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Réservez un vol en ligne chez Corsair avec un bon Ladom

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Depuis décembre dernier, Corsair propose aux voyageurs résidants à Fort-de-France, Pointe-à-Pitre, La Réunion et Mayotte de réserver un vol sur son site Internet (https://www.flycorsair.com/fr) en bénéficiant de la réduction attachée aux bons LADOM. « Désormais, nos clients peuvent effectuer leurs démarches administratives et leurs réservations de billets d’avion sans à avoir à se déplacer ! Une vraie innovation au service de nos clients, et très simple d’utilisation : au moment du paiement sur notre site, il sera proposé le paiement avec un bon Ladom si le dossier respecte les conditions d’utilisation du bon », souligne Jules Perreau, directeur régional océan Indien de la compagnie aérienne.

Pour rappel, en septembre, 2021, Corsair avait signé une convention de partenariat avec L’Agence De l’Outre-mer pour la Mobilité à Mayotte. Ce dispositif spécifique d’aide à la continuité territoriale permet aux résidents mahorais de bénéficier d’une aide financière de l’État d’un montant de 440 euros valable sur un billet d’avion aller/retour en classe économique, au départ de Mayotte et à destination de la France métropolitaine. Cette aide est attribuée sous conditions de ressources (quotient familial du foyer de rattachement inférieur ou égal à 11.991 euros). Pour en bénéficier, il suffit de constituer un dossier en ligne auprès de LADOM sur https://mobilite.ladom.fr/subvention-billet.

Daniel Zaïdani prône l’instauration de l’État d’urgence pour lutter contre l’insécurité

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Dans un communiqué, le conseiller départemental Daniel Zaïdani demande au préfet de Mayotte, qui « est confronté à une crise sécuritaire majeure à ne pas prendre à la légère », de décréter l’état d’urgence sur toute l’île et l’envoi immédiat de forces de l’ordre supplémentaires pour « faire face au désordre qui détruit lentement mais sûrement notre territoire ». Selon lui, « à défaut d’une réponse forte et ferme, les criminels auront la force d’aller encore plus loin ». Par la présente, l’ancien président de la collectivité tient « à condamner fermement le gouvernement actuel et ses représentants à Mayotte pour le laisser-aller, le laisser-faire et le laisser-passer perpétuels ».

Les rapports d’activités des délégations du conseil départemental à portée de clic

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Le conseil départemental de Mayotte est doté de deux délégations extérieures, à La Réunion et à Paris, dont les objectifs sont de disposer d’un lieu d’accueil et d’appui à la communauté mahoraise et de promouvoir Mayotte et ses atouts. Par leur proximité physique et leur organisation, les délégations extérieures sont de véritables atouts pour l’action départementale en faveur des Mahorais établis hors de l’île, mais aussi pour l’attractivité du territoire.

Chaque année, le rapport d’activités de ces services est l’occasion de dresser un bilan des actions et réalisation significatives. À la délégation de Mayotte à La Réunion, ce sont plus de 800 usagers qui ont été accueillis dans les locaux pour des demandes en genre : état civil, bourses et aides étudiantes, démarches administratives … Parmi ceux-ci, on peut noter que 199 familles ont bénéficié d’un accompagnement social, 431 personnes ont été suivies dans le cadre d’une évacuation sanitaire et 192 étudiants ont été aidés dans leurs démarches. Pour la première fois en 2021, le service a lancé un appel à projets à destination des associations mahoraises de La Réunion à hauteur de 40.000 euros, pour lequel cinq projets ont été retenus et financés. La DMR est désormais identifiée dans les réseaux de partenaires économiques et sollicitée en tant qu’experte lors d’événements et webinaires, mais aussi dans les médias.

À la délégation de Mayotte à Paris, les travaux d’aménagement vont permettre de disposer d’un bâtiment plus moderne et mieux adapté aux enjeux du service. Afin de lutter contre l’isolement des étudiants et les aider dans leur insertion, la délégation a mis en place des dispositifs d’accompagnement comme les ateliers de formation, le parrainage d’étudiants (Parrainer c’est gagner) ou la valorisation de jeunes talents (concours d’écriture). Avec la participation de nombreux partenaires (associatifs et institutionnels), ces projets portent leurs fruits. Dans le domaine de l’attractivité territoriale, la DMP, avec le concours d’acteurs locaux, tel que le centre hospitalier de Mayotte ou le Pôle emploi, s’est lancée dans une démarche inédite de promotion des métiers de la santé, des professionnels du médical ou du paramédical.  Avec le projet « Mayotte Jobs », le dispositif doit s’étendre à l’ensemble des filières en tension.

Les rapports d’activités des délégations sont en ligne sur le site du Département : https://publications.cg976.fr/ressources/?id=56 et https://publications.cg976.fr/ressources/?id=57.

17 jeunes mahorais en séjour à La Réunion

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Dans le cadre de sa mission de redynamisation, de remobilisation et d’accompagnement des comités jeunes mahorais, la Ligue de l’enseignement de Mayotte, en partenariat avec la délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (DRAJES) et le conseil départemental, a mis en place des ateliers de type MasterClass thématisés (gestion de projet, budget prévisionnel, évaluation de projet…) pour permettre aux jeunes d’avoir des compétences sur la conduite d’un projet.

Afin de finaliser ces actions, un séjour de onze jours avec 17 jeunes de différents comités de Mayotte est prévu à La Réunion du 25 février au 7 mars pour aller à la rencontre des comités jeunes et des institutions réunionnais et pour échanger sur les projets qu’ils souhaitent mettre en place dans leurs communes. Les ambassadeurs devront à leur retour partager leurs expériences dans leurs comités jeunes respectifs présents dans le territoire.

Remise officielle du rapport sur les cuisines des Outre-mer à Sébastien Lecornu

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Babette de Rozieres chargée d’une mission sur les cuisines des Outre-mer par Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, a officiellement remis, le 21 février à 15h son rapport. Ce rapport dresse un état des lieux sur la situation des acteurs de la filière agroalimentaire ultramarine dans les neuf territoires. Le ministre a manifesté un réel intérêt pour les patrimoines culinaires des Outre-mer, vecteur important de l’économie. Ce secteur englobe le tourisme, la transmission des savoir-faire, la santé, l’éducation, la formation, la culture, et pose les bases de réflexion pour la mise en œuvre d’une politique de soutien aux professionnels de la filière agroalimentaire des territoires d’Outre-mer.

M’tsapéré : “Il ne faut pas rajouter du bordel au bordel”

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Le village de M'tsapéré se retrouve bloqué par ses habitants depuis plusieurs jours maintenant.

Une réunion au sujet de l’insécurité était organisée dans l’après-midi de mardi avec le préfet de Mayotte, le conseil départemental, le procureur et la mairie de Mamoudzou. Toutefois, elle s’est tenue sans représentants des habitants. Ces derniers ont ainsi protesté contre le recours aux gaz lacrymogènes des policiers le matin même, quand ils ont voulu bloquer la rocade de M’tsapéré.

Comme prévu la veille, le mouvement de colère des habitants de M’tsapéré contre l’insécurité s’est encore intensifié, ce mardi. Outre les barrages installés le week-end et lundi, de nouveaux devaient voir le jour, notamment sur la rocade qui relie Mamoudzou au sud de l’île dès 3h du matin. Dix-sept tentatives de blocage ont été recensées par la police de Mamoudzou. Au pont des pêcheurs premièrement, puis à Baobab et au rond-point de Doujani, les manifestants profitant du plateau sportif pour passer de l’un à l’autre. Ces essais sont restés infructueux : la police les chassant à chaque fois, parfois à l’aide de gaz lacrymogènes !

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Le maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaila a invité habitants et institutions pour une réunion, mardi après-midi. Les premiers ont refusé.

Il était clair pour elle qu’il fallait absolument empêcher cet axe majeur d’être complètement bouché. “Il y a un équilibre à tenir entre maintien de l’ordre et droit de manifester”, a confirmé une source policière. Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, s’est montré d’ailleurs plus ferme sur l’utilisation de la rocade, un enjeu pour l’économie de l’île, comme moyen de pression des habitants : “Il ne faut pas rajouter du bordel au bordel”. Selon lui, “les délinquants profitent des bouchons pour racketter les gens dans leur voiture”.

Une réunion sans les principaux concernés

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Les barrages montés au fur et à mesure vont continuer ce mercredi à M’tsapéré

C’est le paradoxe de cette crise. À la demande des habitants, le premier magistrat de la ville chef-lieu, le préfet de Mayotte, Thierry Suquet (*), le procureur, Yann Le Bris, et le cabinet du directeur départemental se sont bien réunis dans l’après-midi, mais sans les principaux concernés. Seul un représentant, Dayane, est allé porter le message du refus des riverains de se mettre autour de la table. Il en est ressorti furieux. “J’ai l’impression que le préfet ne comprend pas ce qui se passe. Il nous dit que les moyens sont là”, s’est-il emporté, devant les marches de l’Hôtel de ville. “On en a marre de prendre des coups.”

Présent lui aussi, le procureur Yann Le Bris était invité pour parler des réponses pénales apportées à la délinquance. “Je comprends le sentiment d’impunité des habitants. À peine on arrête des auteurs d’acte de délinquance qu’ils apprennent que de nouveaux actes ont eu lieu”, a-t-il fait observer. Défendant le travail du tribunal, il a rappelé que pour tous les meurtres commis depuis le début de l’année, des suspects ont été arrêtés et placés en détention. “Il y a zéro impunité”, a-t-il soutenu. De son côté, le maire de Mamoudzou a indiqué sa volonté “de continuer à discuter”, regrettant que les habitants aient choisi de ne pas venir. Justement, sur les barrages, ces derniers comptent bien participer à un nouveau mouvement de blocage ce mercredi, cette fois à l’échelle de Mamoudzou.

(*) La préfecture de Mayotte n’a pas donné suite à nos questions.

 

Les maires eux aussi mobilisés contre l’insécurité

En assemblée générale extraordinaire, ce mardi, les maires ont tenu à réagir sur la situation actuelle à Mayotte. Ils disent constater « une généralisation d’un climat anxiogène sur l’ensemble de l’île », « une multiplication des violences avec armes, avec l’intention de tuer », « une peur de sortir après 18h », « une multiplication des meurtres avec violence dans un laps de temps très rapproché », « une population exaspérée, qui veut se faire justice elle-même », « une recrudescence des actes de torture et de barbarie », « des jeunes très violents, qui n’ont plus peur de rien et de personne » et « un système judiciaire dépassé par le nombre de faits et d’auteurs de violences très graves, malgré les interpellations, faute peut-être d’effectifs et de places suffisantes en prison ». À la fin de leur communiqué, les maires « en appellent directement au premier ministre ». « Une demande de rencontre est sollicitée dans l’urgence parce que cette situation de peur permanente ne peut plus durer », affirment-ils.

Dans le 101ème département aussi la lutte contre le VIH est une priorité

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Les 21 et 22 février 2022 au pôle d’excellence rurale de Coconi, s’est tenu le premier colloque de Mayotte en Santé. Au programme : le diagnostic territorial pour la mise en œuvre de “Mayotte sans Sida et sans hépatites”, porté par l’organisme Nariké M’sada.

Préservatifs ou encore dépistages, autant de moyens qui ont fait leurs preuves pour prévenir la transmission du virus du Sida (virus de l’immunodéficience humaine). Sur l’île aux parfums, la Croix-Rouge française, Mlezi Maoré, les Apprentis d’Auteuil ou encore Solidarité Sud font partie des onze structures qui ont participé à la réalisation d’un “diagnostic territorial”. L’objectif de ce travail collectif étant de cibler les véritables besoins de Mayotte en matière de gestion de l’épidémie de VIH et d’adapter les politiques publiques aux particularités du territoire.

“Le 1er décembre a été publié un document cadre mettant en avant la stratégie publique adoptée au niveau national en matière de santé sexuelle et reproductive. De cette feuille de route ont été mises en avant 28 actions prioritaires à mettre en place pour lutter notamment contre l’épidémie de VIH”, détaille François Dabis, professeur de santé publique à l’université de Bordeaux et président de la stratégie nationale de santé sexuelle pour le ministère de la Santé.

Passer à l’acte

101eme-departement-lutte-contre-vih-prioriteInformer, communiquer, éduquer, dépister, suivre ou encore promouvoir la contraception se poseront comme les leitmotivs de ces 28 travaux prioritaires mis en place au niveau national sur la période 2021-2024. Par ailleurs, pour “passer à l’acte” et adapter ces mesures aux contextes locaux, deux actions propres aux territoires d’Outre-mer s’additionnent à cette vingtaine de priorités. Elles constitueront la mise en place d’une cohérence régionale en lien avec les pays frontaliers afin de gérer ensemble la propagation de ce virus. Enfin, à Mayotte un programme destiné à démocratiser et augmenter l’usage de la contraception sur le territoire sera la dernière mesure prioritaire du programme.

“Nous sommes bien conscients que le contexte mahorais peut rendre l’exécution de certaines mesures plus difficiles”, s’attriste François Dabis. Difficultés logistiques, manque de qualification, de moyens ou encore de ressources humaines, beaucoup de politiques publiques sont venues se casser les dents sur les côtes mahoraises. “Nous devrons nous adapter, mais je reste optimiste. Notre objectif est avant tout de promouvoir l’équité”, argumente le professeur.

Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin

En amont du colloque, les objectifs du diagnostic partagé étaient de “dresser un bilan à l’instant T de la prévention réalisée par les associations sur le territoire”, explique Vincent Bertrand, responsable développement au sein de l’association Nariké M’sada. De ce constat ont émergé diverses propositions. Parmi elles, la décentralisation des lieux ressources sur l’île, mais aussi le développement de l’offre de formation sur les métiers du médico-psychosocial afin de pallier aux manques de personnel avec des qualifications spécifiques ou encore, la mutualisation des diverses ressources humaines et matérielles dans une logique de collaboration.

Par ailleurs d’après les chiffres de Santé Publique sur l’année 2020-2021, les dépistages du VIH auraient baissé de 20% en France métropolitaine. Un chiffre qui atteint les 30% à Mayotte et une inquiétude qui demeure : comment redonner envie aux gens de se faire dépister ? Une problématique majeure, car si l’épidémie de Covid-19 ralentie, celle de VIH ne cesse de faire des victimes…

Avec Eh, Co !, un agenda au service des associations de Mayotte

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Sirel 976, dont le président est El-Farouq Adinani, se cache derrière cette nouvelle plateforme.

Créés par l’association Sirel 976, le site internet et l’application mobile Eh, Co ! viennent d’être lancés officiellement, ce mardi. La plateforme gratuite, soutenue par la préfecture de Mayotte, doit permettre à chaque association mahoraise de communiquer sur ses événements.

Elle est en ligne depuis trois mois, mais les tests n’étaient pas totalement terminés. La version en ligne du site Eh, Co ! a été présentée, mardi matin, à la Casa Rocher. “Les médiateurs nous disaient qu’après avoir établi le contact avec les jeunes, il n’avait rien à leur proposer”, raconte Thierry Suquet, le préfet de Mayotte. L’idée est alors de se reposer sur les associations, dont les activités ne sont pas toujours connues, pour les attirer. Ça tombe bien, l’association Sirel 976 basée à Tsoundzou avait dans ses cartons un projet d’agenda en ligne destiné aux associations. Le but est simple comme l’explique le délégué du gouvernement. “La plateforme va aider familles et usagers à trouver un spectacle ou une activité”, résume-t-il.

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L’interface d’Eh Co ! permet de rechercher des événements grâce à un thème, une date, une association ou sa localisation.

Au cours de sa présentation, le président et fondateur de Sirel 976, El-Farouq Adinani, détaille l’interface du site qui fonctionne au départ comme un moteur de recherche. Les visiteurs peuvent dénicher une activité par mot-clé ou par le nom d’une association. D’autres filtres prennent bien sûr la localité ou le thème également. Sur ce dernier point, le site, ainsi que l’application, compte dix-sept domaines. “Il y a la culture, l’environnement, le sport, le lien social, le médico-social, la santé, etc”, énumère Antoine Schwartz, chargé de mission cohésion sociale de la préfecture de Mayotte. Celui-ci a “fortement soutenu” ce projet.

La possibilité d’interagir à tout moment

El-Farouq Adinani défend aussi l’interactivité du site dont le financement est assuré par le fonds de développement social. En effet, n’importe quelle association peut s’y inscrire rapidement et publier un événement. Ce dernier est reporté ou annulé, pas de problèmes. “Les utilisateurs peuvent modifier la publication. Un email est envoyé aux participants s’ils utilisent le site Internet ou ils reçoivent une notification sur leur Smartphone grâce à l’application”, détaille celui qui a mis en point également Garico’Mayotte, le site de covoiturage 100% mahorais.

Le chargé de mission espère que “toutes les associations subventionnées au moins” utiliseront la plateforme. Il dénombre plus de 2.000 associations sur l’île. Pour les convaincre, il rappelle que les financeurs publics pourront être attentifs aux associations intégrant le projet. Pareil pour les communes ! “Je suis sûr qu’un maire qui voit qu’aucun événement de sa commune n’est présent sur le site ira voir ses administrés ou les associations de sa commune pour qu’ils s’y mettent”, prédit Antoine Schwartz.

Site internet : ehcomayotte.yt. L’application mobile est disponible sur l’App Store et Google Play Store.

Les délais de demande d’asile divisés par trois, « un signal politique » contre les Comores

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Les délais pour le dépôt et l’instruction des demandes d’asile à Mayotte seront drastiquement réduits à partir du 1er mai, pour tenir compte des « spécificités » du département, selon un décret paru dimanche dernier au Journal officiel. Nous avons contacté Gérard Sadik, responsable national des questions Asile à la Cimade, pour expliquer cette procédure et ses conséquences.

Voilà une nouvelle qui risque d’en réjouir certains et d’en faire bondir d’autres. Un décret paru au Journal officiel dimanche dernier vise, « pour tenir compte des spécificités de Mayotte […], à réduire les délais de traitement des demandes d’asile aux différentes étapes de la procédure ». À compter du 1er mai, la durée pour remplir et déposer un formulaire en mains propres contre récépissé à l’office français de protection des réfugiés apatrides (Ofpra), qui va implanter une antenne sur l’île aux parfums, passera de 21 à 7 jours, tandis que la période d’instruction se limitera à trois semaines. Un dispositif similaire à celui appliqué en Guyane depuis le 3 septembre 2018.

Et visiblement, cette accélération semble déjà dans l’air du temps ! Depuis un peu plus d’un an, l’État met les bouchées doubles pour combler le retard accumulé : le nombre de dossiers en instance à l’Ofpra se chiffrait à 1.176 en septembre 2021, contre 2.132 au 31 décembre 2020. Face à constat, Gérard Sadik, le responsable national des questions asile à la Cimade, déplore « un effet rattrapage » et une manière de « résorber le stock comme on dit en langage administratif ». Un changement de braquet étonnant tant l’établissement public sous tutelle du ministère de l’Intérieur a de grandes difficultés pour instruire les demandes dans le 101ème département… Les traitements se déroulent soit par visioconférence pour les ressortissants de l’Union des Comores et de Madagascar, soit par mission foraine – tous les deux mois dernièrement – pour les personnes originaires des Grands Lacs (Burundi, Rwanda, République Démocratique du Congo).

Discrimination par nationalité

Si l’Ofpra a pour obligation de convoquer tous les demandeurs, les dés semblent pipés d’avance en fonction des origines des uns et des autres ! « La préfecture de Mayotte demande d’examiner systématiquement les dossiers comoriens et malgaches selon la procédure accélérée – dans un délai théorique de quinze jours – sans la justifier par un motif légal », précise Gérard Sadik. « En outre, alors que les conditions d’accueil sont réduites à leur plus simple expression (des bons alimentaires d’un euro par jour), les Comoriens et les Malgaches n’ont jamais accès aux quelques 170 places d’hébergement existantes, ni même à la domiciliation. D’un point de vue strictement juridique, Mayotte applique le droit européen d’une manière pas tout à fait d’équerre ! »

En résumé, le décret à venir risque de confirmer la tendance actuelle. Inconcevable pour le responsable national des questions asile pour le Cimade. « Il s’agit d’une discrimination par nationalité, cela n’existe nulle part ailleurs en France ». Or, « nous avons tendance à oublier que la situation aux Comores n’est pas bonne ». En d’autres termes, cette « spécificité locale » se résume à « une question de nombre », en aucun cas à « un critère objectif ».

Le lycée de Pamandzi bloqué par un affrontement entre jeunes et gendarmerie

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Lundi matin, l’établissement secondaire de Pamandzi s’est retrouvé au milieu de heurts entre une trentaine de jeunes et les équipes de la gendarmerie nationale. Les élèves et le personnel ont dû se réfugier à l’intérieur pour échapper aux callaissages et au gaz lacrymogène. Les militaires ont pu lever barricades sur le boulevard du Général de Gaulle, mais les affrontements se sont transformés en “combats de harcèlement » sur les hauteurs de Pamandzi.

Un webinaire pour explorer les métiers d’avenir sur le territoire

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Dans le cadre du webinaire intitulé #Mayottejobs2 « Trouver le bon job à Mayotte – entre méfiance et motivation », cette seconde édition qui s’est déroulée le mardi 15 février a permis au conseil départemental et à différents acteurs de l’emploi et de l’insertion professionnelle d’explorer plus en détails les métiers d’avenir pour l’île aux parfums, en particulier le secteur de l’éducation et de la formation professionnelle.

Avec un taux de qualification très faible (71% de la population n’a aucun diplôme qualifiant, un habitant sur trois n’a jamais été scolarisé, les taux d’illettrisme et d’analphabétisme avoisinent les 50%), le directeur du centre régional information jeunesse, Mohamed Nassor, a indiqué qu’il est « nécessaire de penser au corps enseignant qui a besoin de professeurs d’école pour faire progresser la maîtrise de la langue française, que ce soit au sein de l’enseignement général ou professionnel ».

Il a ajouté que la réforme des rythmes scolaires a fait émerger le périscolaire. Ce qui nécessite du personnel qualifié (animateurs, agents de restauration collective, chauffeur de transport), sans oublier les postes à responsabilité intermédiaire (coordinateurs d’équipe et de réseaux). Une qualification qui fait aussi défaut au dispositif insertion par l’activité économique, qui est pourtant viable et prometteur à Mayotte (encadrant technique, responsable administratif et financier, assistant comptable, responsable des ressources humaines). Le directeur du CRIJ a également relevé que l’absence de personnels qualifiés dans les organismes de formation rend ces derniers incapables d’émarger sur les budgets européens, faute d’ingénierie interne.

Voici une liste non-exhaustive d’offres d’emploi à pourvoir immédiatement chez Randstad search et Maestria recrutement : responsable de production industrielle, technicien de maintenance industrielle, contrôleur technique automobile, chargé de projet événementiel, chargé QHSE (qualité, hygiène, sécurité, environnement), infirmier coordinateur, infirmier dialyse, chef de projet de digitalisation, responsable de magasin, comptable senior, responsable administratif et financier, conducteur de travaux TCE -MOA , directeur de travaux gros oeuvre, conducteur de travaux génie climatique tertiaire et électricité, chef d’équipe charpente et structures métalliques, infirmier diplômé d’État en cabinet médical, directeur de crèche, responsable des ressources humaines sénior, chargé de mission formation culturelle…

Un violeur reconnu dans une publicité

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Dans la nuit du 11 décembre 2021 à Pamandzi, une jeune femme rentre à pied à son domicile lorsque le conducteur d’un véhicule lui propose de la déposer. Ce dernier prend une direction opposée et la conduit dans un endroit isolé avant de la violer. Les constations effectuées sur les lieux indiqués ainsi que l’examen gynécologique confortent la déclaration de la victime et conduisent à des prélèvements aux fins d’analyse génétique.

Le 14 janvier 2022, alors qu’elle regarde une chaîne locale de télévision, la victime reconnaît le mis en cause à l’occasion de la diffusion d’une publicité. Les investigations entreprises permettent alors son identification. Placé en garde à vue le 16 février 2022, il nie les faits qui lui sont reprochés mais son profil ADN se révèle identique à celui qui a été prélevé lors des constatations. À l’issue de sa garde à vue, il a donc fait l’objet d’une détention provisoire à la maison d’arrêt de Majicavo dans le cadre de l’information judiciaire ouverte.

Air Austral confirme la reprise de ses vols

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Les autorités préfectorales ont confirmé la levée du niveau « Alerte rouge » du plan ORSEC, depuis ce lundi 21 février, 8h00. De ce fait, l’aéroport de La Réunion Roland-Garros peut rouvrir ses portes et redémarrer ses opérations aériennes. Celles-ci ont débuté à partir de 15h conformément aux prévisions établies.

Air Austral a ainsi annoncé la reprise de son activité sur la base d’un programme établi en étroite collaboration avec les autorités et le poste de commandes opérationnelles de l’aéroport. Le premier départ était programmé à compter de 19h30 et ce afin de laisser à ses passagers le temps nécessaire pour rejoindre l’aéroport. Dans la mesure où les prévisions établies restent inchangées, la compagnie prévoit un retour à la normale de son programme des vols, dès ce mardi 22 février.

Pour rappel, le vol UU 274 du lundi 21 février à destination de Mayotte prévu à 14h40, heure locale a été annulé et reporté au mardi 22 février. Décollage prévu à 11h30. Idem pour le vol de 17h20 depuis l’île aux parfums. Les passagers sont reportés sur le vol UU277 de ce jour avec un départ à 14h10. La priorité de la compagnie en veille depuis plusieurs jours pour suivre l’évolution du cyclone tropicale EMNATI et préparer la reprise de ses vols est de pouvoir garantir à ses passagers les meilleures conditions de transport et de les réacheminer vers leur destination le plus rapidement possible. Les voyageurs impactés ont été individuellement contactés par les équipes commerciales de la compagnie Air Austral via SMS et/ou mail.

Aucun autre ajustement à cette heure n’est à noter. Dans tous les cas, il est recommandé avant de se rendre à l’aéroport de vérifier les informations sur les vols opérés, disponibles sur www.air-austral. com.

Décès de Jean-Jacques Le Guen dans un accident de moto

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Le fondateur de Mayotte océan, le club nautique et de plongée de Pamandzi, a trouvé la mort après un accident de la route. La moto de Jean-Jacques Le Guen a percuté l’avant d’une voiture lors d’un dépassement au niveau de la station-service de Petite-Terre, dans la nuit de vendredi à samedi. Agé de 55 ans, le Finistérien est un ex-officier de la Légion étrangère. Il y avait obtenu le grade de lieutenant-colonel, avant de se reconvertir en moniteur de plongée. Il est décédé à l’hôpital de Mamoudzou des suites de ses blessures.

Des barrages montés par des habitants de M’tsapéré excédés

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Les habitants de M'tsapéré ont décidé de s'organiser en mettant en place des barrages dans tout le village.

L’insécurité a poussé à bout les riverains de M’tsapéré. Une multitude de barrages ont vu le jour ce week-end et continuent de s’étendre dans le village, provoquant d’importants bouchons à ses abords. Ils ne seront pas levés « tant que des mesures concrètes” ne seront pas données aux habitants.

Dans les rues de Mtsapéré, la colère ne retombe pas. Des caillaissages quotidiens, des agressions et surtout le meurtre de l’un de ses habitants à Cavani, le 31 janvier, rendent la situation de plus en plus tendue. Depuis vendredi, des barrages poussent comme des champignons. Ce lundi, c’est même la paralysie totale dans tout le village, augmentant au passage un peu plus les embouteillages habituels de Mamoudzou. “On a voulu bloquer le rond-point de Doujani vers 4h du matin, mais des policiers sont venus nous dire de lever le barrage”, raconte Saïdani. Ce riverain de M’tsapéré fait partie du collectif à l’origine du mouvement.

À midi, il se situe à proximité d’une succession de barricades installées sur la route nationale avec une douzaine d’hommes. Ce n’est pas la première fois que ce boulevard important du village se retrouve complétement bloqué ! C’était déjà le cas le mardi 1er février, après la mort de Maoulida Boinadi la veille. Toutefois, cette nouvelle initiative ne risque pas de se limiter à une journée comme il y a trois semaines. De plus en plus déterminés, les habitants promettent même d’« intensifier » leurs actions. « On tiendra tant qu’il n’y aura pas des mesures concrètes”, justifie Taki. Aux côtés d’autres “barragistes”, le M’tsapérois de 48 ans réclame “l’instauration du couvre-feu pour les moins de 18 ans pendant deux mois”, “la fin des bidonvilles” sur les hauteurs du village et davantage de policiers. “Il faut un drone”, “des militaires armés”, propose-t-il.

Un homme sérieusement blessé à la tête

Face à la montée de la violence, Taki et d’autres se disent prêts “à se faire justice eux-mêmes”. Ce qu’il s’est passé pendant la manifestation pacifique de samedi matin ne fait que confirmer cela. Pour exiger de mettre un terme à l’insécurité chronique qui sévit sur Mayotte, une marche est partie depuis Passamaïnty pour rejoindre le comité du tourisme de Mamoudzou. Au même moment, des callaissages ont éclaté au centre de M’tsapéré. Poussé par le nombre, le groupe de manifestants a pris les devants et s’est présenté face aux jeunes. En réponse, ces derniers ont agressé plusieurs personnes, dont l’une d’elles a été violemment blessée à la tête.

Malgré cet acte, la détermination des habitants ne s’arrête pas. Lundi soir, réunis par centaines, route nationale, ils décident de continuer les barrages dès 3h, ce mardi, sans la présence des mineurs. Ils proposent aussi aux parents d’intervenir auprès des enfants turbulents à l’occasion d’une réunion tenue ce lundi en fin d’après-midi. “Ce n’est pas normal qu’ils ne sachent pas où sont leurs enfants le soir”, constate Omar, éducateur au Football club de M’tsapéré. Peu après son discours, une dame vient d’ailleurs expliquer que son fils, scolarisé au collège, ne rentre pas “avant 2h, 3h du matin”. Applaudie, elle demande de l’aide puisqu’elle avoue ne plus avoir d’autorité sur lui. Autour d’elle, plusieurs hommes se disent prêts à lui faire peur et à le faire rentrer dans le droit chemin. “On n’attend plus rien de l’État”, prévient Taki.

Des surveillants mahorais victimes de racisme à la prison de Bois-d’Arcy

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Les insultes “Bande de dégulasses (sic). Tirez la chasse, put… ! Français de Mayotte” ont été inscrites dans les toilettes de la salle de repos des surveillants.

En région parisienne, les agents pénitentiaires de la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy (Yvelines) originaires de Mayotte font part de leur dégoût. Les inscriptions anti-mahoraises découvertes dans les toilettes de leur salle de repos mi-janvier les ont choqués et ont créé un climat de suspicion au sein de l’établissement. Afin d’y mettre fin, la direction aurait décidé de porter plainte contre les auteurs des insultes.

“Bande de dégulasses (sic). Tirez la chasse, put… ! Français de Mayotte”, “les singe de Mayotte retourner [illisible] votre cocotier (sic)”. Ce sont ces mots que des agents pénitentiaires de Bois-d’Arcy ont découverts dans les toilettes de la salle de repos, mi-janvier. Des insultes destinées aux surveillants mahorais, qui forment une majorité dans cette maison d’arrêt des Yvelines accueillant près de 700 détenus. “Lors de notre passage à l’École nationale d’administration pénitentiaire, on se passe le mot pour demander Bois-d’Arcy même si la prison est connue pour être difficile. Avec le bouche-à-oreille, notre nombre a continué d’augmenter”, explique Nipo (1), qui est soumis au droit de réserve. Celui-ci fait partie des agents qui ont remonté la présence d’inscriptions à la direction.

Comme ses compatriotes, il est choqué et en colère de voir ces actes de racisme. “On se sent humilié”, confirme aussi Zama (1). “Franchement, ça ne me donne pas envie d’aller travailler. J’ai l’habitude de parler avec tout le monde. Et là, j’ai l’impression d’avoir un ennemi parmi mes collègues.” Le 28 janvier, lui et une partie des autres natifs du 101ème département ont posé un arrêt de travail et ont maintenant l’impression de vivre dans un climat de suspicion envers les collègues non-Mahorais. De son côté, la hiérarchie a tenu à réagir assez vite (2). Dans la même semaine que la découverte des inscriptions, le directeur de la prison a tenu “un discours ferme” devant ses agents et en présence d’un membre de la direction interrégionale des services pénitentiaires. Selon l’auditoire, il aurait rappelé les risques encourus si les coupables se font attraper et qu’une plainte serait déposée. Cela serait fait selon les surveillants.

Des faits déjà vus en 2018 et 2019

La déception des agents est d’autant plus grande que ce n’est pas un problème récent à Bois-d’Arcy. En 2018 et 2019, des tags anti-mahorais avaient déjà été inscrits sur les murs. À l’époque, une remontée d’informations auprès de la direction et un rappel à l’ordre y avaient mis fin. L’ambiance entre les surveillants était revenue à la normale, avant que les tags de janvier ne la plombent de nouveau. Pourtant, le communautarisme est plutôt rare parmi les surveillants. Les équipes, il y en a sept, sont mélangées. Métropolitains, Réunionnais, Antillais, Africains et Mahorais sont ainsi équitablement répartis. Cela évite aussi d’avoir trop d’agents “bonifiables” dans la même équipe.

“Tous les trois ans, on a le droit de repartir sur notre île pour une période de deux mois. En mélangeant, l’administration évite comme ça que les équipes se retrouvent avec d’autres agents en moins”, indique Nipo. En outre, bien intégrés en métropole, de nombreux agents continuent d’y faire carrière. C’est le cas de Zama qui est à Bois-d’Arcy depuis 2019. “Je m'[y] vois rester encore plusieurs années”, admet-il. Dans la maison d’arrêt, les toilettes ont été condamnées rapidement le temps que les inscriptions soient effacées. Les agents mahorais espèrent maintenant ne plus jamais les revoir.

(1) Prénoms d’emprunt

(2) L’administration pénitentiaire n’a pas répondu à nos sollicitations

 

Le syndicat Ufap-Unsa dénonce “des actes odieux”

“Nous déplorons la récurrence de cette hostilité… Ce n’est malheureusement pas la première fois que de tels actes odieux se produisent au sein de cet établissement pénitentiaire !… Il faut que cela cesse !”, a réagi l’Ufap-Unsa Justice de Paris, la semaine dernière. Ce syndicat présent à la prison de Bois-d’Arcy a dit “se réjouir qu’une action judiciaire soit actuellement en cours pour identifier le ou les auteurs de ces propos racistes et xénophobes”. “Notre organisation syndicale dénonce cette petite haine ordinaire dont les auteurs se cachent derrière le trop entendu « Je ne suis pas raciste… mais… », a-t-il ajouté.

Shimé et Marovoanio, promoteurs de la culture linguistique mahoraise

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Ce lundi 21 février avait lieu la 22ème édition de la journée internationale de la langue maternelle. Alors que partout en France, les langues régionales s’éteignent les unes après les autres, à Mayotte, les associations Shimé et Marovoanio veulent tenter d’éviter l’irréparable.

“Une langue avec une richesse de ce genre ne se lâche pas !”, affirme Rastami Spelo, président de l’association Shimé. Pour cet amoureux du shimaoré, la préservation du patrimoine linguistique de l’île aux parfums s’avère non négligeable. Après 24 ans de travail acharné, Rastami Spelo garde espoir. “La tâche fut difficile au départ. Nous allions vers une perdition à coup sûr. Puis, nous avons vu l’État et les pouvoirs publics se joindre à notre combat. Aujourd’hui, nous observons une évolution positive et une jeunesse qui revient vers sa langue maternelle”, se réjouit le polyglotte.

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En lien avec l’Éducation nationale, l’association Shimé se donne plusieurs objectifs pour structurer le shimaoré, qui comme l’explique Rastami Spelo, récompensé par le conseil départemental pour son investissement, “n’est pas un dialecte mais bien une langue à part entière”. “Depuis deux ans et demi, nous faisons un travail sur la formalisation du shimaoré”, affirme Gilles Halbout. Graphie, orthographe ou encore grammaire, le shimaoré ne veut plus être considéré comme un patois désuet, mais bien une langue en devenir.

Et le kibushi dans tout ça ?

“Dans les années 1980, 50% de la population mahoraise parlait kibushi. Aujourd’hui, il n’est usité que par 20% des habitants”, avance Toumbou Toibib, trésorier et coordinateur de l’association Marovoanio. Créée en décembre 2021, la structure compte bien porter haut et fort la voix des Mahorais qui s’expriment en kibushi. “À l’heure actuelle, nous parlons kibushi dans dix-sept communes de l’île, pourtant aucune information n’est traduite dans cette langue”, se désole l’une des têtes pensantes de l’association. Handrema, Hamjago, M’tsangadoua, Acoua, M’tsangamouji… Autant de villages où la langue d’origine malgache continue à subsister. Sur les traces et avec l’aide de sa grande sœur Shimé, l’association Marovoanio espère sauver de l’oubli cette richesse linguistique.

Une appartenance régionale

“Nous souhaitons défendre notre langue plutôt que de l’écraser sous la prédominance du shimaoré et du français”, argumente Toumbou Toibib. Bien plus qu’une simple lubie, le membre de l’association explique l’intérêt stratégique du kibushi, “Nous voulons lancer une démarche de revalorisation. De part la proximité de Mayotte avec Madagascar, le kibushi peut avoir à la fois un intérêt économique, diplomatique et culturel. Mais pour cela, il va falloir que nous posions un cadre et une méthodologie pour être opérationnels. » L’objectif de la structure étant une “sorte d’affirmation régionale sans pour autant s’écarter de l’identité nationale française”.

 

Un institut et un conseil académique d’ici juillet

D’ici le mois de juillet 2022, le 101ème département devrait être doté d’un institut des langues et civilisations de Mayotte ainsi que d’un conseil académique des langues de Mayotte. Deux outils qui permettront à l’avenir de structurer et faire perdurer les langues régionales sur l’île au lagon.

 

Wawe ulaguwa shimaoré ?

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En juin 2021, le recteur de Mayotte, Gilles Halbout, signait la convention visant à promouvoir les langues régionales à l'école.

Alors que la journée internationale de la langue maternelle s’est tenue le 21 février, le shimaoré semble être en relative désuétude chez la jeunesse de l’île. Entre manque de rigueur des parents et absence d’enseignement dans le premier degré, les jeunes mahorais doivent faire preuve de volonté pour exercer les langues régionales de leurs ancêtres, héritages irréfutables de la culture et de l’identité de l’île.

« Je parle shimaoré, mais pas bien, je bafouille », avoue Saandati, 24 ans, des regrets dans la voix. Ce constat, loin d’être un cas particulier, culpabilise de nombreux jeunes de la société mahoraise. Si les nouvelles générations sont les héritières de langues plus orales qu’écrites, telles que le shimaoré et le kibushi, les quelques stigmatisations vécues lors de bégaiements sont bien réelles, symboles d’un manque d’apprentissage sérieux des idiomes. « Un jeune était avec des amis, qui l’ont charrié parce qu’il n’a pas su compter », raconte Spelo Rastami, président de l’association Shimé, pour « Shimaoré méthodique ». Un témoignage qui, selon lui, en rejoint beaucoup d’autres : « Les gens viennent très souvent pour pallier un certain nombre de manques. Ils se rendent compte qu’ils font beaucoup d’erreurs, et qu’ils ne sont pas totalement capables de ne parler qu’en leur langue. »

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L’association Shimé propose des cours à celles et ceux qui souhaitent apprendre le shimaoré.

Spelo Rastami constate donc un « shimaoré dégradé » chez les jeunes, qu’il impute aux parents, « premiers responsables » de cette baisse de qualité linguistique. « Ils ne pourvoient pas à leurs enfants du vocabulaire ou une correction lorsqu’ils font des erreurs », continue-t-il. « Ils sont laissés à l’abandon et portés par le flot, en quelque sorte. » Des mots forts, qui restent cependant une hyperbole du quotidien des foyers mahorais, ayant peu à peu délégué l’éducation des enfants à l’école. Nassem, heureux papa d’un garçon d’un an, avoue ne pas s’adresser à son fils en shimaoré. « Mais j’aimerais qu’il le parle », rétorque-t-il. « Ce n’est pas volontaire, c’est juste que les parents sont entourés de gens qui parlent français, c’est instinctif. » Mlaili Condro, enseignant et docteur en sciences du langage, confirme : « Il y a moins d’attention portée par les familles sur la transmission. »

Éducation Nationale, contexte régional

Le manque de pratique des langues régionales au sein du foyer, que ce soit à Mayotte, en Bretagne ou en Alsace, semble effectivement logique. Cependant, pour compenser ces lacunes de transmission de la langue, l’Éducation nationale devrait rentrer en piste. Malheureusement, dans le 101ème département français, le compte n’y est pas, ou du moins pas encore. « À l’école, on nous interdisait de parler shimaoré, même pendant la récréation ! », fulmine une jeune Mahoraise. Le même constat se faisait, il y a quelques décennies, dans des départements tels que la Corse, où les jeunes insulaires étaient priés de laisser de côté leur langue, malgré la force et l’enracinement de la culture régionale sur l’île de Beauté.

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Mais, d’une île à l’autre, « La langue de la République est le français », précise l’article 2 de la Constitution. « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France », répond l’article 75-1. À Mayotte, ce patrimoine peinait néanmoins à exister, tant la priorité était donnée à la maîtrise du français chez les jeunes Mahorais. Jusqu’au 21 mai dernier, date de la promulgation d’une loi visant à la promotion des langues régionales. En juin 2021, le rectorat de Mayotte signait, avec le conseil départemental, le centre universitaire de formation et de recherche et l’association Shimé, une convention pour l’apprentissage du shimaoré et du kibushi dans le premier degré. Quasiment un an plus tard, Spelo Rastami ne constate que des évolutions « très timides » : « Il n’y a pas de grandes avancées. La balle est dans le camp du département, et du rectorat. »

Promouvoir l’idiome du village

Parole à la défense donc. Gilles Halbout, recteur de Mayotte, détaille les mesures qui ont été prises par l’État et le département quant à cet apprentissage. « Dans le cadre du master MEEF, enseigné au CUFR, les enseignants sont formés pour avoir des notions de shimaoré et de kibushi, et s’acculturer », affirme-t-il. « Cela permet d’avoir un accueil bienveillant en langue maternelle. Un enseignant familiarisé peut aussi faire des ponts entre les deux langues pour que les élèves fassent des progrès en français. » Si cette formation a de multiples avantages, elle est également complétée par un enseignement des langues régionales dès le premier degré et l’école maternelle. « À certains moments de la journée, on travaille le plurilinguisme, afin que l’enfant ait cette pratique même s’il ne parle pas la langue régionale à la maison », continue Gilles Halbout. Enfin, le conseil départemental et l’association Shimé ont aussi planché sur une structuration de la langue, en formalisant sa graphie, « histoire que le shimaoré ne soit pas juste un patois, un créole », conclut le recteur.

Pour Mlaili Condro, cette convention et ses applications dans les établissements scolaires mahorais est « un motif d’espoir ». « Jusqu’à récemment, on a vu une certaine réticence de l’Éducation nationale quant aux langues régionales », explicite-t-il. « Mais depuis quelque temps, on observe un changement de position sur les langues mahoraises, désormais bienvenues à l’école. On vise le plurilinguisme, et des individus qui sont capables d’appréhender le réel, le monde, à travers plusieurs langues. » Le docteur en sciences du langage félicite également « ces jeunes artistes mahorais », qui écrivent « toutes ces chansons en shimaoré » (voir encadré). « Il n’y a plus rien qui ne nous empêche d’aller de l’avant », abonde encore Spelo Rastami. Maintenant que les bases sont posées, en effet, tout est possible. Ce lundi 21 février, à l’occasion de la journée internationale de la langue maternelle, le rectorat s’est rendu au conseil départemental afin d’évoquer le bilan de cette convention. Mais pas seulement, comme nous le glisse un Gilles Halbout ambitieux. « On va aussi tracer des perspectives pour voir où on en est dans la formalisation, parce que je pense que tout le monde a envie d’aller plus loin dans cet apprentissage des langues régionales », affirme-t-il. « Pour qu’un jour, on ait le shimaoré comme option au bac ! »

 

Retrouvez l’intégralité du dossier consacré à la jeunesse mahoraise dans le Mayotte Hebdo n°987.

 

Les langues régionales officielles en France

La France comptabilise pas moins de 17 langues régionales officielles : le basque, le breton, le catalan, le corse, le créole, le gallo, l’occitan-langue d’oc, les langues régionales d’Alsace, les langues régionales des pays mosellans, le francoprovençal, le flamand occidental, le picard, le tahitien, les langues mélanésiennes (drehu, nengone, paicî, ajië), le wallisien, le futunien, le kibushi et le shimaoré.

 

Les artistes chantent en shimaoré

wawe-ulaguwa-shimaoreNombreuses et nombreux sont les jeunes artistes de l’île à écrire leurs textes en shimaoré. C’est le cas de Terrell Elymoor, fameux rappeur et chanteur mahorais. « C’est important, parce que j’ai l’impression qu’un nouveau créole se crée, et ce serait dommage de perdre notre langue », déclare-t-il.

Religion : une foi décroissante

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Si le progressisme du sunnisme chaféite, obédience d’une grande partie de la population mahoraise, permet une pratique modérée de l’islam, force est de constater que la jeunesse de l’île croit moins. Au point d’impacter les relations entre individus ? C’est en tout cas ce que pensent les principaux intéressés, regrettant un manque de respect patenté chez les jeunes générations.

Jeudi matin, comme deux à trois fois par semaine, Combani était la scène de la violence des jeunes de la zone. Cette fois, le barrage enflammé de leur colère s’embrasait sur la route menant à Kahani, à côté de la station-essence. Si l’on peut douter que la délinquance soit un résultat de lacunes religieuses, le manque d’éducation, lui, en est sûrement une cause. C’est en tout cas le constat de Badirou Abdou. Celui qui est directeur de la culture, des associations, de la jeunesse et des sports de Sada est aussi et surtout un Tsingonien fier et engagé pour la jeunesse de sa commune. « Quand je suis passé ce matin, j’ai vu un jeune en train de ramasser une pierre pour caillasser un bus, avec des gens qui lui disaient de ne pas le faire, témoigne-t-il. Il ne les a même pas écoutés ! Il y a 20, 30 ans, ce gamin-là aurait pris des baffes ! Non seulement des adultes qu’il n’écoute pas, mais aussi de ses parents une fois à la maison. »

Le respect est dans le Coran

« L’éducation se fait d’abord par les parents« , confirme Badirou Abdou, qui déplore que des familles ne se fassent plus obéir de leurs enfants. Mais l’augmentation exponentielle de la population et l’occidentalisation de la société mahoraise a aussi effacé la solidarité villageoise, qui permettait un meilleur cadre pour les jeunes de la zone. « Il y avait aussi le tonton, le grand frère, le villageois quelconque qui était là, continue le Tsingonien. À l’époque, ne serait-ce que le kwezi était systématique. C’est l’une des valeurs, des richesses culturelles de Mayotte, qui ne sont pas inscrites dans la religion. » C’est cette dernière qui, selon le sociologue Combo Abdallah Combo, apporte les bases du savoir-vivre à Mayotte. « La socialisation dans la société traditionnelle mahoraise passe par l’école coranique, déclare-t-il. C’est une éducation religieuse mais c’est là où on apprend à l’enfant les règles de base de la vie« .

Badirou Abdou ne peut qu’abonder en ce sens : « À l’époque, un enfant allait à l’école coranique dès l’âge de trois ans. Mes parents sont allés voir le foundi pour lui dire que je viendrai tous les jours et que je serai sous sa responsabilité, il y avait le Fatiha de bienvenue, où l’on est salué par tous les autres autour. Ça commençait par là. » La fraternité d’une mosquée serait donc vecteur de valeurs sociales, au sein d’une communauté, construisant l’individu autour des valeurs, autorisations et interdits du livre saint. Pour les jeunes garçons et filles, c’est l’école coranique qui complète leur enseignement, non seulement religieux mais aussi civique. Une institution en berne, selon l’employé de la mairie de Sada : « J’estime que l’ancienne génération a appris à l’école coranique les valeurs et les principes de la religion musulmane. »

« C’est en éduquant que l’on réussira »

La madrassa, Saïd l’a fréquenté étant petit. Aujourd’hui, l’entrepreneur avoue ne pas axer son quotidien sur les enseignements qu’il y a reçu. « Je crois en Dieu mais je ne pratique pas forcément, affirme-t-il. Je fais tout pour que ma boîte marche bien, je profite, j’essaie juste d’être un mec bien, mais je ne vais pas souvent à la mosquée. » Que les heures passées à l’école coranique semblent lointaines, pour celui qui a pourtant un oncle foundi. « J’ai retenu les bases, se défend Saïd. C’est le principal. » Le jeune homme n’est évidemment pas le seul à avoir quelque peu délaissé la religion au fil des années, malgré une éducation religieuse importante et constante. Pourtant, assure Badirou Abdou, « on apprend beaucoup en lisant le Coran. »

Celui qui a de nombreux projets pour les jeunes des quatre villages de sa commune (Miréréni, Combani, Mroalé et Tsingoni) avoue être désappointé par les nouvelles générations de l’île au lagon. « Le respect est fondamental, déclare-t-il. Maintenant, ça n’existe plus chez la jeunesse actuelle : celle qui est entourée d’une famille qui a appris les fondamentaux, les principes, n’est pas forcément celle qui est dehors dans les embrouilles. » Un discours d’autant plus tangible dans la commune du centre, ravagée par les affrontements des bandes combaniennes et miréréniennes. Nonobstant, Badirou Abdou ne perd pas espoir, loin de là, prônant logiquement l’éducation : « C’est en éduquant que l’on réussira. Mais je suis persuadé que ça se fera en passant par l’école laïque, qui occupe la grande partie du temps de l’enfant, ainsi que par l’école coranique, qui rappelle les valeurs fondamentales de l’humanité. Ce ne sera pas réussi que par la religion, ni par la République. C’est en travaillant ensemble que l’on y arrivera. » Encore faut-il avoir assez de place dans les écoles, qu’elles soient coraniques ou républicaines.

Retrouvez l’intégralité du dossier consacré à l’identité de la jeunesse mahoraise dans le Mayotte Hebdo n°987, accessible gratuitement en ligne.

EDM victime d’une fraude téléphonique

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Quelques clients ont alerté sur le fait d’avoir reçu un appel provenant d’EDM leur demandant de régler un devis par CB directement au téléphone. « Il s’agit d’une fraude. Nous ne demandons pas à nos clients de nous fournir les coordonnés de leur carte bancaire, quelle que soit la raison invoquée. Que ce soit par téléphone, e-mail ou n’importe quel autre moyen, ne répondez pas à la sollicitation et alertez-nous immédiatement. »

Les moyens de paiement sont le prélèvement automatique (soumis à approbation via la signature du mandat SEPA), les bornes de paiement express, le paiement depuis l’espace client et le site Internet d’EDM. « Lorsque vous effectuez un paiement sur nos sites ou bornes, les données que vous transmettez sont cryptées et entièrement sécurisées. Si vous recevez un appel d’une personne prétendant être un conseiller EDM : demandez des précisions sur votre interlocuteur (nom, fonction, objet de son appel) et ne communiquez jamais vos codes personnels d’accès à votre Espace Client, numéro de carte bancaire, ni aucune autre information bancaire ou personnelle. »

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Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes