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10/04/2009 – Corruption aux douanes

 

 

{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}ême en Métropole, une opération d'une telle envergure serait exceptionnelle. Depuis le 25 mars, quatre vagues successives d'arrestations parmi les douaniers du port, les transitaires et les commerçants-importateurs ont mobilisé 52 fonctionnaires de la Paf, du Gir, et les 7 enquêteurs métropolitains du SNDJ (Service national de douane judiciaire), un service disposant d'une compétence sur tout le territoire national. 27 personnes ont d'ores et déjà été mises en examen dans cette affaire et d'autres vont suivre dans les prochaines semaines (voir encadré).

Tout a commencé le 9 octobre 2007, avec la saisie par les douanes de 7,5 t de tabac dans un container contenant officiellement des matelas. Dans les jours qui ont suivi, le transitaire ayant procédé aux formalités d'importation du container incriminé a porté plainte, dénonçant un pacte de corruption au sein même des douanes de Mayotte. Le parquet a alors décidé d'ouvrir une enquête confiée à la Paf et au SNDJ qui a abouti à l'ouverture d'une information judiciaire devant le juge d'instruction en juin 2008 et à la mise en examen d'un transitaire et d'un douanier placés sous mandat de dépôt.

Soupçonnant un système de fraude généralisée, au-delà de cette affaire de tabac, le juge d'instruction a demandé aux policiers et au SNDJ de continuer leurs investigations, décidant d'y adjoindre les moyens du Gir à partir du mois de février. L'analyse de dizaines de déclarations douanières, l'audition de dizaines de personnes, à Mayotte comme en Métropole, et l'étude des patrimoines des différents suspects a permis "d'apporter des indices graves et concordants de l'existence d'un système de fraude assez généralisé, mais pas systématique", a tenu à souligner le vice-procureur Thomas Michaud.

 

Les douaniers fermaient les yeux sur le travail des clandestins au port

 

Les importateurs transmettaient aux transitaires des fausses déclarations douanières qui minoraient la valeur des marchandises importées qui étaient ensuite validées par les douaniers corrompus. Le prix d'un container, quelle que soit la marchandise qu'il contenait, était devenu "forfaitisé" à une taxation de 3.000-3.500 €. Les commerçants ont ainsi pu faire de gigantesques économies et les douaniers pouvaient arrondir leurs fins de mois. Les enveloppes en liquide qui leur étaient remises en échange de leur passivité pouvaient totaliser plus de 2.000 euros par mois, que certains n'ont pas hésité à investir dans l'immobilier… Du côté des importateurs, certains ont avoué avoir minoré de plus de 70 % la valeur de leurs marchandises et ainsi économisé plus de 80.000 euros en deux ans. Suivant les cas, les importateurs payaient directement les douaniers ou passaient par le transitaire ou un second intermédiaire qui prenaient leur commission au passage.

Avec des formalités douanières aussi expéditives, les importateurs étaient fortement attirés par l'offre des transitaires véreux, ce qui leur permettait non seulement de réaliser d'importants gains financiers mais aussi de satisfaire leur clientèle. La corruption généralisée des douaniers permettait également d'offrir un "marché réservé" aux transitaires qui pouvaient faire travailler des étrangers en situation irrégulière sur le port. En établissant une surveillance aux abords du port pour observer les aller et venues des containers en dehors des heures d'ouverture, le soir et le week-end, la Paf a pu identifier les commerçants qui attendaient à l'entrée.

 

Une belle occasion de tout remettre à plat

 

Jean-Bernard Gautier, officier de douane judiciaire au SNDJ, a effectué un long travail d'études des documents douaniers pour trouver des anomalies dans les factures : il a par exemple décelé la même écriture pour 20 commerçants différents, des dates qui ne correspondaient pas ou des quantités sous-évaluées. Les tarifs douaniers pratiqués étaient "extrêmement bas, avec souvent une autre écriture, et les valeurs déclarées étaient très très faibles". Les fausses factures étaient établies à partir de factures vierges récupérées dans les pays d'où provenaient les marchandises importées, essentiellement Dubaï.

Thomas Michaud estime que le préjudice pour la Collectivité n'est pas évaluable "car on ne sait pas vraiment ce qu'il y avait dans ces containers…. Sûrement des centaines de milliers d'euros qui auraient pu servir à refaire les routes ou construire des écoles". Cette pratique existe "depuis toujours" et fait même référence à l'entraide mahoraise… Un douanier a dit lors de son audition qu'il fallait une opération de cette envergure pour tout remettre à plat. "Une belle occasion pour la direction des douanes de reconstruire son service" a commenté M. Michaud. Le transit au port est fortement perturbé depuis deux semaines, quand on sait que près d'un tiers des effectifs ont été arrêtés. Les douaniers corrompus risquent jusqu'à 10 ans de prison ferme et 150.000 euros d'amende.

 

Julien Perrot

 


 

27 personnes mises en examen dont 19 placées en détention préventive

Depuis le début de cette affaire, 27 personnes ont été mises en examen pour des faits de travail dissimulé, aide au séjour, importations de marchandises prohibées, corruption active ou passive et complicité, faux et usage de faux. Parmi elles, 8 douaniers, dont 7 placés en détention préventive et un sous contrôle judiciaire, 4 transitaires écroués et 19 commerçants-importateurs, dont 8 placés en détention préventive et 4 sous contrôle judiciaire. 40.000 euros en liquide ont également été saisis, ainsi que de nombreux documents douaniers, fausses factures ou factures vierges. 2 personnes ont été interpelées en Métropole et 3 autres suspects seront présentés au juge d'instruction la semaine prochaine.

UNE Mayotte Hebdo N°423 – Vendredi 10 avril 2009

UNE Mayotte Hebdo N°423 - Vendredi 10 avril 2009

Douanes

Corruption Généralisée

19 personnes en détention préventive

> Etat Civil : Plus de moyen pour la CREC
> Fonction publique : 5264 agents à intégrer dès le 1er septembre 2009
> Lieu-dit : Hajangua, l'agricole (4 pages)
> Mayotte ECO : Enquête exclusive – Où va le CDTM ?
> Tounda : Explosart dans la plantation Guerlain à Combani

10/04/2009 – Lieu-dit : Hajangua, l’agricole

 

Le maire de Dembéni, Soihibou Hamada souhaite que l’agriculture garde toute sa place dans la commune et à Hajangua. Quand on arrive dans le village, que ce soit par le nord (Iloni) ou le sud (Hamouro), impossible d’échapper aux grandes clôtures délimitant les champs entourant le village. Celui-ci est perché sur les collines qui se trouvent au pied du Mont Bénara.

Les principaux équipements – école, MJC, terrain de football – sont sur la plaine, de l’autre côté de la route nationale, face au centre équestre Sainte-Armelle. A Hajangua, petit village à l’échelle mahoraise, pas de grand chahut sonore comme à Mamoudzou ou les carrefours commerciaux de Chirongui, Dzoumogné ou Combani. Tout au plus, les voitures qui filent à grande vitesse sur la ligne droite longeant l’ancienne usine sucrière troublent la tranquillité des lieux. Et ce marché, fait de bric et de broc, mais qui attire les clients sur la route du Sud.

C’est ce haut lieu de l’agriculture mahoraise que Mayotte Hebdo se propose de vous faire découvrir cette semaine. Hajangua (ou Hajangoua, Hajangwa et même Hajangoi) n’a pas tourné le dos au passé, mais souhaite comme les autres localités de Mayotte ne pas être laissée de côté et réussir sa transition vers le monde moderne. D'importants travaux y démarrent dans quelques semaines.

 

“Avant, les gens se respectaient !”

Saïd Oili a vécu toute sa vie à Hajangua. Cet homme âgé de plus de 70 ans a travaillé dans les champs de la famille Marot. Malgré une existence de labeur acharné, Saïd Oili a la nostalgie d’une période où Hajangua rimait avec grandes exploitations agricoles.

{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap}u centre du village de Hajangua, le soleil tape dur en début d’après-midi. On a beau dominer le lagon et voir la Petite Terre au loin, l’altitude ne fait pas baisser la température. Juste après la prière d’Aduhuri (midi), Saïd Oili, vêtu d’une chemise blanche assortie à son pantalon, de son koffia et avec sa barbe de quelques jours, remonte à petits pas vers son banga en tôle. S’approchant de moi, il scrute ce visiteur impromptu qui vient troubler sa paisible journée.

“Vous voulez que je vous parle de Hajangua ? Pas de problème, mais vous n’allez pas partir de sitôt”, prédit-il. De ce fait, il m’invite à traverser la rue pour me réfugier sur la terrasse de la case Sim de sa fille. “Hajangua, c’est ma vie. Bien que mes parents soient nés à Anjouan, je suis né ici, et j’ai tout fait ici”, affirme celui que l’on surnomme Baboudou Né. Saïd Oili comme de nombreux Mahorais de sa génération n’a pas été scolarisé.

