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Vers une modernisation des presses à briques de terre

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Ils sont quelques-uns sur l’île à vouloir relancer la production de brique de terre compressée.

Attendu sur l’île depuis plusieurs mois par des artisans locaux, le patron de l’entreprise belge Appro-Techno a séjourné une semaine à Mayotte. Il se dit prêt à relever le défi de la modernisation des presses à briques de terre compressée pour garantir une production plus importante au marché local.

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Gérant d’Appro-Tech, Sébastien Deputter a déjà plusieurs commandes mahoraises pour ses presses.

Au terme d’une semaine passée sur le territoire, Sébastien Deputter, nouveau dirigeant d’Appro-Techno SPRL est convaincu qu’il y a de l’avenir pour le secteur de la brique de terre compressée à Mayotte, à court, moyen et long terme, si tant que les pouvoirs publics se mobilisent pour soutenir les petits artisans dans leur volonté à moderniser leurs outils de production. Il a repris, il y a quelques temps, la direction de cette entreprise belge qui fabrique toute sorte de moules à blocs de terre stabilisée ou cuite. Des machines – parmi d’autres inventions belges – vendues à travers le monde, notamment en Amérique du Sud et les pays des grands lacs, sous le vocable de technologies wallonnes pour le sud. « En quarante ans, les choses ont bien changé à Mayotte et le reste du monde a évolué. Les petits artisans se demandent comment trouver des réponses appropriées face aux nouveaux défis contrairement aux entreprises multinationales. Il leur faut travailler avec une ressource locale, en formant d’avantage de responsables de production que des ingénieurs et se trouver un maximum d’alliés pour éviter d’être isolés ».

Dans cette nouvelle phase de la production de briques de terre compressées, le chef d’entreprise avance notamment une autre idée, la création d’un statut spécifique pour les jeunes entrepreneurs mahorais très désireux de devenir les fers de lance de ce nouveau marché de la production de briques mahoraises. Un statut qui leur permettrait par exemple de bénéficier d’une baisse de cotisations sociales au-delà d’une embauche de deux ouvriers. « Le marché existe bel et bien, mais les anciennes presses toujours disponibles sur place après quarante ans ne correspondent plus aux enjeux du moment. Pour faire face à la demande trop forte exprimée par le marché, il est indispensable de faire évoluer cet équipement vers des machines motorisées. Il ne faut pas non plus oublier la formation des hommes qui vont s’en servir car d’elle dépend la baisse du coût de production », fait-il valoir.

Un transfert de technologie

Sébastien Deputter fait part aussi de son étonnement face à certaines contradictions des services de l’État à Mayotte. Il a évoqué une commande qui lui a été faite il y a trois ans pour des presses à briques destinées à un centre de formation sur l’île dont il a appris sur place la fermeture. La logique consistante à décréter le développement tous azimuts de l’écoconstruction à l’aide de machines spécifiques préposées à cela impose une formation préalable et le besoin d’un vivier de pré-formateurs avant de lancer Mayotte dans une production à échelle de briques de terre stabilisée. Ainsi, il est ressorti des entretiens avec les artisans locaux, un nécessaire besoin de transfert de compétences et de savoir-faire dispensé par un technicien de sa société qui sera détaché au sein d’une entreprise mahoraise. Des frais de formation qui seront selon lui, « anormalement » supportés par le secteur privé alors qu’il s’agit à long terme de l’intérêt général de Mayotte.

Sur ce point particulier, le patron d’Appro-Tech souligne la nécessité de lutter contre les idées préconçues au sujet du coût de ces équipements, ne pas confondre le matériel (une presse de 80 kilogrammes à 1.500 euros avec un moule de deux millimètres d’épaisseur) fourni par le géant chinois du prêt à l’emploi Alibaba et les technologies wallonnes (400 kg à 4.200 euros avec un moule de 10 mm qui est la norme requise en Europe) conçues pour durer au-delà de 40 ans. Il envisage d’ailleurs un important plan de communication en direction des fabricants mahorais de brique de terre compressée pour le faire savoir. Il met en valeur un autre atout de cette technologie wallone destinée à Mayotte, la presse motorisée serait à la fois génératrice de profits et de valeur ajoutée mais également d’emplois directs (6) et encore d’avantage en emplois indirects.

Son entreprise se dirige vers la fabrication et la livraison dans notre département d’une unité de production semi-automatique d’un coût de 150.000 euros, assistance technique comprise. Cette unité permettra de produire 50.000 blocs de terre par mois soit de quoi permettre de construire 50 à 60 logements par an, sans porter atteinte à l’environnement. En termes de retombées, il y aura à la clé dix emplois directs, sans parler de tous les autres corps de métiers (maçons, plombiers, électriciens, carreleurs, etc ….). « Tout ce que n’offre pas le produit d’Alibaba », conclut-il sur une pointe d’humour bien belge.

L’information, un domaine loin d’être étranger aux élèves mahorais

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Une centaine d’enseignants étaient au collège de Kwalé pour le séminaire d’éducation aux médias et à l'information, une discipline qui prend de plus en plus d’importance dans les établissements.

La deuxième édition du séminaire d’éducation aux médias et à l’information (EMI) était organisée par l’académie de Mayotte, ce mercredi matin, au collège de Kwalé. Le recteur de Mayotte, Jacques Mikulovic, a ouvert les travaux en présence d’une centaine d’enseignants des premier et deuxième degrés. Des tables rondes ont permis à différents intervenants d’échanger sur les thématiques liées à l’usage des médias et des nouvelles technologies dans la vie des jeunes.

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Accessible aux élèves, le Chab’, le magazine édité par la Somapresse, est aussi rédigé par eux.

C’est la deuxième fois qu’une manifestation de ce genre est organisée à dans le département, sous la houlette du centre de documentation pédagogique et le Climi (centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information). Cheville ouvrière de cette opération, son secrétaire général, Éric Micaelli, actuellement absent du territoire est intervenu par vidéo conférence, après le recteur Jacques Mikulovic. La vulgarisation des médias à l’école tend à devenir une discipline à part entière dans l’enseignement en France, à l’instar d’autres pays développés comme le Canada et la Belgique. Il s’agit de préparer les scolaires à devenir des citoyens avertis par rapport aux réseaux sociaux et à toutes les nouvelles technologies de l’information qui prennent énormément de place dans leur quotidien, à l’école comme à la maison.

