Ces dernières semaines, plusieurs actions autour du livre ont été organisés dans le quartier prioritaire de Dagoni en Petite-Terre, situé entre Labattoir et Pamandzi à l’initiative de la communauté de communes de Petite Terre. L’objectif : proposer des activités artistiques et culturelles qui parlent aux jeunes, qui mobilisent leur attention et qui les valorisent. Ces derniers ont réalisé une chasse au trésor, une grande fresque collaborative et des ateliers BD. Pour présenter leurs créations, une grande fête de clôture est organisée le samedi 13 juillet 2024, de 9h à 13h, sur la place de la mosquée, à Labattoir. A 10h 30, la fresque sera révélée au public ainsi que l’exposition BD. A 11 h, aura lieu une performance slamée d’artistes de Petite-Terre. A 12 h, le chanteur Elhad Dalane donnera un concert. Ensemble, la jeune génération fera résonner ses mots, afin d’éviter les maux.
Élection du maire du conseil municipal des jeunes de Tsingoni le 12 juillet
La mairie de Tsingoni organise, le vendredi 12 juillet, de 8h à 11 h 30, l’élection du maire des jeunes, l’événement est ouvert à tous. Le bureau de vote ouvrira à 8 h, la matinée se poursuivra par des chants et des danses, à 11h, le maire Hamada Issilamou prononcera un discours et annoncera le nom du gagnant. La matinée se clôturera par le discours du nouveau maire des jeunes.
Édito : Une vitrine parfaite qui risque d’être figée dans le temps
A deux jours du second tour des élections législatives anticipées, une issue où le Rassemblement national deviendrait la première force politique de l’Assemblée nationale devient inévitable. La tentation à Mayotte est d’autant plus grande de donner sa voix au parti d’extrême-droite. L’île aux parfums autrefois si paisible est devenue l’île aux parpaings jetés sur les automobilistes, scootéristes et bus scolaires. Comme au sens littéral, elle s’enfonce dans un cycle de violences et de ruptures d’égalité. Mayotte est un rêve pour le RN. Il y voit l’occasion de légitimer son discours sur les conséquences de l’immigration clandestine, saturation des services publics à l’appui. Alors même que les chiffres par rapport à l’Hexagone sont sans commune mesure, il y défend la fin du droit du sol étendue à tout le territoire national sans certitude que cela change les choses.
Pire, c’est justement parce qu’elle représente la vitrine parfaite que le risque est grand qu’elle reste figée dans le temps par le RN. Car, dès le début de la crise des migrants de Cavani, le parti d’extrême-droite, prompt à dénoncer l’occupation du stade départemental, s’est soulevé contre l’arrivée de réfugiés sur le sol métropolitain. Sur la fin du titre de séjour territorialisé non plus, première revendication des Forces vives, on entend peu le parti de Marine Le Pen, alors que beaucoup de monde ici s’accorde à dire qu’elle serait une des réponses les plus rapides à la pression migratoire.
Et on a beau repeindre la façade à multiples reprises, les fondations de ce qui était autrefois le Front national n’ont pas bougé. Les propos racistes, islamophobes, complotistes, pro-Poutine (la Russie a apporté son soutien au RN comme il l’a fait avec les Comores) de candidats RN ressortent partout en France malgré les tentatives de nettoyage des réseaux sociaux. Les étudiants ultramarins en métropole commencent à s’alarmer de la banalisation en cours de la parole raciste et islamophobe. Non pas qu’elle n’existait pas avant malheureusement, mais celle-ci se trouve amplifiée et maintenant assumée. Mayotte a besoin de tout, d’eau, d’écoles où apprendre dans des conditions décentes, d’hôpitaux remplis de médecins, des mêmes droits que le reste de la France, mais pas du RN.
La venue de médecins diplômés hors Union européenne autorisée à Mayotte

Afin de pallier le manque de médecins à Mayotte, le gouvernement a étendu un dispositif déjà en place aux Antilles. Depuis la parution du décret, ce jeudi 4 juillet, il n’est désormais plus requis pour les médecins étrangers d’avoir un diplôme obtenu dans l’Union européenne pour venir exercer. Une graduation de leurs pays et une autorisation de délivrée par l’Agence régionale de santé de Mayotte suffiront.
C’est un dispositif qui doit répondre à une urgence, même s’il n’est pas épargné par les critiques. Avant de quitter Matignon, le Premier ministre Gabriel Attal a pris un décret, ce mercredi 3 juillet, donnant la possibilité à un médecin, chirurgien-dentiste, sage-femme ou un pharmacien par des personnes « ne remplissant pas les conditions de nationalité et de diplôme normalement applicables » de travailler à Mayotte. Ces praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) sont vus comme la solution au désert médical mahorais, au moins jusqu’au 31 décembre 2030, date de fin d’application du décret. Il s’agit ici d’étendre à l’île aux parfums ce qui existe déjà ailleurs.
En vigueur depuis mars 2020, en effet, une loi permet aux directeurs de plusieurs agences régionales de santé (ARS) ultramarines « d’autoriser un médecin, un chirurgien-dentiste, une sage-femme ou un pharmacien, ressortissant [d’un pays extérieur à l’Union européenne] du même code ou titulaire d’un diplôme de médecine, d’odontologie, de maïeutique ou de pharmacie, quel que soit le pays dans lequel ce diplôme a été obtenu, à exercer dans une structure de santé située dans leurs ressorts territoriaux respectifs ».La Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, la Guyane, la Martinique et Saint-Pierre-et-Miquelon sont déjà concernés par ce dispositif créé pendant la crise du Covd-19.
La classe politique mahoraise mitigée
La députée Estelle Youssouffa s’est offusquée d’une telle décision. « Scandaleux ! Le Gouvernement (avec l’approbation du CD) vient de publier le décret dérogatoire pour permettre aux soignants non européens d’exercer à Mayotte sans passer par les contrôles habituels : notre santé à nous Mahorais ne mérite pas les mêmes précautions que celle de nos compatriotes », a-t-elle réagi, sur son compte Facebook. Lors de la réunion du conseil départemental de Mayotte du mercredi 12 juin, les avis étaient plutôt mitigés. Une partie des élus, de la majorité comme de l’opposition, s’est dit inquiète de l’arrivée de médecins avec des qualifications moindres. Avec quelques votes contre, la disposition avait été adoptée avec une demande tout de même, que le praticien soit validé par l’ordre des médecins et non par l’ARS Mayotte (qui vient de changer de directeur). Dans les faits, si le directeur de l’ARS est bien le premier à émettre un avis, le médecin doit être approuvé par une commission territoriale composée de « deux représentants et quatre suppléants appartenant à la profession, désignés par le conseil territorial ou, le cas échéant, national de l’ordre de la profession ».
En amont de la réunion du conseil départemental, le président du Cesem, Abdou Dahalani, invitait à la prudence afin de ne pas se faire « refourguer des médecins dont on ne veut pas ailleurs ». Le conseil économique, social et environnemental de Mayotte a néanmoins émis un avis positif. « Il est impératif de renforcer les modalités et les conditions de validation des candidatures des praticiens étrangers pour assurer la qualité des soins. Par conséquent, une clarification des critères de reconnaissance des diplômes et des compétences est nécessaire pour garantir que les professionnels autorisés à exercer à Mayotte répondent aux standards requis. Le Cesem souligne que ce dispositif transitoire ne doit pas nous écarter de l’objectif prioritaire de former et de fixer des personnels soignants locaux, seuls à même de garantir la pérennité de service », a-t-il indiqué, espérant que le retour de médecins mahorais soit également facilité à l’avenir.
« La vanille de Mayotte commence à être reconnue en dehors du territoire »
L’association pour les déficients sensoriels et l’Apajh entérinent la fusion

Ce lundi 1er juillet, l’association pour les déficients sensoriels de Mayotte (ADSM) et l’Association pour les adultes et jeunes handicapés (Apajh) ont fusionné. Un mariage qui avait commencé il y a déjà plusieurs années, avec une mutualisation progressive des moyens des deux entités.

«Sans appui de l’Apajh, on aurait peut-être mis la clef sous la porte. » C’est par ces mots que le président de l’association pour les déficients sensoriels de Mayotte (ADSM), Laïdine Chamassi, salue la fusion qui s’est opérée le 1er juillet entre son organisme et l’Association pour les adultes et jeunes handicapés. Arrivé à la tête de la structure qui vient en aide aux aveugles ou encore aux sourds et muets en 2018, celui-ci trouve une association dans une situation financière « compliquée », à la suite d’une gestion qui l’était tout autant. C’est alors que la fédération Apajh lui a tendu la main. “L’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte nous a également dit de les aider. On a mis en place un mandat de gestion, c’est-à-dire qu’on apportait notre expertise et un soutien technique. La fusion est finalement l’aboutissement de ce chemin”, décrit Jean-Louis Garcia, président de la fédération, venu exprès de métropole pour l’événement, voulant envoyer un symbole d’unité entre les deux entités. La coopération entre elles a déjà démontré ses avantages, l’ADSM ayant été remise sur pied, et l’Apajh ayant pu bénéficier des compétences de plusieurs salariés qu’elle n’avait pas au sein de ses structures à Mayotte. “Un travail de collaboration constructif”, souligne Jean-Louis Garcia. Fusionner permet donc de concrétiser cette mutualisation des moyens.
Une plus grande force d’impact
“Cela nous permet d’améliorer davantage la prise en charge des personnes que nous suivons”, estime Laïdine Chamassi, dont l’association donne par exemple des cours de langue des signes, ou accompagne des personnes en situation de handicap sensoriel sur la voie de l’insertion. Et pour cause : concrètement, cette fusion administrative se traduit également par la mutualisation des locaux. Les salariés de l’ex-ADSM (désormais Établissement Apajh, pôle sensoriel ADSM) vont pouvoir bénéficier de nouveaux locaux acquis par l’Apajh récemment, comme l’antenne IME (Institut Médico-Éducatif) Nord à M’tsangamouji, voyant ainsi leurs conditions de travail s’améliorer. Tous les postes ont été maintenus : s’ils étaient 50 à l’ADSM et 130 à l’Apajh, ils forment désormais tous une équipe de 180. Un nombre qui donne une plus grande force d’impact selon le président de la fédération, et une équipe réformée qui fait déjà corps, lors d’un buffet convivial organisé au Jade Hôtel et Spa, à Bandrélé, ce jeudi 4 juillet.
L’association, désormais grandie, n’est pas en reste de projets. Elle compte en effet répondre à un appel à projet pour un internat prévu pour quarante résidents en situation de polyhandicap. Deux unités d’enseignement, une pour école élémentaire et une pour la maternelle, pour enfants atteints d’autisme ouvrant à la rentrée prochaine vont être gérées par l’APAJH. L’organisme veut également travailler sur la mise en place d’un Esat (Établissement et service d’accompagnement par le travail) et faire du logement accompagné.
Une semaine d’inaugurations pour l’Apajh
Une délégation de l’Apajh s’est rendue sur le territoire mahorais à l’occasion de cette fusion. Elle en a profité pour organiser plusieurs événements tout au long de la semaine. Ainsi, lundi 1er juillet, elle a inauguré son Service de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD) en Petite-Terre, ainsi que son entreprise adaptée Auxilium, à Passamaïnty (Mamoudzou), pour contribuer à l’inclusion professionnelle de ses usagers. Mardi, elle a inauguré l’Antenne IME (Institut Médico-Éducatif) Nord, à M’tsangamouji, afin de fournir un soutien éducatif et thérapeutique aux jeunes en situation de handicap, contribuant à leur développement et à leur intégration sociale. Mercredi, l’APAJH a organisé un Handivillage, place de la République, à Mamoudzou, pour rassembler les acteurs engagés dans l’inclusion des personnes en situation de handicap.
Quand le Commandant Boina, disparu ce mercredi, raconte sa carrière
Connu à Mayotte pour avoir été le seul soldat de l’île aux parfums à avoir participé à la guerre d’Algérie, Ali Mohamed Boina s’est éteint, ce mercredi, à M’tsapéré. L’ancien militaire, originaire de Pamandzi, avait raconté la guerre à notre journaliste Olivier Loyens, en 2017. On vous propose de redécouvrir son récit.
« Quand ce genre de souvenirs revient dans mon sommeil, je les chasse de ma tête », indique Ali Boina. « Je suis parti plusieurs fois en opération là-bas », se souvient l’ancien soldat mahorais qui a participé à la guerre d’Algérie (1954-1962). « J’étais dans des unités de combat, avec la Légion étrangère et l’infanterie de marine. Nous nous occupions d’un barrage électrifié au niveau de la frontière tunisienne. J’ai vu des soldats ennemis prendre des balles ou sauter sur des mines. Je m’en suis bien sorti dans la mesure où je n’ai jamais reçu une balle. J’ai juste été blessé accidentellement à la jambe. » En Algérie, Ali Boina n’a pas croisé d’autres Mahorais. « Il y avait aussi un détachement de soldats comoriens en Algérie, mais il n’est pas resté longtemps », ajoute-t-il. Il était ainsi mal vu que des musulmans combattent d’autres musulmans. D’autres Mahorais, comme l’adjudant Ramia Maliki (décédé il y a quelques années) ont par ailleurs participé au conflit, mais ils ne sont pas restés longtemps sur le terrain.
« Je luttais contre le sentiment de culpabilité »
Après la guerre, Ali Boina est « paumé ». Il trouve malgré tout la force de continuer ses études tout en s’efforçant d’effacer de sa mémoire ce qu’il a vu pendant cette guerre. « Je luttais aussi contre le sentiment de culpabilité », ajoute-t-il. « J’ai réussi à le surmonter en me disant que j’avais fait mon devoir. » Même si la guerre d’Algérie a constitué un traumatisme pour lui, Ali Boina a toujours rêvé de faire l’armée. « C’était une vocation, je voulais faire une carrière technique dans le génie militaire, où j’ai toujours servi. »
Ali Boina naît en 1938 à Pamandzi. Il est le deuxième d’une fratrie de dix enfants. Après l’école primaire à Pamandzi, il poursuit sa scolarité au lycée Galliéni à Tana (Madagascar). « Je suis allé là-bas à l’âge de 9-10 ans », se souvient-il. « J’étais interne. J’y ai côtoyé des personnages comme Younoussa Bamana, le docteur Martial Henry, ou encore Ali Soilihi (N.D.L.R. ancien président des Comores). »
Après sept-huit années à Madagascar, Ali Boina revient à Mayotte. En attendant son départ pour l’armée, il effectue son premier emploi au secrétariat du médecin commandant de l’hôpital. Ce dernier lui confie alors : « Vous ferez une bonne carrière dans l’armée ».
Il n’en fallait pas plus pour qu’Ali Boina s’y engage, en 1959. Il va à Majunga pour rejoindre la 1ère compagnie d’infanterie marine. Direction ensuite le centre d’instruction du Génie à Avignon où il reste pendant quatre mois et où il est nommé caporal. Il part ensuite en Algérie où il obtient le grade de sergent. Après deux ans sur le front, il est muté au 2ème régiment du Génie à Metz, où il suit une formation d’électromécanicien. « On m’a ensuite rappelé à Avignon », indique Ali Boina. « Là-bas, on demandait des volontaires pour retourner en Algérie, alors que la guerre s’achevait. J’ai postulé et y suis retourné dix mois, pour faire le « déménagement ». »
Après son deuxième séjour en Algérie, il est affecté à Kehl (Allemagne), où il prépare le concours d’entrée d’officier. Il le réussit et est envoyé en formation aux écoles de Saint-Cyr Coëtquidan (56). Nommé sous-lieutenant, il est muté et envoyé à l’école d’application du Génie à Angers. Puis il retourne à Kehl. Après cela, il est envoyé en formation à l’école supérieure du génie à Versailles pour obtenir un diplôme technique.
Après un autre retour en Allemagne, il est affecté à Vélizy-Villacoublay au commandement du génie de l’air pour effectuer la surveillance technique des bases aériennes. Ali Boina reste ensuite dans le domaine aérien, puisqu’il rejoint la direction des travaux du génie de Paris pour une mission de construction et de maintenance des ouvrages militaires. « J’étais chef de secteur de la zone nord, au mont Valérien (Hauts-de-Seine) », précise-t-il. Direction ensuite l’école de formation des officiers à La Flèche (72200), où il est chargé de la restauration et où il réalise des conférences sur l’arme du génie.
Un retour à Mayotte synonyme de déceptions
Ali Boina termine sa carrière au grade de commandant. Il retourne à Mayotte en 1986. « J’ai alors vécu beaucoup de déceptions », raconte avec amertume le Commandant Boina. « J’avais ouvert une entreprise de BTP, mais on m’a barré la route. Je me suis par ailleurs lancé en politique, mais cela n’a pas marché. » Peut-être pas un hasard pour quelqu’un qui, plutôt qu’une départementalisation de Mayotte, proposait un statut autonome pour l’île, à l’instar de la Nouvelle-Calédonie. « C’est un battant, quelqu’un qui se bat pour ses idées », confie un de ses proches.
Le Commandant Boina part ensuite aux Comores pour travailler dans le cabinet du président Saïd Mohamed Djohar, jusqu’à la destitution de ce dernier. « Je me suis occupé des affaires mahoraises, un sujet délicat pour un autonomiste », sourit-il. Quoi qu’il en soit, l’homme n’a jamais coupé le cordon avec le milieu militaire, même après sa retraite. Pendant vingt ans, il occupe le poste de président des anciens combattants de Mayotte. « J’ai beaucoup travaillé pour faire obtenir aux anciens et aux veuves une retraite décente », dit-il. Il s’occupe aussi de restaurer la tombe du dernier poilu mahorais à Pamandzi, avec le concours de la Légion étrangère de Mayotte. Encore aujourd’hui, il est le délégué général du souvenir français pour Mayotte. Il participe aussi aux différentes commémorations. Il tient malgré tout à rester modeste sur son passé militaire. « Je n’ai jamais fait état de mes décorations, ni accepté les propositions pour me voir remettre d’autres médailles », souligne-t-il. « Ce que j’ai obtenu me suffit. »
Des hommages au Commandant
Ce mercredi, Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental de Mayotte, a rendu hommage au Pamandzien : « Je m’incline à la mémoire de cet ancien combattant de Mayotte, qui a marqué l’histoire de l’île en devenant le premier officier mahorais de l’armée française. Après sa carrière militaire, le Commandant Boina a continué de s’investir en tant que président de l’association des anciens combattants de Mayotte, et en tant que délégué général du Souvenir français dans le département. Son dévouement et son courage resteront gravés dans nos esprits. Que son âme repose en paix ». Son village d’origine, où il a été enterré ce mercredi, ainsi que Mamoudzou où il a passé les dernières années de sa vie, ont présenté « leurs plus sincères condoléances à son épouse, ses enfants et toute sa famille ». Le maire du chef-lieu, Ambdilwahedou Soumaïla, a salué le militaire pour les services rendus à son pays. « Un engagement qu’il poursuivra à l’issue de sa carrière militaire en tant que président de l’association des anciens combattants de Mayotte afin de faire perdurer le devoir de mémoire », fait-il valoir. « Mes sincères condoléances à la famille, le Commandant était un grand. Ina lillahi wa ina illahi radjioun », ajoute la députée Estelle Youssouffa, qui vient de rejoindre l’Assemblée nationale.
Attaque de la gendarmerie : La peine de « Madou » et « Alger » réduite en chambre d’appel

Les deux membres des Forces vives, Maddoudine Abdou et Mohamadi « Alger » Attoumani, avaient été condamnés à quatre ans de prison ferme, le 16 février, par le tribunal correctionnel de Mamoudzou. Pour la justice, ils étaient bien les instigateurs du caillassage massif de la brigade de la gendarmerie de Sada, les 28 et 29 janvier. La chambre d’appel les a déclarés à nouveau coupables, ce jeudi matin, mais a réduit leurs peines de deux ans.

C’était à nouveau la stupeur et la déception pour les soutiens de Maddoudine Abdou et Mohamadi « Alger » Attoumani, deux Sadois bien connus dans leur village pour leur implication dans un groupe de surveillance du voisinage et sur les barrages de janvier et février à Chiconi. Ce jeudi 4 juillet, la chambre d’appel de Mamoudzou a confirmé le premier jugement du 16 février en requalifiant toutefois les faits. Ils ont été reconnus coupables de complicité des dégradations contre les véhicules, les locaux de la brigade de gendarmerie de Sada, ainsi que les violences volontaires contre les gendarmes eux-mêmes, les soirs des 28 et 29 janvier. Furieux d’apprendre que le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, voulait lever les barrages des Forces vives, « Madou » avait encouragé un groupe de jeunes à passer à l’action. Résultat, deux nuits de suite, des véhicules ont été dégradés dans la commune et la gendarmerie de Sada a été attaquée à coups de pierres et de cocktails molotov. Condamnés à quatre ans de prison en première instance, Maddoudine Abdou et Mohamadi « Alger » Attoumani, ont vu leurs peines être réduites en appel à deux ans, ce jeudi matin. De nombreux jeunes ont également été interpellés et condamnés dans le cadre d’autres comparutions immédiates.
Un pourvoi en cassation
Maître Laurent Tesoka, qui défend « Alger », ne cachait pas lui aussi sa surprise. Son client a toujours nié être sur les lieux des faits et avoir participé de quelque façon que ce soit à l’entreprise de son ami barragiste. « Il n’y a que le témoignage d’un jeune qui lui en voulait », rappelle l’avocat. Contrairement à « Madou », la téléphonie ne démontre pas qu’il était en lien avec le groupe qui a participé à l’assaut. Les déclarations du jeune qui a été condamné évoquaient un rôle de coordinateur, « Alger » indiquant au groupe où se trouvait les forces de l’ordre. Il a mentionné la cagoule que le père de famille portait lors des faits. « Il la mettait souvent. Ce n’est pas difficile de dire qu’il en avait une », répond maître Laurent Tesoka, au sujet du vêtement que la famille avait remis à la gendarmerie, parce que la perquisition avait été empêchée par les habitants du quartier.
« Mais il n’y a jamais eu de confrontation », regrette le conseil, qui annonce qu’il va porter l’affaire en cassation.
La grève se poursuit à La Poste Mayotte
Demandant une prime contre la vie chère et les paiements des retraites de leurs anciens collègues, les employés de La Poste continuent leur mouvement. La direction indique par communiqué que « les organisations syndicales ont été reçues, à l’initiative de La Poste, quatre fois depuis le dépôt du préavis de grève. La dernière rencontre s’est tenue [ce mercredi] ». Elle ajoute que « La Poste poursuit le dialogue social et reste ouverte aux négociations pour trouver une issue favorable à tous ».
Ce mercredi, « 72% des postiers travaillaient ». Un plan de distribution de secours est mis en place pour assurer la distribution du courrier et des plis électoraux. « Les collectes et remises sont assurées », « les boîtes aux lettres sont relevées », et « les clients destinataires de colis sont contactés afin qu’ils puissent retirer leurs colis à la plateforme de distribution de Kawéni », liste la direction qui indique que tous les bureaux de poste sont ouverts, hormis Kawéni (travaux) et celui de Mamoudzou, et les distributeurs de billets fonctionnent.
Les clients sont incités à retrouver les services de La Poste, accessible 24h/24 en se connectant sur www.laposte.fr pour expédier un colis de chez soi, envoyer une lettre recommandée en ligne ou demander une deuxième présentation choisie de son colis ou de sa lettre recommandée. Les rendez-vous en bureau de poste sont possibles sur les pages localiser.laposte.fr ou Google du bureau pour réaliser un envoi, réceptionner un colis ou courrier, déposer une pièce justificative nécessaire à son dossier, ouvrir un compte bancaire, s’informer ou souscrire à une assurance, souscrire, renouveler ou changer de carte bancaire.
L’Hippocampe trail est reporté à septembre
La troisième édition de la course de 76,6 km qui devait avoir lieu les 6 et 7 juillet prochains est reportée au mois de septembre. De nombreux événements ont été annulés ces dernières semaines par la préfecture en raison des élections législatives anticipées. « Avec les élections, les communes ne disposent pas des ressources humaines suffisantes pour assurer le bon déroulement de la course, les agents sont en partie occupés à tenir les bureaux de vote », renseigne Ali Abdou Willah, président d’Amis Raid Rando, l’association qui organise la course.
La course sera reportée en septembre. « Nous attendons que les élections passent et d’ici deux semaines nous aurons fixé une nouvelle date. Cette annulation, c’est un mal pour un bien. Le report va nous permettre de communiquer davantage pour avoir plus de participants », estime le directeur. Actuellement cinquante personnes étaient inscrites, tandis que l’année dernière, la course comptait 150 participants. « Chaque année, beaucoup s’inscrivent la dernière semaine. »
Le trail de 76,6 km avec un dénivelé de 3.713 m est une boucle qui sillonne l’île en passant entre autres par Longoni, Combani, Ongoujou, Miréréni, Tsarano, Vahibé à travers des GR. Il commence à 21 h le samedi soir. La participation à l’Hippocampe trail permet de gagner des points pour d’autres trails et notamment pour celui de la Diagonale des Fous à La Réunion. Hormis le trail, une randonnée de dix kilomètres, l’Hippocampe marche est aussi organisée. Participation à l’Hippocampe trail : 70 euros, Hippocampe marche : 10 euros. Contact : +262 639 40 44 01 ou sur la page Facebook : Amis Raid Rando Mayotte.
L’inscription pour la collation ouverte le 8 juillet à Dembéni
La Caisse des écoles de la Ville de Dembéni ouvre la vente des tickets de collations scolaires pour la rentrée 2024-2025 du 8 juillet au 6 septembre. Il est possible pour les habitants de se rendre à la régie collation de la mairie de 7h à 12h le lundi pour Dembéni, le mardi pour Tsararano, le mercredi pour Hajangoua, le jeudi pour Iloni et le vendredi pour Dembéni. Pour rappel, le prix du ticket par année scolaire par enfant est de 36,52 euros.
La municipalité de Dembéni tiendra son quatrième défilé du 14-Juillet
Dembéni organise la 4ème édition du défilé du 14-Juillet. Le rendez-vous est donné, le dimanche 14 juillet, à 16h pour commémorer la prise de la Bastille en 1789 et célébrer la fête nationale, sur les thèmes de l’éducation et du civisme. L’événement sera retransmis en direct sur les pages Facebook de la Ville de Dembéni et de Yatru.
Un ramassage de déchets à Moya ce samedi
Une opération de ramassage de déchets est prévue à la plage de Moya ce samedi 6 juillet de 9h à 12h, organisée par l’association de protection des tortues marines Oulanga Na Nyamba. La population est invitée à participer à ce ramassage en Petite-Terre, dans le cadre du projet M’tsanga Mrahafou soutenu par la mairie de Pamandzi. Cette initiative est menée en collaboration avec les associations ORO (Ou Renguéledza Oulanga), LSE (Loisirs, Social et Environnement), et Petite-T’espoir. « La pollution des déchets sur les plages est un problème majeur qui affecte notre environnement et notre qualité de vie. En participant à cette action, vous pouvez faire une différence significative », écrit la mairie sur ses réseaux sociaux. « Ce site remarquable accueille beaucoup de ponte de tortues marines, alors aidons les à retrouver une belle plage », enjoint de son côté l’association Oulanga Na Nyamba.
Le concours de Miss Grand Nord ce 20 juillet à M’tsamboro
L’élection de Miss Grand Nord est prévue le 20 juillet, de 19h30 à 0h30 au plateau de M’tsamboro. L’entrée est de 20 euros et le pass VIP est à 200 euros. Plusiseurs artistes s’y produiront, à savoir Dievil Genius, Goulam et Terrell.
Un premier conseil municipal des jeunes à M’tsamboro
Le premier conseil municipal du conseil municipal des jeunes (CMJ) de M’tsamboro s’est déroulé le samedi 29 juin, dans la salle de délibération de la Mairie de M’tsamboro sous la présidence de Sinina Anli Mari, maire du CMJ. Une vingtaine de jeunes était présente. Les conseillers ont voté, en première lecture, le règlement intérieur du CMJ et la charte qui définit leurs droits et devoirs. Ils se sont également prononcés pour la participation de la commune à travers deux élus du CMJ au Congrès de l’Association nationale des conseils des enfants et des jeunes (Anacej), prévu fin octobre à Saint-Brieuc en Bretagne. Le CMJ a également acté l’envoi d’une délégation du CMJ aux festivités du 14-Juillet organisées par la commune de Dembéni. Le conseil a aussi défini les rôles de ses adjoints. Il y aura donc un adjoint en charge des sports et des activités physiques, un autre pour les questions liées à l’environnement et au respect de la nature, un à la citoyenneté et aux Droits de l’Homme, un autre à la santé et au bien-être et aussi les nouvelles technologies, un à la culture et aux loisirs, un à la vie scolaire et aux actions éducatives, et deux adjoints à l’accessibilité et l’intergénération.
La Vigie s’illustre en ce mois de juillet
L’Agence régionale du livre et de la lecture de Mayotte organise, en partenariat avec la Communauté des communes de Petite-Terre, la Cité Educative de Petite-Terre et la préfecture de Mayotte, la fête de clôture du projet “La Vigie s’illustre !”. Cet événement se tiendra, le samedi 13 juillet, à partir de 9h, place de la Mosquée, à Labattoir. Des BD seront exposées ainsi que la fresque qui a été réalisée avec des jeunes habitants pendant le projet. Une performance slamée est également au programme, ainsi qu’un concert d’Elhad Dalane. Avant cette fête, l’artiste-illustratrice Kitsune propose la semaine du 8 juillet une série d’ateliers BD à destination des jeunes du quartier de Dagoni. L’objectif de “La Vigie s’illustre !” est de rendre plus accessible la lecture dans le quartier prioritaire Dagoni de Petite-Terre.
Des balades à la découverte de la nature du Sud
La communauté de communes du Sud de Mayotte (CCSud) a lancé l’élaboration d’un plan paysage afin de mettre en œuvre son projet de territoire autour d’une stratégie de transition écologique qui vise à valoriser ses atouts naturels et promouvoir le développement touristique durable. Ce Plan Paysage vise à prendre en compte les diverses richesses naturelles et paysagères du territoire comme le lagon, la flore, la faune, les milieux naturels, les forêts primaires et secondaires ou encore les monuments historiques et culturels. En ce sens, la CCSud organise des balades de découverte du territoire intercommunal le samedi 6 juillet de 8h à 11h pour voir le front de mer de Bandrélé, l’écomusée du sel, la mangrove et la pointe de Mougnindré. Une autre balade est prévue le samedi 27 juillet, aux mêmes horaires, à la découverte du front de mer et de la pointe Chodoni à Bouéni. Le samedi 3 août, sera consacré à la découverte du front de mer de Poroani et du site d’Antanabé, et enfin, le samedi 24 août à la découverte de la plaine littorale de Kani-Kéli. La participation est gratuite sous réserve d’inscription à travers le lien suivant : forms.office.com/e/s4WwVfKgvF?origin=lprLink
« Le braconnage est un phénomène absolument pas maîtrisé »

Ce mercredi, deux hommes étaient jugés pour du braconnage de tortues sur la plage d’Hamouro, deux jours avant. C’est lors d’une perquisition que les forces de l’ordre ont découvert des œufs de tortue et de la viande dans une glacière. En récidive, l’un a été condamné à dix-huit mois de prison, son acolyte à dix-huit mois de prison dont six avec sursis.
VIDÉO. « On voulait trouver une solution pour avoir un matériau local »

Créée en 2022, Habit’Âme récupère les déchets plastiques pour leur donner une nouvelle vie, sous forme de matériau de construction. La phase expérimentale du projet arrive bientôt à son terme, et les plaques de plastique recyclé pourront bientôt se retrouver sur le marché.
Recycler le plastique en matériau de construction, c’est le pari lancé par Habit’âme il y a deux ans. Aujourd’hui, le défi est remporté : lorsqu’on visite l’atelier de la jeune entreprise, à Kawéni, les plaques de bouchons, pots de yaourt ou encore de bacs poubelles recyclés ressemblent à s’y méprendre à des plaques de marbre multicolores. En témoignent l’établi, les tabourets et les étagères design dans le local. Le plastique usagé, récupéré auprès de partenaires comme le syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam) qui se débarrasse de ses vieux bacs auprès de la start-up, ou encore comme la Laiterie de Mayotte, est d’abord nettoyé, découpé, puis passe dans une broyeuse pour en ressortir sous forme de paillettes. Ces dernières sont ensuite fondues, puis façonnées dans des moules. « Les plaques ou les barres peuvent ensuite se travailler comme du bois », ajoute Matthieu Cozon, architecte et cofondateur d’Habit’Âme. Le but d’ici quelques mois est de les vendre à des acteurs du secteur du BTP ou encore de l’architecture, notamment d’intérieur. Un matériel résistant à l’eau, qui, s’il n’est pas non plus recyclable à l’infini, peut être rebroyé et refaçonné plusieurs fois.
Bouteilles de lait, vaisselle en plastique jetable, pailles, bouchons, pots de yaourt… L’atelier peut recycler quatre types de plastique (2 HDPE, 4 LDPE, 5 PP, 6 PS) sur les sept qui existent. Les bouteilles d’eau ne passent pas par Habit’Âme : cela nécessiterait une autre machine et produirait des plaques et des barres trop souples. L’entreprise préfère laisser ce déchet à la voie de recyclage classique, qui est assurée à Mayotte. En revanche, l’organisme aimerait à terme se doter d’une machine qui permettrait de traiter le PVC, beaucoup utilisé en construction. « On n’a rien inventé », précise Matthieu Cozon en parlant des techniques de recyclage qu’ils utilisent. En effet, les machines de l’atelier ont été pensées par un chercheur britannique en 2013, Dave Hakkens, qui a lancé le projet Precious Plastic en mettant à disposition librement les plans de ses unités de recyclage artisanales, qui se retrouvent désormais à travers le monde entier.
Une solution à trois problèmes
Habit’Âme a néanmoins apporté tout un concept autour de cette méthode de fabrication. Si ce dispositif de recyclage permet de nettoyer l’île et de créer un matériel local pour limiter les importations, qui sont actuellement légion dans le secteur de la construction mahorais, l’entreprise a choisi de lui donner une dimension sociale. « On a actuellement deux jeunes en réinsertion qui travaillent avec nous », précise Camille Cozon Abdourazak, également architecte et cofondatrice. C’est de cette volonté d’apporter une solution à ces trois problématiques sur l’île qu’est né le projet d’Habit’Âme. « En tant qu’architectes, on voyait qu’on importait tous nos matériaux. On voulait trouver une solution pour avoir un matériau local. Puis en voyant aussi le problème des déchets, on s’est dit qu’on pouvait facilement les transformer. Puis, un de nos cofondateurs, qui est professeur, voulait trouver un moyen de réintégrer des jeunes en décrochage scolaire », développe Matthieu Cozon. L’entreprise comporte aussi un volet important de sensibilisation avec un broyeur plus petit pour faire des démonstrations, notamment auprès de scolaires.
Si Habit’Âme est encore dans sa phase d’expérimentation et de sensibilisation, les premières mises sur le marché de son matériau devraient arriver aux alentours du mois de septembre. En attendant, l’entreprise a déjà remporté plusieurs prix, avec entre autres le prix innovation Outre-Mer d’Action logement en 2022, le titre de grand lauréat national de l’AMI Innovation Sociale en 2023 décernée par le secrétariat d’État chargé de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative, ou encore le trophée de l’Entreprise innovante de l’année en 2024, décerné par la Somapresse. Elle a également pu exposer ses matériaux, en fabriquant par exemple le bardage de l’Office de tourisme en Petite-Terre.
Le jeu des sept différences avec Mansour Kamardine et Anchya Bamana

Anciens maires de Sada, élu et ex-élu de la droite républicaine, Sadois, les deux candidats de la deuxième circonscription ont pourtant des différences. Voici un résumé en sept points avant le dimanche 7 juillet, date du second tour.
Les idées
Ce n’est pas le point où il y a le plus de différences. Les candidats Les Républicains et le Rassemblement national se retrouvent souvent sur le terrain des idées. Contre l’immigration irrégulière par exemple, ils prônent la fin du droit du sol, une réduction des titres de séjour délivrés, le recours à la marine nationale pour protéger la frontière maritime et une plus grande fermeté contre les autorités comoriennes. A l’instar d’Estelle Youssouffa, Mansour Kamardine défend cependant le déploiement de Frontex ici, alors que le Rassemblement national a souvent raillé l’agence qui veille sur les frontières européennes. Le candidat LR veut également la fin du titre de séjour territorialisé, tandis que Marine Le Pen s’est prononcée pour un arrêt de la délivrance des titres de séjour vers Mayotte, qui reste difficilement applicable. Si les deux postulants à la députation font un lien entre immigration et insécurité, Mansour Kamardine propose que les peines de prison des étrangers originaires des Comores coupables de délits à Mayotte soient purgées aux Comores. Il défend aussi « une opération Waumbushu puissance 10 pendant le temps qu’il faudra pour restaurer la sécurité et maîtriser nos frontières », dans une interview accordée à Flash Infos avant le premier tour. Concernant l’eau, les deux candidats souhaitent des usines de dessalement, la construction de la retenue collinaire d’Ourovéni et davantage de lutte contre la déforestation. Alors que les deux sont partisans de la convergence sociale (Anchya Bamana préfère le terme « d’alignement social »), ils s’opposent sur le moyen d’arriver à l’adoption d’une loi Mayotte. La candidate RN veut que les parlementaires mahorais déposent le texte d’abord à l’Assemblée nationale, alors que son rival veut « continuer de faire bloc » et poursuivre le travail engagé « avec ceux qui seront en responsabilité en juillet », louant ses relations « tissées avec l’ensemble des groupes politiques ».
L’expérience
Plus âgé que sa cadette, Mansour Kamardine a une expérience politique sans commune mesure sur l’île. Plus jeune maire de France en 1983, il avait alors 23 ans lorsqu’il est devenu premier magistrat de Sada. Il allait entamer sa treizième année comme député, quand le président de la République a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale, il y a trois semaines. Le député sortant a passé également plusieurs mandats au conseil général, dont l’un en tant que premier vice-président, lorsque Younoussa Bamana, le père d’Anchya Bamana, était président.
La présidente de Maore Solidaire n’a été qu’une fois aux manettes, de 2014 à 2020, pendant son seul mandat à la tête de Sada.
La dynamique
En baisse en métropole, les scores des Républicains enregistrent aussi un recul à Mayotte où ils leur restent pourtant une grande base de militants et d’élus locaux. Valérie Pécresse n’a fait que 8% à la présidentielle de 2022, et aux élections européennes de cette année, le parti a obtenu 13,3% des voix, contre 17% il y a cinq ans. Fait rare, Mansour Kamardine se retrouve en deuxième position au premier tour des élections législatives (27,8% des voix). Ça ne lui était plus arrivé depuis les années 90, quand il avait été battu par Henry Jean-Baptiste (UDF) en 1993 et 1997, quand Mayotte ne comptait qu’une circonscription.
La montée du Rassemblement national profite au contraire à Anchya Bamana (35,4%). La présidente de Maore Solidaire restait sur une défaite aux élections sénatoriales (quatrième au second tour). Conformément aux vœux du Rassemblement national et Daniel Zaïdani, celle-ci doit faire la jonction entre le parti d’extrême-droite et des électeurs qui peinaient jusqu’alors à voter RN lors de scrutins locaux.
Les affaires
Les deux candidats ont été concernés par des décisions de justice de nature différente lors de leur carrière politique. La première a été condamnée en 2021 à une peine d’inéligibilité de dix-huit mois pour des comptes de campagne des municipales 2020 qui n’ont pas été présentés à temps. Ils ont été rendus une vingtaine de jours après la date prévue et comportaient encore des anomalies.
Pour Mansour Kamardine, c’est l’initiative prise par un de ses soutiens, qui a finalement entraîné l’annulation du scrutin de 2021 dans le canton de Sada-Chirongui. L’ex-maire de la deuxième commune, Andhanouni Saïd, avait en effet pris soin de radier près de 200 électeurs pour optimiser les chances des LR. Une technique qui lui a valu une condamnation pour fraude électorale, il y a un an, tandis que l’élection qui s’était jouée à 38 voix avait été annulée. De son côté, le conseiller départemental avait finalement remis en jeu puis perdu son mandat en septembre 2022.
Le giron
Les deux candidats ont gardé une assise locale à Sada, commune où tout a commencé pour eux. Cependant, celle-ci profite davantage à Mansour Kamardine qui y a réalisé l’un de ses meilleurs scores (40,1%) au premier tour. Anchya Bamana y a terminé troisième (22,6%) derrière Soula Saïd Souffou (29,2%). Les communes dirigées par des LR, Tsingoni et Mamoudzou, sont plutôt restées fidèles au parti.
Tandis qu’au sud de Mayotte, qui vote davantage Rassemblement national, Anchya Bamana a fait un carton à Kani-Kéli (59,3%), Bouéni (52,7%), Chirongui (41%) et Bandrélé (40,1%).
Les soutiens
Dès le soir du premier tour, le troisième candidat, Soula Saïd Souffou (MDM) a apporté son soutien à Anchya Bamana, tout comme Manon Moreno (Reconquête), ce mercredi. « J’ai la conviction intime que le salut de notre territoire et de sa population ne viendra pas des extrêmes et du rejet de l’autre », affirme de son côté le quatrième du premier tour, Madi-Boinamani Madi Mari, qui était soutenu par Renaissance. Kira Bacar Adacolo et Daniel Martial Henry (Modem), arrivés cinquième et sixième, appellent aussi à faire barrage au RN.
Parmi les élus, Mansour Kamardine peut compter sur le large soutien de la majorité départementale dont Abdoul Kamardine, Zamimou Ahamadi ou encore le président, Ben Issa Ousseni. Ambdilwahedou Soumaïla, Issilamou Hamada et Moudjibou Saïdi, maires respectifs de Mamoudzou, Tsingoni et Dembéni, se sont affichés aussi à ses côtés. Même le maire actuel de Sada, Houssamoudine Abdallah, ou le sénateur Thani Mohamed Soilihi ont fait de même pour la première fois.
Quant à Estelle Youssouffa, déjà élue dans la première circonscription de Mayotte, elle n’a pas donné de consigne de vote, mais a rappelé sa proximité avec la famille Bamana. « Dans la circonscription sud, je vois qu’il y a une tendance et qu’elle signifie quelque chose », a-t-elle simplement indiqué à nos confrères de Mayotte La 1ère.
Le groupe politique
Ce point ne pose pas trop de difficultés avec leurs étiquettes respectives. En sollicitant l’investiture RN, Anchya Bamana s’inscrit dans une logique de siéger à l’extrême-droite de l’Hémicycle. Le scrutin de dimanche permettra de savoir toutefois de quelle marge de manœuvre bénéficiera le parti de Marine Le Pen. Côté LR, la scission orchestrée par Éric Ciotti a surtout profité à celui qui est toujours président du parti puisqu’il est arrivé en tête dans sa circonscription niçoise dénuée de candidat RN. Les Républicains hostiles à une alliance avec l’extrême-droite, comme Mansour Kamardine, vont donc voir leur groupe se réduire de nouveau avec ou sans le député sortant mahorais.