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Présidentielle 2022 : pas le même débat, mais le même résultat ?

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Huit thèmes ont été abordés pendant les trois heures de débat.

Ce mercredi soir, avait lieu le traditionnel et extrêmement attendu débat de l’entre-deux tours, opposant les deux candidats à la présidence de la République française pour les cinq prochaines années. Si Emmanuel Macron a attaqué cet exercice tambour battant, se posant en donneur de leçons vis-à-vis d’une Marine Le Pen hébétée, la discussion s’est ensuite équilibrée, ce qui a permis aux deux finalistes d’exposer leurs idées, visions et désaccords.

En cette soirée du mercredi 20 avril 2022, nous étions plus de seize millions de personnes devant un écran. Bien plus que le nombre de voix amassées par les deux personnalités que nous regardions. Emmanuel Macron, candidat de La République en marche et accessoirement président de la République sortant, faisait face pour la deuxième fois en cinq ans à Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national. L’on annonçait un débat plus serré qu’en 2017, marqué par les gesticulations de Mme Le Pen, au point que les finalistes aient dû avoir recours à des sparring-partners. La cordialité des débuts laissait ainsi bien vite place au combat.

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Emmanuel Macron n’a pas fait que défendre son bilan. Il a aussi attaqué celui de la députée Marine Le Pen et son programme.

D’entrée de jeu, ce dernier est pour le moins déséquilibré. Emmanuel Macron arbore un doute méprisant lorsque Marine Le Pen se qualifie de « porte-parole des Français » et de « présidente du régalien ». Le président sortant sait que son quinquennat souffre de multiples critiques. Il parle donc de ses erreurs, recroquevillé dans son siège. Au fur et à mesure de sa minute trente d’introduction, l’homme se redresse, comme il compte redresser la France et continuer son fameux projet. Ce jeu particulièrement bien rôdé sert le rôle de donneur de leçons que prend M. Macron, se moquant quand Mme Le Pen affirme qu’elle souhaite « restituer aux Français leur argent ». Cette dernière torpille sa prime de 6.000 euros, car, « dans la vraie vie, un propriétaire ou une banque vous demande votre salaire ». Et, alors qu’Emmanuel Macron lui tient tête, en n’ayant pas toujours raison, mais en appuyant son propos, Marine Le Pen ne rétorque pas, laissant apparaître son adversaire comme le meneur du débat, le plus compétent pour la fonction qu’ils briguent tous les deux.

« La France est un pays mondial, pas continental »

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Un peu hébétée par le répondant de son adversaire, Marine Le Pen a quand même pu s’attarder un peu plus sur le fond par rapport à sa prestation en 2017.

Tout cet apparat aura pris place dans la partie réservée au pouvoir d’achat, préoccupation majeure des Français, qui attendent encore des propositions sur les minima sociaux ou les salaires. Quand vient le tour de l’international, inévitablement relégué à la crise ukrainienne, le président sortant lève le voile sur sa stratégie. Sa concurrente a elle aussi un bilan. « Vous parlez à votre banquier quand vous parlez de la Russie », lance-t-il en référence aux prêts de campagne du RN contractés auprès de banques russes. Au jeu de trouver celui étant le plus complice avec Vladimir Poutine, Mme Le Pen rappelle le faste de la réception du président russe à Versailles en 2017. Mais aussi la supposée « préférence étrangère » du pensionnaire de l’Elysée, qu’elle n’hésite pas à taxer de complotiste au sujet de la sortie de l’Union européenne. « Venant de vous, je trouve ça séduisant », rétorque M. Macron, passablement agacé car se battant « pour la changer, cette Europe ». C’est lors de cette séquence internationale que les Français ultramarins auront la seule miette qui leur sera jetée. « La France est un pays mondial, pas continental », y a affirmé la candidate du Rassemblement national. Pour Mayotte, il faudra attendre un autre débat.

Vient ensuite la question des retraites, qu’Emmanuel Macron voudrait repousser à 65 ans, « une injustice absolument insupportable et injustifiée sur le plan budgétaire » pour Marine Le Pen. Titulaire d’une écrasante majorité chez les plus de 60 ans, le candidat en Marche ne se démonte pas, affirmant qu’il faut « travailler plus » pour « financer beaucoup de progrès » et « rembourser la dette ». Son interlocutrice ne se prive donc pas de lui rappeler plusieurs fois qu’elle a augmenté de 600 milliards durant son quinquennat : « Celui qu’on vous avait présenté comme le Mozart de la finance a un bilan économique très mauvais et un bilan social encore pire ». Sur la crise du Covid-19, le « Comment vous auriez fait ? » d’Emmanuel Macron restera une fois de plus sans réponse.

« Votre programme n’a ni queue ni tête »

Alors que minuit approchait sur l’île au lagon, c’est la question de l’environnement qui est abordée. Marine Le Pen se lance immédiatement dans une opération séduction de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon (l’Union populaire), arrivé troisième à quelques voix de la candidate RN. Face caméra, celle-ci déblatère des mesures à la pelle. C’était la donner à Emmanuel Macron pour se faire enterrer, ce dernier lui lançant un acerbe : « Votre programme n’a ni queue ni tête », lors d’une énième leçon du président sortant sur le mix énergétique français. « Je ne suis pas climatosceptique, mais vous êtes climato-hypocrite », contre-attaque Mme Le Pen. Son interlocuteur n’est en effet pas tout blanc, et encore moins vert. Après s’être alerté d’un ton solennel du rapport du GIEC ne nous laissant plus que trois ans pour garder une planète vivable, M. Macron enjoint son adversaire à « ne pas aller trop vite » dans la planification écologique.

Si le thème du numérique cher au candidat LREM voit ce dernier survoler le débat, Marine Le Pen retombe bien sur ses pattes en dénonçant l’ubérisation des emplois et le besoin urgent d’une « couverture parfaite » de la fibre pour mettre en place l’e-médecine. Mais Emmanuel Macron se targue du nombre de start-ups créées durant son quinquennat, et prône « l’ouverture » et « le marché, le marché, le marché ». L’écologie ? C’était il y a cinq minutes.

« La jeunesse française a tellement souffert », introduit la candidate RN sur le thème de l’éducation, proposant la gratuité des trains pendant les heures creuses aux 18-25 ans, les primes d’Etat aux étudiants qui travaillent, et la fin de la réforme du baccalauréat, très décriée. Même quand elle pourrait avoir raison, par exemple lors d’une pique sur l’affaire McKinsey, Marine Le Pen a tort, restant coite face à un Emmanuel Macron insistant quoi qu’il arrive. « Vous ne vivez que de la peur et du ressentiment », déplore-t-il, usant de son attitude un poil arrogante pour déstabiliser la candidate d’extrême-droite, après avoir rappelé que la revalorisation des salaires des enseignants était entamée et qu’elle continuerait.

Séduire la gauche et les abstentionnistes

La salle devient ensuite le terrain de Marine Le Pen pendant trois thèmes, que les rédactions sollicitées ont cru bon de mettre à la suite : la sécurité, la laïcité et l’immigration. L’occasion pour la candidate du Rassemblement national de dire que « l’immigration anarchique aggrave l’insécurité », et de lâcher les mots « barbarie » et « ensauvagement ». Elle qui déclare « aimer » les policiers oppose dangereusement police et justice, deux pôles que le candidat de La République en marche réunit sur la question des féminicides. Mme Le Pen propose ensuite « sa loi sur la lutte contre l’idéologie islamiste », avec notamment l’interdiction du voile sur la voie publique et la fermeture de 570 mosquées aux prêches dits radicaux. « Vous allez créer une guerre civile », lui répond M. Macron, la taxant de « trahison à l’esprit français » sur la laïcité. « J’ai combattu l’islamisme comme un aucun autre avant moi », s’emporte-t-il.

Dernier thème, qui conclura ces trois longues heures de débat, les institutions. Le président de la République sortant n’a jamais eu recours au référendum ? « Cela doit pouvoir être une option », répond-il. Un changement de constitution ? Hors de question pour le pensionnaire de l’Elysée, qui avoue avoir « échoué » sur la proportionnelle. M. Macron promet en outre « une commission transpartisane » qui aurait pour but de proposer des réformes institutionnelles. « Ça s’appelle l’Assemblée nationale, Monsieur Macron, vous feriez mieux de vous reposer dessus un peu plus », attaque Mme Le Pen. Cette dernière souhaite « une renaissance démocratique », en donnant plus de pouvoirs à la chambre basse française, et en instaurant son fameux RIC à partir de 500.000 signatures.

Alors que les yeux des plus vaillants observateurs clignotent, Emmanuel Macron termine son propos en dépeignant le second tour comme « un référendum pour ou contre » l’Europe, l’écologie, la laïcité, la fraternité. Pour Marine Le Pen, qui fait du pied aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon en taclant son adversaire sur la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF), il faut lutter « en haut et en bas », contre l’optimisation fiscale et les petits délinquants, et imposer « une identité, des valeurs, des traditions, sans complexes ». Aura-t-elle séduit au-delà de son camp ? Emmanuel Macron n’aura-t-il eu qu’à prendre de haut son adversaire pour s’assurer la victoire ? Les réponses seront dorénavant ce dimanche soir.

Dr Youmna Mouhamad : « Nyfasi peut créer une différence dans le monde entier »

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le docteur Youmna Mouhamad a lancé une levée de fonds pour mener à bien son projet de peigne révolutionnaire.

Fondatrice de Nyfasi Deluxe Detangler, une technologie brevetée qui permet aux femmes aux cheveux afros d’appliquer un après-shampoing tout en démêlant, le docteur Youmna Mouhamad vient de lancer une levée de fonds pour récolter 162.000 euros et ainsi pouvoir fabriquer et mettre sur le marché son peigne révolutionnaire. La chercheuse devenue aujourd’hui entrepreneur revient sur son projet, ses objectifs financiers et personnels. Entretien.

Flash Infos : Après avoir reçu une bourse de près de 60.000 euros pour bénéficier d’un accompagnement pendant 18 mois, qui vous ont permis de peaufiner votre produit, votre packaging et votre marque, vous venez de lancer votre levée de fonds avec Olive Crowd. Dites-nous en plus…

Youmna Mouhamad : Je me suis associé à Olive Crowd, une société spécialisée dans le financement participatif permettant aux particuliers comme aux investisseurs professionnels de prendre des parts collectivement dans une entreprise. Plus concrètement, cela veut dire que toute personne intéressée peut devenir actionnaire à partir de 100 euros.

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L’invention permet un démêlage facile.

FI : Que diriez-vous à de potentiels investisseurs pour les convaincre de sauter le pas ?

Y.M. : Nyfasi Deluxe Detangler n’est pas simplement une innovation, mais une invention qui répond à une problématique qui n’a pas encore été résolue. Elle a été développée et testée avec 50 femmes. Toutes les participantes reconnaissent qu’il n’existe pas de produit sur le marché qui leur apporte les mêmes bénéfices, c’est-à-dire une application rapide, une répartition uniforme, un démêlage facile… C’est un problème qui touche des millions de femmes, aussi bien aux États-Unis qu’à Mayotte. Donc il s’agit d’un investissement avec une espérance de rentabilité très élevé.

De plus, notre technologie est brevetée, ce qui signifie que les concurrents ne pourront pas nous copier, ce qui nous donne un vrai avantage compétitif. Aujourd’hui, 2.600 femmes de France, du Canada, d’Afrique du Sud ont manifesté leur intérêt pour acheter le Deluxe Detangler ainsi que de nombreux distributeurs, tels que Tesco, l’équivalent de Carrefour en France.

FI : De quel budget avez-vous besoin pour mener à bien votre projet ?

Y.M. : Je réalise une levée de fonds de 162.000 euros dans l’océan Indien. Cette somme permettra de financer les premiers produit, de payer le brevet à l’international… Le Deluxe Detangler doit quoiqu’il en coûte aller sur le marché parce que l’abandon n’est pas une option.

FI : Pourquoi le choix de lever des fonds dans l’océan Indien ?

Y.M. : Olive Crowd a été fondée par Dhitoimaraini Foundi, un financier mahorais. C’est la seule société de ce genre dans notre région. À travers cette levée et ma collaboration avec Dhitoi, je souhaite que les jeunes Mahorais sachent qu’ils sont capables, qu’ils osent libérer leurs talents pour créer des entreprises qui contribueront au développement de Mayotte et qui façonneront le monde.

Nyfasi Deluxe Detangler va potentiellement se retrouver sur le marché international et créer une vraie différence ! Au-delà de cette aventure, le monde entier saura qu’il s’agit d’une belle histoire portée par deux jeunes Mahorais, soutenus par leur communauté.

FI : À travers ce projet, vous avez également un objectif plus personnel…

Y.M. : La raison d’être de ce business consiste à redéfinir les soins capillaires comme ce qu’ils devraient être depuis toujours : un moment de soins personnels où nous nous connectons à nous-mêmes et aux autres.

L’objectif est aussi d’impacter positivement la jeunesse. Il y a quatre ans, j’étais dans un trou noir. J’étais dans un tel mal-être, j’avais un manque de clarté et de confiance en moi. Pour toutes ces raisons, je souhaite reverser 5% des bénéfices dans l’accompagnement des jeunes, via un coaching personnel. Ce volet social me tient particulièrement à cœur.

 

La procédure à suivre pour investir

Si vous êtes intéressé par le produit développé par Youmna Mouhamad, il faut vous rendre sur olive-crowd.com, cliquer sur l’onglet « Commencer à investir » puis sur Nyfasi. Vous devrez vous inscrire en tant qu’investisseur avant que l’équipe d’Olive Crowd examine et valide votre profil.

Agression de policiers à Doujani : l’un des fonctionnaires blessés témoigne

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Les policiers ont essuyé des jets de projectiles alors qu’ils patrouillaient à Doujani.

Dans notre édition de mercredi, nous avons relaté l’agression dont a été victime une voiture de police, lundi soir, à Doujani. Deux fonctionnaires du groupe de sécurité de proximité (GSP) ont été blessés à la tête, sans trop de gravité toutefois. Le policier qui conduisait la voiture, âgé de 35 ans, a quand même tenu à témoigner dans nos colonnes notamment pour pointer du doigt les agressions récurrentes dont sont victimes les forces de l’ordre à Mayotte.

Flash Info : Tout d’abord, pouvez-vous nous rappeler les faits ?

Le policier : Nous patrouillions mes collègues et moi en direction de Passamaïnty après avoir effectué un contrôle routier à M’tsapéré. Tout à coup, à hauteur du rond-point de Doujani, nous avons reçu de violents jets de pierres et de barres de fer qui ont cassé la vitre côté passager, qui était pourtant blindée. Nous avons été extrêmement surpris par cette agression soudaine, car quelques secondes auparavant, c’était le calme plat. Mon collègue assis côté passager a été touché, et moi, je me suis carrément évanoui sous le choc. Même blessé au visage, mon collègue a eu la présence d’esprit et l’adresse de manier la voiture à ma place pour l’arrêter un peu plus loin. Je l’en remercie d’ailleurs vivement ! Nous avons appelé nos collègues en renfort et une autre patrouille, qui n’était pas loin, est intervenue pendant que les pompiers nous transportaient à l’hôpital. L’autre patrouille est entrée dans Doujani et a essuyé aussi des jets de pierre sans doute de la part de la même bande. Malheureusement, celle-ci était déjà loin et aucune interpellation n’a pu avoir lieu. Nous avons déposé plainte pour « violences sur agents de la force publique » et une enquête a été ouverte.

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L’équipe du syndicat Alternative Police CFDT : Aldric Jamey, secrétaire zonal, Abdel Sakhi, secrétaire zonal
adjoint et Karim Ahamada, représentant PA F.

F.I : Quelle a été la gravité de vos blessures ? Est-ce la première fois que vous êtes blessé dans l’exercice de vos fonctions ?

Le policier : Le chef de bord a eu l’arcade sourcilière éclatée et un hématome au visage. Moi, j’ai écopé d’une plaie au crâne avec hématome et d’une légère commotion cérébrale. Nous avons été transportés au CHM où on nous a fait un scanner de la tête et nous en sommes ressortis la nuit même vers 3h du matin. Je travaille à Mayotte depuis 2018, donc non, ce n’est pas la première fois que je me fais agresser dans l’exercice de mes fonctions ! Cela m’est déjà arrivé plusieurs fois ! Mais là, j’ai vraiment eu chaud ! Pour que la vitre blindée se soit brisée, c’est que le coup a été porté avec une violence extrême ! Sans le blindage de la vitre, j’aurais pu y passer ! Les collègues qui ont examiné les projectiles m’ont dit qu’il y avait notamment de gros morceaux de parpaing et des barres de fer. Depuis le début de l’année 2022, déjà douze policiers ont été blessés lors de patrouilles, essentiellement par des jets de pierre.

F.I : Le nombre d’agressions de policiers est-il en augmentation ?

Le policier : la délinquance en général est en augmentation d’année et année et, nous policiers, le constatons en direct sur le terrain. Les forces de l’ordre sont la cible privilégiée des délinquants qui reconnaissent tout de suite nos véhicules. Il y a une véritable guerre à Mayotte entre les forces de l’ordre et les délinquants qui prennent ça pour un jeu. Ils s’amusent à détruire notre matériel et nous tendent régulièrement des guet-apens. On constate aussi une banalisation des jets de cocktails molotov artisanaux que les délinquants apprennent à fabriquer sur internet. Il y a environ un mois et demi, un collègue a eu le crâne fracturé par un jet de pierre à Tsoundzou. Qu’est-ce que l’Etat attend pour réagir ? Qu’il y ait un mort ? Oui, la délinquance explose à Mayotte, il y a de plus en plus de crimes, de délits et d’agressions sexuelles. Les enquêteurs sont surbookés ! Nous policiers sommes obligés d’être perpétuellement sur le qui-vive, ce qui génère une grosse fatigue physique et psychologique. Beaucoup de collègues ne tiennent pas le coup et rentrent en métropole avant la fin de leur contrat.

F.I : Que répondez-vous aux personnes qui affirment que la délinquance « n’est pas pire à Mayotte que dans certains quartiers de grandes villes comme Marseille » ?

Le policier : Pour moi, les personnes qui affirment cela ne vivent pas à Mayotte ou alors, elles sont complètement « dans leur monde ». Ici, c’est une petite île et il y a une concentration de délinquants énorme par rapport à la taille du territoire. Et puis, ce n’est pas le même type de délinquance qu’à Marseille. Ici, les jeunes vivent dans une misère noire que l’on ne retrouve pas en métropole même dans les quartiers les plus défavorisés. C’est une délinquance « de survie », beaucoup plus dangereuse qu’une délinquance « d’envie » car à Mayotte, les jeunes se disent qu’ils n’ont plus rien à perdre !

 

Le syndicat Alternative Police CFDT demande de nouveaux moyens

Le syndicat Alternative Police, dont le bureau mahorais a été créé en 2018, propose quelques solutions pour lutter contre la délinquance à Mayotte.  Il souhaite mettre en place des opération Slic (structures légères d’interventions coordonnées). Ces opérations « coup de poing » permettent à plusieurs unités de travailler ensemble sur une zone prédéfinie avec l’autorisation du procureur de la république. « Cela fait trois ans que nous demandons la mise en place de ces opérations sur le territoire, sans jamais obtenir de réponse. De la même manière, nous avons demandé à être reçu par le préfet, mais notre demande est restée lettre morte », déplore Abdel Sakhi, le secrétaire de zone adjoint du syndicat. Des véhicules de police mieux sécurisés et plus adaptés au terrain mahorais seraient là aussi bénéfiques. « Nous avons des difficultés à intervenir dans les zones de bangas avec nos véhicules actuels. En attendant, les victimes sont en danger ! » ajoute le secrétaire de zone, avant de pointer le manque d’armement adapté. « Ici, les affrontements entre délinquants et policiers se font la plupart du temps à distance et les flash ball ne sont pas assez efficaces. Il faut donc des lanceurs multi-coups ou des fusils type gomme-cogne. C’est un armement non létal permettant de couvrir une quarantaine de mètres. L’effet serait plus dissuasif et permettrait aux policiers de mieux pouvoir se défendre en cas d’agressions ». Un renfort d’au moins une cinquantaine de policiers supplémentaires serait ainsi souhaité, comme l’organisation de tables rondes entre tous les acteurs de la sécurité à Mayotte : police, gendarmerie et justice. « Tous les acteurs doivent se coordonner afin de trouver une solution viable au problème de la délinquance sur le territoire », conclut Abdel Sakhi.

Miss Excellence : les 22 candidates en lice pour la couronne en semaine d’intégration à Mayotte

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Némati Toumbou-Dani, la présidente du comité de Miss Excellence Mayotte, et Melina Nassur, la directrice, prépare cette semaine d’intégration depuis plusieurs mois.

Faute d’infrastructure, Mayotte ne peut accueillir l’élection nationale du concours Miss Excellence, prévue le 14 mai prochain. Toutefois, l’île aux parfums reçoit pendant une semaine d’intégration les 22 candidates en lice pour le titre. L’occasion pour le 101ème département de mettre en lumière son patrimoine et son histoire au cours d’un programme aussi bien chargé que diversifié aux quatre coins du territoire.

À la suite du succès de Larissa Salime Bé au concours de Miss Excellence 2021, le 12 juin 2021, la tradition veut que la région d’origine de la lauréate chapeaute l’événement l’année suivante. « Faute d’infrastructure, nous ne pourrons pas organiser l’élection nationale ici », regrette Zaounaki Saindou, la présidente de l’agence d’attractivité et de développement touristique de Mayotte. Face aux faibles capacités d’accueil du 101ème département pour un tel événement, Némati Toumbou-Dani, la présidente du comité, préfère jouer la carte de la transparence. « Nous nous sommes battus, mais il fallait nous rendre à l’évidence : avec nos chapiteaux, cela n’aurait pas été classe… »

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Lauréate du concours 2021, Larissa Salime Bé lancera le jour de la finale, le 14 mai prochain, l’édition 2022 dans une vidéo tournée à Mayotte qui met en valeur les merveilles de l’île aux parfums.

Lot de consolation malgré tout : l’île aux parfums reçoit pendant une semaine d’intégration les 22 candidates en lice pour le titre. « Nous sommes quand même gagnants, c’est une opportunité rare et exceptionnelle. » Une « chance inouïe », même, qui permet de faire la promotion du territoire. En effet, du 28 avril au 7 mai, les cinq intercommunalités vont tour à tour accueillir la délégation et lui faire découvrir « leurs charmes, leur faune, leur flore et leurs spécificités ».

Un séjour riche en émotions et en activités

Au programme : le shooting de la présentation officielle des reines de beauté sur l’îlot de sable blanc, les visites du site archéologique du Ziara de Polé et du centre équestre de Majangua, la cueillette et la distillation d’ylang-ylang, la préparation du riz paddy, la découverte du lac Dziani et des îlots Choizil, la participation à un foutari à la MJC de M’Gombani et à la course de pneus, ou encore l’apprentissage de notions en shimaoré… « Nous avons un programme précis », assure Melina Nassur, la directrice du comité de Miss Excellence à Mayotte. « Il s’agit d’un séjour riche en émotions et en activités pour valoriser notre patrimoine et notre histoire. »

De quoi envisager une belle tournée promotionnelle et des retombées positives pour toutes les entités impliquées dans cette venue. Ce que d’ailleurs ne cache pas Toibrane Mogne Daho, le gérant de Mayan’art Studio, qui s’occupe de la stratégie de communication. « Sur les réseaux sociaux, l’une des miss régionales explique avoir hâte de venir, elle a même bouclé ses bagages depuis un mois », sourit-il au moment de partager cette anecdote. Cerise sur le gâteau : les douze sélectionnées porteront des robes confectionnées localement le 14 mai, jour de la grande finale, en direct de la Pyramide des Métiers d’Art à Saint-Amand-Montrond (Cher). Histoire de définitivement placer Mayotte en haut de l’affiche.

Les Mamas Shingo de Bandrélé récompensées au niveau européen

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La plage d'extraction du sel à Bandrélé.

Connues pour leur travail de saunières à Bandrélé, les Mamas Shingo ou « mamans du sel », sont montées sur la troisième marche du podium lors du prix européen Leader pour l’égalité femmes-hommes, en mars dernier. Ce prix organisé par Leader France, met en avant des réalisations concrètes financées par le programme européen qui participent à la parité au sein des territoires ruraux.

Des grains de sel pour s’émanciper ? Telle est l’histoire des Mamas Shingo. Au sein de la société matrilinéaire et matrilocale mahoraise, les productrices de sel de Bandrélé cultivent jour après jour un savoir-faire ancestral. Ressource naturelle sur l’île de Mayotte, le sel du petit village du sud-est tend à se faire connaître au niveau européen. « Nous avons porté avec le GAL Ouest Grand Sud un projet de valorisation du travail traditionnel des Mamas Shingo », explique Clara Bosznay, coordinatrice du programme Leader à la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) Mayotte.

Depuis l’an 2000, les Mamas Shingo sont organisées autour d’une association. Très fières de leur travail, elles assurent seules, la production, la vente et la promotion de leur précieuse récolte au sein de l’écomusée du sel. À l’aide du projet Leader, l’écomusée a pu acquérir une toute nouvelle enceinte sécurisée, du matériel, ainsi que des pancartes explicatives afin de redynamiser ce lieu et valoriser un savoir-faire qui se transmet de mère en fille.

« Mettre en lumière des actions positives qui se passent à Mayotte »

Grâce au prix européen Leader pour l’égalité femmes-hommes, les Mamas Shingo peuvent désormais se targuer d’une célébrité internationale. « Nous avons présenté l’activité de ces femmes et de l’écomusée du sel devant un public européen qui pour beaucoup ne connaissait rien de Mayotte. Cette présentation a été l’occasion de mettre en lumière des actions positives qui se passent sur l’île », témoigne Clara Bosznay. Leur trophée en main, les Mamas Shingo, vont peut-être enfin obtenir la reconnaissance qu’elles méritent. Femmes, mères et travailleuses acharnées, elles incarnent la force de la femme mahoraise trop souvent reléguée à son rôle d’épouse.

 

Une fabrication qui reste 100 % féminine

L’exploitation et la fabrication du sel de Bandrélé sont pratiquées à partir du limon, une boue argilo-sableuse. Sa récolte est réalisée de A à Z par des femmes, les Mamas Shingo. Une manœuvre qui se déroule en plusieurs étapes : tout d’abord le ramassage du limon, puis la réalisation de monticule de cette matière grâce à un grattoire, ensuite, la filtration du limon dans des bassines trouées pour obtenir un liquide concentré en sel, et enfin l’évaporation du liquide, pour laisser apparaître un sel extrêmement blanc. Réputé pour sa teneur en zinc, fer et magnésium, le sel de Bandrélé est très apprécié des consommateurs.

Un appel à candidature pour une résidence artistique à Zanzibar

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L’amicale APPEL lance un appel à résidence pour Zanzibar cet été, en collaboration avec l’association Franco-Zanzibarite. Elle est ouverte aux auteurs nés ou résidant à Mayotte ayant publié au moins un ouvrage à compte d’éditeur. Cet appel à candidature pour une résidence d’écriture est ouvert jusqu’au 15 mai.

Sur présentation d’un projet artistique et culturel d’une durée d’un mois, la résidence est prise en charge par l’association APPEL (billet avion, hébergement, restauration). Une répartition du temps qui préserve le travail de création tout en réservant des moments consacrés aux actions de médiation est définie avec l’auteur (les temps de médiation ne peuvent pas dépasser 30 heures du temps de résidence). Le perdiem remis au résident est de 1500 euros mensuel.

Pour pouvoir postuler, il faut avoir publié au minimum un ouvrage à compte d’éditeur, fournir le dernier contrat d’édition, être né ou résidé à Mayotte en 2022. La langue d’écriture est libre (français ou shimaore ou kibushi) ou bilingue ou trilingue. Les candidats doivent prendre connaissance des conditions de résidence avant de faire parvenir leur dossier.

Les pièces du dossier de candidature à transmettre sont à envoyer par courriel à l’adresse appel.mayotte@gmail.com : une présentation de votre parcours et de votre bibliographie dactylographiée en français, une lettre en français qui expose votre projet personnel et votre intérêt pour une résidence à Zanzibar, une revue de presse (si possible) concernant vos publications en une sélection de cinq articles maximum (sous forme de coupure de presse ou de capture d’écran lisible).

12 mois ferme pour des violences commises avec des branchages

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Le 8 avril dernier, une victime se présentait au commissariat pour déposer plainte pour des violences commises sur sa personne avec des branchages. Rapidement identifié et localisé, le mis en cause était interpellé cinq jours plus tard et conduit devant les enquêteurs de la police judiciaire.

Placé en garde à vue et entendu sur les faits, il reconnaissait l’agression et expliquait que la victime se serait mêlée d’une dispute entre sa conjointe et lui-même. Il allait même jusqu’à justifier les coups portés. Connu des services de police et déjà placé sous contrôle judiciaire pour une autre affaire, il était déféré le 14 avril. Avec de tels arguments si peu convaincants et un passé judiciaire déjà bien marqué, il a été reconnu coupable des violences et condamné à 12 mois de prison ferme.

4 mois ferme pour un cambrioleur, impliqué aussi dans une affaire de violences de Kahani

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Le 29 mars dernier à Mamoudzou lors d’un vol par effraction, deux individus étaient surpris par la victime. S’en suivait une altercation durant laquelle la victime était blessée. Un des auteurs perdait son téléphone portable. L’exploitation de celui-ci amenait à l’interpellation de son propriétaire. Placé en garde à vue et entendu, il niait sa participation en dépit de la description précise donnée par la victime, correspondant en tous points, et de la découverte de son téléphone.

Pendant le temps de sa garde à vue au sein du service de la police judiciaire, il était rapidement établi que cet individu était mis en cause dans une affaire de violences devant le lycée de Kahani, opposant des jeunes de quartier et village différents mais fréquentant ce même établissement. Entendu sur ces faits plus anciens par les enquêteurs, il reconnaissait plus volontiers sa participation tout en la minimisant. Pour ces deux délits, il était déféré le 14 avril dernier devant le procureur de la république, placé sous mandat de dépôt et jugé ce jour. Il était condamné à 4 mois de prison ferme et à 18 mois de sursis.

Lancement de l’appel à projets pédagogiques « Les p’tits fundis du lagon »

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Comme depuis plus de dix ans, le Parc naturel marin de Mayotte lance son appel à projets pédagogiques « Les p’tits fundis du lagon » pour l’année scolaire 2022-2023. Les projets doivent être soumis par voie électronique à educ.pnmm@ofb.gouv.fr avant le 27 mai prochain.

L’un des objectifs du Parc est de contribuer à la réduction des pressions directes (braconnage, déchets, pollutions…) et indirectes (déforestation, artificialisation des sols…) sur les écosystèmes marins par une modification des comportements en mer et à terre. Cette évolution passe par la prise de conscience de la richesse du lagon, de sa fragilité et de l’impact de nos actions sur son état de santé. Dans une île où 50% de la population a moins de 18 ans, le rôle des enseignants est fondamental et le Parc souhaite accompagner ceux d’entre eux qui partagent ce but.

À travers ce programme, le Parc peut apporter des contenus pédagogiques en classe, sur le terrain et en sortie en mer, ainsi qu’un soutien financier au projet.

Réponse du gouvernement sur l’équité de traitement Outre-mer entre adjoints de la police et de la gendarmerie

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Dans une question publiée au journal officiel le 4 mai 2021, le député LR Mansour Kamardine a interrogé le ministre de l’Intérieur sur le traitement indiciaire des adjoints de sécurité et des gendarmes adjoints volontaires affectés Outre-mer, sur les bonifications, sur l’indemnité particulière de sujétion et d’installation ainsi que sur les éventuels régimes des primes de déménagement et d’installation.

Près d’un an plus tard, le 19 avril dernier, le gouvernement a indiqué qu’une stricte comparaison entre policiers adjoints et gendarmes adjoints volontaires est « peu pertinente ». « En effet, ces derniers ne sont pas des personnels civils mais des militaires sous contrat soumis à l’obligation de servir « en tout temps, et en tout lieu » prévue par le code de la défense. De plus, la gendarmerie nationale fonctionne en casernement et les gendarmes adjoints volontaires sont logés gratuitement. Les modalités de rémunération sont donc très différentes et peu comparables. La gendarmerie nationale veille à ce que la situation indemnitaire globale des gendarmes adjoints volontaires reste comparable à celle des adjoints de sécurité de la police nationale. Ces situations peuvent, cependant, ne pas être exactement les mêmes, eu égard au statut militaire des gendarmes adjoints volontaires et des conditions d’exercice de leurs fonctions sensiblement différentes en raison des spécificités liées à l’organisation territoriale et aux conditions d’emploi. »

Un « café naturaliste » sur les forêts mahoraises

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On estime généralement que les reliques de forêt primaire à Mayotte représentent 5% du territoire et abritent la moitié de la biodiversité terrestre de l’île. La forêt joue aussi un rôle majeur dans le cycle de l’eau et la disponibilité de la ressource en eau.

Les forêts publiques de Mayotte se répartissent entre le département (pour les deux tiers environ) et l’État (le tiers restant). Ce patrimoine naturel particulièrement précieux sera totalement intégré dans la réserve naturelle nationale des forêts. Annoncée depuis plusieurs années et créée depuis plus d’un an, cette réserve est toujours en attente de l’affectation d’un gestionnaire et des moyens afférents.

Pendant ce temps le couvert boisé à Mayotte continue de régresser au rythme d’environ 300 hectares par an, particulièrement dans les agroforêts, les zones de forêt sèche et d’arrière-mangroves. Mayotte détient ainsi le triste record du département français ayant le plus fort taux de déforestation.

Le directeur de l’office national des forêts à Mayotte, Dominique Paget, animera une conférence sur la gestion forestière à Mayotte au cours d’un « café naturaliste » au restaurant « la Croisette » (derrière le marché de Mamoudzou) le mardi 26 avril à 18h.

Les city-stades poussent comme des champignons à M’Tsangamouji

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Construit au milieu des habitations, le city-stade des hauteurs de M’Tsangamouji accueille les enfants du quartier.

Les jeunes footballeurs des hauteurs de M’Tsangamouji et ceux de M’Liha ont testé les pelouses des nouveaux équipements sportifs de la municipalité, ce mercredi après-midi. Et ce n’est pas fini, un autre va voir le jour dans le troisième village, Chembényoumba.

A peine installés, les city-stades de la commune de M’Tsangamouji sont mis à l’épreuve des tirs des footballeurs en herbe (synthétique). Ce mercredi après-midi, alors que l’école a libéré depuis quelques heures les enfants des hauteurs du village-centre, ces derniers enfilent des chasubles de couleurs pour s’affronter dans un tournoi inaugural. La structure, entourée de filets pour respecter les voisins, est posée sur une petite place au milieu des bangas. « C’est sans doute celui qui sera le plus fréquenté », juge François Persée, le directeur général des services de la municipalité. En effet, éloignés des équipements plus bas dans le village, les adolescents ont maintenant de quoi taper la balle au milieu du quartier. « Ils jouaient déjà ici de toute façon », fait remarquer le maire Saïd Maanrifa Ibrahima. L’élu n’est pas mécontent de son coup, il aura fallu moins d’un an pour que cet équipement, ainsi que celui de M’Liha, voient le jour. Alors que l’équipe n’avait pas forcément annoncé que le projet accompagne la nouvelle mandature, puis « l’idée a été proposée ».

Une signature de convention en juillet 2021, puis quelques mois plus tard, tout le matériel était disponible. « En deux semaines, une structure comme ça est montée », indique le DGS, avant de rappeler que sur city-stade, deux jeunes du quartier étaient recrutés pour l’installation : « C’est une façon de les responsabiliser ».

Un projet rapide subventionné à 80%

Côté finances, l’affaire n’est pas trop mal non plus. Ces trois équipements, dont le montant total est 330.000 euros, ont été largement subventionnés. 80% ont été financés par l’Etat, par l’intermédiaire de la dotation de soutien à l’investissement local (Dsil). « C’est que ce que veut la municipalité : on veut consommer ce qu’on nous donne », estime le maire.

Ils seront vite rentabilisés si on se fie au nombre d’adolescents qui s’agglutinent déjà autour. En outre, dans les villages plus petits de M’Liha et Chembényouma, les city-stades sont placés près des écoles et pourront servir pendant les heures d’éducation physique. Les associations sportives vont être également sollicitées pour participer à la gestion de lieux dépourvus pour l’instant d’éclairage « pour éviter les activités nocturnes ». Le maire, cependant, n’est pas opposé à la pose de lumières à énergie solaire dans le futur. « On peut les régler. On ne veut pas qu’ils passent la nuit ici, surtout s’ils ont école le lendemain », admet l’élu en souriant.

A Chembényouma, les enfants peuvent commencer à gonfler les ballons, ils seront les prochains à fouler la pelouse de leur city-stade en juillet.

La foire du ramadan à Mayotte, une coutume ancestrale

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Du 3 avril au 3 mai, quatre braderies commerciales se déroulent dans la ville chef-lieu : sur le remblai sud de M’Tsapéré, au parc Amina Oili à Tsoundzou 1, sur la place Zakia Madi à Mamoudzou et sur la route de Farzal Katim à Kawéni.

Organisée du 3 avril au 3 mai, la foire du Ramadan est un événement incontournable du mois béni depuis des dizaines d’années. À Mamoudzou, quatre braderies commerciales sont actuellement organisées entre Tsoundzou 1 et Kawéni. Immersion dans celle située sur la place Zakia Madi, en plein centre-ville, avec Munia Dinouraini, adjointe au maire en charge de l’attractivité.

Bweni Mariame devient championne de France de kickboxing en six mois !

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Bweni Mariame a remporté le championnat de France féminin de kickboxing le 17 avril dernier.

Mariame Ahmed, dite Bweni Mariame, a remporté le 17 avril dernier le championnat de France de kickboxing féminin dans la catégorie des 16 ans. Une fierté pour cette jeune fille originaire de Passamaïnty et élève en classe de première au lycée Younoussa-Bamana ! Et une nouvelle récompense sportive pour cette passionnée des sports de combat qui pratique le karaté depuis son enfance. Interview.

FIash Info : Bweni Mariame, vous venez de remporter la médaille de France du championnat de kickboxing, comment avez-vous vécu cette compétition ?

Bweni Mariame : Le combat a été fatiguant, mais j’étais portée par l’adrénaline ! J’ai affronté en finale une jeune fille venue de Corse, Noémie. Je suis fière d’avoir remporté cette médaille et j’ai aussi été très touchée par les encouragements de tous mes supporters ! A Mayotte, les clubs ne sont pas forcément solidaires entre eux, mais à l’occasion du championnat, ils sont tous venus me soutenir. C’était donc vraiment émouvant ! Par ailleurs, j’ai trouvé que l’ambiance était sympathique, car il n’y avait pas de barrière entre les gens, et il y avait vraiment un très haut niveau, surtout chez les enfants de 7-8 ans !

F.I. : Vous avez déjà reçu plusieurs récompenses sportives en karaté. Pourquoi avoir changé de discipline ?

B.M : En effet, j’ai été trois fois championne de Mayotte en karaté et une fois vice-championne de La Réunion. C’est cependant la première fois que je gagne un championnat de France. J’ai commencé le kickboxing il y a six mois, parce que je voulais découvrir une autre discipline. Je fais du karaté depuis mes sept ans donc je trouvais intéressant de découvrir une autre manière de combattre. C’est sûr que la pratique du karaté m’a aidé, mais il a quand même fallu que je m’adapte et que je suive un entraînement intensif car ce ne sont pas les mêmes mouvements.

F.I : Quel est le rythme de votre entraînement et comment conciliez-vous cela avec votre vie de lycéenne ?

B.M : J’ai des entraînements de deux heures à raison de trois fois par semaine. Comme je termine souvent le lycée à 17h, je n’ai pas le temps de rentrer chez moi et je vais directement au club. Je travaille pour le lycée à mon retour, vers 21h, jusqu’à environ 22h30. Comme je n’ai pas beaucoup de temps, j’essaie d’être régulière et je m’adapte en fonction des évènements qui ont lieu. J’adore les sports de combat, mais j’aime aussi étudier, en particulier les sciences. Je suis d’ailleurs en 1ère spécialité sciences de la vie et de la terre, sciences économiques et sociales et physique. Plus tard, je souhaite devenir criminologue.

F.I : Souhaitez-vous quand même vous professionnaliser en kickboxing ?

Oui j’y pense, mais je crois qu’il est également important que je suive des études et que j’apprenne un métier en parallèle. Pour moi, les deux choses sont compatibles ! Je continue les entraînements et je fais les choses par étapes. Pour l’instant, mon prochain défi est le championnat d’Europe. L’année prochaine, je pars faire ma terminale en métropole et j’ai reçu un accompagnement financier de la part du conseil départemental de Mayotte pour m’aider à m’intégrer dans le milieu du sport là-bas. Dans le kickboxing, je souhaite aller aussi loin que je le pourrai !

Pharmacie : « Il revient à l’ordre de statuer sur le devenir des Badamiers »

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La pharmacie reste pour l’instant ouverte. La gérante attend désormais l’avis de l’ordre des pharmaciens.

La pharmacie des Badamiers se retrouve en soins palliatifs après s’être vue retirer sa licence d’exploitation. Si l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte affirme que c’est à l’ordre des pharmaciens de décider, elle doit réexaminer, de son côté, la demande de création d’officine du pharmacien qui devait s’installer initialement en Petite-Terre.

“Depuis 2020, l’ARS a octroyé trois nouvelles licences à Ouangani, Mamoudzou et Dembéni. À horizon 2027, ce sont cinq nouvelles pharmacies qui pourraient être créées.” Des chiffres radieux qui ne font pas sourire tout le monde. Installée depuis 2018, Mirasse Gataa, docteur en pharmacie au sein de l’officine des Badamiers, s’est vu retirer le 3 mars 2022 sa licence par la cour administrative d’appel de Bordeaux. Conséquence d’une bataille acharnée entre un concurrent pharmacien et l’Agence régionale de santé (ARS) Océan Indien qui avait accordé à la pharmacie de Dzaoudzi sa licence en 2017.

Alors que les fautifs désignés se rangent derrière la décision du tribunal, l’avenir de la pharmacie des Badamiers reste encore incertain. “Il revient désormais à l’ordre des pharmaciens de statuer sur le devenir de la pharmacie des Badamiers du fait des prérogatives qui lui incombent sur le contrôle de l’exercice professionnel”, explique Aurélien Nortier, expert conseil à l’ARS Mayotte. Une situation si simple ? Pas vraiment. Pour ouvrir ses portes, une pharmacie doit disposer d’une autorisation d’exploitation délivrée par l’ordre, mais aussi d’une licence quant à elle dispensée par l’ARS.

Quel avenir pour les Petits-terriens ?

A compter du jugement, l’agence dispose d’un délai de deux mois pour réexaminer la demande de création présentée par la pharmacie Les Orchidées, celle qui devait s’installer initialement en Petite-Terre. Quant à Mirasse Gataa et ses employés, ils se retrouvent au pied du mur, la pharmacie restant toutefois ouverte en attendant la décision de l’ordre. “Nous espérons que l’ARS reconnaîtra le travail quotidien que nous réalisons depuis des années. Nous avons été les petites mains de l’institution pendant la crise du Covid-19. Sans compter le préjudice pour la population qui est habituée à nos services et ceux des praticiens reliés à notre structure”, explique la professionnelle de santé. Mais alors, qu’arrivera-t-il si l’ordre des pharmaciens accorde à la praticienne une autorisation d’exploitation et l’ARS une licence à son concurrent ? Nul ne le sait ou du moins ne veut bien le dire… Une situation inextricable qui risque de créer de nouveaux maux sur la petite île de Mayotte.

 

Une île aux vingt-cinq croix vertes

En 2022, Mayotte compte 25 pharmacies. Pour obtenir l’autorisation d’implanter une nouvelle officine, différents prérequis sont nécessaires. Diplôme, expérience, accessibilité, garantie horaire, mais aussi proportion au nombre d’habitants. “Le cadre réglementaire autorise l’implantation d’une nouvelle pharmacie et précise que celle-ci doit couvrir une population non ou mal desservie dans la commune”, explique l’Agence régionale de santé. En 2021, l’Assemblée nationale a adopté un projet de loi permettant de réduire, sur le territoire mahorais, les conditions démographiques exigées pour la création d’une nouvelle pharmacie, réduisant le quota de population à 7.000 habitants par commune. Avec ses 17.800 habitants, Dzaoudzi-Labattoir n’a de place que pour deux officines alors qui des Orchidées ou des Badamiers obtiendra gain de cause ?

Évolution de la réglementation douanière à Mayotte

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Depuis le 4 avril dernier, le régime douanier a évolué à Mayotte. Les opérations de dédouanement et de taxation sont désormais sous la responsabilité des transporteurs de marchandises.

À La Poste, cette évolution va se traduire par un processus de dédouanement modernisé via des outils numériques permettant ainsi de fluidifier les flux entrants sur le territoire. Pour se conformer à la nouvelle règlementation, La Poste mobilise ses équipes et renforce les process de collecte de taxes pour simplifier la démarche de ses clients destinataires.

En fonction des franchises douanières et fiscales en place, La Poste proposera le règlement des droits de douane pour que les clients s’acquittent rapidement et facilement de leurs taxes via plusieurs solutions de paiement : le paiement en ligne sur le site laposte.fr par carte bancaire ; le paiement à la livraison auprès du facteur ; le paiement en bureau de poste au moment de récupérer le colis.

À noter que si l’achat a été réalisé chez un e-commerçant et que celui-ci a transmis à La Poste l’adresse email du client destinataire, elle pourra le contacter et lui proposer de régler ses taxes en ligne sur laposte.fr jusqu’à minuit la veille du jour de la livraison, lui permettant ainsi de bénéficier de frais de gestion réduits.

En cas de doute sur la provenance du mail, le client peut se rendre sur le site sécurisé de La Poste (https://www.laposte.fr/frais-douane ) avec son n° de suivi d’envoi pour payer les droits et taxes en ligne.

Le nouveau processus de dédouanement intègrera davantage d’informations et l’utilisation d’outils numériques, offrant la possibilité de payer les taxes en ligne. Ce transfert de responsabilité impliquera l’instauration de frais de gestion : deux euros ou cinq euros selon le type de colis (colis, petit paquet international ou courrier) pour un paiement en ligne sur laposte.fr et sept euros cinquante dans le cas d’un paiement auprès du facteur ou en bureau de poste. Pour de plus amples renseignements sur les implications fiscales et douanières, rendez-vous sur https://www.douane.gouv.fr/

Un nouveau prix littéraire organisé par l’association Village Websit

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L’association Village Websit, en partenariat avec la ville de Chirongui, organise un concours d’écriture ouvert à toute Mayotte pour les jeunes âgés de 12 à 30 ans. Les textes admis à concourir devront être rédigés en français, en shimaoré ou en kiboushi dans l’un des genres suivants : slam, poésie, nouvelle, conte… Vous avez jusqu’au 30 mai prochain pour transmettre votre œuvre soit par mail à village.websit@gmail.com ou directement sur place au 3 boulevard Abdou Bamana à Tsimkoura. La cérémonie de remise de récompense se tiendra au pôle culturel le vendredi 1er juillet. Pour obtenir le règlement et des informations complémentaires, vous pouvez téléphoner au 06.39.96.48.32 ou suivre la page Facebook Villagewebitsimk. À vos plumes, prêt, écrivez.

Lancement de l’appel à projets pour la 31ème fête de la science

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La 31ème édition de la fête de la science 2022 se déroulera du 10 au 27 novembre 2022 à Mayotte. Un événement sur le thème du changement climatique :  Comment observe-t-on l’impact de l’activité humaine sur le climat ? Qu’est-ce que l’effet de serre ? Pourquoi la planète se réchauffe ? Quelles sont les conséquences sur les océans ? Quelles sont les conséquences pour la faune et la flore ? Comment s’organiser face au changement climatique ?

Les manifestations à destination du grand public ou des scolaires peuvent prendre des formes très variées : atelier, exposition, jeu, conférence, rencontre, débat, spectacle, visite de site, autre… et se dérouler dans divers lieux tel qu’un établissement scolaire, un lieu d’accueil, ou même vos locaux. Vous êtes un acteur de la culture scientifique à Mayotte, vous avez un projet et souhaitez y participer en proposant un projet scientifique ingénieux (en lien ou non avec la thématique) ? Rien de plus simple, il vous suffit d’inscrire d’entrer en contact avec le pôle recherche innovation du rectorat de Mayotte, vous serez accompagnés tout au long de la démarche.

L’ensemble des projets sont soumis au comité de pilotage pour validation et obtention du label ‘’Fête de la science’’. Son obtention s’appuie sur les critères suivants : caractère scientifique, technique ou industriel du projet, présence d’un référent scientifique, spécialiste de la discipline qui valide le contenu scientifique du projet, qualité de la médiation, qui doit être compréhensible et à la portée du grand public, neutralité du projet, surtout en cas de thème faisant l’objet de débats d’actualité, gratuité de la manifestation pour tous les publics, respect de la période officielle (du 10 au 27 novembre 2022).

Colère des parents à l’école primaire Cavani Stade

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Ce mardi matin, les parents d’élèves de l’école Cavani Stade ont été pris d’un mouvement de colère en constatant qu’ils ne pouvaient plus déposer leurs enfants à 6h20 comme à l’accoutumée. La police municipale est intervenue pour calmer les esprits. C’est en effet des agents de la ville qui sont censés surveiller les enfants avant leur entrée en classe comme l’exige l’arrêté du maire. Or ce mardi matin, apparemment sur décision du directeur de l’école, les agents étaient absents. Nous n’avons cependant pas pu savoir la raison exacte de ce manquement, faute de pouvoir parler au directeur, mais il a en tout cas provoqué la colère des parents d’élèves, gênés pour aller travailler. Une longue réunion a donc eu lieu pour résoudre la question et, finalement, les choses sont revenues à la normale. « J’ai pris cet arrêté il y a déjà longtemps et je ne l’ai jamais fait annuler », a déclaré Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou.

Présidentielles 2022 : Daniel Zaïdani et Thani Mohamed Soilihi défendent leurs candidats avant le second tour

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Opposés au deuxième tour de cette élection, Daniel Zaïdani et Thani Mohamed Soilihi ont confronté leurs points de vue dans cet entretien.

A quatre jours du deuxième tour de l’élection présidentielle, Daniel Zaïdani et Thani Mohamed Soilihi ont accepté de répondre à une interview croisée. Le seul conseiller départemental à soutenir Marine Le Pen et le sénateur issu du parti d’Emmanuel Macron défendent deux projets bien distincts.

Flash infos : Vos candidats sont arrivés en tête en premier tour avec une abstention importante pour un scrutin présidentiel (26.3%). Comment mobiliser les électeurs pour le deuxième tour ?

Thani Mohamed Soilihi : Effectivement, nous avons affaire à une abstention importante pour une élection présidentielle, spécialement à Mayotte (59,69 %) où Marine Le Pen arrive en tête. En vue du second tour, nous, la Team Macron, nous mobilisons en nous adressant en priorité aux abstentionnistes en réalisant un important travail d’explication du bilan du président de la République et de son projet sur le terrain.

Daniel Zaïdani : Il y a trois paramètres à prendre en compte. A Mayotte, l’engouement est souvent moindre pour les élections nationales. On a aussi le problème des procurations. Beaucoup de gens sont inscrits uniquement pour continuer à voter aux élections locales, mais elles ne le font pas pour la présidentielle. Enfin, vous l’avez vu dans le travail que nous faisons, nous privilégions le contact direct. Après le meeting de Marine Le Pen en décembre, nous n’en avons pas fait d’autre.

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Le conseiller départemental Daniel Zaïdani est un fervent soutien de la candidate Marine Le Pen.

F.I. : Sur quels points justement, ce duel peut-il se décider ?

T.M.S. : Le sérieux et la solidité du projet d’Emmanuel Macron sont les éléments moteurs de notre campagne. Le président a fait ses preuves, malgré une succession inédite de crises majeures : d’abord celle des gilets jaunes, la pandémie du Covid, la guerre en Ukraine. Nonobstant ces circonstances, il s’est engagé pour une Europe solidaire qui nous protège face aux crises, le chômage est au plus bas (7,4 % au national), la France n’a jamais été aussi attractive pour l’investissement international, notre pays a retrouvé un leadership certain au niveau européen et mondial, la pandémie a été convenablement gérée, le pouvoir d’achat des Français a augmenté, les impôts ont diminué pour tous… A Mayotte aussi, quoiqu’en disent ses détracteurs, Emmanuel Macron a un bilan largement positif. En face, le projet de Marine Le Pen est mouvant, peu crédible, non financé, dangereux, inconstitutionnel. Se rendant compte de la fragilité de son projet, elle rétropédale sur nombre de ses promesses, notamment sur la sortie de l’Europe, la tenue de référendums, le voile, la double nationalité…Son manque d’expérience, et son populisme exacerbé ne sont plus à démontrer, soulignant ainsi qu’elle n’a nullement l’étoffe d’une cheffe d’Etat.

D.Z. : En premier lieu, nous considérons qu’Emmanuel Macron a eu la chance de pouvoir exercer pendant cinq ans. Il est même venu ici en 2019 pour faire des promesses. Et on peut dire qu’après trois ans, le compte n’y est pas. Il n’a pas eu les solutions escomptées. Il y a eu un échec total, rien n’a été fait. Même sous François Hollande, il y a eu l’indexation, le revenu de solidarité active (RSA) est passé de 25 à 50 % en l’espace de trois ans. Avec Emmanuel Macron, il n’y a eu aucune augmentation des aides sociales. Enfin, il ne faut pas sous-estimer la déception des électeurs de Jean-Luc Mélenchon ou Valérie Pécresse. Ils seront moins décidés à aller voter ce dimanche.

F.I. : Marine Le Pen et Emmanuel Macron ont choisi tous les deux de s’adresser par vidéo aux électeurs mahorais. Quelle est l’importance de Mayotte à leurs yeux ?

T.M.S. : L’importance de Mayotte aux yeux d’Emmanuel Macron est incontestable, le président connaissant et saluant notre attachement atavique et viscéral à la France. Il a manifesté cet intérêt par un investissement et un engagement sans précédent au profit de Mayotte, de par l’augmentation des dotations aux collectivités, sa proximité durant la pandémie à l’occasion de laquelle les Mahorais avons été traités à l’égal de nos concitoyens. La circonstance que les résultats sur l’insécurité et l’immigration, aux origines anciennes, peinent encore à se voir, ne doit pas nous décourager ni nous fourvoyer, la continuation de ces efforts étant seule à même de redresser la situation de façon pérenne. L’intérêt d’Emmanuel Macron et des Macronistes pour Mayotte au quotidien tranche considérablement avec les apparitions de Marine Le Pen à l’occasion des élections européennes et présidentielles seulement.

D.Z. : Marine Le Pen a un attachement particulier pour l’outre-mer. Dans le cadre de son mandat de député, elle a fait plusieurs interventions en évoquant Mayotte. Elle venue présenter en décembre son projet pour Mayotte. Elle l’a fait même avant de donner son programme national. Il est clair et défini. Malgré l’éloignement de la métropole, elle a rappelé l’attachement de Mayotte à la France. En retour, elle est consciente que l’île a besoin de gages.

F.I. : Parlons programme maintenant, plusieurs points sont annoncés de part et d’autre. Mais comment les financer ?

T.M.S. : Les spécialistes affirment que le programme d’Emmanuel Macron est l’un des plus crédibles, avec des financements fléchés. Quant à celui de Marine Le Pen, il contient un chiffrage et dépenses hasardeux et démagogiques avec la baisse de la TVA (12 milliards), la suppression de l’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans (4 milliards), la nationalisation des autoroutes (50 milliards). Le projet de Marine Le Pen est déficitaire de presque 90 milliards selon l’institut Montaigne. Pour finir de s’en convaincre, il suffit de rappeler les propos suivants du prix Nobel d’économie Jean Tirole : « Le programme de Marine Le Pen est une liste à la Prévert de dépenses supplémentaires, largement sous-estimées à 69 milliards d’euros par an, financées à l’aide de recettes hélas en partie fictive ».

D.Z. : Nous n’avons pas d’argent magique comme Emmanuel Macron. Celui-ci veut financer son programme par l’endettement alors qu’il atteint déjà 600 millions d’euros au cours de son mandat. Il y aura des mesures qui permettront de réduire le déficit de l’Etat, notamment par la suppression d’un certain nombre de choses. Il y aura un une réduction et un contrôle des allocations versées aux étrangers. Concernant la quotepart versée par la France à l’Union européenne, Marine Le Pen veut la réduire. Nous ne touchons que 25 % de ce que nous donnons à l’Europe. Et malgré la baisse de la TVA sur le panier de la ménagère, notre budget s’équilibre à 68 milliards en recettes et en dépenses.

F.I. : A Mayotte, les électeurs attendent des mesures sur les domaines régaliens (immigration, sécurité, justice). Quelles réponses pouvez-vous leur apporter ?

T.M.S. : En la matière, comme précisé plus haut, les efforts durant le quinquennat d’Emmanuel Macron ont été sans précédents : destructions records de bidonvilles et reconduite à la frontière de 100.000 clandestins, augmentation de 40 % des forces de l’ordre avec la création de deux brigades supplémentaires de gendarmerie, adaptation du droit de la nationalité, mise en place d’une brigade de prévention de la délinquance juvénile, d’un centre éducatif renforcé, etc… Ces efforts seront continués et intensifiés par Emmanuel Macron, qui a d’ores et déjà annoncé la construction d’une cité judiciaire. Une lutte plus soutenue devra être menée contre l’aide à l’entrée et au séjour irréguliers ; un centre éducatif fermé devrait également voir prochainement le jour.

D.Z. : Il y a un projet de loi déjà prévu au niveau de la justice. Il comporte une meilleure représentation des juges. Nous souhaitons également encourager les policiers dans leurs fonctions. Je prends par exemple l’exemple de Petite-Terre, ce week-end (voir par ailleurs). Les gendarmes ne sont pas en nombre et il n’y a pas eu d’interpellations. Il y a sur l’île clairement des donneurs d’ordre qui font défaut. On veut également renforcer les policiers en termes d’effectif. Emmanuel Macron a annoncé que le nombre de forces de l’ordre avait augmenté de 40%. Les policiers eux-mêmes n’ont pas vu cette augmentation.

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Le sénateur Thani Mohamed Soilihi porte les couleurs de La République en marche, le parti d’Emmanuel Macron.

F.I. : Toujours sur le domaine de l’immigration, les relations avec les Comores dont sont originaires la majorité des migrants sont primordiales. Quelle est la meilleure approche selon vous ?

T.M.S. : La meilleure approche est celle entreprise par Emmanuel Macron : d’abord commencer par la mise en place d’un accord-cadre d’Etat à Etat sur la base duquel des échanges doivent se développer ; faut-il rappeler qu’il s’agit du premier du genre ? Ensuite faire vivre cet accord par l’aide au développement afin de permettre aux Comores de mieux fixer sa population chez elle et en usant de fermeté lorsque ses termes ne sont pas respectés. Là aussi, les résultats viendront avec le temps. La méthode qui consisterait à ignorer le voisinage en entretenant uniquement des rapports de force ne mènerait nulle-part.

D.Z. : Dans les premières actions du gouvernement, le ministre des Affaires étrangères ira aux Comores pour faire un point sur la situation. Ce qui n’a pas été durant les derniers mandats. Il rappellera que Mayotte, c’est la France, et qu’aucune revendication ne sera tolérée. Les vagues d’immigration doivent cesser et les reconductions acceptées. S’il n’y a pas de collaboration, il y aura des sanctions comme l’arrêt des visas vers la métropole. Ils sont utilisés par les commerçants et les politiques notamment. Je pense également au gel des avoirs comme c’est fait actuellement avec les oligarques russes.

F.I. : Le département est connu pour être le plus jeune de France (60% de la population a moins de 24 ans selon l’Insee). Comment leur assurer un débouché à la sortie d’école ?

T.M.S. : Par la formation et la création d’entreprises et d’emplois. Sur ces trois points, le quinquennat qui vient de s’écouler a été exemplaire, malgré la crise sanitaire. Il convient naturellement de poursuivre dans cette voie, en faisant mieux coïncider les formations aux besoins du territoire. Il faudra également développer l’ingénierie locale afin de plus et mieux réaliser et résolument s’engager dans les domaines de l’environnement et du développement durable.

D.Z. : Marine Le Pen est la seule à proposer des exonérations d’impôts pour les moins de 30 ans. Il s’agit d’une politique volontariste qui va créer des emplois. C’est le cas également avec la retraite à 60 ans. En faisant partir les plus anciens, on permet qu’ils soient remplacés par les jeunes. Concernant l’éducation, il y a une réelle volonté de construire des établissements et de subdiviser les classes en école primaire. Il y a également une nécessité d’améliorer le niveau de français par des heures supplémentaires en primaire, mais aussi aux collèges.

F.I. : La convergence des droits est poursuivie depuis des années. Quand sera-t-elle complète ?

T.M.S. : Le projet départemental avait prévu une convergence des droits à l’horizon 2036. Le récent projet de loi Mayotte avait ramené cette échéance à 2031, au motif qu’une date plus rapprochée entraînerait des conséquences économiques négatives, notamment par l’incapacité des employeurs à l’assumer. Les partenaires sociaux et le Gouvernement devraient entrer en discussion pour trouver une échéance acceptable par tous et en finir avec cette aberration constituée par l’exode de centaines de Mahorais vers d’autres départements où les droits sont meilleurs.

D.Z. : Nous proposons une loi-programme sur quinze ans. Elle doit nous permettre de faire tous les rattrapages nécessaires. Certains mettront que quelques années, mais au plus tard, elle devra se faire dans les quinze ans.

F.I. : La mer est souvent citée comme un atout pour Mayotte, mais peu de choses ont vu le jour. Avez-vous des idées à défendre pour développer le littoral ultramarin ?

T.M.S. : Pour Mayotte, la construction de quais intercommunaux et du transport maritime serait une véritable bouffée d’oxygène pour la circulation au sein du département. La valorisation de nos magnifiques plages également. Une montée en puissance de l’ingénierie et des capacités de nos collectivités, notamment les intercommunalités, est nécessaire pour y parvenir. C’est le cas actuellement, accélérons le mouvement ! Pourquoi ne pas à terme céder la zone des pas géométriques et le foncier du littoral aux collectivités ?

D.Z. : Parmi ses mesures, Marine Le Pen veut relancer l’activité aquacole. Celle-ci a disparu parce qu’elle n’était pas soutenue ni accompagnée par le gouvernement, alors qu’elle créait de la richesse.  Il faut tout reprendre à zéro. Concernant l’éolien en mer défendu par Emmanuel Macron, nous nous y opposons. Nous ne voulons pas de ces bâtons dans le lagon.

F.I. : L’environnement est un défi majeur sur un territoire densément peuplé. Comment le préserver ?

T.M.S. : Il s’agit en tous cas d’une impérieuse nécessité et d’une priorité qu’il convient de traiter d’urgence, sous peine de voir notre environnement et notre lagon, en particulier, rapidement se dégrader et mourir. Un plan d’urgence devrait être mis en place par les collectivités avec l’aide de l’Etat, pour sauver notre environnement et sa biodiversité. Cette protection n’aurait que des avantages, en assainissant nos lieux de vie, développant l’attractivité de Mayotte et créant des emplois. L’Europe nous serait aussi d’une grande aide, de par notamment les fonds RUP (destinés aux régions ultrapériphériques). La préservation de l’environnement doit en parallèle faire l’objet d’une éducation et d’une sensibilisation dès le plus jeune âge.

D.Z. : Dans le projet présenté ici, elle s’est engagée à créer une usine d’incinération (N.D.L.R. les déchets sont actuellement enfouis) afin de réduire la production de déchets. Il faut également mieux accompagner les collectivités par rapport à l’organisation du traitement. On parle beaucoup du Sidevam (le syndicat en charge de la collecte), mais celui-ci est mal doté pour ses missions. Le projet est une amélioration de ses finances.

F.I. : Les élus locaux attendent des réponses sur plusieurs grands projets (Piste longue, grand port maritime). Lesquels sont susceptibles de voir rapidement le jour ?

T.M.S. : La réélection d’Emmanuel Macron est le gage que ces grands projets verront le jour le plus rapidement possible. La piste longue, le grand port maritime, le second hôpital, la cité judiciaire, sont des promesses qu’il mettra un point d’honneur à réaliser. Mais cela ne pourra se faire sans le concours étroit des élus locaux. Le projet de loi Mayotte prévoyait notamment de faciliter le recueil de matériaux le temps de la construction de la piste. Un travail en confiance entre les élus d’une part et l’Etat et ses services d’autre part, doit se nouer ; l’importance des parrainages mahorais pour Emmanuel Macron va grandement y contribuer.

D.Z. : Marine Le Pen s’est positionnée pour le projet gazier. Les investissements pour celui-ci seront soutenus. La piste longue est également dans la loi-programme qui doit voir le jour en janvier 2023. La candidate se laisse au moins six mois pour travailler sur cette loi avec toutes les collectivités d’outre-mer.

presidentielles-2022-daniel-zaidani-thani-mohamed-soilihi-defendent-candidats-avant-second-tour
La candidate du Rassemblement national a vu son nombre d’électeurs grandement augmenté entre 2017 et 2022.

F.I. : Jean-Luc Mélenchon a terminé deuxième à Mayotte avec 24% des voix, en prévenant « qu’aucune voix irait au RN ». Quel message souhaiteriez-vous passer aux électeurs de gauche dont le choix peut s’avérer déterminant le 24 avril ?

T.M.S. : Le candidat Emmanuel Macron n’a pas écarté la possibilité d’inclure des parties des programmes des autres candidats pour enrichir, et compléter le sien ; il a souvent pris en compte les contributions de la sorte, notamment à l’occasion des débats qu’il a multipliés durant son quinquennat. Au demeurant, Emmanuel Macron a d’ores et déjà pris plusieurs mesures qualifiées de « gauche » (reste à charge zéro, valorisation des retraites des agriculteurs, boulier énergie, baisse des impôts, sans oublier le « quoiqu’il en coûte » au plus fort de la pandémie…). Les électeurs de gauche n’ont par conséquent pas de souci à se faire. En revanche, ils en ont à se faire du côté de Marine Le Pen qui n’a pas hésité à les qualifier de « punks à chiens », « marginaux crasseux », montrant son irrespect envers une partie des Français, qu’elle tente malhonnêtement de séduire maintenant.

D.Z. : Pour moi, le report des voix de Jean-Luc Mélenchon ne peut pas se faire. Le seul et unique argument avancé pour contrer Marine Le Pen est sur le volet du racisme. Je tiens à rappeler que le Rassemblement national est un parti patriote, nationaliste et souverainiste. C’est donc l’équivalent à Mayotte d’un parti départementaliste. Marine Le Pen voit bien que les Mahorais sont attachés comme elle à la France. En lisant son programme, ce que je comprends, c’est qu’elle est la seule aujourd’hui à défendre le pouvoir d’achat, la sécurité et le rattrapage social. Alors que tout le monde est conscient que le programme d’Emmanuel Macron est creux. Il a d’ailleurs pris les idées de Valérie Pécresse et Yannick Jadot. Et dernièrement, il reprend celles de Marine Le Pen concernant le septennat et le vote à la proportionnelle. Il n’a pas de projet structurant.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes