant l’accès au festival. 

Budget et dépenses

Le budget alloué à ce gros événement culturel -« pas encore atteint » jeudi dernier, s’élève à 220 000 euros. En détail : 94 000 euros ont été consacrés à la partie artistique, à savoir la programmation des artistes et leur prise en charge sur l’île, 22 000 euros ont été donnés aux associations participantes, un montant généreux pour financer leurs tenues de danse lors des traditionnels « chigoma » et « m’biwi », ont expliqué les membres de l’organisation. Le dispositif de sécurité a quant à lui coûté 20 000 euros, la partie communication 24 000 euros, et 30 000 euros ont été alloués à la logistique. 

 

 

Demandez le programme ! 

Jeudi 5 juillet

15h-17h : M’gourou / Biyaya/ Chakacha

17h-18h : M’chogoro

18h-20h : Chigoma

21h-22h : El Djine

22h-22h30 : Diez

22h30-23h : Baina

23h-minuit : Smaven Mafana

minuit-1h : Dadiposlim 

 

Vendredi 6 juillet

19h45 : Discours d’ouverture

20h-minuit : Ambassadeur Mayotte avec Goulam et Siou en guests

 

 

Samedi 7 juillet 

17h-20h : Concours jeunes talents

21h-22h : M’toro Chamou

22h-22h30 : Rekman Seller

22h30-23h : Goulam

23h-2h : Naza

 

Dimanche 8 juillet 

13h-16h : Debaa

17h-22h : M’biwi avec Baco Ali en guest

 

ARS : « La prévention est un élément majeur de notre action à Mayotte »

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Après dix-huit mois de recherches et d’échanges qui ont mobilisé plus de soixante groupes de travail, le Projet de Santé (PRS) La Réunion-Mayotte 2018-2028 a finalement été adopté par l’Agence régionale de santé Océan Indien le 29 juin dernier. Ce PRS sera la feuille de route de l’agence pour « améliorer la santé des Mahorais et des Réunionnais » dans la décennie qui vient. Prévention et santé communautaire sont au cœur des axes de développement à Mayotte.  

Si La Réunion fait face à des « enjeux » en termes de santé, pour Mayotte il serait plus juste de parler de « défis ». C’est ainsi du moins que le directeur général de l’Agence régionale de santé Océan Indien, François Maury, a résumé la situation des deux territoires ce lundi 2 juillet, à l’occasion d’une conférence de presse donnée au siège de l’agence à Mamoudzou sur le « Projet de Santé La Réunion-Mayotte », quelques jours après son adoption par l’ARS, le 29 juin. Fruit du travail de plus d’une centaine d’acteurs de la santé, d’associations d’usagers et des pouvoirs publics de La Réunion et de Mayotte, ce « PRS » constituera la feuille de route de l’agence concernant la politique de santé à mener dans les dix prochaines années dans les deux territoires ultra-marins. Soulignant le « contexte très particulier de Mayotte » le directeur de l’ARS Océan Indien a martelé l’importance de la prévention dans le 101ème département, notamment du fait de l’abondance de « maladies chroniques » qui s’y développent, telles le diabète. 

L’autre élément-clef qui ressort du travail de concertation mené pour aboutir au PRS est ce qu’on appelle la « santé communautaire ». Cette approche de la médecine consiste à associer la population et les différents acteurs professionnels intervenant dans le parcours de soin. D’ici six mois, l’ARS projette ainsi de mettre en place une journée régionale ouverte au public sur cette question, avec le projet de bâtir par la suite une structure d’accueil pérenne dédiée à la santé communautaire, distincte des maisons de santé. 

« C’est justement parce que nous avons beaucoup de maladies chroniques à Mayotte qu’il faut apporter une réponse globale et un accompagnement au plus près de la personne, de son domicile, et de sa communauté », a fait valoir le directeur. Pour ce faire, encore faut-il qu’il existe un réel partage d’informations. « À Mayotte, malgré le manque de professionnels de santé, nous avons beaucoup de maisons de santé, donc nous sommes déjà engagés dans cette dynamique », s’est félicité François Maury, saluant au passage le fait que « les jeunes médecins et infirmiers semblent de plus en plus enclins à travailler en groupe » et ne se limitent pas à un rapport classique patient-médecin, construit uniquement en tête-à-tête.

Des financements en hausse 

Le projet de santé qui guidera l’ARS jusqu’en 2028 est élaboré autour de huit grandes priorités. D’abord, la santé des femmes, des couples et des enfants avec la périnatalité, la préservation de la santé des jeunes, incontournable avec « plus de 60% de mineurs dans le département », la santé des personnes âgées et/ou handicapées, la prévention et la prise en charge des maladies chroniques. La santé nutritionnelle figure aussi au rang de ces priorités, alors que Mayotte compte « des enfants malnutris », au sens où ils présentent des carences, mais aussi dans le même temps des personnes en surpoids, voire obèses. Le PRS se focalise également sur la santé mentale, préoccupante dans l’île étant donné que « nous n’avons pas les moyens à l’heure actuelle de prendre en charge les gens, avec seulement dix lits pour 260 000 habitants », ou encore l’environnement, dans la mesure où il est au service de la santé, avec la question du traitement et de l’assainissement de l’eau par exemple. Enfin, l’ARS va concentrer ses efforts sur le renforcement de la veille sanitaire, car même s’il y a peu de cas de paludisme à Mayotte, l’année 2014 a enregistré 500 cas de dengue, rappelle François Maury, qui estime qu’il faut « rester attentif à l’arrivée de certaines menaces ». Pour donner vie à tous ces projets, le fonds d’intervention régional mis à disposition de l’ARS Océan Indien va voir son budget augmenter de 50% en 2018, et à nouveau de 50% en 2019, le portant à un peu plus de 15 millions d’euros à horizon 2020, contre 7,8 aujourd’hui, annonce les responsables de l’ARS. Cela devrait notamment permettre de renforcer les moyens de prévention concernant les maladies chroniques. Une autre ambition de l’ARS consiste à accroître l’attractivité du territoire pour les médecins et autres professionnels de santé et à y faciliter leur installation, notamment pour les cabinets de médecins libéraux. 

 

 

 

Encadré 

 

La santé communautaire « un outil très adapté à Mayotte »

 

Pour le directeur adjoint de la Délégation de l’île de Mayotte, Salim Mouhoutar, la santé communautaire est un « outil magnifique, quoiqu’encore très peu utilisé et pourtant très adapté à Mayotte ». Évoquant une forme de « démocratie sanitaire », ce dernier estime que « l’on ne peut pas faire de soins sans le concours des Mahorais en tant qu’acteurs de leur propre santé ». Citant l’exemple du programme de sensibilisation à la contraception « 1,2,3 Bass » ou de la dernière campagne de vaccination (à l’issue de laquelle quelque 14 000 enfants ont été vaccinés), Salim Mouhoutar ajoute que « par le passé, toutes les actions de santé réussies, l’ont été de cette manière ». Un Diplôme d’université (DU) de médecine communautaire doit d’ailleurs ouvrir ses portes à la prochaine rentrée scolaire à Mayotte. Les étudiants qui sortiront diplômés de ce cursus auront des compétences adaptées au territoire – ils pourront ainsi y rester – et exercer leur art de manière plus efficiente. 

 

 

35ème édition de la course de pneus | Le palmarès des vainqueurs

La 35ème édition de cette compétition aussi atypique que typique de Mayotte s’est achevée samedi après midi dans la joie et la bonne humeur. Au total, l’événement a rassemblé quelque 1200 participants venus des quatre coins du département. Chez les filles, ce sont les communes de Pamandzi, Mamoudzou et Tsingoni qui se sont imposées. Chez les garçons, les grands gagnants venaient de Mamoudzou, Bandraouba et Tsingoni. Chez les adultes, ce sont les équipes « Badiléo », « Mayotte Parebrises » et « 2+2=22 » qui se sont partagé le podium.

 

4ème édition du Bootcamp Trainer Mayotte

Bon courage. Pour la quatrième année consécutive, l’association Casec, qui organise le bootcamp trainer Mayotte, a lancé le début de l’événement depuis le restaurant « La Croisette » sur la place de la République à Mamoudzou. A 13h, les aventuriers ont appris que les portables ne seraient pas du voyage. Une surprise qui en a déçu plus d’un. Une ambiance conviviale et chaleureuse régnait sur la terrasse du restaurant, chacun cherchant un ou deux compagnons de route pour « souffrir ensemble » comme ils disent avant qu’un autre ajoute « c’est un challenge personnel et je sais ce qui m’attend.

Ça va être très dur ». Tous habillés d’un t-shirt Bootcamp, un repas leur a été servi pour les préparer à un week-end qui s’annonçait physique. Les 39 participants, qui ne se connaissaient pas pour la plupart, formeront trois équipes de dix et une équipe de neuf. « Les équipes sont toutes équilibrées. Comme je suis coach sportif de métier, j’ai pu construire les équipes selon la pratique sportive, le poids, la taille… » a expliqué Fahdédine Madi Ali, organisateur de l’événement. Ensemble, les candidats vont devoir se dépasser en équipe pour réaliser des épreuves plus dures les unes que les autres. Au programme, course en relai avec des noix de coco, parcours du combattant de nuit, épreuves d’orientation… mais également des épreuves inspirées des activités culturelles sur Mayotte pour sensibiliser les participants à l’environnement. « Nous voulons mettre en avant la promotion de notre île et rappeler les activités que faisaient leurs ainés. Il y a un partage de la culture mahoraise » a assuré l’organisateur. Le site du camp se trouve au sud entre Hamouro et Hajangua.

 

Problème de trésorerie

Normalement, le Bootcamp devait accueillir plus de particpants cette année. « Il y a eu énormément de désistements » a indiqué Fahdédine Madi Ali, déçu par la tournure des évènements. En cause, plusieurs autres évènements le week-end comme la course de pneu, le match de l’équipe de France de football ou encore le beach volley. Les partenaires ne sont pas non plus au rendez-vous cette année ce qui n’aide pas dans la trésorerie du Bootcamp. « Heureusement, le Conseil départemental nous est venu en aide » a assuré le coach sportif. Un budget de plus de 40 000 euros qui est dédié aux équipements, à l’organisation de l’événement, le matériel et son transport, la location de bateaux et de voitures… « C’est un budget pour être au plus près de la qualité de Koh lanta. Le but est de réaliser un bel événement autour de la promotion du département mahorais » a conclu Fahdédine Madi Ali.

Événement | La 35ème course de pneus, c’est demain !

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Édition exceptionnelle de la course de pneus, cette année ! Et pour cause : l’événement devenu culte fête ses 35 ans. Autant dire que les organisateurs ont mis le paquet pour que ce rendez-vous phare de l’île aux parfums soit à la hauteur des attentes.

« La plus belle course du monde » : c’est le nom d’un reportage tourné en 2016 à Mayotte, et qui mettait en avant la course de pneus. Un intitulé qui en dit long sur la façon dont l’événement a su s’installer dans le cœur des Mahorais. Lancée pour la première fois en 1984 par un professeur d’éducation physique, Jack Passe, l’atypique compétition est désormais entrée et ancrée dans la culture de l’île. « Il s’agit de l’évènement le plus ancien de l’océan Indien », souligne à ce titre Laurent Mounier, directeur de l’agence Angalia, en charge de l’organisation depuis 2008, avant de rappeler que « Même le Grand raid de La Réunion n’est né qu’en 1989. »

Demain, samedi 30 juin, c’est donc un rendez-vous incontournable qui se déroulera à partir de 14h (voir encadré), sur le 1,8 kilomètre de parcours reliant la MJC de M’tsapéré à la place de l’Ancien marché en suivant la route nationale.

D’autant plus incontournable que la course de pneus de Mamoudzou fête cette année ses 35 ans d’existence. Quelques nouveautés et surprises sont donc prévues pour la fêter dignement. Première d’entre elles : chaque participant est invité à venir déguisé en super-héros. Des super-héros qui se retrouvent d’ailleurs sur l’affiche de l’édition 2018, dessinée comme de coutume par l’architecte Vincent Liétar.

L’événement sera également retransmis en direct sur Mayotte 1ère, de 13h30 à 15h30, « afin d’être visible de tous à Mayotte. » Une nouveauté qui confirme l’importance de la compétition dans le 101ème département. 

Enfin, cette édition verra l’abandon du système de toise. Au-dessus de 1,45 mètre, les enfants n’avaient en effet pas le droit de participer. Une injustice désormais corrigée : « Sur deux enfants du même âge, l’un pouvait participer alors que l’autre, plus grand, ne le pouvait pas », justifient les organisateurs. C’est donc désormais un critère d’âge qui est retenu pour la participation des jeunes adolescents : avoir entre 10 et 12 ans.

400 encadrants

Avec un succès confirmé d’année en année, la course de pneus demande désormais des moyens conséquents. Pour cette 35ème édition, quelque 400 encadrants sont ainsi mobilisés pour assurer le bon déroulé des festivités. Parmi eux, 130 bénévoles du Régiment du service militaire adapté (RSMA), d’autres de l’Union française des œuvres laïques d’éducation physique (Ufolep), d’associations telles que Wenka culture ou Coup de pouce, de partenaires divers ; mais aussi soixante agents de la commune de Mamoudzou, et 80 des autres communes de l’île.

Le volet sécurité mobilisera pour sa part deux escadrons de gendarmerie, la brigade anti-criminalité, ainsi que la police municipale du chef-lieu. 

1 200 participants

Cette année encore, la course de pneus de Mamoudzou se veut être la grande finale du championnat de course de pneus de Mayotte. Depuis 2015 en effet, cinq autres courses – une par intercommunalité – sont organisées au préalable. Un changement intervenu pour permettre aux enfants du reste de l’île de concourir eux aussi. Ils étaient 925 à participer à ces sélections cette année pour 200 places – 100 pour les filles, 100 pour les garçons – disponibles lors de la course de Mamoudzou. S’ajouteront à eux 600 enfants venus de tous les villages de la capitale, sans oublier les adultes. Comme de coutume, ces derniers courront en équipe, 80 en tout, réparties en quatre catégories : gros pneus, bouénis, hommes ou femmes, et mixtes. De quoi en satisfaire plus d’un, et assurer un bon moment de convivialité. À vos pneus, prêts…

 

L’organisation en détail

  • 14h : départ de la course des garçons.
  • 14h30 : départ de la course des filles.
  • 15h : départ de la course des adultes. Un départ d’équipe à chaque minute.
  • 17h30 : remise des prix, place de l’Ancien marché.

À noter : la circulation sera interdite sur la totalité du parcours de 12h à 18h30. Le stationnement des véhicules sera interdit du vendredi 29 juin à 17h, au lendemain à 18h30 sur le parking de la Copemay, celui du port de plaisance, sur la place de l’Ancien marché et sur les côtés de la route nationale entre l’amphidrome et le rond-point du Baobab. Également, les rotations des barges se feront depuis l’amphidrome.

 

 

Air Austral : des perturbations du 4 au 12 juillet

Des perturbations sont à prévoir pour la période du 4 au 12 juillet prochains sur la compagnie Air Austral, selon nos confrères du site d’informations réunionnaises Clicanoo. Elles toucheront essentiellement la ligne Mayotte-Paris et Réunion-Mayotte. Les passagers dotés d’un billet à destination de la métropole et au départ de Dazoudzi devront passer par La Réunion pour y prendre l’un des vols affrétés pour l’occasion. Des changements d’horaires sont donc à prévoir durant cette période. En effet, la compagnie aérienne Air Austral espérait récupérer son Boeing 787 F-OLRC avant le début des grandes vacances mais finalement l’appareil devrait être cloué au sol une semaine supplémentaire, du 4 au 12 juillet, lui a annoncé le motoriste Rolls-Royce. Le Boeing est immobilisé depuis le 25 mars dans le cadre d’une opération de maintenance programmée. Un Boeing 747 et un Airbus A340 viendront pallier l’absence de F-OLRC, toujours selon Clicanoo. Air austral a mis en place des mesures pour le remboursement du client ou la modification du billet sans frais ni pénalités. La compagnie autorise également la modification de la destination.

 

PATRIMOINE | Les derniers bangas traditionnels font leurs adieux

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Après des années de lutte pour conserver ce qu’il présente comme « les derniers bangas traditionnels de Mayotte », l’entrepreneur Fayadhu Halidi jette l’éponge. Par manque de clients et de soutien de la part des institutions, l’homme abandonne son rêve de bâtir un site touristique pour faire perdurer cette tradition architecturale. Ce qui ne l’empêche pas de lancer un dernier appel à l’aide.

Une page se tourne dans l’histoire de l’île aux parfums. Sur les hauteurs de Chirongui, l’entrepreneur Fayadhu Halidi jette un dernier coup d’œil sur les vestiges d’une tradition centenaire. « D’ici quatre semaines, les derniers bangas seront rasés », lâche l’homme avec amertume. Après quelque 30 000 euros d’investissements, et plus d’un an de travail acharné en solitaire, le gaillard doit se résigner : « Ce n’est plus tenable financièrement. En l’absence de soutien des institutions et avec la baisse du tourisme à Mayotte, je suis obligé de détruire ces bangas que j’ai construits de mes mains ».

À l’origine pourtant, le projet semblait des plus prometteurs. « J’ai eu l’idée en 2012 de créer un site pour accueillir les touristes dans des bangas traditionnels. Avec tous les problèmes d’insécurité, je me disais qu’il serait judicieux de créer un coin tranquille dans la campagne pour renouer avec les racines de Mayotte », explique ce passionné d’histoire, amoureux du département. Parcours découverte, formule repas comprise, sensibilisation à l’histoire de l’île… les idées fusent et commencent à attirer les clients. « Il y a eu plusieurs vagues de Réunionnais qui venaient y passer leur weekend. Mais au fil des ans, les clients ont disparus », rembobine celui qui se fait surnommer « J’accuse ».  Pour ce dernier, la baisse du tourisme dans l’île n’est pas la seule responsable de ce déclin. « Que cela soit avec l’Office de tourisme ou d’autres institutions, je n’ai jamais été soutenu. Des contrats ont été passés et j’ai rempli ma part du travail, mais les promesses n’ont pas été tenues. Résultat : ce projet est abandonné et mes petits-enfants ne verront jamais le type de bangas dans lesquels j’ai vécu ».  

La tradition comme leitmotiv

Fayadhu le répète inlassablement : « Je n’aime pas tricher. Soit je choisissais de construire des bangas dans la pure tradition mahoraise, soit rien du tout ». Si le choix est honorable, il demeure en partie responsable du déclin de ces habitations. « Les murs sont composés de terre et de paille qui recouvrent la structure en bois. Celle-ci est en partie composée de bois d’ylang. Avec le temps, la terre s’effrite et le bois n’est plus isolé. Il faut l’entretenir régulièrement, ce qui demande du temps et de l’argent », déplore-t-il. Autre difficulté : l’entretien des toitures en feuilles de cocotier : « Avant j’avais la force de grimper aux arbres. Mais à 40 ans passés, ces choses ne sont plus de mon âge ».

Pour Fayadhu Halidi, la disparition de cette tradition s’explique par la perte de l’un des piliers de la culture mahoraise : la « moussada » (l’entraide villageoise, en français). « Avant, les bangas étaient entretenus collectivement dans les villages. À la moindre galère, la solidarité était présente pour pallier les difficultés de chacun. Aujourd’hui, quand je demande aux jeunes de grimper aux arbres pour me prendre quelques feuilles de cocotiers, ils me répondent ‘’c’est du travail d’Anjouanais, tu n’as qu’à demander à quelqu’un d’autre’’ ». Une dévalorisation de l’activité fraternelle aux relents xénophobes, qui touche profondément l’entrepreneur dans son amour-propre. Mahorais d’origine anjouanaise, Fayadhu Halidi n’en demeure pas moins fier de son combat pour le maintien des traditions de l’île. 

Cap sur l’avenir  

Bien qu’ancestraux, les bangas traditionnels offrent de véritables opportunités dans le développement éco-responsable de Mayotte. Dans le petit village recréé par « J’accuse », tout est écologique : Toilettes sèches, matériaux naturels, aucune consommation énergétique… Autant d’éléments qui ajoutent à la déception de cet entrepreneur tourné vers l’avenir. Attaché à la jeunesse, l’homme souhaite désormais utiliser son terrain pour un projet tout autre : « Je souhaite créer un petit parc à jeux pour les enfants. Il y aura un circuit, des trampolines, des espaces ludiques, etc. », imagine l’éternel optimiste.

À l’origine composé de six bangas, le site touristique de Fayadhu en compte aujourd’hui quatre. A raison d’un banga détruit par semaine, Mayotte assiste désormais aux dernières heures de ce que l’homme qualifie de « seuls véritables bangas traditionnels ». Dans un dernier espoir, « J’accuse » lance pourtant un ultime appel à l’aide aux citoyens intéressés par la préservation de ce vestige culturel. Dans le cas contraire, l’homme hésite malgré tout à « préserver un seul banga au milieu du parc à jeux ».  À en croire ses dires, il s’agirait alors « du dernier banga mahorais ».  

Pour contacter Fayadhu Halidi : 06 39 22 31 37, Fayadhu.h@gmail.com

 

 

Sécurité | Manifestation à Bandrélé après l’agression des gendarmes

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Deux jours après la violente agression de deux gendarmes du GIGN de Mayotte dans le sud-est de l’île, à Bandrélé, dimanche, plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés mardi matin à l’aube. Des membres du Collectif des citoyens de Mayotte étaient sur les lieux pour interpeller le maire sur ces nouvelles violences. 

Ils souhaitaient interpeller le maire. Plus d’une soixantaine de manifestants se sont rassemblés dès 5 heures du matin mardi dans la commune de Bandrélé, au sud-est de Mayotte. L’élément déclencheur de cette mobilisation matinale a été la violente agression, à coups de pierres, dimanche, de deux gendarmes appartenant à l’antenne locale du GIGN en intervention dans la commune, par un groupe d’individus postés en embuscade. Différents blocages ont ainsi eu lieu dans la journée de mardi, à la mairie et au dispensaire de Bandrélé, fait savoir Abdoulhanyou IBRAHIMA, adjoint au DGS de Bandrélé. « Les manifestants ont demandé à parler absolument au maire et au sous-préfet en charge de l’immigration (Julien Kerdoncuf NDLR) », indique l’adjoint, qui ajoute que des personnes encagoulées étaient présentes parmi la foule. Une quarantaine de gendarmes étaient déployés pour encadrer la manifestation. « Une réunion devait se tenir à dix heures, mais le temps de mettre de l’ordre avant l’arrivée du sous-préfet, elle a débuté à 11 heures et s’est achevée vers 13h40 » précise l’adjoint au DGS. Cette réunion a rassemblé des membres du CODIM (Comité de Défense des Intérêts de Mayotte), le colonel Philippe Leclercq, un adjoint au maire de Bandrélé ainsi que le sous-préfet Kerdoncuf.

« Un symbole de la nation attaqué »

Foumo Silahi, président du Civirevos (Collectif des Citoyens Vigilants et Révoltés de Mayotte) et membre du CODIM, fait partie des organisateurs de la manifestation. « Notre but n’était pas de bloquer la mairie mais de marquer les esprits et de rappeler au maire que ce qu’il s’est passé dimanche s’est produit dans sa commune, qui est placée sous sa responsabilité », explique-t-il, plaidant pour une sécurisation de la zone. « Il y a beaucoup de déception dans la population sur les questions de sécurité » a encore estimé Foumo Silahi, ajoutant que cette nouvelle agression aux forces de l’ordre revêt une gravité particulière, dans la mesure où « c’est le symbole de la nation qui est attaqué. » L’autre objectif de ce rassemblement était de montrer le soutien de la population aux forces de l’ordre. Certains manifestants ont ainsi rendu, dès lundi soir, visite à la famille de l’un des gendarmes attaqués pour l’assurer de leur solidarité, fait savoir le président de Civirevos.  

 

Pronostic vital toujours engagé pour l’un des blessés

Le colonel Philippe Leclercq a indiqué que le gendarme du GIGN qui avait été le plus grièvement blessé dans l’attaque avait été opéré à La Réunion dans l’hôpital où il a dû être évacué après avoir reçu des jets de pierres à la tête. L’opération s’est bien déroulée mais le blessé reste placé sous coma artificiel et « le pronostic reste réservé sur son état de santé », fait savoir le colonel. Son collègue, sorti de l’hôpital lundi matin, fait toujours l’objet d’une étroite surveillance médicale.

 

 

Sécurité Deux gendarmes du GIGN blessés en intervention

Deux gendarmes du GIGN ont été victimes d’une violente agression en embuscade dimanche, par un groupe d’individus « sortis d’un fourré ».

Ils étaient déployés à Bandrelé, au sud de Mayotte, dans le cadre d’un dispositif sur la sécurisation des sites touristiques. Deux gendarmes du GIGN ont été victimes d’une violente agression en embuscade dimanche, par un groupe d’individus « sortis d’un fourré » a-t-on appris auprès du colonel Philippe Leclercq, commandant de la gendarmerie de Mayotte. Les deux gendarmes, mahorais et membres de l’antenne du  GIGN de Mayotte – depuis sa création en août 2016 – étaient déployés au sein d’une unité d’une dizaine de militaires pour procéder à l’interpellation d’un suspect faisant l’objet d’un mandat de recherche. La préfecture indique sur son site que les gendarmes du groupe d’intervention agissaient sur commission rogatoire « pour plusieurs vols aggravés ces derniers mois ». Les deux hommes ont été visés par des jets de pierre dans une attaque que le colonel Leclercq a décrite comme d’une « forte sauvagerie ». « Les autres militaires déployés ont immédiatement porté secours à leurs deux collègues », dont l’état de santé est particulièrement préoccupant. Âgés de 34 et 38 ans, les deux gendarmes sont pères de famille. 

Un des gendarmes entre la vie et la mort

L’un d’eux a dû être évacué à La Réunion pour être pris en charge par les services hospitaliers. Placé sous coma artificiel, son pronostic vital est engagé et il présente une blessure intracrânienne. Son état n’a pas connu de dégradation au cours de la nuit, fait savoir le colonel Lelercq, avec cependant, précise la préfecture, « un risque d’hémorragie cérébrale ». L’autre gendarme a été moins grièvement blessé mais continue de faire l’objet d’une surveillance accrue des services hospitaliers de Mamoudzou. Aucune interpellation n’a pu être réalisée ce dimanche mais « des investigations, qui engagent de gros moyens » sont en cours, indique le colonel Leclercq. La justice a été saisie d’une procédure pour tentative d’homicide volontaire. « Le préfet de Mayotte, Dominique Sorain, condamne ces actes de violences inacceptables et assure son soutien indéfectible aux gendarmes blessés, à leurs familles et à leurs collègues » a réagi la préfecture dans un communiqué publié lundi. La ministre des Outre-Mer s’est également exprimée par voie de communiqué lundi, condamnant à son tour « ces actes de violences inacceptables ». Il y a encore un mois, un policier de la brigade anti-criminalité perdait un œil à la suite d’un tir de projectile dans une intervention de maintien de l’ordre, à Passamainty.

 

 

Trophées mahorais de l’environnement | Et les grands gagnants sont …

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Samedi 23 juin, à La Croisette, s’est tenue la deuxième édition des Trophées mahorais de l’environnement, organisée par la Somapresse. Une soirée récompensant les acteurs qui œuvrent en faveur de la nature. Retour sur cet événement où liesse et émotion étaient au rendez-vous. 

Il y avait du beau monde : des représentants de diverses institutions, organismes, entreprises, écoles et partenaires. Les nommés quant à eux, étaient au nombre de vingt-cinq, parmi lesquels cinq – un de chaque catégorie : scolaire, collectivité locale, entreprises, associations, et personnalité – ont remporté un trophée, mais en réalité tous étaient vainqueurs. Vainqueurs pour toutes ces initiatives prises. Vainqueurs pour cette lutte menée contre la dégradation de l’environnement et l’insalubrité à Mayotte. 

Ainsi, après deux discours d’ouverture prononcés par Laurent Canavate, directeur de la Somapresse, puis par Boura Maandhui, vice-président du Sidevam, dans lequel il a invité tout un chacun à contribuer à la propreté de l’île, la cérémonie a débuté avec le prix scolaire remporté par le collège de Kani-Kéli pour son système d’éco-collège. Une belle victoire pour la conseillère principale d’orientation, Katia Vacher, qui prendra la route vers de nouveaux horizons sous peu : « Je suis extrêmement émue et très fière pour mes élèves et les gens qui nous ont accompagnés, tout au long de cette année et l’année dernière. Je rapporte le trophée au collège, ça va être une grande joie lundi ». 

S’en est suivi, une « minute environnement » avec le journaliste Said Said Hachim qui a tiré la sonnette d’alarme quant au patrimoine naturel de l’île en dégradation progressive, mentionnant notamment le cas des récifs frangeants à Mayotte à travers un discours très touchant. « Tous les jours des espèces disparaissent sur terre et dans le lagon. C’est quelque chose qui doit [peser] sur notre conscience » a-t-il souligné. 

La remise des trophées s’est poursuivie avec la mairie de Mamoudzou qui a remporté le prix de la collectivité locale, Raïze Maliki adjointe au maire chargée de l’environnement a appelé toute la population à se joindre à eux afin de gagner cette bataille. Dans la catégorie entreprises, c’est Carlos Auto qui a raflé la mise, « une première » pour cette jeune entreprise qui procède au recyclage de l’huile de vidange. Du côté des associations, c’est l’Adedupass qui a remporté le prix, louant « une nature mère » qui nous le rendra bien si nous en prenons soin. 

Une ambiance à son comble

Après l’artiste Démo, qui s’est adonné à une prestation musicale en début de cérémonie, l’entracte a été animé par un sketch des jeunes comédiens amateurs de TV Mafoumbouni, amusant la galerie autour du thème de l’environnement. 

Anchya Bamana, maire de Sada reconnue pour son implication dans le milieu environnemental a également souhaité intervenir lors de la cérémonie. Émue, elle a procédé à quelques rappels : « Je suis une convaincue de la protection de la nature et de l’environnement, de la biodiversité à Mayotte. En tant qu’élue, j’ai toujours dit qu’il n’y aura pas de développement économique ici sans prendre en compte l’environnement ». Et de rajouter : « Il n’y aura pas de développement touristique ici sans protection de l’environnement, il n’y aura pas non plus d’amélioration de cadre de vie, nous continuerons à avoir des maladies vectorielles. Tant que nous vivrons dans une île jonchée de déchets nous vivrons toujours dans un contexte de risques sanitaires majeurs ». Un travail de longue haleine, qui concerne tout le monde et qui nécessite « la contribution de toutes les personnes vivant sur cette île » a-t–elle conclu. 

Enfin, le dernier prix – celui de la personnalité – a été attribué, en fin de soirée, à Anissa Aboudou, impliquée depuis cinq ans dans la défense de l’environnement via la collecte et le tri sélectif des déchets d’emballages ménagers à Mayotte. Un grand moment pour la jeune femme de 34 ans : « Je suis très émue par cette reconnaissance, on est sur un enjeu  qui est prioritaire. On se bat de jour en jour, d’année en année. C’est vrai que mettre en avant ces métiers là le temps d’une soirée est important. Je suis vraiment très fière, car c’est l’aboutissement de toutes ces années de travail, c’est valorisant et donne encore plus d’énergie pour continuer », a-t-elle déclaré. 

Une joie partagée par Jack Passe, lui aussi nommé dans la catégorie personnalité, il s’est confié : « C’est très bien que ce soit une Mahoraise qui remporte le trophée. Il y a une prise de conscience et des associations qui se créent. C’est vraiment très bien ». 

De nouveaux projets à venir

Le chemin est encore long, de nouveaux projets sont en cours dont la réhabilitation des anciennes décharges avec un préfinancement de près de 1 800 000 euros par l’Agence française de développement, la construction du quai de transfert de Kahani qui devrait « optimiser le temps de collecte dans le centre et tout le territoire de Mayotte ». En outre, huit déchetteries sont en cours d’étude, la première pourrait voir le jour d’ici fin 2018. S’ajoute à cela, plusieurs camions de collecte de déchets pouvant effectuer trois rotations dans les communes, a certifié le vice-président du Sidevam, Boura Maandhui. 

Immigration | L’État veut « s’attaquer au portefeuille » des passeurs

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Le préfet Dominique Sorain et le procureur de la République Camille Miansoni ont installé mercredi le groupe d’enquête sur la lutte contre l’immigration clandestine. En pleine crise diplomatique avec l’Union des Comores, l’État entend renforcer ses moyens pour lutter contre les filières de passeurs.

Il sera opérationnel le 1er septembre. Le préfet Dominique Sorain et le procureur de la République Camille Miansoni ont installé mercredi le groupe d’enquête sur la lutte contre l’immigration clandestine (Gelic). Ce dispositif était une promesse de la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, après la grève générale contre l’insécurité et l’immigration clandestine, qui a paralysé l’île entre février et avril dernier. La mesure fait suite à la création fin mai d’un état-major sur la lutte contre l’immigration clandestine avec à sa tête un sous-préfet, le renforcement des effectifs de police et de gendarmerie et la pérennisation d’un troisième escadron de gendarmerie mobile.

Le Gelic sera initialement composé de huit personnels (deux agents de la police aux frontières, deux policiers de la sécurité publique, deux gendarmes, un référent de la douane et un référent des finances publiques) et sera renforcé au besoin.

« Un signal fort »

Objectif : lutter contre « de véritables filières » de passeurs, indique le préfet. Il y a « toute une organisation » au sein de ces dernières, selon le délégué du gouvernement. « La gendarmerie a mené des opérations ces derniers jours qui montrent qu’à terre, il y a des guetteurs qui sont positionnés ». Les interceptions de kwassas seront facilitées en septembre par l’arrivée de nouveaux moyens maritimes. 

Le Gelic, une unité inédite, va permettre de  « s’attaquer au ressort économique et financier de l’immigration clandestine, (…) au portefeuille de ceux qui vivent de cette filière ». La masse financière engrangée par une filière de passeurs récemment démantelée, après plusieurs mois d’enquête, est estimée à au moins 1,6 millions d’euros par la police aux frontières.

Le Gelic « va être un outil pour venir renforcer les services d’enquête de la police et de la gendarmerie (…) L’immigration clandestine est un sujet en soi à Mayotte. Ailleurs, ce type de structure se consacre à l’économie souterraine, à la fraude, aux stupéfiants », relève Dominique Sorain.

Le groupe d’enquête pourra compter sur la collaboration de correspondants dans chaque administration entrant dans son spectre d’action : « Dieccte pour le travail illégal, Deal pour l’habitat illégal, caisse de sécurité sociale de Mayotte pour les fraudes sociales, direction de l’immigration de la préfecture pour les fraudes aux titres de séjour », précise la préfecture, qui est en train de rechercher des locaux en Grande-Terre pour cette nouvelle unité.

« Le Gelic est à la fois un signal fort, pour indiquer clairement que la question de l’immigration à Mayotte est identifiée comme une question majeure, qui a des ramifications économiques, sociales… C’est aussi un outil opérationnel, qui vient en complémentarité avec les autres outils existants », déclare le procureur de la République, Camille Miansoni. « La plus-value de cette unité est d’associer gendarmes et policiers, inspection du travail, inspecteurs des finances publiques qui ont une compétence pour aller rechercher, retracer les flux », ajoute-t-il. Le procureur évoque également « une criminalisation organisée » au sein de ces filières. « On ne se contente pas de gagner de l’argent (…) Il s’opère aussi des actes de violence, des actes graves », déplore-t-il.

Le préfet souligne par ailleurs que des animaux et des marchandises sont retrouvés à bord des kwassas. Dernier exemple en date dans la nuit de mardi à mercredi, avec la saisie de « quantités importantes de tabac ».

« Saisie des embarcations »

Et le préfet d’ajouter : « L’autre pilier dans la lutte contre l’immigration clandestine, ce sont les reconduites vers les Comores », reconnaît-il, alors que l’Union des Comores refuse d’accueillir ses ressortissants interpellés en situation irrégulière depuis le 21 mars dernier. « Même si nous ne pouvons pas reconduire, nous procédons à la saisie des embarcations, à l’interpellation des passeurs », fait savoir le délégué du gouvernement. « L’objectif fixé par le gouvernement est la reprise régulière des reconduites » vers les Comores. « Cela fait l’objet d’un travail gouvernemental et diplomatique en cours. Il va continuer parce qu’on ne peut pas rester dans cette situation (…) Ces reconduites régulières ne suffiront pas non plus si on ne s’attaque pas à ce système d’économie de l’immigration. Cela va ensemble. il faut mener ces combats parallèlement », ajoute-t-il, en référence à la mise en place du Gelic. Mais la crise diplomatique en cours n’est pas de nature à renforcer la faible coopération judiciaire avec l’Union des Comores, et donc à remonter les filières de passeurs. « La coopération fait partie des sujets abordés ces derniers mois avec les Comoriens. Il est nécessaire qu’ils contrôlent au moins en partie la construction de bateaux et les départs » en kwassas, met en exergue le préfet.

Dominique Sorain veut aussi que le Gelic mène « tout un travail de prévention, pour encourager les gens à respecter les règles (…) Les filières se nourrissent de l’emploi d’étrangers en situation irrégulière » à Mayotte, regrette-t-il.

« Cette lutte contre l’immigration clandestine est un élément essentiel de l’action publique. On ne peut pas imaginer un développement du territoire si on ne régule pas » cette dernière, affirme le délégué du gouvernement. « Les habitats illégaux qui prolifèrent dans certaines zones montrent bien l’ampleur du phénomène. »

Le préfet est également revenu sur la fermeture partielle du bureau des étrangers, débutée lors du mouvement social contre l’insécurité. Ces « services de la préfecture ne sont pas complètement fermés. ils reçoivent les étrangers qui renouvellent leur titre de séjour. Cela signifie que les autres [les usagers non accueillis, NDLR] sont ceux qui sont rentrés irrégulièrement sur le territoire. » Le bureau des étrangers « n’a pas été rouvert pour des raisons d’ordre public. Nous sommes dans une situation grave sur le territoire (…) Il y a des risques d’affrontements intercommunautaires », justifie-t-il. Les demandes d’asile sont également traitées, indique le délégué du gouvernement.

 

 

 

Assurance | Les séismes font réagir les propriétaires

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Malgré la récente accalmie de l’essaim de séismes qui secoue le département, les propriétaires se mobilisent pour assurer leur bien en cas d’éventuels dégâts. Pour beaucoup, il s’agit de rattraper le retard accumulé quant à cette formalité administrative pourtant obligatoire. Après plus d’un millier de tremblements de terre, certains propriétaires semblent comprendre l’intérêt de cette démarche qui peine à s’inscrire dans les habitudes des Mahorais.

« En un sens, c’est un mal pour un bien ». Chez Allianz assurance Mayotte, l’essaim de séismes semble contrecarrer une mauvaise habitude solidement ancrée chez les propriétaires mahorais : l’absence de contrat d’assurance. Depuis les tremblements de terre, « nous sommes régulièrement approchés par les agences immobilières pour contracter des assurances sous l’impulsion probable de propriétaires inquiets », indique-t-on du côté de l’agence, en fin de semaine dernière. Et de préciser : « Il s’agit bien souvent de contrats type assurance propriétaire non occupant ». Si une telle assurance est obligatoire, nombreux sont les propriétaires qui contournent cette prérogative sur le département. Un phénomène risqué, dont l’essaim de séismes semble diminuer la proportion. « Les propriétaires sont inquiets. Beaucoup vivent ailleurs et entendent parler des tremblements de terre sur l’île.  Ils se disent probablement qu’il est préférable d’assurer leur bien au cas où des dégâts se feraient ressentir », suppose-t-on du côté de l’agence, qui explique cependant « ne pas être en mesure de donner une estimation chiffrée précise ».  

Pas d’assurance, pas de remboursement 

Si contracter une assurance est un pré-requis pour être remboursé en cas de dommages, Allianz assurance Mayotte rappelle également les autres démarches nécessaires : « Il est impératif de monter un dossier comprenant des photos datées des dégâts. Ces documents doivent être remis aux mairies d’arrondissement chargées de les transférer auprès de la préfecture. Celle-ci centralise les démarches avant de les envoyer au ministère de l’Intérieur qui, si l’état de catastrophe naturel est décrété, s’occupera du reste du processus ».

Du 11 au 15 juin, trois experts étaient ainsi présents à Mayotte pour constater les dommages provoqués par l’essaim de séismes. « Le travail de la mission est d’évaluer les dégâts sur une échelle, de les classer comme importants, moins importants, etc. », indique-t-on du côté de la préfecture. Objectif final : rédiger un rapport, à l’issue de ce travail, qui intègrera le dossier de demande de classement en état de catastrophe naturelle. Mais concernant les dossiers censés être montés par les mairies de secteur, « pour l’heure, nous n’avons encore aucun dossier complet, mais nous espérons que cela soit le cas dans les délais impartis », indiquait mercredi dernier le directeur de cabinet du préfet, Étienne Guillet. À noter que les mairies ont jusqu’à 18 mois pour constituer ce corpus administratif, contrairement aux sinistrés qui n’ont que cinq jours pour faire remonter les dégâts auprès des institutions. Sur ce point, Allianz assurance Mayotte explique avoir d’ores et déjà traité une vingtaine de dossiers liés à des dégâts causés par les tremblements de terre.

 

Homosexualité à Mayotte : ce qu’on ne dit pas

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L’homosexualité existe bel et bien à Mayotte, mais les personnes concernées n’exposent pas leur orientation sexuelle. Par peur du regard des autres ou encore d’éventuelles représailles, la communauté homosexuelle peine à trouver sa place sur l’île aux parfums. Moncef Mouhoudhoire, à la tête de l’association Nariké M’sada destinée à la promotion d’une meilleure santé sexuelle de la population, aborde le sujet de l’homosexualité à Mayotte, aussi subtil soit-il.

À Mayotte, il n’existe aucune structure sociale dédiée à la communauté homosexuelle. Aucun interlocuteur n’a pu étayer ce sujet, sauf Moncef Mouhoudhoire, directeur de l’association Nariké M’sada,  en contact avec des gays  dans le cadre de ses différentes actions.

« Oui, il y a une communauté gay et lesbienne à Mayotte mais elle n’est pas structurée comme en métropole », indique d’emblée le directeur de Nariké M’sada, qui côtoie via son association la population vivant avec le VIH, parmi laquelle des homosexuels. « L’homosexualité est ancrée dans la société mahoraise depuis que le monde est monde », commente Moncef Mouhoudhoire. Ancrée oui, mais pas assumée ni exposée. « À Mayotte, on ne peut pas vivre +librement+ son homosexualité, exposer sa relation comme tout le monde ». 

Une « bisexualité forcée »

D’une part, il y a le regard des autres dans cette société mahoraise majoritairement musulmane, à la croisée des chemins entre tradition et modernité et d’autre part le statut social qui prédomine et susciterait stigmatisation à l’encontre de personnes reconnues, s’il s’avère que leur orientation sexuelle est dévoilée. Le directeur de Nariké M’sada parle de « bisexualité forcée » pour « préserver l’image ». Il met en exergue un fait : « À Mayotte, c’est le groupe qui prime sur l’individu, c’est lui qui régit la société. On ne doit pas le heurter ».  Et d’ajouter : « En revanche, si l’on se marie, que l’on a des enfants, le groupe est content et on peut s’installer dans une polygamie homme-femme-homme. Dans ce jeu du paraître, le partenaire  hétérosexuel se retrouve souvent piégé (…) C’est su et intégré », explique Moncef Mouhoudhoire. 

L’aspect économique joue également un rôle important : le contexte de précarité sociale qui prévaut sur l’île amène notamment des jeunes hommes  à fréquenter des hommes pour se faire « entretenir ». Globalement, « la société mahoraise est très tolérante sur la question de l’homosexualité du moment où on ne fait pas de prosélytisme », relève-t-il.

Si aucune structure n’a été mise en place par la communauté homosexuelle présente sur le territoire, des métropolitains ont souvent pris l’initiative d’organiser des soirées « gay-friendly »  le temps de leur séjour. Aujourd’hui, aucun lieu particulier n’est dédié aux rencontres entre personnes de même sexe, mais les soirées festives accueillent ouvertement tout le monde. Cependant, un site internet mahorais est dédié aux rencontres entre homosexuels : il est accessible via les moteurs de recherche. 

Quant à l’acronyme LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels et intersexe) il ne prend pas encore tout son sens à Mayotte, néanmoins Moncef Mouhoudhoire a déjà recensé un transsexuel à Mayotte. 

 

Émergence d’agressions envers les homosexuels

Moncef Mouhoudhoire déplore un phénomène nouveau : les agressions envers les gays augmentent à Mayotte. Il peut même s’agir de viols. Une personne a été admise récemment en réanimation au centre hospitalier de Mayotte, avec une perforation anale.

« J’ai du mal à qualifier ces agressions d’homophobes. Lorsque tu procèdes à une agression de ce type, cela signifie que tu n’aimes pas les gays. Mais lorsque  l’agression est aussi sexuelle, j’ai du mal à cerner l’homophobie », réagit Moncef Mouhoudhoire, qui évoque davantage une homosexualité refoulée de la part des agresseurs. Il n’a écho que des agressions et viols subis par les patients qu’il suit. Il craint que le nombre de ces actes soit davantage élevé que ce dont il a connaissance.

 

Sécurité | Mamoudzou : la vidéosurveillance activée

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Après plus de trois ans de travail et de réflexion, la ville de Mamoudzou est aujourd’hui quadrillée par un vaste réseau de vidéosurveillance. Piloté depuis le centre d’information et de commandement (CIC), ce dispositif offre des capacités inédites en matière de maintien de l’ordre.

« Regardez, le zoom est si performant qu’il permet de lire les inscriptions écrites sur un carton à l’autre bout de la rue ». Tout sourire face aux écrans de contrôle, le directeur de cabinet du préfet Étienne Guillet apprécie le nouveau dispositif de vidéosurveillance installé dans l’ensemble des communes de Mamoudzou. « Cela permet d’agir plus rapidement lors d’un appel signalant un délit ou une infraction. En cas de plainte ou d’enquête judiciaire, cet outil est particulièrement appréciable », se réjouit-il. Grâce à un maillage d’une soixantaine de caméras installées dans des secteurs clés, les autorités disposent désormais d’un mécanisme inédit sur le territoire pour lutter contre la délinquance. Une nouveauté porteuse d’espoir pour les forces de l’ordre qui se chiffrerait à plus d’un million d’euros d’investissement.

Un centre de commande

« Les discussions entre les polices nationale et municipale, ainsi qu’avec la mairie de Mamoudzou, quant à l’installation du réseau de vidéosurveillance ont débuté en 2015 », rembobine Philippe Jos, directeur départemental de la sécurité publique. « La quasi-totalité des caméras a été installée en janvier. D’autres devraient arriver prochainement pour un nombre total de 66 caméras. Quant au centre de commande, il est opérationnel depuis ce lundi »,  poursuit-il. Disposés à l’intérieur du centre d’information et de commandement (CIC) au sein du commissariat de Mamoudzou, deux écrans de contrôle permettent ainsi d’observer l’ensemble des caméras.  « Deux agents sont constamment chargés de les surveiller de 10h à 22h. Les images sont conservées pendant 15 jours avant d’être supprimées. Sauf dans le cas d’une information judiciaire », précise de son côté Christophe Desclos, chef du centre d’information et de commandement.

Installées dans des secteurs clés tels que des carrefours ou ronds-points particulièrement fréquentés, ces caméras de surveillance se surveillent également entre elles pour éviter d’éventuelles dégradations. Les forces de l’ordre insistent sur la nature bienveillante de ce dispositif permettant « d’être plus efficace en matière de sécurité publique ». Mais s’il s’inscrit comme une avancée en matière de répression, celui-ci n’en garde pas moins ses limites.

Une vision infrarouge

Dans une ville où l’éclairage public n’est pas des plus éblouissants, difficile pour l’ensemble des caméras de surveillance de mener à bien leur objectif quand le soleil se couche. « Certaines sont équipées d’une vision infrarouge », rassure néanmoins Philippe Jos, qui précise : « À terme, 21 caméras devraient être équipées pour une meilleure visibilité en faible luminosité ». « Ce qui ne nous empêche pas de développer un éclairage public de qualité en parallèle », insiste de son côté le directeur de cabinet du préfet.

Autre limite : un maillage incomplet du territoire « qui ne permet pas encore de suivre un individu sur l’ensemble des communes », reconnaît Christophe Desclos. Un problème qui s’ajoute aux difficultés pour les agents de piloter l’ensemble des caméras dans un espace-temps réduit. Sur ce point, les forces de l’ordre indiquent avoir « failli arrêter un individu suspecté d’une agression au Camion rouge cette semaine ». Problème : la caméra était en position automatique, et l’angle de vue ne permettait pas de poursuivre le suspect lors de son agression.  À noter enfin que ce dispositif reste pour l’instant concentré sur les communes de Mamoudzou, et ne permet donc pas d’apporter des images quant à d’autres crimes ou délits en dehors de ce secteur.

Big Brother is watching Mayotte ?

À observer les habitants de Mayotte défiler sur l’écran de contrôle, la question du respect de la vie privée se pose naturellement. Sur ce point, Étienne Guillet tente de rassurer la population : « Ce dispositif a été autorisé par l’État et répond à un certain nombre de règles quant au respect de la vie privée des citoyens. Cela justifie par exemple l’interdiction de conserver ces images au-delà de 15 jours. D’autre part, les propriétés privées ne sont pas visibles à l’écran », explique-t-il. Lorsqu’un agent zoome sur la fenêtre d’une habitation privée, un nuage de pixels l’empêche ainsi d’observer l’intérieur du domicile.

Également source potentielle d’inquiétude : la reconnaissance faciale des citoyens observés à l’écran. Si la police ne dispose actuellement pas d’un tel dispositif, elle cultive néanmoins l’espoir d’avancer en ce sens.

 

 

 

Séismes | Des familles évacuées mardi soir à Cavani

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Mardi soir, un nouveau tremblement de terre a secoué l’île. D’une magnitude de 5.3, il fait partie des séismes les plus puissants enregistrés dans le 101e département depuis le début de l’essaim. Une habitation a dû être évacuée.

Il est 20h17 quand la terre tremble à nouveau ce mardi soir. Très rapidement, les premières estimations font état d’un séisme d’une magnitude supérieure à 5. Finalement, il sera évalué à 5.3 par le Bureau de recherches géologiques et minières.

La secousse, qui fait suite à près de 150 tremblements de terre ressentis par la population depuis le début de l’essaim de séismes il y a bientôt quatre semaines, a fait des dégâts dans une habitation de Cavani. Cette maison, située au sud du quartier, a dû être évacuée en raison de fissures inquiétantes, sur décision des sapeurs-pompiers.

L’un des habitants, qui réside à l’étage avec six autres adultes et un enfant, et qui dormait au moment de la secousse, s’est tout de suite inquiété : « On a senti que le séisme était plus fort que d’habitude et on a vu une grande fissure. On a appelé les secours qui ont pu constater les dégâts ». Au total, 15 personnes ont été directement menacées par ce risque d’effondrement : huit à l’étage donc, ainsi qu’une personne seule au rez-de-chaussée (qui a trouvé un hébergement de son côté), et enfin un adulte et cinq enfants habitant dans une case en tôle en contrebas.

Huit évacuations depuis le début

Les autorités ont rapidement décidé de ne prendre aucun risque : « Quand on a vu que c’était un logement sur deux étages et que le premier était sinistré, on a préféré évacuer. Il y avait un risque d’effondrement important », a jugé l’un des sapeurs-pompiers présents.

Quelques minutes après, des représentants de la Ville sont arrivés sur le site, dont le premier adjoint Bacar Ali Boto, pour constater l’ampleur des dégâts. Il a confirmé la volonté de reloger les familles pour la nuit : « Il est important de ne prendre aucun risque et il est préférable qu’elles ne restent pas là ». L’heure tardive et les hôtels complets ont compliqué la tâche de la municipalité. C’est finalement un gîte sur les hauteurs de Cavani qui s’est chargé d’accueillir une partie des habitants évacués.

« Ce n’est pas la première évacuation », précise le directeur de cabinet du préfet, Étienne Guillet. En tout, « huit relogements ont fait suite à différents épisodes sismiques », révèle-t-il. En cause, des maisons trop fissurées après les nombreuses secousses. « Une capacité d’hébergement d’urgence a été mise en place », déclare le sous-préfet. Il rappelle que « les pompiers sont formés depuis une semaine, pour être plus facilement à même de repérer » les risques vis-à-vis de la stabilité des habitations. Mayotte compte 600 soldats du feu volontaires et 214 professionnels.

Un blessé léger

Par ailleurs, la secousse de 20h17 a également fait un blessé léger sur l’île, pris en charge par les services de secours, informe la préfecture. « Une interprétation et traitement détaillés des données (et ce malgré des incertitudes) montrent une migration plutôt dans la partie Sud et Est de l’essaim (Le séisme de 20h17 reste dans la zone de l’essaim ou très proche de celle-ci) », précise le Bureau de recherches géologiques et minières sur son site internet. L’essaim pourrait s’être déplacé d’une dizaine de kilomètres. Mais il pourrait plus simplement s’agir d’un défaut de l’un des capteurs qui enregistre les secousses, situé au Kenya, qui aurait faussé l’interprétation. Seule certitude : le train d’ondes observé était plus long que d’ordinaire, en termes de durée. De quoi occasionner un ressenti plus fort, alors même que la magnitude restait modérée. Deux autres tremblements de terre se sont produits mercredi, à 01h02 et 03h33, de magnitudes respectives 4.0 et 4.3.

Par ailleurs, la mission du Groupe d’intervention macrosismique déployée cette semaine à Mayotte s’est rendue ce mercredi à Koungou et Bandraboua, indique Mounirou Boinahery, responsable du pôle administratif de Koungou. « Ils sont venus pour nous accompagner sur le relevé d’informations par rapport aux dégâts (…) La commune va leur fournir une carte pour localiser les bâtiments fissurés ». Concernant l’arrêté de péril ordinaire pris le 6 juin par le maire de Koungou sur l’un des bâtiments de la résidence Canellia Palm aux Hauts-Vallons, où d’importantes fissures sont apparues sur les coursives, Mounirou Boinahery précise : « Il va permettre au tribunal administratif de désigner un expert, pour que soit levé cet arrêté ou que le bâtiment soit évacué si l’expert estime qu’il représente un danger immédiat ». Des travaux de consolidation, que les propriétaires doivent réaliser dans un délai d’un mois auraient d’ores et déjà été imposés. « L’État est intervenu au tout début pour qu’un diagnostic rapide soit fait », rappelle le directeur de cabinet du préfet, Étienne Guillet.

 

 

 

Subventions : la Cour des comptes épingle le Département

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La Chambre régionale des comptes de La Réunion – Mayotte, une structure de la Cour des comptes, vient de rendre son rapport d’observations définitives relatif au contrôle des comptes et la gestion du Département de Mayotte sur les exercices 2012 et suivant, concernant l’octroi de subventions. Elle y révèle de nombreux dysfonctionnements.

Le versement de subventions constitue un des enjeux économiques et sociaux du territoire. « De 2012 à 2016, le montant total des sommes payées était de 100,25 millions d’euros, soit 7,6% des dépenses du Département, dont 45,85 millions d’euros aux personnes de droit privé et 54,40 millions d’euros aux organismes publics », relève la Chambre régionale des comptes de La Réunion – Mayotte, une structure de la Cour des comptes. Elle fait état de « l’absence de stratégie et de priorités affichées » par le Département. Le contrôle de la politique de subventionnement depuis 2012 a montré de réelles insuffisances, ce qui présente des risques juridiques et financiers, selon la chambre.

Vers une charte pour les élus ?

Parmi les points abordés par la Cour des comptes dans ce rapport, un volet est consacré aux subventions au bénéfice indirect d’élus. En effet, plusieurs sociétés comptent parmi leurs associés des conseillers départementaux de l’ancienne mandature. Ainsi, d’anciens élus ont bénéficié de l’attribution de subventions pour des projets d’hôtels ou de chambres d’hôtes, à l’instar de cette subvention de 200 000 euros attribuée à la société Tsingoni Hôtel en 2015, pour la réalisation d’un hôtel de luxe à Combani. Selon les statuts, l’associé unique de la société était alors le vice-président du Conseil départemental. Le gérant était un agent contractuel du Département, souligne également la Cour des comptes. Cette subvention a été annulée en 2016 pour une incompatibilité avec les fonctions du porteur de projet et un dossier incomplet.

La société Tanoura a perçu, quant à elle, une somme de 250 000 euros, pour un projet de chambres d’hôtes et d’activités touristiques à Kani-Kéli alors que son activité se limitait alors à de la location de véhicules. Le gérant était là encore agent contractuel du Département. Les associés étaient des membres de la famille d’un conseiller départemental, ancien président du Conseil général. Le dossier de demande ne comportait aucun élément concernant le financement du projet ou les statuts de la société ni aucun devis de construction. Aucun contrôle sur place n’a à l’époque été effectué alors qu’il s’agissait de la subvention la plus importante attribuée en matière d’économie depuis 2012.

C’est dans ce contexte que la Chambre régionale des comptes souligne que la qualité des porteurs de projet ne peut justifier de dérogation. Elle regrette l’inégalité de cette pratique. Cela ne dispense en aucun cas la collectivité d’effectuer des contrôles. La Cour des comptes propose la mise en place d’une charte de l’élu, qui rappelle des principes déontologiques et des règles de comportement.

Le manque de suivi des demandes de subventions par l’ensemble des services ne permet pas de produire de données fiables concernant les aides accordées. Entre novembre 2014 et mars 2015, 400 000 euros d’avances ont été versés par le Département à des structures, sans qu’aucune opération n’ait été réalisée depuis par les bénéficiaires, alors que les conventions sont arrivées à échéance. Selon la Cour des comptes, le Département ne demande pas le reversement des fonds injustement perçus. Certains agents et élus tireraient profit de ces dysfonctionnements, affirme aussi la Cour des comptes.

Pas assez de contrôles

Par ailleurs, certaines subventions versées par la Direction des affaires européennes et de la coopération régionale ne semblent pas présenter d’intérêt général pour le Département. Une partie de ces subventions consiste en l’organisation de voyages touristiques d’agrément. Ainsi, une subvention de 25 000 euros a été attribuée à l’association Kourouweli de Pamandzi, en 2014, pour la réalisation d’un échange culinaire au Maroc. Sur un séjour d’une durée de 12 jours, le seul élément lié à la culture mahoraise a été un après-midi d’échange autour de la cuisine et une soirée culturelle de danses traditionnelles mahoraises.

À noter que le Département ne dispose pas d’une application informatique de gestion des subventions qui permette d’assurer le suivi d’un dossier depuis le dépôt de la demande jusqu’au paiement et au contrôle. En 2015, l’association Mayotte Plage Propre a ainsi reçu 35 000 euros de subventions. Le Département n’a pas été en mesure d’identifier le service ayant instruit le dossier. La chambre recommande donc d’enregistrer les demandes de subventions au moyen d’une application unique, afin de partager les informations entre les services concernés. 

Les manquements et les faiblesses dans le circuit des subventions sont fréquents, déplore la Cour des comptes. Elle insiste sur la nécessité d’un renforcement des contrôles par les services.

 

 

Immigration | Le sénateur Thani veut durcir le droit du sol à Mayotte

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Le Conseil d’État vient de rendre un avis favorable à une proposition de loi des sénateurs Thani Mohamed Soilihi et Hassani Abdallah visant à modifier le régime du droit du sol à Mayotte, au regard de sa situation particulière. « C’est une étape très importante dans la lutte contre l’immigration clandestine », s’est réjoui vendredi le sénateur Thani Mohamed Soilihi, se gardant bien, au demeurant, de crier victoire. 

« Rien n’est joué ! », a averti le sénateur Thani Mohamed Soilihi, vendredi, lors d’une conférence de presse à sa permanence de Cavani, à Mamoudzou. L’élu La République En Marche (LREM) y a présenté sa dernière proposition de loi visant à modifier le régime du droit du sol à Mayotte. Ce texte propose « qu’avant qu’un enfant étranger puisse bénéficier de ce qu’on appelle le droit du sol, certaines conditions soient remplies et qu’au moins l’un de ses deux parents ait été en situation régulière depuis au minimum trois mois avant sa naissance », a expliqué l’élu. Les deux sénateurs à l’origine de la proposition de loi déposeront des amendements en ce sens, le 19 juin, dans le cadre de l’examen de la loi « Asile et immigration ». Si le Conseil d’État a d’ores et déjà rendu – après huit heures de débat – un avis favorable à cette proposition de loi, le 5 juin, le texte doit encore être examiné par le Parlement et passer le cap du Conseil constitutionnel.« Avec ce texte, je voulais m’attaquer au cas des 70 à 80% de femmes venues d’Anjouan et des Comores qui viennent accoucher en situation irrégulière à Mayotte, avec un père en situation irrégulière également ». Et de rappeler que « le droit du sol en France n’est pas un droit du sol +sec+ comme celui des États-Unis », c’est-à-dire qu’il ne suffit pas de naître sur le sol français pour acquérir automatiquement la nationalité française. Pour autant, « certaines personnes le pensent », et s’imaginent qu’un « enfant né à Mayotte pourra servir à régulariser toute sa famille », a fait valoir le sénateur, affirmant son intention de « couper court à ces chimères » et de mettre fin à ce « détournement massif du droit du sol » dans le département.

« Cela ne pourrait pas se faire ailleurs qu’à Mayotte »

« Puisque nous étions en train de toucher à des lois qui impliquent la souveraineté de l’État, il fallait démontrer les circonstances graves et exceptionnelles [qui le justifiaient ici, NDLR] ». Pour aboutir à cet avis favorable du Conseil d’État – « qui n’est pas un feu vert pur et simple » – et justifier la mise en oeuvre de ce système dérogatoire aux principes normaux d’acquisition de la nationalité française en vigueur sur le territoire national, les sénateurs ont fait valoir deux arguments principaux. D’une part « l’immigration insensée » que connaît l’île « depuis deux décennies », et d’autre part, le fait qu’elle est revendiquée par une puissance étrangère, en l’occurrence l’Union des Comores, ce qui pousse ses ressortissants à venir s’y installer. 

Le délai de trois mois avant la naissance de l’enfant a été choisi car il apparaissait « proportionné » au résultat recherché, ni trop long, ni trop court. Le député Les Républicains (LR) Mansour Kamardine avait d’ailleurs fait une proposition de loi similaire en 2005, sans toutefois lui assortir un tel délai. « Cela ne pourrait pas se faire ailleurs qu’à Mayotte, pas même en Guyane », a encore estimé Thani Mohamed Soilihi, affirmant avoir tiré les leçons de son propre échec à faire passer des amendements lors de la lecture de la loi sur l’égalité réelle en février 2017, jugés inconstitutionnels. Pour conclure, le sénateur a appelé les Mahorais à la responsabilité face à l’immigration clandestine, refusant d’y voir le seul devoir de l’État. « Il y aura d’autant moins de candidats à la clandestinité qu’il y aura moins de citoyens français pour les héberger » et les faire travailler, a-t-il martelé, fustigeant les attestations de complaisance et autres trafics de faux papiers. 

 

 

 

 

 

 

 

Immigration | Bureau des étrangers : la crise s’éternise

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Depuis plus de trois mois, les portes du bureau des étrangers de la préfecture restent partiellement fermées. Placement en rétention, perte d’emploi, impossibilité de remboursement des soins… Cette situation inédite génère des conséquences préoccupantes pour les usagers. Malgré la mise en place d’un « service d’urgence », les retards dans le traitement des dossiers s’accumulent. Un phénomène  qui pousse de nombreux individus sur les routes de la clandestinité dans le silence des autorités.

Tiré à quatre épingles, Benoît revient de son rendez-vous chez l’avocat. « Il est inutile d’attendre devant le bureau des étrangers », reconnaît-il amèrement. Alors que des familles dorment depuis plusieurs semaines devant les portes de ce service, l’homme a décidé de saisir la justice. Son « dernier espoir » pour accéder au titre de séjour et « entamer une vie normale ». Malgré son épuisement moral, sa dignité le pousse à ne pas baisser les bras. Une ténacité loin d’être partagée par l’ensemble des étrangers sur le territoire. « Les gens sont désespérés, abattus, et angoissés. Ils se demandent combien de temps ils pourront encore tenir ».

Originaire de la République Démocratique du Congo, le cas de Benoît pourrait pourtant sembler moins préoccupant que celui d’autres étrangers vivant à Mayotte. Reconnu comme réfugié par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra), l’homme ne peut légalement pas être placé au centre de rétention administrative. Ce qui n’est pas le cas d’autres individus n’ayant pas pu régulariser leur situation administrative en raison de la fermeture du bureau. Sans travail, ni ressources, Benoît ne risque également pas de tomber sous le coup d’un licenciement. Pourtant, la fermeture dite « partielle » de ce service génère des conséquences tout aussi graves dans son quotidien.

« J’ai été torturé durant mon exil », introduit-il avec dignité. « Des organes vitaux ont été touchés et je dois me faire soigner. Or, j’ai besoin du titre de séjour pour bénéficier de la sécurité sociale. En l’état, les droits qui me sont accordés grâce au numéro de sécurité sociale provisoire ne sont que partiels. Pour le reste, je ne peux pas accéder au titre de voyage et encore moins bénéficier d’aides sociales », résume-t-il. Bloqué sur l’île aux parfums à l’instar d’autres réfugiés, l’homme se console comme il peut : « Au moins, je suis loin d’être isolé dans mon malheur ». 

Un phénomène qui s’éternise dans l’indifférence

Ce phénomène trouve son origine à la fin du mois de février. Le bureau des étrangers de la préfecture est alors fermé en raison d’une grève de ses agents. Si celle-ci se termine un mois plus tard, la ministre des Outre-mer indique le 17 mars, en plein mouvement social contre l’insécurité, que « pendant un mois, pour des raisons d’ordre public, le bureau des étrangers de la préfecture sera fermé et la délivrance des titres de séjour se fera sur rendez-vous ». Un mois plus tard, Flash Infos interroge le préfet Dominique Sorain sur ce sujet épineux sur lequel les autorités ne sont pas vraiment bavardes. « Le service des étrangers rouvrira prochainement (…) Cela va nécessiter un petit temps pour redémarrer », lâche-t-il. Deux petites phrases qui provoquent un soulagement chez les usagers.

Moins d’un mois plus tard, c’est la douche froide : « L’ouverture du bureau des étrangers n’est pas encore à l’ordre du jour », confessent les autorités en précisant que les portes « resteront fermées jusqu’à nouvel ordre ». Depuis, plus aucune information n’est officiellement communiquée à ce sujet. Placé en dehors du radar médiatique, l’événement se retrouve relégué derrière une actualité chargée en décasages et en séismes. En parallèle, la situation des étrangers se dégrade et les tensions s’accumulent. « Nous ne demandons pas grand-chose pourtant, si ce n’est régulariser nos situations administratives. Des gens sont malades, certains deviennent fous et d’autres se retrouvent à la rue. Faudra-t-il attendre un mort pour que cette situation évolue ? », s’interroge un ami de Benoît. 

Du bureau des étrangers aux cellules du CRA 

Parmi les fonctions du bureau des étrangers, l’une d’entre elles manque particulièrement à ses usagers : la délivrance du récépissé attestant des démarches d’obtention du titre de séjour pour les étrangers. Un document indispensable lors d’un contrôle d’identité. Ne pouvant plus se rendre au bureau pour accéder à ce document, certains usagers se retrouvent aujourd’hui placés au centre de rétention. « Nous constatons chaque semaine des individus qui se retrouvent ici car ils n’ont pas été en mesure de présenter un récépissé, ou que leur titre de séjour n’a pas été renouvelé », nous indique une source fiable à l’intérieur du CRA. 

Interrogé à ce sujet mi-avril par Flash Infos, Dominique Sorain affirmait « ne pas avoir d’indications à ce sujet », tout en précisant que « cela serait surprenant dans la mesure où la situation administrative des individus placés au centre de rétention est analysée en profondeur lors de leur placement ». Or, « il peut arriver que des agents ne communiquent pas à la préfecture le numéro AGDREF des individus placés au centre de rétention. Celui-ci permet d’attester les démarches administratives entamées par les étrangers. C’est ainsi que certaines personnes se retrouvent placées au centre de rétention alors qu’elles ne devraient pas y être », poursuit cette source.

Face à une diplomatie bloquée avec le voisin comorien, la question de la rétention de ces individus inquiète la section mahoraise du Syndicat de la magistrature. Dans un communiqué du 6 juin, le syndicat interroge les autorités sur leur volonté de prolonger ces rétentions dont l’issue ne peut pas aboutir à un éloignement. « Depuis le début de la grève, en février 2018, le juge des libertés et de la détention du Tribunal de grande instance de Mamoudzou a été saisi à plus de sept cent reprises par la préfecture pour prolonger la rétention de personnes étrangères (…) Il est vain, en l’état actuel des relations avec les Comores, de continuer la politique d’interpellation des personnes étrangères en situation irrégulière puisque celles-ci seront immanquablement libérées », détaille le communiqué. Un phénomène qui est d’autant plus incompréhensible pour les individus vivant depuis de nombreuses années sur le territoire, mais pour qui la fermeture du bureau des étrangers génère un risque de rétention.

Licencié en l’absence de régularisation 

Si la crainte d’un placement en rétention est une inquiétude de taille, perdre son emploi demeure également une source d’angoisse non négligeable chez les usagers. L’absence du récépissé, ou de titre de séjour pour les salariés, plonge leur employeur dans une situation d’illégalité. Consciente du risque, la préfecture a mis en place dès le mois d’avril « un service d’urgence » permettant aux employeurs de faire remonter les cas les plus préoccupants afin de régulariser leur situation et d’éviter leur licenciement. À noter que ce service « se concentre uniquement sur le renouvellement des titres de séjour », insiste-t-on alors du côté de la préfecture. Une activité réduite qui, pour les autorités, justifie le terme de « fermeture partielle » pour évoquer le sort actuel du bureau des étrangers.

Pour Marjane Ghaem, avocate habituée à défendre les droits des étrangers, ce service minimum ne permet pas de pallier l’ampleur de la crise. En témoignent les nombreux clients qui affluent à son cabinet en évoquant la crainte de perdre leur emploi. « Certes, de grosses entreprises ont le temps et les moyens pour s’occuper au cas par cas de la situation administrative de leurs employés. Mais cela est loin d’être le cas de l’ensemble des entreprises, notamment les plus modestes », s’inquiète-t-elle. Elle poursuit : « Un client dormait depuis un mois devant le bureau des étrangers de la préfecture dans l’espoir d’être reçu. L’homme était en CDI, mais son employeur l’avait prévenu qu’il ne serait plus en mesure de l’employer si sa situation n’était pas régularisée. J’ai donc saisi le juge des référés du tribunal administratif », explique-t-elle. En l’absence d’étude sur la crise actuelle, difficile d’estimer le nombre de salariés ayant perdu leur emploi suite à ce phénomène. Du côté de l’association La Cimade chargée de porter assistance aux étrangers, sa responsable Solène Dia affirme voir défiler « chaque semaine des individus concernés par cette problématique ». 

Bureau fermé, soins non remboursés 

Sur le podium des conséquences néfastes engendrées par la fermeture du bureau des étrangers, les difficultés de remboursement des soins médicaux occupent une place honorable. Si l’exemple de Benoît est à ce titre équivoque, sa situation n’a rien d’un cas isolé. Dès le mois d’avril, les infirmiers libéraux alertaient du phénomène par communiqué en indiquant que « le non-renouvellement des titres de séjour prive des individus de droits fondamentaux dont ils jouissaient de plein droit au préalable (…) Ces hommes et ces femmes n’ont plus accès à la médecine de ville, aux médicaments, ne peuvent plus bénéficier de transport en ambulance, n’ont plus les moyens de bénéficier de soins ou de service à domicile », ajoute le communiqué. 

Dans le cadre du « service d’urgence » mis en place par la préfecture, celle-ci expliquait avoir « pris les dispositions adéquates » en restant en lien avec les équipes médicales. Celles-ci ayant la possibilité, une fois encore, de « faire remonter les dossiers les plus urgents pour débloquer les situations au cas par cas ». Une « personne relais » aurait aussi été nommée au sein de l’Agence régionale de santé (ARS) pour faciliter les interactions. Contactée par Flash Infos, l’institution indiquait pourtant le 27 avril qu’« il n’y a pas d’agent nommé au sein de l’ARS OI (océan Indien) pour traiter de situations individuelles de malades »,  tout en précisant que l’agence « relaie auprès de la préfecture les difficultés signalées par les professionnels de santé pour leurs patients en fin de droit risquant de se trouver en rupture de soins ».

Dans une île où la notion de « situation d’urgence » est relative, difficile pour le « service d’urgence » de répondre aux attentes des usagers, pas toujours informés de l’existence dudit service. Pour des individus isolés et intimidés par l’administration, il ne reste plus que les yeux pour pleurer et l’espoir d’une réouverture prochaine du bureau.

Vers un « soulèvement populaire » ? 

Insatisfaits des réponses apportées par les autorités, c’est désormais vers la justice que se tournent les usagers. Payer un avocat n’étant pas à la portée de tous, ces derniers s’organisent tant bien que mal pour faire valoir leurs droits. Dernier exemple en date : la mobilisation de l’Association congolaise de Mayotte, rebaptisée Association des demandeurs d’asile de Mayotte dans l’objectif de centraliser les démarches. « Nous avons décidé de nous unir face à un problème qui nous atteint tous, quel que soit notre statut ou notre nationalité. Tous les étrangers doivent avancer ensemble pour que la situation se débloque », explique le secrétaire général de l’association, se présentant sous le surnom de Junior. 

« Nous nous sommes d’abord réunis pour faire le point car les problèmes de chacun sont vastes entre ceux qui sont arrivés avant et pendant la fermeture du bureau des étrangers. La question d’un soulèvement populaire s’est posée. Mais nous avons décidé d’épuiser d’abord toutes les possibilités institutionnelles avant d’en arriver à ce stade », explique Junior. À plusieurs mains, l’association rédige un courrier adressé au préfet relatant l’ensemble des difficultés éprouvées. « Nous avons mis en copie le Défenseur des droits et la direction de la Convention de Genève pour qu’ils comprennent la gravité de la situation. Nous avons également fait pression auprès de l’association Solidarité Mayotte, chargée d’accompagner les demandeurs d’asile, pour que nos dossiers soient traités auprès de la préfecture. Au final, onze personnes ont été reçues au bureau des étrangers ». Préoccupé par la situation, Romain Reille, le directeur de Solidarité Mayotte, appelle au calme. « Chaque nouvelle arrivée est signalée à la préfecture. Nous sommes en contact permanent et je peux vous assurer que les démarches avancent. Il est capital que les esprits s’apaisent », répète-t-il inlassablement.

Pour Junior et ses semblables, l’avancée de leurs dossiers grâce aux pressions judiciaires prouve plusieurs choses : « Déjà, nous avons compris qu’il fallait se mobiliser et être solidaires pour avancer. Attendre une réaction des autorités ne sert à rien », introduit-il. Ensuite, « le bureau des étrangers fonctionne bel et bien, mais de façon réduite ». Une information confirmée par Solène Dia de la Cimade qui reconnaît que « des convocations ont repris de façon isolée depuis environ un mois ». Seulement, « beaucoup d’individus nous expliquent être recalés à l’entrée de la préfecture malgré leur convocation bien qu’ils s’y rendent à l’heure dite ». De quoi jeter de l’huile sur le feu d’une situation déjà explosive. 

Conscient de l’image négative potentiellement véhiculée par un soulèvement d’étrangers, Junior tente pour l’heure de « contenir la colère de chacun (…) mais cette situation ne pourra pas durer indéfiniment », prévient-il. « Déjà que nous endurons le racisme et les discriminations au quotidien, si en plus nous devons rester malades, sans travail ni revenus, ce n’est pas tenable », ajoute-t-il avant de conclure : « Tôt ou tard, les gens n’auront plus rien à perdre ».

Des perspectives inquiétantes 

Face à l’absence de justification de la part des autorités, le bal des suppositions n’a pas fini de faire danser les usagers. Parmi les sources interrogées, certains témoignent « d’une volonté politique insufflée par un climat de tension envers les étrangers à Mayotte ». Une politique qui interroge de par son coût. Les placements au centre de rétention administrative étant onéreux pour l’État, comment comprendre la volonté de poursuivre ce phénomène en dépit de la crise diplomatique actuelle avec l’Union des Comores ?  « Cette politique entraîne un véritable gâchis de moyens humains et financiers puisque policiers, greffiers, avocats et magistrats sont contraints de travailler sans relâche pour une efficacité inexistante », témoigne à ce titre la section mahoraise du Syndicat de la magistrature.

Au vu des ajournements accumulés avant la fermeture partielle de ce service, le ralentissement actuel de son activité ne peut que générer de nouveaux retards. « Plus on attend, plus la reprise sera difficile », résume Solène Dia de la Cimade. Encore faut-il espérer que cette réouverture soit envisagée dans un futur proche. Interrogée sur ce point, la préfecture n’a pas souhaité s’exprimer.

 

 

 

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