Accueil Blog Page 686

24/09/2009 – Ils se bougent !

 

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropca}es sports et activités nautiques se développent de plus en plus dans l'île. Les associations, à l'instar de Wami vendza maluja, ne cessent de proposer des actions. "Bouéni fait sa gliss", telle est la nouvelle opération de la formation des amoureux des vagues. Elle a lieu ce dimanche 27 septembre sur la plage Bouéni village, de 10 à 17 heures. C'est une journée d'initiations gratuites de skimboard avec des animations autour : expositions artisanales et de la gastronomie locale.

Après avoir initié des opérations devenues solennelles au nord et en Petite Terre, Wami vendza maluja continue à animer l’île et débarque au sud avec "Bouéni fait sa gliss". Une action organisée avec la fédération des associations artisanales et agricoles de Bouéni et le syndicat d'initiative du sud de Mayotte. De nombreux autres partenaires soutiennent cette initiative.

Trois cent personnes en moyenne son attendues et une quinzaine de membres viendront assurer le bon déroulement de la journée. Une centaine d'initiations sera effectuée. Des stands seront installés pour les inscriptions. Pour inciter les habitants du sud à venir participer, Christophe Bruel, trésorier de WVM, rappelle que pour le surf il faut savoir nager alors que le skimboard ce n'est pas nécessaire puisqu'il se passe en bord de plage.

Association créée en 2007, Wami vendza maluja est très active cette année 2009. L’association a organisé en janvier la finale de la "Maoré skim cup" sur l’îlot de sable blanc. Elle a participé ensuite à l’inauguration de la rampe de skate de Pamandzi.

Après la deuxième édition de la soirée de la glisse à Koropa au mois de mars, WVM a relayé pour la troisième année consécutive la journée internationale Surfin day, à Chembegnoumba au mois de juin. L’association a collaboré avec Hadi's Salama pour sa compétition de skateboard organisée au mois d’août à Pamandzi.

Après "Bouéni fait sa gliss", WVM donne rendez-vous le 31 octobre sur la plage du Faré en Petite Terre pour la Fête du nautisme. Cette opération sera organisée avec la DSAJ et la mission d’étude pour la création d’un parc marin de Mayotte.

Au mois de novembre, WVM participera comme chaque année à l’opération "Pamandzi propre". L’association des amoureux des vagues terminera l’année, en décembre, par la deuxième édition de la "Maoré skim cup", sur la plage de Gnouma Kuni (Petit Moya). Les gagnants se rencontreront en début 2010 sur l’îlot de sable blanc pour la finale.

 

Rafik

 

"Bouéni fait sa gliss", dimanche 27 septembre sur la plage de Bouéni village, de 10h à 17h.

24/09/2009 – Les Jardinales après le vide grenier !

 

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}es Jardinales a le même concept que le vide grenier, mais avec le thème des plantes. C'est "une grande bourse aux plantes", présente Virginie, organisatrice des évènements du M'biwi café. Certains viendront vendre et échanger produits et conseils. D'autres passionnés se déplaceront pour acheter et apprécier les plantes.

Pour Virginie, le bilan du vide grenier est "très positif". Le nombre d'exposants à cet évènement convivial a doublé par rapport à l'édition 2008 qui était de 50. "Nous avons du refuser des gens au dernier moment", avoue l'organisatrice. "Cette année, vers 14 heures, des exposants ont commencé à partir parce qu'ils avaient tout vendu."

Les animations ne manquaient pas, il y avait du paint-ball, une kermesse, grillade et buvette et un super concert de musique avec les groupes Roma Salve, Eliasse, Le Bacar, Chakires et Ubani Spirit. La sécurité était également au rendez-vous. "Tout le monde est parti content", se réjouit Virginie. Elle regrette toutefois l'absence du château gonflable qui aurait fait le bonheur des enfants, mais peut-être pour la prochaine édition… L'édition 2009 du vide grenier a donc connu un succès fou à tel point que les organisateurs envisagent deux dates l'année prochaine, "en mai et septembre".

Les Jardinales, à l'instar du vide grenier, sont ouvertes aux particuliers, mais pour cette première édition, des professionnels – la Maison Savignon, Light Green pour ne citer qu'eux – sont exceptionnellement invités.

Alors si vous aimez les plantes et tout ce qui se rapporte au jardin, ne manquez pas les Jardinales. Le M'biwi café vous donne rendez-vous ce samedi 26 septembre. Toute personne intéressée peut y participer. C'est gratuit et sur réservation.

 

Rafik

 

Les Jardinales, ce samedi 26 septembre sur l'esplanade Canopia, derrière Jumbo Score, à partir de 8h. Renseignement et réservation : 0269.647777 (Virginie).

Septembre 2009 – Filles-Mères

 

 

{xtypo_dropcap}U{/xtypo_dropcap}n sentiment de trahison plane déjà dans l’esprit d’une jeune mahoraise dépucelée avant le mariage. Les étapes du passage à l’acte, pour l’honneur de la famille et le respect de la religion sont toutes subitement grillées. "Lorsque je l’ai fait pour la première fois, je me suis sentie très mal dans ma peau", ne cache pas Zaria*, dix huit-ans. "Les mises en garde de ma mère me revenaient sans cesse dans la tête. C’est après que j’ai réalisé combien cela lui tenait à cœur et je venais de trahir sa confiance", poursuit la jeune nordiste qui n’a pu jusqu’à ce jour se confier qu’à sa petite sœur.

Comme ce cas de figure, la vérité peut rester secrète, longtemps, parfois toute la vie. Mais généralement, la première fois, "dans l’euphorie de l’action", la protection est négligée. Il arrive donc que ces jeunes filles découvrent, parfois trop tard, qu’elles attendent un enfant et décident de le garder plutôt que de procéder à un avortement. Dramatique pour l’entourage.

Pas plus tard qu’en fin de semaine dernière dans un des villages du sud, un parent renvoyait promptement sa belle-fille, pourtant collégienne, chez son vrai père : un billet aller simple direction la Grande île. Une affaire répandue dans le village entier en l’espace de quelques petites heures, mais extrêmement tabou. Cette toute fraîche anecdote parmi tant d’autres n’est qu’une illustration de la condamnation, du bannissement imminent des responsables de famille vis-à-vis de l’ado.

"C’est inacceptable. Surtout pour nous qui sommes musulmans. Agir de telle sorte, c’est insulter la notoriété de la famille, c’est insulter sa religion", estime Dhoulkamal, employé à la mairie de Dembéni. Assumer. Voilà ce à quoi sont destinées ces adolescentes, délaissées généralement par leurs parents, la plupart du temps abandonnées par leurs partenaires qu’elles percevaient jusqu’alors comme étant l’amour éternel.

Sous les préjugés des uns et des autres, les filles-mères contemplent chaque jour, dans un mélange de joie et de regret, la vie d’une progéniture trop souvent accidentellement conçue.

 

I.M

{mospagebreak title=Entretien avec Nafissata Bint Mouhoudhoir}

DOSSIER : Septembre 2009 : Filles-Mères

 

"La société a tendance à rendre les garçons irresponsables"

Déléguée au droit des femmes de 1997 à 2007, Nafissata Bint Mouhoudhoir observe et défend la condition féminine depuis de nombreuses années. Elle analyse pour Mayotte Hebdo le phénomène des filles-mères.

 

{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}ayotte Hebdo : Comment expliquez-vous ce nombre important de filles-mères ?

Nafissata Bint Mouhoudhoir : Le principal problème est qu'il n'y a pas de discussion sur la sexualité dans la famille. Le tabou est trop fort. Au collège, les enfants ont des cours sur la grossesse, la contraception, etc., mais l'éducation ne se fait pas qu'à l'école. Il faudrait qu'il y ait un relais à la maison, dans la famille. Aujourd'hui Mayotte s'est ouverte, les gens voyagent, des gens extérieurs s'installent. Il y a la télévision, on assiste à une véritable américanisation et les jeunes regardent tout cela mais sans recul, sans l'éducation nécessaire à la compréhension des images. Et quand ils découvrent la sexualité, c'est de façon très brutale : on fait comme on peut, comme les autres ont dit. Il y a un choc de deux cultures ici : la culture dite "occidentale", face à la tradition, la coutume, la religion.

Les jeunes ont une méconnaissance totale des choses, par exemple souvent les garçons disent "ce n'est pas moi, je ne peux pas être le père parce que je n'ai fait qu'un gourwa". Ils ne comprennent pas que ce n'est pas la pénétration qui engrosse les filles mais le sperme, et que c'est donc possible avec un gourwa. A côté de ça, les filles refusent de prendre la pilule par peur que les parents les découvrent. Je leur dit toujours que ce que les parents n'aiment pas, ce n'est pas la pilule mais le fait qu'elles aient des relations sexuelles. A partir du moment où elles décident d'en avoir, elles sont déjà dans la transgression, donc il faut assumer ce choix et prendre ses précautions contre la grossesse et les maladies.

 

MH : Quel est le regard de la société mahoraise sur ce phénomène ?

N.B.M. : La société a tendance à rendre les garçons irresponsables, c'est une chose qu'il faut revoir. Si on cherche à conscientiser les filles, il faut faire de même avec les garçons. Ils doivent comprendre qu'être père à 15 ans est très difficile. Les conséquences sont très graves pour les jeunes filles qui deviennent mères. Psychologiquement, c'est très dur d'avoir une grossesse non désirée et elles n'ont pas le réflexe de chercher un soutien. Certains garçons en souffrent également, ils ont peur de la paternité. Ensuite, la société vous juge, vous colle une étiquette, et il y a également des conséquences sur la scolarité des filles. Même si elles arrivent jusqu'au bac, ce qui est difficile, elles ne pourront pas faire d'études, elles n'auront pas droit à cet accomplissement personnel.

En général, les jeunes filles tombent dans un engrenage terrible car peu de familles soutiennent les filles dans cette situation. Les parents attendent de leur fille qu'elle arrive vierge au mariage, qu'elle soit une bonne épouse, une bonne mère. La grossesse d'une jeune fille casse les rapports familiaux, parfois la famille arrange les choses par un mariage… En général, les parents pensent que s'ils soutiennent leur fille qui a eu un enfant, c'est un signe qu'ils acceptent son geste, et ainsi ses sœurs feront de même. S'ils aident leur fille, ils montrent aux autres que ce n'est pas grave.

 

MH : Comment se fait-il que les filles n'aient pas appris à être plus prudentes, qu'elles arrivent à la maternité quand il est trop tard pour avorter ? Ne discutent-elles pas entre elles de ce qui leur arrive ?

N.B.M. : Je pense qu'il y a une vraie peur de prendre la pilule. La peur d'être vue est très forte à Mayotte. Tout le monde se connait, si une fille est vue à l'infirmerie ou au dispensaire alors qu'elle n'est pas malade, elle va tout de suite être interrogée et soupçonnée. Ensuite, il y a le refus d'être enceinte, le déni. C'est pour cela qu'elles attendent le dernier moment pour aller à la maternité, elles hésitent, espèrent avoir leurs règles… Cela montre aussi le manque de dialogue. Elles n'ont pas conscience que si elles ne veulent pas de l'enfant il faut réagir vite. Même entre filles les confidences ont des limites, encore une fois à cause de la peur des racontars.

Après, les garçons ne se protègent pas non plus, pourtant ce n'est pas compliqué pour eux de se procurer des préservatifs, mais ils ne sont pas responsabilisés. Au contraire, ils sont élevés dans l'idée que leur masculinité est ce qu'il y a de plus important. Le sexe et le fait de mettre une fille enceinte est une preuve qu'ils sont des hommes. De toute façon, lorsqu'une fille tombe enceinte, on estime que c'est uniquement de sa faute. Il est temps de revoir les choses, d'atteindre les garçons, de leur faire comprendre qu'un enfant est un projet réfléchi. La société ne leur offre pas vraiment une image correcte de ce qu'est la paternité, il faut leur expliquer le rôle d'un père.

MH : Plusieurs sages-femmes sont surprises et choquées de voir des jeunes filles terrorisées lors de leur accouchement, car elles ne savent même pas comment cela doit se passer, par où va sortir le bébé. Même pendant la grossesse, il n'y a aucune communication ?

N.B.M. : Non. Lorsqu'une fille est enceinte, sa mère ne lui parle pas de ce qui va se passer, car elle pense que ce serait lui faire un trop grand cadeau, lui montrer qu'elle lui pardonne. L'idée c'est qu'elle verra bien elle-même ce qui lui arrivera. Il y a ici une tendance des mères à se dire : "j'ai été élevée comme ça et aujourd'hui j'en suis là. Ma fille doit s'en sortir de la même façon, avec la même éducation". Elles ne se rendent pas compte que le contexte a changé.

Lorsque j'étais une jeune fille, on ne savait même pas ce qu'étaient les règles, ça nous tombait dessus un jour et nous étions catastrophées. On ne nous disait jamais ce que c'était et surtout pourquoi cela arrivait. Simplement que cela arriverait tous les mois, et que désormais on pouvait tomber enceinte, donc interdiction d'approcher les garçons. Aujourd'hui, grâce à l'école, les filles sont préparées, savent ce que sont les règles et pourquoi on les a. Mais le discours des mères n'a pas changé, les filles doivent leur montrer tous les mois qu'elles ont leurs règles, pour prouver qu'elles ne sont pas enceintes.

Il y a de la sensibilisation auprès des jeunes, il faudrait maintenant en faire auprès des parents qui ont une méconnaissance totale de ces choses. Peu de mères peuvent expliquer pourquoi et comment on tombe enceinte, ce qui se passe dans notre corps. Parallèlement les enfants apprennent des choses que les parents ne savent pas et ils se sentent dépassés. Il y a des actions sporadiques qui sont menées par des associations ou des établissements qui réunissent les parents, il faut que ce soit structuré. J'ai fait ce genre d'actions, souvent les femmes étaient très gênées quand on projetait des vidéos sur le sujet. Elles se cachaient le visage, rigolaient comme des ados, n'osaient pas prendre la parole… Le sujet est vraiment tabou. Cela montre encore une fois l'importance de ce genre d'initiative, pour qu'elles osent aborder le sujet avec leurs enfants.

 

Propos recueillis pas Hélène Ferkatadji

{mospagebreak title=Samia*, mère à 17 ans}

"Je suis consciente de l’erreur que j’ai faite"

Des liens totalement coupés avec le père pendant la grossesse, mais des liens gardés avec la famille de celui-ci, Samia* s’estime chanceuse. Elle n’a pas à s’occuper quotidiennement de son enfant. Pratiquement tous les jours, elle rend visite à la grand-mère paternelle, en charge de sa fille depuis l’accouchement. Elle regrette son acte et en tire aujourd’hui toutes les leçons.

{xtypo_dropcap}"C{/xtypo_dropcap}ela me libère dans mes démarches pour trouver une formation". Agée de dix-sept ans, elle connaît quelques adolescentes dans sa situation. Une situation n’étant toutefois pas du tout la même sur la forme. "Pour mon cas, j’ai la grand-mère de ma fille qui est là et que je remercie beaucoup. J’ai eu une chance exceptionnelle. Mais par contre, je sais que pour une autre en général, quand elle rentre de l’école, on lui balance son enfant et on lui dit de se démerder, qu’après tout elle l’a cherché", témoigne-t-elle. "Pour les parents ou les proches, c’est une sorte de punition pour ce qu’elle a fait. Et c’est un vrai sacrifice pour ces filles."

Depuis, Samia s’est mariée, par amour, mais surtout pour tenter de se racheter auprès de ses proches. En effet, bien que la famille du père biologique la soutienne dans cette épreuve, sa mère, principalement, loin de Mayotte, n’a jamais digéré la nouvelle, la mauvaise nouvelle. "Actuellement, nous sommes en contact, on discute, mais c’est très rapide. Ce n’est pas comme avant", se désole la jeune maman.

"A la base, je n’ai jamais eu de vraie relation avec ma mère, mais cet événement a empiré les choses. J’espère que ce ne sera pas pareil avec ma fille plus tard. Elle est aujourd’hui plus que mon enfant ! Je ne sais pas comment l’expliquer, mais ça dépasse l’amour maternel." Comme souvent, c’était un accident : "je ne voulais pas un enfant", affirme-t-elle. Ce n’est que trois mois après son rapport que Samia apprenait sa grossesse. "Je suis consciente de l’erreur que j’ai faite, j’en ai beaucoup souffert et je me demande parfois comment ça aurait été si je ne l’avais pas".

"Les filles qu’on voit enceintes sont les moins sensibilisées par leurs proches"

 

Cataloguée depuis son accouchement, Samia voit les parents de ses amies les mettre en garde régulièrement : "En me voyant avec leurs filles, elles se méfient, parce qu’elles pensent que je vais les inciter à faire comme j’ai fait. Ces mamans ont tort, elles me jugent mal, mais elles ont peur pour leurs enfants".

Cette situation la chagrine, d’autant plus qu’elle ne peut rien pour changer l’opinion publique. Dans sa vie de couple, la désormais jeune femme avoue tenir bon, ne se voyant pas habiter de nouveau avec sa famille, auprès de ses proches. Avec un peu de recul, elle explique ce qui s’est passé par un manque de communication avec les grandes personnes, avec ses parents notamment, "seule ma grand-mère m’a mise en garde, mais c’était déjà trop tard…".

Selon elle, la pression des parents joue énormément, "il est indispensable pour une mère ou un père de prévenir son enfant à partir de ses treize ans, même plus tôt, en particulier si c’est une fille. Les filles qu’on voit enceintes sont les moins sensibilisés par leurs proches. C’est vraiment important", insiste-t-elle.

Après les parents, Samia adresse cette fois-ci un message aux jeunes : "Quand les grandes personnes nous préviennent, quand nos proches nous disent ce qui est bon et ce qui est mauvais, il faut le prendre en compte, il ne faut pas ignorer, car ils savent de quoi ils parlent". Si elle devait retourner en arrière, Samia n’aurait pas hésité entre garder l’enfant et avorter : "même si je trouve que l’avortement est un crime, mieux vaut ça que de vivre tout ce que j’ai vécu, et ce que je continue à vivre…".

 

 I.M

* prénom d'emprunt

{mospagebreak title=Rencontre avec Faouzia Cordji} 

DOSSIER : Septembre 2009 : Filles-Mères

 

"Parler à sa fille de contraception, c'est comme l'offrir à un homme"

Fondatrice et présidente de l'Association pour la condition féminine et l'aide aux victimes (ACFAV), Faouzia Cordji attribue le problème des grossesses des jeunes filles moins à un manque de communication qu'à une trop grande liberté.

 

Mayotte Hebdo : Comment analysez-vous le phénomène des filles-mères dans le temps ?

Faouzia Cordji : Le regard a changé, aujourd'hui il y a une certaine tolérance. Il y a 10/15 ans, ce phénomène n'existait pas, en tout cas c'était très rare car c'était une honte, le déshonneur pour la famille. Aujourd'hui c'est devenu classique. Certains pensent qu'évoluer veut dire devenir comme les Métropolitains. Je ne suis pas d'accord avec cela, pour moi évoluer signifie dépasser certaines limites. A Mayotte on assiste à une mauvaise évolution. Avant, les filles étaient éduquées par la famille, l'entourage et le village. Aujourd'hui cela n'existe plus, on est dans la non-éducation. L'Education nationale a contribué à ce fléau : elle a donné beaucoup de pouvoir aux enfants sur leurs parents. Aucun parent n'est démissionnaire, ils sont juste dépassés par les évènements.

 

MH : Ne pensez-vous pas que le problème des grossesses chez les jeunes filles vient d'un manque de communication entre les parents et les enfants sur la sexualité, la contraception…?

F.C. : Certainement pas. Ma génération ne parlait jamais de sexe avec ses parents, et je n'ai jamais parlé de ça à ma fille. Je lui parle de la vie de femme, mais je ne lui parle pas de la pilule. Une mère ne va pas faire la promotion de la pilule à sa fille de 14 ans, car elle ne veut pas que sa fille ait des rapports sexuels à 14 ans ! Elle sera prête quand elle sera adulte, qu'elle aura une situation, qu'elle sera réfléchie, c'est de ça que je parle à ma fille. Lui parler de contraception, c'est comme l'offrir à un homme, c'est dire qu'on est d'accord alors qu'on ne l'est pas.

Il faut arrêter de donner aux enfants des droits que leurs parents n'ont pas. Aujourd'hui, on a supprimé les tabous, la notion d'honneur. Je ne dis pas qu'une femme doit se marier vierge – je me fiche de ça -, mais elle doit s'offrir à celui qu'elle aime, car c'est important, or on n'est pas amoureux à 14 ans et on n'est pas prêt à l'être. Si une fille a un enfant très jeune, l'enfant sera mal dans sa peau et sa mère ne sera jamais une femme émancipée.

Je dis la même chose aux garçons : de ne pas faire un enfant car ils sont trop jeunes pour assumer cela, il faut attendre d'être indépendant et il faut respecter les filles. C'est cela l'éducation. La contraception doit s'apprendre dans un contexte différent : à l'école quand on vous apprend la fécondation, les cycles, la grossesse, ce que moi j'ai appris aussi au lycée. Aujourd'hui les filles ont beaucoup plus de libertés et se donnent à n'importe qui, sans amour, sans plaisir même. Juste parce que ça se fait.

MH : Vous faites parfois des interventions dans les lycées à ce sujet, que dites-vous aux jeunes ?

F.C. : Je suis très pragmatique. Je dis aux garçons de faire attention, de fuir les filles qui ont l'air facile. Je suis choquée de voir la façon dont certaines jeunes filles s'habillent, des décolletés profonds, des minis jupes… Elles incitent les garçons par ces tenues et l'Education nationale ne fait pas son travail, elle ne devrait pas accepter ce genre de tenue en classe. Je leur dit qu'il n'y a que les animaux qui n'ont pas de tabou.

Les femmes doivent se respecter elles-mêmes, sinon les hommes ne les respecteront pas. Aujourd'hui la femme a été banalisée, alors que la femme c'est la mère, elle donne la vie, elle éduque la société, elle est derrière chaque grand homme. Moi je magnifie les femmes ! Une fille de 14 ans qui tombe enceinte confronte ses parents à une situation douloureuse pour eux, les déshonore, et perd ses chances dans la vie, la possibilité de faire des études. Plus tard, quand elle fera des enfants avec un homme qu'elle aime, elle comprendra son erreur et regrettera.

 

MH : Que dites-vous à une jeune fille enceinte qui vient vous trouver ? Lui parlez-vous d'avortement ?

F.C. : Je ne suis pas contre l'avortement, mais c'est quand même un déchirement terrible. Avoir un enfant très jeune, c'est bousiller ses chances, infliger du malheur à ses parents… Il n'y a pas de bonne solution lorsqu'on est enceinte jeune, car l'erreur est déjà faite. Tout ce que j'ai à dire à ces filles c'est qu'elles doivent assumer leur erreur et choisir elles-mêmes leur solution. La seule bonne solution aurait été d'attendre.

Des jeunes filles enceintes sont déjà venues me voir pour se confier. Le plus souvent, elles voulaient que je persuade le père de l'enfant de revenir, de les épouser, de s'occuper de leur enfant, mais elles n'avaient pas l'air de se rendre réellement compte de la gravité de la situation.

Propos recueillis par Hélène Ferkatadji

{mospagebreak title=Témoignage, Rouzouna, mère à 16 ans} 

DOSSIER : Septembre 2009 : Filles-Mères

 

"Je veux montrer à ma mère que je n'ai pas gâché ma vie"

Seulement âgée de 16 ans, Rouzouna est déjà la mère d'une petite fille de 10 mois. Quand elle apprend qu'elle est enceinte, elle décide tout d'abord de le cacher aux yeux des gens, même à sa famille. Ceux qui s'en rendent compte lui posent des questions, mais elle nie constamment. Jusqu'au jour où sa mère, qu'elle n'arrive plus à éviter, comprend ce qui se passe. "C'est à cause des yeux. Quand une femme est enceinte, ça se voit dans ses yeux", explique la jeune fille.

 

{xtypo_dropcap}S{/xtypo_dropcap}a mère l'a réprimandée, lui rappelant qu'elle l'avait prévenue de bien faire attention. Elle lui avait même parlée de contraception pour éviter tout accident. Malheureusement, Rouzouna avait également entendu dire que les pilules empêchent la fécondité pour la vie, que les capotes détériorent l'appareil génital féminin et que l'implant contraceptif peut se perdre dans le corps. Toutes ces rumeurs lui ont fait peur et elle a préféré avoir des rapports sexuels non protégés plutôt que de risquer d'éventuelles complications. "C'est beaucoup plus tard que l'infirmière du collège m'a dit que c'était faux tout ça. Mes croyances ont alors changé, mais c'était déjà trop tard".

Son père a réagi beaucoup plus violemment. Très énervé d'apprendre la nouvelle, il a menacé d'expulser Rouzouna de la maison familiale. Pour lui, elle ne méritait pas de rester vivre avec eux. Il ne voulait surtout pas qu'elle donne un mauvais exemple à sa petite sœur et que cette dernière fasse les mêmes erreurs. A force de discussions, le voisinage, alerté par les cris, a réussi à calmer le chef de famille qui a accepté à contrecœur de garder sous son toit la nouvelle maman et son bébé.

Depuis la venue au monde de sa petite fille, Rouzouna tente tant bien que mal de vivre une vie normale. Comme ses camarades de classe, elle va tous les jours au collège où elle est en 4ème. Pendant ce temps, sa mère garde le bébé jusqu'à ce qu'elle vienne s'en occuper elle-même. Financièrement, tout est pris en charge par les deux familles, celle de Rouzouna et celle de son petit ami. Ce dernier vit également chez ses parents, dans un autre village de l'île. En apprenant la grossesse de sa copine, il n'a pas paniqué et a déclaré qu'ils assumeraient tout cela ensemble.

 

Trop de rumeurs infondées sur les moyens de contraception

 

Rouzouna n'a pas voulu avorter. Pourtant elle aurait pu le faire comme le lui avait proposé l'infirmière qui l'a auscultée à l'hôpital. Elle aurait pu également écouter les conseils des parents de son petit ami qui s'évertuaient à dire que c'était mieux pour tous les deux, pour leur avenir. Mais Rouzouna a catégoriquement refusé de tuer un être humain. C'est aller à l'encontre de sa religion, et elle ne tenait vraiment pas à commettre un péché aussi grave.

Aujourd'hui elle assume donc ses actes et ses décisions, même si elle sait pertinemment que certaines personnes parlent derrière son dos et chuchotent sur son passage. Cela ne la blesse pas vraiment. Ce qui lui est arrivée est fréquent dans le quartier, elle ne doute pas que celles qui la critiquent se retrouveront bientôt dans la même situation.

L'opinion d'une seule personne lui tient réellement à cœur, celui de sa mère. "Je sais qu'elle n'oubliera jamais ce que je lui ai fait car elle a tout fait pour éviter que ça arrive. Mon plus grand rêve serait de faire des études, de gagner de l'argent et de pouvoir l'aider afin qu'elle me pardonne un jour. Je veux aussi lui montrer que je n'ai pas gâché ma vie."

Pour sa fille, Rouzouna prévoit une éducation différente de celle qu'elle a reçue. Elle instaurera un dialogue permanent et sans tabou entre sa fille et elle, "comme chez les Mzungus", rajoute-t-elle. "Nous, les Mahorais, on n'ose pas parler de ce genre de chose, on a honte et c'est bien dommage."

Elle cite même la série télévisée diffusée sur RFO Mayotte : "Le roman de la vie". Gisèle, qui en est l'héroïne, discute ouvertement de ces choses là avec sa mère qui la met en garde des dangers de la vie d'adulte. Une attitude que tous les parents de l'île devraient adopter car "ils ne doivent pas se voiler la face, conclut Rouzouna. Ils aimeront toujours leurs enfants, quoi qu'ils fassent. Ils doivent donc les garder près d'eux car si un malheur arrive un jour, ils regretteront toujours de les avoir chassés de la maison pour un accident qui peut arriver à tout le monde".

 

Rawnat Mohamed Chaher

 

{mospagebreak title=Le point de vue des sages-femmes} 

"Elles ne connaissant pas leur corps"

Elles sont à Mayotte depuis quelques mois ou quelques années, et ne manquent jamais de travail. Parmi leurs patientes, beaucoup de mineures, souvent perdues et dans le déni de leur grossesse. Trois sages-femmes font part de leur expérience avec ces jeunes filles.

 

{xtypo_dropcap}"E{/xtypo_dropcap}n 2005, alors que je travaillais en PMI, nous avions beaucoup de très jeunes filles enceintes, de 11 ou 12 ans. On nous a demandé d'intervenir dans les classes de CM2, de PPF et de collège pour sensibiliser les enfants et leurs parents qui étaient conviés. Ils ont tous refusé, ils considéraient cela comme une incitation. Il y a eu un gros travail avec les parents d'élèves pour leur expliquer que de toute façon les jeunes filles ont des rapports sexuels, et puisqu'ils ne veulent pas en parler chez eux, il faut le faire à l'école."

Pour Stéphanie, aujourd'hui sage-femme à la maternité de Kahani, il y a avant tout un gros problème de non communication sur la sexualité, même de méconnaissance. "Elles savent ce qu'est le sexe, mais c'est tout. Certaines filles ne savent même pas que le fait d'avoir ses règles signifie qu'on est féconde, leurs mères ne leur disent rien."

"Elles ne connaissant pas leur corps", renchérit Marie, sage-femme à M'ramadoudou, "elles ne savent pas où se met le bébé, ce qui se passe à l'intérieur." A Mayotte depuis un an, la jeune femme se souvient d'un accouchement d'une très jeune fille, terrorisée par ce qui lui arrivait. "Elle hurlait comme personne, et nous avons compris après qu'elle ne comprenait pas ce qui se passait : elle ne savait même pas que le bébé devait sortir par là ! Il y avait deux coco qui l'accompagnaient, elles ne lui ont rien dit de tout l'accouchement."

Une anecdote qui n'est pas unique et qui n'étonne aucune des professionnelles de la naissance, qui ont toute constaté qu'il n'y avait aucune transmission de ces choses entre la mère et la fille. "Elles savent s'occuper d'un bébé, une fois à la maison, mais pour tout ce qui se passe avant, elles n'ont aucune connaissance", confirme Sophie, elle aussi sage-femme à Kahani.

 

"C'est une erreur"

 

"Ce qui se passe avant" est en effet un tabou puissant, qui se ressent dans le travail médical. "Les aides soignantes, qui font l'intermédiaire entre nous et les patientes qui ne parlent pas français, traduisent "vagin" par "en bas"", constate Marie. "Mêmes ces femmes qui travaillent dans le médical sont gênées de prononcer les termes. Le résultat de ce tabou, c'est que les femmes qui ont un problème gynécologique attendent toujours le dernier moment, que ça devienne gênant, voire grave pour oser aller consulter." Les examens gynécologiques sont d'ailleurs la terreur des Mahoraises, elles le refusent pendant le ramadan.

"C'est vrai avec toutes les femmes, quel que soit leur âge, mais avec les adolescentes c'est encore pire : elles sont totalement mutiques. Il est impossible d'obtenir des réponses à nos questions", se désole Sophie, qui se souvient d'une jeune fille qui ne répétait qu'une seule chose : "c'est une erreur". "Il n'y a pas d'anticipation", poursuit Stéphanie, "je vois des jeunes filles dans les collèges, habillées de façon très choquante. Elles aguichent les garçons, se retrouvent un jour acculées, et presque obligées au rapport sexuel, et finissent devant nous, sans père, rejetées par leur famille, c'est trop tard.."

Toutes celles qui refusent d'avoir l'enfant arrivent souvent trop tard pour avorter. "Elles prient et prient encore pour avoir leurs règles, attendent jusqu'à ce que ça soit trop voyant, et quand elles sont obligées de reconnaitre leur état et demandent à avorter, elles sont à 4 mois de grossesse, c'est trop tard", raconte Marie qui précise qu'en général, les jeunes filles qui arrivent tôt à la maternité et réclament l'avortement sont plus au courant que les autres du fonctionnement et des solutions. "Ce sont souvent celles qui parlent bien français d'ailleurs."

 

"Elles ne prennent jamais la pilule"

 

Stéphanie estime que peu d'entre elles veulent avorter réellement, même si elles n'ont pas voulu être enceintes, elles veulent être mères. "Avoir un enfant leur confère un statut, un pouvoir." "On leur raconte que le mariage et les enfants vont les sauver", estime Sophie. "Dans nos contes de petites filles, à la fin ils sont heureux, se marient et ont beaucoup d'enfants, mais très vite on fait la différence avec la vie réelle. J'ai l'impression que ce n'est pas le cas pour ces jeunes filles, c'est comme si leur seul espoir d'avoir une bonne vie, une bonne place dans la société, c'est d'être mères. Donc elles ne se protègent pas sérieusement et finissent par accepter leur grossesse."

Avoir des enfants très jeune pose d'ailleurs des problèmes médicaux : "si elles n'ont pas fini d'être formées, leur bassin est trop étroit et l'accouchement est difficile. Mais le plus gros danger est psychologique", estiment les trois sages-femmes. "Elles savent qu'elles risquent d'être rejetées par leur famille, de se retrouver seules avec leur enfant, c'est pour ça qu'elles sont dans le déni, qu'elles ne viennent pas aux consultations", explique Sophie.

Après un accouchement, que la patiente soit mineure ou majeure, les sages-femmes lui proposent la pilule, qui est totalement gratuite. "Elles ne la prennent jamais, d'ailleurs quand elles reviennent à nouveau enceintes elles mentent, affirme qu'elles l'ont prise. D'autres avouent qu'elles n'arrivent pas à y penser", constate Stéphanie, qui voit une différence entre la ville et la brousse : "celles qui habitent en ville sont plus au courant et font plus attention". L'implant à d'ailleurs beaucoup de succès chez ces jeunes filles, il ne se voit pas, dure plusieurs années et n'oblige pas à y penser chaque jour à heures fixes.

 

"Tout dépend de l'attitude de la famille"

 

Cependant, les trois sages-femmes estiment que certaines de leurs consœurs poussent trop les jeunes femmes à accepter l'implant. "Ce sont des êtres humains, des femmes qui ont le droit de faire ce qu'elles veulent, nous n'avons pas à leur imposer notre vision des choses. Si elles refusent la contraception, alors il faut respecter ce choix. Nous insistons quand même sur les bienfaits médicaux d'espacer les grossesses." Certaines femmes voient la contraception comme un "truc de m'zungu", une sorte de pouvoir du médecin blanc sur la femme mahoraise.

L'acceptation de la grossesse et son bon déroulement dépendent énormément de l'attitude de la famille. "Des filles qui sont au départ totalement mutiques, dans le déni, vont changer à partir du moment où la famille va accepter de les aider", observe Marie. "On voit un changement de son comportement alors, de petite fille, elle devient mère, se prépare à la naissance. Malheureusement il y a aussi des contextes dramatiques de jeunes filles totalement rejetées. Certaines sont enceintes d'un membre de la famille mais ont peur de parler, nous ne pouvons pas faire grand-chose."

Quoi qu'il arrive, si la jeune fille enceinte a moins de 16 ans, la maternité le signale au procureur pour qu'il y ait enquête. Mais les jeunes mères refusent souvent de quitter leur famille, de se retrouver sans aide, même si la famille est en cause dans leur situation.

 

Hélène Ferkatadji

{mospagebreak title=Témoignages}

DOSSIER : Septembre 2009 : Filles-Mères

"Il faut que toute la population s'y mette"

Etre maman à l'adolescence est un phénomène encore courant à Mayotte. Il touche plus particulièrement une certaine couche sociale, à faible revenu, dont la famille n'hésite pas à donner son accord à la première proposition de mariage, soi-disant pour garantir la prise en charge par quelqu'un, de la toute jeune fille.

 

{xtypo_dropcap}D{/xtypo_dropcap}u coup, la jeune mariée encore mineure devient "mère prématurément". Parfois elle est encore scolarisée. Dans ce cas précis où elle accepte de se marier, elle a toute ses chances de compter sur la collaboration entière de son entourage familial pour l'aider à prendre soin du bébé. Mais le cas le plus délicat concerne les grossesses indésirables, cela entraîne souvent l'exclusion de la jeune fille du cadre familial. Restée dans la rue avec ou sans compagnon, la jeune et future maman vit dans l'angoisse totale. Le désespoir. Que peut faire une jeune personne, complètement démoralisée, face à un nouveau-né qui ne demande qu'à bénéficier d'une prise en charge et ensuite d'une bonne éducation pour son bien-être ? Difficile à dire.

Derrière tout ça se cacherait d'autres cas concernant les abus et/ou détournements de mineures, facteurs aggravants de ce phénomène, pour lesquels les parents, par naïveté ou pression sociale, n'osent pas témoigner.

Une petite enquête menée dans la banlieue nord de la capitale, à Kawéni, est révélatrice de deux cas de mineures, futures mamans, suivies mensuellement par les services de PMI de Kawéni. Ce phénomène qui hante la jeunesse féminine devient de plus en plus inquiétant et suscite un travail énorme, mais malheureusement encore sans résultat, malgré les campagnes de sensibilisation menées par les professionnels de la santé publique.

"Il faut que toute la population s'y mette", préconise une sage-femme qui exerce à Mayotte depuis trois ans. L'affaire est grave. "Faire un enfant quand on a moins de 15 ans est une sérieuse catastrophe et pour la maman et pour le bébé", signale la responsable de la section PMI-femme enceinte, "même si la maman s'en occupe bien", précise-elle. Ce qui n'est pas toujours évident, car en général cette tâche est réservée aux grandes personnes, plus matures.

Les enfants de 12 à 15 ans ne sont pas du tout prêtes, ni psychologiquement dans la tête, ni physiquement dans le corps, pour supporter l'accouchement et l'arrivée de l'enfant.

D'ailleurs, avoir un rapport sexuel avec des mineurs est un délit puni par la loi, même s'il y a consentement. Mais malheureusement, le témoignage recueilli à la PMI de Kawéni fait état de deux cas de consultation de mineures en attente d'un prochain accouchement. Un enseignant de classes de PPF signale également 4 cas d'accouchement dans l'établissement de Kawéni au cours de l'année scolaire 2008-2009.

 

Saïd Ahmed

 

 

Témoignages

 

Une maman de 23 ans

Moi-même, j'ai eu mon premier bébé à l'âge de 16 ans et je suis actuellement mère de trois enfants: deux garçons et une fille. Mais j'ai eu le soutien moral de mes parents qui m'ont pris en charge. Avant tout, un mariage précoce a été conclu par consentement parental entre les deux familles. Vue l'ampleur de la tâche, j'ai pris toutes mes précautions et le second accouchement a eu lieu cinq ans plus tard et le dernier après trois ans.

Par contre, je connais une voisine, encore mineure, qui a fait un bébé hors mariage. C'est un vrai problème pour elle. A l'époque elle avait 12 ans et son amant 18 ans. Le couple vit seul hors du foyer familial, dans la galère. Pourtant le mari, lui, se débrouille pas mal, en bricolant à gauche et à droite. Mais le reste laisse à désirer. L'inexpérience pèse et se paye cash.

 

Une jeune maman de 15 ans scolarisée en 2ème année PPF

Je suis tombée enceinte à l'âge de 15 ans et mon amant avait 18 ans, l'année dernière. Le bébé a maintenant 1 an et se porte très bien. Je n'ai pas connu un problème particulier. On se débrouille comme on peut. J'ai fêté son premier anniversaire le 21 juin.

 

Zalia, mère de trois garçons

Je me suis mariée à l'âge de 18 ans. Je n'ai eu aucun problème. Mais par contre, je sais que la tâche d'une mère n'est pas du tout facile. Etre maman à moins de 15 ans est un danger, car l'accouchement est un passage difficile entre la vie et la mort pour donner une autre vie. Si j'ai un conseil à donner, ce serait d'éviter de tomber dans ce circuit.

 

Propos recueillis par Saïd Ahmed

{mospagebreak title=Témoignage, Rafida, mère à 14 ans} 

DOSSIER : Septembre 2009 : Filles-Mères

Chassée du domicile familial par ses parents

Rafida a 15 ans. Cela fait bientôt un an qu'elle habite seule avec son fils et son petit ami. Chassée du domicile familial quand ses parents ont appris sa grossesse, elle doit maintenant se débrouiller pour gérer un enfant, un foyer et une vie d'adolescente.

 

{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap} l'âge de 14 ans, elle se rend compte qu'elle est enceinte. Elle décide de ne rien dire à personne, excepté son petit ami qui va tout assumer avec elle. Leur première réaction a été de chercher à faire avorter la jeune fille par leurs propres moyens, toujours sans prévenir personne. Ils essayent donc des méthodes diverses et variées : ingurgitation d'aspirine mélangée à du soda, une mixture composée de gingembre et de boisson gazeuse ou encore des herbes spécifiques à boire en infusion. "C'est mon petit ami qui a eu toutes ces idées. Un foundi l'a aussi conseillé, surtout pour les herbes à prendre". Mais tous leurs efforts sont vains, rien ne se passe. 5 mois plus tard, Rafida est toujours enceinte et les gens s'en rendent compte.

Alertée par les rumeurs, sa mère la questionne et apprend la vérité. Furieuse, elle l'emmène à l'hôpital mais il est déjà trop tard pour avorter par intervention médicale. C'en est trop pour la mère de l'adolescente. Malgré les excuses que lui fait sa fille, elle décide de la chasser de la maison à cause de ce qu'elle a fait. Le père n'étant pas d'accord avec cette décision tente de raisonner sa femme mais n'a rien pu faire face à sa colère. Et c'est comme ça que Rafida finit par s'installer dans le banga de son petit ami, à côté de la famille de ce dernier.

 

"Il faut se protéger ou bien assumer"

 

Une nouvelle vie commence avec la naissance du bébé. Le matin, elle le laisse chez sa mère où sa sœur le garde pendant qu'elle est au collège. "Ma mère sait que mon fils reste chez elle la journée, explique Rafida, mais elle ne dit rien même si elle ne fait pas attention à lui. Elle veut que je puisse finir mes études". De retour du collège, elle endosse son rôle de mère et s'occupe de son fils comme le ferait n'importe quelle maman. C'est son petit ami qui se charge de trouver de l'argent pour le bébé : "il se débrouille", déclare-t-elle vaguement.

Interrogée sur ce qui lui est arrivée, elle parle de Dieu, c'est lui qui a choisi et c'est comme ça, elle ne pouvait rien y faire. En ce qui concerne la contraception, elle n'en a jamais entendu parler. Sa mère lui avait juste demandé de ne pas trop sortir, de faire attention à ce qu'elle faisait, sans jamais lui parler réellement du danger qui la guettait. De toute façon, elle pense que même si elle avait fait attention, s'était protégée comme il se doit, ça serait quand même arrivé, "c'était écrit".

A cause de sa situation familiale, elle fait les frais des ragots et se fait désigner du doigt par tout le monde. Devenue persona non grata, les mères interdisent même à leurs filles de fréquenter la jeune maman et son copain. Certains membres de sa famille aussi ont mal réagi au départ, insistant sur le fait qu'elle ait déshonoré toute la famille. Avec le temps les choses se passent mieux, mais il reste toujours une certaine gêne entre Rafida et son entourage.

"Plein de filles tombent enceintes à M'tsapéré et elles avortent à chaque fois. Aujourd'hui, elles sont mariées et tentent d'avoir des enfants, mais n'y arrivent pas. C'est pour ça que j'ai bien fait de ne pas le faire finalement, je l'aurai regretté. Il faut se protéger ou bien assumer, c'est ce que je conseille. Je ne sais pas ce qu'il faudrait faire d'autre pour stopper tout ça."

Rafida attend aujourd'hui une deuxième chance de la vie. Pouvoir poursuivre normalement son cursus scolaire, vivre avec son fils et son petit ami sans se soucier des regards malveillants et accusateurs la comblerait de bonheur.

 

Rawnat Mohamed Chaher

{mospagebreak title=Témoignage, Nassilat, mère à 15 ans}

DOSSIER : Septembre 2009 : Filles-Mères

 

"Je remercie ma mère qui m’a comprise et aidée"

Nassilat, étudiante en 2ème année de BTS assistante de direction, a 24 ans. Mère de Nayim, 9 ans, elle fait partie des nombreuses Mahoraises à avoir eu un enfant lors de leur adolescence, voire leur jeunesse. Elle était âgée de 15 ans lorsqu’elle s’est rendue compte qu’elle était enceinte.

 

{xtypo_dropcap}"J{/xtypo_dropcap}’étais malade donc ma mère m’a emmenée à l’hôpital où on a appris toutes les deux en même temps que je portais un bébé depuis 6 mois". Elle se rappelle ne s’être doutée de rien au début. Son cycle menstruel a toujours été déréglé, un fait qui explique qu'elle ne se soit pas alarmée de ne pas voir arriver ses règles. De plus, elle n'avait remarqué aucune modification physique sur elle-même.

Comme aujourd’hui, Nassilat vivait alors chez ses parents. Très proche de sa mère, elle pouvait tout lui dire et n’a jamais pensé à lui cacher la vérité sur ses agissements, quels qu'ils soient. Les relations avec son père étaient différentes, elle le craignait. Elle ne l’a d’ailleurs mis au courant de sa grossesse que 2 ou 3 semaines après avoir elle-même appris la nouvelle.

"Il a très mal réagi, comme je le prévoyais. On s’est disputé et pendant un an il ne m’a pas adressé la parole". Un climat de tension qui ne l’a pas empêchée de vivre sa grossesse normalement, de l’assumer pleinement devant les gens. "C’est vrai que j'ai beaucoup pleuré quand j'ai su que j'étais enceinte. Mais après m'être remise du choc, je l’ai dit à tout le monde, je n’ai pas cherché à le cacher. J'ai tout fait comme d’habitude, j'ai même continué à jouer au basket".

Nassilat n’a jamais pensé à avorter ni à abandonner l’enfant à la naissance. Sa mère précise qu’elle ne lui aurait jamais proposé de le faire : "C’est la volonté de Dieu qui a fait qu’elle est tombée enceinte. Il ne faut pas aller à l’encontre des décisions de Dieu. Peut-être que si elle avait avorté, il ne lui aurait plus offert la chance d’avoir à nouveau des enfants. En plus, je ne voulais pas qu’un jour elle me reproche de l’avoir forcée à faire quoi que ce soit".

Le reste de sa famille, à l’exception de son père, a bien réagi et accepté la situation. Bien qu’il y ait eu quelques rumeurs malfaisantes du côté des voisins et parfois des amis, ça n’a jamais gêné Nassilat. "C’est tout le temps comme ça, les gens parlent, critiquent et insultent. Ca sera toujours la même chose, sauf que maintenant ça arrive tellement souvent que c’est moins choquant de voir une jeune fille enceinte."

 

Le père n'a vu son fils qu'au bout de 7 ans…

 

En ce qui concerne le père du bébé, il s’agissait de son petit ami. Malheureusement il ne vivait pas à Mayotte, mais faisait ses études à la Réunion. Ce n’est qu’après l’accouchement qu’elle lui a annoncé qu’il avait un fils. Dès lors, le jeune homme s’est débrouillé pour lui envoyer de l’argent de temps en temps. A cause de l'éloignement géographique, c'était la seule façon pour lui de participer aux frais relatifs au bébé. Parti en Métropole peu de temps après la naissance de son fils, il n’a pu le voir qu’au bout de 7 ans, quand Nayim est parti lui rendre visite en France.

La principale crainte de la jeune maman était de ne pouvoir continuer normalement ses études à cause du bébé. Une peur finalement non fondée puisqu’elle a réussi à joindre les deux bouts. "Ma mère gardait le petit pendant que j’étais en cours. Le seul souci c’est que j’ai dû redoubler ma 5ème parce que j’avais raté pas mal de cours pendant ma grossesse et après l’accouchement. En ce qui concerne mon avenir proche, je prévois de partir l'année prochaine faire une licence en France où j’emmènerai mon fils pour m’en occuper, seule cette fois".

En ce qui concerne la prévention, elle déplore le manque de communication entre les mères mahoraises et leurs filles. A son époque, raconte-t-elle, elle ne savait rien des différents moyens de contraception, personne ne lui en avait parlé. Si le sujet de la sexualité n’était pas aussi tabou, des accidents de ce type arriveraient moins souvent selon elle.

Comprenant la chance qu'elle a eu, elle veut remercier sa mère qui l’a comprise, suivie et aidée tout au long de cette épreuve. Ce n'est pas toujours le cas dans ce genre de situation. De plus, son père a finalement accepté son petit-fils et vit maintenant une bonne relation avec lui. "Qu’ils me pardonnent de leur avoir imposé tout ça".

Pour les futures jeunes filles qui tomberont accidentellement enceintes, elle leur conseille d’en parler avec leur parent, c’est primordial. "Il faut leur expliquer la situation, les calmer et peut-être même les rassurer. Surtout ne pas avorter, c’est une très mauvaise chose. Pour celles qui ne sont pas encore enceintes, je leur recommande de bien faire attention et de se protéger, que ce soit en prenant la pilule ou par un autre moyen. Enfin, les parents, eux, ne devraient pas mettre leurs filles dehors, ce n’est pas une solution. Il faut accepter et discuter avec la jeune maman pour que tout cela n’arrive plus". 

 

Rawnat Mohamed Chaher

23/09/09 – Colmar: le dilemme du CDTM

Pour l'heure, ni le conseil général, ni le comité du tourisme de Mayotte (CDTM), financé par ce premier, ne sont en mesure de mettre sur la table les 300.000€ nécessaires à l'organisation de l'événement. Pourtant, à Colmar, on a besoin d'une réponse urgente. Et là encore, le bat blesse : En effet, l'audit réalisé actuellement par la chambre régionale des comptes confisque, temporairement, tout pouvoir décisionnel au conseil général, dont celui d'engager des dépenses. Si le bureau du CDTM a fait montre de lucidité et de courtoisie envers les organisateurs en leur annonçant, jeudi dernier, leur désengagement, faute d'un financement effectivement perçu, M. Douchina, président du conseil général, a quant à lui évoqué lundi soir sur RFO son souhait de voir la manifestation se concrétiser, sans toutefois dépasser le stade formel des déclarations d'intentions. "On nous encourage fortement à maintenir l'organisation. Les pressions politiques sont fortes. Cependant, c'est maintenant qu'il faut payer les billets d'avion, les artisans, les fournisseurs, le transitaire … On ne pourra nous rembourser qu'à minima en octobre, si toutefois la tutelle n'est pas déclarée, et si la collectivité juge que c'est -c'était une dépense prioritaire. Sans garanties solides et sincères, nous ne pouvons pas engager 300.000€ sans mettre en péril le comité", explique Attoumani Harouna, vice président du comité du tourisme.

Le CDTM, qui a vu son budget passer de 3M€ à 1,5M€ en 2009, n'a jamais réussi à faire voter par les conseillers généraux la demande de subvention extraordinaire de 300.000€ destinée à financer la manifestation. Deux fois inscrite à l'ordre du jour des sessions plénières de juin et juillet du CG, la délibération en a été retirée avant les débats. Le président du conseil général aurait expressément demandé au responsable du comité de réduire les coûts d'organisation pour que le CDTM puisse le prendre en charge, mais les membres du bureau, qui ont déjà accepté d'assurer l'élection de Miss Mayotte (100.000€) sur les fonds propre du comité, ont unanimement déclaré "ne pas pouvoir supporter une nouvelle dépense importante sans verser dans l'illégalité, après que la procédure d'alerte vient d'être décrétée par le Commissaire aux comptes".

"La présence de Mayotte au salon de Colmar est désormais une question politique. Il revient aux élus de trancher rapidement dans ce dossier. Nous devons ce minimum de courtoisie aux organisateurs du SITV, à qui nous avons maintes fois confirmé notre présence sans jamais avoir réglé au préalable la question du financement", a déclaré hier une source du CDTM qui a tenu à garder l'anonymat.

22/09/09 – Une nouvelle cellule de suivi de la grippe H1N1 pour Mayotte

Une cellule de coordination a été mise en place par le préfet pour suivre l'évolution de la grippe A/H1N1 et prendre les mesures adéquates en fonction de l'évolution de semaine, une réunion regroupera la DASS, le Vice-Rectorat et le centre hospitalier dela situation. Chaque

Mayotte sous l'autorité du directeur de Cabinet de la préfecture. A Mayotte, on constate actuellement une hausse des nouveaux cas de grippe A, alors que le pic de l'épidémie semble passé à la Réunion. Vendredi dernier, les autorités réunionnaises ont signalé un sixième décès lié à la maladie. Un homme de 32 ans qui ne souffrait d'aucune autre pathologie.

22/09/09 – Training Job k’fé avec la JCEM

La Jeune Chambre Economique de Mayotte (JCEM) lance l'action "Training Job K'fé", dont l'objectif est de coacher 50 jeunes diplômés inscrits au Pôle Emploi. "Nous sommes partis du constat que les étudiants n'avaient pas ou peu de formation à l'entretien d'embauche, et que ceux-ci arrivaient tous sur le marché du travail avec des bagages quasi équivalents en termes de diplômes et d'expériences. De plus, le nombre de demandeurs d'emploi chez les 15-24 ans est considérable, 41,5% selon les données de l'INSEE", explique Adrien Michon, directeur de la commission emploi insertion de la JCEM. "La finalité de ce projet est donc de leur permettre d'acquérir les bons réflexes lors d'entretiens d'embauche ou de stage, en mettant en avant leur savoir être qui fera la différence à côté de leur savoir faire". Une première session, prévue le 26 septembre dans l'hémicycle du Conseil général, aura pour objectif de coacher les participants désignés par le Pôle emploi. Ceux-ci pourront bénéficier de l'appui des membres de la Jeune Chambre, et de conseillers du Pôle Emploi sur les techniques de l'entretien : conseils, gestuelle, présentation…

De même, des guides de "l'embauche réussie" spécialement créés par la JCEM, leur seront remis à cette occasion. Une seconde session pour rencontrer une vingtaine de directeurs des ressources humaines et chefs d'entreprises de Mayotte est prévue le 3 octobre. A ces fins, la Jeune chambre a sollicité son réseau de partenaires qui ont accepté de simuler des entretiens de 15mn. Aussi, au cours de cette matinée, chaque étudiant participera à 4 entretiens en moyenne au cours desquels il pourra bénéficier de l'avis précieux de professionnels sur sa présentation et son CV. Ces entretiens se dérouleront sous forme de "speed training", selon les mêmes modalités que le speed dating, au sein même du Caribou Café qui offrira pour l'occasion en plus de l'accueil, le petit déjeuner à l'ensemble des participants. Contacts et renseignements : Adrien Michon au 0639.66.45.05. Et Saïd Gaba Abdou au 0639.29.94.75.

21/09/09 – Le 1er vice président du CG victime d’intimidation musclée à la Réunion

Parti mardi pour soutenir le candidat Cyrille Hamilcaro (Nouveau Centre) à l'élection partielle municipale de St Louis de la Réunion, Alain M'hamadi Abdou (Nouveau Centre), 1er vice président du Conseil général de Mayotte, a eu à faire aux hommes de main de l'ex maire de la commune, Claude Hoarau (PC), candidat à sa réélection après que son mandat ait été annulé en 2008 pour fraude électorale. M'hamadi Abdou devait notamment apporter son soutien à M. Hamilcaro auprès de la communauté Mahoraise de la ville, lors de déplacement "portes à portes" et dans différents meetings. Le lendemain de son premier discours (mercredi), M'hamadi Abdou s'est déplacé en ville, à pied, en compagnie de son assistant et d'un groupe de partisans, lorsque ces derniers ont été violement pris à partie par un groupe d'hommes qui ont jailli de trois véhicules. "Ils ont arraché les tracts des mains d'un jeune Mahorais, l'ont insulté en créole et lui ont demandé si c'était lui le Mahorais venu "foutre la merde" (sic). Ils l'ont jeté dans la voiture et lui ont également demandé ses papiers, croyant que c'était moi", nous a expliqué hier après midi Alain M'hamadi Abdou, visiblement secoué par cette affaire.

De son coté, Jean-Christophe Lagarde, député-maire de Drancy, membre de la Commission des lois à l'Assemblée Nationale, et président exécutif du Nouveau Centre, présent lui aussi à la Réunion au cours des événements et que nous avons rencontré dimanche à Mayotte, a commenté les faits. "Non content d'avoir fraudé électoralement mais aussi d'avoir creusé un trou de 21 millions d'euros dans le budget de cette ville, de surcroît annulé par la Cour des comptes, Claude Hoarau se croit tout permis, comme si on était au Nicaragua ou en Colombie. Comme M'hamadi Abdou disait aux Mahorais des vérités qui dérangent, par exemple que M. Hoarau est partisan d'un retour de Mayotte dans l'Union des Comores, il a tout simplement tenté de le faire embarquer de force dans une voiture. Cela montre tout le mépris que M. Hoarau a pour les Mahorais, lui qui d'un coté leur offre des concerts et de l'argent liquide pour essayer d'acheter leur voix, mais qui de l'autre, lorsque leur élu, 1er vice président de leur Conseil Général, vient les voir et leur parler pour tenter de les convaincre, comme cela se fait en démocratie dans une campagne électorale normale, il tente de l'enlever. C'est tout simplement scandaleux".

Le 1er vice président du CG a déposé plainte dans la commune de St Denis. "J'ai tellement eu peur, je ne voulais pas rester à St Louis. On m'a proposé une escorte pour me protéger mais j'ai préféré écourter mon voyage. C'est incroyable que de telles choses puissent se produire au sein de la République française".

18/09/2009 – Santé : 1ère Journée de prévention de la santé bucco-dentaire

 
 
{xtypo_dropcap}T{/xtypo_dropcap}outes les demi-heures, de 8h à 14h, les passagers de la barge débarquant de Dzaoudzi sont interpellés : " Si vous ne prenez pas soin de vos dents et de celles de vos enfants, ça risque d'être dangereux". Au micro, Irak, du Cotes, transmet de nombreux messages de prévention. Un vieil homme, les dents déjà bien usées demande : "on trouve des médicaments ici". "Non, nous informons les gens de la manière dont ils peuvent se protéger, du danger que peut causer le mauvais entretien des dents", lui répond-on.

Sourire ouvert laissant apparaître ses dernières dents, le "bacoco" s'en va. Plus tard, des enfants passent par là : "vous avez vu les dents de ce monsieur ?", interroge alors une des membres de l'UFSBD en montrant le visage hilare d'un individu sur l'écran de l'ordinateur, "vous voulez les mêmes ? Non ! Alors brossez-vous les dents trois fois par jour".

Le message est clair : sensibiliser la population à travers des images parfois choc et des prospectus. Limiter les problèmes liés aux dents. En France, la santé bucco-dentaire est un véritable souci de santé publique. Et si l'île n'est pas encore arrivée à ce stade, elle n'en est pas loin : "l'état dentaire à Mayotte est catastrophique", déclare le Dr Harouna, dentiste au Centre hospitalier de Mayotte.

En effet, avec une consommation de sucre toujours plus forte, en particulier chez les jeunes, la santé bucco-dentaire sur place ne fait que se dégrader. Le temps où la pêche et l'agriculture constituaient les seules sources alimentaires est très loin. "L'alimentation a changé", au détriment des dents. Pour cela, l'Union française pour la santé bucco-dentaire appelle à la vigilance, celle des parents, responsables de famille.

 

Il manque 80 dentistes à Mayotte !

 

"Si on conseille aux parents de réaliser au moins une consultation par an, ce n'est pas pour les embêter. C'est vraiment nécessaire", explique-t-elle avant de poursuivre, "ça coûte cher des dents. Si on n'en prend pas soin dès le plus jeune âge, ça peut avoir de lourdes conséquences, au niveau santé, mais aussi financier". Aujourd'hui, les consultations sont extrêmement nombreuses dans les cabinets dentaires, la demande est "énorme".

Pourtant, à peine dix dentistes sont de service… pour 200.000 habitants ! Cinq privés, cinq dans le public. Plus inquiétant, sur les cinq cabinets privés, quatre sont implantés à Mamoudzou, le dernier se trouvant en Petite Terre. Concernant le public, trois des cinq dentistes travaillent au CHM, un à Dzaoudzi, un à Bouéni.

Bilan : un seul cabinet pour tous les sudistes, aucun pour les nordistes ! "Normalement, c'est un dentiste pour 2 à 3.000 habitants", détaille le Dr Harouna. Un rapide calcul mental et les chiffres parlent. Il manque à Mayotte plus de 80 dentistes !

L'UFSBD, créée en 1966, travaille en partenariat avec le ministère de la Santé, le ministère de l'Education nationale, l'Institut national de prévention et d'éducation à la santé ou encore avec l'Institut national du cancer. L'association a ouvert une antenne locale en mars dernier, animée par une quinzaine d'adhérents bénévoles, ceux-là qui viennent d'organiser la journée de prévention, avec la participation du Cotes et du conseil Général.

L'UFSBD accomplit un travail d'information, mais également de formations (aides soignants, agents de la PMI…). Aussi, différentes enquêtes sont menées sur le terrain (encadré). Au cours de cette grande matinée, les membres de l'Union ont beaucoup insisté sur le brossage et la responsabilité des parents.

 

Ichirac Mahafidhou

 


Objectif et projets de l'UFSBD de Mayotte

– Informer, sensibiliser, éduquer. La population visée se limitera pour le début aux enfants de 6 à 12 ans. Cette tranche d'âge correspond à la période d'éruption de la 1ère et 2ème molaires définitives. Comme il s'agira d'abord de jeunes enfants, le message sera simple et insistera surtout sur la toilette buccale avec démonstration.

– Dépistage systématique chez les enfants principalement.

– Analyses de fluor dans les différentes eaux de Mayotte, le fluor ayant un rôle essentiel dans la prévention de la carie.

 


Bilan annuel de l'UFSBD

2.500.000 enfants éduqués ou dépistés.
7.000 partenaires de relais éducatifs, éduqués ou formés dans le cadre d'une convention signée avec l'Education nationale.
Actions vers le monde du travail, le grand public, les populations en situation précaire, le monde sportif.

 

Le message commun obéit à quatre règles :

  • La visite régulière chez le chirurgien-dentiste.
  • L'alimentation équilibrée.
  • L'hygiène buccale régulière.
  • L'utilisation complémentaire adaptée de fluor.

18/09/2009 – Des travaux routiers à Mamoudzou

Les travaux commenceront le 28 septembre sur la RN1 à Kawéni, du rond-point de Méga à celui de SFR, et sur la RN2, du rond-point de la pointe Mahabou à celui du Baobab. Des gravillons seront saupoudrés sur du bitume liquide pour rénover ces deux portions de route.

"Nous allons mettre un enduit superficiel plutôt qu'un enrobé car le Sieam n'a pas encore installé les réseaux d'eaux usées au Baobab et à Kawéni. C'est une technique de protection pour rendre la route étanche pendant 2-3 ans, le temps que le Sieam pose les tuyaux", explique Patrick Mercier, chef de la subdivision de l'Equipement. Pas d'enrobé donc, mais de la poussière et des gravillons sur toute la route, comme cela était le cas récemment sur la RN3 entre Hajangua et Bandrélé.

Les travaux, qui doivent durer au moins 15 jours, auront lieu de nuit pour minimiser la gêne pour les usagers. Entièrement financés par l'Etat, ils seront réalisés par la Colas, pour un coût de 310.000 €, soit 7 à 8 fois moins cher que la technique de l'enrobé, "pour économiser les deniers publics en attendant des crédits plus importants", précise M. Mercier.

 

18/09/2009 – Etat civil

 
 
{xtypo_dropcap}"I{/xtypo_dropcap}mpressionné." C'est le sentiment qui domine parmi les 25 agents et officiers d'état civil des communes du sud, après une matinée passée dans le service état civil de la mairie de Mamoudzou. Cette journée d'échanges était organisée par le comité de pilotage pour l'état civil communal, mis en place depuis le mois de mars dernier pour améliorer et fiabiliser les services d'état civil de toute l'île.

Cela a permis aux agents de visiter un service parfaitement au point, qui utilise le matériel et les méthodes de travail adéquats. Les thèmes de la journée étaient l'accueil, l'organisation des services et la sécurisation des actes et du matériel.

Impressionnés donc, les agents ont ensuite fait le bilan de cette visite et pointé les différences et les manquements de leurs services respectifs, à commencer par l'accueil. "Les mairies ont été construites sans penser à l'accueil des administrés", estime un officier d'état civil de Dembéni. "A Mamoudzou il y a des guichets, des sièges pour l'attente, les gens ont été filtrés à l'entrée, dirigés vers le bon service, par les secrétaires… Dans les autres communes, il n'y a pas la volonté politique d'organiser cet accueil."

"Les gens rentrent et sortent de la mairie comme dans un moulin", confirme un agent de Chiconi, "si un jour quelqu'un s'énerve, nous ne serons pas en sécurité." Les visiteurs ont également noté que plusieurs procédures et pratiques administratives qui se pratiquent à Mamoudzou leur sont inconnues ou ne sont pas totalement respectées dans leurs communes. D'une manière générale, ils se sont montrés assez amers vis-à-vis de leurs élus.

 

Sensibiliser les élus aux attentes des citoyens

 

"Comme les autres, je suis positivement touché par l'organisation du travail à Mamoudzou, mais ceci m'inspire une réflexion : on aura beau être mieux formés, avoir des meilleurs locaux, cela ne servira à rien s'il n'y a pas une réelle volonté politique derrière", estime un agent de Ouangani. "Dans nos communes il manque toujours du matériel, une organisation, cela montre le désintérêt des élus pour l'état civil. Peut-être faudrait-il organiser une journée de formation pour les élus, sur le modèle de celle que nous avons eue aujourd'hui."

Les agents en ont tous appelé au procureur Yves Dupas, chargé de l'état civil par le parquet et organisateur de la journée, pour sensibiliser les maires à ce sujet. "L'Association des maires est présente dans le comité de pilotage et est conviée aux réunions. Lors de la dernière, un représentant des maires est intervenu très positivement", a rassuré le procureur, qui estime que le simple fait que les maires aient accepté de libérer leurs agents pour cette journée témoigne de leur intérêt pour la question.

Concernant les moyens alloués aux services d'état civil, M. Dupas précise toutefois que toutes les communes ne peuvent prétendre à un service de l'envergure de celui du chef-lieu. "L'important est de réfléchir à comment avoir un meilleur accueil, une meilleure organisation, une meilleure sécurisation dans la mesure des possibilités, pour mieux répondre à la demande. Soyez imaginatifs, la préfecture délègue chaque année une enveloppe aux communes pour leurs dépenses liées à l'état civil, elle doit permettre de réaliser ces projets que vous pourrez leur transmettre."

 

La formation, question capitale

 

Peu convaincus de pouvoir faire entendre raison à ceux qui sont, finalement, leurs supérieurs hiérarchiques, les agents ont demandé le soutien du procureur, notamment en matière de formation. Une question que M. Dupas reconnait "capitale", surtout pour les agents nouvellement affectés à l'état civil, qui ne sont pour l'instant pas formés. Une formation est prévue rapidement par le comité de pilotage sur le logiciel de travail.

Une autre journée d'échanges doit également avoir lieu début décembre, cette fois-ci pour les agents des communes du nord, qui se rendront à la mairie de Koungou, qui dispose elle aussi d'un service d'état civil parfaitement aux normes.

 

Hélène Ferkatadji

UNE Mayotte Hebdo N°443 – Vendredi 18 septembre 2009

UNE Mayotte Hebdo N°442 - Vendredi 11 septembre 2009 Magazine

Mayotte, Il y a 20.000 ans

> Evènement : Le décret sur la ZPG enfin paru
>
Politique : Situation catastrophique à Koungou
>
Education : On va tous aux journées du patrimoine ce week-end
> Santé : Grippe A – Les professionnels de santé rassurent
> Magazine : La Chine, nouvel eldorado des commerçants
> Mayotte ECO : Redevance des thoniers : un cadeau empoisonné ?
> Mayotte Hebdo Sports : Sport Ramadan – Iyé !

18/09/2009 – Ce que j’en pense

 
 
{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}es financements sont là. Le contrat est signé. Les objectifs sont ambitieux, des projets concrets sont fixés. Les salariés et les entreprises sont prêts. Il ne reste plus qu'à chacun des signataires à remplir sa partie… Et là il y a comme un petit souci…

La commission aménagement du CG, chargée de suivre une partie importante de ces dossiers avec l'Etat, ne se semble pas très active… Résultat : deux ans après le début du Contrat, à part l'eau qui a coulé sous les ponts, peu a avancé. L'Etat ne va pas se mobiliser outre mesure pour sortir l'argent des caisses en cette période de crise internationale et de dette publique grandissante.

Et comme en face nos chers dirigeants ne semblent pas pressés de répondre aux besoins criants de la population, aux pères de famille qui se retrouvent chez eux faute d'emploi, aux jeunes diplômés qui reviennent pleins d'espoirs, aux gamins qui vivent avec leurs parents dans des conditions insalubres, indignes… Et bien le Contrat de projet traine, dort, tranquillement, et avec lui ces centaines de millions d'euros qui pourraient faire tourner l'économie locale et la consolider.

Nos dirigeants, bien loin de la réalité des entreprises, ne semblent pas comprendre que c'est par là que se créera la richesse dont ils ont besoin pour se payer des voyages à Colmar. C'est par les taxes qu'ils prélèvent pour remplir les caisses du CG, qu'ils auront les moyens de financer leur part du Contrat. C'est par les impôts sur les sociétés et les particuliers qu'ils pourront refaire les routes embouteillées. Les moyens sont là. Il manque en face les projets.

Mais ce n'est peut-être pas avec des centaines de gardiens et de femmes de ménage qu'on pourra bâtir l'avenir. A peine assure-t-on un minimum de revenu à quelques centaines de personnes. Mais c'est l'avenir de toute l'île qui est en train de s'enliser. Au lieu de prétendre qu'il s'agit d'emplois sociaux, peut-être serait-il plus intelligent de se battre avec la CSSM, avec l'Etat, pour que les retraites augmentent, que les minima sociaux soient applicables dans l'île. Mais là aussi ça demande des dossiers bien ficelés, un peu d'argumentation, un peu de travail et de courage.

Ces dossiers qui trainent, qui s'accumulent, ne sont pas oubliés. Ils ressurgissent et handicapent l'avenir. Il faut les régler, plutôt que de penser à sa réélection en créant de nouveaux partis politiques, en distribuant de maigres deniers publics en bons de commande ou en payant des billets d'avion à des électeurs potentiels.

L'île souffre. Mayotte s'enlise. On pensait toucher le fond, mais on découvre encore des abysses. La volonté du président du CG, après son élection, d'être pragmatique, de faire le ménage dans les salariés fictifs, efficace avec des tableaux de bord pour chaque service, chaque projet, semble bien loin. 550 millions d'euros dorment loin d'ici. Il y a déjà eu deux ans de perdu. C'est bien dommage.

 

Laurent Canavate

18/09/09 – La dernière séance…

 

Le cinéma de Mayotte, le seul, a bien reçu ses 4 films mensuels, le service culturel avait prévu un programme pour septembre, mais les portes de la salle obscure restent fermées aux cinéphiles et autres amateurs du 7ème art. Dans un premier temps, le transitaire n'avait pas sorti les films en raison de la facture du feu d'artifices du 29 mars qui n'avait pas été réglée… Mais un accord a pu être trouvé et dorénavant c'est la régie qui bloque. C'est elle qui permet la vente de billets.

Un régisseur, dépendant du DGA du CG chargé des services à la personne et du trésorier-payeur départemental a été nommé en décembre 2007. Devant ses compétences, ces deux personnes ont décidé de nommer en juillet dernier une dame à sa place. La nomination a bien eu lieu, mais il fallait ensuite assurer la passation de services. Et c'est là que le bât a blessé… La présence de la Chambre régionale des comptes a peut-être incité à une remise à plat, quoi qu'il en soit, le passif causé par la disparition estimée à 8.000 € de la caisse en 2006, contre laquelle le CG avait porté plainte – a ressurgi, ainsi que d'autres "disparitions" de tickets. Et la régie a donc été fermée…

Pas de ticket, pas de cinéma. Les 4 films sont pourtant là. Loués à 7.000 € pour le mois. Faute de séance et faute de recettes, "les films du mois prochain ne pourront pas être commandés", avertit le directeur de la Dilce, qui n'est pas responsable de la régie, mais veut "tout faire pour répondre à ce rendez-vous avec le public". Il avait même proposé un rapport lors de la dernière session du CG pour une remise gracieuse sur ce dossier. Il n'est pas passé. La prochaine session est prévue en octobre. La situation est bloquée et s'enlise. En attendant, ce n'est pas la peine d'aller au cinéma.

17/09/2009 – Redevances des thoniers espagnols

{xtypo_dropcap}"R{/xtypo_dropcap}endre à Mayotte ce qui lui appartient." Une formule trouvée par le préfet des Taaf. L'accord du 29 avril dernier a en effet levé un contentieux vieux de 15 ans : jusqu'à cette année, les produits des redevances des thoniers étrangers opérant dans la ZEE de Mayotte allaient directement abonder le budget de l'Etat, sans aucune répercussion locale pour les pêcheurs mahorais (voir MH n°427).

D'un montant initialement prévu aux alentours de 150.000 €, c'est finalement 258.000 € qui vont alimenter le budget de la Corepam (Commission régionale des pêches nautiques et de l'aquaculture marine) pour moderniser la pêche mahoraise et installer l'antenne de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) à Mayotte.

"Cette année, 60% des prises ont été effectuées dans la ZEE de Mayotte et 40% dans celle des Iles Eparses, alors que d'habitude c'est l'inverse", a remarqué M. Mouchel-Blaisot, qui a expliqué cette différence par les migrations des thons et la piraterie au large de la Somalie. Sur les 8.700 tonnes de poissons pêchés par les thoniers espagnols, 60% l'ont donc été sur les 60.000 km² appartenant à Mayotte. Les redevances perçues ont permis de lever 700.000 € de recettes, auxquelles ont été soustraits 280.000 € pour payer les observateurs à bord des thoniers et les patrouilles du navire de surveillance Osiris, propriété des Taaf.

 

"Il y a encore beaucoup de progrès à faire pour que la pêche aux thonidés dans l'océan Indien soit exemplaire"

Le préfet des Taaf s'est félicité que 40% des bateaux étrangers aient embarqué cette année des observateurs pour "mieux comprendre la situation et voir comment on peut améliorer les pratiques de pêche, car il y a encore beaucoup de progrès à faire pour que la pêche aux thonidés dans l'océan Indien soit exemplaire. On veut que cette pêche devienne exemplaire et soit un modèle de pêcherie durable, comme pour la pêche à la légine dans les Iles Australes". M. Mouchel-Blaisot a réitéré son souhait qu'il y ait un corps de contrôleurs à Mayotte, formé sur place, pour qu'il y ait une meilleure connaissance halieutique de la biomasse, reconnaissant que "certaines espèces pourraient être menacées".

En plus de renforcer les contrôles à bord, le préfet veut réduire les captures accidentelles ou accessoires, car "encore trop" de requins et de tortues sont pris dans les filets. Les DCP dérivants (Dispositifs de concentration de poissons, des objets flottants qui les attirent) des thoniers ont été interdits dans la zone des 30 miles dans les Taaf. A Mayotte, c'est dans les 24 miles que les thoniers ne peuvent pas pêcher. Au niveau de la Commission thonière de l'océan Indien, le préfet estime que la coopération entre les Taaf et Mayotte permettra de "faire des propositions qui vont dans le sens de l'équilibre des écosystèmes marins".

Pour que les bâtiments français ne soient pas entièrement exemptés de redevance, le préfet des Taaf s'est prononcé pour l'établissement d'une taxe spéciale à partir de 2010, qui sera payée par tous les thoniers, pour participer à la surveillance des Iles Eparses et au financement du fonctionnement d'Osiris. Ces recettes supplémentaires, estimées à 100.000 €, permettront de faire baisser le coût de surveillance des navires, et donc d'augmenter les recettes reversées à Mayotte.

 

"Ca fait 15 ans qu'on se bat pour les licences, aujourd'hui on nous donne les miettes"

Pour Pierre Baubet, le directeur de la Copemay, le compte n'y est pas : "si on ajoute aux prises espagnoles les 5.000 tonnes environ pêchées par les Français, on arrive à 12.000 tonnes de poissons pêchés. Ces 250.000 € représentent en fait à peine 50 tonnes de poissons pêchés… Le contrat est déséquilibré entre ce qui est pris et ce qui est reversé". Même s'il a noté des avancées positives avec le fait qu'il y ait "un minimum de concertation" entre les pêcheurs mahorais et les Taaf, pour lui, "si on veut développer une vraie filière à Mayotte, il faut que ces poissons soient laissés aux pêcheurs locaux et leur flottille artisanale".

Pour ce faire, il n'exclue pas l'éventualité d'utiliser le futur parc marin de Mayotte pour interdire aux thoniers senneurs de se rendre dans notre zone : "Le parc marin prévoit l'interdiction de la pêche industrielle dans toute la ZEE si la ressource est menacée. Les pêcheurs seront obligés de faire interdire la pêche par les bateaux usine si la ressource décline, avec un moratoire de 5 ans par exemple, pour reconstituer les stocks".

Dominique Marot, président d'Aquamay et de l'Union des aquaculteurs de l'Outremer français, est du même avis : "Les Taaf ne nous ont rien apporté. C'est eux qui ont besoin de nous, pas l'inverse. Rien ne prouve qu'Osiris a patrouillé dans notre ZEE. Je préférerais ne rien avoir et que le parc marin soit sur toute la ZEE, pour que mes enfants aient de quoi se nourrir. Ca fait 15 ans qu'on se bat pour les licences, aujourd'hui on nous donne les miettes. Les retombées économiques sont quasi inexistantes. Nous, les pêcheurs, sommes majoritaires dans la commission du parc marin et on va frapper fort !", menace-t-il. Rappelant que Mayotte est souveraine sur sa ZEE, M. Marot souligne que "la richesse de Mayotte, c'est son lagon et son espace maritime : il faut les préserver ou ce sera comme pour la disparition de la morue à Terre-Neuve".

 

"Mayotte est un pavillon de complaisance"

Régis Masséaux, le président du Syndicat maritime des pêcheurs mahorais professionnels (SMPPM), s'inquiète lui aussi de la disparition des thonidés dans notre zone : "Le germon a quasiment disparu, le thon "obèse" est très menacé et le maximum a été atteint pour le thon jaune. La bonite est l'espèce la plus prolifique, mais la pression des thoniers sur ces poissons risque de déséquilibrer la pêche artisanale ici. S'il y a un déséquilibre de ces bancs de thons, ils vont disparaître de notre zone et nos barques vont devoir s'éloigner encore plus des côtes, avec tous les risques que cela comporte".

Qualifiant M. Mouchel-Blaisot de "VRP de l'Etat", il affirme que les Taaf préfèrent prendre en considération la pêche industrielle basée à la Réunion, plutôt que les pêcheurs mahorais : "Quand on fait rentrer un thonier senneur de plusieurs millions d'euros dans notre zone, les petites barques de M'tsapéré passent après…". Pour lui, il ne faut surtout pas valoriser les prises accidentelles, car sinon elles feront partie de la cargaison et risquent d'être encore plus nombreuses. "Le marlin noir, bleu et rayé, le requin mako, à pointe noire, du large, renard, soyeux, l'espadon voilier, le thon banane, le thazard, les coryphènes… Toutes ces espèces réservées à la pêche sportive et artisanale n'existeront plus", prophétise-t-il.

Pour moderniser la pêche mahoraise, M. Masséaux attire l'attention sur le fait que le projet d'établir 20 DCP fixes autour de l'île "rentre dans la logique de donner des moyens à la pêche vivrière en sédentarisant les poissons pélagiques dans des sites de pêche définis". Mais ce projet est estimé à 800.000 €… Il faudrait donc plusieurs années de redevances pour qu'il voie le jour, tout comme l'investissement dans un petit palangrier, qui coûte 500.000 €.

Au sujet de la formation des contrôleurs locaux qui seraient embarqués sur les thoniers, M. Masséaux a rappelé que "sur les 5 observateurs déjà formés – trois Mahorais et deux mzungus – un seul a été embarqué une fois en deux ans. Il faut redéfinir leur statut car ils ont un contrat précaire et sont beaucoup moins bien rémunérés qu'à la Réunion".

Les pêcheurs mahorais expriment également une vive inquiétude quand ils voient des bâtiments immatriculés à Dzaoudzi et qui pêchent dans la ZEE de Mayotte avec un équipage philippin. Selon Pierre Baubet, "Mayotte est un pavillon de complaisance, qui permet la défiscalisation du bateau et d'embaucher des équipages étrangers. On ne peut pas les laisser piller la ressource. Même aux Bahamas ou à Jersey, ils payent des taxes. Ici, Mayotte ne perçoit rien du tout".

 

Julien Perrot

17/09/2009 – Education : Journées du patrimoine

{xtypo_dropcap}P{/xtypo_dropcap}our ceux qui envisagent de profiter de l'évènement du week-end en sillonnant l'île à la découverte du patrimoine mahorais, le passage par l'écomusée de la vanille et de l'ylang à Jimawéni est indispensable. Durant ces deux jours, l'association des Naturalistes concentrera de nombreuses démonstrations et animations sur ce site dont ils assurent la gestion.

Au programme, on trouve des démonstrations d'artisanat traditionnel avec la présence de trois bijoutiers de Sada, d'un foundi de la fabrication du chombo avec sa forge à soufflet, d'un fabricant d'instruments traditionnels, et d'une association de Mangajou qui présentera tous les usages du cocotier : boisson, vannerie, tressage, construction…

Les Naturalistes ont choisi de mettre à l'honneur la pirogue à balancier, encore présente dans toute la région du canal de Mozambique, et a fait construire un prototype par un foundi de Sada qui terminera son ouvrage en public durant le week-end, à côté d'une exposition sur la pirogue dans la tradition mahoraise et régionale.

"Nous cherchons à faire revivre cet élément du patrimoine mahorais qui est en train de disparaître", explique Michel Charpentier, président des Naturalistes. "Nous ne voulons évidemment pas que les pêcheurs refusent la modernité des barques à moteur, mais simplement sauver un savoir-faire et peut-être restaurer une pratique abandonnée depuis une trentaine d'années : les courses de pirogues à voile." Des discussions sont d'ailleurs en cours à ce sujet entre l'association et différents partenaires intéressés pour relancer cette discipline, à l'image que ce qui a été fait pour la course de pneu.

 

Expositions et spectacles à Jimawéni-Sada

Autre élément mis en lumière ce week-end, l'habitat traditionnel mahorais, ce qu'on appelle le "nyumba-shanza", qui sera présenté autour des restes d'une ancienne habitation et d'une exposition qui décrit les différents éléments qui la composent. Ce sera l'occasion de présenter des créations de jeunes pour le concours de minis bangas organisé par l'association.

De nombreuses expositions seront à disposition des visiteurs, une sur les plantes médicinales de l'île, une autre sur l'architecture du 14e au 18 e  siècle, une exposition de peintures et photos sur la vie quotidienne mahoraise, ainsi qu'un travail réalisé par une classe du collège de Bandrélé sur les chaises à porteurs. Le CDP présentera un film sur l'introduction de l'Islam à Mayotte.

Enfin, trois spectacles sont prévus, toujours à l'écomusée : une production de chants, danses et saynètes des Enfants de Mabawa samedi à 10h30, une représentation du Ballet de Mayotte samedi à 15h et des danses traditionnelles dimanche à 10h30. A noter qu'une navette est organisée avec la mairie de Sada entre le centre-ville et l'écomusée tout le week-end.

"L'an dernier nous avons eu beaucoup de visiteurs mahorais, nous espérons faire de même cette année. La pirogue et l'habitat traditionnel sont des éléments importants de leur patrimoine que les jeunes ne connaissent plus", remarque M. Charpentier. Les jeunes qui sont toujours la cible privilégiée de l'association des Naturaliste qui organise comme chaque année un rallye patrimoine à destination des classes de CM2, 4ème et 2de.

 

Le rallye patrimoine a du succès

Le rallye consiste en un tour qui part des vestiges de l'usine sucrière de Soulou, la mieux conservée, les vestiges de l'usine de sisal à M'roalé, une exploitation d'ylang-ylang à Ouangani avec démonstration de distillation et l'écomusée de Jimawéni. Ce grand tour est accompagné d'un travail en classe sur ce patrimoine historique et naturel de l'île, et attire de plus en plus de candidats.

"Nous envisagions de l'organiser sur 3 semaines, soit pour 15 classes, mais nous en sommes déjà à 45 demandes", constate Michel Charpentier. "Si cela est possible nous le prolongerons pour satisfaire tout le monde." Une prolongation qui ne sera possible qu'avec une prolongation du financement des bus, pris en charge chaque année par la direction des affaires culturelle de la préfecture. "Il serait juste que le conseil général participe également", estime M. Charpentier. L'association a également besoin de plus de bénévoles pour l'organisation du rallye. Les premières sorties démarreront ce lundi.

 

Hélène Ferkatadji


Un week-end dédié au patrimoine

Disponible un peu partout sur l'île, le programme des journées du patrimoine, édité par la direction des affaires culturelles de la préfecture, donne un aperçu de toutes les manifestations qui auront lieu durant ce week-end. Nous vous en proposons ici un échantillon.

Sur Mamoudzou, le Comité du tourisme accueillera de 8h à 17h samedi et de 8h à 14h dimanche, une présentation des archives départementales sur le thème des usines sucrières. Un fond d'archives privées appartenant aux anciens propriétaires de l'usine de Dzoumogné, une des plus grandes exploitation et la dernière à avoir fermé (1955), a été récemment numérisé par les archives qui en présentera quelques échantillons au public, aux côtés d'une exposition photo sur les vestiges de l'usine et des logements attenants et de l'exposition sur l'histoire sucrière de Mayotte. Une table ronde sera organisée samedi à 10h pour évoquer l'utilité de ce fonds d'archives récemment acquis.

Toujours au CDTM, la Sim propose une exposition toute la journée du samedi sur l'architecture à Mayotte, ainsi qu'une animation sur la brique de terre, dans le but de promouvoir ce matériau et ce savoir-faire oubliés.

Dans le Sud, l'écomusée du sel de Bandrélé ouvrira ses portes, de même que l'association Arts et Recycle et le musée artisanal à Bambo-Ouest, pour des démonstrations d'artisanat d'art, des techniques de travaux traditionnelles, des expositions et ventes d'objets artisanaux.

A Tsingoni, ancienne capitale de l'époque du sultanat, la mosquée sera ouverte aux visiteurs le matin jusqu'à 11h. La visite sera conduite par un guide spécialisé.

Enfin des visites guidées auront lieu aux archives départementales en Petite Terre, sous la conduite d’un agent des archives qui fera découvrir aux visiteurs quelques échantillons des fonds conservés aux archives de Mayotte et des méthodes employées pour assurer leur conservation. Les visites ont lieu le samedi uniquement à 14h, 15h et 16h.

Toutes les visites sont entièrement gratuites, il est à noter que si l'Aïd el Fitr a lieu dimanche, de nombreuses animations et manifestations risquent d'être annulées.

 

17/09/2009 – Politique : Situation catastrophique à Koungou

 
 
{xtypo_dropcap}I{/xtypo_dropcap}l y a deux semaines, nous publiions un article intitulé “Alerte rouge à Koungou” concernant la situation difficile dans laquelle se trouve la deuxième commune la plus peuplée de l’île, puisqu’elle doit trouver plus d’un million d’euros pour payer ses agents jusqu’à la fin de l’année. Mroivili Mhamadi, conseiller municipal de la majorité et délégué de la commune de Koungou au Smiam, s’était exprimé pour dénoncer selon lui une situation catastrophique.

Pour Sidi Ahamada-Hamidou, secrétaire général de la section du PSM (Parti social mahorais) de Koungou, parti de l’opposition municipale, l’intervention de M. Mhamadi est certes fondée sur le fond, mais pas sur la forme. “Il a agi d’une façon discourtoise envers le maire. Je suis de l’opposition certes, mais faire apparaître les difficultés de la majorité dans la presse, c’est maladroit, futile et puéril". Mroivili Mhamadi affirmait que l’équipe municipale ainsi que les cadres n’étaient pas à la hauteur. Sidi Ahamada-Hamidou nuance ce jugement.

“Il y a une absence de cadres à la mairie de Koungou. Normalement, ce sont eux qui remettent chacun à leur place dans l’institution. Mais en ce moment, chacun fait ce qu’il veut. J’ai des amis qui sont payés alors qu’ils sont à la Réunion, sans avoir pris de congés. Après, il ne faudra pas s’étonner que le département ne réussisse pas. Nous sommes tous responsables et toutes ces erreurs combinées font que nous nous en sortons pas”, souligne-t-il.

 

“Le maire doit s’entourer de personnes qualifiées qui ont conscience de la chose publique”

 

S’occuper de la jeunesse, des personnes âgées, des écoliers (les instituteurs auraient acheté eux-mêmes les fournitures de leurs élèves, alors que la charge revient à la mairie) doit être la priorité de la commune pour le SG du PSM. “Il faut arrêter de tergiverser et se mettre au boulot pour prendre en charge avec efficacité les problèmes socio-économiques de la population. Leurs désaccords, on n’en a rien à faire. Qu’ils travaillent et s’ils n’y arrivent pas qu’ils laissent leurs places à des personnes qui sont plus efficaces. Ces dernières ne manquent pas, y compris dans la commune de Koungou”, exhorte Sidi Ahamada-Hamidou.

Celui-ci précise que si Mhamadi Mroivili estime qu’Ahmed Souffou n’est pas à la hauteur de la tâche, le maire na pas besoin de sortir de l’ENA pour remplir sa mission. “Le maire doit s’entourer de personnes qualifiées qui ont conscience de la chose publique et qui agissent au bénéfice de la population. Ahmed Souffou a été choisi pour devenir maire en raison de sa personnalité sympathique et de l’animosité contre l’ancien maire Raos. D’autre part, Ahmed Souffou a été soutenu par des gens qui défendent leurs intérêts privés et non ceux de la commune de Koungou. La population a été dupée par des personnes malintentionnées qui ont vu en Ahmed Souffou une personne manipulable et qui ont investi sur lui”, continue-t-il.

Pour que les choses changent, il faudrait donc que l’équipe en place prenne conscience des enjeux en cours. “Le département, c’est nous qui le penserons, projetterons, construirons, ce n’est pas le Muzungu. Nous ne devons pas être attentistes vis-à-vis de la Métropole. Le monde nous regarde et personne ne nous fera de cadeaux”, estime Sidi Ahamada-Hamidou.

 

Faïd Souhaïli

17/09/2009 – Passion Sport : Naoilou Yahaya, trésorière du Cros

 
 
{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}ayotte Hebdo Sport : Naoilou Yahaya, vous souvenez-vous de vos premières pratiques sportives ?

Naoilou Yahaya : J'aimais courir et j'ai commencé avec l'athlétisme en UNSS (Union nationale du sport scolaire) à Dzaoudzi. Je me suis blessée au genou en 4e et après ma longue convalescence je me suis tournée vers le basket. Il y avait les Harlem Globe Trotters de Pamandzi. Toute ma famille y jouait, surtout mes frères et c'était l'occasion de rentrer dans un collectif pour quitter la solitude que j'avais ressentie en athlétisme durant ma blessure. Il n'y avait pas beaucoup d'équipes féminines et on partait à Chirongui, Bandraboua. On montrait que les filles aussi pouvaient jouer au basket. Dans les années 80, jouer en short ou en jupette, ce n'était pas bien vu.

 

MHS : Quand avez-vous signé votre première licence ?

Naoilou Yahaya : C'était en 1982 à l'UNSS et en 1984 au basket. Le sport me permettait de quitter le milieu familial après l'école, d'avoir la liberté de faire quelque chose ailleurs qu'à la maison. Ce n'était pas très bien accepté, il y avait beaucoup de pression sur ma famille. Mais comme j'allais au basket avec mes grands frères et que ma sœur était l'un des piliers de l'équipe féminine, ma mère me laissait y aller. Elle suivait même nos matches. En revanche, mon père était beaucoup plus réticent.

 

MHS : Quels sont vos plus grands souvenirs sportifs ?

Naoilou Yahaya : Ce sont justement ces moments passés en famille autour du basket. Il y a aussi les années passées à Pessac (de 1990 à 2002). Le basket a permis de m'épanouir. Quand je suis arrivée en 1987 dans l'Hexagone, j'étais la seule Noire de mon lycée et grâce au basket j'ai pu m'intégrer et découvrir la région bordelaise en sortant de l'internat, en jouant à un niveau régional. J'y ai obtenu mon premier job étudiant en m'occupant des benjamins.

 

MHS : Et quels ont été les moments les plus difficiles ?

Naoilou Yahaya : C'est ma blessure au genou, d'autant plus qu'elle s'est produite lors d'une course qualificative pour le championnat UNSS de la Réunion que je menais. Je pensais que ma vie était finie, je ne pouvais pas sortir, je me suis même demandé si j'allais reprendre un jour le sport. Mais l'envie est revenue grâce à mon prof de sport Jack Passe qui a organisé des réunions d'athlétisme en UNSS.

 

MHS : Vous présidez la commission féminine du Cros. Que pensez-vous du sport féminin à Mayotte ?

Naoilou Yahaya : Rien n'est fait pour qu'une femme fasse du sport. Il y a peu de vestiaires pour nous changer, aucun système de garde d'enfants à proximité des terrains sportifs, pas de sport d'entreprise ou de sport loisir. Cela m'a choquée quand je suis revenue à Mayotte en 2002, c'est ce qui m'a poussée à créer une commission féminine au Cros. Nous avons initié des actions pour attirer les femmes au sport, comme la Course des amoureux ou Maman fait du sport. C'est ponctuel, les mamans viennent en nombre, mais cela ne les dirige pas pour autant vers les clubs et une activité continue. Depuis 2 ans, nous n'avons plus les moyens financiers de faire ces actions, le budget du sport est en chute, je ne sais pas comment on va s'y prendre.

 

MHS : Quelles infrastructures sportives vous ont le plus impressionné ?

Naoilou Yahaya : Je pense à la salle de Pessac. Dans ce gymnase, il y a tout. D'ailleurs l'équipe féminine de Bordeaux y venait jouer ses matches de coupe d'Europe, sur notre parquet. J'y ai entraîné Boris Diaw qui est aujourd'hui en NBA et en équipe de France. Il y a aussi les installations aux Seychelles. Quand on a vu ce qu'il y a ailleurs, on ne peut que se désoler de voir ce que nous avons nous à Mayotte. Aux Seychelles, il y a des plateaux qui ne sont pas forcément mieux que les nôtres, mais ils sont couverts et surtout ils ont un point d'eau. Ici, il n'y en a pas et en plus les jeunes n'ont pas le réflexe d'emmener une bouteille d'eau avec eux quand ils se rendent au terrain. Il faudrait se donner les moyens pour s'équiper en infrastructures. Toutes les îles de la région l'ont fait dans la perspective d'organiser les Jeux des îles de l'océan Indien ou des Rup. Même si nous ne respectons pas le délai initial de 2012 ou 2014, il faut tout de même amorcer ces grands chantiers. C'est ce qu'a fait l'île d'Elbe par exemple.

 

MHS : Que représente le sport pour vous ?

Naoilou Yahaya : "Le sport, c'est la santé", telle est ma devise. A travers les règlements sportifs, on apprend la vie, on doit être tolérant, on respecte l'autre, on apprend la citoyenneté. Grâce au sport, j'ai pu rencontrer des gens que je n'aurais jamais pu rencontrer autrement. C'est grandiose ! Par le Cros, j'apprends les arcanes du monde fédéral et olympique. En tant que dirigeante, je peux participer à l'évolution de l'île. Et si nous les femmes, on ne s'implique pas dans ces instances dirigeantes, on ne peut exprimer nos besoins. C'est à nous d'en être les porte-parole. Même si au début on gêne, à force de dire les choses, on nous écoutera.

 

Propos recueillis par Faïd Souhaïli

17/09/2009 – Journées européennes du patrimoine

{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap} Mayotte peu d’associations y participent. Parmi les plus actives, on retrouve l’association des Naturalistes de Mayotte. Cette dernière rassemble chaque année près de 500 personnes, sans parler des scolaires qui participent au rallye-découverte et un certain nombre d’animations proposées à l’écomusée de l’ylang et la vanille de Jimawéni.

Au programme de ces deux journées, des démonstrations d’artisanat traditionnel par un bijoutier de Sada, un fabriquant de chombos et une association de Mangajou qui présentera tous les usages du cocotier. Les Naturalistes mettront à l’honneur la pirogue à balancier, un foundi en a construit une spécialement pour eux et la terminera durant le week-end, à côté d’une exposition sur la pirogue dans la tradition mahoraise et régionale.

« Nous cherchons à faire revivre cet élément du patrimoine mahorais qui est en train de disparaître », explique Michel Charpentier, président des Naturalistes. « Nous ne voulons évidemment pas que les pêcheurs refusent la modernité des barques à moteur, mais juste sauver un savoir-faire et peut-être restaurer une pratique abandonnée depuis une trentaine d’années : les courses de pirogues à voile. »

Une autre exposition présentera les composantes et l’organisation de l’habitat traditionnel mahorais, ainsi que les matériaux de construction, le tout lié à un concours de fabrication de « mini bangas » à destination des jeunes. De nombreuses expositions sur les plantes médicinales, l’architecture du 14e au 18 e siècle, la vie quotidienne mahoraise,… seront à disposition des visiteurs.

Trois spectacles sont prévus toujours à l’écomusée : une pièce des Enfants de Mabawa samedi à 10h30, une représentation du Ballet de Mayotte samedi à 15h et trois groupes de debah dimanche à 10h30. A noter qu’une navette est organisée par la mairie de Sada entre le centre ville et l’écomusée tout le week-end. « L’an dernier nous avons eu beaucoup de visiteurs mahorais, nous espérons faire de même cette année. La pirogue et l’habitat traditionnel sont des éléments importants de leur patrimoine que les jeunes ne connaissent plus », estime M. Charpentier. Le reste du programme des Journées du patrimoine sera dévoilé par la préfecture.

 

 

17/09/09 – Les Mahorais de Marseille abandonnés

Le Regroupement des Mahorais de Marseille, association créée en 1993, risque de fermer ses portes. Elle a déjà licencié 3 de ses 4 salariés, mais il ne lui reste que 1.000 € en caisse et le loyer de 830 €, plus les charges et le salaire (au Smig) du mois à venir risquent de couler la structure. Elle recevait depuis des années une subvention du conseil général de Mayotte – de 10 à 30.000 € – lui permettant d'agir dans les domaines administratif et social au profit des 30.000 Mahorais de Marseille, mais cette année elle n'a reçu aucune réponse à ses demandes et courriers. Le président Ali Baco Abdallah "lance une alerte pour que le CG nous sauve, inon ça va fermer". Mais lors de son déplacement dans l'île durant un mois et demi récemment, il n'a pas réussi à rencontrer le président ou un collaborateur : "on dirait qu'ils me fuyaient", malgré "de belles promesses lorsqu'ils sont venus nous rendre visite à Marseille".

17/09/09 – « Tel qu’il est, ce décret ne sert à rien ! »

C'est par cette formule que le porte-parole de l'association Oudaïlia Haqui za Mmaoré, Daniel Zaïdani, a qualifié la signature du décret permettant de déclasser les terrains urbains situés dans la ZPG signé le 9 septembre par le premier ministre François Fillon. Ce décret doit permettre aux Mahorais de pouvoir obtenir des titres de propriété sur ces terrains qu'ils habitent depuis des décennies. Pourtant, cela ne se fera pas à titre gratuit comme cela a pu être le cas pour les parcelles appartenant au Conseil général. "Déclasser ces terrains en zone urbaine est en soi une bonne chose. En revanche, il faudra le faire contre de l'argent et même si les tarifs annoncés sont inférieurs au prix du marché, peu de Mahorais pourront se le permettre. Or l'objectif de ces décrets étaient bien de permettre à la majorité des Mahorais de devenir propriétaires de leur terrain, nous l'avons dit aux conseillers de François Fillon lorsqu'ils sont venus à Mayotte, ainsi qu'aux représentants de l'Etat lors des Etats généraux. Nous leur avons montré en quoi le foncier était spécifique à Mayotte" explique Daniel Zaïdani. Ainsi pour lui, ceux qui ne pourront pas payer seront obligés de demander des AOT. "L'AOT n'apporte aucune sécurité. Soit on ne pourra pas la payer, notamment les retraités qui gagnent 300 € par mois et qui doivent payer une AOT de 500 à 1000 € annuels, soit ce sera le statu quo, sans AOT, ni titre. On l'a bien vu dans l'affaire opposant la Mission Catholique à la préfecture à Dzaoudzi. Du jour au lendemain, elle a perdu le terrain. Avec une AOT, on ne peut pas se projeter vers l'avenir, il n'y a pas de transmission ni d'hypothèque possible." Avant que ce décret n'ait été adopté, les élus du Conseil général ont été consultés et n'ont pas émis d'objection. Le sénateur Soibahaddine Ibrahim Ramadani s'est déclaré satisfait de l'adoption de ce décret, ce qui n'est pas de bon présage selon Daniel Zaïdani. "Pour réparer les  dégâts, il faudrait un consensus des élus autour de la question. Or, hier j'ai entendu Ismaël Kordjee de la Direction des affaires patrimoniales et foncières à la radio et son intervention allait dans notre sens, ce qui signifie qu'il a eu le feu vert du président du Conseil général. L'unanimité sera difficile à obtenir, les partis sont plus préoccupés par leur structuration. Si rien ne change, l'Etat récupérera ces terrains à moyen terme. Il y a 10 ans, un député martiniquais a proposé un projet de loi visant à rétrocéder gratuitement des terrains urbanisés de la ZPG et il a été adopté. Pourquoi l'Etat n'a pas repris cette solution ici, au lieu d'inventer des choses qui vont dans le sens contraire des intérêts de la population ?" s'est interrogé le porte de Oudaïlia Haqui za Mmaoré.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes