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Indice des prix à la consommation : les chiffres restent stables en 2015

Les prix des produits alimentaires continuent d’augmenter, mais la hausse se fait moins sentir en 2015 qu’en 2014 : + 0,4 % après + 2,3 %. Cela représente 27 % des dépenses de consommation des ménages. Cette hausse s’explique d’abord par les prix des produits frais et des poissons qui ont connu de fortes augmentations par rapport à 2014 (respectivement + 10,8 % et + 4,5 %). A contrario, le prix des viandes et des volailles a baissé en 2015 (– 5,2 %).

Baisse des produits manufacturés et de l’énergie

Les prix des produits manufacturés baissent de 2,6 % en 2015. Ils pèsent pour près d’un tiers des dépenses des Mahorais. La baisse des prix de l’habillement et des chaussures s’accentue en 2015 : – 7,3 % après – 4,4 % en 2014 et – 1,9 % en 2013. Les prix des appareils ménagers, de l’audiovisuel, photo et informatique baissent également. Les prix de l’énergie baissent pour la troisième année consécutive suite au recul des prix des carburants et de la bouteille de gaz. Avec – 4,9 % en 2015, la diminution des tarifs de l’énergie est plus marquée qu’en 2014.

Forte augmentation dans le secteur des services

Après avoir augmenté de 2,4 % en 2014, les prix des services progressent à nouveau de 2,6 % à Mayotte. Cette hausse n’est que de 1,2 % en France. Les services pèsent pour un tiers dans les dépenses des Mahorais. Dans cette catégorie les prix des services financiers et des services liés au logement augmentent modérément. Ce sont surtout les prix des transports et communications qui sont en nette hausse (+ 3 % en 2015 après + 1,5 % en 2014 ) de même que ceux de la restauration (+ 4,3 % après + 1,3 %). L’indice des prix permet de suivre année par année l’évolution des prix et donc d’apprécier les tendances inflationnistes. En 2015 à Mayotte, près de 1150 relevés de prix étaient effectués chaque mois par des enquêteurs de l’INSEE . Ces relevés étaient opérés auprès de 130 points de vente et fournisseurs de biens et de services.

Amandine Debaere
@ADebaere

 

Les compagnies de l’océan indien pointées du doigt

Le député du Modem de l’île Bourbon est remonté et il l’a fait savoir mardi dernier à l’hémicycle. Celui-ci a souhaité interpeller le gouvernement sur l’opacité de la fixation des prix des billets d’avion, notamment pour les liaisons entre la métropole et l’océan indien (Mayotte compris).

« D’abord parce que la surcharge carburant est incompréhensible » estime-t-il. D’après lui, la mise en place alors que le cours du pétrole montait en flèche, cela était justifié afin de garantir aux compagnies aériennes une relative bonne santé financière. « Que le prix du billet ne diminue pas concomitamment à la baisse des cours afin d’écouler les stocks achetés au prix fort, passe encore. Mais alors que les stocks achetés au moment où les cours étaient au plus haut sont épuisés, le maintien de cette surcharge carburant à son niveau le plus haut est inacceptable », condamne le député centriste.

Concernant cette surcharge carburant, Emmanuel Macron rappelle qu’il s’agit là d’une pratique d’affichage des prix mise en place pour introduire de la transparence, expliquer au consommateur quelle était la pression sur les prix des billets et quelle était la part liée à la hausse du prix du carburant. « Si nous la supprimions, nous affaiblirions ce processus de transparence sans pour autant résoudre le problème », souligne le ministre qui balaie ainsi l’idée de renoncer au principe de « surcharge carburant ».

Mais les trois compagnies reliant La Réunion à l’Hexagone, dont l’une a pour actionnaire l’État à hauteur de plus de 17 %, ont récemment décidé, de manière quasi simultanée, d’augmenter leurs tarifs sur la liaison (au moins de 20 € pour le billet en classe économique en basse saison et de 30 € en haute saison.). « Ces décisions invitent à s’interroger sur l’entente entre ces compagnies afin de maintenir un certain niveau de prix au détriment des voyageurs. Personnellement, j’ai du mal à croire aux coïncidences », déclare avec ironie le député avant d’ajouter, « d’autant plus que dans le même temps, d’autres grandes compagnies annoncent des baisses de prix de l’ordre de 15 % ».

« Il semble qu’il existe une forme d’entente »

Le ministre a expliqué approuver les doutes du député de La Réunion sur ces « comportements tarifaires qui ne sont pas justifiés ou ne l’étaient pas jusqu’alors ». La solution selon lui réside dans la fixation des prix. « Aujourd’hui, de par la loi, celle-ci est libre entre les compagnies. Les comportements que nous avons observés, les comportements que vous dénoncez, indépendamment de cette surcharge carburant, ne sont pas satisfaisants et semblent indiquer qu’il existe une forme d’entente », n’hésite pas à confirmer, Emmanuel Macron.

Par conséquent, ce dernier s’est engagé devant l’assemblée à demander une clarification des pratiques tarifaires, non seulement pour ce qui concerne la desserte de La Réunion, mais également d’autres liaisons. Mais il n’a par contre, pas répondu favorablement à la demande du député de saisir l’Autorité de la concurrence afin de déterminer s’il y a entente anticoncurrentielle entre les trois compagnies concernées. « Nous avons demandé non pas à l’Autorité de la concurrence, mais aux services qui dépendent de notre ministère, c’est-à-dire à la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) de se rapprocher de ces compagnies afin que toutes les clarifications puissent être apportées », annonçaient l’ancien banquier d’affaires chez Rothschild.

