Le fondateur de Mayotte océan, le club nautique et de plongée de Pamandzi, a trouvé la mort après un accident de la route. La moto de Jean-Jacques Le Guen a percuté l’avant d’une voiture lors d’un dépassement au niveau de la station-service de Petite-Terre, dans la nuit de vendredi à samedi. Agé de 55 ans, le Finistérien est un ex-officier de la Légion étrangère. Il y avait obtenu le grade de lieutenant-colonel, avant de se reconvertir en moniteur de plongée. Il est décédé à l’hôpital de Mamoudzou des suites de ses blessures.
Des barrages montés par des habitants de M’tsapéré excédés

L’insécurité a poussé à bout les riverains de M’tsapéré. Une multitude de barrages ont vu le jour ce week-end et continuent de s’étendre dans le village, provoquant d’importants bouchons à ses abords. Ils ne seront pas levés « tant que des mesures concrètes” ne seront pas données aux habitants.
Dans les rues de Mtsapéré, la colère ne retombe pas. Des caillaissages quotidiens, des agressions et surtout le meurtre de l’un de ses habitants à Cavani, le 31 janvier, rendent la situation de plus en plus tendue. Depuis vendredi, des barrages poussent comme des champignons. Ce lundi, c’est même la paralysie totale dans tout le village, augmentant au passage un peu plus les embouteillages habituels de Mamoudzou. “On a voulu bloquer le rond-point de Doujani vers 4h du matin, mais des policiers sont venus nous dire de lever le barrage”, raconte Saïdani. Ce riverain de M’tsapéré fait partie du collectif à l’origine du mouvement.
À midi, il se situe à proximité d’une succession de barricades installées sur la route nationale avec une douzaine d’hommes. Ce n’est pas la première fois que ce boulevard important du village se retrouve complétement bloqué ! C’était déjà le cas le mardi 1er février, après la mort de Maoulida Boinadi la veille. Toutefois, cette nouvelle initiative ne risque pas de se limiter à une journée comme il y a trois semaines. De plus en plus déterminés, les habitants promettent même d’« intensifier » leurs actions. « On tiendra tant qu’il n’y aura pas des mesures concrètes”, justifie Taki. Aux côtés d’autres “barragistes”, le M’tsapérois de 48 ans réclame “l’instauration du couvre-feu pour les moins de 18 ans pendant deux mois”, “la fin des bidonvilles” sur les hauteurs du village et davantage de policiers. “Il faut un drone”, “des militaires armés”, propose-t-il.
Un homme sérieusement blessé à la tête
Face à la montée de la violence, Taki et d’autres se disent prêts “à se faire justice eux-mêmes”. Ce qu’il s’est passé pendant la manifestation pacifique de samedi matin ne fait que confirmer cela. Pour exiger de mettre un terme à l’insécurité chronique qui sévit sur Mayotte, une marche est partie depuis Passamaïnty pour rejoindre le comité du tourisme de Mamoudzou. Au même moment, des callaissages ont éclaté au centre de M’tsapéré. Poussé par le nombre, le groupe de manifestants a pris les devants et s’est présenté face aux jeunes. En réponse, ces derniers ont agressé plusieurs personnes, dont l’une d’elles a été violemment blessée à la tête.
Malgré cet acte, la détermination des habitants ne s’arrête pas. Lundi soir, réunis par centaines, route nationale, ils décident de continuer les barrages dès 3h, ce mardi, sans la présence des mineurs. Ils proposent aussi aux parents d’intervenir auprès des enfants turbulents à l’occasion d’une réunion tenue ce lundi en fin d’après-midi. “Ce n’est pas normal qu’ils ne sachent pas où sont leurs enfants le soir”, constate Omar, éducateur au Football club de M’tsapéré. Peu après son discours, une dame vient d’ailleurs expliquer que son fils, scolarisé au collège, ne rentre pas “avant 2h, 3h du matin”. Applaudie, elle demande de l’aide puisqu’elle avoue ne plus avoir d’autorité sur lui. Autour d’elle, plusieurs hommes se disent prêts à lui faire peur et à le faire rentrer dans le droit chemin. “On n’attend plus rien de l’État”, prévient Taki.
Des surveillants mahorais victimes de racisme à la prison de Bois-d’Arcy

En région parisienne, les agents pénitentiaires de la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy (Yvelines) originaires de Mayotte font part de leur dégoût. Les inscriptions anti-mahoraises découvertes dans les toilettes de leur salle de repos mi-janvier les ont choqués et ont créé un climat de suspicion au sein de l’établissement. Afin d’y mettre fin, la direction aurait décidé de porter plainte contre les auteurs des insultes.
“Bande de dégulasses (sic). Tirez la chasse, put… ! Français de Mayotte”, “les singe de Mayotte retourner [illisible] votre cocotier (sic)”. Ce sont ces mots que des agents pénitentiaires de Bois-d’Arcy ont découverts dans les toilettes de la salle de repos, mi-janvier. Des insultes destinées aux surveillants mahorais, qui forment une majorité dans cette maison d’arrêt des Yvelines accueillant près de 700 détenus. “Lors de notre passage à l’École nationale d’administration pénitentiaire, on se passe le mot pour demander Bois-d’Arcy même si la prison est connue pour être difficile. Avec le bouche-à-oreille, notre nombre a continué d’augmenter”, explique Nipo (1), qui est soumis au droit de réserve. Celui-ci fait partie des agents qui ont remonté la présence d’inscriptions à la direction.
Comme ses compatriotes, il est choqué et en colère de voir ces actes de racisme. “On se sent humilié”, confirme aussi Zama (1). “Franchement, ça ne me donne pas envie d’aller travailler. J’ai l’habitude de parler avec tout le monde. Et là, j’ai l’impression d’avoir un ennemi parmi mes collègues.” Le 28 janvier, lui et une partie des autres natifs du 101ème département ont posé un arrêt de travail et ont maintenant l’impression de vivre dans un climat de suspicion envers les collègues non-Mahorais. De son côté, la hiérarchie a tenu à réagir assez vite (2). Dans la même semaine que la découverte des inscriptions, le directeur de la prison a tenu “un discours ferme” devant ses agents et en présence d’un membre de la direction interrégionale des services pénitentiaires. Selon l’auditoire, il aurait rappelé les risques encourus si les coupables se font attraper et qu’une plainte serait déposée. Cela serait fait selon les surveillants.
Des faits déjà vus en 2018 et 2019
La déception des agents est d’autant plus grande que ce n’est pas un problème récent à Bois-d’Arcy. En 2018 et 2019, des tags anti-mahorais avaient déjà été inscrits sur les murs. À l’époque, une remontée d’informations auprès de la direction et un rappel à l’ordre y avaient mis fin. L’ambiance entre les surveillants était revenue à la normale, avant que les tags de janvier ne la plombent de nouveau. Pourtant, le communautarisme est plutôt rare parmi les surveillants. Les équipes, il y en a sept, sont mélangées. Métropolitains, Réunionnais, Antillais, Africains et Mahorais sont ainsi équitablement répartis. Cela évite aussi d’avoir trop d’agents “bonifiables” dans la même équipe.
