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Le chemin de croix des demandeurs d’asile à Mayotte

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L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a annoncé le 3 janvier via un tweet qu’une mission de protection avait récemment été menée à Mayotte, lors de laquelle 400 demandeurs d’asile venus de l’Afrique des Grands Lacs avaient été entendus. Dans l’attente des résultats de cette mission, Flash Infos revient sur la situation de ces candidats au statut de réfugié. Et en termes d’hébergement, d’allocations et de soins pour ces populations, Mayotte semble manquer à ses devoirs.

« En besoin manifeste de protection », c’est ainsi que l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a qualifié la situation des 400 demandeurs d’asile originaires de la région de l’Afrique des Grands Lacs à Mayotte qu’il a entendus. En mission de protection durant 3 semaines sur le 101ème département français, l’Ofpra a collaboré avec l’association Solidarité Mayotte, qui a accompagné plus de 1400 demandeurs d’asile en 2017 dont 500 nouveaux arrivants. « Un nombre clairement en augmentation », note Mouhamadi Assani, directeur adjoint de la structure. Parmi ces candidats au statut de réfugié, beaucoup viennent de la région de l’Afrique des Grands Lacs, fuyant la crise politique que traverse le Burundi et les exactions, ou encore les conflits armés de la République démocratique du Congo, notamment dans la région de Kivu, et qui provoquent d’importants déplacements de population.

Des « atteintes graves » au droit d’asile

L’année dernière, l’association a accueilli 99 Congolais, 77 Burundais et 53 Rwandais nouvellement arrivés, la plupart arrivant depuis la Tanzanie et changeant de bateau en pleine mer, passant sur des kwassas pour rejoindre Mayotte. « J’ai l’impression que depuis septembre, le nombre de demandeurs d’asile originaires du Burundi augmente, certainement en raison de la crise mais peut-être aussi à cause de certaines opportunités [en raison de l’augmentation ou de la formalisation des filières de passeurs] », observe le directeur adjoint de Solidarité Mayotte, qui note de manière générale une plus grande part de mineurs non accompagnés (76 sont pris en charge par Solidarité Mayotte dont 40 arrivés en 2017) et de femmes seules ou avec enfants. Et malheureusement, les conditions d’accueil et d’accompagnement de ces personnes en situation de grande vulnérabilité ne sont pas optimales sur le territoire – notamment pour les mineurs, en l’absence de foyer de l’enfance et de financements du Département dans ce domaine. En septembre 2017, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCD H) mentionnait dans un rapport public des « atteintes graves » au droit d’asile à Mayotte, pointant du doigt un certain nombre de dysfonctionnements dans le traitement des demandes : mesures d’éloignement irrégulières notamment pour les ressortissants comoriens et malgaches « systématiquement placés au centre de rétention administrative après leur interpellation, et (…) bien souvent renvoyés avant même que leur éventuelle demande n’ait été enregistrée et examinée par l’Ofpra »; des problèmes de réception des documents administratifs en raison d’un adressage problématique sur l’île ; l’absence ou le manque d’interprètes ; des délais pour un entretien avec l’Ofpra particulièrement longs, etc.

Un constat que partage le directeur adjoint de Solidarité Mayotte qui retrace le parcours du combattant du demandeur d’asile à Mayotte : entre le moment où ce dernier dépose une demande d’asile et la réponse qu’il obtient de l’Ofpra, entre trois et quatre ans peuvent s’écouler, « même si les choses s’améliorent », tempère Mouhamadi Assani. Cette personne ne peut travailler avant neuf mois et ne bénéficie pas des allocations auxquelles elle a droit « en raison d’un régime dérogatoire à Mayotte », explique le responsable. Une situation administrative et financière qui ne permet pas à ces migrants de vivre décemment. En outre, aucun centre d’accueil de demandeurs d’asile n’existe sur l’Ile aux Parfums, seule Solidarité Mayotte propose 15 places d’hébergement d’urgence, financées par la Direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DJSCS). Et si en décembre la DJSCS a débloqué de nouveaux fonds pour 20 places supplémentaires, le nombre de lits demeure « dérisoire » en regard des besoins, pour Mouhamadi Assani. Ainsi, le demandeur d’asile peut bénéficier d’un toit durant un mois, renouvelable une fois, mais sera contraint de laisser sa place au bout de deux mois maximum. « Nous demandons aux communautés de prendre en charge ces personnes si possible mais sinon, nous sommes sans solution, elles sont livrées à elles-mêmes », regrette le directeur adjoint. A titre d’exemple, il chiffre : « Entre le 22 décembre et hier, 47 personnes sont nouvellement arrivées. L’hébergement est déjà plein. »

« Problème de gouvernance »

Solidarité Mayotte proposait également un accompagnement psychologique et des soins infirmiers, un dispositif financé par l’Agence régionale de santé (ARS) mais dont les fonds n’ont pas été renouvelés, selon Mouhamadi Assani. Ainsi, les médecins du centre médico-psychologique (CMP) de Mamoudzou contactent-ils Solidarité Mayotte, relate le directeur adjoint, afin de trouver une solution pour ces populations ayant vécu de grands traumatismes et pouvant difficilement être prises en charge en raison de l’engorgement du CHM. Suite à la suppression du dispositif de soins porté par Solidarité Mayotte et en l’absence de couverture maladie universelle (CMU) et d’aide médicale d’Etat (AME) auxquelles ont théoriquement droit les demandeurs d’asile, qu’a prévu l’Etat pour la santé de ces étrangers ? « Cela pose de nombreux problèmes, notamment en termes d’épidémies », avertit Mouhamadi Assani, évoquant par exemple le virus Ebola. Outre la problématique des droits fondamentaux de ces migrants, se pose donc une question de santé publique pour l’ensemble de la population de l’île. Contactée, la délégation mahoraise de l’ARS a démenti avoir suspendu les financements de ce dispositif, et a affirmé avoir effectué les paiements de 2017 et avoir même prévu une enveloppe à la hausse en 2018. « Le dispositif a cessé fin 2016. En 2017, les fonds de l’ARS ont servi à l’aide alimentaire aux personnes démunies », s’étonne le directeur adjoint de Solidarité Mayotte.

Pour Mouhamadi Assani, la prise en charge des demandeurs d’asile à Mayotte pose un problème de « gouvernance administrative » et de responsabilité : « Je ne sais pas quand l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration, ndlr) va se décider à prendre en charge les demandeurs d’asile », s’interroge le directeur adjoint. D’autant que le problème est complexe à Mayotte, avec des demandeurs d’asile de tous horizons : en 2017, l’association a accueilli des migrants du Yémen, de Tanzanie, du Soudan, du Sénégal, de l’Ouganda, d’Inde, d’Ethiopie, de Birmanie, etc.

En 2017, selon les chiffres de Solidarité Mayotte, 278 personnes ont obtenu le statut de réfugié, 79 ont été déboutées, 671 étaient dans l’attente d’une décision de l’Ofpra et 25 ont demandé une procédure de réexamen de leur dossier.

Port de Longoni : le ministre de l’Action et des comptes publics répond

Dans un rapport paru en décembre, la Cour des Comptes estime la gestion du port de Longoni « défaillante » et à « la gouvernance inadaptée » et demande à trois ministres (Transports, Outremer, Action et des comptes publics) de lui répondre sur un changement de statut du port permettant à l’Etat d’intégrer sa gouvernance, à travers le statut de grand port maritime.

Peu après la ministre des Transports, Elisabeth Borne (voir Flash Infos du vendredi 5 janvier 2018), le ministre de l’Action et des comptes publics, Gérald Darmanin, a également écrit au président de la Cour des Comptes. Reprenant une partie des conclusions d’Elisabeth Borne, Gérald Darmanin estime lui aussi qu’il est compliqué de mettre fin à la délégation de service public accordée à Mayotte Channel Gateway (MCG) et complète : « L’examen des possibilités de résiliation de la délégation de service public met en évidence les difficultés qui s’ensuivraient, tant en termes financiers qu’organisationnels, la recherche d’un accord amiable avec le délégataire pour qu’il abandonne cette délégation paraissant sans issue ». En outre, le ministre doute de la capacité du Département « à assumer la charge financière qui en résulterait pour lui ». Et la possibilité de l’intégration de l’Etat dans la gouvernance du port « nécessite des évolutions législatives lourdes, au calendrier peu compatible avec les urgences qu’a soulignées la Cour [des Comptes] ». Ainsi, le ministre préconise plutôt « un dispositif souple et rapide à mettre en oeuvre » tel « le recours à un médiateur désigné par l’Etat en accord avec les deux parties (le Conseil départemental et son délégataire) […] »

Un cyclone va-t-il se former au sud de Mayotte la semaine prochaine ?

Selon le site météorologique windy.com, une dépression devrait se former à partir de samedi ou dimanche dans le canal du Mozambique entre Mayotte et Madagascar. Elle pourrait se transformer en cyclone en début de semaine prochaine, mais Météo France tient à prévenir la population quant à l’interprétation de ces informations. « Windy.com est une plateforme de visualisation de sorties informatiques. C’est-à-dire qu’elle visualise sur une carte des calculs informatiques », explique Bertrand Laviec, directeur de l’antenne mahoraise de Météo France.  Autrement dit, l’interprétation par ce site des éléments bruts n’est pas une prévision, mais juste une « visualisation » hypothétique. « Il y a 14 modèles de visualisation de sorties informatiques dans le monde et windy.com utilise le modèle européen CEP et le modèle américain GFS. Ce dernier ne montre d’ailleurs aucun phénomène météorologique de ce genre dans la zone géographique en question pour la semaine prochaine », précise Bertrand Laviec. Mais cela ne signifie pas que le site n’est pas fiable admet le directeur avant d’ajouter : « il est possible que le site ait raison, mais attention à la lecture que nous faisons de ces données ». Néanmoins, Météo France rappelle qu’il est difficile de prévoir la météo sur une semaine. Donc, il est inutile de paniquer. Les spécialistes devraient en savoir plus d’ici mercredi ou jeudi. Patience et calme sont donc de rigueur avant confirmation ou non de la probabilité d’une tempête pouvant se former au large du 101ème département.   

 

Automobile | La prime à la conversion des véhicules est aussi disponible à Mayotte

Depuis le 1er janvier 2018, la prime à la conversion des véhicules est accessible à tous.

Les Français qui veulent changer un vieux véhicule polluant pour une voiture plus propre, neuve ou d’occasion, peuvent désormais bénéficier d’une aide de 1 000 à 2 000 €. Mayotte est aussi concernée par cette prime. Pour accompagner les automobilistes désireux d’en bénéficier, Nicolas Hulot, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, a lancé cette semaine, la plateforme d’information www.primealaconversion.gouv.fr.

La prime à la conversion des véhicules va-t-elle inciter certains habitants de Mayotte à troquer leur vieille automobile contre une nouvelle voiture en principe moins polluante (car il ne faut pas oublier le scandale du “Dieselgate” qui avait mis en lumière ces dernières années le système de triche organisé par certains constructeurs automobiles quant aux niveaux d’émissions de CO2 et de particules fines de leurs véhicules) ? Seul l’avenir le dira, en attendant l’État souhaite travailler dans ce sens-là. 

Mais, quel est le montant de la prime ? Quels sont les vieux véhicules repris ? Quelles sont les démarches à effectuer ? La nouvelle plateforme du gouvernement entend répondre à toutes les questions que se posent les particuliers et les professionnels qui veulent bénéficier du nouveau dispositif de prime à la conversion :

– un test rapide permet de vérifier son éligibilité et le montant de la prime accordée ;

– un téléservice est directement accessible pour effectuer sa demande en ligne ;

– une foire aux questions apporte tous les renseignements pratiques sur le fonctionnement de la prime (objectifs du dispositif, conditions d’obtention, démarches à effectuer…) ;

– un espace réservé aux professionnels est mis à disposition pour faciliter le déploiement du dispositif dans le secteur automobile.

La prime à la conversion est l’une des mesures du “Paquet solidarité climatique” entrée en vigueur ce 1er janvier 2018. Les Français qui veulent acquérir une voiture neuve ou d’occasion récente (Crit’air 1 ou 2) émettant moins de 130 gCO2/km peuvent désormais recevoir une aide à hauteur de 1000 € en mettant au rebu un vieux véhicule polluant. Cette prime est doublée pour les ménages non imposables puisqu’elle passe de 1 000 € à 2 000 €.

Pour le ministre, “le nouveau dispositif de prime à la conversion est un levier incontournable pour accélérer la sortie du parc des véhicules essence et diesel les plus polluants. Le lancement d’une plateforme d’information doit permettre à chacun d’avoir tous les renseignements nécessaires pour s’emparer du Paquet solidarité climatique, que l’on soit particulier ou professionnel”.

Port de Mayotte : L’Etat ne se mouille pas

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En réponse à un référé de la Cour des Comptes préconisant de changer le statut du port de Longoni afin que l’Etat intègre sa gouvernance, la ministre chargée des Transports, Elisabeth Borne, a étayé les raisons pour lesquelles cette transformation demeure complexe. Explications. 

Détaillant la gestion du port de Longoni, la Cour des Comptes ne mâche pas ses mots : « défaillante » et à la « gouvernance inadaptée ». Dans un rapport adressé à trois ministres (Transports, Action et comptes publics et Outre-mer) et paru le 21 décembre, la juridiction dresse un bilan aux allures de désastre de la délégation de service public (DSP) du port de Mayotte. L’instance demande donc à Elisabeth Borne, ministre chargée des Transports, de lui répondre sur la question d’un éventuel changement de statut du port de commerce qui permettrait à l’Etat d’intégrer sa gouvernance, à travers le statut de grand port maritime. Dans ce référé, la Cour des Comptes énumère les nombreuses difficultés de fonctionnement imputables à la fois au Département et au délégataire Mayotte Channel Gateway (MCG) : « dégradation des infrastructures portuaires susceptible de porter atteinte à la sécurité » et inaction du Département sur ces questions ; « acquisition de grues mobiles et de portiques motorisés (…) à un coût supérieur à celui prévu » d’où une augmentation des droits de port et des redevances d’occupation du domaine public ; obligations contractuelles non respectées telles que la transmission des rapports d’activité et comptes annuels, etc. De multiples manquements générant un nombre considérable de différends : 31 contentieux entre 2014 et fin 2017, note la Chambre des Comptes.

Passé cet amer constat, la juridiction recommande donc à l’Etat de s’associer à la gouvernance du port afin de remettre un peu d’ordre dans cette gabegie. Pour appuyer sa proposition, elle prend en exemple les organes de gouvernance des ports de Guyane, de Guadeloupe, de Martinique ou encore de La Réunion au sein desquels siègent des représentants de l’Etat ou des membres nommés par l’Etat.

Un « non pour l’instant » argumenté

Dans sa réponse au président de la Cour des Comptes, Elisabeth Borne argumente longuement sur les différents obstacles qui empêchent pour le moment la transformation du port de Longoni en grand port maritime. Tout d’abord, le statut particulier du port de Mayotte – décentralisé – ne permet pas d’envisager « la présence de l’Etat dans les instances de gouvernance (…) en l’état actuel du droit ». Par ailleurs, créé dès l’origine sous le régime de port décentralisé, le port de Longoni ne peut bénéficier d’un transfert de propriété à titre gratuit puisque ce mécanisme est réservé aux seuls ports relevant de l’Etat et transférés par la suite aux collectivités locales. Cette cession « devrait s’effectuer dans un autre cadre que celui de la loi de décentralisation de 2004 et ne pourrait s’envisager que sur demande du Département ». En outre, la ministre rappelle que la mission interministérielle mise en place en 2017 étudie plutôt « les scénarii envisageables permettant d’établir un pilotage plus efficace du contrat de cession actuel ». 

Elisabeth Borne souligne également que c’est au Département de signifier qu’il renonce à sa compétence portuaire au profit de l’Etat. Or, « nous n’avons pas connaissance de la position du Conseil départemental sur ce point, ni même s’il en a forgé une », constate-t-elle. Interrogé, le président du conseil portuaire, Bourhane Allaoui, a affirmé que le Département était « favorable » à la transformation du port de Longoni en grand port maritime et que ce changement « permettrait de minimiser les conflits que nous connaissons actuellement ». Le Conseil départemental n’a pourtant pas exprimé officiellement par écrit sa position auprès de l’Etat. « Mais s’il faut le faire, nous le ferons évidemment », a précisé Bourhane Allaoui. 

Enfin, la ministre a réfuté l’argument de la Cour des Comptes prenant en exemple les ports des autres DOM : dans le cas de Mayotte, la transformation en grand port maritime supposerait la résiliation de la convention de DSP en cours entre le Département et MCG, convention qui arrive à échéance en 2028. « Sa résiliation risque d’entraîner d’importantes conséquences financières (…) et de donner lieu à de nouveaux contentieux d’indemnisation, qui viendraient s’ajouter à ceux, non encore résolus, relatifs à la précédente concession », argue la ministre, soulignant toutefois que la mission interministérielle évaluait actuellement « les conséquences d’une telle résiliation ». Malgré les nombreux obstacles soulevés par la ministre, « l’Etat continue à jouer pleinement son rôle, notamment à travers le contrôle de légalité exercé par le préfet », a affirmé Elisabeth Borne.

 

Agression au dispensaire de Kahani

Une agression a eu lieu mercredi au dispensaire de Kahani, a confirmé jeudi le service communication du CHM. Un usager, venu consulter avec ses enfants, aurait cassé la vitre derrière laquelle se trouvait un agent d’accueil, ce dernier refusant de l’admettre après que le père de famille a montré une photographie de sa pièce d’identité plutôt que l’original du document. Choqué mais non blessé, l’agent a exercé mercredi son droit de retrait. L’agresseur a été appréhendé par la gendarmerie et le CHM a déposé plainte pour dégradation de biens publics. En outre, l’hôpital a décidé de renforcer l’équipe existante (qui se compose d’un agent de sécurité en permanence sur les lieux) d’un autre agent de sécurité, qui serait présent sur le site du dispensaire le matin. Si la mesure s’avère efficace et que le CHM constate une baisse notable des violences que subit régulièrement ce dispensaire en particulier, le poste de l’agent de sécurité supplémentaire sera pérennisé. Une agression sur des agents avait déjà eu lieu l’année dernière, a précisé le CHM.  L’agent agressé a repris le travail jeudi. 

Immigration | Naser, un Rohingya à Mayotte

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Depuis juillet 2017, Mayotte compte deux réfugiés rohingyas sur son territoire. Parmi eux, figure Naser, 28 ans. Apatride, le jeune médecin a été forcé de quitter l’année dernière le pays où il est né, l’Arabie Saoudite, la terre d’asile de ses grands-parents venus s’y installer il y a 70 ans après avoir fui la Birmanie. Une histoire atypique loin de la région de l’Arakan où se joue actuellement le sort de centaines de milliers de rohingyas victimes d’une répression menée par les autorités de Myanmar. 

« J’en avais marre de la vie que je menais ces dernières années. Entre la mort et le désir de mener une vie normale comme tout être humain, j’ai choisi de risquer ma vie en rejoignant la France, le pays des droits de l’homme ». Les paroles de Naser en disent long sur le calvaire qu’a traversé le jeune homme d’origine rohingya né à Médine (Arabie Saoudite). Arrivé en kwassa sur les rives du 101ème département le 28 juillet dernier, ce docteur de profession est venu chercher un statut de réfugié. Sans nationalité, il espère pouvoir s’installer en France durablement. 

Son histoire et celle de l’exil de sa famille ont débuté dans les années 50 et 60 alors que les Rohingyas commençaient à être victimes de persécutions en Birmanie. Après avoir transité par l’Inde, les grands-parents de Naser ont rejoint l’Arabie Saoudite  pensant pouvoir trouver la paix dans le berceau du monde musulman, à savoir la Mecque. Or, cela fait maintenant environ 60 ans que des centaines de milliers de Rohingyas installés dans ce pays vivent sans nationalité. C’est le cas de Naser et les siens. Bien qu’acceptée de rester sur leur territoire, les autorités de Riyadh n’ont jamais régularisé cette population et leurs enfants nés pourtant sur le sol saoudien. « Le roi Khaled ben Abdelaziz Al Saoud nous avait promis sous son règne (1975 – 1982, NDLR) de nous donner un statut, mais la procédure a été interrompue par son successeur Fahd ben Abdelaziz Al Saoud (1982 – 2005, NDLR) sans que l’on sache pourquoi », explique-t-il. 

Ainsi, de nombreux Rohingyas d’Arabie Saoudite se retrouvent dans une situation où il ne dispose ni d’une naturalisation ni d’un statut de réfugié. « Rien n’est prévu dans le système saoudien pour les personnes comme nous », s’indigne Naser. Mais pour pouvoir résider dans le royaume, le régime demande aux non-ressortissants de détenir des papiers de leur pays d’origine même s’ils sont nés en Arabie Saoudite comme Naser. Le droit du sol est un concept qui n’existe pas dans la plus grande nation de la péninsule arabique. « Mais nous en tant que Rohingyas, il est impossible d’obtenir un passeport birman, car l’État là-bas ne reconnait pas notre appartenance au pays bien que nos ancêtres en soient originaires », précise le jeune réfugié. Seule solution donc pour lui et sa famille, l’obtention de faux papiers d’un pays tiers. Naser s’est ainsi procuré un passeport pakistanais falsifié : « Le gouvernement saoudien sait que ce document n’est pas authentique, mais il s’en moque ». Si ces faux papiers autorisent les non-citoyens à rester en Arabie Saoudite, ils ne leur donnent néanmoins pas accès à certains services publics. « Nous n’avons pas le droit à la sécurité sociale, mais on nous autorise néanmoins à inscrire nos enfants à l’école publique jusqu’au baccalauréat. Pour ce qui est de l’entrée à l’université, elle nous est interdite même si personnellement j’ai pu poursuivre mes études supérieures en médecine grâce à mon faux passeport », raconte Naser. 

En 2012, lorsque la crise des Rohingyas a éclaté en Birmanie, l’Arabie Saoudite a réalisé qu’elle comptait environ 500 000 personnes de cette communauté sur son territoire. D’après le jeune docteur : « Le gouvernement nous avait promis l’accès à plusieurs droits. Il nous a même donné des cartes de résidents, mais ce n’est qu’un morceau de papier et les promesses sont restées lettre morte ».  

Autre problème pour les Rohingyas d’Arabie Saoudite, l’instauration d’une loi en 2007-2008 qui stipule que tout non-citoyen vivant dans ce territoire doit le quitter une fois qu’il a atteint sa majorité. « C’est la raison pour laquelle mes deux frères ont dû partir, l’un au Yémen et l’autre au Soudan. Mais moi, j’ai pu rester grâce à mon parcours scolaire et grâce au réseau de mon père », se souvient Naser. 

10 mois de prison et 90 coups de fouet pour avoir raccompagné une femme

Si ce dernier pensait pourvoir poursuivre tranquillement son cursus et obtenir un jour un travail, il a rapidement déchanté en 2013, année qui a été un tournant dramatique dans sa vie. « Alors que je ramenais une amie chez elle en voiture, nous avons été arrêtés par la police religieuse. Celle-ci me reprochait d’être accompagné d’une femme qui n’était pas une parente ou mon épouse. J’ai été donc détenu plusieurs jours en prison puis condamné par un juge sadique qui m’a infligé 10 mois de prison, l’obligation de quitter le pays à l’issue de mon incarcération, l’interdiction d’entrer et de séjourner à l’avenir en Arabie Saoudite ainsi que 90 coups de fouet (selon Naser, le bourreau place un livre entre son bras et le flanc de son corps l’empêchant de tendre le bras complètement et ainsi limitant l’impact des flagellations. De plus, la victime est habillée de plusieurs couches de vêtements au moment de l’exécution de la peine. C’est ce qui explique l’absence de marques sur le dos de Naser. Mais cette procédure n’a pas dispensé le malheureux de toute douleur instantanée lorsqu’il a été fouetté, NDLR).

Afin d’éviter de purger sa peine et d’obtenir une relaxe, Naser a donc fait appel en répétant plusieurs fois l’opération. « La Cour d’appel a reconnu que la peine était exagérée par rapport aux faits qui m’étaient reprochés, mais sa décision n’a qu’un avis consultatif. C’est la décision en première instance qui prime dans le système judiciaire saoudien », détaille le réfugié. Pendant ce temps-là, Naser découvre que sa situation est totalement bloquée : « Je n’avais plus le droit d’accès à des services simples comme louer une voiture. Je n’avais pas le droit d’exercer une activité professionnelle non plus. J’ai néanmoins réussi à travailler bénévolement dans un hôpital à Médine afin de pouvoir continuer à me former dans mon métier ». Mais en 2016, nouveau basculement, le père du jeune homme décède. Un événement qui compliquera un peu plus sa situation ainsi que celle de sa famille rattachée administrativement au statut du défunt. Naser tentera de lancer un nouvel appel, en vain. Exténué, il décide finalement de se rendre à la police et d’exécuter la peine reçue en 2013. « J’ai fait ce choix pensant qu’après avoir purgé cette sentence je pourrai convaincre les autorités de ne pas m’expulser et pouvoir démarrer une vie normale », explique-t-il. Pendant près d’un an, le jeune Rohingya va vivre un enfer entre tortures et violences en tout genre perpétrées par ses geôliers : « Ils m’ont pendu au plafond par les poignets, ils m’ont frappé, c’était horrible ». Une histoire à glacer le sang. Une fois son emprisonnement arrivé à son terme, Naser s’est vu dans l’obligation de quitter son pays natal. « Je ne voulais pas. J’ai crié, pleuré, menacé de me suicider, mais ils ne m’ont pas donné le choix puisque c’était soit j’accepte de partir soit j’allais rester en prison jusqu’à la fin de ma vie ». C’est à partir de ce moment-là que l’odyssée du malheureux a démarré.

Du Pakistan jusqu’à Mayotte en passant par le Soudan et les Comores

Étant en possession, d’un faux passeport pakistanais, décision est prise par l’apatride en janvier 2017 de voyager vers Islamabad (la capitale du Pakistan). « J’avais peur de ce qui m’attendait là-bas, car je ne parle pas la langue locale (le Pendjabi est la langue majoritaire dans ce pays, NDLR). Mais avec mon bon niveau d’anglais, je suis arrivé à me faire passer pour quelqu’un de riche ou d’important en transitant par l’espace VIP de l’aéroport d’Islamabad. J’ai été surpris qu’ils ne me posent pas plus de questions à la police aux frontières (Paf) ». Après un mois de séjour dans ce pays, Naser décide de rejoindre son frère au Soudan. Après un interrogatoire de plusieurs heures à l’aéroport d’Islamabad, l’intéressé obtient l’autorisation d’embarquer et de s’envoler pour Khartoum. « Une fois arrivée là-bas, la Paf soudanaise ne m’a pas retenu très longtemps à partir du moment où j’étais en mesure de payer un bakchich pour obtenir mon visa touristique ». C’est à partir de là qu’il a songé à rejoindre la France, car pour lui « c’est le pays des droits de l’homme et le meilleur endroit pour poursuivre une vie normale ». Il étudie donc les différentes options pour rejoindre « le pays des Lumières ». « J’ai envisagé de passer par la Lybie, mais j’avais peur d’être réduit en esclavage par les passeurs et d’autres conséquences. Je me suis donc renseigné sur les territoires français d’outre-mer et c’est comme ça que j’ai découvert Mayotte », décrit-il. C’est notamment en lisant l’histoire de Syriens fuyant la guerre dans leur pays pour chercher l’asile à Mayotte que Naser se lance dans la préparation de son voyage vers le 101ème département. Il étudie la carte de l’archipel et les moyens pour rejoindre l’île au lagon. 

1 500 € la traversée en kwassa  

Fin juillet, le Rohingya se lance dans l’aventure avec un compatriote en prenant un billet d’avion pour Moroni avant de prendre le bateau pour transiter par Anjouan, île depuis laquelle il prendra un kwassa. « A Domoni (ville située au sud d’Anjouan, NDLR) où nous avons embarqué, on nous a présenté une personne un peu âgée, un certain Nourdine. C’est un commerçant et une personne très importante là-bas paraît-il ». D’entrée de jeu, le malfaiteur emploie un ton très menaçant en vers les deux compagnons d’infortune : « bien que très élevée, nous avons accepté son offre de prendre un kwassa pour 3 000 € soit 1 500 € chacun. Nous avions peur des conséquences si nous refusions ». Ayant voyagé depuis Khartoum avec 4 500 dollars en poche issus de l’héritage de son père, c’est Naser qui paiera le ticket de son comparse. Et c’est dans une mer houleuse que le voyage vers Mayotte en bateau a démarré. « Certaines de nos affaires sont tombées à l’eau durant ce périple. On a bien cru qu’on allait y passer,  mais nous y étions conscients bien avant du risque que l’on prenait », raconte le médecin. Quelques heures après, l’embarcation a finalement atteint la côte mahoraise entre les villages d’Acoua et Mliha. « Le passeur nous a déposés sur une plage rocheuse. Nous avons marché 5 kilomètres pour rejoindre le premier village avant de prendre un taxi pour Mamoudzou. Une fois arrivés dans le chef-lieu, nous nous sommes déclarés à la police ». Mais quelle fût la surprise de Naser de voir que les agents ne les ont pas placés en détention, ni même interrogés ou confiés à leurs collègues de la Paf. « Ils ont été très respectueux. Ils nous ont conseillé au vu de notre situation de nous rapprocher de l’association d’aide aux migrants, Solidarité Mayotte », se souvient-il avant d’ajouter : « Le comportement de la police française m’a agréablement surpris, car j’ai tellement été habitué par les maltraitances de la part de la police saoudienne. Depuis, que je suis arrivé à Mayotte, je ne me suis jamais senti aussi libre et en sécurité malgré les problèmes de vol et violence dont on m’a parlé ici ». 

S’en sont suivis les démarches administratives auprès de l’organisme et quelques semaines à dormir dans les mosquées ou chez l’habitant avant de trouver enfin un toit. Naser a déjà rencontré en décembre dernier l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Il attend désormais de savoir si sa demande de statut de réfugié va être acceptée ou pas. « J’espère obtenir une réponse d’ici la fin du mois de janvier ». Pour le moment, le jeune homme essaie de survivre en vivant de petits boulots comme des cours particuliers d’arabe et d’anglais qu’il dispense afin de payer son loyer et sa nourriture. « Il me reste aussi quelques économies, mais je ne sais pas combien de temps cela va me permettre de continuer à payer mon loyer ». Il suit également des cours de français afin de pouvoir s’intégrer. 

Si sa demande est acceptée, Naser espère dans la foulée pouvoir faire reconnaître ses diplômes de médecine afin d’obtenir une équivalence avec une idée bien claire dans sa tête : « je souhaite faire bénéficier de mes compétences à Mayotte, car je sais que l’on manque de médecins ici. Néanmoins, j’espère aussi à terme, pouvoir poursuivre mes études et pour cela je serais peut-être obligé d’aller en métropole ».  Il nourrit également l’espoir de faire venir un jour son frère dans l’île au lagon. « Nous sommes des centaines de milliers de Rohingyas à être dans cette situation d’apatride. Nous n’avons nulle part où aller. Ma communauté est en train d’être éradiquée en Birmanie. Nous existons, mais nous ne sommes pas reconnus. On n’a pas choisi d’être Rohingyas, mais on est obligé de faire avec, de survivre… » 

 

 

Grandes surfaces – un spectacle désolant

Aller faire ses courses dans cette grande surface de Petite-Terre relève désormais du challenge et ce, à bien des niveaux. Que se passe-t-il dans cet établissement ?

La grande surface semble complètement laissée à l’abandon, tellement les manquements à l’hygiène y sont nombreux. Petit récit d’une expérience ordinaire. 

L’aventure commence en tentant de récupérer son caddie. Avec un peu de chance, il faudra que vous ayez à déplacer un scooter pour sortir le chariot de son emplacement. Une fois au guidon de votre chariot, vous voudrez ensuite passer les portes, mais vous ne pourrez pas emprunter l’entrée classique bien sûr, car elle est condamnée depuis des mois. Il vous faudra donc faire un détour pour passer par la porte de sortie afin d’entrer… Logique ! Une fois à l’intérieur, vous ne retrouverez pas le frais habituel auquel on s’attend dans tout bon magasin d’alimentation digne de ce nom, mais vous devrez faire face à une chaleur suffocante. En effet, la climatisation est en panne depuis des mois… Pas mal pour la conservation des aliments ! Outre l’odeur de vomi qui sévit au niveau des caisses, il faudra ensuite vous frayer un chemin entre les palettes pour accéder aux rayons, et là, c’est le drame. Toutefois, rien de choquant dans les rayons nonalimentaires mais tout ça se gâte une fois arrivé aux rayons frais.

Tous les congélateurs fuient et certains ne sont pas fermés du fait de leur vétusté. Autant dire, comme on peut le constater sur les photos, que les clients doivent tenter de se déplacer sur une patinoire d’eau répugnante. Il faudra bien entendu éviter les feuilles de salade et autres détritus qui jonchent le sol. Si vous avez eu le courage de mettre quelques articles dans votre caddie, il faudra ensuite passer l’épreuve des caisses. Vous pensez mettre vos articles sur le tapis roulant pour que la caissière puisse scanner normalement vos denrées ? Que nenni, ces derniers ne fonctionnent plus et ce, depuis au moins 3 ans … En faisant part de ces désagréments aux responsables : ils font la moue, sans répondre. Les caissières, elles, heureusement plus aimables, abondent dans votre sens, et vous disent que des modifications sont prévues dans l’année sans plus de détails. Heureusement que le consommateur n’a pas vraiment le choix et que le service de l’hygiène fait systématiquement un détour par ce magasin, sinon qu’est-ce qu’on s’ennuierait en allant faire ses courses !

Des gymnases dans un état désastreux

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A Mayotte, on compte trois gymnases seulement : à Cavani, à Pamandzi et à Labattoir mais aucun ne fonctionne normalement. Tous ont des défauts non négligeables ce qui provoque l’inquiétude du milieu sportif mahorais. 

 « Parler du gymnase de Cavani qui est laissé à l’abandon depuis plusieurs années, sans parler des deux autres, serait une très grosse erreur »,  nous a confié un basketteur mahorais.  « Même celui qui a été livré il y a à peine 1 an à Pamandzi, ne répond pas aux normes de sécurité : il fuit de partout, le sol glisse et j’en passe ». Nombreux sont les soucis que présentent les trois gymnases de l’île : systèmes d’alarme défaillants, absence de tableaux d’affichage et bien d’autres. Bourouhane Allaoui, conseiller départemental de Koungou chargé du dossier, nous a expliqué que pour les travaux de rénovation du gymnase de Cavani par exemple, un appel d’offres a été lancé. 

De son côté, Saïd*,personne proche du dossier, remet en question la compétence des entreprises en charge de la réalisation des travaux du gymnase de Pamandzi, livré en 2016 :  «Sont-elles vraiment compétentes ou bien il s’agit d’une entreprise  choisie par les élus locaux ? ». Saïd nous a confié que lors de la construction du gymnase « l’entreprise appartenait à l’ami de l’ancien président Daniel Zaidani. Aujourd’hui, on ne peut plus  se tourner vers cette entreprise pour tous les désagréments causés car elle n’existe plus ». 

Des travaux de rénovation qui se font attendre

Depuis sa livraison en 1995, le gymnase de Cavani quant à lui « n’a pas réellement connu de  travaux de rénovation », a précisé  Madi*, un des membres organisateur du All Star Game. En effet, cela fait trois ans que le gymnase a été laissé à l’abandon : le toit est ouvert et il fuit, le sol est troué, les sanitaires sont inutilisables, il n’y a pas d’électricité, etc. L’établissement est même devenu un squat pour les jeunes du quartier.

« Le dernier match joué dans ce gymnase date du mois de mai 2014. C’était durant le match BCM contre l’équipe de St Pierre de La Réunion », indique Madi. « Depuis, aucun autre match n’a été joué dans ce gymnase et pourtant tout le monde est au courant des défauts qu’il présente ». Des défauts qui devraient être réparés très prochainement selon Bourouhane Allaoui qui prévoit des travaux dès début 2018.  Ce dernier souhaite rassurer les sportifs sur l’avancée du futur chantier : « On compte sur ces équipements pour que nos équipes qui participeront aux jeux des îles de l’océan Indien l’année prochaine puissent bien se préparer. On veut mettre à disposition des équipements dignes de ce nom ». 

Quel budget pour les travaux du gymnase de Cavani?

Les travaux de rénovation du gymnase de Cavani seront échelonnés sur trois ans : « Ce n’est pas possible de le faire d’un seul coup puisqu’il y a aussi le cas des autres gymnases qui est à prendre en compte » souligne Bourouhane Allaoui. Le budget estimé est compris entre 800 000 et 1 million d’euros. 

Le dossier du gymnase de Cavani est déjà passé en commission, et connaît de nouvelles révisions mais n’a pas encore été délibéré. Saïd croise les doigts et ne cache pas son scepticisme : « Nous espérons que le Conseil départemental tiendra ses promesses et fera en sorte qu’on ait des gymnases dignes de ce nom ». 

*Saïd nom d’emprunt, la personne souhaitant garder l’anonymat

*Madi nom d’emprunt, la personne souhaitant garder l’anonymat

 

Rencontre avec la chanteuse Lylah en concert ce samedi à Koropa

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L’ex-leader du célèbre groupe afro, zouk et R’n’B « Les Déesses », Lylah, est actuellement à Mayotte. Elle donnera un petit concert ce samedi soir au Koropa club. L’Antillaise interprétera quelques-unes de ces dernières chansons ainsi  que les désormais classiques « On a changé », « Danse avec moi » et « Saveurs exotiques » qui ont fait la notoriété de l’ancien trio de chanteuses afro-caribéennes. Pour l’occasion, nous avons rencontré l’artiste à Koropa piscine pour une interview. Musique.

Mayotte Hebdo : C’est la troisième fois que vous venez à Mayotte, vous êtes tombée amoureuse de l’île?

Lylah : En effet, j’ai fait deux premiers voyages en 2013 et en 2014 à l’invitation de DJ Elyas, le directeur artistique du Koropa club. Depuis, nous sommes devenus des amis. À son invitation, je suis donc revenue aujourd’hui. J’aime beaucoup Mayotte. J’aime la simplicité et la gentillesse des gens ici. 

MH : Vous préparez actuellement votre second album dont vous allez interpréter quelques titres ce weekend, pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet?

Lylah :  Je travaille actuellement en studio pour finaliser ce deuxième opus. Je n’ai pas encore de date précise pour la sortie du disque. Ce qui est sûr, c’est qu’il sortira en 2018. J’ai prévu un concert de promotion à Paris au mois d’avril prochain. En attendant, je fais une petite tournée non-officielle en Afrique puisqu’après Mayotte je vais me rendre dans les prochains jours au Bénin et en Guinée pour d’autres concerts. 

« Reformer le groupe des Déesses, un jour j’espère ! »

MH : Depuis que vous avez démarré votre carrière, vous vous essayez à différents styles comme le zouk, le R’n’B ou encore l’afro dernièrement, pourquoi ces choix?

Lylah : Je suis passionnée par les sonorités afro-caribéennes en général donc j’aime varier les plaisirs et parfois mélanger les genres. Depuis 2013 je me suis lancé dans l’afro après m’être rendu à Londres. Un séjour durant lequel j’ai travaillé avec des beatmakers de ce courant musical. C’est vrai que c’est un style qui a explosé ces dernières années. Cette année, j’ai sorti avec Lola Rae la chanson intitulée « Mine ». Mais j’ai aussi interprété cette même année un single dancehall avec Pompis et un autre plutôt zouk avec Sean Chris. Tous ces titres sont prévus dans mon prochain album. 

MH : Revenons sur vote parcours. Votre carrière a été marquée par la période des « Déesses ». De 2006 à 2009, vous occupiez régulièrement le top 50 en France, pourquoi cette aventure s’est arrêtée au bout de 4 ans?

Lylah : Je n’avais vraiment pas envie que notre histoire s’arrête, mais une carrière solo s’est présentée à moi. J’ai donc accepté l’offre de mes managers. Aujourd’hui, Edene et Philypa ont suivi chacune leur chemin. L’une d’elles est devenue comédienne, l’autre a quitté le monde musicomédiatique après s’être mariée et après avoir fondé sa famille. Mais nous sommes bien évidemment toujours amis même si nous avons parfois du mal à nous voir. 

MH : y a-t-il une chance, un espoir, que le groupe se reforme un jour?

Lylah : Pourquoi pas ! J’espère en tout cas. Il faut voir en fonction des possibilités de chacun puisque cela demande beaucoup d’organisation. On peut envisager de reconstituer le groupe lors d’un de mes concerts par exemple. 

MH : Avez-vous des projets artistiques à Mayotte comme la réalisation d’un clip?

Lylah : C’est vrai que l’île est magnifique. Il y a des coins très sympas pour enregistrer de belles images comme le mont Choungui ou l’îlot de sable blanc. J’envisage en tout cas de revenir prochainement puisque l’on réfléchit actuellement à l’organisation d’une tournée dans l’océan Indien. Je sais que j’ai un public à la Réunion, à Maurice et à Madagascar donc j’espère pouvoir mener ce projet à terme. 

Pour en savoir plus : 

Informations et renseignements sur le concert au 0269 60 41 00 ou sur la page Facebook officielle de la discothèque – « Koropa Club ». 

 

Retards de barges : la direction du STM s’explique

Depuis quelques jours, de nombreux usagers ont constaté des retards à répétition des barges. Contacté hier matin, le directeur du service de transports maritimes (STM ) Jean-François Urbain a expliqué que ces problèmes sont liés à l’embarquement et au débarquement des véhicules à Dzaoudzi et Mamoudzou. « Les routes étant exigües, des bouchons se créent régulièrement. La circulation peut être rapidement bloquée à cause des véhicules qui se croisent à l’entrée et à la sortie des barges », répond la direction. En effet, en l’absence de voies d’embarquement adaptées, de nombreux automobilistes font la queue sur le boulevard des crabes à Dzaoudzi ou à l’entrée de l’embarcadère de Mamoudzou. Enfin, la direction a tenu à souligner que les intempéries de ces derniers jours « entrent également en jeu ».

Trophées Mayotte Hebdo du Sportif de l’année 2017

Les votes sont ouverts !

Ce vendredi, la Société mahoraise de presse lance la neuvième édition des Trophées Mayotte Hebdo du Sportif de l’année. Cet événement a vocation a récompensé celles et ceux ayant marqué l’année sportive 2017, de par leurs performances ou leur engagement dans leurs disciplines respectives. Pour cela, un jury composé de dix membres s’est réuni en novembre dernier pour piocher dans les 66 présélectionnés et retenir 40 nominés, que voici :

Nominés dans la catégorie SPORTIF DE L’ANNEE

Abdallah Abacar, Mamoudzou VTT Club : vainqueur du tour de Mayotte.

Ahmed Saïd Salim, Vautour Club Labattoir puis Basket Club M’tsapéré : champion de Mayotte, vainqueur du trophée des champions, vainqueur de la coupe de France régionale, vainqueur de la finale zone océan Indien du Trophée coupe de France.

Anli-Oireou Madi, ASC Tsingoni (handball) : champion de Mayotte.

Faïze Ali Charif, Football Club M’tsapéré : champion de Mayotte, vainqueur de la coupe de Mayotte.

Mouhtar Madi Ali, Football Club M’tsapéré : champion de Mayotte, vainqueur de la coupe de Mayotte.

 

Nominées dans la catégorie SPORTIVE DE L’ANNEE

Dhoimrati Salim Abdallah, Rugby Club Mamoudzou.

Hamidati Ahamadi Abdillahi, Combani Handball Club : championne de Mayotte.

Kouraïchia Ali M’changama, All Stars Petite Terre (volley-ball) : championne de Mayotte, vainqueur de la coupe de Mayotte.

Layla Dina, AS Jumelles M’zouasia (football) : championne de Mayotte, vainqueur de la coupe de Mayotte.

Maïmoune M’dahoma, Vautour Club Labattoir (basket-ball) : championne de Mayotte.

 

Nominés dans la catégorie MAHOPOLITAIN DE L’ANNEE

Anzize Saïd Omar, Stade Olympique Chambéry (rugby).

Djassim Ahamada, ECO-CJF Athlétisme (saut en longueur).

Kadri Moendadzé, Orléans Loiret Basket.

Kévin Oumar, Red’s Team FR (kick boxing).

Marius Randriantseheno, Grenoble SMHGUC (handball).

 

Nominées dans la catégorie MAHOPOLITAINE DE L’ANNEE

Camille Tanne, Tarbes Gespé Bigorre (basket-ball).

Fayzat Djoumoi, Centre Fédéral de Basket-Ball : championne d’Europe.

Jeanine Assani Issouf, Limoges Athlé (triple saut) : championne de France en salle, championne de France plein air.

Nadjma Mahamoud, Olympique de Coubervoie (patinage artistique).

Simane Magoma, Tennis Club Sainte Memmie.

 

Nominés dans la catégorie ENTRAINEUR DE L’ANNEE

Rachadi Madi, TC Koropa puis TC Kavani (tennis).

Frédéric Louvier, Poutou Bébérou Mamoudzou (tennis de table).

Kolo N’daka, Ecole de Football Daka Kani-Kéli.

Marc Laffargue, Mayotte Boxing Majicavo (boxe, kick boxing).

Rudolphe Méchin, ASJJCM Kawéni (judo).

 

Nominés dans la catégorie DIRIGEANT DE L’ANNEE

Catherine Mkadara, présidente du All Stars Petite Terre (volley-ball).

Daoulab Ali Charif, président du Basket Club M’tsapéré.

Mohamed Boinariziki, président de la Ligue mahoraise de football et vice-président de l’Union des fédérations de football de l’océan Indien.

Nicolas Fraisse, président du Tennis Club Koropa Ascugre.

Sébastien Rière, président du Comité Territorial de Rugby de Mayotte et vice-président de la Fédération Française de Rugby, en charge de l’Outremer.

 

Nominées dans la catégorie EQUIPE MASCULINE DE L’ANNEE

Association Sportive et Culturelle Tsingoni (handball) : champion de Mayotte.

Basket Club M’tsapéré : vainqueur de la coupe de Mayotte, vainqueur du trophée des champions, vainqueur de la coupe de France régionale, vainqueur de la finale zone océan Indien du Trophée coupe de France.

Football Club M’tsapéré : champion de Mayotte, vainqueur de la coupe de Mayotte.

Association des Jeunes Handballeurs de Tsimkoura (handball) : vainqueur de la coupe de Mayotte.

Racing Club Petite Terre (rugby) : vainqueur de la coupe de Mayotte à VII, champion de Mayotte à XV.

 

Nominées dans la catégorie EQUIPE FEMININE DE L’ANNEE

All Stars Petite Terre (volley-ball) : championne de Mayotte, vainqueur de la coupe de Mayotte.

Association Sportive des Jumelles de M’zouasia (football) : championne de Mayotte, finaliste de la coupe de Mayotte.

Basket Club M’tsapéré : vainqueur de la coupe de Mayotte, vainqueur du trophée des champions, vainqueur de la coupe de France régionale.

Combani Handball Club : championne de Mayotte.

Vautour Club Labattoir (basket-ball) : championne de Mayotte.

 

Nominés dans la catégorie ARBITRE DE L’ANNEE

Mirhane Abdallah (Ligue mahoraise de football)

Chakrina Baharissoiffa et Bacar Saïd « Ajax » (Ligue régionale de handball de Mayotte)

Mourthadoi Gaba (Ligue régionale de basket-ball de Mayotte)

Ambdoul Madjidi (Comité territorial de rugby de Mayotte)

Alain Descatoire (Comité départemental de karaté et disciplines associées)

La dernière catégorie, celle des arbitres, a été définie par les différents comités sportifs et ligues sportives, contrairement aux huit autres catégories composées par le jury des trophées Mayotte Hebdo. Cela porte ainsi le nombre de nominés à 45.

A partir de ce jour, les internautes ont deux mois pour se rendre sur le site www.mayottehebdo.com et voter leur sportif, sportive, entraîneur, dirigeant, mahopolitain, mahopolitaine, équipe masculine, équipe féminine et arbitre favoris. La clôture des votes est programmée au vendredi 16 février 2018. La cérémonie de remises des trophées Mayotte Hebdo du sportif de l’année 2017 se déroulera la semaine suivante, le samedi 24 février 2018 au cinéma Alpa Joe, en direct sur Mayotte 1ère télé, radio et sur le compte Facebook du média.

 

Bonne lecture et bon vote !

 

Mayco rouvre temporairement

L’usine de Mayco a rouvert temporairement ses portes hier matin, a confirmé Frédéric Lauté, président directeur général de l’entreprise.

La direction avait choisi de fermer le site le 13 décembre suite à de violentes échauffourées entre le personnel gréviste (un mouvement social est en cours depuis le 27 octobre) et des agents de sécurité.  » Nous avons rouvert l’usine ce matin (mercredi, ndlr) pour effectuer les livraisons », explique le PDG . « Nous essayons de remettre en marche une ligne de production, mais c’est un processus qui est long. Cette réouverture est temporaire, c’est encore très incertain. Je suis conscient que nous n’avons pu rouvrir aujourd’hui que grâce à la présence de la gendarmerie. Mais tant qu’il n’y a pas de menace [de la part des grévistes], on continuera à travailler », complète encore le responsable. Les grévistes, quant à eux, sont extrêmement mécontents : « Deux camions Sodifram ont récupéré les boissons (…) et nous comptons attaquer en justice la direction. Nous n’admettons pas [qu’elle] ait recours à des personnes extérieures pour faire le travail du personnel gréviste », explique Soilihi Midaïn, délégué syndical CGTMA Mayco, qui indique qu’il y avait encore une cinquantaine de grévistes devant l’usine hier matin. Les trois revendications principales à l’origine du mouvement de grève (revalorisation d’une partie des salaires et des primes sur objectifs, décompte hebdomadaire transparent des heures supplémentaires grâce à un système de pointage, ndlr) ont été satisfaites mais la grève se poursuit en raison d’un différend portant sur d’éventuels licenciements de grévistes.

→Frédéric Lauté, président directeur général de Mayco

13 millions d’euros pour l’aéroport de Mayotte

Suite à la question posée par la député Ramlati Ali, à Elisabeth Borne, ministre auprès du ministre d’Etat de la transition écologique et solidaire chargée des transports, une réponse sur l’avenir de l’aéroport a été formulée par M. LECORNU , Secrétaire d’Etat auprès du Ministre d’Etat de la transition écologique et solidaire. « Cette réponse nous rassure sur le sort réservé à notre aéroport puisque pas moins de 13 millions d’euros vont être investis dans la création d’une solution innovante de lits d’arrêts d’urgence pour respecter les normes européennes qui entreront en vigueur au 31 décembre 2018 », a déclaré Ramlati Ali. « Cet investissement représente une première étape toutefois l’Etat se devra d’agir pour trouver une solution durable pour les populations survolées », a souligné Ramlati Ali. Ainsi, elle a salué cette avancée « tout en espérant un décollage pour cette piste dont l’agrandissement est attendu par les Mahorais avec impatience pour inscrire Mayotte dans une stratégie d’ouverture sur l’international ». Comme l’a indiqué Sébastien LECORNU, c’est également à travers des assises d’Outre-mer que les Mahorais peuvent peser sur l’avenir de leur aéroport.

Portrait d’entreprise Kashkazi : gastronomie et ambiance cosy

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Kashkazi est le nouveau rendez-vous culinaire de M’tsapéré, proposé par Asna et Zaidou tous deux férus de gastronomie. Avec des plats traditionnels revisités et un cadre ravissant, Kashkazi insuffle un nouveau souffle à la cuisine mahoraise.  

Le restaurant a ouvert ses portes il y a deux mois. De retour à Mayotte il y a de cela trois ans, les deux gérants de Kashkazi, Asna et Zaidou, ont des projets plein la tête. Avec des parcours ancrés dans la gastronomie, l’une est professionnelle dans le domaine culinaire (Asna) et l’autre est jeune chef cuisinier (Zaidou). Les deux ont fait le choix d’ouvrir le restaurant Kashkazi, à l’image d’une gastronomie traditionnelle revisitée. « On a été mis en contact chez Créa Pépites, je montais un dossier et lui aussi », nous dit Asna. « Il s’avère qu’on avait le même objectif, nous avons tout de suite accroché. J’ai cette passion pour la cuisine et je l’ai ressentie en lui ». 

Asna a 27 ans et s’occupe de la partie administrative, du ravitaillement des denrées alimentaires, du contact avec les fournisseurs, gère la comptabilité et aide également Zaidou en cuisine. Après un Certificat d’aptitude professionnelle (CAP) en cuisine à Montpellier, la jeune femme poursuit avec une formation complémentaire en cuisine et pâtisserie à Béziers. Avec Kashkazi, elle a un but précis : « J’ai travaillé dans des restaurants gastronomiques en métropole donc je veux retrouver ce côté parfait, peut-être un peu strict, mais qui donne un réel charme ». 

La devise du restaurant ? Le traditionnel revisité. « Nous proposons des plats connus de tous, d’où le nom Kashkazi qui signifie ‘saison des pluies’ en shimaoré », explique Asna. « Pendant la saison des pluies, les familles restent à la maison et préparent des plats typiquement mahorais. C’est un peu ça qu’on veut retranscrire avec Kashkazi, ce côté intimiste ». Cette appétence pour la cuisine se ressent dans les plats qui sont « certes revisités mais pas dénaturés ». En effet, l’intitulé du plat reste le même mais le dressage, quant à lui, est différent, « c’est ce qui fait tout son charme ». 

« Beaucoup de restaurants ouvrent mais beaucoup ferment aussi » 

Oui, le tandem de jeunes entrepreneurs a rencontré des difficultés dans le lancement de ce restaurant novateur. « Avant et encore maintenant », souligne Asna. « Les premières difficultés ont été de s’installer, d’instaurer un contact avec les fournisseurs, etc. Une autre difficulté rencontrée est celle liée à notre environnement. Avec le manque de choix en produits frais, nous ne trouvons pas toujours ce que nous souhaitons », regrette la jeune femme. 

Le nouvel enjeu pour les restaurateurs est de fidéliser une nouvelle clientèle. Au cœur d’un quartier dynamique, Asna ne cache pas ses craintes. « Beaucoup de restaurants ouvrent mais beaucoup ferment aussi. La cuisine est devenue tendance, notamment avec les émissions culinaires », s’est-elle confiée. « A Mayotte, ce qui fait défaut reste la gestion du restaurant en lui-même et le service. J’espère que nous ne rencontrerons pas ces difficultés-là car Zaidou et moi sommes tous deux issus de la restauration. Nous sommes actuellement en plein perfectionnement de la gestion de l’entreprise ». 

La cuisine, un cliché à démonter à Mayotte

« C’est mieux de travailler dans les bureaux » est un discours récurrent à Mayotte. Asna a entendu à plusieurs reprises des remarques quant à son choix d’exercer dans le milieu culinaire : « Mais pourquoi as-tu choisi la cuisine, ce n’est pas un vrai métier ! » ou encore des messes basses : « Elle a choisi la cuisine par dépit car elle n’a pas fait d’études ». Avec le temps, elle a réussi à convaincre son entourage qu’il existe de « vrais métiers » autour du secteur gastronomique. 

Sur le long terme, Kashkazi souhaite proposer un service traiteur et pourquoi pas une plus grande salle, voire d’autres restaurants dans le nord, dans le sud et à La Réunion ! 

Kashkazi en pratique : Restaurant Kashkazi, 16 rue Maevantana à M’tsapéré. Ouvert du lundi au vendredi de 6h à 14h. 

 

 

Commission mixte franco-comorienne | Une immense hypocrisie

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Alors que la commission mixte franco-comorienne termine ses travaux, une « directive interdisant de prendre des voyageurs dont le passeport est émis à Mayotte » démontre l’immense hypocrisie qui entoure les négociations diplomatiques auxquelles des élus mahorais sont associés. 

La 6ème commission mixte qui s’est tenue vendredi et samedi derniers à Moroni a estimé que 380 milliards de francs comoriens sont nécessaires pour que les trois îles se développent, soit plus de 750 millions d’euros sur 5 ans. Les besoins exprimés par l’Union des Comores, pays indépendant, en présence de l’Ambassadeur de France et du représentant de l’Agence française de développement (AFD) en matière de coopération régionale concernent quelques priorités, notamment dans les domaines de l’éducation et de la formation, de la santé, de l’économie et de l’emploi. 

Ce plan quinquennal ne concerne pas Mayotte directement. Et pourtant, pour la première fois, Moroni a officiellement accueilli « des parlementaires français élus du département de Mayotte». Est-ce pour autant une reconnaissance pleine et entière du statut institutionnel de Mayotte ? Nullement ! Les deux députés, Mansour Kamardine et Ramlati Ali, et le sénateur Hassani Abdallah ont été associés aux négociations en leur qualité de « représentants de la nation française ». 

Contrairement à ce qu’avance la partie française, il n’y a pas d’avancée notable sur l’évolution des positions des autorités comoriennes vis-à-vis de Mayotte. Le ministre des Affaires étrangères comorien a d’ailleurs évité d’aborder la question brûlante de l’immigration clandestine, signe d’un apaisement de façade. Ce dernier a salué « la présence de frères et sœurs mahorais » et a déclaré en substance : « Vous et nous avons certes subi les aléas de l’histoire politique de notre pays », ce qui suppose que les élus mahorais sont de nationalité comorienne. Le ministre a ajouté : « Le politique ne devrait, en aucun cas, occulter les autres réalités qui font de nous un même peuple, partageant un destin commun, quel que soit ce qui nous sépare et qui ne saurait être plus fort que ce qui nous unit. »  Ce discours tend à réitérer, sans le dire, la revendication territoriale comorienne sur Mayotte. 

Un incident diplomatique regrettable 

A la demande des autorités comoriennes, cette revendication territoriale est d’ailleurs relayée par des pays africains, qui condamnent la présence française à Mayotte. Un incident commercial, à forte connotation diplomatique, vient d’ailleurs d’apporter la preuve que l’Union des Comores joue un double jeu dangereux pour les Mahorais. En partance de Mayotte pour Paris, six Mahorais, quatre adultes et deux mineurs ont été empêchés d’embarquer à Nairobi… La cause : « contestation de leur passeport français émis par la Préfecture de Mayotte par Qatar Airways et Kenya Airways » affirme un témoin. 

Les passagers mahorais qui voulaient rejoindre Paris ont erré dimanche après-midi dans les couloirs de l’aéroport de Nairobi. Ils étaient interdits d’embarquer pour leur destination finale. A Doha, les agents de Qatar Airways ont fait savoir qu’ils avaient une « directive leur interdisant de prendre des voyageurs dont le passeport est émis à Mayotte ». Les autres français ont pu partir normalement. 

Cette discrimination est incompréhensible dans le contexte des discussions de la commission mixte franco-comorienne. Les élus mahorais qui ont participé à cette mascarade doivent émettre une protestation solennelle, relayée par la France auprès du gouvernement comorien et des Etats voisins du Kenya et du Qatar, qui ont vocation à intégrer le département de Mayotte dans les efforts déployés par la France en matière de coopération régionale. *

Les infortunés méritent le soutien de leurs élus. Ils n’ont eu droit à aucune prise en charge, ni hôtel, ni hébergement d’urgence ni nourriture. Au départ de Mayotte avec Kenya Airways tout était en règle. La préfecture de Mayotte doit donc assumer sa responsabilité dans cette regrettable affaire, de même que l’ambassade de France à Nairobi. Parmi les passagers, deux jeunes filles mineures qui voyagent seules ont été exposés au danger. Selon la préfecture, contactée par la presse locale, ce problème relève du Quai d’Orsay, donc du ministère des Affaires étrangères, l’instance qui préside aux destinées de la commission mixte franco-comorienne.

Vivement la coopération décentralisée

A travers cet incident, les élus mahorais doivent prendre conscience du caractère nocif des travaux du Haut conseil paritaire France-Comores (HCP), lequel accepte la participation des parlementaires mahorais, mais exclue le président du Conseil et le président de l’Association des maires de Mayotte (AMM). L’exécutif du département est donc discriminé en l’espèce, ce qui démontre que la seule solution permettant de défendre les intérêts supérieurs de Mayotte reste la coopération décentralisée. 

Conçu de manière à aborder tous les sujets qui font l’actualité de Mayotte, le programme de cette coopération incitative, inclusive et vertueuse doit comporter des conférences et ateliers de travail géopolitiques et thématiques abordant la valorisation des actions des collectivités petites et moyennes, la question des crises, catastrophes, guerres et guerres civiles, la place de l’action sociale etc. Cela donnera l’occasion d’échanger avec des intervenants de qualité et de redéfinir les nouveaux défis de la coopération décentralisée. Les élus mahorais doivent en effet être sensibilisés au rôle de la coopération décentralisée dans l’attractivité et le rayonnement des territoires, et à la place que l’action internationale des collectivités peut occuper dans les nouvelles stratégies de développement. 

L’animation du territoire et la mobilisation des acteurs privés et associatifs, les échanges universitaires, les contacts institutionnels stables créés par la coopération décentralisée sont autant de facteurs constituant un cadre privilégié pour la promotion du département et de ses atouts. L’action des territoires s’inscrit dans la durée, en France comme à l’international. Les spécialistes sont convaincus que chaque collectivité française qui développe son action internationale travaille pour un positionnement stratégique, pour le futur. Dans ce cadre, Mayotte pourra utilement valoriser la place des collectivités dans la redéfinition des Objectifs du millénaire de développement (OMD). 

Dans un souci constant d’amélioration et afin de répondre au mieux aux attentes des administrés, les élus doivent introduire quelques nouveautés dans le programme, notamment des séances de formation sur la question du protocole, les aspects juridiques de la coopération décentralisée et les financements européens. Las parlementaires mahorais de leur côté grandiraient à défendre la place de leur île au sein de la Commission Nationale de la Coopération Décentralisée (CNCD), instance présidée par le Premier ministre. Ce référencement permettra de faire un bilan des actions menées par la France chaque année et de renouveler les efforts d’intégration de Mayotte dans son environnement régional et dans le concert africain. En intégrant le Forum de l’action internationale des collectivités, l’ambition des élus mahorais est, aux cotés de tous les partenaires, d’interroger les acteurs locaux sur ce qu’ils estiment être les besoins de leurs territoires, de définir les axes de progrès et de mutualiser les forces et les actions pour y répondre au mieux des intérêts de la population de Mayotte. 

 

Commission mixte France-Comores | Une rencontre historique et des projets dans les tuyaux

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Lors de la dernière commission mixte qui s’est tenue vendredi et samedi derniers à Moroni, l’Union des Comores a exprimé à la France ses besoins, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé, a rapporté hier le député Mansour Kamardine. Elle estime que 380 milliards de francs comoriens sont nécessaires pour que les trois îles se développent. Et pour la première fois, Moroni a officiellement accueilli des parlementaires mahorais. Explications.

« C’est la première fois, depuis la prise d’indépendance des îles d’Anjouan, de Mohéli et de Grande Comore et leur constitution en Etat, ‘Union des Comores’, que sont reçus officiellement à Moroni, en tant que tels, des parlementaires français élus du département de Mayotte », se félicite le député Mansour Kamardine, dans un communiqué paru à l’issue de la 6ème réunion de la commission mixte France-Comores. Celle-ci s’est tenue vendredi et samedi derniers à Moroni, en présence des deux députés de Mayotte, Mansour Kamardine et Ramlati Ali, ainsi que du sénateur Hassani Abdallah. La précédente commission mixte (2005) avait déjà eu lieu en présence d’élus de Mayotte mais ces derniers n’avaient pas été accueillis par l’Union des Comores puisque cette commission avait pris place à Paris. « C’est une avancée notable et le signe manifeste de l’évolution des positions des autorités comoriennes vis-à-vis de la partie française de l’archipel », a encore réagi le député de la deuxième circonscription de Mayotte. Du côté comorien, les signes d’apaisement sont incontestables, portés par la voix du ministre des Affaires étrangères de l’Union des Comores qui, dans son discours d’ouverture (disponible sur le site gouvernemental), a salué « la présence parmi nous de frères et sœurs mahorais » et a déclaré aux élus de Mayotte que « vous et nous avons certes subi les aléas de l’histoire politique de notre pays » mais que « le politique ne devrait, en aucun cas, occulter les autres réalités qui font de nous un même peuple, partageant un destin commun, quel que soit ce qui nous sépare et qui ne saurait être plus fort que ce qui nous unit. »

Plus de 750 millions d’euros nécessaires

Cette 6ème commission mixte avait vocation à discuter des questions de coopération régionale et s’est déroulée en présence – outre les représentants des Etats français et comorien – de bailleurs de fonds tels que l’Agence française de développement (AFD). L’Union des Comores a donc exprimé à la France ses besoins en matière de développement, qu’elle chiffre à 380 milliards de francs comoriens sur 5 ans, soit plus de 750 millions d’euros, et a indiqué quelques priorités, notamment dans les domaines de l’éducation et de la formation, de la santé, de l’économie et de l’emploi. 

Les hôpitaux en première ligne

Ainsi, la mise en fonction de l’hôpital de Bambao (Anjouan) et la reconstruction du centre hospitalier El-Maarouf (Grande Comore) ont été évoquées. L’augmentation des capacités d’accueil des établissements scolaires ainsi que de celles de l’Université des Comores est également jugée prioritaire par le gouvernement comorien, de même que la redéfinition des contenus pédagogiques. Un projet de formation, à la fois militaire et professionnelle et dispensée par une structure privée, visant à l’éducation de 300 jeunes dans un premier temps puis de 2000 à 3000 jeunes à terme, complète encore les propositions. Sur ces deux volets, sanitaire et éducatif, l’Union des Comores requiert des aides financières mais également un éventuel soutien en termes d’expertise de la France. En outre, les parties autour de la table de discussion ont abordé la question du développement agricole, dans l’optique notamment d’exporter des produits comoriens à Mayotte. Cette démarche, soutenue par le député Mansour Kamardine, serait vertueuse à plusieurs égards puisqu’elle permettrait de créer des revenus du côté des Comores, d’importer des produits sur un département qui n’est pas autosuffisant d’un point de vue alimentaire voire de lutter contre la vie chère à Mayotte en faisant venir des denrées peu coûteuses. 

Suivre l’état d’avancement des projets 

Pour débloquer des fonds français de l’Aide publique au développement (APD) – ces crédits alloués par certains Etats aux pays en développement –, l’Union des Comores doit, dans les prochains mois, monter des dossiers de financement des projets qui ont été discutés lors de la 6ème commission mixte. Un comité de suivi aura lieu tous les trois mois, sous l’égide de représentants du ministère des Affaires étrangères comorien et de l’ambassadrice de France aux Comores, afin de vérifier que le programme pluriannuel fixant ces divers projets dans le temps est bien respecté. L’Union des Comores peut également faire appel aux enveloppes de l’Agence française de développement ainsi qu’aux fonds européens. Des commissions mixtes France-Comores devraient désormais se réunir tous les deux ans.

En parallèle, un haut conseil paritaire France-Comores se tiendra de nouveau au premier trimestre 2018, en présence des parlementaires mahorais, lors duquel seront notamment débattus, selon Mansour Kamardine, « des sujets qui fâchent ». Il sera donc question, entre autres, de l’intégration de Mayotte à la Commission de l’océan Indien (COI) ainsi que de ses sportifs aux Jeux des îles (JIOI).

 

Mayotte remporte le record démographique de France

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Le chiffre tant attendu du recensement de la population est tombé hier matin : en septembre 2017, l’île comptabilisait 256 518 habitants, selon l’Insee. Un résultat en deçà des estimations officieuses qui circulent, mais qui cache deux réalités bien tangibles : Mayotte est le département de France ayant la plus forte croissance démographique et le plus densément peuplé (hors Ile-de-France).

 » Pour ne pas retomber sur un cycle de contestations perpétuelles » et prouver le « bien-fondé de nos résultats », soit 256 500 habitants en 2017, le chef du service régional de l’Insee Mayotte, Jamel Mekkaoui, a joué la transparence jeudi, à l’occasion de la conférence de presse présentant les chiffres très attendus du dernier recensement de la population. Dans cette optique, il a longuement étayé la méthodologie de l’Insee pour récolter les précieuses données. Ce travail, qui a duré près de deux ans sur le terrain et coûté 1,3 million d’euros, s’est déroulé en plusieurs phases : de multiples réunions avec les maires et une enquête cartographique ont permis d’établir une géographie liminaire des habitats, « bangas » compris, puis les 530 agents recenseurs, bilingues et originaires des villages qu’ils couvraient, ont collecté les données, appuyés par 8 superviseurs dépêchés de métropole qui sont restés sur le territoire entre 1 et 6 mois.

« Les agents ont couvert tous les logements »

Après la collecte, une phase de contrôle des bulletins, corrélée à des revisites de terrain a encore affiné les résultats. « Nous avons déployé des moyens qui sont supérieurs à ceux déployés en national », se félicite Jamel Mekkaoui qui décrit « une démarche très complète » qui, si elle se déroule sous l’égide de l’Insee, est le fruit d’un partenariat serré avec les communes. A ce titre, Jamel Mekkaoui rappelle que « s’il y a contestation, c’est autant nous que les maires qui sont concernés (…) C’est un peu leurs chiffres à eux aussi ». Tentant de couper court à toute remarque ultérieure sur l’exhaustivité du recensement et la fiabilité du chiffre final, le chef du service régional a fermement déclaré : « Les agents ont couvert tous les logements », précisant que les habitations n’ayant pu faire l’objet d’un recensement – 1500 logements soit 2,4% de l’ensemble des résidences principales (en métropole, ce chiffre est plus important, de l’ordre de 3,6%) – avaient tout de même été intégrées dans le chiffre final. Pour ce faire, les agents se sont enquis auprès des voisins du nombre de personnes résidant dans lesdits logements; ou, en l’absence d’informations, y ont affecté le nombre moyen de personnes par foyer à Mayotte, c’est-à-dire 4.

Réfutant l’idée selon laquelle une partie substantielle des résidents – notamment ceux en situation irrégulière – refuserait de se faire recenser, Jamel Mekkaoui a loué « la population de Mayotte, plus joignable, plus acceptante qu’en métropole ». « Ce n’est pas dans les bangas que c’est le plus difficile », poursuit le responsable, évoquant les immeubles métropolitains aux multiples codes ou encore les wazungus de Mayotte qui n’osent pas ouvrir leur porte ou qui, « plus souvent en emploi », sont absents dans la journée. « La question [de l’immigration clandestine] n’est pas aussi taboue qu’on le pense : lors de l’enquête ‘Migrations, natalité et solidarités familiales, la moitié des personnes étrangères majeures nous avaient dit être en situation irrégulière (…) elles le voient comme une opportunité de se régulariser », complète Jamel Mekkaoui. Conscients que le chiffre annoncé hier allait de toute façon faire l’objet de contestations multiples, le directeur régional de l’Insee, Aurélien Daubaire, et le chef du service de Mayotte, Jamel Mekkaoui, se sont toutefois déclarés « globalement très satisfaits » de la finesse du résultat obtenu. Si « un chiffre statistique n’est jamais sûr à l’unité près », reconnaît Aurélien Daubaire, « [celui du recensement de la population de Mayotte] est de bonne qualité (…) et il n’y a pas de raison de penser [qu’il] est sous-estimé ou surestimé ». « On essaie d’être le plus transparents et collaboratifs possible pour lutter contre ces fantasmes », renchérit Jamel Mekkaoui, évoquant les chiffres officieux circulant sur la population de Mayotte, qui se chiffrerait entre 300 000 et 500 000 personnes. Reprenant l’argument phare consistant à établir un parallèle entre la consommation de riz et le nombre de personnes résidant sur l’île, Jamel Mekkaoui explique s’être penché sur le cas et avoir comparé en 2012 le nombre de kilos de riz écoulés par an et le chiffre officiel de la population à l’époque. Les 84 kg par personne et par an ainsi calculés sont cohérents, notamment par rapport à la consommation des îles voisines : 79 kg par personne et par an aux Comores et 111 kg à Madagascar. Le chef du service régional de l’Insee Mayotte a également déboulonné une idée reçue : « Si on regarde les fichiers fiscaux, on est moins de 220 000 habitants ». Dernier argument coup de poing : si 400 000 ou 500 000 personnes vivaient à Mayotte, l’exiguïté de l’île ferait qu’on atteindrait des « densités qui approchent celles des territoires asiatiques ».

« Pourquoi se ‘sent-on’ si nombreux alors? » « Pourquoi se ‘sent-on’ si nombreux alors? », interroge Jamel Mekkaoui. Tout simplement, selon le responsable, parce que la croissance démographique est « notable » à Mayotte : c’est la plus forte de France avec + 3,8% par an en moyenne, devant la Guyane (+2,4%) et même devant les Comores et Madagascar. En d’autres termes, Mayotte a accueilli 8 800 habitants supplémentaires par an en moyenne depuis 2012, une croissance qui s’accélère ces cinq dernières années puisqu’entre 2007 et 2012, la population n’augmentait « que » de 5200 personnes par an. « On renoue avec des croissances de population qu’on n’a plus connues depuis les années 90 », affirment les responsables de l’Insee qui, prudents, n’avancent aucune explication, restant « descriptifs ». Autre facteur pouvant expliquer cette impression de surpopulation : la densité. Mayotte détient un autre record puisque c’est le département le plus densément peuplé de France (hors Ile-de- France), avec 690 habitants au km², quand le Rhône, département de province le plus peuplé, n’affiche « que » 555 habitants au km². Cette densité est très hétérogène puisque Petite-Terre, par exemple, concentre 2700 habitants au km², une densité « vraiment impressionnante » selon Jamel Mekkaoui, proche de celle que l’on trouve au niveau de la Grande couronne de Paris. Cette densité est d’autant plus étonnante que contrairement à l’Ile-de-France, le territoire connaît peu de constructions en hauteur. Enfin, dernière donnée importante : la moitié de la population se concentre uniquement dans trois communes, Mamoudzou, Koungou et Dzaoudzi, ce qui, encore une fois, pourrait expliquer cette sensation d’étouffement. Le chiffre officiel de la population sera authentifié par décret au 1er janvier 2018 et permettra de définir les politiques publiques nationales, les dotations globales de fonctionnement des communes, le dimensionnement des équipements publics, le nombre d’élus dans les conseils municipaux, etc. En outre, l’Insee devrait révéler durant l’année prochaine d’autres résultats statistiques, notamment sur la composition de la population mahoraise et son habitat.

 

 

Grève chez Mayco : le bras de fer se durcit

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La situation ne s’améliore pas à Longoni, au siège de l’entreprise Mayco. Le conflit social a pris une nouvelle tournure : 5 personnes ont été blessées et les forces de l’ordre ont dû s’interposer entre des grévistes et des membres d’une société privée, engagée par l’entreprise pour assurer la sécurité des lieux.

 » Sept semaines de silence = Fred démissionne, Mayco on l’aime ou on la quitte ». « Nous ne voulons plus des poubelles des autres entreprises ». Devant le siège de Mayco, le portail est fermé. Des banderoles aux mots explicites sont accrochées à même le grillage avec, en fond sonore, quelques-uns des titres les plus connus d’Alpha Blondy. Les messages semblent se cristalliser autour d’une seule personne : Frédéric Lauté, président directeur général de l’entreprise, dont les salariés sont en grève depuis le 27 octobre dernier. Sur place, collé aux murs du siège, un campement de fortune est installé. Les grévistes ont leurs habitudes, en témoignent les deux grosses marmites au feu, à une dizaine de mètres. Il y a quelques semaines encore, on pensait le conflit terminé. Dans les locaux de la Dieccte, un protocole de sortie de crise était sur le point d’être signé, et puis le point de discorde est apparu : l’article 5 du protocole de sortie de crise « dont la formulation se bornait pourtant à reprendre les dispositions du code du travail encadrant l’établissement de sanctions disciplinaires », pouvait-on lire dans un communiqué de presse, envoyé par le président directeur général, il y a trois jours. Sauf que depuis, la situation s’enlise. Le ton monte.

Affrontements devant le siège

Mercredi entre 9h30 et 10h, une altercation éclate entre une partie du personnel gréviste et des membres d’une société privée engagée pour assurer la sécurité du site de Mayco. « C’est une entreprise privée qui arrive de La Réunion », explique Soilihi Midaïn, délégué syndical CGTMa Mayco. « Les gros bras ont blessé deux de nos collègues qui étaient sur la route. Eux voulaient faire sortir l’un de leurs véhicules. Ils sont descendus. Ils ont gazé nos collègues et leur ont donné des coups de matraque et des coups de bâton. On dénonce ce comportement de voyou ». Impossible de connaître la version des faits de la direction, celle-ci n’ayant pas souhaité s’exprimer pour le moment. Mais du côté de la gendarmerie, qui a dû intervenir pour s’interposer entre les deux parties, on indique que même s’il est vrai qu’il a été fait usage de gaz lacrymogène, « à l’heure actuelle, il est impossible de savoir qui sont les responsables ». L’escadron de gendarmerie présent depuis quelques semaines, pour éviter le blocage de la RN 1, se retrouve donc également à devoir éviter que les rixes n’éclatent entre les différentes parties concernées par le conflit social.

Plainte sur plainte

Les deux blessés évacués sont issus des rangs des grévistes. L’un a été conduit à l’hôpital de Mamoudzou, l’autre au dispensaire de Dzoumogné. Trois autres ont été pris en charge par les pompiers, directement sur le site de Mayco. Impossible d’en savoir plus. La procédure sera lancée au gré des dépôts de plaintes qui devraient être déposées rapidement, du côté des grévistes comme de la direction. « Les agents grévistes qui ont été blessés vont déposer plainte contre les agents de la société privée, mais également contre le directeur de Mayco. » Ces plaintes vont donc s’ajouter à celles déjà déposées ces dernières semaines. Après un mois et demi, pas de solution en vue pour le moment, malgré les nombreuses avancées enregistrées. « Ce que nous avons obtenu, c’est juste l’application de ce qui avait été décidé lors de la dernière Négociation annuelle obligatoire (NAO) », s’indigne Soilihi Midaïn. « Le paiement des heures supplémentaires ? C’est le droit que nous faisons respecter ! Rien de plus. Nous n’avons pas eu la revalorisation des primes existantes, et nous avons accepté l’échéancier qui nous a été proposé pour de nouvelles discussions ! Tout cela pour sortir de la grève ». Les grévistes sont aujourd’hui intransigeants : ils reprendront le travail dès que la direction garantira qu’aucun salarié ne sera licencié malgré qu’il ait été gréviste.

Paroles d’anciens | Ridjali Mohamadi Lihadi, 54 ans

« On marche bien quand on ne va pas trop vite » pourrait être la devise de Ridjali Mohamadi Lihadi. Des kilomètres, l’homme en a parcourus dans sa vie. À 54 ans, il ne s’arrête toujours pas.  C’est d’ailleurs sur le bord d’une ruelle de Tsingoni  que nous le croisons. La marche et lui, c’est une longue histoire d’amour  qui a commencé alors qu’il était encore un tout petit garçon. 

« Quand j’étais jeune, je voyageais beaucoup. Ma jeunesse s’est déroulée entre Tsingoni, Bandrélé et M’Bouanatsa. J’avais de la famille dans le Sud et  j’allais souvent leur rendre visite. Parfois, je devais fuir : quand on voulait me frapper à M’Bouanatsa, je me réfugiais à Tsingoni et vice-versa (rires).  Je parle de voyage parce que pour nous, c’était vraiment cela. Cela nous prenait toute la journée avant d’arriver à Bandrélé.  On partait très tôt pour arriver vers 17h. On mettait 4 heures entre Bandrélé et M’Bouanatsa. Nous n’avions pas de voiture dans les années 70. J’avais 8 ans quand j’ai commencé à faire ces trajets à pied. Je partais avec mon grand-père, le père de ma mère. Il s’appelait Nassur Hafidhou. C’est lui qui m’a indiqué le chemin, au début. Vers l’âge de 13 ans, j’y allais seul. Je courais parfois. Cela me prenait une demi-journée. Il n’y avait pas de routes, c’était vert de partout. La forêt primaire dominait le paysage. Il n’y avait pas constructions. Les villages n’avaient pas du tout la même configuration, à l’époque. 

On marchait sans s’arrêter, mais parfois lorsque nous arrivions vers Hagnoundrou et que la météo était clémente, nous traversions la baie en pirogue. Il y avait des privilégiés qui faisaient ces longs trajets en pirogue, au lieu de marcher. C’était comme un grand bus. Moi, je marchais, j’avais pris cette habitude très jeune. C’est la raison pour laquelle j’ai gardé la ligne, aujourd’hui encore (rires).  Maintenant, la vie est plus simple sur de nombreux points. Par exemple, tout le monde possède une voiture. Cela ne m’empêche pas de continuer de marcher.« 

 

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