La Chambre régionale des comptes de La Réunion et Mayotte, cauchemar parfois des élus mahorais, est à la recherche d’un nouveau magistrat rapporteur ou d’une nouvelle magistrate rapporteure. Depuis le siège basé à Saint-Denis ou en procédant à des missions sur place, le rôle de la CRC est de procéder à l’examen des comptes et de la gestion des communes, des établissements publics locaux, des intercommunalités,… Jusqu’au 19 mars, le poste est ouvert aux titulaires et aux contractuels de catégorie A+. Le candidat ou la candidate doit disposer de solides qualités rédactionnelles avec des bonnes capacités d’investigation, d’analyse, de synthèse ainsi qu’une grande curiosité d’esprit, le goût du travail en équipe ou une aisance relationnelle. Évidemment, des connaissances en droit, en analyse financière, en environnement administratif, institutionnel, politique sont requises. Pour plus d’informations : choisirleservicepublic.gouv.fr/oƯre-emploi/une-magistraterapporteure-ou-un-magistrat-rapporteur-reference-2024-1482309/
Trois kwassa interpellés dans la nuit de lundi à mardi
Dans la nuit du 20 au 21 février, la brigade nautique de l’Una a intercepté trois kwassa en provenance des Comores, d’abord au large d’Acoua, vers 2h20, un deuxième au large de Longoni, dix minutes plus tard. Un troisième a été appréhendé au large de Koungou, vers 5h15. Les trois passeurs ont été placés en garde à vue. En ce qui concerne les 38 clandestins présents à bord, ils ont été conduits au centre de rétention administrative (CRA) de Pamandzi.
Le docteur Vincent Boullet laisse un grand vide au Gepomay
Il a « parcouru et étudié ces vingt dernières années les écosystèmes de notre île, avec la passion, la rigueur, la méticulosité et la générosité qui le caractérisaient », a publié ce mardi, le Groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay) sur son compte Facebook. Le décès du docteur Vincent Boullet, botaniste et phytosociologue de 68 ans, à l’hôpital de Mamoudzou, aurait été annoncé, mardi 13 février.
Les équipes du groupe font part d’une « immense tristesse » pour cet homme qui a contribué à apporter des connaissances sur les milieux mahorais afin de préserver la biodiversité de Mayotte. Il a notamment étudié les zones humides « propices aux oiseaux et leur dynamique », dont le lac Karihani, sujet de ses écrits en 2024. « Si le Gepomay est aujourd’hui gestionnaire de plusieurs zones humides, c’est en grande partie à lui que nous le devons », peut-on lire également, ajoutant que leurs pensées se dirigent vers sa compagne, ses filles et ses proches.
Sur le réseau numérique des botanistes francophones Tela Botanica, toute l’équipe du Conservatoire botanique national de Mascarin pleure également son président du conseil scientifique. Elle écrit : « Nous sommes certains que là où il est maintenant, il continue inlassablement à décrire avec poésie et observer la flore et les végétations avec passion et dévouement à leur protection ».
Un podcast pour la protection des tortues
L’association Oulanga Na Nyamba présente son nouveau podcast « L’effet Nyamba ». Réalisé en partenariat avec l’Association pour le Développement Socio-Economique d’Itsamia (ADSEI), basée à Mohéli (Union des Comores), ce podcast a pour but de diffuser les paroles des jeunes de Mayotte et de Mohéli, sur différentes thématiques autour des enjeux de protection de la tortue marine. L’objectif est de mettre en évidence les différences et les points communs partagés par la jeunesse des deux îles. Le podcast est disponible sur le site internet de l’association mahoraise ( www.oulangananyamba.com/leffet-nyamba-un-podcast-par-les-jeunes/ ) ou sur sa chaîne Youtube : www.youtube.com/watch?v=3njsrqrEYMo.
Du soutien scolaire gratuit pour les élèves de terminale
Le Réseau Lahiki met en place des cours gratuits de soutien scolaire et d’aide dans les révisions pour les élèves de terminale, lors de séances prévues durant les vacances scolaires. Le réseau justifie la nécessité de cette action par le nombre de jours de cours manqués en raison de l’insécurité ou encore de la crise de l’eau, alors que ces élèves doivent préparer le baccalauréat. L’association cherche également des professeurs ou des intervenants, capables de dispenser des cours de soutien aux élèves de ce niveau. Les communes concernées sont les suivantes : Sada, Chiconi, Dembéni, Mamoudzou, Koungou, Bandraboua et Petite-Terre. Pour s’inscrire en tant qu’élève, il faut remplir le formulaire en ligne suivant : forms.gle/KAHyYVxXmXCv4Mo3A. Pour les personnes prêtes à donner les cours, il faut remplir ce formulaire-ci : forms.gle/2guzZT8RvN8dsUP3A. Pour plus d’informations, il est possible de contacter le Réseau Lahiki à l’adresse mail mayounne.abdallah@reseaulahiki.org ou au numéro de téléphone 06 39 65 79 97.
Barrages : L’union se disloque chez les Forces vives

On ne compte plus les réunions des Forces vives pour trouver un terrain d’entente sur le maintien ou non des barrages. Une nouvelle s’est tenue toute la journée à M’roalé (Tsingoni), et l’union n’est toujours pas au rendez-vous.
Ce mardi, les leaders des Forces vives et les référents des barrages, soit une soixantaine de personnes, se sont retrouvés à 11 heures lors d’une réunion à la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) de M’roalé, dans la commune de Tsingoni. L’ordre du jour était le même que lors des précédentes réunions : la levée ou non des barrages. « Il était question de discuter sereinement sur le maintien ou non de la grève. Après de longues discussions, chacun a exprimé sa position », indique Abdou Badirou, un des leaders du mouvement, présent à la réunion et qui annonçait vendredi dernier la mise « de côté » des barrages.
Sur la quinzaine de leaders présents, seuls deux sont pour le maintien des barrages, à savoir Saïd Kambi et Saïd Hachim. Safina Soula et Abdou Badirou sont, eux, pour la levée. De leur côté, les référents des barrages sont plus nombreux à vouloir leur maintien. Ainsi, les blocages du sud, du nord, ceux de Chiconi et de Tsararano vont rester en place. La revendication mise en avant demeure l’état d’urgence sécuritaire. Ceux de Passamaïnty, de la barge, de Tsingoni, de Coconi et de M’roale sont eux, à priori, suspendus pour l’instant.
On nous confie que vers 17 heures, les personnes pour la levée des barrages ont décidé de quitter la salle de la MJC, pendant que les autres ont continué les discussions jusqu’à 18 heures.
Grand schisme pour les barragistes
Un mouvement plus que jamais divisé, une semaine après avoir reçu les promesses ministérielles sur la fin du droit du sol et du titre de séjour territorialisé (une des première revendication du mouvement) par courrier. Néanmoins, Saïd Kambi, qui aurait été questionné sur l’apparition d’un nouveau mouvement appelé les Forces du peuple lors de cette réunion a démenti une rumeur inventée pour diviser le mouvement.
« C’est dommage d’arriver à cette situation », confie Abdou Badirou, ce mardi soir. Pour lui, les personnes à l’origine du mouvement n’avaient pas imaginé continuer les barrages au-delà de la réception du courrier, contenant des annonces qu’il considère comme une victoire. Selon l’éducateur, ce serait davantage des personnes greffées au mouvement après la visite du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, qui souhaitent poursuivre les blocages. Face à tout ça, Abdou Badirou, qui dit ne pas avoir envie de « défier l’État » outre mesure et qui est content des annonces obtenues, a décidé de se mettre quelques temps en retrait du mouvement : « Pour moi on a gagné, je laisse les autres continuer pour le moment. »
« Alger » et Maddoudine font appel

Rendue vendredi dernier, la décision du tribunal correctionnel de Mamoudzou condamnant à quatre années de prison Maddoudine Abdou et Mohamadi « Alger » Attoumani, respectivement conseiller principal d’éducation et chauffeur au Sidevam, va faire l’objet d’un appel. Les deux Sadois, par ailleurs meneurs du barrage de Chiconi, ont été reconnus coupables en première instance d’avoir instigué l’attaque à coups de pierres et de cocktails molotovs de la brigade de gendarmerie de Sada, les 28 et 29 janvier. Maître Askani Moussa, qui défend « Alger » envisage également de déposer une demande de libération conditionnelle pour son client, en attente de l’audience en appel. Pour cela, l’avocat doit saisir le juge d’application des peines.
Contacté, l’avocat Jean-Baptiste Kondé, qui défendait vendredi Maddoudine Abdou, nous explique que c’est son confrère Abdel-Lattuf Ibrahim, qui récupère le dossier. « Il a également l’intention de faire appel », confirme le conseil. Contrairement au premier qui nie toute participation aux faits, Maddoudine Abdou a avoué et fait part de ses regrets lors du procès en premier instance.
À Chiconi, Daman Studio inaugure ses nouveaux locaux
Daman Studio, une société spécialisée dans l’audiovisuel, investit un bâtiment de la place Sicotram, à Chiconi. Lancée en 2019, l’entreprise envisage d’élargir ses activités dans la production et la post-production de vidéos.

Des locaux flambants neufs pour Daman Studio, à Chiconi. Devenue au fil des années une référence à Mayotte dans la couverture d’événements en direct sur les réseaux sociaux, l’entreprise cogérée par Fazida Attoumani et Issimaila Ali Toybou fait son bout de chemin et ouvre de nouveaux studios sur la place Sicotram. L’inauguration a eu lieu samedi dernier, en présence du maire de la commune, Mohamadi Madi Ousseni.
« On avait précédemment un petit local à Chiconi, le nouveau studio est beaucoup plus grand. Il va nous permettre de réaliser des tournages en studio et des shootings photo professionnels, via une salle de post production notamment », se félicite Issimaila Ali Toybou.
Une naissance en 2019
Daman Studio envisage ainsi de multiplier ses activités en production de vidéos suite à un lancement réussi dans la couverture d’événements. Développer une société dans l’audiovisuel n’est pourtant pas une mince affaire à Mayotte. Les deux associés le savent bien, puisqu’ils ont dû cravacher pendant un an avant de trouver des clients, pour la plupart des institutions, après leur premier lancement en 2019. Issimaila Ali Toybou avait préalablement créé Daman Studio en 2014, à Metz, en métropole.
Outre l’audiovisuel, la société propose sur place une salle consacrée à la réalisation de photos d’identité. Un autre espace, équipé avec un système de visioconférence, permettra aux entreprises locales d’avoir un endroit où tenir des réunions professionnelles.
Crise de l’eau : Le prix de l’eau en bouteille gelé jusqu’au 15 avril
Le passage au rythme de deux jours d’alimentation en eau sur trois, cette semaine, en témoigne : la saison des pluies marquée a permis d’améliorer l’état de la ressource en eau sur le territoire. La préfecture de Mayotte a communiqué, ce mercredi matin, que la retenue collinaire de Combani est désormais remplie à 80%. Celle de Dzoumogné l’est toujours à 100%.
L’État confirme la prolongation jusqu’au 29 février de l’aide exceptionnelle en faveur des entreprises particulièrement touchées par la crise de l’eau, ainsi que la prise en charge des factures. Le gel du prix de vente de l’eau en bouteille est maintenu jusqu’au 15 avril. Enfin, la distribution générale s’arrêtant au 29 février, un stock stratégique est mis en place dans les administrations et les collectivités locales pour que, dès le 1er mars, elles puissent remplacer la distribution dans les différents points au cas où il y aurait une absence d’eau potable.
Atomix : « On va être obligés d’enchaîner les soirées »

Léon Medaric, nouveau président de l’association qui gère le sound system Atomix depuis janvier, annonce une augmentation du nombre de soirées, dont celle du 24 février, en vue de préparer le festival Kariboom prévu en mai.
Flash Infos : La prochaine date de soirée annoncée est ce samedi, à l’ACHM (Association des croiseurs hauturiers de Mayotte) de Petite-Terre. À quoi pouvons-nous nous attendre ?
Léon Medaric : On va essayer de commencer vers 17 heures. Même si la barge et Petite-Terre ne sont pas les endroits les plus chauds à Mayotte, on essaie toujours que les gens ne rentrent pas trop tard après. La soirée débutera en mode warm up, dans une ambiance chaleureuse. Joueront après les DJ, ceux qu’on avait invités pour la dernière soirée, qui a été annulée [N.D.L.R. Moyatomix initialement prévue le 27 janvier mais déprogrammée en raison des barrages]. Il y aura Klémo de Petite-Terre dans un style drum and bass, psytrance ; Bernie, un nouvel arrivant de Nouvelle-Calédonie et Docteur Grip pour le côté techno. Et moi, Néom 42, je jouerai de la bass house. En espérant que le contexte, notamment au niveau des barges et de la circulation pour aller chercher notre matériel à Kani-Kéli, permette cette soirée qui, sinon, se déroulera le 2 mars, au même endroit, une semaine avant le début du ramadan.
F.-I. : Vos deux dernières soirées ont été annulées, pour celle-ci vous prévoyez une solution de secours. Dans quelle mesure ces nouvelles dates sont importantes voire déterminantes pour la neuvième édition du festival Kariboom ?
L.-M. : On établit un calendrier à l’avance. On a le droit à six soirées pour correspondre à certain débit de boissons. Sauf si, comme à l’ACHM, on l’organise dans un bar car on gère seulement les entrées. Et le festival est financé par les soirées qu’on fait. C’est notre trésorerie. Avant sa date, on doit déjà avancer un tiers du budget total du festival. Les 25 billets d’avions (on fait venir la Hadra trance, le plus gros festival de trance en Europe) pour tous les artistes, DJ, musiciens… Ça représente déjà environ 20.000 euros. Nous, on est bénévoles. L’argent qu’on gagne est investi dans le parc matériel de l’association, talkies-walkies, enceintes, lumières. Et pour le Kariboom, on achète encore du matériel. On a aussi la sécurité à payer, le bar. Donc forcément, les annulations de soirées mettent en péril le Kariboom. Et on ne veut pas faire comme l’année dernière, revoir à la baisse notre édition, comme c’était le cas à cause de l’opération Wuambushu. On aimerait faire le festival qu’on souhaite. Mais si ça continue comme ça, on n’aura pas notre trésorerie. Même si on obtient la subvention qu’on a demandée cette année, et on en serait très contents, elle ne viendrait qu’après le festival. Donc on a bousculé le calendrier. On va être obligés d’enchaîner les soirées pour assurer le Kariboom. Normalement on fait une soirée tous les deux mois. Là, ce sera quatre avant le festival. Une soirée tous les quinze jours.
F.-I. : Que pouvez-vous déjà nous dire sur le festival Kariboom ?
L.-M. : Il se déroulera les 18, 19 et 20 mai, sur deux jours et deux nuits. Cela commencera le samedi avec un après-midi familial et gratuit pour tous avec des ateliers pour les enfants, des spectacles, des ateliers pour toutes les tranches d’âge. Nous aurons trois scènes. Une scène pour Doujah Sound qui tournera dès l’après-midi pour du reggae roots. Sur la scène principale, la plus grande, il y aura des concerts, des spectacles de break dance, de danse orientale, danse africaine, des imitations. Mais aussi un spectacle de circassiens de la compagnie Rêvons l’Envers, avec du tissu aérien, mis en scène avec une histoire et des cerceaux. Il y aura aussi des baptêmes de voiles, un parcours accrobranche… Il pourrait aussi y avoir une fanfare, des échassiers… Mais la liste n’est pas encore complète. Le but est que les familles mahoraises viennent. Le soir, Doujah Sound continue. Atomix jouera sur une autre scène et sur la principale, ce seront de grands producteurs, des DJ locaux mais aussi des artistes venus de La Réunion, d’Allemagne, d’Angleterre… Dimanche, des concerts continueront de 13 heures à 20 ou 21 heures. Au moins, deux des trois scènes tourneront jusqu’au lundi matin. Mais j’annoncerai le plateau du dimanche plus tard. Ce sera au sud de M’tsanga beach, au sud de Sada. On lancera la billetterie en ligne assez tôt pour lancer les préventes et se dégager un peu de trésorerie pour se faire une avance.
Comores : Le principal suspect du viol d’une fillette de 11 ans relâché
Les enquêteurs avaient interpellé deux personnes dont un ami du père de la jeune Echat, retrouvée morte vendredi à Moroni, avant de le relâcher. Il aurait fourni un alibi convaincant aux gendarmes. L’enquête pour déterminer qui a violé la fillette est donc toujours en cours.
Qui a assassiné jeudi dernier la fillette de 11 ans, dont on a retrouvé le corps au sud de la capitale Moroni ? Après la libération du principal suspect dans cette affaire de meurtre et de viol, l’enquête doit désormais se lancer dans la recherche du présumé auteur jusque-là non identifié. Depuis vendredi, la gendarmerie comorienne avait arrêté et place en garde à vue trois personnes. Parmi eux, un voisin de la famille, le père de la victime, et un ami à lui qui avait été considéré visiblement à tort comme le suspect numéro 1. Ils ont tous été libérés depuis ce lundi, faute de preuves et éléments les incriminant. L’ami du père biologique de la petite Echat Binti Youssouf a avancé un alibi. Une source a indiqué que le père a confirmé qu’il était avec son ami avant même que la disparition de l’enfant ne soit connue. Pour ces raisons, les autorités n’ont pas jugé nécessaire de garder le suspect. « Au cours de l’enquête, il est prouvé que le jeudi 15 février, cette personne se trouvait dans la région de Hamahamet avec le père de la fillette depuis 11 heures du matin et que c’était à 19 heures qu’ils sont rentrés à Moroni », a complété le parquet de Moroni.
Retrouvée dans une citerne
Vendredi, le corps de la jeune fille a été retrouvé à Graphica, un quartier situé au sud de la capitale Moroni. Née en avril 2012, Echat Binti Youssouf aurait fêté ses 12 ans dans deux mois. Mais le destin en a décidé autrement. Sa dépouille repêchée dans une citerne, ce 16 février, présentait des signes de viol. Ses proches ont déclaré avoir constaté qu’elle saignait et écartent de facto la thèse de l’accident. Il est clair pour eux que leur enfant qui était en classe de sixième cette année a subi un viol avant d’être ramenée dans ce réservoir. « Le médecin légiste a confirmé que la fillette présentait des signes de pénétration sexuelle récente, une plaie ouverte au niveau de l’arrière de sa cuisse, des ecchymoses dans certaines parties du corps de la fillette ainsi que d’autres signes. Après les examens du corps, nous avons autorisé la remise du corps à la famille pour aller continuer les obsèques », a relevé le procureur Ali Mohamed Djounaid, mardi en fin d’après-midi. Le même jour, les associations qui luttent contre les violences faites aux femmes et aux enfants, dont l’ONG Hifadwu (protection) sont allées présenter leurs condoléances à la famille endeuillée. « Nous sommes venus apporter notre soutien aux proches. Nous comptons par ailleurs organiser une manifestation dans les prochains jours pour dénoncer et condamner cette violence qui cible les enfants et pas seulement. Nous ne pouvons pas continuer comme ça. Le pire, nous nous mobilisons pour que les violeurs soient arrêtés puis emprisonnés. Mais ils finissent par être libérés », a tancé Allaouiyat Said Abdallah, la présidente de l’association Faina, du nom de cette mineure de 5 ans, abusée et assassinée chez elle, dans une localité située au nord de la Grande Comore.
Très en colère, elle a interpellé les élus par ces mots : « Tous les jours, des enfants sont assassinés. Est-ce qu’il existe oui ou non des lois qui condamnent fermement ces violeurs et protègent les femmes et les enfants victimes de violence ? Si oui, qu’on les respecte alors. Dans le cas contraire que les députés les votent », a-t-elle réclamé. La présidente de l’association Faina appelle le gouvernement à les accompagner pour la prise en charge des mineurs vulnérables.
Famille de sept enfants
Originaire de Howani, sur l’île de Mohéli, Echat Binti Youssouf avait quitté la maison à 14 heures, le jeudi, pour aller faire la lessive dans une maison en construction située à quinze mètres de chez elle, d’après le récit livré par la justice. Elle vivait avec ses parents et ses six frères et sœurs. Une fois la nuit tombée, son père, Youssouf Mahafidhou, de retour à la maison a constaté l’absence de sa fille. Il était déjà 19h. Mais personne ne se doutait qu’il lui est arrivé quelque chose. Sa famille, pensait qu’elle regardait des séries télévisées chez les voisins avant de se rendre compte qu’en fait, elle n’y était pas. Certains sont allés vérifier si jamais, elle lavait toujours les habits. Une fois sur les lieux, aucun signe d’elle. Ce n’est que le vendredi aux environs de 8h que le corps a été découvert dans la citerne. Alors que l’intervention d’une tierce personne n’était pas sur la table, lors du lavage mortuaire, des signes laissant penser que la fillette était victime de viol sont apparus.
Ces dernières années, plusieurs faits divers de ce type ont marqué la population des trois îles comoriennes. Au mois de mai 2021, Faina, âgée de 5 ans, avait été violée puis tuée avant d’être cachée dans un trou. En 2020, deux mineures de 7 et 9 ans, avait subi des viols à Anjouan. L’une des victimes y a laissé sa vie. Le problème, en dépit des lois qui criminalisent ces actes, les coupables finissent par être libérés. Une impunité qui décourage parfois les familles des victimes à porter plainte.
« Il y a une hausse de la menace du choléra à Mayotte, soyons clairs »

L’épidémie de choléra dans l’archipel voisin, qui se limite à l’île de Grande-Comore pour l’instant, amène l’Agence régionale de Santé (ARS) de Mayotte à prendre déjà des mesures pour prévenir tout risque de cas localement. Alors qu’une campagne de vaccination a eu lieu en 2001, elle n’est pas envisagée en raison de « stocks limités ».
Quelle est la situation dans la zone géographique ?
« Il n’y a pas de choléra à Mayotte. Malgré tout, la situation doit être regardée avec vigilance », conseille celui qui est préfet de Mayotte pour encore quelques jours, Thierry Suquet. Face à la presse, ce mardi matin, le directeur de l’Agence régionale de Santé (ARS) de Mayotte, Olivier Brahic, a fait le point sur le développement du choléra dans le monde. Une recrudescence a été notée depuis 2021, notamment en Afrique continentale. En cette année 2024, 44 pays sont concernés par des cas, dont onze nations dans la même zone géographique que Mayotte. La plus proche, les Comores, en est à 83 cas, dont six décès, a rapporté notre correspondant à Moroni. La bactérie est arrivée dans le pays voisin depuis la Tanzanie et se cantonne pour le moment à la Grande-Comore. Un seul cas a été détecté à Mohéli.
Quels risques à Mayotte ?
Comme le préfet, Olivier Brahic confirme qu’il n’y a pas de cas détecté à Mayotte. « Si c’était le cas, je ferais une conférence de presse dans les 24 heures », prévient celui qui observe « une hausse de la menace, soyons clairs ». La bactérie n’étant pas présente sur l’île, une « veille sanitaire » est mise en place, ainsi qu’un renforcement des contrôles sanitaires pour les arrivées par bateau ou par avion qu’elles soient des Comores, Tanzanie et Kenya. « Des informations sont données à bord, des flyers informent de la conduite à tenir », fait remarquer le directeur de l’ARS. Les personnes sont tracées pour être retrouvées si l’une d’elles s’avérait porteuse de la bactérie.
Concernant les arrivées irrégulières, les passagers de kwassa interceptés par les forces de l’ordre se font tester à leur arrivée au centre de rétention administrative (CRA) de Pamandzi.
Si un cas est détecté, quelle procédure ?
Tous les professionnels de santé et les associations sont sensibilisés aux risques et incités à faire de la prévention. Toute personne ayant possiblement des symptômes doit appeler le 15. « Dès lors qu’on a identifié un cas, un véhicule sécurisé du CHM va récupérer la personne et l’amener aux urgences dans une filière sécurisée. On va tester cette personne. Si elle est positive, on la met dans une chambre sécurisée », détaille Olivier Brahic. « Il faut qu’on soit hyper réactifs pour pouvoir éteindre tout début d’épidémie. » Une équipe d’investigations sera également montée pour trouver tous les cas contacts ou exposés. Ils seront tous mis sous antibioprophylaxie, qui empêche le développement de la bactérie. Le directeur de l’ARS assure que ce n’est pas une recommandation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), mais qu’il « assume vouloir des mesures plus radicales ».
Outre un renforcement à l’accès potable, « le sujet fondamental », une autre équipe sera chargée de désinfecter les foyers des personnes malades avec de l’eau javellisée. « Des moyens complémentaires, avec des renforts RH pour l’équipe d’investigation et le CHM, arriveront à Mayotte dès le premier cas signalé », promet Olivier Brahic. Au CHM justement, l’ARS indique que tout prélèvement de selles pour des analyses fait l’objet d’une recherche du choléra « depuis six mois ».
Comment reconnaître les symptômes ?
La maladie se transmet par les selles. C’est pour cela que la première recommandation est de se laver les mains avec du savon après être allé aux toilettes. Si ce n’est pas le cas, la bactérie peut se transmettre par l’eau. La difficulté, reconnaît le docteur Maxime Jean, est que 80% des cas sont asymptomatiques. Les 20% restants connaissent des diarrhées très aigües, parfois des vomissements ou de la fièvre. C’est le premier symptôme qui est le plus dangereux puisqu’il entraîne une déshydratation pouvant mener au décès. « La complication du choléra n’est pas une complication infectieuse. L’autre singularité, ce sont des symptômes qui peuvent s’installer de façon extrêmement rapide, en quelques heures seulement », alerte le conseiller médical de l’ARS Mayotte. La réhydratation est bien sûr primordiale, mais également l’usage des solutés de réhydratation orale pour l’ajout de sels minéraux. L’ARS compte d’ailleurs en distribuer si un cas est identifié.
Pourquoi il n’y a pas de vaccination ?
Les responsables de l’ARS n’ont pas exclu totalement la vaccination, comme ça a été le cas en 2001, « la doctrine n’est pas arrêtée ». Seulement, Olivier Brahic informe que les stocks de vaccins sont « extrêmement limités » au niveau mondial. L’heure pour le moment est plutôt « d’axer sur les mesures d’hygiène, de prévention et d’accès à l’eau ».
Pas de foyer de fièvre typhoïde
Deux crises à Mayotte n’ont pas débouché sur une crise d’ordre sanitaire. La première, celle de l’eau, présentait beaucoup plus de risques s’il y avait une propagation du choléra. Finalement, quelques foyers de fièvre typhoïde ont été détectés ici et là, dont un dernier à Hamouro, à la mi-janvier. Le directeur de l’ARS indique « qu’il y a eu un cas cette semaine et un autre la semaine précédente ». Interrogée sur les répercussions des déchets sur les routes, l’ARS n’a pas noté de maladies ayant un rapport. La leptospirose par exemple, une maladie qui se transmet par l’urine des rats, reste cantonnée à quelques cas. «
« Pas de fin complète des tours d’eau avant la mise en service de l’usine de dessalement »

La conférence de presse organisée ce mardi à l’Agence régionale de Santé de Mayotte (ARS), à Kawéni, à propos des risques de choléra a donné lieu à un échange sur l’état de la ressource en eau à Mayotte. Le préfet Thierry Suquet, qui laissera bientôt sa place à François Xavier Bieuville, a donné quelques renseignements sur la suite de la crise de l’eau qui frappe toujours le territoire mahorais. Au comité de suivi de la ressource en eau (CSRE) du mercredi 14 février, il a été évoqué un passage à une coupure d’eau à raison d’une fois par semaine « dans quelques semaines ». Toutefois, il faudra s’attendre à guère plus, alors que les retenues collinaires de Combani et Dzoumogné sont respectivement à plus de 80 % et à 100 % de leurs capacités. « De toute façon, on le sait, il n’y aura pas de fin complète des tours d’eau avant la mise en service de la nouvelle usine de dessalement qui produira suffisamment », prévient le préfet.
Le 29 janvier, lors d’un CSRE élargi, Françoise Fournial, la directrice de la Société mahoraise des eaux, a reconnu que la production de la SMAE ne pouvait pas suivre des besoins de consommation situés « entre 44.000 et 46.000 m3 par jour ». La filiale de Vinci se disait alors capable de produire « 40.800 m3 » au maximum. Prévue pour 2025, l’usine de dessalement d’Ironi Bé, critiquée pour des craintes sur le plan environnemental, doit produire théoriquement 10.000 m3 d’eau potable par jour dans un premier temps. Puis, la production doit être poussée jusqu’à 30.000 m3 quotidiens. Pour donner un ordre de grandeur, celle de Pamandzi a été rénovée récemment pour fournir 4.700m3 par jour (c’est le cas depuis le mois de décembre).
La majorité de l’eau potable produite à Mayotte provient des rivières, auxquelles s’ajoutent les forages (la sixième campagne est en cours, la septième va commencer en parallèle cette année). Les retenues, qui se remplissent normalement cette année, permettent de passer simplement la saison sèche.
Les horaires aménagés à la Ville de Mamoudzou
La municipalité de Mamoudzou aménage ses horaires jusqu’à la fin du ramadan et les six jours de chawal, à partir de ce mardi. Les services sont ouverts au public du lundi au jeudi, de 7h30 à 14h, et le vendredi, de 7h30 à 11h30. Les guichets de l’état-civil sont ouverts au public à l’hôtel de Ville de Mamoudzou et à la mairie annexe de Kawéni, du lundi au jeudi, de 6h30 à 14h30, le vendredi, de 6h30 à 11h30. Ils sont ouverts dans les mairies annexes de Passamaïnty et Vahibé, du lundi au jeudi, de 7h30 à 14h30, et le vendredi, de 7h30 à 11h30.
La campagne de subventions aux associations de Mamoudzou prolongée
La clôture de la campagne de subventions aux associations pour l’année 2024 est reporté au 3 mars de cette même année par la Ville de Mamoudzou. Cette dernière apporte, à travers ces subventions, un soutien financier afin de développer les activités des associations, principales actrices de proximité dans les villages et les quartiers. Ces aides concernent les organismes de la commune qui œuvrent dans le domaine de la jeunesse, des sports, de la culture, de la citoyenneté, de l’environnement, du socio-éducation et de l’insertion. Elles ont pour but de les aider à exercer leurs activités dans de bonnes conditions, à financer la réalisation de projets spécifiques ou encore à financer des opérations particulières et exceptionnelles. Les demandes de subventions sont dématérialisées et doivent s’effectuer sur le site www.mamoudzou.yt. Les demandes papiers ne seront pas prises en compte et un seul utilisateur par structure peut déposer la demande en ligne. La plateforme de dépôt de dossier est également accessible directement au lien suivant : ma-mamoudzou.mgcloud.fr/aides. Pour toute information complémentaire, il est possible de contacter par téléphone le : 06 39 58 78 27.
Un réseau Orange pas perturbé par les coupures sur les câbles sous-marins
Orange assure une connectivité stable malgré les perturbations liées aux coupures sur le réseau international de câbles survenues ces derniers mois. La direction d’Orange Mayotte confirme que ses services restent opérationnels sur l’île, offrant à ses abonnés une connexion fiable même en cas d’incidents réseau. « Orange a en effet fait le choix de souscrire à des capacités de bande passante supplémentaires afin de disposer d’une infrastructure dimensionnée pour faire face aux perturbations pouvant toucher des câbles sous-marins », fait remarquer l’opérateur de téléphonie mobile.
Sécurité routière : des projets à soumettre avant le 15 mars
Dans le cadre du Plan départemental d’action de sécurité routière (PDASR), la préfecture de Mayotte lance un appel à projets pour l’année 2024. Les entités locales, publique et privée, sont invitées à proposer des initiatives innovantes en matière de prévention routière. Les organisations intéressées ont jusqu’au 15 mars pour soumettre leur dossier. Les projets éligibles couvrent divers domaines prioritaires, notamment la sécurité des deux-roues motorisés, la lutte contre les comportements à risques tels que la conduite sous l’influence de l’alcool, des stupéfiants, ou la vitesse excessive, ainsi que la promotion des nouveaux modes de mobilité douce tels que les vélos électriques, les trottinettes électriques et la marche. De plus, les actions visant à sensibiliser les jeunes à la sécurité routière et à réduire les risques professionnels liés à la route sont également encouragées.
Les candidats ont la possibilité de postuler avec ou sans demande de financement. Dans le second cas, une procédure simplifiée est mise en place, nécessitant simplement le remplissage de la fiche d’action locale. Pour ceux qui sollicitent un financement, ils doivent préparer un dossier complet. Comprenant toutes les informations requises telles que le descriptif du projet, le budget prévisionnel, et les partenaires impliqués. Les dossiers doivent être soumis à l’adresse de la direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer de Mayotte (Dealm de Mayotte) ou par voie électronique : ibrahim.salim@developpement-durable.gouv.fr
« L’humanitaire à coup de primes », ces propos d’Estelle Youssouffa qui ne passent pas

Invitée sur plusieurs plateaux télévisés, après l’annonce du gouvernement de vouloir supprimer le droit du sol à Mayotte, la députée mahoraise Estelle Youssouffa a fustigé les enseignants sur la chaîne Cnews, le 13 février. Selon elle, les délinquants à Mayotte « sont éduqués par le chevalier blanc de service, l’enseignant qui vient se faire de l’humanitaire à coup de primes à Mayotte plutôt que d’aller le faire en Afrique. Qui le bassine de grandes idées en lui disant tu auras tes papiers. (…) ils deviennent des bêtes sauvages », s’est-elle exclamée.
« Dans le contexte de tensions que nous connaissons, il n’est pas très responsable de votre part de vous en prendre aux personnels enseignants de l’île. Nous sommes d’autant plus surpris que nous sommes disposés à dialoguer avec vous, mais que vous n’avez pas cherché à prendre notre attache avant de vous exprimer sur des sujets qui nous touchent de près », répondent Anssifoudine Port-Saïd et Henri Nouri. Les co-secrétaires départementaux FSU Mayotte indiquent que « la physionomie des enseignants dans le premier degré ne correspond pas à votre description tendancieuse ». Ils rappellent que la profession n’est pas épargnée par l’insécurité sur l’île, qui s’invite souvent aux abords des établissements. « Depuis 2018, nous avons exercé notre droit de retrait dans de nombreux établissements à la suite d’agressions de bandes armées », précisent-ils, citant les derniers exemples des collèges de Koungou et de M’gombani. Ils ajoutent qu’ils souhaitent « que les élèves que nous avons formés, puissent avoir les moyens règlementaires de continuer leurs études en métropole ».
Sur les primes, le syndicat rappelle que « beaucoup [d’enseignants] n’en perçoivent plus depuis longtemps » et qu’elles ne sont plus un facteur d’attractivité. En outre, « dans le premier degré, nous attirons votre attention sur le fait que, de plus en plus de collègues recrutés et formés localement demandent à quitter l’île. […] Enfin, au lieu de faire du prof bashing, en tant que députée de la nation, vous n’êtes pas sans ignorer que le métier d’enseignant n’attire plus et qu’une des raisons majeures en est la faiblesse des salaires pour des personnes diplômées bien souvent à bac +5. Ce problème national a des répercussions sur Mayotte », soutiennent les secrétaires départementaux. Ils indiquent ne pas vouloir passer ce genre de propos et demandent des excuses publiques de la part de la députée.
« Des rêves d’exotisme confortable »
Sur sa page Facebook, la députée a été plus nuancée, mais n’a pas souhaité faire d’excuses pour autant. « Loin de moi, l’idée de vous heurter sinon de rappeler quelques faits. Vous n’ignorez pas la position de certains (nombreux) enseignants à Mayotte qui s’engagent (c’est leur droit le plus strict) pour aider les jeunes sans papiers. Ces enseignants sont de passage sur l’île, avec des rêves d’exotisme confortable (pourquoi garder son poste et ses primes au lieu de partir directement l’humanitaire aux Comores si tel est l’objectif ? Venir à Mayotte pour des motifs financiers n’est pas honteux mais il faut admettre que c’est un élément clef de la prise de décision de venir) », réitère-t-elle. Sur la question des primes (indemnité de sujétion géographique), elle se mélange un peu en disant se battre pour que celles-ci aient le taux d’indexation mahorais (40%) à égalité avec La Réunion (53%). Elle affirme que cette prime « entraîne une différence de traitement avec les contractuels qui sont la majorité des enseignants à Mayotte (N.D.L.R. il y a bien une majorité de contractuels dans le second degré, mais pas pour le premier) ». En réalité, les professeurs à Mayotte ont le droit à la même indexation qu’ils soient titulaires ou contractuels, comme les autres fonctionnaires de l’île. L’ISG est bien une prime réservée aux professeurs titulaires, tandis que les contractuels recrutés à l’extérieur de Mayotte bénéficient d’une prime d’installation.
« Au-delà de ces échanges d’arguments qui ne nous mettront probablement pas d’accord, vous savez comme moi que l’Éducation nationale se disloque et qu’elle est à Mayotte en très grande difficulté avec une mission écrasante : mon mandat est de me battre au Parlement pour vous donner les moyens et les conditions de travailler dignement et en sécurité. Ce que je fais de mon mieux. Même pour ceux qui me critiquent ou se retrouvent victimes des bourreaux qu’ils ont naïvement contribué à protéger », ajoute-elle. « Nous avons en commun un engagement quotidien pour construire l’avenir et je veux vous dire ma sincère gratitude pour votre travail dont je ne peux qu’imaginer la difficulté », concède-t-elle, se disant en conclusion être à l’écoute des enseignants.
« Même après la crise, il faudra du temps pour se relever »
Carla Baltus, présidente du Medef Mayotte, déplore les conséquences économiques d’un « manque de visibilité » dans la crise que traverse Mayotte. Un grand nombre d’entreprises implantées sur l’île, pour un total de 5.000 salariés concernés, souhaitent recourir à l’activité partielle. Seulement, tout le monde ne sera pas éligible.
Assises de Mayotte : « C’était eux ou c’était nous » : deux hommes jugés pour tentative de meurtre
Huit ans après les faits, deux jeunes hommes sont jugés pour avoir tenté de tuer, en groupe, un adolescent, le 28 janvier 2016. Le procès, devant la cour d’assises de Mayotte, a débuté ce lundi et se clôturera mercredi. Les circonstances de l’agression qui a eu lieu à Mamoudzou restent floues.
« Ça sert à quoi une hache monsieur ? ». Nathalie Brun, la présidente de la cour d’assises à Mamoudzou, hausse le ton, ce lundi 19 février, en réponse à l’un des deux accusés qui confie avoir été traversé par la rage, mais prétend ne pas avoir eu l’intention de tuer. Les faits remontent au 28 janvier 2016, vers 21 heures, dans le quartier de Barakani, à Mamoudzou, non loin du commissariat. Ce qui pourrait être une quinzaine voire une trentaine d’individus, dont les deux accusés, guettent les alentours après une réunion organisée par des « mamas ». L’une d’entre elles étant celle du second. Selon plusieurs témoignages et l’enquêteur chargé de l’enquête, elles auraient demandé à défendre le quartier en réaction à des événements survenus plus tôt.
Mais ce soir-là, trois jeunes hommes issus de Kawéni descendent la route vers la place Dinahou. Ils sont vite repérés et encerclés. L’un des trois protagonistes, âgé de 15 ans et un mois à l’époque et habitant du quartier Recto verso, est projeté et traîné au sol, tandis que ses deux comparses parviennent à fuir. L’adolescent reçoit notamment des coups de marteau dans le dos et à la poitrine, et deux coups de hache sur la tête. Le troisième atterrit sur sa main, qu’il place devant lui pour se protéger.
« Je n’étais pas tout seul »
Dans un contexte déjà tendu de violences urbaines, explique l’enquêteur de l’époque, la police fait usage de gaz lacrymogènes. Le groupe riposte en caillassant avant de se disperser. La victime, partie civile de ce procès mais qui n’est pas présente lors de l’audience, se dirige en sang vers le centre hospitalier de Mayotte, avant de s’évanouir. L’affaire est confiée aux enquêteurs deux jours après. Selon le certificat médical, le pronostic vital de la victime est engagé à cause de quatre plaies commises à l’arme blanche. Elle ne sort de l’hôpital qu’un mois après [mise à jour], une plaie crânienne suturée sur 23 centimètres ainsi que des difficultés pour parler. Paralysée au niveau des membres supérieurs, sur le côté droit, à la suite de son agression, elle écope de 25 jours d’incapacité temporaire totale de travailler (ITT), puis de 30. À ce jour, « le total n’est pas encore consolidé », informe son avocat.
Le premier accusé, à l’origine d’au moins un coup de hache et qui a tout juste atteint la majorité, s’enfuit après les faits. Il est finalement retrouvé par les autorités, « avec un marteau », renseigne l’enquêteur. L’interpelé était déjà connu des services dans une affaire de stupéfiants et a été jugé depuis pour une agression au tournevis survenue pendant sa cavale. « Je n’étais pas tout seul. On était nombreux », répète-t-il à la barre, concernant le déroulé de la soirée, droit sur ses jambes, les yeux légèrement rougis mais le regard fixe sur les membres de la cour, « prêt à être juger et tourner la page ».
« Je tiens à la sérénité des débats »
« Tu ne sais rien ! », s’exclame-t-il à un moment. Tutoyant la présidente, il ne comprend pas pourquoi il a besoin de répondre aux questions alors que les auditions sont lues. « Je tiens à la sérénité des débats », répond la présidente à l’avocat général, représentant des intérêts de la société, qui estime que la cour s’est déjà bien assez justifiée. Tandis que la présidente prend le temps d’expliquer l’importance de l’oralité des débats.
« C’[était] eux, ou c’[était] nous », déclare néanmoins l’accusé, d’une voix rauque, persuadé que ces trois jeunes, dont l’un était armé d’un marteau, venaient pour se battre et qu’il s’agissait alors de se défendre. « Vous dites pourtant que le marteau est resté dans une poche de son pantalon », réagit la présidente. La victime, elle, explique, dans son audition lue durant l’audience, ne pas être au courant de rivalités entre bandes et avoir simplement voulu se rendre dans un commerce.
Le second accusé, reconnaît, lui, être présent sur les lieux ce 28 janvier mais ne pas avoir vu d’armes ni d’avoir été actif dans l’agression qui s’y est déroulée, expose ce trentenaire calmement. Le procès se poursuit jusqu’à mercredi.