Le 26 janvier dernier à 10h14, le réseau échouage mahorais de mammifères marins et de tortues marines (REMMAT) est alerté par l’opérateur Mayotte Découverte de la présence d’un cadavre de dugong dans le lagon, près de l’îlot Bambo. L’animatrice du réseau active immédiatement celui-ci pour identifier une embarcation permettant d’aller à la rencontre de l’animal et pour constituer une équipe d’intervention pertinente. Rapidement, une équipe de dix personnes membres du REMMAT est mobilisée pour faire des mesures, des photos et des prélèvements sur l’animal mort. Elle est constituée de membres des Naturalistes de Mayotte, du centre universitaire, du Parc naturel marin et de l’animatrice du REMMAT.
Un vétérinaire spécialisé ainsi que le correspondant de l’observatoire Pelagis, spécialiste du dugong, sont restés en appui à distance pour conseiller l’équipe sur site. Mayotte ne disposant pas d’équarisseur pour le traitement de cadavres d’animaux, la carcasse est ensuite évacuée au large par les agents du Parc naturel marin pour garantir la sécurité des habitants et plaisanciers. En complément de l’examen interne et externe réalisé sur site, des spécialistes de l’Observatoire Pelagis en France, de l’université de Liège en Belgique et de la James Cook University en Australie ont été contactés par le REMMAT pour tenter d’identifier les causes de la mort du dugong à partir des photos prises sur site. L’ensemble des spécialistes ont constaté la présence de lésions sur le corps et une anormalité au niveau des poumons. Ces observations ne permettent pas de conclure sur les causes probables de la mort de l’animal : état de santé (infection), conditions météorologiques difficiles (vent et courant forts les jours précédents), causes anthropiques… De prochaines analyses des prélèvements effectués permettront sans doute d’apporter plus de réponses sur les causes de la mort de l’animal.
Le taux de passage aux urgences pour bronchiolite chez les moins de deux ans est en forte augmentation en S06. Au cours de cette sixième semaine de l’année, on comptabilise 47 passages, soit un taux d’activité de 33.1% (contre respectivement 37passages et 27% en S05. Ce taux d’activité dépasse largement la moyenne saisonnière des années précédentes.
Le nombre d’hospitalisations secondaires suite à un passage aux urgences était en hausse avec 23 passages qui ont donné lieu à une hospitalisation secondaire (contre 20 en semaine 5), mais le taux de ces hospitalisations était en baisse (48.9% en S06 contre 54.1% en S05).
L’épidémie de bronchiolite, en avance d’environ un mois sur la saisonnalité classique à Mayotte, avait bien baissé en semaine03, incitant la levée du plan blanc pour la bronchiolite cette même semaine au CHM. Une nouvelle recrudescence des cas est observée aux urgences dès la semaine 05 nécessitant la réouverture de l’unité bronchiolite qui était jusqu’alors fermée après la baisse observée en S03.
L’activité pour bronchiolite des médecins du réseau sentinelle a bien augmenté en semaine 06 et se situe même au-dessus des moyennes observées lors des saisons 2018-2019 et 2020-2021. Avec 11 cas de bronchiolite déclarés, le taux d’activité pour bronchiolite des médecins du réseau sentinelle était de 2.2% en S06 contre 0.2% en S05. En raison des vacances scolaires et de la fermeture de certains centres médicaux de référence du CHM suite à l’activation du plan blanc à l’hôpital, aucune remontée d’information n’a été réalisée en S51 et en S52.
Les données de surveillance virologique montrent un premier pic en S52 avec 19 cas de VRS confirmés biologiquement. Le nombre de cas de VRS avait par la suite diminué au cours des trois premières semaines de l’année2022, puis ré-augmenté dès la semaine 4, dépassant même le pic précédemment observé. En effet, au cours de la cinquième semaine de l’année 2022, 20 cas de VRS avaient été confirmés biologiquement au laboratoire du CHM (contre 16 en S04) et ce nombre de cas s’est stabilisé la semaine suivante avec 19 cas de VRS confirmés en S06. Ce nombre de cas est largement au-dessus des moyennes saisonnières depuis 2017.
L’objet de l’appel à projets 2022-2023 de la direction des personnes âgées et des personnes en situation de handicap est de faire émerger, renforcer et soutenir des projets de prévention de la perte d’autonomie s’inscrivant dans les thématiques prioritaires de la conférence des financeurs mais également de l’agence régionale de santé et de la caisse de sécurité sociale de Mayotte
Les trois axes prioritaires détaillés dans cet appel à projets portent sur les actions de soutien et d’accompagnement aux proches aidants, aux actions de soutien sur le maintien à domicile et au développement des lieux de vie collectifs et partagés.
Peut répondre à cet à projets toute personnalité morale quel que soit son statut (public, privé lucratif/non lucratif). Pour l’année 2022, le dossier de candidature est à consulter sur le site internet du conseil départemental de Mayotte (www.cd976.fr), ou sur le site de l’ARS ou de la CSSM depuis le 10 février dernier. Les dossiers devront être déposés sur la plateforme dédiée aux demandes de subventions sur le site internet du conseil départemental (rubrique « subventions ») au plus tard le 31 mars prochain.
À 68 ans, Josiane Henry tire sa révérence et prend sa retraite après 35 ans de bons et loyaux services au sein du centre hospitalier de Mayotte. Une carrière pleine dédiée à la formation des professionnels de santé locaux et à la direction des soins.
« Ca a été une aventure passionnante ! » Officiellement retraitée depuis la fin de semaine dernière, Josiane Henry troque une carrière longue de 35 ans au centre hospitalier pour un repos bien mérité. « Lors de mon arrivée en octobre 1979, je pensais venir pour deux ans », sourit la provinciale du Berry, au moment de jeter un coup d’oeil dans le rétroviseur. Âgée alors de 26 ans, elle débarque avec son mari, Jean-Claude, et son bébé sous le bras. « Mayotte commençait son chemin singulier après le référendum de décembre 1976 », retrace-t-elle. « Chaque semaine, il y avait quelque chose de nouveau. »
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En charge de l’encadrement des soins sur le site de Mamoudzou le matin et de la formation des infirmiers locaux l’après-midi, elle se confronte à la dure réalité de cette toute récente collectivité territoriale, située à 8.000 kilomètres de la métropole. « Des conditions de vie très rustiques, eau courante et électricité encore rares, deux routes et des pistes, très peu de maisons en dur, sauf les mosquées et les administrations. » Le niveau scolaire de sa première salve d’étudiants varie du CM2 à la 4ème… Chaque sortie de promotion coïncide avec l’ouverture de nouveaux dispensaires. « Nous participions activement à la construction du service de santé », souligne Josiane Henry, entourée de Mariata, Fatima, Habibou, Oussene Saidy jeudi dernier à l’occasion de son pot de départ . Quatre des cent premiers infirmiers formés entre 1977 et 1991. « Une bonne moitié sont déjà à la retraite. »
Une coupure de sept ans
L’année suivante marque le lancement de l’école d’aides-soignants suivie de l’école d’auxiliaires de puériculture en 2016, débouchant toutes les deux sur des diplômes nationaux. Une première étude d’implantation d’un institut de formation en soins infirmiers se réalise en 1996. « J’ai rempli le premier dossier », se remémore-t-elle. Puis vient l’heure de procéder à une coupure. « Il fallait au bout de 16 ans que j’aille voir ce qu’il se passe en hôpital public. » Josiane Henry part à l’école nationale de santé publique de Rennes avant de devenir directrice des soins au centre hospitalier départemental Félix Guyon de Bellepierre à La Réunion pendant cinq ans. « Je voulais vivre cette expérience avant de rentrer. »
À son retour en 2003, Josiane Henry occupe un poste à la direction des soins, comme adjointe pendant sept ans puis en tant que coordinatrice générale durant trois années. Une décennie durant laquelle elle travaille d’arrache-pied pour faire monter l’établissement en compétences. En 2013, elle revient à son premier amour : la formation des professionnels de santé. Elle reprend la coordination de l’IFSI (officiellement ouvert en 2001 et devenu universitaire en 2009), de l’IFAS et de l’IFAP. « En vingt ans, nous avons diplômé 550 infirmiers d’État auxquels il faut ajouter les 100 du début. Je me suis régalée ! »
Un dossier de partenariat noué en 2018 avec les IFSI Croix-Rouge de Nîmes et de Toulouse permet d’y envoyer 15 étudiants. Un autre voit le jour en septembre dernier avec l’IFSI Croix-Rouge de Quétigny en Bourgogne Franche Comté. « Nous en formons 35 infirmiers chez nous et 30 en métropole », se réjouit Josiane Henry. Un quota qui ne cesse d’augmenter au vu des besoins exponentiels dans le 101ème département ! « J’ai l’impression d’avoir posé la première pierre de quelque chose de grand. L’IFSI a pour avenir de s’installer dans le second hôpital à Combani. Aujourd’hui, ce n’est encore que l’embryon de ce qu’il sera demain. » C’est le cœur lourd, mais le sentiment du devoir accompli que cette bâtisseuse acharnée passe le flambeau à Carine Piotrowski.
Zalifa Assani accompagne au quotidien les élèves autistes de Mroalé.
Vendredi dernier, l’Éducation nationale, l’agence régionale de santé, la maison départementale des personnes handicapées et Mlezi Maoré se retrouvaient à l’école de Mroalé, dans la commune de Tsingoni, pour inaugurer la seconde unité d’enseignement en élémentaire autisme (UEEA) du territoire. Cela fait néanmoins quatre mois que les sept élèves fréquentent l’établissement et s’intègrent doucement au gros des troupes.
N’en déplaise à certains candidats à la présidence française, l’inclusion était le mot d’ordre ce vendredi, dans l’enceinte de la petite école de Mroalé, entre Combani et Tsingoni. Les représentants des organismes ayant permis l’ouverture d’une nouvelle unité d’enseignement en élémentaire autisme à Mayotte auront néanmoins dû attendre que le joyeux brouhaha de la cour s’estompe pour débuter leurs discours. « Ce sont des enfants comme les autres, il faut les prendre en compte », lance José Remondière, inspecteur académique de la circonscription. « Aux parents, vous pouvez compter sur mon écoute et ma détermination », ajoute Inchati Bacar, adjointe au maire de Tsingoni chargée de l’éducation. Gilles Halbout, recteur de Mayotte, abonde enfin : « La commune de Tsingoni est toujours en pointe pour l’éducation, l’école de Mroalé en est un exemple. On parle des choses qui ne vont pas bien, mais il faut parler des choses qui marchent. »
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Gilles Halbout et Inchati Bacar inauguraient vendredi dernier la deuxième UEEA de Mayotte.
Si cette cérémonie d’inauguration rendait hommage à l’Éducation nationale, l’agence régionale de santé, la maison départementale des personnes handicapées et Mlezi Maoré, qui ont travaillé de concert pour l’ouverture de cette UEEA, c’est bien de l’autre côté de la cour que le concret se déroulait. Zalifa Assani, l’enseignante de cette unité, dirige sa salle de classe au quotidien, en compagnie d’une éducatrice, d’une conseillère pédagogique, et d’un AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap). « J’ai fait un master sciences du langage, puis j’ai postulé directement à l’AESH », récapitule-t-elle. « C’était une aventure pour moi, je ne connaissais pas du tout ce milieu et je voulais vraiment découvrir ce que c’était de travailler avec des jeunes en situation de handicap. » C’est donc dans le petit village de la commune de Tsingoni que Zalifa peut exercer ses talents, et aider la demi-douzaine d’enfants à s’intégrer, même si c’était loin d’être gagné en novembre, lors de la mise en place de cette unité.
Former pour accompagner
« On a des enfants qui étaient soit scolarisés mais mal accompagnés, soit non-scolarisés », avoue José Remondière. « Le bilan que l’on a de Bandrélé est globalement positif, voire très positif. » Même son de cloche du côté de l’enseignante de Mroalé, heureuse de voir ses jeunes élèves s’épanouir : « Au début c’était difficile, c’est une unité qui vient d’ouvrir. Mais, au fur et à mesure, on voit franchement les progrès des élèves. Ça dépend vraiment des élèves. On en a un autonome, qui se mélange aux autres. Pour les autres, il faut encore un peu de temps. » L’espoir est donc de mise au sein de l’école élémentaire, qui a tout fait pour accueillir au mieux ses nouveaux pensionnaires. « On a fait une formation avec toute l’équipe, pour que chacun puisse accompagner les élèves autistes pendant la récréation », explique Insa Hafidhou, directeur dévoué de l’établissement.
Au total, les quatre membres du personnel dédié à l’UEEA auront suivi cinq formations, dont deux en compagnie de l’ensemble de leurs collègues. « Les formations sont vraiment complètes, donc ce n’est pas compliqué de s’adapter », témoigne Zalifa. « On nous explique comment travailler avec les autistes, comment aménager la salle, faire un emploi du temps adapté à chaque élève… » L’objectif, à long terme, est une « intégration dans les autres classes, selon les affinités des élèves », résume Lucie, psychologue de Mlezi Maoré qui intervient régulièrement au sein de l’unité. Pour rappel, un peu moins de 470 enfants de 6 à 11 ans seraient autistes à Mayotte, en extrapolant les statistiques françaises. Plus largement, la MDPH a recensé en 2021 environ 12.000 personnes en situation de handicap, ce qui représenterait 4% de la population mahoraise, contre 10% au niveau national. Le chemin est donc encore long, même si une volonté de fer anime celles et ceux qui le foulent.
Le président de la Croix-Rouge française, Philippe Da Costa, s'est rendu dans le quartier Gnambotiti à Passamaïnty pour voir le travail des équipes locales.
Le président national de la Croix-Rouge française, Philippe Da Costa, était en déplacement à Mayotte, entre jeudi et dimanche. Visites des locaux de Passamaïnty, sur le terrain dans les quartiers, les centres de vaccination, rencontres avec les élus ou les équipes de volontaires, celui-ci n’a pas eu trop le temps de visiter l’île.
Un comité d’accueil attend la délégation sur les hauteurs de Passamaïnty. Autour de la borne fontaine, les enfants et les bouénis se rassemblent sous une chaleur écrasante, mais dans la bonne humeur. Ils aperçoivent enfin la délégation de la Croix-Rouge française entourant Philippe Da Costa arriver au sommet. Déjà venu en 2010, celui qui est devenu président de l’association en septembre 2021 tenait à revenir. La petite place du quartier Gnambotiti n’a pas été choisie au hasard. Le service eau, hygiène et assainissement de la Croix-Rouge intervient fréquemment sur ce point. “On facilite l’accès à l’eau potable, favorise le respect de l’hygiène et aide à lutter contre les maladies”, explique Boueni Djadi Djaauffar, l’animatrice du service qui vient à la rencontre des habitants “au moins une fois par mois”. Aimable et enthousiaste, le président écoute attentivement les exlications de l’animatrice, puis la pièce de théâtre en shimaroé préparée par les volontaires.
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Les volontaires locaux ont préparé une pièce de théâtre pour rappeler l'importance d'utiliser des bidons avec
bouchons afin d'éviter le développement des moustiques.
Plus de 300 bénévoles de la Croix-Rouge sont présents sur l'île.
Avant la visite de terrain, Philippe Da Costa a rencontré les équipes du siège à Passamaïnty
Un calendrier très chargé sur quatre jours
“La première raison de ma venue, c’est pour remercier les volontaires pour leur engagement sans faille », fait remarquer le président au cours de la visite. “Je tiens à le saluer parce que vous savez que nous sommes le premier acteur privé non lucratif à être engagé aux côtés des services qui déploient la vaccination sur le territoire national. Deuxièmement, c’est l’occasion de rencontrer les autorités et de parler des projets que nous souhaitons développer. » En effet, le calendrier de Philippe Da Costa est particulièrement chargé. Avec Gaëlle Nerbard, la directrice de la Croix-Rouge en Outre-mer, il doit enchaîner les visites sur le terrain et les rencontres avec le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni, ou le préfet Thierry Suquet. Sans oublier de passer du temps avec les volontaires, qu’ils soient bénévoles ou salariés. “Il est très important que l ’emblème de la Croix-Rouge soit présent sur l’ensemble des départements. Nous sommes les seuls à être présents sur tous les départements ultramarins”, fait-il valoir.
Une présence de plus en plus forte sur le territoire
Avec 300 bénévoles et pratiquement une centaine de salariés, la Croix-Rouge mahoraise est de plus en plus présente dans les quartiers de l’île. “Nous avons un rôle vis-à-vis de l’ensemble des populations, comme nous le voyons ici, avec des programmes autour de la nutrition infantile, autour de l’eau, de l’éducation à l’hygiène. Ce sont des besoins évidents”, détaille Philippe Da Costa. Selon lui, le rôle de la Croix-Rouge est d’autant plus primordial au vu “des défis et enjeux du moment. Les questions climatiques, cycloniques, y compris les volcans sont un univers auquel les populations doivent être préparées. Et préparer les populations aux risques, c’est une mission que la Croix-Rouge française sait faire”.
Ils ont été le ciment de la société mahoraise pendant plusieurs générations. Les aînés, autrefois placés au sommet de l’échelle sociétale, sont aujourd’hui relégués au second plan. Ils perdent petit à petit leur pouvoir, et leur regard sur les générations plus jeunes est de plus en plus critique.
« De nos jours le respect des ainés n’existe plus. » C’est avec amertume que Hamida, âgée de 82 ans, évoque le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Au fil des années, elle a observé, impuissante, les personnes âgées comme elle mises de côté par la jeune génération. Même si elle comprend l’envie des jeunes de se faire une place dans la société, elle regrette le comportement de certains. « Les enfants veulent commander à la place des parents. À mon époque, nos parents décidaient pour nous et on acceptait sans rien dire », raconte-t-elle. C’est ainsi qu’elle se maria avec un homme qu’elle ne connaissait pas à seulement 16 ans alors qu’elle en aimait un autre. « Il allait demander ma main à ma famille mais celle-ci n’a pas voulu de lui parce qu’il était pauvre. Mon grand-frère a trouvé un autre prétendant de notre rang social et je n’ai pas eu mon mot à dire. J’ai dû accepter et je n’avais pas le droit d’être en colère parce que c’était mon aîné qui avait pris la décision », se souvient-elle. Si l’histoire de cette grand-mère peut paraitre anecdotique aujourd’hui, elle était monnaie courante à l’époque de sa jeunesse. Les mariages arrangés définissaient en partie les anciennes générations, et cela semblait normal.
Aujourd’hui, même s’ils existent encore dans la société mahoraise, ce n’est plus la norme. « Les jeunes de maintenant ont raison de choisir eux-mêmes leur partenaire. Je n’ai jamais imposé qui que ce soit à mes enfants », affirme Hamida. Le couple typique mahorais a également été sujet au changement. Si les adultes de la famille, et parfois même du village, avaient un droit de regard sur la relation conjugale, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Du moins, pas officiellement. « Quand j’avais un problème avec mon mari, les aînés de la famille nous réconciliaient automatiquement et je devais écouter ce qu’ils me disaient », indique Hamida. Une situation inimaginable aujourd’hui pour certains couples. « Quand je me suis marié j’ai immédiatement prévenu mes proches. Je leur ai dit que ce qui se passait dans mon couple ne concernerait que ma femme et moi », indique Fardi, du haut de ses 27 ans.
« Les anciens ne prennent pas assez leur place »
Cette évolution des coutumes mahoraises est en général perçue de manière positive par les anciens de l’île, mais d’autres aspects de l’occidentalisation ne sont pas vus d’un bon ?il, à l’exemple des tenues vestimentaires des femmes qui ont sans aucun doute évolué au fil des années. « Avant on couvrait le corps avec un salouva et un châle en toutes circonstances. Seul l’époux avait le droit de nous voir. Aujourd’hui les filles sortent à moitié nues et tout le monde trouve cela normal. C’est désolant… », fait remarquer Soraya, âgée de 77 ans. L’installation progressive des habitudes occidentales sont à l’origine de l’évolution des pratiques de la jeunesse mahoraise. Cependant, toutes les personnes âgées ne tiennent pas la France pour coupable de ces changements. « L’arrivée de la France a été une bonne chose pour nous. Elle a su nous prendre en main et son influence n’est pas forcément négative », soutient Hamida. Et à Soraya d’ajouter, « Les Mzungus ne sont pas responsables du comportement de nos enfants. Nos jeunes n’étaient pas obligés de les imiter mais ce sont les parents qui ont laissé faire », soupire Soraya.
Des parents qui n’ont visiblement plus d’autorité sur leurs progénitures. « Les anciens ne prennent pas assez leur place. Aujourd’hui ce sont les jeunes qui prennent le dessus. Ils s’expriment et donnent le tempo. On tend vers une société qui se base sur le jeunisme », constate Combo Abdallah Combo, sociologue mahorais. Et ce phénomène prendra de l’ampleur dans les prochaines années, comme l’affirme la psychologue clinicienne et écrivaine mahoraise, Rozette Yssouf. « Dans le futur, les aînés vont petit à petit perdre leur pouvoir et leur aura, ils ne seront plus écoutés. La place sera pour les jeunes qui en veulent, et ont une vision différente de Mayotte de demain. » Nos anciens sont-ils condamnés à être oubliés par les prochaines jeunes générations ? C’est du moins ce qui est présagé par les observateurs de la société et les principaux concernés, mais le combat pour trouver le juste équilibre n’est pas perdu.
Retrouvez l’intégralité du dossier consacré à l’identité de la jeunesse mahoraise dans le Mayotte Hebdo n°987, accessible gratuitement en ligne.
Benoît Rousseau, vice-président du tribunal de Mamoudzou, fera office de juge départiteur au sein du premier conseil des prud’hommes de Mayotte.
Vendredi dernier a vu l’installation officielle du premier conseil des prud’hommes de Mayotte. Son intronisation a eu lieu au tribunal de grande instance de Mamoudzou et, l’après-midi, une « journée de la prud’homie » était organisée dans l’amphithéâtre du lycée des Lumières de Kaweni en présence des grandes personnalités politiques et judiciaires de l’île pour expliquer les missions de cette nouvelle instance.
« C’est une journée historique pour Mayotte », a affirmé avec enthousiasme Gaëlle Biguet, la présidente du premier conseil des prud’hommes de Mayotte. Cette instance composée de juges non professionnels est chargée de régler les litiges entre employeurs et salariés. Elle est composée d’un collège de salariés et d’un collège d’employeurs disposant du même nombre de voix. Les conseillers prud’homaux de l’île au lagon sont au nombre de 28. Si cette instance est de règle depuis de nombreuses années en France métropolitaine, elle n’était pas encore en place à Mayotte qui, département depuis seulement 2011, n’est pas encore alignée au droit national dans tous les domaines.
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Ben Issa Ousseni, président du conseil départemental, a estimé que la mise en place de ce conseil était "une
victoire pour les Mahorais dans leur combat pour devenir des Français à part entière".
Le préfet Thierry Suquet a insisté sur le fait que
l’installation du conseil des prud’hommes parachevait
l’application à 100% du code du travail français à
Mayotte.
L’après-midi au lycée des Lumières a été consacré à la présentation des différentes missions des conseillers
prud’homaux dont un grand nombre sont des femmes.
Gaëlle Biguet, la présidente du conseil aux côtés de sa vice-présidente Ambaria Madi.
Auparavant, les litiges entre employeurs et salariés étaient réglés par le tribunal du travail que le conseil des prud’hommes vient désormais remplacer. « La mise en place du conseil des prud’hommes vient parachever pleinement l’application du code du travail à Mayotte qui a débuté le 1er janvier 2018. Ce fut long, mais nous y sommes enfin ! », s’est félicité le préfet Thierry Suquet, naturellement présent à la journée de la prud’homie qui s’est déroulée le vendredi après-midi au lycée des Lumières. Plusieurs autres personnalités officielles ont également fait un discours pour insister sur l’importance de cette journée. « L’installation de ce conseil est une victoire des Mahorais dans leur combat historique pour devenir des Français à part entière », a notamment précisé Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental.
Une instance spécialisée dans le règlement des litiges dans le privé
Le conseil des prud’hommes est spécialisé dans le règlement des litiges concernant les contrats de droit privé. Le secteur public n’est donc pas concerné. Pour le moment, ce conseil est installé dans les locaux de la chambre d’appel de Mamoudzou en attendant la livraison de ses propres locaux au niveau du tribunal judiciaire en zone Nel. « Nous pensons avoir terminé de traiter tous les dossiers de 2021 d’ici le mois de juin 2022 », a déclaré Gaëlle Biguet, la présidente de ce nouveau conseil qui est également la directrice du centre d’affaire de Mamoudzou. En 2022, déjà 35 dossiers ont été saisi par le greffe.
« Bien que nous ne soyons pas des magistrats professionnels, nous sommes des professionnels des relations sociales : avant de juger, nous incitons à la conciliation. Notre but est de « faire s’entendre des parties qui ne veulent pas s’écouter » », a dévoilé la présidente. Les citoyens seront donc jugés par leurs pairs. En cas de voix égales, un juge départiteur, professionnel pour sa part, est chargé de départager les voix. À Mayotte, ce rôle sera joué par Benoît Rousseau, le vice-président du tribunal de grande instance de Mamoudzou.
Au cours de la journée de vendredi, les partenaires sociaux ont été également mis à l’honneur puisque ce sont eux qui ont impulsé la mise en place de conseil afin que les Mahorais soient jugés comme des Français à part entière. « Réclamé par les partenaires sociaux depuis 2017, nous pouvons nous enorgueillir de donner corps à l’expression du droit made in France et d’offrir à chaque habitant de France le même accès à la justice, l’égalité devant la loi », a conclu Gaëlle Biguet.
Ce samedi 19 février, le service de lutte contre les violences sexuelles et sexistes dans le milieu sport de Profession Sport Loisirs Mayotte, avec le soutien de la délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports, de l’agence régionale de santé, de la direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes, de la Politique de la ville et du ministère des Outre-mer, organise une conférence à la MJC de Tsoundzou II de 8h30 à 13h à destination des dirigeants des clubs sportifs.
Il s’agit de présenter à ces derniers les missions de ce service afin de pouvoir collaborer dans les mois à venir. L’idée est de former toute personne susceptible d’intervenir dans un club de sport (coachs, bénévoles, membres du bureau, staff médical) et de sensibiliser les sportifs à la problématique des violences sexuelles en milieu sportifs. Le but ici est de leur faire comprendre leurs droits pour les protéger à l’avenir et/ou de libérer la parole de celles et ceux qui auraient subi ce type de violences.
En partenariat avec la commune de Bandrele et l’association Mama Chingo, l’école Musique à Mayotte organise ce samedi à 16h à la médiathèque un événement autour de l’instrument traditionnel Masheve, dont l’art a été transmis Ansufati Velou qui présidera la quatrième édition de ce concours. Pas moins de vingt-deux élèves en option musique du collège de M’Gombani concourent cette année. Au programme : un accueil au son des mbiwi, un film sur la fabrication du sel, le 1er tour du concours, une danse Shakacha par les élèves pendant la délibération du jury avant la grande finale.
Au cours d’une mission de suivi des populations d’holothuries, lundi dernier, les agents du Parc naturel marin de Mayotte ont observé deux filets de pêche posés sans surveillance entre l’îlot Sada et la plage.
Ces deux filets, marqués par des bouées non identifiées étaient étendus sur 70 mètres de long chacun dans une zone récifale par 20 mètres de fonds. Comme aucun pêcheur ni aucune embarcation n’était visible dans le secteur, un inspecteur de l’environnement du Parc a procédé à son appréhension. Lors de la remontée du filet, les équipes ont pu observer du corail piégé dans ses mailles : ce dernier a été aussitôt remis à l’eau. Malheureusement, le corail, une fois cassé, a peu de chance de survie.
Pour rappel, à Mayotte, la pêche au filet n’est autorisée que pour les pêcheurs professionnels et dans certaines conditions : immatriculation du filet par le numéro du navire, signalement par des bouées de jour et par des feux de nuit, filet ayant été déclaré auprès des affaires maritimes.
La présence permanente du navire de pêche à moins de 100 mètres du filet est obligatoire afin d’éviter tout risque de capture d’espèces réglementées telles que le napoléon, le perroquet à bosse, la raie manta, le grand requin marteau, les tortues marines, les cétacés, les dugongs et d’autres espèces (liste complète dans l’arrêté préfectoral n°2018/DMSOI/601 du 28 juin 2018).
Par ailleurs, dans le lagon la pêche au filet est limitée à la capture des poissons pélagiques comme les pêche-cavales, les bonites ou les bécunes (makro, pwéré ou miché en shimaoré). Les prises accessoires (= autres espèces) ne doivent pas représenter plus de 20% des captures sinon elles doivent être rejetées vivantes afin de pouvoir assurer un renouvellement des ressources.
De plus, la pêche au filet est interdite dans les zones et chenaux internes des mangroves, à l’aplomb des zones d’herbiers et de récifs coralliens vivants afin d’éviter les prises accidentelles et la destruction directe d’espèces dans ces lieux clés de nourrissage et de nurseries marines.
Les contrevenants sont passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à 22.500 euros d’amende.
Dans le cadre du plan Langue du ministère de l’Éducation nationale et de la politique d’ouverture à l’international du recteur, une section internationale britannique ouvrira à la rentrée 2022 à Mayotte. Elle est le fruit d’un partenariat entre deux États, la France et la Grande-Bretagne. Celle-ci vise à accueillir des élèves des deux pays au sein d’une même classe. Elle regroupera une vingtaine d’élèves du territoire attestant de compétences avérées en langue, littérature, civilisation et culture britanniques au collège Frédéric D’Achery de Koungou. Une moitié des cours d’histoire géographie se fera en anglais et portera sur le programme britannique. L’autre moitié, en français, se déroulera selon le programme habituel. Le corps enseignant sera constitué de binationaux. À terme, un volet mobilité sera aussi intégré. En complément du partenariat avec un établissement scolaire britannique, un échange d’élèves en séjour d’études sera aussi mis en place.
Pour être admis dans la section internationale britannique, les élèves de tout le territoire seront sélectionnés sur dossier ou passeront un examen attestant de leurs compétences dans la langue et la culture de ladite section. Au collège, la section internationale débouchera sur un diplôme national du brevet mention « internationale » (DNBI). Il permettra une poursuite en lycée (Lycée des Lumières à la rentrée 2023) en vue d’obtenir un baccalauréat français international (BFI) à l’horizon 2024-2025.
Il s’agit là d’une première dans l’académie. En plus de l’anglais, des projets similaires en espagnol et arabe, sont en cours d’élaboration pour un déploiement dans trois autres collèges de l’île : M’tsamboro, M’gombani et Dembéni.
Le collège de Dembéni est confronté à une vague d’arrêts de travail ces derniers jours. Les secrétaires, comme une part importante d’enseignants, ne pouvaient se rendre au travail ce jeudi. Une situation à mettre en relation avec le climat pesant sur l’établissement scolaire. Une partie du personnel, en effet, est en conflit avec la direction. Malgré l’intervention du rectorat en décembre et une nouvelle tentative de médiation, mardi matin, le problème n’est toujours pas réglé.
Tout comme à l’extérieur d’ailleurs, puisque des parents d’élèves manifestent toujours à l’entrée. “On sera là tant qu’il n’y aura pas de médiation avec nous”, rappelle Adidja Fatihoussoundi. Cette ancienne maman d’un élève de Zakia Madi garde la confiance des autres mères. Celle-ci raconte d’ailleurs que l’une d’entre elles a été convoquée par la direction à cause d’une pancarte réalisée et tenue par un élève. Cette dernière a été jugée insultante par le chef d’établissement, ce qui ne risque pas d’apaiser les tensions
Olivier Brahic sort de sa première vague en tant que directeur de l'Agence régionale de santé de Mayotte.
L’agence régionale de santé de Mayotte a confirmé, ce jeudi, ce que les indicateurs soulignent ces dernières semaines. La vague du variant Omicron est désormais passée. Il reste maintenant à convaincre la population de continuer à se faire vacciner dans la cas d’apparition de nouveaux variants du Covid-19.
Avec un taux d’incidence à 25 cas pour 100.000 habitants, la population mahoraise voit la menace représentée par le variant Omicron s’éloigner un peu plus. Un soulagement pour le territoire ultramarin dont le premier cas lié à cette nouvelle souche a été détecté le 14 décembre. “On était face une falaise digne des montagnes des Alpes”, utilise comme métaphore Olivier Brahic, le directeur de l’agence régionale de santé de Mayotte. Alors que le variant Delta s’était propagé, celui d’Omicron « avait le champ libre” pour se développer. En janvier, le pic épidémique entraînait un taux d’incidence de 2.645 cas pour 100.000 habitants. “En comparaison, il était de 872 au plus fort de la vague Beta”, dévoile le successeur de Dominique Voynet, désormais retraitée.
La campagne de vaccination continue en cas d’arrivée de nouveaux variants après Omicron.
Malgré un variant bien plus contagieux, le milieu médical qui se préparait au pire n’a pas vu une explosion du nombre d’hospitalisations. Le nombre de décès se limite d’ailleurs “à quelques éléments”. ”La bataille contre la vague Omicron est gagnée, mais celle contre le coronavirus n’est pas finie”, rappelle le directeur. Pour expliquer ce contexte favorable, il met en exergue la campagne de dépistages réalisée en décembre et janvier. “On n’a jamais autant dépisté à Mayotte. Il y a eu un très haut niveau de tests”, argue-t-il, avant de remercier l’ensemble des professionnels de santé pour “leur mobilisation extraordinaire”. Avec 6.000 doses de vaccin injectées par semaine, la vaccination aussi a été très importante sur l’île. À ce jour, 92,3% des plus de 12 ans ont reçu au moins une dose et 81% ont un schéma vaccinal complet.
La vaccination toujours à l’ordre du jour
Est-ce que justement la vaccination est toujours utile avec cette vague Omicron qui quitte le rivage mahorais ? La réponse est oui affirme le directeur, qui veut que tout soit fait pour éviter un relâchement et qui en fait “un cheval de bataille”. “On doit faire une campagne de communication pour la troisième dose, avec un appui conséquent des communes”, prévient Olivier Brahic. “On n’est pas à l’abri d’une reprise et de l’arrivée de nouveaux variants. » Le nombre de doses Pfizer disponibles permettrait ainsi de vacciner pendant des mois encore. Félicitant “l’engagement de la population”, il approuve l’allégement des contraintes liées à la crise sanitaire. Il ne manque plus qu’à organiser de grandes fêtes sans jauge pour célébrer tout ça.
Des grands travaux à l’hôpital de Mamoudzou
Profitant de cette conférence de presse, ce jeudi, le directeur de l’ARS Mayotte a fait le point sur les chantiers à venir, et notamment celui du centre hospitalier de Mamoudzou. Au cours de l’année, il compte augmenter la capacité de la maternité, refaire les chambres d’hospitalisations à neuf et voir un bâtiment sortir de terre pour l’hôpital de jour. Sur Petite-Terre, une unité de soins psychiatriques devrait voir le jour. Il compte aussi sur le futur site de Combani (voir par ailleurs) pour augmenter l’offre de soins sur Mayotte, même s’il reconnaît qu’il faudra améliorer l’attractivité de l’île pour que des professionnels de santé viennent y travailler. Enfin, il se félicite que le maillage s’améliore avec l’arrivée prévue d’une clinique privée sur Chirongui et pour laquelle l’agence régionale de santé a donné son accord.
Ce jeudi 17 février matin à la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL), le préfet Thierry Suquet a dressé un premier bilan des actions mises en œuvre dans le cadre du pacte de sauvegarde des tortues marines signé fin 2020. Les six partenaires associés étaient présents, à l’exception du conseil départemental dont l’absence n’est pas passée inaperçue. La meilleure surveillance des plages induite notamment par ce pacte a permis de constater une baisse significative des actes de braconnages.
Mayotte est considéré comme l’un des archipels les plus fréquentés au monde par les tortues marines, dont les différentes espèces sont en danger d’extinction, voire en danger critique d’extinction pour certaines. « Chaque année, Mayotte accueille entre 3.000 et 5.000 tortues venues pondre sur l’une de ses 200 plages », rappelle le préfet Thierry Suquet lors du bilan du pacte de sauvegarde des tortues dressé ce jeudi 17 février à la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement. Si cinq espèces de tortues y ont été recensées, seules les tortues vertes et imbriquées s’y alimentent et s’y reproduisent toute l’année. A contrarion, la présence de tortues caouannes, olivâtres et luths est plus épisodique.
Michel Charpentier, président des Naturalistes
Si les tortues payent un lourd tribut aux activités humaines engendrant pollution et destruction de son habitat, la principale menace qui pèse sur elles reste le braconnage. En effet, la consommation de viande de tortue demeure traditionnelle sur le territoire et certaines personnes continuent d’acheter très cher (en moyenne 50 euros le kilo) ce met en toute illégalité, faisant le bonheur des braconniers. Si ces derniers sont punis de plus en plus sévèrement par le tribunal lorsqu’ils sont interpelés, l’aspect lucratif de ce trafic fait que la chasse aux tortues perdure malgré tout.
Une meilleure surveillance des plages la nuit
Le pacte de sauvegarde des tortues a permis la mise en place de plusieurs moyens pour limiter le braconnage. Deux grandes associations de protection de la nature, Oulanga Na Nyamba et les Naturalistes, ont été missionnées pour assurer la surveillance des principales plages de ponte. Ils travaillent en étroite collaboration avec la police et la gendarmerie maritime pour que ces dernières puissent procéder aux interpellations des braconniers repérés par leurs soins. « Nos équipes surveillent les plages la nuit et repèrent les carapaces de tortues braconnées le jour afin de dresser un bilan chiffré des animaux victimes de ces méfaits », explique Ali Mounir, le coordinateur chargé de la protection des tortues au sein de l’association Oulanga Na Nyamba.
François-Elie Paute et Ali Mounir de l’association Oulanga Na Nyamba
Si les chiffres exacts n’ont pas encore été révélés, l’association a pu signaler neuf cas de braconnages depuis le début de l’année 2021. « Les forces de l’ordre sont intervenues à sept reprises et six suspects ont pu être interpelés. Cinq d’entre eux ont été condamnés », révèle Ali Mounir. « Nos actions ont également permis de mieux comprendre les techniques des braconniers afin de mieux les repérer », précise quant à lui François-Elie Paute, le chargé d’études scientifiques de l’association, qui affirme que les actions mises en œuvre dans le cadre du pacte ont déjà permis une baisse significative des actes de braconnages depuis sa mise en œuvre même si les statistiques exactes restent à établir.
Étendre la surveillance en 2022
« L’objectif en 2022 est d’étendre la surveillance à plusieurs autres plages », ajoute le chargé de mission scientifique. Les deux associations se sont réparties la surveillance des plages, Oulanga Na Nyamba s’occupant des plages de Petite-Terre et de l’ouest et les Naturalistes celles du sud. En parallèle, ces structures assurent une sensibilisation du public en particulier en milieu scolaire. À la fin de ce bilan, Thierry Suquet a signé deux arrêtés préfectoraux de protection du biotope visant à assurer la préservation des lieux de ponte des tortues : il s’agit des plages de Saziley-Charifou et de Papani-Moya.
À l’occasion de la visite du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, à La Réunion en début de semaine, l’union régionale des professionnels de santé (URPS) Infirmiers de l’océan Indien s’est entretenue avec son conseiller santé lundi après-midi. Une réunion à laquelle a pris part en visioconférence Ismaël El Habib, vice-président élu le 4 juin dernier, qui a pu remonter les spécificités du 101ème département.
Flash Infos : Que retenez-vous de l’échange entre l’URPS Infirmiers océan Indien et le conseiller santé du ministre des Outre-mer à La Réunion ?
Ismaël El Habib : Nous sommes rassurés dans le sens où pour une fois, on nous a bien écoutés ! Sur l’heure d’entretien qui nous a été accordée, nous avons pu exposer un certain nombre de points pendant 40-50 minutes. D’habitude, c’est plutôt l’inverse… Nous avons fait remonter les problématiques rencontrées par les collègues et les patients. Il a pris note de nos revendications. Maintenant, nous attendons les actes ! Malheureusement, il sera difficile de faire bouger les lignes dans l’immédiateté en raison de la campagne présidentielle. S’il y a du mouvement, ce sera après l’élection du mois d’avril, mais il va faire en sorte que nos doléances soient stipulées dans le programme électoral. À suivre donc…
FI : Vous avez pu mettre en lumière des problématiques spécifiques à Mayotte, notamment l’insécurité à laquelle sont confrontés les professionnels de santé.
I. E. H. : C’est de plus en plus compliqué pour les collègues qui travaillent dans le secteur de Mamoudzou ! Certains bouclent leur tournée avant 18h pour ne pas être confrontés aux violences urbaines qui sévissent à la tombée de la nuit. D’autres se déplacent en deux roues à cause des embouteillages chroniques, mais ils ne peuvent transporter l’intégralité de leur matériel. Dans ces conditions, la prise en charge devient forcément problématique…
Ce climat délétère ne se situe pas uniquement dans la ville chef-lieu. Sur Combani, il y a des patients à qui nous ne pouvons pas rendre visite pendant deux ou trois jours d’affilée, voire pendant même une semaine, en raison des zones de non-droit qui nous empêchent de nous déplacer sur place. Et même quand le calme revient, certains infirmiers n’osent même plus s’y rendre tellement ils ont la boule au ventre ! Notre interlocuteur a dit que l’État faisait le nécessaire pour gérer la situation en dépêchant des militaires. Mais nous avons plutôt l’impression qu’ils assistent impuissamment à toute cette violence
FI : Vous avez également profité de votre intervention pour interpeller sur les problèmes d’accès aux soins et sur la rupture de continuité des soins…
I. E. H. : En période de pluie, il est difficile de rejoindre certaines habitations isolées dans les hauteurs. Sans route, certains infirmiers doivent faire le trajet à pied, avec de l’eau jusqu’aux genoux… Ces conditions nous fatiguent et impactent notre moral ! Sans oublier les coupures d’eau qui empêchent de réaliser une toilette. C’est inhumain. Idem pour les coupures d’électricité, comme celle vécu lundi dernier, qui rendent la manipulation difficile chez les patients alités et grabataires.
L’autre problématique concerne les patients sujets à une expiration de leur titre de séjour. Si une personne tombe malade deux ou trois semaines avant la date fatidique et que les soins prescrits par le médecin doivent durer un mois, elle n’a plus de couverture sociale. Déontologiquement, nous ne pouvons pas l’abandonner ! Conséquence : nous nous débrouillons avec les moyens du bord, nous avançons personnellement le matériel. Pourquoi ne pas le prolonger de quelques jours jusqu’à la guérison ? Nous ne demandons pas un renouvellement, mais un ticket modérateur pour poursuivre la prise en charge jusqu’à son terme.
FI : D’un point de vue plus général, comment analysez-vous les effectifs des infirmiers libéraux dans le 101ème département ?
I. E. H. : Nous recensons à peu près 150-160 infirmiers libéraux, remplaçants compris, sur l’ensemble de l’île. C’est en constante évolution, de nouvelles autorisations sont attribuées chaque année et tous les départs sont compensés. Néanmoins, nous avons besoin de davantage de création de cabinets. Pour rappel, tout le territoire est placé en zone sous-dotée. Cela sous-entend qu’il existe de nombreuses aides et mesures pour inciter à l’installation ou pour toucher une compensation en cas de chiffre d’affaires non atteint.
Même si la majorité de nos infirmiers sont des locaux, il y a toujours un manque. Heureusement, ce n’est pas autant que chez les spécialistes et les généralistes. Ces contrats incitatifs ne changent pas la donne pour eux ! Nous souffrons énormément de ce désert médical, qui, je le précise, n’est pas spécifique à Mayotte. Exemple : lorsqu’un décès survient au domicile, le médecin ne vient quasiment jamais le constater instantanément pour la simple et bonne raison qu’il est débordé. Il faut parfois attendre jusqu’à quatre jours… On nous délègue cette tâche, mais celle-ci ne rentre pas dans notre champ de compétences. Nous ne pouvons pas rédiger le certificat.
Nous espérons que les choses s’amélioreront, mais je peux comprendre que les professionnels de santé ne veulent pas venir ou ne souhaitent plus rester. Toute cette attractivité repose sur les épaules des autorités sanitaires et gouvernementales.
FI : Quels les points sur lesquels vous allez apporter une attention toute particulière à court terme ?
I. E. H. : Nous attendons avec impatience l’e-santé, une stratégie nationale portée par le ministère de la Santé qui va nous permettre de numériser les dossiers et de communiquer de manière sécurisée entre professionnels de santé. Nous espérons ne pas accuser de retard et bénéficier de cet outil en même temps que la métropole et les autres territoires ultramarins. Entre le désert médical et le manque d’infrastructures, cela nous poussera à travailler en collaboration et à améliorer l’offre de soins.
Même son de cloche concernant la CMU. Son déploiement avait été annoncé en 2019 par l’ancienne ministre des Outre-mer, Annick Girardin. Malheureusement, nous ne voyons toujours pas le bout du tunnel et nous n’avons toujours pas de planning établi…
Amina Lihadji Djoumoi, la présidente du collectif Ré-MaA, a pu rencontrer que furtivement le ministre des
Outre-mer, Sébastien Lecornu
Pendant la visite de Sébastien Lecornu à La Réunion, cette semaine, des associations mahoraises ont eu l’opportunité de rencontrer le chef de cabinet du ministre des Outre-mer et le directeur de cabinet du préfet de La Réunion, ce mardi. La question de l’insécurité à la fois à Mayotte et à La Réunion a été abordée.
Si Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer, n’est pas venu à Mayotte, ce sont les Mahorais qui sont allés à sa rencontre au cours de son déplacement à La Réunion, cette semaine. Une délégation composée de membres du collectif Ré-MaA (Résistance Réunion/Mayotte en action), Mayotte en souffrance et de la FAMR (fédération des associations mahoraises de La Réunion) a rencontré son chef de cabinet, mardi après-midi, pour lui exposer les problèmes d’insécurité à Mayotte et la situation des Mahorais à La Réunion. “J’ai fait comprendre d’entrée à Monsieur Ziad Gebran (chef du cabinet ministériel des Outre-mer) qui nous a reçu avec son collègue du cabinet du préfet, qu’ils n’ont pas à faire à nos élus “oui-oui” soucieux de se faire bien voir, mais à des citoyens inquiets et dévastés par la situation chaotique sur leur île, qui commence à se déverser à La Réunion déstabilisant un vivre ensemble qu’on a eu du mal à instaurer durant des années, qu’on a besoin d’actions et d’assurance pour vivre sereinement”, raconte sur la page Facebook du collectif Ré-MaA, la présidente, Amina Lihadji Djoumoi.
Entouré des membres du collectif Ré-MaA, le chef du cabinet du ministre Ziad Gebran a écouté leurs avis sur Mayotte.
Celle-ci fait référence à la vague d’insécurité qui a touché l’île de l’océan Indien et dont les Mahorais étaient jugés responsables (voir Flash Infos du 25 janvier). Le mois dernier, le maire de Saint-Benoît Patrice Selly évoquait ainsi le quartier de Bras-Fusil où Mahorais, Comoriens et Malgaches se sont installés au fil du temps : « Bras-Fusil est un quartier qui a été communautarisé avec des difficultés d’intégration, des modèles sociaux et familiaux différents, et une démission totale des parents, pour certaines familles. » Alors que le territoire était en pleine période de confinement, des bandes de dizaines de jeunes s’en prenaient effectivement aux passants. Une situation qui s’est calmée depuis, mais pour laquelle les associations de Mahorais restent vigilantes.
Des propositions envoyées au cabinet directement
L’inquiétude des Mahorais à La Réunion se conjugue ainsi avec une autre plus grande pour l’île aux parfums. Rappelant que trois homicides ont récemment eu lieu, Abdou-Roihmane Zoubert, le secrétaire du collectif Ré-MaA, a vu un chef de cabinet “sur la défensive”. ”Il a défendu le bilan d’Emmanuel Macron”, résume le jeune homme. ”On l’a alerté sur le fait que les procédures judiciaires sont si longues que des Mahorais préfèrent ne pas porter plainte”, continue-t-il. “Sur ce point-là, il était totalement d’accord avec nous.” Prêt à écouter les propositions des Mahorais autour de la table, le chef de cabinet leur a conseillé de tout mettre par écrit et de leur envoyer. Selon le secrétaire du collectif, ce sentiment d’insécurité pousserait les Mahorais à rester à La Réunion, “alors qu’on veut rentrer chez nous”. En attendant, les associations se retrouveront ce samedi matin, de 7h à 13h, devant la préfecture de La Réunion, à Saint-Denis. Ils reprendront ainsi une habitude abandonnée provisoirement quand l’île a été fortement touchée par le coronavirus.
Il y a deux semaines, Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, annonçait la sélection du site de Combani pour la construction du second hôpital de Mayotte, après des études menées par l’agence régionale de santé et le CNIS (comité national de l’investissement en santé). Si le projet en est encore au stade de l’étude, le premier coup de pioche est prévu pour 2025, et permettra une décentralisation des lits et des patients sur l’île.
Un « projet majeur de transformation du tissu hospitalier de l’île au bénéfice de la santé des Mahoraises et des Mahorais », rien de moins. Voilà ce qu’a déclaré Sébastien Lecornu le 1er février dernier, lors du choix de Combani pour l’implantation du nouvel hôpital de Mayotte. Ce sera le deuxième de l’île au lagon, après le CHM de Mamoudzou, et le troisième établissement de santé d’importance si l’on compte le site Martial Henry en Petite-Terre, néanmoins antenne du centre hospitalier de Mayotte. S’il faudra attendre 2025 pour voir les premières pierres de ce bâtiment surgir de terre, la nouvelle technopole de santé représentera une aubaine pour les habitants du département, sa croissance démographique étant selon toute vraisemblance encore exponentielle dans les décennies à venir. « L’objectif est d’augmenter les capacités de prise en charge hospitalière sur l’île », réaffirmait le ministre des Outre-mer au début du mois.
Mais le choix de Combani comporte bien d’autres avantages, comme le faisait remarquer Ben Issa Ousseni, président du conseil départemental, dans une lettre à Sébastien Lecornu datée du 5 novembre 2021. Le village « se situe à mi-chemin entre le sud et le nord, à 25 minutes de Mamoudzou, et est souvent présenté à juste raison comme la deuxième capitale économique de Mayotte. Les atouts de cette situation géographique sont nombreux : présence du RSMA, de nombreux services publics de proximité, construction d’un centre commercial important, présence d’une station-service, accès direct vers le port de Longoni… », précisait l’élu de Tsingoni, rappelant que le CD s’était prononcé en faveur de ce site en avril 2021, lors d’une contribution dans le cadre du projet de loi Mayotte. En outre, la présence d’un établissement de santé de cette ampleur permettra aussi de soulager les hôpitaux périphériques de référence de Kahani et de Dzoumogné, qui ne peuvent accueillir qu’un nombre limité de patients.
Une task-force ARS – CHM
Loin de n’être qu’une action menée par le gouvernement et le département, le choix de Combani fait suite à des travaux d’expertise mandatés par l’ARS de Mayotte, qui s’est penchée sur sept sites. Après avoir balayé tous les critères techniques nécessaires à la construction d’un hôpital de grande dimension, c’est donc le village du centre qui a été l’heureux élu. « Le site de Combani présente les intérêts géographiques et morphologiques répondant le mieux aux besoins de ce projet », affirmait Olivier Brahic, directeur général de l’ARS, il y a quelques jours, avant une réunion avec des membres du CNIS, le comité national de l’investissement en santé. Ce dernier enverra d’ailleurs des experts entre le mois de mars et celui d’avril « afin de pouvoir engager les prochaines étapes du projet », en vue d’un dépôt de dossier au mois de juin. C’est seulement après cela qu’arrivera l’appel à projets.
« C’est énorme ! », réagit d’emblée Philippe Enfru, responsable de la promotion immobilière de la Colas Mayotte, face au montant des travaux. Alors que le budget prévisionnel s’élevait au départ à 192 millions d’euros, la facture devrait allègrement dépasser les 200 millions. « Un hôpital, c’est complexe à construire, il faut donc forcément des moyens qu’aucune agence n’a, surtout à Mayotte », analyse Philippe Enfru. « C’est un chantier tellement important que tous les gros vont répondre, ce sera sans doute même géré par les instances nationales. » Le cadre voit juste, puisque les 19 hectares du futur nécessitent une force de frappe financière de premier ordre. Pour engranger les investissements, une « task-force » commune a d’ailleurs été créée entre le CHM et l’ARS. Pour le moment, une aide de 172 millions d’euros est déjà prévue, de la part du fonds pour la modernisation et l’investissement en santé. Le Ségur de la Santé assure également 67 millions supplémentaires pour l’établissement, qui seront cependant utilisés dans le cadre d’autres investissements (voir encadré). Le CNIS apporte en outre son appui constant à cette fameuse task-force.
Ultimement, le deuxième hôpital de Mayotte comportera « entre 380 et 420 lits », selon Olivier Brahic. Le directeur général de l’agence régionale de santé souhaite effectivement copier peu ou prou la capacité du centre hospitalier de Mamoudzou, qui comportait 473 lits en 2020, pour la doubler. De nombreux services seront également dupliqués du chef-lieu à Combani, afin d’avoir le plus grand nombre de pôles médicaux possible. Enfin, l’accès au futur établissement sera rendu possible par une amélioration du réseau routier à l’intérieur du village et sur sa périphérie, sous la responsabilité partagée de l’État, via la DEAL, du département et de la commune de Tsingoni. Après la création récente de la première maison de santé mentale sur leurs terres, les habitants de Combani – et plus généralement du centre de Mayotte – pourront profiter d’une offre de santé locale conséquente d’ici la fin de la décennie. Si le chantier débute bien en 2025.
Retrouvez l’intégralité du dossier sur la commune de Combani dans le Mayotte Hebdo n°986
La fin du golf de Combani ?
Si le site du centre commercial en construction était vierge, celui du nouvel hôpital pourrait bien ne pas l’être. Selon certaines sources, l’établissement de santé prendrait la place de l’actuel golf des ylangs, au nord du village de Combani.
Les projets du CHM en 2022
Outre l’arrivée en avril de Jean-Mathieu Defour, nouveau directeur du CHM en provenance du CH de Bastia, sont prévus un agrandissement du bloc obstétrical et des urgences gynéco obstétriques, l’augmentation du nombre de box de néonatalogie, la mise en place d’une unité dédiée de psychiatrie à Petite-Terre, et l’acquisition d’un second scanner. Pour ces projets d’investissement, le CHM va bénéficier de 134.5 millions d’euros d’aides, dont les 67 millions du Ségur de la Santé.
Selon l’institut d’émission des départements d’Outre-mer, le taux de bancarisation à Mayotte, en fin d’année 2020, est en légère progression, à 67% (+1.2 point sur un an). Cette croissance vient confirmer les prévisions des établissements de crédit locaux qui s’attendent à une plus forte demande d’ouverture de comptes des usagers. Pour autant, ce ratio demeure bien en deçà de celui de La Réunion (240% en 2019). Le 101ème département est également en retard par rapport au nombre de guichets et distributeurs bancaires. On compte 38 guichets bancaires et 79 distributeurs et guichets automatiques (DAB-GAB), concentrés principalement à Mamoudzou et dans les zones de forte chalandise (Centre et Petite-Terre). Malgré quelques nouvelles implantations, la densité bancaire sur le territoire (un guichet pour 7.549 habitants et un DAB-GAB pour 3.631) reste toutefois bien inférieure à celle de La Réunion et encore plus à celle de l’Hexagone.
Au 31 décembre 2021, les émissions nettes cumulées sur l’île aux parfums sont estimées à 37.2 millions de billets pour une valeur globale de 1.902,3 millions d’euros, soit +4,4% en un an (+11.1% en 2020). L’émission nette cumulée de billets par habitant est ainsi passée de 6.592 euros fin 2020 à 6.631 euros fin 2021, soit une variation de +0,6% (contre +11.1% l’année passée). Par ailleurs, on note une forte émission du billet de 50 euros, coupure de thésaurisation à Mayotte, avec une part d’émission en valeur de 66.9% au 31 décembre 2021. En cela, il a un poids significativement plus élevé que dans l’Hexagone (55%) ou dans l’Eurosystème (44.4%) où il constitue principalement une coupure de transaction. On constate ainsi des parts plus faibles pour l’émission des billets de 20, 10 et 5 euros (respectivement 5.8%, 1.4% et 0.1%).
Le maintien d’un recours important des espèces malgré la crise sanitaire s’explique par un faible taux de bancarisation de la population mahoraise (67% en 2020), en lien avec le niveau de revenus (le plus faible PIB/hab. des départements français : 9.706 euros en 2019), la jeunesse de la population (âge médian de 17,5 ans) et des flux migratoires importants vers Mayotte ; l’existence d’une économie souterraine significative, qui ne représente que 9% de la valeur ajoutée (54 millions d’euros en 2015), mais concerne deux tiers des entreprises marchandes (Insee) et 95% de la main d’œuvre agricole en 2016 (DAAF) ; des raisons socioculturelles : forte solidarité familiale, tontines (chikoa), cérémonies civiles et religieuses (mariage, décès, zakat) ; les échanges avec les pays voisins pour des raisons d’assistance à la famille (transferts financiers des migrants vers les Comores et Madagascar) et/ou pour des raisons commerciales (Dubaï et Chine).
La ligue mahoraise de kick-boxing, muaythaï et disciplines associées organise le championnat de Mayotte de kick-boxing kick light 2021-2022 le dimanche 20 février de 9h30 à 16h à la MJC de M’Gombani. À la clé pour les combattants mahorais : un titre local et surtout un ticket pour le championnat de France amateur prévu du vendredi 15 au dimanche 17 avril à la halle Georges Carpentier (5.000 places) à Paris.
Pour rappel, 21 champions de Mayotte avaient rejoint les 1.000 combattants d’Outre-mer et d’Hexagone lors de l’édition 2019. Deux médailles nationales avaient même été remportées par la délégation mahoraise, dont un titre de champion de France.
Pour ce premier championnat de Mayotte post-Covid, 89 combattants de huit clubs de l’île aux parfums, dont 31 filles, des catégories pré-poussins (6-7 ans) aux vétérans (41-50 ans) sont inscrits, et 35 assauts (combats à la touche, KO interdit) sont également programmés.