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Code du travail : Application 2018 “inéluctable”

Le contexte semblait compliqué : après deux semaines de grève générale, la réunion qui s’est tenue à Paris le 15 avril avec l’intersyndicale aura finalement permis de dénouer le grand nœud du Code du travail. Si sa date d’application demeure fixée au 1er janvier 2018, c’est donc dans un contexte apaisé que le directeur du travail Dominique Ledémé a pu revenir à Mayotte pour la deuxième fois, dans le but de rencontrer les partenaires sociaux et acteurs socioéconomiques de l’île. Des concertations destinées à faire avancer l’application totale du Code de droit commun, sur une partie en particulière, les relations individuelles au travail : contrat de travail, règlement intérieur et procédure disciplinaire, résolution des conflits, conseil des prudhommes, etc. Les partenaires sociaux ont jusqu’au 31 juillet pour faire valoir leurs remarques et propositions sur ces points. Au-delà, quoi de neuf, donc ?

Quelques points faisant suite aux demandes de l’intersyndicale ont tout d’abord été actés. En premier lieu, la date “Inéluctable” du 1er janvier 2018 va être inscrite dans un texte de loi en préparation, afin de s’assurer qu’elle ne soit pas repoussée. “Cela n’a jamais été prévu, explique Dominique Ledémé, mais cela permet de s’en assurer et de l’acter.”

Deuxièmement, les réflexions avec les partenaires sociaux concernant l’article 73 du Code du travail, qui permet d’adapter certaines dispositions du Code aux spécificités des outresmers ont débuté. “Ces adaptations se feront à la marge, concernant des points particuliers permettant de respecter l’identité de Mayotte”, commente le directeur du travail. De quoi s’agit-il plus précisément ? Rien n’est encore précisément défini pour le moment, mais nous pouvons citer par exemple l’intégration des cinq jours fériés propres à Mayotte qui ne font pas partie du Code du travail initial ; les références aux distances de travail qui peuvent être inscrites dans le Code, mais qui ne trouvent pas de sens ici compte tenu de la taille de l’île ; l’obligation de disposer de deux semaines de congés payés consécutives à prendre entre le 1er mai et le 1er octobre qui ne correspond pas à la réalité de l’hémisphère sud ; d’éventuels horaires de travail adaptés à la période du ramadan ; ou encore la Commission consultative du travail, propre à Mayotte, dont l’existence pourrait être prolongée d’un an. Autant de points qui pourront, selon l’issue des concertations, menées à des dispositions adaptées.

Par ailleurs, il a été convenu d’accélérer la transposition de certaines dispositions du Code de droit commun à celui de Mayotte en attendant l’application totale de celui-ci. À venir rapidement : l’assurance garantie de salaire, les tickets restaurant ou encore les contrats de génération. Également, les partenaires sociaux avaient demandé que l’ordonnance d’application du Code du travail au 1er janvier 2018 paraisse en amont, avec un délai suffisamment grand pour qu’ils puissent en prendre connaissance. “Nous allons aller en ce sens et accélérer cette ordonnance”, confirme le directeur du travail. Enfin, l’expert concède qu’il va falloir trouver rapidement une réponse à une demande, légitime, des partenaires sociaux : celle de formations permettant de s’adapter à la nouvelle règlementation à venir.

Un observatoire du travail temporaire ?

Des nouvelles aussi d’un serpent de mer : l’arrivée du travail temporaire. Des discussions à ce sujet ont eu lieu lors de la mission de cette semaine. “Les partenaires sociaux en ont une approche plutôt positive”, remarque Dominique Ledémé. “Ils souhaitent juste s’assurer qu’il n’y ait pas d’abus. Nous avons donc évoqué avec la Dieccte la possibilité de créer un Observatoire du travail temporaire. ” Si celui-ci se met en place, il appartiendra au ministère d’anticiper ou non la transposition de cette disposition.

G.V

Tourisme : le secteur est à la peine

Mayotte peine à attirer les touristes. En 2015, ils sont 50 700 a s’être rendu sur le territoire. Un chiffre stable par rapport à l’année précédente. “Cela nous semble plutôt être un message négatif. On espérait un développement plus important” déplore Jamel Mekkaoui, directeur territorial de l’Insee. Près de 6 touristes sur 10 arrivent de métropole. Le nombre de touristes réunionnais continue par contre de diminuer — 5 % en 2015. “Les touristes réunionnais sont plus sensibles à l’actualité et à l’activité sociale à Mayotte”, explique le comité du tourisme. 64 % des touristes viennent à Mayotte principalement pour rendre visite à des parents ou amis. C’est 17 % de plus qu’en 2014. À l’inverse, le tourisme d’agrément, dont le principal objectif est la découverte de l’île, baisse pour la deuxième année consécutive (— 13 %, après – 7 % en 2014). Avec seulement 9600 visiteurs, les touristes d’agrément ne représentent que 19 % de l’ensemble des touristes.

Baisse inquiétante du tourisme d’affaires

Le tourisme d’affaires recule très fortement avec une baisse de 29 %. Les 7500 touristes d’affaires ne représentent que 15 % de l’ensemble des visiteurs. Leur nombre n’a jamais été aussi faible. “Nous avons du mal à expliquer les causes de cette baisse. Le phénomène interpelle, avoir une baisse du tourisme d’affaires dans un territoire en développement, c’est un élément d’alerte. On ne s’y attendait pas” confesse Jamel Mekkaoui. Michel Madi, directeur du comité du tourisme abonde : “Le tourisme est un miroir de la société. Si l’on constate une forte baisse du tourisme d’affaires, cela veut dire qu’il n’y a plus d’investisseurs qui viennent”.

Les visiteurs dépensent peu

Mayotte profite peu du tourisme affinitaire. Seul un touriste sur cinq est hébergé en hôtel ou dans un gîte. Ces établissements n’accueillent que 21 % de l’ensemble des touristes. En 2015, les touristes ont dépensé 26.3 millions d’euros durant leur séjour. Un touriste dépense en moyenne 20 euros par jour à Mayotte. À La Réunion, en 2014, chaque touriste dépensait en moyenne 52 euros par jour. “Il faut prendre des précautions avec les comparaisons, les situations ne sont pas les mêmes. Le tourisme chinois se développe à La Réunion, ce sont des publics qui dépensent beaucoup” nuance Jamel Mekkaoui. Pour Michel Madi, Mayotte doit réussir à profiter davantage du tourisme affinitaire. Les voyageurs venus rendre visite à leurs proches à Mayotte ne dépensent que 14 à 15 euros par jours, à La Réunion un touriste affinitaire dépense 32 euros. “Des offres se développent sur notre territoire, des hôtels qui proposent des formules avantageuses pour les locaux, c’est un début”, explique Fatimatie Razafinatoandro, présidente du comité du tourisme.

Et demain ?

Les événements des dernières semaines sont encore trop récents pour que nous puissions évaluer les conséquences sur la fréquentation. Le comité du tourisme reconnait toutefois qu’il y a eu plusieurs annulations. “Les dommages pour l’image de Mayotte sont énormes” se désole la présidente du comité du tourisme. Tous les espoirs portent désormais sur l’arrivée au moins de juin de la ligne directe entre Paris et Mayotte.

Amandine Debaere

Mayotte pour les nuls

 

La charia est appliquée à Mayotte. 

Faux

La charia n’est pas appliquée à Mayotte. En parallèle des lois de la République, la “législation locale musulmane” à destination uniquement des musulmans est édictée et appliquée par des juges religieux (les cadis) qui ordonnent les lois coraniques et non la charia. La religion musulmane, implantée à Mayotte depuis le XVème siècle, occupe une place majeure dans l’organisation de la société. 97,1 % des Mahorais sont d’obédience musulmane et de rite sunnite.

 

Des femmes des pays limitrophes viennent accoucher à Mayotte afin que leurs enfants bénéficient du droit du sol et obtiennent la nationalité française.

Vrai

La situation économique et sociale aux Comores étant critique, de nombreux comoriens estiment n’avoir d’autre choix que de prendre le kwassa pour se rendre à Mayotte. 9000 naissances ont été enregistrées dans le 101ème département en 2015 selon le centre hospitalier de Mayotte (CHM) soit près de 25 naissances par jour. Entre 10 000 et 10 500 naissances sont prévues en 2016. Dans l’île au lagon, sept naissances sur dix sont issues de familles comoriennes.

 

À Mayotte, le Smic (salaire minimum de croissance) est au même niveau que la métropole depuis le 1er janvier 2016.

Vrai et faux

Comme le rappelle le Bondy Blog dans un article paru le jeudi 14 avril 2016, depuis le 1er janvier 2016, le Smic à Mayotte s’élève à 1141,30 euros mensuels net. En France, il est quasiment du même montant : 1141, 61 euros. Sauf que… En France, le Smic est calculé sur la base de 35 heures par semaine. Or, à Mayotte, le Smic est calculé sur la base de 39 heures hebdomadaires. À Mayotte, le Smic brut horaire revient donc à 7,30 euros contre 9,67 euros en France métropolitaine. Car à Mayotte, la durée légale du travail est de 39 heures contre 35 heures ici. On est donc encore loin d’une situation à égalité entre la France, Dom Tom compris, et Mayotte.

