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Juillet 2008 – Voyages – Ile Maurice

Caudan, le front de mer
L'antre de la consommation mauricienne

Depuis 1996, les Mauriciens se baladent sur un front de mer sublime dans leur capitale Port-Louis. Un lieu de villégiature piétonnier, ombragé, fleuri, où se croisent touristes et locaux venus remplir leurs sacs de vêtements de marques, voir un film au cinéma, tester une machine à sous au casino ou se promener entre amis ou en familles, avant de boire un jus de fruits frais, manger une glace ou dans l'un des innombrables restaurants.

Le Caudan, le front de mer de Port-Louis, vibre d'une frénésie intenable. Des milliers de personnes se bousculent auprès des centaines de magasins de vêtements, des bijouteries et autres commerces, formant une mêlée métissée originale. Indiens, Asiatiques, Européens, Africains, tous les descendants métissés ou pas de ces peuples qui sont passés puis restés dans l'île Maurice emplissent les rues de leur énergie. C'est le jour de la grande braderie au Caudan. La semaine prochaine, les modèles de la nouvelle saison arrivent des usines textiles situées plus dans le centre de l'île, au milieu des champs de canne. Alors tout doit partir et tout partira.
C'est une sorte de carnaval consumériste qui défile dans ces 9 hectares où prennent place six imposants bâtiments de trois étages. Les Mauriciens peuvent venir prendre une revanche sur ces établissements qui vendent des produits de marques à des prix quasiment égaux à ceux pratiqués à la Réunion, alors que le salaire de base mensuel ne dépasse pas les deux cents euros. Pendant la braderie, les prix tombent. Sept euros la chemise Cerruti, dix euros le pantalon de chez Harper's, des Nike dernière mode à 75 euros, etc.
"On se croirait à Monaco", s'enthousiasment des touristes à la vue de cet ensemble architectural. Les palmiers et autres arbres soigneusement entretenus, tout comme toutes ces fleurs colorées, ces bancs agréables, ces allées ombragées, ces patios, ces places et placettes, ces colonnades, ces galeries marchandes, ces fontaines donnent à l'endroit un cachet unique.
Le front de mer de Port-Louis est en effet sublime, d'une propreté et d'une organisation toutes britanniques. Des canons anciens visent l'horizon aujourd'hui pacifié, vestiges d'un passé où les marines européennes se battaient pour la domination des mers du globe. Des bancs ombragés accueillent les flâneurs un temps. Il y fait bon se promener sur la corniche en face du premier port de transbordement de l'ouest de l'océan Indien, déguster des plats du monde entier sous l'égide du père de la nation, le docteur Seewoosagur Ramgoolam, dont la statue orne une immense esplanade.
L'impression qui en ressort, hors de la beauté du site et du rêve de voir un jour une telle structure dominer le lagon mahorais, est celle d'une économie très dynamique qui crée des écarts importants au sein de la population. Pour s'en convaincre, à cinq cent mètres du Caudan, le marché pittoresque et historique de Port-Louis accueille des personnes bien plus modestes et propose des produits bien moins clinquants.

 

Exister aux yeux du monde, lui ressembler aussi

Le Caudan ne représente pas l'arbre qui cache la forêt pour autant, il est plus un marqueur de la volonté d'ouverture de l'île Maurice, de son ambition à s'élever économiquement, à exister aux yeux du monde, à lui ressembler aussi, en reprenant des codes "occidentaux" partagés pourtant aussi bien en Inde qu'au Japon ou au Trocadéro à Paris. Beaucoup de jeunes affichent des styles tirés non pas des derniers clips de rap, mais plutôt de ceux de musique électronique type tecktonic.
Les cheveux sont noyés sous des tonnes de gel, des crêtes iroquoises sont posées sur des têtes minces, les jeans serrés sont portés aussi bien par les filles que par les garçons. L'upper class (la haute bourgeoisie) se devine dans le port de sac Vuitton et des lunettes de soleil du dernier chic hiltonien*. Les talons des bottes ou bottines sont hauts, les chevilles minces pressent le pas, le sourire s'absente. Pour cette jeunesse, le Caudan est "the place to be", là où tout se joue, les amours, la sociabilité en marche, la popularité à acquérir ou à perdre.
Un curieux mélange si on y rajoute les nombreux touristes. Une cohabitation d'un genre nouveau où pour une fois les deux populations ont trouvé un terrain d'entente, celui de la consommation. Même si on est loin de l'authenticité mauricienne, il s'agit d'un vrai lieu d'échange entre touristes et Mauriciens. A ce titre, le Caudan possède une énergie et un intérêt plus grand que les Halles de Paris, ou Camden Town à Londres.
C'est une belle vitrine de l'économie mauricienne qui connaît une croissance ininterrompue de 6% par an depuis plus de dix ans. "Voilà l'effort d'une nation, d'un gouvernement qui a choisi de faire payer sa population en limitant les salaires, mais en investissant l'argent ainsi dégagé dans des infrastructures collectives d'envergure. Maintenant, les salaires vont pouvoir s'accroître. L'économie est plus stable, elle pourra supporter l'élévation des coûts et Maurice pourra continuer son développement. C'est encore une fois la récompense du travail et d'une volonté politique commune", s'enthousiasme un chroniqueur de Mayotte.
Pendant ce temps, les Mauriciens candidats à l'émigration se multiplient, désireux d'aller trouver du travail ailleurs et de rêver revenir au pays dans une à deux décades.

Gérôme Guitteau

* de Paris Hilton, l'héritière déjantée des hôtels Hilton.

 


 

Un peu d'histoire
Port-Louis est créée en 1775, ex-nihilo par Mahé de La Bourdonnais, gouverneur des Mascareignes, archipel comprenant la Réunion, l'île Maurice et Rodrigues. Il décide d'y établir la capitale de l'Isle de France (Maurice) et une structure administrative, des services publics, une église, le tout à l'abri de remparts. Il baptise sa capitale Port-Louis en hommage à Louis XV, roi régnant.
La capitale devient rapidement la cité majeure de l'océan Indien, mais une épidémie de malaria provoque alors l'émigration de ses élites et riches commerçants. La ville s'anime de nouveau après l'arrivée du chemin de fer Port-Louis/Mahébourg, dans la seconde moitié du XIXème siècle. Mais ce sont les activités portuaires de la Compagnie des Indes Orientales au XVIII° s. qui sont le moteur et non plus la vie fastueuse de la capitale.

Pourquoi le nom Caudan ?
Le nom du Caudan waterfront vient d'un personnage : celui de Jean Dominique Michel de Caudan, venu à l'ancienne Isle de France de son Languedoc natal. Saunier de métier, il créa une saline près d’une anse au sud-ouest de Port Louis, en 1726. Cet espace est connu actuellement comme le Jardin Robert Edward Hart, situé sur la route d'entrée au Caudan waterfront.
Lieu chargé d’histoire, l’actuelle péninsule appelée le Caudan fut créée autour d’un îlot corallien fossile, abritant au fil des 250 dernières années une poudrière, un observatoire météorologique et astronomique, des quais et chantiers maritimes, des entrepôts, des petites entreprises diverses et à présent un grand centre commercial, inauguré le 25 novembre 1996.
Il s'agit d'un ensemble architectural harmonieux. Quelques vieux murs en basalte ont été préservés. C'est notamment le cas de l'ancien bâtiment du bureau des docks, qui a été transformé en musée du timbre et du patrimoine. Les neuf hectares du Caudan waterfront comprennent six bâtiments : le Pavillon, regroupant des magasins, des cafés et le cinéma, l'Observatoire, englobant les espaces de restauration ; le Casino, à l'apparence originale d'un bateau pirate ; le Labourdonnais, hôtel de luxe et le Barkly wharf, bâtiment central, réunissant divers commerces (textiles, services, loisirs, marché artisanal). Il abrite aussi le comptoir d'information du Caudan.
Tous ces services sont pourvus d'importants parkings (environs 600 places). Navigateurs et plaisanciers peuvent accoster directement au Caudan, grâce à une marina. Les magasins du Caudan waterfront regroupent de grandes marques internationales du vêtement, de la chaussure et autres accessoires, mais aussi des produits et des collections originales de créateurs locaux. Le Craft market, propose l'artisanat local et régional en guise de souvenirs. Les braderies et expositions régulières ont acquis une forte popularité et contribuent à l'animation permanente qui règne au Caudan.
Le centre commercial vient d'ouvrir fin décembre 2007 une nouvelle aile de 55 magasins et une vingtaine de kiosques commerciaux, avec plus de 440 place de parkings. Des travaux visant à étendre encore cette zone d'activités sont en cours.

 


Shopping
Les bonnes affaires pour de bonnes marques

Le textile est peut-être en crise sur l'île Maurice, mais nous pouvons encore réaliser de bonnes affaires. Au centre de l'île, Floréal, Quatre bornes et Curepipe sont les trois villes qui bénéficient le plus de la présence des usines… et des magasins d'usines.

Armani, Dolce and Gabanna, Kenzo, Hugo Boss, Prada… Si vous voulez vous prendre pendant quelques instants pour une star faisant ses emplettes, sans (trop) vous ruiner, l'île Maurice s'y prête particulièrement. Floréal, Quatre bornes et Curepipe sont trois villes mitoyennes du centre de l'île, là où il pleut le plus. Tout autour, des usines textiles travaillent pour les grandes marques occidentales, du travail de qualité. Une partie, 5 à 10%, de la production est autorisée à la vente sur place.
Les usines ont installé à côté leurs magasins où les prix défient donc toutes catégories… par rapport à ceux pratiqués hors de l'île. En effet, il ne faut pas espérer obtenir un jean Armani pour 20 euros ou un polo D&G à 5 euros. Les prix correspondent à un shopping "normal" à la Réunion, mais là ce sont des marques prestigieuses que vous achetez avec la qualité qui va avec. Il existe peu de contrefaçons. Toutefois, il est de bon ton de se méfier. Vérifier que vos vêtements possèdent les étiquettes des composants. Ralph Lauren a connu quelques soucis sur l'île.
Pour obtenir des vêtements pas chers, il reste les marchés. Un ou deux jours par semaine, ils s'étendent dans les principales villes avec des centaines d'échoppes, comme le grand marché de Quatre bornes qui mêle textile et nourriture. Il y a aussi des galeries marchandes spécialisées dans les vêtements "hors taxe", sur les principaux axes, dans ces villes du centre de l'île. Il suffit de demander à votre chauffeur ou à l'hôtel.
Attention aussi aux vendeuses qui débordent de charme et de prévenance. Si vous rentrez dans un magasin vous sortirez obligatoirement avec quelque chose d'acheté, au pire il vous restera la possibilité de marchander. N'hésitez surtout pas ! La limite des magasins est très fluctuante : de moins 50% à moins 10%. Le passage par ces villes du centre mérite le détour. Les fringues présentées appartiennent à la saison la plus récente, ce sont les dernières productions, que l'on verra en vente dans les belles boutiques de Paris ou des capitales européennes et dans les pages de pub des magazines.
Le retour victorieux à Mayotte est assuré. Pour les hommes, même si vous ne connaissez pas Dolce & Gabanna, votre femme connaît et saura se montrer reconnaissante. Des personnes ont essayé avec des vêtements en cachemire, l'effet est le même. Reconnaissance absolue… au moins pour deux jours. Etant donné la proximité géographique et culturelle avec l'Inde, l'île Maurice possède aussi beaucoup de magasins qui proposent du pashmina* ou du cachemire**. Un textile particulièrement solide et soyeux : "Un pull en cachemire t'en achètes un, tu l'as pour dix ans", témoigne une mère de famille.
Dans le genre "achat qui dure", les diamants, qui sont éternels, du groupe Adamas dont l'usine de taille est à moins de deux kilomètres de Floréal, sont aussi une bonne occasion de cadeaux. Une petite exposition sur les diamants et une boutique Mont Blanc sont aussi à voir sur place. Bon, vu les prix, il faut être sûr de soi mais là encore de bonnes affaires sont à réaliser.

Gérôme Guitteau


* Pashmina, "la laine la plus légère et la plus chaude au monde", provenant des chèvres pashmina du Tibet.
** Cachemire, laine de poils très fins issus d'une race de chèvres de la région du Cachemire, entre le Pakistan, la Chine et l'Inde. Elle peut être produite ailleurs.

 


Casino
Pas royale, l'île Maurice

L'île Maurice est connue pour son lagon, ses hôtels, ses commerces et autres usines textiles et aussi ses casinos où se rencontrent des touristes riches à millions. Ce dernier côté de l'île franco-anglo-créole est loin d'atteindre sa réputation.

Les mains moites, le cœur qui palpite, la pupille qui se dilate, la fièvre du jeu prend petit à petit possession de quelques touristes dans l'avion. Les autres voyageurs regardent ces énergumènes surexcités avec joie, imaginant qu'ils sont comme eux impatients de goûter aux plages de sable blanc de l'île Maurice, de plonger dans les innombrables grottes du lagon des Mascareignes. Que nenni ! Plage, soleil, gorgones ne sont pas au programme de ces étranges passagers venus s'enfermer pendant quatre jours dans les casinos de l'île. Roulette, black jack, machines à sous… Voilà les mots qui font fantasmer nos touristes, rassérénés de vivre dans la seule île de l'océan Indien qui ne possède pas de casino : Mayotte.
Il existe six maisons de jeux à Maurice détenue chacune à 51% par l'Etat : à Curepipe, à Flic-en-Flac, le Grand casino du domaine à Pailles, le casino de Port-Louis sur le Caudan waterfront, à Poste de Flaq et à Trou aux Biches près de Grand baie. Franchement, il n'y en a qu'un qui vaille le déplacement : le Grand casino du domaine à Pailles.
Dans une ambiance de plantation coloniale : meubles rustiques, éclairages tamisés, accueil en calèche, luxe suranné, quatre très bons restaurants (italiens, chinois, créoles, indiens); vous êtes accueillis en prince. Les roulettes ne sont pas électroniques mais en bois, les croupières sont magnifiques. Tout pour passer une bonne soirée malgré une éventuelle déveine. La grosse déception de ce tourisme ludique concerne l'absence de tables de poker dans ce haut lieu du jeu. Alors que le monde entier est pris par ses différentes variantes, aucune n'a franchi la barrière de corail mauricienne, à part la version caraïbéenne surnommée ici "Oasis". Une telle variante ne mérite pas d'être évoquée plus longuement.
Didier Chabaud*, propriétaire des deux casinos Ti'Vegas basés à Grand baie et à Quatre bornes, beaucoup plus modestes que les six détenus par l'Etat, a senti le bon coup. Il vient d'ouvrir depuis juin, plus ou moins officiellement, les premières tables de cash en poker hold'em no limit. Avant cette ouverture, il a organisé un tournoi à 250 euros l'entrée afin de sensibiliser tout le monde aux règles de ce jeu.
La fine fleur de Maurice était présente. Une mixité joyeuse d'Indiens, de Chinois, de Corses et de touristes sud-africains a joué pendant plus de six heures pour 12.000 euros de gains attribués au gagnant. Le niveau de jeu n'est pas excellent, les gens jouent au poker comme aux autres jeux de casino. La technique, la lecture du jeu sont inexistantes. Une déception… qui se transforme en grande joie lors des parties de cash game**.Mais bon, l'île Maurice est loin d'être l'eldorado du joueur.
Les casinos réunionnais se sont mis au poker et offrent donc plus de diversité dans les jeux et dans les mises. Rappelons que la Réunion représente l'un des départements français où Porsche fait son plus gros chiffre d'affaires. De quoi faire rêver tous les joueurs amateurs, non ?

Gérôme Guitteau

* Rens : 00230 454 3220/8800
**Ce sont des parties où de l'argent est misé sur chaque donne.

 


Marchés mauriciens, "les soldes" au quotidien

Le magnifique jardin botanique de Pamplemousses, le centre-ville de Port-Louis et son front de mer, les hôtels luxueux de Flic-en-Flac et de Grand Baie ou encore les plages de sable blanc et ses couchers de soleil… L’île Maurice comporte de nombreux sites reconnus, à visiter. Mais s’il y a bien une chose à côté de laquelle il ne faut absolument pas passer, ce sont ses marchés. Mouvementés du matin au soir, il y fait bon à découvrir de nouveaux fruits et légumes et à y faire – certainement – les meilleures affaires de la région.

Lorsque l'on s'infiltre dans un marché mauricien, il est difficile d'en ressortir les mains vides tant les affaires sont intéressantes. Le prix et la qualité répondent à l'appel de – pratiquement – tous les produits alimentaires et vestimentaires. Un tour dans un marché nous apprend également le sens des affaires des commerçants des lieux. Ils se connaissent, s'entraident, s'arrangent entre eux, et font en sorte que le client de passage obtienne finalement ce qu'il désire. Quand un marchand ne détient pas la bonne taille ou la bonne couleur, il vous invite à patienter quelques instants, à vérifier si d'autres articles seraient susceptibles de vous intéresser et abandonne son espace… L'air de rien, son voisin le surveillera pour lui.
Quelques minutes, parfois quelques secondes plus tard, le temps de se faufiler à grands pas dans la foule quotidienne et le voilà de retour avec le bon article. C'est seulement après vous avoir emballé l'article en question dans un sachet souvent bleu ou jaune qu'il propose son prix, car pour lui, c'est déjà dans la poche, et ceci avant même que vous l'ayez salué. Pour les clients les plus "difficiles", les commerçants acceptent de négocier le prix. S'ensuivent de longues minutes d'échanges, de discussions, de négociations. En jugeant sur l'apparence du client et constatant qu'il n'est pas du coin, de la ville, voire du pays, et considérant donc qu'il est ici pour consommer, les marchands les plus malicieux jouent la carte du pouvoir d'achat, et un peu celle de l'émotion.

 

Le pouvoir d'achat des Mauriciens, la raison principale des bas prix

Toujours très poli, courtois, avenant, mais surtout intelligent pour la plupart, ils s'arrangent pour que vous ressortiez de ces quelques mètres carrés avec ce fameux sachet : "Allez, vous savez que c'est un bon prix. Là d'où vous venez, vous paieriez trois ou quatre fois plus cher, n'est-ce pas ? Quel que soit le coût, vous savez que vous faites une bonne affaire. Nous, nous n'avons pratiquement aucun bénéfice sur ce que l'on vend !", peuvent-ils déclarer en gardant le sourire.
Au final, les commerçants finissent généralement par céder à la somme imposée par le client, même si celui-ci demeure beaucoup moins cher que le prix initial. Les produits doivent partir, il leur faut vendre pour vivre. Et c'est ainsi tout au long de la virée au cœur des marchés. La différence des prix entre Maurice et Mayotte est vaste. La cause vient directement du salaire de base des Mauriciens qui tourne dans les 7000 roupies (120 euros). Sachant que le Smic à Mayotte vient d'augmenter depuis peu, le salaire de base mahorais lui est d'environ 900 euros, soit sept fois plus élevé.
Les commerçants de Maurice ne peuvent donc se permettre d'accroître le prix de vente de leurs marchandises, étant donné que leur clientèle reste très largement la population locale. Les marchés de Maurice, c'est avant tout une promenade à ne pas manquer tant les couleurs et les odeurs se mélangent, tant l'ambiance est bonne à vivre et tant les choses à découvrir sont nombreuses : produits locaux, textiles, mais aussi nombreux articles d'Inde, de Chine, fruits et légumes frais d'Afrique du Sud… C'est aussi, incessamment et incontestablement, les coins des bonnes affaires.

Ichirac Mahafidhou
 

Jardin de Pamplemousses
Au bonheur des botanistes

Si Maurice est connue partout dans le monde pour ses hôtels luxueux et ses magnifiques plages de sable blanc, un autre genre d'attraction contribue à la renommée de l'île et attire tous les jours touristes et résidents : le jardin botanique de Pamplemousses situé à une quinzaine de km au nord de Port-Louis. Un des plus riches jardins botaniques du monde par la quantité, la variété et l'âge de ses arbres.

Véritable havre de paix, contrastant entre l'agitation des marchés de Port-Louis ou de Quatre Bornes et des plages bondées de Flic en Flac, le jardin botanique de Pamplemousses est le lieu idéal pour vous ressourcer dans le calme à Maurice. Les Mauriciens y viennent en masse pour marcher tranquillement sous plus de 80 espèces de palmiers ou d'un nombre incalculable d'arbres tropicaux.
Les grandes personnalités tels que l'ex-président sud-africain Nelson Mandela ou la reine Elizabeth II ont planté le leur. Les origines du jardin remontent à 1736, lorsque l'un des premiers gouverneurs français Mahé de la Bourdonnais y installa son domaine et le nomma "Mon Plaisir". Mais c'est à l'intendant Pierre Poivre en 1767 que l'on doit l'introduction de nombreuses espèces végétales venant des quatre coins du monde. L'attraction la plus courue est le bassin des nénuphars. Des oiseaux s'y posent comme sur un plateau alors que les fleurs rose fushia renvoient des reflets rivalisant avec ceux du soleil. Mais on peut aussi flâner autour du grand bassin avec ses kiosques, du bassin aux lotus Il y a aussi les talipots, ces palmiers qui ne fleurissent qu'une fois tous les 35 à 70 ans… et meurent. Le coin des épices est aussi remarquable avec le giroflier et le muscadier, amenés là par Pierre Poivre en 1770 des Molluques, puis le cannelier de Ceylan et le 4 épices des Caraïbes.
Le jardin botanique comporte également un parc à cerfs et un parc à tortues qui raviront les enfants. Aujourd'hui, le jardin botanique porte le nom de Sir Seewoosagur Ramgoolam, le père de la nation mauricienne. Un monument funéraire a été édifié en son honneur au sein du parc où il a été incinéré.

Faïd Souhaïli
 

 


Histoire
Les historiens pensent que les premiers visiteurs de l'île Maurice furent les navigateurs phéniciens qui l’auraient abordée lors de la première circumnavigation autour du continent africain, commandité par le pharaon d’Égypte Néchao II, vers l’an 600. Les marins arabes visitèrent Maurice régulièrement à partir du Ve siècle et lui donnèrent le nom de Dina Arobi. Ce n'est qu'au début du XVIe siècle que des navigateurs portugais commencèrent à circuler dans la région.
Des Portugais s'y installèrent pour la première fois en 1505. Elle figure malgré tout sur des cartes arabes datant d'avant la découverte par les Portugais, sous le nom de Cirné. L'île est occupée puis colonisée par les Hollandais à partir de 1598. Elle est baptisée Maurice en l'honneur du prince hollandais Maurice de Nassau. Les Hollandais sont les premiers à introduire des esclaves sur l'île, les esclaves les plus nombreux sont amenés d'Afrique et de Madagascar. Leurs descendants, plus ou moins métissés, constituent la population dite créole. Il existait aussi dès cette époque des Indiens esclaves, présents dans l'île aux côtés des premiers Européens, et des Indiens libres de niveau social non négligeable. Les Hollandais apporteront aussi les cerfs de Java, qui sont aujourd'hui chassés.
En 1715, Maurice passe sous le contrôle de la France, quand Dufresne d'Arsel la revendique, et est renommée Île de France. L'île est prise par les Britanniques en décembre 1810 après une défense du gouverneur général Isidore Charles Decaen. En août de la même année eut lieu l'unique victoire navale de Napoleon : la bataille du Grand Port. L'île est officiellement rattachée à l'empire britannique en 1814, date à laquelle elle retrouve son ancien nom.
L'indépendance a été obtenue le 12 mars 1968 par le scrutin du 7 août 1967. Le pays est resté depuis membre du Commonwealth des nations, bien qu'il devînt une république le 12 mars 1992. Grâce à une démocratie relativement stable ponctuée d'élections libres et régulières et à un bilan positif au niveau des Droits de l'Homme, le pays a su attirer des investisseurs étrangers importants et dispose d'un des revenus par tête les plus importants d'Afrique.

Politique
L'île Maurice a un système juridique de droit mixte. S'y appliquent le droit d'origine française et notamment le code civil, et la common law anglaise. La procédure judiciaire correspond aux règles de procédure anglaise en grande partie, avec toutefois une certaine variante. La hiérarchie des tribunaux est ainsi du sommet au plus bas : le comité judiciaire du Conseil privé de la Reine, puis la cour suprême de Maurice (comprenant une juridiction de première instance et d'appel) et les tribunaux de magistrats.
Le système politique et institutionnel correspond à un régime parlementaire.
Le chef de l'État de Maurice est le Premier ministre. Le Président n'a pas de pouvoir décisionnel, mais symbolise à l'étranger la République de Maurice. Il est élu pour une période de cinq ans par l'Assemblée nationale. Le Parlement est constitué d'une unique chambre. Des 70 membres de l'assemblée, 62 sont élus directement par un scrutin populaire (3 pour chacune des 20 circonscriptions et 2 représentants de Rodrigues), tandis que 8 sont désignés pour représenter les minorités ethniques. Leur choix dépend des résultats des élections. Le Parlement est dirigé par le Premier ministre, chef de la majorité parlementaire et un conseil des ministres. Le régime fonctionne d'après le modèle britannique appelé "westministérien".
Le pays compte 225 prisonniers pour 100.000 habitants, soit un taux élevé au regard des autres taux constatés dans le monde.

Géographie
La formation de cet archipel résulte d'éruptions volcaniques sous-marines qui se sont produites il y a des millions d'années. L'île Maurice elle-même s'est formée autour d'un plateau central, dont le point le plus élevé, le Piton de la petite rivière noire, culmine à 828 mètres dans le sud-ouest. Autour de ce plateau, on distingue assez facilement le cratère Kanaka des nombreuses montagnes qui l'entourent.
Le climat, de type tropical, est tempéré par les alizés du sud-est. Il y a deux saisons : la saison sèche de mai à novembre – appelée également hivernage, et la saison humide de novembre à mai – appelée saison cyclonique.
Située dans le nord-ouest, Port-Louis est la capitale de l'île et la plus grande ville. Les autres villes importantes sont Curepipe (au centre), Vacoas-Phœnix, Quatre Bornes, Rose-Hill et Beau-Bassin. Mahébourg (au sud-est) n'est pas une grande ville, néanmoins c'est la plus proche de l'aéroport international de Plaisance-Sir Seewoosagur Ramgoolam.

Les districts de Maurice
L'île Maurice comprend 10 districts :
1. Rivière Noire
2. Flacq
3. Grand Port
4. Moka
5. Pamplemousses
6. Plaines Wilhems
7. Port-Louis
8. Rivière du Rempart
9. Savanne
10. Rodrigues

Rodrigues, les îles Agaléga et les écueils des Cargados Carajos (également appelés Saint-Brandon) constituent les dépendances de Maurice. L'archipel des Chagos (Diego Garcia) et l'île Tromelin sont revendiqués par Maurice.

Économie
Depuis son indépendance acquise en 1968, Maurice a connu une évolution économique fulgurante. L'île est passée d'un statut de pays à bas revenus, dont l'économie reposait sur l'agriculture (la canne à sucre), à un statut de pays dit émergent, aux revenus intermédiaires dont l'économie diversifiée repose sur des secteurs industriels et financiers en pleine croissance et sur le tourisme. Durant cette période, la croissance annuelle a été de l'ordre de 5% à 6%. Ce résultat remarquable se traduit par une amélioration de l'espérance de vie, une baisse de la mortalité infantile et un grand développement des infrastructures.
La canne à sucre est plantée sur 90% environ de la surface cultivée, et constitue 25% des revenus du commerce extérieur. Une sècheresse historique a cependant endommagé durement la récolte sucrière de 1999. La stratégie de développement du gouvernement est axée sur les investissements étrangers. Maurice a attiré plus de 9000 sociétés offshore, dont beaucoup se consacrent au commerce en Inde et en Afrique du Sud. Maurice est aussi un pavillon de complaisance. Le secteur bancaire a réalisé plus d'un milliard de dollars d'investissements. Les performances économiques dans la période 1991-99 sont restées fortes, avec un taux de chômage limité.
Cependant, l'économie mauricienne risque de recourir à une forte restructuration dans les années à venir. En effet, les réformes de l'Union européenne concernant le marché sucrier vont lourdement affecter l'exportation du pays. Ainsi, d'autres secteurs restent à développer pour constituer de nouveaux piliers de l'économie, les services informatiques avec notamment les centres d'appels.
L'île compte par ailleurs énormément sur l'industrie touristique pour générer davantage de richesses et créer des emplois. En 2006, l'île Maurice a accueilli 788.000 touristes, dont la majorité vient de France. Il existe actuellement 99 hôtels en opération dans le pays, dont 42 avec plus de 80 chambres. Pour attirer davantage de touristes, le pays a commencé à libéraliser l'accès aérien et des lignes comme Corsairfly peuvent maintenant desservir la destination. Prochainement, ce sera au tour de Virgin Atlantic.
La construction de villas de luxe vendues sous le Integrated Resort Scheme (IRS) est appelée à devenir un nouveau pôle de croissance économique. Grâce à ce nouveau type d'aménagement combiné à l'ouverture du pays aux étrangers, Maurice amorce une nouvelle ère de développement, qui porte déjà ses fruits en terme d'investissements étrangers directs et d'emplois créés et qui est appelé à changer la face du pays, à plus long terme.
L'IRS a bien vite suscité l’intérêt de dizaines de promoteurs locaux et étrangers ; pour preuve les autorités ont reçu plus d’une vingtaine de projets de ce type représentant des investissements de Rs 100 milliards et avec un potentiel de création de 12.000 emplois. Au total, rien qu’avec ces projets, plus de 1.700 villas de luxe devraient voir le jour dans les deux à cinq prochaines années.

Cybercité
Le développement de la Cybercité voulue par le gouvernement de Paul Bérenger, située à Ébene au sud de la capitale, doit permettre le développement du secteur des technologies de l'information. Le but final étant de faire de cette dernière une "Cyber île" et donc de trouver une alternative à l’activité sucrière menacée par les accords internationaux. Les activités possibles grâce au décalage horaire de GMT +4 ont ainsi permis l'émergence de centres d'appels et de sites de Disaster recovery.
Le câble sous-marin Safe devait offrir au projet son assise technique mais des dysfonctionnements au sein du BPML en charge de la Cybercité, suivis du manque d’un doublon tel que Maurisat (solution mutualisée satellite) sur le site et en général sur l’île Maurice pouvant sécuriser les connexions vers l’international ont réduit l’engouement de certaines sociétés intéressées par une délocalisation d’une partie de leurs activités à Maurice, d'autant qu'il y a eu de nombreuses pannes en 2006 imputées à Mauritius Telecom ou à ses fournisseurs.
Depuis 2006, avec la signature d’un accord pour le déploiement du câble sous-marin Eassy, Maurice est en passe de rattraper cette lacune mais repousse au minimum à 2008-2010 l’échéance sécuritaire du projet.

Démographie
La population de l'île Maurice est le résultat de plusieurs vagues d'immigration, d'abord les colons français, ensuite les esclaves venus d'Afrique, les Chinois comme commerçants et finalement les Indiens amenés de gré ou de force dans l'île pour travailler dans les champs de canne à sucre.
La constitution de Maurice ne mentionne aucune langue officielle pour le pays. Néanmoins l'anglais est utilisé par l'administration. Par contre, le français est le plus utilisé dans le monde des affaires. Teinté d'apports des deux langues européennes, le créole est la langue maternelle de plus de 90% de la population. Diverses langues orientales sont également parlées, parmi lesquelles le créole mauricien, le bhojpuri (mélange de créole et d'hindi), l'hindi, l'ourdou, le tamil et le hakka, un dialecte chinois.
Ces dernières langues sont parlées par les descendants des immigrants venus d'Inde et de Chine. La plupart des Indo-Mauriciens sont des hindous et constituent 70% de la population. Les autres religions pratiquées sont le christianisme, l'Islam et le bouddhisme. Le reste de la population est d'origine chinoise, africaine, française ou métisse.
Le français est en progression, mais le créole adopte de plus en plus de mots anglais.

Culture
La cuisine mauricienne est un mélange de cuisines indienne, créole, chinoise et européenne. De même, le séga mauricien est une musique aux influences diverses.
En 1847, Maurice devint le cinquième pays dans le monde à émettre des timbres postaux, après la Grande-Bretagne en 1840, la Suisse et le Brésil en 1843, les États-Unis en 1846. L’île Maurice aura été le troisième territoire au monde à émettre des timbres et le premier autorisé à le faire par l’empire britannique dont elle était une colonie en 1847. Les deux types de timbres, la série des Post office (le Red penny et le Blue penny), sont parmi les plus célèbres et les plus chers timbres du monde.
Au moment de sa découverte, l'île Maurice abritait une espèce d'oiseau dodu qui ne volait pas et était auparavant inconnu. Les Portugais l'appelèrent le dodo ("simplet"), en raison de son apparence nonchalante. Cependant, en 1680, pendant la période hollandaise, cette espèce avait complètement disparu. Dans les livres d'histoire la disparition du dodo a longtemps été attribuée aux abus des colons hollandais qui les attrapaient facilement et les mangeaient. Mais les études récentes démontrent plutôt que c'était dû aux prédateurs qui dévoraient leurs œufs. Le dodo est devenu l'emblème de Maurice.
Le 9 septembre, un pèlerinage rassemble chaque année entre 100.000 et 200.000 Mauriciens, pas seulement de foi catholique, au tombeau du bienheureux Jacques-Désiré Laval (1803-1864), à Sainte-Croix, dans la proche banlieue de Port-Louis.
Il existe une fameuse déclaration de Mark Twain, souvent citée pour décrire la beauté incomparable de l'île : "Dieu créa d'abord l'île Maurice, puis s'en inspira pour faire son paradis terrestre".

Principaux artistes et auteurs mauriciens
* Gaëtan de Rosnay
* Linley Marthe
* J.M.G Le Clezio
* Malcolm de Chazal
* Khal Torabully
* Loys Masson
* Edouard J. Maunick

UNE Mayotte Hebdo N°389 – Vendredi 11 juillet 2008

UNE Mayotte Hebdo N°389 - Vendredi 11 juillet  2008

Lamu – Tanzanie – Ouganda – Kenya – Maurice – Handréma …

Voyager

 > Internet haut débit – les câbles eassy et lions d'ici 2000
 > Loisirs – vol au dessus du lagon
 > Portraits – la mangrove, les padzas et l'ylang

UNE Mayotte Hebdo N°388 – Vendredi 04 juillet 2008

UNE Mayotte Hebdo N°388 - Vendredi 04 juillet  2008

Résultats du Baccalauréat

Star'Bac 2008

 > Session au Conseil Général – le président resserre les boulons
 > Athlétisme – hafidou au championnat du monde en pologne
 > 25e course de pneus ce samedi

UNE Mayotte Hebdo N°387 – Vendredi 27 juin 2008

UNE Mayotte Hebdo N°387 - Vendredi 27 juin 2008

Les 100 jours de Jégo – Entretien avec le secrétaire d'état: La consultation en avril 2009 – Pas de loi de programme pour Mayotte – La piste longue en 2012-2015

Mayotte aux fraises

 > Interview du député – "pour un département pur et dur"
 > Projet académique 2008-2011 – améliorer le niveau en français
 > Surfing day – tous les plaisirs de la glisse

27/06/2008 – Projet académique 2008-2011 – 1er objectif : améliorer le niveau en français

Il est sommairement baptisé "Le projet". Le document sur lequel repose les orientations pédagogiques du vice-rectorat pour les trois prochaines années est en passe d'être terminé après une année scolaire de réflexion et de travaux. Au mois de novembre dernier, un séminaire regroupant les cadres de l'académie à l'IFM avait amorcé les réflexions sur les quatre thèmes, quatre objectifs préalablement définis, appelés "ambitions".
"Faire progresser les résultats des élèves : au cœur des apprentissages, la maîtrise de la langue," est l'ambition la plus importante qui fait reposer toute la base de l'enseignement sur la maîtrise de la langue. C'est l'enjeu principal de l'éducation dans l'île. "Préparer les élèves à leur future citoyenneté," le 2ème thème, regroupe aussi bien les actions envers les parents d'élèves que les opérations d'éducation à la santé ou à l'environnement. "Rendre plus efficientes l’orientation et l’insertion des élèves dans un contexte insulaire", ou comment élever le niveau des élèves post-bac et leur assurer une insertion réussie dans le monde du travail. Et enfin "Développer les systèmes d'appui et de pilotage académiques," la partie qui concerne le projet d'une meilleure organisation générale.
Lors du séminaire de départ, un groupe par ambition s'est chargé de définir trois à quatre programmes d'action, ou mesures pour réaliser ces ambitions. Ces programmes ont été transmis à tous les établissements scolaires et écoles dans lesquels tous les personnels étaient appelés à élaborer des fiches actions, soit la traduction des programmes en actions concrètes de terrain, avec description de l'objectif, acteurs, publics visés, moyens nécessaires, source de financement, etc.
 
 

Des formations spécifiques pour l'enseignement du français

Au final, ce ne sont pas moins de 205 fiches qui sont remontées au vice-rectorat, qui se charge actuellement de les synthétiser pour n'en garder qu'une quarantaine. Ce n'est pas une surprise, 52% des fiches proposées correspondent à la 1ère ambition : la maîtrise de la langue. 26% concernent l'ambition 2, la citoyenneté. "J'ai choisi d'organiser cet évènement à l'école de Koungou Baobab pour montrer l'importance du terrain," explique M. Cirioni qui a tenu conférence de presse… au milieu d'une classe de CP en plein cours.
"La contribution de tous les acteurs de l'éducation permet de mettre en place un programme le plus efficace possible." Au-delà du monde enseignant, les responsables de la politique de la ville, les associations de parents d'élèves et tous les autres acteurs liés à l'éducation ont été conviés dans les groupes de réflexion.
Dans ce domaine très important de la maîtrise de la langue, l'équipe du vice-recteur a annoncé des formations spécifiques qui s'adresseront aussi bien aux enseignants venant à Mayotte qu'aux locaux. Elles porteront sur les techniques d'enseignement du français, qui s'inspirera du FLE (français langue étrangère) pour tenir compte du fait qu'il n'est pas la langue maternelle des élèves. "Elles concerneront tous les enseignants et pas seulement ceux de français et de lettres", précise le vice-recteur.
L'IFM prévoit également de former les futurs instituteurs à utiliser tous les supports et toutes les disciplines pour faire travailler le français, pour sortir des outils traditionnels, également de travailler avec les maîtres déjà en place pour renforcer leur niveau de français et d'enseignement du français.

 

Suivre les étudiants en Métropole

Dans le domaine de la réussite et de l'insertion des étudiants, le vice-rectorat travaille énormément sur l'orientation, pour envoyer les plus à même de réussir en Métropole. Des conventions existent déjà avec les académies de Nantes et Toulouse pour l'accueil et le suivi des étudiants mahorais, des conventions similaires doivent être signées avec Clermont-Ferrand, Rennes et Bordeaux.
Un travail est en cours pour la prise en charge des élèves qui échouent au bac professionnel. "Il est impossible de prendre ces élèves en redoublement car nous manquons cruellement de terrains de stages à Mayotte, nous sommes arrivés à saturation, explique M. Cirioni. Mais comme ils gardent leurs notes pendant 5 ans et n'ont que les domaines dans lesquels ils ont échoué à repasser, nous envisageons des formations pour qu'ils réussissent à terme."
De nombreuses autres propositions dans tous les domaines sont actuellement à l'étude, les fiches action seront efficientes dès la rentrée et guideront l'action de l'éducation nationale à Mayotte pour les trois prochaines années.

Hélène Ferkatadji

UNE Mayotte Hebdo N°387 – Vendredi 27 juin 2008

UNE Mayotte Hebdo N°387 - Vendredi 27 juin 2008

Les 100 jours de Jégo – Entretien avec le secrétaire d'état: La consultation en avril 2009 – Pas de loi de programme pour Mayotte – La piste longue en 2012-2015

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27/06/2008 – A propos de Mayotte – « L’Etat sera neutre dans la campagne électorale »

Pour notre île, le secrétaire d’Etat a rappelé que "le territoire a développé une demande de départementalisation" qui se ponctuera par le référendum d’avril 2009. "Nous avons nommé un ‘Monsieur Mayotte’ qui porte aujourd’hui la feuille de route de cette départementalisation parce que j’ai souhaité que nous ayons un discours clair vis-à-vis des Mahorais et que la départementalisation soit connue d’eux dans ses aspects positifs, mais aussi dans ses obligations nouvelles. C’est une révolution dans la vie politique de Mayotte que d’aller vers la départementalisation, que de créer un état civil, que de créer un droit du sol, que de mettre fin à un certain nombre de pratiques coutumières pour pouvoir prospérer dans le cadre de la départementalisation".
Il a aussi ajouté que "l’Etat sera neutre dans la campagne électorale, mais dira de façon claire les avantages et les obligations nouvelles qui vont peser sur le territoire pour que les Mahorais puissent choisir en toute connaissance de cause et que le calendrier d’application de cette départementalisation soit à la fois progressif et adapté et qu'il réponde aux besoins locaux. Mayotte est aussi frappée, a-t-il soutenu, par un phénomène migratoire lourd".
Yves Jégo n’a pas manqué d’évoquer sa récente visite aux Comores qu’il qualifie lui-même d’"assez originale", avec Alain Joyandet, le secrétaire d’Etat à la Coopération. Une mission ayant permis d’installer le Groupe de travail de haut niveau qui s’est réuni début juin à Paris et qui "travaille sur un accord formel entre la France et l’Union des Comores pour que ces questions de coopération, ces questions de migration soient traitées d’une façon un peu différente".
 
 

"On devrait avoir à l’échelle 2012-2015 une piste d’aviation et un aéroport qui permettent ces liaisons directes"

Interrogé par nos soins sur la venue d’Air France dans la région avec un plan de desserte des îles de la zone sauf Mayotte, le secrétaire d’Etat à l’Outremer a souligné que "nous sommes dans une économie libre" et que "la compagnie Air France est soumise aux règles de la concurrence mondiale. (…) Mais il y a pour Mayotte un préalable, sur lequel j’ai apporté lors de mon dernier déplacement des réponses en signant le Contrat de projets de Mayotte, qui est l’extension de la piste qui aujourd’hui ne permet pas dans les conditions actuelles les liaisons Europe-Mayotte.

Ces travaux devraient débuter d’ici 2010 et donc on devrait avoir à l’échelle 2012-2015 une piste d’aviation et un aéroport qui permettent ces liaisons directes. Si dans le même temps les Mahorais se sont emparés de l’atout touristique pour en faire un atout fort – et je crois que c’est un des axes de son développement – on peut parier qu’il y aura des dessertes réelles directes, mais il y a un combat que nous menons là, qui est celui à la fois du prix des billets d’avion et le prix des billets d’avion est lié aux dessertes et au nombre de dessertes. Nous sommes persuadés que le seul moyen de faire baisser durablement les prix c’est de favoriser la concurrence.

Nous avons déjà pris un certain nombre de dispositions de suppression d’obligation de service public, de mobilisation de compagnies pour qu’on puisse faire de ce projet une réalité pour les habitants. Et ceci est un combat européen. Mayotte sera desservie quand la piste sera capable d’accueillir des avions qui viennent directement de la Métropole; ça c’est une réalité physique qu’on ne peut pas surmonter", a précisé Yves Jogo.

 

"Collectivité ou département ?", telle sera la question

Enfin, concernant la loi programme qui visiblement ne contiendra pas grand-chose pour Mayotte, le secrétaire d’Etat a une nouvelle fois rappelé qu’une loi spécifique à Mayotte sera adoptée, mais "attendons que les Mahorais se soient déjà prononcés. Si Mayotte devient un département, bien évidement la loi sera fondée sur les attributs d’un département. Si Mayotte choisit de rester Collectivité d’Outremer, il n’y pas d’autre choix. Qu’il n’y ait pas de confusion car le choix qui sera offert aux Mahorais est clair : ou on reste une Collectivité d’Outremer dans le cadre de la République française ou on devient un département français. Et évidemment selon le choix, la ‘Loi Mayotte’ viendra décliner un certain nombre de mesures qui seront différentes et ce sera certainement après le référendum et pas avant".

Et si certains ont toujours des doutes concernant des sujets clefs liés notamment au développement de l’île, ce jour de présentation du bilan des 100 jours d’Yves Jégo aura au moins permis de lever un autre doute, car nous avons ainsi la certitude que pour la première fois de leur histoire, les Mahorais seront appelés à se prononcer sur le statut de département d’Outremer. Nous aurons le choix entre ce nouveau statut et l’actuel. Certains s’y voient déjà mais encore faut-il que les Mahorais l’approuvent.

R.T Charaffoudine Mohamed

23/06/2008 – 2.093 candidats au baccalauréat

A Mayotte, ils sont cette année 2.093* candidats toutes séries confondues à se présenter, soit 15% de plus que l'année dernière, un chiffre qui va aller augmentant pendant encore longtemps. Cette année le cadet des candidats est âgé de 16 ans, le plus ancien de 33 ans.
"Les démocraties populaires et leur évolution (1948-1989)" pour l'histoire, "L'organisation du territoire des Etats-Unis" en géographie, l'anglais, les mathématiques… Les épreuves se poursuivent jusqu'au mardi 24 juin pour les 673 candidats au bac général et les 957 candidats des séries technologiques, jusqu'au vendredi 27 pour les 463 candidats aux séries professionnelles. Pour les deux premières catégories, les épreuves se déroulent aux lycées de Mamoudzou, Sada, Petite Terre, Kahani, Kawéni et à la Cité du Nord. Les candidats au bac pro se présentent dans leurs propres établissements.
105 enseignants pour les bacs généraux et 154 pour les technologiques sont mobilisés pour les corrections des épreuves, centralisées à Mamoudzou et Petite Terre, ce qui permettra, comme l'an dernier, de donner les résultats quelques jours avant la Métropole. Ils devraient être rendus publics samedi 28 juin après les délibérations.
 

Faire mieux que l'an dernier

L'an dernier, le taux de réussite de 52,7% était assez décevant car plus bas que les résultats de la cuvée 2006. Une baisse que le vice-recteur imputait en grande partie aux mauvais résultats du nouveau bac technologique STG, 39,6% d'admis contre 57% en 2006 pour son ancêtre le bac STT. Espérons que cette année enseignants et élèves seront mieux armés pour les épreuves de cette section. Le bac général était le seul en hausse avec un taux de réussite de 68,1% contre 63% l'année précédente. Le bac pro baissait de près de 4 points, à cause surtout du résultat très faible de la section vente : 21,4%.

A côté de nos deux mille candidats, 11.196 élèves de première se présentent aux épreuves anticipées de français et de biologie (pour les ES et L) et 3.651 au épreuves du brevet des collèges, qui aura lieu du 24 au 27 juin.

Hélène Ferkatadji

*Chiffre des inscrits et non des présents à l'examen

Examen jusqu'au soir

La plupart des lycéens passant le bac sont confiants pour les résultats finaux, ceux-ci paraîtront le 28 juin. Uniquement le matin, seulement l'après-midi et parfois lors des deux demi-journées, ils passent épreuve par épreuve, les matières qu'ils préparent depuis un an et plus.
"L'anglais, pour l'étudiant de Hajangua Saïd Rakibou, a été la matière la plus difficile pour le moment. Plusieurs de mes collègues disent la même chose." Son ami Absoirou Hardani, est sûr que "les révisions répétées au CDI vont payer. Pour l'instant tout se passe bien pour moi, je n'ai pas vraiment eu de surprises dans les épreuves que nous avons passées. Il y avait tout ce que j'ai révisé". Ces deux élèves de dix-huit ans, tout comme beaucoup d'autres étudiants, attendront impatiemment de voir les résultats.
"Nous savons à peu près ce que nous voulons faire par la suite, mais notre avenir dépendra entièrement de l'issue de notre examen". Jusqu'à la tombée de la nuit quelques fois, les étudiants profitent de tout le temps qui leur a été attribué pour répondre au mieux aux épreuves. Les transports scolaires arrivent à 19h et ramènent les élèves, il en sera ainsi jusqu'à la fin des épreuves.

Ichirac Mahafidhou

Le bac en 2007

1.820 candidats dont
618 en filière générale
882 en filière technologique
320 en filière professionnelle
52,7% de réussite

23/06/2008 – Les agents publics mobilisés pour être intégrés

Mardi matin dans l'hémicycle du conseil général, ce n'était pas les élus locaux mais les représentants syndicaux qui étaient à la tribune. Devant quelques 200 grévistes, les représentants du SE CGT Mayotte, du Sima Snudi FO, de la Cisma CFDT conseil général et de la CGTMa conseil général ont uni leurs voix pour demander aux pouvoirs publics une intégration plus rapide des agents de la fonction publique territoriale de Mayotte à la fonction publique de droit commun. Au cours de cette assemblée générale, il a également été question de la titularisation de tous les contractuels, de l'indexation des salaires à 2,15 et de la retraite des agents publics.
La loi-programme pour l'Outremer du 21 juillet 2003 a étendu à Mayotte les trois fonctions publiques de droit commun – hospitalière, territoriale et d'Etat – et précise qu'à l'horizon du 31 décembre 2010, l'ensemble des agents publics en activité seront intégrés ou titularisés dans l'une ou l'autre de ces trois fonctions publiques. Or, pour l'instant, les intégrations et les titularisations dans la fonction publique représentent moins de 10% des effectifs concernés, et l'intersyndicale estime que le 31 décembre 2010, il n'y aura pas plus de 30% des personnels qui seront intégrés ou titularisés.
"A ce jour, le conseil général ne dispose pas de plan d'intégration de ses agents, pas plus qu'il n'a engagé d'actions concrètes pour accompagner ceux-ci auprès du gouvernement", peut-on lire dans l'exposé des motifs des propositions de modification de la loi-programme signé par l'intersyndicale. "Bien que tout le monde reconnaisse la cherté de la vie à Mayotte, les conditions de travail et le pouvoir d'achat des personnels sont loin d'être les soucis premiers des pouvoirs publics, aussi bien nationaux que locaux".
 
 

4.000 agents au CG, seuls 5% sont intégrés…

Le principal problème demeure le fait que les agents recrutés après la loi Girardin du 21 juillet 2003 ne sont pas couverts par le texte. "Ces contractuels sont exclus du processus d'intégration car ils ne peuvent pas passer le concours professionnel interne, contrairement à leurs collègues d'avant 2003. Ils ne peuvent pas non plus passer le concours externe car ils doivent avoir un niveau supérieur au bac, ce qui n'est pas le cas pour la plupart d'entre eux", explique Kamiloudine Djanffar, secrétaire général adjoint de la CGTMa conseil général.
Sur les 4.000 agents qui relèvent du conseil général, 3.000 peuvent prétendre à l'intégration mais ils ne sont pour l'instant que 5% à être dans ce cas, ce qui pose un autre problème concernant les prochaines élections internes au CG. En effet, le 6 novembre 2008, toutes les collectivités territoriales élisent leurs représentants à la Commission administrative paritaire qui gère les carrières des agents, et au Comité technique paritaire qui organise le fonctionnement de l'administration.
"Il n'y aurait que 5% des agents qui pourraient voter. On refuse l'accès à la fonction publique de ces fonctionnaires", précise Issa Mohamed El Anrif, le secrétaire général de la Cisma CFDT conseil général. "Ce sont des "sous-fonctionnaires" car par rapport aux critères, leurs salaires autour de 1.000 euros les empêchent d'être intégrés".
L'intersyndicale réclame la prise en compte de la rémunération globale, et pas seulement de la rémunération brute, pour calculer l'indice qui permet d'entrer dans les cadres d'emploi et les grades. Dans l'exposé des motifs aux propositions de modification de la loi Girardin, on peut lire que "les conditions d'intégration et de titularisation (niveau minimum de rémunération, concours réservés, prise en compte partielle de l'ancienneté) imposées par les décrets d'application de la loi excluent du dispositif la grande majorité des agents de la Collectivité départementale et des communes et démotivent nombre de contractuels qui, une fois titularisés, voient leurs carrières gelées pour une moyenne de 10 ans".

 

Des retraites à 250 ou 300 euros

L'intersyndicale réclame également l'indexation des salaires à l'inflation, ce qui est le cas dans les collectivités territoriales d'Outremer… sauf Mayotte. "Les expatriés métropolitains bénéficiaient de cette indexation jusqu'en 2004 car le préfet avait le pouvoir exécutif. Elle demeure encore aujourd'hui, à hauteur de 24% de l'indice terminal du grade des administrateurs. Et les indemnités d'éloignement ou de déménagement sont aussi une indexation déguisée. Nous souhaitons que l'indexation des salaires à 2,15 soit généralisée à tous les agents publics de Mayotte", a déclaré M. El Anrif.

Enfin, les revendications de l'intersyndicale ont rejoint celles du mouvement de grève nationale concernant la retraite des fonctionnaires. Pour avoir une retraite à taux plein, il faut cotiser 40 ans et la pension versée représente 75% de la moyenne des 6 derniers mois de salaire. Mais à Mayotte, certaines personnes atteignent l'âge de la retraite avec une rémunération de 800 euros et n'ont pas forcément cotisé assez longtemps, ce qui explique qu'il y ait des retraites à 250 ou 300 euros.
"Nous souhaitons que soit fixé le même minimum garanti qu'à la Réunion, environ 700 euros, majoré de 50% sur le principe de l'indexation, ce qui fait une retraite minimum à 1.000 euros… Je pense que c'est raisonnable", estime M. El Anrif. Les différentes propositions de l'intersyndicale vont être transmises au président du CG, aux communes et au préfet dans les prochains jours.

Reste le coût d'une telle mesure, qui pour l'instant n'est pas évaluée, faute d'un véritable travail de fond sur la question. Comme le remarque M. El Anrif, "l'excellence administrative, pour reprendre le mot du président du CG, résulte de l'action concertée des agents publics. Nous devons les sensibiliser pour que notre combat soit compris et défendu. S'ils ne sont pas capables de se mobiliser pour leurs salaires, ils ne seront pas capables de se mobiliser pour l'action administrative".

Julien Perrot

UNE Mayotte Hebdo N°386 – Vendredi 20 juin 2008

UNE Mayotte Hebdo N°386 - Vendredi 20 juin 2008

Clandestins – Cannbis, Démentèlement d'un réseau. 3 violeurs en série arrêtés par la police

Trafics

 > Conseil Général – 4000 agents en attente d'intégration
 > Petit déjeuner Mayotte Hebdo – Vincent Dufau et Abdullah Hariti
 > Education – un lycée pour 800 élèves à chirongui

 

Juin 2008 – Archéologie – Des vestiges urbains du XIVe siècle

On passe devant sans jamais le remarquer, sans comprendre l'importance de ce qui semble être un reste de muret écroulé, le long de la CCD1. Pourtant, encastré dans la terre, se trouve à Acoua le vestige d'un ancien rempart de ce qu'était la cité d'Acoua. Selon les estimations, ce rempart date du XIVe/XVIe siècle. Découvert dans les années 90 lors de travaux dans le village, ce rempart a suscité l'intérêt de Martial Pauly, habitant d'Acoua et professeur d'Histoire à la Cité du Nord, mais avant tout archéologue de formation. Depuis, il n'a cessé de fouiller les environs et peut aujourd'hui affirmer que l'ancienne cité s'étendait sur 3 hectares, sans compter le village des esclaves. On trouve des restes du rempart tout au long du site, très bien préservé car enfoui sous une large couche de terre depuis bien longtemps. Derrière une maison, M. Pauly a retrouvé les vestiges d'une des portes de la cité. "Cette découverte permet de recueillir beaucoup d'informations sur les populations vivant ici entre le 13e et le 17e siècle, c'est le seul site qui délivre autant d'information" se réjouit l'archéologue qui pense qu'en retirant 20 à 30cm de terre un peu partout on trouverai encore plus de vestiges.
Un peu plus haut dans le village, au milieu des habitations, Martial Pauly, aidé de quelques uns de ses élèves motivés et intéressés, a découvert les vestiges d'une ancienne habitation, qu'il nous fait visiter. La largeur de chaque mur, une coudée, correspond aux techniques de maçonnerie universelles, issues du Moyen-Orient, la construction très sommaire renvoie complètement aux descriptions des maisons à Anjouan.

 

Les nobles habitaient des maisons en dur

Aubaine du chercheur, la latérite, cette terre rouge si présente sur l'île, a recouvert et protégé les pierres, gardant intactes les fondations de l'habitation. Les matériaux utilisés pour la construction sont des blocs de corail et de basalte, avec des enduits pour uniformiser le tout. A certains endroits, l'archéologue a retrouvé des restes de la toiture effondrée, une toiture plate qui tenait avec des chevrons en bois de palétuvier. Aux abords de l'habitation, deux sépultures qui indiquent le rang social des occupants des lieux : l'inhumation chez soi était un privilège aristocratique. Toute cette découverte apporte énormément à la recherche sur l'histoire de Mayotte. "Il y a encore quelques années, on pensait qu'il n'y avait jamais eu d'habitations personnelles en dur à Mayotte, rappelle Martial Pauly. Cette découverte remet beaucoup de choses en question."
Le chercheur a retrouvé de nombreux détails dans cette habitation, un four domestique, la fosse recouverte de chaux qui servait de latrines, les restes presque intactes d'un banc, un "baraza", appuyé contre un des murs de la cour,…il a aussi trouvé un fragment de tablette de corail qui servait à faire le m'sindzano, ce qui montre que c'est une pratique très ancienne. Maintenant que l'habitation a été presque entièrement dégagée, il s'est s'attaqué à la deuxième partie des fouilles : ce qu'il y a en dessous. L'équipe de Martial Pauly a déjà creusé à 150cm pour trouver des vestiges, ils y ont trouvé un autre niveau de sol avec des restes d'habitations en végétal et en sable, une découverte qui montre l'urbanisation progressive de la société. Là encore, la couche de latérite importée au 15e siècle pour niveler la cour à tout conservé. En dessous, on y trouve des vestiges de cases qui ont pu être datés du 14e siècle. Des charbons provenant d'un incendie, restés intactes, ont pu être datés au carbone 14 par le CNRS de Lyon, entre 1320 et 1410. Cette datation permet de montrer que le développement de l'urbanisation dans l'archipel s'est fait exactement en même temps que celui de la côte swahilie. "Ces techniques de constructions étaient inconnues des malgaches du 14e siècle, annonce le chercheur, c'était plutôt les bantous qui utilisaient le torchis."

 

Une cité dominée au 14e siècle par des malgaches islamisés

Entre les deux types d'architecture, l'équipe a retrouvé plusieurs céramiques, fruit du brassage de population que connaît Mayotte à partir du 13e siècle, plusieurs poteries sont très ressemblantes de celles faites sur les hauts plateaux malgaches aux 14e 15e siècles.
Les découvertes de M. Pauly se recoupent avec les légendes qui circulent encore au village. On sait par exemple qu'un chef du village avait pour nom Bakar Karuna Marona. Le prénom Bakar signale l'influence arabe, Karuna signifie "celui qui lit le Coran" et Marona vient du terme "Marinh", les trafiquants d'esclaves. L'aristocratie de la cité d'Acoua était donc composée de malgaches islamisés ayant prospéré grâce au commerce des esclaves. On appelait ces nobles qui régissaient l'île avant la mise en place du sultanat les "fani". L'enseignant en Histoire quitte Mayotte à la fin de l'année scolaire, il regrette qu'il n'y ait aucun suivi archéologique ici. "Le hasard de cette découverte (il habite à 50 mètres des vestiges de la cité) montre qu'il y a sûrement des dizaines de sites de ce type encore inconnus." Avant on départ il prépare avec la direction des affaires culturelles de la préfecture une exposition sur les techniques de construction anciennes en dur, éclairées par les fouilles d'Acoua. La préfecture l'a beaucoup soutenu en lui donnant toutes les autorisations nécessaires et en participant financièrement à ses fouilles, pour l'envoie des échantillons au laboratoire du CNRS de Lyon. Le chercheur rêve à la création d'un poste d'archéologue à Mayotte, qui lui permettrait de pousuivre ses fouilles sur les sites non explorés, notamment Tsingoni, l'ancienne capitale du sultanat aujourd'hui recouverte par les habitations modernes.

Hélène Ferkatadji

Chronologie du peuplement de Mayotte
VIIIe siècle. Premières traces d'occupation humaines à Mayotte et aux Comores. Migrations austronésiennes (malgaches) et apport en population bantoue. Deux possibilités évoquées : soit ils sont venus d'eux-mêmes sur l'île, soit les malgaches les ont fait venir, ce qu'ils font avec certitude au Xe siècle.
IXe – XIe siècle. Vestiges découverts à Dembéni. Principale production la métallurgie. Le fer est exporté jusqu'en Inde. Prend fin au XIIe siècle. A Partir du IXe siècle des marchands arabes et perses séjournent sur l'île, introduction de l'Islam. La plus ancienne évocation musulmane aux Comores vient de Al-Idrissi, un géographe arabe du XIIe siècle. Les populations qui dominent la société sont islamisées. La plus ancienne mosquée connue est à Anjouan dans la cité de Sima.
A partir du XIIIe siècle, arrivée de nouveaux groupes, création d'une nouvelle aristocratie, les "fani", essentiellement des malgaches islamisés, les "antalaotra", mais aussi des Swahilis, des arabes et des Omanais. L'architecture est d'ailleurs inspirée du sur de l'Arabie. "fani" désigne ceux qui ont le pouvoir. Epoque de la mise en place des réseaux de traite d'esclaves, des malgaches des hautes terres. Le pays est composé d'une multitude de petits royaumes toujours en guerre, les esclaves sont acheminés jusqu'à la côte Nord Ouest de Madagascar et de là sont envoyé sur la côte swahilie et vers les régions sud arabiques : Djedda, Oman, … Les Comores sont un jalon dans la traite, les esclaves y transitent et contribuent à la mise en valeur et au peuplement de l'île. Exemple, les poteries du XIVe siècle trouvée à Mayotte sont voisines de celles des hauts plateaux malgaches.
XIVe siècle. Grande prospérité de l'île. Constructions domestiques en dur, mosquées, maisons aisées. Processus d'urbanisation dure jusqu'au XVIIe siècle, donne naissance aux médinas qui ont subsisté dans les autres îles.
1498, Vasco de Gama explore l'Océan Indien, il est suivi des hollandais, des anglais, français,…
XVe siècle, instauration du sultanat dans les Comores.
XVIIIe déclin de Mayotte, plusieurs raisons évoquées : catastrophe naturelle, épidémie, … mais surtout, c'est l'époque des "sultans batailleurs". A partir de 1740 Anjouan tente régulièrement de s'emparer de Mayotte, affaiblie par de nombreuses querelles internes dans l'aristocratie mahoraise. A partir des années 1790, les Comores sont envahies par des pirates malgaches qui vident Mayotte de ses habitants. A l'arrivée des français en 1841, la population a été divisée par quatre, les témoignages mentionnent de nombreuses ruines. Le sultanat s'est isolé à Dzaoudzi après les razzias malgaches sur la capitale Tsingoni.

UNE Mayotte Hebdo N°385 – Vendredi 13 juin 2008

UNE Mayotte Hebdo N°385 - Vendredi 13 juin 2008

Découverte Archéologique

Acoua, an 1320

 > GTHN France-Comores – le président douchina raconte
 > Elections – 4 communes retournent aux urnes
 > Education – un sentier sous-marin pour découvrir le lagon
 > Mayotte Eco – 44 talents récompensés

13/06/2008 – Un sentier sous-marin pour découvrir le lagon

Ce sentier sous-marin destiné aux nageurs en palmes, masque et tuba est le fruit d'un travail réalisé tout au long de l'année par la classe, entraînée par le professeur d'EPS M. Pineda. L'objectif est de créer des ressources personnelles en relation avec leur projet de vie, et bien sûr faire découvrir le lagon et les merveilles qu'il renferme au plus grand nombre.
Chaque balise est une bouée remplie de béton qui sera posée par le fond sur le platier et sur le récif frangeant par une autre classe à la rentrée. Il a été décidé de les poser au fond pour ne pas gêner la pêche au djarifa, souvent pratiquée sur cette plage. Lors de randonnées palmées avec les élèves, les enseignants accrocheront sur chaque bouée une ficelle terminée par un flotteur, pour qu'elles soient visibles de la surface. Chacune d'elle signalera quelque chose de précis à voir : un poisson spécifique qui fréquente cette zone, des coraux remarquables, un milieu comme l'herbier, etc. Elles comporteront chacune un numéro, en prévision de la seconde partie du projet.
Cette seconde partie est le volet touristique du projet. L'année prochaine, les enseignants feront travailler une autre classe à la création de panneaux explicatifs sur la plage, peut-être d'un faré et surtout de plaquettes, plastifiées, pour être emportées lors de la nage et qui correspondront chacune à une balise.
 
 

Le soutien des"bulles solid'air"

Déjà élaborées par les 28 élèves de 3e2, les plaquettes ne sont pas encore réalisées. Toute l'année, la classe très motivée s'est scindée en plusieurs groupes de travail : un groupe photo dirigé par M. Prunier qui a réalisé un diaporama, un groupe vidéo piloté par un élève de Terminale, Mikidadi Chanfi, un groupe pour la création des balises et un autre pour la réalisation des plaquettes.
Ce projet d'action éducative a permis aux élèves de réaliser plusieurs sorties dans l'île, deux sessions de nage en palmes, masque et tuba à Sazilé et à M'tsanga fanou, ainsi qu'une sortie sur la formation de l'île de Mayotte avec balade au lac Dziani. Une partie des élèves a appris à nager lors de ces sorties. "Beaucoup d'entre eux ne connaissaient pas tous ces sites, ils ont découvert une autre vision du lagon, une autre utilité que la pêche", raconte M. Pineda.
Mercredi, en attendant l'heure du départ pour la plage, les 3e2 se sont répartis dans toutes les classes de 5ème pour leur présenter leur projet et discuter avec eux du lagon, du développement durable, de la pêche et des espèces protégées. Pour l'occasion, ils sont assistés de plusieurs visiteurs arborant tous le même t-shirt sur lequel on voit un hérisson fraterniser avec une tortue, sous l'inscription "bulles solid'air, Mayotte 2008".
Ces nouveaux venus qui vantent les merveilles du lagon de Mayotte appartiennent à l'association "Grand'air", qui regroupe des étudiants de l'université de la Réunion amateurs de sports de pleine nature. "Les membres de l'association partagent une passion pour les sports de nature avec un objectif de développement durable, de préservation de cette nature, explique Michel son fondateur. Il y a aussi une dimension conviviale, une volonté de partage. Nous aimons nous associer à des actions en cours. Nous avons eu connaissance du projet de sentier sous-marin par la cellule EPS, nous venons nous y associer en apportant du matériel et en aidant les élèves à communiquer auprès des 5èmes."

 

Un baptême de plongée pour couronner le projet

Les douze membres de l'association venus dans l'île pour 10 jours ont réalisé une première action en se joignant à Oulanga na nyamba pour une nuit de prévention du braconnage sur la plage de Papani. Aujourd'hui, ils emmènent les élèves du projet sentier sous-marin faire un baptême de plongée, grâce à du matériel prêté gratuitement par le club de plongée Rêve Bleu, leur partenaire depuis la première visite.
Ce sera l'occasion pour les étudiants de l'association de terminer leur niveau 1 ou 2 de plongée entamé à la Réunion avec l'association. Samedi, la veille du départ, le groupe ira à Ngouja, où ils étaient déjà allés l'an dernier, pour voir l'évolution de l'herbier, des tortues et le sentier mis en place par Oulanga na nyamba. Ils envisagent d'y venir une fois par an, pour suivre l'évolution de cette plage menacée par l'afflux de touristes s'il est incontrôlé.

Hélène Ferkatadji

13/06/2008 – GTHN franco-comorien – « C’était une opportunité qu’il ne fallait pas rater »

Mayotte Hebdo : Monsieur le président, pour la première fois des élus mahorais ont participé à des discussions diplomatiques entre la France et l'Union des Comores. Quelle est votre impression et quel est le rôle de ce GTHN ?
Ahamed Attoumani Douchina : Le GTHN a pour objectif essentiel de créer des conditions d'échanges entre Mayotte et les Comores. Dans le même esprit, il y a des échanges qui se font entre Mayotte et Madagascar et il y aura des échanges qui se feront entre notre île et Maurice. Tout cela se fait dans une dynamique de coopération régionale dans laquelle je m'inscris totalement. J'ai déjà eu l'occasion de dire que Mayotte vit dans un environnement géopolitique où il n'y a pas intérêt de s'isoler en ignorant la présence des autres et par conséquent d'être ignoré des autres. Le travail de ce groupe est de faciliter les échanges a priori difficiles entre les Comores et Mayotte. Vous remarquerez que je fais bien la distinction entre les deux entités et que je pose le préalable implicite d'une reconnaissance par nos interlocuteurs du choix de société que les Mahorais ont fait, à savoir notre appartenance à la France.
 
 
Mayotte Hebdo : Concrètement, comment les choses se sont passées ?
Ahamed Attoumani Douchina : La participation des Mahorais à ce GTHN était une opportunité qu'il ne fallait pas rater, parce que jusqu'alors les discussions entre l'état français et l'état comorien en termes de relations bilatérales et même en terme de coopération régionale se déroulaient sans nous. Notre participation à côté des représentants du gouvernement français et de notre diplomatie nous ont permis non seulement d'être témoins de ce qui pouvait se dire, mais aussi d'intervenir pour défendre la position de Mayotte.

Mayotte Hebdo : Quelle a été l'attitude des autorités comoriennes ? Dans quel climat se sont déroulées les discussions ?

Ahamed Attoumani Douchina : La réunion du 4 juin a permis de mettre en place des rencontres futures. Il y aura un groupe de tête comprenant une partie française et une partie comorienne. Celui-ci supervisera deux sous-groupes : un chargé des conditions de circulation des biens et des personnes entre les Comores et Mayotte et vice-versa, et l'autre chargé de la coopération entre les deux entités. Les groupes se rencontreront d'une manière plus ou moins fréquente, tantôt à Moroni, tantôt à Mayotte. Mon sentiment général de ce que j'ai vécu est le suivant. J'ai rencontré des interlocuteurs sérieux et soucieux d'établir des dialogues respectueux, responsables et surtout adultes. Dans ces conditions, les élus mahorais sont tout à fait disposés à dialoguer.

Mayotte Hebdo : La semaine dernière, Sarah Mouhoussoune regrettait dans nos colonnes le fait que vous soyez parti à Paris avec deux conseillers généraux sans avoir réuni l'ensemble des élus. Elle estimait que votre manière de procéder était incorrecte, quelle réaction cela vous inspire ?

Ahamed Attoumani Douchina : Le problème de Sarah Mouhoussoune est qu'elle pense être la seule habilitée, la seule compétente à représenter le conseil général dès qu'il s'agit de discuter avec les Comores. Je peux comprendre son engagement dans ce domaine bien précis. Mais je devais aller à Paris avec deux élus et je peux vous assurer qu'ils ne sont pas membres de mon parti puisque M'hamadi Abdou est du MDM et Ibrahim Aboubacar du PS. Je les ai choisis pour leur maturité et leur expérience et surtout pour leur vision objective.

Propos recueillis par Faïd Souhaïli

UNE Mayotte Hebdo N°384 – Vendredi 06 juin 2008

UNE Mayotte Hebdo N°384 - Vendredi 06 juin 2008

Ouverture régionale

Premier pas vers Maurice

 > Recours électoraux – 5 annulations recommandées
 > Société – les subventions ont-elles tué le bénévolat ?
 > Justice – un douanier et un transitaire accusés de corruption
 > Magazine – de l'escalade à Mayotte

 

06/06/2008 – Escalade – A l’assaut des montagnes

Tout a commencé en 2003, quand Steph Eugène a découvert la falaise de Boungoudravani, située sur la presqu'île de Bouéni, et a demandé à Marc Troussier, de la Fédération française de la montagne et de l'escalade (FFME), des fonds pour l'équiper. Steph a ainsi pu équiper 5 voies au tamponnoir. Après son départ, quatre amis décident de créer l'association et de s'atteler à une deuxième vague d'équipement à la fin du mois d'août 2006, en faisant une centaine de trous grâce à un groupe électrogène et un perforateur. Depuis janvier 2007, le site et ses 20 voies de 12 à 35 mètres, de difficulté 5a à 7a, a obtenu la convention de la FFME en tant que site sportif d'escalade.

 

Magnésie et torticolis

Pour accéder au site, il faut prendre le sentier qui part en face de la scierie, près de la base nautique d'Hagnoundrou, et monter à pied pendant environ une demi-heure. Dans une végétation luxuriante où résonnent les cris des makis, le contact des corps contre la pierre a une résonance très particulière où le dépassement de soi se conjugue avec le rapport direct à la nature. "Les efforts physiques sont intenses mais brefs. L'escalade demande beaucoup de sang-froid et une certaine technique qui demande beaucoup d'apprentissages. Par rapport aux parois artificielles, on développe des appuis dont on n'a pas l'habitude. Mais on progresse vite car il y a beaucoup d'échanges entre les grimpeurs et tout le monde se donne des conseils", explique Aurore, les mains pleines de magnésie.

Grâce aux chaussons anti-dérapants, et bien sûr l'assureur qui doit lutter contre le torticolis à force de relever la tête, l'escalade est plus facile qu'il n'y paraît, et on peut avoir une sensation de danger et de vide tout en ayant une certaine sécurité. C'est ce genre de sensations grisantes que recherche Mélanie Labeille, la vice-présidente de l'association : "L'escalade fait appel au sens de l'équilibre, et j'adore descendre en rappel !"

Julien Soria, grimpeur depuis un an et demi, monte souvent en tête, il passe le premier pour faire passer la corde au relais et permettre aux autres de grimper "en moulinette". Il précise qu'il existe des tas de pratiques différentes de la "falaise-école" de Boungoudravani : "Par exemple, le "terrain d'aventures" qui n'est pas équipé et où il faut des "coinceurs" pour remplacer les points d'ancrage et ne pas laisser de traces sur la montagne". A Mayotte, on peut aussi faire du bloc sur "la plage des Seychelles" à marée basse, des blocs pourraient également être ouverts à Acoua et Mtsangadoua, et même le mont Choungui serait équipable… Une subvention du conseil général a permis d'acheter le matériel, mais il manque des personnes capables d'équiper des parois.

Comme lors de la Fête de l'escalade qui a eu lieu les 16 et 17 juin 2007, quand Guillaume Schendiwann était président, Aurore aimerait faire venir un moniteur de la Réunion avec un brevet d'Etat pour faire un stage d'initiation d'une semaine au mois de juin. Et faire partager son expérience pour que l'escalade mahoraise continue de se développer.

Julien Perrot

Contact et tarifs : Aurore Baillavoine : 0639 29 17 26.
Licence découverte à 2 euros.
Licence à l'année : 75 euros, dont 35 euros pour l'association.

06/06/2008 – MR BRICOLAGE à Maurice -Le groupe Cananga investit dans la région

La Société des plantes à parfums de Mayotte, la SPPM, a su évoluer depuis son rachat il y a 50 ans par Fidahoussen Kakal, reprise par son fils Ismaël Kakal, puis son petit-fils Gamil Kakal et sa nouvelle dénomination, Cananga, en 2001. La transformation du riz avec la Rizomay, les outils et matériaux de construction avec Batimax, l'aménagement et la décoration de la maison avec Méga, le ciment en association avec le numéro 1 mondial, le français Lafarge, qui a permis la construction de 4 silos à Longoni en 2001 pour assurer l'approvisionnement aux normes européennes de ciment sur une île en travaux, l'embouteillage de gaz avec la Somagaz en 2008, aboutissant à la première entreprise aux normes Seveso 2, le magasin M. Bricolage enfin, dans la zone commerciale de Hamaha, qui devrait voir sa surface de vente augmenter de 80% prochainement… En tout ce sont 12 sociétés qui emploient 200 personnes.

Après 50 ans d'activités à Mayotte, le groupe dirigé par la famille Kakal réalise actuellement 50 M€ de chiffre d'affaires et figure parmi les 100 premières entreprises de l'océan indien. En 2008, l'objectif fixé par le président du directoire Gamil Kakal, titulaire d'un MBA d'HEC, est d'atteindre les 60 M€ de CA. La nouvelle activité à Maurice et le rachat d'une société mahoraise à la fin 2007, chargée de commercialiser différentes marques rassemblées sous l'appellation Distrimax, devrait y participer.

Cette entreprise, qui a su prendre le virage de la modernité sous la houlette de son jeune président, a toujours su s'investir dans la vie économique et sociale, de la fondation et la présidence du Groupement patronal de Mayotte (ancêtre du Medef Mayotte) au sponsoring de nombreuses manifestations, de la mise ne place d'une cantine très appréciée de ses salariés à des conditions de travail et salariales enviées sur la place, cette société a toujours su participer aux avancées sociales et économiques de l'île. Gamil Kakal, âgé d'une cinquantaine d'années, a d'ailleurs été élevé au grade de Chevalier de l’Ordre national du mérite français par le Président de la République le 25 juillet 2006.

 

Une étape pour l'économie mahoraise

Alors que l'on parle de plus en plus d'ouverture sur la région, cette semaine ce groupe mahorais a franchi une nouvelle étape. Le projet mûrissait depuis 5 ans. Il "témoigne, en premier lieu, de la confiance de ses actionnaires et de ses dirigeants dans la stabilité politique de Maurice dans une région qui a connu et connaît encore de fréquents soubresauts. Confiance également, Madame la ministre, dans la politique économique de votre gouvernement qui a su habilement attirer les investisseurs étrangers, tout en leur offrant un environnement propice à l’épanouissement de leurs projets", a déclaré Gamil Kakal à la ministre de l'économie Indira Seebun présente pour l'occasion, à la tribune installée devant le magasin situé dans le grand centre commercial à Trianon, au centre de Maurice. Une quarantaine de cadres du groupe, des partenaires et amis avaient fait le déplacement depuis Mayotte, mais on trouvait aussi les principales personnalités économiques mauriciennes, ainsi que réunionnaises, comme François Caillé ou Alain Foulon de l'Eco Austral.
Avec un associé mauricien (à 30%) important investisseur dans l'immobilier commercial en particulier, ce projet a pu voir le jour grâce à l'engagement de toute l'équipe de Cananga, dont des cadres ont quitté Mayotte pour en assurer la mise en place. C'est ainsi que Jean-Luc Le Run, précédemment à Mayotte, en assure la direction, sur place depuis un an, avec Sylvain Lannoy et 31 employés. L'objectif fixé était l'ouverture le vendredi 30 mai à 9h30 : "cet objectif a été tenu au prix d'un dépassement de soi", pour lequel Gamil Kakal a tenu à féliciter chaleureusement tous ses collaborateurs.

Dans les 5 ans à venir, il est prévu l'ouverture de 2 autres M. Bricolage à Maurice. La croissance économique de 6% par an depuis 10 ans dans ce pays voisin est un argument fort. Le groupe Cananga, au vu du succès de l'enseigne à Mayotte, a obtenu la carte pour Mayotte, mais aussi Maurice et les Seychelles.
Il s'agit de "porter haut les couleurs françaises" a conclu Gamil Kakal avant de remercier les nombreuses personnalités présentes, parmi lesquelles le président du conseil général de Mayotte Ahamed Attoumani Douchina, le député Abdoulatifou Aly, le sénateur Soibahaddine, le maire de Mamoudzou et plusieurs conseillers généraux qui ont profité de ce déplacement pour nouer des liens avec les autorités mauriciennes.

 

Une économie mauricienne en plein essor

La ministre de l'économie mauricienne Indira Seebun a salué dans cette inauguration "un signe encourageant et positif", montrant que "le désir d'ouverture de Maurice a trouvé un écho favorable dans un pays en pleine mutation". La ministre a mis en avant le fait que ce développement économique dégage des moyens financiers qui "permettent de lutter contre les précarités". "Le pessimisme présent pendant des années laisse la place à l'optimisme", a continué la ministre qui a rappelé que le PNB par habitant se situe désormais à 7.000 $ par an.
Les investissements étrangers se sont ainsi élevés à 15 milliards de roupies en 2007, dans les finances, le tourisme ou l'éducation. "L'île Maurice et la France ont des affinités culturelles et linguistiques", a rappelé la ministre dans un français impeccable, précisant tout de même que "la réussite économique demande une vigilance de tous les instants". Son espoir est que "les investisseurs étrangers et mauriciens puissent construire un avenir commun", a-t-elle conclu avant de couper le ruban et de visiter les 2.700 m2 de ce magasin, symbole d'une Mayotte française qui s'ouvre sur la région.

Laurent Canavate

M. Bricolage à Trianon

Cette ouverture a nécessité un investissement de 175 millions de roupies mauriciennes, soit près de 4,5 M€. 36.000 articles sont en rayon sur 2.700 m2 de surface de vente avec 600 m2 de réserve. On y trouve des rayons dédiés à la quincaillerie, à l'électricité, aux outils, à la décoration, à la plomberie, au bois, au jardinage, aux sanitaires et aux matériaux. 31 salariés y travaillent sous la direction de Jean-Luc Le Run.


Le groupe M. Bricolage

Yves Lafargue, dirigeant du conseil d'administration du groupe M. Bricolage et bon connaisseur de Maurice, a fait le déplacement. Il s'est rappelé, à la tribune, 10 ans en arrière, quand il était venu inaugurer et diriger l'entreprise MFD dans le port franc. 1.300 personnes y travaillent aujourd'hui.
Il a rappelé les 525 magasins de ce groupe français, sous les enseignes M. Bricolage et Catena, dont 60 répartis dans 13 pays et représentant 150.000 m2. Le groupe emploie 11.000 collaborateurs et réalise un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros, s'appuyant sur la centrale basée à Orléans. 90.000 m2 ont été ouverts en 2007 et 11 magasins devraient ouvrir en 2008, pour un total actuellement de 1,2 million de m2 de surface de vente à travers le monde.
Trois défis conditionnent le développement de ce groupe français. Tout d'abord fonder les décisions sur la satisfaction des clients. Ensuite travailler dans le cadre d'un "développement durable, calculé et progressif" avec par exemple des peintures sans solvant, des ampoules à économie d'énergie, des bois issus de forêts à gestion raisonnée. Et enfin la réussite des franchisés.
Personnalité reconnue du monde économique français, ancien dirigeant de différents grands groupes (Promodès, Groupe Bolloré), expert auprès de la Chambre d’arbitrage de la logistique, Yves Lafargue a tenu à saluer "le véritable entrepreneur, la réussite exceptionnelle et les expériences concluantes", enregistrées par le groupe Cananga et Gamil Kakal.

02/06/2008 – Lutte contre les arboviroses – Le plan Combi pour faire changer nos comportements

02/06/2008 – Lutte contre les arboviroses – Le plan Combi pour faire changer nos comportements

Le plan Combi veut d'une part faire prendre conscience à la population mahoraise qu'elle crée quotidiennement des situations favorables à la prolifération des moustiques, et d'autre part l'amener à supprimer elle-même les situations de risque qu'elle a créée. Différents partenaires escortent la Dass dans cette aventure, à savoir la préfecture, le conseil général, la caisse d'allocation familiale, le vice-rectorat, pour ne citer que les principaux.
Contrairement à ce que l'on peut imaginer, Combi est un plan simple et réaliste. Combi présente trois gestes très efficaces pour l'élimination des nids à moustique : "couvrir les réserves d'eau, vider les récipients inutiles contenant de l'eau, jeter systématiquement ces récipients à la poubelle." Ces trois gestes sont à accomplir une fois par semaine car il faut environ 7 jours pour qu'un œuf devienne un moustique.
 
 
Nous sommes tous des leaders d'opinion

Pour amener les individus à adopter les trois gestes précités, le plan Combi s'articule autour de cinq axes. Appelé "mobilisation administrative", le premier vise à sensibiliser tous les "leaders d'opinion". Le rôle des élus, des cadis, des chefs de service est jugé "capital" dans le plan Combi. On le sait bien, ils ne sont pas les seuls.
La "mobilisation communautaire", le second axe, vise à mobiliser la population. Le plan Combi s'accoudera sur toutes manifestations organisées dans les communes et en milieu scolaire, le secteur associatif étant "un relais important d'information et d'action auprès de la population". Dans ce sens, un jeu "Prévention des arboviroses" (encadré) qui commence ce dimanche 25 mai et qui s'étale jusqu'au 31 décembre 2008, sera organisé sur dix manifestations socioculturelles.

Lors de ces évènements, un stand de la Dass sera installé, tenu par des personnes formées pour informer et sensibiliser le public. Un concours "Quartier sans nids à moustiques" est organisé dans quatre communes : Labattoir, Acoua, Chiconi et Chirongui, respectivement les 31 mai, 7, 14 et 21 juin. La population sera fortement sensibilisée dans la période de retour des hadjs, les pèlerins de la Mecque. Enfin, dans le milieu scolaire, différents dispositifs pouvant faire des élèves des agents de communication auprès de leurs parents sont envisagés.

Des pictogrammes véhiculent les trois gestes

Les annonces publicitaires constituent le troisième axe du plan Combi. Elles sont visibles dans les différents supports médiatiques jusqu'à la fin de l'année. Pour que chacun puisse comprendre au premier regard le comportement à adopter, trois pictogrammes simplifiant les trois gestes ont été créés par l'agence Nautilus Ukia.
La "communication interpersonnelle" est la quatrième stratégie développée par Combi. Elle passe par des actions de terrain menées avec des agents de prévention, le personnel de terrain de la DSDS (Direction de la solidarité et du développement social) du CG, les agents contractuels de la Dass, les chefs d'équipes de la LAV (lutte anti-vectorielle), les responsables d'associations, etc. Ils se déplacent avec les nombreux dépliants d'information conçus pour cette occasion.

Le dernier axe n'est pas moindre et il s'accole avec les précédents. Les éducateurs de santé sont présents dans "les points services" qui sont les structures de soins ou de services pour propager notre sensible message. Aussi, les dépliants et brochures sont disponibles dans différents guichets de l'île, les structures jeunesse, les centres d'information et de documentation en milieu scolaire.
C'est avec l'effort de chacun que nous pouvons arriver à changer nos comportements et pour que les trois gestes simples et réalistes du plan Combi deviennent des réflexes.

Rafik

Qu'est-ce qu'une arbovirose ?

Le terme arbovirose vient de l'abréviation de l'anglais "arthropod born virus", c'est-à-dire "les virus transportés par des vecteurs". Autrement dit, ce sont les maladies virales transmises par des moustiques notamment. La liste des arboviroses est longue, en voici quelques exemples : le chikungunya, la dengue, la fièvre jeune, la fièvre de la Vallé du Rift…
Selon l'étude réalisée par la Cire Réunion-Mayotte en collaboration avec la Dass en novembre 2006, les arboviroses déjà connues à Mayotte sont :
– le chikungunya : 38% la population atteinte lors de l'épidémie de 2006. Nombre d'individus séropositifs à un moment donné pour un microbe et une population donnée.
– la dengue : 23% de la population garde une sérologie positive à cette maladie. Ce résultat montre que la dengue a existé à Mayotte les années passées.

En 1 mois, 2 moustiques donnent naissance à 200.000.000 !

L'évolution naturelle de la densité des moustiques est inquiétante, plus qu'impressionnante. Si pendant quatre semaines on laisse deux moustiques, un mâle et une femelle, dans un gîte larvaire dans notre environnement de vie, ces derniers peuvent donner naissance à 200.000.000 moustiques !
La lutte chimique réduit seulement le nombre de moustiques adultes dans l'air, mais ne casse pas la chaîne de reproduction. La vraie lutte pouvant détruire cette chaîne reste cependant l'élimination des gîtes, dans la mesure où on empêche les moustiques de se reproduire.
Le plan Combi proposé par la Dass nous incite à créer un obstacle à la ponte des femelles en couvrant l'eau et supprimant les lieux de ponte en les vidant avant la ponte et l'éclosion des larves et en jetant les récipients à la poubelle.
Le plan Combi présente moins de contraintes, de danger et de frais pour la société que l'épandage régulier de produits potentiellement nocifs pour notre santé aussi. Pour ceux qui se demandent si la lutte chimique n'est pas plus efficace et moins contraignante, les opérateurs de Combi on de vrais arguments :
– le coût : vider un récipient ne coûte rien, tandis que la lutte anti-vectorielle mobilise du personnel, des équipements, des produits, etc.
– la pénibilité : en période de forte chaleur, le travail de pulvérisation est pénible et les terrains parfois difficiles d'accès pour les agents.
– l'efficacité : l'élimination des lieux de ponte empêche les moustiques de se reproduire, on attaque le problème à la base.
– l'environnement : outre la protection du territoire, le changement de comportement permet également de limiter l'accumulation de déchets ménagers.

Quels sont les "quartiers sans nids à moustiques" ?

Le concours "Quartiers sans nids à moustiques" qu'a mis en place la Dass dans le cadre de la démarche Combi, se déroule dans les communes de Labattoir le 31 mai, Acoua le 7 juin, Chiconi le 14 juin et Chirongui le 21 juin, de 10 à 17h. En organisant ce concours, la Dass souhaite associer la population mahoraise dans la lutte contre les arboviroses. Cette action nécessite cependant le concours des élus, maires, conseillers municipaux et généraux, des associations villageoises et des Sivom.
Dans ce sens et au-delà de la sensibilisation de la population sur l'imminence du danger des maladies transmises par les moustiques, l'objectif principal du concours est d'inciter les gens à éliminer tous les gîtes larvaires présents dans les quartiers par l'adoption des trois gestes simples de Combi : "couvrir les réserves d'eau, vider les récipients inutiles contenant de l'eau, jeter systématiquement ces récipients à la poubelle".
Les inscriptions au concours "Quartiers sans nids à moustiques" sont gratuites et devront être faites auprès des services jeunesse des communes précitées. Chaque équipe sera composée au minimum de 5 personnes âgées de 16 ans à la date du concours. Ses autres membres peuvent avoir de 0 à 99 ans. Chaque groupe de participants nettoie le quartier dans lequel il réside. Un trophée, des diplômes "symboliques" et des tee-shirts leurs seront décernés à la fin de la journée. Les participants garderont surtout "la fierté d'avoir participé à une action citoyenne pour le bien et la santé de tous".

02/06/2008 – Bouyouni – Un pont qui bat tous les records

Ce vendredi, 76 tonnes d'acier sont attendues au port de Longoni, envoyées de Metz par l'entreprise métropolitaine Berthold qui conçoit cette charpente pour la SMTPC, en charge de l'ensemble du chantier. Débutés en septembre dernier, les travaux ont mobilisé une équipe permanente de quinze personnes, plus cinq autres pour les forages. D'un coût total de 3 millions d'euros, le pont sera livré mi octobre au lieu de fin septembre comme prévu initialement, un léger retard du aux longues intempéries de début d'année.
Partie la plus impressionnante de l'ouvrage, les forages et la mise en place des neuf pieux qui soutiennent ce pont constituent un record. Sous-traitant de la SMTPC, l'entreprise réunionnaise For in Tech, spécialiste des forages, fondations spéciales et reconnaissance des sols, a creusé jusqu'à 32,60 mètres pour certains pieux, à savoir une hauteur supérieure à celle de la grue. Pour réaliser cet exploit, l'entreprise a fait venir sur l'île une foreuse de 45 tonnes, machine exceptionnelle qui a connu bien des mésaventures. Partie de la Réunion en octobre, elle n'est arrivée qu'en décembre sur l'île, a été détériorée lors de son déchargement à Longoni et n'a pu entamer les travaux que fin janvier.
 
 

"Nous n'avons pas le droit à l'erreur"

Le 22 avril, les neuf pieux, trois pour chaque appui du pont, d'un mètre de diamètre chacun, étaient tous installés. La composition des sols et de l'ouvrage ont imposé une telle profondeur de forage jamais égalée à Mayotte. For in Tech Mayotte a employé une équipe de 5 personnes pour le forage, aidées par l'équipe de la SMTPC pour certaines phases comme le bétonnage des pieux.
A ouvrage exceptionnel, mesures exceptionnelles. Ainsi, tous les bétons du chantier sont produits par une centrale installée sur le site, une première pour un chantier de génie civil, due à une volonté d'avoir un béton de la meilleure qualité possible. "Il y a beaucoup de contraintes sur un ouvrage de ce type, nous n'avons pas le droit à l'erreur, souligne Louis-Marie Guyader, le conducteur de travaux. Il faut également faire très attention à l'environnement, à la rivière. Dans l'ensemble, les travaux se passent bien, pas de problème majeur, des délais respectés, être une petite équipe permet de travailler dans une bonne ambiance."
Le jeune ingénieur savoure le privilège de gérer un tel chantier, des relations avec l'architecte à la gestion financière, celle des hommes et du matériel, il est responsable de tout. Le pont de Bouyouni est son quatrième chantier depuis qu'il a commencé, le premier de génie civil, qui correspond à sa formation. "C'est différent du bâtiment, qui est très répétitif, le génie civil est différent à chaque fois."
Confirmation d'Emmanuel Legendre, son chef de chantier, le seul de la SMTPC à s'occuper de ce type de travaux et qui ne cèderait sa place pour rien au monde. Il s'est déjà occupé des ponts de Passamainty, Bandraboua, Dembéni. Son équipe reste la même, un noyau dur formé au fur et à mesure en interne aux permis Caces, à la direction d'équipe, la lecture de plans, au secourisme…
"Le travail en génie civil se fait en phasages, explique M. Guyader, c'est différent du bâtiment qui s'organise plutôt au quotidien, d’où le maintien d'une même équipe. Nous essayons de les impliquer au maximum dans la sécurité et la propreté du chantier."

 

Une sécurité maximum

Surveillé comme le lait sur le feu, le chantier est suivi en permanence par un agent de la DE, déléguée à la maîtrise d'œuvre par la mairie de Bandraboua. Il vérifie la qualité du béton et toutes les phases des travaux. L'entreprise Veritas est présente pour veiller à la sécurité du chantier, la police de l'eau s'assure du maintien de la qualité de la rivière. Un tri des déchets est mis en place, l'acier est récupéré par une personne qui les envoie vers l'Inde, le reste transmis à la Star ou à la décharge.
Une fois le nouveau pont construit, il faudra démolir l'actuel et casser la route pour la création d'embranchement sur chaque berge. Pour l'heure, on attend les 76 tonnes d'acier en espérant que le déchargement et le transport jusqu'au chantier ne posera pas de problème majeur. Berthold fournit quatre profilés métalliques de 46 mètres de long. Une fois posés ils accueilleront les 54 dalles de béton préfabriquées, puis l'enrobé fait par la Colas.
La foreuse reste pour l'instant à Mayotte, dans l'attente des chantiers des ponts de Kwalé et Dzoumogné, pour lesquels la SMTPC est candidate. La DE prévoit de réaliser un ouvrage de ce type par an. Quoi qu'il arrive, "le pont de Bouyouni est à la limite de ce qu'il est possible de réaliser à Mayotte", précise Louis-Marie.

Hélène Ferkatadji

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Mayotte Hebdo n°1116

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