À l’époque, le seul horizon qui s’ouvrait à un fils de travailleur agricole, c’était justement de faire comme les parents et s’adonner aux travaux des champs. “Mes parents ont travaillé comme moi à l’usine sucrière. Ils cultivaient la canne qui était ensuite raffinée en sucre. Ils travaillaient également la citronnelle. Celle-ci était plantée en décembre, puis coupée en mai pour être ensuite transformée en huile essentielle. Celle-ci était vendue à l’extérieur de Mayotte”, assure Saïd Oili.

Le travail était pénible et la paie pas terrible. “On gagnait un shrobo par jour, soit un rial pour cinq jours travaillés. Ce n’est que quand les Anglais sont arrivés que le salaire est passé à un rial par jour”, explique-t-il de sa voix saccadée. Le seul jour de repos était le dimanche.

 

{xtypo_quote}La vie moderne n’apporte rien de bon{/xtypo_quote}

 

Pour les grandes occasions, tel que les mariages ou les jours de fête, le village de Hajangua était animé par des chigomas, madjlis ou autres manifestations qualifiées de traditionnelles aujourd’hui. La cohabitation avec ses employeurs de la famille Marot s’est toujours bien déroulée pour lui.

“Avant, les gens se respectaient ! Un jeune respectait la parole des parents, les employés écoutaient celle de leur patron et vice-versa. Aujourd’hui, tout cela n’existe plus, il n’y a plus de respect et ce n’est pas près de revenir. Aujourd’hui, un jeune vous menace de vous dénoncer à la justice si on tente de le corriger. Ils ont pris la grosse tête et sont un peu comme du bétail sans berger à leur tête, puisque les parents n’osent plus rien faire. C’est la faute du sirkali (les autorités)”, constate amèrement Baboudou Né. Cette attitude ne mène à aucun avenir sérieux selon lui.

“Aujourd’hui, combien de gens vous disent bonjour en vous voyant ? Heureusement que certaines personnes n’ont pas oublié ce respect. Sarah Mouhoussoune vient me rendre visite de temps en temps. Cela est dû au fait que j’ai bien connu ses parents et ils m’ont toujours respecté et inversement. Je n’ai pas été à l’école, mais Alhamdulilahi, j’ai pu avoir un petit quelque chose à offrir à mes enfants grâce au travail de la terre. Aujourd’hui, plus personne ne veut travailler la terre, mais est-ce que ceux qui gagnent de l’argent arrivent à se payer tout ce qu’ils veulent ?”, s’interroge-t-il.

Pour lui, la vie moderne n’apporte pas grand-chose de bon. La viande consommée par exemple n’est plus fraîche et provoque des problèmes de santé, les maisons en béton attirent tellement la chaleur qu’il ne peut plus faire sa sieste après sa prière de la mi-journée, contrairement aux bangas en mtseve (feuilles de cocotiers tressées). “C’était bien mieux avant”, résume nostalgique Baboudou Né.

 

Faïd Souhaïli

N. B. : Malgré notre insistance, Saïd Oili a catégoriquement refusé d’être pris en photo.

{mospagebreak title=Marot, premier habitant du village}

Marot, premier habitant d'Hajangua

A Mayotte, l'origine de la grande famille Marot, c'est lui : Fernand, ici auprès de sa femme Augustine Dèze et de ses enfants.Aujourd'hui, Hajangua appartient à l'Etat, aux villageois, aux différents particuliers qui y ont acheté des parcelles… En 1900, il n'y avait qu'un seul et unique possesseur du domaine : Fernand Marot. Entre la sortie d'Iloni et le Mont Bénara, ses 900 hectares devaient lui permettre de faire fortune à l'époque, mais il en a été autrement.

 

 

 

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}es Marot représentent une immense famille, éparpillée entre la Réunion, Madagascar, Maurice, l'Afrique du Sud et Nantes. Né à Quatre Bornes (Maurice), Fernand Marot quitte très vite son île natale pour Mayotte dans l'objectif de s'enrichir. Il est l'un des premiers colons venus sur ce petit bout de terre. C'est à la fin du XVIIIème siècle qu'il s'approprie le domaine, vaste champ agricole. Son ambition, selon l'un de ses descendants Dominique Marot, était de faire fortune grâce à l'usine sucrière.

"Lorsque mon arrière-grand-père a racheté la fabrique, le propriétaire était en difficulté. Il voulait relancer la machine, mais ça n'a pas plus marché que son prédécesseur", hypothèque-t-il. Fernand Marot logeait avec sa femme Augustine Dèze et ses enfants près de son usine. Une usine qui, visible de la route nationale, fait à ce jour partie du patrimoine mahorais. À proximité, il y avait attribué un terrain pour ses travailleurs. Cette parcelle d'habitants est devenue Hajangua.

"Les ouvriers de Fernand y ont construit leurs maisons, installé leurs familles et la localité s'agrandissait en terme de population, jusqu'à devenir un village". Fernand le colon était également sisalier. Cette activité ne lui a toutefois pas permis d'atteindre son but. Comme le moment où il a décidé de démarrer la citronnelle. Les temps étaient durs et les difficultés prenaient de l'ampleur au fil du temps. "Il ne pouvait pas tout gérer. 900 hectares, c'est énorme. A ma connaissance, je ne connais aucune personne qui a détenu ou qui détient autant d'espace à Mayotte", s'exclame Dominique, enfant de la troisième génération des Marot.

 

Les travailleurs de Marot ont créé le village

 

Pour mille francs un hectare, deux mille francs deux hectares… il revend une grande partie de sa propriété. Ses acheteurs : l'Etat principalement, mais aussi beaucoup de particuliers. Fernand Marot n'oublie toutefois pas sa descendance. À sa mort, ses enfants se partagent les terrains. Ces derniers sont décédés, mais ont à leur tour légué les biens à leurs héritiers. Sept d'entre eux sont encore vivants.

Andrée Marot, jointe par téléphone, est fille de cette deuxième génération, elle réside en Petite Terre. Andrée apprend un peu plus, à son neveu Dominique, de l'histoire familiale. Celui-ci a passé ses huit premières années à Hajangua, de 1964 – l'année de sa naissance – à 1972, avant de rejoindre Pamandzi. "Hajangua et la commune de Dembéni plus globalement constituent des terres agricoles. Avant, il n'y avait rien du tout. Et si j'ai quitté Hajangua pour la Petite Terre, c'est pour l'école qui existait là-bas. Aujourd'hui, ça a énormément évolué", se ravit-il.

"Avant, pour aller à Mamoudzou, c'était à pied car il n'y avait que des pistes. La première voiture que je me souviens avoir vu dans le village était la Jeep de Saïdani (ndlr, ancien du village)". Père de quatre enfants, Dominique Marot a hérité d'un hectare. Et bien qu'il demeure et qu'il construise à Pamandzi, le paysan de la mer se voit bien revenir chez lui, où il détient ses repères.

"J'ai passé une grande partie de ma vie en Petite Terre, mais Hajangua c'est mon village. J'y détiens mon exploitation et j'espère bien m'y installer, faire un retour aux sources", envisage-t-il. De par son ancêtre Fernand, la famille Marot occupe encore une place majeure à Hajangua. Tout n'a pas été vendu : le centre équestre, la carrière et d'autres parcelles sont loués. D'après l'aquaculteur, chaque enfant a obtenu sa part, et encore quelques centaines d'hectares restent en la possession des Marot.

 

Ichirac Mahafidhou

{mospagebreak title=Hajangua, c est toute ma vie !}

“Hajangua, c’est toute ma vie !”

Sarah Mouhoussoune et Yasmina Baubet ont vécu sous le même toit à Hajangua. Aujourd’hui, elles travaillent toutes les deux au tribunal à Kawéni.Conseillère générale du canton de Dembéni depuis un peu plus d’un an, Sarah Mouhoussoune est l’une des représentantes emblématiques de la famille Boudra-Marot. Native de Hajangua, elle y vit encore aujourd’hui. Elle nous raconte son attachement à ce village.

 

 

 

 

 

{xtypo_dropcap}"J{/xtypo_dropcap}e ne me vois pas vivre ailleurs qu’à Hajangua !” Sarah Mouhoussoune n’y va pas par quatre chemins pour démontrer que la localité est vraiment ancrée en elle. “J’y ai construit alors qu’il n’y avait pas encore d’électricité ni d’eau. J’y ai ramené mes enfants pour qu’ils puissent voir où étaient leurs racines”, explique la conseillère générale de Dembéni. Née en 1956, elle a connu comme les autres Mahorais scolarisés les interminables marches à pied entre son domicile et son école primaire.

“On allait à l’école à Bandrélé. Parfois, mon grand-père Edgar William Marot se déplaçait à dos d’âne et nous profitions de ses animaux pour nos trajets”, se souvient-elle. Des trajets plus longs, Sarah Mouhoussoune a eu l’occasion d’en faire quand ses parents étaient installés en Petite Terre.

“On passait nos vacances à Hajangua chez nos grands-parents. On prenait le kalibwabwa (petit voilier) pour Mamoudzou et après on reliait Hajangua à pied. On partait à 4 heures du matin pour ne pas être en plein soleil. Ou sinon, mon père avait un boutre et on allait directement de Hajngua Langara, un lieu que j’aimerais bien restaurer, au Four à Chaux à Labattoir”, raconte-t-elle. Avec sa sœur Yasmina Baubet, l’évocation du passé ramène à la surface d’autres bons souvenirs.

 

L’arrivée des pêcheurs sonnée à la conque

 

“Les pêcheurs débarquaient au quai de Langara et leur arrivée était sonnée au baragoum (conque). Mon père se chargeait également de récolter les sous des villageois pour rapporter leurs courses. Il achetait tous les produits à Dzaoudzi.” Les deux sœurs nées Boudra affirment que la vie d’antan ne comportait certes pas le confort d’aujourd’hui, mais que les gens étaient heureux.

“On s’éclairait à la Pétromax et quand celle-ci tombait en panne, ma grand-mère utilisait de l’huile de coco qu’elle faisait tremper dans un bout de coton posé au fond d’une boîte de tomates concentrées”, narre Yasmina Baubet. Les longues nuits auprès des grands-parents qui racontent des légendes et contes, les journées au champ pour récolter le paddy, tout cela est bien fini, mais les deux sœurs Boudra n’ont pas oublié d’où elles viennent.

Cet esprit de famille et tout ce qui y est lié a vraiment été transmis à leurs enfants. Fayssoil Mouhoussoune, fils de Sarah Mouhoussoune en est la preuve vivante. Il a entrepris de reconstituer l’arbre généalogique du clan Marot et lui aussi se souvient des vacances passées en famille à Hajangua. Il les a appréciées et nul doute que cela ne s’arrêtera pas avec lui.

 

Faïd Souhaïli

 

Parmi les enfants de la famille Boudra, on trouve Daniel (médecin à Dzaoudzi), Sarah, Camille (Mamilo, armateur propriétaire du Tratringa), Viviane (professeur en Métropole), Djamila (Dass), Adam (marin), Yasmina, Chafa (Direction de l'Equipement), Anrafa et Eva.  

{mospagebreak title=Une équipe de football en trop ?}

Une équipe de football en trop ?

Alors que l’équipe de Flamme a couru mercredi après-midi, le FC Maboungani était sur le terrain. Hier, les rôles ont été inversés.Hajangua est considéré comme un petit village à Mayotte. En matière de football, il en est de même. L’adage dit “L’union fait la force”, mais à Hajangua, entre Flamme et le FC Maboungani, le rassemblement de toutes les forces vives semble impossible pour le moment.

 

 

 

 

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}a saison 2009 va véritablement débuter ce week-end à Hajangua. Et pas par n’importe quel match. Il s’agit ni plus, ni moins du derby entre Flamme et le FC Maboungani. Comme tous les derbies, ce match revêt une saveur particulière. S’il en est un qui est plus concerné que les autres, c’est bien Baco Abassi, président d’honneur du FC Maboungani.

“J’ai été à l’origine de la création de Flamme en 2003, qui a été créée à la suite de la disparition de la Chirazienne”, révèle Baco Abassi. Aujourd’hui, il est passé au FC Maboungani. “En 2004, je me suis présenté aux cantonales à Ouangani car je suis originaire de Barakani. Je ne pouvais présider Flamme et faire de la politique en même temps. J’ai donc passé la consigne au bureau de gérer les affaires en attendant les résultats.” Mais quelle ne fut sa surprise quand il découvrit qu’il avait été écarté de l’équipe dirigeante une fois la campagne passée. Cella lui a fait d’autant plus mal qu’il avait réussi à récolter un montant de 12.000 € pour le club.

Pour Moussa Soimadouni, joueur de Flamme, la création de Maboungani s’est faite parce qu’il y avait trop de seniors et qu’ils voulaient jouer à tout prix. La division ne s’est donc pas faite en fonction de quartiers, ni de convictions politiques. Toutefois, Baco Abassi estime que si on l’a révoqué de Flamme, c’est parce qu’il a le seul tort de ne pas être originaire du village. Avec un certain sens de l’ironie, il surnomme le FC Maboungani “Shama ya wadjeni” ("l’équipe des étrangers"). Moussa Soimadouni préfère l’appellation “Shama ya wissa” ("la seconde équipe"). Pour le derby de ce samedi, les joueurs de Flamme sont confiants. L’an dernier, ils avaient battu aussi bien à l’aller qu’au retour leurs adversaires. Baco Abassi affirme que cette année les choses vont changer.

 

Pas de licenciés entre 14 et 17 ans

 

“Contrairement à nos voisins, nous préférons attendre le résultat sur le terrain. On est calme, notre victoire en coupe de la ligue nous a donné confiance”, dit-il sûr de lui. Des deux côtés jouent des frères, des cousins et des amis. Mais pour l’instant, impossible de pouvoir entrevoir un début de réconciliation.

La division des footballeurs de Hajangua fait des victimes collatérales : les jeunes footballeurs. La ligue de football impose des catégories de jeunes obligatoires. En l’occurrence, les deux clubs de Hajangua doivent aligner une équipe de 13 ans, puisqu’ils jouent en PL. Mais entre cette catégorie et les seniors, il n’y a point d’équipe car il manque des encadrants, et surtout les deux équipes sont dans l’incapacité de fournir un effectif suffisamment riche pour engager des jeunes dans toutes les catégories.

“On aimerait bien faire quelque chose pour ces jeunes de 14 à 17 ans, mais pour l’instant c’est impossible”, constate Baco Abassi. Pourtant, en mutualisant les moyens ou en organisant une fusion, beaucoup de choses pourraient s’arranger. “Nous sommes prêts à tout négocier, sauf l’aspect de la gestion financière. Nous avons vu ce que cela a donné”, rappelle Baco Abassi.

Les membres de Flamme, pour l’instant, constatent que deux clubs de football dans un village aussi petit est une aberration. Mais là aussi, pour des questions de fierté, il est inenvisageable de ne pas avoir un œil sur les finances. “Nous n’avons pas d’argent, mais on ne veut pas être écartés de la gestion à cause de ce prétexte”, indique Abdou Dalil de Flamme.

L’union des footballeurs de Hajangua n’est donc pas prête à se faire aujourd’hui. Un jour peut-être, la raison reviendra. En attendant, chacun s’entraîne comme un fou pour pouvoir être au top le jour J.

 

Faïd Souhaïli

{mospagebreak title=Le Bénara au menu de l entraînement}

Le Bénara au menu de l’entraînement

Créé en 2003, le club des Enfants du pays de Cucaracha s’est spécialisé dans les courses de fond.Les Enfants du pays est le club d’athlétisme du village de Hajangua. Les sportifs sont dirigés par Abdallah Hassani plus connu sous le surnom de Cucaracha. Le club est spécialisé dans le demi-fond et les athlètes possèdent, avec le Mont Bénara, un terrain d’entraînement propice aux efforts prolongés.

 

 

 

 

{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap}mbassadeur du village de Hajangua, Abdallah Hassani a souvent eu à endosser ce costume. Coureur émérite, il a eu l’occasion de représenter Mayotte sur le demi-fond à l’extérieur de l’île, dans la région. “J’ai fait quelques courses à la Réunion, mais aussi à Madagascar”, révèle l’homme surnommé Cucaracha par Jean-Claude Novou, en raison de sa vitesse de pointe.

Désormais, celui-ci souhaite que les jeunes coureurs de son village prennent le relais. Il n’a pas tout à fait abandonné l’idée de représenter Mayotte pour les Jeux des îles, même s’il n’est plus tout jeune, mais compte beaucoup plus encadrer les jeunes. “Beaucoup viennent de Hajangua quand il y a une sélection, alors pourquoi pas entraîner les sélections de fond pour leur faire partager mon expérience ?”, se demande-t-il.

A Hajangua, le président des Enfants du pays a sous sa responsabilité une trentaine d’adhérents au club. A Hajangua, il n’y a pas de piste d’athlétisme. Mais, le village est situé à quelques foulées du Mont Bénara. Quoi de mieux comme terrain d’entraînement que le point culminant de Mayotte ? “Parfois, nous allons jusqu’au sommet pour nous entraîner. Mais, il ne faut pas y aller en cas de pluie, c’est trop dangereux”, admet Cucaracha. Ce dernier a pour ligne de mire les Jeux des îles de 2011 aux Seychelles. Il espère bien être du voyage afin de décrocher une médaille et faire honneur au maillot des Enfants du pays.

 

F.S.

 {mospagebreak title=Une RHI géante pour 2011}

Une RHI géante pour 2011

Une RHI géante pour 2011Les habitants de Hajangua vont voir leur village changer de visage dans les deux prochaines années. De nouvelles routes, des réseaux d’assainissement mis aux normes, tout ça pour un meilleur cadre de vie.

 

 

 

 

 

{xtypo_dropcap}T{/xtypo_dropcap}out le monde aspire à vivre dans un environnement salubre. A Hajangua, la commune de Dembéni a décidé de réhabiliter le village dans les deux années à venir. Une opération de résorption de l’habitat insalubre (RHI) va débuter dans les semaines à venir. Les quartiers qui seront traités dans un premier temps seront Boboka, Maternelle, Marché et Marindrini.