Ces soupçons rappellent une affaire similaire en termes de pratiques anticoncurrentielles qui a fait grand bruit en métropole, celle de la condamnation en 2009 de plusieurs opérateurs téléphoniques à 92 millions d’euros pour entente. Si l’État en est à l’heure actuelle seulement à la phase de prise d’information pour déterminer s’il y a bien eu fraude ou pas, il n’a pas dit quand il rendra un avis sur les diverses consultations qu’il aura menées auprès des entreprises visées. Reste à savoir si cette révélation au grand jour de certaines conduites commerciales incitera ces compagnies aériennes à revoir dans les semaines ou mois à venir, leur politique tarifaire.

GD

Le BTP se met en grève

Malgré les courriers et rencontres de ces dernières semaines, le conseil départemental n’en démord pas. Le taux d’octroi de mer sur la production locale dans le domaine du BTP n’a toujours pas été modifié. Passée de 0 à 30 % depuis le 1er janvier 2016, la taxe a donc eu une conséquence sur le prix de vente de ces matériaux de construction fabriqués localement (le parpaing coûte actuellement 2 €). “On produit moitié moins de volume, car les particuliers ne peuvent plus acheter à ce prix-là et les entreprises se posent la question de démarrer des chantiers dont ils ont remporté les appels d’offres, par peur de construire à perte”, s’inquiète Frédéric Polenne, directeur d’ETPC.

“L’activité du BTP est à genoux”

Les effets de cette décision du conseil départemental prise sans concertation en décembre dernier lors de la délibération relative à l’harmonisation des taux d’octroi de mer se font déjà ressentir. “L’activité du BTP est complètement à genoux”, alerte Frédéric Polenne. Pour le patron du Medef Thierry Galarme, ce mouvement est un cas unique. “Je n’avais jamais vu un patron fermer son entreprise non pas pour deux jours, mais pour une durée indéterminée”, explique-t-il. Le patron des patrons à Mayotte va plus loin en craignant un nouveau mouvement de grève contre la vie chère qui a plombé l’économie mahoraise en 2011. “Les Mahorais ont voté contre la vie chère et on la recréée en 2016 (NDLR : à cause de l’octroi de mer)”, s’indigne Thierry Galarme.

Si le Conseil départemental ne revient pas sur sa décision, l’activité du BTP va considérablement ralentir, les entreprises du secteur seront dans l’obligation de licencier alors qu’elles emploient des milliers de Mahorais. “À ETPC, nous risquons à ce rythme-là de devoir nous séparer d’un tiers de nos 150 employés”, prévient son directeur. Les conséquences seraient dramatiques pour la société mahoraise. “Une hausse de chômage s’accompagnera d’une baisse de la consommation et c’est l’économie locale qui va en pâtir, c’est une spirale infernale”, dénonce Frédéric Polenne. IBS et ETPC co-signataires de cette lettre annonçant la suspension de la vente de leurs produits estiment que l’économie de Mayotte ne peut pas absorber des changements aussi brutaux à l’instar de ces nouveaux taux d’octroi de mer. Ils espèrent tous un retour à la raison du département avec une exonération de leur produit afin d’éviter une crise dont il serait difficile de se relever.

GD avec GV

La FMBTP demande un octroi de mer à 0 %

La fédération n’est pas convaincue par les arguments apportés la semaine dernière par le conseil départemental sur l’impossibilité d’annulation de la délibération concernant l’octroi de mer sur les produits du BTP. Et elle l’a fait savoir à travers une missive demandant un retour à 0 % du taux d’octroi de mer sur ces produits avec un effet rétroactif depuis l’application des nouveaux taux. L’organisme a ainsi demandé une réponse urgente avant vendredi en attendant de pouvoir étudier les autres taux des marchandises importées par la suite.

GD

Le personnel d’accueil du CHM est en colère

Hier matin, une partie du personnel d’accueil du CHM a débrayé selon le terme employé dans le domaine syndical pour protester contre la “surcharge de travail” qui pèse sur leurs épaules. La faute particulièrement au flux de plus en plus important de patients. Les agents administratifs ne sont pas pris en compte dans la surcharge de travail que subit le Centre hospitalier estiment-ils. “Ces salariés travaillant dans les bureaux des entrées sont les premiers concernés par l’augmentation du nombre de patients”, expliquait l’un de leurs porte-paroles.

Ces employés disent alerter les directions successives depuis des années sur “ces conditions de travail devenues de plus en plus difficiles”. Une rencontre a été organisée entre la direction des ressources humaines et les agents mécontents hier matin.

La réunion a débouché sur quelques mesures que l’établissement s’engage à prendre dès aujourd’hui. Aux bureaux d’entrée, des gestionnaires des attentes pour gérer le flux de patients seront recrutés et les travaux sur les différents établissements de santé, les dispensaires notamment sont confirmés avec une enveloppe de 800 000 € alloué pour ces projets de rénovation. La direction va également renforcer la sécurité au dispensaire Jacaranda avec des agents supplémentaires. Enfin, des fiches de poste vont être éditées pour recentrer les missions des agents. Satisfaits par les annonces, les gestionnaires des admissions ont tout de même prévenu que si ces promesses n’étaient pas suivies des faits, ils pourraient faire une nouvelle action de débrayage lundi prochain.

GD

Les débats de Mayotte Hebdo. Mayotte entre France et Comores

Au regard de l’histoire, de la politique, de la culture, de la religion, de la langue, peut-on considérer Mayotte comme française ou comorienne ?

Yazidou Maandhui, écrivain pro-Mayotte Française, auteur notamment d’un Épître adressé aux Comoriens (“Ô la France, notre France. Tu l’aimes ou tu la quittes : pour notre part, on l’a épousée. Et ça dure depuis 1841”) et Ahmed Soilih, mtsapérien cofondateur du Front démocratique qui appelle au “retour de Mayotte dans son giron naturel”, ont accepté de venir confronter leurs idées et leurs convictions.

Le projet politique des Comores va-t-il de soi ou n’est ce qu’un fantasme ? Le mouvement mahorais en faveur du rattachement de la France était-il spontané ou a-t-il été téléguidé depuis Paris ? Peut-on croire pour l’avenir à la théorie du grand remplacement des Mahorais par les Comoriens sur l’île au lagon ? Autant de questions mises sur la table pendant ce débat. Et qui amèneront peut-être le lecteur à remettre en cause ses certitudes.