“Tous les trois ans, on a le droit de repartir sur notre île pour une période de deux mois. En mélangeant, l’administration évite comme ça que les équipes se retrouvent avec d’autres agents en moins”, indique Nipo. En outre, bien intégrés en métropole, de nombreux agents continuent d’y faire carrière. C’est le cas de Zama qui est à Bois-d’Arcy depuis 2019. “Je m'[y] vois rester encore plusieurs années”, admet-il. Dans la maison d’arrêt, les toilettes ont été condamnées rapidement le temps que les inscriptions soient effacées. Les agents mahorais espèrent maintenant ne plus jamais les revoir.
(1) Prénoms d’emprunt
(2) L’administration pénitentiaire n’a pas répondu à nos sollicitations
Le syndicat Ufap-Unsa dénonce “des actes odieux”
“Nous déplorons la récurrence de cette hostilité… Ce n’est malheureusement pas la première fois que de tels actes odieux se produisent au sein de cet établissement pénitentiaire !… Il faut que cela cesse !”, a réagi l’Ufap-Unsa Justice de Paris, la semaine dernière. Ce syndicat présent à la prison de Bois-d’Arcy a dit “se réjouir qu’une action judiciaire soit actuellement en cours pour identifier le ou les auteurs de ces propos racistes et xénophobes”. “Notre organisation syndicale dénonce cette petite haine ordinaire dont les auteurs se cachent derrière le trop entendu « Je ne suis pas raciste… mais… », a-t-il ajouté.
Shimé et Marovoanio, promoteurs de la culture linguistique mahoraise
Ce lundi 21 février avait lieu la 22ème édition de la journée internationale de la langue maternelle. Alors que partout en France, les langues régionales s’éteignent les unes après les autres, à Mayotte, les associations Shimé et Marovoanio veulent tenter d’éviter l’irréparable.
“Une langue avec une richesse de ce genre ne se lâche pas !”, affirme Rastami Spelo, président de l’association Shimé. Pour cet amoureux du shimaoré, la préservation du patrimoine linguistique de l’île aux parfums s’avère non négligeable. Après 24 ans de travail acharné, Rastami Spelo garde espoir. “La tâche fut difficile au départ. Nous allions vers une perdition à coup sûr. Puis, nous avons vu l’État et les pouvoirs publics se joindre à notre combat. Aujourd’hui, nous observons une évolution positive et une jeunesse qui revient vers sa langue maternelle”, se réjouit le polyglotte.
En lien avec l’Éducation nationale, l’association Shimé se donne plusieurs objectifs pour structurer le shimaoré, qui comme l’explique Rastami Spelo, récompensé par le conseil départemental pour son investissement, “n’est pas un dialecte mais bien une langue à part entière”. “Depuis deux ans et demi, nous faisons un travail sur la formalisation du shimaoré”, affirme Gilles Halbout. Graphie, orthographe ou encore grammaire, le shimaoré ne veut plus être considéré comme un patois désuet, mais bien une langue en devenir.
Et le kibushi dans tout ça ?
“Dans les années 1980, 50% de la population mahoraise parlait kibushi. Aujourd’hui, il n’est usité que par 20% des habitants”, avance Toumbou Toibib, trésorier et coordinateur de l’association Marovoanio. Créée en décembre 2021, la structure compte bien porter haut et fort la voix des Mahorais qui s’expriment en kibushi. “À l’heure actuelle, nous parlons kibushi dans dix-sept communes de l’île, pourtant aucune information n’est traduite dans cette langue”, se désole l’une des têtes pensantes de l’association. Handrema, Hamjago, M’tsangadoua, Acoua, M’tsangamouji… Autant de villages où la langue d’origine malgache continue à subsister. Sur les traces et avec l’aide de sa grande sœur Shimé, l’association Marovoanio espère sauver de l’oubli cette richesse linguistique.
Une appartenance régionale
“Nous souhaitons défendre notre langue plutôt que de l’écraser sous la prédominance du shimaoré et du français”, argumente Toumbou Toibib. Bien plus qu’une simple lubie, le membre de l’association explique l’intérêt stratégique du kibushi, “Nous voulons lancer une démarche de revalorisation. De part la proximité de Mayotte avec Madagascar, le kibushi peut avoir à la fois un intérêt économique, diplomatique et culturel. Mais pour cela, il va falloir que nous posions un cadre et une méthodologie pour être opérationnels. » L’objectif de la structure étant une “sorte d’affirmation régionale sans pour autant s’écarter de l’identité nationale française”.
Un institut et un conseil académique d’ici juillet
D’ici le mois de juillet 2022, le 101ème département devrait être doté d’un institut des langues et civilisations de Mayotte ainsi que d’un conseil académique des langues de Mayotte. Deux outils qui permettront à l’avenir de structurer et faire perdurer les langues régionales sur l’île au lagon.
Wawe ulaguwa shimaoré ?

Alors que la journée internationale de la langue maternelle s’est tenue le 21 février, le shimaoré semble être en relative désuétude chez la jeunesse de l’île. Entre manque de rigueur des parents et absence d’enseignement dans le premier degré, les jeunes mahorais doivent faire preuve de volonté pour exercer les langues régionales de leurs ancêtres, héritages irréfutables de la culture et de l’identité de l’île.
« Je parle shimaoré, mais pas bien, je bafouille », avoue Saandati, 24 ans, des regrets dans la voix. Ce constat, loin d’être un cas particulier, culpabilise de nombreux jeunes de la société mahoraise. Si les nouvelles générations sont les héritières de langues plus orales qu’écrites, telles que le shimaoré et le kibushi, les quelques stigmatisations vécues lors de bégaiements sont bien réelles, symboles d’un manque d’apprentissage sérieux des idiomes. « Un jeune était avec des amis, qui l’ont charrié parce qu’il n’a pas su compter », raconte Spelo Rastami, président de l’association Shimé, pour « Shimaoré méthodique ». Un témoignage qui, selon lui, en rejoint beaucoup d’autres : « Les gens viennent très souvent pour pallier un certain nombre de manques. Ils se rendent compte qu’ils font beaucoup d’erreurs, et qu’ils ne sont pas totalement capables de ne parler qu’en leur langue. »

Spelo Rastami constate donc un « shimaoré dégradé » chez les jeunes, qu’il impute aux parents, « premiers responsables » de cette baisse de qualité linguistique. « Ils ne pourvoient pas à leurs enfants du vocabulaire ou une correction lorsqu’ils font des erreurs », continue-t-il. « Ils sont laissés à l’abandon et portés par le flot, en quelque sorte. » Des mots forts, qui restent cependant une hyperbole du quotidien des foyers mahorais, ayant peu à peu délégué l’éducation des enfants à l’école. Nassem, heureux papa d’un garçon d’un an, avoue ne pas s’adresser à son fils en shimaoré. « Mais j’aimerais qu’il le parle », rétorque-t-il. « Ce n’est pas volontaire, c’est juste que les parents sont entourés de gens qui parlent français, c’est instinctif. » Mlaili Condro, enseignant et docteur en sciences du langage, confirme : « Il y a moins d’attention portée par les familles sur la transmission. »
Éducation Nationale, contexte régional
Le manque de pratique des langues régionales au sein du foyer, que ce soit à Mayotte, en Bretagne ou en Alsace, semble effectivement logique. Cependant, pour compenser ces lacunes de transmission de la langue, l’Éducation nationale devrait rentrer en piste. Malheureusement, dans le 101ème département français, le compte n’y est pas, ou du moins pas encore. « À l’école, on nous interdisait de parler shimaoré, même pendant la récréation ! », fulmine une jeune Mahoraise. Le même constat se faisait, il y a quelques décennies, dans des départements tels que la Corse, où les jeunes insulaires étaient priés de laisser de côté leur langue, malgré la force et l’enracinement de la culture régionale sur l’île de Beauté.
Mais, d’une île à l’autre, « La langue de la République est le français », précise l’article 2 de la Constitution. « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France », répond l’article 75-1. À Mayotte, ce patrimoine peinait néanmoins à exister, tant la priorité était donnée à la maîtrise du français chez les jeunes Mahorais. Jusqu’au 21 mai dernier, date de la promulgation d’une loi visant à la promotion des langues régionales. En juin 2021, le rectorat de Mayotte signait, avec le conseil départemental, le centre universitaire de formation et de recherche et l’association Shimé, une convention pour l’apprentissage du shimaoré et du kibushi dans le premier degré. Quasiment un an plus tard, Spelo Rastami ne constate que des évolutions « très timides » : « Il n’y a pas de grandes avancées. La balle est dans le camp du département, et du rectorat. »
Promouvoir l’idiome du village
Parole à la défense donc. Gilles Halbout, recteur de Mayotte, détaille les mesures qui ont été prises par l’État et le département quant à cet apprentissage. « Dans le cadre du master MEEF, enseigné au CUFR, les enseignants sont formés pour avoir des notions de shimaoré et de kibushi, et s’acculturer », affirme-t-il. « Cela permet d’avoir un accueil bienveillant en langue maternelle. Un enseignant familiarisé peut aussi faire des ponts entre les deux langues pour que les élèves fassent des progrès en français. » Si cette formation a de multiples avantages, elle est également complétée par un enseignement des langues régionales dès le premier degré et l’école maternelle. « À certains moments de la journée, on travaille le plurilinguisme, afin que l’enfant ait cette pratique même s’il ne parle pas la langue régionale à la maison », continue Gilles Halbout. Enfin, le conseil départemental et l’association Shimé ont aussi planché sur une structuration de la langue, en formalisant sa graphie, « histoire que le shimaoré ne soit pas juste un patois, un créole », conclut le recteur.
Pour Mlaili Condro, cette convention et ses applications dans les établissements scolaires mahorais est « un motif d’espoir ». « Jusqu’à récemment, on a vu une certaine réticence de l’Éducation nationale quant aux langues régionales », explicite-t-il. « Mais depuis quelque temps, on observe un changement de position sur les langues mahoraises, désormais bienvenues à l’école. On vise le plurilinguisme, et des individus qui sont capables d’appréhender le réel, le monde, à travers plusieurs langues. » Le docteur en sciences du langage félicite également « ces jeunes artistes mahorais », qui écrivent « toutes ces chansons en shimaoré » (voir encadré). « Il n’y a plus rien qui ne nous empêche d’aller de l’avant », abonde encore Spelo Rastami. Maintenant que les bases sont posées, en effet, tout est possible. Ce lundi 21 février, à l’occasion de la journée internationale de la langue maternelle, le rectorat s’est rendu au conseil départemental afin d’évoquer le bilan de cette convention. Mais pas seulement, comme nous le glisse un Gilles Halbout ambitieux. « On va aussi tracer des perspectives pour voir où on en est dans la formalisation, parce que je pense que tout le monde a envie d’aller plus loin dans cet apprentissage des langues régionales », affirme-t-il. « Pour qu’un jour, on ait le shimaoré comme option au bac ! »
Retrouvez l’intégralité du dossier consacré à la jeunesse mahoraise dans le Mayotte Hebdo n°987.
Les langues régionales officielles en France
La France comptabilise pas moins de 17 langues régionales officielles : le basque, le breton, le catalan, le corse, le créole, le gallo, l’occitan-langue d’oc, les langues régionales d’Alsace, les langues régionales des pays mosellans, le francoprovençal, le flamand occidental, le picard, le tahitien, les langues mélanésiennes (drehu, nengone, paicî, ajië), le wallisien, le futunien, le kibushi et le shimaoré.
Les artistes chantent en shimaoré
Nombreuses et nombreux sont les jeunes artistes de l’île à écrire leurs textes en shimaoré. C’est le cas de Terrell Elymoor, fameux rappeur et chanteur mahorais. « C’est important, parce que j’ai l’impression qu’un nouveau créole se crée, et ce serait dommage de perdre notre langue », déclare-t-il.
Religion : une foi décroissante
Si le progressisme du sunnisme chaféite, obédience d’une grande partie de la population mahoraise, permet une pratique modérée de l’islam, force est de constater que la jeunesse de l’île croit moins. Au point d’impacter les relations entre individus ? C’est en tout cas ce que pensent les principaux intéressés, regrettant un manque de respect patenté chez les jeunes générations.
Jeudi matin, comme deux à trois fois par semaine, Combani était la scène de la violence des jeunes de la zone. Cette fois, le barrage enflammé de leur colère s’embrasait sur la route menant à Kahani, à côté de la station-essence. Si l’on peut douter que la délinquance soit un résultat de lacunes religieuses, le manque d’éducation, lui, en est sûrement une cause. C’est en tout cas le constat de Badirou Abdou. Celui qui est directeur de la culture, des associations, de la jeunesse et des sports de Sada est aussi et surtout un Tsingonien fier et engagé pour la jeunesse de sa commune. « Quand je suis passé ce matin, j’ai vu un jeune en train de ramasser une pierre pour caillasser un bus, avec des gens qui lui disaient de ne pas le faire, témoigne-t-il. Il ne les a même pas écoutés ! Il y a 20, 30 ans, ce gamin-là aurait pris des baffes ! Non seulement des adultes qu’il n’écoute pas, mais aussi de ses parents une fois à la maison. »
Le respect est dans le Coran
« L’éducation se fait d’abord par les parents« , confirme Badirou Abdou, qui déplore que des familles ne se fassent plus obéir de leurs enfants. Mais l’augmentation exponentielle de la population et l’occidentalisation de la société mahoraise a aussi effacé la solidarité villageoise, qui permettait un meilleur cadre pour les jeunes de la zone. « Il y avait aussi le tonton, le grand frère, le villageois quelconque qui était là, continue le Tsingonien. À l’époque, ne serait-ce que le kwezi était systématique. C’est l’une des valeurs, des richesses culturelles de Mayotte, qui ne sont pas inscrites dans la religion. » C’est cette dernière qui, selon le sociologue Combo Abdallah Combo, apporte les bases du savoir-vivre à Mayotte. « La socialisation dans la société traditionnelle mahoraise passe par l’école coranique, déclare-t-il. C’est une éducation religieuse mais c’est là où on apprend à l’enfant les règles de base de la vie« .
Badirou Abdou ne peut qu’abonder en ce sens : « À l’époque, un enfant allait à l’école coranique dès l’âge de trois ans. Mes parents sont allés voir le foundi pour lui dire que je viendrai tous les jours et que je serai sous sa responsabilité, il y avait le Fatiha de bienvenue, où l’on est salué par tous les autres autour. Ça commençait par là. » La fraternité d’une mosquée serait donc vecteur de valeurs sociales, au sein d’une communauté, construisant l’individu autour des valeurs, autorisations et interdits du livre saint. Pour les jeunes garçons et filles, c’est l’école coranique qui complète leur enseignement, non seulement religieux mais aussi civique. Une institution en berne, selon l’employé de la mairie de Sada : « J’estime que l’ancienne génération a appris à l’école coranique les valeurs et les principes de la religion musulmane. »
« C’est en éduquant que l’on réussira »
La madrassa, Saïd l’a fréquenté étant petit. Aujourd’hui, l’entrepreneur avoue ne pas axer son quotidien sur les enseignements qu’il y a reçu. « Je crois en Dieu mais je ne pratique pas forcément, affirme-t-il. Je fais tout pour que ma boîte marche bien, je profite, j’essaie juste d’être un mec bien, mais je ne vais pas souvent à la mosquée. » Que les heures passées à l’école coranique semblent lointaines, pour celui qui a pourtant un oncle foundi. « J’ai retenu les bases, se défend Saïd. C’est le principal. » Le jeune homme n’est évidemment pas le seul à avoir quelque peu délaissé la religion au fil des années, malgré une éducation religieuse importante et constante. Pourtant, assure Badirou Abdou, « on apprend beaucoup en lisant le Coran. »
Celui qui a de nombreux projets pour les jeunes des quatre villages de sa commune (Miréréni, Combani, Mroalé et Tsingoni) avoue être désappointé par les nouvelles générations de l’île au lagon. « Le respect est fondamental, déclare-t-il. Maintenant, ça n’existe plus chez la jeunesse actuelle : celle qui est entourée d’une famille qui a appris les fondamentaux, les principes, n’est pas forcément celle qui est dehors dans les embrouilles. » Un discours d’autant plus tangible dans la commune du centre, ravagée par les affrontements des bandes combaniennes et miréréniennes. Nonobstant, Badirou Abdou ne perd pas espoir, loin de là, prônant logiquement l’éducation : « C’est en éduquant que l’on réussira. Mais je suis persuadé que ça se fera en passant par l’école laïque, qui occupe la grande partie du temps de l’enfant, ainsi que par l’école coranique, qui rappelle les valeurs fondamentales de l’humanité. Ce ne sera pas réussi que par la religion, ni par la République. C’est en travaillant ensemble que l’on y arrivera. » Encore faut-il avoir assez de place dans les écoles, qu’elles soient coraniques ou républicaines.
Retrouvez l’intégralité du dossier consacré à l’identité de la jeunesse mahoraise dans le Mayotte Hebdo n°987, accessible gratuitement en ligne.
EDM victime d’une fraude téléphonique
Quelques clients ont alerté sur le fait d’avoir reçu un appel provenant d’EDM leur demandant de régler un devis par CB directement au téléphone. « Il s’agit d’une fraude. Nous ne demandons pas à nos clients de nous fournir les coordonnés de leur carte bancaire, quelle que soit la raison invoquée. Que ce soit par téléphone, e-mail ou n’importe quel autre moyen, ne répondez pas à la sollicitation et alertez-nous immédiatement. »
Les moyens de paiement sont le prélèvement automatique (soumis à approbation via la signature du mandat SEPA), les bornes de paiement express, le paiement depuis l’espace client et le site Internet d’EDM. « Lorsque vous effectuez un paiement sur nos sites ou bornes, les données que vous transmettez sont cryptées et entièrement sécurisées. Si vous recevez un appel d’une personne prétendant être un conseiller EDM : demandez des précisions sur votre interlocuteur (nom, fonction, objet de son appel) et ne communiquez jamais vos codes personnels d’accès à votre Espace Client, numéro de carte bancaire, ni aucune autre information bancaire ou personnelle. »
Mort d’un des rares dugongs de Mayotte
Le 26 janvier dernier à 10h14, le réseau échouage mahorais de mammifères marins et de tortues marines (REMMAT) est alerté par l’opérateur Mayotte Découverte de la présence d’un cadavre de dugong dans le lagon, près de l’îlot Bambo. L’animatrice du réseau active immédiatement celui-ci pour identifier une embarcation permettant d’aller à la rencontre de l’animal et pour constituer une équipe d’intervention pertinente. Rapidement, une équipe de dix personnes membres du REMMAT est mobilisée pour faire des mesures, des photos et des prélèvements sur l’animal mort. Elle est constituée de membres des Naturalistes de Mayotte, du centre universitaire, du Parc naturel marin et de l’animatrice du REMMAT.
Un vétérinaire spécialisé ainsi que le correspondant de l’observatoire Pelagis, spécialiste du dugong, sont restés en appui à distance pour conseiller l’équipe sur site. Mayotte ne disposant pas d’équarisseur pour le traitement de cadavres d’animaux, la carcasse est ensuite évacuée au large par les agents du Parc naturel marin pour garantir la sécurité des habitants et plaisanciers. En complément de l’examen interne et externe réalisé sur site, des spécialistes de l’Observatoire Pelagis en France, de l’université de Liège en Belgique et de la James Cook University en Australie ont été contactés par le REMMAT pour tenter d’identifier les causes de la mort du dugong à partir des photos prises sur site. L’ensemble des spécialistes ont constaté la présence de lésions sur le corps et une anormalité au niveau des poumons. Ces observations ne permettent pas de conclure sur les causes probables de la mort de l’animal : état de santé (infection), conditions météorologiques difficiles (vent et courant forts les jours précédents), causes anthropiques… De prochaines analyses des prélèvements effectués permettront sans doute d’apporter plus de réponses sur les causes de la mort de l’animal.
Accélération de l’épidémie de bronchiolite
Le taux de passage aux urgences pour bronchiolite chez les moins de deux ans est en forte augmentation en S06. Au cours de cette sixième semaine de l’année, on comptabilise 47 passages, soit un taux d’activité de 33.1% (contre respectivement 37passages et 27% en S05. Ce taux d’activité dépasse largement la moyenne saisonnière des années précédentes.
Le nombre d’hospitalisations secondaires suite à un passage aux urgences était en hausse avec 23 passages qui ont donné lieu à une hospitalisation secondaire (contre 20 en semaine 5), mais le taux de ces hospitalisations était en baisse (48.9% en S06 contre 54.1% en S05).
L’épidémie de bronchiolite, en avance d’environ un mois sur la saisonnalité classique à Mayotte, avait bien baissé en semaine03, incitant la levée du plan blanc pour la bronchiolite cette même semaine au CHM. Une nouvelle recrudescence des cas est observée aux urgences dès la semaine 05 nécessitant la réouverture de l’unité bronchiolite qui était jusqu’alors fermée après la baisse observée en S03.
L’activité pour bronchiolite des médecins du réseau sentinelle a bien augmenté en semaine 06 et se situe même au-dessus des moyennes observées lors des saisons 2018-2019 et 2020-2021. Avec 11 cas de bronchiolite déclarés, le taux d’activité pour bronchiolite des médecins du réseau sentinelle était de 2.2% en S06 contre 0.2% en S05. En raison des vacances scolaires et de la fermeture de certains centres médicaux de référence du CHM suite à l’activation du plan blanc à l’hôpital, aucune remontée d’information n’a été réalisée en S51 et en S52.
Les données de surveillance virologique montrent un premier pic en S52 avec 19 cas de VRS confirmés biologiquement. Le nombre de cas de VRS avait par la suite diminué au cours des trois premières semaines de l’année2022, puis ré-augmenté dès la semaine 4, dépassant même le pic précédemment observé. En effet, au cours de la cinquième semaine de l’année 2022, 20 cas de VRS avaient été confirmés biologiquement au laboratoire du CHM (contre 16 en S04) et ce nombre de cas s’est stabilisé la semaine suivante avec 19 cas de VRS confirmés en S06. Ce nombre de cas est largement au-dessus des moyennes saisonnières depuis 2017.
Conférence des financeurs de prévention de la perte d’autonomie
L’objet de l’appel à projets 2022-2023 de la direction des personnes âgées et des personnes en situation de handicap est de faire émerger, renforcer et soutenir des projets de prévention de la perte d’autonomie s’inscrivant dans les thématiques prioritaires de la conférence des financeurs mais également de l’agence régionale de santé et de la caisse de sécurité sociale de Mayotte
Les trois axes prioritaires détaillés dans cet appel à projets portent sur les actions de soutien et d’accompagnement aux proches aidants, aux actions de soutien sur le maintien à domicile et au développement des lieux de vie collectifs et partagés.
Peut répondre à cet à projets toute personnalité morale quel que soit son statut (public, privé lucratif/non lucratif). Pour l’année 2022, le dossier de candidature est à consulter sur le site internet du conseil départemental de Mayotte (www.cd976.fr), ou sur le site de l’ARS ou de la CSSM depuis le 10 février dernier. Les dossiers devront être déposés sur la plateforme dédiée aux demandes de subventions sur le site internet du conseil départemental (rubrique « subventions ») au plus tard le 31 mars prochain.
Josiane Henry, la mère retraitée des 650 infirmiers mahorais diplômés
À 68 ans, Josiane Henry tire sa révérence et prend sa retraite après 35 ans de bons et loyaux services au sein du centre hospitalier de Mayotte. Une carrière pleine dédiée à la formation des professionnels de santé locaux et à la direction des soins.
« Ca a été une aventure passionnante ! » Officiellement retraitée depuis la fin de semaine dernière, Josiane Henry troque une carrière longue de 35 ans au centre hospitalier pour un repos bien mérité. « Lors de mon arrivée en octobre 1979, je pensais venir pour deux ans », sourit la provinciale du Berry, au moment de jeter un coup d’oeil dans le rétroviseur. Âgée alors de 26 ans, elle débarque avec son mari, Jean-Claude, et son bébé sous le bras. « Mayotte commençait son chemin singulier après le référendum de décembre 1976 », retrace-t-elle. « Chaque semaine, il y avait quelque chose de nouveau. »
En charge de l’encadrement des soins sur le site de Mamoudzou le matin et de la formation des infirmiers locaux l’après-midi, elle se confronte à la dure réalité de cette toute récente collectivité territoriale, située à 8.000 kilomètres de la métropole. « Des conditions de vie très rustiques, eau courante et électricité encore rares, deux routes et des pistes, très peu de maisons en dur, sauf les mosquées et les administrations. » Le niveau scolaire de sa première salve d’étudiants varie du CM2 à la 4ème… Chaque sortie de promotion coïncide avec l’ouverture de nouveaux dispensaires. « Nous participions activement à la construction du service de santé », souligne Josiane Henry, entourée de Mariata, Fatima, Habibou, Oussene Saidy jeudi dernier à l’occasion de son pot de départ . Quatre des cent premiers infirmiers formés entre 1977 et 1991. « Une bonne moitié sont déjà à la retraite. »
Une coupure de sept ans
L’année suivante marque le lancement de l’école d’aides-soignants suivie de l’école d’auxiliaires de puériculture en 2016, débouchant toutes les deux sur des diplômes nationaux. Une première étude d’implantation d’un institut de formation en soins infirmiers se réalise en 1996. « J’ai rempli le premier dossier », se remémore-t-elle. Puis vient l’heure de procéder à une coupure. « Il fallait au bout de 16 ans que j’aille voir ce qu’il se passe en hôpital public. » Josiane Henry part à l’école nationale de santé publique de Rennes avant de devenir directrice des soins au centre hospitalier départemental Félix Guyon de Bellepierre à La Réunion pendant cinq ans. « Je voulais vivre cette expérience avant de rentrer. »
À son retour en 2003, Josiane Henry occupe un poste à la direction des soins, comme adjointe pendant sept ans puis en tant que coordinatrice générale durant trois années. Une décennie durant laquelle elle travaille d’arrache-pied pour faire monter l’établissement en compétences. En 2013, elle revient à son premier amour : la formation des professionnels de santé. Elle reprend la coordination de l’IFSI (officiellement ouvert en 2001 et devenu universitaire en 2009), de l’IFAS et de l’IFAP. « En vingt ans, nous avons diplômé 550 infirmiers d’État auxquels il faut ajouter les 100 du début. Je me suis régalée ! »
Un dossier de partenariat noué en 2018 avec les IFSI Croix-Rouge de Nîmes et de Toulouse permet d’y envoyer 15 étudiants. Un autre voit le jour en septembre dernier avec l’IFSI Croix-Rouge de Quétigny en Bourgogne Franche Comté. « Nous en formons 35 infirmiers chez nous et 30 en métropole », se réjouit Josiane Henry. Un quota qui ne cesse d’augmenter au vu des besoins exponentiels dans le 101ème département ! « J’ai l’impression d’avoir posé la première pierre de quelque chose de grand. L’IFSI a pour avenir de s’installer dans le second hôpital à Combani. Aujourd’hui, ce n’est encore que l’embryon de ce qu’il sera demain. » C’est le cœur lourd, mais le sentiment du devoir accompli que cette bâtisseuse acharnée passe le flambeau à Carine Piotrowski.
L’école élémentaire de Mroalé tente d’inclure ses élèves autistes
Vendredi dernier, l’Éducation nationale, l’agence régionale de santé, la maison départementale des personnes handicapées et Mlezi Maoré se retrouvaient à l’école de Mroalé, dans la commune de Tsingoni, pour inaugurer la seconde unité d’enseignement en élémentaire autisme (UEEA) du territoire. Cela fait néanmoins quatre mois que les sept élèves fréquentent l’établissement et s’intègrent doucement au gros des troupes.
N’en déplaise à certains candidats à la présidence française, l’inclusion était le mot d’ordre ce vendredi, dans l’enceinte de la petite école de Mroalé, entre Combani et Tsingoni. Les représentants des organismes ayant permis l’ouverture d’une nouvelle unité d’enseignement en élémentaire autisme à Mayotte auront néanmoins dû attendre que le joyeux brouhaha de la cour s’estompe pour débuter leurs discours. « Ce sont des enfants comme les autres, il faut les prendre en compte », lance José Remondière, inspecteur académique de la circonscription. « Aux parents, vous pouvez compter sur mon écoute et ma détermination », ajoute Inchati Bacar, adjointe au maire de Tsingoni chargée de l’éducation. Gilles Halbout, recteur de Mayotte, abonde enfin : « La commune de Tsingoni est toujours en pointe pour l’éducation, l’école de Mroalé en est un exemple. On parle des choses qui ne vont pas bien, mais il faut parler des choses qui marchent. »
Si cette cérémonie d’inauguration rendait hommage à l’Éducation nationale, l’agence régionale de santé, la maison départementale des personnes handicapées et Mlezi Maoré, qui ont travaillé de concert pour l’ouverture de cette UEEA, c’est bien de l’autre côté de la cour que le concret se déroulait. Zalifa Assani, l’enseignante de cette unité, dirige sa salle de classe au quotidien, en compagnie d’une éducatrice, d’une conseillère pédagogique, et d’un AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap). « J’ai fait un master sciences du langage, puis j’ai postulé directement à l’AESH », récapitule-t-elle. « C’était une aventure pour moi, je ne connaissais pas du tout ce milieu et je voulais vraiment découvrir ce que c’était de travailler avec des jeunes en situation de handicap. » C’est donc dans le petit village de la commune de Tsingoni que Zalifa peut exercer ses talents, et aider la demi-douzaine d’enfants à s’intégrer, même si c’était loin d’être gagné en novembre, lors de la mise en place de cette unité.
Former pour accompagner
« On a des enfants qui étaient soit scolarisés mais mal accompagnés, soit non-scolarisés », avoue José Remondière. « Le bilan que l’on a de Bandrélé est globalement positif, voire très positif. » Même son de cloche du côté de l’enseignante de Mroalé, heureuse de voir ses jeunes élèves s’épanouir : « Au début c’était difficile, c’est une unité qui vient d’ouvrir. Mais, au fur et à mesure, on voit franchement les progrès des élèves. Ça dépend vraiment des élèves. On en a un autonome, qui se mélange aux autres. Pour les autres, il faut encore un peu de temps. » L’espoir est donc de mise au sein de l’école élémentaire, qui a tout fait pour accueillir au mieux ses nouveaux pensionnaires. « On a fait une formation avec toute l’équipe, pour que chacun puisse accompagner les élèves autistes pendant la récréation », explique Insa Hafidhou, directeur dévoué de l’établissement.
Au total, les quatre membres du personnel dédié à l’UEEA auront suivi cinq formations, dont deux en compagnie de l’ensemble de leurs collègues. « Les formations sont vraiment complètes, donc ce n’est pas compliqué de s’adapter », témoigne Zalifa. « On nous explique comment travailler avec les autistes, comment aménager la salle, faire un emploi du temps adapté à chaque élève… » L’objectif, à long terme, est une « intégration dans les autres classes, selon les affinités des élèves », résume Lucie, psychologue de Mlezi Maoré qui intervient régulièrement au sein de l’unité. Pour rappel, un peu moins de 470 enfants de 6 à 11 ans seraient autistes à Mayotte, en extrapolant les statistiques françaises. Plus largement, la MDPH a recensé en 2021 environ 12.000 personnes en situation de handicap, ce qui représenterait 4% de la population mahoraise, contre 10% au niveau national. Le chemin est donc encore long, même si une volonté de fer anime celles et ceux qui le foulent.
“Il est très important que l’emblème de la Croix-Rouge soit présent”

Le président national de la Croix-Rouge française, Philippe Da Costa, était en déplacement à Mayotte, entre jeudi et dimanche. Visites des locaux de Passamaïnty, sur le terrain dans les quartiers, les centres de vaccination, rencontres avec les élus ou les équipes de volontaires, celui-ci n’a pas eu trop le temps de visiter l’île.
Un comité d’accueil attend la délégation sur les hauteurs de Passamaïnty. Autour de la borne fontaine, les enfants et les bouénis se rassemblent sous une chaleur écrasante, mais dans la bonne humeur. Ils aperçoivent enfin la délégation de la Croix-Rouge française entourant Philippe Da Costa arriver au sommet. Déjà venu en 2010, celui qui est devenu président de l’association en septembre 2021 tenait à revenir. La petite place du quartier Gnambotiti n’a pas été choisie au hasard. Le service eau, hygiène et assainissement de la Croix-Rouge intervient fréquemment sur ce point. “On facilite l’accès à l’eau potable, favorise le respect de l’hygiène et aide à lutter contre les maladies”, explique Boueni Djadi Djaauffar, l’animatrice du service qui vient à la rencontre des habitants “au moins une fois par mois”. Aimable et enthousiaste, le président écoute attentivement les exlications de l’animatrice, puis la pièce de théâtre en shimaroé préparée par les volontaires.
Un calendrier très chargé sur quatre jours
“La première raison de ma venue, c’est pour remercier les volontaires pour leur engagement sans faille », fait remarquer le président au cours de la visite. “Je tiens à le saluer parce que vous savez que nous sommes le premier acteur privé non lucratif à être engagé aux côtés des services qui déploient la vaccination sur le territoire national. Deuxièmement, c’est l’occasion de rencontrer les autorités et de parler des projets que nous souhaitons développer. » En effet, le calendrier de Philippe Da Costa est particulièrement chargé. Avec Gaëlle Nerbard, la directrice de la Croix-Rouge en Outre-mer, il doit enchaîner les visites sur le terrain et les rencontres avec le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni, ou le préfet Thierry Suquet. Sans oublier de passer du temps avec les volontaires, qu’ils soient bénévoles ou salariés. “Il est très important que l ’emblème de la Croix-Rouge soit présent sur l’ensemble des départements. Nous sommes les seuls à être présents sur tous les départements ultramarins”, fait-il valoir.
Une présence de plus en plus forte sur le territoire
Avec 300 bénévoles et pratiquement une centaine de salariés, la Croix-Rouge mahoraise est de plus en plus présente dans les quartiers de l’île. “Nous avons un rôle vis-à-vis de l’ensemble des populations, comme nous le voyons ici, avec des programmes autour de la nutrition infantile, autour de l’eau, de l’éducation à l’hygiène. Ce sont des besoins évidents”, détaille Philippe Da Costa. Selon lui, le rôle de la Croix-Rouge est d’autant plus primordial au vu “des défis et enjeux du moment. Les questions climatiques, cycloniques, y compris les volcans sont un univers auquel les populations doivent être préparées. Et préparer les populations aux risques, c’est une mission que la Croix-Rouge française sait faire”.
Les jeunes prennent le pouvoir au détriment des anciens
Ils ont été le ciment de la société mahoraise pendant plusieurs générations. Les aînés, autrefois placés au sommet de l’échelle sociétale, sont aujourd’hui relégués au second plan. Ils perdent petit à petit leur pouvoir, et leur regard sur les générations plus jeunes est de plus en plus critique.
« De nos jours le respect des ainés n’existe plus. » C’est avec amertume que Hamida, âgée de 82 ans, évoque le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Au fil des années, elle a observé, impuissante, les personnes âgées comme elle mises de côté par la jeune génération. Même si elle comprend l’envie des jeunes de se faire une place dans la société, elle regrette le comportement de certains. « Les enfants veulent commander à la place des parents. À mon époque, nos parents décidaient pour nous et on acceptait sans rien dire », raconte-t-elle. C’est ainsi qu’elle se maria avec un homme qu’elle ne connaissait pas à seulement 16 ans alors qu’elle en aimait un autre. « Il allait demander ma main à ma famille mais celle-ci n’a pas voulu de lui parce qu’il était pauvre. Mon grand-frère a trouvé un autre prétendant de notre rang social et je n’ai pas eu mon mot à dire. J’ai dû accepter et je n’avais pas le droit d’être en colère parce que c’était mon aîné qui avait pris la décision », se souvient-elle. Si l’histoire de cette grand-mère peut paraitre anecdotique aujourd’hui, elle était monnaie courante à l’époque de sa jeunesse. Les mariages arrangés définissaient en partie les anciennes générations, et cela semblait normal.
Aujourd’hui, même s’ils existent encore dans la société mahoraise, ce n’est plus la norme. « Les jeunes de maintenant ont raison de choisir eux-mêmes leur partenaire. Je n’ai jamais imposé qui que ce soit à mes enfants », affirme Hamida. Le couple typique mahorais a également été sujet au changement. Si les adultes de la famille, et parfois même du village, avaient un droit de regard sur la relation conjugale, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Du moins, pas officiellement. « Quand j’avais un problème avec mon mari, les aînés de la famille nous réconciliaient automatiquement et je devais écouter ce qu’ils me disaient », indique Hamida. Une situation inimaginable aujourd’hui pour certains couples. « Quand je me suis marié j’ai immédiatement prévenu mes proches. Je leur ai dit que ce qui se passait dans mon couple ne concernerait que ma femme et moi », indique Fardi, du haut de ses 27 ans.
« Les anciens ne prennent pas assez leur place »
Cette évolution des coutumes mahoraises est en général perçue de manière positive par les anciens de l’île, mais d’autres aspects de l’occidentalisation ne sont pas vus d’un bon ?il, à l’exemple des tenues vestimentaires des femmes qui ont sans aucun doute évolué au fil des années. « Avant on couvrait le corps avec un salouva et un châle en toutes circonstances. Seul l’époux avait le droit de nous voir. Aujourd’hui les filles sortent à moitié nues et tout le monde trouve cela normal. C’est désolant… », fait remarquer Soraya, âgée de 77 ans. L’installation progressive des habitudes occidentales sont à l’origine de l’évolution des pratiques de la jeunesse mahoraise. Cependant, toutes les personnes âgées ne tiennent pas la France pour coupable de ces changements. « L’arrivée de la France a été une bonne chose pour nous. Elle a su nous prendre en main et son influence n’est pas forcément négative », soutient Hamida. Et à Soraya d’ajouter, « Les Mzungus ne sont pas responsables du comportement de nos enfants. Nos jeunes n’étaient pas obligés de les imiter mais ce sont les parents qui ont laissé faire », soupire Soraya.
Des parents qui n’ont visiblement plus d’autorité sur leurs progénitures. « Les anciens ne prennent pas assez leur place. Aujourd’hui ce sont les jeunes qui prennent le dessus. Ils s’expriment et donnent le tempo. On tend vers une société qui se base sur le jeunisme », constate Combo Abdallah Combo, sociologue mahorais. Et ce phénomène prendra de l’ampleur dans les prochaines années, comme l’affirme la psychologue clinicienne et écrivaine mahoraise, Rozette Yssouf. « Dans le futur, les aînés vont petit à petit perdre leur pouvoir et leur aura, ils ne seront plus écoutés. La place sera pour les jeunes qui en veulent, et ont une vision différente de Mayotte de demain. » Nos anciens sont-ils condamnés à être oubliés par les prochaines jeunes générations ? C’est du moins ce qui est présagé par les observateurs de la société et les principaux concernés, mais le combat pour trouver le juste équilibre n’est pas perdu.
Retrouvez l’intégralité du dossier consacré à l’identité de la jeunesse mahoraise dans le Mayotte Hebdo n°987, accessible gratuitement en ligne.
Installation officielle du conseil des prud’hommes ce vendredi

Vendredi dernier a vu l’installation officielle du premier conseil des prud’hommes de Mayotte. Son intronisation a eu lieu au tribunal de grande instance de Mamoudzou et, l’après-midi, une « journée de la prud’homie » était organisée dans l’amphithéâtre du lycée des Lumières de Kaweni en présence des grandes personnalités politiques et judiciaires de l’île pour expliquer les missions de cette nouvelle instance.
« C’est une journée historique pour Mayotte », a affirmé avec enthousiasme Gaëlle Biguet, la présidente du premier conseil des prud’hommes de Mayotte. Cette instance composée de juges non professionnels est chargée de régler les litiges entre employeurs et salariés. Elle est composée d’un collège de salariés et d’un collège d’employeurs disposant du même nombre de voix. Les conseillers prud’homaux de l’île au lagon sont au nombre de 28. Si cette instance est de règle depuis de nombreuses années en France métropolitaine, elle n’était pas encore en place à Mayotte qui, département depuis seulement 2011, n’est pas encore alignée au droit national dans tous les domaines.
Auparavant, les litiges entre employeurs et salariés étaient réglés par le tribunal du travail que le conseil des prud’hommes vient désormais remplacer. « La mise en place du conseil des prud’hommes vient parachever pleinement l’application du code du travail à Mayotte qui a débuté le 1er janvier 2018. Ce fut long, mais nous y sommes enfin ! », s’est félicité le préfet Thierry Suquet, naturellement présent à la journée de la prud’homie qui s’est déroulée le vendredi après-midi au lycée des Lumières. Plusieurs autres personnalités officielles ont également fait un discours pour insister sur l’importance de cette journée. « L’installation de ce conseil est une victoire des Mahorais dans leur combat historique pour devenir des Français à part entière », a notamment précisé Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental.
Une instance spécialisée dans le règlement des litiges dans le privé
Le conseil des prud’hommes est spécialisé dans le règlement des litiges concernant les contrats de droit privé. Le secteur public n’est donc pas concerné. Pour le moment, ce conseil est installé dans les locaux de la chambre d’appel de Mamoudzou en attendant la livraison de ses propres locaux au niveau du tribunal judiciaire en zone Nel. « Nous pensons avoir terminé de traiter tous les dossiers de 2021 d’ici le mois de juin 2022 », a déclaré Gaëlle Biguet, la présidente de ce nouveau conseil qui est également la directrice du centre d’affaire de Mamoudzou. En 2022, déjà 35 dossiers ont été saisi par le greffe.
« Bien que nous ne soyons pas des magistrats professionnels, nous sommes des professionnels des relations sociales : avant de juger, nous incitons à la conciliation. Notre but est de « faire s’entendre des parties qui ne veulent pas s’écouter » », a dévoilé la présidente. Les citoyens seront donc jugés par leurs pairs. En cas de voix égales, un juge départiteur, professionnel pour sa part, est chargé de départager les voix. À Mayotte, ce rôle sera joué par Benoît Rousseau, le vice-président du tribunal de grande instance de Mamoudzou.
Au cours de la journée de vendredi, les partenaires sociaux ont été également mis à l’honneur puisque ce sont eux qui ont impulsé la mise en place de conseil afin que les Mahorais soient jugés comme des Français à part entière. « Réclamé par les partenaires sociaux depuis 2017, nous pouvons nous enorgueillir de donner corps à l’expression du droit made in France et d’offrir à chaque habitant de France le même accès à la justice, l’égalité devant la loi », a conclu Gaëlle Biguet.
Une conférence des dirigeants des clubs sportifs sur la lutte contre les violences sexuelles
Ce samedi 19 février, le service de lutte contre les violences sexuelles et sexistes dans le milieu sport de Profession Sport Loisirs Mayotte, avec le soutien de la délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports, de l’agence régionale de santé, de la direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes, de la Politique de la ville et du ministère des Outre-mer, organise une conférence à la MJC de Tsoundzou II de 8h30 à 13h à destination des dirigeants des clubs sportifs.
Il s’agit de présenter à ces derniers les missions de ce service afin de pouvoir collaborer dans les mois à venir. L’idée est de former toute personne susceptible d’intervenir dans un club de sport (coachs, bénévoles, membres du bureau, staff médical) et de sensibiliser les sportifs à la problématique des violences sexuelles en milieu sportifs. Le but ici est de leur faire comprendre leurs droits pour les protéger à l’avenir et/ou de libérer la parole de celles et ceux qui auraient subi ce type de violences.
Un concours autour de l’instrument traditionnel Masheve
En partenariat avec la commune de Bandrele et l’association Mama Chingo, l’école Musique à Mayotte organise ce samedi à 16h à la médiathèque un événement autour de l’instrument traditionnel Masheve, dont l’art a été transmis Ansufati Velou qui présidera la quatrième édition de ce concours. Pas moins de vingt-deux élèves en option musique du collège de M’Gombani concourent cette année. Au programme : un accueil au son des mbiwi, un film sur la fabrication du sel, le 1er tour du concours, une danse Shakacha par les élèves pendant la délibération du jury avant la grande finale.
Coup de filet du parc naturel marin
Au cours d’une mission de suivi des populations d’holothuries, lundi dernier, les agents du Parc naturel marin de Mayotte ont observé deux filets de pêche posés sans surveillance entre l’îlot Sada et la plage.
Ces deux filets, marqués par des bouées non identifiées étaient étendus sur 70 mètres de long chacun dans une zone récifale par 20 mètres de fonds. Comme aucun pêcheur ni aucune embarcation n’était visible dans le secteur, un inspecteur de l’environnement du Parc a procédé à son appréhension. Lors de la remontée du filet, les équipes ont pu observer du corail piégé dans ses mailles : ce dernier a été aussitôt remis à l’eau. Malheureusement, le corail, une fois cassé, a peu de chance de survie.
Pour rappel, à Mayotte, la pêche au filet n’est autorisée que pour les pêcheurs professionnels et dans certaines conditions : immatriculation du filet par le numéro du navire, signalement par des bouées de jour et par des feux de nuit, filet ayant été déclaré auprès des affaires maritimes.
La présence permanente du navire de pêche à moins de 100 mètres du filet est obligatoire afin d’éviter tout risque de capture d’espèces réglementées telles que le napoléon, le perroquet à bosse, la raie manta, le grand requin marteau, les tortues marines, les cétacés, les dugongs et d’autres espèces (liste complète dans l’arrêté préfectoral n°2018/DMSOI/601 du 28 juin 2018).
Par ailleurs, dans le lagon la pêche au filet est limitée à la capture des poissons pélagiques comme les pêche-cavales, les bonites ou les bécunes (makro, pwéré ou miché en shimaoré). Les prises accessoires (= autres espèces) ne doivent pas représenter plus de 20% des captures sinon elles doivent être rejetées vivantes afin de pouvoir assurer un renouvellement des ressources.
De plus, la pêche au filet est interdite dans les zones et chenaux internes des mangroves, à l’aplomb des zones d’herbiers et de récifs coralliens vivants afin d’éviter les prises accidentelles et la destruction directe d’espèces dans ces lieux clés de nourrissage et de nurseries marines.
Les contrevenants sont passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à 22.500 euros d’amende.
Une section internationale britannique ouverte au collège de Koungou
Dans le cadre du plan Langue du ministère de l’Éducation nationale et de la politique d’ouverture à l’international du recteur, une section internationale britannique ouvrira à la rentrée 2022 à Mayotte. Elle est le fruit d’un partenariat entre deux États, la France et la Grande-Bretagne. Celle-ci vise à accueillir des élèves des deux pays au sein d’une même classe. Elle regroupera une vingtaine d’élèves du territoire attestant de compétences avérées en langue, littérature, civilisation et culture britanniques au collège Frédéric D’Achery de Koungou. Une moitié des cours d’histoire géographie se fera en anglais et portera sur le programme britannique. L’autre moitié, en français, se déroulera selon le programme habituel. Le corps enseignant sera constitué de binationaux. À terme, un volet mobilité sera aussi intégré. En complément du partenariat avec un établissement scolaire britannique, un échange d’élèves en séjour d’études sera aussi mis en place.
Pour être admis dans la section internationale britannique, les élèves de tout le territoire seront sélectionnés sur dossier ou passeront un examen attestant de leurs compétences dans la langue et la culture de ladite section. Au collège, la section internationale débouchera sur un diplôme national du brevet mention « internationale » (DNBI). Il permettra une poursuite en lycée (Lycée des Lumières à la rentrée 2023) en vue d’obtenir un baccalauréat français international (BFI) à l’horizon 2024-2025.
Il s’agit là d’une première dans l’académie. En plus de l’anglais, des projets similaires en espagnol et arabe, sont en cours d’élaboration pour un déploiement dans trois autres collèges de l’île : M’tsamboro, M’gombani et Dembéni.
Des arrêts de travail en pagaille au collège de Dembéni
Le collège de Dembéni est confronté à une vague d’arrêts de travail ces derniers jours. Les secrétaires, comme une part importante d’enseignants, ne pouvaient se rendre au travail ce jeudi. Une situation à mettre en relation avec le climat pesant sur l’établissement scolaire. Une partie du personnel, en effet, est en conflit avec la direction. Malgré l’intervention du rectorat en décembre et une nouvelle tentative de médiation, mardi matin, le problème n’est toujours pas réglé.
Tout comme à l’extérieur d’ailleurs, puisque des parents d’élèves manifestent toujours à l’entrée. “On sera là tant qu’il n’y aura pas de médiation avec nous”, rappelle Adidja Fatihoussoundi. Cette ancienne maman d’un élève de Zakia Madi garde la confiance des autres mères. Celle-ci raconte d’ailleurs que l’une d’entre elles a été convoquée par la direction à cause d’une pancarte réalisée et tenue par un élève. Cette dernière a été jugée insultante par le chef d’établissement, ce qui ne risque pas d’apaiser les tensions