Dans le domaine des médias scolaires, Mayotte est plutôt considérée comme un territoire prolixe, 17 établissements sur 21 possèdent leur journal, un site internet ou une web radio. Un foisonnement qui s’explique notamment grâce à une grande volonté des enseignants, ainsi qu’une nouvelle impulsion consécutive à une circulaire de 2022 qui impose une participation des élèves à un média. Une action qui, en plus d’être ludique, participe à la valorisation de tout ce qui se passe dans un établissement, mais aussi initie les enfants aux différents métiers existants dans le domaine de la presse, ce qui peut générer aussi des vocations. C’est notamment le cas du collège Zéna Mdéré de Pamandzi où Grégoire Nakadjian (professeur documentaliste) anime un journal imprimé le « Zéna », disponible aussi en ligne. Entièrement réalisé et dédié aux élèves de cet établissement, il constitue pour ces derniers un moyen efficace d’aborder des sujets très variés. En outre, l’établissement possède une web radio parrainée par radio locale Radio Dziani, une obligation consécutive à la fameuse circulaire de 2022. D’autres établissements travaillent avec des chaînes de télévision locales, c’est le cas à Chiconi, où l’expérience est conduite par Mikael Geraud. Des enseignants du primaire se sont montrés très intéressés par cette dynamique de la presse à l’école et souhaitent son extension aux petites écoles.

Un magazine dédié à la jeunesse

Le magazine « Chab’ », édité par la Somapresse (qui édite aussi Flash Infos et Mayotte Hebdo), en collaboration avec le rectorat de Mayotte, est un exemple éloquent sur ce développement de la presse à l’école. À l’occasion des tables rondes qui ont suivi les interventions des officiels, Laurent Canavate, son gérant, a expliqué que cet outil est né d’une idée née il y a une douzaine d’années, à travers les pages « Tounda » (soit « curieux » en shimaoré), un ensemble jadis intégré dans le « Mayotte Hebdo » et distribué dans les collèges et lycées. Il s’agissait alors de ramener l’information au plus près de milliers de scolaires mahorais.

Aujourd’hui, le Chab’ s’adresse toujours aux jeunes, leur permettant de dire ce à qu’ils pensent, veulent ou ce qui les intéressent. Sa conception, qui mobilise des enseignants et des élèves dans tous les collèges et lycées de l’île, se finalise par 10.000 exemplaires imprimés à Mayotte malgré un coût relativement élevé. En cours de préparation pour sa huitième parution, il vise à inciter les collégiens et les lycéens à écrire, à poser les bonnes questions, à connaître l’intérêt d’une bonne information, des sources et de la vérification d’information. C’est un travail très sérieux et professionnel qui est conduit avec les élèves qui leur permet d’avoir un regard critique sur ce qui se passe à Mayotte et dans le monde.

Nassurdine Ali, vice-président du Raiv : « le numérique, c’est l’avenir »

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L’équipe du Raiv en mai 2022 lors d’une journée d’initiation au numérique à l’école de Vahibé.

Le 13 mai dernier, la manche régionale du concours « 24h by Webcup » a été remportée par l’équipe du Raiv (Rassemblement Action et Insertion de Vahibé). Elle représentera donc Mayotte lors de la compétition entre les îles de l’océan Indien très prochainement.

Au concours « 24h by Webcup » organisé par Mayotte in Tech et la CCI, ils font figure de favoris désormais. Ce n’était donc qu’une demi-surprise quand les membres du Raiv (Rassemblement Action et Insertion de Vahibé) ont été déclarés gagnants le 13 mai dernier. L’épreuve consistait à créer un site internet en 24h. Les lauréats ont remporté, entre autres, des ordinateurs « PC gamer », qui sont plus puissants que les autres. Mais aux yeux de Nassurdine Ali, vice-président de l’association, ce n’est pas ce qui est important, de toute façon « tout le monde est récompensé ». En effet, le concours « 24h by Webcup » est surtout le meilleur moyen de se faire remarquer. Cette compétition permet de « faire connaître le numérique de façon globale. C’est un moment de partage, de rencontre avec des professionnels » affirme le vice-président. C’est également un lieu de développement, de fête et de plaisir. Pour lui, « le numérique, c’est l’avenir » et il est important d’inspirer la jeunesse. A Vahibé, qui souffre souvent de sa réputation, l’association veut faire oublier cette image entachée par les débordements et les faits de violence recensés. Le jeune homme estime que les jeunes du village peuvent devenir brillants, il suffit juste de les aider à développer leur potentiel (voir encadré).

Une victoire à portée de main

Après avoir été sélectionnée, l’équipe représentera Mayotte lors du concours face aux autres îles de l’océan Indien. Pour l’instant, ni date ni lieu n’ont encore été communiqués. Tout ce que l’on sait, « c’est que [le concours] se déroulera quelque part dans l’océan Indien », admet Nassurdine Ali, il ajoute de plus que l’annonce « ne devrait pas tarder ». Il se confie sur leurs chances de gagner la compétition : « l’année dernière, on péchait dans la partie développement. Cette année, on collabore avec Houmadev, qui est une startup spécialisée dans la création de sites web et d’applications. Je pense qu’on a toutes nos chances ».

Davantage qu’un club informatique

L’association propose du soutien scolaire pour les enfants de Vahibé. Les plus grands reçoivent de l’aide pour la rédaction de lettres de motivation par exemple. Quand les jeunes n’ont pas forcément toutes les méthodes, l’équipe les assiste et les soutient dans leurs démarches. Elle organise régulièrement des ateliers de formation à l’utilisation de divers appareils et logiciels, car même si les enfants d’aujourd’hui sont très doués avec les nouvelles technologies, il ne faut pas négliger leur apprentissage. De plus, l’organisation aide et sensibilise les parents sur les dérives d’internet et les contrôles qui peuvent être mis en place. Il est très facile de trouver des contenus inappropriés, illégaux. Elle veut tendre la main aux jeunes, les protéger et les éduquer pour leur permettre de développer leurs ambitions, de découvrir de nouveaux métiers et peut être des vocations.

« Offrons à Mayotte un avenir à la hauteur de la République française »

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En pleine opération Wuambushu, Madi Madi Souf (ici avec le ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer, Gérald Darmanin, et le ministre délégué Jean-François Carenco en août 2022) et Ben Issa Ousseni ont rappelé les enjeux importants sur l’île de Mayotte.

Chef de l’exécutif au Département de Mayotte, Ben Issa Ousseni s’associe à Madi Madi Souf, président de l’association des maires de Mayotte, dans une tribune pour rappeler leurs attentes alors que l’opération Wuambushu est en cours. Ils demandent un discours plus ferme de l’État contre l’Union des Comores, l’égalité sociale avec l’Hexagone et la fin des titres de séjours « territorialisés » qui bloquent les personnes en situation irrégulière sur le sol mahorais.  

« Nous, élus de Mayotte, alertons depuis des années sur la situation de pourrissement que vit notre département. La pression démographique liée à l’immigration s’accroît, les services publics se dégradent, et l’insécurité explose. En septembre 2022, nous lancions déjà un appel au secours, avec une opération « île morte », pour dénoncer une insécurité hors de contrôle. L’opération « Wuambushu », déclenchée par le ministre de l’intérieur et des outre-mer, Gérald Darmanin, nous a donné l’espoir d’avoir été entendus. Rétablir la sécurité, éradiquer les bidonvilles, lutter contre l’immigration clandestine sont trois objectifs que nous soutenons. Il s’agit de reprendre le contrôle de notre destin et de recouvrer la paix à Mayotte. Malheureusement, malgré les renforts importants des forces de l’ordre et l’arrestation de dangereux criminels, l’évolution des événements nous fait craindre le pire.

En réaction à l’opération « Wuambushu », l’Union des Comores renâcle au retour de ses ressortissants en situation irrégulière. Un bras de fer diplomatique s’est engagé, dont l’issue est incertaine. Sur le volet de la lutte contre les bidonvilles, des recours en justice ont freiné les démolitions, et des difficultés demeurent du fait des capacités réduites de relogement et d’hébergement du territoire. Sur le volet de l’insécurité, les violences physiques sont toujours massives et les tensions sont vives. Les Mahorais subissent encore des violences extrêmes, comme des attaques de bandes de délinquants cagoulés et armés de machettes. Certains élus, parmi eux des maires, sont aussi pris pour cible.

Face à ces difficultés, nous sommes attentifs aux réactions du gouvernement. Dans une récente déclaration, Jean-François Carenco, ministre délégué aux outre-mer, a annoncé que l’opération « Wuambushu » pourrait prendre fin d’ici à deux ou trois mois avec un retour en métropole des policiers et des gendarmes dépêchés. Ce serait un aveu d’impuissance et un abandon impardonnable de Mayotte. Nous ne pouvons accepter cette issue honteuse, ce gâchis. Nous savons que nos problèmes ne pouvaient être résolus en trois mois. Mais le niveau de tension actuel nous alerte. Tout peut dégénérer rapidement si l’action de l’Etat à Mayotte vire au retrait tactique. Une action politique doit être redéfinie en lien avec les élus locaux que nous sommes. Et, pour être efficace, le courage d’agir devra résolument s’inscrire dans la durée.

« Que cesse le chantage de l’Union des Comores »

A nos yeux, le Quai d’Orsay [siège du ministère des Affaires étrangères] devra revoir sa position sur Mayotte et enfin oser affirmer officiellement la supériorité du principe de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes dans le droit international. C’est par ce principe que le choix de la France s’est exprimé à Mayotte. Mayotte française, ce n’est pas une domination néocoloniale qui perdure, c’est au contraire l’expression démocratique des Mahoraises et des Mahorais qui ont fait le choix de la liberté au sein de la nation française.

En réponse à nos compatriotes les plus sceptiques devant ce choix, nous rappellerons ces mots de l’historien Fustel de Coulanges [1830-1889] : « Ce qui distingue les nations, ce n’est ni la race ni la langue. Les hommes sentent dans leur cœur qu’ils sont un même peuple lorsqu’ils ont une communauté d’idées, d’intérêts, d’affections, de souvenirs et d’espérances. Voilà ce qui fait la patrie. » Le cœur des Mahorais est libre, et il est Français. A notre diplomatie d’en faire un argument pour que cesse le chantage de l’Union des Comores. Solder ce contentieux est indispensable pour espérer un jour une coopération assainie. Nous n’avons que trop tardé.

Aujourd’hui, la situation explosive de Mayotte n’est pas une fatalité liée à notre proximité géographique avec des voisins pauvres. L’impasse dans laquelle nous sommes s’explique par des décennies d’indécision et d’absence de volonté claire, qui ont laissé grossir les difficultés. Pour nous en sortir, il faut faire un choix au plus haut niveau de l’État : celui d’une solidarité et d’une égalité républicaines sans faille à l’égard de Mayotte. Il nous faut pérenniser les renforts de forces de l’ordre pour venir à bout de l’insécurité et rétablir enfin la paix civile. Il nous faut affirmer l’autorité judiciaire avec la création d’une cour d’appel à Mamoudzou, un centre éducatif fermé et un nouveau centre pénitentiaire. L’impunité doit cesser. Il nous faut une véritable égalité sociale. Nous ne sommes qu’à moitié Français en matière de prestations sociales. Cette discrimination est d’autant plus manifeste qu’à Mayotte tout coûte plus cher qu’en métropole.

Ils demandent la fin des titres de séjours « territorialisés »

Enfin, il nous faut plus de solidarité de la nation face à la pression migratoire hors norme que nous subissons. Alors que nos services publics sont saturés, alors que l’eau potable nous manque de façon dramatique, alors que nous battons des records de chômage, l’État bloque, dans notre département, des étrangers régularisés, en délivrant des titres de séjours dits « territorialisés ». En privant ces étrangers en situation régulière de la possibilité de circuler en France hors de Mayotte, l’État nous sacrifie, et c’est l’aveu d’un égoïsme coupable. Comment juger, de la métropole, les réactions d’exaspération qui peuvent se manifester ici sans regarder ces années d’abandon et de discrimination qui ont transformé notre paradis en terre de violence et de peur ?

Nous aimons Mayotte et nous aimons la France. Nous sommes riches d’un patrimoine multiculturel unique, riches des talents de notre jeunesse, riches aussi d’un patrimoine naturel et d’une ouverture dans cet espace économique stratégique qu’est le canal du Mozambique. Arrêtons le gâchis, faisons le choix du courage pour relever Mayotte et renforcer la France. Offrons, enfin, à Mayotte un avenir à la hauteur de la République française. »

Madi Madi Souf, président de l’association des maires de Mayotte, et Ben Issa Ousseni, président du conseil départemental de Mayotte

Meurtre à Nyambadao : une information judiciaire ouverte pour assassinat

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Après la mort d’une jeune fille âgée de 8 ans, ce lundi, dans le village de Nyambadao, la garde à vue du principal suspect doit prendre fin, ce mercredi après-midi. Pour rappel, le corps de la fillette a été découvert près de la maison de sa tante chez qui elle vivait, lundi après-midi. Selon nos confrères de Mayotte la 1ère « une grosse pierre a été retrouvée sur son thorax. Mais son corps présentait la marque d’autres coups ». L’autopsie effectuée mardi matin indique que c’est un coup à la tête qui a provoqué la mort de la victime. Par ailleurs, l’expertise exclut tout acte sexuel.

Un homme a été interpellé dans le cadre de cette affaire. Il est du « voisinage », selon le procureur de la République. Même si ses motivations restent floues, il est passé aux aveux lors de sa garde à vue. Il doit être présenté au juge d’instruction et une information judiciaire va être ouverte pour assassinat.

La mairie de Bandrélé a communiqué, qu’à la suite « de l’événement dramatique qui a lieu [lundi] à Nyambadao, la population est informée qu’une cellule de veille a été mise en place à l’école élémentaire du village avec la collaboration du rectorat pour prendre en charge les enfants qui sont dans le besoin ».

Un ouvrier fait une rupture d’anévrisme pendant le décasage de « Talus 2 »

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Alors que les pelleteuses ont débuté les démolitions des cases en tôle, ce lundi matin, à Majicavo-Koropa, l’un des ouvriers a semblé faire un malaise. En réalité, nous avons appris qu’il a fait une rupture d’anévrisme. Selon nos confrères, Grégoire Mérot, Louis Witter, Cyril Castelliti et Bastien Doudaine, qui suivent de près les familles qui habitaient ce quartier de la commune de Koungou, il s’agit d’un Mahorais qui y vivait lui-même et devait donc procéder à la destruction de sa propre habitation. Mayotte La 1ère indique, ce mercredi matin, que celui-ci « est en état de mort cérébrale ».

 

« Déprimé », il collectionnait des images pédopornographiques

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Ancien enseignant, un homme de 79 ans a été condamné à trois ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce mardi. Le signalement d’une fondation américaine avait permis de remonter jusqu’à l’ordinateur de ce Breton installé à M’tsapéré. Sur l’image téléchargée, on voyait une fillette dénudée allongée sur un lit. Et lors de la perquisition, les policiers de Mamoudzou n’étaient pas au bout de leur surprise. Car ce n’est pas une seule photo pédopornographique qu’ils ont trouvée, mais des milliers, avec parfois l’implication d’animaux. L’homme dit avoir commencé à télécharger ce genre d’images « il y a cinq ou six ans » et qu’il les regardait quand il se sentait « déprimé ». Sans casier judiciaire et après une longue carrière dans l’enseignement, le prévenu se dit amoureux « de la nature » et « de philosophie ».

Le procureur de la République, Yann Le Bris, voit dans le contenu retrouvé « des images d’une violence extrême. Très loin d’une conception humaniste de l’homme et de la nature ».  Il requiert trois ans de prison, dont deux ans avec sursis. Le tribunal convient de la même peine, mais complètement assortie d’un sursis. L’homme est également inscrit au Fijias (fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles) et doit suivre des soins. Ce qu’il a parfaitement convenu quand a été évoquée sa rencontre avec l’experte psychiatre. « Elle est très bien. J’aimerais bien la revoir. On a encore des choses à se dire. »

« Sabena », un spectacle pour ne pas oublier

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« Sabena », spectacle d’Ahamada Smis, fait revivre un épisode de l’histoire des peuples de l’archipel. Le massacre de Majunga, à Madagascar en 1976 est rejoué de manière originale, mêlant les différents types d’art : slam, danse contemporaine, musiques traditionnelles et création vidéo.

Ce spectacle a plusieurs vocations. Souvenirs, devoir de mémoire, il communique un héritage. « Il n’est pas descriptif mais symbolique. Le souvenir passe par l’énergie du corps, le slam, les instruments et toutes les autres formes d’art utilisés », affirme Véronique Méloche, présidente de l’association Hippocampus, qui se charge de la communication et de la logistique autour de ce spectacle.

Vivant, l’artiste veut aussi représenter la douleur, le pardon et la guérison. Interprétés par quatre danseurs, il se veut fort en émotion. Mettre l’accent sur la proximité, c’est aussi un des objectifs du spectacle, dont deux des danseurs sont Mahorais. Il traite d’un sujet de l’océan Indien et met en valeur sa culture et son histoire.

La représentation aura lieu le 28 mai à 19h à la MJC de Kani-Kéli. L’entrée est au prix de dix euros pour les non-adhérents de l’association Hippocampus et de cinq euros pour les adhérents.

« Festi’Biodiv », la fête de la nature à Bandrélé ce samedi

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Afin de sensibiliser les acteurs de son territoire (grand public, institutionnels, professionnels, bénévoles, collectifs, associations et passionnés etc.) à la cause environnementale et à la mise en valeur des richesses du territoire intercommunal, Monsieur Ali Moussa MOUSSA BEN, Président de la Communauté de Communes du Sud de Mayotte (CCsud) et Madame Mu’uminat CHEICK-AHMED, Vice-Présidente en charge de l’Environnement & de la Transition Ecologique s’associant à l’ensemble des élus communautaires vous convient à la prochaine Fête de la nature, nommée « Festi’Biodiv » qui se tiendra le samedi 27 mai 2023, au terrain de foot de Bandrélé, à partir de 8h.

L’objectif de cette journée festive est de sensibiliser le grand public sur la biodiversité, favoriser le développement durable, permettre l’intégration de la biodiversité dans les quartiers et la nécessité de préserver les atouts naturels de notre territoire reconnu comme étant la « perle de Mayotte ». Au programme de la journée : différents ateliers et stands ludiques seront proposés sur la biodiversité par les associations environnementales pour découvrir les espèces et la biodiversité remarquables, des jeux d’animation pour les enfants, une exposition photo sur la faune et la flore.

Le choix des organisateurs a été fait afin de récompenser les lauréats du concours d’embellissement des quartiers « SUD Fleuri » et du concours « Photo Langou », lancé sur les réseaux sociaux portant sur la faune et la flore de Mayotte. Ce sera également l’occasion d’honorercinq5 personnalités engagées dans la protection de la nature de la commune de Bandrélé. Pour cette première édition à Bandrélé, une vingtaine d’associations environnementales et partenaires locaux seront présentes. Cette action est portée par la Communauté de Communes du Sud avec la ville de Bandrélé et le Centre communal d’action sociale (CCAS) dans le cadre du contrat local de santé et soutenue par l’Agence régionale de santé.

Traditionnel dimanche de la baie à Chiconi

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Ce dimanche 28 mai, la ville de Chiconi et la MJCSC de Chiconi organise le dimanche de la baie, sur la rocade Bamana et sur la place Sicotram, à partir de 13h. Au programme ce mois-ci : marché populaire (commerçants, artisans, restauration), activités MJCSC De Chiconi (roller, château gonflable, trampoline), VTT Chiconi (balade à vélo), jeux de sociétés (Mraha et Möllky). Et en plus des activités habituelles, le collectif de jeu de Mraha de Chiconi proposera des initiations à ce jeu traditionnel de l’océan Indien, le marché paysan des agriculteurs locaux mettra en vente des produits frais. De 16h à 17h, fitness avec les équipes du CCAS de Chiconi et de 17h à 18h, animation live avec le Groupe Sarera Chiconi.

Circulation alternée : la consultation se termine ce jeudi

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Depuis plusieurs années, le réseau routier de Mamoudzou est de plus en plus congestionné, voire totalement saturé en particulier lors des heures pleines. Pour faire face à cette situation qui impacte considérablement la qualité de vie, la santé, l’économie, l’environnement et le cadre de vie, une proposition de circulation alternée dans le centre-ville de Mamoudzou, de façon temporaire le temps des travaux lourds du réseau Caribus, est à l’étude. Cette mesure vise à réduire le nombre de véhicules sur la route en alternant leur circulation selon le numéro, paire ou impaire, de leur plaque d’immatriculation.

Ce projet débuterait le jeudi 1er juin 2023. A ce titre, la Ville de Mamoudzou lance une consultation citoyenne afin de recueillir l’avis des citoyens, notamment sur la fréquence de l’alternance, ainsi que toute proposition pour fluidifier le trafic. Vous avez jusqu’à ce jeudi pour répondre au questionnaire. « La Ville de Mamoudzou vous remercie pour votre participation et votre engagement pour une ville plus fluide et plus agréable à vivre », fait savoir la municipalité.

Participer à la consultation citoyenne sur forms.office.com/r/5QkUJ4yDtS

Future Maore Reefs : « Un devoir de faire connaitre notre environnement à notre jeunesse »

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L’équipe interdisciplinaire du projet scientifique Future Maore Reefs, après avoir présenté son film, a répondu aux questions des élèves présents dans la salle.

À l’occasion de la journée de sensibilisation sur les récifs coralliens de Mayotte, l’équipe interdisciplinaire du projet scientifique Future Maore Reefs a accueilli grand public et scolaires au pôle culturel de Chirongui, ce mardi. Le projet scientifique et les enjeux liés aux récifs coralliens de Mayotte ont été présentés au travers de films et d’une exposition de panneaux de sensibilisation.

Faire découvrir le projet scientifique Future Maore Reefs, initié par l’institut de recherche pour le développement (IRD) et le Parc naturel marin de Mayotte, en partenariat avec le centre universitaire de formation et de recherche de Mayotte, était le principal objectif de cette journée. Après une première édition en 2022 à Mamoudzou, cette année, c’est au pôle de Chirongui que s’est tenue la journée de sensibilisation, avec l’idée « d’être un peu itinérant pour sensibiliser le plus de personnes. Aussi un intérêt a été montré par beaucoup d’enseignants du sud », informe Aline Tribollet, directrice de recherche à l’IRD et coordinatrice principale du projet. Plusieurs dizaines d’élèves des écoles primaires de Chirongui 1 et 2, de Hagnoundrou et du collège de Bandrélé étaient présents dans la salle. Une satisfaction pour la coordinatrice, car le but recherché est « d’impliquer les élèves et les futures générations, ainsi que les enseignants et les adultes présents à la protection de leur lagon et de leur donner cette envie d’être le plus écocitoyen ». Une implication qui permettra une meilleure protection du lagon, mais aussi de l’environnement. « Nous avons ce devoir de plus en plus de faire connaitre notre environnement à notre jeunesse », explique Abdou Dahalani, président du Parc naturel marin de Mayotte.

Un film et des questions

Dans un premier temps, a été diffusé en avant-première le film « Future Maore Reefs », retraçant les actions menées pour comprendre et évaluer les récifs coralliens de Mayotte. Un film au travers duquel est montrée l’implication des élèves et leur apprentissage à « la démarche scientifique, à avoir l’esprit critique, mais aussi à des connaissances sur le corail, sur le récif et sur le lagon en général », ajoute Aline Tribollet. À la suite de cette projection, pleins de petites mains se sont levées dans la salle, signe de nombreuses questions sur les actions et les coraux. En référence aux images diffusées sur le bouturage des coraux, un élève demande, « pourquoi ont-ils coupé le corail ? ». Question à laquelle François Guilhaumon, coordinateur du projet, explique que « ce ne sont que des morceaux déjà cassés que l’on ramasse ».

L’un des professeurs de Chirongui s’interroge quant à lui sur l’état général du récif corallien à Mayotte, « faut-il s’alarmer ou s’inquiéter de l’état général du récif ? », interroge-t-il. « Globalement, comme dans le reste du monde, on assiste à une dégradation, malgré cela, à Mayotte, on conserve des récifs plutôt bien préservés », répond l’un des membres de l’équipe scientifique. Un élève de primaire lui, se questionne sur la protection du corail, « comment on peut le protéger ? ». Une réponse limpide émane de la part du coordinateur, « pour protéger le corail, il suffit de ne pas l’abîmer, de ne pas lui faire de mal pour le protéger ».

Un projet de sciences participatives

Future Maore Reefs a débuté en octobre 2021. Ce projet scientifique repose sur une équipe interdisciplinaire d’une vingtaine de personnes et permet de sensibiliser les plus jeunes aux enjeux liés aux récifs coralliens de Mayotte. Dans le même temps, les chercheurs mènent une double étude en sciences humaines et sociales, en anthropologie et sciences de l’éducation. Pour la deuxième année d’actions, c’est une double classe de CP de l’école de Pamandzi 5 et une classe de Bondy, en région parisienne (CE2-CM1) qui sont impliquées dans le projet. Un projet de sciences participatives, qui permet de croiser les regards des enfants à Mayotte et en métropole. « Pendant longtemps on a travaillé sur des clichés, des croyances, alors que l’on a besoin de connaissances scientifiques avérées », reconnait le président du Parc naturel marin.

Initialement prévu pour durer deux ans, le projet « a vocation à être pérennisé », confie Aline Tribollet. Pour cela, de nouvelles demandes de financements sont en cours, à la fois « pour pérenniser l’axe de recherche sur toutes les solutions basées sur la nature pour restaurer les récifs coralliens durablement », complète-t-elle. Une pérennisation qui a pour vocation à toucher plus d’écoles, de classes et « éventuellement à créer de nouveaux sentiers marins éducatifs pédagogiques autour de l’île ». Ces actions permettraient, sans aucun doute, à un plus grand nombre de se saisir du sujet du corail et de la protection du lagon.

L’école d’été, une nouvelle approche interdisciplinaire

La première école d’été interdisciplinaire du programme Future Maore Reefs se déroulera à Mayotte entre le 24 septembre et le 1e octobre 2023, avec pour but de mieux faire connaitre et restaurer les socio-écosystèmes récifaux, pour mieux se projeter vers le futur. Articulée autour d’approches originales et de méthodologies innovantes en science de la durabilité, l’école d’été Future Maore Reefs propose de partager des solutions basées sur la nature pour protéger et restaurer les récifs coralliens tout en soutenant le développement économique durable des populations locales. S’adressant aux étudiants de licence 3, master, doctorat, l’objectif de cette école est « d’enseigner les méthodes scientifiques qu’on a pu mettre en place, soit en anthropologie, soit en écologie marine, soit sur les récifs artificiels ou sur la restauration récifale et de transmettre ses connaissances aux étudiants universitaires », explique Aline Tribollet.

Le bambou fait son retour dès l’école

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De gauche à droite, le vice-président de l’association BAM ! Bambou, « Babali », Arnaud Lezer et Jacques Mikulovic, le recteur de Mayotte, procèdent à la signature de convention.

Ce mardi 23 mai, le rectorat de Mayotte et l’association BAM ! Bambou ont signé une convention sur le développement d’un programme pédagogique autour de matériaux biosourcés. Les élèves pourront utiliser le bambou pour mieux comprendre et mieux apprendre.

Classé espèce invasive, le bambou est pourtant un matériau unique. D’où la convention signée ce mardi par l’association BAM ! Bambou et le recteur, Jacques Mikulovic, dans les locaux du rectorat de Mayotte. Car il est question de développer un programme pédagogique dans les écoles, autour du bambou. Selon Arnaud Lezer, « cela va permettre d’offrir la possibilité aux élèves d’utiliser le bambou pour changer les mentalités. Leur donner quelque chose de concret, de réel à faire ». Le matériau servira ainsi de support pédagogique. Les élèves pourront l’utiliser dans toute sorte de situation. En géométrie pour assimiler la notion de diamètre par exemple, ou au moment d’étudier la résistance des objets. Ils pourront de ce fait saisir plus facilement les savoirs fondamentaux. Il ajoute : « ça leur donnera envie de comprendre et donc envie d’apprendre ». L’association veut ainsi remobiliser les enfants à l’école, leur donner de l’ambition et relancer la filière du bambou. « On ne fait pas ça seulement pour les élèves, on fait ça aussi pour Mayotte et pour le climat », précise le vice-président de l’association, Ali Toybou Ali, connu sous le surnom de « Babali ».

Renouer avec le savoir-faire

Le bambou était utilisé dans la construction d’habitations traditionnelles. Mélangé à du torchis, il pouvait tenir cinquante ans. Seulement, en 1984, un ouragan a frappé Mayotte. Les toits se sont envolés et les maisons sont restées à nu. Les murs, avec les aléas et sans protection, ont vite pourri. Les Mahorais ont donc associé cette matière à un matériau de « pauvre ». L’association souhaite donc renouer avec les traditions et les savoir-faire d’antan. « On pense toujours à inventer mieux, pourtant le béton est moins pertinent que le bambou et le torchis » a affirmé Jacques Mikulovic, recteur. Alors que le béton est extrêmement demandeur en eau, la crise hydrique que connaît le territoire pourrait favoriser l’espèce végétale. Selon le vice-président Babali : « nous, on n’a pas de pétrole, mais on a d’autres richesses exploitables ».

Seul frein cependant, le manque d’expérience menée avec ce matériau. Il s’agirait, par exemple, d’évaluer sa résistance au feu ou d’envoyer des échantillons en métropole le tester sur divers critères. De son côté, l’association mène ses propres tests en submergeant d’eau salée des bouts de bambous pour juger de sa résistance.

Ibrahim Boinahéry condamné à douze mois de prison avec sursis

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Ibrahim Boinahéry (à droite), avec son avocat maître Ahmed Idriss, a écopé d’un an de prison avec sursis et une peine d’inéligibilité, au tribunal correctionnel, ce mardi 23 mai.

En deux semaines, deux maires de Tsingoni ont été condamnés pour des marchés publics non respectés. Après Bacar Mohamed, c’est cette fois-ci Ibrahim Boinahéry qui a été condamné par le tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce mardi 23 mai. Contre l’attribution d’un marché en 2011, il avait bénéficié de travaux à titre gracieux chez lui et d’une enveloppe de plusieurs milliers d’euros. 

Bacar Mohamed et Ibrahim Boinahéry ont beau croiser le fer politiquement, ils partagent désormais le même destin judiciaire. En tête lors du second tour des élections municipales de 2020, les deux rivaux viennent d’être condamnés par le tribunal correctionnel de Mamoudzou. Le premier l’a été à un an de prison avec sursis, ainsi qu’une peine inéligibilité de trois ans, il y a une quinzaine de jours, et a dû laisser son écharpe de maire (prise par Hamada Issalimou ce dimanche). Son prédécesseur (Ibrahim Boinahéry a été maire de 2008 à 2014) hérite d’une condamnation similaire pour délit de favoritisme et corruption active, ce mardi.  

Dans cette affaire plutôt ancienne, puisqu’elle date de 2011, tout commence par un voulé au cours duquel celui qui est maire depuis 2008 rencontre un jeune entrepreneur de 34 ans. On ne sait pas quel protagoniste (sachant qu’un troisième a joué l’entremetteur) fait la proposition à l’autre, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils se retrouvent le lendemain pour organiser deux types de travaux. Le premier, de nature privée, concerne du terrassement à effectuer sur la propriété du maire. Évalué d’abord à « 3.500 euros », le chantier a coûté en réalité 10.000 selon le chef d’entreprise. Pire, au lieu d’être rémunéré, c’est l’entrepreneur qui remet une enveloppe de 10.000 euros à l’élu, « entre 8.000 et 9.000 euros » dixit l’ancien maire. « Il faut absolument que vous me donniez votre carte de visite », ironise le procureur de la République, Yann Le Bris.  

Un marché payé deux fois

Il faut dire qu’un autre marché s’avère beaucoup plus lucratif, celui du mini-plateau polyvalent de Miréréni. Trois lots d’un montant total de 200.000 euros sont attribués par un cabinet pris lui aussi sans appel d’offres (et payé 17.000 euros) pour ce projet réalisé sans concertation avec l’équipe municipale. Toujours sans mise en concurrence, la première tranche de travaux va à l’entrepreneur complice qui n’établit pas un, mais trois devis différents. Datant de février 2011, le premier estimé à 94.700 euros comprend la pose de murs en parpaing et d’un portail. Les deux autres, le 21 mars 2011, concernent exactement la même chose et pour le même montant finalement. Malgré la présence de ce doublon à un mois d’intervalle, le maire n’y trouve rien à redire. Il intervient d’ailleurs pour que le paiement des trois factures soit effectué en priorité. Ce n’est qu’avec l’intervention du premier adjoint qu’il demande le remboursement du doublon (que l’entreprise a bien effectué en 2013). 

La suite intervient un peu plus tard, puisqu’une information judiciaire a été ouverte entre-temps grâce à de nombreux signalements. Après sa défaite face à Bacar Mohamed en 2014, le conseiller municipal Ibrahim Boinahéry a été placé en garde à vue en 2017, tout comme le chef d’entreprise installé à Barakani. Les deux ont reconnu les faits devant les gendarmes et le juge d’instruction, et étaient sous contrôle judiciaire depuis. 

« Un rapport étrange avec l’argent public » 

Le procureur de la République a requis trois ans de prison dont deux ans avec sursis probatoire, une amende de 30.000 euros et une peine d’inéligibilité de cinq ans contre l’ancien candidat à la députation. « Depuis quelques temps, on poursuit des élus avec un rapport étrange avec l’argent public. Ils nous disent que c’est une pratique qui existe. Et là, on voit bien que ça donne de la crédibilité à ce qu’ils disent », constate le procureur, plutôt favorable à des enquêtes préliminaires qui réduisent considérablement le temps entre l’infraction et la condamnation. Pour lui, les quatre faits reprochés au maire sont caractérisés, à savoir le délit de favoritisme, corruption active, faux et usage de faux, ainsi que détournement de fonds publics. « C’est l’argent du contribuable qui passe dans la poche du chef d’entreprise, puis dans celle du maire », déplore le Parquet, qui demande aussi deux ans de prison dont dix-huit mois de sursis, une amende de 10.000 euros et une interdiction de marchés publics pendant trois ans contre l’entrepreneur.  

Ce dernier, défendu par maître Yanis Souhaili, ne sait ni lire ni écrire. Il se défend en rappelant qu’il ne sait pas comment les marchés publics fonctionnent (il ne s’agissait de son premier). Son avocat rappelle qu’il a bien remboursé la somme payée en doublon et demande qu’il soit relaxé de la complicité de détournement de fonds et usage de faux, arguant qu’« on a rédigé les papiers à sa place ». Il reconnaît cependant le recel de délit de favoritisme et la corruption. Maître Ahmed Idriss, conseil de l’ex-maire, félicite le procureur pour sa capacité à amener les affaires de probité jusqu’au tribunal, « c’est tout à son honneur ». Il soutient cependant qu’il s’agit « de faits très anciens » et avec « des réquisitions plus sévères » que pour le procès du maire de Chirongui (Andhanouni Saïd a été condamné en mai 2022 à 18 mois de prison avec sursis pour des voyages aux frais du contribuable et des marchés douteux passés avec des amis). Il estime qu’avec des travaux à hauteur de 3.500 euros, voire une enveloppe de 10.000 euros, « il n’y a pas d’enrichissement personnel » de la part du maire. Il cite abondamment l’agent du Trésor public qui a décrit Ibrahim Boinahéry comme « l’élu le plus honnête qu’il ait rencontré ». Il indique également que le document établissant un ordre de priorité décrit comme un faux est bien de la compétence du maire, et que même s’il y a une rature, il reste bien valable. Le tribunal correctionnel l’a suivi sur ce point et le détournement de fonds. Il a finalement condamné Ibrahim Boinahéry à douze mois de prison avec sursis, une amende de 30.000 euros et une peine d’inéligibilité de trois ans pour délit de favoritisme et corruption active. Le chef d’entreprise écope d’une peine de prison similaire avec une amende de 15.000 euros et une interdiction de marchés publics pendant deux ans. 

Sur le plan politique, la peine d’inéligibilité exclut donc (s’il n’y a pas d’appel) les deux rivaux de la prochaine échéance municipale de 2026. 

Début de la démolition du bidonville « Talus 2 » à Majicavo-Koropa

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L’opération de démolition du bidonville Talus 2 a débuté ce lundi matin à Majicavo – Koropa.

La démolition du quartier d’habitats insalubres « Talus 2 » à Majicavo–Koropa, a débuté ce lundi matin. Dès 7h30, les premiers coups de pelleteuses ont lancé l’opération de destruction des 162 habitats du bidonville. En début de matinée, le préfet de Mayotte, Thierry Suquet a tenu une conférence de presse sur place, expliquant que l’objectif final de ces opérations est « d’en finir avec les bidonvilles, pour aller vers le logement et vers l’accès au logement ».

L’opération de démolition du bidonville « Talus 2 », qui devait marquer le départ de l’opération Wuambushu, était initialement prévue le 25 avril dernier et avait été suspendue à la suite de différents recours administratif et judiciaire. Sans vouloir revenir sur les différents recours judiciaires face à cette opération, le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, a rappelé que « l’insalubrité du quartier et de la nécessité de le démolir a été confirmée par le juge ». La destruction ayant été validée par jugement, les sept engins mobilisés ont commencé leur travail de démolition ce lundi matin aux alentours de 7h30. Afin de mener cette opération, 200 personnes, dont 150 gendarmes, étaient mobilisées, notamment pour sécuriser les lieux. Avant l’intervention des engins, les forces de l’ordre ont réalisé une levée de doute dans chaque habitation, afin de s’assurer qu’aucune personne n’était présente. Par la suite, les agents d’EDM (Électricité de Mayotte) et de la SMAE (société Mahoraise des Eaux) sont intervenus afin de couper eau et électricité.

Un bidonville de 162 habitats insalubres

La démolition de ce bidonville, qui doit durer cinq jours, concerne 162 habitats insalubres, dans lesquels vivaient 86 familles. 40 d’entre-elles ont d’ores et déjà accepté une solution de relogement, représentant près de 200 habitants sur les 398 recensés par l’Acfav. « Les conditions parlent d’elles-mêmes », lance le préfet au sein d’un habitat insalubre voué à être démoli. Il rappelle, en pointant du doigt les installations précaires de l’habitat, qu’il y a « des personnes qui vivaient dans ces conditions-là et que même si, on sait qu’il y a eu des refus, il y a au moins 40 familles qui ont des logements dignes ». Pour celles qui ne sont pas encore relogées, « elles ont été enquêtées et ont toutes reçu des propositions de logement », note le délégué du gouvernement. La permanence sociale est maintenue pour permettre aux habitants de ce quartier, qui pourraient prétendre à un logement, de s’y présenter.

« Faire avancer les projets »

L’objectif final de ces opérations est « d’en finir avec les bidonvilles, pour aller vers le logement et vers l’accès au logement », déclare Thierry Suquet. Ce dernier réaffirme que la politique de l’État à Mayotte, « c’est une politique d’accès aux droits, donc on continuera à démolir ». Présent au côté du préfet, le maire de Koungou, Assani Saindou Bamcolo, à exprimer sa volonté de « faire avancer les projets et de se lancer sur la procédure de démolition ». Pour lui, « l’objectif c’est de démolir pour reconstruire. En termes d’aménagement de la collectivité, il est nécessaire de pouvoir poursuivre ces démarches ». Etant situé en zone d’aléas forts, uniquement le bas de Talus 2 sera concerné par un programme de construction d’habitats en dur. Des signatures de convention auront lieu, « si les ayants droits se manifestent », précise le premier magistrat de Koungou. Au total, ce seront 50 logements qui seront construits.

Sept arrêtés de démolition

Interrogé sur les déplacements des bidonvilles et des reconstructions illégales sur d’autres terrains, le préfet explique que, dans ce cas, « on prend un nouvel arrêté de périmètre avec les maires, on fait de la flagrance, c’est-à-dire que quand on voit les constructions, on les démolit dans les 48 heures ». Sept arrêtés ont d’ores et déjà été pris par la préfecture de Mayotte, depuis début avril, pour des opérations de démolition d’habitats insalubres et huit autres sont en préparation. « Cela représente un millier d’habitats insalubres que nous avons identifié », complète le préfet. « Cinq semaines après la prise de l’arrêté, on va mettre en œuvre les démolitions », tel est le rythme développé par les services de l’Etat.

A chaque opération, un seul objectif, celui « de mettre fin à une situation insupportable pour les gens qui vivent dans les bidonvilles et dont la vie est en danger », note Thierry Suquet.

Un nouveau restaurant de street-food à l’aéroport

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L’espace restauration de l’aéroport a été confié, par le groupe EDEIS, à la chaîne de restaurants « la Zone ». C’est la quatrième inauguration de cette enseigne à Mayotte, qui se déroulera dès début juin. Elle proposera des classiques comme le french tacos ou des wraps ainsi que des spécialités mahoraises, 7 jours sur 7, de 6 h à 22 h. En plus de l’ouverture de l’Hôtel Ibis Style, il y a cinq mois, cet espace restauration permettra de faire de l’aérogare un lieu d’accueil des passagers, qui sont de plus en plus nombreux à arriver sur l’île. Le chantier, qui a débuté début 2023, offrira 264 m2 de nouveaux commerces. Ce projet sera « un lieu de vie et de service pour tous les habitants de Petite-Terre » selon Jonathan Lacombe, directeur EDEIS Mayotte. L’agrandissement de l’aéroport favorisera le développement économique de Mayotte, il créera notamment des emplois. Madi Mohamadi, originaire de l’île de lagon, se réjouit, « c’est une véritable fierté de participer au développement économique de mon île ».

Forum pour l’insertion et la formation à Acoua

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Le Carif Oref organise le Forum pour l’insertion et la formation le mercredi 31 mai de 9h à 14h30, à Acoua (Grande place en face de l’ancienne mosquée). Il sera possible de découvrir des opportunités professionnelles, rencontrer des experts et acquérir de nouvelles compétences. Une journée qui peut marquer l’avenir professionnel. Que vous soyez à la recherche d’une orientation, d’une formation ou de nouvelles opportunités de carrière, ce forum est l’endroit idéal pour découvrir des pistes d’avenir et établir des contacts précieux. Au programme : stands d’information avec des experts de l’emploi et de la formation, ateliers pratiques pour développer vos compétences, rencontres avec des professionnels et des employeurs locaux. Une occasion unique de vous informer, de vous inspirer et de construire votre futur professionnel.

En mai, retour de la tablée des chefs

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Le lycée professionnel des métiers du goût et des saveurs de Kawéni a participé à l’édition 2023 de la Tablée des chefs. L’opération a débuté avec une distribution, entre le 9 et le 12 mai, de 100 sandwichs à l’association SOP, s’occupant des élèves à la sortie des établissements. Du 15 au 19 mai, une distribution de 150 repas, cuisinés par les élèves, a eu lieu. Le mercredi 17 mai, les élèves ont produit 800 repas en barquettes à destination des CCAS (centre communal d’actions sociales) des villes de Mamoudzou et Koungou. Les centres communaux ont distribué ces repas aux plus démunis. Pro à Pro et Distrimax ont contribué, au travers de partenariat, de la tenue de ce projet.

Opération de contrôle routier en Petite-Terre

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Ce vendredi 19 mai, de 16h à 18h, au rond-point du Four à Chaux à Dzaoudzi, s’est déroulée une opération de contrôle de police route, à l’initiative de la police municipale de Dzaoudzi-Labattoir. Les gendarmes départementaux de Pamandzi, dont l’équipe cynophile et les gendarmes mobiles de Petite-Terre ont apporté leur concours aux policiers municipaux. Au total, ce sont douze cyclomoteurs mis en fourrière et 18 infractions diverses relevées.

Les policiers pris à partie sur une plage d’Acoua

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Le mercredi 17 mai dernier, un équipage de l’unité nautique de la police nationale s’est rendu sur la plage de Moutsoumbatsou, à Acoua, alertés par la présence de trois barques de type kwassa-kwassa, beachées et semblant abandonnées sur la plage. Gênés par la marée basse, les policiers ont posé pieds sur la plage pour prendre en charge les barques. Les forces présentes étaient alors violemment prises à partie par plusieurs individus qui leur jetaient de nombreux projectiles les obligeant à quitter les lieux, non sans être parvenus à récupérer une barque ainsi que quatre moteurs (trois moteurs 15CV Yamaha et un moteur PARSUN 15cv). Face à l’hostilité des caillasseurs, il n’était pas possible de procéder à des interpellations. Le lendemain, à 12h, la même unité était de nouveau mobilisée sur cette plage. Sans incident, les deux barques restantes abandonnées la veille ainsi que quinze bidons de vingt litres ont été récupérés. Dans le cadre du plan Shikandra, les barques et les moteurs vont faire l’objet de destruction systématique dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes