Dans le social, Madi Velou défend l’action de la collectivité départementale

Afin de présenter les actions du Département de Mayotte en matière sociale, une conférence de presse a été organisée, ce jeudi après-midi. Madi Velou, le vice-président en charge du social, a évoqué les différents sujets sans tabou et est revenu sur leur financement qui reste toujours l’objet de négociations avec l’État.

Une convention « sur la bonne lancée »

Le Département de Mayotte a pu respirer à la fin de l’année 2023, quand le gouvernement s’est engagé à financer la collectivité de cinquante millions d’euros pour terminer l’année dernière, et de cent millions en 2024, pour assurer les financements de la protection de l’enfance et combler la hausse importante du coût scolaire. « C’est un effort à saluer », remercie Madi Velou, qui était en pleine négociations avec l’État pour les années à venir, avant la dissolution de l’Assemblée nationale. Le vice-président du Département estime d’ailleurs qu’ils avaient « très bien avancé » et qu’ils étaient « sur la bonne lancée » comme l’année dernière. Le rapport de la Chambre régionale des comptes sur le coût de l’ASE (aide sociale à l’enfance, estimée à 55 millions en 2022) a été bénéfique à ses yeux. Il fait cependant remarquer que le comité de pilotage qui devait valider le deuxième paiement (trente millions d’euros sur les cent millions en 2024) a été reporté du fait des élections.

Une MDPH qui se remplume

C’est « le point noir de ces derniers mois », concède Madi Velou. En conflit avec la directrice, il n’a pas souhaité renouveler son contrat, entraînant une grève qui a duré plusieurs mois au sein de la MDPH (Maison départementale des personnes handicapés) où 14.000 dossiers sont suivis. Une vague de remplacements de fonctionnaires rattachés du Département, ainsi que des départs dans le corps médical (qui évalue le handicap) ont suivi. Selon l’élu, la situation s’est stabilisée avec d’autres agents du Département qui ont intégré le GIP MDPH. Le couple de médecins, qui y exerçait et était parti lors du mouvement social, est finalement revenu au 1er juin. Un infirmier a remplacé un partant, deux autres arriveront « en décembre ». Le délai de traitement des dossiers qui était descendu à « quatre mois », l’an dernier, reste toutefois important. Il est aujourd’hui « d’un an » pour les 1.200 dossiers sur la table, confirme Ségolène Meunier, la nouvelle directrice. Un médecin va être conventionné pour venir en soutien dans la structure qui recherche actuellement un responsable informatique, un responsable du pôle évaluation (les deux occupantes sont en partance), un ergothérapeute et un infirmier.

Autre sujet concernant la MDPH, deux camions-bureaux doivent arriver « d’ici la fin de l’année pour aller dans les villages les plus éloignés », explique Madi Velou, afin de mailler davantage le territoire. Outre les sites de Dembéni et Mamoudzou, il milite depuis des mois pour qu’un autre voit le jour en Petite-Terre.

« Pas le choix de surcharger »

Le sujet n’est pas facile à porter de l’aveu même de Madi Velou et Zouhourya Mouayad Ben, vice-présidente du Département en charge de la culture et des sports. « Ce n’est pas une politique qui nous fera élire », admet le premier, au regard de la problématique des mineurs isolés qui étaient 4.500 à Mayotte en 2016, selon le dernier chiffre de la Chambre régionale des comptes. Les deux élus rappellent qu’ils traitent ici des conséquences de l’immigration, un domaine régalien.

Celui qui a la charge du social du Département tente quand même de tirer un bilan positif de l’action de ses services avec 3.000 mineurs accompagnés. Quinze lieux de vie et d’accueil (LVA), deux maisons à caractère social et 300 familles d’assistants familiaux (92 en 2016) sont ainsi consacrés à l’aide sociale à l’enfance. Il cite les enfants placés qui réussissent à décrocher leurs diplômes et la création récente d’un centre de formation agréé avec les services de l’État pour ceux qui ne sont pas scolarisés. « Ce sont les actions comme ça qui m’animent. » 270 places en plus vont être créées en LVA. Abdoul-Harithi Antoissi, le directeur de l’aide sociale à l’enfance, reconnaît que les familles manquent et que le Département « n’a pas le choix de surcharger pour ne pas mettre dehors des enfants ». Ainsi, ils sont 1.400 à être placés à Mayotte pour un effectif théorique de 1.000 places.

Deux nouvelles PMI d’ici la fin de l’année

Autre point qui cristallise des tensions, le fonctionnement de la Protection maternelle infantile. 59.100 consultations ont pu être effectués en 2023, dont 26.179 pour les femmes. Selon Madi Velou, cela prouve que le Département de Mayotte fait sa part dans la prise en charge de ce public, avant de se féliciter que le schéma directeur des PMI ait vu le jour. Sur ce sujet, quatre camions ont été commandés pour faire des consultations sur le terrain. Il rappelle que les PMI Bandrélé et Kahani ont vu le jour depuis le début de mandat. Les prochaines à M’tsamboro et Koungou pourraient être ouvertes d’ici « la fin de l’année ». Il reconnaît des difficultés en revanche à Vahibé et Passamaïnty. Les travaux ont même été arrêtés pour la deuxième afin de donner la priorité à celle de Vahibé.

Dans les points positifs, il y a les « 520 couples » accueillis en 2023 dans le Lieu d’accueil enfants parents (LAEP) de Bandrélé, une structure qui a vu le jour il y a deux ans. Autre nouveauté, des bilans de santé ont été réalisés en école maternelle, « une première sur le territoire ». L’élu espère aller au-delà de l’expérimentation. Il compte aussi s’attaquer au problème des grossesses précoces. Il y en a eu 487 en 2023, la plus jeune n’avait pas plus de dix ans.

Un premier rapport de l’ODPE

C’est une nouveauté qui ravit le vice-président, l’observatoire départemental de la protection de l’enfance a publié son premier rapport. « Vous avez des données extraordinaires sur la protection de l’enfance, qui méritent d’être connues. Au niveau national, on commence à nous respecter un peu plus, parce qu’il nous manquait des données », fait valoir Madi Velou. Amani Halidi, la responsable de l’observatoire, annonce la création de groupes de travail avec « tous les acteurs qui œuvrent dans la protection de l’enfance pour échanger sur cette problématique ».

Celle-ci invite des universités à passer des conventions pour que des étudiants en master ou en thèse puissent collaborer au travail de l’observatoire dans le cadre de leurs recherches.

Le coup de gueule d’Elyassir Manroufou

Conseiller départemental d’opposition, Elyassir Manroufou s’est plaint du manque d’actions sociales dans son canton qui regroupe Cavani et M’tsapéré. Il regrette par exemple que le centre de santé, qui « était le plus fréquenté de l’île », soit fermé depuis une dizaine d’années maintenant. Il rappelle que son secteur géographique est concerné actuellement par plusieurs foyers de choléra, une recrudescence du VIH et des migrants d’Afrique continentale qui vivent toujours à Cavani à même la rue. Il réitère sa demande qu’ils soient dispersés sur tout le territoire pour « ce ne soient pas que les gens de Cavani qui en souffrent ». A sa gauche, Madi Velou et Zouhourya Mouayad Ben ne le contredisent pas, mais rappellent que la conférence de presse vise d’abord à présenter le bilan de l’action sociale du Département et de s’adresser plutôt au préfet de Mayotte pour les problèmes migratoires. « Je lui ai dit », assure le conseiller départemental à ses collègues.

Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.

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