L’opération coûtera la bagatelle de 2,35 millions d’euros. Il faut bien cela pour améliorer la desserte des quartiers avec deux nouvelles routes, la réfection des voies existantes avec leur mise aux normes, des places de stationnement, l'aménagement de chemins piétons, de places. Il s'agit aussi de rationnaliser et mettre aux normes les réseaux d’eau et d’électricité et faire de même en ce qui concerne l’évacuation des eaux pluviales.

“Aujourd’hui, certains réseaux sont trop proches des habitations. En ce qui concerne l’assainissement collectif, chaque habitant aura une boîte de branchement et devra se raccorder à l’unité de traitement”, indique Frédéric Prothery, directeur des services techniques de la commune de Dembéni. Le maître d’œuvre de cette RHI est le cabinet ETG. Celui-ci assure que les travaux se dérouleront par zone. “On ne fera pas tout au même moment car nous souhaitons limiter la gêne et nous ne voulons pas bloquer totalement la circulation.”

F.S

 {mospagebreak title=Attention, centre équestre}

Attention, centre équestre

Attention, centre équestreC’est dans la commune de Hajangua que l’on trouve l’unique centre équestre de Mayotte, le Centre Sainte-Armelle. Un pari audacieux lancé il y a 5 ans. Depuis le 1er juillet 2007, le propriétaire a passé le témoin à Sandrine Docq. Aujourd’hui elle gère le centre qui compte près de 90 licenciés et propose différents types d'activités, notamment des promenades à cheval autour du village.

 

 

 

 

{xtypo_dropcap}"A{/xtypo_dropcap}ttention, traversée de chevaux !", à part ce panneau discret situé un peu avant le panneau signalant l’entrée du village, rien n’indique la présence d’un centre équestre dans les abords. Et pourtant, avec ses 90 licenciés et les associations qui viennent régulièrement, le centre est l’un des atouts principal du village; voire même de la commune. En dehors de la gérante, un palefrenier et deux gardiens travaillent régulièrement sur le site. Assez pour s’occuper des 8 chevaux et des 14 poneys du centre.

Les animaux ont été choisis exprès pour leur aptitude à s’adapter au climat local, comme nous l'explique Sandrine Docq, la nouvelle gérante du centre. "Nous n'avons que des chevaux malgaches. C’est une race plus adaptée à la chaleur. Ils sont aussi plus petits et plus légers. Par contre, les poneys viennent de Métropole, ce sont des shetlands. Il s'agit d'une race rustique, résistante, qui s’adapte aussi plus facilement aux conditions climatiques de l’île." De nombreuses associations d'handicapés, de jeunes ou de personnes en difficulté réservent pour des promenades en poneys.

Plusieurs activités sont proposées à Sainte-Armelle comme les cours d'équitation. Des promenades à cheval, ouvertes aux groupes, permettent de découvrir le village d'Hajangua à travers des petits chemins de randonnée sans trop se fatiguer. Une manière d'attirer les non initiés avec des activités qui permettent avant tout de découvrir le cheval en tant que compagnon de loisir.

De nombreuses associations d'handicapés, de jeunes ou de personnes en difficulté réservent ainsi des journées pour des promenades en poneys. " Nous avons de tout parmi les associations. Récemment nous avons travaillé avec la Poste, l'association Toioussi, mais aussi Tama et le Lion's Club. Les demandes arrivent surtout en saison sèche. Là nous attendons près de 180 personnes pour le mois de mai."

Actuellement, le centre accueille principalement des jeunes. Des cours et des initiations sont proposés aux enfants à partir de 4 ans et aux débutants. On y apprend le B-A BA de l'équitation à travers des animations : rester assis sur un poney, toucher l'animal afin de l'apprivoiser, mais aussi comment avancer, s'arrêter et tourner. Pour les plus confirmés, d'autres activités sont prévues afin d'améliorer la technique.

"Il existe différents mouvements à travailler selon les disciplines. Comme avec le saut d'obstacles qui requiert énormément de travail sur soi, mais aussi avec l'animal. Quand on est vraiment confirmé, on travaille le cheval et on lui apprend à suivre ce qu'on lui demande de faire. Plus le cavalier est novice, plus le cheval doit être expérimenté. C'est la règle, dans le milieu", nous apprend la gérante.

 

Le centre équestre n'attire quasiment que des mzungu

 

Malgré tous les efforts, en dehors des associations le centre équestre n'attire quasiment que des mzungu. Un manque d'intérêt de la part des locaux que Sandrine Docq attribue à une culture mahoraise qui établit un rapport différent à l'animal. En effet, une grande partie des adeptes des sports équestres est avant tout attirée par la relation particulière qui s'établit avec le cheval, une vision qui est aussi partagée par Aurore, licenciée du centre depuis maintenant deux mois.

"Je faisais déjà du cheval en France et en venant ici j'ai appris qu'il y avait ce centre et je m'y suis inscrite. J'aime l'équitation avant tout à cause du contact particulier qu'on a avec le cheval. Ce n'est pas un animal qui est bête. Il est très intéressant de lui d'apprendre des choses, mais surtout d'apprendre de lui."

Pour susciter au moins la curiosité des Mahorais, le centre compte organiser d'autres activités, comme une journée portes ouvertes, ainsi que la mise en place d'un concourt hippique interne. La gérante souhaite surtout recommencer à travailler avec le vice-rectorat pour permettre aux scolaires de découvrir une nouvelle activité sportive basée sur le respect de l'animal.

 

Halda Toihiridini

{mospagebreak title=Au marché du village…}

Au marché du village…

Sur la vingtaine de vendeuses qui travaillent ici, rares sont celles qui se sont déplacées en ce jour pluvieux. Mais régulièrement, les femmes du village viennent vendre leurs récoltes sur le marché afin d'arrondir leur fin de mois.Le marché de Hajangua a vu le jour il y a une dizaine d'années. Simple marché improvisé au départ, il s'est agrandi jusqu'à compter près une vingtaine d'étals. Aujourd'hui, certains clients viennent de loin pour acheter des fruits et légumes difficiles à trouver sur les grands marchés et à de bons prix. Ce petit marché, posé au bord de la route à même quelques tables brinquebalantes et autres palettes de bois, attire pourtant de nombreux touristes qui s'arrêtent par bus entiers pour découvrir et photographier les femmes, ainsi que les produits locaux.

 

 

 

 

{xtypo_dropcap}C{/xtypo_dropcap}ela fait maintenant deux bonnes heures qu'une pluie battante s'abat sur le village de Hajangua. Mais ici, sur le petit marché improvisé à la sortie du village, il en faut beaucoup plus pour décourager les marchandes. Assise patiemment à coté de son étal, l'une des marchandes nous accoste. "Regardez, je suis toute mouillée, nous n'avons aucune installation qui nous protège de la pluie et de la boue. Nous aimerions bien qu'on nous construise un véritable marché, mais les autorités ne nous écoutent pas."

Situé à quelques mètres des habitations, le marché est idéalement placé pour attirer clients et touristes. D'ailleurs, beaucoup d'automobilistes trop pressés pour aller à Mamoudzou s'y arrêtent pour acheter des produits souvent impossible à trouver ailleurs. Mais ce sont surtout les touristes, nombreux à tomber sous le charme de ces petits marchés locaux, qui s'aventurent ici par bus entiers.

"Le samedi et le dimanche sont les jours où il y a le plus de vendeurs ici. La plupart préfèrent venir ces jours là parce qu'ils ont peur des gendarmes. C'est aussi la période où nous avons le plus de clients. Beaucoup de touristes s'arrêtent pour prendre des photos. Même si on ne parle pas la même langue qu'eux, ils comprennent quand on leur dit de ne pas nous photographier."

Cet emplacement à coté du village permet surtout aux marchandes de ne pas trop dépenser pour les déplacements.

 

{xtypo_quote}J'ai un champs très loin d'ici. Avec ma famille nous y cultivons de nombreux fruits et légumes que nous revendons ici{/xtypo_quote}

 

Sur la dizaine de tables improvisées au bord de la route, s'étalent différents fruits et légumes de saison. Goyaves, avocats, mandarines, des denrées que les vendeuses sont parfois parties récupérer aux quatre coins de l'île. "Je vends des oranges, des cocos, des avocats. Je les achète dans les villages du sud. A Bandrélé, Poroani ou Chirongui. Et même plus loin…", explique Zacharia. "On attend aux abords des villages, sur les chemins où passent les gens qui reviennent des champs, et on leur achète ce qu'ils ont récolté. Ce système les arrange parce que beaucoup d'entre eux sont sans papier; ça leur évite d'aller jusqu'à Mamoudzou pour gagner de l'argent."

Assise sur son étal à coté de ses bananes, Zenabou attend qu'une voiture s'arrête pour pouvoir vendre ses fruits. Ici, elle est la seule avec sa voisine à avoir des produits issus de son propre champ. Avec l'aide de son mari et de ses enfants, Zenabou cultive régulièrement ses parcelles agricoles afin de pouvoir en vendre les récoltes. Un travail difficile mais indispensable pour cette mère de 6 enfants.

"J'ai un champs très loin d'ici. Il me faut environ deux heures de marche pour y accéder. Avec ma famille nous y cultivons de nombreux fruits et légumes. C'est très fatiguant mais j'y suis obligée parce que j'ai un enfant qui est au collège et chaque jour le peu que je gagne ici, je le lui donne pour qu'il s'achète à manger. J'aimerais trouver un terrain pas loin d'ici pour y cultiver des brèdes. Ca m'éviterais d'aller aussi loin pour la récolte, d'autant plus que je ne peux pas y aller seule parce que les chemins ne sont pas sûrs."

Ce mercredi, il n' y pas grand monde sur la place. Mais les week-ends ce sont près d'une vingtaine de marchandes qui viennent régulièrement tenter de gagner quelques euros de plus pour arrondir les fin de mois. Les plus chanceuses arrivent à gagner jusqu'à 400 euros par mois. Pour certaines d'entre elles, c'est la seule source de revenu.

 

Halda Toihiridini

09/04/09 – Un grand pas pour l’intégration des agents de la fonction publique de Mayotte

Après des années de revendications syndicales, un protocole d'accord a enfin été trouvé pour régler la question de l'intégration des agents de Mayotte dans les corps des trois fonctions publiques (d'Etat, territoriale et hospitalière). Signé ce mercredi par tous les syndicats, il prévoit de rendre le dispositif législatif et réglementaire beaucoup plus efficace pour intégrer les quelques 5.264 agents restants avant le 31 décembre 2010, comme le prévoit la loi du 11 juillet 2001. Les agents qui ne peuvent être intégrés directement le seront dans des corps transitoires d'une durée maximale de 5 ans et non plus 10 comme prévu initialement, et commenceront à l'indice 250 au lieu de 201. Cet accord sera transmis au ministère de la Fonction publique en juillet-août pour que les intégrations puissent commencer dès septembre. "C'est une très grande avancée dans un secteur qui était dans l'impasse. Nous avons réussi à trouver des solutions définitives qui satisfont toutes les parties" s'est félicité le préfet Denis Robin, qui a pris en main ce dossier dès son arrivée sur l'île.

09/04/09 – Le comité de suivi de la départementalisation de Mayotte est prêt

Le président du Conseil général Ahamed Attoumani Douchina réunit cet après-midi à 15 h au Conseil général, les représentants de 5 parti  (UMP, PS, MDM, Néma, FA) et les parlementaires en vue de constituer le comité de suivi de la départementalisation. Le but de cet organisme est de suivre de près toutes les mesures relatives au pacte pour la départementalisation et de faire des propositions qui satisfassent les desiderata des Mahorais.

09/04/09 – Mayotte à l’heure des énergies renouvelables

L'entreprise Recto Verso Océan Indien a annoncé vendredi la création en son sein d'un département "énergie renouvelable". La nouvelle filiale de la société va se consacrer à la commercialisation de chauffe-eau solaire au niveau individuel et collectif. Rappelant que la consommation totale d'électricité en 2008 à Mayotte était de 188 401 MW/h, soit une augmentation de 12.9% par rapport à 2007, l'entreprise Recto Verso   déclaré vouloir inscrire sa démarche commerciale dans une logique environnemental "d'amélioration des conditions des conditions de vie en réduisant la consommation électrique". En ce qui concerne les produits, un partenariat commercial et technique a été établi avec la société australienne Solahart, et Recto Verso propose deux types de garanties applicables aux équipements qu'elles distribuent. La 10/5/5 (10 ans sur le réservoir et les collecteurs, 5 ans sur les accessoires et 5 ans sur l'installation avec un contrat de maintenance sur la même période), et la 5/5/5 pour les individuels (5 ans sur le réservoir et les collecteurs, 5 ans sur les accessoires et 5 ans sur l'installation avec un contrat de maintenance de 2 ans).

Avec le partenariat de l'ADEME, EDM et du Conseil Général, des subventions permettent des tarifs compétitifs par rapport aux chauffe-eau électriques pour le client : Pour les logements neufs bénéficiant d'un régime défiscalisant : 4% supplémentaires de défiscalisation accordés par le conseil général qui se substitue a l'état en terme de collecte d'imports à Mayotte. Pour les professionnels; les aides sont limités à 2000 €, soit 500 € d'EDM, plus 0.64€ /KW/h thermique accordé par l'ADEME, plus les aides du conseil général en fonction de la destination de la profession et du volume du chauffe-eau. Les particuliers peuvent disposer de 500 € d'EDM, de 50% du montant de la facture hors pose accordés par le conseil général sous la forme de crédit d'impôts. Et pour les propriétaires de cartes bleues, il est possible de payer en trois fois sans frais. Enfin une remise exceptionnelle de 20% sur le prix de vente hors pose sera accordée aux professionnels sous réserve de quantitatifs.

09/04/09 – Le bridge en compétition

Comme chaque année, le Mayotte bridge club affrontera les Réunionnais lors de la rencontre inter districts qui a lieu ce week-end à Saint-Denis de la Réunion. Trois équipes de quatre joueurs de Mayotte s'y rendront pour tenter de gagner le trophée… pour la quatrième année de suite.

Côté jeunesse, deux équipes de deux joueurs de bridge scolaire ont été qualifiées pour la finale nationale qui aura lieu à Paris les 6 et 7 juin. Il s'agit d'élèves de quatrième et cinquième du collège de Koungou, seul établissement à proposer le bridge scolaire cette année pour cause de manque d'enseignants volontaires. L'an dernier, les équipes mahoraises étaient arrivées 4ee lors de la finale nationale ! Pour tout renseignement sur le Mayotte bridge Club : http:/jymif.free.fr/Bridge/index.htm

09/04/09 – Les lecteurs d’une marque presse sont 33 % à ne la lire que sur Internet

Selon les résultats d'une étude Audipress sur l'audience des marques de presse magazine, basée sur la technologie Cross Rating de JFC, il apparaît que le contact du lecteur avec le site Internet de la marque magazine renforce le lien. Il permet aussi d'élargir le nombre de personnes en relation avec la marque magazine. Ainsi, 33 % des personnes ayant eu au moins un contact avec la marque, l'ont eu exclusivement sous forme électronique.

Parmi les internautes en contact avec une marque magazine, on trouve en moyenne 10 % d'entre eux qui lisent aussi la version papier du magazine. Toutefois les variations selon les magazines sont importantes. Ce chiffre peut monter jusqu'à près de 30 % de déduplication entre les deux formes de supports.

09/04/2009 – Evènement danse

 

 

 

{xtypo_dropcap}I{/xtypo_dropcap}maginé par le duo de chorégraphes Héla Fattoumi et Eric Lamoureux, cette pièce veut envisager la notion "d’homosensualité". Ce terme, pioché dans les réflexions de l’anthropologue Malek Chebel, désigne "une attitude des Orientaux en général et des Arabes en particulier, qui consiste en l’absence de partenaire de l’autre sexe, à reporter sur leurs pairs l’excédent de sensualité qu’ils n’arrivent pas à écouler autrement".

Selon le danseur Hafiz Dahou, "les hommes arabes sont plus tactiles que les occidentaux, sans que cela soit perçu comme de l'homosexualité". Deux hommes seront sur scène : Hafiz Dahou et Moustapha Ziane. Pour Hafiz Dahou, "ces deux hommes peuvent être frères ou amis". Il ajoute que ce spectacle "ludique et plein d'humour" a trouvé son public lors de toutes les représentations données, depuis 5 ans.

Hafiz Dahou est à Mayotte depuis lundi 6 avril et travaille depuis mardi avec les quatre danseurs de la formation hip-hop Tropical B-boy Crew. Ces artistes participent à des ateliers de formation et de création au foyer des jeunes de Passamainty, dont le résultat fera l'objet de la première partie du spectacle. Hafiz Dahou envisage ces ateliers comme des "points de rendez-vous entre la personnalité de chacun". Pas de thèmes préparés à l'avance. Un travail qui doit émaner des envies de chacun.

Moustapha Ziane, Eric Lamoureux et le technicien lumière Xavier Lazarini arrivent normalement ce vendredi 10 avril.

 

Juliette Piolat

 

"La danse de Pièze", le mardi 14 avril, à 20h, à la MJC de M'gombani. Entrée 5€.

09/04/2009 – Explosart, la galerie à ciel ouvert

 

{xtypo_dropcap}"L'{/xtypo_dropcap}idée est née de l'envie de mettre à la lumière les différents arts et artistes dans un lieu agréable". Anaïs, présidente du collectif Kalyz – expression locale signifiant "celui qui croit avoir raison" – créé spécialement pour l'occasion, se démène depuis le mois de janvier pour monter ce projet qui a suscité l'enthousiasme des différents partenaires. "Les œuvres des artistes peintres sont inconnues ici, on ne les voit que dans les restos. Il n'y a jamais eu de véritable exposition dans ce genre de lieu à Mayotte, avec une concentration d'autant d'artistes. Moi-même, je ne soupçonnais pas le dixième de ces artistes".

Au cœur des plantations Guerlain, sur un terrain de 3.500 m² prêté par M. et Mme Sam, les artistes feront des performances et présenteront leurs œuvres au public dans un cadre idyllique, rendant les arts attractifs et vivants, pour toute la famille. "C'est un projet très fédérateur", souligne Anaïs, qui a réussi avec le collectif à tout organiser pour que l'événement se passe dans les meilleures conditions : électricité, sanitaires, eau, parking, buvette, restauration…. Un projet unique à Mayotte avec un budget de 10.000 € entièrement financé par les partenaires privés. "La mairie de Tsingoni a aussi été très réactive, en fournissant des chaises pour les enfants ou en proposant de refaire la route", tient à rappeler Anaïs.

Les enfants pourront participer à des ateliers de peinture et de dessin. Pour les moins jeunes, un rallye photo sera organisé dans la journée avec des thèmes amusants. Samedi à partir de 18h, un battle de break dance verra se rencontrer les danseurs les plus talentueux venus de tous les crew de Mayotte. Le soir, place aux DJs et au son avec un mur de 10 kW qui devrait faire vibrer les corps jusqu'au petit matin…

 

Julien Perrot

 

  • Tarif : 3 € la journée, 7 € la soirée.
  • Sécurité 24h/24 pendant deux jours.
  • Restauration sur place. Parking. Sanitaires.

 

Si vous voulez rejoindre le collectif Kalyz : kalyz.austral@gmail.com


Les différents artistes invités

 

  • Peinture

Marcel Séjour (à confirmer), François, Gil de l'Arabesque, Thim, Innocent, Baba M'baye, Audrey, Marie T, Josabel, Aminat Hariti, Papa Jan.

  • Sculpture

Conflit, Patrick Renaudin, Giovanni (à confirmer), Rico (à confirmer), Dominique Georges.

  • Photographie

Bernard Alcazard, Boubou.

  • Ferronnerie

Faraii, La Forge Occitane (à confirmer).

  • Encadrement artistique :

Véronique ("Les cadres en folie").

09/04/2009 – Littérature

 

 

 

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e vide n'est pas néant. Bertrand de la Peine tente de le démontrer dans ce roman fait de parcours différents. Au centre de l'intrigue : un tableau. Il représente l'expérience, menée par Otto Von Guericke, des "Hémisphères de Magdebourg". En 1640, ce passionné de physique enchaine une sphère de cuivre, dans laquelle il a préalablement fait le vide, à deux attelages de huit chevaux. Ces deux attelages, tirant dans des directions opposées, ne purent séparer les deux hémisphères soudées par l'absence de pression atmosphérique. Autour de ce tableau, deux personnages. Deux hémisphères, le vide entre eux.

Bline, dont le père, chercheur spécialiste de la période "seldjoukide", vient d'être assassiné, retourne sur les terres de son enfance, en Turquie. Et Benedikt Centaure-Wattelet dit Monsieur Ben, qui dévore des saucisses aux lentilles après minuit dans son village de Belgique.

Bline marche sur les traces de l'assassinat de son père lorsque Monsieur Ben vole vers un dernier pillage, au sommet du mont Nemrod. Truculent octogénaire, il fume des "chester", boit tout ce qui lui tombe sous la main, ne refuse jamais une petite virée dans les bordels et est bien connu des services d'Interpol en tant que trafiquant d'art. Bline, explosive et déroutante, va faire une découverte qui écornera l'image de son père. Des correspondances entretenues avec un certain Centaure-Wattelet, révélatrices et menaçantes.

Une lecture comme une ballade dans l'hiver anatolien, rythmée par les pérégrinations des personnages. Le suspens est entretenu. Les réponses à trouver par soi-même. La boucle bouclée.

Ce roman, Bertrand de la Peine a mis un an à l'écrire, vingt ans à le faire mûrir. Il ne croyait pas pouvoir trouver sa place dans le milieu de la littérature. "Je pensais n'avoir aucune chance", avoue-t-il. Il a fini par envoyer le script à un écrivain publié par les éditions Minuit, Jean Echenoz. Celui-ci l'a fait lire à Irène Lindon, directrice de cette maison d'édition, qui a aussitôt pris la décision de le publier.

Aujourd'hui, Bertrand de la Peine s'attelle à un autre projet, dont l'action se déroule en Irlande. "J'aime la distance que j'arrive à avoir avec ces lieux où j'ai vécu et que j'ai quitté. Le lieu est le personnage", confie-t-il. A Mayotte depuis trois ans, il n'écarte pas la possibilité d'un roman en terre mahoraise.

 

Juliette Piolat

09/04/09 – Consultation de la population sur l’eau

Le Comité de bassin de Mayotte lance une consultation de la population sur la gestion de l'eau, du 15 avril au 15 mai 2009. Cette phase de réflexion sur l'avenir de l'eau portera essentiellement sur le projet de Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux de Mayotte (Sdage).

Ce plan, qui devrait être approuvé en fin d'année, devra orienter la politique de l'eau à Mayotte jusqu'en 2015. Prendre conscience de l'importance de la sauvegarde de l'eau et tenter d'en préserver la qualité sont des tâches primordiales auxquelles Mayotte doit s'atteler rapidement.

09/04/09 – Conférence sur le thème de « La conception de la mort dans la société mahoraise »

La conférence des Naturalistes de Mayotte sur le thème de "La conception de la mort dans la société mahoraise" a eu un vif succès vendredi dernier, à tel point que l'association a décidé de la reprogrammer ce vendredi 10 avril, à 17h30, dans l'hémicycle Bamana au conseil général. Elle sera encore une fois présentée par Mouhoutar Salim, ingénieur sanitaire à la direction des affaires sanitaires et sociales.

"Chaque société crée ses propres rituels en fonction de ses convictions religieuses et de ses traditions. L'évolution rapide du mode de vie de la société provoque des bouleversements et entraîne des adaptations nécessaires. Par exemple, le décès hors du village crée des difficultés nouvelles qu'il faut chercher à concilier avec les rites funéraires traditionnels. Rituels de la mort, mais aussi de la naissance, c'est donc à une approche ethnologique de la société mahoraise à laquelle invite Mouhoutar Salim."

09/04/2009 – Tribune libre : L’île de Mayotte en devenir 2

 

 

{xtypo_dropcap}E{/xtypo_drop^cap}n complément des questions politiques, économiques et sociales que nous avons évoquées précédemment, il s’agira de dégager l’hypothèse de l’homme mahorais actuel comme aboutissement d’un processus de trente années de transformation ayant considérablement modifié ses comportements, et de l’homme en devenir dans son projet de modernité sociale. L’intérêt de cette réflexion est de mesurer l’aptitude des individus à s’inscrire dans un projet de société et cela en s’attardant sur les aspects de la société mahoraise actuelle, ses opportunités et ses paradoxes. D’une manière claire, les aspects visibles de notre île dénotent d’une société en mutation profonde. Ils mettent l’individu face à une situation de dynamique des influences, des pensées, des mentalités multiples, hétérogènes, certains en mouvement, d’autres en perte de vitesse ou en stagnation.

Il s’agit d’interroger ces aspects pluriels, de voir la manière dont ils s’articulent, de les évaluer sous forme de catalyseurs en consensus ou en oppositions. La question serait celle-ci : en quoi les aspects culturels et cultuels de la société mahoraise actuelle constituent une structuration de l’individu ? Et en quoi ils sont favorables ou défavorables à l’épanouissement de l’homme dans la société nouvelle ? Les réponses à ces questions peuvent être les hypothèses d’une action politique locale au profit de l’individu.

Si on observe bien, on arrive au fait que trois niveaux d’influences de pensées, qui peuvent structurer l’individu, sont opérants dans la société mahoraise actuelle. Nous pouvons les catégoriser dans les trois termes qui les distinguent. Nous pouvons parler alors de néo-conservatisme, d’anticolonialisme fossilisé et de néo-modernisme. L’individu évolue sur cette brèche dans l’intervalle entre la tradition religieuse ou animiste, ce que j’appelle le néo-conservatisme, entre l’anticolonialisme fossilisé qui regrouperait les rejets de l’expérience coloniale du décolonisé et le néo-modernisme émergeant tourné vers l’avenir comme reconstruction opérante donc en devenir.

Considérer que ces influences constituent un cloisonnement, des frontières entre elles et qu’il n’y ait pas des interférences serait caricatural. Ces trois niveaux sont intéressants à observer parce qu’ils constituent les premiers enjeux identitaires, politiques, les sources de conflits ou de consensus entre les hommes, les lieux probables des débats de société, où ils s’entrecroisent et où s’épousent dans un rapport consensuel où ils sont en opposition. Ce qu’il faudrait mettre en avant, c’est que ces trois vecteurs constituent dans notre société des regroupements d’intérêt et des zones d’influence, voire des enjeux de pouvoir de telle sorte qu’il existe une volonté politique d’imposer une tendance au détriment des autres, tant il est vrai que ces influences régulent le comportement des individus et apparaissent comme décisives dans le devenir de l’homme. En cela elles peuvent constituer des espaces de censure ou d’encouragement, des problématiques liées à la liberté de l’individu.

Le néo-conservatisme définirait l’ensemble des croyances et des pratiques héritées de la tradition arabo-musulmane, swahili, avec ses codes et son mysticisme. C’est en réalité une société multiséculaire qui a survécu à la colonisation française. Fortement ancrée dans la religion musulmane et dans la cosmogonie bantu, ses sciences nombreuses sont héritées de la tradition arabe telle l’astrologie encore appliquée à Mayotte, l’exégète et la pratique du hadith comme rapport philosophique avec sa panoplie de notables, les cadi, les fundi, les cheikh, les hadj, les imam… gens influents et respectés, gens de pouvoir dépositaire d’un syncrétisme et d’une mystique de tradition mahoraise.

Cette fraction exerce une véritable autorité sur la population locale, c’est pourquoi la classe politique dirigeante collabore fortement avec elle. Aucun meeting, aucun évènement politique ne peut être envisagé sans la présence du Grand cadi et l’ensemble des notables. L’intérêt du pouvoir politique vis-à-vis des notables s’explique par la volonté de faire perdurer un concept d’identité mahoraise liée directement à l’islam et à sa tradition. C’est une volonté d’uniformisation, de contrôle de la population et des individus. Ainsi, lorsque la tradition et le religieux s’expriment, c’est souvent par intérêt politique et dans un souci de perpétuation de la notoriété des notables.

Je définirais l’anticolonialisme fossilisé comme un phénomène d’opposition systématique à l’Occident, ces comportements sont les conséquences de l’époque coloniale et des injustices entre les communautés, des inégalités entre les Métropolitains et les Locaux. Ces oppositions sont exacerbées par des lectures tardives des chantres de la Négritude et une découverte récente des exactions coloniales imposées à l’Afrique. Ceux-là auraient pu constituer un véritable mouvement de pensée s'ils avaient pu s’entendre entre eux. Malgré le peu d’organisation qu'il y a eu autour de ce cercle, les clichés occidentaux issus des théories de Gobinot, de Fronebius, R. Kipling, du R.P. Tempels… combattus déjà par Léopold Sédar Senghor, Alioune Diop qui font les éloges d’une Négrité des chantres de la Négritude consommées par les intellectuels, ceux-ci perpétuent une pensée qui revendique une tradition et une culture africaine uniformisante. Il n’est pas rare d’entendre dans l’ensemble des Dom-Tom se lever le chant élogieux de l’identité nègre liée à une tradition et un folklore négro-africains.

Sous couvert d’un engagement au profit de la préservation d’une identité musulmane ou africaine, ces deux attitudes sont en réalité la preuve de notre incapacité à proposer, notre impuissance à orienter, notre faiblesse face à une situation d’urgence qui demande à l’homme d’être inventif, de rénover, de renouveler, de réinterpréter, de recréer, d’être à la hauteur de son temps, de poser les yeux vers un futur (bien évidemment sans oublier le passé) mais ne pas faire du passé, de ce qui est acquis déjà puis dépassé, une priorité. Le passé ne se transforme pas, il est à connaître mais seul le futur modelé, assumé, maîtrisé peut apporter à l’homme-citoyen une maîtrise de son milieu, de son action. La cantate des traditions et des folklores renvoie en arrière, elle permet aux dirigeants politiques de disposer de leur peuple uniformisé, unifié dans une idée de la nation.

En réalité, la tradition et le religieux ont perdu depuis longtemps de leur force, les oppositions raciales, même si elles ne sont pas totalement dépassées, ne constituent plus des enjeux réels, même s'ils ont été relégués à leur juste intérêt spirituel et cultuel, même s'ils sont loin de représenter une préoccupation véritable de la société, même si ces héritages du passé ne contribuent plus vraiment à l’épanouissement de l’homme dans le milieu urbain, nous continuons à mélanger religion et politique, nous continuons à trouver à Mayotte, dans nos traditions religieuses, dans les croyances et les oppositions raciales, nos seuls actes de pensée et de sens…

On investit dans la religion, on voudrait croire qu’elle joue encore le premier rôle dans nos sociétés, qu’elle nous détermine encore, on catalogue, on étiquette les relations humaines dans une logique de couleur, on vend notre population comme population des croyances, des traditions et de moralité forte. Non pas que ces aspects soient à bannir, non pas qu’ils soient à anéantir, mais il faudrait reconnaître qu’ils ne constituent plus le socle sur lequel reposent les références réelles dans la nouvelle réalité qui pointe, celle de l’urbanité et des cultures nouvelles de l’informatique et de l’homo economicus.

La ville est bel et bien là et il s’avère que la première préoccupation de l’homme dans ces nouveaux espaces est la réalité de la culture de consommation. Elle est nécessairement liée au rapport d’achat et de vente comme seule alternative de vie et de survie dans son espace urbain, lieu des violences morales et physiques, d’hostilité, de transformation, de construction et de destruction, de conquête, d’exploitation, d’affirmation de soi. Toute l’activité de l’homme consiste à se faire une place dans ce milieu, c'est-à-dire à s’insérer dans le rapport économique de l’achat/vente sinon il est exclu. Ne parle-t-on pas du phénomène social des exclus qui commence à être une réalité chez nous où les enfants de la rue, les immigrés clandestins, les nécessiteux et les personnages âgés mendient sur le marché, où les classes pauvres mènent un perpétuel combat pour s’accrocher au rapport achat/vente, refusant l’exclusion.

Tout lieu possible se transforme aujourd’hui en lieu de vente/achat. Le marché se pose sur les trottoirs, les places publiques, les arrêts de taxi, les plages, les rebords des magasins, les sorties des hôtels. Le banditisme accéléré, vols, vente de drogue, prostitution galopante, rien que l’actualité de ces derniers jours fait état de plusieurs cas d’arrestations sur le marché de la drogue et du sexe … C’est une preuve que le rapport de l’homme à l’homme est désormais un rapport monétaire et non un rapport de race ou de foi. C’est une réalité et non une fatalité, car l’austérité des sociétés de consommation peut être dépassée et amortie par une politique complémentaire et non d’opposition, orientant une nouvelle éducation de l’homme dans la ville. Est-il judicieux de persister à défendre un monde de religion et de tradition obsolète, faut-il continuer à opposer le Blanc au Noir ou faudrait-il enfin prendre la ville par ses rues pour proposer une nouvelle culture de l’homme ?

C’est ce que les pays de libertés comme la France métropolitaine – la France parlons-en, la France et sa République – ont fait de la culture : une nécessite à côté de la nécessité économique. La politique culturelle est une politique d’accompagnement intellectuel de l’individu, l’ouverture à une autre consommation à côté de la consommation matérialiste, la consommation des humanités pensantes et émotives, je nomme ici les œuvres d’art, la culture en général, condition sine qua non la ville ne peut avoir une santé, car la pensée et les arts sont indispensables à la population pour que le conditionnement monétaire ne devienne pas une anarchie destructrice opérant dans le sens d’aliéner l’homme et de le réduire au conditionnement économique et au matérialisme austère, sans enjeu humain, sous les yeux passifs d’une politique conformiste du zélateur de la foi ou de la négrologie.

Face à cette réalité sociale nouvelle, la ville s’impose un accompagnement de l’homme que les Arts et la culture contemporaine peuvent prendre en charge. Nous prendrons l’exemple des révolutions sociopolitiques de 1968 en France pour illustrer le rôle que la culture contemporaine peut jouer dans nos sociétés. Les soulèvements de 1968 ont été couvés essentiellement dans les lieux de lecture. La société française s’inscrivait alors dans un véritable débat populaire proféré haut et fort, sans attendre que le pouvoir politique ou religieux mène la cadence. Les salles, les centres culturels ont été les lieux de débats et de rencontres de toutes les classes populaires, un débat largement influencé par les apports des artistes et des intellectuels (A. Camus, J.P. Sartre, Foucault, Genet…), qui incarnaient les idées nouvelles et qui les concrétisaient dans leurs œuvres pour provoquer le débat participatif des citoyens.

Ceci explique pourquoi les équipements voués à la culture sont nécessaires dans les sociétés modernes. Mais qu’est-ce que la France donne à Mayotte en matière de culture ? Qu’est ce que la politique locale donne à ses citoyens ? Les mosquées ? Les gymnases ? Les terrains de foot sans les infrastructures culturelles sont-ils à eux seuls capables de relever le défi de la société actuelle ? Et la tête de l’homme, on en fait quoi ?

Quand on sait que la politique culturelle de la France met l’accent sur l’aménagement des infrastructures dédiées à la culture et aux libertés de parole et d’expressions artistiques, on peut se demander pourquoi aujourd’hui Mayotte ne dispose pas d’un seul établissement moderne d’accueil des arts contemporains. Il convient alors de se demander si la politique locale désire l’épanouissement de l’individu dans sa société, son émancipation dans son monde ou la pérennisation d’une société conservatrice, arrêtée, non renouvelée, qui perpétue le pouvoir des notables religieux et des dignitaires du syncrétisme conservateurs.

 

Alain Kamal Martial

Auteur, dramaturge

09/04/2009 – Tribune libre : La départementalisation de Mayotte et la République

 

 

{xtypo_dropcap}L’{/xtypo_dropcap}accession à ce statut revêt une signification particulière, non seulement en termes d’organisation administrative, mais semble constituer la reconnaissance d’une pleine citoyenneté ou d’une pleine égalité (théorique car en réalité graduelle) aux yeux de l’opinion publique nationale.

Les focalisations sur la religion, assimilée à une culture pour justifier l’hostilité ou la peur de l’accession à ce statut administratif, témoignent donc ainsi que la revendication avait bien une signification ou une symbolique identitaire.

Nous donnons l’impression qu’alors même que nous étions déjà Français, de le redevenir, avec les mêmes droits et les mêmes obligations qu’un Métropolitain ou un Domien, au prix de règlement de questions sommes toutes techniques (l’état civil) ou de renoncement à des questions prétendues quasi existentielles (la polygamie ou la justice cadiale).

Cette façon de voir pose la question fondamentale de la République. Accueille-t-elle des membres ou des citoyens sans distinction de leurs origine, religion ou opinion politique ou du fait de son histoire et de son peuplement; il y aurait des limites à ce credo ? La réponse à cette question a des conséquences sur la situation des musulmans de la Métropole ou de la Réunion.

La nuance de la réponse, en fonction de la situation particulière de Mayotte où les musulmans sont majoritaires, devrait aussi susciter l’analyse de la situation inverse. Celle-ci est que dans des territoires où les citoyens sont majoritairement catholiques, aucune réaction n’a été enregistrée lors de l’accession de ceux-ci à un nouveau statut de collectivité d’Outremer par une partition du département de la Guadeloupe. En l’espèce, il s’agit de St Barthélemy et St Martin. Les objections sur le coût de ces nouveaux territoires administratifs n’ont pas non plus été émises. Les principes seraient là à géométrie variable !

Tout ce qui précède légitime, en quelque sorte, la foi dans cette lutte initiée par nos anciens, alors même que les évolutions non encore achevées de ce statut, en tout cas au niveau de l’Outremer (l’actualité récente l’atteste), auraient pu justifier que l’on choisisse une autre voie privilégiant la quête exclusive du développement économique et social au détriment de celle du statut. A une époque récente de l’histoire de Mayotte, si une politique nationale cohérente avait eu cours, cette option aurait pu s’imposer.

A nous et sans doute à ceux qui nous succèderont de saisir le flambeau (le passage obligé de Dom) pour que le combat de nos aînés triomphe et soit valorisé par la construction, au sein de la République, en lui redonnant ses lettres de noblesse, d’une société démocratique, juste et harmonieuse. Notre expérience pourrait avoir valeur d’exemple pas seulement dans l’Hexagone mais dans le monde. Mesurons donc nos responsabilités dans la capacité qui nous incombe à nous atteler, rapidement et sérieusement, tous ensemble à cette immense tâche.

La République serait la traduction concrète du slogan désormais célèbre du candidat Barack Obama : "Yes we can" et j’ajouterai "because we want and we need it !".

 

Jacques Toto

08/04/09 – La France défend aux Comores le référendum de Mayotte

La France a défendu ce week-end aux Comores le référendum ayant fait de Mayotte dans l'Océan indien un département français, a déclaré lundi le secrétaire d'Etat français à la Coopération et à la Francophonie, Alain Joyandet, après de vives critiques de Moroni. La France et les Comores ont "des points de vue qui ne peuvent pas se rapprocher sur la question de Mayotte", a dit le ministre, interrogé par l'AFP, en précisant que cette remarque figurait dans une lettre du président français Nicolas Sarkozy qu'il a remise au vice-président des Comores Idi Nadhoim. Alain Joyandet a participé samedi aux Comores à une réunion de la Commission de l'Océan Indien (COI), au cours de laquelle la présidence tournante est revenue à la France.

L'organisation régionale, basée sur l'île Maurice, regroupe, outre les Comores, la Réunion, Madagascar, Maurice et les Seychelles. Dans sa lettre, le président français souligne aussi que "nous restons disponibles pour travailler avec les Comores au sein du Groupe de Très Haut Niveau" créé entre les deux pays sur les relations entre les Comores et le reste de la région, notamment Mayotte, a ajouté le ministre français. Au cours de la réunion, le ministre comorien des Affaires étrangères, Ahmed Ben Said Jaffar, s'en est vivement pris à la France. "Comme hier, aujourd'hui et demain encore, notre pays ne reconnaît et ne reconnaîtra jamais le fait accompli", a affirmé le ministre comorien. Le référendum "est vécu par notre peuple comme un acte inamical, émanant d'un pays si proche avec lequel nous partageons tant de liens", a-t-il ajouté.

08/04/09 – Mayotte / Longoni : la gestion des conteneurs ralentie

Suite à l'interpellation par les services de police et de gendarmerie d'une partie des douaniers du port de Longoni, le flux de libération de conteneur à fortement diminué ces derniers jours, provocant même une rupture d'approvisionnement chez certains commerçants et distributeurs. Le directeur des douanes, M. Vernet a déclaré "tout mettre en œuvre pour garantir la fluidité de la gestion des conteneurs, afin qu'il n'y ai pas de flottement". De nombreux transitaires ont cependant affirmé que la situation semble s'améliorer depuis ce mardi, même si le trafic reste fortement ralenti. Pour l'heure, l'effectif global des douaniers est restreint, et la rumeur d'arrivée de renfort en provenance de l'île de la Réunion a été démentie par les autorités concernées. 

Cependant, quelques agents du service des douanes, actuellement en congés, devraient être de retour aux alentours 20 avril pour prêter main forte à leurs collègues. Sur le volet juridique, le parquet n'a pas souhaité s'exprimer, précisant que l'affaire était en cours.

08/04/09 – Mouvement de grève au Crédit Agricole

Un mouvement de grève régional secoue les agences du Crédit Agricole de Mayotte et de l'île de la Réunion depuis hier. Les revendications semblent porter sur la revalorisation des salaires, et sont portés par un collectif syndical réunit sous la bannière CFDT. Dans un communiqué officiel, la direction de la banque basée à La réunion a fait savoir que "le fonctionnement des agences n'a été que très peu perturbé, 75% des points de vente ayant pu ouvrir leurs portes et assurer à [leurs] clients les services qu'ils sont en droit d'attendre de leur banque". La Direction a également proposé de recevoir l'organisation syndicale à l'origine du mouvement lorsque les conditions de respect de tous les acteurs seront réunies.

08/04/09 – Jade descend sur Madagascar

La tempête Jade a fait deux atterrissages sur le Nord-Est de Madagascar en deuxième partie de nuit lundi. Sa trajectoire s'est confirmée lundi soir au point de 22 heures, avec une direction sud-sud-ouest à 22km/h. Elle devrait maintenir cette trajectoire dans les jours à venir et ne ressortir en mer dans la région de Faranfangana sur la côte Est que dans l'après-midi de jeudi. Le risque de voir Jade se renforcer à cette échéance lorsqu'elle se retrouvera sur l'océan est estimé faible par le Centre des cyclones tropicaux de la Réunion.

07/04/09 – Le Codis des sapeurs pompiers prévu pour le 1er juin

Le centre de traitement de l'alerte du Codis (Centre opérationnel départemental d'incendie et de secours), prévu depuis plusieurs années, devrait enfin être opérationnel à partir 1er juin. "Ce sera une grande avancée pour Mayotte car on sera comme un département métropolitain" se félicite le colonel Edmond Sorribas, directeur du SIS de Mayotte. Les bâtiments modulaires, pour l'instant provisoires, ont été montés au fond de la cour de la caserne de Kawéni. 15 personnes spécialisées dans la prise d'alerte seront affectées à plein temps pour traiter les appels. Ils seront formés au mois de mai par des sous-officiers professionnels. Pour l'instant, les sapeurs-pompiers se relayent deux heures par jour dans le petit local du centre d'appel. "Cela va permettre de rationaliser le fonctionnement, il y aura plus de suivi et on pourra faire passer les consignes beaucoup plus facilement" souligne le colonel Sorribas. 

L'autre grand chantier des sapeurs-pompiers est la construction de 5 à 6 postes avancés aux quatre coins de l'île, pour réduire les délais d'intervention aujourd'hui beaucoup trop longs quand il faut intervenir en Grande Terre, hors Mamoudzou. Le terrassement du poste de Chirongui est terminé et les modulaires sont en train d'être mis en place. Le poste avancé de Kahani, pour la zone du Centre, devrait être opérationnel avant la fin de l'année. Le colonel a également tenu à préciser que le récent voyage à la Réunion de Chemani Allaoui, président de l'Union des sapeurs-pompiers de Mayotte, ne préfigure pas un rapprochement régional du SIS de Mayotte avec le SDIS de la Réunion pour l'achat de matériel, comme a pu l'écrire l'un de nos confrères du JIR.

"Pour cela, il faut une volonté politique commune du président du conseil d'administration à la Réunion et du président du conseil d'exploitation ici. Mais cela me paraît relativement complexe car nous n'avons pas les mêmes règlements au niveau des importations". En tout état de cause, le SIS de Mayotte ne pourra pas devenir un SDIS avant 2014, car il devra alors être financé à 50 % par les communes qui pour l'instant n'ont pas de ressources propres.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes