N.A. : Je pense que tous les candidats qui sont en lice dans cette campagne aiment profondément cette île et veulent s’investir pour ce territoire. Je n’ai donc pas la prétention de dire que je serai le meilleur d’entre eux, mais je considère qu’il faut amener une nouvelle mode de travail et c’est ce qui me différencie de mes autres challengers. Je m’explique, on a tendance à dire qu’une fois élus les sénateurs, mais aussi les parlementaires en général, tournent le dos aux personnes qu’ils représentent. Moi, je préconise de cultiver une autre manière de travailler basée sur quatre points :
– la permanence du parlementaire sur le territoire doit être effectivement occupée et comme son nom l’indique, être un lieu ouvert pour que les personnes qu’on représente puissent avoir un interlocuteur quand nous nous sommes à Paris et exposer leurs difficultés, présenter leurs doléances et avoir un rendez-vous avec le sénateur.
– je considère également qu’il faut créer une grande conférence des élus réunissant les quatre parlementaires et les présidents du conseil départemental et de l’association des maires pour faire ce que les Mahorais désirent ardemment le « cogno moja », c’est-à-dire travailler ensemble. Et c’est au travers de cette organisation qu’il sera possible de rencontrer l’ensemble des hauts responsables de ce territoire dans l’hémicycle Younoussa Bamana pour que les élus locaux qu’on représente soient également présents pour accéder directement à leurs parlementaires pour, à la fois, exposer leurs problématiques et parler des grands sujets de Mayotte, piste longue, développement, économie et insécurité. Cette messe devrait se tenir tous les ans.
– le premier rôle d’un sénateur étant de représenter les collectivités, dans ce cadre–là, il doit être au plus près des personnes qu’il représente à travers des tournées dans tous les conseils municipaux une fois tous les six mois. Il faut que les élus municipaux et les maires puissent avoir la possibilité d’interpeler directement le sénateur sur les projets communaux et ceux de Mayotte en règle générale. C’est comme ça que moi je voie les choses. Et dernier point sur comment je peux faire mieux que les autres candidats, je considère que les quatre parlementaires doivent se mettre d’accord pour se partager les grands sujets de Mayotte. Actuellement, il y a l’eau, l’insécurité, le chômage de masse, le développement, les dotations, et il faudrait que les quatre se disent que chacun ne peut se battre tout seul de son côté sur ces chantiers. Il est nécessaire de se partager les tâches, chacun prenant un domaine de prédilection et le mener à bien pendant la durée de son mandat, demander le concours des autres en cas de difficulté.
F.I : Quels sujets aimerez-vous défendre au Sénat ?
A.D. : Vous savez, les choses sont définies, chacun ses compétences, l’article 24 de la constitution nous dit que le Sénat assure la représentation nationale des collectivités territoriales de la République. Cela veut dire que mon rôle, ma mission première, sera de faire en sorte que nous puissions rapidement doter les collectivités mahoraises de ressources nécessaires pour pouvoir agir, être efficaces, répondre aux attentes et aux aspirations de nos populations. Figurez-vous que nous avons actuellement des institutions que je considère comme étant fragiles. Il suffit juste d’une petite crise ailleurs pour que nous soyons impactés et fragilisés. Regardez comment la guerre qui oppose l’Ukraine à la Russie a des répercussions jusqu’ici. Autre exemple, la crise sanitaire qu’on a connu en 2020 et qu’on connait encore aujourd’hui a énormément fragilisé nos collectivités territoriales. Mayotte n’est rien d’autre qu’un ensemble de collectivités locales, de communes, si nous arrivons à mieux les protéger ces institutions vont pouvoir directement agir en faveur des citoyens. Je reste donc persuadé que nous aurons des acteurs publics qui pourront agir efficacement. Je suis attaché territorial cadre A au sein d’une collectivité territoriale depuis quinze ans, ma suppléante est une élue, conseillère municipale dans la commune de M’tsamboro, vice-présidente dans la communauté d’agglomération du Grand Nord, également déléguée au Sidevam. Voyez-vous, lorsque l’article 24 de la constitution dit que le Sénat assure la représentation des collectivités territoriales, il parle d’agents et d’élus. Si vous enlevez l’un de ces deux composants vous n’avez pas de collectivités. Notre duo a les deux pieds bien posés sur la terre de sorte à ce que nous puissions inverser les choses. L’agent est celui qui prépare les dossiers tandis que l’élu est celui qui décide. Nous avons ces deux pieds et pensons être suffisamment armés sur les dossiers de Mayotte, les difficultés, les insuffisances afin de pouvoir changer les choses.