 

Il existe une réelle inégalité entre le versement du RSA en métropole et sur l’île.

Vrai

Toujours selon le Bondy Blog, depuis la mise en place du RSA à Mayotte, les bénéficiaires du RSA du département bénéficient chaque fin d’année, comme partout en France, du versement d’une aide exceptionnelle, dite prime de Noël. Depuis 2012, son montant est inchangé : 38,11 euros pour une personne seule sans enfant, majorée pour les familles. Même pour cette aide, il y a inégalité : en France, DOM – TOM compris, le montant de cette aide est de 152,45 euros pour une personne seule sans enfant, soit 4 fois plus que le montant versé aux Mahorais.

 

Le département de Mayotte n’est pas la France, il aurait dû acquérir son indépendance.

Faux

Notons que Mayotte est un territoire français depuis 25 avril 1841. Donc avant Nice et la Savoie. En 1860, aux termes du Traité de Turin, la Savoie (c’est-à-dire les deux départements actuels) rejoint la France, avec le comté de Nice. Elle fait partie des derniers territoires rattachés au sol national.

 

Les Mahorais sont polygames.

Vrai (en partie)

Certains Mahorais pratiquent encore la polygamie, mais la loi française interdit l’union d’une personne avec plus d’un individu. L’Islam n’interdit pas aux hommes d’avoir plusieurs femmes. Donc, si un homme peut avoir plusieurs femmes dans les faits à Mayotte, au niveau administratif, à la mairie, il ne peut se marier qu’à une seule femme. Selon le Code civil, un mariage polygame ne peut être contracté en France. Il est impossible de se marier ou de se pacser avec plusieurs partenaires. Toutefois, il peut y avoir situation de polygamie hors mariage ou union civile (polygynie, polyandrie) ou lié à de récents types de concubinages (polyamour, tryade, couple libre, amour libre…).

 

Il y a une “chasse aux blancs” à Mayotte.

Faux

Il ne faut pas faire d’amalgames. Les derniers faits divers (le père de famille poignardé à Kawéni le 15 avril dernier, entre autres) ont été associés à un crime raciste par certains internautes mal intentionnés relayant un article du célèbre site d’extrême droite, fdesouche.com datant du 27 mars 2008. En effet, il y a 8 ans des ressortissants comoriens ont manifesté dans la rue pour exprimer leur colère après que la France ait décidé d’exfiltrer et d’accueillir Mohamed Bacar le chef d’État autoproclamé d’Anjouan qui fuyait les Comores suite au débarquement de l’armée Comorienne épaulée par l’OUA (l’Organisation de l’Unité Africaine). Lors de cette manifestation, des participants ont provoqué de violentes émeutes ce jour-là en s’en prenant à des métropolitains. Ces débordements ont été assimilés par certains à une “chasse aux blancs”.

 

Mayotte est l’un des départements qui coûtent le plus cher à la France.

Faux

L’article de Bondy blog rappelle une fois de plus que l’effort budgétaire de l’État par habitant est de 3964 euros par habitant à Mayotte contre 5331 euros par habitant à l’île de la Réunion par exemple. De plus, la dotation globale de fonctionnement (DGF) ne représente que 136 euros par habitant pour Mayotte contre 446 euros par habitant pour La Réunion ou 410 euros par habitant pour la Martinique.

 

Les Mahorais sont des assistés et des profiteurs.

Faux

Le taux de chômage à Mayotte s’élève à 23,6 % (même si beaucoup estime qu’il est ici sous-évalué) contre 10 % en France métropolitaine (Insee) et 28,6 % à la Réunion. Quant à l’indemnisation chômage, voici ce qu’indique l’Unedic sur son site consacré à Mayotte comme le réitère l’article de la journaliste Nassira El Moaddem : “La convention du 24 mars 2016 entre en vigueur à compter du 1er mai 2016 pour une durée de 3 ans. Elle poursuit l’adaptation des règles d’indemnisation spécifiques à Mayotte afin de les rapprocher du régime général applicable dans les autres départements”. C’est donc un accord spécifique qui régit l’indemnisation chômage à Mayotte, et non l’accord interprofessionnel du 22 mars 2014 introduisant une nouvelle convention Unedic en France. Autre exemple flagrant de la différence de traitement dont souffre l’île aux parfums, l’AFD a attribué récemment des crédits aux outre-mer. Mayotte n’est pas la mieux lotie. La Réunion a perçu le plus de financements (392 millions d’euros, soit 25 % de l’activité), devant la Martinique (350 millions d’euros), la Guadeloupe/Saint-Martin/Saint- Barthélemy (283 millions d’euros) et la Polynésie française (189 millions d’euros). Arrivent ensuite la Nouvelle-Calédonie (151 millions d’euros), la Guyane (94 millions d’euros), Les Terres australes et antarctiques françaises (50 millions d’euros). Et Mayotte ? Elle n’a perçu que 37 millions d’euros. C’est certes plus que Walliset- Futuna (22 millions d’euros) et Saint-Pierreet- Miquelon (0,1 million d’euros).

 

Par Marine Henquenet et Gauthier Dupraz

Ce que j’en pense Mayotte attend des actes forts de l’Etat et de ses élus !

 

Ces derniers jours, Mayotte a été entendue sur les ondes, sur internet, dans les journaux nationaux. La ministre s’est fendue d’interventions télévisées, de communiqués. Tous les médias y sont allés de leurs articles, de leurs analyses, de leurs comptes-rendus sur la situation dramatique de Mayotte. C’était sûrement nécessaire. Globalement c’était plutôt bien, nos préoccupations ont été entendues, relayées.

Et maintenant ? Concrètement ?…

Les citoyens se sont très fortement mobilisés ce mardi 19 avril, avec plus de 6.000 personnes dans les rues de Mamoudzou. Ils attendent, ils demandent, ils exigent de l’Etat et de leurs élus, qu’ils trouvent, ensemble, des solutions pour améliorer la situation de Mayotte, que l’île retrouve sa sécurité, son attractivité, sa joie de vivre.

Une rencontre de nos élus est prévue avec le Premier ministre le 26 avril. Qu’en est-il attendu ? S’agira-t-il juste de demander de l’argent pour les communes exsangues et des forces de l’ordre supplémentaires, certes bien nécessaires ? De l’argent pour les communes et le conseil départemental qui ont embauché des centaines, des milliers d’agents depuis des années, jusqu’à en être saturés ? Sans suivi de carrière (?), sans être capables de les former sérieusement malgré les possibilités, malgré le CNFPT où beaucoup de formations se terminaient quasiment sans agent.

Pour établir des relations saines, respectueuses, il faut tenir un langage de vérité. Il y a eu tant de recrutements familiaux, politiques, sans fiche de poste, sans compétence, sans concours, qui asphyxient depuis des années déjà le conseil départemental et les mairies, incapables de mener à bien des projets sérieux, ambitieux ?… Incapables de répondre aux enjeux et aux attentes des citoyens exaspérés.

Alors plutôt que d’augmenter les impôts locaux pour payer cette masse salariale, il conviendrait déjà de faire preuve de courage et de mettre ces équipes au travail, quitte à avertir, voire virer ceux qui ne bossent pas ou ne sont même pas à leur poste de travail, quitte à favoriser leur départ à la retraite, à les aider dans leur reconversion, et à y mettre des gens compétents. Il y a de plus en plus de jeunes compétents, expérimentés qui ne demandent qu’à se mettre au service du territoire, certains sont déjà dans les services, dans un placard, du fait de leur «couleur politique», d’autres trépignent sur les réseaux sociaux. Trouvez-leur une place, une mission, vite. Mayotte en a besoin.

S’agira-t-il pour l’Etat de dire que les choses s’arrangent lentement, que le chantier est considérable et que des efforts sont déjà consentis ? Devrions-nous nous satisfaire d’une école qui fabrique des analphabètes entassés dans des établissements, sans assez d’enseignants titulaires; d’une île qui croule sous l’immigration clandestine et où l’Etat n’est pas capable d’assurer la sécurité de ses citoyens ? Devrons-nous accepter de vivre sous le couvre-feu, barricadés dans des maisons-prisons, avec la peur de sortir dès la nuit tombée et de laisser des bandes de délinquants faire régner leur loi ?

Devrons-nous accepter de nous contenter d’un PIB par habitant de 7.900 €, quand il est de 31.500 € en Métropole, sous prétexte que nos voisins sont plus pauvres encore ?

Je pense que pour (re)lancer Mayotte, il convient que les uns et les autres arrêtent de se mentir, de nous mentir. Mayotte va mal, très mal ! Et je pense que l’Etat et nos élus doivent travailler ensemble, comme cela est dit et répété depuis des années, sans préjugés, avec sérénité, intelligence et respect mutuel.

Concernant l’immigration clandestine, problème crucial, les élus mahorais, bien au fait de la situation sur le terrain, devraient imposer à l’Etat et au Quai d’Orsay de reprendre les discussions avec l’Etat comorien. Il faut régler le problème en amont, plutôt que courir derrière sans fin en aval, épuisant les forces de l’ordre et générant un impact dramatique sur la nature, mais aussi engorgeant les écoles, les dispensaires et absorbant quasiment tous les efforts de l’Etat consentis au profit de la départementalisation tant attendue.

Mayotte souffre, les tortues sont braconnées par centaines, le lagon est pillé pour nourrir chaque jour ces milliers de clandestins. Les forêts sont coupées, brûlées, pour cuisiner ou planter, les champs des agriculteurs sont pillés avant la récolte.

Il conviendrait à mon avis de demander à l’Etat comorien de s’engager à détruire l’usine de kwassas d’Anjouan, à faire immatriculer tous les bateaux «de pêche», pour connaître les propriétaires, à interdire les départs de kwassas de Domoni, au lieu de les regarder partir en rigolant… C’est honteux de la part de ces dirigeants de laisser leurs citoyens risquer ainsi leurs vies, à cause de leur incurie, trop contents de ne pas avoir à leur assurer l’éducation, la santé, un travail et toutes les infrastructures nécessaires à un pays qui se développerait. Les Comores récupéreraient tous les délinquants comoriens condamnés à Mayotte pour qu’ils purgent leurs peines chez eux.

En échange, la France pourrait proposer une aide mensuelle, durant un an par exemple, à tous les clandestins qui accepteraient de repartir aux Comores, avec leurs enfants et un projet. Au vu de ce que cela coûte à la France ici, le compte serait vite fait. Ceux-ci pourraient ensuite obtenir facilement un visa pour revenir à Mayotte quand bon leur semble. Une coopération dans l’éducation et la santé serait mise en place.

Mayotte s’engagerait à accueillir un certain nombre d’étudiants à son université, ou en Métropole. Mayotte pourrait accueillir des étudiants infirmiers, des agents chargés de différents services publics, en formation. Les échanges économiques seraient facilités, les entreprises mahoraises, françaises qui s’installeraient sur place seraient encouragées.

EDM et la Sogea devraient contrôler leurs réseaux et couper toutes les dérivations sauvages, ils connaissent les débits et savent très bien où ça se passe. La justice devrait condamner plus sérieusement tous ceux qui logent, emploient, vendent de l’eau ou de l’électricité à ces clandestins. La loi le permet et la situation semble l’exiger.

Concernant la jeunesse désœuvrée : sans réaction, sans occupation, elle grandira, s’organisera, deviendra chaque jour plus violente et empêchera toute évolution saine de Mayotte. Il convient que chacun prenne ses responsabilités, comme tout le monde se plait à le dire… Les plus durs seront orientés vers des centres éducatifs fermés, des centres de «redressement», vers la prison-hôtel si nécessaire. Mais beaucoup, nés à Mayotte ou arrivés très jeunes, risquent de rester ici et il suffirait de s’en occuper pour leur éviter de basculer dans la délinquance, et leur offrir un espoir.

Le conseil départemental doit lancer, dans les 15 jours, l’appel d’offres annuel pour la formation professionnelle, dans les tiroirs depuis… deux ans. Il faut proposer à cette jeunesse un espoir, apprendre un métier et un début de rémunération. C’est de sa responsabilité et il perçoit 4,8 M€ de l’Etat chaque année pour cela…

Les maires doivent en urgence ouvrir leurs MJC. C’est de leur responsabilité ! Les citoyens pourraient très certainement proposer leurs services, même une heure par semaine, pour s’occuper de toute cette jeunesse. Elle pourrait là (re)découvrir les chants et danses traditionnels, le tressage ou la broderie, mais aussi le théâtre, la lecture, l’informatique, des cours de soutien scolaire… Ce serait déjà un bon début.

Les maires pourraient en profiter pour finir de nommer les rues, places et autres ruelles, c’est aussi de leur responsabilité et cela facilitera l’adressage des impôts et l’accès aux secours…

Le placement de Mayotte en ZEP (zone d’éducation prioritaire) a apporté plus de moyens et, vu les critères, Mayotte y avait vraiment droit. Une ZSP (zone de sécurité prioritaire) pourrait permettre de mieux sécuriser l’île et rassurer la population. La politique de la ville commence à trouver sa place, mais là aussi le rôle des communes est primordial. La rénovation de quartiers avec M’gombani, puis maintenant Kawéni et la Vigie, constitue une avancée, mais il y a tant d’autres quartiers à rénover ou reprendre. Il faut d’ores et déjà établir le planning à venir.

Pour faire face aux embouteillages qui font perdre tant de temps, tous les jours, et renchérissent le coût de la vie sur l’île, le conseil régional – c’est de sa responsabilité – et les mairies, doivent travailler de concert. Il serait temps de faire taire les divergences politiciennes, puériles, minables au regard des enjeux et des attentes de la population. Il faut lancer le projet de la rocade par les hauteurs de Mamoudzou, déjà engagé, et continuer la rocade de M’tsapéré jusqu’à Dembéni, comme prévu initialement.

Il faut aussi mettre en place un réseau de transports en commun – avec des bus électriques ! – avec un gare routière à Koungou et l’autre à Doujani ou Tsoundzou, avec de grands parkings surveillés et des bus qui sillonnent Mamoudzou, mais aussi le reste de l’île, même le week-end, pour tous les sportifs notamment. Cela a un coût, il faudra des tarifs pour les jeunes, des cartes d’abonnement, mais il faut l’engager sans tarder.

Pour dynamiser la vie culturelle et économique, il faut en urgence que l’Etat et la mairie de Mamoudzou débloquent une parcelle sur le terre-plein de M’tsapéré pour y faire construire un grand Parc des expos avec son parking, une salle polyvalente où il pourra autant y avoir des concerts, des spectacles de danse, de théâtre, de hip-hop, même en saison des pluies, que des foires internationales, des salons commerciaux, des séminaires… Un privé pourrait être sollicité si besoin. Mettez le terrain à disposition et établissez un cahier des charges !

Enfin, parmi les quelques idées et réflexions qui me sont régulièrement transmises, il en est une qui me parait essentielle, urgente, forte. Il s’agit, pour l’Etat, de placer Mayotte en zone franche globale, sur la base de critères (taux de chômage, pauvreté, habitat insalubre, niveau scolaire, taux de jeunes…), qu’elle serait malheureusement la seule à remplir à ce niveau.

Cela constituerait un signal fort de la part de l’Etat, pour Mayotte qui retrouverait une partie de son attractivité. Avec les jeunes en formation rémunérée et les MJC activées, la délinquance serait logiquement contenue et cela favoriserait la venue de médecins notamment, mais aussi d’investisseurs. Cela permettrait à l’économie naissante de décoller et de créer des emplois, pour embaucher ces jeunes bientôt formés, et dégager des recettes pour pouvoir payer les agents publics locaux qui seraient enfin activés et rendus efficaces par des cadres motivés et rompus au management d’équipes.

Je pense qu’il ne faut pas se mentir. Il y a du travail, beaucoup, avec plein de priorités à mener en parallèle. Il faut une volonté politique et des compétences. Les moyens sont en partie déjà là, notamment avec les fonds européens à activer. Il faut avoir l’intelligence de reconnaître ses faiblesses, ses lacunes, et oser demander de l’aide, un appui, des formations pour pouvoir avancer. Se taire, ne pas agir, par un orgueil inutile, par manque de courage, ne servira qu’à rendre la situation plus dramatique demain. Mayotte est un jeune département, nous devons apprendre. L’Etat a aussi besoin d’avoir en face de lui des élus forts, solides, avec des équipes réactives, compétentes, pour monter des projets ambitieux qui nous manquent tant.

C’est à mon avis à ces conditions, avec ces quelques idées et sûrement bien d’autres à mettre en oeuvre, que Mayotte pourra recommencer à aller de l’avant et que l’on pourra réussir la départementalisation, pour nous et nos enfants. Mayotte attend des actes forts de l’Etat et de ses élus !

Laurent Canavate

Du nouveau pour la déclaration de revenus

Quelles sont les nouveautés en 2016 ? Cette année est d’abord marquée par la première étape de la généralisation de la déclaration en ligne. Les usagers dont le revenu fiscal de référence de 2014 excède 40 000 € doivent à présent obligatoirement effectuer leur déclaration en ligne. Les usagers qui déclarent leurs revenus en ligne bénéficient immédiatement d’un avis : l’avis de situation déclarative à l’impôt sur le revenu (ASDIR). Pour les usagers non imposables, l’ASDIR remplace l’avis de non-imposition, qui n’existe plus à compter de cette année. Une messagerie sécurisée est accessible dans l’espace particulier. Elle permet de poser des questions, de faire une réclamation ou de consulter l’historique des échanges avec l’administration fiscale.

Enfin, la prime pour l’emploi est supprimée. Elle est remplacée par la prime d’activité, versée à compter de 2016 par les caisses d’allocations familiales. La déclaration doit être déposée en ligne jusqu’au 7 juin 2016 et papier jusqu’au 18 mai 2016, auprès du centre des finances publiques. Le Centre des finances publiques de Mamoudzou est ouvert du lundi au jeudi de 7h30 à 12h30 ; le vendredi de 7h30 à 11h30. À compter du 2 mai les horaires d’ouverture seront élargis l’après-midi : du lundi au jeudi de 14h à 15h30. Une permanence téléphonique sera assurée aux mêmes horaires au 06 39 27 30 09. Il est possible d’effectuer sa déclaration sur le site de la direction générale des finances publiques : www.impots.gouv.fr (24h/24h). Renseignements auprès du Centre impôts services au 0 810 467 687 du lundi au vendredi de 9h à 23h et le samedi de 10h à 20h (heures de Mayotte). Sinon écrivez au service des impôts des particuliers à sip.mamoudzou@dgfip.finances.gouv.fr.

Meurtre de Christophe : tous les suspects interpellés

Deux suspects restant étaient toujours activement recherchés jusqu’à ce matin. L’un d’entre eux, le plus jeune (13-14 ans) a été livré au commissariat par son père. Et le suspect le plus important, celui qui aurait porté le coup de couteau fatal au restaurateur, a été immobilisé par la foule à Kaweni aux alentours de midi avant que la police ne vienne le chercher. Les deux auteurs ou complices présumés de l’assassinat du trentenaire ont été mis en garde à vue. Le premier suspect interpellé samedi dernier est actuellement en prison, en détention provisoire.

Mobilisation historique pour la marche

Combien étaient-ils ? 4000 ? 5000 ? 6000 ? Ou plus ? Impossible à dire tant les habitants de Mayotte s’étaient mobilisés pour la marche organisée dans le cadre de l’opération “Île morte”, faisant suite à l’agression mortelle d’un père de famille vendredi dernier. Un décès intervenu, qui plus est, à la fin d’une semaine de violences urbaines. Hier donc, alors que la tête du cortège atteignait son but, la préfecture, sa queue était encore présente sur la place de la République, lieu du rendez-vous et du départ. De mémoire de Mahorais, “On n’avait pas vu ça depuis 2011”, comme l’expliquait un des participants. Un succès pour l’initiateur encore anonyme du mouvement, mais surtout le signe d’un ras-le-bol généralisé, et commun à tous : l’insécurité dans laquelle Mayotte s’enfonce.

Un mouvement citoyen
Dans le cortège, de nombreux élus étaient présents. Maires, notamment Mohamed Majani, de Mamoudzou, ou Anchya Bamana de Sada ; parlementaires, mais aussi élus du Département. Le président Soibahadine Ramadini s’est ainsi exprimé en déclarant être conscient du travail que doivent mener, ensemble, les responsables politiques, en particulier sur la prise en charge des mineurs abandonnés. Les cadis étaient également présents.

Mais, au-delà de ces interventions, le mouvement était bel et bien un mouvement citoyen. Preuve en est les temps forts qui ont rythmé la manifestation. Des enfants ont ainsi répété en chœur “Plus jamais ça” durant plusieurs minutes, avant qu’une Marseillaise ne soit chantée par la foule. Un doua – prière musulmane – achevait cette visite devant la préfecture. Le lieu n’avait pas été choisi par hasard puisqu’il s’agissait d’alerter l’État sur l’inquiétude de plus en plus présente des citoyens, et sur l’insécurité de plus en plus incontrôlable qui s’empare de Mayotte.

Préoccupation majeure : la sécurité

L’agression mortelle de Christophe, père de famille de 38 ans, vendredi dernier fait suite à une semaine de violences entre bandes rivales. De quoi pousser la population à bout, et l’emmener à crier communément sa lassitude face à une situation qui s’enlise. Dans le cortège, toutes les discussions tournaient ainsi autour de cette problématique et des solutions possibles. “À l’époque, tout le village était responsable de l’éducation des enfants, expliquait un Mahorais, venu avec son fils. Il faut en revenir à cela pour cadrer ces jeunes.” Plus loin, un groupe se demandait quand l’État “Se déciderait à enfin envoyer des effectifs de police à la hauteur de la situation” (voir encadré). D’autres encore se questionnaient sur l’arrivée ou non d’un centre de réinsertion pour mineur. En somme, c’est bien d’un cri d’alarme dont il s’agissait.

Reste maintenant à savoir si celui-ci sera entendu par le préfet et l’État, et si ce drame permettra, au moins, de réveiller la conscience des décideurs.

Geoffroy Vauthier

Opération “île morte” aujourd’hui

“ Plus jamais ça”. Un appel à une “île morte” (fermeture totale des entreprises) a été lancé pour aujourd’hui, afin de dénoncer l’insécurité croissante : “Salariés du public, du privé, retraités, chômeurs, femmes, hommes et enfants. Cessons de nous cacher derrière nos écrans et les réseaux sociaux pour crier notre désarroi face à l’insécurité : violence, cambriolage, rackets, meurtre… que nous subissons au quotidien !”.

Dans ce cadre, les habitants sont invités à se rendre à 9h place de la République afin d’effectuer une marche jusqu’à la préfecture, où les participants ont prévu de chanter la Marseillaise. La Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM) se montre solidaire. “En soutien aux collègues qui ont subi ces derniers jours des agressions physiques, morales ou des pertes matérielles importantes et en soutien aux familles des nombreuses victimes de crimes commis ces derniers mois, les accueils téléphoniques et physiques seront fermés toute la journée du mardi 19 avril 2016”, indique la CSSM.

La mairie de Mamoudzou sera aussi fermée au public toute la journée. Même son de cloche chez les clubs de judo, qui, en soutien au club de judo de Kawéni (le restaurateur qui a été poignardé vendredi allait récupérer son enfant à la sortie d’un cours de judo), appellent à venir nombreux pour participer à l’appel “Mayotte morte” aujourd’hui “pour scander “plus jamais ça” et que la mort de Christophe ne soit pas vaine.” De son côté, le Medef Mayotte, même s’il laisse liberté de conscience à ses adhérents de participer à la marche citoyenne, n’appelle pas à fermer les entreprises la journée entière.

L’organisation patronale explique dans un communiqué qu’elle se bat depuis 15 jours pour la reprise du fonctionnement de nos entreprises entravé par une “grève” si on peut l’appeler ainsi et qu’elle ne peut donc pas fermer ses entreprises

La fin du mouvement est actée

Vendredi, après une journée de pourparlers, un document a été signé entre la délégation syndicale mahoraise et le gouvernement. Il prévoit un échéancier et plusieurs mesures pour permettre un alignement avec le droit commun. Les conventions collectives et accords de branches conclus en métropole seront immédiatement applicables à Mayotte. Le Code du travail national s’appliquera dans son ensemble au 1er janvier 2018. Les salaires de la fonction publique seront indexés à 40 % à partir du 1er janvier 2017.

Des discussions vont être engagées avec le ministère de la Fonction publique sur la question de la fiscalisation des indemnités d’éloignement. Concernant les droits sociaux, la prime d’activité sera mise en œuvre fin 2016, les retraites seront également revalorisées. Le gouvernement s’engage à analyser l’impact de la mise en œuvre de la couverture maladie universelle avant la fin de l’année 2016. “Nous avons trouvé un accord. Il a été conclu sur plusieurs points clefs” se réjouissait-on au ministère de l’outremer, à la sortie des négociations. “Nous avons travaillé toute la journée sur différents thèmes. Nous sommes très loin de ce que nous demandions”, tempérait Thierry Wuilliez, membre de la délégation envoyée à Paris. “Il y a des avancées sur les droits sociaux, des avancées sur le Code du travail, notamment en ce qui concerne les reconstitutions de carrière, un point important. Il y a un échéancier intéressant.

Nous avons des résultats plus modestes sur l’attractivité. Il s’agit surtout d’un protocole de sortie de crise, les problèmes de fonds ne sont pas réglés. On a signé un document, non pas un accord, mais un relevé de conclusions, un protocole de sortie de crise”.

Malgré ces résultats un peu en dessous des attentes, les grévistes réunis samedi après-midi ont voté la suspension du mouvement de grève.

Amandine Debaere

Grève générale – Quand les barrages et l’insécurité prennent le CHM en otage

« Suroccupation des lits de maternité, car impossibilité de transférer vers les centres de référence comme fait habituellement pour libérer de la place sur le site de Mamoudzou – 11 parturientes (femmes en phase d’accouchement, N.D.L.R) sur les brancards. Les minibus ne passent pas. Tentative échouée ce jour de rejoindre au moins le Nord » ;

« Risques de rupture de médicaments à compter de demain à Mramadoudou (le 13 avril) si des livraisons ne peuvent être effectuées » ;

« L’aide de l’hélicoptère a dû être demandée à plusieurs reprises pour des risques vitaux » ;

« À Dzaoudzi, l’équipe de nuit non relayée est toujours présente sur le site à cette heure » ;

« Les ambulances et véhicules du CHM sont arrêtés et fouillés » ;

« (…) même les barrages tenus par les syndicats ne laissent plus passer les agents et les véhicules hors ambulances qui sont fouillés systématiquement. Ils laisseraient passer uniquement les libéraux » ;

Il date du 12 avril, mais en dit long sur les conséquences que les blocages routiers font peser sur le centre hospitalier. Le compte rendu de la « réunion de crise » au CHM que nous nous sommes procurés est éloquent quant aux complications que les différents barrages font peser sur l’hôpital. L’institution médicale et son personnel, qui assurent pourtant au quotidien et avec les moyens qui lui sont accordés, la sécurité médicale de milliers d’habitants, est victime des barrages routiers sauvages, mais aussi de ceux mis en place par certains syndicalistes, ne serait-ce qu’en termes de manque de personnel puisqu’on y apprend que ce 11 avril, « Ce sont 164 agents qui n’ont pas pu prendre leur poste du fait des barrages » et que le jour de la réunion, « La tendance est identique à ce jour. »

Contactée, l’intersyndicale se désolidarise de ces cas. Dans un message envoyé « Aux copains sur les barrages », un des leaders du mouvement leur demande clairement de « laisser passer personnels médicaux et paramédicaux, ainsi que les véhicules de secours. »

« Épuisement des équipes et de l’encadrement »

Andréa* est infirmier. Il a ainsi dû enchainer 24h de travail – au lieu de 12 – pour pallier aux absences du jeudi 14 avril. Il n’est évidemment pas le seul dans ce cas-là. De quoi épuiser un personnel déjà largement sollicité au quotidien. Le document mentionne d’ailleurs « L’épuisement des équipes et de l’encadrement. »

Caroline*, infirmière vivant à Mamoudzou, a été emmenée à assurer deux gardes de nuits imprévues pour prévenir la poursuite des barrages, et donc la probable impossibilité pour sa collègue initialement prévue, de se rendre au CHM. De nombreux autres témoignages en ce sens nous sont parvenus. Dans ces conditions, les services tentent de s’entraider, ceux étant en effectif suffisant envoyant du personnel là où il en manque.

On apprend aussi que le Centre médico psychiatrique – victime d’une tentative de cambriolage au demeurant – a dû parfois annuler ses tournées dans l’île pour des visites à domicile : « Le chef de service regrettant que le dispositif mis en place sur la durée soit remis en cause en quelques jours. »

Les conséquences de l’insécurité

En parallèle des mouvements de blocages liés à la grève générale, l’insécurité qui a transpiré cette semaine, émeutes ou rackets sur les barrages, a également eu un fort impact sur le CHM. Dans le compte rendu que nous publions, nous pouvons ainsi lire dans la partie « Ce qui ressort de plus en plus fortement au fil des jours », « la demande forte de l’ensemble des professionnels médicaux et soignants de se faire accompagner et protéger par les forces de l’ordre » ou encore « la peur de faire le trajet compte tenu des agressions verbales et différentes menaces qu’ont à subir les agents qui ne peuvent souvent pas passer les barrages, même lorsqu’ils sont détenteurs d’une réquisition de l’hôpital. »

Jointe la semaine dernière, la direction du CHM se voulait rassurante, nous affirmant que la grève avait été anticipée, et que tout était mis en place pour assurer un service normal des soins, sur la base notamment de réquisition de personnel, quand celui-ci ne se porte pas tout simplement volontaire pour combler les absences. Nous avons tenté de la recontacter afin de connaître plus précisément la situation aujourd’hui, et les difficultés que pouvait subir le centre hospitalier dans ces conditions. En vain pour le moment, mais nous mettrons bien évidemment à jour cet article dès qu’une réaction et des précisions nous parviendront.

*Les prénoms ont été changés.

Geoffroy Vauthier

“Non à l’abattage des arbres”

La fédération Mayotte Nature Environnement déplore, comme en 2011, que le mouvement social se traduise par des abattages d’arbres le long des routes. Aucune cause, aussi juste soit-elle, ne mérite de détruire la nature. Les arbres, la forêt, préservent les ressources en eau, protègent les sols contre l’érosion, fournissent des ressources en bois pour le feu et pour la construction, produisent des ressources alimentaires. Beaucoup de cocotiers et de manguiers ont été abattus. Nous tenons à rappeler que la nourriture ne se trouve pas seulement sur les rayons des supermarchés, elle est également dans les plantations et sur les arbres fruitiers. Il faut respecter la nature et le travail de nos aïeux agriculteurs !

Le couvert forestier de Mayotte connaît déjà un recul catastrophique (150 hectares détruits chaque année). Les abattages de ces deniers jours accréditent l’idée dans le public que la nature n’a aucune valeur. Quel message négatif transmis aux enfants de Mayotte et aux générations futures ! La nature est notre seule richesse, ne la détruisons pas !

Signalez-nous ces abattages en informant le réseau d’alerte “Vigilance nature” : 0639 02 37 36 et vigilancenature@outlook.com.

Sécurité – 800 militaires débarquent

Les Fazsoi organisent, comme chaque année, un exercice militaire majeur visant à entraîner les militaires français et leurs alliés dans la zone océan Indien. Les Fazsoi, comme l’ensemble des forces françaises de métropole ou basées en outre-mer, s’entraînent régulièrement sur le thème de l’évacuation de ressortissants (Resevac). En 10 ans, c’est le sixième exercice de ce type.

Cet entraînement, portant le nom de “Comba 2016” et programmé depuis 2015, s’inscrit dans la préparation opérationnelle des Fazsoi et de leurs alliés dans la zone sud de l’océan Indien. Les derniers en date se sont déroulés en 2014 sur l’île de la Réunion et en 2015 à Madagascar. “Ces exercices interarmées et interalliés se déroulant sur l’ensemble du territoire national (métropole et outremer), essentiels dans la formation et l’entraînement de tout militaire, sont des gages de maîtrise et de qualité, car ils visent à perfectionner les savoir-faire militaires à mettre en oeuvre dans le cadre d’opérations extérieures (Opex)”, explique les Faszoi.

La France est amenée régulièrement à conduire des opérations “Resevac” sur les théâtres d’opérations où elle est engagée (ex : Côté d’Ivoire 2003, Liban 2006, Libye 2014, Yémen 2015). L’exercice “Comba 2016” mobilisera, du 17 au 22 avril 2016, environ 800 militaires en provenance de La Réunion, de Mayotte, de Madagascar et des Seychelles. Des moyens aériens, maritimes et terrestres seront déployés sur Mayotte, en majorité sur Grande Terre. Le scénario de l’exercice “Comba 2016” s’inspire de scénarios génériques habituellement utilisés par l’armée française. Il a cependant un caractère complètement fictif.

L’intercommunalité du sud a une nouvelle présidente

Après les déboires de ces dernières semaines, la communauté de communes du sud (Bandrélé, Chirongui, Kani-Kéli et Bouéni) a élu une nouvelle présidente en la personne de Rifcati Omar Foundi. L’élection il y a deux semaines d’Ismaïla Mdérémane Saheva ayant été invalidée, il a fallu organiser un nouveau scrutin. Deux camps s’opposent : Bouéni et Bandrélé face à Chirongui et Kani-Keli.

Les délégués s’étaient tous réunis il y a une semaine pour essayer de trouver un consensus, en vain. Ils étaient restés plus de douze heures à se regarder comme chiens de faïence dans l’ancienne mairie de Bandrélé afin d’éviter que leurs adversaires profitent de leur absence pour organiser un vote. Samedi dernier le quorum + 1 a été atteint même s’il n’était pas nécessaire pour que l’élection se tienne.

En effet, c’est une condition sine qua non uniquement lors du premier scrutin. Si l’élection est validée, reste à savoir si les délégués de Chirongui et Kani-Kéli vont saisir le tribunal administratif pour contester ou pas cette élection. Et d’ici vendredi l’intercommunalité doit voter son budget prévisionnel afin d’envoyer son calcul de l’imposition local à la préfecture. Cette dernière doit à partir de ces taux fixer une dotation à donner à la collectivité pour l’année 2016.

GD

Ce que j’en pense… Je suis triste pour Mayotte

Je suis triste pour tous ceux qui doivent travailler pour nourrir leur famille et verront leurs revenus amputés par ces mouvements sociaux, pour tous ceux qui passent des heures dans leurs véhicules, à l’arrêt, alors qu’ils n’ont rien demandé, sinon à pouvoir gagner leur vie honnêtement par leur travail, alors qu’il y a déjà tant de chômage sur cette île.

Je suis triste pour tous ces enfants, ces étudiants qui ne peuvent pas rejoindre leurs établissements scolaires, qui ne peuvent pas passer leurs examens, qui ne peuvent pas apprendre sereinement, alors qu’ils le demandent.

Je suis triste de voir encore et toujours les 47 MJC de l’île fermées pour la plupart d’entre elles, alors qu’il existe des agents dans les mairies et au Conseil départemental, formés pour cela, payés chaque mois pour cela, à même de les ouvrir et de les animer, mais qui préfèrent le confort douillet de leurs bureaux climatisés. Il suffirait que les maires le décident…

Je suis déçu de penser que des citoyens essayent de s’impliquer, de se mobiliser pour faire avancer l’île, et qu’ils seraient peut-être prêts à consacrer une heure ou deux par semaine, bénévolement, pour s’occuper de ces enfants. Ces citoyens de tous bords, de tous âges, pourraient proposer des cours de soutiens scolaires, dans toutes les matières, des activités culturelles, des jeux, des cours de danses ou de broderies traditionnelles, des cours de shimaoré, de malgache ou de français, de tressage, des cours de cuisine ou de musique… Ils pourraient encadrer des groupes de hip-hop, mettre en place des troupes de théâtre, écrire, jouer, répéter et proposer leurs spectacles les soirs de week-end.

Tout cela favoriserait le lien social, la transmission de savoirs entre les générations, valoriserait les cultures de Mayotte, permettrait à beaucoup d’agir concrètement, de s’investir pour cette jeunesse qui ne demande qu’à ce qu’on s’occupe d’elle. Il pourrait même y avoir des initiations à l’informatique, si tant est que l’investissement dans du matériel informatique serait « protégé » par ces enfants de chaque quartier qui en seraient bénéficiaires. En plus, je pense que cela participerait à réduire fortement la délinquance et la violence.

Je suis tellement déçu de me rappeler que nous avons failli accueillir un chantier naval, pour fabriquer nos barges, parti à Maurice; une usine de mise en boite du thon, pêché dans nos eaux, installé aux Seychelles; un centre de recherches du groupe LVMH; une production d’huitres perlières, dorées, énormes, magnifiques; un centre de l’Ifremer, à Dembéni; un hôtel Hilton; une production d’algues, de poissons pour l’aquariophilie; un village tobé, à Bouéni; des éco-lodges à Ngouja, à M’tsanga beach; l’hôtel des Italiens, dans le nord; une saison de Koh Lanta, sur l’îlôt Bouzi ou M’tsamboro… Nous avons déjà raté, perdu tant de beaux projets, par ignorance, par incompétence, par manque de vision de nos « décideurs »…

Comment garder espoir alors que le chômage explose, que des jeunes diplômés reviennent motivés, mais que le développement économique, le développement des entreprises est à peine évoqué, si peu soutenu et encouragé. Je suis atterré de voir qu’il a fallu presque 8 ans pour lancer les travaux de rénovation du stade de Cavani; de voir que le « parc des expositions », programmé sur le terre-plein de M’tsapéré, financé, très beau sur plan, avec un parc arboré et des jeux pour les enfants autour, est un jour « parti » vers Combani pour des raisons politiciennes, puis a été oublié, abandonné… Il permettrait d’organiser des salons, des foires, des séminaires, des conférences, des concerts en toutes saisons, il permettrait de dynamiser la vie économique, culturelle, sociale.

Je suis déçu quand j’apprends le salaire de certains « fonctionnaires » et l’absence de projets, de rapports, d’études, de réalisations qui sortent de leurs services. Ils devraient avoir honte. Mayotte devrait avoir honte de leur inaction, de la situation dans laquelle ils plongent cette île par leur manque d’honnêteté, de travail. Les élus doivent les sanctionner fermement, courageusement, libérer des places pour des agents motivés.

Je suis triste de marcher au milieu des détritus après chaque pluie dans les rues de Mamoudzou, de voir tant de plages jonchées de déchets en tous genres, de voir des piles de carapaces de tortues braconnées, et des pans de forêts partir en fumée, dans l’indifférence assourdissante de quasiment tous nos dirigeants, pourtant si prompts à venir nous solliciter, à hurler dans les micros lors des campagnes électorales.

Je suis inquiet quand je vois ces centaines de citoyens qui constatent cette situation dramatique dans laquelle se trouve Mayotte, qui veulent s’investir, s’engager, à travers des associations, des pétitions, des unions de jeunes actifs, des actions concrètes; quand je discute avec ces citoyens qui dénoncent l’inaction, mais qui n’ont aucun retour, qui semblent parler dans le vide et s’y épuisent, déçus, énervés ! Je suis inquiet quand je vois que certains essayent de remettre en cause le statut de département, alors qu’il ne s’agit que d’outils, de portes à ouvrir, de budgets à solliciter, de projets à monter.

Je suis très inquiet quand je vois l’absence de réaction forte, efficace, concrète de nos élus et en parallèle celle de Paris, face à nos problèmes si nombreux. Que faire ? Qui solliciter ? Qui va nous défendre et défendre Mayotte ? Les élus doivent entendre ces voix !

Je suis très inquiet quand je vois l’absence de réaction face à l’ampleur de l’immigration clandestine qui submerge Mayotte. Je ne sais que penser quand j’imagine que nos relations avec nos voisins des Comores ne pourront se pacifier que lorsque le Quai d’Orsay se décidera d’agir, que lorsque les dirigeants comoriens accepteront de reconnaître le choix des Mahorais. Et ces deux éléments ne semblent pas vouloir bouger, alors que l’on aurait tous, je pense, tellement à y gagner. On pourrait aider à la gestion des déchets, à la mise en place des réseaux d’adduction d’eau potable, électriques, des eaux usées.

On dispose aujourd’hui ici de compétences pour la mise en place du cadastre, de l’état-civil, de polices municipales, de casernes de pompiers… On pourrait assurer sur place ou accueillir ici des formations d’enseignants, d’infirmiers, d’agents de mairies, d’agriculteurs…

Je suis de plus en plus inquiet pour Mayotte, triste de voir que certaines actions simples pourraient être mises en place… et ne le sont pas.

Je suis triste de voir ces centaines, ces milliers de Mahorais, de M’zungus qui, malgré leur amour pour cette île, malgré leurs compétences, leurs engagements, leurs bonnes volontés, quittent Mayotte.

Laurent Canavate

Recherche actions préventives pour la sécurité routière

Le nombre de tués sur la route a certes diminué en 2015, mais sept personnes ont perdu la vie au cours de l’année dernière et trois depuis le début de l’année 2016. C’est pourquoi les efforts des acteurs de la sécurité routière doivent être non seulement maintenus mais renforcés. Dans le cadre de l’élaboration du Plan départemental d’actions sécurité routière (PDASR ), le Préfet de Mayotte lance un appel à projets pour la mise en œuvre d’actions préventives de lutte contre l’insécurité routière.

Peuvent proposer des actions dans le cadre de cet appel à projets : les services de l’État, les collectivités territoriales, la caisse de sécurité sociale, les entreprises publiques et privées, les associations et les intervenants départementaux de sécurité routière (IDSR). Les propositions doivent être en adéquation avec les enjeux locaux, répondant aux problématiques suivantes : l’absence du port de la ceinture de sécurité, la vitesse excessive, la conduite sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants, la sécurité des piétons et des cyclistes et la circulation des deux-roues motorisés. Les actions doivent s’adresser à un large public.

Le règlement de l’appel à projets et les fiches descriptives sont à télécharger sur le site internet de la Préfecture de Mayotte : http:/www.mayotte.pref.gouv.fr/Publications/Appels-a-projets/2016/Appel-a-projets-Securite-routiere-2016/Appel-a-projets-2016-Securite-Routiere

Les dossiers composés de la fiche descriptive dûment remplie et d’un descriptif détaillé du projet, sont à déposer à la DEAL (Unité Éducation Sécurité Routière) au plus tard le 20 avril 2016 : DEAL Mayotte, SIST , Unité éducation routière, RN1 ZI Kawéni, 97600 Mamoudzou.

Contact : Ibrahim Salim, chef de l’unité éducation sécurité routière : 06 39 69 11 20 ou 02 69 61 99 39.

Nouvelle journée noire sur les routes

Après les troubles du nord à Dzoumogné lundi et mardi derniers, ce sont les habitants du sud de l’île qui ont été paralysés par plusieurs barrages dressés à Tsararano, Bandrélé ou encore Chirongui. Bambous, branches, poubelles, palettes et même un manguier à Musical Plag, tout était bon à prendre pour bloquer les axes. Les barrages ont démarré tôt le matin avant l’aube pour certains et se sont poursuivis jusqu’en fin d’après-midi comme Bandrélé ou Chirongui.

À 17h30, les syndicats estimaient que tous les barrages étaient levés. Si la circulation était bien rétablie dans toute l’île, des grévistes occupaient toujours selon la gendarmerie, le bord de la route à Chirongui ne laissant circuler les véhicules que sur une seule voie. À Bambo-Est, des débris également ne permettaient pas la circulation sur les deux voies.

Parmi les incidents enregistrés par les forces de l’ordre, seuls quelques jets de pierres à Bandrélé sont à noter. Ils visaient des passants mais n’ont fait aucune victime toujours d’après la gendarmerie. Des troubles étaient également à signaler au niveau de la barge durant toute la matinée. Les grévistes ont joué au jeu du chat et de la souris avec la police selon les forces de l’ordre, provoquant ainsi des perturbations dans la rotation des barges.

Autre fait du jour, les accusations du leader syndical FO El Anzize Hamidou envers la préfecture. Celui-ci reprochait au préfet d’avoir signé un arrêté l’interdisant d’effectuer la traversée de Grande-Terre vers Petite-Terre sans une escorte policière. Information aussitôt démentie par la préfecture qui expliquait tout simplement ne pas avoir le droit d’émettre un tel arrêté limitant la mobilité d’un citoyen. “Pourtant, un membre des RG (renseignement généraux), voulait m’obliger à prendre la barge, accompagné de policiers. Il justifiait cela par un soi-disant arrêté préfectoral”, répond le secrétaire général FO.

L’après-midi les syndicalistes se sont retrouvés au conseil départemental comme la veille pour rédiger une lettre commune avec les élus du département afin de l’adresser au gouvernement. Aujourd’hui, une manifestation doit avoir lieu à Mamoudzou mais les syndicalistes se disaient n’être pas en capacité de dire à quelle heure se tiendrait le rassemblement. Mais du côté des forces de l’ordre, on s’attend à ce que le blocage se concentre cette fois-ci sur Mamoudzou.

Environnement. Les écologistes doivent-ils eux aussi bloquer les routes?

Une énième opération de nettoyage de la mangrove va se tenir dans l’île. Cette fois-ci l’événement aura lieu au bord de la route nationale entre le quai de l’amphidrome et l’entrée de Kawéni (avant le rond-point El Farouk). Piloté par les Naturalistes, il vise à mobiliser différents acteurs de la société mahoraise qu’ils soient associatifs, professionnels ou institutionnels. « Nous avons réussi à obtenir de la mairie de Mamoudzou la mise à disposition de leurs agents et un camion pour le ramassage des sacs remplis des déchets collectés dans la mangrove », explique Michel Charpentier, le président des Naturalistes. Son organisme espère faire aussi bien que Mayotte Nature Environnement qui en février dernier avait rassemblé 300 personnes pendant toute une journée sur une douzaine de sites. « On espère voir des élus mettre aussi la main à la pâte », ajoute l’emblématique militant pour la nature à Mayotte.

« Mettre fin au marché clandestin de fripes au bord de la route »

C’est aussi, dans ce cadre-là que l’association environnementale a adressé un courrier à la municipalité lui demandant de prendre plusieurs engagements après cette journée de samedi pour trouver des solutions durables pour la propreté de la ville. Les Naturalistes souhaitent d’abord que la municipalité mette un terme au marché de fripes qui s’est créé au bord de la route après l’amphidrome à la suite de la démolition du marché clandestin il y a un an. « Aujourd’hui, ils vendent du textile mais demain ils pourront très bien vendre d’autres produits avec le risque que certains finissent dans les palétuviers en contrebas de la route », argumente le président de l’organisation. Il souhaite également que la mairie revoie avec le collectif d’associations mahorais (Cam) l’implantation de points de collecte collective des ordures ménagères à Kawéni et qu’elle s’assure ensuite auprès des sociétés chargées de la collecte et du suivi (Star, Enzo, Insidens) de l’efficacité des opérations de ramassage. Autre demande, la mise en place dans la commune d’un comité « ville propre » avec des représentants de la mairie, des entreprises, des institutions et des associations. Ce comité se réunirait périodiquement pour faire le point sur les progrès réalisés et les améliorations à apporter. « Le maire doit également informer la population de l’obligation de mettre tous les déchets dans les bacs sous peine d’infraction et mobiliser les services municipaux concernés pour commencer à dresser des contraventions en cas d’infraction constatée car la sensibilisation à ses limites malheureusement », ajoute Michel Charpentier. Enfin, l’association salue l’initiative de la mairie d’installer des corbeilles urbaines dans tous les quartiers mais l’enjoint à poursuivre cette action en assurant notamment la collecte fréquente par les services municipaux « car si les poubelles se remplissent mais ne sont pas vidées, ça ne sert à rien », résume-t-il.

« Des erreurs d’aménagement comme la rocade ont détruit la mangrove »

Les Naturalistes et leurs partenaires ont fait le choix de la mangrove pour cette opération de nettoyage pour la simple et bonne raison qu’il s’agit d’un écosystème précieux pour Mayotte et qu’il est menacé. « Tout le monde connaît son utilité contre l’érosion et contre les intempéries mais sa présence s’amenuise ici et dans le monde en général », rappelle l’association. Dans le 101ème département, sa destruction est principalement due à l’aménagement urbain et routier. L’association n’hésite pas à donner des exemples concrets: « des erreurs comme la rocade de Mtsapéré ont détruit la mangrove. Il aurait suffi d’élargir la route et le pont qui traversent Mtsapéré au lieu de construire ce terre-plein qui ne sert à rien », estime le président des Naturalistes même si aujourd’hui cette fameuse friche est utilisée pour quelques événements ponctuels comme le marché du ramadan ou la foire agricole. Autre cas que dénonce l’organisme local, la construction du quai en eau profonde au port de Longoni. « Je conçois que le dossier était complexe par rapport aux besoins de l’île mais il faut rappeler qu’en 2006/2007 il y a eu un raté dans le dragage de la zone et des sédiments ont été rejetés dans la mangrove étouffant celle-ci et causant sa perte. Même si les palétuviers sont connus pour piéger la terre, elle ne peut pas tout absorber », rappelle Michel Charpentier.

Mais ce dernier ne nie pas la complexité de l’aménagement du territoire dans une île où la majeure partie des terres sont vallonnées et que la moindre parcelle plate est recherchée pour être exploitée. « À l’allure où évolue cette île, il sera difficile d’éviter de passer par des constructions verticales pour répondre aux besoins démographiques, en tout cas nous veillons à éviter le mitage des habitations, c’est-à-dire la dispersion des logements au profit d’une concentration dans les villages comme c’est globalement le cas actuellement », expliquent les Naturalistes.

Si toute la difficulté de la tâche est de convaincre les élus départementaux et municipaux de donner un peu plus la priorité à l’environnement, l’autre obstacle repose sur la sensibilisation des populations clandestines aux enjeux écologiques. Des questions à mile lieues de leurs préoccupations qui pour certains s’apparentent à de la survie. « Nous sommes conscients de leur situation mais certains sont très au fait de la réglementation en vigueur en témoigne cet individu que j’ai découvert en train de couper un palétuvier. Celui-ci a filé ni une ni deux car il savait que ce qu’il faisait était interdit », se souvient Michel Charpentier.

Mais ces actions de sensibilisation, ces campagnes de nettoyage, ces assises ou autres conférences sont-elles vraiment efficaces? Au vu du contexte local, la réponse serait plutôt non, car nombreuses sont les associations et les Naturalistes sont les premiers à le rappeler, à baisser les bras, car 15 jours après avoir nettoyé telle ou telle plage, il faut tout recommencer. Faut-il donc que ces associations elles aussi, dressent des barrages sur les routes ou occupent les instances décisionnelles de l’île pour se faire entendre? Les militants de l’environnement s’y refusent pour le moment. « Nous estimons que ce n’est pas la méthode à adopter mais on ne sait jamais peut-être qu’un jour on y viendra si on voit que la cause n’avance pas. Mais depuis le temps que je suis là, j’ai quand même observé à l’échelle bien-sûr infinitésimale, des progrès dans l’environnement à Mayotte », tente de rester positif le président des Naturalistes.

Le chemin est encore long mais Les Naturalistes espèrent qu’en chacun puisse naître un intérêt pour l’environnement en se joignant à leur rassemblement ce samedi afin de mettre en pratique la théorie du colibri qui stipule: « chacun doit faire sa part ».

GD


 Pollution dans le lagon par le STM

Une vidéo circule depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux montrant l’amphidrome libérer ce qui ressemble à des eaux usées ou une huile de vidange directement dans le lagon. Enregistrée par un usager des barges, cette vidéo est datée par l’association Messo de février dernier mais il est impossible à l’heure actuelle d’en savoir plus sur les raisons et l’origine de cette sorte de dégazage. Les Naturalistes disent attendre une réponse du Service de transport maritime (STM) sur cette question. En attendant, l’association invite toute personne à signaler quelconque incivilité environnementale qu’elle aurait observée en contactant le réseau d’alerte vigilance au 06 39 02 37 36.


Lagon au patrimoine de l’Unesco: « il reste 9/10 du travail à effectuer »

Le président des Naturalistes s’est aussi longuement étendu sur la question du classement du lagon au patrimoine mondial de l’humanité. Pour cela, il faut d’abord commencer par améliorer la qualité des aux du lagon. « 3/4 des eaux usées actuellement se déversent dans la mer sans traitement », dénonce sans détour l’association. Certes, des programmes de stations d’épuration sont en cours d’élaboration, « mais encore faudrait-il construire le réseau qui va avec, car si c’est pour faire comme à Dembeni où une infime quantité des eaux usées sont traitées dans la centrale construite à cet effet, cela ne sert à rien », critique l’organisme. Celle-ci estime qu’à l’heure actuelle « 9/10 du travail reste à effectuer » pour que Mayotte remplisse les critères de l’Unesco. « Et pour persuader cette institution internationale, il faudra aussi convaincre la population, condition sine qua non pour obtenir ce label ».


 

Cambriolage au K2

C’est la salle des professeurs qui a été victime de vols. Une dizaine d’ordinateurs ont été dérobés, ce qui laisse penser que les voleurs étaient nombreux. Ils ont fracturé une porte pour entrer à l’intérieur. Une semaine auparavant, c’est le bureau de la gestionnaire qui avait été ouvert. Le personnel exercera son droit de retrait mercredi. Les professeurs souhaitent organiser une journée banalisée pour informer les parents d’élèves sur les problèmes d’insécurité et de vols. Le collège ne dispose pas de gardien, mais d’alarmes. Ce qui n’a pas permis d’appréhender les voleurs en raison du temps d’intervention de la police.

Grève générale. La rencontre avec le Préfet n’y a rien fait

 

Malgré le petit nombre de grévistes actifs sur le terrain, la mobilisation est toujours aussi efficace dans sa manière de bloquer quelques principaux axes de l’île, paralysant ainsi une bonne partie des activités économiques et sociales du département. Hier, les manifestants pour une égalité réelle tout de suite en termes de droit du travail, ont bloqué les carrefours giratoires de Doujani ainsi que la route nationale au niveau de Dzoumogné. En fin de matinée, les leaders syndicaux ont décidé de lever les blocages avant de rencontrer Seymour Morsy passablement énervé par les accusations à son encontre. En effet, les syndicats reprochent au préfet de les mépriser et de ne pas avoir voulu les rencontrer ce que ce dernier réfute. Sans surprise, rien n’est ressorti de cette rencontre, le préfet ayant rappelé son impuissance par rapport à ses fonctions d’exécutant de l’État. Si les décisions ne viennent pas d’en haut, il ne pourra guerre appliquer quelconque changement dans le domaine du Code du travail à Mayotte.

Quant au rapport Ledemé qui prévoit une application du Code du travail national à Mayotte avant janvier 2018, les syndicats n’en ont que faire, ils veulent son application dès maintenant. Une transition qui semblerait pourtant nécessaire pour laisser le temps aux entreprises de se préparer et de s’adapter face à l’entrée en vigueur dans moins de deux ans d’un texte très complexe de la taille d’un pavé alors que celui de Mayotte se résume à une vingtaine de pages. De plus, les changements s’opèrent déjà progressivement puisque dès le 1er mai entreront en vigueur différentes mesures liées à l’indemnisation du chômage.

Il s’agira donc de guetter la réponse du gouvernement dans les prochains jours, s’il daigne bien vouloir répondre aux attentes de la grève générale avant que la situation ne dérape dans toute l’île comme hier à Dzoumogné. En attendant, les syndicalistes donnent déjà rendez-vous ce matin à 8h place de la République pour un rassemblement des grévistes et des blocages sont prévus plutôt dans la matinée sans plus de précisions sur leur localisation.


Barrage à Dzoumogné : ça a chauffé

Hier, de nombreux barrages ont été érigés par les manifestants tout autour de l’île. Un seul endroit a été le témoin de graves incidents. À Dzoumogné en effet, des jeunes sans lien avec la grève générale ont surgi en fin de matinée pour “taquiner” les forces de l’ordre, engagé dans une mission de retour à l’ordre et de déblocage des voies terrestres. Ces derniers ont essuyé des jets de pierre durant une bonne partie de la journée. Ils ont riposté par des tirs de gaz lacrymogènes. Un gendarme a été blessé par un projectile, il s’est vu prescrire 4 jours d’ITT. Deux individus ont été interpellés en marge de ces événements.


 

 

1er anniversaire de l’assemblée départementale

“ La départementalisation est tombée à un mauvais moment”, a expliqué samedi dernier le sénateur Thani dans l’hémicycle du conseil départemental (CD), à l’occasion du premier anniversaire de l’installation de l’assemblée départementale. Le CD organisait à cette occasion une matinée d’échanges.

“Depuis 2007-2008, la France est en crise”, a-t-il repris. “Il est conseillé à tout le monde de se serrer la ceinture. J’estime néanmoins que la collectivité unique appelée “Département de Mayotte” est un bébé qui a besoin de plus de soins et d’alimentation de la part de l’État. Malheureusement ce discours ne passe pas à Paris”.

Les grands élus de Mayotte (président du conseil départemental, parlementaires et président de l’association des maires) iront malgré tout à Paris le 26 avril prochain pour exposer leurs doléances au Premier ministre Manuel Valls, a rappelé dans l’Hémicycle Soibahadine Ibrahim Ramadani.

“Suite à notre dernière visite à Paris en décembre 2015, au cours de laquelle nous avons sensibilisé le gouvernement sur la situation financière et budgétaire préoccupante du Département, nous espérons obtenir de sa part un effort sur un certain nombre de points relatifs à la fiscalité”, a expliqué le président du CD. “Nous espérons ainsi que l’année de référence pour le calcul de la dotation annuelle de compensation (attribuée par l’État) ne soit plus 2012, mais 2013, une année plus favorable en termes de recettes. Nous appelons aussi à une revalorisation de cette dotation annuelle de compensation (83 M€ aujourd’hui) de 20 M€ pour prendre en comptes nos dépenses réelles. En outre, nous demandons à l’État une meilleure répartition de l’octroi de mer entre les communes et le département (l’amendement du député Ibrahim Aboubacar au projet de loi finance modificative 2015, adopté définitivement par l’Assemblée nationale en décembre dernier, a plafonné les recettes fiscales du conseil départemental à 24 millions d’euros d’octroi de mer. Le surplus basculant vers les communes). Nous avons également demandé à l’État l’annulation partielle, à hauteur de 18 M€, du remboursement de recettes fiscales (impôt sur le revenu et sur les sociétés) que nous avions perçues en 2013. Enfin, nous appelons l’État à revoir à la hausse sa dotation annuelle de compensation au titre du financement du RSA, plafonnée aujourd’hui à 15,3 millions d’euros (en 2015, cette dotation était insuffisante de 6 M€). Si nous faisons le calcul de tous ces éléments, le budget du CD pourrait revenir à l’équilibre.”

“Les échanges ont été musclés”

Le deuxième sujet de la rencontre avec le Premier ministre concerne les dotations attribuées par l’État au Département pour ses compétences de région. Soibahadine Ibrahim Ramadani déplore ainsi ne disposer que de peu ou pas de moyens pour le développement économique ou l’aménagement du territoire.

“J’ai soulevé cette question au Sénat”, indique de son côté le sénateur Thani. “Je n’ai pas senti de soutien de la part du gouvernement et les échanges ont été musclés. Une ministre m’a rétorqué que le conseil départemental n’exerçait pas encore toutes les compétences régionales (exemple : construction des collèges et des lycées). J’aimerais à ce sujet que l’on puisse faire l’inventaire, quitte à obtenir une dotation globale de fonctionnement (DGF) au prorata.

” La matinée d’échanges a aussi été l’occasion d’évoquer l’évolution institutionnelle de Mayotte (voir Flash Infos du 31 mars 2016). À ce titre, le sénateur Thani a déposé le 23 mars dernier une proposition de loi tendant à changer le mode de scrutin du conseil départemental “afin d’améliorer la gouvernance territoriale et l’efficacité des politiques publiques sur notre territoire”. Le parlementaire a également déposé une proposition de loi visant, quant à elle, à augmenter le nombre d’élus, “afin de leur donner les moyens de s’occuper efficacement des compétences départementales et régionales et d’assurer également une meilleure représentativité des Mahorais.” Le parlementaire espère les voir examinés et votés avant l’été.

OL

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes