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Protection des tortues à Mayotte : une affaire d’environnement, et l’affaire de tous

Alors que les deux braconniers arrêtés quelques mois plus tôt, puis relaxés pour vice de procédure, seront rejugés ce jeudi, les Naturalistes ont dévoilé leurs prochains projets. Objectif : sensibiliser le plus grand nombre à la protection des tortues marines, et poursuivre, dans la durée, les opérations de suivi des populations. 

Les associations environnementales retiennent leur souffle. Ce jeudi, les deux braconniers de la plage de Papani, surpris alors qu’ils transportaient de la viande fraîche de tortue, retourneront au tribunal où ils seront jugés en appel. Courant avril, ils avaient été relaxés in extremis pour vice de procédure. Depuis, et alors que le confinement avait marqué une recrudescence des actes de braconnage, ceux-ci sont repartis encore de plus belle. « Comme une partie des forces de l’ordre était mobilisée sur autre chose, les braconniers avaient le terrain complètement libre et là, ça leur a donné un sentiment d’impunité », souffle Michel Charpentier, président des Naturalistes, l’une des parties civiles dans cette affaire. Concernant les deux mis en cause, ils encourent des peines maximales de deux ans d’emprisonnement ferme et de 150.000 euros d’amende. 

En sus des dizaines de corps retrouvés sur la petite plage de Moya, au cours des quatre derniers mois, l’association a recensé plus d’une douzaine de cadavres ou de traces de braconnage à Saziley, où elle mène, deux nuits par semaine, des opérations de surveillance et de suivi des populations, ces plages étant l’un des sites de ponte les plus actifs de l’île. C’est donc tout naturellement que la communauté de communes du Sud a été choisie par les Naturalistes pour accueillir pendant neuf mois, à compter de juillet, le projet Life4Best financé par l’Europe. Ainsi, jusqu’au mois de mars 2021, 12 conférences aux thématiques différentes se tiendront dans toutes les localités du secteur pour sensibiliser le grand public à la protection des tortues marines, du braconnage jusqu’aux bonnes pratiques d’observation. D’autres activités de plus grande ampleur, comme des « voulé naturalistes », se tiendront pour attirer l’attention des élus, des techniciens et des partenaires financiers notamment. 

Une centaine de sites potentiels de ponte 

« Nous (les Naturalistes, ndlr) sommes très motivés, mais quand bien même nous doublerions nos capacités, cela serait encore très insuffisant », défend Michel Charpentier. D’où l’intérêt de sensibiliser les habitants et de mener en amont des opérations auprès des scolaires et des travaux pratiques sur les plages de ponte. « La surveillance et la protection ne peuvent pas être l’affaire que des associations ou des pouvoirs publics. Il y a à Mayotte une centaine de plages qui sont potentiellement des sites de ponte et seules les plus fréquentées peuvent être vraiment surveillées par les associations… », déplorent encore les Naturalistes. 

L’année dernière, l’association avait dû abandonner son opération de suivi à Saziley après seulement quelques mois, faute de fonds. Un projet qui a été relancé au mois de février, avec cette fois pour objectif de poursuivre les bivouacs réguliers de suivi sur un an et demi, afin de déterminer plus précisément les périodes de pics et de creux de ponte, et par conséquent, d’estimer un peu mieux les populations de tortues qui fréquentent le lagon. Mais la structure espère pouvoir aller plus loin et devrait déposer d’ici quelques jours une note de concept pour un second projet européen, qui s’étalerait cette fois sur cinq ans, en partenariat avec l’association Oulanga Na Nyamba et le centre de recherche et de soins Kélonia, basé à Saint-Leu, sur l’île de La Réunion. 

La fête de la mer et des littoraux débarque à Mayotte 

Du 17 au 19 juillet, Mayotte, à l’instar de tous les autres départements, accueillera la seconde édition de la fête de la mer et des littoraux. Cette année, les Naturalistes se mobilisent autour de différents thèmes, comme la pollution par les déchets plastiques, la découverte du milieu naturel au sens large et son évolution. Ainsi, différentes opérations se tiendront sur les plages de Saziley ainsi qu’à M’Tsamboro, où un focus sera fait sur le projet Leselam, ou lutte contre l’érosion des sols et l’envasement du lagon. Parallèlement, les bénévoles ont commencé à ramasser différents déchets, lors des bivouacs de surveillance dans le Sud, qu’ils revaloriseront, dès la rentrée prochaine, avec les jeunes de l’île.

Ali Nizary, président de l’UDAF à Mayotte : l’indispensable développement des CCAS

À la suite du scrutin municipal, le président de l’Union départementale des associations familiales (UDAF), Ali Nizary, a adressé une lettre aux communes de l’île. Il y rappelle l’importance des centres communaux d’action sociale (CCAS) à Mayotte et la nécessité de leur donner toute leur place au sein de la société. Un travail qui doit être soutenu pour répondre aux nombreux enjeux sociaux du département. 

Flash Infos : À l’issue de ces élections municipales, l’UDAF demande aux communes – et en particulier aux nouveaux maires – que l’accent soit particulièrement mis sur les CCAS. Vous dîtes que ces organismes correspondent particulièrement bien à Mayotte… 

Ali Nizary : Les CCAS développent l’action sociale des communes, et ce sont elles le premier échelon pour les familles, le premier service de proximité. Quand les familles ont un problème, c’est donc vers les CCAS qu’elles se tournent. Ensuite, ils développent en leur sein une série de dispositifs pour permettre aux familles de s’informer, mais aussi de trouver des solutions à leurs problématiques. C’est vraiment une porte d’entrée pour elles. C’est pour cela que nous insistons afin que les CCAS soient suffisamment équipés et outillés : il ne faut pas que les familles soient perdues. 

FI : Ils sont toutefois relativement jeunes à Mayotte. Que doivent-ils améliorer ? 

A. N. : Ce qui leur manque, c’est qu’ils soient identifiés par les familles comme étant des services pouvant leur donner les premières informations. De ce point de vue-là, les CCAS doivent encore faire des efforts. Il leur faut aussi des techniciens, des personnes formées, des travailleurs sociaux. Certains n’en ont pas encore, mais c’est indispensable. Quelqu’un qui est formé à cela est plus à même d’identifier la problématique d’une famille, de l’orienter et de l’accompagner. Malgré tout, ces organismes marchent assez bien chez nous pour leur jeune âge, et l’évolution va dans le bon sens. Ils sont composés d’élus et d’associations, et ce couple-là fonctionne bien. C’est pourquoi nous disons aux communes que l’UDAF est toujours là pour impulser le mouvement et pour pousser les associations à prendre leur place au sein des CCAS. Ils sont face à des enjeux qui sont énormes. 

FI : Des enjeux qui se sont révélés prégnants durant la crise sanitaire… 

AN : Tout à fait. Mais les CCAS, le tissu associatif, la communauté, l’engagement citoyen étaient mobilisés. La question de la solidarité dans notre société est une valeur centrale, et elle doit se retrouver au sein des CCAS. 

FI : Vous soulignez l’importance de la vie associative et des initiatives citoyennes sur le territoire. Mais comment structurer tous ces échelons de solidarité ? 

AN : Au sein de l’UDAF, nous avons déjà un travail énorme à mener. Il nous faut sensibiliser le tissu associatif à son rôle et sa place au sein des CCAS. Ils sont aussi là pour écouter les associations et à travers elles, écouter les doléances des familles. Il y quatre types d’associations : celles qui s’occupent des personnes âgées, celles qui s’occupent des personnes handicapées, les associations familiales – fédérées au sein de l’UDAF –, et celles qui luttent contre l’exclusion. Si ces quatre types d’association se mobilisent, alors on peut couvrir la totalité des problématiques que rencontrent les familles. On compte donc organiser d’ici la fin de l’année 2021 une formation financée par l’Union nationale des associations familiales (UNAF), qui donnera beaucoup d’éléments et d’outils aux associations et à leurs rôles dans les CCAS.

À Mayotte, des vacances ludiques et apprenantes pour lutter contre l’oisiveté

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Les vacances d’été auront une toute autre saveur pour les élèves mahorais cette année. Ceux qui le souhaitent pourront participer au dispositif “vacances apprenantes” mis en place par le rectorat. L’objectif est d’apprendre, de consolider les acquis tout en s’amusant. 

Habituellement, les vacances apprenantes ne sont organisées que pour les petites vacances. Coronavirus oblige, l’Éducation nationale a dû revoir sa copie et a prolongé le dispositif aux vacances d’été. Quatre programmes sont proposés par le rectorat et ses partenaires (les mairies, les associations, les différents services de l’État). Stage de réussite, école ouverte, été du pro, colonies apprenantes, chacun a un objectif bien précis mais tous ont la même ligne de conduite : apprendre de façon ludique. “L’idée est de consolider les fondamentaux (lire, écrire, compter et le respect d’autrui) à l’école primaire et les compétences acquises au collège. Tout cela de façon ludique. Si l’enfant rentre chez lui en disant qu’il n’a pas appris, il n’a fait que jouer, alors la mission est accomplie”, explique Balbine Ollier, en charge du dispositif de l’école ouverte. 

Les vacances apprenantes existent dans tout le pays. La consigne nationale veut que les enfants qui ont le plus décroché soient prioritaires lors des inscriptions qui se font sur la base du volontariat. Mais à Mayotte, beaucoup d’élèves sont concernés, alors les établissements privilégient ceux qui sont en fin de primaire pour préparer l’entrée en sixième et ceux qui sont en fin de collège pour préparer l’arrivée au lycée. Avec la crise sanitaire, le nombre d’élèves qui peuvent participer aux différents dispositifs a été revu à la hausse. “Le budget a été multiplié par sept, c’est-à-dire que l’on peut accueillir sept fois les dispositifs qui existaient auparavant. C’est important car plus les élèves feront ces activités ludiques et apprenantes, moins ils seront en difficulté à la rentrée”, selon Balbine Ollier. À titre d’exemple, les cinq établissements scolaires de la ville de Mamoudzou concernés pour l’école ouverte représentent à eux-seuls un montant de 150.000c euros. Petit bémol, toutes les communes de Mayotte ne seront pas couvertes par ces dispositifs. Pour l’heure, seulement quatre collèges et sept écoles primaires ouvriront leurs portes cet été. La région du sud de l’île est la plus déserte. 

L’environnement au cœur des colonies 

L’île a la chance d’avoir une nature très riche et les vacances apprenantes la mettront en valeur. Notamment à travers des colonies non pas de vacances mais éducatives et pédagogiques. Elles sont organisées par la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS). “Nous allons travailler sur des activités de nature, sur l’écologie, l’environnement, les sciences naturelles et du sport. On essaye d’être un peu plus dans les activités de découverte, grâce à nos associations partenaires”, annonce Patrick Bonfils, directeur de la DRJSCS. 22 séjours d’une semaine à chaque fois sont prévus pour le mois de juillet et début août. Le chiffre est cependant amené à augmenter puisque les organisateurs estiment que ce n’est pas suffisant et souhaitent étaler ces colonies au mois d’août. Les contenus seront plus pédagogiques et les enfants seront sensibilisés aux questions du développement durable, de l’écologie, des problématiques environnementales en général. Ces colonies sont également une aubaine pour les parents qui ne débourseront pratiquement rien. “Les colonies sont majoritairement prises en charge par l’État. Il versera aux associations 500 euros par enfant, et si c’est une mairie qui organise, c’est 400 euros par enfant”, indique Patrick Bonfils. Pour inscrire son enfant, il faut se renseigner auprès du directeur de son école ou directement auprès des associations. Les places seront limitées puisqu’à cause de la crise sanitaire, les colonies ne pourront accueillir que 10 enfants. Le premier arrivé sera le premier servi.

Trois mois de prison avec sursis pour Daniel Zaïdani, dans l’affaire de la SPL 976

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L’ancien président du conseil départemental et actuel conseiller départemental de Pamandzi était jugé avec l’ex-directeur général de la Société publique locale 976 pour des faits d’atteinte à l’égalité des marchés publics. Les deux prévenus ont été reconnus coupables. 

À peine annoncée, la condamnation de Daniel Zaïdani aura fait réagir les réseaux sociaux, déçus par le manque de sévérité de la peine. L’ancien président du conseil départemental a été jugé coupable ce mercredi par le tribunal correctionnel de Mamoudzou, dans l’affaire qui l’opposait ainsi que Saidi Issouf Andrianavélo Kelimanjaka à la Société publique locale (SPL) 976 et au conseil départemental. Les deux prévenus ont écopé respectivement de trois et six mois de prison avec sursis, pour atteinte à la liberté d’accès ou à l’égalité des candidats dans les marchés publics et abus de bien social. Les magistrats ont rejeté les demandes de non-inscription de la peine au casier judiciaire. 

Or pour les commentateurs des réseaux sociaux, il s’agit là d’une condamnation bien clémente, au regard des soupçons qui pesaient sur les deux prévenus. Tout juste auront-ils à s’acquitter des frais de procédure, alors qu’un rapport de la Chambre régionale des comptes déplorait, en 2017, des “recours à des procédures irrégulières” ayant conduit, au total, à “plus de 100.000 euros (…) payés à des prestataires extérieurs sollicités sans publicité ni mise en concurrence préalables”. 

Mais, comme le précise l’avocat de Daniel Zaïdani, un seul fait était reproché à son client dans cette affaire, à savoir la signature d’un bon de 30.000 euros pour permettre la création de la SPL. Pour sa défense, le conseil de l’ex-président cite notamment l’ex-article 28 du code des marchés publics alors en vigueur, qui permettait de passer une commande sans publicité et sans mise en concurrence lorsque « ces formalités sont impossibles ou manifestement inutiles en raison de l’objet du marché, de son montant ou du faible degré de concurrence dans le secteur considéré ». D’après lui, le statut hybride de la SPL, relativement récent au moment des faits, et relevant à la fois du droit privé et public, ne permettait pas une mise en concurrence efficace. 

Aucune action de la SPL 976 n’avait abouti 

Pour bien comprendre le contexte dans lequel la signature de cette commande a eu lieu, il faut remonter à 2012, et à la création de la Société publique locale (SPL) 976. Cet organisme, lancé par Daniel Zaïdani alors président du conseil départemental, avait pour objectif de favoriser le développement économique de Mayotte, d’abord en permettant l’accession à la propriété pour les revenus médians, et ensuite en attirant des financements extérieurs. Les activités de cette société étaient centrées sur des opérations d’aménagement et de construction pour les collectivités locales. Problème : cinq ans après, un rapport de la CRC notait qu’aucun des projets attribués à la SPL 976 n’avait abouti au moment de son enquête. La subvention du Département notamment, d’un montant d’1 million d’euros, versée “en pure perte”, avait donc été détournée de son objet et avait davantage “servi au fonctionnement courant de la structure”. “Entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2016, 1,5 millions d’euros de fonds publics ont été dépensés, dont 71 % pour des charges de personnel, sans réaliser de chiffre d’affaires”, soulignaient aussi les observateurs des comptes publics. 

Des rémunérations douteuses 

En plus de ces irrégularités, le directeur général Saidi Issouf placé à la tête de la structure par Daniel Zaïdani, récupérait les coquettes sommes de 30.408 euros, en rémunération rétroactive versée au titre de l’exercice 2012, ainsi que 16.333,32 euros de salaires sur les mois de novembre et décembre 2012. Le principal intéressé, dans sa réponse à la chambre, ne “contestait plus avoir perçu deux mois de salaires indus”, relevait d’ailleurs le rapport. Et de son côté, Daniel Zaïdani faisait voter en septembre 2014 au conseil départemental une délibération lui autorisant à recevoir une rémunération exceptionnelle de près de 100.000 euros annuel, finalement ramenée à 16.000 euros dans les relevés des comptes courants pour l’année 2014. 

Encore dans le viseur de la justice 

Au vu de cette gestion calamiteuse, la présidente de la SPL 976 issue de la nouvelle majorité du conseil départemental, Bichara Bouhari Payet, décidait en 2015 de porter plainte. Et les conclusions de la Chambre régionale des comptes poussaient finalement le parquet à se saisir de l’enquête en 2017, pour atteinte à l’égalité des marchés publics. Enquête qui s’est soldée par un procès le 1er juillet, et dont le jugement a été rendu ce mercredi 8 juillet. Le parquet comme les prévenus ont vingt jours pour faire appel de la décision. “Pour l’instant mon client hésite”, rapporte Maître Benoît Jorion. Pour lui, cette décision du tribunal est mitigée, car “elle dit en substance “vous n’êtes coupable qu’à moitié”. S’il était innocent, il devait être acquitté, s’il était coupable, il aurait dû y avoir une peine d’inéligibilité”, poursuit-il. “On a vraiment le sentiment qu’il y a une volonté d’attraper un gros poisson, dans cette affaire comme dans d’autres.” 

Il faut dire que cette affaire n’est pas la seule casserole que traîne le médiatique ex-président du conseil départemental, pour des faits datant de la même période. En décembre 2019, Daniel Zaïdani avait été placé en garde à vue pour des soupçons de prise illégale d’intérêts au sujet de la vente d’un terrain familial pendant l’exercice de ses fonctions. Le conseil général avait accordé une subvention à l’acheteur, la mairie de Kani-Kéli, mais c’est l’ex-président qui avait signé la vente pour le compte de sa famille. Et en 2013 et 2017, il était mis en examen pour détournement de fonds publics dans le cadre de la venue du groupe de musique Sexion d’Assaut en 2012 à Mayotte, l’organisation d’un foutari pour ses proches et pour des subventions accordées à des associations détournées des fins pour lesquelles elles avaient été attribuées. Ces affaires n’ont pas encore été jugées.

Sébastien Lecornu remplace Annick Girardin au ministère des Outre-mer

Avec le remaniement ministériel de lundi, c’est un nouveau ministre des Outre-mer qui échoie aux territoires ultramarins. Sébastien Lecornu remplace en effet Annick Girardin, qui récupère pour sa part le ministère de la Mer, recréé sous le gouvernement Castex. 

Bien qu’il ne s’agisse pas d’un critère déterminant, c’est une surprise : le nouveau ministre de l’Outre-mer, Sébastien Lecornu, n’est pas lui-même ultramarin. Une première depuis 2009. Nommé lundi soir par le nouveau premier ministre, Jean Castex, en remplacement d’Annick Girardin, le désormais ministre référent des Ultramarins aura donc provoqué quelques étonnements parmi lesquels celui du député européen Younous Omarjee (FI) sur son fil Twitter : « Plus d’Ultramarin au ministère des Outre-mer. Vive le temps des colonies ! »

Sans aller jusque-là, le député de Mayotte, Mansour Kamardine, regrette aussi, non pas qu’il ne soit pas Ultramarin, mais qu’il ne soit pas Mahorais. « C’est un point de déception », confirme l’élu en expliquant : « Le gouvernement n’a pas été à même d’assumer le fait que Mayotte soit française. Toutes les collectivités ultramarines ont déjà eu l’occasion d’avoir un ministre à l’exception de Mayotte. Alors j’espérais que cette heure serait venue et qu’un des enfants du département soit nommé au gouvernement. Cela aurait été un signal fort d’intégration de Mayotte dans la République. Ce signal n’est finalement pas venu, mais je ne désespère pas que cela soit le cas un jour. » 

Une origine continentale sur laquelle est revenu Sébastien Lecornu lors de son allocution, hier, à l’occasion de la passation de pouvoir avec son prédécesseur. « C’est déjà largement commenté : je ne suis pas issu d’un territoire d’Outre-mer. [Mais] la République, elle est qu’une. On l’aime et ce n’est pas une affaire de carte d’identité, c’est une affaire de cœur. Et le cœur j’en aurai », a-t-il répondu, mettant un terme à cette mini-polémique.

Car ce n’est pas tant sur ses origines ultramarines ou non qu’un ministre des Outre-mer est attendu, que sur sa capacité à prendre en compte les spécificités de ces territoires dispersés aux quatre coins du globe et qui valent parfois à la France le qualificatif de « pays sur lequel le soleil ne se couche jamais ». Et pour ce qui la concerne, des spécificités, Mayotte n’en manque pas. Ce que rappelle Mansour Kamardine : « L’Outre-mer est plurielle. Chaque territoire est déjà un enjeu en soit, et au milieu d’eux, l’enjeu mahorais est encore plus particulier. » Et pour cause : « C’est le territoire le plus pauvre de France. Cette pauvreté gagne encore du terrain parce que les mesures de fond n’ont pas été prises. Il est donc plus qu’urgent de tenir la promesse d’améliorer les aides sociales à Mayotte et d’étendre les dispositifs qui n’y sont pas encore. Cela a été annoncé pour le 30 décembre, nous sommes en juillet, et ce n’est pas encore fait. Ce chantier doit donc désormais être mené et accéléré. » Pour le député, ce n’est pas tout : « Pour que Mayotte progresse, elle doit aussi s’appuyer sur son économie et les infrastructures qui la soutiennent, comme la piste longue, une université de plein exercice, un réseau routier amélioré, le haut débit, des services publics reparamétrés et mis à niveau, etc. » Et d’espérer voir se mettre en place sous l’égide de ce nouveau ministre « un véritable plan de développement qui parle aux Mahorais. Nos jeunes, face aux difficultés, s’en vont. Nous ne pouvons pas continuer dans cette direction. Mayotte ne saura se construire qu’avec les Mahorais et sa jeunesse ». 

« Attendre des élus locaux »

Un point de vue que le député pourra expliciter directement à Sébastien Lecornu si celui-ci décide de recevoir les élus locaux pour appréhender l’ampleur des chantiers à mener. Si aucun agenda n’est encore prévu en ce sens, il l’a assuré : « Je vais beaucoup attendre des élus locaux d’Outre-mer. (…) L’État a besoin des collectivités territoriales d’Outre-mer et ces dernières ont besoin de l’État. Ces dernières années, quand les uns ou les autres ont pu jouer l’un contre l’autre, ce sont nos concitoyens ultramarins qui ont payé l’addition. Je tends donc la main aux élus locaux afin que nous puissions nous mettre au travail. »

Une annonce attendue car, dans un communiqué envoyé à la suite à cette nomination, le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, expliquait sa volonté de « me rapprocher de lui pour évoquer les dossiers stratégiques pour Mayotte et sa population, qu’il s’agisse de la convergence des droits sociaux, du désenclavement effectif de l’île avec la nécessaire piste longue, de la reconnaissance de Mayotte dans sa région avec une participation pleine et entière à la Commission de l’océan Indien (COI), de la transformation du port de Longoni en grand port maritime pour ne citer que ces dossiers importants ».

Des élus locaux dont il connaît par ailleurs bien la fonction. Ancien président du conseil départemental de l’Eure entre 2015 et 2017, Sébastien Lecornu était surtout, jusqu’à sa nomination à la rue Oudinot, ministre en charge des collectivités territoriales depuis octobre 2018. Une responsabilité qui l’aura notamment amené à animer le Grand débat national consécutif à la crise des Gilets jaunes. L’expérience satisfait d’ailleurs quelques élus ultramarins, soulignant, à l’instar de la Guadeloupéenne Josette Borel-Lincertin, sa connaissance des dossiers et son approche d’élu local. 

Girardin prend la mer

Quant à Annick Girardin, elle ne reste pas sans rien puisqu’elle prend la tête du ministère de la Mer, recréé – la précédente institution du genre date de 30 ans – à l’occasion de ce remaniement. Un ministère qui ne sera donc pas tout à fait coupé des Outre-mer, ceux-ci participant largement aux 11 millions de mètres carrés du domaine maritime français. L’ex-ministre des Outre-mer n’a d’ailleurs pas manqué de le souligner, pas plus que d’avoir un mot pour Mayotte, territoire qu’elle aura visité à plusieurs reprises et qui lui aura donné du fil à retordre. « Mayotte, un territoire que j’ai découvert », s’est-elle rappelée lors son allocution de départ. « Un territoire à qui j’ai dit dès les premiers jours qu’il n’avait pas eu l’intérêt qu’il méritait. Je crois pouvoir dire aujourd’hui que nous avons été au rendez-vous de ses difficultés. Il reste du travail mais nous avons avancé. Les moyens sont là, les engagements aussi. Il nous faut finaliser un certain nombre d’actions. » Reste désormais à prendre son successeur au mot.

 

 

Approvisionnements : les effets “boule de neige” du confinement pour les entreprises mahoraises

À Mayotte, très dépendante de l’extérieur pour se réapprovisionner, les entreprises subissent toujours les conséquences du confinement. Outre la distribution alimentaire, des fournisseurs de produits de construction ou ménagers, comme Ballou ou Disma, peinent à assurer leurs stocks. 

Ici, c’est un four micro-ondes qui n’a pas pu sortir à temps de son usine en Chine. Là, un conteneur de voitures qui tarde à débarquer à Mayotte. Après plus de deux mois de confinement, l’heure de la reprise économique tant attendue est enfin arrivée. Mais pour les entreprises, qui, comme Mayotte dans son ensemble, dépendent toujours beaucoup des arrivages extérieurs, la relance reste encore bien timide. En cause d’abord : des retards dans l’arrivée des bateaux. “Les livraisons ne sont pas conformes à ce qui est annoncé, on ne peut pas gérer une entreprise si les délais ne sont pas respectés”, assène Safdar Ballou, le gérant de la société d’électroménager Ballou.

Des conséquences à la chaîne

Si le Covid-19 et le confinement peuvent expliquer une large partie de ces retards, certaines chaînes de production ayant été interrompues ou fortement ralenties, d’autres facteurs pèsent aussi dans la balance. Et visiblement, les compagnies maritimes qui assurent le transport des marchandises depuis la métropole ou l’Asie y sont aussi un peu pour quelque chose. D’après des transitaires, les armateurs qui livrent à Mayotte, comme CMA-CGM ou MSC, ont en effet réduit leur nombre de rotations par mois. Résultat, les délais de livraison sont allongés, et il faut parfois compter jusqu’à 80 jours pour acheminer le conteneur jusqu’au port – contre maximum 60 jours en temps normal. Conséquence du confinement ou non, une escale effectuée en mars à Mombasa au Kenya aurait aussi retardé la livraison de marchandises. “Les compagnies maritimes n’ont pas assez de produits, et c’est l’acheminement vers Mayotte qui pose problème”, résume Safdar Ballou.

Or, tous ces retards finissent par avoir des conséquences “par ricochet” sur l’activité économique. “Mon client, qui est dans la vente de véhicules, attend son conteneur échoué à Mombasa depuis le mois de mars. Et à force d’attendre, certains de ses propres clients finissent par se désister”, relate le gérant de la société de transitaire Adam Transit. Les entreprises, déjà frappées par la crise économique due au confinement, doivent supporter de nouveaux coups durs pour leur trésorerie. “Quand on reçoit dix conteneurs en même temps, cela devient compliqué de tous les sortir du port”, explique Akil Kassamaly, le gérant de Disma. 

Le poids des tarifs portuaires

Car il ne faut pas oublier que les tarifs pratiqués au port restent particulièrement élevés. “Compte tenu de ces tarifs, ce surcoût se ressent particulièrement sur les produits à faible valeur ajoutée, comme les produits de construction – ciment, colle, enduit, carreaux…”, poursuit-il. Rien que pour l’acconage d’un conteneur de carreaux, il faut débourser près de 1.000 euros, d’après lui. “À La Réunion, le même service doit revenir à 300 euros maximum”, chiffre-t-il encore. Et c’est sans compter les coûts de stockage pour l’occupation du terre-plein. Passés les cinq jours de franchise, ces frais peuvent vite monter en flèche. Entre les commandes qui se chevauchent, et la timide reprise de l’activité économique, les entreprises peinent donc parfois à payer leur dû. D’autant plus que les transitaires, qui ont eux-mêmes été fragilisés pendant le confinement, ne leur font plus d’avances. “C’est un effet boule de neige. Nous avons eu des surcoûts et nous avons dû demander un report d’échéances pour les douanes”, rapporte Safdar Ballou.

Heureusement, ces coûts supplémentaires ne devraient pas, pour l’instant, se ressentir sur les prix pratiqués pour les consommateurs mahorais. Une bonne nouvelle, quand on sait qu’avec “les tarifs pratiqués au port depuis 2017, le sac de ciment, par exemple, a pris 10 ou 20 centimes”, note Safdar Ballou. Mais le gérant de l’enseigne rouge se veut rassurant : “Je pense que cet effet boule de neige est en train de se normaliser, et nous sommes plutôt optimistes.” Les bateaux continuent d’ailleurs d’affluer au port ces derniers jours, éloignant la menace d’une rupture de stocks. Du côté de Disma, les commandes, qui ont pu être à nouveau effectuées à partir de la mi-avril, devraient arriver au mois d’août. Et remplir des étagères vidées à vitesse grand V pendant le confinement, parfois par des particuliers… en manque d’occupations ?

MCG déboutée par le Conseil d’État : toujours le flou sur les tarifs au port

Nouvel épisode judiciaire au port de Longoni. Mayotte Channel Gateway a été déboutée le 19 mai dernier par le Conseil d’État dans son pourvoi contre la décision de la cour administrative d’appel de Paris du 22 octobre dernier.

Depuis son arrivée à la délégation de service public, l’entreprise d’Ida Nel fait régulièrement l’objet de contestations au sujet des tarifs élevés qu’elle pratique. En effet, en 2016, le président du conseil départemental avait d’abord approuvé l’ensemble des tarifs proposés par le délégataire, avant de rectifier cette grille en septembre 2016. Le cabinet mandaté CATRAM avait relevé les “pratiques inacceptables”, concernant les tarifs d’utilisation des grues et RTG. Après un recours de l’Union Maritime de Mayotte (UMM) contre l’arrêté du président du conseil départemental validant les premiers tarifs, débouté par le tribunal administratif de Mayotte, la cour administrative d’appel de Paris avait annulé le 22 octobre 2019, l’ordonnance du tribunal administratif de Mayotte, et l’arrêté du président du conseil départemental. Résultat, les tarifs de 2016 concernant les grues et RTG, ne sont plus valides. Et le Conseil d’État vient de confirmer cette décision en déboutant le pourvoi de MCG. Reste à savoir quels tarifs devront désormais être appliqués. Contacté, Jacques-Martial Henry, le chargé de mission d’Ida Nel, botte en touche : “Nous allons voir le jugement du Conseil d’État et se positionner en conséquence.” Le responsable considère toutefois que les tarifs de 2016 correspondent aux investissements réalisés. Et même s’ils sont désormais caduques, Jacques-Martial Henry tient à remettre les points sur les “i”. “La délégation de service public est très claire, si les tarifs ne permettent pas d’équilibrer le budget, il reviendra au conseil général, et donc aux contribuables mahorais, de payer. En aucun cas la DSP ne peut être déficitaire, et encore moins sur des investissements – concernant les grues et RTG – qui ont été validés en 2015”, souligne-t-il.

 

 

Le commandant du PSIG grièvement blessé à Dzoumogné

Nouvelle nuit de tensions à Dzoumogné. Le commandant du peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie de Mamoudzou a été grièvement blessé par un jet de pierres lors d’une intervention dans le village du nord, lundi, vers 1h15 du matin. Frappé au visage, il a subi une double fracture de la mâchoire qui lui vaut 45 jours d’incapacité temporaire de travail (ITT) et d’être évacué ce jour à La Réunion pour une opération chirurgicale. Au moment du drame, la patrouille du PSIG de Mamoudzou était à la recherche d’un véhicule qui avait servi à deux individus pour prendre la fuite après une tentative de cambriolage d’un magasin alimentaire spécialisé dans les produits surgelés. “Le PSIG y est allé avec deux autres véhicules et sur le retour, la patrouille est tombée dans un traquenard et des individus ont commencé à les caillasser”, relate le général Philippe Leclercq, commandant de la gendarmerie nationale dans l’île.

Ce ne sont pas là pas les premières violences qui frappent le nord de l’île, ni le village de Dzoumogné. Face aux violences aux abords de leur lieu de travail, les employés du dispensaire exercent leur droit de retrait, depuis vendredi et l’intrusion d’une bande armée dans l’établissement médical. “Le secteur nous mobilise pas mal, et nous faisons en effet le constat d’une prise à partie par des bandes de jeunes qui agissent par désœuvrement ou provocation”, confirme le général Philippe Leclercq. Mais si ce genre de prises à partie peut donner l’impression que les individus cherchent à attirer les forces de l’ordre dans des guet-apens dans le but de les caillasser, le chef de la gendarmerie nationale se veut plus nuancé : “cela peut faire partie du mode opératoire adverse, mais nos unités sont éprouvées à ce type de pratiques et nous essayons d’éviter que des faits imaginaires puissent entraîner une embuscade. Et en réalité, le mode d’action n’est pas si élaboré, et relève davantage de la prise à partie d’opportunités”, souligne-t-il.

 

« Le bac à Mayotte n’a pas été bradé »

Le suspens n’est plus de mise. Tous les bacheliers connaissent les résultats qui concluent une année de bac si particulière. Cette année, le taux de réussite est en hausse chez nous. La bienveillance recommandée par l’Éducation nationale a porté ses fruits.

Les résultats du baccalauréat ont officiellement été dévoilés ce 7 juillet au niveau national. À Mayotte, les bacheliers ont eu le privilège d’être fixés sur leur sort avant les autres comme chaque année. Le taux de réussite de cette année est plutôt satisfaisant sur l’ensemble du pays. Il s’élève à 91,5% au niveau national, avant les rattrapages, soit une augmentation de 13,8 points par rapport à l’année dernière. Chez nous, les chiffres ont également explosé. 80.1% des candidats de la filière générale ont été admis. Le chiffre passe à 76.5% pour la filière technologique et monte à 90.4% pour le bac professionnel. Ces résultats sont encourageants mais il est important de rappeler que l’année scolaire 2018-2019 a été particulièrement catastrophique à Mayotte. Les élèves n’avaient pas pu bénéficier de l’accompagnement nécessaire à cause des grèves. 

Cette édition 2020 est dans le collimateur de certains qui parlent d’un bac au rabais. Une critique que réfute Gilles Halbout, le recteur de l’académie de Mayotte. “Cette année, c’est vrai qu’on a de meilleurs taux de réussite, c’est le résultat de la consigne nationale qui nous demandait d’être bienveillants. Mais le bac de Mayotte n’a pas été bradé.” 

Parcoursup, un indicateur plus explicite

“L’indicateur qu’il faut prendre en compte est le taux d’admission sur Parcoursup parce que les élèves sont admis grâce à leur dossier scolaire et aucune université ou école n’a envie de faire de cadeau, peu importe le contexte particulier de cette année”, rappelle Gilles Halbout. À ce sujet, les lycéens mahorais sont plutôt bien placés. Actuellement 82% des élèves qui ont formulé des vœux ont été acceptés dans l’une des formations qu’ils ont demandées. 95% des candidats du bac général ont obtenu une réponse favorable, 77% de la filière technologique, et 69% de la filière professionnelle. “Cette année, il y a eu un déclic, les formations de l’enseignement supérieur se sont rendues compte que les Mahorais réussissent aussi. On a une visibilité qu’on n’avait pas avant”, se réjouit le recteur.

Mayotte dernier de la classe

Malgré les efforts des élèves mahorais, Mayotte est encore à la traîne. Les taux de réussites sont toujours inférieurs aux moyennes nationales car l’histoire de l’Éducation nationale est plus récente sur le territoire. Les enfants ne sont pas toujours scolarisés en maternelle. De plus, les élèves n’évoluent pas dans les mêmes conditions que ceux de la métropole. Le recteur en est parfaitement conscient et souhaite rattraper le retard même si cela ne se fera pas en quelques années. “Cela passera par la scolarisation de plus en plus tôt. Nous allons également améliorer les conditions de scolarisation, notamment au collège en mettant en place des dispositifs d’adaptation des publics en difficulté pour remettre à niveau les fondamentaux. Enfin, les élèves ne seront plus orientés dans les filières générales par défaut.” En attendant, l’académie de Mayotte souhaite préparer rapidement les bacheliers de cette année à intégrer l’enseignement supérieur et à vivre loin de leurs parents. Chose qui n’a pas été faite à cause du contexte particulier de cette année.

Essais Coviplasm : « Il ne faudrait pas que les Mahorais subissent des choses qu’ils ne comprennent pas »

Les essais thérapeutiques dits Coviplasm n’ont pas encore débuté à Mayotte. Pour autant, les représentants des usagers du système de santé rappellent qu’à l’heure où aucune conclusion définitive n’a été rendue concernant ces tests, il demeurera capital d’informer clairement tous les potentiels candidats. 

Il y a encore quelques semaines, son nom ne parlait qu’à une poignée d’initiés. Désormais, le Coviplasm est sur toutes les lèvres, particulièrement en Guyane et à Mayotte. Les deux départements d’Outre-mer devraient accueillir des centres d’essai thérapeutique visant à transférer du plasma sanguin de patients guéris du Covid-19 à d’autres encore en convalescence. Si pour l’heure, le CHM, en charge d’encadrer ces recherches scientifiques, n’a pas commencé à recenser les premiers cobayes – les tests reposant impérativement sur la base du volontariat –, les associations et les représentants des usagers du système de santé à Mayotte alertent quant aux risques d’une mauvaise communication. 

« Le manque d’information alimente un climat de défiance et interroge sur le respect du consentement éclairé des participants à de tels essais », prévenait déjà quelques jours plus tôt France Assos Santé à propos de la situation sanitaire en Guyane. Il aura fallu peu de temps pour que le relais local de la structure monte à son tour au créneau. France Assos Santé Mayotte (anciennement France Assos Santé océan Indien) a ainsi rappelé aux différents acteurs de santé « qu’il est proscrit de faire la promotion d’une recherche clinique en mettant en avant un bénéfice individuel ou populationnel. Ce bénéfice n’est pas prouvé tant que les résultats définitifs ne sont pas connus ». Or, en l’état, « il est hasardeux de parler de Coviplasm comme d’une « solution thérapeutique » comme on a pu l’entendre. La recherche clinique ne peut et ne doit en aucun cas être considérée et présentée comme du soin », explique les représentants des usagers du système de santé. 

L’importance du « consentement éclairé » 

Ainsi, si tout patient volontaire doit signer un formulaire de « consentement éclairé », attestant qu’il a bénéficié, objectivement et sans pression aucune, d’informations « loyales, claires et adaptées à son degré de compréhension ». Des notions qui devront se heurter à certaines spécificités locales. « Il ne faudrait pas que les Mahorais subissent des choses qu’ils ne comprennent pas », insiste Antufati Hafidou, porte-parole de France Assos Santé Mayotte. Car si les premiers essais déjà menés en métropole et aux États-Unis notamment sont, certes, « prometteurs » selon certains chercheurs, les résultats définitifs n’ont pas encore été publiés par la communauté scientifique. D’où l’importance d’une transparence absolue entre le corps médical et les patients qui accepteraient de participer à ces essais. 

Au début de la crise, l’ARS et les autres institutions ont veillé – parfois tardivement – à une large diffusion des messages relatifs à la santé publique. Mais, plus de trois mois plus tard, France Assos Santé Mayotte, chargé de fournir à tous les usagers du système de santé une aide morale, pratique, financière, sociale ou juridique, estime que pour une partie non négligeable de la population, la compréhension de ces informations aurait été particulièrement longues, du fait de la fracture numérique, de l’état d’isolement de certains, ou encore du plurilinguisme local. « Même les messages traduits en mahorais et en kibushi le sont de façon françisé », s’inquiète Antufati Hafidou. « Il y a encore beaucoup de gens qui ne les comprennent pas. » Depuis que l’épidémie de Covid-19 secoue le territoire, la structure explique intervenir fréquemment auprès de personnes qui ne savent pas, par exemple, comment porter ou laver leurs masques, et ignorent parfois même sa durée de vie – un masque en tissu grand public ne pouvant servir qu’à 30 utilisations. 

« Nous sommes les acteurs les plus proches des usagers », rappelle France Assos Santé Mayotte. « Mais depuis le début de la crise, nous ne sommes pas vraiment pris en compte lorsque nous nous adressons aux autorités pour demander des moyens plus adaptés. » Or, aucune information n’a été faite concernant les possibles essais cliniques à venir dans le 101ème département, un scénario que l’association a découvert en même temps que le grand public. Comment, dans ce contexte, pourra-t-elle accompagner les potentiels volontaires ? 

Aucun volontaire à ce jour 

Si la question demeure capitale, le CHM a expliqué, lundi, qu’aucun malade ne s’était encore porté volontaire à ce jour. « Si on n’a pas un échantillon assez grand de candidats, nous ne lancerons rien », a précisé la direction, aucune conclusion ne pouvait évidemment être scientifiquement établie en se basant sur un infime nombre de malades. Mais les premiers essais ne débuteront pas nécessairement dès lors qu’un premier patient acceptera de participer aux essais Coviplasm. « Sur le principe, la direction et les médecins sont d’accord, mais il y aussi l’opinion publique qui joue son rôle puisque le sujet est devenu politique… », reconnaît encore le CHM. 

La semaine dernière, l’infectiologue et chercheuse Karine Lacombe, celle-là même qui avait projeté devant l’Assemblée nationale d’étendre les essais thérapeutiques à Mayotte et la Guyane, annulait son voyage vers Cayenne, face à l’hostilité de la population, des élus locaux et même du préfet quant aux tests qu’elle entend y mener, et les laissant par conséquent en suspens. Si le sort de Mayotte n’est pas encore tout à fait clair, l’île, où le virus circule encore, reste un territoire de premier choix, alors qu’en métropole, où l’épidémie décline, beaucoup de patients hospitalisés ne remplissent pas les critères d’inclusion pour bénéficier de l’essai plasma. Affaire à suivre donc.

Violences conjugales à Mayotte : une mineure victime du cycle de l’emprise

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En plein confinement, une jeune femme de 17 ans a dû subir les coups de son mari. Et deux mois après sa plainte, l’épouse aurait bien aimé qu’il reparte libre… 

“On s’est juste poussé.” À part des hochements de tête et quelques “oui” ou “non”, cette réponse est à peu près la seule que les juges obtiendront ce lundi. Malgré son salouva flamboyant, la jeune femme qui se tient la tête basse entre une avocate et une administrateur ad hoc, chuchote comme si elle voulait surtout se faire oublier. Assis à sa droite, le prévenu, son mari, de onze ans son aîné, serre compulsivement ses poings – ceux-là mêmes qu’il a utilisés pour la “pousser” à cause d’une histoire de téléphone portable. Derrière, la mère de la jeune femme, un peu avachie sur son banc, hausse parfois les sourcils sous le foulard rouge qui lui enserre la tête. Sa fille, mineure, n’a que 17 ans. Et les circonstances ont poussé la justice à nommer un autre représentant légal pour cette procédure… 

Face au silence de l’adolescente, la juge reprend textuellement la plainte, retranscrite dans le procès-verbal joint au dossier. Les faits remontent au 8 mai 2020. Cet après-midi-là, une dispute éclate au domicile conjugal. En cause : un appel entre la victime et sa sœur à la suite duquel le mari décide de suspendre la ligne. Quand la jeune femme tente de demander pourquoi et de récupérer son téléphone, le ton monte. “Il m’a poussée, il m’a giflée à la tête, tordu la main, étranglée”, récite la juge en reprenant le procès-verbal. Les voisins finissent par intervenir pour séparer le couple et constatent alors une plaie sanglante sur le dos de l’épouse. C’est au moins la deuxième fois que son mari la frappe, et casse son téléphone portable. 

Colère et pression familiale 

La victime décide alors de porter plainte… jusqu’à aujourd’hui. “J’étais en colère quand j’ai dit ça”, répond-t-elle à la magistrate qui lui demande si le récit qu’elle vient de lui lire correspond à ce qu’elle a vécu. L’administrateur ad hoc, appelée elle aussi à témoigner, confirme que la jeune femme “a immédiatement demandé si elle pouvait retirer sa plainte, stopper l’instruction judiciaire”. Une demande, également répétée par sa famille, qui, toujours selon l’administrateur ad hoc, exerce “énormément de pression” sur elle. “Est-ce que vous avez bien compris que vous n’êtes responsable de rien, que vous êtes une victime aujourd’hui ?”, soulève alors le substitut du procureur. En effet, le retrait d’une plainte n’entraîne pas systématiquement l’arrêt des poursuites. Et dans cette affaire, c’est le parquet qui a décidé de continuer la procédure jusqu’à cette comparution. 

Trois condamnations pour violences conjugales 

Il faut dire que le profil du prévenu ne plaidait pas vraiment en sa faveur. Au moment des faits, il a à sa cheville un bracelet électronique, qu’il porte pour des faits similaires. Trois condamnations récentes figurent dans son casier judiciaire, toutes pour des violences conjugales. Pourtant, entendu à la barre, le mari nie avoir un comportement violent, alors même que ses précédentes peines, en prison ferme, en sursis et assorties d’un bracelet électronique, viennent avec une obligation de soins pour régler ses problèmes de colère. Il dément aussi avoir été violent envers sa femme de 17 ans, qui aurait tout commencé, d’après lui. Quand on lui demande s’il serait prêt à se remettre avec elle, il assène : “si elle s’excuse, oui”. De son côté, la jeune épouse souffle : “s’il veut bien…” 

Le cycle de l’emprise 

Et c’est bien là tout le drame. “Nous sommes témoins du fameux cycle de l’emprise, tant décrit par les psychologues”, résume le substitut du procureur. De la dispute, aux coups, à la réconciliation, en passant parfois par le dépôt puis le retrait de la plainte, elles sont environ 213.000 femmes en France à connaître ce cercle vicieux chaque année. Et ce chiffre, issu de l’enquête “Cadre de vie et sécurité” de 2012-2019 – INSEE-ONDRP-SSMSI, ne prend pas en compte les mineures… Il ne prend pas non plus en compte la période du confinement, qui, à en croire Marlène Schiappa, la secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes, aurait conduit à une hausse de 36% des signalements. À Mayotte, l’association pour la condition féminine et aide aux victimes (ACFAV), particulièrement sollicitée au téléphone pendant cette période de crise sanitaire, avait elle aussi confirmé une montée en flèche des violences par rapport à l’année dernière. Un fait, que même l’avocat de la défense a tenu à remettre sur la table, tout en défendant que les faits de violence rapportés dans la plainte n’étaient pas avérés. Mais le tribunal en décidera autrement : le prévenu est jugé coupable et écope de 18 mois de prison, dont six avec sursis – auxquels s’ajoutent la révocation de quatre mois de sursis de sa précédente condamnation. Après ses 16 mois sous les verrous, il aura interdiction d’entrer en contact avec sa conjointe.

Restauration : bientôt un japonais à Mayotte

Mayotte ne fait pas peur à tout le monde. Preuve en est avec Kamel Guerraoui qui s’apprête à ouvrir sa troisième entreprise sur le territoire. Et c’est d’une nouveauté qu’il s’agira puisque c’est un restaurant japonais qui accueillera prochainement les gourmands aux Hauts-Vallons. 

Un restaurant japonais à Mayotte ? Certes, il en existe bien un ou deux cuisinant quelques spécialités, mais aucun qui soit entièrement dédié à l’art culinaire du pays du soleil levant. Ikajo, son nom, sera donc le premier du genre et devinez quoi : il devrait ouvrir ses portes prochainement aux Hauts-Vallons, sur la place principale du quartier. À l’origine du projet, Kamel Guerraoui. Son objectif : « Restituer les saveurs des plats de la culture japonaise et proposer aux habitants de Mamoudzou et plus largement de toute l’île une nourriture différente. » Que les amateurs de goûts plus locaux se rassurent toutefois : une partie de la carte sera consacrée à de la « cuisine fusion », comprendre un mélange de saveur entre le Japon et Mayotte. D’ailleurs, si une partie des produits sera importée, faute de se trouver sur place, une autre sera, elle, du terroir. Le poisson évidemment – excepté le saumon et l’anguille toutefois –, mais aussi certains fruits et légumes. « Si on peut travailler avec des producteurs locaux d’avocats, de mangues, d’ananas, etc., tant mieux ! », se réjouit le gérant en poursuivant : « J’ai une large préférence à travailler localement dès que possible pour participer au développement et au circuit économique de l’île. » Pour relever ce challenge gustatif, Kamel Guerraoui a fait venir à Mayotte un chef fort « de 20 ans d’expérience dans la cuisine japonaise, très impliqué dans les nouveaux projets et qui dispose d’une riche expérience à l’international puisqu’il a travaillé au Portugal, à Hong-Kong, à Monaco, en Norvège, ou encore à La Réunion », s’enthousiasme-t-il. Alléchant. 

Côté personnel, hormis pour le chef, c’est sur les compétences locales que compte s’appuyer le gérant. Et dès qu’on parle de compétences dans la restauration, le RSMA est là. C’est au sein des jeunes de l’institution que Kamel Guerraoui ira donc puiser ses aide-cuisiniers, serveurs, etc. : deux recrutements pour commencer, puis cinq envisagés à terme. « Travailler avec des gens qui ont un certain état d’esprit et un certain savoir-être », comme le dit l’entrepreneur, c’est l’objectif affiché de cette démarche. D’autant que pour le personnel qui sera recruté, c’est là « une bonne expérience, avec une nouvelle spécialité qui ne demande qu’à exploser. À La Réunion, le secteur de la cuisine japonaise est en plein boom depuis deux ou trois ans, avec toute une nouvelle génération de restaurateurs. Les habitants de Mayotte ont, eux aussi envie de retrouver ces saveurs qu’ils ont pu découvrir ailleurs ». 

Le restaurant, implanté au rez-de-chaussée de l’immeuble Manek, aux Hauts-Vallons, disposera d’une cinquantaine de couverts : 30 en salle et 20 en terrasse. Compte tenu de la législation du moment, liée au Covid-19 et aux mesures sanitaires à respecter, c’est d’ailleurs sur cette terrasse aménagée que se fera le service d’Ikajo jusqu’à ce que le quotidien des Mahorais redevienne enfin normal. 

De la confiance dans le territoire 

Originaire de région parisienne et à Mayotte depuis « très peu de temps », Kamel et sa femme se sont pris d’amour pour le territoire, qu’ils ont découvert durant un an, en 2016, à l’occasion d’un premier séjour professionnel. « Cela a été un coup de cœur pour la population, l’île, le lagon, tout. Venir à Mayotte, c’était venir dans un endroit où la société de consommation et l’individualisme ne sont pas encore prépondérants et où les valeurs de partage et d’échange sont plus présentes qu’ailleurs », se rappelle l’homme. Alors, à l’issue de cette année de découverte, il fait le choix de rester et de s’investir dans l’économie du territoire avec d’abord une société d’import, puis un magasin d’ameublement moderne, Style et sofa. Avec Ikajo, l’entrepreneur ajoute désormais une corde à son arc, et confirme la confiance qu’il a dans le territoire, malgré les difficultés qu’on lui connaît. Et de l’assurer : « Ce sont des projets qui me motivent, je n’ai donc pas de crainte. J’ai confiance en Mayotte, c’est un jeune département qui ne peut pas courir encore aussi vite que La Réunion, mais Mayotte c’est une vision à 20 ans. Il faut être patient avec l’île et cela viendra, je n’ai aucun doute là-dessus. Les Mahorais ont fait le choix d’avoir une histoire liée à la France, et c’est à mon avis le bon car, grâce à cela ils peuvent avoir accès à des compétences et à des expériences qui permettent de se développer. »

Cérémonies d’investitures hautes en couleurs à Mayotte

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Le week-end dernier a été rythmé par les cérémonies d’investiture des maires fraîchement élus ou réélus. L’occasion pour eux de prendre officiellement leurs fonctions. Mais les scènes de foules et d’embrassades constatées un peu partout sur l’île feraient presque oublier la pandémie.

À Mayotte, les cérémonies d’investiture des maires sont particulièrement folkloriques et festives. C’est entre chants traditionnels et discours solennels que les nouveaux maires ont endossé l’écharpe tricolore tant convoitée. Et si dans les autres départements de France, les investitures se sont déroulées sans artifices, chez nous l’ambiance était toute autre. Le week-end dernier, les cérémonies d’investiture avaient des allures de Manzaraka. Dans chaque commune, des centaines et des centaines de personnes se sont réunies sous des chapiteaux, sur les places publiques, ou encore dans les MJC. Les colliers de fleurs ont refait leur apparition. Les femmes ont sorti leurs plus beaux salouvas et les hommes leurs plus beaux costumes. Le tout animé par les différentes associations de chants et danses traditionnels mahorais. Les maires ont été accueillis tels des célébrités et ils ont dû se plier au jeu des embrassades, des bains de foule, et des selfies, oubliant complètement les mesures barrières répétées inlassablement depuis des mois. Certaines communes ont tenté tant bien que mal de les faire respecter. À Mamoudzou par exemple, un cordon de sécurité empêchait les personnes non conviées à la cérémonie d’y accéder. Ces dernières se sont cependant regroupées derrière les barrières de sécurité. Et le nouveau maire, Ambdilwahedou Soumaila, s’est finalement retrouvé encerclé par ses partisans dans un moment de joie. À M’tsamboro, tous les administrés étaient invités à prendre part à la cérémonie. La mairie avait mis à disposition des masques, mais cela n’a visiblement pas été suffisant puisque beaucoup n’en portaient pas. De plus, elles se sont ruées sur le maire pour l’embrasser et prendre des photos. “Nous avons fait le nécessaire mais dans des groupements comme celui-là, il est très difficile de respecter les gestes barrières. Chez nous, les gens croient beaucoup en Dieu et s’en remettent à lui en pensant qu’il ne leur arrivera rien”, explique Ben Kassim Ali Hamidi, organisateur de la cérémonie d’investiture du maire de M’tsamboro.

Des surprises, des larmes, et des promesses

L’émotion était bien présente lors de ces cérémonies. À Mamoudzou, le nouveau maire a fondu en larmes dans les bras de sa mère. À M’tsamboro, Laïthidine Ben Said, a essuyé discrètement quelques lames lorsqu’il est monté sur l’estrade pour endosser son écharpe. Mais les cérémonies ont surtout été marquées par les discours des premiers magistrats qui semblent réaliser l’ampleur du travail qui les attend. “Je pense aux responsabilités qui me pèsent aujourd’hui”, avoue Said Andhanouni, nouveau maire de Chirongui. “La priorité est de rétablir très rapidement la sécurité, la sécurité et la sécurité”, martèle Youssouf Ambdi, nouveau maire de Ouangani. “Je vais mettre en place un plan d’investissement pluriannuel pour savoir les programmes prioritaires et les faire en urgence”, indique Laïthidine Ben Said, nouveau maire de M’tsamboro.

 

Afin de prendre officiellement leurs fonctions, les candidats élus le 28 juin devaient être investis par les conseillers municipaux via un énième vote. Tous ont été élus sans grande difficulté mais non sans quelques surprises. À Mamoudzou, le candidat du premier tour Jacques-Martial Henry a à nouveau présenté sa candidature sous les regards effarés du public. Une audace qui lui a tout de même permis de récolter neuf voix. À M’tsamboro et à Chirongui, les maires se sont confrontés à des votes blancs qui en ont surpris plus d’un. 6 votes blancs pour la commune du nord-ouest qui ont installé un silence inattendu à chaque fois. Une manière pour l’opposition de rappeler qu’ils ne seront jamais bien loin.

À Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila s’installe dans le fauteuil de maire pour « réussir »

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Ce dimanche se déroulait la cérémonie d’investiture du nouveau maire de Mamoudzou. Un événement marqué par l’intronisation d’Ambdilwahedou Soumaila, qui a rameuté de nombreux habitants et créé quelques scènes de liesse ahurissantes, pas tout à fait protocolaires en cette période de crise sanitaire. Dans son discours, le nouvel homme fort de la commune chef-lieu a promis de jouer la carte du rassemblement pour réussir ensemble.

Dimanche. 10h. Habitants et sympathisants affluent au compte-gouttes sur le parvis de la MJC de M’Gombani, pour prendre part à l’installation du conseil municipal. Crise sanitaire oblige, beaucoup n’ont pas le privilège de passer le cordon de sécurité et se retrouvent agglutinés derrière une ribambelle de barrières installées tout autour pour suivre ce rendez-vous solennel. Un attroupement conséquent qui justifie le retard à l’allumage de vingt-cinq minutes. Laps de temps durant lequel l’organisation s’époumone tant bien que mal à rappeler le port obligatoire du masque et le respect des gestes barrières.

10h30. Le calme s’installe enfin. Convié à présider l’investiture, le doyen des 49 nouveaux élus une semaine plus tôt, Chihabouddine Ben Youssouf, déclare la séance ouverte. Forte de ses 35 sièges, la liste Réussir Ensemble annonce, en toute logique, la candidature de son chef de file, Ambdilwahedou Soumaila au poste de maire. Imaginant ne pas devoir se confronter à un nouvel adversaire dans les urnes, ce dernier apprend dans une stupeur générale sa confrontation avec Jacques-Martial Henry. Incompréhension totale… Comment expliquer une telle décision ? « C’est une initiative personnelle et non validée par Elyassir [Manroufou, de la liste Mamoudzou c’est nous ensemble] », souffle après coup l’un des acteurs de la campagne pour Hamidani Magoma. « Je pense que c’est histoire qu’il n’y ait pas une logique de candidat unique. Mais c’est juste pour le fun démocratique, on va dire. » Un culot qui permet tout de même à l’ancien conseiller départemental de recueillir 9 soutiens, mais qui ne l’empêche évidemment pas de déjouer les pronostics.

« Le poids des responsabilités »

11h11. Explosion de joie. Ambdilwahedou Soumaila devient officiellement le nouveau maire de la commune chef-lieu, avec 37 voix, soit 75% du suffrage exprimé. La foule se précipite immédiatement sur le nouvel homme fort de la municipalité, créant un chaos incontrôlable, pour immortaliser le moment. Une scène surréaliste… Une image forte dans la vie politique mais déraisonnable, voire choquante, en cette période de Covid-19. Au bout de quelques minutes, un retour à la raison s’opère enfin. Laissant la possibilité de procéder à une passation de pouvoir en bonne et due forme sur l’estrade. Mohamed Majani, le maire sortant, peut alors confier l’écharpe tricolore, symbole porté par les titulaires de fonctions électives, à son successeur. Empreint d’émotion, Ambdilwahedou Soumaila débute son allocution en rendant hommage à l’ancien député, Abdoulatifou Aly, décédé le 27 juin dernier. Après la minute de silence, place aux paroles. Bon orateur, le néo premier magistrat manie les mots avec aisance et fluidité. « Je mesure pleinement, le poids des responsabilités qui sont désormais les miennes devant les administrés de Mamoudzou, dont les attentes légitimes sont nombreuses », souligne-t-il, avant de réaffirmer son engagement, à savoir d’être « au service des concitoyennes et concitoyens de tous les quartiers ». « Notre victoire n’est pas celle d’un parti ni d’un camp, c’est une victoire collective, celle de l’ensemble de la population, qui exige un grand rassemblement des responsables politiques. Le défi que nous devons relever ensemble, nous tous, les 49 élus de cette assemblée est grand. Nous devons nous mobiliser, main dans la main, avec nos partenaires, chacun à sa juste place, pour construire une ville pour tous, aux rendez-vous des enjeux de son temps. » Et les défis qui se présentent face à lui sont nombreux : propreté, développement durable, jeunesse, sécurité, emploi, aménagement équilibré du territoire… « Mamoudzou doit devenir une ville propre, belle et sûre ; une chance pour tous ses enfants, quelques soient leurs origines, sans distinction aucune ; elle doit s’ouvrir à la région et au monde et tirer profit de la révolution numérique en cours pour consolider son développement économique et social. »

Pendant près de vingt minutes, l’enfant de Tsoundzou multiplie les louanges à l’égard des agents de la ville, des personnalités politiques, du monde économique et associatif, mais aussi et surtout de sa famille. Si l’embrassade avec sa femme et ses deux garçons sur scène prête à sourire, le moment marquant reste la longue accolade avec sa maman. En pleurs, Ambdilwahedou Soumaila prend alors conscience du devoir qui l’attend au cours de son mandat. « La commune de Mamoudzou c’est nous, c’est vous. Ensemble, nous devons réussir. Et ensemble, nous allons réussir. » Un slogan prémonitoire ? Réponse dans six ans.

14 adjoints élus dans la foulée

Après le discours d’Ambdilwahedou Soumaila, les 49 membres du conseil municipal sont une deuxième fois passés dans l’isoloir pour élire la liste des 14 adjoints. Et sans grande surprise, celle-ci a largement reçu le feu vert des élus. On retrouve Dhinouraine M’Colo Mainty, Hamidani Magoma, Nourainya Loutoufi, Zoulfati Madi, Toiyfou Ridjali, Soiyinri Mhoudoir, Munia Dinouraini, Inayatie Kassim, Dhoul-Mahamouid Mohamed, Assane Mohamed, Rabia Assan, Hadia Madi Assani, Said Djanfar Mohamed et Moina Fatima Ibrahim.

Pourquoi 180 passagers ont vu leur vol Mayotte-Réunion annulé ce vendredi ?

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La reprise des vols commerciaux par Air Austral est encore timide. Et ce vendredi 3 juillet, 180 passagers ont vu leur réservation annulée à la dernière minute à cause d’une restriction de la capacité de voyageurs à l’arrivée, à l’aéroport de Saint Denis.

“Tous les vols annulés”, une population “prise en otage”, “situation ubuesque”… Sur les réseaux sociaux, les commentaires fusent, de la part de voyageurs coincés à Mayotte depuis plusieurs mois et qui aimeraient bien, enfin, atterrir à La Réunion. Et si possible, pas en Evasan. Dans leur viseur : les autorités – préfectures de La Réunion et de Mayotte, Agences régionales de santé (ARS) – et bien sûr Air Austral. Il faut dire que la compagnie est une cible idéale, alors que les vols commerciaux commencent tout juste à reprendre dans un contexte de crise sanitaire encore palpable. Surtout à Mayotte, où le virus circule toujours activement. Mercredi dernier, la compagnie a dû avertir 180 passagers qu’ils ne pourraient pas s’envoler comme prévu vendredi 3 juillet. La raison ? “Pour cause de limitation de capacité de traitement sanitaire à l’arrivée à La Réunion, nous sommes au regret de vous informer que votre réservation est annulée”, ont reçu par SMS les voyageurs concernés.

“Je me suis rendue directement à l’agence, et ils m’ont expliqué que je pouvais opter pour un report ou une annulation. J’ai choisi le report à la première date disponible, le 21 juillet, mais ils m’ont prévenue que ce vol aussi risquait d’être annulé”, raconte cette résidente de La Réunion, qui tente de faire venir sa mère souffrante depuis déjà trois mois. Un ophtalmologue lui a en effet conseillé de se rendre rapidement dans le département voisin pour consulter un spécialiste. “Son avion devait décoller aujourd’hui. J’avais prévu de passer par la préfecture, mais quand j’avais effectué une demande pour moi, je n’avais jamais eu de suite”, hésite la jeune femme. Une autre s’inquiète pour son vol prévu la semaine prochaine, alors qu’un collègue a vu le sien annulé cette semaine, “pour raison d’Evasan”. “Devant lui, il y avait trente personnes dans la même situation…”, rapporte la future passagère.

Un vol par semaine vers La Réunion

Qu’elle soit rassurée : contrairement à ce qui a pu être écrit sur les réseaux sociaux, tous les vols vers La Réunion n’ont pas été annulés. En réalité, depuis la réouverture de l’aéroport, le programme des vols reste le même, à savoir un vol par semaine en provenance de Mayotte et à destination de La Réunion ; cinq vols par semaine en sens inverse. “Même planning pour la semaine prochaine, et a minima, nous devrions avoir la possibilité de maintenir ce rythme-là, mais nous avons des discussions hebdomadaires avec l’ensemble des autorités concernées, à savoir les préfectures et ARS de Mayotte et de La Réunion, et bien sûr notre autorité de tutelle, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC)”, présente Stéphanie Bégert, la directrice de la communication d’Air Austral. Par ailleurs, quatre vols Dzaoudzi-Paris étaient au planning du 29 juin au 5 juillet, et à compter du 6 juillet, cinq rotations sont programmées.

Une restriction, tombée cette semaine

Quid du couac de ce vendredi ? “Les autorités demandent à ce qu’on se plie à leurs autorisations, et nous avons eu, cette semaine seulement, l’annonce de la restriction du nombre de passagers”, développe la responsable. Une restriction qui s’explique par le processus mis en place à l’arrivée à La Réunion, pour éviter la propagation du coronavirus entre les deux départements. Quand ils arrivent, les passagers doivent effectuer un contrôle et ceux qui n’ont pas été testés 72h maximum avant leur vol peuvent être dirigés vers une zone dédiée au dépistage. “Toutes ces modalités conduisent à limiter le nombre de passagers pour que les traitements puissent se faire dans les meilleures conditions”, explique Stéphanie Bégert.

Résultat, suite à l’annonce de la limitation à 250 du nombre de passagers sur le vol Dzaoudzi – Saint-Denis prévu ce vendredi, la compagnie n’a eu d’autre choix que d’annuler “aléatoirement” les réservations de 180 passagers. Et si cette situation n’avait pas eu lieu la semaine dernière, c’est parce que, d’une part, l’appareil mobilisé, un Boeing 787, ne contenait que 242 passagers – contre les 430 que pouvait transporter le Boeing 777 de ce vendredi – et d’autre part, les autorités n’avaient pas encore communiqué ces restrictions à Air Austral. Les voyageurs inscrits sur le vol du 10 juillet n’ont, a priori, pas trop de souci à se faire, car ils s’envoleront avec un Boeing 787 d’une capacité maximale de 262 places (10 sièges sont réservés pour le transport de civières).

Des tests obligatoires ?

Bien sûr, la situation pourrait être amenée à évoluer, dans un sens comme dans l’autre. Du côté de La Réunion, les professionnels de santé s’inquiètent du risque de propagation du virus par des voyageurs en provenance de Mayotte, toujours en orange sur la carte. D’après nos confrères de Réunion La 1ère, leurs représentants ont demandé à la préfecture un dépistage systématique et obligatoire pour les passagers au départ de Mayotte. Une information qui n’a pas été confirmée à ce jour par l’ARS de Mayotte, qui conseille toutefois aux voyageurs de se faire dépister 72h avant leur voyage, sur prescription médicale et au laboratoire privé de Mayotte.

En route avec Co’reindré, l’application de partage de véhicule à Mayotte

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Faire du covoiturage, louer ou mettre en location une voiture entre particuliers à Mayotte… Ce sont les services que propose la nouvelle application Co’reindré créée par un jeune mahorais et qui incite les Mahorais à changer leurs habitudes.

Tout est parti d’un tour de Mayotte qui ne s’est pas déroulé comme prévu. En 2017, un groupe d’étudiants mahorais venus passer des vacances à Mayotte ont souhaité faire le tour de l’île. La mission s’avérera compliquée car ils n’ont pas de voiture et rencontrent beaucoup de mal à trouver une solution qui leur convienne. Les prix des véhicules de location ne sont pas à leur portée, et il n’existe pas de transport qui permet de faire le tour de Mayotte. Vient alors l’idée de créer une plateforme qui mettrait en relation directement les particuliers entre eux. L’objectif est de pouvoir louer ou faire louer un véhicule, mais également de faire du covoiturage. Ainsi naîtra Co’reindré. “Nous avons créé une application qui sera disponible sur toutes les plateformes. Chacun pourra proposer son service de location ou de covoiturage et les demandeurs pourront entrer en contact avec eux facilement”, explique Said, le créateur de Co’reindré. L’inscription sera simplifiée, mais il faudra se soumettre à certaines conditions. Le locataire d’une voiture devra avoir au minimum trois ans de permis, et le propriétaire devra attester que son véhicule est en règle en fournissant les documents nécessaires. Chacun sera libre de fixer le prix qui lui convient, mais les plus malins se rendront rapidement compte que les petits prix font de bonnes affaires. La société récupère 30% du chiffre pour les locations, et les sommes récoltées pour le covoiturage seront intégralement versées à la personne qui le propose. Cependant, selon le fondateur, “cela risque d’évoluer dans le temps, en fonction du succès ou pas de ce service”. L’application et le site Co’reindré devraient être opérationnels dès la fin du mois de juillet “pour que les gens puissent profiter des vacances autrement et circuler plus facilement”.

Une concurrence pour les professionnels

Said est enthousiasmé par son projet, il est cependant conscient qu’il risque de s’attirer les foudres des chauffeurs de taxis et des agences de location de véhicules. “Je ne pense pas leur faire de l’ombre et même si c’est le cas, la concurrence n’est pas toujours mauvaise”, clame-t-il. Il voit en ce projet, un moyen de fluidifier la circulation sur les routes qui peut s’avérer être un vrai calvaire aux heures de pointe. “Cette application sera bénéfique pour tout le monde car des personnes peuvent partager une voiture au lieu de prendre chacun la sienne, ainsi on diminuerait les bouchons”, indique le fondateur. La forte diminution des embouteillages et des voitures sur la route engendrerait également une baisse de la pollution atmosphérique et sonore qui étouffe les habitants.

Un concept très similaire existe déjà dans l’Hexagone, et Said espère rencontrer le même succès. “Sur les réseaux sociaux, je vois beaucoup de personnes mettre en location leur voiture ou chercher un covoiturage. Il y a une réelle demande à Mayotte, le marché est bien présent, il faut maintenant savoir l’exploiter.” En espérant que les Mahorais si fidèles à leurs taxis et à leurs voitures seront prêts à changer leurs habitudes.

Un centre de soins des tortues marines bientôt créé à Mayotte

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L’association environnementale Oulanga Na Nyamba a dévoilé les premières esquisses de sa future maison de la tortue. Avec une ouverture prévue en 2022, la structure devrait inclure le premier centre de soins de l’île pour les animaux blessés et un musée dédié. Objectif : prendre en charge une vingtaine de tortues à l’année et accueillir, dans le même temps, quelque 7.000 visiteurs.

Préserver l’environnement, sensibiliser le grand public et même créer une plus-value touristique. Nombreux sont les enjeux du futur centre de soins des tortues marines de l’association Oulanga Na Nyamba, dont l’ouverture est prévue d’ici deux ans en Petite-Terre. « Ça fait plusieurs années que tous les acteurs engagés en faveur de l’environnement ont défini ce besoin, et jusqu’à présent, il n’y a aucune structure pour accueillir les animaux marins blessés », pointe du doigt Jeanne Wagner, biologiste marine et directrice de l’association.

Depuis 2010, tout animal mort ou blessé peut être signalé auprès du réseau d’échouage mahorais de mammifères marins et de tortues marines (Remmat), qui, si nécessaire, peut faire appel à un vétérinaire. Problème : aucun lieu de convalescence n’existe. « On fait avec les moyens du bord, mais ce n’est pas toujours optimal », regrette la directrice d’Oulanga Na Nyamba, dont l’organisation est elle-même membre du Remmat. Ainsi, seulement deux à quatre tortues blessées sont prises en charge chaque année. « Malheureusement, certaines sont relâchées sans presque aucun soin, parce que nous ne sommes pas capables de les prendre en charge », déplore Jeanne Wagner. C’est par exemple le cas lorsque la carapace de l’animal est sévèrement cassée, ou qu’un membre a été arraché par un chien.

Des tortues et des hommes

Mais pour ériger le centre de soins des tortues, baptisé la Kaz’a Nyamba, encore fallait-il trouver un terrain adapté, facilement accessible, au bord de l’eau et à proximité d’un cabinet vétérinaire. Finalement, après plusieurs années de recherches foncières menées par Oulanga Na Nyamba, le maire de Dzaoudzi-Labattoir finit par proposer une parcelle en cours d’aménagement sur le boulevard des Crabes. Un énorme pas en avant pour le projet, à tel point que celui-ci prend même une nouvelle dimension. « À la base, ça devait être un centre de soins d’urgence, mais vu l’engouement des acteurs et des financeurs, on s’est dit qu’il serait bien de rajouter une structure de sensibilisation où on peut accueillir résidents, touristes et scolaires, ce qui manque cruellement à Mayotte », dévoile Jeanne Wagner. En somme, une version mahoraise de Kélonia, clinique et musée des tortues implantés à Saint-Leu sur l’île de La Réunion, et qui collabore par ailleurs avec l’association dans le cadre du projet régional Life qui vise à suivre et protéger les populations locales.

« On compte accueillir 7.000 visiteurs par an », projette l’association Oulanga Na Nyamba. « En réalité, ce n’est pas soigner les tortues qui va le plus permettre de les protéger, mais plutôt le fait de sensibiliser le public en valorisant cet animal d’une manière différente, et que cela devienne un levier de responsabilisation de la population. On peut faire de l’éducation grâce et autour de la tortue », dont beaucoup d’individus en détresse ne sont, aujourd’hui encore, jamais signalés. Pourtant, il n’est pas rare que certaines d’entre elles soient victimes d’accident de pêche. « Ce qui revient le plus souvent, ce sont des tortues qui ont avalé un hameçon par accident », explique Jeanne Wagner. Si dans la plupart des cas, « les pêcheurs jouent le jeu » en relâchant la prise, le crochet métallique lui, reste dans la bouche de l’animal qui finit par déclencher une infection, possiblement fatale si elle n’est pas soignée.

À travers les premières esquisses du bâtiment, Oulanga Na Nyamba envisage, à ce stade, d’installer six bassins dans lesquels seraient accueillies, sur une période moyenne de deux mois, les tortues en convalescence. Soit une vingtaine d’individus pris en charge à l’année. « Mais selon les recours, ce nombre pourra évoluer », précise l’association, dont le projet devrait également permettre d’apporter un intérêt touristique supplémentaire au territoire, le centre Kélonia représentant, sur l’île intense, l’un des lieux de visite les plus fréquentés depuis plusieurs années.

Ces premières esquisses du bâtiment du futur centre de soins des tortues sont susceptibles d’évoluer.

 Signalez les animaux blessés ou échoués

Si vous rencontrez une tortue ou tout mammifère marin mort ou vivant échoué, signalez-le sans délai en contactant le Remmat au 06.39.69.41.41, afin de permettre sa prise en charge par un vétérinaire. Les équipes du réseau d’échouage vous indiqueront la marche à sui

Coviplasm à Mayotte : inquiétude ou opportunité ?

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La possibilité fait polémique depuis quelques jours. Avec l’annonce de l’ouverture de centres d’essais thérapeutiques en Guyane et à Mayotte dans le cadre de l’essai clinique Coviplasm, des voix s’élèvent et l’inquiétude monte. Tout comme les rumeurs. Des rumeurs parfois folles auxquelles le CHM a souhaité répondre, en rappelant que pour l’heure, rien n’avait encore été décidé. 

Coviplasm : le nom fait polémique depuis quelques jours. Alors, si le sujet n’était pas le seul à être abordé lors de la conférence de presse du CHM (voir encadrés), hier, il y a évidemment occupé une place de choix. Pour rappel, le nom fait référence à un essai clinique destiné à transférer du plasma sanguin de patients guéris du Covid-19 à des patients encore convalescents. L’idée semble simple : le plasma en question contient des anticorps qui pourraient aider les malades à lutter contre le virus. Si les prélèvements, débutés au mois d’avril dans trois régions métropolitaines – Île-de-France, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté –, ont pris fin à la fin de ce même mois car suffisamment de plasma avait été reçu, ils pourraient se poursuivre en Guyane et à Mayotte, territoires encore marqués en orange. Une annonce faite par la chercheuse et infectiologue Karine Lacombe lors de son audition devant l’Assemblée nationale, qui reste toutefois à prendre au conditionnel. Car la possibilité – ou ce qui a été interprété comme tel – d’être pris pour des cobayes a déclenché en Guyane une vague d’indignation, qui s’est également répandue à Mayotte, faisant de l’étude Coviplasm un sujet ô combien sensible. 

Sensibilité palpable notamment chez le président du conseil de surveillance du CHM, également vice-président du Conseil départemental en charge des affaires sociales, Issa Issa Abdou, qui juge que le sujet est désormais aussi un « sujet politique ». S’il ne se veut donc pas « aussi catégorique » que les Guyanais sur la question, en rappelant que « Mayotte n’est pas une exception puisque des prélèvements ont aussi été fait en métropole », il appelle à la « prudence » et à « la pédagogie », estimant que Coviplasm ne pourra se mettre en place que s’il y a « consensus de tout le monde et que les patients concernés donnent leur accord ». 

Un accord qui, pour les autorités sanitaires, relève de l’évidence. Ce qu’a d’ailleurs rappelé la directrice du CHM, Catherine Barbezieux, citant les protocoles cadrant les transfusions sanguines et les essais cliniques en général, et excluant de fait tout ce qui pourrait s’apparenter à un essai forcé, a fortiori sur de prétendus cobayes. « Presque tous les établissements [de santé] ont été contactés. Ce ne sont pas des savants fous ! », a-t-elle ainsi illustré, rappelant que « tout est extrêmement codifié ». Et d’estimer que « si la recherche doit entrer dans l’Outre-mer, c’est une chose positive car cela permet au patient d’accéder à des protocoles pour lesquels ce n’était pas le cas ». Pour autant, si la directrice n’a pas formulé « d’opposition de principe », elle attend d’avoir « un peu de recul » sur la question. Rien n’est encore acté donc, et « non, ces essais n’ont pas encore commencé », comme on a pu l’entendre ici ou là. 

Une chance pour soigner ? 

Moins nuancé en revanche, l’infectiologue Mohamadou Niang. Pour le docteur, c’est presqu’une évidence. « Aucun médicament [contre le Covid] n’a fait ses preuves jusqu’à présent », explique-t-il, rappelant par ailleurs que le principe d’immunité passive, c’est-à-dire le transfert de plasma, a déjà fait l’objet d’essais lors d’autres épidémies du genre et qu’il « y a eu des preuves [de son efficacité] in vitro [en laboratoire, NDLR]. Alors, pourquoi ne pas donner cette chance à des patients qui le souhaiteraient ? Des essais cliniques ont également lieu en Chine, en Europe, aux USA. Tout est contrôlé, avec un consentement signé par le patient à qui tout est expliqué clairement », plaide-t-il. Et d’appuyer son propos sur le point d’éventuels effets secondaires : « Il y a des critères d’éligibilité et des critères d’inéligibilité. Cela veut dire qu’il ne suffit pas que le patient soit d’accord, encore faut-il qu’il n’y ait pas de contre-indications pour lui. Les allergies sont par exemple des contre-indications formelles, une fièvre aussi, etc. Le plasma thérapeutique est très encadré. » De l’inquiétude ou de l’opportunité, reste désormais à savoir à quel notion Mayotte sera la plus sensible. 

 

Le service de santé des armées remballe 

Arrivé à la fin du mois de mai à Mayotte, le Service de santé des armées est sur le départ puisque sa mission ici s’est achevée lundi 29 juin. Hier, les militaires étaient d’ailleurs en train de remballer le matériel. Au total, l’unité de réanimation qu’ils ont amené avec eux aura permis de prendre en charge 18 patients, pour 162 jours cumulés en service de réanimation. « Le bilan de leur présence est très positif, avec une bonne coordination, une bonne coopération et un soutien apporté à d’autres services du CHM », s’est réjoui la directrice, Catherine Barbezieux. 

L’épidémie de Covid sur la fin ? 

Irait-on vers une fin très proche de l’épidémie de Covid-19 sur l’île ? S’il faut être prudent, les chiffres rendent confiant : « seuls 10 patients sont actuellement hospitalisés en médecine, et trois sont en réanimation », s’est réjouie Catherine Barbezieux. Une baisse « conséquente » des hospitalisations qui va de pair avec une baisse conséquente de la positivité des testés : « 10 cas positifs hier sur 117 tests réalisés. » De quoi laisser penser que l’épidémie sera peut-être bientôt « derrière nous », pour reprendre les mots de l’infectiologue Mohamadou Niang. Mise en garde toutefois de la directrice : « Il faut rester vigilants quant au respect des gestes barrières, il ne s’agit pas de se relâcher. »

Des chercheurs de toute la France étudieront Mayotte pour les quatre prochaines années

Inédit à Mayotte. Le centre national de recherche scientifique a décidé d’y consacrer son nouveau site d’étude en écologie globale. Concrètement, des chercheurs locaux et nationaux seront chargés d’étudier les modifications de l’environnement naturel mahorais, et l’impact que celles-ci peuvent avoir sur la population insulaire. Les premiers travaux concernent la subsidence de l’île et les dynamiques épidémiologiques. 

Ils sont moins d’une dizaine dans le monde. Pourtant, c’est bel et bien à Mayotte que le nouveau site d’étude en écologie globale (SEEG) du centre national de recherche scientifique (CNRS) est dédié depuis le 29 juin. Derrière ce nom un peu alambiqué, une équipe de chercheurs locaux et métropolitains, chargés d’étudier, depuis leurs laboratoires respectifs, l’environnement et la biodiversité du 101ème département au sens large, et surtout, l’impact de leurs modifications sur la population. Une approche scientifique holistique inédite pour le territoire. 

« Dans ce terme, ce n’est pas forcément le mot écologie qu’il faut retenir », explique Matthieu Jeanson, maître de conférences en géographie au CUFR de Dembéni, et chercheur pour ce nouveau SEEG. « Notre approche intègre la géographie, l’anthropologie, l’économie, le social et le sociétal… Mayotte est un territoire à fort potentiel de recherches et ses habitants sont très demandeurs, comme nous l’avons vu avec la crise sismo-volcanique. » Une crise, d’ailleurs, qui a accéléré le phénomène naturel de subsidence de l’île, au point que le centre universitaire de formation et de recherche ait décidé de lancer une vaste étude afin d’envisager les différents scénarios d’évolution du territoire du fait de son enfoncement, en analysant la situation sur le plan naturel et social. Un travail précieux, puisque jamais un phénomène d’une telle ampleur n’avait été observé auparavant sur une île habitée. 

« On étudie les possibles conséquences de cette subsidence, mais le CUFR n’a pas les moyens d’envoyer un sous-marin en mer, alors que les autres structures du site d’étude en écologie globale, si », commente encore Matthieu Jeanson. D’où l’intérêt de cette nouvelle fédération de structures en tout genre, parmi lesquelles le CUFR et le CNRS, évidemment, mais aussi la Deal, la Daf, le BRGM et le conseil départemental. « Tous les acteurs sont invités à participer à la réflexion, et des chercheurs viendront de l’extérieur pour monter des projets, ce qui nous permettra de mener des études bien plus larges et de mutualiser nos moyens », sourit le conférencier. « Le CNRS et nous-même sommes bien conscients de tout ce qu’il y à faire à Mayotte. » 

Mayotte, un joyau de biodiversité… et d’humanité 

En effet, le 101ème département constitue « la plus orientale, la plus australe et la plus ancienne (environ huit millions d’années) terre émergée de l’arc volcanique des Comores », rappelle le centre national de recherche scientifique. « Cette histoire géologique, sa position géographique et la diversité des influences humaines ont façonné un paysage très singulier avec une diversité biologique et sociale exceptionnelle. » D’autant plus que le lagon constitue le seul parc marin français avec une double barrière de corail, fait naturel extrêmement rare à l’échelle du globe, et qui permet de nourrir et de protéger un large réservoir de biodiversité animale, végétale, mais aussi humaine, l’histoire de l’archipel ayant été marquée par des flux migratoires venus d’Afrique, de Madagascar, d’Europe et d’Asie. 

Alors, au même titre que la résilience des mangroves face aux changements climatiques, l’évolution de la situation sanitaire sera aussi au cœur des préoccupations scientifiques de ce tout nouveau SEEG. « Il s’agit de décrire et comprendre les processus infectieux et chroniques en lien étroit avec les bouleversements environnementaux et sociétaux de l’île », vulgarise le CNRS. Ainsi, le rôle de vecteurs que sont les moustiques, les rongeurs, les chauves-souris ou les oiseaux marins dans l’émergence de certaines pathologies seront à l’étude pour mieux comprendre les dynamiques épidémiologiques et la façon dont elles impactent les sociétés locales. Inévitablement, la diffusion du Covid-19 à Mayotte et Madagascar sera également prise en compte, et même modélisée, à l’instar de la prévalence des maladies chroniques comme l’obésité et le diabète, largement influencés par des facteurs socio-culturels. 

L’ensemble de ces travaux s’étalera sur quatre années, durée de vie classique d’un site d’étude en écologie globale. « Mais il pourra être renouvelé si, en fonction de la production scientifique, les recherches sont toujours actives », précise le CUFR. « Certains durent depuis dix ans, et à Mayotte, on ne doute pas qu’il y ait suffisamment de matière ! » Une aubaine, alors que rares sont les témoignages de chercheurs dans la littérature insulaire.

Mayotte donne du fil à retordre à la chambre régionale des comptes

L’organe déconcentré de la Cour des comptes qui œuvre tant à Mayotte qu’à La Réunion a rendu public ce jeudi son rapport d’activité pour l’année 2019. Une année particulièrement chargée pour la juridiction veillant à la bonne utilisation des deniers publics et qui a produit pas moins de 25 rapports d’observations définitives, huit jugements des comptes et 14 avis budgétaires. Retour sur quelques moments forts pour le territoire qui ne fait pas vraiment figure de bon élève. 

« La chambre a rempli son office qui est de s’assurer du bon emploi de l’argent 

public, d’en informer le citoyen et de contribuer ainsi à l’amélioration de la qualité et de la transparence de la gestion publique locale », estime en préambule le président de la chambre régionale des comptes La Réunion-Mayotte. Une mission essentielle donc, qui prend d’autant plus d’importance dans le plus jeune mais aussi le plus pauvre département de France. Et c’est peu dire que la chambre prend son rôle très au sérieux, quitte à tancer les organismes contrôlés par ses soins. 

À Mayotte, l’ire des magistrats a ainsi pu se porter sur le très défrayé Sieam, le syndicat des eaux et de l’assainissement de Mayotte – devenu Smeam – décrit dès le titre comme « un service public défaillant face à des enjeux majeurs ». Saisie par le préfet de Mayotte au motif que les budgets eau et assainissement n’avaient pas été adoptés en équilibre réel, la chambre s’est donc penchée sur les comptes du syndicat. Lesquels méritaient également un sérieux assainissement. Dans un premier avis rendu en juin 2019, la chambre a ainsi révélé un déséquilibre budgétaire maquillé par des « insincérités ». Croulant sous des déficits colossaux, le Sieam a donc été invité par les magistrats à fermer les vannes des dépenses pour ne se concentrer que sur l’indispensable. Fin juillet, la revoilà pour examiner la nouvelle délibération censée venir corriger le budget initial. Sans grande surprise, « les mesures de redressement sont apparues trop limitées », soulignaient les magistrats qui ont donc demandé au préfet de régler le budget et proposé un large plan de redressement des finances tablant sur un retour à l’équilibre en 2021. Nul doute que la chambre se penchera à nouveau sur le cas du syndicat. 

Aide social à l’enfance, Comité du tourisme… des rapports au vitriol 

Au tour du Département, cette même année 2019, d’en prendre pour son grade. Qui plus est sur une mission de la plus haute importance quand on connaît les problématiques liées à la jeunesse sur le territoire : l’aide sociale à l’enfance. Une prérogative « insuffisamment mise en œuvre en raison de moyens limités ne permettant pas d’apporter une réponse à l’ensemble des besoins de la population et aux obligations posées par le code de l’action sociale et des familles (CASF) », notent les magistrats dans un rapport au vitriol à l’attention de la collectivité. Laquelle « privilégie le traitement des situations d’urgence et agit en prenant des mesures palliatives ; des informations préoccupantes datant de 2014 étaient encore en instance de traitement lors du contrôle mené par la chambre ». Conséquence directe, des milliers de mineurs, faute d’être repérés, ne sont pas pris en charge. Dans sa synthèse du rapport, la chambre régionale des comptes apporte tout de même une petite note d’espoir, quoique douce-amère : « Les conditions d’exercice des missions s’améliorent depuis 2018. Si le Département a lancé de nombreux chantiers concernant l’ensemble des domaines relevant de la protection de l’enfance, il est peu probable qu’il puisse atteindre les standards de prise en charge nationaux dans le cadre du schéma départemental de l’enfance et de la famille (SDEF) 2017-2020. » 

Sévère aussi, le rapport concernant le Comité du tourisme, décrit par la chambre comme une véritable coquille vide, loin de remplir ses missions pourtant censées œuvrer au développement économique de l’île au lagon. Loin, également, de remplir ses obligations réglementaires, qu’il s’agisse du temps de travail ou des conditions de rémunération des personnels. Concernant ses missions stratégiques, le comité interrogé à la suite de la publication du rapport avait expliqué se sentir bien seul, mal épaulé par le conseil départemental. Un argument entendu par la chambre dans son rapport annuel, estimant que « le travail de promotion ne pourra toutefois réellement porter ses fruits sans une impulsion dynamique des partenaires institutionnels et un effort de mise en valeur des sites touristiques, lequel incombe à d’autres acteurs publics et privés que le seul comité départemental ». 

Du mieux du côté du CHM 

Pas tendre non plus, le rapport de 2019 concernant le centre de gestion de la fonction publique territoriale de Mayotte. Irrégularités dans l’organisation des concours, politique de rémunération, comptes pas fiables… Le centre est largement épinglé par les magistrats qui n’hésitent pas à jouer les censeurs. « Ces errements sont d’autant plus contestables qu’ils émanent d’un organisme supposé référent et expert en matière de ressources humaines », pointent-ils ainsi, rappelant au centre son « devoir d’exemplarité ». 

Incendiaire, encore, le rapport sur le Sdis 976. Le service départemental d’incendie et de secours s’est ainsi fait taper sur les doigts pour sa gestion des effectifs « largement perfectible ». Pêle-mêle, on apprenait ainsi dans ce rapport que « l’absentéisme représente un coût annuel estimé à 1,7 million d’euros », que « l’organisation des gardes génère des sureffectifs de nuit équivalents à 63 agents à temps plein pour un montant annuel estimé à 2,6 millions d’euros », que « dix-sept sapeurs-pompiers mis à disposition de la société d’exploitation de l’aéroport de Mayotte ont bénéficié d’indemnités et d’heures supplémentaires dans des conditions irrégulières » ou encore que le conseil d’administration devrait encadrer la mise à disposition des logements et des véhicules pour les cadres. De quoi mettre de l’huile sur le feu quand on connaît les relations houleuses qui animent le Sdis. 

Du mieux, enfin, du côté du CHM qui, même s’il bénéficie de marges de progression concernant « le pilotage financier avec la fiabilisation des trajectoires financières, la gestion des ressources humaines et la logistique », fait figure de bon élève dans ce rapport annuel. « Dans un contexte difficile, le CHM assume au mieux la mission de santé qui lui est impartie dans le département le plus pauvre de France », écrit la chambre régionale des comptes. De quoi mettre un peu de baume au cœur dans cet inventaire, plutôt sombre, mais qui n’oublie pas les embûches auxquels font face les différents acteurs du territoire. Et de quoi « contribuer ainsi à l’amélioration de la qualité et de la transparence de la gestion publique locale » ? Éléments de réponse l’année prochaine.

Dans les coulisses d’un tournage 100% made in Mayotte

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C’est un travail de longue haleine qui verra le jour au mois d’octobre. Seconde Zone, une série policière tournée à Mayotte et qui est fortement inspirée de la culture mahoraise risque d’en intriguer plus d’un. Le téléspectateur sera entraîné dans une atmosphère fantastique très proche de la réalité. 

Un crime, du suspens, des conflits familiaux, le tout mélangé avec une bonne dose de magie vaudou. Voici la recette de la nouvelle série policière et fantastique Seconde Zone, entièrement tournée à Mayotte. L’intrigue se déroule sur une île fictive volcanique appelée Djézéré située dans l’océan Indien, inspirée de Mayotte, La Réunion ou encore Haïti. L’histoire met en scène le quotidien de Kala, jeune femme flic de retour de métropole après plusieurs années. Elle va faire équipe avec Sirius, un policier qui fonctionne encore à l’ancienne et qui a trop souvent été corrompu. La découverte macabre d’un corps va remuer de lourds secrets et perturber la vie de tous en réveillant les démons du passé. L’île est déchirée par les ambitions, les intérêts économiques, le pouvoir politique tandis que les cadavres s’accumulent et que les phénomènes inexpliqués se multiplient. En effet, la série est également inspirée en grande partie par le vaudou haïtien, les zombies, et les sorts jetés. “Le but était de faire une série policière avec des éléments de mystère et du fantastique en incluant à la fois la culture locale et la culture qu’on peut retrouver au Bénin ou en Haïti”, explique Cyril Vandendriessche, réalisateur de la série. 

Le pilote de la série sera diffusé en octobre à condition de récolter les fonds nécessaires pour financer la post-production et la distribution. “Ce n’est pas une grosse production mais on a essayé d’y argumenter la qualité d’une grosse production”, précise le réalisateur. La production a besoin de 8.500 euros pour mener à bien le projet. Une cagnotte est lancée sur la plate-forme Ulule afin que tous ceux qui le souhaitent puissent contribuer. Passer par cette plate-forme permet aussi de récompenser les contributeurs qui recevront un prix à la hauteur de leur investissement. L’avenir de la série dépend surtout du succès de ce pilote. Les autres épisodes ne seront tournés et diffusés si le premier est bien accueilli par le public. 

Les difficultés de tourner à Mayotte 

Ce projet est né de la conjugaison de plusieurs moments d’écriture sur une dizaine d’années, par Antoine Boché, et Cyril Vandendriessche depuis maintenant 3 ans. Lors de la concrétisation, ils ont été confrontés au manque criant d’investissements dans le septième art chez nous. La première difficulté a été de trouver les professionnels compétents pour une production de qualité. Les deux hommes ont fait venir trois techniciens de la métropole et de La Réunion. Ces derniers ont également dû ramener le matériel nécessaire puisque là encore Mayotte ne dispose pas des ressources adéquates. “Ici c’est très compliqué parce qu’il n’y a pas de boîte de location pour le matériel. On ne peut pas non plus juste aller au magasin et acheter”, regrette le réalisateur de la série. 

Malgré toutes ces péripéties, la mission la plus complexe a été le casting des acteurs. Il aura fallu un an et demi à l’équipe pour trouver les perles rares. Le premier rôle, Kala, est incarné par Sitti-Thourayat-Daoud, qui vient tout droit des Comores. Les autres acteurs viennent des quatre coins de Mayotte. “À Mayotte, on ne trouve pas des acteurs aussi facilement. Nous avons auditionné toutes les troupes de théâtre de l’île, nous sommes allés dans tous les lycées et collèges, et nous avons aussi fait du casting sauvage c’est-à-dire que l’on arrêtait chaque personne dans la rue qui pouvait correspondre à un personnage”, explique Cyril Vandendriessche. La stratégie sera-t-elle payante ? Chacun pourra se faire sa propre opinion lorsque le premier épisode d’une heure et demie sera diffusé au cinéma de Chirongui. En attendant, les teasers diffusés sur les réseaux sociaux rencontrent le succès espéré. 

 

Pour participer à la cagnotte cliquer sur le lien suivant : https:/fr.ulule.com/seconde-zone/ 

Pour regarder les teasers cliquer sur le lien suivant : https://www.facebook.com/echtrafilms/videos/1029690194153458/

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Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes