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Le Pôle culturel de Chirongui enrichit son programme

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Deux dispositifs nationaux pour valoriser la culture et le sport seront lancés au Pôle culturel de Chirongui, informe-t-il ce jeudi. Le mercredi 20 mars, journée mondiale du théâtre pour l’enfance et la jeunesse, donne le top départ de la seconde édition de « l’enfance des arts » avec un spectacle de danse scolaire et tout public « Sian », à 19 h 30, par la jeune danseuse ivoirienne et chorégraphe Tatiana Gueria Nade. Jusqu’au 8 avril, ce sont spectacles, ateliers et rencontres qui rythmeront le pôle.

Parmi ces événements dont certains sont réservés aux scolaires, la représentation théâtrale de la pièce « Elle avant nous », mise en scène par Leyla Rabih, de la compagnie Grenier neuf, sera ouverte au public à 19 h 30, samedi 23 mars. Le mercredi 27 mars, ce sera place à la créativité avec l’élaboration d’une fresque dessin sur l’athlétisme, un marathon de créations en pâte à modeler et la diffusion du film « Shaun le mouton ». Le samedi 30 mars se déroulera avec la comédienne et écrivaine Dalfine Ahamadi pour parler cinéma. Ou encore, découvrez le samedi 6 avril, la diffusion du film « Mayotte Hip-hop (R)évolution » suivie d’un atelier d’initiation de danse avec l’association Hip-hop évolution.

« L’enfance des arts » ouvre aussi l’Olympiade culturelle, qui fait son retour dans le cadre des Jeux Olympiques et paralympiques, pour dialoguer sport, culture et valeurs olympiques. Le pôle prévoit « une programmation inédite » dont les projets, avec ses partenaires, s’adresseront à la jeunesse.

Ladom : une prise en charge intégrale de vols aller-retour pour les étudiants

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Des billets d’avion pris en charge à 100 % pendant toute la durée des études supérieures, c’est ce que propose désormais l’agence de l’Outre-mer pour la mobilité (Ladom), à tous les étudiants ultramarins (Drom-com) éligibles au Passeport pour la mobilité des études (PME). « La bourse ne sera plus un critère pour évaluer le niveau de prise en charge de Ladom », informe également ce jeudi l’Agence placée sous tutelle du ministère des outre-mer et du budget. Pourront en bénéficier « tous les étudiants post bac, poursuivant leurs études supérieures en mobilité, en raison de la saturation ou de l’inexistence des études visées ». Et sous conditions de ressources.

Autre nouveauté, dès la rentrée 2024/2025, l’âge maximum pour bénéficier du dispositif PME co-financé par l’Union Européenne, passe à 28 ans au lieu des 26 ans actuels. Pour déposer son dossier, se connecter ici. En novembre dernier, le deuxième billet aller-retour était pris en charge pour les néo bacheliers pouvant y prétendre. Les étudiants éligibles mais non boursiers bénéficiaient d’une prise en charge à hauteur de 50 %.

En 2023, plus de 10.000 étudiants ont eu accès à cette aide.

Parcoursup : un délai supplémentaire pour les lycéens mahorais

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L’heure limite pour la formulation des vœux sur la plateforme d’admission post-bac Parcoursup sonnera seulement en fin de semaine prochaine à Mayotte. Alors que les lycéens avaient jusqu’à ce jeudi, dernier délai, pour sélectionner un maximum de 10 choix parmi les 23 000 formations proposées, le rectorat de Mayotte a demandé quelques jours supplémentaires compte-tenu de la crise sociale qui a impacté le fonctionnement des lycées. « Un délai supplémentaire a été exceptionnellement accordé par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour permettre aux élèves de terminale de l’académie de formuler des vœux jusqu’au vendredi 22 mars 2024 (23h59 heure de Paris), c’est à dire huit jours au-delà de la date limite arrêtée par le calendrier national (14 mars 2024) », annonce un communiqué de presse. Selon le rectorat, ce temps supplémentaire « va permettre de poursuivre au sein des lycées l’action d’accompagnement personnalisé, essentielle pour aider les élèves, notamment les plus fragiles, à se projeter dans leur poursuite d’études dans le supérieur et à faire leurs choix ».

Trois appels à projets lancés en faveur de l’agroécologie

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La direction de l’alimentation, de l’agriculture et de de la forêt de Mayotte (Daaf) lance trois appels à projets ce jeudi. Le premier appel, nommé « émergence », s’adresse aux collectifs d’agriculteurs souhaitant faire financer l’élaboration d’un projet sur douze mois au maximum et une demande de reconnaissance en tant que groupement d’intérêt économique et environnemental (Giee), ou en tant que groupe 30.000. Le second appel à projet, « reconnaissance », s’adresse aux collectifs qui souhaitent s’engager dans un projet pluriannuel de consolidation de pratiques agroécologiques et ainsi obtenir l’agrément Giee. Et le troisième, « animation », s’adresse aux Giee qui souhaitent se faire financer l’animation de leur plan d’action, sur trois ans au maximum.

La préfecture informe que tout collectif doté d’une personnalité morale dans lequel des agriculteurs locaux détiennent ensemble la majorité des voix au sein des instances de décisions peut être reconnu en tant que Giee. Cette démarche doit venir des agriculteurs eux-mêmes en association avec plusieurs exploitations. Le but affiché est de « contribuer à améliorer la compétitivité des exploitations tout en utilisant et préservant les écosystèmes sur lesquels s’appuie l’activité agricole ». Les projets retenus devront « obligatoirement » viser la performance économique, environnementale et sociale. D’autres critères s’ajoutent tels que le caractère innovant du projet, la qualité du partenariat, la pérennité du projet etc.

La Daaf peut clôturer ces appels à tout moment. Pour candidater, les documents et renseignements sur la démarche sont accessibles à la Daaf de Mayotte, service économie agricole, rue Mariazé, à Mamoudzou, ou par courriel à daaf976@agriculture.gouv.fr, et sur le site internet de la Daaf.

Une déléguée interministérielle à la souveraineté agricole en Outre-mer

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Arnaud Martrenchard, jusqu’ici délégué interministériel à la transformation agricole des Outre-mer, est remplacé par Véronique Solère, 49 ans. Cette nomination, confirmée en conseil des ministres ce mercredi, a aussi consacré un changement de nom pour cette mission gouvernementale. Désormais, la déléguée interministérielle est missionnée au titre de la « souveraineté agricole », autrement dit l’élaboration d’un plan de souveraineté alimentaire dans nos territoires. Directement placée sous la responsabilité du ministre de l’Agriculture Marc Fesnaud et de la ministre déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux, Véronique Solère, vétérinaire et inspectrice générale de la santé publique de métier, a notamment été conseillère de Bruno Le Maire lorsque ce dernier était en charge de l’Agriculture entre 2009 et 2012. Elle a ensuite été conseillère agricole pour l’Etat français en Russie avant d’entrer dans la fonction publique territoriale en 2013. Les contours de ses missions devraient être précisés prochainement par ses deux ministres référents. Rappelons que lors d’une rencontre avec le monde agricole ultramarin le 28 février dernier, le président de la République Emmanuel

Macron fixait la souveraineté alimentaire au rang de ses trois objectifs principaux en ce qui concerne l’agriculture. Place à l’action ?

Dangereuse sortie de route à M’tsamboro

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Ce jeudi matin, vers 8h30, les sapeurs-pompiers ont été appelés pour venir en aide à trois personnes, bloquées dans l’habitacle d’un véhicule au niveau du village M’tsahara, commune de M’tsamboro. Le conducteur aurait fait une sortie de route. Ce dernier, âgé de 29 ans, a été retrouvé inconscient. Il a été pris en charge puis évacué en direction du centre médical de référence de Dzoumogné par une ambulance. Son pronostic vital n’est pas engagé. Les deux autres occupants, légèrement blessés, ont également été emmenés au centre médical.

Au lac Karihani, « la faune est revenue comme avant »

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Le lac Karihani a retrouvé ses 2,5 mètres de profondeur grâce à la saison des pluies.

Déserté pendant la sécheresse par sa faune, le lac Karihani est redevenu un endroit chaleureux pour les oiseaux. Avec le retour des pluies, les animaux sont revenus peupler l’endroit, qu’il va néanmoins falloir continuer de surveiller. 

Le lac Karihani a repris des couleurs, et surtout une bonne dose d’eau. En août dernier, après une année sans pluie, cette zone normalement humide, située entre Combani et Tsingoni, gérée depuis juin 2023 par le Groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay), était à sec. Les « kariha » (poules d’eau), qui ont donné leur nom au lac, ainsi que les crabiers blancs, grèbes castagneux et autres oiseaux avaient alors déserté le lac, sous l’inquiétude de l’association.

Heureusement, la saison des pluies de cette année a fait rentrer les choses dans l’ordre, et le lac a retrouvé ses 2,5 mètres de profondeur. « La faune est revenue comme avant. Il y a deux semaines, il y avait une quarantaine de crabiers blancs grâce à la pluie qui a entraîné le retour des grenouilles et des insectes, dont ils se nourrissent », se réjouit Émilien Dautrey, directeur du Gepomay. Ce jeudi matin, on peut en effet remarquer un certain nombre de rainettes sauter de feuilles en feuilles aux abords du lac.

Si les poules d’eau ne sont pas autant qu’avant, l’association a remarqué que plusieurs avaient fait leur nid au sein du lac, signe que l’environnement leur convient. « On ne sait pas où les poules d’eau sont passées pendant la sécheresse, car on n’en n’a pas vu plus que d’habitude au niveau des retenues collinaires. Mais elles reviennent tranquillement », assure le directeur en nous prêtant ses jumelles pour pouvoir observer des « kariha » faire leur toilette au milieu du lac éponyme.

Surveiller la nouvelle flore

Si en janvier, l’association s’inquiétait de la quantité d’herbe qui a poussé et demeure dans le lit du lac, notamment pour son impact sur la flore aquatique, on peut apercevoir les nénuphars qui ont fleuri. « C’est plutôt bon signe », commente notre guide depuis l’observatoire situé sur une des rives, remis à neuf il y a deux ans. Néanmoins, un suivi et des études vont être faites, car cette prairie posée sur l’eau pourrait poser problème dans quelques mois. En effet, quand l’herbe va pourrir, elle risque de tapisser le fond du lac, et donc de réduire le volume disponible pour l’eau. « Cela pourrait engendrer des débordements du lac, et donc moins de stock d’eau pour la saison sèche », avertit Émilien Dautrey. Mais pour l’instant, ce dernier est rassuré de voir la vie de la biodiversité reprendre son cours. « Cela montre à quel point la nature peut être résiliente », en conclut-il.

Le directeur du Gepomay insiste sur l’importance de préserver cet endroit : il s’agit de l’unique lac naturel d’eau douce de Mayotte. « C’est une vraie richesse pour l’île », insiste-t-il. Armé de cette philosophie, le groupe d’étude compte mettre à jour son plan de surveillance du lac dans les prochains mois et de procéder à des restaurations d’habitats naturels.

Le Gepomay compte aussi travailler avec les agriculteurs qui occupent les parcelles avoisinantes, et notamment mettre en place des abreuvoirs à museau pour les zébus, afin que ces derniers n’aillent pas jusqu’au lac pour boire, le piétinement des rives favorisant l’envasement du plan d’eau.

Une nouvelle lettre contre l’usine de dessalement d’Ironi Bé

Si en janvier, différentes associations environnementales avaient écrit une lettre à l’attention du préfet de Mayotte pour dénoncer les impacts environnementaux du projet d’usine de dessalement à Ironi Bé, une nouvelle a été écrite cette semaine à l’attention des pouvoirs publics. Cette fois, les rangs des associations se sont étoffés, avec notamment le Gepomay. « L’État finance des projets pour sauver le crabier blanc, et avec cette usine, compte détruire son habitat. C’est un comble », estime Émilien Dautrey, directeur du Gepomay. En effet, la future usine engendrera la destruction d’une partie de la mangrove du secteur, et les associations craignent que l’eau saumâtre rejetée par l’infrastructure perturbe l’écosystème.

Cette lettre annonce notamment le dépôt d’un recours gracieux, afin « de mettre en place un processus qui se veut à la fois respectueux de la société civile et de l’environnement ». Si les associations ne mettent pas en cause la construction d’usines de dessalement, elle insiste sur la nécessité de prévoir des mesures complémentaires pour diminuer la pression sur la ressource en eau, comme la reforestation ou bien davantage de dispositifs de récupération d’eau de pluie.

Une nouvelle force intermédiaire de la police à Mamoudzou

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La nouvelle force de police, entre le Raid (ici à Doujani en janvier 2023) et la brigade anticriminalité, sera amenée à aller davantage au contact des auteurs de violence urbaine.

Interrogé par les sénateurs, ce jeudi matin, le contrôleur général Christian Nussbaum a confirmé qu’une nouvelle unité de « 50 fonctionnaires » intègre la police de Mamoudzou pour lutter contre les violences urbaines, accompagnés « d’unités canines ». Ils auront pour objectif d’aller plus rapidement au contact pour appréhender les auteurs.https://www.mayottehebdo.com/abonnements/flash-infos/

Les jeunes de Tsoundzou prêts à lancer leur association

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Une vingtaine de jeunes, mineurs et majeurs, participent à l’aménagement de cette zone, proche de la rivière, à Tsoundzou

Nous les avions rencontrés au début de leurs projets, les jeunes de Tsoundzou 2 ont depuis bien avancé dans l’aménagement de leur quartier. L’association H2R est en passe d’être créée. Ils racontent.

« Ça, c’est notre première plantation ! », montre Fahed Faissouli, 24 ans. Deux variétés de pousses de vanille ont été plantées. Ce surveillant du collège de Kwalé s’est joint au groupe de jeunes rencontrés il y a un mois, à Tsoundzou 2, pour un précédent reportage. Un habitant du village, du nom d’Antoy Abdallah, avait eu l’idée de rassembler des jeunes pour leur proposer de nettoyer leur quartier et de l’aménager, afin de les occuper dans un premier temps, et de créer une association ensuite. Depuis, le lit de la rivière a été dégagé, permettant à deux femmes venues ce jeudi 7 mars de faire leur lessive, le bambou a été coupé, une clôture construite, une grande table montée…

Sur une espèce de banc surélevé, qu’il n’y avait pas encore début février, plusieurs jeunes « font une pause cigarette » dans leur chantier. « On va aussi planter des fleurs, jardiner, faire un petit potager », détaille, assis, celui qui se fait surnommer « Commissaire » après un stage fait à la police, mais qui depuis aspire à travailler dans les espaces verts. « Mais sans papiers, c’est toujours très compliqué ». « C’est ce qui pousse les jeunes à devenir des voyous ! Comme ils n’arrivent pas à trouver de formation, de boulot, ils cassent des bus », enchaîne Nadal, presque 18 ans, que les autres ont vu grandir, car tous se connaissent. « Je suis allé à Pôle emploi (N.D.L.R. aujourd’hui France Travail), à la mission locale, maintenant, je dois rappeler les Apprentis d’Auteuil. Mais quand tu sors de ton village, c’est risqué. Tu ne sais pas ce qui va se passer », livre celui qui est venu découvrir le projet après avoir croisé l’initiateur du projet la veille, là où « la plupart des gens nous voient traîner et pensent qu’on va les racketter ».

« Donner un avenir »

 « On a fait école ici, on a le certificat, tout, mais ça ne marche pas. Ce qui m’intéresse le plus c’est de vivre correctement, trouver un boulot », intervient Yaro, 24 ans, arrivé des Comores à l’âge de six mois. Le sourire facile et le moral gonflé à bloc, il est content de se lever le matin « pour faire quelque chose » et d’être fatigué à la fin de la journée, au lieu de « ne rien faire à part compter les voitures ».

« Ce qui est important, c’est de nettoyer l’espace, faire des bancs, montrer à tout le monde qu’on est motivé », reprend Fahed Faissouli, futur secrétaire adjoint de la structure qui allierait environnement, art musical et social. « Pour le moment, on fait avec ce qu’on a » : quelques râteaux, une petite tronçonneuse…

Le collectif souhaite se former et former les jeunes à construire du mobilier, jardiner… Pour les préparer à des métiers, permettre des formations pour les sans-papiers. Il espère aussi utiliser la vente de ce qui est planté et sera cultivé prochainement pour leur permettre de financer des repas pour les jeunes. Mais ils souhaitent aussi faire de la musique, dans une salle de la Maison de la jeunesse et de la culture (MJC) du quartier, s’enregistrer, mixer le son, donner des concerts… Il se voit déjà animer des ateliers de rap pour les aider à écrire de « bonnes paroles » qui parleraient « correctement » de leur quotidien. « On pourrait aussi aider les personnes âgées et faire en sorte que les jeunes s’insèrent dans la vie sociale. »

Pour lui, ce n’est pas la faim qui les motive, « ici, ce n’est pas comme en métropole, on peut trouver à manger dans la malavoune [forêt tropicale] », mais le fait de s’occuper. « Leur donner un avenir et leur éviter d’avoir de mauvaises idées », résume-t-il. Même si c’est en tant que bénévoles dans une association.

« Nous on y croit »

« Je te la laisse ? », demande Nina, une voisine, venue, avec sa fille en bas-âge. Elle part chercher une feuille et des crayons pour réfléchir au logo de l’association. À son retour, les idées foisonnent. Mais la base est déjà toute trouvée : la structure portera le nom de Narivouké (« s’en sortir » en français), et son logo sera H2R pour « Héritiers de la rue ». Ce blaze trouvé en 2012 par ces jeunes et que Yaro a de tatoué sur la main et le bras représente tous les jeunes de Tsoundzou 2. Il l’a tagué le premier jour sur le muret, près de la place qu’ils ont investi, à côté de la rivière. Un nom de ralliement mais pas un nom de bande. « Nous on s’entend avec tout le monde. On n’est ni les Terroristes [Alliance de jeunes de Tsoundzou 1, Vahibé etc.] ni les Watoro [Autre alliance avec des jeunes de Kawéni, Combani etc.] », fier de montrer un tee-shirt customisé « H2R ».

« Vous voulez représenter la paix ? La misère ? Comment on représente ça en dessin ? », les stimule Nina, professeure qui compte venir tous les mercredis une fois les vacances scolaires terminées. « Commissaire » propose d’y ajouter de la vanille. Pour symboliser ce qu’ils plantent, l’idée qu’ils grandissent et se créent des racines. Plus loin, son compagnon, joue avec les plus jeunes, des dés et gobelets posés sur la table. « Alors tu as choisi quel chiffre ? », leur demande celui qui souhaite mobiliser des compétences comme le fait de savoir compter. « On a vu ce qui se passait sous notre fenêtre. On a profité des fumées [végétal ramassé pour nettoyer la zone et brûlé par les jeunes] et on s’est dit pourquoi pas participer ? », explique-t-il.

« Tout le monde vient quand il est libre », reprend le surveillant. Pour le moment, ils sont une vingtaine. « Mais ça continue d’augmenter. » Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, Antoy Abdallah incite les gens à venir les aider. Lui qui a tout financé de sa poche, les boutures de vanille qui viennent de son champ et les planches en bois qu’il a achetées par exemple pour la table, n’a plus qu’à déposer les papiers pour créer officiellement l’association. « Plein de gens pensent que ça n’ira pas plus loin. Mais nous on y croit », martèle Fahed Faissouli.

Football : Le Mahorais Ismaël Boura convoqué avec les Cœlacanthes

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Le natif de Bandrélé, Ismaël Boura, a accepté de jouer pour la sélection des Comores. Il pourrait faire ses débuts avec le maillot vert contre l’Angola, le 22 mars. photo Facebook ES Troyes AC

Le natif de Bandrélé devrait rejoindre le groupe de Stefano Cusin qui affrontera en amical, l’Angola et l’Ouganda, les 22 et 25 mars, à Marrakech, au Maroc, dans le cadre de la trêve internationale. Son équipe, l’ES Troyes AC, a déjà confirmé sa sélection.

Cette-fois, c’est la bonne. Ismaël Boura jouera pour l’équipe nationale de football des Comores. Le natif de Bandrélé a été convoqué par le sélectionneur des Cœlacanthes, Stefano Cusin, pour les deux rencontres amicales, prévues dans deux semaines, au Maroc. Le technicien italien a dévoilé il y a trois jours sa liste de 24 joueurs qui affronteront, l’Angola et l’Ouganda, durant la trêve internationale qui s’étalera du 18 au 26 mars. Parmi les noms qui ne sont pas passés inaperçus, figure celui du défenseur de l’ES Troyes AC, Ismaël Boura. La raison ? Ce n’est pas la première fois que les Verts tentent de s’arracher les talents de la pépite mahoraise qui avait déjà dit non aux Cœlacanthes, en 2023. Toutefois, l’ancien Lensois semble avoir changé d’avis. « Si tout n’était pas réglé, la fédération n’aurait pas osé l’inscrire sur la liste. Sinon, le joueur lui-même aurait démenti l’information », glisse un haut responsable sportif comorien. Une analyse qui se confirme un peu plus dans la mesure où même l’équipe où évolue l’arrière a déjà publié les noms de ses joueurs qui ont été convoqués dans leurs pays d’origine. Pour les Comores, dans un tweet, posté, mercredi, sur le réseau social X l’équipe a confirmé des photos à l’appui que trois de ses joueurs rejoindront les Cœlacanthes. Il s’agit de l’ailier gauche Rafiki Saïd, Youssouf M’changama, milieu offensif incontournable des Verts et enfin du défenseur, Ismaël Boura qui s’était désisté lors des dernières campagnes de qualification de la Can 2023. Une décision qui avait réjoui son ancien club, Lens lequel avait très vite communiqué le refus du joueur.

Sélectionnable aussi par Madagascar

Le Mahorais, après avoir dit oui à la sélection comorienne, avait décliné la convocation à la dernière minute. Une décision qui avait donné lieu à de nombreuses supputations. A l’époque, le coach, Younès Zerdouk, le staff des Cœlacanthes et la fédération s’étaient montrés compréhensifs par rapport au choix du joueur, lequel intéressait aussi l’équipe malgache. Le manager Kassim Abddallah disait alors que les portes lui seraient toujours ouvertes. Un an plus tard, l’enfant de Bandrélé accepte enfin de rejoindre le groupe de Stefano Cusin, qui dirige les Cœlacanthes depuis octobre 2023 et dont le bilan à la tête des Verts met tout le monde d’accord. Après Faïz Selemani, Faiz Mattoir et El Fardou Ben Nabouhane, Ismaël Boura sera le quatrième joueur professionnel mahorais à mouiller le maillot pour l’équipe comorienne. Il lui reste donc à imprimer sa marque lors des prochains matchs de stage de Marrakech. Mais déjà, les analystes sportifs placent déjà leur confiance en lui en raison de son talent. Le plus grand chroniqueur sportif des Comores, Elie-Dine Djouma, est de ceux-là. « Ismaël Boura est un joueur professionnel, qui évolue en Ligue 2 française, à Troyes. Il va apporter son expérience à la charnière défensive de l’équipe. Le fait qu’il joue en club avec deux autres Cœlacanthes, Rafiki Said et Youssouf M’changama, va beaucoup aider le groupe. Ils doivent avoir une bonne complicité dans le jeu et se connaissent bien », décortique celui qui est l’un des rares journalistes sportifs comoriens qui votent pour le Ballon d’or de la Fifa.

« Après une quarantaine de matchs en Ligue 1 et une trentaine en L2, Boura apportera du punch et une stabilité dans le compartiment défensif », espère le chroniqueur d’Al-Watwan.

Le président des Comores, Azali Assoumani, félicité par la France pour sa réélection

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Ambassadeur de la France aux Comores, Sylvain Riquier a rencontré Azali Assoumani, ce mercredi 13 mars. Le président de l’Union des Comores s’est vu remettre une lettre datée du 5 février et signée d’Emmanuel Macron le félicitant de sa réélection, lors du scrutin pourtant contesté du 14 janvier (avec 57,2% des voix au premier tour), et lui souhaitant « des vœux de succès ». « Je vous souhaite, pour votre mandat, des avancées décisives vers l’atteinte des objectifs que vous avez fixés, en particulier la consolidation de l’espace démocratique, la lutte contre la corruption et l’ouverture de nouvelles perspectives pour la jeunesse sur le sol comorien », affirme sans rire le président de la République, qui a reçu à plusieurs reprises celui qu’il a fait élire président de l’Union africaine en février 2023 (le président mauritanien Mohammed Ould Ghazouani a pris la suite en février).

Les relations diplomatiques entre la France et les Comores ont donc l’air toujours au beau fixe, si on omet les revendications régulières, devenues la posture habituelle, de Mayotte par les autorités comoriennes. Alors que l’influence française fond comme neige au soleil en Afrique, les Comores restent l’un des rares pays où l’Élysée estime avoir un allié, même si celui-ci joue un double jeu en entretenant des liens privilégiés également avec la Russie et la Chine. Il n’y a ainsi pas de surprises à lire qu’Emmanuel Macron assure son « cher ami » que « la France continuera à se tenir aux côtés des Comores et du peuple comorien. Nous poursuivons ainsi nos efforts pour renforcer le partenariat franco-comorien et notre action résolue pour la sécurité maritime et la sauvegarde des vies humaines en mer. A cet égard, je sais pouvoir compter sur votre engagement ».

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Parcoursup : Un délai supplémentaire pour les lycéens Mahorais

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Les lycéens ont huit jours de plus pour émettre des vœux sur la plateforme.

L’heure limite pour la formulation des vœux sur la plateforme d’admission post-bac Parcoursup sonnera seulement en fin de semaine prochaine à Mayotte. Alors que les lycéens avaient jusqu’à ce jeudi, dernier délai, pour sélectionner un maximum de 10 choix parmi les 23 000 formations proposées, le rectorat de Mayotte a demandé quelques jours supplémentaires compte-tenu de la crise sociale qui a impacté le fonctionnement des lycées. « Un délai supplémentaire a été exceptionnellement accordé par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour permettre aux élèves de terminale de l’académie de formuler des vœux jusqu’au vendredi 22 mars 2024 (23h59 heure de Paris), c’est à dire huit jours au-delà de la date limite arrêtée par le calendrier national (14 mars 2024) », annonce un communiqué de presse. Selon le rectorat, ce temps supplémentaire « va permettre de poursuivre au sein des lycées l’action d’accompagnement personnalisé, essentielle pour aider les élèves, notamment les plus fragiles, à se projeter dans leur poursuite d’études dans le supérieur et à faire leurs choix ».

Haro sur les machettes

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Dans la continuité des annonces faites par la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, un arrêté préfectoral encadre désormais la vente et le transport de machettes à Mayotte. Afin de lutter contre les violences, la vente, le port, le transport et l’utilisation sans motif légitime de machettes, chombos et objets assimilés sont interdits sur l’ensemble du département, et ce du jeudi 14 mars au lundi 15 avril 2024.

Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le préfet de Mayotte François-Xavier Bieuville confirme que « les magasins ne pourront plus vendre ces machettes à des mineurs ou à des personnes qui ne les utiliseraient pas à des fins professionnelles ».

Jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende

L’arrêté précise que les contrevenants s’exposent à une peine d’un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende, contre deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende si le transport de ces armes est effectué par au moins deux personnes ou si deux personnes au moins sont trouvées ensemble porteuses de ces armes.

Lors des interpellations, « l’objet sera immédiatement saisi en cas de transport sans motif légitime », souligne l’arrêté préfectoral. Concernant les établissements qui vendent des machettes, ils risquent une fermeture administrative en cas de manquement à la réglementation. D’ailleurs, les commerces concernés doivent désormais apposer de manière visible et lisible le présent arrêté, au format minimal de 21*29,7 cm.

Le 5 mars, un jeune homme de 17 ans a été placé sous contrôle judiciaire en foyer d’accueil après avoir été trouvé porteur d’une machette artisanale au niveau du Quai Colas, à Mamoudzou.

 

VIDEO. Le traitement des carcasses passe à la vitesse supérieure

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Caza Pièces Auto a quatre camions à sa disposition pour enlever les véhicules hors d’usage (VHU) des routes ou de la nature.

Les véhicules laissés à l’abandon sur le bord des routes mahoraises sont une réelle source de pollution. Mais se débarrasser de ces déchets particulièrement dangereux est loin d’être facile. Grâce à une nouvelle machine, Caza Pièces Auto accélère le rythme de traitement depuis novembre.

Capots rouillés, pneus crevés, pare brises brisés, pare-chocs décrochés : c’est le spectacle qu’offrent les carcasses de voitures abandonnées sur le bord des routes de Mayotte. « Sur l’ensemble de l’île, on estime qu’il y a à peu près 3.000 véhicules hors d’usage (VHU) actuellement, sachant que chaque année, entre 1.500 et 2.000 s’ajoutent », estime Moos Boina, dirigeant de Caza Pièces Auto. Ces véhicules hors d’usage (VHU), sont des déchets particulièrement dangereux et compliqués à traiter. « Les différents fluides (huiles, essence, N.D.L.R.) se déversent dans le sol et peuvent aller jusqu’à la nappe phréatique contaminer l’eau », explique-t-il, depuis le cimetière de carcasses caché à proximité du rond-point de Dzoumogné, dans la commune de Bandraboua.

Mais il n’est pas possible d’enlever ces véhicules de la voie publique sans autorisation. Les VHU font partie des seuls déchets qui sont la propriété de quelqu’un. Si la plaque d’immatriculation est toujours sur le véhicule, la police municipale doit d’abord identifier le propriétaire. « On fait d’abord une verbalisation si le véhicule est abandonné quelque part, puis on va envoyer un courrier au propriétaire en lui donnant un délai pour enlever ce véhicule. Si ce n’est toujours pas enlevé, on envoie une mise en demeure, et au bout de la troisième fois, on enlève le VHU », liste Minihadji Mourtadhoi, directeur général adjoint à la mairie de Bandraboua et chargé de coordination de la police municipale.

Vingt voitures compactées en une heure

Caza Pièces Auto est le seul centre VHU agréé de l’île. L’entreprise se charge d’aller récupérer les véhicules à bord de camions dédiés, puis les emmène dans son centre, situé à Longoni. C’est là que les voitures abandonnées sont dépolluées, à coup d’extractions de moteur, de batterie et de siphonnages d’essence, de gasoil, d’huile, de liquide de refroidissement. « On passe en moyenne trente minutes à dépolluer une voiture », précise Moos Boina. Sans ça, les carcasses ne pourraient pas être exportées. En effet, ces matières étant inflammables, leur transport est très délicat. Elles partent plutôt chez différents exécutoires qui les traitent spécifiquement.

Avant novembre, l’entreprise devait également séparer toute la ferraille du reste pour envoyer le métal chez Enzo Recyclage, qui s’occupait alors de le compacter. Mais depuis novembre dernier, Caza Pièces Auto s’est dotée d’une presse qui lui permet de sauter cette étape, avec l’accompagnement de l’État. « On met la voiture dépolluée dans la presse, qui compacte tout : métal, plastique et autre », décrit le gérant qui ajoute que cette nouvelle machine peut former environ une vingtaine de cubes de voitures par heure. Avec ce nouveau rythme, Moos Boina espère pouvoir endiguer le problème de la présence des VHU sur le territoire.

Tout traiter localement à l’avenir

Les cubes sont ensuite disposés dans des conteneurs, qui partent en direction de La Réunion, la plupart du temps, ou de l’Hexagone. Car, pour l’instant, les dernières étapes du traitement ne se font pas à Mayotte, mais plutôt dans ces territoires, dotés de broyeurs. Il s’agit d’une machine qui, avec un système d’aimants, arrive à séparer le métal et les différentes matières. Ce tri pointu permet ensuite de réutiliser et revendre les matériaux.

Pour l’instant, le sol mahorais ne dispose pas encore de broyeur, d’où l’exportation des VHU. Mais cela est dans les projets à court terme de Caza Pièces Auto et de son gérant, qui ont obtenu l’aide de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) pour l’achat et de la Direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer de Mayotte (Dealm) pour le volet administratif : « Aujourd’hui, on est soumis à la convention de Bâle assurant le contrôle des mouvements transfrontaliers des déchets dangereux, ce qui fait qu’on doit demander des autorisations aux différents pays sur lesquels les navires transporteurs seront susceptibles de passer, et ces démarches prennent énormément de temps. Heureusement, les services de l’État nous ont assoupli ces démarches en attendant qu’on ait le broyeur. Avec cette machine, cela nous permettra de tout traiter localement. »

Hip hop : Trois crews décrochent leurs tickets pour la finale des académies

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Plusieurs établissements scolaires se sont rencontrés lors d’une compétition de hip-hop au collège de Majicavo, organisée par l’Union nationale de sport scolaire (UNSS).

Les collèges de Kawéni 1 et Majicavo-Lamir, ainsi que le lycée Bamana sortent vainqueurs d’une compétition de danse hip-hop, ce mercredi, au collège de Majicavo. Les gagnants pourront concourir au championnat de France de l’Union nationale de sport scolaire à Marseille, en mai.

« Ils sont chauds ! », perce au micro Sarah Huguet, référente de danse hip-hop, sous les huées et les applaudissements des élèves autour. « Il me faut une main innocente ! », lance cette organisatrice de l’événement dont la compétition est gérée par l’Union nationale de sport scolaire (UNSS), pour tirer au sort l’ordre de passage des compétiteurs.

Tout y est : un sol encadré de tapis en guise de piste de danse, des crews (équipes) pour les battles (affrontements), des postures et attitudes de défi après quelques premiers passages hésitants, de la danse et surtout des sourires et des accolades. Ce mercredi, l’enceinte du gymnase du collège de Majicavo-Lamir s’est transformée en véritable ring pour laisser s’affronter, en danse, des élèves des quatre coins de Mayotte plus que motivés. Objectif de cette rencontre académique : décrocher sa place pour le championnat de France de danse battle hip-hop de l’UNSS, du 14 au 17 mai. Comme l’an passé, mais cette fois-ci à Marseille.

Une cinquantaine d’élèves de huit établissements différents s’affrontent : les collèges de Ouangani, Kwalé, Kawéni 1, Sada, Pamandzi, Tsingoni, Majicavo, ainsi que le lycée de Bamana. Les élèves de deux autres lycées et du collège de Dembéni devaient également participer à la compétition mais ont préféré ne pas danser, faute d’entraînements à cause des barrages. Qu’importe, ils sont présents dans le public pour applaudir leurs camarades.

« Tout le monde peut laisser parler son imagination »

« Je voudrais montrer à quel point la danse c’est mon point fort », évoque Danielle Soumaya, 13 ans, pendant la pause. « On a travaillé dur, les samedis, les dimanches… », poursuit celle qui se voit déjà devenir danseuse professionnelle. Elle apprend depuis deux ans le hip-hop dans son collège de Majicavo, déjà sélectionné pour concourir à Marseille dans la catégorie section d’excellence. « Je connaissais l’afro puis le hip-hop m’a intrigué. Tout le monde peut laisser parler son imagination, sa danse. On s’en fout du physique, de ce à quoi on ressemble », déroule la jeune fille.

Derrière elle, les équipes s’entraînent, dans la cour, avant leurs prochains passages. « On donne des consignes théoriques mais ce sont les élèves qui pratiquent le battle, car il y a une part énorme d’improvisation », explique Lamine Fournier, professeur d’EPS, qui les encourage. « Si l’élève n’est pas connecté avec l’énergie du public, avec la musicalité, il ne pourra pas faire un bon passage. Même si le professeur lui a appris une chorégraphie»

« Apprendre le respect de l’autre »

Et justement, les élèves inscrits en début d’année pour la compétition en ont à revendre de l’énergie. Sous des rythmes de pop lock, new school, break danse et de house, diffusés par un autre professeur devenu DJ le temps de la compétition, les danseurs jouent amicalement de leurs corps et de leurs regards avec leurs adversaires et le public, sans connaître à l’avance la musique de leurs quatre passages. Les plus téméraires s’essaient à des pirouettes en l’air et des cascades, sans aucune mauvaise réception au sol. Et surtout, le passage terminé, ils se serrent la main et se félicitent.

« On a la chance d’avoir des rencontres paisibles, bien encadrées. Les élèves sont respectueux », détaille Philippe Versaud, directeur régional de l’UNSS à Mayottte. « Au-delà de la pratique sportive, ça permet d’apprendre le respect de l’autre, que ce soit une jeune fille ou un jeune garçon, d’un village ou d’un autre» Cela étant, les rencontres ne sont pas ouvertes au public, ni annoncées, justement pour éviter les désagréments. Pour l’un des trois danseurs professionnels, membres du jury, également composé d’autres élèves formés à juger, « B.Boy Sasuké » : « Ces battles de danse montrent qu’on peut s’affronter différemment que de se lancer des cailloux. » C’est d’ailleurs ce à quoi aspire Sarah Huguet qui invite aux micro les jeunes à rejoindre, en-dehors de l’école, comme aux origines de la danse hip-hop, des crews dans la rue, et peut-être, « faire des battles hors établissements ».

Vers 15 heures, le flot ininterrompu des enceintes s’arrête enfin. La compétition terminée, les vainqueurs sont désignés dans une liesse générale : le collège de Kawéni 1 obtient la médaille d’or des collèges ; le collège de Majicavo, sa médaille de section excellence ; et le lycée Bamana sa propre médaille également. « On va partir à Marseille ! », lance, toute en joie, Anissa, 17 ans, élève de terminale de Bamana, dont le lycée doit encore trouver les financements pour le départ, nous apprend l’UNSS.

Les sourires et les larmes s’invitent sur les visages. Mais le boulot n’est pas terminé, les mouvements restent à répéter avant de concourir à Marseille et du contenu à produire pour les élèves métamorphosés en petits reporters lors de cette rencontre.

Les financements assurés pour les collèges

Cette année, la fédération qui compte 8.600 licenciés à Mayotte (47 % de filles), subventionne d’autres sports. Il revient donc aux établissements de s’occuper de la charge financière. C’est chose faite pour les collèges de Majicavo et Kawéni 1. Le conseil départemental de Mayotte, représenté par la cheffe de service jeunesse, Soraya Soibri, lors de cet événement, a déjà versé 100.000 euros pour aider à l’organisation et le transport de tous les jeunes aux rencontres (rencontres de « districts », avant celle académique déroulée ce mercredi). Les prochains budgets doivent être votés en avril, peu avant la compétition à Marseille.

« C’est comme après un incendie, le feu couve toujours »

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Le sénateur mahorais Thani Mohamed Soilihi a expliqué le contexte social de Mayotte lors de la dernière réunion de la délégation aux Outremer et en présence des représentants des maires ultramarins.

Au cours d’une table ronde, ce mardi soir, la délégation sénatoriale aux Outremer s’est penchée sur la réforme de l’octroi de mer (voir encadré), la situation de Mayotte et l’allègement des règlementations dans les territoires ultramarins. Thani Mohamed Soilihi, le sénateur mahorais, a été le principal intervenant pour expliquer aux participants le contexte social de l’île aux parfums.

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Le mouvement social de janvier-février a fait l’objet d’une rapide mise au point, au Sénat, ce mardi soir.

Reprenant la parole après plus d’une heure de débats sur l’octroi de mer, mardi soir, la présidente de la délégation sénatoriale aux Outremer, Micheline Jacques, a ouvert les échanges sur la situation à Mayotte en promettant « un déplacement d’une mission dans les mois prochains », le dernier ayant été reporté à cause des barrages. Sur ce sujet, c’est Thani Mohamed Soilihi qui s’est retrouvé le premier et finalement le seul à expliquer le contexte aux autres élus, dont la plupart issus de l’Outremer. « Aujourd’hui, le calme est en train petit à petit de revenir, les barrages ont été levés. Mais c’est comme un incendie, on est sûrs que le feu est toujours en train de couver. Tant qu’on ne sera pas attaqué aux racines du mal, on risque de revenir à un cycle de violences et de barrages », prédit le sénateur mahorais.

Comme le député (La France insoumise) Jean-Hugues Ratenon dont il ne partage pas les termes toutefois, il reconnaît que ce qui se passe à Mayotte entraîne des répercussions à La Réunion. Il cite l’exemple du centre éducatif fermé qui relâche sur l’île Bourbon des délinquants venus de Mayotte sitôt leur placement arrivé à terme (le préfet de Mayotte François-Xavier Bieuville annonçait récemment qu’un terrain était trouvé pour le premier CEF mahorais). Il rappelle aussi que « beaucoup de Mahorais vont en métropole et à La Réunion » parce que les mêmes droits sociaux ne sont pas en vigueur à Mayotte. « La problématique de la convergence des droits ne pourra pas être ajournée. Il faut avoir le courage de dire ces choses-là », considère-t-il.

« Un rattrapage éducatif »

« Pendant deux décennies, on ne s’est pas occupé de la jeunesse comme il fallait. Localement, on pointe les jeunes d’origine étrangère. Il n’y a pas que ça. Beaucoup de ces jeunes sont des Français », fait-il remarquer, appelant à « un rattrapage » en matière éducatif et à de nouvelles propositions. Contrairement aux députés Estelle Youssouffa et Mansour Kamardine, il émet des doutes sur les bénéfices d’une suppression du droit du sol. « Qu’est-ce qu’on fait du stock ? Ce n’est pas en supprimant le droit du sol qu’on va régler le problème de ceux qui ont déjà acquis la nationalité », estime celui qui est à l’origine de l’amendement de 2018 limitant le droit aux enfants dont l’un des parents était légalement sur le territoire trois mois avant la naissance. Concernant l’actualité récente, il félicite le nouveau préfet pour avoir insufflé « un changement doctrine » en allant davantage sur le terrain. Pareil pour les forces de l’ordre, il note que les dernières opérations permettent « d’aller dénicher les criminels là où ils sont, où ils préparent leurs méfaits ». Tout n’est pas rose pour autant. « Les gens continuent d’aller au travail avec la peur au ventre, des jeunes risquent leur vie en allant à l’école », raconte-il.

La présidente de la délégation l’a remercié et a invité les autres participants à remonter des solutions. Elle rappelle que le calendrier législatif mettra à nouveau le sujet de Mayotte sur la table, notamment dès que la loi « d’urgence » sera présentée au conseil des ministres du 22 mai.

Les commanditaires présumés de violences restent en prison

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Deux des prévenus, un jeune homme de 18 ans et un homme de 47 ans, devront préparer leur défense en détention provisoire à la prison de Majicavo. 

Trois habitants de Tsoundzou 1 sont suspectés d’avoir commandité les violences sur la voie publique du 5 mars qui ont entraîné le déploiement d’un important dispositif policier. Leur audience au tribunal correctionnel, prévue ce mercredi, a été renvoyée au 19 avril. Deux d’entre eux attendront le procès dans leur cellule.

« Ce qu’on leur reproche est tout l’inverse de ce dont ils se réclament. » Les mots tranchants de la vice-procureure, Françoise Toillon, viennent rappeler l’antinomie entre le profil des prévenus et les faits qui leur sont reprochés. Comme dans l’affaire de l’attaque de la brigade de gendarmerie de Sada, on se rend compte que parfois, derrière les caillassages et les attaques à main armée déplorées sur l’île, se cachent des donneurs d’ordre aux intérêts très particuliers. L’exemple des troubles à l’ordre public enregistrés à Tsoundzou 1 le 5 mars vient s’ajouter à cette liste noire. En interpellant vendredi dernier quatre mineurs, soupçonnés d’avoir participé à une série de vols et de violences commises à l’encontre de citoyens puis de policiers appelés sur les lieux, les enquêteurs du service territorial de la police judiciaire ont vogué de surprises en surprises au fil des auditions.

Rapidement, trois noms sont revenus avec insistance. Des personnes qui encadraient les jeunes impliqués, dans le cadre d’activités associatives, leur auraient mis la pression pour qu’ils passent à l’acte. Sans attendre, après recoupement de l’information, trois hommes de 47 ans, 34 ans et 18 ans ont été placés en garde à vue. Une fois dans les locaux du commissariat de Mamoudzou, le plus âgé aurait trouvé le moyen de mettre une pression supplémentaire sur un des mineurs impliqués en lui demandant de revenir sur ses déclarations, « une connotation assez déplaisante dans ce dossier », souligne la vice-procureur.

Déférés puis placés en détention provisoire lundi, le trio devait être jugé ce mercredi 13 mars en comparution immédiate. Sur conseil de leurs avocats, les trois prévenus ont sollicité un délai pour préparer leur défense. L’enjeu de l’audience était donc de savoir si les trois commanditaires présumés seraient maintenus en détention provisoire en attente de l’audience, renvoyée au 19 avril. Afin d’éviter « les représailles envers ceux qui ont parlé », mais aussi dans l’objectif de prévenir un renouvellement des faits, la représentante du parquet de Mamoudzou a demandé leur maintien en détention provisoire. Trois personnes, dont deux policiers, se sont constituées partie civile dans cette affaire. Un des fonctionnaires, blessé au bras, s’est vu prescrire une ITT de quinze jours qui pourrait être allongée, selon son avocat, maître Erick Hesler.

Direction la prison pour deux prévenus

A la barre, par l’intermédiaire de leurs avocats respectifs, deux des prévenus n’ont pas convaincu les juges au sujet de leurs garanties de représentation. Même si leurs casiers judiciaires ne portent trace d’aucune condamnation, ces derniers, des habitants de Tsoundzou 1, originaires des Comores, n’ont pas de titre de séjour. Le quinquagénaire qui prend part bénévolement au dispositif « Parents-relais » dans le village enchaînait les petits-boulots non déclarés sur des parcelles agricoles, tandis que le jeune majeur faisait plutôt dans l’oisiveté après avoir obtenu son CAP (certificat d’aptitude professionnelle).

« On dirait un dossier Instagram », s’est ému maître Soumetui Andjilani, avocat du plus âgé. « On a plus de photos que de textes. On a entendu des enfants parfaitement malléables. Il faut qu’on vérifie dans quelles conditions ces enfants ont été entendus. » Le trentenaire, père de famille, sort un peu du lot parce qu’il travaille en tant que maçon dans une entreprise basée à Mamoudzou. « Mon client travaille en face de mon cabinet. C’est un père de famille qui doit aller travailler pour subvenir aux besoins de ces enfants », a plaidé son avocat maître Zaïnaliambidina Nizari. Le tribunal l’a entendu et a accepté de placer le maçon sous contrôle judiciaire en attendant l’audience. Ses deux comparses sont quant à eux repartis en direction de la prison de Majicavo.

L’ex-recteur de Mayotte Gilles Halbout rejoint Matignon

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Gilles Halbout (ici avec l’ancien préfet de Mayotte, Thierry Suquet), recteur de l’académie mahoraise de juillet 2019 à décembre 2022, passe au cabinet ministériel du Premier ministre. Sa nomination a été officialisé en conseil des ministres, ce mercredi 13 mars. Le doctorant en mathématiques avait quitté l’île aux parfums pour l’académie Orléans-Tours. Plus proche de Paris, il avait intégré ensuite le comité de pilotage en charge d’une mission sur « l’exigence des savoirs » sur décision du ministre de l’Éducation nationale d’alors, Gabriel Attal. Ce dernier avait qualifié de « référence », dans une interview accordée au Monde, les travaux conduits par Gilles Halbout sur les fondamentaux à Mayotte. Visiblement, la confiance est réciproque puisque l’ex-recteur mahorais suit le chef du gouvernement à Matignon en tant que conseiller et chef du pôle éducation, enseignement supérieur, jeunesse et sports. Un poste qui était laissé vacant depuis un mois et la nomination de Bénédicte Durand à la présidence du Cnous (Centre national des œuvres universitaires et scolaires).

Les taxis moto illégaux dans le viseur de la police

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Mardi, une trentaine de scootéristes identifiés comme étant des « taxis moto » ont été contrôlés par les effectifs du service territorial de la police judiciaire. Dans le lot, huit individus ont été interpellés pour « travail dissimulé » et « exercice illégal de la profession de taxi », annonce la police nationale de Mayotte. Les pilotes n’ont pas présenté dans l’immédiat un brevet de sécurité routière ou une assurance, nécessaires pour convoyer des passagers. L’un d’entre eux a été conduit au centre de rétention administrative. Les huit engins ont par ailleurs été saisis. « Ce type d’opération a vocation à être renouvelé », prévient la police.

Jean-Hugues Ratenon atténue ses propos sur Mayotte

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Le député de la cinquième circonscription de La Réunion, étiqueté La France Insoumise, s’était ému, dans un courrier adressé au préfet Jérôme Filippini, des récents faits de violence à Saint-André et Saint-Denis. Dans cette missive, le parlementaire déclarait notamment qu’il ne fallait pas que « La Réunion devienne un Mayotte bis », suscitant une vive polémique. En réaction, le collectif des Forces vives a pointé du doigt un « manque de solidarité » de l’élu vis-à-vis de Mayotte. Sur Mayotte la 1ère, ce mercredi, la balle était de nouveau dans le camp du député. En expliquant qu’en « aucun cas » il ne fallait « tomber dans le piège d’opposer nos deux îles », Jean-Hugues Ratenon a réclamé que la lecture (voire l’interprétation) de son courrier soit réalisée avec plus de parcimonie. « Je suis le député qui est intervenu le plus souvent en faveur de Mayotte ! », a estimé le Bénédictin, tout en invitant le peuple mahorais à s’en remettre au gouvernement français qui « a fait le choix de délaisser votre territoire ».

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