Il est réputé peu bavard, surtout avec les médias. Abdallah Hassani, sénateur sortant de Mayotte, décide de rompre le silence. Dans nos colonnes, il s’exprime sur un certain nombre de sujets importants, notamment l’opération Wuambushu en cours sur le territoire.
Flash infos : Monsieur le sénateur, vous ne briguez pas un second mandat cette année, mais il est opportun d’abord certains sujets avec vous. Pourriez-vous nous expliquer avant tout le rôle d’un sénateur en France ?
Abdallah Hassani : En France, les sénateurs sont communément surnommés « les sages de la République », bien qu’ils aient au–dessus d’eux le Conseil constitutionnel. Au Sénat, la moyenne d’âge est d’une cinquantaine d’années, en fait il s’agit majoritairement de personnes qui ont déjà roulé leur bosse. La plupart d’entre nous avons été d’anciens maires, même s’il n’est pas à exclure que certains arrivent à se faire élire sénateur sans passer par cette case d’anciens élus locaux. C’est pour cela qu’on désigne les sénateurs comme étant les représentants des collectivités locales. Pour caricaturer, je dirais qu’on ne peut pas être sénateur sans avoir au préalable passé le stade d’ancien élu local, savoir comment marche une commune. Comme dans toute assemblée démocratique, il y a au sein de la nôtre une majorité et une opposition. Dans mon cas personnel, une fois élu, je suis arrivé à Paris avec une carte de membre de l’UDI alors même que durant ma campagne électorale, j’ai croisé le représentant local de cette formation politique à qui je n’ai pas manqué de souligné mon adhésion à ce parti. Je pensais qu’il allait venir me soutenir, mais il ne m’a guère prêté attention. J’ai été élu, en binôme avec Thani Mohamed-Mohamed, lequel avait souhaité ce tandem depuis 2011 déjà. À cette époque, Adrien Giraud avait souhaité se présenter et j’ai considéré qu’il méritait ce fauteuil eu égard à son engagement politique passé au service de Mayotte. C’est donc naturellement que nous avons travaillé ensemble en 2017. Lorsque j’ai été élu, nous avons pris le même avion pour Paris et je l’ai rejoint dans La République en marche d’Emmanuel Macron bien que je n’ai pas officiellement adhéré à ce parti.
F.I. : Est-ce que justement la position de sénateur ne peut pas permettre d’impulser un nouveau leadership à Mayotte ?
A.H. : La situation actuelle est différente de celle que nous avons connu auparavant. À l’époque, il n’y avait que deux partis politiques dans l’île, le MPM et le RPR. Ils maîtrisaient parfaitement les choses. Aujourd’hui, personne ne veut de parti. J’ai des amis dans différentes formations, notamment des LR qui appellent de leur vœux une restructuration du MDM. Ils estiment que ces deux grandes formations peuvent s’entendre et travailler ensemble sur de grands projets structurants car nous avons en commun un héritage de nos anciens qui est le développement de Mayotte. J’ai vu comment s’est passée mon élection à la tête du MDM. On m’a mis la pression en s’appuyant sur le fait que Marcel Henry était sénateur et président de ce mouvement. Moi, je leur ai fait remarquer, que lui, comme Adrien Giraud d’ailleurs, étaient présidents d’abord avant d’être élus sénateurs. Rien n’impose donc qu’il faille être président parce que l’on est sénateur. Mais d’autres ont continué à me presser d’accepter de tel sorte qu’à la fin j’ai dû rédiger ma lettre de candidature complètement au dernier moment, le 30 août 2017. Daniel Zaïdani peut le prouver, puisqu’interrogé en novembre, il a déclaré que la seule personne à se déclarer candidat c’était Hassani.