 

Retrouvez l’intégralité du débat dans le magazine Mayotte Hebdo n°736 actuellement disponible dans plus de 17 points de vente ou abonnez-vous à Mayotte Hebdo en numérique en cliquant ici : http:/www.mayottehebdo.com/index.php?option=com_rsmembership&view=rsmembership&Itemid=176


 

Situation de Mayotte : le SNPDEN tire la sonnette d’alarme

“Depuis de nombreuses semaines, en plus des pluies diluviennes, les établissements scolaires de Mayotte doivent faire face à une montée importante de la violence aux abords et dans l’enceinte de certains collèges et lycées. Malgré une grande réactivité de la préfecture, et le soutien de la vice-rectrice, ils sont confrontés au quotidien à des intrusions qui résultent de règlements de compte entre villages, jusque dans les salles de classe. Ces débordements devenus des actes de violence gratuits s’accompagnent de caillassages de bus d’élèves et de véhicules d’enseignants. En fin de semaine, le vice-rectorat a dû être évacué et les forces de l’ordre sont souvent menacées. La flambée des effectifs nécessitent des moyens importants qui ne sont pas toujours au rendez-vous pour la rentrée 2016. Nous adressons à nos collègues en poste à Mayotte tout notre soutien et alertons le ministère de l’Éducation nationale sur la spirale négative qui semble emporter les établissements scolaires à Mayotte.”

Faits divers. Les violences entre jeunes font un décès

Poignardé dans le dos, le coup a transpercé le poumon. Si dans un premier temps les médecins ont cru le jeune homme tiré d’affaire, la présence d’un caillot de sang a eu pour conséquence un arrêt cardiaque, hier vers 16h. Selon la police il était âgé de 16 ans. Les enquêteurs se dirigent vers une enquête pour meurtre. Il avait été agressé par un groupe de 5 ou 6 personnes. Une opération de police s’est déroulée dans la nuit de dimanche à lundi pour retrouver les meurtriers présumés.

Les professionnels aiguillent les étudiants sur leur avenir

L’amphithéâtre était plein à craquer pour l’inauguration de l’événement jeudi matin. « Je n’ai jamais vu autant d’étudiants dans la salle », s’exclamait Madina Regnault, responsable du pôle réussite étudiante. Soucieux de leur avenir, les étudiants en fin de cycle sont allés rencontrer la trentaine d’intervenants venus les éclairer sur leur filière professionnelle. Chefs d’entreprise, gendarmes, journalistes, enseignants ou encore juristes ont participé à l’événement.

L’initiative a été globalement très appréciée par les premiers concernés même si certains estiment qu’il faudrait ouvrir ce forum aux L1 et L2. « Pour les étudiants, c’est du concret car on les met en contact direct avec le monde professionnel. Malheureusement, beaucoup d’étudiants s’interrogent encore sur l’utilité de leurs études », constate Madina Regnault. Un avis partagé par l’ensemble des étudiants. « On ne sait pas trop ce que l’on veut faire plus tard donc si on pouvait dès la première année participer à ces rencontres cela nous permettrait de ne pas nous casser la figure dans nos études », suggère Souabirati Maoulida étudiante en licence de géographie.

Impliqué dans l’insertion de ses élèves, le CUFR souhaite ouvrir le monde universitaire aux services, administrations et entreprises. Une volonté qui s’inscrit indirectement dans sa décision de signer le mois dernier, « la charte jeunesse et entreprises » un document contenant une série de mesures qui doit permettre aux jeunes de mieux appréhender le monde du travail et aux entreprises de se rapprocher de la jeunesse.

 

« Tout le monde ne peut pas être fonctionnaire »

Pourtant de nombreux étudiants ambitionnent encore d’être fonctionnaires alors que la tendance nationale vise à réduire le nombre d’agents territoriaux. « On ne va pas se mentir, c’est ce que tout le monde espère faire plus tard car il y a le confort et la sécurité de l’emploi dans la fonction publique mais tout le monde ne peut pas être fonctionnaire », avoue Souabirati Maoulida.

Certains intervenants comme Isabelle Chevreuil, expert comptable et directrice du cabinet 3A remarquent une méconnaissance flagrante du monde du privé de la part des futurs actifs. « On m’a demandé quel diplôme il faut passer pour être chef d’entreprise, or tout le monde peut créer sa société même sans cursus universitaire », rappelle l’entrepreneuse.

D’autres comme Nassem Zidini jeune directeur de la couveuse d’entreprises Oudjérébou, regrette le manque d’anticipation chez certains étudiants. « Ce matin, seul un élève est venu avec son CV alors que dans deux mois ils doivent réaliser un stage », prend-il pour exemple. Une anecdote symptomatique de ce sentiment d’incertitude qui règne chez nombre de jeunes mahorais. L’exception qui confirme la règle vient des formations en alternance où les élèves trouvent plus facilement de débouchés selon Nassem Zidini.

« Il faut éliminer cet esprit d’échec qui réside chez la plupart des étudiants notamment ceux qui partent en métropole », plaide Isabelle Chevreuil. « Beaucoup pensent qu’ils font partie des 90% de ceux qui échouent dès la première année », regrette la chef d’entreprise. Les statistiques du CUFR quant à elles s’améliorent depuis trois ans avec un taux de réussite passant de 35 à 45%.

Ces rencontres entre professionnels et jeunes doivent donc permettre de capitaliser sur cette marge de progression pour faciliter l’insertion des étudiants et ainsi contribuer à ce que l’île bénéficie de leurs compétences fraîchement acquises.

GD

Ce que j’en pense… Migrations, immigrations, quelques pistes de réflexions…

Dans de nombreux pays, des habitants vivent dans la misère, dans des conditions indignes, sans emploi, sans argent pour nourrir leur famille, sans système de santé efficace leur évitant des douleurs extrêmes ou la mort précoce, sans éducation pour leurs enfants et l’espoir que leurs vies s’améliorent.

Cela génère des flux migratoires forts vers les pays dits développés. Des cohortes d’hommes, de femmes, d’enfants s’arrachent à leur territoire, à leurs amis, à leurs familles et bravent la mort souvent, pour une vie meilleure, vers une lueur d’espoir. Cela génère ainsi des millions de “réfugiés” économiques, d’autres pour bénéficier de soins, d’éducation, d’autres enfin pour fuir la guerre et les destructions ou des catastrophes écologiques.

Que ferions-nous dans une telle situation ? Fuirions-nous pour sauver notre famille ou nous battrions-nous sur place pour essayer de (re)construire ? Résisterions-nous à l’envahisseur ou partirions-nous sur les chemins, à la quête d’un coin de terre plus accueillant ?…

Quoi qu’il en soit, si la situation n’est pas réglée en amont, les problèmes s’accumuleront en aval, générant des replis identitaires, des extrémismes nauséabonds, des violences inhumaines. Des murs s’érigeront, les systèmes de surveillance se perfectionneront, les contrôles se généraliseront, les tensions grandiront, pour des coûts gigantesques au final. Mais tant que le désespoir sera là, les flux perdureront.

Et les flux actuels qui accostent en Europe ne seront qu’un aperçu de ce qui nous arrive depuis des années à Mayotte, où les clandestins représentent déjà plus de 40 % de la population, malgré des moyens conséquents, étouffant le système éducatif, les dispensaires et hôpitaux, générant du travail clandestin qui affaiblit les entreprises et les artisans, et mobilisant les forces de l’ordre qui s’y épuisent.

Quand la lutte contre ce travail illégal se fait plus forte, faute de moyen de subsistance, avec l’amertume et la colère qui se développent, la délinquance et la violence s’installent, prospèrent. C’est ce que vit Mayotte aujourd’hui, mais aussi la Bavière, Calais et tant d’autres endroits. Je ne pense pas que ce soit le monde que nous voulons offrir à nos enfants.

Pour lutter contre ce problème en amont, je pense qu’il faut d’abord que ces populations disposent, dans leurs territoires, d’un système de santé et d’éducation meilleurs, la base avec l’eau et l’électricité. Je pense qu’il faut ensuite que l’économie s’y développe.

Les aides au développement conséquentes versées depuis des décennies ont prouvé leur inefficacité et même leur forte contribution à la corruption des dirigeants et au maintien de dictateurs.

Je propose que l’enveloppe dédiée à la coopération soit en grande partie affectée à des aides “humaines”. Les diplômés des écoles d’ingénieurs, de médecine, d’infirmières, de commerce, de gestion, les agronomes et les comptables… tous les jeunes, au terme de leurs études, devraient obligatoirement une année à la coopération. À la place du service civique, du service militaire (dans un monde en paix !), on donnerait une année à notre pays, à la coopération, pour un monde meilleur.

Payés au Smig, ce qui serait confortable dans leurs pays d’accueil, ces jeunes passeraient une année dans une structure : une école, un dispensaire, une usine, une entreprise, avec des artisans, des commerçants… pour apporter leur contribution au développement du pays. Les jeunes bénéficieraient d’une expérience humaine et professionnelle unique, relativiseraient ensuite leur situation et s’ouvriraient au monde. La France (l’Europe ?) en sortirait grandie, tout comme la francophonie.

L’attribution d’aides directes au développement, moindres, serait conditionnée à l’acceptation de la venue de ces coopérants 2.0. Ils participeraient à la formation si besoin, transmettraient leurs connaissances, leurs compétences, aideraient à la structuration de filières, à la création d’entreprises dans tous les domaines… Il ne s’agirait résolument pas de néo-colonialisme, ni d’impérialisme, mais bien de réelle aide au développement, concrète, sur le terrain, efficace, humaine. Des relations se noueraient certainement, participant à une meilleure connaissance les uns des autres, à réduire les préjugés, à faire taire les racismes et naître les respects mutuels, préalable à l’amitié.

Dans un 2ème temps, ce qui permet à un pays de décoller, c’est l’émergence d’une classe moyenne, qui (ré)active l’ascenseur social, donne de l’espoir aux plus pauvres, c’est un des moteurs de l’Amérique… Ce sont eux qui investissent, construisent, dépensent le plus dans leur pays, au vu de leurs besoins et participent à développer de nouvelles entreprises de services, des artisans, des commerces… Dans de très nombreux pays dits sous-développés, l’origine du problème est là : il y a une classe dirigeante très réduite, concentrant les pouvoirs politiques et économiques, et se contentant très bien de maintenir le peuple dans l’ignorance et la misère.

Les classes dirigeantes ne sont pas “naturellement” pour que ça change, mais au final, elles en sont bien plus gagnantes, disposant notamment du foncier et du capital pour accompagner ce décollage de leur pays…

L’idée est donc de participer à l’émergence de cette classe moyenne, en l’associant à la lutte contre la pollution mondiale, une autre préoccupation importante pour notre avenir. Pour cela, des entreprises, des secteurs d’activité, des pays, pourraient bénéficier d’un label, de la part de l’Europe, les autorisant à exporter sur l’Europe.

Il faudrait qu’une entreprise par exemple s’engage sur des normes à respecter : mise en place progressive de normes de sécurité, sanitaires, contre le travail des enfants, avec des horaires de travail “corrects”, une caisse de retraite et de prévoyance, pour la liberté syndicale, avec des salaires un peu plus élevés que la moyenne du pays et un engagement à les augmenter régulièrement, suivant un rythme à définir, mais aussi sur des normes environnementales : retraitement des eaux usées, recyclage des déchets produits, captation des fumées nocives…

Ce pourrait être une mondialisation moins sauvage, plus vertueuse, qui servirait au développement humain. L’entreprise, le pays qui se plie à ce cahier des charges serait autorisé à exporter vers l’Europe. Il bénéficierait d’un marché conséquent, donc motivant. Cela pourrait avoir un effet “entrainant” sur ses concurrents, visant à améliorer les conditions de travail, les salaires et la situation environnementale. Si son concurrent ne s’y plie pas, cette entreprise aura plus de travail, créera de l’emploi, les salaires s’élèveront, la population sera plus heureuse et la machine sera lancée, participant à créer une classe moyenne, plus aisée.

Les coopérants 2.0, ingénieurs, diplômés des écoles de commerce, de gestion, de comptabilité, mais aussi médecins, enseignants, pourraient par ailleurs être plus facilement affectés à ces usines, ces pays qui s’engageraient, s’ils le souhaitent.

Ces mesures, et tant d’autres, pourraient permettre de limiter les migrations forcées. Elles pourraient participer à limiter les risques de guerre qui naissent de l’ignorance, de la misère, et des extrémismes qui s’en nourrissent.

Alors pourraient être envisagées beaucoup plus facilement les migrations choisies, volontaires, pour partir à la découverte du vaste monde, pour y travailler un temps, y découvrir d’autres personnes et pouvoir revenir “chez soi” si l’on veut, quand on veut.

Je pense que beaucoup de monde aurait à y gagner.

Laurent Canavate

La Smart pourra faire de la manutention au port

Naturellement Mayotte Channel Gateway reste le délégataire de la concession sur le port de Longoni, mais elle ne pourra empêcher la Smart de continuer à faire de l’aconage au port. La société d’aconage a obtenu des membres du conseil portuaire l’autorisation d’occupation temporaire sur le port et l’agrément pour pouvoir exercer.

En revanche, les membres ont voté à majorité contre la délivrance du même agrément pour la société Manu Port. La validation des avis du conseil portuaire est entre les mains du président du Conseil départemental. En somme, les élus considèrent toujours que les deux sociétés doivent trouver un terrain d’entente et reprendre le travail en commun.

Chez les agents de la Smart, la satisfaction était palpable, même si des inquiétudes persistent sur la manière dont les deux entreprises vont reprendre leur collaboration après ce conflit. Pour le préfet Seymour Morsy, il appartient aux deux entreprises de nouer un nouvel accord. « C’est une discussion entre deux sociétés privées », a-t-il déclaré. MCG conserve son agrément de manutention sur la société mère et son portefeuille de clients dont CMA-CGM. Pour Ida Nel aussi, la reprise du travail est une bonne nouvelle.

Sa société a d’ailleurs voté en faveur de l’agrément à la Smart, un premier pas fait en faveur de l’apaisement. Dans un communiqué, MCG explique toutefois qu' »une mise à disposition du personnel doit être proposée par la Smart d’ici fin février 2016″. « Cette décision reste pleinement conditionnée à la mise à disposition du personnel » dans les délais prévus, « pour que la smart et MCG puissent travailler conjointement », précise le communiqué.

A.T.

Port de Longoni. La DSP à MCG risque d’être annulée

La réunion s’est tenue dans un environnement nettement plus calme que lundi dernier. Les employés de la Smart avaient perdu leur sang froid en début de semaine après qu’ils aient poursuivi le directeur de cabinet du président du conseil départemental, Zaidou Tavanday n’acceptant pas que le président Soibahadine Ibrahim ne se soit pas déplacé en personne pour les rencontrer.
Mais cette fois-ci les manutentionnaires du port ont gardé leur sang-froid et ont de quoi être satisfaits car le conseil départemental semble les soutenir. Le président du conseil départemental a dénoncé “le mépris d’Ida Nel envers le département, les institutions et les Mahorais”. L’accusation est lourde mais Soibahadine Ibrahim assume : “ce délégataire (NDLR : MCG) n’en fait qu’à sa tête, il se fout de tout, de ce pays pourvu qu’il fasse de l’argent. Mme Nel a tendance à vouloir s’approprier le port”. Il dénonce le “non-respect” des engagements de la chef d’entreprise dans les différents accords qui ont été signés par le passé notamment celui du 23 décembre qui stipule notamment l’utilisation des grues par les dockers de la Smart ce que réfute MCG.

“Mme Nel n’en fait qu’à sa tête”
Le conseil départemental a soumissionné un avocat afin qu’il établisse ou non les non-respects des accords de la DSP (délégation de service public) de la part de Mayotte Channel Gateway en tant que délégataire du port. Le président a égrainé quelques exemples de manquements notamment, des initiatives prises sans en tenir informé le délégant à savoir le département. Parmi ces décisions prises par MCG figure la construction d’une halle artisanale sur le port. Le conseil départemental reproche aussi à Ida Nel de n’avoir toujours pas signé l’avenant au contrat concernant la redevance qu’elle doit s’acquitter en tant que délégataire. “La chambre régionale des comptes avait relevé des insuffisances concernant la redevance ce qui nous a amenés à préparer cet événement”, précise le président du département.

Que peuvent donc être les conséquences si des manquements sont bels et bien constatés par l’avocat ? La DS P peut être purement et simplement annulée mais elles ne se feront pas sans indemnités d’autant plus que Mme Nel a investi dans du matériel de manutention dernier cri qui a coûté la modique somme de 23,4 millions d’euros. Si le département venait à reprendre la gestion du port, elle devra rembourser l’entrepreneuse. “Une décision à ne pas prendre à la légère” selon les termes du président au vu du déficit d’environ 50 millions d’euros que traîne actuellement l’institution. “Il vaut mieux annuler maintenant la DSP si cela doit être le cas, que dans 10 ans car la facture sera encore plus élevée”, répond Soibahadine Ibrahim.

Si ces déclarations risquent d’ajouter de l’huile sur le feu, pour l’heure le conseil portuaire doit se tenir aujourd’hui afin de délivrer les agréments ou non aux deux entreprises candidates à la manutention du port à savoir Smart et Manu port la filiale de MCG.

GD

Basket-Ball. Petit à petit, Fayzat Djoumoi fait son nid

La jeune basketteuse mahoraise a fait ses débuts au BC M’tsapéré. Détectée durant les JTM, elle a passé deux saisons au Creps de La Réunion avant d’être recrutée en 2015 par le Tarbes Gespe Bigorre (région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées), où elle évolue en centre de formation. Fayzat vient d’être retenue parmi une liste de 20 joueuses pour participer aux tests d’entrée au centre fédéral du basket-ball. Si son essai est concluant, elle intégrera à la rentrée 2016 l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep).

L’Insep accueille les 2 pôles France de basket-ball (féminin et masculin), soit 50 sportifs permanents, 25 filles et 25 garçons âgés de 15 à 18 ans qui s’entraînent quotidiennement et jouent le week-end dans un championnat de France. Ils représentent l’avenir du basket français.

IM

Kavani Stade : le projet est lancé

Trois briques placées l’une sur l’autre et bétonnés, les trois premières de la construction d’une infrastructure sportive d’envergure internationale… Mardi matin à Kavani a été posée la première pierre du futur stade territorial, en présence d’une centaine de personnes : hautes personnalités politiques, élus de tout bord et autres représentants du mouvement sportif mahorais, ceux à qui profitera l’équipement.
La suite ? 18 mois de travaux coordonnés par le conseil départemental de Mayotte, le principal financeur. Le CDM sera chargé de faire respecter la date de livraison programmée pour le mois de novembre 2017. Poser la première pierre : un geste symbolique que le président du CDM Soibahadine Ibrahim Ramadani s’est lui-même chargé d’accomplir, soutenu par le préfet de Mayotte Seymour Morsy.

Deux hommes bien souvent réunis pour les grandes occasions seulement : témoignage de l’importance du projet. “C’est un moment magique parce que ça faisait partie des choses que mes prédécesseurs me racontaient : “le stade il faut qu’il sorte, le stade il faut qu’il sorte…” Le rêve a été initié depuis très longtemps et maintenant on y est arrivé”, se réjouit Seymour Morsy. “C’est le travail de beaucoup avant nous, notamment ceux qui avaient imaginé ce projet et qui ne sont plus là”, salue le représentant de l’État.

Un hommage aux précurseurs disparus, que le président du CDM n’a pas, non plus, omis de rendre durant son discours. En marge de la cérémonie, Soibahadine Ibrahim Ramadani a répété la nécessité d’une telle infrastructure. “C’est un outil qui servira au football, au rugby, et au-delà à tous les jeunes mahorais à travers leur cours d’EPS notamment (…) Grâce à la qualité du futur stade et aux autres projets à venir, nous pourrons enfin former convenablement nos jeunes et accueillir des compétitions nationales et internationales.”

La restructuration du stade de Kavani coûtera 9,4M d’euros. Avec une participation “exceptionnelle” de 40 % (3,7M) de la part de l’État, via le centre national pour le développement du sport – les 5,7M restants étant pris en charge par le département. Sont compris dans cet investissement l’installation d’une pelouse synthétique, la construction d’une tribune moderne (gradins à deux niveaux, tribunes d’honneur, vestiaires, studio presse, salle de réception, régie sono, club house…) et la réhabilitation du parking.

“Une deuxième tranche suivra pour l’aménagement des alentours du stade, un prévisionnel de 2M d’euros. Soit un budget global de 11M pour l’ensemble des travaux”, communique le CDM.

“Le projet du stade de Kavani doit en appeler d’autres parce que le besoin du mouvement sportif, c’est une programmation à long terme”, explique de son côté le président du comité régional olympique et sportif (Cros) Mayotte, Madi Vita.

“Pour les autres projets, une fois qu’ils seront fléchés en termes de budgets, on espère mobiliser rapidement tous les intervenants financiers et ne plus perdre de temps comme ce fût le cas avec le stade de Kavani”, conclut-il.

“Les autres projets” : un centre d’hébergement, un dojo, un complexe sportif similaire à Kavani au Nord et au Sud de l’île… toutes ces infrastructures qui permettront à Mayotte et aux Mahorais de répondre aux enjeux de société (éducation, économie, social) découlant du sport.

I.M

Préfecture: le Sgar est renvoyé

A la suite d’une tentative de suicide d’un de ses agents, le comportement autoritaire du haut fonctionnaire a été dénoncé par certains employés. Le Préfet n’a semble-t-il pas eu le choix de se séparer de l’un des éléments majeurs de sa « dream team » comme celui-ci aimait qualifier son équipe préfectorale. L’ex-Sgar doit quitter l’île dans les prochains jours. Cette nouvelle « tuile » pour la préfecture vient s’ajouter à celle du cambriolage dont a été victime il y a une semaine Guy Fitzer, le secrétaire général adjoint. Contacté, le préfet n’a pas souhaité commenter cette décision.

Conseil départemental : l’hémicycle transformé en camping

Ils occupent encore aujourd’hui le site. Tous sont réunis pour différentes causes. Les manutentionnaires dénoncent la situation au port et les activités de MCG. Les commerçants patentés quant à eux pointent du doigt « la concurrence déloyale » des vendeurs illégaux notamment aux alentours du marché. De plus, ils condamnent la nouvelle disposition adoptée par les services des douanes qui interdit le principe des bagages accompagnés lors des retours des déplacements commerciaux. Mais la revendication la plus virulente vient des Femmes leaders qui n’hésitent pas à verser dans la xénophobie avec un tract raciste dans lequel Ida Nel la directrice de MCG y est décrite en « juive de confession qui aime trop l’argent ».

Elles condamnent aussi une prétendue ségrégation au sein de MCG entre noirs et blancs. Des accusations graves qui ne passent pas inaperçues et qui confirment l’image sulfureuse de ce collectif de femmes.

MàJ 10h54 : Les deux parties ont tenté de se rencontrer, en vain, l’occupation continue dans l’attente d’un déblocage de la situation. Les bureaux du Conseil départemental de Mayotte sont bloqués par les manifestants.

Il y a 40 ans, le 8 février les Mahorais votaient pour rester Français

Une vidéo d’archives datant du 22 février 1976 est d’ailleurs disponible sur le site de l’institut national de l’audiovisuel. Le reportage réalisé par l’ancienne vedette du Paf (paysage audiovisuel français) Bruno Masure revenait ainsi sur les travaux à réaliser à l’époque pour que l’île rattrape son retard par rapport à la métropole. Un document d’une durée d’environ 3 minutes et qui permet de constater le changement de visage de l’île en 40 ans.

L’archive :

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Source : Ina.fr – Mayotte reste française

Mineurs isolés. La France épinglée par l’ONU

Mineurs étrangers isolés, enfants roms ou handicapés, châtiments corporels, ou encore justice pénale, nombreux sont les sujets sur lesquels l’hexagone fait parti des mauvais élèves des États signataires de la convention internationale des droits de l’enfant, rapporte une étude réalisée par les nations unies. Parmi les points à améliorer figurent notamment Mayotte où l’on estime à 6 000 le nombre d’enfants dans cette situation. Le document (en anglais) est consultable sur le lien suivant : http:/tbinternet.ohchr.org/_layouts/treatybodyexternal/Download.aspx?symbolno=CRC%2fC%2fFRA%2fCO%2f5&Lang=en

La CNC (La commission nationale consultative) des droits de l’Homme s’est également exprimée sur le sujet. Elle s’est fendue d’un commentaire sur les réseaux sociaux disant regretter l’absence de l’île dans la circulaire interministérielle du 25 janvier 2016 relative à la mobilisation des services de l’État auprès des conseils départementaux concernant les mineurs privés temporairement ou définitivement de la protection de leur famille et les personnes se présentant comme telles (mise en ligne le 29 janvier 2016). L’objectif de cette circulaire est de “renforcer la mobilisation des services de l’État auprès des conseils départementaux et de préciser l’articulation des différents régimes juridiques applicables” concernant les mineurs isolés étrangers (MIE). Mais Mayotte n’y figure pas visiblement.

Chiffres 2015 de la délinquance : “Catastrophiques”

C’est désormais officiel : l’insécurité à Mayotte, si on en doutait encore, s’aggrave. Vendredi soir, le préfet Seymour Morsy, le procureur de la République Joël Garrigue, le commissaire Miziniak, le colonel de gendarmerie Jean Gouvart, et le reste de l’état major de sécurité, avaient réuni la presse pour annoncer les chiffres de la délinquance 2015. Sans surprises, ils sont “Catastrophiques”, comme le reconnaît Joël Garrigue. Un constat partagé par tous. Sur tout le département, zone police et gendarmerie réunies, les hausses sont très marquées par rapport à 2014 : +19 % pour les atteintes aux biens, +50 % sur les atteintes volontaires à l’intégrité physique des personnes, et % 51 % sur les escroqueries. Une nuance à apporter toutefois, chaque délit pouvant se retrouver dans plusieurs de ces trois catégories, la délinquance a augmenté de 15,8 %. Des chiffres “Comparables avec ceux d’un département métropolitain de taille équivalente”, expliquait le préfet Seymour Morsy, “Mais avec des infractions beaucoup plus violentes chez nous.”

23 % de hausse à Mamoudzou

À Mamoudzou, l’ensemble des infractions a augmenté de 23 %. Un seul point positif : les cambriolages sont en baisse de 3 %, “Grâce à la réactivité de nos services”. Pour le reste, les chiffres sont eux aussi éloquents : les violences crapuleuses passent de 348 faits constatés en 2014, à 675 en 2015. Soit une hausse de 100 %. Le commissaire nuance toutefois : “Il s’agit essentiellement de vols à l’arraché de téléphones portables. Il faut réellement être méfiant en sortant son téléphone dans la rue”, reprenait alors le responsable de la police. Même constat dans le reste de l’île, où ces violences crapuleuses augmentent de 62 %. En cause notamment, selon le colonel de gendarmerie Jean Gouvart : “Les bagarres entre villages, que l’on a longtemps eu tendance à légitimer, mais qui sont de plus en plus courantes et de plus en plus violentes aujourd’hui.” D’une manière générale, le colonel concède qu’il est temps de comprendre les raisons sociologiques de ces violences : “Il est désormais temps d’avoir une réflexion de fond, pour comprendre la délinquance de l’île.”

La chimique en cause

Si les chiffres augmentent autant, une raison est particulièrement mise en avant : l’arrivée de la chimique. Comme l’explique le procureur Garrigue, “Les chiffres étaient stables jusqu’en 2013,et augmentent brutalement ensuite, au moment l’arrivée de la chimique dans l’île.” Pas encore considérée comme stupéfiant du fait de la méconnaissance de certaines de ces molécules, il est encore difficile de lutter efficacement contre cette drogue. Il faut alors utiliser une base juridique différente : “Produit dangereux” ou “Exercice illégal de la médecine”, par exemple, au lieu de “Trafic de stupéfiants.” Pourtant, “Il s’agit d’une vraie drogue dure, qui n’a rien à voir avec le cannabis par exemple, qui provoque effets de manque et les violences qui vont avec”, reprend Joël Garrigue. Cette drogue qui se répand sur l’île arrive le plus souvent par courrier postal, en provenance de Chine. Pour autant, sont régulièrement saisies de “Petites quantités, mais de manière régulière.”

Une mission dans les prochaines semaines

Enfin, les violences scolaires, nombreuses ces derniers temps, ont évidemment étaient abordées : “Elles sont le plus souvent importées de l’extérieur des établissements”, précisait Denis Couture, du vice-rectorat. Seuls moyens pour lutter contre, de fait : la création de 45 postes de surveillants supplémentaires dès la prochaine rentrée, des équipements de vidéosurveillance qui devraient continuer à se développer dans les établissements, et la mise en place de clôtures. Afin d’endiguer ces hausses, une mission de l’Inspection générale de la Gendarmerie nationale et de la police devrait arriver à la fin du mois de février pour déterminer les moyens à mettre en oeuvre et la meilleure façon de lutter contre cette délinquance qui entache Mayotte jour après jour. Du côté des moyens humains, ce sont 42 gendarmes supplémentaires et l’arrivée du GIGN qui sont mis en avant : “On me demande souvent ce que le GIGN vient faire ici. C’est une unité d’élite qui adaptera ses missions au terrain Mahorais. C’est une chance”, justifiait le préfet Seymour Morsy. Pour finir, le procureur Joël Garrigue soulignait tout de même l’accroissement de l’activité judiciaire, “Grâce au fort engagement des forces de l’ordre et à une meilleure occupation du domaine public.”

Geoffroy Vauthier

Edito. Ce que j’en pense… La vie, l’amour, l’amitié…

Avoir conscience de son ignorance est par ailleurs une forme d’intelligence. Il est parfois plus facile de comprendre, que de comprendre que l’on n’a pas compris… de croire que l’on a compris, que de demander et d’apprendre…

Car peut s’ouvrir alors une première étape dans la recherche du savoir, de la connaissance et de la compréhension. Il faut demander, il faut oser demander. Demander c’est faire preuve de beaucoup d’intelligence : l’intelligence dans la connaissance de ses limites (ou les limites de sa connaissance…), mais aussi le courage d’avouer son ignorance, pour apprendre. Celui qui ne demande pas, ne saura jamais.

Je le répète tellement souvent aux collégiens ou lycéens qui viennent visiter la rédaction, ou que je rencontre : “Demandez, osez demander et vous apprendrez. Lisez et vous saurez”.

La connaissance peut passer par une demande à quelqu’un qui sait, que ce soit un professeur, un technicien, un spécialiste ou un professionnel. Cela peut passer par la demande de conseils, d’avis sur un problème, sur un point de blocage, à un ami, à un collègue, et le problème disparait.

Apprendre permet de mieux vivre, mieux appréhender le monde qui nous entoure, mieux vivre avec ses congénères. Cela permet d’éviter de commettre des erreurs graves, de générer des problèmes, des incompréhensions. Savoir, bénéficier de la connaissance, des expériences d’autres peut éviter des accidents, des maladies, des guerres. Cela passe notamment par l’éducation, mais aussi la discussion avec d’autres.

L’ignorance est la mère de toutes les barbaries, de tous les racismes, de tous les extrémismes. Ne pas savoir, vivre dans l’inconnu génère naturellement de la crainte, de l’appréhension. Un peuple maintenu dans l’ignorance permet à des dictatures de se maintenir au pouvoir. Un peuple éduqué, éclairé, saura agir au mieux de ses intérêts. D’où l’importance à donner à l’éducation.

Car savoir plus doit ensuite servir à agir mieux. Savoir ce qui se fait ou qui ne se fait pas, savoir ce qui marche ou ce qui a raté, permet de mieux choisir sa voie, savoir ce qui a conduit à des désastres peut permettre de les éviter. Savoir soigner permet de sauver des vies. Savoir gérer des équipes permet de mener à bien de grands projets, ambitieux. Savoir construire un pont permet d’éviter des kilomètres de détour.

Mettre en place une adduction d’eau potable, l’assainissement collectif des eaux usées, une gestion des déchets, permet à la population de vivre dans de meilleures conditions d’hygiène, en meilleure santé. Connaître son passé permet de transmettre des valeurs, des traditions. Cela permet de mieux affirmer sa différence, sa richesse culturelle. Connaître ses voisins permet d’éviter de croire n’importe quoi, de dire n’importe quoi. Avoir connaissance des conditions de vie difficiles d’un enfant permet de mieux comprendre ses difficultés en classe.

L’éducation, mais aussi les médias devraient servir à diffuser ces connaissances, à tisser des liens sociaux au sein d’un territoire donné, pour que chacun y vive mieux. Disposer de ces connaissances devrait permettre de s’adapter aux évolutions, de les anticiper, de les préparer.

Sachant, il convient en effet d’agir pour améliorer la situation, car chacun doit apporter sa pierre. Avoir la volonté d’apprendre, de mieux comprendre, pour ensuite mettre ces connaissances au service de la société dans laquelle on vit. Voilà ce qui devrait guider nos dirigeants et chacun de nous. Apprendre, connaître, découvrir, oser, mais aussi s’entourer des compétences nécessaires permet d’avancer plus sereinement, plus sûrement. L’humanité a progressé depuis la nuit des temps, grâce à des individus qui ont osé, qui ont appris de nouvelles choses, mené des expériences, qui ont découvert et diffusé leurs savoirs.

“Je sais, je sais, je sais…” chantait Jean Gabin évoquant sa jeunesse et croyant déjà tout savoir à 18 ans. Puis, à l’automne de sa vie, ayant rencontré, appris, encore appris, et, nous rappelant le philosophe Socrate, il concluait sa chanson si justement : “je sais qu’on ne sait jamais. (…) C’est tout ce que je sais, et ça je le sais…”. Mais, au-delà de tout ce qu’il avait appris, et de tout ce qu’il ne savait pas encore, au-delà de tout ce qu’il avait fait, il nous en livrait tout de même l’essentiel : la vie, l’amour, l’amitié…

Laurent Canavate

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Mardi 13 mai 2025

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Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes