Daman Studio, une société spécialisée dans l’audiovisuel, investit un bâtiment de la place Sicotram, à Chiconi. Lancée en 2019, l’entreprise envisage d’élargir ses activités dans la production et la post-production de vidéos.
Samedi dernier, Ahamada Djabou Abdourhamane (deuxième en partant de la droite), un pionnier de la photographie à Chiconi, a coupé le ruban lors de l’inauguration. Il était aux côtés du maire, Mohamadi Madi Ousseni (premier à gauche).
Des locaux flambants neufs pour Daman Studio, à Chiconi. Devenue au fil des années une référence à Mayotte dans la couverture d’événements en direct sur les réseaux sociaux, l’entreprise cogérée par Fazida Attoumani et Issimaila Ali Toybou fait son bout de chemin et ouvre de nouveaux studios sur la place Sicotram. L’inauguration a eu lieu samedi dernier, en présence du maire de la commune, Mohamadi Madi Ousseni.
« On avait précédemment un petit local à Chiconi, le nouveau studio est beaucoup plus grand. Il va nous permettre de réaliser des tournages en studio et des shootings photo professionnels, via une salle de post production notamment », se félicite Issimaila Ali Toybou.
Une naissance en 2019
Daman Studio envisage ainsi de multiplier ses activités en production de vidéos suite à un lancement réussi dans la couverture d’événements. Développer une société dans l’audiovisuel n’est pourtant pas une mince affaire à Mayotte. Les deux associés le savent bien, puisqu’ils ont dû cravacher pendant un an avant de trouver des clients, pour la plupart des institutions, après leur premier lancement en 2019. Issimaila Ali Toybou avait préalablement créé Daman Studio en 2014, à Metz, en métropole.
Outre l’audiovisuel, la société propose sur place une salle consacrée à la réalisation de photos d’identité. Un autre espace, équipé avec un système de visioconférence, permettra aux entreprises locales d’avoir un endroit où tenir des réunions professionnelles.
Le gel du prix de vente de l'eau en bouteille est prolongé jusqu'au 15 avril.
Le passage au rythme de deux jours d’alimentation en eau sur trois, cette semaine, en témoigne : la saison des pluies marquée a permis d’améliorer l’état de la ressource en eau sur le territoire. La préfecture de Mayotte a communiqué, ce mercredi matin, que la retenue collinaire de Combani est désormais remplie à 80%. Celle de Dzoumogné l’est toujours à 100%.
L’État confirme la prolongation jusqu’au 29 février de l’aide exceptionnelle en faveur des entreprises particulièrement touchées par la crise de l’eau, ainsi que la prise en charge des factures. Le gel du prix de vente de l’eau en bouteille est maintenu jusqu’au 15 avril. Enfin, la distribution générale s’arrêtant au 29 février, un stock stratégique est mis en place dans les administrations et les collectivités locales pour que, dès le 1er mars, elles puissent remplacer la distribution dans les différents points au cas où il y aurait une absence d’eau potable.
L’association Atomix n’a pas encore la trésorerie nécessaire pour sa neuvième édition du Kariboom. Archives Atomix.
Léon Medaric, nouveau président de l’association qui gère le sound system Atomix depuis janvier, annonce une augmentation du nombre de soirées, dont celle du 24 février, en vue de préparer le festival Kariboom prévu en mai.
Flash Infos : La prochaine date de soirée annoncée est ce samedi, à l’ACHM (Association des croiseurs hauturiers de Mayotte) de Petite-Terre. À quoi pouvons-nous nous attendre ?
Léon Medaric : On va essayer de commencer vers 17 heures. Même si la barge et Petite-Terre ne sont pas les endroits les plus chauds à Mayotte, on essaie toujours que les gens ne rentrent pas trop tard après. La soirée débutera en mode warm up, dans une ambiance chaleureuse. Joueront après les DJ, ceux qu’on avait invités pour la dernière soirée, qui a été annulée [N.D.L.R. Moyatomix initialement prévue le 27 janvier mais déprogrammée en raison des barrages]. Il y aura Klémo de Petite-Terre dans un style drum and bass, psytrance ; Bernie, un nouvel arrivant de Nouvelle-Calédonie et Docteur Grip pour le côté techno. Et moi, Néom 42, je jouerai de la bass house. En espérant que le contexte, notamment au niveau des barges et de la circulation pour aller chercher notre matériel à Kani-Kéli, permette cette soirée qui, sinon, se déroulera le 2 mars, au même endroit, une semaine avant le début du ramadan.
F.-I. : Vos deux dernières soirées ont été annulées, pour celle-ci vous prévoyez une solution de secours. Dans quelle mesure ces nouvelles dates sont importantes voire déterminantes pour la neuvième édition du festival Kariboom ?
L.-M. : On établit un calendrier à l’avance. On a le droit à six soirées pour correspondre à certain débit de boissons. Sauf si, comme à l’ACHM, on l’organise dans un bar car on gère seulement les entrées. Et le festival est financé par les soirées qu’on fait. C’est notre trésorerie. Avant sa date, on doit déjà avancer un tiers du budget total du festival. Les 25 billets d’avions (on fait venir la Hadra trance, le plus gros festival de trance en Europe) pour tous les artistes, DJ, musiciens… Ça représente déjà environ 20.000 euros. Nous, on est bénévoles. L’argent qu’on gagne est investi dans le parc matériel de l’association, talkies-walkies, enceintes, lumières. Et pour le Kariboom, on achète encore du matériel. On a aussi la sécurité à payer, le bar. Donc forcément, les annulations de soirées mettent en péril le Kariboom. Et on ne veut pas faire comme l’année dernière, revoir à la baisse notre édition, comme c’était le cas à cause de l’opération Wuambushu. On aimerait faire le festival qu’on souhaite. Mais si ça continue comme ça, on n’aura pas notre trésorerie. Même si on obtient la subvention qu’on a demandée cette année, et on en serait très contents, elle ne viendrait qu’après le festival. Donc on a bousculé le calendrier. On va être obligés d’enchaîner les soirées pour assurer le Kariboom. Normalement on fait une soirée tous les deux mois. Là, ce sera quatre avant le festival. Une soirée tous les quinze jours.
F.-I. : Que pouvez-vous déjà nous dire sur le festival Kariboom ?
L.-M. : Il se déroulera les 18, 19 et 20 mai, sur deux jours et deux nuits. Cela commencera le samedi avec un après-midi familial et gratuit pour tous avec des ateliers pour les enfants, des spectacles, des ateliers pour toutes les tranches d’âge. Nous aurons trois scènes. Une scène pour Doujah Sound qui tournera dès l’après-midi pour du reggae roots. Sur la scène principale, la plus grande, il y aura des concerts, des spectacles de break dance, de danse orientale, danse africaine, des imitations. Mais aussi un spectacle de circassiens de la compagnie Rêvons l’Envers, avec du tissu aérien, mis en scène avec une histoire et des cerceaux. Il y aura aussi des baptêmes de voiles, un parcours accrobranche… Il pourrait aussi y avoir une fanfare, des échassiers… Mais la liste n’est pas encore complète. Le but est que les familles mahoraises viennent. Le soir, Doujah Sound continue. Atomix jouera sur une autre scène et sur la principale, ce seront de grands producteurs, des DJ locaux mais aussi des artistes venus de La Réunion, d’Allemagne, d’Angleterre… Dimanche, des concerts continueront de 13 heures à 20 ou 21 heures. Au moins, deux des trois scènes tourneront jusqu’au lundi matin. Mais j’annoncerai le plateau du dimanche plus tard. Ce sera au sud de M’tsanga beach, au sud de Sada. On lancera la billetterie en ligne assez tôt pour lancer les préventes et se dégager un peu de trésorerie pour se faire une avance.
Les enquêteurs avaient interpellé deux personnes dont un ami du père de la jeune Echat, retrouvée morte vendredi à Moroni, avant de le relâcher. Il aurait fourni un alibi convaincant aux gendarmes. L’enquête pour déterminer qui a violé la fillette est donc toujours en cours.
Qui a assassiné jeudi dernier la fillette de 11 ans, dont on a retrouvé le corps au sud de la capitale Moroni ? Après la libération du principal suspect dans cette affaire de meurtre et de viol, l’enquête doit désormais se lancer dans la recherche du présumé auteur jusque-là non identifié. Depuis vendredi, la gendarmerie comorienne avait arrêté et place en garde à vue trois personnes. Parmi eux, un voisin de la famille, le père de la victime, et un ami à lui qui avait été considéré visiblement à tort comme le suspect numéro 1. Ils ont tous été libérés depuis ce lundi, faute de preuves et éléments les incriminant. L’ami du père biologique de la petite Echat Binti Youssouf a avancé un alibi. Une source a indiqué que le père a confirmé qu’il était avec son ami avant même que la disparition de l’enfant ne soit connue. Pour ces raisons, les autorités n’ont pas jugé nécessaire de garder le suspect. « Au cours de l’enquête, il est prouvé que le jeudi 15 février, cette personne se trouvait dans la région de Hamahamet avec le père de la fillette depuis 11 heures du matin et que c’était à 19 heures qu’ils sont rentrés à Moroni », a complété le parquet de Moroni.
Retrouvée dans une citerne
Vendredi, le corps de la jeune fille a été retrouvé à Graphica, un quartier situé au sud de la capitale Moroni. Née en avril 2012, Echat Binti Youssouf aurait fêté ses 12 ans dans deux mois. Mais le destin en a décidé autrement. Sa dépouille repêchée dans une citerne, ce 16 février, présentait des signes de viol. Ses proches ont déclaré avoir constaté qu’elle saignait et écartent de facto la thèse de l’accident. Il est clair pour eux que leur enfant qui était en classe de sixième cette année a subi un viol avant d’être ramenée dans ce réservoir. « Le médecin légiste a confirmé que la fillette présentait des signes de pénétration sexuelle récente, une plaie ouverte au niveau de l’arrière de sa cuisse, des ecchymoses dans certaines parties du corps de la fillette ainsi que d’autres signes. Après les examens du corps, nous avons autorisé la remise du corps à la famille pour aller continuer les obsèques », a relevé le procureur Ali Mohamed Djounaid, mardi en fin d’après-midi. Le même jour, les associations qui luttent contre les violences faites aux femmes et aux enfants, dont l’ONG Hifadwu (protection) sont allées présenter leurs condoléances à la famille endeuillée. « Nous sommes venus apporter notre soutien aux proches. Nous comptons par ailleurs organiser une manifestation dans les prochains jours pour dénoncer et condamner cette violence qui cible les enfants et pas seulement. Nous ne pouvons pas continuer comme ça. Le pire, nous nous mobilisons pour que les violeurs soient arrêtés puis emprisonnés. Mais ils finissent par être libérés », a tancé Allaouiyat Said Abdallah, la présidente de l’association Faina, du nom de cette mineure de 5 ans, abusée et assassinée chez elle, dans une localité située au nord de la Grande Comore.
Très en colère, elle a interpellé les élus par ces mots : « Tous les jours, des enfants sont assassinés. Est-ce qu’il existe oui ou non des lois qui condamnent fermement ces violeurs et protègent les femmes et les enfants victimes de violence ? Si oui, qu’on les respecte alors. Dans le cas contraire que les députés les votent », a-t-elle réclamé. La présidente de l’association Faina appelle le gouvernement à les accompagner pour la prise en charge des mineurs vulnérables.
Famille de sept enfants
Originaire de Howani, sur l’île de Mohéli, Echat Binti Youssouf avait quitté la maison à 14 heures, le jeudi, pour aller faire la lessive dans une maison en construction située à quinze mètres de chez elle, d’après le récit livré par la justice. Elle vivait avec ses parents et ses six frères et sœurs. Une fois la nuit tombée, son père, Youssouf Mahafidhou, de retour à la maison a constaté l’absence de sa fille. Il était déjà 19h. Mais personne ne se doutait qu’il lui est arrivé quelque chose. Sa famille, pensait qu’elle regardait des séries télévisées chez les voisins avant de se rendre compte qu’en fait, elle n’y était pas. Certains sont allés vérifier si jamais, elle lavait toujours les habits. Une fois sur les lieux, aucun signe d’elle. Ce n’est que le vendredi aux environs de 8h que le corps a été découvert dans la citerne. Alors que l’intervention d’une tierce personne n’était pas sur la table, lors du lavage mortuaire, des signes laissant penser que la fillette était victime de viol sont apparus.
Ces dernières années, plusieurs faits divers de ce type ont marqué la population des trois îles comoriennes. Au mois de mai 2021, Faina, âgée de 5 ans, avait été violée puis tuée avant d’être cachée dans un trou. En 2020, deux mineures de 7 et 9 ans, avait subi des viols à Anjouan. L’une des victimes y a laissé sa vie. Le problème, en dépit des lois qui criminalisent ces actes, les coupables finissent par être libérés. Une impunité qui décourage parfois les familles des victimes à porter plainte.
Au siège de l’Agence régionale de Santé de Mayotte, à Kawéni, ce mardi matin, le docteur Maxime Jean, conseiller médical de l’ARS, Olivier Brahic, directeur de l’ARS, et Thierry Suquet, préfet de Mayotte, ont fait le point sur l’épidémie de choléra aux Comores et comment l’anticiper sur l’île aux parfums.
L’épidémie de choléra dans l’archipel voisin, qui se limite à l’île de Grande-Comore pour l’instant, amène l’Agence régionale de Santé (ARS) de Mayotte à prendre déjà des mesures pour prévenir tout risque de cas localement. Alors qu’une campagne de vaccination a eu lieu en 2001, elle n’est pas envisagée en raison de « stocks limités ».
Quelle est la situation dans la zone géographique ?
« Il n’y a pas de choléra à Mayotte. Malgré tout, la situation doit être regardée avec vigilance »,conseille celui qui est préfet de Mayotte pour encore quelques jours, Thierry Suquet. Face à la presse, ce mardi matin, le directeur de l’Agence régionale de Santé (ARS) de Mayotte, Olivier Brahic, a fait le point sur le développement du choléra dans le monde. Une recrudescence a été notée depuis 2021, notamment en Afrique continentale. En cette année 2024, 44 pays sont concernés par des cas, dont onze nations dans la même zone géographique que Mayotte. La plus proche, les Comores, en est à 83 cas, dont six décès, a rapporté notre correspondant à Moroni. La bactérie est arrivée dans le pays voisin depuis la Tanzanie et se cantonne pour le moment à la Grande-Comore. Un seul cas a été détecté à Mohéli.
Quels risques à Mayotte ?
Comme le préfet, Olivier Brahic confirme qu’il n’y a pas de cas détecté à Mayotte. « Si c’était le cas, je ferais une conférence de presse dans les 24 heures », prévient celui qui observe « une hausse de la menace, soyons clairs».La bactérie n’étant pas présente sur l’île, une « veille sanitaire » est mise en place, ainsi qu’un renforcement des contrôles sanitaires pour les arrivées par bateau ou par avion qu’elles soient des Comores, Tanzanie et Kenya.« Des informations sont données à bord, des flyers informent de la conduite à tenir», fait remarquer le directeur de l’ARS. Les personnes sont tracées pour être retrouvées si l’une d’elles s’avérait porteuse de la bactérie.
Concernant les arrivées irrégulières, les passagers de kwassa interceptés par les forces de l’ordre se font tester à leur arrivée au centre de rétention administrative (CRA) de Pamandzi.
Si un cas est détecté, quelle procédure ?
Tous les professionnels de santé et les associations sont sensibilisés aux risques et incités à faire de la prévention. Toute personne ayant possiblement des symptômes doit appeler le 15. « Dès lors qu’on a identifié un cas, un véhicule sécurisé du CHM va récupérer la personne et l’amener aux urgences dans une filière sécurisée. On va tester cette personne. Si elle est positive, on la met dans une chambre sécurisée », détaille Olivier Brahic. « Il faut qu’on soit hyper réactifs pour pouvoir éteindre tout début d’épidémie. » Une équipe d’investigations sera également montée pour trouver tous les cas contacts ou exposés. Ils seront tous mis sous antibioprophylaxie, qui empêche le développement de la bactérie. Le directeur de l’ARS assure que ce n’est pas une recommandation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), mais qu’il « assume vouloir des mesures plus radicales ».
Outre un renforcement à l’accès potable, « le sujet fondamental », une autre équipe sera chargée de désinfecter les foyers des personnes malades avec de l’eau javellisée. « Des moyens complémentaires, avec des renforts RH pour l’équipe d’investigation et le CHM, arriveront à Mayotte dès le premier cas signalé », promet Olivier Brahic. Au CHM justement, l’ARS indique que tout prélèvement de selles pour des analyses fait l’objet d’une recherche du choléra « depuis six mois ».
Comment reconnaître les symptômes ?
La maladie se transmet par les selles. C’est pour cela que la première recommandation est de se laver les mains avec du savon après être allé aux toilettes. Si ce n’est pas le cas, la bactérie peut se transmettre par l’eau.La difficulté, reconnaît le docteur Maxime Jean, est que 80% des cas sont asymptomatiques. Les 20% restants connaissent des diarrhées très aigües, parfois des vomissements ou de la fièvre. C’est le premier symptôme qui est le plus dangereux puisqu’il entraîne une déshydratation pouvant mener au décès. « La complication du choléra n’est pas une complication infectieuse. L’autre singularité, ce sont des symptômes qui peuvent s’installer de façon extrêmement rapide, en quelques heures seulement », alerte le conseiller médical de l’ARS Mayotte.La réhydratation est bien sûr primordiale, mais également l’usage des solutés de réhydratation orale pour l’ajout de sels minéraux. L’ARS compte d’ailleurs en distribuer si un cas est identifié.
Pourquoi il n’y a pas de vaccination ?
Les responsables de l’ARS n’ont pas exclu totalement la vaccination, comme ça a été le cas en 2001, « la doctrine n’est pas arrêtée ».Seulement, Olivier Brahic informe que les stocks de vaccins sont « extrêmement limités »au niveau mondial. L’heure pour le moment est plutôt « d’axer sur les mesures d’hygiène, de prévention et d’accès à l’eau ».
Pas de foyer de fièvre typhoïde
Deux crises à Mayotte n’ont pas débouché sur une crise d’ordre sanitaire. La première, celle de l’eau, présentait beaucoup plus de risques s’il y avait une propagation du choléra. Finalement, quelques foyers de fièvre typhoïde ont été détectés ici et là, dont un dernier à Hamouro, à la mi-janvier. Le directeur de l’ARS indique « qu’il y a eu un cas cette semaine et un autre la semaine précédente ». Interrogée sur les répercussions des déchets sur les routes, l’ARS n’a pas noté de maladies ayant un rapport. La leptospirose par exemple, une maladie qui se transmet par l’urine des rats, reste cantonnée à quelques cas. «
Le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, a reconnu, ce mardi matin, qu'il faudra sûrement attendre l'arrivée de la future usine de dessalement d'Ironi Bé pour que le robinet puisse couler tous les jours.
La conférence de presse organisée ce mardi à l’Agence régionale de Santé de Mayotte (ARS), à Kawéni, à propos des risques de choléra a donné lieu à un échange sur l’état de la ressource en eau à Mayotte. Le préfet Thierry Suquet, qui laissera bientôt sa place à François Xavier Bieuville,a donné quelques renseignements sur la suite de la crise de l’eau qui frappe toujours le territoire mahorais. Au comité de suivi de la ressource en eau (CSRE) du mercredi 14 février, il a été évoqué un passage à une coupure d’eau à raison d’une fois par semaine « dans quelques semaines ». Toutefois, il faudra s’attendre à guère plus, alors que les retenues collinaires de Combani et Dzoumogné sont respectivement à plus de 80 % et à 100 % de leurs capacités. « De toute façon, on le sait, il n’y aura pas de fin complète des tours d’eau avant la mise en service de la nouvelle usine de dessalement qui produira suffisamment », prévient le préfet.
La majorité de l’eau potable produite à Mayotte provient des rivières, auxquelles s’ajoutent les forages (la sixième campagne est en cours, la septième va commencer en parallèle cette année). Les retenues, qui se remplissent normalement cette année, permettent de passer simplement la saison sèche.
La municipalité de Mamoudzou aménage ses horaires jusqu’à la fin du ramadan et les six jours de chawal, à partir de ce mardi. Les services sont ouverts au public du lundi au jeudi, de 7h30 à 14h, et le vendredi, de 7h30 à 11h30. Les guichets de l’état-civil sont ouverts au public à l’hôtel de Ville de Mamoudzou et à la mairie annexe de Kawéni, du lundi au jeudi, de 6h30 à 14h30, le vendredi, de 6h30 à 11h30. Ils sont ouverts dans les mairies annexes de Passamaïnty et Vahibé, du lundi au jeudi, de 7h30 à 14h30, et le vendredi, de 7h30 à 11h30.
La clôture de la campagne de subventions aux associations pour l’année 2024 est reporté au 3 mars de cette même année par la Ville de Mamoudzou. Cette dernière apporte, à travers ces subventions, un soutien financier afin de développer les activités des associations, principales actrices de proximité dans les villages et les quartiers. Ces aides concernent les organismes de la commune qui œuvrent dans le domaine de la jeunesse, des sports, de la culture, de la citoyenneté, de l’environnement, du socio-éducation et de l’insertion. Elles ont pour but de les aider à exercer leurs activités dans de bonnes conditions, à financer la réalisation de projets spécifiques ou encore à financer des opérations particulières et exceptionnelles. Les demandes de subventions sont dématérialisées et doivent s’effectuer sur le site www.mamoudzou.yt. Les demandes papiers ne seront pas prises en compte et un seul utilisateur par structure peut déposer la demande en ligne. La plateforme de dépôt de dossier est également accessible directement au lien suivant : ma-mamoudzou.mgcloud.fr/aides. Pour toute information complémentaire, il est possible de contacter par téléphone le : 06 39 58 78 27.
Orange assure une connectivité stable malgré les perturbations liées aux coupures sur le réseau international de câbles survenues ces derniers mois. La direction d’Orange Mayotte confirme que ses services restent opérationnels sur l’île, offrant à ses abonnés une connexion fiable même en cas d’incidents réseau. « Orange a en effet fait le choix de souscrire à des capacités de bande passante supplémentaires afin de disposer d’une infrastructure dimensionnée pour faire face aux perturbations pouvant toucher des câbles sous-marins », fait remarquer l’opérateur de téléphonie mobile.
Dans le cadre du Plan départemental d’action de sécurité routière (PDASR), la préfecture de Mayotte lance un appel à projets pour l’année 2024. Les entités locales, publique et privée, sont invitées à proposer des initiatives innovantes en matière de prévention routière. Les organisations intéressées ont jusqu’au 15 mars pour soumettre leur dossier. Les projets éligibles couvrent divers domaines prioritaires, notamment la sécurité des deux-roues motorisés, la lutte contre les comportements à risques tels que la conduite sous l’influence de l’alcool, des stupéfiants, ou la vitesse excessive, ainsi que la promotion des nouveaux modes de mobilité douce tels que les vélos électriques, les trottinettes électriques et la marche. De plus, les actions visant à sensibiliser les jeunes à la sécurité routière et à réduire les risques professionnels liés à la route sont également encouragées.
Les candidats ont la possibilité de postuler avec ou sans demande de financement. Dans le second cas, une procédure simplifiée est mise en place, nécessitant simplement le remplissage de la fiche d’action locale. Pour ceux qui sollicitent un financement, ils doivent préparer un dossier complet. Comprenant toutes les informations requises telles que le descriptif du projet, le budget prévisionnel, et les partenaires impliqués. Les dossiers doivent être soumis à l’adresse de la direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer de Mayotte (Dealm de Mayotte) ou par voie électronique : ibrahim.salim@developpement-durable.gouv.fr
Sur les plateaux télévisés, la députée Estelle Youssouffa a pris pour cible des enseignants, les qualifiant de « chasseurs de primes ».
Invitée sur plusieurs plateaux télévisés, après l’annonce du gouvernement de vouloir supprimer le droit du sol à Mayotte, la députée mahoraise Estelle Youssouffa a fustigé les enseignants sur la chaîne Cnews, le 13 février. Selon elle, les délinquants à Mayotte « sont éduqués par le chevalier blanc de service, l’enseignant qui vient se faire de l’humanitaire à coup de primes à Mayotte plutôt que d’aller le faire en Afrique. Qui le bassine de grandes idées en lui disant tu auras tes papiers. (…) ils deviennent des bêtes sauvages », s’est-elle exclamée.
« Dans le contexte de tensions que nous connaissons, il n’est pas très responsable de votre part de vous en prendre aux personnels enseignants de l’île.Nous sommes d’autant plus surpris que nous sommes disposés à dialoguer avec vous, mais que vous n’avez pas cherché à prendre notre attache avant de vous exprimer sur des sujets qui nous touchent de près », répondent Anssifoudine Port-Saïd et Henri Nouri. Les co-secrétaires départementaux FSU Mayotte indiquent que « la physionomie des enseignants dans le premier degré ne correspond pas à votre description tendancieuse ». Ils rappellent que la profession n’est pas épargnée par l’insécurité sur l’île, qui s’invite souvent aux abords des établissements. « Depuis 2018, nous avons exercé notre droit de retrait dans de nombreux établissements à la suite d’agressions de bandes armées », précisent-ils, citant les derniers exemples des collèges de Koungou et de M’gombani. Ils ajoutent qu’ils souhaitent « que les élèves que nous avons formés, puissent avoir les moyens règlementaires de continuer leurs études en métropole ».
Sur les primes, le syndicat rappelle que « beaucoup [d’enseignants] n’en perçoivent plus depuis longtemps » et qu’elles ne sont plus un facteur d’attractivité. En outre, « dans le premier degré, nous attirons votre attention sur le fait que, de plus en plus de collègues recrutés et formés localement demandent à quitter l’île. […] Enfin, au lieu de faire du prof bashing, en tant que députée de la nation, vous n’êtes pas sans ignorer que le métier d’enseignant n’attire plus et qu’une des raisons majeures en est la faiblesse des salaires pour des personnes diplômées bien souvent à bac +5. Ce problème national a des répercussions sur Mayotte », soutiennent les secrétaires départementaux. Ils indiquent ne pas vouloir passer ce genre de propos et demandent des excuses publiques de la part de la députée.
« Des rêves d’exotisme confortable »
Sur sa page Facebook, la députée a été plus nuancée, mais n’a pas souhaité faire d’excuses pour autant. « Loin de moi, l’idée de vous heurter sinon de rappeler quelques faits. Vous n’ignorez pas la position de certains (nombreux) enseignants à Mayotte qui s’engagent (c’est leur droit le plus strict) pour aider les jeunes sans papiers. Ces enseignants sont de passage sur l’île, avec des rêves d’exotisme confortable (pourquoi garder son poste et ses primes au lieu de partir directement l’humanitaire aux Comores si tel est l’objectif ? Venir à Mayotte pour des motifs financiers n’est pas honteux mais il faut admettre que c’est un élément clef de la prise de décision de venir) », réitère-t-elle. Sur la question des primes (indemnité de sujétion géographique), elle se mélange un peu en disant se battre pour que celles-ci aient le taux d’indexation mahorais (40%) à égalité avec La Réunion (53%). Elle affirme que cette prime « entraîne une différence de traitement avec les contractuels qui sont la majorité des enseignants à Mayotte (N.D.L.R. il y a bien une majorité de contractuels dans le second degré, mais pas pour le premier) ». En réalité, les professeurs à Mayotte ont le droit à la même indexation qu’ils soient titulaires ou contractuels, comme les autres fonctionnaires de l’île. L’ISG est bien une prime réservée aux professeurs titulaires, tandis que les contractuels recrutés à l’extérieur de Mayotte bénéficient d’une prime d’installation.
« Au-delà de ces échanges d’arguments qui ne nous mettront probablement pas d’accord, vous savez comme moi que l’Éducation nationale se disloque et qu’elle est à Mayotte en très grande difficulté avec une mission écrasante : mon mandat est de me battre au Parlement pour vous donner les moyens et les conditions de travailler dignement et en sécurité. Ce que je fais de mon mieux. Même pour ceux qui me critiquent ou se retrouvent victimes des bourreaux qu’ils ont naïvement contribué à protéger », ajoute-elle. « Nous avons en commun un engagement quotidien pour construire l’avenir et je veux vous dire ma sincère gratitude pour votre travail dont je ne peux qu’imaginer la difficulté », concède-t-elle, se disant en conclusion être à l’écoute des enseignants.
Carla Baltus, présidente du Medef Mayotte, déplore les conséquences économiques d’un « manque de visibilité » dans la crise que traverse Mayotte. Un grand nombre d’entreprises implantées sur l’île, pour un total de 5.000 salariés concernés, souhaitent recourir à l’activité partielle. Seulement, tout le monde ne sera pas éligible.
Huit ans après les faits, deux jeunes hommes sont jugés pour avoir tenté de tuer, en groupe, un adolescent, le 28 janvier 2016. Le procès, devant la cour d’assises de Mayotte, a débuté ce lundi et se clôturera mercredi. Les circonstances de l’agression qui a eu lieu à Mamoudzou restent floues.
« Ça sert à quoi une hache monsieur ? ». Nathalie Brun, la présidente de la cour d’assises à Mamoudzou, hausse le ton, ce lundi 19 février, en réponse à l’un des deux accusés qui confie avoir été traversé par la rage, mais prétend ne pas avoir eu l’intention de tuer. Les faits remontent au 28 janvier 2016, vers 21 heures, dans le quartier de Barakani, à Mamoudzou, non loin du commissariat. Ce qui pourrait être une quinzaine voire une trentaine d’individus, dont les deux accusés, guettent les alentours après une réunion organisée par des « mamas ». L’une d’entre elles étant celle du second. Selon plusieurs témoignages et l’enquêteur chargé de l’enquête, elles auraient demandé à défendre le quartier en réaction à des événements survenus plus tôt.
Mais ce soir-là, trois jeunes hommes issus de Kawéni descendent la route vers la place Dinahou. Ils sont vite repérés et encerclés. L’un des trois protagonistes, âgé de 15 ans et un mois à l’époque et habitant du quartier Recto verso, est projeté et traîné au sol, tandis que ses deux comparses parviennent à fuir. L’adolescent reçoit notamment des coups de marteau dans le dos et à la poitrine, et deux coups de hache sur la tête. Le troisième atterrit sur sa main, qu’il place devant lui pour se protéger.
« Je n’étais pas tout seul »
Dans un contexte déjà tendu de violences urbaines, explique l’enquêteur de l’époque, la police fait usage de gaz lacrymogènes. Le groupe riposte en caillassant avant de se disperser. La victime, partie civile de ce procès mais qui n’est pas présente lors de l’audience, se dirige en sang vers le centre hospitalier de Mayotte, avant de s’évanouir. L’affaire est confiée aux enquêteurs deux jours après. Selon le certificat médical, le pronostic vital de la victime est engagé à cause de quatre plaies commises à l’arme blanche. Elle ne sort de l’hôpital qu’un mois après [mise à jour], une plaie crânienne suturée sur 23 centimètres ainsi que des difficultés pour parler. Paralysée au niveau des membres supérieurs, sur le côté droit, à la suite de son agression, elle écope de 25 jours d’incapacité temporaire totale de travailler (ITT), puis de 30. À ce jour, « le total n’est pas encore consolidé », informe son avocat.
Le premier accusé, à l’origine d’au moins un coup de hache et qui a tout juste atteint la majorité, s’enfuit après les faits. Il est finalement retrouvé par les autorités, « avec un marteau », renseigne l’enquêteur. L’interpelé était déjà connu des services dans une affaire de stupéfiants et a été jugé depuis pour une agression au tournevis survenue pendant sa cavale. « Je n’étais pas tout seul. On était nombreux », répète-t-il à la barre, concernant le déroulé de la soirée, droit sur ses jambes, les yeux légèrement rougis mais le regard fixe sur les membres de la cour, « prêt à être juger et tourner la page ».
« Je tiens à la sérénité des débats »
« Tu ne sais rien ! », s’exclame-t-il à un moment. Tutoyant la présidente, il ne comprend pas pourquoi il a besoin de répondre aux questions alors que les auditions sont lues. « Je tiens à la sérénité des débats », répond la présidente à l’avocat général, représentant des intérêts de la société, qui estime que la cour s’est déjà bien assez justifiée. Tandis que la présidente prend le temps d’expliquer l’importance de l’oralité des débats.
« C’[était] eux, ou c’[était] nous », déclare néanmoins l’accusé, d’une voix rauque, persuadé que ces trois jeunes, dont l’un était armé d’un marteau, venaient pour se battre et qu’il s’agissait alors de se défendre. « Vous dites pourtant que le marteau est resté dans une poche de son pantalon », réagit la présidente. La victime, elle, explique, dans son audition lue durant l’audience, ne pas être au courant de rivalités entre bandes et avoir simplement voulu se rendre dans un commerce.
Le second accusé, reconnaît, lui, être présent sur les lieux ce 28 janvier mais ne pas avoir vu d’armes ni d’avoir été actif dans l’agression qui s’y est déroulée, expose ce trentenaire calmement. Le procès se poursuit jusqu’à mercredi.
La zone d’activité économique des Badamiers, en Petite-Terre, prend du retard à cause d’une maîtrise foncière compliquée.
Un récent article au sujet de la future zone d’activité économique des Badamiers à Labattoir (portée par l’intercommunalité de Petite-Terre) a suscité une réaction de l’Epfam (Établissement public foncier et aménagement de Mayotte). Son directeur, Yves-Michel Daunar, fait une mise au point.
Yves-Michel Daunar, le directeur de l’Epfam. Photo d’archives
Flash Info : Pourriez-vous nous éclairer sur les missions dévolues à votre établissement ?
Yves-Michel Daunar : L’établissement intervient de façon multiple, dans beaucoup de domaines. Le premier, c’est donc celui de l’aménagement. Nous sommes là pour accompagner les collectivités, en fonction des projets qu’elles souhaitent mettre en œuvre sur le territoire, les accompagner dans le processus d’aménagement. Aménager, c’est quoi ? C’est élaborer le projet dans un cadre un peu collaboratif, en concertation avec les populations. Et une fois que le projet est accepté, validé et décidé, c’est trouver les moyens de financements nécessaires à sa mise en œuvre, et ce n’est pas tout, c’est mobiliser l’ensemble des ressources qui ne sont pas que financières. Habituellement, les projets que nous portons sont généralement qualifiés d’intérêt général. Le plus important est de savoir si le projet est nécessaire ou pas ! Il peut être multiple et varié, un hôpital, un aéroport, des logements, etc… Et donc, si c’est nécessaire, nous devons trouver un foncier pour cela tout en sachant que l’objectif n’est pas de trouver un foncier sur le haut des monts Choungui ou Bénara, c’est disposer d’un foncier à proximité des lieux déjà bâtis, construits et occupés sur lesquels l’investissement pour la viabilisation peut être globalement maîtrisé en fonction aussi de la nature des lieux et des activités désirés.
FI : Quelles sont les conditions préalables à l’Epfam pour intervenir sur ce foncier ?
Y-M.D. : Il y a deux conditions essentielles à remplir pour y parvenir, rencontrer les propriétaires pour échanger, savoir s’ils sont vendeurs ou pas, s’ils sont porteurs de projets ou pas. Si on n’arrive pas à trouver un accord amiable pour acheter ce foncier, c’est à dire oui je suis disposé à vendre et à prix raisonnable, aujourd’hui, si on me dit 1.000 euros le mètre carré, je suis prêt, mais derrière l’opération, vous qui arrivez en tant qu’entrepreneur, est-ce que vous êtes prêt à l’acheter à cette hauteur, en sachant que c’est à travers de ces frais de viabilisation que je paie les salaires de l’établissement ? Je ne pense pas ! Donc, il faut trouver un juste équilibre par rapport à ce qui sera possible en termes de revente, sachant que nous allons rajouter une plus-value eu égard à la transformation qui sera opérée sur ce foncier. Dans la mesure où nous sommes un établissement public d’État, nous ne sommes pas là pour réaliser de plus-value ni bénéfice, la seule obligation que nous avons est simplement d’équilibrer nos opérations entre ce qui est possible dans l’acquisition et la revente. Nous partons sur la base que nous avons pu bénéficier d’un certain nombre de financements qui font que le coût réel de l’aménagement n’est pas celui qui est répercuté. Autrement dit, il ne s’agit pas d’acheter un foncier à n’importe quel prix, mais qu’il faut le maîtriser, sinon il n’y a pas de projet, pas de politique de développement, de logement ni d’aménagement. À Mayotte, on a l’exemple du Smiam (N.D.L.R. syndicat mixte d’investissement pour l’aménagement de Mayotte) qui a longtemps aménagé le territoire et fait un certain nombre d’opérations très rapidement. Les conséquences ne sont pas négligeables ; aujourd’hui, encore les problématiques foncières ne sont toujours pas réglées en raison de constructions réalisées sur du foncier non maîtrisé. Nous, nous sommes partis sur la démarche inverse consistant à d’abord maîtriser le foncier avant de réaliser des travaux. Nous nous interdisons de faire des travaux sur du foncier qui ne serait pas maîtrisé par l’établissement ; éventuellement, avec des accords de collectivités qui seraient propriétaires, or, on sait qu’en dehors du conseil départemental (42 à 46% du territoire dont 92% situés en zone naturelle ou agricole), ces collectivités mahoraises ne possèdent en réalité que 3% du territoire.
F.I. : Certaines personnes s’interrogent sur le choix du foncier des Badamiers plutôt qu’un autre ?
Y-M.D. : La zone agricole, nous savons qu’il faut la préserver pour faire nourrir la population, tandis que la zone naturelle, il faut aussi la préserver pour avoir de l’eau. Par conséquent, à un moment donné, il faut se dire qu’on doit essayer de travailler avec les possibilités existantes, à savoir du foncier généralement privé, ce que je regrette forcément. Et même lorsqu’il n’est pas privé et qu’il appartient au Département de Mayotte, on rencontre des difficultés qu’il faut maîtriser, parce qu’on a ici la notion de propriétaires coutumiers alors que nous sommes aujourd’hui dans un État de droit et que cette notion n’a pas à rentrer en ligne de compte. Le propriétaire, c’est le Département ! Je ne sais pas distinguer un occupant coutumier qui n’a pas de titre. Éventuellement, en vertu de la loi Létchimy, aurait-il droit à une indemnisation ? De mémoire, le domaine foncier privé du Département n’est pas soumis actuellement à un exercice de régularisation, mais je peux me tromper.
Durant la toute première semaine de l’épidémie, l’âge moyen des contaminés par la maladie était de 34 ans, selon le bulletin sanitaire publié le 8 février, par le ministère comorien de la Santé. Mais désormais, les patients jeunes affluent dans les hôpitaux a révélé une pédiatre, à travers un message audio diffusé sur les plateformes numériques. Deux enfants de 4 et 10 ans sont décédés en l’espace de deux jours.
Jusque-là épargnés, les enfants tout comme les adultes sont touchés dorénavant par l’épidémie de choléra, qui sévit aux Comores, depuis le 2 février. En moins de quarante-huit heures, le ministère de la Santé a confirmé le décès d’un jeune de 15 ans, puis d’un enfant de 4 ans, dont la mort a été annoncée, jeudi soir. De samedi à lundi, une petite fille de 10 ans et un jeune de 25 ans sont venus s’ajouter à la liste des victimes qui s’élèvent à six. Face à la situation, la responsable du service pédiatre de l’hôpital El-Maarouf, à Moroni, a lancé une alerte. Dans un message audio qu’elle a envoyé dans un groupe WhatsApp, la docteure Mohamed Saidi Yacine, qui a reconnu qu’elle en était bien l’auteure, appelle ceux qui écouteraient le vocal à prendre les choses au sérieux. « Nous vivons une vague de choléra ces temps-ci. La maladie touche même les enfants qui continuent d’affluer. Je lance cet appel pour que vous m’aidiez à sensibiliser le maximum. Je peux vous assurer que l’épidémie est là et fait des ravages », a alerté la pédiatre contactée par nos soins, vendredi. La médecin a regretté la disparition du môme de 4 ans, qui s’est malheureusement déshydraté pendant la nuit du jeudi où il a été admis à l’hôpital, avant de succomber, a-t-on appris. « Nous avons tout fait pour le réanimer, sans succès. Donc si quelqu’un constate qu’il a de la diarrhée, ou qu’il vomit, il doit se présenter sans perdre du temps à l’hôpital », a-t-elle vivement recommandé, dans son audio de cinq minutes. Lundi, le centre de Samba, au nord de la capitale, qui accueille les malades rattrapés par le choléra, comptait 22 patients au total.
83 cas confirmés
Depuis le 2 févier jusqu’à ce lundi, on constate une flambée des cas. Par exemple, en seize jours, les cas contacts sont passés de 3 à 241, pendant que les cas confirmés s’élèvent à 83 contre 16 recensés une semaine plus tôt. Selon le bulletin publié ce week-end, le nombre de cas augmente surtout en Grande Comore, plus particulièrement dans le district du centre de Moroni. Le ministère comorien de la Santé a identifié cinq districts à risque de transmission de la maladie dont quatre à la Grande Comore et un à Moheli. Sur 121 tests réalisés, 83 se sont révélés positifs. Au niveau de la tranche d’âge, toutes les catégories sont touchées alors qu’au tout début de l’épidémie, l’âge moyen était de 34,5 ans, d’après la cheffe du service pédiatrie dont l’audio a fait le tour des réseaux sociaux, de Facebook, jusqu’à X (ex-Twitter). La docteure Mohamed Saidi Yacine nous a confié que les patients jeunes qu’ils reçoivent sont des enfants de 6 ans et plus et ils viennent parfois dans un état grave. « Nous recevons des cas sévères. Or, je sais que des Comoriens nient l’existence de la maladie aux Comores. Je ne fais pas cette audio pour vous faire peur, mais étant membre du personnel soignant, j’ai le devoir de vous sensibiliser. Soyons unis pour vaincre cette maladie qui est capable d’entrainer la mort en quelques heures », a averti la pédiatre, qui appelle la population à éviter en cette période les légumes crus, tout en invitant les gens à adopter les mesures de protection, notamment le lavage régulier des mains avec de l’eau savonnée.
Déni, complot
Les autorités ont annoncé vouloir incessamment organiser une caravane de sensibilisation, poursuivre par géolocalisation la dynamique spatiale de la maladie, ou encore désinfecter les véhicules des particuliers qui transportent des patients dans les sites. Le ministère de l’Éducation compte présenter au gouvernement un plan de contingence. Une opération de désinfection a déjà été réalisée dans douze établissements scolaires dont trois écoles publiques. La maladie a été importée pour la première fois par des passagers venus d’un bateau en provenance de la Tanzanie, le 30 janvier. Une partie d’entre eux était directement admise à l’hôpital après que les résultats des analyses se sont avérés positifs.
Les autres ne présentant aucun signe bénéficiaient d’un suivi depuis le bateau et ont été autorisés à rejoindre la terre ferme, quelques jours plus tard. Si le pays déplore officiellement six décès en deux semaines d’intervalle, dont trois morts en moins 48 heures, les médecins grâce au traitement disponible en revanche sont parvenus à guérir 55 patients. Mais cela ne signifie pour autant que la population ait pris les choses au sérieux, dans la mesure où certains citoyens sont encore dans le déni, pensant que le choléra n’est qu’un mensonge, un complot ourdi par le gouvernement d’Azali Assoumani pour masquer la crise politique actuelle entre autres. Une thèse dangereuse qui prend de l’ampleur, alertent les médecins.
Thani Mohamed Soilihi a vivement critiqué le plan de développement France-Comores lors d’une audition sénatoriale, le jeudi 15 février.
Ce jeudi 15 février, le plan de développement France-Comores en place depuis 2019 a eu droit à un court bilan de la part de l’Agence française de développement (AFD) devant le Sénat. Le sénateur mahorais Thani Mohamed Soilihi a tenu à réagir, pointant du doigt l’inefficacité de cet accord.
Le plan de développement France-Comores est venu, ce jeudi, sur la table de l’audition du directeur du département des trois océans de l’Agence française de développement (AFD), Charles Trottmann, par le Sénat, dans le cadre du rapport d’information sur la coopération et l’intégration régionales des Outre-mer. Ce plan établit une aide au développement des Comores de 150 millions d’euros de la part de la France en échange d’un effort des Comores au niveau des réadmissions des ressortissants comoriens soumis à une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Présente dans l’archipel voisin,c’est l’AFD qui est l’outil financier en charge de l’exécution de cet accord.
La question a été posée par le sénateur de Guyane, Georges Patient, qui a qualifié l’opération menée depuis 2019 d’« échec » : « Je sais que la totalité des fonds n’a pas encore été versée, mais ceux qui l’ont été, avez-vous un contrôle, des indicateurs pour évaluer les résultats ? »
Charles Trottmann a commencé par défendre les premiers résultats de ce plan de développement, prévu pour jusqu’à 2028 ou 2029. « En 2018, 2019, au moment où ce plan France-Comores est élaboré, on était dans une situation de crise totale avec les Comores qui refusaient de reprendre leurs ressortissants qui étaient sous OQTF », rappelle-t-il. Sur ce point, il affirme que désormais, l’Union des Comores est « irréprochable », reprenant 25.000 ressortissants comoriens par an sans laisser-passer consulaire. « Les Comores n’ont jamais fait défaut sur cette partie de leur obligation », soutient-il.
Cinq hôpitaux et cinquante écoles construits ou rénovés
En revanche, il admet que la prévention des départs est davantage à travailler. Car ce plan de développement a en effet pour but de contribuer à endiguer l’immigration clandestine en partance de l’Union des Comores vers Mayotte en agissant sur les causes profondes de cette dernière. Ainsi, une équipe d’une quinzaine de personnes de l’AFD ainsi qu’une cinquantaine de collaborateurs d’Expertise France, qui met en œuvre un tiers du programme, travaillent par exemple sur la rénovation de cinq hôpitaux, sur la construction ou rénovation de cinquante écoles ainsi que sur la formation professionnelle de 8.000 personnes.
« Quand vous dites que les Comores respectent leur part du contrat, c’est faux », commence à répondre le sénateur mahorais Thani Mohamed Soilihi lors de l’audition, arguant que la situation migratoire à Mayotte n’a jamais été aussi préoccupante. Il affirme que l’Union des Comores fait un « chantage à la bombe migratoire » au département français. « Désormais, des Africains des grands plateaux, qui ne connaissent pas forcément Mayotte, viennent aux Comores et on leur dit : « Non, en fait, il y a un eldorado là bas, allez-y ». Et c’est comme ça qu’on se retrouve avec un flux aussi massif de migrants qui n’avaient pas l’habitude, jusqu’à présent, de venir à Mayotte », argumente le sénateur. Pour lui, le fait que l’Union des Comores accepte d’accueillir 25.000 de ses concitoyens expulsés de Mayotte par an est tout simplement un devoir, et non un service rendu à la France.
« Azali Assoumani se moque de nous »
Les mots du sénateurs sont forts, sûrement déçu après avoir encouragé ce plan de développement en 2019 : il est question de « 150 millions [d’euros] foutus à la poubelle », ou encore d’« Azali Assoumani [qui] se moque de nous ». Pour y remédier, Thani Mohamed Soilihi préconise que la France passe par un autre pays et que les migrants qui viennent à Mayotte de façon irrégulière soient amenés par avion vers ce pays pour y formuler leur demande de séjour ou de statut de réfugié à partir de là-bas, quitte à faire intervenir des Organisations non gouvernementales (ONG) dans le processus. Il veut ainsi s’inspirer de l’accord récent signé entre le Rwanda et le Royaume-Uni. La France, elle, s’engagerait à les accompagner « de façon humaine, condition dont ils ne bénéficient pas aujourd’hui, puisque c’est dans des kwassa-kwassa qu’ils risquent leur vie tous les jours ».
De son côté, le sénateur Saïd Omar Oili n’a rien ajouté sur le sujet, jugeant que pour une fois, il était pleinement d’accord avec son homologue.
La Russie soutient les revendications comoriennes
Dans une interview pour le journal comorien Al-Watwan parue le vendredi 16 février, l’ambassadeur russe à Madagascar, Andrey Andreev, a affirmé « le soutien continu de la Russie au droit légitime des Comores à restaurer la souveraineté sur l’île de Mayotte ». La Russie est en effet dans une démarche de renforcement des liens avec l’Union des Comores, pays avec lequel les échanges se multiplient au fil des années, avec, par exemple, des conférences sur le développement touristique, de l’assistance humanitaire ou encore l’octroi de bourses d’études pour les étudiants comoriens en Russie. Dans l’interview, il est également question de développer la coopération dans le secteur de l’agriculture par exemple, très important aux Comores. Une stratégie qui semble s’insérer dans celle plus globale d’étendre l’influence de la Russie en Afrique. C’est ainsi qu’au cours de l’interview, l’ambassadeur Andrey Andreev a insisté sur le droit des pays africains à choisir leurs partenaires internationaux librement.
Ce lundi, près d’un millier de personnes ont marché entre Sada et Chiconi en soutien aux deux barragistes condamnés à quatre années de prison ferme dans l’affaire du caillassage de la brigade de gendarmerie de Sada. Les participants, partis de la boulangerie de Sada, ont traversé le barrage dit « ChiSa » [pour « Chiconi » et « Sada »] au carrefour de Chiconi avant de réaliser une boucle dans le village. Une marche de près de cinq kilomètres organisée « pour la paix, pour la solidarité de l’ensemble des habitants de Sada et de Chiconi qui veulent manifester leur soutien à la famille qui est naturellement affectée par cette décision de justice », selon Saïd Kambi, un des représentants des Forces vives. Les marcheurs se sont quittés sur les coups de 10h30 au niveau du barrage, après un long moment de recueillement.
Marie Guévenoux (ici à Mamoudzou, le 11 février), la nouvelle ministre déléguée à l'Outremer, a reçu plusieurs élus mahorais, ce lundi 19 février.
Les premiers jours de la nouvelle ministre déléguée à l’Outremer, Marie Guévenoux, sont largement consacrés à Mayotte, du fait du mouvement social qui paralyse l’île depuis quatre semaines. Ce lundi 19 février, alors qu’elle a été chargée d’élaborer le projet de loi Mayotte qui doit être présenté le 22 mai en conseil des ministres, elle a rencontré plusieurs élus de l’île aux parfums. Elle s’est entretenue avec les deux députés, Estelle Youssouffa et Mansour Kamardine, tous deux favorables à la suppression du droit du sol à Mayotte proposée par le gouvernement.
Elle a également échangé avec les sénateurs Thani Mohamed Soilihi et Saïd Omar Oili, qui ont eux-mêmes pu s’entretenir récemment avec le Premier ministre, Gabriel Attal. Porteur d’une feuille de route rédigée par les Forces vives, Ben Issa Ousseni a eu le droit à un entretien lui aussi. Le président du conseil départemental de Mayotte était accompagné du maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla.
Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla (au centre), et le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni (à sa gauche), ont pu rencontrer la ministre.
« La ministre déléguée chargée des Outre-mer a pu échanger sur la méthode et sur le calendrier d’élaboration du projet de loi de Mayotte, qui devra être présenté le 22 mai en conseil des ministres. Des réunions de concertation se tiendront, sous l’égide du préfet d’une part et lors des déplacements de la ministre à Mayotte d’autre part », explique le ministère.
Le nouveau préfet présent
Alors que le départ de Thierry Suquet n’est plus qu’une question de jours, son remplaçant au poste de préfet de Mayotte était présent aux côtés de la ministre. Celle-ci « a rappelé la nécessité du rétablissement à très court terme de l’ordre public et celle du maintien d’une paix civile durable ».
François-Xavier Bieuville a ainsi « des objectifs clairs et identifiés en matière de sécurisation et d’action de sécurité publique ». Il y a d’abord la conduite du démantèlement du camp du stade de Cavani dont la suite « sera réalisée dans les prochains jours pour répondre aux préoccupations du territoire ». Il devra aussi mettre en place une opération Wuambushu 2, dont le calendrier n’a pas été donné.
Selon le ministère, « Marie Guévenoux se rendra sur l’île dans le prolongement de l’installation du nouveau préfet de Mayotte », dont l’arrivée sur place est prévue le samedi 24 février.
Dans un entretien accordé au journal l’Humanité et publié ce lundi, Emmanuel Macron a confirmé sa volonté de supprimer le droit du sol à Mayotte.Le chef de l’État ajoute que la proposition est « accueillietrès positivement par les Mahorais, quelles que soient leurs sensibilités politiques ».
Il clame que la suppression de ce droit à Mayotte « n’est pas une attaque à la République indivisible, car la Constitution la reconnaît aussi comme plurielle et décentralisée ».Il rappelle ainsi qu’un régime dérogatoire est possible dans les territoires ultramarins. En effet, le droit du sol est déjà limité à Mayotte aux enfants dont au moins l’un des deux parents est présent de manière régulière sur le territoire mahorais, trois mois avant la naissance.Cependant, et alors même que la modification de 2018 n’a pas donné de résultats probants, « il est légitime de poser cette question car les Mahorais souffrent. Ils ont d’ailleurs accueilli très positivement cette proposition, quelles que soient leurs sensibilités politiques. Nous devons casser le phénomène migratoire à Mayotte, au risque d’un effondrement des services publics sur l’île », estime le président, avant de prévenir, alors que la droite et l’extrême-droite la réclame, que cette restriction « ne signifie pas de le faire pour le reste du pays ».
Emmanuel Macron n’évoque pas la fracture que cette annonce suscite au sein de son camp, tout comme celle créée avec la loi Immigration et Intégration. Il ne parlepas non plusde la fin du titre de séjour territorialisé, la mesure davantage attendue par les Forces vives, qui entraîne un blocage de l’île depuis quatre semaines maintenant.
« Je ne dis pas que j’ai tout réussi »
L’interview très politique du journal de gauche s’est concentré sur le rapport de forces entre le président de la République et celle qui a été battue au second tour de l’élection présidentielle de 2022, Marine Le Pen. Les journalistes de l’Humanité rappellent que la montée des inégalités joue un rôle dans l’ascension des extrêmes.« Je ne dis pas que j’ai tout réussi. Nous avons tous des responsabilités, mais la caricature que vous faites de ma politique est fausse. Les chiffres le prouvent», se défend le chef de l’État, qui dit avoir augmenté« de façon inédite» les budgets de l’Éducation nationale, de la santé, de la justice et de la sécurité.Il a reconnu, cependant, qu’il a été élu deux fois « dans un contexte où il n’y a plus de grandes manifestations comme en 2002 ». « C’est la société qui a normalisé et banalisé l’extrême droite. Elle est invitée sur tous les plateaux de télévision depuis plus de dix ans. Je sais aussi la responsabilité qui est la mienne pour essayer de porter le projet démocrate et républicain, en prenant en compte la pluralité des opinions », fait-il valoir.
Les barrages n’ont été que provisoirement mis de côté, ce vendredi, comme ici à Tsingoni.
« La vie normale va reprendre », assuraient les représentants des Forces vives de Mayotte au sortir d’une assemblée générale avec les référents des barrages, vendredi. C’était sans compter sur une décision de justice, rendue le même jour au tribunal correctionnel de Mamoudzou, qui a envoyé derrière les barreaux deux meneurs du barrage de Chiconi (voir par ailleurs). Les barrages n’ont donc finalement pas été « mis de côté ».
Safina Soula, représentante des Forces vives, à l’issue de la réunion.
Les représentants des Forces vives de Mayotte, ici Abdou Badirou et Safina Soula, étaient au marché couvert de Tsararano ce vendredi après-midi pour échanger avec les barragistes sur la suite du mouvement.
Initialement, seuls les représentants des Forces vives et les référents des barrages étaient conviés. Le tri était fait à l’entrée aux alentours de 14h.
Abdou Badirou, porte-parole du mouvement, lors de son arrivé au marché couvert de Tsararano.
Des barragistes et membres de la population ont insisté et finalement été acceptés dans l’enceinte du marché couvert de Tsararano. Ils étaient une centaine en tout.
Les « Forces vives » ont probablement mis la charrue avant les bœufs en annonçant, vendredi soir, à l’issue d’une assemblée générale avec les référents des barrages, la suspension du blocage des routes de l’île. Après quatre heures de réunion, Abdou Badirou, un des porte-paroles du mouvement, estimait ce soir-là que la vie allait « reprendre » et que les gens pourraient circuler le soir-même. Le collectif jouait alors la carte l’apaisement après avoir « expertisé » et « décortiqué » le courrier de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, qui concrétisait les annonces faites lors de son déplacement à Mayotte, le dimanche 11 février. L’apaisement n’a pas duré. Le même jour, la justice a condamné à quatre ans de prison deux hommes – considérés comme des « leaders » du barrage de Chisa – reconnus coupables d’avoir commandité l’attaque de la brigade de gendarmerie de Sada (voir par ailleurs). « La population n’est pas d’accord [avec cette décision de justice, N.D.L.R.], les barragistes ont pris la décision d’un commun accord de ramener tous les barrages sur les routes de Mayotte», a décrété, samedi, Abdou Badirou. Une décision prise, à l’en croire, d’un commun accord avec « la base » du mouvement social.
La « base » réclame des mesures concrètes
Vendredi, la réunion entre leaders des « Forces vives » et barragistes avait pourtant mis en exergue des désaccords au sujet de la suite du mouvement, au cours d’une assemblée générale qui aura duré plus de quatre heures, dans le marché couvert de Tsararano (commune de Dembéni). Des participants plus exigeants que les leaders du mouvement social n’avaient pas l’intention de courber l’échine après réception du courrier ministériel, jugé peu convaincant sur les sujets sécuritaires. « La base ne veut pas lever tant qu’on n’a pas eu au minima l’état d’urgence sécuritaire », a argué un habitant de Dembéni.
Il y aurait d’ailleurs eu un premier vote à main levée, peu avant 16h, à l’issue duquel le vote « pour » le maintien des barrages l’aurait emporté. Mais les dirigeants du mouvement ont décidé de remettre le couvert après de vifs échanges. Entraînant le départ précipité d’une trentaine de personnes.
Une nouvelle visite ministérielle
Abdou Badirou estimait alors que « le gouvernement avaitpris des engagements », dont celui de l’organisation d’un deuxième déplacement à Mayotte de la nouvelle ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux. Prévue dans « un mois », cette visite ministérielle permettra de « voir l’évolution des actions mises en place », selon le porte-parole. Une attention toute particulière est portée sur le sujet, sensible, du démantèlement du camp au stade Cavani. L’opération est censée se terminer dans quinze jours, si l’on s’en fie aux déclarations de Gérald Darmanin, qui prévoyait un démantèlement en deux mois.
« En tant que responsables, nous sommes conscients que cela ne va pas plaire à tout le monde, mais nous devons aussi faire confiance à ceux qui ont besoin de travailler davantage », avait conclu, vendredi,Safina Soula. C’était sans se douter que les barragistes ne l’entendraient pas de cette oreille, et reprendraient de plus belle leurs actions le soir-même.